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1387. (1914) Boulevard et coulisses

Notre génération était tout imprégnée des théories et de la méthode de Darwin ; nous avions lu et relu dix fois l’Origine des Espèces, et nous étions convaincus que ce livre illustre contenait le commencement de la fin de la philosophie.

1388. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Quant à faire des théories, c’est une vanité qui ne me tente point. […] « Les miracles, a-t-il dit, sont de ces choses qui n’arrivent jamais ; les gens crédules seuls croient en voir ; on n’en peut citer un seul qui se soit passé devant des témoins capables de le constater ; aucune intervention particulière de la divinité, ni dans la confection d’un livre, ni dans quelque événement que ce soit, n’a été prouvée. » En fait, cela est incontestable ; mais, en théorie, ces raisons, qui sont celles des plus excellents hommes de notre temps, me semblent faibles, parce qu’elles supposent que les lois naturelles nous sont connues et que si, par impossible, il survenait une dérogation à ces lois, un savant, ou mieux un corps académique, aurait qualité pour la constater. […] Soit qu’il définisse la part de Blaise dans l’établissement du calcul des probabilités, soit qu’il montre par quelles incertitudes ce génie a passé avant de constituer la théorie de la pesanteur de l’air, soit qu’il nous conte cette histoire du cycloïde où l’ennemi des jésuites montra plus de zèle pour la vérité que d’indulgence pour ceux qui la cherchaient avec lui, soit qu’il nous donne pour un incomparable chef-d’œuvre la théorie de la presse hydraulique, je m’instruis et j’admire de confiance ; mais il y a un point qui touchera tout le monde. […] Il a exposé ses théories poétiques dans un petit manuel de poésie qu’on lit avec agrément, mais qui ne témoigne pas de beaucoup de savoir ni de réflexion. […] Au demeurant, la théorie du vers français est obscure et difficile et ce n’est peut-être pas affaire aux poètes à la constituer.

1389. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

En effet, la théorie de l’art pour l’art, si on la prenait à la lettre, serait bien creuse et bien puérile. […] C’est cette fausse théorie des êtres vivants qui nous a valu toutes les abominations de nos jours. […] En réalité, il ébauche la théorie du drame moderne ; mais avec combien de précautions et d’explications ! […] Et, même lorsque celui-ci parut céder à la tempête, Rotrou resta fidèle à la tragi-comédie qui, à peu près comme le drame de nos jours, représentait la vie humaine dans sa complexité, dans ses alternatives et dans ses contrastes, mêlait ensemble discrètement l’élément tragique et l’élément comique ; ou, les faisant succéder l’un à l’autre, en tirait, par ces oppositions, des effets d’autant plus puissants, En dépit de toutes les théories, la pratique a démontré que ce mélange est nécessaire toutes les fois que l’œuvre dramatique s’adresse à un public nombreux : il faut que le comique, de temps eu temps, nous délasse du pathétique.

1390. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Il est de son mieux quand il disserte à fond sur le Cymbalum mundi, et la réhabilitation de Bonaventure des Periers peut en ce genre passer pour son chef-d’œuvre, à moins qu’on ne le préfère discourant, après Naudé, sur les Mazarinades, et épuisant la théorie des deux éditions du Mascurat.

1391. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

La noblesse française n’a pas plus l’idée de se livrer à l’agriculture ou d’en faire un sujet de conversation, sauf en théorie, et comme on parlerait d’un métier ou d’un engin de marine, que de toute autre chose contraire à ses habitudes et à ses occupations journalières. » Par tradition, mode et parti pris, ils ne sont et ne veulent être que gens du monde ; leur seule affaire est la causerie et la chasse.

1392. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

Laissez-moi ; il pose très bien maintenant, et, si vous dites un mot, il s’en ira. » Il est clair que Blake imputait à Richard III ses théories et ses rêves ; son personnage était un écho qui lui renvoyait sa propre pensée. — Une folle jouait incessamment à pair impair avec un personnage absent qu’elle croyait le préfet de police ; avant de jouer, elle regardait toujours les pièces de monnaie qu’elle mettait dans sa main et savait ainsi leur nombre ; partant, le préfet devinait toujours mal et ne manquait jamais de perdre ; plus tard, elle négligea son examen préalable ; alors le préfet tantôt perdait et tantôt gagnait. — Il est clair que, dans la première période, elle fabriquait elle-même, sans s’en douter, l’erreur qu’elle prêtait au préfet.

1393. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Il y a là toute une théorie, et contraire à celle du siècle.

