C’est à cette rime-là qu’il a déclaré la guerre : Quand son esprit, poussé d’un courroux légitime, Vint devant la raison plaider contre la rime125 . […] Comme lecteur, il revendique son droit de blâmer les méchants vers, et de se choquer de ce qui choque le bon sens156 ; comme critique, il attaque les méchants poètes, à la seule condition de distinguer l’homme de l’auteur, et la vie de l’écrit157 ; comme poète, justiciable à son tour du lecteur et du critique, il s’impose, pour chaque droit qu’il a exercé, un devoir correspondant ; il se demande compte de ce qui le pousse à rimer, si c’est démangeaison ou inspiration véritable158; il se roidit contre toutes les difficultés de l’art159 ; scrupuleux jusqu’à la peur sur le choix des mots160, même alors qu’il plaît à tout le monde, il ne peut se plaire à lui-même161.
À l’égard de la signification des termes, je pense que c’est un abus d’en entasser un grand nombre pour un même mot, à moins qu’on ne distingue exactement la signification propre et précise d’avec celle qui n’est qu’une extension ou une métaphore ; ainsi, quand on lit dans un dictionnaire latin impellere, pousser, forcer, faire entrer ou sortir, exciter, engager, il est nécessaire qu’on y puisse distinguer le mot pousser de tous les autres, comme étant le sens propre.
Mais la lumière et la chaleur, qui jettent dans quelques cerveaux une espèce de folie tropicale, les agitent d’une fureur inapaisable et les poussent à des danses inconnues, ne versent dans son âme qu’une contemplation douce et reposée. […] Commerson et Paul de Kock qui les pousse à voir une pensée dans le choc fortuit de toute antithèse.
La Mettrie est un auteur sans jugement, qui a parlé de la doctrine de Sénèque sans la connaître ; qui lui a supposé toute l’âpreté du stoïcisme, ce qui est faux ; qui n’a pas écrit une seule bonne ligne dans son Traité du Bonheur, qu’il ne l’ait ou prise dans notre philosophe, ou rencontrée par hasard, ce qui n’est et ne pouvait malheureusement être que très-rare ; qui confond partout les peines du sage avec les tourments du méchant, les inconvénients légers de la science avec les suites funestes de l’ignorance : dont on reconnaît la frivolité de l’esprit dans ce qu’il dit, et la corruption du cœur dans ce qu’il n’ose dire ; qui prononce ici que l’homme est pervers par sa nature, et qui fait, ailleurs, de la nature des êtres, la règle de leurs devoirs, et la source de leur félicité ; qui semble s’occuper à tranquilliser le scélérat dans le crime, le corrompu dans ses vices ; dont les sophismes grossiers, mais dangereux par la gaîté dont il les assaisonne, décèlent un écrivain qui n’a pas les premières idées des vrais fondements de la morale, de cet arbre immense dont la tête touche aux cieux et les racines pénètrent jusqu’aux enfers, où tout est lié, où la pudeur, la décence, la politesse, les vertus les plus légères, s’il en est de telles, sont attachées comme la feuille au rameau, qu’on déshonore en l’en dépouillant ; dont le chaos de raison et d’extravagance ne peut être regardé sans dégoût que par ces lecteurs futiles qui confondent la plaisanterie avec l’évidence, et à qui l’on a tout prouvé, quand on les a fait rire ; dont les principes, poussés jusqu’à leurs dernières conséquences, renverseraient la législation, dispenseraient les parents de l’éducation de leurs enfants, renfermeraient aux Petites-Maisons l’homme courageux qui lutte sottement contre ses penchants déréglés, assureraient l’immortalité au méchant qui s’abandonnerait sans remords aux siens ; et dont la tête est si troublée, et les idées sont à tel point décousues, que, dans la même page, une assertion sensée est heurtée par une assertion folle, et une assertion folle par une assertion sensée ; en sorte qu’il est aussi facile de le défendre que de l’attaquer. […] Que Sénèque pousse son énumération aussi loin qu’il voudra, je persisterai dans la même réponse, et je lui dirai, d’après mon expérience, d’après l’expérience des bons et des méchants, que l’imitation d’une action vertueuse par la peinture, la sculpture, l’éloquence, la poésie et la musique, nous touche, nous enflamme, nous élève, nous porte au bien, nous indigne contre le vice aussi violemment que les leçons les plus insinuantes, les plus vigoureuses, les plus démonstratives de la philosophie. […] Si ces objets ne tiennent au stoïcien que comme son vêtement, je ne suis point stoïcien, et je m’en fais gloire ; ils tiennent à ma peau, on ne saurait me séparer d’eux sans me déchirer, sans me faire pousser des cris.
