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1153. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

— et ils finissaient par trouver que c’était bien jouer, même au point de vue du comptoir, que d’avoir de l’initiative, que d’oser mettre en avant des noms nouveaux ou ressusciter des noms anciens trop oubliés, que de publier enfin, à ses risques et périls, des livres vierges, ou de refaire sans peur une édition de quelque vieux livre épuisé. […] La critique de La Chartreuse de Parme, l’un des plus grands morceaux de critique qui aient jamais été écrits dans la langue consommée d’une vieille civilisation, fut la flamme d’une torchère portée tout à coup au visage de ce porteur de masque pris dans son masque, et nous montra ce qu’il était.

1154. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

car les femmes des époques corrompues (et nous n’avons pas la prétention, j’imagine, de n’avoir pas toutes les corruptions des vieux peuples !) […] Il ne fait point le catéchisme de la vertu à l’usage des bégueules du temps, hommes ou femmes ; car les hommes parfois sont aussi de vieilles demoiselles !

1155. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Brucker, puisqu’il se frappe dans son passé de toute la force de sa supériorité d’aujourd’hui) avait été élevé par un prêtre apostat et marié, qui, au lieu de lui apprendre à prier Dieu, avait empoisonné son enfance, en la plongeant dans le naturalisme païen du vieux Pline ? […] Cela est douteux, car le bonheur, qui est bête comme un vieux bourgeois, n’est pas du côté des esprits aventureux et de cette chose qui dérange tout, — l’initiative.

1156. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Féval du haut de sa vocation réelle vers un genre de composition qu’il aurait dédaigné, s’il avait été plus mûr et plus mâle, et peut-être aussi faut-il y ajouter une vieille et tenace admiration d’école pour un autre célèbre roman d’aventure qu’on s’étonne qu’il ait conservée, mais dont il nous a donné tout récemment la preuve, en intitulant un de ses derniers ouvrages : Madame Gil Blas. […] Je le sais, et je ne m’en étonne pas ; mais qu’aujourd’hui, en plein dix-neuvième siècle, quand les passions et leur étude, et leurs beautés, et leurs laideurs, et jusqu’à leurs folies, ont pris dans la préoccupation générale la place qu’elles doivent occuper ; quand la littérature est devenue presque un art plastique, sans cesser d’être pour cela le grand art spirituel ; quand nous avons eu des creuseurs d’âme, des analyseurs de fibre humaine, des chirurgiens de cœur et de société, enfin qu’après Chateaubriand, Stendhal, Mérimée et Balzac, Balzac, le Christophe Colomb du roman, qui a découvert de nouveaux mondes, la vieille mystification continue et que la réputation de Gil Blas soit encore et toujours à l’état d’indéracinable préjugé classique, voilà ce qui doit étonner !

1157. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Mérimée, qui sont des conseils de vieux pilote à un homme qui commence de naviguer. […] Mérimée a été une raison de plus dans ce vieux succès sur lequel il vit toujours et qui ne lui a jamais été marchandé.

1158. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Ce miracle s’accomplit que, du chaos de barbarie accumulé sur les ruines du vieux monde, resurgit la jeune maturité du monde, et les temps nouveaux égaleront les temps anciens. […] Aujourd’hui même, un poète est mal vu dans le monde quand il n’a pas au moins une vieille tante à pleurer. […] Quelle noble fraternité pour les artistes d’hier, ses vieux amis, qui avaient cru en lui, continuaient de croire en lui ; pour les artistes nouveaux, ses jeunes compagnons, qui saluaient en lui l’inventeur sentimental d’une poésie si suave et si pure. […] Il est possible, je le veux bien, il est même probable, si on l’exige, que ce vieux berger, là-haut, sur la colline mouvante, qui tricote au haut de ses échasses, et qui n’a guère jamais vu que le sable et le ciel, soit un magnanime rêveur, soit à sa façon un poète. […] Et, parce qu’elles sont si vieilles, les âmes, elles sont tristes, et acceptent avec douceur la mort.

1159. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Quant au feuilleton hebdomadaire, il est plus ancien ; mais il n’est pas très vieux non plus. […] Vous vous rappelez, si vous êtes vieux, le succès prodigieux de Marivaux, l’engouement même dont il fut l’objet à cette époque. […] Joad est une vieille canaille, très forte du reste ; Athalie est une vieille canaille qui devient gaga ; Abner est un pur et simple imbécile. […] Mais le vieux Lemazurier trouva dans les registres de sa mémoire que cela était arrivé une fois à Crébillon. […] Très malin, le vieux général.

1160. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbusse, Henri (1873-1935) »

Barbusse, et moins convaincu que les vieilles formules ont fait leur temps.

1161. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Breton, Jules (1827-1906) »

On ressent, à le feuilleter, une impression complexe, et il y a certaines de ses pièces formant si bien tableau, qu’on s’arrête pour laisser passer l’image ; il faut lire les Glaneuses, les Deux Croix et le poème du Pardon : un long défilé de costumes bretons, de mendiants bariolés, de bannières flottant comme des petites voiles sur cet horizon de mer qui sert de fond à toutes les fêtes bretonnes, apparaît écumant ou calme, uni ou blanchissant, entre les menhirs gigantesques, les vieilles églises romanes, comme la poésie éternelle et l’éternelle menace de la nature.

1162. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Croisset, Francis de (1877-1937) »

Elles ont ceci de précieux pour moi, qu’elles sont bien réellement le cri, et, malgré l’artifice ici et là, le jaillissement spontané de votre jeunesse, l’expression naïve quelquefois à force d’être insolemment jeune, de vos rêves — et de nos rêves — d’adolescent. elles ont le trouble fiévreux, la violence de possession, le charme impur, et c’est ce qu’il faut, des pubertés qui s’éveillent et qui dans une seule et multiple étreinte voudraient conquérir tout l’amour… en elles, et c’est par là que je les aime, je me revois parmi les images de ma jeunesse, paysages, figures, rêves, de très vieilles choses, déjà un peu effacées aujourd’hui…, impuretés, désespoirs, négations et blasphèmes, tout cela si candide !

1163. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Désaugiers, Marc-Antoine-Madeleine (1772-1827) »

Ernest Renan Désaugiers, si inférieur à Béranger sous le rapport de la portée d’esprit, me semble un bien meilleur chansonnier, car il n’a pas d’arrière-pensée, sa gaîté est bien la vieille gaîté sans conséquence.

1164. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Du Camp, Maxime (1822-1894) »

Dans ses vers À Aimée, sa vieille servante, dans la pièce sur la Maison démolie, M. 

