/ 1026
535. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

On n’imaginait pas qu’elle pût jamais changer dans le poète, et, pourtant, ce rare phénomène s’est accompli !

536. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Elle est un phénomène de morale individuelle, et même de morale élémentaire.

537. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

la cause de ce déchet d’un livre médiocre, sur un homme de génie, par l’être qui devait trouver, pour en parler, des accents de génie dans le fond de son propre cœur, — oui, la cause de ce triste phénomène d’un livre, écrit et pensé comme l’eût écrit et l’eût pensé le premier bas-bleu venu, c’est uniquement le bas-bleuisme.

538. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Lui, dont les yeux sont fins et sûrs, n’a-t-il pas senti que, s’il les avait fixés profondément sur ce qui n’est pas seulement une distinction nominale, faite par la haute sagesse gouvernementale de l’Église, il n’aurait pu s’empêcher de voir, se détachant du fond commun des idées et des phénomènes imputés au Mysticisme, pris dans son acception la plus générale et la plus confuse, un autre mysticisme, ayant ses caractères très déterminés ; l’éclatante réalité, enfin, qui contient la vérité intégrale que la Religion seule met sous les mains de nos esprits, mais dont la Philosophie les détourne ?

539. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

L’abbé Mitraud10 [Le Pays, 11 janvier 1855] Le livre de M. l’abbé Mitraud a été l’occasion d’un véritable phénomène.

540. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

L’abbé Prévost, à qui on a donné du génie à jour fixe, l’abbé Prévost, qui ne valait peut-être pas l’abbé Cottin, a continué d’être, dans son roman de Manon Lescaut, l’infatigable distillateur d’eau claire qu’il a été dans les cinquante volumes qui ont ruisselé de sa plume et inondé le xviiie  siècle ; et même la boue de Manon n’y a rien changé, et, c’est là le seul phénomène de ce livre, elle ne l’a teinté d’aucune couleur.

541. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Si nous passons des lettres aux arts, nous découvrons le même phénomène La peinture, par exemple, n’admettait avant ce siècle qu’un nombre restreint de sujets, interprétés d’une certaine manière, susceptibles de prétendre à la dignité de l’art.

542. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Stésichore cependant, outre la guerre et la liberté, les grandes épreuves et les grandes passions de l’homme, avait aussi chanté les aspects de la nature et quelques-uns des phénomènes célestes.

543. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

De 1875 à 1905 et au-delà, tous ou presque tous les phénomènes mentaux sont expliqués par l’association des idées, sans qu’on ait jamais recherché du reste — et pour cause   le mécanisme de cette association. […] Ceux qui s’abandonnaient à cette fièvre considéraient l’univers comme un écoulement de phénomènes, leur prochain comme un animal d’expérience, comme un cobaye. […] Nul ne conteste l’importance considérable des phénomènes sexuels dans l’espèce humaine et dans l’individu. […] La volonté peut modifier les phénomènes héréditaires, en agissant sur les images intérieures. […] Ils s’imaginaient commander aux phénomènes, qu’ils interprétaient à leur façon et constataient et commentaient souvent de travers.

544. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Il est étrange que l’on n’analyse point « l’impératif catégorique » comme tout autre phénomène de conscience ; mais aussi c’est que, celui-là, on ne veut pas l’analyser, on ne tient pas à l’analyser et l’on a d’assez bonnes raisons pour cela. […] Il est un phénomène d’enregistrement. […] Car, dans les deux cas, on ne fixe pas d’autre sens final que les phénomènes de plaisir ou de déplaisir. […] Le phénomène de décadence est aussi nécessaire que l’épanouissement et le progrès de la vie : nous ne possédons pas le moyen de supprimer ce phénomène » et, le posséderions-nous, « la raison exigerait que nous lui conservassions ses droits. […] L’artiste est exceptionnel et dans un état particulier qu’on peut appeler maladie de surexcitation : « Ce sont des conditions exceptionnelles qui créent l’artiste, à savoir tous les états intimement liés aux phénomènes maladifs, de sorte qu’il ne semble pas possible d’être artiste sans être malade.

545. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Le métier dramatique, d’une part, exige un long apprentissage ; d’autre part, le génie dramatique étant, de sa nature, impersonnel et objectif, doit être curieux de variété ; quand on prend sa matière hors de soi, on n’est pas limité à un seul sujet : pour ce double motif, il n’arrive guère qu’une pièce de théâtre se présente dans la carrière d’un écrivain à l’état de phénomène isolé. […] En toute chose, l’homme instruit et sage est celui qui ne s’étonne de rien, et qui, de chaque événement ou phénomène dont le vulgaire s’émeut, cherche et trouve avec calme la raison suffisante. […] Boursault = Molière : voilà l’absurde conclusion où sont logiquement forcés d’aboutir ceux qui croient trouver, avec Taine, dans la connaissance du moment et du milieu, jointe à celle de la race, des données suffisantes pour expliquer un phénomène aussi extraordinaire que l’apparition du génie. […] Aussi bien que les génies instinctifs, qui, sous le souffle divin qui les pousse, ressemblent aux forces déchaînées de la nature, les artistes les plus maîtres d’eux-mêmes ont leurs moments d’inspiration, et quelques-uns ont appliqué leurs rares facultés d’analyse à l’étude de ce phénomène, dont le caractère essentiel est l’inconscience. […] La création d’un chef-d’œuvre unique éclatant tout à coup parmi d’autres compositions médiocres du même auteur, comme la Curée d’Auguste Barbier ou comme la Marseillaise, nous permet de prendre, pour ainsi dire, sur le fait, le caprice divin du hasard dans le phénomène de l’inspiration poétique.

546. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Seulement, l’artiste ne doit pas se contenter de voir et de raconter le fait brut, le phénomène détaché du groupe qui l’enserre ; il doit, dans tout effet, sinon nous faire découvrir la cause par une suite de raisonnements abstraits, du moins nous la faire sentir, comme sous une surface vibrante on sent la source cachée de ces vibrations, la chaleur et le principe intérieur du mouvement. […] Sous ce rapport l’art devient de plus en plus réaliste au grand sens du mot ; c’est-à-dire que l’émotion esthétique causée par les phénomènes d’induction morale et sociale de sympathie y tient une place, toujours plus importante, à côté de l’émotion esthétique directement obtenue par la sensation ou par le sentiment élémentaire. […] Il y a en toute émotion profonde quelque chose de crépusculaire, un voile jeté sur une partie de la réalité : la vue nette et objective du monde est ainsi incompatible avec la vue passionnée, toujours partielle, infidèle et, pour certains tempéraments, tout à fait idéaliste : la passion produit psychologiquement le même phénomène que l’abstraction ; elle enlève d’un côté l’intensité d’émotion et de couleur qu’elle reporte de l’autre.

547. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Cette conclusion s’appuie sur la grande diversité des formes organiques, qui, dans une aire très restreinte, entrent en concurrence mutuelle très vive, ainsi que sur certains phénomènes de naturalisation bien constatés. […] Les principaux faits de l’embryologie, qui ne le cèdent en importance à aucun autre ordre de phénomènes en histoire naturelle, me semblent donc s’expliquer aisément d’après ce principe que des modifications légères, chez les nombreux descendants d’un ancien progéniteur, n’apparaissent pas dès les premières phases de la vie de chacun d’eux, bien que parfois leurs causes aient agi dès la première ; et que ces mêmes modifications sont généralement transmises à un âge correspondant aux descendants des individus accidentellement ou déjà héréditairement modifiés. […] C’est le défaut d’exercice qui me semble devoir être la cause principale de ces phénomènes d’atrophie, en agissant sur la suite des générations, de manière à réduire graduellement certains organes, jusqu’à ce qu’ils deviennent complétement rudimentaires.

548. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

La Critique, en son intégrité, n’est, n’a de valeur ou n’égale presque la Poésie à qui apporter une noble opération complémentaire, que visant, directement et superbement, aussi les phénomènes ou l’univers10 ». […] Ce qui se rattache à l’ordre des troubles phénomènes dont j’ai paré et à un certain sentiment délicat, vivant et presque pathologique, de la durée. […] Lorsque ce phénomène est formellement constaté à propos d’une œuvre, le résultat de la constatation s’appelle la Gloire ». […] L’avenir, il le vit parfois à la façon d’un Anglais en révolte, d’un Poe, d’un Carlyle, d’un Ruskin, et il a évoqué dans le pur et classique poème en prose du Phénomène futur une humanité qui finirait dans la laideur. […] « A la place du vêtement vaine elle aun corps, dit dans le Phénomène Futur le Montreur des choses passées ; et les yeux, semblables aux pierres rares !