Le Monte-Cristo de Dumas n’est pas un caractère ; c’est une marionnette en frac que pousse le hasard, un personnage sans passions, sans intérêt, en dehors de toute société, de toute loi ; il n’est ni sot, ni spirituel, ni avare, ni prodigue, ni ambitieux, ni bon, ni méchant ; c’est une vengeance, une fatalité, une chose inventée pour motiver des inventions folles et des événements terribles. […] Les avantages de l’art d’imitation sont que, comme il répète les œuvres des maîtres que l’œil est depuis longtemps accoutumé à admirer, il est rapidement remarqué et estimé ; tandis que l’art qui veut n’être le copiste de personne, qui a l’ambition de ne faire que ce qu’il voit et ce qu’il sent dans la nature, ne parvient que lentement à l’estime, la plupart de ceux qui regardent les œuvres d’art n’étant point capables d’apprécier ce qui sort de la routine et atteste des études originales. » « C’est ainsi que l’ignorance publique favorise la paresse des artistes et les pousse à l’imitation. […] Edmond About vient d’être nommé premier commis de la maison Hachette afin d’empêcher l’introduction dans cette maison honnête, des livres dangereux qui poussent les sous-maîtresses à s’enfuir avec des sous-lieutenants.
Habituellement et toujours, il a dans sa vivacité à concevoir et à peindre, le besoin d’embrasser et d’offrir mille choses à la fois, ce qui fait que chaque membre de sa phrase pousse une branche qui en fait naître une troisième, et de cette quantité de branchages qui s’entrecroisent, il se forme à chaque instant un arbre des plus touffus.
j’étais sûr que tu me le pousserais dessus.
Cette constitution n’avait pas le caractère soldatesque et anarchique de la constitution des carbonari ; elle pouvait marcher sans chute par la bonne volonté du roi et par la sagesse de la nation ; mais les restes du carbonarisme voulurent la pousser à des désordres par des excès populaires.
Le premier mot de Job poussait l’esprit de l’homme mille et mille fois plus loin et plus haut que tout le savant verbiage du philosophe prussien : Ubi est Deus ?
L’oiseau des ténèbres a poussé toute la nuit des cris aigus ; quelques-uns prétendent que la terre, saisie de fièvre, a tremblé.
Il n’y a qu’un axiome toujours vrai et jamais trompeur : « Aspirez au mieux, et poussez-y le monde dans la proportion exacte de ce qu’il peut accepter et dans la proportion de votre force.
Il pousse la précision à tel point, que parfois il a été, du moins on l’a dit, jusqu’à prendre un modèle individuel441.
Dans ce temps-là, plus d’un grand dessein n’avait pas d’autre cause déterminante ; et comme les songes s’accommodent aux dispositions des esprits, en même temps que ceux du roi Louis IX le poussaient à prendre la croix, ceux de Joinville lui conseillaient de ne pas quitter son foyer.
Moi, qui ai toujours chéri la musique, sans inconstance et même sans infidélité, souvent aux pièces qui m’attachent le plus je me surprends à pousser de l’épaule, à dire tout bas avec humeur : « Va donc, musique !
Gounod de pousser la roue du char qui porte l’Œuvre de Wagner et sa fortune ; il fera preuve assurément d’une grandeur d’âme surhumaine.
L’être n’est plus seulement absorbé dans le présent et poussé par le passé : il fait l’avenir même sans le concevoir, par le besoin qu’il a de tel état qui n’est pas encore, par un certain nisus a fronte, non plus a tergo.
Ils s’étaient rencontrés un jour par hasard dans ce site solitaire, poussés par le même instinct de solitude et de contemplation ; ils y avaient passé des heures d’entretien et de lecture agréables l’un avec l’autre ; le lendemain ils s’y étaient retrouvés sans surprise, et, depuis, sans s’y donner jamais de rendez-vous, ils s’y rencontraient presque tous les jours.
