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2293. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Louis XV, lui-même, qui n’était pourtant pas encombré de scrupules et qui n’exigeait pas que le plaisir fût extrêmement respectueux pour sa majesté sacrée, Louis XV régna toute sa vie sous l’Étiquette et n’essaya même jamais de s’en affranchir. […] Je n’écrirai donc rien sur la muraille de ce Balthazar gaulois qui méprise le sot plaisir de polluer les vases du saint temple et qui s’enivre joyeusement avec ses optimates et ses concubines dans des patères toutes modernes, moins faciles à profaner. […] Un groupe nu de vierges enfants, irrémissiblement vouées à l’enfer de la luxure et marquées inexorablement pour les quatre lupanars : le lupanar de la Curiosité, le lupanar du Plaisir, le lupanar de l’Orgueil et le sinistre lupanar de l’Avarice. […] — « Dieu est l’auteur de la souveraineté et de la société civile ; — ceux qui sont revêtus de la souveraineté doivent être regardés comme les coopérateurs ou les ministres de Dieu ; — Il est absolument faux que les peuples aient le droit de secouer l’obéissance selon leur bon plaisir. » À coup sûr, un haussement d’épaules national sera tout l’effet de cette clameur paternelle sur notre république de gâteux superbes et l’antique honneur de la France, nullement réconforté, continuera de gir et d’agoniser par terre, assassiné par des banquiers et des Vénérables. […]         Frères et Compagnons         De la Maçonnerie,         Sans chagrin, jouissons         Des plaisirs de la vie.

2294. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Il y a du plaisir avec lui, disait Gui Patin, parce qu’il est le plus savant de longue robe qui soit en France. — Il sait les poètes grecs par cœur, Plutarque, Cicéron et Tacite, qui ne sont pas des mauvais originaux.

2295. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Si Bonaparte, comme je vous le disais hier, m’avait donné un beau livre de six francs, par exemple les campagnes de Bonaparte en Italie, avec ces mots de sa main : Donné par Bonaparte à Roederer, en témoignage d’estime ou d’amitié, il m’aurait fait un plaisir très sensible. — Mais d’où peut provenir celle idée de présent, et de présent précieux ?

2296. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Laissons d’autres s’exalter dans des admirations exagérées qui portent à la tête et qui tiennent d’une légère ivresse : je ne sais pas de plaisir plus divin qu’une admiration nette, distincte et sentie.

2297. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Ainsi armé et s’enhardissant sous le casque et le bouclier d’autrui, il dit tout sur son compte ; il s’y confesse résolûment et sans pitié sur sa sauvagerie, sa misanthropie ou sa promptitude à s’effaroucher, sa fuite du monde, sa rétivité, son goût absolu de l’indépendance, sa délicatesse extrême qui le rendait plus sensible encore au mal qu’au bien, et qui lui faisait dire avec Bernardin de Saint-Pierre : « Une seule épine me fait plus de mal que l’odeur de cent roses ne me fait de plaisir. » C’est aussi avec des phrases d’auteurs célèbres qu’il répondait tout bas à ceux qui lui reprochaient de prendre pour texte de sa critique d’aussi minces et aussi ingrats sujets que ceux qu’il semblait affectionner : « L’explication de ce qu’on appelle ma modestie est, disait-il, dans ce vers de Plaute (Amphitryon, acte premier, scène première) : « Facit ille… Il fait là ce que ne font pas ordinairement les hommes, il se rend justice. » « — Pourquoi ne rien faire de plus important ?

2298. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

« Il se cramponna à cette ville, nous dit énergiquement l’une des victimes, comme le créancier se cramponne au débiteur ; il l’aima comme les amants aiment les lieux où ils ont goûté les plaisirs que donne l’amour.

2299. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

La vie n’est ni un plaisir ni une douleur, c’est une affaire grave dont nous sommes chargés, et dont notre devoir est de nous acquitter le mieux possible… Il y a encore une des chimères de la première jeunesse contre laquelle il est bien important de se prémunir.

2300. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

J’ai souvent remarqué avec plaisir, dans l’édition Clarke-Ernesti d’Homère, qu’il y est fait mention de la plupart des circonstances historiques mémorables où les vers d’Homère ont joué un rôle moyennant quelque allusion ou citation heureuse, par exemple dans la bouche d’un Épaminondas, d’un Xénocrate ou d’un Alexandre.

2301. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Il y a bien du plaisir à penser qu’on ne pense point.