1394. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Il n’y avait rien à en conclure contre la bravoure individuelle de ce peuple souvent héroïque quand une généreuse passion l’anime ; mais les carbonari ne lui présentaient pour rois que des tribuns militaires, et pour causes, que des théories qu’il ne pouvait ni comprendre, ni aimer.

1395. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Jeudi 22 mai Il y aurait à dénoncer une série de bonnes blagues, inventées par de prétendus émetteurs d’idées, et dans lesquelles, au bout de quelque temps, coupent les gens d’esprit ; ainsi la théorie que les eaux-fortes, pour l’illustration des livres, ne doivent pas avoir le caractère d’art qu’on leur demande, quand elles ne font pas partie d’un volume.

1396. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Les apologistes des religions ont naturellement tiré parti de ces doctes théories : « La jouissance, dit M. 

1397. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Ces deux mauvais vers de son Art poétique étaient toute sa théorie ; toute nouveauté semblait sacrilège à cet esprit timide et étroit qui n’avait foi que dans la routine.

1398. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

De plus, d’après la théorie de l’origine des genres que j’expose plus loin, on verra que nous ne pouvons espérer de rencontrer très souvent des différences génériques dans nos productions domestiques.

1399. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Mais ce n’est pas en vertu d’une théorie ou d’une méthode à lui appartenant, que M. 

1400. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Vous verrez le reste dans son livre, notamment avec quelle excellence d’arguments il redresse, touchant Aristophane, les théories de l’allemand Schlegel, qui fut bien le plus sot des hommes à idées générales ; et comment les comédies d’Aristophane ne sont bien, au fond, que des pamphlets, d’une composition secrètement assez serrée, et qui courent à un but déterminé malgré les écarts apparents ; mais, au reste, pamphlets de poète, tout débordants d’imagination, féconds en hyperboles et en métaphores réalisées et développées, c’est-à-dire en symboles… Oui, l’aristocrate à tête étroite, l’ennemi de Périclès, de Phidias, de Socrate et d’Euripide, est un poète considérable et, très souvent, un délicieux écrivain. […] En somme, ce qu’il nous donne ici, c’est plutôt la théorie du succès que la théorie de l’art de la conférence. […] Cette théorie, poussée à l’extrême, interdirait toute espèce de progrès et de renouvellement ; car, pour plaire à la foule, il ne faut pas trop dépasser la foule, et les meilleures conférences resteraient donc celles du regretté Lapommeraye. […] Il sait que le monde marche en dépit de tout, que la « théorie du succès « a été celle de Molière parlant de son art, ce qui n’a pas empêché Molière d’être un novateur de quelque génie.

1401. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Nos symbolistes n’auraient pas cru inventer la théorie de l’audition colorée et la méthode des voyelles suggestives, si Gautier n’avait pas rimé avec des mots de neige et d’aubépine la Symphonie en blanc majeur 26. […] M. de Vogüé, absorbé par sa théorie de l’hérédité, désireux de mettre cette théorie en pleine lumière, a négligé les vivants pour s’occuper surtout des morts. […] Nulle théorie ne s’oppose davantage à la liberté d’un développement romanesque, puisque les morts, parlant toujours, nous annoncent, à l’avance, ce que vont faire les vivants. […] Ayant été amusé, dans les champs, par la maternité intempérante des cailles, il reporte volontiers quelque chose de cette bienveillance aux gentilles bourgeoises grassouillettes, aux petites mamans de France, qui, sans troubles décadents ni rêveries exotiques, exemptes de bandeaux plats et de théories malthusiennes, sont heureuses tout simplement « de chanter et de faire l’amour ».

1402. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Elle, tout en vidant son verre, parlait gravement des théories religieuses de Creutzer. […] Des femmes, en longue et lugubre théorie, rôdent parmi les ruines. […] Pour appuyer ses théories, Diderot raconte l’aventure d’un ménage de comédiens.

1403. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Les scènes d’Oreste et d’Hermione renferment toute la théorie de l’amour malheureux ; c’est un magasin que Racine a ouvert à tous les poètes qui l’ont suivi ; c’est là qu’ils ont pris les irrésolutions, les craintes, les espérances, les transports, les fureurs, tous les symptômes de cette folie séduisante qu’on nomme amour, et qui, bannie de la société, est restée en possession des romans et du théâtre ; il n’y a pas un trait, pas un sentiment, pas une idée propre à caractériser les différentes crises de cette passion, qui ne se trouve dans la tragédie d’Andromaque, et dans les autres du même auteur : ses successeurs ne sont parés que de ses lambeaux.