Poussés par le désespoir, d’autres se retournent, se jettent en furieux sur leurs imprudents ennemis, et, les foulant aux pieds ou les étreignant dans leurs énormes trompes, en tirent une terrible vengeance.
Rama, dans son délire, ordonne à son écuyer de pousser son char vers le temple où il doit sacrifier aux dieux.
Les petites déclassées Les mêmes causes exactement qui ont jeté, il y a trente ans environ, dans la publicité et le journalisme des milliers de jeunes bourgeois sans fortune, instruits et mécontents, poussent, aujourd’hui, vers le théâtre, d’innombrables jeunes filles pauvres, de toute éducation et de toute condition.
Dans d’autres où le détail est poussé plus loin, & plus circonstancié, on court avec tant de rapidité qu’on ne laisse dans l’esprit du lecteur que des traces légeres qui s’effacent aisément.
Il a poussé cette fidélité d’interprétation jusqu’à traduire à la lettre certaines expressions injurieuses, que les honnêtes gens parmi nous n’employent guéres en public, même dans les plus fortes invectives : telles sont celles de Hellus, de Bellua, de Carnifex, que Ciceron met en œuvre contre Verrés, contre Pison, contre Antoine, & que Villefore rend tout simplement par celles-ci, brutal, bête féroce, bourreau, &c.
Mais le moyen le plus usité de pousser une profession au comique est de la cantonner, pour ainsi dire, à l’intérieur du langage qui lui est propre.
La matiere de l’iliade flattoit assez son amour propre pour imposer à son jugement ; il n’y voyoit que l’éloge de son tempérament emporté et de son inclination dominante pour la guerre, il se mettoit en secret à la place d’Achille ; cette longue suite de combats, si ennuyeuse pour la plûpart des lecteurs, avoit un charme toûjours nouveau pour lui ; et l’excès où j’ai déja remarqué qu’il poussa l’imitation d’Achille, prouve bien qu’il n’estimoit pas ce poeme, par les seuls endroits estimables. […] J’ai poussé souvent la hardiesse plus loin, j’ai retranché des livres entiers, j’ai changé la disposition des choses, j’ai osé même inventer : et c’est de cette conduite, si téméraire au premier aspect, qu’il me reste à rendre raison.
Pour une cause ou pour une autre, j’hésitais encore à pousser la leçon de ces maîtres jusqu’à ses dernières conséquences, et j’attendais sans doute Valéry. […] Le conflit entre les deux démons de la poésie et de la prose est poussé chez Valéry jusqu’aux suprêmes horreurs.
Sans être liée directement avec Port-Royal, elle inclinait de ce côté, et l’hypocrisie de la cour l’y poussait encore plus.
Ici cependant l’inconséquence du grand historien étonne l’esprit ; il fait une magnifique analyse de l’état de l’opinion en France après le meurtre du duc d’Enghien ; il flatte ou il raille les impulsions révolutionnaires qui ont poussé la France jusqu’à la République de 1793 ; il se déclare, avec une grande fermeté d’esprit, homme monarchique dans un pays dont tout le passé est monarchique, et qui se gouverne par ses habitudes plus que par sa raison.
Brutus avait mal raisonné en assassinant César ; il raisonnait aussi mal en se tuant lui-même ; c’était un sophiste éloquent et courageux, mais qui poussait toujours son sophisme jusqu’au sang.
Mon arrivée interrompit la conversation entre ces deux femmes, conversation qui paraissait être animée, quoique à voix basse, car l’une d’elles (l’inconnue) avait sur les joues cette coloration fugitive du sang en mouvement sur un fond de pâleur qui prouve qu’on a poussé tête à tête un entretien jusqu’à la lassitude.
Mais, lorsque la mort vient à frapper les hommes vendus aux plaisirs, qui se sont faits les esclaves infâmes de leurs passions, et, poussés aveuglément par elles, ont violé toutes les lois divines et humaines, leurs âmes, dégagées du corps, errent misérablement autour de la terre, et ne reviennent dans ce séjour qu’après une expiation de plusieurs siècles.