2302. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Mais la réalité, nous la voyons, et la beauté morale de sa nature s’y montre à nu en toute sincérité : « (8 août 1847)… Mon bon frère, ton ami Devrez80, qui, va partir pour nos chères Flandres, se charge avec plaisir de nos t’adresses et d’un petit paquet pour toi.

2303. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Les plus vifs, les plus passionnés tirent de cette succession mobile une sorte de plaisir passager, enivrant, qui réduit sur eux l’impression de chaque idée nouvelle au charme d’une sensation ; ils s’éprennent et se détachent tour à tour, ils épousent presque un système nouveau comme Aristippe une courtisane, sachant qu’ils s’en lasseront bientôt : c’est une manière d’épicuréisme sensuel et raffiné de l’intelligence.

2304. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Un autre Bernois du siècle passé, qui tenait au français par le pays de Vaud, avait fait, dans un poëme intitulé Vue d’Anet, ces vers dignes de Chaulieu : Quittons les bois et les montagnes ; Je vois couler la Broye6 à travers les roseaux ; Son onde, partagée en différents canaux, S’égare avec plaisir dans de vastes campagnes, Et forme dans la plaine un labyrinthe d’eaux.

2305. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Je l’ai lu avec un plaisir complet.

2306. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

M.Mignet a plus fait pour Louis XIV que tous les panégyristes : il nous a ouvert l’intérieur de son cabinet et l’a montré au travail comme roi, judicieux, prudent dès la jeunesse, invariablement appliqué à ses desseins et ne s’en laissant pas distraire un seul instant, au cœur même des années les plus brillantes et du sein des pompes et des plaisirs.

2307. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Avant d’aller plus loin l’on demanderait, peut-être, une définition du bonheur ; le bonheur, tel qu’on le souhaite, est la réunion de tous les contraires, c’est pour les individus, l’espoir sans la crainte, l’activité sans l’inquiétude, la gloire sans la calomnie, l’amour sans l’inconstance, l’imagination qui embellirait à nos yeux ce qu’on possède, et flétrirait le souvenir de ce qu’on aurait perdu ; enfin, l’inverse de la nature morale, le bien de tous les états, de tous les talents, de tous les plaisirs, séparé du mal qui les accompagne ; le bonheur des nations serait aussi de concilier ensemble la liberté des républiques et le calme des monarchies, l’émulation des talents et le silence des factions, l’esprit militaire au-dehors et le respect des lois au-dedans : le bonheur, tel que l’homme le conçoit, c’est ce qui est impossible en tout genre ; et le bonheur, tel qu’on peut l’obtenir, le bonheur sur lequel la réflexion et la volonté de l’homme peuvent agir, ne s’acquiert que par l’étude de tous les moyens les plus sûrs pour éviter les grandes peines.

2308. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Qualités et défauts, tout en eux était « sociable », fait pour l’usage et le plaisir du plus grand nombre : tout destinait leurs œuvres à réussir dans le monde autant qu’en France.

2309. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Entre tous les plaisirs de l’esprit, celui du théâtre est le plus sensible et le plus intense pour un tel public, grossier et homogène, composé par conséquent d’individus en qui vibre plutôt l’âme commune des foules que les impressions uniques d’une âme personnelle.

2310. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Fournisseur ordinaire du Gymnase depuis sa fondation (1820), applaudi souvent à la Comédie-Française, il offre à la bourgeoisie exactement le plaisir et l’idéal qu’elle réclame : elle se reconnaît dans ses pièces, où rien ne déroute son intelligence.

2311. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Il pourrait bien la mettre à mal : mais il est honnête homme au fond, et il éprouve quelque plaisir à se trouver dans une situation contraire à celle où il a été toute sa vie.

2312. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

D’un côté l’éducation répressive, à l’ancienne mode : une jeune fille élevée dans l’isolement et comme cloîtrée depuis son enfance ; sevrée des plaisirs du monde et même de rubans ; habituée à n’avoir rien à elle, surtout une volonté ; maintenue dans l’innocence à force d’ignorance, munie pour toute règle de conduite de préceptes sur la façon de se bien tenir et de faire gracieusement la révérence, préceptes mondains auxquels se mêlent quelques pieuses leçons sur la nécessité d’obéir à ceux qui ont reçu du ciel le droit de commander.