1404. (1897) Aspects pp. -215

Comme il est habituel, il a donné là, non sans ironie, la théorie de son art. […] Nous avons vu, alignées le long d’un mur, cataloguées, numérotées, ces toiles où se déroule la radieuse théorie des saisons. […] Il y trouve, ainsi qu’il sied, des oreilles complaisantes ; et les phantasmes qu’il échafaudé, les insinuations qu’il glisse ne tardent guère à être répétés, comme ingénieux et vraisemblables, par les Sots toujours nombreux en ces endroits, par les Malins, enchantés de nuire à un rival, et aussi, plus innocemment peut-être, par les Mous, dépourvus de personnalité, qui traversent la littérature le chapeau à la main, l’échine circonflexe en répétant avec le Sosie d’Amphitryon : Messieurs, ami de tout le monde… Ce jeune homme, un symbole si l’on veut, je le baptiserais volontiers le petit fils de Tribulat Bonhomet. — Je crois bien lui avoir donné de l’occupation par mes dires touchant l’œuvre et les théories de M.  […] Il fait d’ailleurs remarquer combien Vielé-Griffin se met en contradiction avec lui-même lorsqu’il défend, contre toute logique, avec une grande pauvreté d’arguments et, au surplus, avec un insuccès total, des personnalités et des théories absolument contraires à son art.

1405. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

On m’a parlé d’une ode sur la Lumière, dans laquelle, pénétré de toutes les théories optiques modernes et imbu des grandes paroles pittoresques des maîtres primitifs, il s’est élevé à une belle inspiration de science et de poésie.

1406. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

L’École des Chartes, de laquelle sont sortis plus d’un de ceux que je viens de nommer, produisait de savants élèves qui, devenus maîtres à leur tour, ont porté dans ces questions de linguistique nationale un genre de critique bien essentielle pour contrebalancer les théories absolues des Allemands.

1407. (1929) Dialogues critiques

Elle accrédite les théories les plus creuses de l’esthétique la plus conventionnelle.

1408. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

« C’est la doctrine de l’antiquité dans la théorie des beaux-arts, dit avec raison M. 

1409. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

« Mon cher ami, finit-il par dire à l’écolier stupéfait, la théorie est grise et l’arbre de la vie est vert ; cueillez ses fruits.

1410. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Madame Récamier ne laissa jamais fléchir sa justice de femme sous ces théories de convention ; elle n’était point femme de parti ; elle n’aimait ni le napoléonisme, ni l’orléanisme : la Restauration, légitime par son antiquité et moderne par ses institutions, était le régime de son esprit tempéré et juste ; c’est à cause de cette conformité d’opinion qu’elle avait pour moi quelque préférence.

1411. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Malgré les théories plus chimériques que réelles de ce soi-disant progrès indéfini et continu, qui conduit les peuples, par des degrés toujours ascendants, à je ne sais quel apogée, indéfini aussi, de la nature humaine, l’histoire religieuse, l’histoire militaire, l’histoire politique, l’histoire littéraire, l’histoire artistique, ne nous montrent pas un seul peuple qui, après la perfection, ne soit tombé dans la décadence.

1412. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Ce fut l’âge des théories audacieuses, des curiosités impatientes, des recherches passionnées… Or, voilà qui est admirable et prodigieux, à tant d’ébauches, la France donne une forme et une voix.

1413. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Rousseau, imagine, pour le justifier, une distinction entre ce qu’il appelle le caractère social et le caractère naturel : « Le caractère naturel de Rousseau était la sincérité, la confiance, la générosité ; en entrant dans la société, il y prend un caractère social ; il y devient méfiant, lâche, bas, sauvage116. » La théorie de Bernardin de Saint-Pierre est d’un utopiste qui en excuse un autre.

1414. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Puis, entre Flaubert et Feydeau, ce sont de petites recettes du métier, agitées avec de grands gestes et d’énormes éclats de voix, des procédés à la mécanique de talent littéraire, emphatiquement et sérieusement exposés, des théories puériles et graves et ridicules et solennelles, sur les façons d’écrire et les moyens de faire de la bonne prose ; enfin, tant d’importance donnée au vêtement de l’idée, à sa couleur, à sa trame, que l’idée n’est plus que comme une patère à accrocher des sonorités.

1415. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Presque toute la société se rallie à cette théorie, en déclarant qu’un Mirabeau échappe aux règles de la petite probité bourgeoise : « Alors, Messieurs, nous écrions-nous, il n’y a plus de morale, de justice chez les historiens en histoire, si vous avez deux mesures, deux balances, l’une pour les hommes de génie, l’autre pour les pauvres diables.

