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2263. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Voilà une preuve bien sensible des excez où nous jettent de fausses conformitez : jugeons plus simplement des choses, ne cherchons la vérité qu’où elle est sûrement, et n’érigeons point des fictions et des bagatelles en réalitez importantes et respectables : il ne faut point mettre l’arche auprès de Dagon, l’idole se brisera infailliblement. […] Il faut du moins sauver les jeunes gens du préjugé dangereux où les jette une admiration aveugle d’Homere. […] Nos expressions françoises par elles-mêmes ne jettent point de faux sur une pensée vraye, elles n’en avilissent pas une grande, elles n’en ternissent pas une gracieuse ; mais aussi elles ne sçauroient mettre ni vérité, ni grandeur, ni grace, où il n’y en a pas, qu’en substituant des circonstances qui changent absolument le fond des choses. […] Diomede tombe ensuite sur Echemon et Chromius, enfans de Priam, et qui étoient tous deux sur un même char ; comme un lion se jette avec impétuosité sur un troupeau de boeufs qui paissent dans une forêt et déchire ce qui se rencontre devant lui, soit taureau, soit genisse. quelle ressemblance y a-t-il de deux guerriers sur un même char, et qui combattent, à un troupeau de boeufs qui paissent dans une forêt.

2264. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

En principe il dit : « J’ose supposer qu’un ministre éclairé et magnanime, un prélat humain et sage, un prince qui sait que son intérêt consiste dans le grand nombre de ses sujets et sa gloire dans leur bonheur, daigne jeter les yeux sur cet écrit informe et défectueux. […] On disait qu’il se formait une secte qui brisait tous les crucifix, qui jetait à terre toutes les hosties et qui les perçait de coups de couteau. […] Il en résulte une sorte de droit mixte et insociable qui n’a pas de nom.  » Il est impossible, quoi qu’on en veuille dire, que le Catholicisme ne trouble pas l’Etat et ne le jette pas dans les voies de l’intolérance. […] Il l’a été comme La Barre à Abbeville et comme Farel à Arles, qui avait jeté la statue de saint Antoine dans la rivière. […] Ils ont même été sur le point d’obtenir le droit de Bourgeoisie en Angleterre vers 1750, et l’acte du Parlement allait déjà passer en leur faveur ; mais enfin le cri de la nation et l’excès du ridicule jeté sur cette entreprise la firent échouer.

2265. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Dès le premier coup d’œil jeté sur le monde, avant même que nous y délimitions des corps, nous y distinguons des qualités. […] Elle ne s’applique pas plus au devenir, dans ce qu’Il a de mouvant, que les ponts jetés de loin en loin sur le fleuve ne suivent l’eau qui coule sous leurs arches. […] Il prend la réalité sous sa forme actuelle il la brise, il l’éparpille en fragments qu’il jette au vent puis il « intègre » ces fragments et il en « dissipe le mouvement ».

2266. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

C/est le total de l’addition tout bonnement et non un chiffre jeté au hasard pour produire un effet de précision.

2267. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

En adoptant des noms nouveaux, en multipliant des synonymes nombreux, voyants, saillants, excessifs, et en renchérissant à tout instant sur les anciens, l’usage ne fait, en somme, que répondre à des besoins ou à des caprices, ce qu’il importe de distinguer à temps, « et il se soustraira de plus en plus au Dictionnaire de l’Académie, si celle-ci, à l’exemple des grands politiques, ne se jette dans le mouvement pour le régulariser à son bénéfice64 » et au profit de tous.

2268. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

C’était un défi jeté aux Romantiques : l’Académie demandait la glorification du xviie  siècle et de nos grands poètes classiques qu’on accusait les novateurs d’insulter et de vouloir détrôner.

2269. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Du Bellay, pendant qu’il composait cette Préface qui se développait sous sa plume et qui allait devenir tout un petit livre, s’aperçut, dit-il, qu’on lui avait dérobé une copie de ses vers, et il s’empressa de les livrer à l’imprimeur et de les « jeter tumultuairement en lumière ».

2270. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Bien des erreurs et des rigueurs suivirent sans doute de si favorables commencements et compromirent les destinées finales du règne ; mais l’élan, une fois donné, suffisait à produire de merveilleux effets ; les semences jetées au vent pénétrèrent et firent leur chemin en mille sens dans les esprits ; la politesse greffée sur la science s’essaya, et l’on en eut, sous cette race des Valois, une première fleur.