» Il pousse encore plus loin sa fermeté calme, et son défi consciencieux au peuple et aux juges.
Ce cardinal avait beaucoup de bontés pour moi ; il poussa l’amabilité jusqu’à me demander d’abord si j’avais l’intention de me mettre sur les rangs.
Le besoin de mouvement et de public la poussa bientôt au-delà du Rhin.
Il a poussé à l’extrême — car il est de l’espèce des génies excessifs — toutes les qualités et tous les défauts d’une race qui, après avoir écrit le premier Faust, croit devoir écrire le second, et à qui il ne faut pas moins de trois tragédies pour mettre en scène l’histoire de Wallenstein.
Ce qui l’avait poussé à fuir le monde, ce n’était certainement pas l’horreur de la réalité, l’horreur de la vie.
Samedi 29 novembre En feuilletant des lettres de ma mère, adressées à ma tante de Courmont, à Rome, et qui me sont communiquées, avec une lettre de mon frère, par la belle-fille de Mme de Courmont, je trouve cette lettre de ma mère, qui me reporte à un morceau ennuyeux et triste et douloureux de ma vie passée, qu’on voulait pousser à des choses, pour lesquelles j’étais bien peu fait.
Il pousse la charité divine jusqu’à pardonner au dieu jaloux la cause de tous ses malheurs.
Jérusalem pleura de se voir profanée ; Des enfants de Lévi la troupe consternée En poussa vers le Ciel des hurlements affreux.
Est-ce que tu vis même par aucune de ces illusions généreuses et juvéniles qui poussent l’homme en avant sur les routes de l’idéal, de la passion, de l’activité, de l’étude, et qui sont les mirages de la liberté et de la vertu ?
Le système de la multiplicité d’origine de nos races domestiques a été poussé à l’extrême et à l’absurde par quelques naturalistes.
Poussé plus loin, ils ne l’entendraient pas.
Il est inutile d’examiner ici en détail les beautés de ce chef-d’œuvre de l’esprit, et de montrer avec quel art Molière a peint un homme qui pousse la vertu jusqu’au ridicule, rempli de faiblesse pour une coquette, de remarquer la conversation et le contraste charmant d’une prude avec cette coquette outrée.
De nos jours, si l’on fomente les haines, si l’on pousse aux délations, si on suppose des injures, ou si on les aggrave, c’est qu’il en est de la frénésie des plaideurs comme des maladies épidémiques : celles-ci enrichissent les médecins, celle-là fait la fortune de l’avocat. […] J’estimais l’écrivain, mais je n’estimais pas l’homme ; et le mépris est un sentiment froid qui ne pousse à aucun procédé violent. […] Il eût poussé la stupidité à cet incroyable excès, que les scélérats devaient encore craindre Sénèque, du moins comme un spectateur austère. […] VIII ; et notez que Diderot aurait dû ajouter un fait curieux, et qui prouve à quel point Claude poussait l’impudence et le courage de la honte : c’est que cet empereur stupide ordonna des expiations pour l’inceste prétendu de Calvina et do Silanus, et que chacun s’en moquait, vu que celui qui les faisait faire avait contracté depuis peu un mariage incestueux. « Addidit Claudius, « sacra ex legibus Tulli regis, piaculaque apud lucum Dianæ per pontifices danda » ; irrideutibus cunctis, quod pœnæ procurationesque incesti id temporis exquirerentur. » (N.) […] On y voit les acclamations de joie et les imprécations de fureur que le peuple poussa tumultueusement à la mort de Commode, sous lequel il avait éprouvé toutes sortes de maux, et à l’élection de Pertinax, son successeur, dont il se promettait des jours plus heureux.
Ils comptent le pousser hors de France. […] Elle a poussé, dans plusieurs directions, de fortes ramures. […] Et un arbre pousse de tous côtés ses branches, ses rameaux, les enchevêtre et se dessine de telle sorte qu’il ne ressemble pas à un autre : son image ne se poserait pas sur l’image d’un autre. […] De même qu’un arbre sain lance de divers côtés ses rameaux, — et chacun d’eux obéit à la puissance de la sève, à la qualité de l’essence ; et tous composent l’arbre : la libre fantaisie de chacun d’eux est fidèle au dessin général, — ainsi le moi, au seizième siècle, pousse allègrement ses tentatives. […] Et il est patent que, si Gramont pousse Benedetti à faire vite, la politique intérieure l’y engage : il s’agit de ne point offenser, par des atermoiements, le pays et les Chambres ; en d’autres termes, l’opinion publique.
