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1370. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

… Si quelque sanglot sourd quelquefois le soulève, Mon sein, tombe profonde où gisent tant de morts, Je me sers de l’orgueil comme on se sert d’un glaive.

1371. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

Renée, dans un intéressant chapitre, a tracé avec une parfaite justesse le portrait de ce roi qu’il ne s’agit pas d’idéaliser, à cause de son suprême malheur ; c’est assez que le respect contienne la plume lorsque l’historien est obligé de noter en lui, à côté des vertus et de l’honnêteté profonde, l’absence totale de caractère et de relever les défauts habituels de forme, de dignité extérieure et de convenance qui, par malheur, n’étaient pas secondaires dans ce premier rang qu’il occupait.

1372. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

Mais, d’un esprit moins profond, d’une âme moins forte que son frère, s’il appartient davantage à l’histoire politique du temps, il n’appartient que peu ou point à l’histoire morale et littéraire ; je reviens donc au premier.

1373. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Cet épicurisme politique n’était pas une simple affaire de calcul ou d’indifférence : il y avait mieux chez lui ; sans préjugés surannés, sans passions profondes, doué d’une conception éminemment prompte et lucide, Dumouriez était fait pour comprendre à merveille les divers partis de la scène révolutionnaire, et, si l’on excepte les jacobins stoïquement féroces, il lui était aisé de sympathiser plus ou moins vivement avec tous.

1374. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les legs de l’exposition philosophie de la danse »

Mais nos bals traduisent notre profond instinct de sociabilité.

1375. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

De grandioses symboles comme Vox populi, l’Impatience de la foule, s’y dressent tout à coup à côté de profondes visions d’au-delà de Véra, de l’Intersigne, des railleries aiguës, sinistres ou gravement lyriques des Demoiselles de Bienfilâtre, de la Machine à gloire, du fantaisiste humour qui distingue le Plus Beau Dîner du monde, l’Affichage céleste, etc… Les Contes cruels signalent avec une admirable netteté les deux courants que suit la pensée de Villiers : l’un positif, affirmant les croyances mystiques, les aspirations idéales ; l’autre négatif, dissolvant, aux acides d’une raillerie puissante, la dureté du temps présent abhorré du rêveur… Par sa fidélité, jamais démentie, aux formules de l’idéal romantique, Villiers de l’Isle-Adam s’est condamné à rester étranger aux courants novateurs de la littérature.

1376. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 169-178

On pourroit dire encore, que plusieurs sont profondes, qu’elles renferment des sentimens vifs & pleins de chaleur ; qu’en général elles sont exprimées avec énergie & précision : mais à quoi serviroient tous ces éloges, si on ne peut se dispenser d’ajouter que la plupart sont impies, & le reste hasardé ?

1377. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IX »

Cette pénétration, d’ailleurs réciproque106, est beaucoup moins profonde qu’on ne le croit et notre langue garde, au-delà des mers, avec sa force d’expansion, sa vitalité créatrice et un pouvoir remarquable d’assimilation.

1378. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

Il ne faut pas que la multitude sorte du théâtre sans emporter avec elle quelque moralité austère et profonde.

1379. (1761) Salon de 1761 « Peinture — M. Pierre » pp. 122-126

Que tout particulièrement annonce un grand silence, une profonde solitude, et la chute du jour.

1380. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 3, que le merite principal des poëmes et des tableaux consiste à imiter les objets qui auroient excité en nous des passions réelles. Les passions que ces imitations font naître en nous ne sont que superficielles » pp. 25-33

Mais comme l’impression que l’imitation fait n’est pas aussi profonde que l’impression que l’objet même auroit faite ; comme l’impression faite par l’imitation n’est pas serieuse, d’autant qu’elle ne va point jusqu’à l’ame pour laquelle il n’y a pas d’illusion dans ces sensations, ainsi que nous l’expliquerons tantôt plus au long ; enfin comme l’impression faite par l’imitation n’affecte que l’ame sensitive, elle s’efface bientôt.

1381. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

 » Ces troubles, qui sont des symptômes, indiquent une altération profonde de tout l’organisme, un vice introduit dans sa texture intime, un défaut contracté par les éléments contributifs, une diminution et une perversion des aptitudes par lesquelles les individus s’agrègent, adhèrent les uns aux autres et agissent de concert.‌

1382. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Il a fait la plus profonde étude des vicissitudes de ma carrière sur cette terre et des situations diverses de mon âme, et il a eu le talent de voir ce que je n’avais pas dit et ce qu’on ne pouvait lire, pour ainsi dire, qu’entre les lignes. […] Il a des accents particulièrement vrais pour nous exprimer la science et l’érudition locale, profonde, originale, communicative et naïve, à laquelle il a dû des heures d’affectueux commerce et de douce hospitalité : il a su s’en assimiler l’esprit et l’âme en courant. […] Je vous connais jusqu’au fond, et c’est pour cela que j’ai une affection si véritable pour vous ; je juge peut-être mieux l’état de votre âme que vous ne pouvez le juger vous-même ; je sais que, si vous veniez ici, vous y vivriez dans un état d’agitation intérieure et profonde que rien ne pourrait dérober ‘a mes regards. […] D’autres, depuis, se sont montrés encore plus durs que lui pour Auguste, à qui l’on fait maintenant un crime d’avoir été un politique profond et d’avoir donné quarante années de paix au monde. […] Lui-même me semble avoir bien apprécié ce que son rôle a eu, à son moment, d’original et d’incomplet, dans la note manuscrite suivante : « Dans ces siècles d’affectation et d’apparence, il aurait pu arriver que je fusse le seul qui entendît, qui voulût entendre ces regrets profonds que l’étude des choses inspire, seule voie sans doute qui puisse ramener les hommes au bonheur.

1383. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Autant de visages de Léon Pierre-Quint tenus ensemble par une culture éblouissante, par une connaissance profonde du milieu intellectuel de l’époque, par une sensibilité et un flair indéniables. […] Telle rature nous en dit long. » J’ajoute que sans croire à une harmonie universelle préétablie, il me paraît difficile d’imaginer que les intérêts véritables des marchands d’autographes et ceux des écrivains puissent être en profonde opposition. […] Mais ce n’est pas seulement par prudence que certains faux sages parlent ainsi à l’écrivain, c’est qu’ils ne comprennent pas le rôle profond que joue en général la correspondance. […] Comme s’il pouvait y avoir quelque rapport entre une somme d’argent et le préjudice subi quand celui-ci est d’ordre intime, quand il s’agit des choses du cœur ou de la pensée profonde d’un homme qu’il tient de son vivant à garder pour lui. […] Elle n’atteignait, en aucune façon, la pureté profonde de sa vie intérieure.