2313. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

A mesure que j’ai découvert des noms estimables, je me suis fait un plaisir de les faire connoître ; & ceux de nos Auteurs vivans qui ont ajouté par de nouveaux Ouvrages, soit à la gloire qu’ils s’étoient déjà faite, soit à la séduction dangereuse contre laquelle les Esprits droits doivent se tenir en garde, verront que je n’ai perdu de vue aucun moyen de rendre justice aux talens, ni négligé aucune des précautions qui peuvent en prévenir l’abus.

2314. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Devenu riche, il veut jouir : le voilà pris du goût des scandales et des plaisirs de haut vol. 

2315. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

il a eu sa part, ce qu’il voulait avant tout, les plus beaux rôles, et le plaisir d’en faire fi, et de dire qu’il en aurait eu un bien plus beau encore si l’on avait voulu.

2316. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Il méprisait l’homme, ce « vil roi de l’univers » ; il le croyait sot, destiné de tout temps à toutes les sottises, et il jouissait de le lui dire en face ; il prenait plaisir à salir le genre humain, à la veille de le vouloir régénérer.

2317. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Oui, il y a eu un sursis de six mois accordé à de malheureux captifs, dont on a gratuitement aggravé la peine de cette façon en les faisant reprendre à la vie ; puis, sans raison, sans nécessité, sans trop savoir pourquoi, pour le plaisir, on a un beau matin révoqué le sursis, et l’on a remis froidement toutes ces créatures humaines en coupe réglée.

2318. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

À côté des corporations professionnelles et industrielles, comme celle des fabricants de toiles de Lyon ou celle des nautes de la Seine, foisonnent les groupements qui n’ont en vue, suivant la distinction du Digeste, que « l’intérêt ou le plaisir de leurs membres ».

2319. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Les jeux et les plaisirs sont fatigants, comme la lutte, la course.

2320. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Heureux ceux, heureux deux amis qui s’aiment assez, qui veulent assez se plaire, qui se connaissent assez, qui s’entendent assez, qui sont assez parents, qui pensent et sentent assez de même, assez ensemble en dedans chacun séparément, assez les mêmes chacun côte à côte, qui éprouvent, qui goûtent le plaisir de se taire ensemble, de se taire côte à côte, de marcher longtemps, longtemps, d’aller, de marcher silencieusement le long des silencieuses routes. […] Et avant le vers terrible : Non, je vous priverai de ce plaisir funeste, Madame : il ne mourra que de la main d’Oreste. […] Qu’au demeurant cette phrase montée en épingle, et sur laquelle on s’extasie dans les pensionnats : Un horizon fait à souhait pour le plaisir des yeux était la phrase que je haïssais le plus de toute la littérature française ; et de toutes les littératures que je connais ; et de celles que je ne connais pas. […] avec plaisir je me faisois conter Tous les noms des pays que vous allez dompter ; (Comparez la dure, la rude et presque insolente réponse, on oserait presque dire la mise à sa place, la rétorquation, le retorquement, la réfense, la remise en place de Rodrigue à son père, après, quand il s’est revêtu du droit de la faire, quand il a commencé par faire son devoir, presque insolente, si ensemble, si fondu, si loyalement respectueuse et presque insolente. […] Jamais je n’ai eu autant de plaisir à me sentir les mains liées.

2321. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Sully Prudhomme, une habitude prise qui traduit en plaisir certains groupements de syllabes suivant des rythmes familiers. […] Pour moi (et c’est là que le sentiment individuel a toute sa part), j’admets toutes les formes possibles, pourvu qu’elles me charment, Or, moi seul, je serai juge du plaisir que j’aurai.