2271. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

La détresse du peuple, les travailleurs sans pain, le dernier des Condés disparu dans les ténèbres, Bruxelles chassant les Nassau comme Paris les Bourbons, la Belgique s’offrant à un prince français et donnée à un prince anglais, la haine russe de Nicolas, derrière nous deux démons du midi, Ferdinand en Espagne, Miguel en Portugal, la terre tremblant en Italie, Metternich étendant la main sur Bologne, la France brusquant l’Autriche à Ancône, au nord on ne sait quel sinistre bruit de marteau reclouant la Pologne dans son cercueil, dans toute l’Europe des regards irrités guettant la France ; l’Angleterre, alliée suspecte, prête à pousser ce qui pencherait et à se jeter sur ce qui tomberait ; la pairie s’abritant derrière Beccaria pour refuser quatre têtes à la loi, les fleurs de lis raturées sur la voiture du roi, la croix arrachée de Notre-Dame, la Fayette amoindri, Laffitte ruiné, Benjamin Constant mort dans l’indigence, Casimir Périer mort dans l’épuisement du pouvoir ; la maladie politique et la maladie sociale se déclarant à la fois dans les deux capitales du royaume, l’une la ville de la pensée, l’autre la ville du travail ; à Paris la guerre civile, à Lyon la guerre servile ; dans les deux cités la même lueur de fournaise ; une pourpre de cratère au front du peuple ; le midi fanatisé, l’ouest troublé, la duchesse de Berry dans la Vendée, les complots, les conspirations, les soulèvements, le choléra, ajoutaient à la sombre rumeur des idées le sombre tumulte des événements. » VIII Tout cela mène à ce que l’auteur nomme l’Épopée de la rue Saint-Denis, c’est-à-dire aux barricades.

2272. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Combien de fois la barque errante Berça sur l’onde transparente Deux couples par l’Amour conduits, Tandis qu’une déesse amie Jetait sur la vague endormie Le voile parfumé des nuits !

2273. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il écrivit à Napoléon une demande en grâce, en consultant ce qu’il se devait plutôt que ce qui toucherait le juge : il blessa l’empereur, qui jeta la lettre au feu.

2274. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Et si l’on me reproche de citer les « têtes », il n’y a qu’à se rappeler le grand nombre d’oratoriens ayant jeté leur froc par-dessus la guillotine qui, à la Convention et en mission, se donnaient des airs de proconsuls.

2275. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Cette idée, voici comment, pour être clair, je la formulerais sous la forme d’un axiome : « La Justice absolue est, par sa nature même, essentiellement idéale et divine ; la Justice humaine ne peut et ne doit agir que d’une manière relative, et sans tenir compte de ce qui jetterait le trouble dans ses indispensables règles, car la société doit songer avant tout à sa conservation… » Telle est à peu près la situation de Valentin ; il a de toute façon et sous toutes les formes offensé les hommes et le devoir humain ; c’est Dieu seul qu’il a quelquefois essayé de satisfaire ; aussi est-ce seulement à Dieu qu’il peut demander la pitié, qui, dans l’ordre divin est la même chose que la justice.

2276. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

On avait reconnu un état de l’esprit meilleur que la curiosité, cet appétit un peu grossier, qui se jette sur toute sorte de nourriture ; meilleur que le doute, qui, après avoir été si doux, devient insupportable, à mesure que la curiosité s’affaiblit.

2277. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Nulle part Wagner ne nous permet de jeter un regard dans l’âme de Lohengrin, lui dont le prodigieux art était de mettre à nu le cœur de l’homme et de dévoiler ses motifs à lui-même inconnus.

2278. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

  Voilà les deux condamnés à l’amour, Tristan, Isolde, que le sort a jetés dans les bras l’un de l’autre et qui vont vivre la vie terrible de l’amour jusqu’à la mort.

2279. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Tu écriras, tu feras des vers et de la prose pour lesquels tu recevras quelques éloges, beaucoup d’injures et quelques écus, en attendant que tu puisses attraper quelque pension de vingt-cinq louis ou de cinquante, qu’il faudra disputer à tes rivaux en te roulant dans la fange, comme le fait la populace aux distributions de monnaie qu’on lui jette dans les fêtes publiques.

2280. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

À vrai dire le fait que la plupart des hommes appartiennent à la fois à deux collectivités tout au moins, dont l’une est d’origine nationale et l’autre d’origine économique, est la cause qui jette tant de trouble et de complexité dans les rapports sociaux à presque toutes les périodes de l’humanité.

2281. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Le génie s’occupe des possibilités encore plus que des réalités ; il est à l’étroit dans le monde réel comme le serait un être qui, ayant vécu jusqu’alors dans un espace à quatre dimensions, serait jeté dans notre espace à trois dimensions.

2282. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Il suffit de jeter un coup d’œil sur cette table pour voir combien elle est artificielle, arbitraire, insuffisante, à un point de vue rigoureusement chrétien.

2283. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

La parole extérieure, jetée dans l’âme par la sensation, s’est trouvée être une semence féconde, parce que l’attention l’a fécondée, et parmi les mobiles de l’attention, parmi les désirs, les besoins, les tendances de l’âme, l’analogie de l’âme et du son doit figurer en première ligne : si nous sommes séduits à chaque instant à maintenir l’union de fait, de la parole et de la pensée, ce n’est pas seulement parce qu’elle est utile ou commode à l’entendement [ch.