1384. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Enfin les Grecs descendirent en plaine, et se trouvèrent sur la frontière d’Arménie, en face du fleuve Centritès, qui était profond et roulait de grosses pierres. […] « L’antiquité parut jeune, dit-il, et par son charme singulier, et par un accord profond avec la science naissante. […] On se rappelle le sérieux profond et le regard vague des chevaux de noble race qui paissent l’herbe et s’arrêtent un instant, levant la tête vers le voyageur qui passe. […] Dans ce peuple d’admirateurs il est déplacé ; il n’a point l’enthousiasme profond ni les genoux pliants. […] Lorsque Mme de Clèves avoue enfin à M. de Nemours ce qu’elle sent pour lui, une demi-phrase indique à peine l’émotion si touchante et si profonde qui les remplit tous les deux.

1385. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Les ressemblances y sont nombreuses : la différence en est profonde. […] Et c’est pourquoi si nous entendons par caractère quelque chose de plus profond et de plus général à la fois, le Menteur n’est donc pas une comédie de caractère. […] Pas de liberté, pas de satire ; pas de satire, pas de caractères, mais des ébauches de caractères seulement, des commencements de caractères, et rien de « creusé » ni de profond. […] Ou bien encore, c’est pour pouvoir, au moyen de la peinture de la jalousie, comme achever le portrait de Phèdre, en y ajoutant de ces touches, plus larges et plus profondes, que la haine en s’y mêlant vient ajouter à la représentation de l’amour. […] Elle était tombée dans une léthargie profonde ; son âme, usée par la douleur, n’avait plus la force que donne le désespoir ; dans l’excès de son abattement, son poignard était échappé de ses mains.

1386. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Délicatesse de la perception, aptitude à saisir les rapports fins, sens des nuances, voilà ce qui lui permet de construire des ensembles de formes, de sons, de couleurs, d’événements, bref, d’éléments et de détails si bien reliés entre eux par des attaches intimes, que leur organisation fasse une chose vivante et surpasse dans le monde imaginaire l’harmonie profonde du monde réel. […] Considérez leurs pièces de théâtre ; point de caractères complexes et profonds comme ceux de Shakespeare ; point d’intrigues savamment nouées et dénouées ; point de surprises. […] Pendant le jour, leurs ruisseaux élèvent un torrent de fumée rougeâtre ; aux heures de la nuit la flamme rouge tourbillonnante pousse avec fracas des roches dans la profonde mer… C’est merveille de le voir, le prodigieux reptile, lié comme il l’est sous les hautes cimes, sous les noires forêts de l’Etna, sous la plaine, rugissant sous les chaînes qui labourent et aiguillonnent tout son dos prosterné.  […] Au sentiment profond de la perfection corporelle et athlétique s’ajoutait chez le public et chez les maîtres un sentiment religieux original, une idée du monde aujourd’hui perdue, une façon propre de concevoir, de vénérer et d’adorer les puissances naturelles et divines. […] Démèter signifie la terre mère ; et les épithètes des rituels l’appellent la noire, la profonde et la souterraine, la nourrice des jeunes êtres, la porteuse de fruits, la verdoyante.

1387. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Et sa sensibilité, repliée sur soi, secrète, sans confident, dut se faire par là plus profonde et plus délicate. […] Tandis qu’il conquiert l’Asie, il n’a pas de pensée plus profonde qu’un colonel de vingt ans des armées du roi. […] Il y a, sous ce grave discours tout plein du dogme chrétien, une sensibilité contenue, mais profonde. […] des cris, si profonds ! […] Là est l’intérêt profond de quelques-unes de nos tragédies classiques.

1388. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Théodosie le contemplait avec une jouissance profonde et cruelle, — Qu’avez-vous fait ? […] (Profond silence dons l’assemblée.) […] L’air était chaud et bleu, un merle gazouillait, tout semblait vivre dans une douceur profonde. […] De la première, il a gardé un profond dévouement pour la famille de son barine, la deuxième en raffinant se mœurs a élargi sa conscience. […] Jeanne, comme suspendue entre la rive abrupte et l’eau profonde, eut le vif sentiment du danger et prit un élan désespéré.

1389. (1884) La légende du Parnasse contemporain

L’ennui profond, l’ennui sans bornes, Vous guide, ô mes frères errants ! […] Le patron lui-même, avec l’air du plus profond respect, nous faisait escorte jusqu’à notre voiture, et une fois il voulut à toute force nous baiser les mains. […] Il est, paisiblement, avec un dandysme serein qui rappelle celui d’Alfred de Vigny, le songeur subtil et raffiné, celui qui, troublé par l’éternel mystère de l’infini et de l’inconnu, — que cet infini, que cet inconnu se dérobe dans la profonde nature ou dans le cœur plus profond de la femme, — s’élance perpétuellement à la poursuite de l’insaisissable et parfois le saisit, veut exprimer l’inexprimable, et quelquefois l’exprime. […] Ce fut le temps d’une intimité profonde et charmante. […] Écoutez le poème intitulé : les Astres, où se montrent si admirablement les qualités principales d’Armand Silvestre : la magnificence des images, l’ample et profonde harmonie des vers.

1390. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Mais de ce qu’il a tracé dans le champ de la satire un sillon profond et lumineux, faut-il conclure qu’il doit rester dans le champ de la satire, et ne jamais tenter de fouiller un autre sol ? […] Après avoir lu le Minotaure, il est impossible de ne pas se sentir saisi d’une sympathie profonde pour ces plaintes où la colère ose à peine se montrer. […] Berryer, lors même qu’il défend la plus mauvaise cause, trouve moyen de produire une impression profonde. […] S’il y a en effet une différence profonde entre ces deux formes de la poésie, malgré l’égale légitimité de ces deux formes, il y aura lieu cependant à préférer l’une à l’autre. […] L’étude de l’histoire et l’étude de la société ne seront plus superficielles, mais profondes.