549. (1932) Le clavecin de Diderot

L’idéalisme caméléonesque, sous ses diverses incarnations, décidait toujours chacun à se penser, à se conduire comme s’il était noumène parmi les phénomènes. […] Engels a écrit : La décomposition de la nature en ses parties intégrantes, la séparation des différents phénomènes et objets naturels en des catégories distinctes, l’étude intime des corps organiques dans la variété de leurs formes anatomiques, telles étaient les conditions essentielles des progrès gigantesques qui, dans les quatre derniers siècles, nous ont portés si avant dans la connaissance de la nature. Mais cette méthode nous a légué l’habitude d’étudier les objets et les phénomènes naturels dans leur isolement, en dehors des relations réciproques qui les relient en un grand tout, d’envisager les objets, non dans leur mouvement, mais dans leur repos, non comme essentiellement variables, mais comme essentiellement constants, non dans leur vie, mais dans leur mort. […] Extraire des abîmes ce que l’homme avait sacré trésors, justement, parce que la masse d’ignorance, d’oubli, de refus qu’il avait mis entre sa conscience et ses soi-disant trésors, lui permettait, seule, de les considérer comme tels ; amener au monde des phénomènes par les moyens qui lui étaient propres (sommeil, transcription de rêves, écriture automatique, simulations de délires nettement caractérisés) ce que, sous les épaisseurs dont elle l’avait enveloppé, chaque créature considérait comme son noyau nouménal ; remuer l’inconscient, jusqu’alors taupinière où les désirs de l’homme se recroquevillaient, s’estropiaient dans la crainte des avalanches homicides ; dans la terre qui semblait condamnée à l’éboulis, tracer de larges routes claires, lumineuses ; livrer à la circulation tout ce qui était zone interdite ; désigner de nouvelles voies de communication aux esprits qui voulant faire bon visage à mauvais sort, s’efforçaient de tirer parti, orgueil d’un isolement dont ils feignaient de prendre la stupide misère pour une pathétique magnificence ; ces points de vue étaient aussi des points de rencontre avec Marx et Engels, pour qui la chose en soi, au lieu de rester l’insaisissable de la philosophie kantienne, le tabou des derniers retranchements métaphysiques devait, au contraire, se métamorphoser en chose pour les autres. […] Par ce phénomène de détournement, une découverte récente, en l’occurrence celle de Freud, vient au secours de tout ce dont il eût été naturel de penser qu’elle allait le réduire en poudre.

550. (1896) Études et portraits littéraires

Tout au plus le mot mérite-t-il d’être gardé comme terme explicatif d’une succession de phénomènes. […] Le moi n’est autre chose que la « file » de ses phénomènes ; eux ôtés, « il ne serait plus rien, ils le constituent ». […] Les corps, — la science nous l’apprend, — se revêtent à nos yeux de couleurs apparentes, purs phénomènes subjectifs. […] Il s’agit de la prise au vol des sensations, des phénomènes notés en leur fluence ; décors passagers, accidentels jeux de lumière, taches changeantes des couleurs. […] Les phénomènes physico-chimiques en sont les conditions nécessaires, non suffisantes.

551. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

La vie tient dans les phénomènes physiques le même rang que la volonté dans l’ordre moral. […] On voit souvent ce phénomène dans les révolutions au moment où les partis fatigués ou impuissants ont besoin de se mentir à eux-mêmes et aux autres, pour feindre une transaction nécessaire à tous, et pour attendre une occasion de rompre la trêve.

552. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Celui qui concevra la tragédie de Mahomet comme l’histoire, reproduira un des plus beaux phénomènes de l’esprit humain, une foi sincère dans une âme héroïque, bravant le martyre et s’élevant par le martyre à l’empire d’un continent entier. […] XXIII Le temps était propice : les superstitions populaires dont le moyen-âge avait obscurci les sublimes vérités morales du christianisme ; les richesses démesurées du clergé, le luxe et la corruption des pontifes, les scandales des évêques de cour ; le progrès des sciences physiques rendant aux miracles le caractère de phénomènes naturels ; le nombre des monastères d’hommes et de femmes possesseurs oisifs d’une partie du territoire ; les priviléges et les exemptions d’impôts de ces corporations de célibataires substitués à la famille, source et but de toute société durable, tout cela avait commencé contre les mœurs du clergé une réaction qui devait aller jusqu’aux dogmes.

553. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Il ne s’était pas aperçu, ce fort logicien, que le principe de la science, la croyance au déterminisme absolu des phénomènes, excluant Dieu de l’univers connaissable, implique la négation de la Révélation dans l’ordre de la science, que la méthode par conséquent contient la conclusion, et que le seul moyen de sauver la foi est de la mettre hors de la raison, sans contact immédiat et sans liaison directe avec elle. […] Nous sommes emprisonnés dans notre univers, et de cet univers même nous ne pouvons saisir toute l’infinité : « quelque apparence du milieu des choses », voilà le connaissable, voilà la science ; mais les substances, les causes, les principes nous échappent, pendant que se déroulent sous nos yeux des séries de phénomènes qui jamais ne commencent et jamais ne finissent.

554. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Comme la plupart des phénomènes de ce siècle, qui sont des exemples de dégénération, comme les a appelés Ray-Lankester, la mimique de nos opéras et nos opéras eux-mêmes en sont au même point qu’au dix-huitième siècle, lors de la splendeur de ce genre de spectacles, quand ce n’était qu’une série de tableaux vivants exécutés à Vienne, à Rome ou à Paris, pour un public blasé et riche. […] Sa musique transubstantie l’esprit, le conduit, l’élève si haut qu’il en résulte presque un phénomène physique… M. 

555. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Il se produisit, à ce moment, un phénomène assez singulier : sur la fin et comme à l’arrière-saison d’un siècle si riche par l’ensemble et la réunion des plus belles facultés de l’esprit et de l’imagination, on vit paraître plusieurs hommes distingués, et quelques-uns même éminents par certaines parties de l’intelligence, mais notablement privés et dénués d’autres facultés qui se groupent d’ordinaire pour composer le faisceau de l’âme humaine : — Fontenelle en tête, le premier de tous, une intelligence du premier ordre, mais absolument dénué de sensibilité ; La Motte, l’abbé Terrasson, qui l’un et l’autre, avec l’esprit très perspicace sur bien des points, raisonnaient tout à côté comme s’ils étaient privés de la vue ou du goût, de l’un des sens qui avertissent.

556. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

— Je ne prétends point expliquer tout le phénomène, mais enfin j’en dirai le peu que j’ai pu observer et que je sais, et cette explication n’est point un hors-d’œuvre, car en montrant comment s’est formée la nécessité de la situation, elle avertit par là même combien il importe pleinement d’y satisfaire.

557. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Le physicien, qui veut expliquer la nature et qui opère sur les données de l’expérience, cherche les lois des phénomènes qu’il voit, et procède par induction.

558. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Il s’appuie sur le respect, le culte de la nature, c’est-à-dire des phénomènes, car elle n’en est que la collection.

559. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Il me semble qu’ils n’ont pas de centre, pas de « moi », qu’ils ne sont qu’un « lieu » où se succèdent des phénomènes physiologiques et intellectuels.

560. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

L’union que nous raconte Michelet est un phénomène, une « réussite ».

561. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Jules Barbier n’est point une aventure particulière, mais la tragique et sanglante et merveilleuse histoire de l’Église de Lyon dans la dix-septième année du règne de Marc-Antonin ; que son dessein est de nous peindre des phénomènes moraux collectifs, de nous montrer, dans tout un groupe de chrétiens, la contagion de la foi et de l’héroïsme, la sublime émulation et, proprement, l’ivresse du martyre ; et, si vous voulez, de donner une forme dramatique au dix-neuvième chapitre du Marc-Aurèle d’Ernest Renan.

562. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Durkheim, est un phénomène sociologique normal ; il atteste donc comme un fait normal et universel la résistance des individus à la discipline du groupe.

563. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Ce terme sera une immense révolution, « une angoisse » semblable aux douleurs de l’enfantement ; une palingénésie ou « renaissance » (selon le mot de Jésus lui-même 770, précédée de sombres calamités et annoncée par d’étranges phénomènes 771.

564. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Avec les ganglions et le système nerveux ganglionnaire commence la sensibilité, liée aux phénomènes du mouvement : c’est ce qu’on remarque chez les mollusques, réduits à une sorte de vie végétative.

565. (1761) Apologie de l’étude

En suivant une route contraire, cette étude aurait été pour vous une source intarissable de plaisir et d’instruction ; vous y auriez admiré les ressources de la nature, celles de tant de grands génies, soit pour la forcer à se découvrir, soit pour la mettre en œuvre dans les différents arts, monuments admirables et sans nombre de l’industrie des hommes, soit enfin pour apercevoir la liaison et l’analogie des phénomènes dont vous vous plaignez d’ignorer les premières causes.

566. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

dont tous les Mémoires ont parlé comme d’un phénomène, et qui, comme une étoile, est presque restée un mystère, quel magique appeau pour la curiosité publique !

567. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Il n’y a que dans cet antique garde-meuble d’Académie qu’on puisse contempler des hommes plus grands que leurs fauteuils, mais qui, par un curieux phénomène, se rapetissent jusqu’à pouvoir y tenir !

568. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Hormis le mensonge des dernières paroles, les merveilles dont se vante ici le poëte physicien n’excèdent pas ce que l’observation et, sur quelques points, la prescience des phénomènes de la nature pouvaient lui suggérer de conseils utiles aux laboureurs et aux pâtres de Sicile.

569. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

D’ailleurs, les modes du remords sont peu variables, si ses causes diffèrent, et ce phénomène a une marche en quelque sorte classique. […] Ce qui nous passionne dans les biographies importantes, c’est que nous y découvrons, grossis et manifestes, les phénomènes de notre propre existence. […] Brunetière donne un intérêt à des questions qui semblaient épuisées, par un groupement fécond des phénomènes littéraires d’après la doctrine évolutionniste. […] Binet, qui est excellent pour enregistrer les phénomènes enregistrables sur des appareils minutieux, quand il s’attaque à la matière littéraire, l’est moins. […] Il appréciera désormais suivant la souffrance et la compassion cet émiettement de phénomènes qui est le monde extérieur.

570. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Des phénomènes astronomiques on dira qu’ils manifestent un ordre admirable, entendant par là qu’on peut les prévoir mathématiquement. […] Mais les phénomènes vitaux proprement dits, ou faits de création organique, nous ouvrent, quand nous les analysons, la perspective d’un progrès à l’infini : d’où l’on peut inférer que causes et éléments multiples ne sont ici que des vues de l’esprit s’essayant à une imitation indéfiniment approchée de l’opération de la nature, tandis que l’opération imitée est un acte indivisible. […] En réalité, nous avons substitué du vouloir au mécanisme de la nature ; nous avons remplacé l’« ordre automatique » par une multitude de volontés élémentaires, autant que nous imaginons d’apparitions et de disparitions de phénomènes. […] Et d’un monde anarchique, où les phénomènes se succéderaient au gré de leur caprice, je dirai encore que c’est le règne du hasard, entendant par là que je trouve devant moi des volontés, ou plutôt des décrets, quand c’est du mécanisme que j’attendais.

571. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

À quelles causes attribuer cet étrange phénomène ? […] N’est-ce point un phénomène de ce genre qui s’est produit en France depuis vingt-cinq ou trente ans ? […] Les phénomènes moraux ne sont que des phénomènes magnétiques ; le christianisme est la science même du magnétisme ; Swedenborg et Mesmer continuent Jésus-Christ. […] et, dans cet ordre de phénomènes, tout n’est-il pas irrésistible, tout n’est-il pas fatal ? […] Cherchera-t-on dans les troubles politiques, les ébranlements de la société, l’instabilité des positions et des fortunes l’explication de cet étrange phénomène ?

572. (1924) Critiques et romanciers

J’ai cru du moins à la relativité des choses et à la succession des phénomènes… » Merveilleuse puissance des mots, et leur magie ou leur malignité ! […] Mais la relativité des choses et la succession des phénomènes sont les faits positifs sur lesquels reposent toute science et tout dogmatisme. […] Sa pensée, enrichie par la méditation, par l’expérience et l’examen constant des phénomènes sociaux, combine et organise une idéologie de réalité. […] Le tumulte des passions que la vie secrète a soulevées s’apaise dans la contemplation du phénomène surprenant. […] Mais, pour le romancier, pour le peintre des âmes et de leurs passions, le principal est de posséder une doctrine accueillante aux phénomènes inattendus qu’il observe, et non pas une doctrine étroite où les phénomènes se rangent difficilement, ou les phénomènes indisciplinés et qui semblent saugrenus n’entrent pas.

573. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Poe a été, cependant, un véritable phénomène psychologique ; et une claire et impartiale analyse de son caractère amènerait, je crois, plus de bons que de mauvais effets. […] C’est une doctrine suivant laquelle nous pouvons connaître les phénomènes et leurs lois, mais rien d’autre. […] Et quand nous en venons à des phénomènes plus complexes, ce n’est plus la régularité, c’est l’irrégularité de la nature qui nous frappe, dans notre expérience. […] Et il arrive malheureusement que, par un phénomène tout à fait extraordinaire, chacun de ses nouveaux écrits, destiné dans sa pensée à compléter les précédents, a plutôt pour effet de nous prouver que nous nous étions trompés sur leur vraie signification. […] Je n’ai eu d’autre ambition, en les écrivant, que d’attirer la curiosité du public français sur un des phénomènes intellectuels, à coup sûr, les plus singuliers de notre temps : sans compter que la personne de Nietzsche m’a toujours semblée infiniment plus intéressante que la série de ses doctrines.

574. (1900) La culture des idées

Ainsi l’excès et l’absence de conscience psychologique se manifesteraient, en certains cas, par d’identiques phénomènes. […] Ribot23, ni la réflexion ni la volonté ne suppléent l’inspiration. » Sans doute, mais la réflexion et la volonté peuvent cependant avoir leur rôle dans l’évolution de ce phénomène mystérieux et, d’autre part, les cas sont assez rares de pur automatisme intellectuel. […] Le peuple, oui le peuple du xixe  siècle (ou du xxe  siècle), qui s’ébahit aux éclipses et en applaudit « le succès72 », n’est pas sans croire que la Science est pour quelque chose dans la belle ordonnance du phénomène. […] Il faut parler de l’amour comme si l’âge d’or de l’amour régnait encore et n’en retenir que l’essentiel, loin de s’arrêter aux phénomènes de surface et passagers. […] Aucune d’elles, d’ailleurs, ne possède une littérature qui puisse ou retarder ou même faire regretter beaucoup leur disparition ; on peut dès maintenant les considérer comme des phénomènes passagers, et avec un peu d’application déterminer, à un siècle près, tout cataclysme écarté, la date de l’extinction totale.

575. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Qui de nous, en y regardant d’un peu près, n’a surpris en soi, ou autour de soi, même chez les personnes qu’il pensait connaître le mieux, des phénomènes qui déroutent, des volontés ou des faiblesses qu’on ne s’explique pas entièrement, des effets dont les causes en partie se dérobent et qui font parler de la fatalité ou des nerfs, deux manières de nommer l’inconnu ? […] Il se trouvait que ce farceur, ce paradoxeur, ce moqueur enragé des bourgeois avait, pour les choses de l’art, les idées les plus bourgeoises, les religions d’un fils de Prudhomme… Il avait le tempérament non point classique, mais académique comme la France…12 … Ce tableau était, en un mot, la lanterne magique des opinions d’Anatole, la traduction figurative et colorée de ses tendances, de ses aspirations, de ses illusions… Cette sorte de veulerie tendre qui faisait sa bienveillance universelle, le vague embrassement dont il serrait toute l’humanité dans ses bras, sa mollesse de cervelle à ce qu’il lisait, le socialisme brouillé qu’il avait puisé çà et là dans un Fourier décomplété et dans des lambeaux de papiers déclamatoires, de confuses idées de fraternité mêlées à des effusions d’après boire, des apitoiements de seconde main sur les peuples, les opprimés, les déshérités, un certain catholicisme libéral et révolutionnaire, le Rêve de bonheur de Papety entrevu à travers le phalanstère, voilà ce qui avait fait le tableau d’Anatole … 13 Anatole présentait le curieux phénomène psychologique d’un homme qui n’a pas la possession de son individualité, d’un homme qui n’éprouve pas le besoin d’une vie à part, d’une vie à lui, d’un homme qui a pour goût et pour instinct d’attacher son existence à l’existence des autres par une sorte de parasitisme naturel, etc.

576. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

L’histoire littéraire offre du reste un autre exemple qui présente la plus grande analogie avec le phénomène historique que nous venons d’exposer, et qui sert à l’expliquer. […] Jésus serait un phénomène unique dans l’histoire si, avec le rôle qu’il joua, il n’avait été bien vite transfiguré.

577. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Nous ne pouvons concevoir que dans des formes déterminées : nous ne connaissons donc que les phénomènes, jamais les choses, ou plutôt (puisque nous devons faire abstraction de toute forme donnée de perception, donc, aussi, abstraction de la pluralité), la Chose. […] « Nous, dit Schopenhauer, qui, philosophes, cherchons à scruter la valeur éthique des actions, et pour qui celle-ci seule importe, nous reconnaîtrons hautement, — sans craindre l’éternelle majorité de la vulgarité et de la platitude, — que le plus grand, le plus important et le plus significatif phénomène n’est pas l’homme qui conquiert le monde, mais l’homme qui le dompte. » — Dans l’ordre intellectuel, tout est aspiration, progression, désir sans fin ; c’est-à-dire éternelle Négation de ce qui est atteint : l’Ironie, cette formule des poètes contemporains de Schopenhauer, n’était autre chose que la destruction par la pensée de nos adorations.

578. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Nul, je crois, n’a plus que moi été frappé d’étonnement par le phénomène de l’extinction des espèces. […] Après avoir traité du parallélisme des formes organiques de la période paléozoïque en diverses parties de l’Europe, ils ajoutent : « Si, surpris d’une succession si extraordinaire, nous tournons notre attention vers l’Amérique du Nord, et y découvrons une série de phénomènes analogues, nous devrons regarder comme certain que toutes ces modifications d’espèces, leur extinction et l’introduction d’espèces nouvelles, ne sauraient être uniquement ducs à des changements dans les courants marins, ou à toutes autres causes plus ou moins locales et temporaires, mais qu’elles dépendent des lois générales qui gouvernent le règne animal tout entier. » On doit à M. 

579. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

M. de Humboldt lui-même, qui a dit en son Cosmos : « Buffon, écrivain grave et élevé, embrassant à la fois le monde planétaire et l’organisme animal, les phénomènes de la lumière et ceux du magnétisme, a été dans ses expériences physiques plus au fond des choses que ne le soupçonnaient ses contemporains » ; M. de Humboldt, en parlant ainsi, avait oublié l’hommage éclairé rendu à Buffon par Vicq d’Azyr, et que le sien propre ne fait que confirmer par des raisons scientifiques nouvelles61.

580. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Thiers appelle un grand acte militaire, un vrai phénomène de guerre, montre tout ce qu’on peut et jusqu’où l’on peut, et sert à couvrir une retraite devenue nécessaire devant des forces si démesurées ; elle nous laissait dans un immense péril.

581. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

S’il fait tant de cas de la parole, c’est qu’il ne se doute pas que c’est un phénomène physique, physiologique ; c’est qu’il croit que les sons du langage sont faits d’une substance immatérielle.

582. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Cependant de récentes découvertes avaient été faites dans cette branche sur les phénomènes des rayons dits polarisés, par Malus, par Fresnel, par Arago ; et M. 

583. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

Grâce à la correspondance exacte des deux phénomènes, tout ce que nous découvrons de l’un nous éclaire sur l’autre.

584. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Si nous prenons au sens le plus large les mots « couleur » et « ligne », celui-ci me paraît désigner un phénomène plus subjectif que celui-là.

585. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Je crois qu’on peut ramener ce double phénomène à quelque chose de plus simple encore.

586. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Phénomène qui ne s’est vu que dans notre pays !

587. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Cette poésie qui roule dans son flot, sans pureté, des paillettes prises à tous les Pactoles, quand ce n’est pas à tous les oripeaux, a cependant une manière de rouler ces bavures et toutes ses impudentes réminiscences, qui ne pouvait pas manquer de faire illusion aux culs-de-jatte de l’Académie, à qui le moindre mouvement défendu, le moindre signe de vie élémentaire, apparaissent comme des phénomènes !

588. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

lisez seulement dix lignes de ces deux écrivains à qui on ne peut comparer personne, et vous avez, dans ces dix lignes, entiers et visibles, ces deux esprits, véritables et charmants phénomènes qui sont une gracieuseté du bon Dieu faite à l’intelligence humaine, et qui n’ont, littérairement, ni ancêtres ni postérité, apparemment pour que les hommes ne pussent pas compter sur un tel bonheur tous les jours !

589. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Proserpine, partagée entre les Enfers et la terre, symbolise le phénomène de la végétation, enfouie chaque année avant de fleurir. […] Tandis que Cérès apprend à Triptolème les phénomènes de la terre, Proserpine lui dévoile les secrets de la vie future. […] C’est un phénomène unique entre tous, que celui de ce peuple occupé pendant des siècles à s’embaumer lui-même, à se creuser d’éternels sépulcres. […] Pendant que je considérais ce phénomène, le centre de l’astre se gonfla et il en sortit un Christ sur la croix, formé de la même matière lumineuse. […] Cette naturalisation si rapide et si radicale est un des plus étranges phénomènes de l’histoire.

590. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Depuis ce temps nos écrivains furent des spécialistes, nos romans des monographies très fouillées de phénomènes contingents, d’épisodes exceptionnels. […] Un biologiste y verrait assurément un sujet d’étude ; un philosophe, méditant dans la mansuétude de ses abstractions, y constaterait, sans ironie, un phénomène aussi normal que les périodiques migrations des peuplades volatiles (hirondelles ou cigognes) ; mais ce poète visionnaire et romantique, qui s’émeut de sensations instantanées, en a conçu la plus émouvante et la plus tragique des Fresques-Épopées. […] Cataloguer les individus et les phénomènes, les étiqueter à la manière des botanistes, cela n’est ni émouvant, ni sublime.

591. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Aucun naturaliste ne niera que des variétés plus ou moins différentes de la souche mère ne se forment de temps en temps ; mais que le cours de ces variations puisse se prolonger indéfiniment, c’est une généralisation inductive dont il faut peser la valeur d’après les phénomènes généraux de la nature et la facilité qu’elle offre pour les expliquer. […] Que la plus grande diversification possible d’organisation permette la plus grande somme de vie possible, c’est une loi dont la vérité éclate dans un nombre considérable de phénomènes naturels. […] Je crois à la théorie de descendance modifiée, bien que tel ou tel changement particulier de l’organisation ne puisse encore être expliqué dans l’état actuel de nos connaissances, parce que cette théorie rattache les uns aux autres un grand nombre des phénomènes généraux de la nature, et qu’elle les explique en général, comme nous le verrons dans les derniers chapitres de ce livre.

592. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Les beautés de cette tragédie sont dans les prières, actions de grâce, appels de secours, chants de triomphe ; c’est exactement l’esprit du temps, au point de vue huguenot, et cette foi est si grandiose qu’elle émeut aujourd’hui encore quiconque a une foi, quelle qu’elle soit ; c’est un phénomène de pur lyrisme. […] Je vois chez Mallarmé, Verlaine, Moréas et d’autres encore, exactement le même phénomène de réaction que chez les peintres impressionnistes : une confusion étrange, mais fatale, des notions élémentaires sur les conditions mêmes de l’art, une désagrégation intellectuelle et morale. […] De nos jours, le phénomène s’est renouvelé d’une façon générale, frappante (par exemple en un seul et même auteur : Paul Hervieu).

593. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Pythagore, voyageant en Égypte, six siècles avant notre ère, y apprit la cause de tous les phénomènes de Vénus. […] Une révolte sur le champ de bataille, un accord pour s’embrasser en reniant un tyran, est un phénomène qui ne se présente pas à ma mémoire.

594. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Expliquer scientifiquement un phénomène, c’est, le rendre exprimable au moyen de trois quantités fondamentales, la longueur, le temps, la masse, dont on ne discute pas la nature. […] — Les sensations et les phénomènes, dit Kant, sont divers et variables ; l’espace est uniforme et invariable. — L’espace abstraitement conçu, dernier produit du travail mental sur les sensations, oui ; mais c’est là un pur concept que nous ne commençons pas par avoir et qui contient des éléments tout intellectuels, parce qu’il exprime de purs possibles.

595. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

L’art est une sorte de nirvana anticipé : avec un complet détachement de tout désir comme de tout regret, le poète, qui est aussi un sage, contemple le inonde des lois et des types, enveloppant de leur immutabilité l’agitation des phénomènes, et il goûte par avance le repos du néant divin, qui nous « embaumera d’oubli241 ». […] En tant que phénomène « sociologique », le succès de ces vers funambulesques, présentés comme une « philosophie » par ceux qui trouvent que Victor Hugo n’a pas d’idées, serait inquiétant pour l’avenir de notre pays, si les Français n’étaient aussi prompts à oublier ce qu’ils ont applaudi que les enfants à oublier la parade de la foire devant laquelle ils ont battu des mains.

596. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Il peinait, il souffrait ; les minuties toujours mieux aperçues de son métier, bornaient de plus en plus son horizon intellectuel ; il souhaita des succès de livres, puis des succès de pages, puis des succès de phrases5 ; il sacrifia graduellement toute sa vie à sa passion ; il vécut dans le sourd malaise des phénomènes, qui logent en leurs corps une âme hétéroclite, jusqu’à ce que cette despotique activité cérébrale, après avoir imposé au corps, sans en être atteinte, une maladie nerveuse  l’épilepsie transitoire6 de sa jeunesse ; et de sa vieillesse  l’anéantit et le foudroyât au pied de sa table de travail par une dernière et délétère victoire d’un organe sur un organisme. […] Le cerveau, sur les phénomènes physiologiques de l’attention.

597. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Il faut chercher l’explication de ce phénomène, ou dans les figures mêmes, ou dans le rapport de ces figures avec les êtres environnans. […] Le phénomène s’explique beaucoup mieux, ce me semble, par l’inspiration des grands modèles toujours présens en Italie.

598. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Aux époques où l’on n’avait pas étudié la nature physique et où les causes secondes et les lois de l’univers étaient peu connues, la toute-puissance suprême semblait plus rapprochée de chacun en ce qu’on la voyait comme directement dans chaque événement inattendu, dans chaque phénomène.

599. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

J’aurais aimé à ce qu’il établît quelques-unes des conditions, essentielles qui s’appliquent à tout fait, à tout phénomène historique du même genre. — Mon Dieu !

600. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Il faut se placer dans le point de vue intime de la conscience, et, ayant alors présente cette unité qui juge de tous les phénomènes en restant invariable, on aperçoit le moi, on ne demande plus ce qu’il est.

601. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

) La puissance de la nation française pour agir sur les autres, même sur les moins changeantes, même sur celles qui la haïssent, est un phénomène que je n’ai jamais cessé d’admirer sans le comprendre.

602. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Inexplicable phénomène que cette existence spirituelle de l’homme qui, en la comparant à la matière, dont tous les attributs sont complets et d’accord, semble n’être encore qu’à la veille de sa création, au chaos qui la précède !

603. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

. — Jusqu’ici, cette illusion a tenu la psychologie enrayée, surtout en France ; on s’est appliqué à observer le moi pur ; on a voulu voir dans les facultés « les causes qui produisent les phénomènes de l’âme168 » ; on a étudié la raison, faculté qui produit les idées de l’infini et découvre les vérités nécessaires ; la volonté, faculté qui produit les résolutions libres.

604. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Vous n’aurez peut-être pas été une des femmes les plus raisonnables de ce siècle, mais vous aurez plus vécu que des multitudes entières, et vous aurez été une des apparitions les plus gracieuses qui aient jamais voltigé, pour la consolation des hommes, sur la surface changeante de ce monde de phénomènes.

605. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Il découvre dans Polyeucte « tous les types et tous les phénomènes qui ont dû se produire durant les deux premiers siècles au cours de la révolution chrétienne ».

606. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Parlez-moi des monstres et des phénomènes !

607. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

La science chez lui est inventive, et il la rend familière : « Un singulier bonheur d’induction, a dit sir Humphry Davy, guide toutes ses recherches, et par de très petits moyens il établit de très grandes vérités. » Il ne se retient point dans ses conjectures et dans ses hypothèses, toutes les fois qu’il s’en présente de naturelles à son imagination, et il s’en est permis de fort hardies pour l’explication de certains grands phénomènes de la nature, mais sans y attacher d’autre importance que celle qu’on peut accorder à des conjectures et à des théories spéculatives.

608. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

C’est vrai, que tout est relatif et que chaque phénomène s’explique éternellement par un autre, et notre vouloir doit travailler à pénétrer le plus de relations pour, si on les trouvait toutes, arriver ainsi à la Cause première.

/ 1026