1165. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Margueritte, Victor (1866-1942) »

Dans La Belle au bois dormant, le poète récrit en fort jolis vers le vieux conte féerique allégorisant sous ces personnages de fiction naïve l’amour et la vie dans leur beauté simple.

1166. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Popelin, Claudius (1825-1892) »

. — Les Vieux Arts du feu (1869). — Cinq octaves de sonnets (1875). — Le Songe de Polyphile, trad. (1880). — Hist.

1167. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sardou, Victorien (1831-1908) »

. — Les Vieux Garçons (1865). — La Famille Benoiton (1865). — Nos bons villageois (1866)

1168. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 302-304

Un vieux Prêtre énergumene, déclamant contre sa Religion, & renversant, par frénésie, des Autels qu’il avoit servis toute sa vie ; de longues tirades contre tous les Cultes ; de fréquentes oraisons à la Divinité ; des personnages tous Déïstes, venant, chacun à leur tour, exhaler leur dépit contre le Sacerdoce & la Religion ; des allusions prétendues ingénieuses, & qui n’ont décélé que de l’audace ou des puérilités ; toutes ces heureuses combinaisons ont été crues propres à répandre dans les esprits ce que le Monde philosophique appelle des lumieres.

1169. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de janvier 1823 »

Il n’informera pas même le lecteur de son nom ou de ses prénoms, ni s’il est jeune ou vieux, marié ou célibataire, ni s’il a fait des élégies ou des fables, des odes ou des satires, ni s’il veut faire des tragédies, des drames ou des comédies, ni s’il jouit du patriciat littéraire dans quelque académie, ni s’il a une tribune dans un journal quelconque : toutes choses, cependant, fort intéressantes à savoir.

1170. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Le pasteur, confiant au milieu des ruines, enseigne qu’aucune extrémité n’autorise à douter de la justice de Dieu ni des bons instincts de l’homme ; il retient le blasphème sur les lèvres du vieux juge. […] Il n’y a rien de plus curieux et de plus amusant, que de voir le petit bonhomme, poussé par son démon, courir les rues de Francfort, regarder à droite et à gauche les vieilles maisons, les vieux édifices, les vieilles têtes de magistrats, se glisser en contrebande dans la grande salle de l’Hôtel de ville pour s’y faire raconter par les porte-clefs la légende de Charlemagne ou de Rodolphe de Habsbourg ; puis s’engager, tout ému, dans le quartier des Juifs, « où l’on mange les enfants des chrétiens », et de là, le soir, revenir en cachette au théâtre, sans que papa le sache. […] Il était vieux d’ailleurs. […] Il pensa en ce moment à sa vieille mère d’Ostrau. […] Mais le vieux serviteur entre en scène ; il a détourné le pistolet ; la cervelle de son maître est demeurée intacte.

1171. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Oui, j’en demande pardon au vieux Mézerayc et à M.  […] Depuis ce temps-là je me doute que notre pauvre planète est le théâtre d’une querelle déjà bien vieille et qui a sa gravité même à côté des plus importantes querelles de la religion et de la politique. […] Collectionner, à grand renfort de vocabulaires, tout ce que la langue française fournit de qualificatifs qui sentent mauvais et de métaphores galeuses pour en parer l’être humain que l’on met en scène, nous le faire voir s’appelant lui-même, « décrépit, sale, abject, visqueux, cercueil d’une aimable pestilence, cimetière abhorré de la lune, fosse commune, cadavre hébété, jeune squelette, vieux boudoir à fouillis, vieille cloche fêlée, vieux granit, vieux sphinx, vieilles guenilles », cela suppose-t-il une mélancolie bien sinistre ? […] Madame de Saignes, jeune et belle, plaida en séparation par-devant les Grands-Jours contre un vieux mari qui lui avait communiqué un mal nettement appelé par son nom dans Candide. […] Le vieux Saint-Simon n’avait plus qu’à mourir.

1172. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Brizeux, Auguste (1803-1858) »

Mais dès que Auguste Brizeux, préoccupé de symboles, adopte le rythme ternaire des vieilles proses de nos rituels, dès qu’à force de raffinement il croit être devenu un vrai primitif, tout charme s’évanouit, toute lumière et toute clarté disparaissent : il ne reste plus que des vers martelés, ternis, énigmatiques et vides.

1173. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Des Essarts, Emmanuel (1839-1909) »

Comme dit Chrysale : Cela ragaillardit tout à fait mes vieux jours Et je me ressouviens de mes jeunes amours.

1174. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Challe  » pp. 141-142

Il paraît avoir été peint il y a cent ans ; mais il est bien plus vieux encore pour la manière que pour la couleur.

1175. (1763) Salon de 1763 « [À mon ami Monsieur Grimm. » pp. 171-182

Mais j’en serai quitte pour faire de mon mieux, et vous redire ma vieille chanson : Si quid nosti rectius istis, Candidus imperti : si non, his utere.

1176. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Ma mère était de Boulogne même et s’appelait Augustine Coilliot, d’une vieille famille bourgeoise de la basse ville, bien connue. […] Mais, si l’enfant au seuil, ou quelque vieille assise, Venait rompre d’un mot le songe qu’il songeait, Avec intérêt vrai comme il interrogeait ! […] Un exemplaire du Vieux Cordelier, conservé avec beaucoup de soin par son fils, qui a écrit dessus Exemplaire de mon père, portant en tête un portrait gravé de Camille Desmoulins (dans la meilleure manière des graveurs de l’époque), nous est ainsi arrivé tout couvert de notes de la main de M. de Sainte-Beuve père. […] Il y a là des témoignages contemporains qui seraient curieux à recueillir, quoiqu’ils n’ajoutent rien à ce qu’on sait depuis, mais ils pourraient être une preuve de plus à l’appui de la vérité. — On s’est toujours piqué d’exactitude et de véracité de père en fils, et on les trouvait sans les chercher, par netteté et rectitude d’esprit. — Je relève en marge du Vieux Cordelier ce portrait entre autres de Camille : « Desmoulins avait un extérieur désagréable, la prononciation pénible, l’organe dur, nul talent oratoire ; mais il écrivait avec facilité et était doué d’une gaieté originale qui le rendait très-propre à manier l’arme de la plaisanterie. » — N’est-ce pas un type du pamphlétaire comme on se le figure ? […] Sainte Beuve se trouvait en compagnie du vieux M. de Feletz, administrateur de la bibliothèque Mazarine, dans son appartement à l’Institut même, avec quelques personnes.