2322. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Mais Stendhal n’avait pas tort, lui non plus, quand il écrivait en 1824 : « Le romanticisme est l’art de présenter aux peuples les œuvres littéraires qui, dans l’état actuel de leurs habitudes ou de leurs croyances, sont susceptibles de leur donner le plus de plaisir possible » [Cf.  […] « Nous sommes perdus, s’écrie-t-il dans la Préface qu’il met en 1868 à son Fils naturel, et ce grand art de la scène va s’effilocher en oripeaux, paillettes et fanfreluches ; il va devenir la propriété des saltimbanques et le plaisir grossier de la populace, si nous ne nous hâtons de le mettre au service des grandes réformes sociales et des grandes espérances de l’âme. » Et, lui-même, prêchant d’exemple, il n’aura pas en effet de plus constante préoccupation désormais que de travailler à ce qu’il appelle, d’un nom d’ailleurs assez bizarre, « la plus-value de l’humanité ». N’est-ce pas dommage, après cela, que le naturaliste qu’il avait été dans sa jeunesse ait trop souvent contrarié le moraliste ou le moralisateur qu’il a fait vœu d’être ; que son style, toujours vivant, mais brutal et banal à la fois, se sente jusqu’à son dernier jour des lieux ou des milieux qu’il avait autrefois fréquentés ; et que ses honnêtes femmes, et surtout ses raisonneurs, — qui les uns et les autres concluent mieux qu’ils ne raisonnent, — semblent prendre un plaisir inconscient et paradoxal à célébrer les « espérances de l’âme » dans le langage assez cru de sa Suzanne d’Ange ou de son Albertine de la Borde ? […] 1º De 1824 à 1837. — C’est la période des Portraits littéraires et des Portraits contemporains ; — période militante et active, — où, quand sa critique ne lui sert pas d’un moyen pour satisfaire des rancunes ; — et distribuer les rangs par rapport à celui qu’il a lui-même la prétention d’occuper comme poète ; — elle n’est guère que le journal de ses impressions personnelles ; — et en ce sens purement romantique. — Mais il semble déjà que, dans la nature de ses impressions personnelles, — la curiosité de connaître les conditions des œuvres, — tienne plus de place que la satisfaction d’en dénoncer les défauts ; — que le besoin de les juger ; — ou que le plaisir même d’en jouir ; — et ainsi, d’une critique purement subjective, — se dégage et déjà se détache, — une critique psychologique, — dont la tendance est de subordonner l’étude ou l’examen des « œuvres » à la connaissance des « auteurs », — et de la manière dont ils ont vécu. — Nouveauté de ce genre de critique à sa date ; — et qu’il n’était pas sans analogie avec la nature des investigations que Balzac donnait pour objet à l’art du romancier ; — ce qui explique peut-être l’acharnement de la guerre qu’ils se sont faite l’un à l’autre —  Rara concordia fratrum ! […] España ou, en prose, le Roman de la momie] — la révolution « pittoresque », annoncée ou pressentie mais non pas réalisée par Sainte-Beuve. — Il y a un art de voir ; — et, indépendamment de l’émotion qu’elles nous procurent, il y a dans les choses, — .et surtout dans les choses humaines, — ce que d’autres, avant nous, y ont mis. — C’est ce qu’il y faut tacher de voir ; — et, sans nous soucier de nous ni de notre plaisir, — en savoir dégager « sous l’aspect de l’éternité ».

2323. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

« Permettez-moi, monsieur, de saisir cette occasion pour vous dire avec quel    plaisir j’ai lu    ces    pages    que vous avez consacrées au Père Lacordaire.

2324. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

je ne veux pas mourir ici, je veux mourir au soleil. » Jusqu’à son dernier mot, on put voir qu’Horace n’était pas seulement un talent, mais une nature ; et c’est à ce titre que nous nous sommes fait un plaisir et un devoir sérieux de l’étudier.

2325. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

C’était un charme alors d’ouïr cette voix harmonieuse et dorée qui semblait celle de la sirène : c’est plaisir encore aujourd’hui de lire ou de parcourir ces premiers rapports, tracés d’une plume élevée et brillante : on se sent véritablement dans une sphère étendue et supérieure où la lumière se joue.

2326. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Béranger, le poëte, me disait un jour qu’une fois que les hommes, les grands hommes vivants, étaient faits types et statues (et il m’en citait quelques-uns), il fallait bien se garder de les briser, de les rabaisser pour le plaisir de les trouver plus ressemblants dans le détail ; car, même en ne ressemblant pas exactement à la personne réelle, ces statues consacrées et meilleures deviennent une noble image de plus offerte à l’admiration des hommes.

2327. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

On se plaint souvent que la littérature actuelle ne soit pas plus forte, plus élevée, plus semblable à celle des siècles précédents, des grandes époques précédentes : je ne sais ce que ces plaintes ont de fondé ; nous sommes trop juge et partie peur avoir voix au chapitre dans la question ; mais, en admettant le fondé du reproche, comment voulez-vous que la littérature, la véritable, celle qui a son inspiration propre, celle qui n’est animée ni du désir du gain ni de l’ambition des honneurs, mais qui a sa verve naturelle, originale, son goût de fantaisie ou de vérité, et d’une vérité piquante et parfois satirique (car ce ne sont pas les sujets qui manquent), comment voulez-vous que cette littérature qui sacrifie tout à elle-même, à sa propre satisfaction, au plaisir de rendre avec art, avec relief, et le plus excellemment possible ce qu’elle pense, ce qu’elle voit et dans le jour sous lequel elle le voit, comment voulez-vous qu’elle ait toute sa vigueur, sa joie, sa fierté et son indépendance, si, à tout moment, l’écrivain qui tient la plume a à se faire cette question : « Aurai-je affaire ou non à messieurs du parquet, à messieurs de la police correctionnelle ? 

