Au reste, ces éloges se prononçaient dans le sénat, dans les temples, dans les places publiques, et jusque sur le théâtre.
Ce peu qui me reste, ah ! […] Et ensuite, il lui criait : « Mais ne reste donc pas couché comme ça ! […] Maizeroy a montré trop de tact dans le reste du livre pour que ce point ne s’y souligne pas de lui-même. […] D…, les m., et tout le reste se dressent devant vous. […] Belot n’y va pas par quatre chemins, et on devine le reste.
et cette sublime réponse de Médée : Dans un si grand revers, que vous reste-t-il ? […] Sujet aux maux de la vie, aux dangers, comme le reste des hommes, et de plus, aux chagrins de son génie, sa célébrité exigera de lui plus de fermeté de cœur, pour les supporter sans en être accablé, et sans se distraire de sa tâche laborieuse. […] N’ayant en vue que le profit des citoyens, il approfondit les mystères de l’histoire, l’étude des langues grecque, latine, et française, et n’envisage le reste de la littérature qu’en passant. […] Un monument curieux nous en reste : c’est la critique imprimée de ses œuvres, par ce Pradon, de ridicule mémoire, non moins érudit que l’abbé Cotin. […] Dans Crébillon, au contraire, la haine d’Atrée, nourrissant pendant vingt années son noir projet, et le soin recherché d’élever le fils de son frère pour l’égorger ensuite, sont hors du naturel et du possible ; car le temps change et use les plus fortes passions comme tout le reste.
Il se déclare pour la première fois nettement, il se propose et prétend s’imposer : reste toujours à savoir s’il fut accepté, et rien ne le prouve. […] Les premiers temps de leur liaison paraissent avoir été traversés ; la résistance de la jeune femme, la concurrence peut-être du Régent, quelques restes de jalousie sans doute de M. de Ferriol, compliquèrent cette passion naissante. […] « Jamais, me dit le même témoin si bien informé, jamais la famille de Bonneval n’a renié Mlle Aïssé… En recueillant mes souvenirs d’enfance, je reste persuadée que sa mémoire était chère à sa petite-fille. […] Alors je m’y arrête, je la tourne de tous les sens : j’oublie tout le reste, j’oublie que c’est une lettre que j’écris et qu’il est impertinent de faire des amplifications à tout propos. […] L’imprimé de 1809 donne ici une version différente et qui mérite d’être reproduite, parce qu’elle ne laisse pas d’être heureuse et qu’elle semble de la plume même de l’auteur : « … Alors le Chevalier n’est plus le même homme : toutes ses lumières s’éteignent ; enveloppé de ténèbres, s’il parle, ce n’est plus avec la même éloquence ; ses idées n’ont plus la même justesse, ni ses expressions la même énergie, elles ne sont qu’exagérées ; on voit qu’il se recherche sans se trouver : l’original a disparu, il ne reste plus que la copie. » Cette expression : il se recherche sans se trouver, nous paraît d’une trop bonne langue pour ne pas provenir de Mme du Deffand.
je pourrai prendre dans cette écuelle mon café tous les matins durant le reste de mes jours. […] Certes elle se croyait, sous le rapport de la fortune, un parti sortable. « Quant au reste, je vaux bien le bonhomme ! […] Et je reste, elles doivent revenir. […] La porte-fenêtre du perron est surmontée d’un campanile où reste sculpté l’écusson des Blamont-Chauvry : écartelé de gueules à un pal de vair, flanqué de deux mains appaumées de carnation et d’or à deux lances de sable mises en chevron. […] Le reste est beau, mais vulgaire ; la femme n’a ni assez de vertu pour congédier l’amant, ni assez d’amour pour s’y livrer tout entière.
Mais dans le moment, comme toute la salle, j’ai la préoccupation du retour, plus que de tout le reste. […] Comme il lui était demandé, comment il avait pu prêter cinquante mille francs à un garçon sans espérance, sans avenir, et quel gage il pouvait avoir, le jeune usurier avait souri et n’avait pas craint de dire : « J’ai le meilleur des gages, le monsieur en question m’a donné un paquet de lettres de sa maîtresse qui est une femme du grand monde… s’il ne paye pas, c’est elle qui paiera. » Ce soir, Daudet, comme je m’indignais du manque d’indignation de la France contre les saletés gouvernementales, me disait peut-être justement : « Ça tient à une chose, c’est que maintenant tout le monde est soldat, est maté, discipliné, asservi, et reste l’esprit, sous le coup de la salle de police ! […] Il reste coucher, et le soir, il nous parle de sa famille, de son père : son père, élevé au séminaire, et destiné à être prêtre, s’engageant dans l’infanterie de marine, devenant général, gouverneur de la Guyane et de la Guadeloupe, et mourant à trente ans de vie exotique. […] Aujourd’hui, il me reste comme un souvenir de rêve de cette visite : le Flammarion avec sa tête de saint Jean-Baptiste, qu’offre dans un plat d’argent, la peinture italienne à Hérodiade, le monsieur qui a découvert la dernière planète, à la chevelure qui pourrait servir d’enseigne à la pommade du Lion, un jeune homme bancroche, qui nous est présenté par Flammarion, comme l’humain de toute la terre ayant la vue la plus longue. […] — parfaitement, lui dis-je, et le possesseur des pendules, mourrait au moment, où toutes les pendules sonnent ensemble minuit, et encore n’aurait-il pas la jouissance de les entendre jusqu’au bout, il mourrait au onzième coup. » Grand dîner chez Daudet en l’honneur des fiançailles du jeune couple Hugo et Mlle Ménard-Dorian, auquel le maître de la maison dit gracieusement, que le reste des convives n’est, ce soir, que de la figuration.