1177. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Après ce service rendu à Visconti, il alla se délasser dans le vieux château abandonné de San-Colomban, sur les collines que baigne le Pô. […] C’est que de mes vieux amis vous êtes presque le seul qui me reste. […] sa fortune à François de Brossano, son gendre chéri, et sa maisonnette de Vaucluse à un vieux domestique qui en était en son absence le gardien. […] L’aigreur envahit la discussion ; le parti très nombreux de la philosophie vénitienne sacrifia Pétrarque à Aristote ; il resta presque isolé dans sa retraite d’Arquà, entre son gendre, son petit-fils, quelques vieux serviteurs et ses livres. […] Voilà le vieux proverbe vérifié : Nul n’est prophète dans son pays.

1178. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Il cite un merveilleux passage de la législation indienne de Brahma, qui prouve que la philosophie de la société est aussi vieille que la société elle-même. […] Le vieux Timée, de Locres, ne disait-il pas déjà, sûrement d’après son maître Pythagore, que nos vices viennent bien moins de nous-mêmes que de nos pères et des éléments qui nous constituent ? […] « Pierre, avec ses clefs expressives, éclipse celles du vieux Janus. […] Peut-être tu ne sauras pas me lire couramment, mais tu ne manqueras pas de gens qui t’aideront à déchiffrer l’écriture de ton vieux papa. […] Le monde, plus vieux d’un demi-siècle, est exactement dans le même état où vous l’avez laissé.

1179. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

La première duchesse mourut sans révéler le secret ; le vieux duc épousa la mère de son fils, en sorte que l’enfant supposé était en réalité le fils du vieux duc et de la nouvelle duchesse de Devonshire ; seulement cette naissance était anticipée et illégitime. […] Le vieux duc mourut en se taisant encore ; le jeune duc, fils présumé de la belle Élisabeth, avait une délicatesse de conscience et d’honneur qui ne lui permettait pas de se substituer sciemment aux droits des héritiers légitimes. […] M. de Chateaubriand était à ses yeux l’Esdras du vieux temple, temple reconstruit non en pierres, mais en images pour sa piété. […] C’était une cour, mais un peu vieille cour ; les meubles étaient simples et usés ; quelques livres épars sur les guéridons, quelques bustes du temps de l’Empire sur les consoles, quelques paravents du siècle de Louis XV en formaient tout l’ornement.

1180. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

C’est d’abord Aristote, le dieu de la philosophie du Moyen Âge, qui tombe sous les coups des réformateurs du XVe et du XVIe siècle, avec son grotesque cortège d’Arabes et de commentateurs ; puis c’est Platon, qui, élevé un instant contre son rival, prêché comme l’Évangile, retrouve sa dignité en retombant du rang de prophète à celui d’homme ; puis c’est l’antiquité tout entière qui reprend son sens véritable et sa valeur, d’abord mal comprise dans l’histoire de l’esprit humain ; puis c’est Homère, l’idole de la philologie antique, qui, un beau jour, a disparu de dessus son piédestal de trois mille ans et est allé noyer sa personnalité dans l’océan sans fond de l’humanité ; puis c’est toute l’histoire primitive, acceptée jusque-là avec une grossière littéralité, qui trouve d’ingénieux interprètes, hiérophantes rationalistes qui lèvent le voile des vieux mystères. […] La croyance à une révélation, à un ordre surnaturel, c’est la négation de la critique, c’est un reste de la vieille conception anthropomorphique du monde, formée à une époque où l’homme n’était pas encore arrivé à l’idée claire des lois de la nature. […] Quant au timide compromis, qui cherche à concilier un surnaturalisme affaibli avec un état intellectuel exclusif de la croyance au surnaturel, il ne réussit qu’à faire violence aux instincts scientifiques les plus impérieux des temps modernes, sans faire revivre la vieille poésie merveilleuse, devenue à jamais impossible. […] Les vieilles croyances n’ont plus d’autre ressource que l’ignorance et les calamités publiques 37. […] Je ne connais rien de plus touchant et de plus naïf que les efforts que font les croyants, emportés forcément par le mouvement scientifique de l’esprit moderne, pour concilier leurs vieilles doctrines avec cette formidable puissance, qui les commande quoi qu’ils fassent.

1181. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Les calvinistes, pour qui la lecture de la Bible devient une obligation, créent l’enseignement primaire et rajeunissent la vieille théologie en y faisant entrer la discussion des textes. […] Elles entretiennent le cœur dans une noble haine de la tyrannie. « Et ce n’est pas assez que les jeunes gens apprennent à vivre avec le vieux Caton, à mourir avec Socrate ou Léonidas. […] Celuy donc qui. voudra complaire Tant seulement au populaire, Celuy choisira les erreurs Des plus ignorants bateleurs… Et Jehan de la Taille, en tête des Corrivaux, fait cette profession de foi : « Vous y verrez non point une farce ni une moralité ; nous ne nous amusons point en chose ni si basse ni si sotte, et qui ne montre qu’une pure ignorance de nos vieux Françoys… Aussi avons-nous grand désir de bannir de ce royaulme telles badineries et sottises… » C’était dur pour les pauvres auteurs du moyen Age. […] Et dès 1889, il a pu entendre cet anathème à l’adresse des fidèles restés sous sa bannière : « Les jeunes Naturalistes — ils sont déjà bien vieux — copient patiemment la nature à peu près telle qu’un aveugle la verrait… Laboratoire et document ! […] Bien qu’en littérature le vieux proverbe : L’union fait la force soit le plus souvent menteur, les jeunes gens qui se groupent et se serrent autour d’un même drapeau forment un bataillon carré qu’il est difficile d’entamer et augmentent leurs chances de faire une trouée victorieuse.