2328. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

— Pas d’autre, répondis-je, que le beau temps et le plaisir de voir Kalender.

2329. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Elle découvre à Marius, pour lui faire plaisir et mériter quelque chose de lui en le servant contre elle-même (charmante et délicate inconséquence du cœur), elle lui découvre la maison cachée de la rue Plumet qu’habite Cosette.

2330. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il vit les libres compagnies, les comédiennes ; il éprouva les plaisirs et les passions.

2331. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Ce vague qui plane sur l’objet de ses études, cette nature sporadique, comme disent les Allemands, cette latitude presque indéfinie qui renferme sous le même nom des recherches si diverses, font croire volontiers qu’il n’est qu’un amateur, qui se promène dans la variété de ses travaux et fait des explorations dans le passé, à peu près comme certaines espèces d’animaux fouisseurs creusent des mines souterraines, pour le plaisir d’en faire.

2332. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Si l’harmonie est une science fermée, c’est-à-dire une science où les règles, posées une fois pour toutes, ont la valeur d’axiomes et ne sauraient être transgressées, Wagner doit être regardé comme un pitoyable harmoniste ; si, au contraire, elle a le droit d’étendre son domaine, et, sans gâter pour cela le plaisir exigé par l’oreille, de s’enrichir de conquêtes nouvelles, Wagner offre en ses travaux une matière digne d’intérêt.

2333. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Les auditeurs des concerts Lamoureux s’accoutument aux procédés wagnériens, et leur oreille prend même plaisir (unwillkurlich !)

2334. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Il omet, par exemple, le plaisir et la peine qui sont les éléments inséparables de toute sensation, et déterminent toute action.

2335. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Les Jeunes gens apprendront à son école à secouer le joug du devoir, à répéter des blasphêmes, à triompher de leurs déréglemens : les Gens de Lettres, à peu respecter les modeles, à déguiser leurs larcins, à violer les regles, à oublier les bienséances, à se déchirer sans égard : les Nations à abandonner leurs principes, leurs loix, leur caractere, pour se repaître d'idées frivoles, de vûes chimériques, de goûts fantasques & passagers ; à préférer à leur intérêt, à leur gloire, à leur repos, l'attrait du plaisir, les honneurs du persiflage, & les charmes de la constance.

2336. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Il dit qu’il y a un « homme intérieur » souvent très différent de « l’homme social » ; or, ajoute-t-il, on ne peut connaître cet homme intérieur que par les actes libres et non intéressés de l’individu, par le choix de ses plaisirs, par le jeu de ses facultés inutiles.

2337. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Je prendrais un grand plaisir, monsieur et cher confrère, à causer un peu à fond avec vous des questions qui, malgré la diversité de nos occupations habituelles, nous préoccupent également l’un et l’autre.

2338. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Vous lirez avec plus de plaisir les Discours historiques, critiques, théologiques & moraux sur les événemens le plus remarquables de l’ancien & du nouveau Testament, par Mrs.

2339. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Même, dans certains cas, c’est l’absence de douleur ou bien encore le plaisir qui sont les symptômes de la maladie.

2340. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Sous le nom fort acceptable de sensations internes, Bossuet comprend bien les souvenirs sensibles et les imaginations sensibles, mais aussi des phénomènes tout différents, comme les opérations du sens commun, peut-être même le plaisir et la douleur.

2341. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Au milieu de ces erreurs et même de ces folies, ornées et passementées d’un talent devenu plus rare et plus souvent interrompu, il y a cependant moins d’erreur complète et compacte, moins d’erreur radicale, d’une seule pièce, que dans ce livre de l’Amour, où tout est faux, intégralement faux jusqu’à l’axe, puisqu’en vue du seul plaisir physiologique on y change la destination hiérarchique de la femme et on y bouleverse l’organisme de la famille, fait de main divine.

2342. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Il a résisté, lui volontiers descriptif et sûrement amoureux, au plaisir de dire que son héroïne portait bien la toilette.

2343. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Quand le vaisseau étoit arrivé à bon port, on députoit ce jeune homme pour porter à ces Druidesses des présents plus ou moins considérables ; une d’entre elles alloit se baigner avec lui dans la mer, & recevoit ensuite les prémices de son adolescence, en l’initiant aux plaisirs qu’il avoit jusqu’alors ignorés ; le lendemain, en s’en retournant, il s’attachoit sur les épaules autant de coquilles qu’il s’étoit initié de fois pendant la nuit*.”