2284. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

C’est un passage merveilleux et sinistre que celui de d’Aubigné où il montre les flots de la Seine et les flots de la mer irrités, se dressant de toute leur fureur contre ces amas de cadavres que nos discordes civiles jettent en eux et jusqu’aux flots de la mer.

2285. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

La solidarité est représentée, par exemple, par la colombe qui, pour sauver une fourmi, jette un brin d’herbe dans le ruisseau où la fourmi est tombée par mégarde, service que lui rend immédiatement la fourmi en piquant au talon un croquant qui voulait abattre la colombe d’un coup d’arbalète ; il se retourne et la colombe a le temps de s’enfuir.

2286. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

IV Le roman commence bien : par un suicide lestement et froidement exécuté, en rentrant chez soi, de la promenade, par un beau soir, manière très émouvante de se jeter en plein intérêt dramatique, et que je dirais d’une originalité très inattendue s’il n’y avait dans la littérature du temps un livre beaucoup moins lu que ne le sera certainement le livre de Feuillet, et qui commence aussi par un suicide.

2287. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Tout le caractère de son œuvre et du regard qu’il jeta sur le monde dépend incontestablement de ce dénuement prolongé de l’adolescence.

2288. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Qu’on jette les docteurs de l’égalité au milieu d’êtres totalement différents d’eux par les idées, les mœurs, la conformation anatomique elle-même, et l’on verra ce que deviendra, sous l’assaut des sentiments éveillés par de telles impressions, leur idée générale des droits de l’humanité !

2289. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

On jette un coup-d’œil sur un fleuve qui vient de se déborder, & l’on se promene au bord du ruisseau paisible.

2290. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Quand l’homme jette un morceau de bois dans le foyer spontané qui va s’éteindre, il fait acte de génie humain. […] Bigames, mais ne le sont-ils pas, tous ces hommes : que l’on voit jeter à la rue une maîtresse pauvre pour épouser, oh ! […] Ces actions sont liées les unes aux autres par les liens d’une logique directe, et si la conscience intervenait, ce serait souvent pour y jeter du trouble. […] Il entra en lutte avec bouc, put le saisir et alla le jeter, en récitant des prières, dans la Saasser-Visp. […] Aussitôt il se jette dessus et l’emporte « en grognant comme un fauve ».

2291. (1925) Comment on devient écrivain

L’avenir seul dira si l’on a eu tort ou raison… En attendant, puisque le choix est fait et que le sort en est jeté, prenez la plume et écrivez, à condition toutefois d’assurer d’abord votre vie matérielle. […] Beaucoup d’écrivains, particulièrement les poètes, aiment mieux laisser entendre qu’ils composent grâce à une espèce de frénésie subtile ou d’intuition extatique, et ils auraient positivement le frisson, s’il leur fallait autoriser le public à jeter un coup d’œil derrière la scène et à contempler les laborieux et indécis embryons de pensées, la vraie décision prise au dernier moment, l’idée si souvent entrevue comme dans un éclair et refusant si longtemps de se laisser voir en pleine lumière, la pensée pleinement mûrie et rejetée de désespoir comme étant d’une nature intraitable, le choix prudent et les rebuts, les douloureuses ratures et les interpolations, — en un mot, les rouages et les chaînes, les trucs pour les changements de décor, les échelles et les trappes, — les plumes de coq, le rouge, les mouches et tout le maquillage qui, dans quatre-vingt-dix-neuf cas sur cent, constituent l’apanage et le naturel de l’histrion littéraire22. » Les débutants s’imaginent qu’il suffît, pour être écrivain, d’avoir de la facilité et du naturel. […] Il est pitoyable de voir tant de contes insignifiants jetés en pâture à un public rassasié qui ne les lit plus que par routine. […] Cette résolution jette le trouble dans l’âme des parents et désespère deux enfants, qu’un amour naissant rendait déjà inséparables. […] Et le sage Télémaque commença à eux à parler : « Je n’arracherai point par une mort non honteuse l’âme de ces femmes qui répandaient l’opprobre sur ma tête et sur celle de ma mère et couchaient avec les prétendants. » « Que donc je n’enlève pas la vie par une mort pure à celles qui donc ont versé les opprobres sur ma tête et sur notre mère et qui dormaient auprès des prétendants. » Il parla ainsi et il suspendit le câble d’une nef noire, et il le tendit autour du dôme, de façon à ce qu’aucune d’entre elles ne touchât du pied la terre. » Il dit donc ainsi ; et ayant attaché à la grande colonne du pavillon le câble d’un vaisseau à-la-proue-azurée il le jeta autour d’elles, n’ayant tendu en haut, de peur que quelqu’une n’arrivât jusqu’au sol avec ses pieds.

2292. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Il s’y jetait d’ironie à la fois et de gaieté de cœur, le grand homme, au milieu de ses amertumes journalières, comme dans une acre et étourdissante ivresse. […] Accompagnée du curé d’Auteuil, elle courut à Versailles se jeter aux pieds du roi ; mais le bon curé saisit l’occasion pour se justifier lui-même du soupçon de jansénisme, et le roi le fit taire.