Homère a tiré parti en poète de ce fait que, chez les hommes d’action, surtout chez les natures primitives, l’idée d’une action à faire est spontanée, vive, presque violente ; soit qu’une parole intérieure la définisse à l’esprit, soit qu’elle reste à l’état d’impulsion confuse, toujours elle parle haut dans l’âme, et comme elle est subite et vive, elle semble inspirée. […] La parole intérieure morale, telle que nous l’avons décrite, est un reste de l’état sauvage : avec les progrès de la civilisation, elle doit devenir de plus en plus rare ; il est donc naturel que nous en cherchions dans le passé les traces les plus vives, les exemples les plus frappants. […] Et pourtant il n’est pas naturel que sa voix devienne extérieure, tandis que, si chez le père Joyeuse et ses pareils quelque chose peut étonner, c’est que le rêve reste si longtemps silencieux. […] Nous venons de citer des exemples types : dans le premier, l’imagination domine évidemment ; dans les trois autres, la passion semble pure de tout mélange ; mais rarement la passion s’éveille sans éveiller en quelque mesure l’imagination ; la raison en est que rarement l’objet de la passion est purement intellectuel, c’est-à-dire d’ordre général, scientifique ou politique ; quand je n’ai d’autre société intérieure qu’une société abstraite, consistant dans des concepts que parcourt mon entendement, mêlés à des noms propres de personnages ou de pays que je ne connais que par ouï-dire et qui valent pour mon esprit des abstractions, alors je suis, à vrai dire, seul avec ma pensée, je n’ai point de société véritable, et, d’ordinaire, je reste calme228 ; l’émotion, presque toujours, me fait rentrer dans la vie réelle, dans la vie sociale ; ce qui m’émeut en joie ou en tristesse, c’est quelque objet concret de la nature, le plus souvent quelque personne humaine, dont mon souvenir reproduit l’image plus ou moins nette, et, avec cette image, le son spécifique. […] Il reste donc vrai que la parole intérieure animée est la transition ordinaire de la parole intérieure calme à la parole extérieure, et de celle-ci à la parole intérieure calme.
Certes, la théorie atomique de la matière reste à l’état d’hypothèse, et les explications purement cinétiques des faits physiques perdent plus qu’elles ne gagnent à s’en rendre solidaires. […] Toutefois, il faut bien reconnaître que la part de liberté qui nous reste après une application rigoureuse du principe de la conservation de la force est assez restreinte. […] Cependant je ne me rassieds point ; je sens confusément qu’il me reste quelque chose à faire. […] À vrai dire, il se borne à établir une série de rapports de position entre ce corps et d’autres corps donnés, une série de simultanéités et de coïncidences, une série de relations numériques : quant à la durée proprement dite, elle reste en dehors du calcul, et ne serait perçue que par une conscience capable, non seulement d’assister à ces simultanéités successives, mais d’en vivre les intervalles. […] Il est vrai que, lorsque nous imposons à ce sentiment un certain nom, lorsque nous le traitons comme une chose, nous croyons pouvoir diminuer sa durée de moitié, par exemple, et de moitié aussi la durée de tout le reste de notre histoire ; ce serait toujours la même existence, semble-t-il, à échelle réduite.
Cependant il reste certain que l’ensemble des tendances spontanées et inconscientes de l’être lui apparaît comme identique dans son fond à l’instinct sexuel. […] Mais le cas-type reste celui de la résurrection de la grand-mère dans le cœur de Proust, et d’autant plus qu’il est accompagné d’une véritable théorie psychologique. […] Oui, mais chez Proust, il ne disparaît jamais, et malgré le renforcement qu’il peut recevoir de ses affections, il reste essentiellement un besoin de l’intelligence, la forme même de son intelligence. […] Bientôt il s’arrêta de nouveau et me dit avec cette douceur enfantine et un peu triste qu’il conserva toujours dans le ton et dans la voix : « Est-ce que ça vous fâcherait que je reste un peu en arrière ? […] III, p. 231 : Au reste, les maîtresses que j’ai le plus aimées n’ont coïncidé jamais avec mon amour pour elles.
Un reste de doute est bien permis en si grave sujet.
Au reste, si M.
Ce fut là tout son art, toute sa préoccupation ; elle était grande : « Ma vie s’écriait-elle, est comme celle du chrétien, un combat perpétuel. » La petite maréchale de Mirepoix lui disait : « C’est votre escalier que le roi aime, il est habitué à le monter et à le descendre ; mais s’il trouvait une autre femme à qui il parlerait de sa chasse et de ses affaires, cela lui serait égal au « bout de trois jours. » Aussi, quand l’éclat de ses charmes baissa et que l’âge commença de les glacer, quand on en fut réduit aux pauvres expédients, au chocolat à triple vanille et au régime du docteur Quesnay, quand enfin il fallut opter entre des rivales ou des suppléantes, la noble amante n’hésita pas : sa tendresse désintéressée n’en voulait qu’au cœur du roi ; en le conservant, elle lui remit tout le reste ; elle fit mieux, et, dans son abnégation platonique, elle ne dédaigna pas de condescendre aux soins les plus prévoyants et les plus intimes.
En religion, en politique, en astronomie, il a prouvé de reste que l’invention ne lui manquait pas ; en littérature, il n’a pas moins tenté, et d’assez admirables monuments sont debout encore pour attester, dans leur rudesse première, ce qu’il a osé et ce qu’il a pu.
Rose s’en va mal raccommodée avec son vilain mari, et Juliette reste assez mal mariée avec son douteux amant.
Si grandes que soient les misères dans les provinces ravagées par la peste, désolées par la guerre, l’âme reste engourdie, repliée sur elle-même.
Puis, faites attention que l’aptitude aux sciences mathématiques et physiques (je parle d’une aptitude moyenne et je connais d’ailleurs les exceptions) est la faculté qui témoigne le moins sûrement en faveur des autres dons de l’esprit et qui s’allie le mieux avec la médiocrité sur tout le reste.
La Souffrance des eaux est un de ces chefs-d’œuvre éternels devant lesquels on reste ébloui, presque aveuglé… [Anthologie-Revue (février 1899).]
Il ne nous reste plus qu’à examiner si les Philosophes sont en droit de réclamer M. de Montesquieu.
Au reste, les détracteurs de Boileau lui font un crime des traits qu’il s’est permis contre ce Poëte, comme s’ils pouvoient ignorer que Boileau n’avoit en vue [ainsi qu’il est aisé de s’en convaincre par les Notes de son Commentateur] que les Tragédies non lyriques de Quinault, qui en effet sont médiocres.
Ils ont été écrits en même temps que le reste de l’ouvrage, ils datent de la même époque et sont venus de la même pensée, ils ont toujours fait partie du manuscrit de Notre-Dame de Paris.