1391. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Il connut ensuite pour lui et pour les siens la détresse et la misère ; il racontait, de ces années laborieuses, de précis et de touchants détails qu’on aurait pu rappeler sans inconvénientac, parce que de telles épreuves eurent une profonde influence sur son esprit et sur sa manière de juger les événements et sans doute les gouvernements.

1392. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre V. Du jeu, de l’avarice, de l’ivresse, etc. »

Les passions qui dégradent l’homme, en resserrant son égoïsme dans ses sensations, ne produisent pas, sans doute, ces bouleversements de l’âme où l’homme éprouve toutes les douleurs que ses facultés lui permettent de ressentir ; mais il ne reste aux peines, causées par des penchants méprisables, aucun genre de consolation ; le dégoût qu’elles inspirent aux autres, passe jusqu’à celui qui les éprouve ; il n’y a rien de plus amer dans l’adversité que de ne pas pouvoir s’intéresser à soi : l’on est malheureux sans trouver même de l’attendrissement dans son âme ; il y a quelque chose de desséché dans tout votre être, un sentiment d’isolement si profond, qu’aucune idée ne peut se joindre à l’impression de la douleur ; il n’y a rien dans le passé, il n’y a rien dans l’avenir, il n’y a rien autour de soi, on souffre à sa place, mais sans pouvoir s’aider de sa pensée, sans oser méditer sur les différentes causes de son infortune, sans se relever par de grands souvenirs où la douleur puisse s’attacher.

1393. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

Et cette remarque profonde, il nous la développe avec abondance et solennité.

1394. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

Mais nous avons vu que, malgré son peu de succès à Jérusalem, Jésus avait gagné la sympathie de quelques personnes considérables, qui attendaient le royaume de Dieu, et qui, sans s’avouer ses disciples, avaient pour lui un profond attachement.

1395. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Les dernières amours de Henri IV, à cinquante-six ans, sa malheureuse passion pour Charlotte de Montmorency, qu’il avait mariée au prince de Condé, les jalousies de Marie de Médicis, les intrigues de sa cour contre les maîtresses du roi, le souvenir d’une guerre qu’on avait vue prête à s’allumer contre la maison d’Autriche pour ravoir la princesse de Condé, que son mari avait conduite à Bruxelles, dans la vue de la soustraire aux poursuites du roi, tout cela avait inspiré à toutes les âmes délicates un profond dégoût pour cette scandaleuse dissolution, dont la cour et la capitale offraient le spectacle, et les avait disposées à favorablement accueillir la continuation de L’Astrée.

1396. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

Comparez un moment au jardin royal de Versailles, bien nivelé, bien taillé, bien nettoyé, bien ratissé, bien sablé, tout plein de petites cascades, de petits bassins, de petits bosquets, de tritons de bronze folâtrant en cérémonie sur des océans pompés à grands frais dans la Seine, de faunes de marbre courtisant les dryades allégoriquement renfermées dans une multitude d’ifs coniques, de lauriers cylindriques, d’orangers sphériques, de myrtes elliptiques, et d’autres arbres dont la forme naturelle, trop triviale sans doute, a été gracieusement corrigée par la serpette du jardinier ; comparez ce jardin si vanté à une forêt primitive du Nouveau-Monde, avec ses arbres géants, ses hautes herbes, sa végétation profonde, ses mille oiseaux de mille couleurs, ses larges avenues où l’ombre et la lumière ne se jouent que sur de la verdure, ses sauvages harmonies, ses grands fleuves qui charrient des îles de fleurs, ses immenses cataractes qui balancent des arcs-en-ciel !

1397. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

Si, pour Marie-Thérèse et pour le chancelier de France, ce ne sont plus les mouvements des premiers éloges, les idées du panégyriste sont-elles prises dans un cercle moins large, dans une nature moins profonde ?

1398. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Non, j’entends une passion sérieuse, un amour vrai et profond. […] Mais comme elle marque d’un trait lumineux et profond l’entêtement d’Orgon pour Tartuffe ! […] La scène est très comique, mais de ce comique profond et triste, qui pousse à la réflexion plus encore qu’au rire. […] Ils sont, pour la plupart, si larges et si profonds que l’on y peut mettre à peu près tout ce qu’on veut. […] Comme on y sentait, sous la discrétion du langage, un chagrin sérieux  et profond !

1399. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Elle avait lu dans son Histoire sainte, etc. » Cela est profond. […] Bien plus il fallait qu’ils cessassent d’exister afin d’être ce qu’ils sont devenus : les types profonds d’une Angleterre séculaire. […] Lucien Descaves et un ou deux autres livres) le roman n’ait jamais touché à ce sujet profond et riche. […] Leur psychologie n’est pas profonde, mais pas négligeable non plus. […] De ce qui est écrit sur le plaisir, nous ne dirons jamais que c’est profond : nous imaginerons toutes les épithètes laudatives, excepté celle-là.

1400. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Leclerc apercevait, d’une vue plus nette, les différences profondes qui séparent notre race de la race anglo-saxonne. […] le premier et profond baiser ! […] Les fauteuils sont massifs, profonds, excellents. […] C’est la manière habituelle de tous ceux qui ont laissé, dans les lettres, une renommée durable et une trace profonde. […] Les lacs de la Pisidie amusèrent leur vue par l’azur profond, métallique et changeant dont ils chatoient, aux approches du crépuscule.

1401. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Encore une fois, j’adresse à Mme Bernhardt l’expression de ma profonde gratitude. […] Mme Segond-Weber a été souvent admirable de passion violente et désespérée et sa voix profonde et triste faisait merveille dans le rôle d’Eriphile. […] Paul Mounet a été un Agamemnon très beau de profonde tristesse ; peu de nuances ; M.  […] Il l’a dit avec une émotion profonde qui a été communicative. […] Sa passion sincère et profonde se heurte aux frivolités menteuses et vaines.

1402. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Née lentement et s’étant constituée selon ses lois profondes, la famille est un organisme. […] La réalité profonde de Salammbô, M.  […] C’est un livre poignant, et avec simplicité, profond, et avec grâce ; un livre de chez nous. […] Ces Ropart d’Anay sont des gens de vieille croyance et de vie profonde. […] Mais l’impression première avait été profonde et rude.