1182. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Des auditions plus variées, plus fréquentes, de fragments Wagnériens, quelques correspondances « transrhénanes » (des échos de Représentations Solennelles dans la ville de Bayreuth, de Cycles Wagnériens à Munich, à Vienne, à Berlin) découvrirent, ensuite, un génie musical, acceptable… Des insultes de Wagner à la France, on sut ce qu’il fallait penser : et, quant à cette fameuse haine contre la France, nul n’en trouva la marque, ni dans les livres, ni dans les lettres, ni dans les paroles de Richard Wagner ; Richard Wagner avait combattu, dans ses écrits, l’influence de l’esprit français ; mais c’était là tout une autre affaire ; et quiconque avait lu ses lettres et ses livres, quiconque l’avait entendu causer, rapportait aux Parisiens ébahis, que Wagner aimait la France, et Paris, et ses vieux souvenirs de 1842, et ceux, aussi, de 1860, ses amis Français, les compagnies qu’il avait traversées, les rues, les maisons même, où s’était traînée sa misère ; et l’on connut, dans le cœur du rude Ennemi, de délicieuses tendresses, pour le pays qui l’avait bafoué. […] Glasenapp, solennelles de respectueuse admiration, de culte presque religieux pour le Père de la musique, — les pages, dont les principales seront traduites en cette revue, sur Beethoven, enthousiastes jusque le lyrisme, où l’essence de la musique est, à jamais, définie, et le caractère divinement génial de Beethoven, « le Révélateur », avec des adorations agenouillées, — les pages sur Gluck, sur Weber, sur Spontini, — et celles où il proclame le culte des vieux Maîtres, inviolable, sacré, nécessaire, d’ordre divin. […] Déjà, nous ne croyons plus Wagner un fou sans talent ; — nous ne nions plus les beautés de ses morceaux, et nous le tenons quitte des crimes qu’il n’a jamais commis : — mais, promptement, il faudrait en finir de ces vieilles sottises, et franchir ce troisième degré, et, — lorsque, dans le reste du monde, l’Association Wagnérienne propage l’Œuvre de Bayreuth — il faudrait que nous voulussions bien voir en Wagner plus qu’un génie musical admirable, merveilleux, unique, et autre chose qu’un monstre de vanité, d’outrecuidance, de prétentieuse sottise. […] Oui, les plus grands, les plus augustes, les plus puissants de notre race, — en plein siècle de lumières, pour me servir de ta suggestive expression, mon éternel ami, — seront fiers de réaliser, d’après mon désir, le rêve que je forme et que voici : L’heure viendra, d’abord, où les rois, les empereurs victorieux de l’Occident, les princes et les ducs militaires, oublieront, au fort de leurs victoires, les vieux chants de guerre de leurs pays, pour ne célébrer ces mêmes victoires immenses et terribles — (et ceci dans le cri fulgural de toutes les fanfares de leurs armées ! […] Haydn était considéré comme le professeur de Beethoven, et celui-ci, ne voulait, absolument, point lui accorder ce titre : souvent, aussi, il se permettait, envers le vieux maître, des sorties de son exubérance juvénile.

1183. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Le jeune Prix de Rome et le vieux wagneristebf Entretien Familier 26 Le Prix de Rome. — Ainsi, c’est vrai ? […] Si vous pensez, comme je le pense, que les sujets historiques conviennent mal au drame musical (il y a peu d’idées au monde plus saugrenues que celle de faire chanter Robespierre ou Napoléon Ier, et c’est à cela qu’on en viendrait fatalement), si vous croyez que la légende est le domaine d’élection de la musique théâtrale, ne trouverez-vous pas dans les vieilles épopées françaises de magnifiques sources d’inspiration ? […] Le Théâtre est à quelques distance de la ville, sur une petite colline, au milieu d’un parc : une large route, en pente douce, bordée d’arbres, y mène, traversant le parc ; et, des portes du Théâtre, on aperçoit, par tous côtés, l’horizon : en face, la vieille ville de Bayreuth, et, au loin, la campagne ; par derrière, les chaînes montagneuses du Sophienberg. […] Tantôt c’est un motif écossais, tantôt russe, tantôt vieux français ; en ces mélodies naïves des paysans, il reconnaissait la noblesse endormie de l’Innocence, et humblement, il mettait à leurs pieds tout son art. […] Redon, ou cette exposition des vieux Maîtres, ouverte au Louvre, récemment, sont des faits Wagnériens ; mais non pas, hélas, ce Marché annuel des Tableaux, qui est un Salon de Peinture comme les boutiques des perruquiers ou des bottiers sont des Salons de Coiffure ou de Chaussure.

1184. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Il faut de vieux amis pour que tu les admettes À savourer ce miel des intimes Hymettes. […] Catulle Mendès. — La Maison de la Vieille Bien que la Maison de la Vieille, que nous donne M.  […] L’Institut s’est approvisionné chez la Vieille, et le Bagne. […] En prêtant l’oreille, on aurait pu entendre, de tous les c’oins de Paris, rire et crier la Maison de la Vieille. […] R. le prince de Joinville. — Vieux Souvenirs Vieux Souvenirs, tel est le titre sous lequel S. 

1185. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

En face du Vieux Cordelier et de l’Ami du peuple se sont dressés les Actes des Apôtres. […] Inutile d’ajouter que, vingt ans après, ces thèmes ont pris des cheveux blancs et bredouillent comme les vieux du répertoire. […] Je n’aurais jamais pu me résoudre à rencontrer, même une seule fois par mois, un vieux raseur carabiné comme F. […] Alors bonsoir ma vieille ! […] Les sérums, comme les vins trop vieux, radotent.

1186. (1940) Quatre études pp. -154

S’ils vivaient assez vieux malgré tant de traverses, ils étaient récompensés par la plus belle joie, celle de voir leurs idées s’imposer à la vie. […] Nous avons essayé de faire revivre la ballade, après la vogue des vieilles ballades anglaises de Percy, après les ballades de Bürger, et particulièrement sa Lénore, que nous avons imitée bien des fois. […] Quelques vieux chênes d’Angleterre ; les bois du Jura, entrevus un jour au passage ; les montagnes de la Suisse, couvertes de pins. […] Trois jeunes hommes s’en vont à un mariage ; un vieux marin à la barbe grise, aux yeux brillants, aux mains décharnées, retient l’un d’eux, bien que les gens de la noce ne cessent de l’appeler ; le vieux marin veut lui raconter son histoire, et aussi longtemps qu’elle n’est pas finie, il garde le jeune homme sous son étrange et maléfique pouvoir. […] Or le vieux marin tua l’albatros.

1187. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

La funeste puissance de ces expressions magiques est un vieux secret d’oppression… » L’éditeur de Boileau trouvera plus tard des flétrissures presque aussi vives pour caractériser les conséquences désastreuses qu’il attribuait à une littérature vague et indéfinissable : toujours le même pli. […] Daunou rencontrait une vieille connaissance, une matière de prédilection : aussi son Discours préliminaire de 1809, et celui, d’une plus grande étendue, qu’il a consacré à la Harpe en 1826, sont-ils peut-être ce qu’on a écrit chez nous de plus parfait (ad unguem) en ce genre de littérature critique, modérée et ornée. […] Daunou lui-même, tout en se piquant de modérer sa plume, ne sut pas triompher de l’inspiration : le vieux levain remonta. […] Daunou.retrouvait, à de rares moments, des éclairs de gaieté qui faisaient plaisir à voir, et on a pu l’entendre, après certains dîners où les vieux souvenirs étaient en jeu, se mettant tout d’un coup à fredonner quelque chansonnette de son jeune temps. […] En le dessinant comme nous avons essayé de le faire, en passant et repassant le trait sur les lignes de cette figure modeste, mais expressive, en y indiquant soigneusement les creux et les dégageant à nu, nous n’avons certes pas prétendu diminuer l’idée qu’on en doit prendre ; nous croyons plutôt que c’est ainsi que le vieux maitre a chance de se mieux graver et plus avant dans la mémoire, et qu’au milieu de tant de physionomies transmises qu’un vague et commun éloge tendrait à confondre, la sienne, plus restreinte, demeurera aussi plus reconnaissable.