2293. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Combien de fois, lisant de l’italien, il s’impatientait et jetait le livre à M. 

2294. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Il y a aussi un ouvrage qui jette beaucoup de jour sur cette affaire, c’est celui de M. de Nougarède, intitulé : Recherches sur le procès et la condamnation du duc d’Enghien (2 vol.).

2295. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

La première des pièces consacrées à la louange de Louise, dans l’édition de 1555, est une petite épigramme grecque qui peut jeter quelque jour sur cette situation ; à la faveur et un peu à l’abri du grec, les termes qui expriment son infortune particulière de cœur y sont formels.

2296. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

En Champagne, les syndics de Bar-sur-Aube écrivent695 que plus d’une fois les habitants de La Ferté, pour échapper aux droits, ont jeté leurs vins à la rivière, et l’assemblée provinciale déclare que « dans la majeure partie de la province, la plus légère augmentation des droits ferait déserter les terres à tous les cultivateurs ». — ; Telle est l’histoire du vin sous l’ancien régime.

2297. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

XX Mais vous qui vivez à la campagne, soit dans le château démantelé de vos pères, non loin de l’église du village et des pauvres du hameau, soit dans la maison modeste, château nivelé de l’honnête bourgeoisie du dix-neuvième siècle, élevant là des fils, des filles, des sœurs étagées par rang d’âge dans la vie, qui vous demandent des livres à la fois intéressants et sains, où respirent dans un style enchanteur toutes les vertus que vous cherchez à nourrir dans votre jeune tribu ; vous qui, après une existence laborieuse, vous êtes retirés à moitié de la vie active dans le verger de vos pères pour y soigner les plantes naissantes destinées à vous remplacer sur la terre, et qui voulez les saturer de bonne heure de ce bon air vital plein des délicieuses senteurs de l’air ; enfin vous qui, déjà vieillis et désintéressés de votre propre existence prête à finir, voulez cependant jeter un dernier regard consolant sur les péripéties intérieures de ceux qui traversent les sentiers que vous avez traversés, afin d’y retrouver vos propres traces et de vous dire : « Voilà ce que j’ai éprouvé, pensé, senti, prié dans mes moments de tristesse ou de consolation ici-bas ; voilà la moisson en gerbes odorantes que j’emporte à l’autre vie » ; mettez à part, ou plutôt gardez jour et nuit sur votre cheminée, comme un calendrier du cœur, non pas ce livre confus où l’on a entassé pêle-mêle les œuvres du frère et de la sœur pour que le génie de l’une fit passer sur la médiocrité de l’autre, mais le volume de Mlle de Guérin, cette sainte Thérèse de la famille, qui n’a écrit que pour elle seule, et dont une amitié longtemps distraite n’a recueilli que bien tard les chefs-d’œuvre involontaires qu’elle oublia de brûler au dernier moment.

2298. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Il fut aussitôt enlevé de sa résidence ; puis, seul avec le cardinal Pacca, pro-secrétaire d’État, sans un domestique, sans personne des siens, — on ne permit ensuite qu’à un petit nombre de le suivre, — on le jeta dans une mauvaise voiture, sur le siège de laquelle le général français avait pris place.

2299. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Il recherchait surtout à Lauzanne la conversation de quelques hommes et de quelques femmes de lettres distingués, jetés là par la Révolution française ; il leur communiquait des fragments d’un livre mystérieux dont il s’occupait dans sa retraite.

2300. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

On peut succomber aux souffrances physiques qui jettent l’homme hors de soi, l’affolent et le font crier ; on peut succomber aux mécomptes qui ont pour objet des personnes ; mais les douleurs purement intellectuelles ne tuent pas, parce que, dans la plupart des cas, à mesure qu’elles croissent, croît aussi notre orgueil.

2301. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Chaque poëte se jeta sur une partie de ce noble héritage, et s’affubla de quelque dépouille de Rome ou d’Athènes.

2302. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Puisque vos cœurs sont attendris, et qu’une ardente charité en a fondu la glace et amolli la dureté, allons donc tous ensemble nous jeter aux pieds de l’Empereur : ou plutôt prions le Dieu de miséricorde de l’adoucir, en sorte qu’il nous accorde la grâce entière. » Ce discours eut son effet, et saint Chrysostome sauva la vie à Eutrope.

2303. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

« Malheur, écrit un éloquent historien des religions, malheur au savant qui aborde les choses de Dieu sans avoir au fond de sa conscience, dans l’arrière-couche indestructible de son être, là où dort l’âme des ancêtres, un sanctuaire inconnu d’où s’élève par instants un parfum d’encens, une ligne de psaume, un cri douloureux ou triomphal qu’enfant il a jeté vers le ciel à la suite de ses frères et qui le remet en communion soudaine avec les prophètes d’autrefois25 ! 