Il est vrai que ce peu de traits est excellent, comme le reste de leurs ouvrages.
Mais, mon ami, s’il eût donné cette expression forte à son St Benoit, voyez ce qui en serait rejailli sur le reste.
Ils font ce qu’ils peuvent ; elle fait le reste.
Mais l’éneïde, l’ouvrage du poëte le plus accompli qui jamais ait écrit, a, pour ainsi dire, des moïens de reste de faire fortune.
Lucien dans l’écrit qu’il a composé sur l’art de la danse, tel que l’avoient les anciens, dit en parlant des personnages tragiques, qu’on leur entend prononcer de temps en temps quelques vers iambes, et qu’en les prononçant ils n’ont attention qu’à bien faire sortir leur voix, car les artisans ou les poëtes qui ont mis les pieces au théatre ont pourvû au reste.
Gustave Kahn Qui fut directeur de La Vogue, revue morte l’an dernier et dont la collection mérite, d’être relue, me semble avoir dépassé le but visé dans ses récents Palais nomades et avoir, en dégageant son style de toutes les coupes poétiques habituelles, façonné sous le nom de vers rythmiques une prose cadencée qui ne justifie pas la disposition typographique du volume ; — mais la pensée reste d’un poète.
Et nous disons : quand la fantaisie le prend d’écrire l’histoire… car, on le sait de reste, Méry, cette belle plume brillante et changeante, ce souple esprit qui a mille manières de s’enlever sur ses longues ailes, n’est qu’exceptionnellement historien.
(Au reste, ne trouvez-vous pas que tout homme qui jouit d’une situation officielle et considérable devrait imiter la condescendance de M.
Sujet de ce livre § I Nous avons dit dans les axiomes que toutes les histoires des Gentils ont eu des commencements fabuleux, que chez les Grecs qui nous ont transmis tout ce qui nous reste de l’antiquité païenne, les premiers sages furent les poètes théologiens, enfin que la nature veut qu’en toute chose les commencements soient grossiers : d’après ces données, nous pouvons présumer que tels furent aussi les commencements de la sagesse poétique.
C’était un reste du victorieux Empire ; et c’en était tout le reste. […] S’il éconduit tout le médiocre, le reste s’écroule. […] Que reste-t-il à Renée ? […] Tout ce qui est jeune ; le reste, non. […] Trouvez bon que je reste dans l’ombre, pour vous bénir tous pendant que vous faites le bien.
En 1848, j’en avais conservé soixante des plus beaux, comme une réserve de paix et d’obscurité pour les jours d’été ; cette année, j’ai été contraint de sacrifier le reste à la nécessité, plus exigeante encore. […] Il en reste une amertume sur les lèvres, au lieu de cet arrière-goût délicieux que les chants des poètes doivent laisser sur la bouche et dans le cœur des hommes. […] Écrivez vos romans, je reste à mes poèmes.
Mais il faut y prendre garde cependant : quand cette confidence mérite d’être divulguée par les lecteurs d’élite, étonnés et charmés de ce qu’ils découvrent d’inattendu dans ces pages, la confidence ne reste pas longtemps un secret entre l’auteur et ses amis ; le public écoute aux portes, l’admiration passe du dedans au dehors par les trous de la serrure, et la France se dit avant qu’on y ait pensé : « J’ai un vrai poète de plus. » IV J’ai subi moi-même cet inconvénient de publicité éclose en une nuit, dans ma jeunesse : complétement inconnu la veille, j’étais célèbre le lendemain. […] — « Tu as rêvé quelques beaux vers dans ta jeunesse, quand tu n’avais rien autre chose à faire qu’à rêver, à prier, à aimer : donc tu ne seras qu’un rêveur, un mystique et un amant pendant tout le reste de ta vie. […] Qu’il vous suffise de savoir que je n’ai pas dormi, et que j’ai lu jusqu’à quatre heures du matin, pour relire encore. » Le reste du billet était une prophétie de succès en termes brefs, mais si exagérés que je ne voudrais pas les transcrire ici.
Ceci n’est qu’un délassement, un temps de reste que je te donne quand je puis, la nuit, le matin, à toute heure, car à toute heure on peut causer quand c’est avec le cœur que l’on parle. […] La même compassion me reste, avec cette différence que je prie Dieu de faire que les parents soient raisonnables. […] Descendant comme nous de l’exilé d’Éden, connaissent-ils sa naissance, sa vie, sa chute, sa lamentable et merveilleuse histoire ; cette Ève pour laquelle il a perdu le ciel, tant de malheur et de bonheur ensemble, tant d’espérances dans la foi, tant de larmes sur leurs enfants, tant et tant de choses que nous savons, que savait peut-être avant nous ce peuple dont il ne reste qu’une planche ?
que cela m’a touchée ; que j’ai béni dans mon cœur ce pieux ami agenouillé sur tes restes, dont l’âme, par-delà ce monde, soulageait la tienne souffrante, si elle souffre ! […] Je n’ai fait que l’apercevoir ; mais l’âme reste dans l’âme. » Le 25 août. […] Je n’y vois rien, quoi qu’il soit venu dans l’histoire de ma vie, parce que tout reste au dedans, que je n’ai plus d’intérêt à rien raconter, ni moi ni autre chose.
Je l’espère, et tandis que je nourris de cet espoir le misérable reste d’existence dont je désire vivement voir le terme, la chère mémoire d’André restera toujours gravée dans mon esprit et dans mon cœur. […] Aucun d’eux n’est oublié ; ils trouvent tous dans la gratitude de leur maître une aisance assurée pour le reste de leurs jours. […] Si je mourais avant Sa Sainteté, comme je le désire, mon héritier fiduciaire reste chargé de consacrer la somme fixée à l’érection de ce tombeau, dont l’exécution sera confiée au ciseau du célèbre marquis Canova, et, à son défaut, au célèbre chevalier Thorwaldsen, et, si celui-ci ne pouvait l’exécuter, à un des meilleurs sculpteurs de Rome.
VII Après plusieurs années d’un deuil inconsolable, Clotilde chercha quelque diversion dans la poésie : elle entreprit deux grands poëmes dont il ne reste que des fragments. […] Oui, m’apprenez, coulple d’oyseaulx fideles, Qu’en pareil cas ne reste qu’à mourir. […] Quant à tout le reste, cela porte avec soi son certificat d’originalité.