2344. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Elles sont bien détournées, en effet, et, comme dit Bossuet : « Le chant de Salomon est tout délice ; partout des fleurs, des fruits, la douceur du printemps, les jardins verdoyants et arrosés, les eaux courantes, les puits, les fontaines, les parfums composés avec art, ou nés du sein de la terre ; et encore, les colombes, la mélodie des tourterelles, le miel, le lait, le vin : puis, dans les deux sexes, la dignité et la grâce ; des amours aussi pures que charmantes : et, si quelque horreur s’y mêle, les rochers, l’aspect sauvage des montagnes, l’antre des lions, c’est encore afin de plaire, et comme un contraste pour varier et rehausser l’éclat du tableau. » Le pieux évêque, en résumant ainsi le Cantique des cantiques, y supprime des libertés de langage bien plus vives, et qui cependant n’excluent pas cet idéal religieux que, dans une poésie plus moderne, l’Orient a souvent allié aux attraits du plaisir et de la passion.

2345. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Que maintenant, parmi les fêtes et les chefs-d’œuvre des galeries de Florence, Médicis, nourri des pensées de Platon, les ait redites parfois en strophes élégantes ; que Politien ait retrouvé, dans ses deux langues natales, quelque chose de l’harmonie d’Horace et de sa curieuse hardiesse d’expression, ce sont des plaisirs délicats pour le goût, des sujets pour l’étude, mais non de grandes influences qui aient agi sur la pensée et pris place dans l’histoire des lettres.

2346. (1888) Portraits de maîtres

Le roi Louis XVIII, quoi qu’en ait dit Jules Janin, témoigna hautement le plaisir que lui avait fait cette lecture, car il fit envoyer au jeune poète la collection des classiques latins de Lemaire et celle des classiques français de Didot. […] Comme tu es digne de ces plaisirs de l’intelligence que l’on a une fois, deux fois, et que l’on ne retrouve plus. […] De même quel jeune homme épris de poésie n’aurait profit et plaisir à redire ces strophes de prose onduleuse et sonore, comme notre langue, Chateaubriand mis à part, n’en connaissait plus depuis Pascal et Bossuet. […] Les plaisirs mêmes des souverains de l’Olympe lui ont paru indignes de ses convoitises. […] Au début de ce poème, le sultan Zim-Zizimi s’ennuie, saturé de plaisirs, de flatteries et de supplices.

2347. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Si donc il eût discerné dans Molière un ferment analogue de révolution et d’anarchie, le plaisir que lui procuraient les spectacles montés par l’auteur du Bourgeois gentilhomme n’aurait pas tenu devant cette évidence. […] « Le caractère le plus frappant pour qui étudie les conditions des personnes mêlées aux affaires de coco, c’est que “les possédés de la poudre folle”, me disait M. le docteur de Clérambaud, le distingué médecin de l’infirmerie du Dépôt, « sont tous des êtres de luxe et d’oisiveté, des jeunes gens de familles riches sans métier, — des individus adonnés au plaisir, et au plaisir nocturne, — les prostituées leurs compagnes, — les snobs de la grande vie de fête, qui se seraient jadis entonné du champagne et qui trouvent dans la drogue, d’abord la vanité d’une dépravation supérieure et aussitôt la joie réelle d’une stimulation. […] Les Allemands, qui s’y connaissent, ont créé le mot de Schadenfreude, — la joie du dommage, — pour exprimer ce féroce plaisir de nuire. […] S’il est un sacrifice auquel il convienne de l’inviter, c’est celui du plaisir bas et du luxe brutal.