1403. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Il avait rompu avec le christianisme qui, après avoir été l’aspiration profonde de sa première jeunesse, ne lui inspirait plus même un peu de sympathie. […] Renan revient le plus souvent, c’est une distinction très profonde et très réelle entre nos actes et leurs mobiles. […] Enfin, pour ne pas multiplier les exemples, dans l’analyse du Renato de l’Infidèle, la ravissante et profonde comédie de M. de Porto-Riche (feuilleton du 28 avril 1890), M.  […] Pourtant, si quelques-uns ne les acceptent qu’à cause de leur charme imprévu, et pour s’en caresser l’esprit, elles ont éveillé aussi des échos qu’on aimerait à croire plus profonds. […] Généralement, leur essai de réaction a pour point de départ une impression profonde produite par les spectacles de l’injustice ou de la misère.

1404. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

On l’a beaucoup dit ; rien, d’ailleurs, n’est moins certain, attendu qu’il y avait entre ces deux esprits une profonde antipathie de nature et, sur tous les points essentiels, une complète divergence de vues. […] Il n’était pas l’un des plus profonds parmi les « écrivains penseurs » de son temps, il n’était à aucun degré un « écrivain artiste », et pourtant c’est l’un de ceux dont l’influence a été le plus réelle. […] L’action de Spinoza est l’une des premières en date et l’une des plus profondes qui se soient exercées sur l’esprit de Taine. […] L’homme, alors, retourne en quelque manière à l’état de barbarie et met d’abord en commun ce qu’il y a en lui de plus profond, les instincts qui lui viennent du plus lointain atavisme. […] Après avoir régné sur la mode et révolutionné l’histoire du costume par l’invention du frac, il était tombé dans une profonde détresse.

1405. (1914) Une année de critique

Combien de remarques fines ou profondes ne devons-nous point encore à M.  […] Henri Franck, cela n’est pas douteux, eût été l’un de nos meilleurs critiques, par sa profonde culture, sa curiosité universelle, son enthousiasme perspicace. […] Et nous voilà loin des usages traditionnels de la famille française, empreints de tendresse profonde et de dignité. […] Anatole France répondit par des paroles gracieuses et profondes, mais qui ne résolvaient point la question. […] Bien plutôt que d’un égotisme blâmable, elle procède chez eux d’un amour profond de la vérité.

1406. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

. —  Le sentiment profond. —  Comment la religion est populaire. —  Comment elle est vivante. —  Les ariens. —  Les méthodistes. […] C’est là la faculté fondamentale qu’on retrouve dans toutes les parties de la vie publique, enfouie, mais présente, comme une de ces roches primitives et profondes qui, prolongées au loin dans la campagne, donnent à tous les accidents du sol leur assiette et leur soutien. […] Car la race est, par nature, capable d’émotions profondes, disposée, par la véhémence de son imagination, à comprendre le grandiose et le tragique, et cette Bible, qui est à leurs yeux la propre parole du Dieu éternel, leur en fournit. […] Voilà le sentiment profond qui, le dimanche, ferme les théâtres, interdit les plaisirs, remplit les églises ; c’est lui qui perce la cuirasse de l’esprit positif et de la lourdeur corporelle. […] La beauté s’y trouve, mais ailleurs, dans la froide décision du regard, dans le profond sérieux et dans la noblesse triste du visage pâle, dans la gravité consciencieuse et l’indomptable résolution du geste contenu.

1407. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Il avait oublié ce mot si sensé et si profond de M. de Talleyrand, qui résume en une plaisanterie la philosophie expérimentale d’une longue vie. « Il ne faut jamais se fâcher contre les choses, car cela ne leur fait jamais rien du tout. » Le petit cercle d’amis qui causaient à cœur ouvert autour de mes tisons fit écho par complaisance à ce mécontent de la nature et de la Providence. […] Du feu qu’elle répand toute âme est consumée ; Notre vie est semblable au fleuve de cristal Qui sort humble et sans nom de son rocher natal ; Tant qu’au fond du bassin que lui fit la nature, Il dort, comme au berceau dans un lit sans murmure, Toutes les fleurs des champs parfument son sentier, Et l’azur d’un beau ciel y descend tout entier ; Mais, à peine échappés des bras de ses collines, Ses flots s’épanchent-ils sur les plaines voisines, Que du limon des eaux dont il enfle son lit Son onde en grossissant se corrompt et pâlit ; L’ombre qui les couvrait s’écarte de ses rives, Le rocher nu contient ses vagues fugitives, Il dédaigne de suivre, en se creusant son cours, Des vallons paternels les gracieux détours ; Mais, fier de s’engouffrer sous des arches profondes, Il y reçoit un nom bruyant comme ses ondes. […] Ses yeux étaient susceptibles de toutes les expressions les plus extrêmes, depuis la gaieté la plus enjouée jusqu’à la tristesse la plus profonde, depuis la bienveillance la plus radieuse jusqu’au mépris et à la colère la plus concentrée, et c’est alors qu’on pouvait dire de ses yeux ce qu’on avait dit de ceux de Chatterton, que “le feu roulait au fond de leurs orbites”. […] On voyait un grand homme exténué par sa flamme intérieure, le corps droit, le visage pâle, le front humide de moiteur, les deux mains amaigries immobiles sur la tribune, les bras collés au buste comme ceux d’un stoïcien, les lèvres tremblantes, réfléchir longtemps à ce qu’il allait dire, puis arracher avec effort de sa poitrine une voix profonde et palpitante d’émotion contenue, puis couler en phrases entrecoupées de silences, puis répandre à flots lents ou précipités, non de vains arguments ou de sonores périodes, mais une âme toute nue et toute chaude de grand homme sensible, de grand homme d’État, de grand homme de bien qui forçait d’abord l’auditoire au silence, bientôt à l’admiration, peu à peu aux acclamations, à la fin aux larmes, ce triomphe de la nature sur les factions. […] Son front chauve, son sourcil superbe, ses joues affaissées de vieillard, ses yeux profonds et limpides, sa lèvre inférieure relevée par le pli du dédain, sa voix grave et lente qui semblait distiller les syllabes en les prononçant, donnaient une autorité physique à sa personne.