Le même besoin de traduire, par les procédés de leur art, la vie de l’émotion, ce besoin a très tôt poussé les peintres à sortir des limites de la reproduction toute réaliste de leurs sensations. […] Mallarmé n’est pas l’initiateur d’une poésie nouvelle : il est le dernier représentant de l’ancienne poésie : il n’a fait que pousser à leurs conséquences extrêmes les principes admis avant lui par tous les grands poètes français depuis la Renaissance. […] Il observera le monde en philosophe : il méditera des théories sur l’enchaînement des phénomènes réels, leur valeur métaphysique, leur provenance ; poussé encore à cette considération théorique par un croissant dégoût de la réalité qui l’entoure : ne la verra-t-il point faite pour d’autres hommes, en tout dissemblables de lui ? […] Et nul doute qu’il eût poussé plus loin l’imitation de saint François, si les personnes de son entourage n’avaient réussi à lui interdire toute action.
Ne cherchons pas ailleurs le principe du développement de l’art siennois : il est dans cette disposition des esprits et des cœurs qui ne séparaient pas la Patrie et l’Église, dans ce civisme dévot qui répugne aux innovations, et c’est sa limite, — mais il double le présent, et c’est sa force, de toutes les volontés et de tous les enseignements du passé… V Comment, lorsqu’on est à Sienne, ne fût-ce qu’en souvenir, ne pas pousser jusqu’à San Gimignano « aux belles tours » où se voit, dans la chapelle de Santa Fina à la Collégiale, une fresque sublime de Ghirlandajo ? […] Tout jeune et prince héritier, il ne jure que par Bismarck, Il pousse si loin ses gestes de déférence que celui-ci va jusqu’à dire, rapporte Busch : « C’en est trop, son grand-père n’aurait pas fait cela ! […] Les arbres séculaires ont poussé en toute liberté, mais ils ont été choisis, à cause de la place où ils avaient grandi, pour être conservés d’après l’intention de l’artiste, qui voulait que les abords de cet asile d’ombre et de silence ressemblassent à ceux de l’intérieur d’une cathédrale.
Letronne, qui le poussait et le patronnait, lui demanda un jour : « Qu’est-ce donc que ce livre allemand que vous imprimez et dont on parle ?
C’est le vent d’Afrique qui les pousse devant lui avec une haleine enflammée ; ils volent, ils roulent sur eux-mêmes en grondant, jettent des éclairs devant eux… — « Ô madame !
Voltaire s’éprit de Virgilius-Delille (il était fort en sobriquets), et écrivit à l’Académie française pour l’y pousser (4 mars 1772) : « Rempli de la lecture des Géorgiques de M.
« En se retirant désespérée, donn’Elvira pousse un cri d’effroi dans la coulisse, qui se propage dans l’orchestre et en agite les profondeurs.
« Ses compagnes, répandues autour de son lit, poussaient des sanglots et versaient des torrents de larmes.
Ceux qui seront curieux de s’en convaincre n’ont qu’à jeter les yeux sur les notes qu’on a mises à la tête de chaque King dans la grande édition du palais ; ils verront avec surprise qu’on n’a jamais poussé si loin les recherches et la critique pour aucun livre profane.
Les étrangers, rançonnés ou enlevés dans les cavernes des montagnes, poussaient des cris de terreur et d’indignation.
Ces génies ne poussent qu’en plein air, ou en plein champ, ou en pleine mer.
Des cris de détresse poussés par une voix de femme dans l’épaisseur du bois l’attirent, l’épée à la main, de ce côté.
XVI Rentré à Rome, Cicéron y vécut quelques années dans l’ombre, ne s’attachant à aucune des factions qui divisaient la république, ne faisant cortège à aucun des chefs de parti dont la faveur poussait les jeunes gens aux candidatures, et ne sollicitant rien du peuple.