Hugo veut mettre en lumière, donne aux premiers volumes une grandeur singulière : et cette fois, le poète, si peu psychologue, a su trouver la note juste, marquer délicatement les phases, les progrès, les reculs, les angoisses et les luttes d’une âme qui s’affranchit et s’épure : Jean Valjean, depuis sa rencontre avec l’évêque, jusqu’au moment où il s’immole pour empêcher un innocent d’être sacrifié, Jean Valjean est un beau caractère idéalisé, qui reste vivant et vrai. […] Une fois faites toutes les réserves qu’il faut faire, on reste saisi de cette puissance créatrice : tous ces romans qui se tiennent et se relient, ces individus qu’on retrouve d’une œuvre à l’autre à toutes les époques de leur carrière, ces familles qui se ramifient, et dont on suit l’élévation ou la décadence, tout cela forme un monde qui donne la sensation de la vie. […] Il reste cependant dans son œuvre quelque chose d’énorme, une surabondance et une outrance qui en trahissent l’origine romantique.
Au reste, si la raison invoquée par M. […] Au reste, ne savez-vous point que Lamartine se prit à chanter Elvire, non pas lorsqu’il la pouvait serrer dans ses bras, à Aix ou à Paris, mais lorsqu’il se trouva seul au bord du lac… — … dans le lac… — … et qu’il sentit qu’il fallait perdre à jamais. […] À ce point, elle pénètre dans les terres et reste à peu près parallèle au cours de la Dordogne jusqu’à Libourne, dont elle effleure le territoire au nord ; puis elle remonte vers le nord-est, dans la direction générale du chemin de fer de Tours, se tenant à quelques kilomètres à l’est de cette ligne dont elle se rapproche et s’éloigne tour à tour.
Ovide, l’Anthologie, Pétrarque, Jean Second, fournissent le reste. […] Il ne reste plus qu’à donner les motifs de ce jugement, dont la sévérité était si opportune et si courageuse dans une poétique écrite en présence et à la face de ce qu’on appelait alors la queue de Ronsard. […] Au reste, le droit à cet égard paraissait si clair, que, parmi ses critiques, quelques-uns trouvaient qu’il y avait mis trop de scrupule, et lui reprochaient de préférer trop souvent ses conceptions à celles des anciens.
De Maistre n’est en reste avec personne, ni de paroles méprisantes quand il mesure leurs talents, ni d’indignation généreuse quand il flétrit leurs actes. […] Dans cette poésie délicieuse, on reste sur le seuil de beaucoup de choses ; rien ne va jusqu’à la pensée poignante. […] Les images, comme chez ceux-ci, y sont rares et justes ; le descriptif n’y a rien de l’inventaire ; il est de sentiment, comme tout le reste.
Ce double hommage que mérite si bien sa mémoire contribuera peut-être à mettre en lumière son génie qui fut et reste méconnu. […] Mais s’il accumule les traits sans ordre, sans gradation, si tout est confus chez lui, il n’en reste pas moins un orateur qui plaide une cause, il cherche un effet, d’une autre façon sans doute que ses écrivains abhorrés, mais il le cherche, et, que voulez-vous, je préfère l’éloquence de Bossuet, celle de Joseph de Maistre, son grand ennemi, même celle de Massillon, à cette avalanche de citations et d’exemples mal soudés les uns aux autres et enjolivés d’un commentaire criard. […] Il y a quatre ou cinq grandes lignes pour diviser les époques ; il y a une dizaine de grands noms qui se dressent isolément comme des poteaux indicateurs ; tout le reste est un grouillement confus, monotone, bien que l’auteur essaie d’entasser ses couleurs ; c’est toujours du vert et du rouge, du rouge et du vert, et on finit par ne plus voir ni le rouge ni le vert.
Sans nous prononcer sur cette hypothèse, nous pouvons dire que, pour des centaines et des centaines d’années, il reste un vaste champ ouvert aux visions, aux rêveries, aux intuitions des poètes. […] Un style clair, qui vaut surtout par la logique, la précision des lignes, l’enchaînement serré des idées, qui n’admet guère que des épithètes abstraites et générales ; un théâtre où les personnages sont comme détachés de leur milieu et se meuvent dans un cadre vague, indéterminé, où ils se présentent presque comme de purs esprits dont les pensées et les sentiments méritent seuls l’attention ; des tragédies simples ; d’une structure rigide et géométrique, d’une sobriété de mise en scène qui montre qu’elles s’adressent à l’âme, non aux sens ; une littérature qui se concentre tout entière dans l’étude, de l’homme civilisé, qui ne daigne ou ne sait pas voir le reste de l’univers, qui ne connaît pas la campagne, qui soumet l’imagination, « la folle du logis », aux commandements de la raison, qui marche à pas comptés, d’une allure méthodique et posée. […] Or la philosophie, quand elle ne reste pas flottante dans le doute, quand elle ne se borne pas à la commode interrogation : Que sais-je ?
C’était une fille comme il y en avait encore dans ce temps-là : un reste de grisette battait sous son cachemire de l’Inde. […] — Mais, Madame, qui m’a desservi ainsi ; je n’ai que l’esprit de vieux, le reste… Où vous revoir, dites ? […] * * * — Il reste à exprimer en littérature la mélancolie française contemporaine, une mélancolie non suicidante, non blasphématrice, non désespérée, mais la mélancolie humoristique : une tristesse qui n’est pas sans douceur et où rit un coin d’ironie.
Elle s’échappe à dire, en parlant de la Conciergerie, avec un geste qui semble repousser l’image de sa cervelle : « La prison ; je n’aime pas voir cela… » et elle en reste là de sa phrase. […] À l’heure présente, c’est chez les Italiens de la société, une rage d’imitation britannique, dans la tenue, l’habillement, la coupe des favoris, et le reste. […] Vendredi 23 novembre Des statues placées à la hauteur du père Dumas, on voit la semelle des bottes et l’intérieur des narines, et le reste en raccourci.