1408. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Que dirons-nous de cet instinct merveilleux qui porte l’Abeille à construire ses cellules, instinct par lequel elle semble avoir devancé les découvertes de profonds mathématiciens ? […] Les lacunes de nos documents géologiques proviennent principalement de ce que les êtres organisés n’habitent pas les régions très profondes des mers, et de ce que leurs restes enfouis ne peuvent être conservés pendant la série des âges géologiques dans des masses sédimentaires assez épaisses et assez étendues pour résister à de puissantes causes ultérieures de dégradation. Or, de telles masses fossilifères ne peuvent s’accumuler que lorsqu’une énorme quantité de sédiment se trouve déposée dans le lit d’une mer peu profonde pendant une période de lent affaissement. […] Pour acquérir la conscience parfaite de notre profonde ignorance à ce sujet, il suffit de songer aux différences qui distinguent nos races domestiques de différentes contrées, et surtout des contrées les moins civilisées, où la sélection systématique de l’homme a eu peu d’action. […] Mais tandis que l’oiseau, même encore imparfait, affermissait son règne au-dessus des eaux, des représentants de l’ordre vaincu des reptiles, renonçant au vol devenu trop dangereux pour eux, ou même à la surface aérienne des mers où l’oiseau les pourchassait avec acharnement, durent chercher un refuge sur les terres émergées, dans les terrains bas et marécageux, à l’abri des rochers, ou à l’ombre des épaisses forêts de la période primaire où l’on a cru retrouver, avec leurs restes, les empreintes des pieds de leurs ennemis qui les poursuivirent encore dans ces retraites profondes.

1409. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Un étonnement seul lui restait, c’était la profonde inintelligence de ces gaillards dont les articles bâclés sur des coins de bureau, le couvraient de boue sans paraître soupçonner la moindre de ses intentions. […] Ici, l’impression personnelle n’est pas modifiée par le jugement collectif ; elle est solitaire, intime et d’autant plus profonde. […] Quand on fait des sacrifices, on est un homme d’un jugement profond ; on s’attache à la scène générale qui en devient tout autrement énergique, naturelle, grande, imposante et forte. » « Une chose qu’on ne remarque pas, c’est qu’on papillote à l’esprit par la multiplicité des incidents aussi cruellement qu’aux yeux par la mauvaise distribution des lumières. » Je m’arrête à ces citations. […] Il se pose en penseur profond, en observateur hors ligne, en novateur et en rénovateur. […] L’accomplissement de tous les devoirs n’est doux pour personne, parce que la plupart des devoirs ne correspondent pas à des sentiments profonds, à des sympathies réelles qui nous rendent faciles les abnégations.

1410. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Vivant toujours en avant d’elle-même : soit que la magie de l’imagination la transporte sur les cimes les plus élevées de l’illusion et du bonheur, soit que les angoisses de la souffrance la plongent dans les abîmes les plus profonds, toujours vous croyez entendre sortir du fond de sa joie ou du fond de sa tristesse inassouvies, ce cri : plus loin, là-bas, là-bas. […] Buloz, me dire que mon opinion sur lui était fausse ; qu’il arrivait avec le plus profond désir d’être l’homme de la jeune littérature qui avait fait sa fortune, et que la preuve en était que le premier acte de son administration serait la reprise de Christine. […] « Je me suis présenté à six heures du matin chez vous pour vous empêcher de vous battre à ma place ; je n’en pourrais pas faire autant aujourd’hui, et depuis cette époque j’ai manifesté ouvertement ma profonde reconnaissance pour votre impétueux dévouement. […] » Vous le voyez, comme je l’avais promis, l’anecdote est courte, mais si courte qu’elle soit, elle n’en a pas moins laissé une profonde trace dans la mémoire de l’illustre académicien et dans celle de ses amis. […] Hugo s’est toujours donné pour un homme d’une étude profonde et encyclopédique ; ses découvertes en histoire littéraire ne sont pas moins surprenantes que ses découvertes en histoire politique.

1411. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Du jour où on ne répond au jeu du sort que par une moquerie de cette devise héroïque de la jeunesse : J’ai fait la guerre aux Rois, je l’aurais faite aux Dieux ; de ce jour-là, plus de tragédie ni d’acte sérieux ; on est entré dans l’ironie profonde. […] Tant d’esprits profonds, solides ou délicats, en ont parlé tour à tour, que c’est presque une témérité d’y vouloir ajouter. […] Par un sens profond, le mot innocence, qui littéralement veut dire qu’on ne fait pas le mal, signifie qu’on ne le sait pas.

1412. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

« Partout des vagues profondes, d’épaisses nuées ! […] Je ne sais si la peste était la seule cause de la nudité des chemins et du silence profond autour de Jérusalem et dedans ; je ne le crois pas, car les Turcs et les Arabes ne se détournent pas des fléaux de Dieu, convaincus que sa main peut les atteindre partout et qu’aucune route ne lui échappe. — Sublime raison de leur part, mais qui les mène par l’exagération à de funestes conséquences ! […] Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de ce barde sacré ; et, si l’on remonte à l’époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l’on pense qu’alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que le vin, l’amour, le sang et les victoires des mules et des coursiers dans les jeux de l’Élide, on est saisi d’un profond étonnement aux accents mystiques du berger-prophète, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui comprend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséricordes, et qui semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces paroles du Christ avant de les avoir entendues.

1413. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Ce n’était pas un langage élevé, ni un sentiment profond qu’on demandait de moi ; je n’étais occupé qu’à rapetisser ma vie pour la mettre au niveau de la société. […] Bientôt mon cœur ne fournit plus d’aliment à ma pensée, et je ne m’apercevais de mon existence que par un profond sentiment d’ennui. […] Vaincu par la glorieuse douleur de la sainte, abattu par les grandeurs de la religion, tous mes projets de violence s’évanouirent, ma force m’abandonna, je me sentis lié par une main toute-puissante, et, au lieu de blasphèmes et de menaces, je ne trouvai dans mon cœur que de profondes adorations et les gémissements de l’humilité.

1414. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Mais cette armée innombrable et tumultueuse des écoliers, 30 000, dit-on, au xive siècle pour Paris seulement, cette armée se recrute en majeure partie dans la bourgeoisie, dans les couches profondes du peuple. […] Dans l’horreur de Deschamps pour la noblesse et la finance entre un sincère amour du peuple ; la pitié des pauvres gens, qu’on vexe, qu’on tond, et qu’on méprise, est peut-être le plus profond sentiment que Deschamps ait ressenti. […] Vivat rex, vivat pax, ces deux textes de deux discours qu’il adressa au roi Charles VI et qui firent une impression profonde, résument toute la pensée politique de Gerson.