2304. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Mon très lettré ami M. de Couynart me fait remarquer : 1° qu’en 1680-1685 des essais assez nombreux d’acclimatation de Shakespeare en France avaient été faits et que La Fontaine avait pu jeter les yeux sur quelque oeuvre du dramatiste anglais   2° que la tragi-comédie de Statira, tirée par Pradon de la Cassandre de La Calprenède, jouée à la fin de 1679, avait été incriminée de mélange de trivialité et de tragique, et que, du reste, Pradon en 1684 ayant, par un factum, exercé des représailles contre Boileau, La Fontaine a pu, réveillé par ce factum contre son ami, se souvenir de Statira et y faire cette allusion prolongée que nous venons de voir ; M. de Couynart penche pour la seconde de ces hypothèses  J’y pencherais aussi, sans doute ; mais d’abord en 1684 Boileau et La Fontaine, compétiteurs à l’Académie, ne devaient pas être si bien ensemble que La Fontaine voulût venger Boileau de Pradon avec un tel éclat ; ensuite Statira présente-t-elle en effet un tel mélange de haut style et de bassesses ?

2305. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Un homme de pensée désespéré peut se jeter et se reposer sur cette idée du destin comme sur le grabat de sa misère intellectuelle, mais ce n’est pas là un système, et en métaphysique, ça toujours été une grande pitié.

2306. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Je me tournerais vers ceux qui viennent de parler, et je leur dirais : « Laissez-moi d’abord vous féliciter de n’avoir que deux dimensions, car vous allez ainsi obtenir pour votre thèse une vérification que je chercherais vainement, moi, si je faisais un raisonnement analogue au vôtre dans l’espace où le sort m’a jeté. » Il se trouve, en effet, que j’habite un espace à trois dimensions ; et lorsque j’accorde à tels ou tels philosophes qu’il pourrait bien y en avoir une quatrième, je dis quelque chose qui est peut-être absurde en soi, encore que concevable mathématiquement.

2307. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

Il peut jeter son dévolu sur l’un quelconque des systèmes de son univers ; il peut d’ailleurs changer de système à chaque instant ; mais force lui est, à un moment déterminé, de se trouver dans l’un d’eux.

2308. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

En effet, ces concepts, érigés en choses en soi, deviennent contradictoires : l’espace homogène et infini sans qualités, l’atome étendu et indivisible, la causalité mécanique où ce qui ne peut rien sur soi a pouvoir sur autre chose et qui nous jette dans le progrès à l’infini, l’action d’un corps brut sur un autre, de quelque manière qu’on se la représente : tous ces symboles, pris pour des réalités absolues, deviennent inintelligibles, ce qui ne paraîtra pas étrange si l’on se rappelle que ces concepts, soumis à l’analyse, présentent des éléments réfractaires à la pensée. […] Berthelot, jette une ombre sur tout le système. […] Friedel, à propos des objections que peut soulever la théorie atomique, allègue qu’aucun physicien n’est actuellement disposé à jeter par-dessus bord la théorie ondulatoire de la lumière, à cause des difficultés graves et même des contradictions que présente la conception de l’éther lumineux.

2309. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

On raconte que, le lendemain de son arrivée à Paris, déjeunant en tête-à-tête avec son père, qui le regardait fixement et en silence, tout à coup le naïf savant s’échappa à dire : « C’est drôle, Jean-Jacques, j’aurais cru que ça m’aurait fait plus de plaisir de te revoir. » Un verre d’eau fraîche, jeté brusquement au visage, ne ferait pas, convenons-en, un autre effet. […] Il a une vivacité (à cette distance) qui peut avoir son charme et son piquant, mais qui, pour le fond, me jette à tout instant dans la perplexité et le doute.

2310. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

. —  Mais les trois quarts des gens jetteraient là ces spéculations comme oiseuses. —  Tant pis pour eux. […] Car nous sommes débordés de tous côtés par l’infinité du temps et de l’espace ; nous nous trouvons jetés dans ce monstrueux univers comme un coquillage au bord d’une grève, ou comme une fourmi au pied d’un talus.

2311. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

. — Mais les trois quarts des gens jetteraient là ces spéculations comme oiseuses. — Tant pis pour eux. […] Car nous sommes débordés de tous côtés par l’infinité du temps et de l’espace ; nous nous trouvons jetés dans ce monstrueux univers comme un coquillage au bord d’une grève, ou comme une fourmi au pied d’un talus.