1188. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Qu’aurait-il pu, qu’aurait-il refusé de faire dans un premier rôle, au sein d’une vieille nation brillante et corrompue ? […] N’en voilà-t-il pas plus qu’il ne fallait pour croire encore au vieux défaut national, à la légèreté ? […] C’est, après tout, le vieux mot du poëte : Video meliora proboque, deteriora sequor. […] Nos vieilles ardeurs sont trop d’accord avec les siennes là-dessus pour que notre triste impartialité d’aujourd’hui y veuille regarder de plus près. […] La Fayette ne l’a pu ; son nom, vers la fin, de plus en plus affiché, tiraillé par les partis, a un peu déteint, comme son vieux et noble drapeau.

1189. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Mais combien de familles considèrent comme encombrants ces vieux papiers noircis par l’écriture du mort. Je les vois, ces parents, fouillant dans les tiroirs et les armoires pour y rechercher, avant tout, les vieux menus, les programmes de banquet, quelques vieilles photographies pâlies. […] C’est ainsi que sont conservés dans toute la France les églises, les palais, telle vieille porte ou telle maison ancienne. […] Barthélemy à chercher, avec beaucoup de finesse, si la loi actuelle du 31 octobre 1913, qui concerne les monuments historiques, ne pourrait pas protéger dès à présent les documents inédits et les vieux manuscrits. […] De deux choses l’une, en effet : ou nous sommes trop vieux pour rien refaire de nouveau, et alors à quoi bon conserver ces témoignages d’une puissance que nous ne possédons plus ?

1190. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Il secoue la vieille bouteille d’encre séchée de Luther pour en faire tomber deux gouttes encore. […] » disait-il en frottant diaboliquement ses vieilles mains ; mais il ne prévoyait pas ce qu’on a vu. […] Il nous a infectés. « Je sais bien — disait le vieux Mirabeau — qu’il y a des excréments dans toute race » ; mais, ici, c’est le fondateur de la race qui est l’excrément. […] Mais un bourgeois qui n’a plus que l’amour bêta, plaintif et entêté d’un vieux élégiaque qui ne veut pas absolument renoncer.à l’amour encore… Prudhomme anticipé, réduit à Platon. […] Il aurait marché bovinement dans le vieux sillon.

1191. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

N’est-il pas vrai, Vendée,             Ô vieux pays breton ? […] C’était un peu un journal de vieilles demoiselles. […] Une vieille. […] C’était le cas de Chateaubriand, même très vieux, à soixante ans. […] Cependant je ne crois pas qu’on puisse errer beaucoup à suivre un peu sa vieille routine.

1192. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Les jeunes jalousent autrement que les vieux. […] Un pareil problème est vieux comme le monde ; il a passionné beaucoup d’hommes. […] Nous n’avons plus l’admirable vision déformante des vieux âges. […] la vieille économie politique a fait son temps. […] Telle petite vieille qui passe est définitivement fixée, épinglée sur la mémoire.

1193. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Albert (1875-1911) »

Ce sont bien des confidences, en effet, ces poèmes où le rythme semble dérouler tout ce qui, dans la nature, souffre, s’effraie et s’atténue : l’automne et les suprêmes parfums passant dans le sillage des départs ailés ; les couchants dont des nuages en fuite pansent la gloire meurtrie ; les yeux stagnants des vieilles résignant, songe à songe, leur vie ; les vaisseaux que cerne la brume marine ; les pleurs que font tinter dans l’air les clochers exhalant l’Angélus ; — et la mélancolie du Désir, nostalgique et toujours inassouvi, qui supplante aux fins de l’étreinte la fougue lassée du déduit.

1194. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moreau, Hégésippe (1810-1838) »

Il nous ramène l’antique périphrase de Delille, vieille prétentieuse inutile qui se pavane fort singulièrement au milieu des images dévergondées et crues de l’école de 1830.

1195. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tisseur (Les frères Barthélémy, Jean, Alexandre et Clair) »

Celui-ci avait, dans ses vieux jours, commencé la biographie de Barthélemy, laquelle fut terminée par Alexandre.

1196. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 210-213

« Je veux envoyer aux Petites Maisons un vieux garçon de bonne famille, lequel n’a pas plutôt un ducat qu’il le dépense, & qui, ne pouvant se passer d’especes, est capable de tout faire pour en avoir.

1197. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1823 »

Il a donc pensé que si l’on plaçait le mouvement de l’Ode dans les idées plutôt que dans les mots, si de plus on en asseyait la composition sur une idée fondamentale quelconque qui fût appropriée au sujet, et dont le développement s’appuyât dans toutes ses parties sur le développement de l’événement qu’elle raconterait, en substituant aux couleurs usées et fausses de la mythologie païenne les couleurs neuves et vraies de la théogonie chrétienne, on pourrait jeter dans l’Ode quelque chose de l’intérêt du drame, et lui faire parler en outre ce langage austère, consolant et religieux, dont a besoin une vieille société qui sort, encore toute chancelante, des saturnales de l’athéisme et de l’anarchie.

1198. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Table des chapitres et des paragraphes. Contenus dans ce second Volume. » pp. -

Des Ecrits sur les Etymologies, le vieux langage & les proverbes, 308 Chap. 

1199. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Chardin » pp. 220-221

L’artiste a placé sur une table, un vase de vieille porcelaine de la Chine, deux biscuits, un bocal rempli d’olives, une corbeille de fruits, deux verres à moitié pleins de vin, une bigarade, avec un pâté.

1200. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Elle ne cachait pas ses tendresses pour ce qu’on appelait les vieux. […] Il appelait les dons du roi sur Corneille, vieux et pauvre. […] Cette raison, ce vrai, importunaient comme des fantômes tous les poètes de la vieille école. […] Dans l’épître à Guilleragues, il annonce le désarmement : Aujourd’hui, vieux lion, je suis doux et traitable. […] La ballade, asservie à ses vieilles maximes, Souvent doit tout son lustre au caprice des rimes.