Et de tant de soldats, en ce combat funeste, Laisse à peine échapper un reste Qu’il promet aux plaines de Lens226 ? […] « L’église, dit-il, qu’on trouve la première, afin que l’entrée en soit libre aux séculiers, semble tenir lieu de cette première salle que les Romains appelaient atrium : de là on passait dans une cour environnée de galeries couvertes, à qui l’on donnait le nom de péristyle ; c’est justement le cloître où l’on entre de l’église, et d’où l’on va ensuite dans les autres pièces, comme le chapitre, qui est l’exèdre des anciens ; le réfectoire, qui est le triclinium, et le jardin, qui est derrière tout le reste, comme il était aux maisons antiques. » Note M, page 115. […] » À ces restes sacrés, à ces murs vieillissants, Quel pouvoir inconnu malgré moi m’intéresse ?
Je dirai simplement qu’avec une liberté suprême et même, en vérité, avec peu de vénération pour le texte, La Fontaine a pris uniquement le sujet et le dernier mot — il faut rendre justice à Anacréon — le sujet et le dernier mot, et tout le reste est absolument de lui, comme si le récit était de son invention. […] « Si le reste du logis m’arrête à proportion de l’entrée, ce ne sera pas ici une lettre, mais un volume ; qu’y ferait-on ? […] Le reste de leur habit consistait en une cape d’étoffe blanche, et, sur la tête, un petit chapeau à l’anglaise, de taffetas de couleur, avec un galon d’argent.
À quelques pas, deux nobles romains, de ceux dont le nom, porté par un pontife de génie, reste associé aux plus illustres épisodes dans l’histoire de l’Église, poursuivaient une martingale désespérée. […] Reste, il est vrai, son esprit, constaté par tous ceux qui l’ont connue, par Guizot lui-même, qui put s’asseoir à sa table dans sa première jeunesse. […] — Jurez-moi de faire pendant un mois ce que je vous prescrirai et je vous guéris comme j’aurais guéri les Des Grieux, Werther, Saint-Preux, les Adolphe, les René et tout le reste ! […] Abel Hermant, il constitue, en même temps qu’une lecture fort amusante pour nous autres bourgeois, une lecture profitable au peu qui reste de grands de la terre. […] Mes grenadiers m’entendent et me répondent : alors la confusion est au comble parmi les conjurés, ils se dispersent de tous les côtés et je reste maître du champ de bataille.
Et c’est pourquoi, ce livre reste chaste et d’une extrême immatérialité, bien qu’Eugène Montfort ne recule jamais devant aucune audace, et qu’il ait évoqué dans des passages très osés tous les désordres, — si harmonieux pourtant, — de la passion amoureuse. […] Il ne me reste qu’à souhaiter à ces jeunes organisateurs de la Victoire, qui me semblent avoir été élevés sur les genoux de M. […] L’expérience nous prouve assez, au reste, qu’ils y ont tous fait faillite : M. […] Au reste, était-il nécessaire de conférer le titre princier à Léon Dierx, que la nature avait fait prince dès sa naissance, à ce Poète-Roi en exil, prince du rythme et prince du verbe ? […] Pour lui, la poésie reste le langage divin, traditionnel, auguste, où les sentiments les plus nobles, les aspirations les plus hautes d’une race s’énoncent et s’interprètent.
L’homme meurt, le culte reste ; le foyer ne doit pas s’éteindre ni le tombeau être abandonné. […] De cette époque il ne reste et ne peut rester aucun monument écrit. […] Il reste à chercher quelle a été l’action de ces croyances sur la morale dans les sociétés primitives. […] Puis, à l’aide de ces restes, nous essayerons d’entrevoir le véritable régime de la gens antique. […] Ce sont là les restes de cette antique institution300.
Paul Mais notez que l’opposition entre ces grands hommes reste superficielle et n’égare que les esprits peu philosophiques, noyés dans les apparences. […] Il se fût tout de suite débrouillé dans ce phénicien, ou ce préphénicien, ou ce latin, et eût établi la vérité sur Glozel, comme sur la tiare, le Pentateuque et le reste. […] En critique aussi comme dans tout le reste, il y a surproduction. […] Paul Pas du tout, puisqu’il est résolu dans le reste de la France.
Quant au reste, c’étaient les mêmes toits en pente roide, couverts de lattes de bois mince comme des écailles d’ardoise, noircis par la pluie et bordés sur la corniche de grosses pierres lourdes pour empêcher la toiture de s’envoler aux vents. […] J’y trouvai l’étranger déguisé dont je cherchais depuis plusieurs jours la trace ; je passai le reste de la soirée à m’entretenir avec lui de l’objet de notre entrevue, tout en nous égarant de meules de foin en meules de foin sur les pentes veloutées des collines prochaines. […] Quant à l’expression de la passion sur les figures, il n’eut point à la chercher : il la portait dans son âme ; il était tout passion, mais comme il convient à l’art quelconque, passion pensive, quoique pathétique, passion qui reste belle dans le supplice, et qui, en se possédant et en se contemplant elle-même, devient spectacle pour les regards de Dieu et des hommes. […] Au pied de l’écueil ce sont deux jeunes matelots ; l’un est accoudé nonchalamment sur la base du roc, et l’autre, son manteau dans une main et son bras passé autour du cou de son compagnon, comme pour l’inviter à mieux écouter encore le récit, écoute lui-même avec une attention passionnée qui lui fait oublier tout le reste.
Au reste, notre maison, si pleine de recoins obscurs, était très propre à entretenir de semblables penchants. […] Il avait, au reste, une grande prédilection pour tout ce qui tenait à l’Italie, et il employait une partie de son temps à composer et à revoir la relation du voyage qu’il avait fait en ce pays, et d’où il avait rapporté une collection de marbres et de curiosités naturelles. » VII C’est par ces fenêtres que la mélancolie entrait dans les sens et dans l’âme du poète futur. […] Que nous reste-t-il si nous perdons le respect au moins de notre misère ? […] Quand je te vois, je ne sais quoi me force à vouloir tout ce que tu veux, et j’ai déjà tant fait pour toi qu’il ne me reste plus rien à faire.
dis ensuite ce que fit, étant nonnain, Magali, qui déjà, pauvrette, s’est faite chêne et fleur aussi, lune, soleil et nuage, herbe, oiseau et poisson. » « De la chanson, reprit Nore, je vais vous chanter ce qui reste. […] Le toucheur de bœufs triomphe, mais, jeté en l’air par les cornes de l’animal, il reste marqué d’une cicatrice au front. […] » XXVI Tout le commencement de ce chant est de l’Arioste dans ses plus beaux moments, tout le reste est du Tasse ; la fuite d’Herminie dans la nuit n’est pas si furtive et si accentuée de beaux détails. […] On ne fait pas deux chefs-d’œuvre dans une vie ; tu en as fait un : rends grâce au Ciel et ne reste pas parmi nous : tu manquerais le chef-d’œuvre de la vie, le bonheur dans la simplicité.