1416. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

À table, la Païva expose une théorie de la volonté à faire peur… et que tout arrive par la volonté… et qu’il n’y a pas de circonstances… et qu’on les fait quand on veut… et que les malheureux ne le sont, que parce qu’ils ne veulent plus l’être.

1417. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Cette histoire raisonneuse et systématique n’aura que le second rang dans le récit des choses humaines ; elle passera avec les systèmes, les sectes, les théories qu’elle représente.

1418. (1926) L’esprit contre la raison

Il fonda en 1920 une école du Savoir ou de Sagesse, ouverte aux sagesses orientales, aux théories jungiennes et aux échanges intellectuels avec la France.

1419. (1903) La renaissance classique pp. -

Non seulement cette théorie est pernicieuse, elle est encore puérile, parce qu’elle néglige un des facteurs essentiels de l’œuvre de beauté.

1420. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

En opposant la philosophie spiritualiste au sensualisme, la littérature des idées à celle des sens, la morale du devoir à celle de l’intérêt, en plaçant sous cette invocation à la fois une et triple sa théorie du Vrai, du Beau et du Bien, en conviant la génération nouvelle à des études fortes, à de nobles ambitions, à une vie austère, à tout ce qui élève l’âme, M.  […] Ce gouvernement et cette révolution, ils les arrangent à leur guise, ils les façonnent à leur gré, donnant à leurs théories toutes les perfections désirables, en écartant soigneusement l’imprévu, les passions humaines, créant à leur usage un nouveau monde, pur de toutes les souillures de l’ancien, vertueux, perfectible, équitable, tel, en un mot, qu’il le faut à des penseurs pour y introduire à leur suite la liberté, le bonheur et la paix. […] le temps marche ; la Révolution fait un pas ; les hommes d’action la saisissent, jeune et pure encore, entre les mains inquiètes des hommes de théorie, pour l’emporter avec eux vers les aventures et les précipices. […] Elle lui a permis, tout en demeurant fidèle à de glorieux exemples de famille et à des traditions héréditaires, de les transporter aux premiers rangs de l’armée conservatrice, et de n’en user que contre d’odieux excès et des théories destructives.

1421. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Tout comme les renommées, les théories littéraires ont leurs destins alternés, et si elles disparaissent un temps, c’est pour ressusciter ensuite, plus vivaces et mieux en faveur. […] Ce sont l’Ordre, reposant tout entier sur le principe d’autorité, qui maintient entre les divers membres du groupe, comme entre les pièces d’un organisme savamment assemblées, les rapports de dépendance et de hiérarchie propres à assurer leur fonctionnement… La Morale, qui envisage l’être individuel, comme un composé d’instincts bons et mauvais, entre lesquels se poursuit une lutte sans trêve, les uns conservateurs, les autres destructeurs de la personnalité, répondant de façon frappante d’ailleurs à cette théorie biologique de la Phagocytose, ou lutte entre les bons et mauvais microbes qui constituent l’être physique et rivalisent entre eux pour la destruction ou la durée de celui-ci… La Religion, enfin, qui reposant au fond sur l’idée kantienne, perçue bien avant Kant, de la relativité de la connaissance, propose l’hypothèse d’une Destinée supra-terrestre, laquelle peut seule donner un sens à la vie… la Religion, le plus puissant de tous les freins, assise même de l’ordre social, sur laquelle durant tant de siècles s’appuya l’édifice, et dont un penseur de nos jours a pu dire, en termes d’autant plus saisissants qu’il n’y voyait que le dernier soutien de cet ordre compromis : « On peut évaluer son apport dans nos sociétés modernes, ce qu’elle y a introduit de pudeur, de douceur et d’humanité, ce qu’elle y entretient d’honnêteté, de bonne foi et de justice. » Veut-on maintenant qu’au type normal nous opposions son contraire ?

1422. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Même quand elle se lance dans la théorie, la science est tenue d’adapter sa démarche a la configuration générale de la pratique. […] La philosophie post-kantienne, si sévère qu’elle ait pu être pour les théories mécanistiques, accepte du mécanisme l’idée d’une science une, la même pour toute espèce de réalité.

1423. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

C’est pour la défense de ses théories que Baïf a fondé son Académie de musique et de poésie, première ébauche en quelque sorte de l’Académie française et du Conservatoire. […] puisque autrement il y aurait pour eux trop de fatigue… *** Théories, principes, méthodes, parti pris, l’Esthétique et la Poétique, tout cela est excellent. […] Il avait, d’ailleurs, sur le genre, ses théories, et il les coulait en rimes : Si la Grâce ne l’assaisonne, Malgré tout l’éclat d’un bon mot, L’Épigramme qui vous étonne Vous aura fatigué bientôt.