Quand ils croiront être à bout et n’en pouvoir plus, tout d’un coup ils pousseront des ailes semblables à celles d’un aigle ; ils courront et ne se lasseront point, ils marcheront et ils seront infatigables.
« Ainsi garrotté comme un malfaiteur, dépouillé de son épée, de ses pistolets (car on poussa l’indignité jusqu’à fouiller ses poches), il est conduit immédiatement au château de Vincennes.
Il vit ou il crut voir que ses élans passionnés dans Werther, que ses aspirations désordonnées dans Faust, poussaient l’humanité hors de sa sphère en faisant rêver aux peuples des destinées supérieures à ce qu’ils peuvent atteindre ici-bas.
De même l’arménien moderne semble avoir beaucoup plus de syntaxe et de construction synthétique que l’arménien antique, qui pousse très loin la dissection de la pensée.
Faut-il pousser le darwinisme jusqu’à concevoir une sorte de jeu de dés où les circonstances fortuites et extérieures détermineraient seules la liaison du plaisir avec la vie ?
Kahn poussait à l’extrême les recherches de Becq de Fouquières, en multipliant et en subtilisant les « accélérations et les retards », que le précédent disait pouvoir être introduits dans le poème.
Mac-Mahon, de son côté, avait résisté aux obsessions de Rouher et de Saint-Paul, qui voulaient le pousser en avant.
Dimanche 18 décembre On pousse la porte du grenier… c’est Burty redivivus, tristement redivivus.
Ils disoient que, pour être juge recevable, il lui auroit fallu des connoissances qu’il n’avoit pas ; que son incapacité déposoit contre son équité ; qu’il connoissoit aussi peu les beautés que les défauts des anciens ; qu’il avoit multiplié le nombre des derniers bien au-delà du vrai, & qu’il avoit même poussé la mauvaise foi jusqu’à créer plusieurs de ces défauts.
Nous ne les pousserons pas de l’épaule, n’étant plus au XVIIe siècle ; nous attendrons que leur Ame raisonnable par rapport à elle-même et aux simulacres qui entouraient leur vie, se soit arrêtée (nous n’avons pas attendu d’ailleurs), nous deviendrons aussi des hommes graves et gros et des Ubus et après avoir publié des livres qui seront très classiques, nous serons tous probablement maires de petites villes où les pompiers nous offriront des vases de Sèvres, quand nous serons académiciens, et à nos enfants leurs moustaches dans un coussin de velours ; et il viendra de nouveaux jeunes gens qui nous trouveront bien arriérés et composeront pour nous abominer des ballades ; et il n’y a pas de raison pour que ça finisse.
Tout y est pesé, prévu ; depuis le char du pauvre dans le but d’exagérer sa grandeur par cette simplicité et de gagner la sympathie de la foule toujours gobeuse, jusqu’aux cancans sur le million qu’il léguait pour un hôpital, sur les 50 mille francs pour ceci, et les 20 mille pour cela, dans le but de pousser le gouvernement à la générosité et d’obtenir des funérailles triomphales sans bourse délier.
Enfin les enfants sont beaux dans leur innocence, beaux dans leur ignorance de la signification du bruit de la porte qu’on mure sur eux, beaux dans leur songe quand ils rêvent la nourriture, beaux dans leur silence pour ne rien reprocher à leur malheureux père, beaux dans leur cri pour lui offrir leur propre corps, qui lui appartient, à dévorer ; beaux dans leur délire quand, s’adressant encore à lui comme à une Providence, ils lui demandent pourquoi il les laisse mourir ainsi sans secours ; beaux enfin dans ce dernier mouvement filial de leur agonie qui les rapproche de lui et les pousse à se coucher sur ses pieds pour mourir à son ombre.
Ma sensibilité et mon imagination, qui me poussaient violemment à l’action sous toutes les formes, auraient été refoulées en moi, et elles auraient fait explosion par quelque grande œuvre poétique.
Alors, si cette perception évoque tour à tour des souvenirs différents, ce n’est pas par une adjonction mécanique d’éléments de plus en plus nombreux qu’elle attirerait, immobile, autour d’elle ; c’est par une dilatation de notre conscience tout entière, qui, s’étalant alors sur une plus vaste surface, peut pousser plus loin l’inventaire détaillé de sa richesse.