1201. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Dix-huit mois avant sa mort, d’Argenson, qui mourut à soixante-deux ans et qui était encore plein de santé et de verdeur, se promettait une longue vieillesse : il se la prédisait sous une forme indirecte dans un portrait intitulé Goûts d’un vieux philosophe, et qui est de juin ou juillet 1755 : Le vieux Damon m’a dit avoir conservé ses goûts sans passions en plus grand nombre et le plus longtemps qu’il avait pu. […] Il avait cinq à six connaissances de fermes ou de filles qui lui avaient conservé de l’amitié et lui accordaient ce qu’on appelle en galanterie la petite oie (il me faut, bon gré mal gré, abréger un peu sur ce point le détail des goûts médiocrement platoniques du vieux Damon)… Avec cela, la fréquentation des bons esprits plus que des beaux esprits, d’honnêtes gens surtout ; une imagination assez pittoresque, de la sensibilité sans aucun intérêt personnel, tout en générosité, nulle bigoterie ; il arriva à une longue et saine vieillesse.

1202. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Tout moderne qui a l’insolente témérité d’entrer en lice avec ces vieux athlètes est digne, selon ces messieurs, d’un souverain mépris. […] de ces mérites des langues vieilles et rationnellement perfectionnées ! […] Si Gacon dit vrai, Despréaux en aurait témoigné à La Motte une si vive colère que celui-ci n’osa se déclarer du vivant du maître, et qu’il attendit que le vieux lion fût mort pour montrer les dents.

1203. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Crapelet, éditeur lui-même de vieux poètes, et jaloux comme le potier l’est du potier, relevait dans la publication de l’abbé Prompsault jusqu’à 2000 fautes, à peu près le chiffre que Méziriac prétendait retrouver dans le Plutarque d’Amyot ; mais Amyot avait de quoi survivre, et le Villon de l’abbé Prompsault en mourut, — l’édition, non le poète. […] Pour moi, je dirai toute ma pensée : je ne voudrais rien retirer au vieux poète, mais il me semble qu’il est en train de subir cette transformation légère qui, en ne faisant peut-être que rendre à certains hommes, sous un autre aspect, la valeur et le prestige qu’ils avaient de leur vivant, leur accorde certainement plus qu’ils n’ont mis et qu’ils n’ont laissé dans leurs œuvres. […] Mais ce legs, comme tant d’autres, m’a tout l’air d’avoir été quelque peu dérisoire et imaginaire : l’étudiant Villon dut ressembler de bonne heure à cet écolier du vieux fabliau qui avait joué aux dés tous ses livres et les avait dispersés à tous les coins de la France.

1204. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Variez ainsi le chiffre, selon les noms, depuis un jusqu’à cinq ; demandez même au vieux siècle de vous donner les trois ou quatre dernières années de grâce auxquelles il ne tient guère, et vous aurez, en sept ou huit ans, toute la couvée réunie, tout le groupe27. […] Après La Fontaine, après nos vieux conteurs, après les fabliaux, Gavarni a fait, sans réminiscence aucune, sa série toute moderne, saisie sur le vif, d’après nature. […] En un mot, Gavarni résumant sa philosophie morale répéterait volontiers, pour son compte, avec ces deux bons vieux qui descendent de quelque barrière : « Vois-tu, Sophie, il n’y a que deux espèces de monde, les braves gens et puis les autres.

1205. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Roger Bacon, ce moine de génie, aborde les sciences, envisage en face l’autorité et la réduit à ce qu’elle est : « L’autorité n’a pas de valeur, dit-il, si l’on n’en rend compte : elle ne fait rien comprendre, elle fait seulement croire. » Lui, il ne veut plus croire, mais vérifier ; et, arrachant à l’antiquité son titre même, le retournant au profit de l’avenir, il pose ce principe du progrès moderne, que « les plus jeunes sont en réalité les plus vieux ». […] Les cérémonies, sacres, couronnements, noces, obsèques, nous sont présentés comme si nous y assistions ; nous sommes censés faire en sa compagnie une tournée chez les plus habiles ouvriers et fabricants des divers métiers, sur la fin du XIIe siècle, — maître Jacques le huchier, Pierre Aubri l’écrinier, qui fabrique de si jolis coffrets d’ivoire, — Guillaume Beriot, l’imagier le plus occupé de Paris, un ornemaniste, comme nous dirions, — maître Hugues le serrurier qui, tout vieux qu’il est, travaille suivant la nouvelle mode, non sans regretter l’ancienne, plus solide et plus savante, — maître Alain le lampier, qui excelle à modeler et à fondre de grands chandeliers, des candélabres d’autel, des bras pour recevoir des cierges, des lampesiers ou lustres, et qui regrette, lui aussi, le bel art du temps passé. […] Viollet, c’est d’abord qu’on ne prenne pas l’antique pour le transporter, tel quel, chez nous, sans motif, sans égard à tout ce qui diffère profondément entre des sociétés si dissemblables ; et de notre passé à nous, de notre ancienne architecture nationale, il veut qu’on n’en prenne que ce qui s’applique à nos mœurs actuelles, à notre objet, aux matériaux dont nous nous servons, et surtout qu’on s’inspire du bon sens extraordinaire dont ces vieux architectes du XIIIe siècle ont fait preuve.

1206. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Ce fut le premier et le dernier préfet de Mayence, qui allait cesser d’être française ; en redevenant allemande, la vieille cité a gardé de lui un bon souvenir. […] On retrouvait dans le préfet de Mayence le vieux conventionnel du Comité de salut public, avec sa frugalité et sa laboriosité toute républicaine. » Au dîner de l’Empereur où le préfet était invité et en attendant que le maître eût paru, il faut entendre Jean-Bon sous son costume de préfet le plus modeste possible, et, sauf l’habit, tout en noir, bas noirs, cravate noire, rendre raillerie pour raillerie à la troupe dorée qui souriait de sa tenue et de son peu de cérémonie. Le discours que lui prête Beugnot est tout à fait républicain d’esprit et de ton, et ressent son vieux jacobinisme patriotique qu’il se plaisait à rappeler, bien loin d’en rougir.

1207. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

C’est un brave homme, mais un franc ignorant, attaché à la vieille routine, qu’il sait au bout du doigt, et dont il ne sortirait pas pour tous les biens du monde. […] Les jeunes et les vieilles y accourent de partout, dans des vues différentes pourtant ; et comme les hommes suivent ce bétail-là, il s’y fait un mouvement qui réjouit le spectateur bénévole. » Il aurait bien dû écrire ce bout de lettre en allemand. « Ce bétail-là !  […] Nos vieux Gaulois parlent bien lestement du sexe : lui, il est plus que Gaulois.

1208. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

L’ancienne France et la France nouvelle, le vieux maréchal disciple de Boufflers et le jeune colonel d’après Marengo se rencontrent dans un sentiment d’esprit patriotique et de moralité militaire élevée, Austerlitz semblait présager à Franceschi le plus beau sort. […] Ils eurent pour toute prison une vieille caserne de l’arsenal avec des couchettes délabrées et infectes. […] Ses compagnons s’opposèrent à ce qu’on l’envoyât à l’hôpital ; il resta soigné par eux dans la vieille caserne.