2312. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Et si Victor Hugo jeta en effet et maintint dans la littérature toute la fraîcheur, la communication avec l’inconscient et la vie originelle, qui existent encore chez un enfant de deux ans, un Baudelaire et un Amiel, voire un Fromentin, marquent bien la date où commence un siècle majeur, conscient et responsable. […] Mais pour le moment cela jette un froid sévère entre sa famille et lui, à tel point qu’il ne retourne pas à La Rochelle pendant les vacances, va s’installer d’abord à Gournay-en-Bray, puis dans la forêt de Fontainebleau. […] Mais précisément Madeleine part pour deux mois, et c’est alors seulement qu’il peut vivre avec elle, avec son image, et se livrer sans remords et sans crainte à un amour qui aura tout loisir de jeter en lui d’impérissables racines. […] Et, comme les oiseaux nourris en cage et les oiseaux libres, l’un et l’autre côté se jettent mutuellement des regards d’envie.

2313. (1898) La cité antique

Il faut que son mari l’enlève, qu’il simule un rapt, qu’elle jette quelques cris et que les femmes qui l’accompagnent feignent de la défendre. […] Il y a des usages qui ont duré jusqu’aux derniers temps de l’histoire grecque et qui jettent quelque lumière sur la nature de la phratrie antique. […] Aux premiers regards qu’il jeta sur le monde extérieur, l’homme se le figura comme une sorte de république confuse où des forces rivales se faisaient la guerre. […] Il y jette une motte de terre qu’il a apportée de la ville d’Albe357. Puis chacun de ses compagnons, s’approchant à son tour, jette comme lui un peu de terre qu’il a apportée du pays d’où ilvient.

2314. (1901) Figures et caractères

Toute son œuvre véritable restait secrète, manuscrite, livrée aux hasards de toutes sortes, non même point telle qu’il l’aurait voulue, mais à peine comme il l’avait entrevue, faite de fleurs éparses et que ne reliait point entre elles le souple et fort lien de la guirlande, fleurs diverses et charmantes, jetées sans ordre aux pieds de la statue et qui devaient composer une couronne odorante au front rajeuni de la Muse française. […] Elle appareille, cingle ou jette l’ancre. […] N’est-il pas singulier de voir Trelawnay assister à ce rite funèbre qui devait lui rappeler le jour où il avait, de ses mains, mis le feu à un autre bûcher qui, dans une île lointaine, au temps de sa vie aventureuse, avait consumé jadis la dépouille mortelle de la belle Zela, et sur lequel on avait jeté, comme il le dit, « de l’huile, des épices, du musc, du camphre et de l’ambre gris ». […] Notre destin est aux mains de Psyché ; aussi faut-il lui construire une demeure à jamais, au fond de nous, et je serais heureux si, de ce logis imaginaire, mental et spéculatif, j’avais pu, d’un geste et avec ces paroles, jeter parmi vous la Clef d’Or ! […] Il ramassait et jetait dans un panier les morceaux de papiers épars.

2315. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Dans nos jugements esthétiques sur une action donnée nous ne faisons pas plus abstraction de la fin poursuivie que dans nos jugements moraux : par exemple, l’action de se jeter à l’eau et même de s’y noyer n’a rien de beau en elle-même, elle n’acquiert de valeur esthétique que dans la proportion où elle acquiert une valeur morale, lorsqu’elle se justifie par un but de dévouement. […] Au contraire, les mouvements expressifs, comme ceux de la joie ou de la bienveillance, et les sentiments de toute sorte, comme les diverses formes de l’amour, viennent du plus profond de notre être, qu’ils intéressent tout entier ; ils ressemblent à une onde venue du fond de la mer, qui marque une émotion sourde de toute la masse, tandis que les sensations esthétiques, comme celle de la vue et de l’ouïe, sont la ride passagère produite par un caillou jeté du bord. […] Taine aime à le répéter — avaient pour la pureté de la forme, pour la proportion harmonieuse des membres, pour les belles nudités un amour poussé jusqu’à l’adoration ; la beauté offrait à leurs yeux un caractère sacré, et Sophocle, encore éphèbe, avant de chanter en public un hymne aux dieux de la Grèce vainqueurs à Salamine, jetait bas ses vêtements devant l’autel. […] Sainte-Beuve le constatait et s’en plaignait un peu, quoiqu’il eût lui-même prêché d’exemple ; il songeait avec peine à toutes ces idées jetées par lui et par tant d’autres au hasard de la prose, dans l’insouciance du travail quotidien, et il les comparait à « de la poudre d’or embarquée sur des coquilles de noix, au fil du courant ». […] On ne peut jeter dans un moule que du métal en fusion.

2316. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

et ensuite je m’enferme avec vous ou bien je vous emporte sous une allée où je marche tout seul, et je frappe sur le livre et je jette des cris de plaisir à me faire passer pour fou.

2317. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

L’esprit de la Ligue, pour être parfaitement saisi dans toute sa complication et démêlé dans ses directions diverses, avait besoin de s’éclairer du jour rétrospectif qu’y jette la Révolution de 89 ; il ne s’agit que de ne pas abuser des rapprochements.

2318. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

m’écriai-je en me précipitant les deux bras ouverts et tendus devant moi pour me jeter entre l’arbre et la hache ; mais c’est comme si vous commandiez de ne pas m’opposer à ce qu’on enlevât ma tête aveugle de dessus mes épaules !