1424. (1925) Proses datées

On y échange des idées, on y échafaude des théories, on y élabore des projets, on y improvise des paradoxes, on y lance des boutades truculentes parce que l’on y est jeunes et que l’on y est encore romantiques. […] Poe devait séduire Baudelaire, non seulement par sa qualité d’imagination, mais aussi par ses théories esthétiques, de même que ce qu’avait été la vie de Poe devait paraître à Baudelaire comme un miroir de la sienne. […] En effet, si les Fleurs du Mal sont un livre « composé », il nous fournit la preuve que Baudelaire fut fidèle à ses théories concernant l’inspiration et la réalisation poétiques et à la part de volonté précise et préconçue que comporte toute œuvre d’art valable.

1425. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Et, dans ces échappées vers la politique, la philosophie, la poésie, dans ces fantaisies et ces esquisses où il regardait tantôt sous un angle, tantôt sous un autre, les formes fugitives de l’être, il a choqué, plus d’une fois, par l’imprévu de ses démarches, ceux de ses contemporains qui ne sont pas familiarisés avec les méthodes des sciences historiques, et qui ne savent pas que l’historien des choses morales doit, par habitude professionnelle, se défier des théories trop rapides et des affirmations prématurées. […] Bavarder sur les problèmes, à la façon des faiseurs de théories improvisées et sublimes, lui semblait un exercice puéril. […] Seulement ses théories semblaient antérieures à ses recherches, et celles-ci n’avaient guère pour mission que de vérifier celles-là. […] Après un si dur labeur de spéculations et de théories, nous sommes tentés d’invectiver, avec Tolstoï, la coquinerie de l’entendement. […] Il disait, le 7 septembre 1849, en parlant d’un de ses amis : Comment ne voit-il pas que tous ces hommes voués aux brutalités de l’action, aux divagations banales, aux rabâchages éternels des mesquines et pitoyables théories contemporaines, ne sont pas pétris du même limon que le sien ?

1426. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Tels sont malheureusement chez tous les hommes le contraste & le mêlange de l’amour propre & de la raison, que la théorie des bonnes mœurs & la pratique des mauvaises, sont presque toùjours & par-tout les mêmes. […] Il usera de la même liberté dans la composition de son modele en Harmonie ; il tirera du phénomene donné par la nature, l’origine des accords ; il les suivra dans leur génération, il observera leurs progrès, il développera leur mêlange, il appliquera la théorie à la pratique ; & soûmettant l’une & l’autre au jugement de l’oreille, il sacrifiera les détails à l’ensemble, & les regles au sentiment. […] Il nous reste à examiner la partie des images ; mais comme elles sont communes à tous les genres de poésie, & que la théorie en exige un détail approfondi, nous croyons devoir en faire un article séparé. […] Mais avec la même sincérité nous avons crû devoir observer ses erreurs dans la théorie, & ses fautes dans la pratique, ou du moins ce qui nous a paru tel ; c’est au lecteur à nous juger.

1427. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

On noierait bien d’autres endroits encore où une sorte de grossièreté perce sous la quintessence et prend même le dessus ; la lettre 195e, qui contient une théorie savante sur le mariage à trois ; la 130e, où il fait, du bel-esprit sur des choses simplement malpropres ; la 30e, où, à travers la gaudriole, les Filles de la Reine sont traitées fort lestement.

1428. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Cette théorie l’a soutenu cinquante ans à la surface des choses humaines, précurseur de tous les succès, surnageant après tous les naufrages, survivant à toutes les ruines.

1429. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

. — Ceci n’est point théorie, mais observation. — L’homme, au nom d’Honneur, sent remuer quelque chose en lui qui est comme une part de lui-même, et cette secousse réveille toutes les forces de son orgueil et de son énergie primitive.

1430. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Je vous présente donc ces Recherches comme à un géomètre profond, qui a su » joindre aux agréments de l’esprit les plus sublimes connaissances, et dont je distingue le suffrage parmi le petit nombre de ceux qui peuvent véritablement me flatter. » S’il est permis de joindre à l’éloge des étrangers celui des morts, qui ne saurait blesser les vivants, l’auteur oserait encore rappeler ici, comme un témoignage des sentiments de son cœur, ce qu’il écrivait en 1752 à un homme dont la mémoire doit être précieuse à tous les gens de lettres qui l’ont connu, à feu M. le marquis d’Argenson, en lui dédiant (après sa retraite du ministère) l’Essai d’une nouvelle théorie de la résistance des fluides.