1209. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Je conçois le sentiment de discrétion et de délicatesse qui fait qu’on hésite à toucher à de vieilles blessures et à remuer les cicatrices d’un cœur ; mais ce mot humilier en pareil cas n’est pas français : tant que la dernière source, la dernière goutte du vieux sang de nos pères n’aura pas tari dans nos veines, tant que notre triste pays n’aura pas été totalement régénéré comme l’entendent les constituants et les sectaires, il ne sera jamais humiliant pour un homme, même vieux, d’avoir aimé, d’avoir été aimé, fût-ce dans un moment d’erreur.

1210. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Quand il reparut, il lui fallut plaire à un autre goût, à une nouvelle génération, très infatuée d’elle-même et dédaigneuse des vieilles modes ; le grand Corneille se fit doucereux, gauchement, à la façon de Quinault. […] Elle est morte… Et rien du vieux levain ne fermentera plus en elle : elle sera paisible dans la tendresse comme elle avait été assurée dans la fureur. […] Venceslas est une forte étude d’une âme violente, qui arrive à la générosité par la volonté : ce vieux roi Ladislas qui condamne son fils par justice, et ce fils qui accepte sa juste condamnation, font une situation vraiment cornélienne.

1211. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

C’est là surtout que l’ironie s’alourdit jusqu’à la cruauté : précisément parce que Flaubert prend son point de départ dans son préjugé personnel, c’est là qu’il y a le moins de vérité objective, et, sous la platitude réaliste du détail, le plus de fantaisie arbitraire : cette étude n’est, qu’un vieux paradoxe romantique traité par le procédé naturaliste. […] Ayant vécu à Lyon et à Paris, dans les quartiers populeux, parmi la petite bourgeoisie, ayant peiné, et longtemps coudoyé les gens qui peinent, commerçants, employés, ouvrières, il a représenté les vieilles maisons, les rues bruyantes de Lyon et de Paris, la vie laborieuse et tumultueuse des fabriques, les durs combats pour arriver aux échéances ou atteindre le jour de paye, l’effort journalier, épuisant, contre la misère : le Petit Chose, Jack, Fromont jeune et Risler aîné, des coins du Nabab et de l’Évangéliste sont d’exquises et fortes peintures de la vie bourgeoise et presque populaire. […] Défenseur du devoir, de la vieille morale chrétienne, avocat de la femme à qui la société, l’homme rendent la vertu difficile et lourde, amateur de combinaisons romanesques, arrangeur d’accidents tragiques, Feuillet est précieux par son expérience du monde : certaines parties aristocratiques de notre société n’ont été vues et bien rendues que par lui.

1212. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

En vain, Mlle de Gournay, une vieille fille, qui est elle-même un honorable débris du siècle précédent, essaie-t-elle de défendre ses contemporains, je veux dire les termes employés et consacrés par son père d’adoption, Montaigne. […] Intrépidité lui semblait d’une hardiesse à faire frémir ; tracasser était bien peuple ; desservir était bien vieux. […] Fontanes, dans la Maison rustique, voulant parler poétiquement de la ménagère qui fait des confitures, tirait de l’Etna le vieux roi des Cyclopes pour l’aider en cette besogne difficile et il écrivait : Cette pâte épaissie au souffle de Vulcain.

1213. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Au moment où elle est amoindrie, abattue, les excès des vainqueurs, leur impatience, leur ardeur précipitée de négation et de destruction, les vieilles traditions enracinées dans une multitude d’esprits, la solidité d’une organisation qui d’âge en âge se resserre et se concentre, amènent un réveil religieux, et l’Église retrouve, au moment où ses adversaires s’y attendent le moins, un regain de faveur, de puissance et de popularité. […] La chose est sensible, surtout quand le roi, devenu vieux, tourne à la dévotion, quand, docile exécuteur des volontés du clergé orthodoxe, il chasse les protestants, persécute les quiétistes et les jansénistes, menace les Juifs d’expulsion. […] Avec Chateaubriand, Lamartine, les adeptes du romantisme commençant, elle a été pour la théologie une auxiliaire d’autant plus efficace qu’elle était moins sermonneuse et plus mondaine ; elle a ramené les indifférents et les tièdes aux offices par le charme de sa parole d’or ; elle a ravivé le sentiment d’angoisse et de mélancolie que l’homme éprouve devant l’énigme de sa destinée, devant la mort qui l’engloutit avec toutes ses ambitions ; elle a poétisé les ruines couronnées de lierre des vieux cloîtres écroulés, la mystérieuse pénombre des cathédrales, la voix lointaine des cloches éveillant même en l’homme qui ne croit plus les souvenirs de sa pieuse enfance ; elle a dit et redit les aspirations inassouvies de l’âme humaine vers l’infini de l’espace et du temps.

1214. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Vieux et soi-disant converti, l’abbé de Choisy trouvait encore un indicible plaisir à raconter ces aventures de sa jeunesse à de graves amis, tels que d’Argenson, qui l’écoutaient avec étonnement, ou même à des dames philosophes, telles que Mme de Lambert, qui le questionnaient avec indulgence. […] L’abbé de Choisy avait l’art de faire causer les personnages bien informés, ceux qu’il appelait de vieux répertoires. Il ne se vantait pas qu’il écrivait ses Mémoires ; il était censé s’occuper des vieux âges de l’histoire de France, ou bien de l’histoire de l’Église, ne s’intéresser qu’au comte Dunois et à la belle Agnès, et les politiques ne se contraignaient pas devant lui.

1215. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

On a reproché aux auteurs d’avoir placé, en 1789, la société française à Paris, au lieu de l’avoir placée en province ; on a reproché aux auteurs « dont le nom semble révéler une vieille origine provinciale », d’avoir commis ce contresens au mépris des traditions de famille. — Les auteurs ont remonté leur famille : ils ont trouvé en 1789, leur grand-père Huot de Goncourt, non en province, mais à Paris, député du Bassigni à l’Assemblée nationale. […] Elle la gronde « d’avoir de la curiosité et de ne s’entretenir qu’avec de jeunes dames, de se laisser aller à des propos inconséquents, de manquer de goût pour les occupations solides »… Je le demande en conscience aux lecteurs sans passion politique, s’il existait pour la jolie femme la plus humainement parfaite du monde, de seize à vingt-cinq ans, un procès-verbal, jour par jour, de toutes les grogneries des vieux parents à propos de sa toilette, de son amour de la danse, de sa naturelle envie de s’amuser et de plaire, le dossier accusateur de cette jolie femme ne serait-il point aussi volumineux que celui de Marie-Antoinette ? […] Les lettres que nous annonçons au public sont déjà recommandables, comme on le voit, par le nom des personnages qui les ont écrites, et dont nous possédons les originaux ; mais quand on apprendra qu’elles renferment tout ce qu’il y a de plus instructif à la fois, de plus original et de plus piquant ; quand on saura que la science, la politique, la littérature, y ont leur compte avec de nouveaux aperçus, quand on y verra le vieux philosophe Adanson, l’homme le plus scientifique et le plus profond qui fût jamais, s’enivrer des regards d’une Dervieux, et tourner le fuseau presque à ses pieds ; Noverre, déployer toutes les ressources de l’imagination la plus riche ; Mme Beaumarchais, effacer presque les Ninon et les Sévigné ; et cette brillante Sophie Arnould, parer tour à tour son style de tout ce que l’esprit a de folle gaieté, de tout ce que le cœur a de sentiments les plus exquis, révéler avec cet abandon séduisant toutes les petites indiscrétions du boudoir et nous initier aux mystères de l’alcôve, c’est alors surtout que nos lecteurs nous sauront gré de notre entreprise. 2 vol. in-8, 12 francs.