1415. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

2º Certes, on demande moins en France au théâtre qu’au livre, en tant que pratique et savoir de la vie profonde. […] Mais il peut tout contenir, vérité, poésie et jusqu’à la psychologie la plus profonde, à la condition qu’elle soit ramassée en formules shakespeariennes qui, comme dit Sainte-Beuve, « percent l’homme tout entier ». […] Dans un livre, les profonds écrivains font passer des expressions d’âme, traduisent noblement leur idéal, témoignent de la profondeur de leurs visions et nous imprègnent de leur personnalité.

1416. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Par un instinct profond aiguisé de calcul, il a frappé aux endroits où l’homme actuel, dégagé de tant de terreurs et d’épouvantes, reste sujet à la peur et soumis au tremblement. […] Et au-delà de ces contes où l’angoisse paraît exaltée hors de mesure, de névrose eu névrose, viennent des êtres plus mystérieusement désorganisés, puissants d’intelligence, atteints des maladies profondes de la volonté, monstrueux et fêlés par l’énorme développement de quelque groupe cérébral normalement infime. […] C’est donc dans une anomalie de ce mécanisme cérébral que l’on appelle l’associationisme, qu’il faut chercher la cause profonde du phénomène littéraire apparent chez Poe.

1417. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

VI La calèche s’arrêta au sommet du plateau dans un chemin creux, auprès de deux ou trois pauvres chaumières ; les enfants et les chèvres de ces chaumières jouaient au soleil au bord d’un fleuve encaissé et profond, qui coupait la prairie avec un calme et un silence perfides : c’était le Vellino. On eût dit que la terreur du précipice qu’il allait franchir l’étonnait lui-même, le suspendait et le faisait presque refluer en arrière, tant son onde verdâtre, huileuse et profonde paraissait s’attacher aux parois de son lit, et se voiler d’arbres et de roseaux penchés sur son cours. […] Ils vinrent en aide à sa timidité ; ils lui parlèrent d’un mariage qui concilierait, dans une demi-publicité, sa religion, sa délicatesse de père et de roi futur ; ils lui désignèrent la personne pour laquelle des yeux intelligents avaient deviné son attrait ; ils lui en firent un éloge qu’ils supposaient déjà gravé en traits plus profonds dans son cœur.

1418. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Ce profond rêveur qui est au fond de tout grand poète s’est demandé en M.  […] C’est un de ces matérialistes raffinés et ambitieux qui ne conçoivent guère qu’une perfection, — la perfection matérielle, — et qui savent parfois la réaliser ; mais par l’inspiration il est bien plus profond que son école, et il est descendu si avant dans la sensation, dont cette école ne sort jamais, qu’il a fini par s’y trouver seul, comme un lion d’originalité. Sensualiste, mais le plus profond des sensualistes, et enragé de n’être que cela, l’auteur des Fleurs du mal va dans la sensation jusqu’à l’extrême limite, jusqu’à cette mystérieuse porte de l’Infini à laquelle il se heurte, mais qu’il ne sait pas ouvrir, et de rage il se replie sur la langue et passe ses fureurs sur elle.

1419. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Or, on peut aisément s’expliquer la profonde imperfection de ces tentatives encyclopédiques, si souvent renouvelées jusqu’ici. […] Pour sentir combien ce besoin est profond et impérieux, il suffit de penser un instant aux effets physiologiques de l’étonnement, et de considérer que la sensation la plus terrible que nous puissions éprouver est celle qui se produit toutes les fois qu’un phénomène nous semble s’accomplir contradictoirement aux lois naturelles qui nous sont familières. […] En se bornant à l’étude d’une science unique, il faudrait sans doute choisir la plus parfaite pour avoir un sentiment plus profond de la méthode positive.

1420. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Les Études de la nature, Paul et Virginie, le Génie du Christianisme, René, l’Itinéraire, sont des productions qui n’avaient pas leur germe dans notre langue ; et aujourd’hui même, parmi les écrivains exclusivement voués à la prose, quels sont les plus remarquables par la pensée et par l’expression, si ce n’est ceux qui se livrent à la haute étude des sciences philosophiques ou aux profondes recherches historiques : deux importantes matières que nos grands prosateurs des derniers siècles étaient loin d’avoir épuisées, et dans lesquelles les littératures étrangères nous ont devancés et surpassés. […] Les deux Chénier étaient également de très bons prosateurs ; et de nos jours, un des auteurs les plus brillants, un des érudits les plus profonds, M.  […] Nous manifestons notre sentiment sur l’état actuel de la littérature et de la poésie en France, parce qu’il nous semble que la plus faible voix peut lancer quelques paroles utiles ; du reste, nous ne parlons que d’après notre profonde conviction, sans nous occuper du plus ou moins de succès des ouvrages que nous estimons, sans chercher à flatter l’opinion de la foule ni même à nous mettre en opposition avec elle.

1421. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

C’est à propos de ce début que Taine a dit : « La Fontaine a le sentiment vaste et profond de la nature qu’avait Lucrèce dans des vers comme ceux-ci… » : Les alouettes font leur nid Dans les blés, quand ils sont en herbe : C’est-à-dire environ le temps Que tout aime et que tout pullule dans le monde, Monstres marins au fond de l’onde, Tigres dans les forêts, alouettes aux champs. […] Je vous ai dit que le dix-septième siècle avait eu, autant que tout autre, plus que bien d’autres, plus que le dix-huitième siècle surtout, le sentiment de la nature, et par conséquent, ce n’est pas par originalité, par excentricité, que La Fontaine a eu ce sentiment-là, seulement il l’a eu beaucoup plus profond, beaucoup plus intime, beaucoup plus passionné que tous les hommes de son temps. […] Il faut remonter jusqu’à Racan pour trouver quelqu’un qui annonce timidement La Fontaine, et descendre jusqu’à Rousseau pour trouver un sentiment de la nature aussi profond, aussi intime, aussi passionné que celui de La Fontaine lui-même.