1431. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Edouard Rod, « Ibsen comprend la nécessité historique de l’avènement du christianisme sans l’admirer ni l’aimer, sans cesser d’aspirer à un troisième règne qu’il ne définit pas, mais qui serait la réconciliation entre la théorie de la jouissance, fond des croyances païennes, et celle de la renonciation, base des doctrines nouvelles. » Le volume est orné d’un portrait d’Ibsen. […] Déjà, on nous a parlé des conflits de la morale religieuse ou civile avec l’autre, la grande, celle qui n’est pas inscrite sur des Tables ; et déjà, chez nous, on a opposé les droits de l’individu à ceux de la société… Nous avons entendu ces choses entre 1830 ) et 1850, car toutes les théories révolutionnaires ont abondé à cette époque dans notre littérature. Seulement, il s’y mêlait beaucoup de rhétorique et de romantisme ; c’étaient des théories sonores et à panaches. […] Il faut, de plus, admettre la philosophie particulière de Rémonin et la vieille théorie romantique du droit absolu de la passion (niée ailleurs par M. 

1432. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

À l’occasion du Pré-aux-Clercs, il me prend fantaisie d’ajouter un chapitre tout à fait original à l’histoire des variations de la critique, ainsi qu’à l’ingénieuse théorie du Journal des Débats sur les conversions graduées. […] Une théorie sur le beau et le bon peut être comparée à ces arcs de triomphe, monuments d’un autre âge : si l’art contemporain n’y passe pas, l’émotion en croupe, ce n’est plus qu’une ruine !

1433. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Mais, philosophe, qui a lu Chamfort et devine Schopenhauer, Vigny possède un système de la nature et une théorie de l’amour. […] Le libertin de Musset formule toute la théorie, une esthétique, une morale de la débauche : il prétend revêtir de beauté son inconduite et parer d’orgueil extraordinaire son avilissement. […] Critique des arts, des mœurs et des théories sociales, essayiste, romancier, puis dramaturge, il a éprouvé sa méthode ; il l’a conservée. […] Lafcadio le lui reproche, sans feinte : « Pour moi, je me laisserais mourir de faim devant ce ragoût de logique dont j’ai vu que vous alimentez vos personnages… » Ainsi, le vieux Baraglioul : « le souci de le maintenir, partout, toujours, conséquent avec vous et avec soi-même, fidèle à ses devoirs, à ses principes, c’est-à-dire à vos théories… vous jugez ce que, moi précisément, j’en puis dire ! 

1434. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Mais il fallait, je crois, laisser faire l’inspiration, la nature ; c’était à la critique à rédiger, après coup, la théorie de cette poésie ; mais cette poésie ne devait pas s’annoncer comme une théorie. […] Quoique aussi vieilles que le monde, ces théories ne se doivent point tenir pour battues. […] Il occupe, avec ses divers synonymes, restauration, réhabilitation, réintégration, une place importante dans plus d’une théorie moderne.

1435. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Il est à propos d’y mêler l’amour, parce qu’il a toujours beaucoup d’agrément et peut servir de fondement à ces intérêts et à ces autres passions dont je parle : mais il faut qu’il se contente du second rang dans le poème et leur laisse le premier. » Et Corneille n’a que trop appliqué sa théorie. […] Elle ne prouve nullement que sa théorie de l’art dramatique fût beaucoup plus large que celle de Boileau. […] Ne croyez-vous pas qu’on eût pu mettre, dans la bouche d’Eugène, quelques-unes des théories favorites de l’auteur d’une Visite de noces ? […] Donc la donnée de la comédie nouvelle est inattaquable. » Elle l’est d’autant plus, pourrait-on ajouter, que la théorie en question n’est point formulée par l’auteur lui-même ou par quelque personnage qui serait son porte-voix, mais par une femme jalouse, passionnée, exaltée, que l’auteur saisit en pleine douleur, en pleine maladie, en pleine crise morale.

1436. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

À la vérité, ici, ma théorie n’est peut-être pas juste. […] Gustave Le Bon, qui est homme de très grande information, mais qui, surtout, est un homme qui abonde en idées, avait, sur la civilisation en général et sur un certain nombre de civilisations étudiées de très près, émis une foule de théories, d’aperçus, de conjectures même, mais de conjectures fondées et toujours intéressantes. […] Rémy de Gourmont me paraît, de tous les Français, le plus profondément pénétré des théories, des idées et, surtout, des colères de Nietzsche. […] Rien n’est plus intéressant, dans tout Nietzsche, ni plus original, que sa théorie de la nécessité des déchéances.