2319. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Il regrette de n’être pas né du temps de Louis Racine et de Rollin, quand les hommes de lettres servaient la messe et chantaient aux offices, Quand Maintenon jetait sur la France ravie L’ombre douce et la paix de ses coiffes de lin.

2320. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Tout s’y jette par larmes, par sanglots, par une étreinte passionnée qui n’a rien dit, mais qui a empêché de mourir.

2321. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Un homme se précipite du haut de la tour Eiffel… Une femme attend son mari infidèle sur la jetée… Opération de l’appendicite sur une midinette… Le roi d’Espagne sourit… Manteau de la reine d’Angleterre… Mannequins de la rue de la Paix… Les chiens de Colette Willy… Ministère glissant et tombant sur la peau d’un mandarin… Tout est spectacles, attitudes, poses, déclamations, proclamations, monômes, défilés de grévistes et d’enterrements, duels, missions humanitaires et chasses présidentielles !

2322. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Si l’on ne tient pas compte dans l’usage de la loi de cette progression nécessaire, on rencontrera souvent des difficultés qui paraîtront insurmontables, car il est clair que l’état théologique ou métaphysique de certaines théories fondamentales a dû temporairement coïncider et a quelquefois coïncidé en effet avec l’état positif de celles qui leur sont antérieures dans notre système encyclopédique, ce qui tend à jeter sur la vérification de la loi générale une obscurité qu’on ne peut dissiper que par la classification précédente.

2323. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Mais voyez comme, presque sournoisement, l’avocat qu’est La Fontaine, dépose en passant, jette, en passant, une idée qui sera féconde, il le suppose et il a bien raison de le supposer, dans l’esprit de son lecteur, et qui achemine le lecteur à la conclusion où lui, auteur, veut atteindre.

2324. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Balzac, dont la personnalité allait jaillir aussi profonde et aussi complète que celle de Dante, de Milton ou de Goethe, voulut, dans les impatiences d’un génie qui jetait son écume, rivaliser d’invention avec Boccace et de langage avec Rabelais ; mais il ne réussit que pour les artistes, les écrivains et les connaisseurs.

2325. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Nous passions, mon fils et moi, assez rapidement devant un magasin de jouets d’enfants, ou tout autre qui était garni de marchandises variées, et nous y jetions un regard attentif.

2326. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Il s’ensuit que sur un simple prétexte, sur une ombre d’idée adoptée en courant, il se jette en campagne et il frappe. […] Nous savons, parce que nous avons étudié l’histoire, parce que nous avons jeté les yeux en dehors de chez nous, vers les pays qui marchent, qui progressent, — tandis que nous nous attardons dans les luttes, dans les querelles stériles, — nous savons où va le progrès humain et nous avons la conviction que nous sommes dans la bonne voie. […] Si l’État s’interpose, la religion devient pour l’homme quelque chose de palpable et de matériel, qu’on lui jette ou qu’on lui retire au caprice de toutes les tyrannies. […] Paul Seippel (Les Deux Frances et leurs origines historiques) s’obstinent à répéter cette vieille vérité que la bourgeoisie française s’est jetée entre les bras de l’Église pour y trouver une défense contre la Révolution, pour appuyer aussi et soutenir ceux qui peuvent museler la Révolution et l’endormir. […] Lorsque Louis XIV persécutait les protestants, si l’on avait dit, non pas peut-être à lui, mais à ses ministres, que cette persécution pouvait avoir pour effet de jeter un million de protestants à l’étranger, ils auraient sans doute répondu : « C’est précisément pour cela que nous les persécutons.

2327. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Il ne leur reste plus, pour achever leur triomphe, qu’à jeter le discrédit sur l’administration ; et justement, aux environs de 1768, les « Économistes » paraissent pour leur en donner l’occasion. […] — De la prédilection de Montesquieu pour Florus [Cf. son Essai sur le goût] ; — et généralement pour les Latins de la décadence ; — ce qui ne l’empêche pas de reprocher à Tite-Live « d’avoir jeté des fleurs sur les colosses de l’antiquité ». — Comparaison du livre de Montesquieu avec la troisième partie du Discours sur l’histoire universelle ; —  et dans quelle mesure Montesquieu a eu l’intention de combattre Bossuet. — Sa théorie des causes ; — et sa philosophie de l’histoire. […] Que Le Philosophe sans le savoir est vraiment le drame bourgeois tel que l’avait rêvé Diderot : — par la nature de l’intrigue ; — par la condition des personnages ; — par la solennité de leurs discours ; — par leur préoccupation de la morale ; — et par la vulgarité soutenue du style. — Mais qu’il s’y trouve, dans une histoire de duel jetée adroitement au milieu d’un mariage qui s’apprête, — dans le caractère délicatement touché de Victorine [Cf. 