1422. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Seulement ce qui est incontestable c’est que nos langues dérivées ont perdu un grand nombre des propriétés qui distinguèrent les langues primitives, et qui excitent un si profond étonnement dans l’étude des langues indiennes. […] Cela même est si vrai que la faculté de comprendre toute l’économie d’une langue quelconque annonce l’esprit le plus vaste et le plus profond : que serait-ce donc s’il s’agissait d’inventer cette langue ou de créer le langage ? […] Les prêtres de l’Égypte ou de l’Inde furent, et je ne refuserai pas de l’admettre, pourvus de vastes et profondes intelligences ; mais enfin ils ne furent doués que d’intelligences humaines.

1423. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Il n’y a pas jusqu’au cochon de la légende, dans lequel le symbolisme profond du Moyen Âge voyait la personnification des vices de l’humanité qui traînent encore derrière le talon des plus saints dans leur sillon de lumière, où la légion des farceurs, qui est éternelle, ne vît je ne sais quelles sales et sottes analogies entre ce porc, gris ou noir, encapuchonné de ses oreilles et baissant humblement son groin vers la terre, et le moine qu’il accompagnait et qu’il fallait bien (histoire de rire !) […] VIII Profonde décadence d’un esprit qui fut homme, mais que voilà redevenu enfant, et qui n’a plus à son service que des procédés d’enfant. […] Il n’a jamais eu, dans les siens, ni pensée profonde, ni aperçu brillant, — ni même d’aperçu du tout !

1424. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

C’est à vous, Monsieur, à joindre vos efforts aux nôtres pour lui témoigner notre profonde reconnaissance. […] Il est profond dans la science des saints Pères.

1425. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

 » Et Vaugelas, s’inclinant de sa révérence la plus profonde, répondit : « Non, Monseigneur, et moins encore celui de Reconnaissance. […] Combien n’ai-je pas à dire encore au sujet et à l’occasion de Vaugelas, et sur la différence profonde qu’il y a de son moment au nôtre !

1426. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

C’est ainsi que, dans un cœur fier et un esprit profond, s’accumulaient contre Louis XIV et son ministre des trésors de rancune qui devaient sortir à leur moment. […] Je lui dirai que j’ai remarqué, depuis mon retour de Moncallier, une mélancolie morne en Son Altesse Royale, une dissimulation profonde et une inquiétude perpétuelle dans son esprit, que j’ai même jugée quelquefois pouvoir venir aussi bien d’un reste de maladie ou d’une inégalité de tempérament, que de quelque dessein caché… Il passe des temps considérables de la journée ou dans une cave ou sur un lit ; rien ne le contente ni ne le divertit.

1427. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Il nourrit pourtant un sentiment profond pour sa femme et pour l’enfant qu’elle lui a donné. […] Je crois peu à la guérison des passions quand elles sont réelles, profondes, et qu’elles se sont logées plus avant encore que dans le tempérament, je veux dire dans l’esprit et dans l’imagination.

1428. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Aussi, Eugénie de Guérin et elle, quand elles sont tristes, elles n’ont pas la tristesse elle-même semblable : l’une, tout heureuse qu’elle est, a la tristesse plus rude, poignante, froissante, violente, qui se proclame sur les toits, — qui crie « comme une aigle », — une tristesse ardente, de cœur et d’âme, je le veux, mais aussi de tête, tout d’un coup relevée de joies puissantes et vigoureuses : l’autre, plus atteinte au cœur, a la tristesse plus vraie, plus douce et résignée, continue, non intermittente, calme, profonde et intérieure ; elle est plus une colombe blessée. […] Désert profond, immense nappe d’eau entre des monts immenses, mais nus, abrupts, tristes comme la mort.

1429. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Joseph Bertrand, doué par la nature de la faculté mathématique la plus élevée et la plus profonde, à laquelle l’éducation a donné tout son développement, se trouve être de plus un esprit ingénieux, aimable, facile et de lui-même ouvert au goût des lettres. […] Ces résultats dorénavant sont admis de ceux même qui ne s’en rendent pas bien compte : l’homme du peuple qui regarde une éclipse admet volontiers l’explication que lui donne le demi-savant qui la regarde en même temps que lui, et qui lui-même tient pour démontrée la conclusion du profond et vrai savant.

1430. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Cependant, et sans prétendre nier cette profonde dissemblance originelle entre deux âmes, dont l’une n’a connu que l’amour maternel, et dont l’autre a ressenti toutes les passions, jusqu’aux plus généreuses et aux plus viriles, on trouve en elles, en y regardant de près, bien des faiblesses, bien des qualités communes, dont le développement divers n’a tenu qu’à la diversité des temps. […] Certes, une femme qui, mêlée dès sa jeunesse aux Ménage, aux Godeau, aux Benserade, se garantit, par la seule force de son bon sens, de leurs pointes et de leurs fadeurs ; qui esquive, comme en se jouant, la prétention plus raffinée et plus séduisante des Saint-Évremond et des Bussy ; une femme qui, amie, admiratrice de Mlle de Scudéry et de Mme de Maintenon, se tient à égale distance des sentiments romanesques de l’une et de la réserve un peu renchérie de l’autre ; qui, liée avec Port-Royal et nourrie des ouvrages de ces Messieurs, n’en prise pas moins Montaigne, n’en cite pas moins Rabelais, et ne veut d’autre inscription à ce qu’elle appelle son couvent que Sainte liberté, ou Fais ce que voudras, comme à l’abbaye de Thélème ; une telle femme a beau folâtrer, s’ébattre, glisser sur les pensées, et prendre volontiers les choses par le côté familier et divertissant, elle fait preuve d’une énergie profonde et d’une originalité d’esprit bien rare.

1431. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Ne possédant rien à eux, ils apprirent, comme le pauvre, à faire leur délassement d’une promenade, leur récompense d’un beau jour, enfin à jouir des biens accordés à tous. » Mme de Souza d’ordinaire s’arrête peu à décrire la nature ; si elle le fait ici avec plus de complaisance, c’est qu’un souvenir profond et consolateur s’y est mêlé. […] Pourtant, dans celui d’Eugénie, au moment de la dispersion des communautés par la Révolution, il y a des scènes éloquentes ; et cette prieure décharnée, qui profite avec joie de la retraite d’Eugénie pour gouverner la maison, ne fût-ce qu’un jour, est une figure d’une observation profonde.