1437. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

On se souvint de la théorie du beau geste. […] … Je prends dans l’anarchie d’une part ce qui me distrait ; de l’autre, ce qui s’accorde avec mes théories, ce qui favorise mon égoïsme d’intellectuel. […] Il proclamait les théories de l’art pour l’art et brandissait l’oriflamme de la « rime millionnaire ».

1438. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Ce n’est pas à dire que le grand peintre, qu’on cite toujours comme exemple de la composition historique et de l’austère dignité de l’art, n’ait pas fait aussi des Bacchanales, « réminiscences très hardies de la sculpture antique », et qui déjouent un peu les graves théories à son sujet ; mais une débauche n’est pas coutume, et en lisant le recueil des Lettres du Poussin, Gandar put se féliciter d’avoir appris à connaître l’homme dans le peintre, « et un homme selon son cœur ».

1439. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

La théorie superbe du progrès incessant et indéfini de l’humanité dans tous les arts reçoit ici d’un pauvre chanteur aveugle le plus éclatant et le plus éternel démenti.

1440. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Les symptômes sont alarmants ; vos paisibles amis de Paris, qui font de la politique avec leur encre et leur papier dans la liberté des théories, verront à quels éléments réels ils vont avoir affaire.

1441. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il ne les prenait point pour des lois antérieures à la tragédie, mais pour des effets, pour des degrés de ressemblance avec la réalité, dont les poètes de l’antiquité avaient donné des exemples, et ses critiques la théorie.

1442. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

C’est ainsi, je ne sais à l’occasion de quelle maudite matinée, où il avait oublié ses théories, qu’il arriva chez Latouche, en s’écriant : « J’ai perdu un livre, ce matin ! 

1443. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

À ceux qui s’étonneraient, je répondrai : « Considérez que ce poète, peu lu et mal connu, jugé d’après ses théories étroites et paradoxales, fut harmonieux comme Lamartine, profond comme Baudelaire, poignant comme Musset, grave comme Alfred de Vigny et musical comme Verlaine ; songez que les Poèmes barbares ont précédé la Légende des Siècles et la surpassent certainement en largeur épique ; méditez enfin religieusement cette œuvre parfaite, où la langue poétique n’a été maniée qu’avec ce respect sacré que possèdent seuls les génies.

1444. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Plusieurs historiens modernes ont attribué quelques avantages à ces invasions de races franchement barbares à travers les races latines corrompues ; ils en ont déduit des théories de renouvellement et comme de rajeunissement social moyennant cette espèce de brusque infusion d’un sang vierge dans un corps usé. […] Fauriel, malgré les fréquentes discussions qu’il soutint à ce sujet avec ses amis, ne se laissa jamais entamer à leurs théories plus ou moins spécieuses ; il était et demeura foncièrement antigermanique, en ce sens qu’il n’admit jamais que ces violentes et brutales invasions fussent bonnes à quelque chose, même pour l’avenir éloigné d’une renaissance.

1445. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Il expose ses petites théories à Thouvenin, un ami de Bardannes, moraliste par état et manufacturier par accident — ou plutôt non, par piété filiale : il ne voulait que « nourrir sa mère » et s’est enrichi par surcroît. […] Finalement Gontran (comme Paula) renonce à son amour par piété filiale ; en sorte que le drame se dénoue par des considérations absolument étrangères aux théories qui nous avaient été exposées dans la scène capitale de la pièce. […] Le même soleil, la même lune, les mêmes saisons, les mêmes amours, les mêmes plaisirs, les mêmes ennuis, les mêmes chagrins, les mêmes femmes, les mêmes ministres, les mêmes livres, les mêmes spectacles, reviennent, reviennent dans notre vie et ramènent les mêmes impressions, les mêmes idées, les mêmes théories.

1446. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Thiers avait des théories sur l’art d’écrire. […] Darwin de la grammaire et du lexique, il applique aux mots les théories transformistes et conclut que le langage est une matière sonore que la pensée humaine modifie insensiblement et sans fin, sous l’action inconsciente de la concurrence vitale et de la sélection naturelle.

1447. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

M. de Maupassant fait la théorie du roman comme les lions feraient celle du courage, s’ils savaient parler. Sa théorie, si je l’ai bien entendue, revient à ceci : il y a toute sorte de manières de faire de bons romans ; mais il n’y a qu’une seule manière de les estimer.

1448. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Le voici qui trouve mieux encore : après l’argument aristocratique, l’argument philosophique ; le panégyriste improvise une théorie du droit et une réfutation de l’esclavage ; il attaque éloquemment le berger qui s’arroge sur les animaux « un chimérique empire. » Ainsi parle un orateur de la couronne : « Quand vous voudrez revendiquer une province, disait le grand Frédéric à son neveu, faites provision de troupes.