Ces légèretés du style de l’Arioste, au reste, étaient dans les mœurs de son pays et de son temps. […] Le reste du temps appartenait à la solitude ; par moment le bruit d’une fenêtre qui s’entrouvrait en battant mélancoliquement contre la muraille, et le bras blanc de la comtesse Léna ou de sa fille qui écartait doucement le rideau pour laisser rentrer le demi-jour dans leur chambre, appelaient l’attention : un petit bâillement sonore qui s’échappait à haute voix de leurs lèvres au réveil, un doux et tendre oïmè ! […] « Ne faites pas plus d’attention qu’il ne faut à tous ces héros et à toutes ces héroïnes secondaires du poème, nous dit le professeur au déjeuner ; tout cela n’est que le cadre plus ou moins bien ciselé des tableaux de la galerie infinie de mon poète : mais attachons-nous seulement à cinq ou six médaillons qui priment tout le reste. […] C’est qu’il y est plus homme, plus lui-même, plus sensible que dans le reste du livre.
Il repart pour visiter le reste de l’Europe ; autant lire une géographie. […] Il craint un procès d’adultère et se croit ruiné s’il l’affronte ; il ne tarde pas à se glacer et revient encore à Turin, où il reste deux ans ; il devient le chevalier servant d’une dame qu’il n’estime pas et qu’il n’aime guère, puis il la quitte et se fait lier par son valet de chambre sur sa chaise pour s’empêcher d’aller la revoir ! […] La tragédie ainsi développée, lorsqu’il ne reste plus au poète d’autre souci que de la versifier à son aise, et de distinguer le plomb de l’or, l’inquiétude que communique à l’esprit le travail des vers et cette passion de l’éloquence, si difficile à satisfaire, ne sauraient nuire en rien au transport et à l’enthousiasme qu’il faut aveuglément suivre dès que l’on veut concevoir et créer une œuvre terrible et passionnée. […] Mais quand j’ai imprimé ce livre, je n’ai pas voulu, avec le froid des années et le pédantisme de mon petit savoir, étouffer le feu de la jeunesse, et la généreuse, la légitime indignation que j’y vois briller à chaque page, et dont l’éclat n’ôte rien à une sorte de franche et véhémente logique qui me paraît y dominer le reste.
La différence des premières lignes me fit examiner tout le reste avec le soin le plus scrupuleux, et je m’assurai que cet exemplaire non-seulement contenait le projet que le Pape avait refusé d’accepter sans ses corrections, et dont le refus avait été cause de l’ordre intimé à l’agent français de quitter Rome, mais, en outre, qu’il le modifiait en plusieurs endroits, car on y avait inséré certains points déjà rejetés comme inadmissibles avant que ce projet eût été envoyé à Rome. […] Vous pouvez partir, c’est ce qui vous reste de mieux à faire. […] Puis, ajouta Cobenzel, j’aime à penser que votre désir de donner la paix à l’Europe, comme vous me l’avez souvent promis, vous décidera à renoncer à cette détermination de ne souffrir aucune addition, aucun retranchement à cet article, d’autant plus que c’est vraiment une calamité de consommer une aussi regrettable rupture pour un seul article, quand on a combiné tout le reste à l’amiable. […] On ne sut pas distinguer en lui ce besoin d’accomplir ses devoirs, besoin qui l’emportait sur tout le reste.
Je ne savais pas, j’étais inexpérimenté ; l’illusion, ce mirage des belles âmes, me possédait ; maintenant le temps a fait son œuvre, et il ne me reste de ces saintes erreurs que celle qu’il faut nourrir toujours, bien qu’elle m’ait souvent trompé : l’amour du mieux pour l’humanité. » III M. de Las-Cases à Sainte-Hélène, auprès de Napoléon, le capitaine Medwin, auprès de lord Byron en Italie et en Angleterre, furent chacun un de ces échos providentiels que le hasard ou la volonté place à côté de ces grands hommes pour répercuter à l’avenir leurs confidences fausses ou vraies, intéressées ou désintéressées, selon qu’ils voulaient parler à leur chevet ou parler, comme on dit, par la fenêtre. […] « Si je te possède, si je peux, toi seul, te posséder, pensais-je, tout le reste me conviendra. » Je lui répétai que j’étais prêt à faire tout ce qu’il jugerait le meilleur dans ma situation. […] Lorsque je regarde en arrière le commencement et le milieu de ma vie et que je viens à penser combien il me reste peu dans ma vieillesse de ceux qui étaient avec moi quand j’étais jeune, je pense toujours à ce qui arrive à ceux qui vont passer un été aux eaux. […] Je reste debout devant lui à la distance convenable.
Les trouvères ne voulaient être, sur aucun point, en reste avec les troubadours. […] Au reste la part de Guillaume de Lorris est tout à fait inoffensive. […] Au reste, il ne faut pas confondre ces égrillardises de la raison, emportée hors des bornes par le désir d’accroître notre entendement, avec ces impuretés artificielles de l’imagination qui souillent tant de livres médiocres et dégoûtants. […] Au reste, après la perte de cette maîtresse réelle ou imaginaire, Charles d’Orléans ne voulut plus aimer.
Soit mauvaise humeur, soit reste de superstition, la critique scientifique et littéraire a quelque peine à envisager comme ses objets propres les œuvres qui ont ainsi été séquestrées du profane et du naturel, c’est-à-dire de ce qui est ; et pourtant est-ce la faute de ces œuvres ? […] Jéhovah seul est Dieu ; tout le reste n’est qu’idole. […] Tout le reste n’est que pure sottise et ne mérite pas qu’on s’en occupe. […] Il est beau, non de rêver toujours, comme l’Inde, mais d’avoir rêvé dans son enfance : il en reste un beau parfum durant la veille, et toute une tradition de poésie, qui défraie l’âge où l’on n’imagine plus.