Les opinions politiques de Benjamin Constant durant cette fin d’année 1794 se poussent, s’acheminent de plus en plus dans le sens indiqué, et concordent parfaitement avec celles qu’il produira deux ans plus tard, en 96, dans ses premières brochures : « La politique française, écrit-il agréablement à Mme de Charrière (14 octobre 1794), s’adoucit d’une manière étonnante. […] C’est bien moins le blâmer avec dureté que nous voulons en tout ceci, que l’étudier moralement et pousser jusqu’au bout l’exemple.
Et le réveil de ce sentiment, le besoin à nouveau surgi d’indépendance et de personnalité se concentrent, à propos de la révolution religieuse, dans la Réforme du xvie siècle. « Luther — c’est le même écrivain qui parle — est le symbole populaire de la liberté germanique… A la voix de Luther, la consécration antique tombe en poudre ; les esprits s’éveillent pour fournir une nouvelle carrière… Rome, cette Rome toujours exécrée des Saxons, cette Rome au nom de laquelle Charlemagne les a écrasés et étouffés dans leur sang, est abjurée par eux. » Pour Quinet, la voix de Luther c’est « la nature du vieux Germain qui se réveille » et qui pousse « l’ancien cri de guerre des Barbares ». […] Là où le terrain était riche et l’air sain, l’idée nouvelle a germé et s’est épanouie largement, tandis que là où elle n’a pu trouver dans le sol même son indispensable nourriture, elle n’a poussé que quelques maigres tiges vite étiolées. […] Je n’entends pas non plus pousser l’argument à l’extrême et prétendre qu’une nation sans un seul intellectuel, posséderait par ce fait même l’absolue primauté.
c’est toi la courtisane, C’est toi qui dans ce lit as poussé cet enfant Que la Grèce eût jeté sur l’autel de Diane ! […] Tout le poussait de ce côté, son goût et son intérêt. […] Un jour qu’ils se promenaient tous deux, ils avaient poussé jusqu’au réservoir des eaux du Parc, qui touchait la forêt de Montmorency, et où était un joli potager, avec une petite loge fort délabrée, qu’on appelait l’Ermitage. […] Et ils le trouvent bizarre, mais sympathique, et ils l’accablent de caresses. — Est-ce donc qu’ils poussent la générosité et l’abnégation jusqu’à se vouloir détruire eux-mêmes ? […] Rousseau pousse si loin ce sentiment (déjà exprimé dans la Lettre sur les spectacles et ailleurs) qu’il ne retient pour les filles absolument aucun des procédés qu’il applique à l’éducation des garçons ; comme si les deux sexes n’avaient intellectuellement rien de commun, et comme si rien de ce qui convient à l’un ne pouvait convenir à l’autre.
Et de cette façon Shakespeare, de 1830 à 1860, fut poussé au pinacle par tout le monde : par les romantiques, parce qu’ils l’admiraient pour lui-même, et par les classiques parce qu’ils l’admiraient contre Hugo, par tactique et avec une pensée de derrière la tête. […] Corneille, pour avoir perdu du temps à raisonner et n’avoir pas poussé assez loin les facultés d’analyse, admirables, du reste, qu’il avait en lui ; Racine pour avoir, Athalie mise à part, restreint ses facultés d’analyse sur les passions de l’amour et de l’ambition ; et certes, là, il s’est montré étonnant ; mais tout compte fait, le registre n’est pas assez étendu et le domaine a été, volontairement, trop circonscrit ; et quel dommage, étant données la finesse et la pénétration de cet homme-là ! […] Ce ne sont pas là de simples coïncidences ; ce qui arrive d’ordinaire dans ces affaires, c’est que l’un des deux auteurs apprend que l’autre traite tel sujet ; l’émulation le pousse à le traiter lui-même, surtout quand il y a inimitié entre eux. […] Corneille, après quatre ans de silence, agacé par le succès d’Andromaque et de Britannicus, a pu vouloir jouter avec Racine ; mais s’il n’avait pas été poussé par quelqu’un, c’eût été avec une pièce imaginée par lui et de son cru qu’il aurait engagé la lutte.