2348. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

René Bazin, ces deux merveilles de sensibilité fine que tous les lettrés ont admirées : les Pèlerins d’Emmaüs et Quand le plaisir était fait d’illusion. […] Les uns et les autres, aristocrates ou grands bourgeois, sont trop près de l’ancien régime pour ne pas répugner à la servitude du métier, trop près aussi des persécutions dirigées contre l’Église et des splendeurs de son héroïsme pour ne pas sentir le prix des fortes convictions religieuses, et voilà se dessiner la physionomie d’un patricien, à demi campagnard, à demi citadin, qui trompe son oisiveté par les plaisirs, les élégances et les passions du monde ; mais ses croyances lui interdisent de s’y abandonner, en même temps que ses traditions font de lui un homme de foyer, comme aussi d’honneur, pour lequel les compromis de conscience sont un intolérable remords. […] » — « Je n’en sais rien », me répondit-il ; « mais ce qui me fait bien plaisir, c’est qu’elle a été gagnée. » Cette absence de cabotinage est encore une des caractéristiques du soldat. […] Et c’est aussi le génie de cette vieille France qu’évoqueront les statues apparues dans le cadre de verdures et d’eaux, comme ciselé à plaisir pour s’accorder à l’héroïsme humain d’un connétable de Montmorency et d’un grand Condé, à l’éloquence si intelligente d’un Bossuet, à l’observation si judicieuse d’un Molière et d’un La Bruyère.

2349. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Ce passionné d’énergie qui reproche à notre civilisation le manque de danger au coin des rues, qui recueille avec piété les moindres anecdotes de la Renaissance, pourvu qu’elles soient frénétiques, qui traverse la société parisienne dans une attitude de défi, dont l’imagination est sans cesse bouleversée par des désirs ou des désespoirs d’amour qu’il cache sous des ironies combatives, c’est l’aventureux garnisaire de Milan, le témoin des audaces de la Grande Armée, le voyageur à la suite de Napoléon qui a connu, quinze ans durant, cette « loterie de plaisir et de mort », — comme disait Benjamin Constant parlant du premier Empire, — et qui la regrette après l’avoir persiflée. […] Au départ pour le désert, il se disait bien : « C’est la France qui m’a donné, à moi, humble lieutenant, cette immense contrée comme un parc où je puisse m’ébattre et bondir, aller et venir, selon mon caprice et comme au hasard de mon bon plaisir. » Et aussitôt il ajoutait : « Mais lui, Maxence, n’avait envers sa patrie aucune reconnaissance… » Cri étrange et qui serait blasphématoire, si, justement, ce Voyage du Centurion n’était pas aussi une découverte de la France. […] Ce monologue où la faculté d’introspection met à nu les fibres les plus délicates du cœur avec l’acuité d’un bistouri qui aurait un frémissement, c’est la délectation morose, si finement diagnostiquée par la psychologie religieuse : le plaisir que l’âme reçoit d’une tentation qu’elle repousse, et c’est de la sensualité encore. […] Je ne fais guère que la regarder, mais j’y prends plaisir, je l’avoue. […] Par la lecture, par la conversation, par le théâtre, par les examens, par tous les plaisirs et tous les devoirs de leur jeunesse amusée ou studieuse, beaucoup de ces soldats s’étaient accoutumés à s’étudier, à s’analyser constamment.

2350. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Dans ce dernier discours prononcé à l’Académie, il avait comme pris plaisir à y faire allusion et à célébrer l’alliance étroite de la diplomatie et de la théologie, sous prétexte que le protestant Reinhard avait lui-même passé par le séminaire.

2351. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Il y a l’accent qui insinuait, le geste qui achevait, la saillie qui osait, qui se reprenait et s’apaisait aussitôt, qui, comme une vague échappée et prête à faire écume, rentrait tout à coup au sein du discours avec grâce, et la nuance de plaisir et de pensée, et l’impression née de cet ensemble ; il y a l’orateur, la merveille elle-même, comme disait moins poliment le rival vaincu du grand Athénien.

2352. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

C’est seulement à la fin de 1788130 que le fameux salon du Palais-Royal, « avec une hardiesse et une déraison inimaginables, prétend que, dans une véritable monarchie, les revenus de l’État ne doivent pas être à la disposition du souverain, qu’il doit seulement lui être accordé une somme assez considérable pour les charges de sa maison, ses dons et les grâces de ses serviteurs, ainsi que pour ses plaisirs, que le surplus doit être déposé au Trésor royal pour n’y être employé qu’aux objets sanctionnés par l’Assemblée de la Nation ».

2353. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Mais la Jumelle s’en était aperçue depuis longtemps à elle toute seule ; sans se rendre compte de ses sentiments, elle prenait sa voix la plus douce en lui parlant ; elle recevait, à table, à la maison ou dans les champs, tous les petits services qu’il lui rendait instinctivement, avec une familiarité confiante et avec une sorte de plaisir muet qui contrastait avec les exigences et les railleries des autres jeunes filles.