De la sorte, si l’on veut que chacune reste à la place qui lui appartient, c’est la poésie qui commande d’abord, tandis que la musique est obligée de se plier docilement aux inventions du poète, aux rythmes qu’il a choisis, à l’accent tonique des mots qu’il a entrelacés. […] Au château de Blois, Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, fit démolir toute une aile pour la rebâtir à sa guise, et la mort seule l’empêcha de détruire le reste. […] Je reste là jusqu’à onze heures… » Cette fois, c’est l’heure qui est notée, c’est la qualité spéciale d’une ombre. […] Reste un troisième type intéressant.
. — Ne reste pas devant l’armée nombreuse du continent ; mais pars, — Tourne-lui le dos, tu lui feras face un jour. — Ô divine Salamine ! […] Les restes d’Athènes valurent son élite. […] La peste et la famine achevèrent ses restes : aux bombances triomphales, aux banquets encombrant les plaines, de son entrée en campagne, succédèrent les étapes à jeun et les marches exténuées par les pays vides. […] La déroute fut désespérée : les restes de la dernière armée du Grand Roi s’enfuirent vers Sardes, par les montagnes de Mycale.
» 21 janvier … La princesse a dîné hier aux Tuileries, et il reste en elle comme une satisfaction d’avoir débouché le sphinx, de l’avoir fait un peu parler. […] Il y a rarement chez nous cette noblesse de déclin, cette race de la vieillesse, cette beauté de Franklin et de grand seigneur, sous la couronne d’un reste de cheveux blancs, et ces yeux heureux, et cette belle bouche, et ces beaux regards humains ; enfin ce type d’une vie toute droite et bien remplie, d’une conscience satisfaite, d’une âme limpide. […] * * * — Quelquefois une dernière innocence reste à la femme perdue : le rire. […] Et puis il en reste trop au boniment de ce qu’il menace de faire.
L’œuvre s’étage péniblement, elle pousse ça et là ses murs bas, gris, et à demi dressés ; elle est conduite telle qu’elle à sa fin et enserre en ses linéaments confus un immense domaine et une énorme foule ; on y entre fatalement, on y erre, on y reste, et ce n’est point une émotion rassérénante que l’on éprouve à pénétrer dans ce lieu d’ombres ; attiré d’abord et retenu comme par un enchantement, on sent se relâcher la forte main du magicien lui-même, et c’est abandonné, doutant, percevant la vague et menaçante présence d’un nihilisme transcendant, que l’on parcourt l’immense palais peuplé de souffles, déserté, désolé, assombri, et d’où se retire peu à peu l’esprit du maître vers de lointaines retraites d’indifférence. […] Mêlée de vues bornées chez Lévine et sa femme, de morgue chez Wronsky, d’exaltée amertume chez Anna, de sèche étroitesse chez Karénine, cette bonté élémentaire et comme animale éclate pure cependant et puissante chez ce groupe d’êtres de haut rang, et dans le grave tableau de la mort de Nicolas Lévine, où son frère et la femme de celui-ci viennent simplement et cordialement s’asseoir au chevet de ce pauvre agonisant à côté de la prostituée dont il a fait sa compagne et, plus haute encore et plus belle, quand Anna adultère au su de son mari, et croyant mourir des couches de la fille de son amant joint la main de l’homme pour qui elle s’est perdue à celle de l’homme qu’elle a trahi et induit Karénine à pardonner avec tant de noblesse à son ennemi que le comte Wronski reste troublé de devoir s’incliner devant celui qu’il méprisait. […] Par une évolution interne dont il nous reste à coordonner les termes, Tolstoï a acquis peu à peu une personnalité trop intense, trop étroite et trop prêcheuse, pour être un artiste. […] Il connaît en maître l’homme, prodigue à ses créatures les caractéristiques de la vie, les manifeste abondamment, leur infuse une individualité distincte, fait parcourir à celles-ci, flexible et rigide, toutes les étapes d’une carrière et compose le groupe de ses êtres de personnes si nombreuses, si diverses et si vivantes toutes, que l’on reste confondu de cette multitude et de cette création.
XV C’est évidemment à cette tactique, presque légitime dans un jeune poète sans patrons, que l’on doit attribuer les éloges réitérés de Boileau au maître des lettres comme des armes ; car on ne voit dans le reste de la vie de cet homme austère aucune autre trace de bassesse et aucun penchant inné à la flatterie. […] Je suis malade, vraiment malade ; la vieillesse m’accable de tous côtés : l’ouïe me manque, ma vue s’éteint, je n’ai plus de jambes, je ne saurais plus monter ou descendre qu’appuyé sur le bras d’autrui ; enfin je ne suis plus rien de ce que j’étais, et, pour comble de misère, il me reste un malheureux souvenir de ce que j’ai été. » Racine mourant aussi, Racine, son élève autant que son ami, désira le voir pendant sa dernière maladie ; Boileau se traîna au lit de mort du poète d’Athalie. […] Racine, au reste, était son plus bel ouvrage. […] On est homme de sens, homme d’esprit, homme de talent, homme de goût, le premier des critiques en action ; on contribue à faire les grands poètes, comme Boileau fit Racine, mais on est dépassé par ses disciples et on reste à jamais terre à terre, tandis qu’ils prennent leur vol vers la gloire avec les ailes que vous leur avez façonnées.
Ce succès reste à la louange de l’auteur qui aura dédaigné les procédés trompeurs, et du public qui aura aimé la beauté véritable. […] Cela reste un peu vague comme portée. […] Charles-Henry Hirsch reste un des derniers littérateurs. […] « … Au reste on est bien éloigné de vouloir donner ici quelque prix à tous ces romans dont la France a été et est encore inondée.