1432. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Ce que Racine a fait pour l’amour tragique, principe de folie, de crime et de mort, Marivaux le fait pour l’amour qui n’est ni tragique ni ridicule, principe de souffrance intime ou de joie sans tapage, pour l’amour simplement vrai, profond, tendre. […] Il a raison aussi d’insister sur la capacité philosophique du genre dramatique : plus la forme devient réaliste, plus il est nécessaire qu’une idée profonde, une conception générale des rapports naturels ou sociaux tirent hors de l’insignifiance pittoresque la représentation exacte des apparences.

1433. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Soyez remerciée, Mélusine, pour les profondes joies que vous m’avez données. […] Chez lui, morale et esthétique sont d’accord avec la faiblesse roidie du tempérament, en lutte avec le désir profond et inavoué.

1434. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

En voyant se succéder tant de dynasties et tant de siècles qui, de loin, semblent ramassés en un jour, le poète a conçu le sentiment profond de l’instabilité des choses humaines, de la fuite de la vie et des années brillantes, du néant de tout, excepté d’une bonne renommée ; car il croit à la poésie et à la gloire. […] Le poète a eu raison de dire, au début de son livre, en le comparant à un haut cyprès : « Celui qui se tient sous un arbre puissant, sera garanti du mal par son ombre. » Ce sentiment de moralité profonde est égayé, chemin faisant, par des parties brillantes et légères, comme il convenait à un poète nourri dans le pays du pêcher et de la rose.

1435. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Le jugement sérieux, profond, véritable, sur Mme Du Deffand, c’est dans les Lettres de Walpole qu’il le faut chercher ; car Walpole, malgré ses rigueurs plus apparentes que réelles, appréciait sa vieille amie à tout son prix et l’admirait extrêmement. […] Mais la clef profonde de ce cœur est dans son sentiment pour Walpole.

1436. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

« Vous trouvez, écrit-il quelque part, que je m’explique assez clairement : je suis comme les petits ruisseaux, ils sont transparents parce qu’ils sont peu profonds. » Il disait cela en riant ; on se dit ainsi à soi-même bien des demi-vérités. […] Quand il nous parle ainsi, il nous convainc en effet de la sincérité de son vœu et de son regret : tant respire en toutes ses paroles un sentiment profond et vif du charme doux, égal et honnête de la vie privée !

1437. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Moins peintre que La Bruyère, Vauvenargues a un plus grand dessein, un dessein plus philosophique : il ne veut pas simplement observer les hommes de la société dans leurs variétés, en donner des portraits, des médaillons finis, en faire le sujet d’une suite de remarques profondes et vives ; il envisage l’homme même, et voudrait atteindre au point où bien des maximes qu’on a crues contradictoires se rejoignent et se concilient. […] En l’écrivant, Vauvenargues ne songeait certes pas à faire son portrait ; mais il se retraçait et se proposait son plein idéal à lui-même : Quand je trouve dans un ouvrage une grande imagination avec une grande sagesse, un jugement net et profond, des passions très hautes, mais vraies, nul effort pour paraître grand, une extrême sincérité, beaucoup d’éloquence, et point d’art que celui qui vient du génie, alors je respecte l’auteur : je l’estime autant que les sages ou que les héros qu’il a peints.

1438. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Quoique je sois venu trop tôt, je ne le regrette pas : j’ai vu Voltaire ; et, si je ne le vois plus, je le lis et il m’écrit. » À de tels accents on devinerait, quand il ne le dirait pas, la passion qui était encore la plus profonde et la plus fondamentale chez Frédéric, celle que Voltaire vivant personnifiait à ses yeux : « Ma dernière passion sera celle des lettres !  […] D’Alembert est dans la douleur, dans une douleur profonde et bien légitime : il a perdu Mlle de Lespinasse ; il va perdre Mme Geoffrin.

1439. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Une quantité de Piémontais, de Polonais, anciens militaires de l’Empire, et un moindre nombre de Français, se trouvaient réunis dans cette ville ; ils y furent organisés en légion, sous l’aigle et le drapeau tricolore, par le colonel Pacchiarotti, officier piémontais d’un grand caractère, et dont Carrel ne s’est jamais souvenu depuis qu’avec un sentiment profond : il le citait toujours quand il parlait des hommes créés pour commander aux autres hommes. […] L’ennui qu’il ressentait de ce travail ingrat fut profond ; il ne le dissimulait point à ses amis, et il l’a laissé glisser jusque dans les pages toutes pesantes de matériaux et où l’on chercherait vainement un seul éclair.

1440. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

On était en 1608, vers la fin de ce règne de Henri IV, alors dans toute sa plénitude et sa gloire, mais qui, après des troubles et des déchirements si profonds, avait eu le temps à peine de produire sa littérature propre. […] Je remarquerai seulement, pour achever notre vue de saint François de Sales, que Mme de Chantal, ainsi que tous ceux qui ont parlé de lui, n’oublient jamais un certain éclat que l’on voyait reluire sur son visage aux heures de recueillement et de prière, une splendeur radieuse qui, sous la contenance pacifique, trahissait l’émotion profonde du dedans.

1441. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

D’après l’étude profonde qu’en a fait l’historien de la Révolution, Bismarck serait un ambitieux, mais qui ne serait point animé de mauvais sentiments contre la France. […] Oui, il a eu le toupet de nous offrir, dans sa pitié profonde, Victor-Amédée, le seul et vrai roi des races latines.

1442. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Oui, il m’apparaît comme un de ces raisonneurs, à la fois profonds et légers de Balzac, donnant à ce qu’il dit — et ce qui ne m’avait jamais intéressé chez les autres, — un intérêt de roman. […] Un toupet en escalade, fait comme de cheveux en fil d’archal, un œil sans couleur, triangulairement voilé par l’ombre d’une profonde arcade sourcilière, et dans cet œil un regard d’aveugle.

1443. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Mais il y avait, au temps de Boileau, une cause extrinsèque, une cause profonde pour Boileau, fondée au moins sur un sentiment. […] brièvement voici : Il fallait d’abord comprendre la vérité profonde des tentatives antérieures et se demander pourquoi les poètes s’étaient bornés dans leurs essais de réforme.

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