2354. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« Si un des deux partis venait à plier, si les vaincus se cachaient dans les boutiques, ou se glissaient dans quelques maisons, la populace s’ameutait pour qu’on les jetât dehors et qu’on les égorgeât, afin de s’emparer de leurs dépouilles ; car, tandis que le soldat s’acharnait à tuer, le bas peuple s’acharnait au pillage. » XXII « Horrible et difforme était l’aspect de la ville : ici des meurtres et des blessures ; là des tavernes et des bains ; ici des ruisseaux de sang et des monceaux de cadavres ; là des courtisanes et des hommes prostitués comme elles ; tout ce qu’il y a de débauches dans la riche oisiveté de la paix, tout ce qu’il y a de forfaits dans la plus implacable victoire ; en sorte que vous eussiez cru voir la même ville se déchirer et se débaucher à la fois. » XXIII « Déjà, dans deux circonstances, sous Sylla et sous Cinna, des armées s’étaient combattues dans les murs de Rome ; il n’y avait pas eu alors moins d’acharnement, mais il y avait cette fois une plus inhumaine insouciance, tellement que les plaisirs mêmes n’y furent pas interrompus un seul instant.

2355. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Ainsi la philosophie ascétique du député d’Arras, la ténacité froide de ses idées d’abord féneloniennes, la patience de ses utopies à attendre l’heure des applications, au milieu des premiers murmures de l’Assemblée constituante contre ses chimères démagogiques, son obstination à acquérir par un travail ingrat l’éloquence qui lui manquait à l’origine et qu’il finit par conquérir à force de veilles, sa pauvreté volontaire, sa vie d’artisan dans une maison d’artisan, sa sobriété, sa séquestration absolue du monde des plaisirs ou des intrigues, en sorte qu’il ne sortait de son entresol, au-dessus d’un atelier, que pour apparaître aux deux tribunes du peuple : tous ces détails vrais du portrait de Robespierre, détails sur lesquels j’ai trop insisté, d’après madame Lebas, n’étaient que de la fidélité et ont paru de la faveur.

2356. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Voici pourquoi : III Je n’ai jamais eu d’autre rhétorique et d’autre critique que mon plaisir.

2357. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Des chemins étroits, encaissés par les murs des podere et par le lit des torrents, mènent en serpentant à ces villas, où les grands seigneurs de Florence, de Pise, de Lucques, et les ambassadeurs étrangers passent dans les plaisirs les mois d’automne.

2358. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Le billet de vous que j’ai trouvé ici en arrivant m’a fait voir que la joie d’Amélie vous faisait une sorte de plaisir, et que vous repreniez un peu à la justice et à l’espérance.

2359. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Son père était le dernier de sa race, et elle semblait jetée à plaisir sur la terre pour n’y pas trouver un coin où se caser.

2360. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

C’est donc l’insoucieuse marche de l’âme désormais guérie : à plaisir, elle peut être prolongée.

2361. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Habituellement nous n’y prenons pas garde, parce que notre attention tombe sur ces sensations particulières, plus ou moins intenses, de plaisir et de douleur, qui prédominent sur les objets de ce panorama sensitif. » « La quantité de lumière qui nous vient des étoiles peut être petite, mais elle existe.

2362. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Qu’il ne s’attende point à la photographie décolletée du Plaisir : l’étude qui suit est la clinique de l’Amour.

2363. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Mais chez les peuples enrichis d’une littérature, la langue est d’autant plus stable que la littérature est plus forte, qu’elle nourrit un plus grand nombre de loisirs et de plaisirs ; à un certain moment, la tendance à l’immobilité ou les ondulations rétrogrades d’un langage rendent parfois nécessaire une intervention directrice dans un sens opposé, et l’aristocratie intellectuelle, au lieu de restreindre la part du nouveau dans la langue, doit au contraire souffler au peuple abruti par les écoles primaires les innovations verbales qu’il est désormais inapte à imaginer.

2364. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

que Madeleine aurait donc de plaisir à le revoir, si elle vivait ! 

2365. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

» “Mais ma seule consolation dans ces misères a été de vous voir sans cesse, et de contempler dans votre visage l’image vivante et le portrait fidèle de mon mari mort : consolation qui a commencé dès votre enfance, lorsque vous ne saviez pas encore parler, qui est le temps où les pères et les mères reçoivent plus de plaisir de leurs enfants.

2366. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

C’est ainsi, par exemple, que s’il peint un lapin de clapier, il n’oublie pas « l’urine qui jaunit les pattes de derrière », et que s’il fait saigner un cochon, il montre coquettement Désirée, rouge de plaisir, tapant sur le ventre ballonné de ce cochon pendant qu’on l’égorge.

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