Reste à savoir, il est vrai, si ce milieu est du temps ou de l’espace. […] En dehors de moi, dans l’espace, il n’y a jamais qu’une position unique de l’aiguille et du pendule, car des positions passées il ne reste rien. […] Aussi la mathématique reste-t-elle dans son rôle tant qu’elle s’occupe de déterminer les positions simultanées d’Achille et de la tortue à un moment donné, ou lorsqu’elle admet a priori la rencontre des deux mobiles en un point X, rencontre qui est elle-même une simultanéité. […] On définit donc la vitesse d’un mouvement uniforme sans faire appel à d’autres notions que celles d’espace et de simultanéité. — Reste le mouvement varié, celui dont les éléments AM, MN, NP, …, ont été reconnus inégaux entre eux.
M. de Narbonne seul, comme pour en honorer le souvenir, en offrait un dernier échantillon dans l’état-major de l’empereur ; le reste était comme sorti de terre, gardant de son origine jusque sous l’or et la pourpre, ayant du lion dans le courage, génération toute faite pour la lutte des géants. […] On en souffre tout le reste de sa vie.
Il vous reste même une habitude de curiosité insensible. […] Dans son exil, et malgré ses restes de relations confidentielles à la Cour, il n’était plus bien informé du fond ; il dit à tout moment qu’il est mal instruit de l’état général des affaires, et il a raison ; il n’en juge que comme le public et, selon qu’il le dit, par les morceaux du gouvernement qu’il entrevoit sur sa frontière.
Il vit peu dans le monde, ou du moins il n’y donne qu’une partie extérieure de lui-même et ce qui est de représentation, il s’isole le reste du temps ; il passe des journées entières dans les forêts, au spectacle de la nature, et dans cette tour qui était son cabinet de travail. […] [NdA] Je ne vois que des hommes fiers du progrès de leur siècle, de l’avancement des sciences et de l’industrie ; au milieu de tout cet orgueil et de ces triomphes, je reste frappé d’une chose : Combien l’homme, l’immense majorité des hommes continuent d’être dépendants d’une seule moisson bonne ou mauvaise, aux époques les plus civilisées !
Il est même touchant, au simple point de vue de l’histoire, de contempler chez lui la Réforme triste et blessée, et qui s’en va peu à peu mourir d’avoir produit et enfanté comme une mère ce roi glorieux, ce cher ingrat, qui se détache d’elle et dont elle reste fière cependant63. […] Quand on a beaucoup lu ces auteurs du xvie siècle et des précédents, après qu’on a rendu justice à toutes les qualités de couleur, d’abondance, de franchise, de naïveté ou de générosité première qu’ils ont volontiers ; après qu’on a payé un tribut de regret sincère à ce qui s’est, à cet égard, retranché depuis et perdu, il reste pourtant une qualité qui est nôtre, qui est celle de tout bon écrivain depuis Pascal, et qu’on arrive à goûter, à estimer, j’ose dire à bénir de plus en plus ; qualité bien humble et bien essentielle, imposée désormais aux médiocres comme aux plus grands, et que Vauvenargues a appelée le vernis des maîtres, je veux parler de la netteté.
Au reste, il aurait fallu à Bailly un fonds d’humeur bien morose et un grain de misanthropie bien prononcée pour ne pas voir tout en beau en ces premiers mois où tout lui souriait, et où la publique estime lui apportait à chaque mouvement de l’opinion une surprise flatteuse et une récompense. […] Il y a plus, Bailly, président d’assemblée, ou administrateur et maire, trouve selon les circonstances une force d’action inaccoutumée et dont il s’étonne lui-même : « Au reste, je suis toujours fort quand il y a une loi », nous dit-il.
Bergeret, secrétaire du cabinet, à célébrer Louis XIV, ses guerres, ses conquêtes, le triomphe de sa diplomatie impérieuse : Heureux, disait en terminant Racine (et cette péroraison n’est pas la plus délicate partie de son discours), heureux ceux qui, comme vous, Monsieur, ont l’honneur d’approcher de près ce grand prince, et qui, après l’avoir contemplé, avec le reste du monde, dans ces importantes occasions où il fait le destin de toute la terre, peuvent encore le contempler dans son particulier, et l’étudier dans les moindres actions de sa vie, non moins grand, non moins héros, non moins admirable, que plein d’équité, plein d’humanité, toujours tranquille, toujours maître de lui, sans inégalité, sans faiblesse, et enfin le plus sage et le plus parfait de tous les hommes ! […] Le Louis XIV de Mme de Maintenon n’a que des restes du Louis XIV de La Vallière.
Au reste, il ne faisait pas uniquement ces choses pour la montre et pour l’exemple ; dans la pose des pièces d’artillerie, à quoi il excellait, il avait la main à la besogne pour qu’elle fût mieux et plus sûrement faite : au siège de Monte-Calvo, pendant qu’il était une nuit à loger ses gabions et ses canons, survint M. d’Enghicn qui, le prenant familièrement par la taille, lui dit : « Vous avez été mon soldat autrefois, à présent je veux être le vôtre. » — « Monsieur, dis-je, soyez le bienvenu ! […] Nous verrons à quoi un reste de vin grec servira.
Ainsi cette innocente et blanche surséance et libre ouverture à tout est un grand préparatoire à la vraie piété, et à la recevoir comme je viens de dire, et à la conserver : car avec elle il n’y aura jamais d’hérésies et d’opinions triées, particulières, extravagantes ; jamais pyrrhonien ni académicien ne sera hérétique ; ce sont choses opposites… On ne saurait voir plus à nu toute la méthode de Charron et de son école ; et quant à l’objection qui se présente et qu’il se faisait lui-inême, qu’il reste toujours à savoir si un tel homme ainsi façonné et rompu à l’habitude sceptique, et garanti, il est vrai, des hérésies et nouveautés, sera jamais chrétien au fond et orthodoxe. […] Charron fait consciencieusement son devoir comme controversiste, comme prédicateur ; il amasse ses preuves, il fait servir sa philosophie comme une espèce de machine ou de tour pour battre en brèche la place ennemie : puis, quand il estime que la brèche est suffisante, il ordonne et fait avancer ses preuves directes ; mais tout cela sans feu, sans flamme ; on sent toujours l’homme qui a dit : « Au reste, il faut bien savoir distinguer et séparer nous-mêmes d’avec nos charges publiques : un chacun de nous joue deux rôles et deux personnages, l’un étranger et apparent, l’autre propre et essentiel.