1449. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Nous allons, nous marchons, nous cognant à des morceaux de forum, pendant que Chenavard nous expose des théories de découragement et d’écrasement de l’art sous son passé, son victorieux passé, comparé à son triste présent….

1450. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

La littérature émigrée avait seule la voix ; elle s’essayait à des théories et à des audaces qui tendaient à ramener plus que la monarchie.

1451. (1921) Esquisses critiques. Première série

Gustave Kahn qui en essaya la théorie. […] Il n’étale point de théorie ou de système dans ses œuvres qui ne semblent point disposées sur un plan d’ensemble.

1452. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Mais la France est classique de telle sorte que les théories littéraires de cet homme de lettres font déjà plus de mal au nouveau gouvernement, que les théories sociales de ses confrères.

1453. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Que devient ainsi la théorie émise récemment par M.  […] Certes, il n’était pas homme à ne pas appliquer ses théories, et on devait s’attendre à ce qu’il eût pour lui-même les sévérités qu’il avait pour les autres.

1454. (1893) Alfred de Musset

Ce n’est certainement pas le même amour que Musset avait donné à une George Sand, qu’il a distribué ensuite, comme il aurait fait d’un cornet de dragées, à une longue théorie de belles dames et de grisettes. […] Le nez au vent et l’œil fureteur, elle a rapporté de sa pension des théories sur le mariage et sur la manière de faire marcher les hommes, qu’elle applique avec énergie, quitte à pleurer dès que le jeune premier fait semblant de prendre ses boutades au sérieux.

1455. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

À l’état de théorie, dans l’esprit de quelques théosophes, de quelques rêveurs naïfs et convaincus, le mysticisme a pu n’être que l’exagération inoffensive du sentiment religieux et chrétien. […] Les théories générales, les utopies, les sophismes, la métaphysique sociale, prirent la place des idées pratiques et applicables, parce que ces idées n’intéressaient plus personne, n’étaient plus pratiquées par personne, et que, depuis les professeurs, totalement étrangers aux affaires et irresponsables dans l’exercice de leur pouvoir, jusqu’aux élèves, gentilshommes, bourgeois, magistrats, dépouillés peu à peu de leur part dans le maniement de la chose publique, nul n’était averti du danger des aventures ; nul n’était prémuni contre ce plaisir de quitter des maisons lézardées, des rues infectes, des monuments dégradés et des temples déserts pour courir vers des forêts vierges, des solitudes inconnues, de fantasques et splendides paysages, pleins de limpides fontaines et de radieux horizons. […] cette théorie a trouvée faveur, non pas seulement chez les prôneurs habituels du despotisme, mais parmi les partisans des doctrines opposées… Parce que les plus cruelles sévérités de Richelieu étaient tombées de préférence sur quelques-uns des seigneurs le plus haut placés de la cour, sur les plus grands dignitaires du royaume et sur les princes même de la famille royale, des écrivains, plus amoureux, à coup sûr, d’égalité que de liberté, ont prétendu faire du ministre absolu de Louis XIII le précurseur providentiel, et en quelque sorte le premier patron de la Révolution française.

1456. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Que faut-il penser de ces théories ?

1457. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

On peut tirer de cette théorie une conclusion immédiatement applicable à un éminent poëte de nos jours.

1458. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Nul auteur n’est plus fécond en dissertations ; il entre à chaque instant dans son récit pour nous tancer ou nous instruire ; il ajoute la morale de théorie à la morale en action.

1459. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

La pièce peut être mauvaise d’après vos théories littéraires, mais une pièce où les spectateurs sont près d’en venir aux mains, et où les spectatrices — du moins les spectatrices honnêtes — versent de vraies larmes, non, non, Monsieur, cette pièce n’est pas ennuyeuse.

1460. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Parlant de la société future, je disais que les gens les plus intelligents ne peuvent concevoir les formes d’une société future, et que dans l’antiquité, il n’y aurait pas eu une cervelle capable de prophétiser la société du moyen âge, cette société à basiliques ténébreuses, au lieu de temples pleins de lumière, cette société aux danses des morts, remplaçant les théories des fêtes d’Adonis, cette société, avec sa constitution, ses vêtements, son moral si différent de l’autre, cette société, ou même les belles et classiques formes de la femme grecque ou romaine, semblent devenues des formes embryonnaires, telles que nous les voyons retracées par le pinceau de Cranach, dans des académies de femmes du temps.

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