2328. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Une autre raison plus fondamentale entre autres, qui rend le La Bruyère difficile de nos jours, c’est qu’on ne sait plus bien ce que sont certains défauts auxquels le moraliste jette tout d’abord un coup d’œil pénétrant, et que sa sagacité évente pour ainsi dire.

2329. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Dès qu’elles jetaient les yeux sur moi, je les croyais occupées à en médire… » Il n’y a de comparable à ces aveux que certains passages de Jean-Jacques dans ses Dialogues.

2330. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Après avoir rempli sa mission et donné le baume à Gurnemanz, elle se jette à terre, où elle forme une tache sombre.

2331. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Par une suite de cette disposition, je ferai toujours sensible aux plus légeres critiques, dès qu’elles pourront jeter le moindre soupçon sur la droiture de mes intentions & sur l’équité que je me suis prescrite.

2332. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Les plus grands penseurs, depuis Aristote, se sont attaqués à ce petit problème, qui toujours se dérobe sous l’effort, glisse, s’échappe, se redresse, impertinent défi jeté à la spéculation philosophique.

2333. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Dans une comédie de Labiche, un personnage crie au locataire d’au-dessus, qui lui salit son balcon : « Pourquoi jetez-vous vos pipes sur ma terrasse ? 

2334. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

C’est le long conduit qui, chez le chien, sort de la glande sublinguale, et va, à ce qu’il croyait, se jeter dans le conduit de Wharton. […] Au bout de ce temps, le mélange était excessivement gluant ; on jeta sur un filtre, et la matière filtrée était très gluante et filante et parfaitement limpide, excepté les premières portions qui étaient restées troubles. […] Quarante-huit heures après on jeta le tout dans un filtre et l’on examina le liquide. […] Si nous jetions, au contraire, sur un filtre un mélange de sulfate de magnésie avec de l’eau albumineuse, le liquide filtré se coagulerait encore par la chaleur ; ce qui prouverait que l’albumine a passé. […] Pour isoler le sel ainsi formé, on a jeté aussitôt sur un filtre la liqueur avec le précipité, et l’on a épuisé à froid par l’eau, l’alcool, puis l’éther.

2335. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Sully Prudhomme… Supposez donc qu’au lieu d’habiter dans une âme noble, et un peu dédaigneuse de complaire à la foule, le pessimisme de Vigny soit tombé dans une âme inférieure, désireuse ou avide à tout prix d’étonner ou de scandaliser : — c’est la graine des Fleurs du Mal, si je puis ainsi dire, jetée dans le terrain le plus propre à son évolution. […] Paléologue a relevé ce passage inédit : « Mon âme tourmentée se repose sur des idées revêtues de formes mystiques… Âme jetée aux vents comme Françoise de Rimini. […] Schopenhauer ne nous demande que de jeter avec lui les yeux sur ce qui nous entoure, de considérer le train ou les accidents de la vie quotidienne, et, quoi qu’il avance ou qu’il affirme, nous ne le comprenons pas, si nous n’entendons pas qu’il nous invite à le contrôler, en nous en procurant lui-même les moyens. […] Non pas sans doute qu’il se soit aperçu le premier que le xviie  siècle, dans son ensemble, « pouvait être considéré comme une halte, un espace intermédiaire entre deux époques de critique et de négation » ; ou encore, et pour en emprunter à Sainte-Beuve l’image expressive, comme un pont, jeté sur le courant qui relie Montaigne à Pierre Bayle, et l’auteur de Pantagruel à celui du Rêve de d’Alembert. […] Celui, au contraire, qui se jette dans le peuple ou dans la province, y fait bientôt, s’il a des yeux, d’étranges découvertes, y voit des choses qui lui sont nouvelles, dont il ne se doutait pas, dont il ne pouvait pas avoir le moindre soupçon ; il avance par des expériences continuelles dans la connaissance de l’humanité. » C’est la partie de sa tâche que le roman naturaliste a trop négligée depuis vingt-cinq ans ; c’est ce qu’il a quelquefois essayé d’en remplir qui a fait son succès, — mœurs de province dans Madame Bovary, mœurs populaires dans Germinie Lacerteux, mœurs parisiennes dans Jack et dans le Nabab ; — et c’est ce qu’en reprendra le roman de demain.

2336. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Si vous ne jetez pas le livre de colère et de fatigue, vous perdez le jugement ; vos idées s’en vont, le cauchemar vous prend ; un carnaval de figures contractées et féroces tourbillonne dans votre tête ; vous entendez des hurlements d’insurrection, des acclamations de guerre ; vous êtes malade : vous ressemblez à ces auditeurs des covenantaires que la prophétie remplissait de dégoût ou d’enthousiasme, et qui cassaient la tête au prophète, s’ils ne le prenaient pour général. […] Ce catéchisme cynique, jeté au milieu de déclamations furibondes, donne, je crois, la note dominante de cet esprit étrange : c’est cette tension forcenée qui fait son talent ; c’est elle qui produit et explique ses images et ses disparates, son rire et ses fureurs.

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