1216. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Ce vieux supplice que nos anciennes chartes de torture appellent l’extension, et auquel Cartouche échappa à cause d’une hernie, Prométhée le subit ; seulement le chevalet est une montagne. […] L’historien supérieur qui est dans le poëte se manifeste ici, et l’on sent dans Shakespeare la profonde pénétration des vieilles ténèbres royales. […] Cordelia se met à nourrir cette vieille âme désespérée qui se mourait d’inanition dans la haine.

1217. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Dans ses écrits les plus littéraires, ce n’est pas la grammaire, ce n’est pas même les formes de la composition qui tiennent le plus de place, c’est le cœur, le vieux cœur humain inépuisable ! […] vous êtes bien bonne, ma chère, c’était un pick-pocket. — Puis il aimait l’effet comme une vieille actrice elle-même ! […] Comme Achille, il demeurera éternellement dans nos esprits le jeune homme à la beauté divine, vulnérable seulement au talon, comme l’était Achille, et la flèche de l’étrange Pâris que le sort aujourd’hui lui envoie ne portera pas plus coup que le trait imbécile du vieux Priam !

1218. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

L’embrassade dans laquelle il enveloppe les vieux ennemis de sa cause a trop de pantomime pour que nous puissions regarder cette gesticulation passionnée comme le pur résultat d’un tempérament affectueux qui se débonde jusqu’à l’enthousiasme de la tendresse. […] Nettement n’a pas lue ou qu’il n’a pas comprise, car, s’il avait lue — nous le croyons — il se serait épargné des erreurs qui mériteraient un nom moins doux, et il aurait laissé, à ses pieds, toute cette vieille poussière, faite, comme toutes les poussières, avec de la fange qui a séché ! […] Nettement est l’Odilon Barrot de la littérature, et en disant cela nous aurions accompli le précepte des vieilles rhétoriques qui enseignent que toute comparaison doit grandir l’objet comparé.

1219. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Rome se charge elle-même de le détromper chaque jour davantage, de lui prouver combien grossière avait été son erreur d’avoir voulu donner comme base à l’avenir, le vieux passé d’erreur et de mensonge. […] Les causeries d’un vieux docteur sagace, un séjour à Paris achèvent le sourd travail qui s’opérait depuis des années au fond de son être douloureux : et après une nuit de méditation suprême, l’homme enfin, transfiguré, sort victorieux du prêtre […] Et j’attends l’heure prochaine où il prononcera à son tour non plus la vieille prière de mendicité : « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien », mais l’invocation superbe de l’homme à sa propre énergie : « Je veux prendre chaque jour, sans souci des maîtres ni des dieux, le pain de la chair et le pain de la pensée dans la lumière, dans la force et dans la joie %100 ».‌

1220. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

« Non sunt privatae leges », le principe du vieux droit romain domine enfin l’histoire de l’Europe. […] Rien n’y serait plus vieux au contraire, suivant certaines théories : l’idée de l’égalité ne serait sans doute pas universelle, mais elle serait primitive. […] Le peuple lui-même méprise les citoyens de fraîche date, si différents du vieux quirite.

1221. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

L’accroissement du nombre des familles, suivant un vieux texte irlandais53, fit succéder, au régime de la propriété collective, le régime de la propriété individuelle. […] La chute des barrières du vieux droit romain coïncide avec l’élargissement quantitatif de la société romaine61. — Inversement, avec le rétrécissement des sociétés au moyen âge coïncidera l’établissement des inégalités. […] La parole du vieux Frédéric-Guillaume aux députés silésiens, en 1850, devait être généralisée ; tous les conservateurs ont pu dire : « Il règne dans les villes un mauvais esprit. » Parce que l’accroissement de la quantité sociale a pris dans les sociétés modernes la forme de la concentration urbaine il les prédisposait, plus que toutes les autres, à l’égalitarisme.

1222. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Ils sont donc également moins vieux que l’homme sur le globe terrestre. […] On voyait disparaître les vieilles entités scolastiques par lesquelles on croyait rendre compte de la vie. […] Mais Berthelot fabriquait tout ce que l’on voulait et nul homme ne fit jamais pareille concurrence au vieux Jéhovah. […] Les vieilles lois pénales frappent toujours au nom de Dieu ou au nom des dieux. […] Ce nom est très ancien parce que la rivière, quoique toujours jeune, est très vieille.

1223. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXII » pp. 91-93

Le gallicanisme est une chose tellement mourante et morte en France, que nos évêques et archevêques, qui étaient les gardiens et défenseurs perpétuels de cette Église gallicane, vont les premiers sollicitant le pape de les autoriser à introduire dans leurs diocèses le bréviaire romain et la liturgie romaine au lieu des vieilles coutumes et réformes un peu dissidentes et appropriées qui marquaient l’originalité traditionnelle et nationale (voir dans les Débats des 3 et 4 août la lettre du pape à l’archevêque de Reims, et la réflexion très-juste des Débats le lendemain).

1224. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre premier. De la stérilité d’esprit et de ses causes »

Qui de nous n’a éprouvé plus d’une fois, pour son compte, ce dont se plaint notre vieux Régnier ?

1225. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cladel, Léon (1834-1892) »

Aussi, dans un des meilleurs passages du livre, il nous montre un brave homme, un officier plein d’honneur et d’esprit, mais vieux avant l’âge, et livré par d’affaiblissants chagrins et par la fausse hygiène de l’ivrognerie aux gouailleries d’une bande d’estaminet.

1226. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Boucher » pp. 196-197

Il a de vieux portefeuilles pleins de morceaux admirables qu’il dédaigne.

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