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966. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Il proscrit les mots anciens, sous prétexte qu’ils sont surannés ; il n’admet guère eu fait de néologismes que des mots étrangers ; car le bon ton consiste, comme chacun sait, à jargonner en anglais ou en italien ce qu’on pourrait tout aussi bien dire en français. […] Il adore le gracieux, le joli ; il a pour le beau simple une admiration froide, ou plutôt encore une estime de commande ; il ne comprend guère le sublime.

967. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

En ce temps-là encore l’histoire n’est guère sortie des cloîtres ; la philosophie se confond avec la théologie ; le théâtre n’est qu’un appendice aux cérémonies du culte ; il se borne à rendre visibles les histoires de la Bible et de l’Évangile. […] L’éloquence sacrée, si retentissante au siècle précédent, se tait ou du moins ne trouve guère de voix énergiques qui viennent du cœur et qui aillent au cœur.

968. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Il n’y a guère que ce rêveur de La Fontaine, cet ancien maître des eaux et forêts, qui sache apprécier et ose nommer veau, vache, cochon, couvée, qui plaigne d’un cœur fraternel l’arbre dépouillé de ses rameaux par l’ingratitude de l’homme, qui aime jusqu’à la solitude et lui trouve une douceur secrète. […] Les écrivains dramatiques du temps semblent convaincus que l’homme est le même dans tous les siècles et sous toutes les latitudes ; frappés par cette moitié de vérité, que le fond des sentiments ne change guère au cours des siècles, ils négligent de parti pris l’autre moitié, à savoir, que la forme, la combinaison et l’intensité de ces mêmes sentiments sont dans une mue incessante.

969. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Ceux des wagnéristes qui connaissent à quel tarif sont payées les réclames insérées au Figaro, ne peuvent guère avoir foi, ce me semble, en des jugements qu’ils savent soldés contre quittances ; et ceux qui ignorent ces trafics, ont-ils donc tant de confiance dans l’impeccable wagnérisme des journaux boulevardiers ? […] Le grand novateur vivait très retiré, ne recevant guère qu’un couple d’aimables écrivains français (mes compagnons de voyage) et moi.

970. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

D’une autre part, Spiegel n’est guère poli tout d’abord, et Frantz se gendarme bien vite contre ce chaland qui l’étrenne. […] Imaginez que, d’un acte à l’autre, et sans crier gare, ce Frantz Wagner, qui n’était guère, jusqu’à présent, que le soupirant élégiaque de la Fortune — quelque chose comme une Perrette de ballade rêvant aux veaux d’or qu’elle mènera paître aux sons de sa lyre — imaginez, dis-je, que le voilà pris d’une attaque de vanité foudroyante, et qu’il perd subitement son cœur, sa tête, son bon sens, la mémoire de son passé, de ses affections, des bienfaits reçus, de son amour même.

971. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Lesage avait très bien observé un fait que d’autres moralistes ont relevé également : ce qu’il y a peut-être de plus caractéristique dans les hommes pris en masse, et de plus fait pour étonner chaque fois ceux mêmes qui croient le mieux les connaître, ce n’est pas tant leur méchanceté, ce n’est pas leur folie (ils n’y donnent guère que par accès) ; ce qu’il y a de plus étonnant dans les hommes et de plus inépuisable en eux, c’est encore leur bassesse et leur platitude. […] Son ami le raille de sa simplicité et lui expose la théorie moderne : Si ce sonnet n’est guère intelligible, tant mieux, mon ami.

972. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Le jeu de La Motte était de dire que ce Louise-Bénédicte de Bourbon ne lui durait guère, donnant à entendre qu’il le dévorait de baisers quand il était seul. […] La duchesse du Maine, à cette seconde époque de Sceaux, avait à la tête de ceux qu’elle appelait ses bergers le spirituel marquis de Sainte-Aulaire, qui fit pour elle son célèbre quatrain, et qui n’avait guère moins de quatre-vingt-dix ans : cela rajeunissait singulièrement la duchesse de s’être donné un si vieux berger ; elle ne paraissait plus qu’une enfant auprès de lui.

973. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Ce qui devait surtout rassurer Fontaine et les hommes du métier, c’était la curiosité universelle de Condorcet qui le poussait au-dehors dans toutes les branches et dans toutes les directions de la connaissance humaine, de telle sorte qu’en s’étendant à tout et même en embrassant tout, elle ne laissait plus guère à son esprit le temps d’inventer sur rien. […] S’ils ne faisaient qu’assigner les caractères généraux de la société moderne, la prédominance de la science et de l’industrie sur la guerre, une certaine égalité de culture et de bien-être pour le plus grand nombre, égalité qui doit être désormais le but principal des institutions ; s’ils ne faisaient que recommander enfin à l’humanité, qui est désormais une personne mûre, de prendre en tout l’esprit de son âge, on n’aurait guère à les contredire, et on les louerait sans réserve d’avoir été des précurseurs dans la recherche et l’indication des voies et moyens.

974. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Il lui dit en fondant en larmes : « Vous ne m’aimez point, et vous n’avez guère de soin de ceux qui vous aiment. » Il lui dit cela ou à peu près, ou dut le lui dire. […] C’est que la dignité et l’amour ne vont guère ensemble, et que tant qu’on aime, tant qu’on espère encore, si peu que ce soit, on fait bon marché de tout le reste.

975. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Pour mieux faire sentir que c’est tout à fait l’orateur ici qui est en scène et qui va chercher son argument dans la conscience de l’adversaire, je n’ai qu’à rappeler ce que Mirabeau dit en vingt endroits : « Je crois à un Dieu, mais non à un Dieu rémunérateur. » Il croyait, pour son compte, à une Cause première qu’il ne définit guère autrement, et non pas à l’immortalité de l’âme. […] Les antiques rapsodes ne procédaient guère autrement.

976. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Notre sagesse ou notre folie n’est guère en général que le résultat de notre âge et de notre situation. […] C’était le moment du grand succès de Barthélemy, et sa Némésis produisait çà et là des imitations et des contrefaçons où il n’entrait guère que des violences.

977. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Grimm reconnaissait qu’à cette date il était peu d’orateurs chrétiens qui parussent plus dignes du choix de l’Académie, et il ajoutait : « Il n’en est guère sans doute qui puissent se trouver moins déplacés dans une assemblée de philosophes. » L’éloge semblerait compromettant, si l’abbé Maury avait à être compromis sur quelque point. […] Marmontel fit part de cet entretien à l’abbé Maury le soir même : Il n’est que trop vrai, répondit celui-ci, que dans leurs spéculations ils ne se trompent guère, et que pour trouver peu d’obstacles la faction a bien pris son temps.

978. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Charavay, une liasse de papiers, — ne sachant guère ce que nous achetions. […] Seulement, alors je croyais à une suite autographe des Mémoires, peut-être perdue, peut-être enfouie dans quelque collection inconnue ; à l’heure présente je n’y crois plus guère ; je suis presque convaincu que la paresseuse artiste, que l’écriture n’amusait pas, s’est arrêtée à la quatorzième page, et que les mémoires manuscrits que j’ai entre les mains, — sauf le commencement, — par un certain Talbot, sur la commande de Loiseau, n’ont pas été rédigés, dis-je, sur un brouillon de la chanteuse, mais bien d’après ses confidences et ses conversations.

979. (1694) Des ouvrages de l’esprit

L’on n’a guère vu jusques à présent un chef-d’œuvre d’esprit qui soit l’ouvrage de plusieurs : Homère a fait l’Iliade, Virgile l’Enéide, Tite-Live ses Décades, et l’Orateur romain ses Oraisons. […] Marot, par son tour et par son style, semble avoir écrit depuis Ronsard : il n’y a guère, entre ce premier et nous, que la différence de quelques mots.

980. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Les hommes, dit un philosophe moderne, ont tous à peu près le même fond de pensées ; ils ne diffèrent guère que par la manière dont ils les rendent. […] La logique de l’Évangile est dans nos cœurs ; c’est là qu’on doit la chercher ; les raisonnements les plus pressants sur le devoir indispensable d’assister les malheureux, ne toucheront guère celui qui a pu voir souffrir son semblable sans en être ému ; une âme insensible est un clavecin sans touches, dont on chercherait en vain à tirer des sons.

981. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Plus préoccupé, comme critique, — et selon nous avec raison, — de la moralité des œuvres, de leur portée dans l’intelligence humaine et des épouvantables dangers qu’elles créent aux sociétés qui les admirent que de leur valeur esthétique, il se recommande et se distingue par cette noble préoccupation, devenue un peu trop la distraction de la Critique moderne, exclusivement attachée à l’autre côté des choses et ne voyant guère, comme on sait, que la question de la forme en littérature. […] Cousin dans son histoire, il ne lui est guère possible de nier que le célèbre professeur ne soit coupable de panthéisme, sinon de fait largement et fièrement articulé, du moins de conséquence inévitable.

982. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Tout d’abord on ne voit pas très bien quel rapport il peut y avoir entre le grand astronome et Philarète Chasles, qui n’a guères étudié l’astronomie qu’à travers le tube d’un verre de champagne, à souper. […] qu’il faut savoir quand on est professeur, en présence de ces faits très peu dramatiques, et qui ne prêtent guères aux déclamations et aux effets de plume, je conçois qu’un ennemi de l’Église fût légèrement contrarié.

983. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

L’éloquence, parmi nous, ne pouvait guère renaître que dans la chaire ou le barreau ; mais là, que d’obstacles encore ! […] Le mauvais goût ne peut guère exister que chez un peuple réuni en corps de société, où l’esprit naturel est gâté par le luxe, par les vices, par l’excès de la vanité, et le désir secret d’ajouter à chaque objet ou à chaque idée, pour augmenter l’impression naturelle que cet objet doit faire.

984. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

Ce ne fut guère qu’à la fin du XVIIIe siècle qu’on s’en écarta, et que la traduction devint une lutte véritablement littéraire, pleine de fatigue et d’honneur.

985. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

L’amour, avons-nous dit, n’occupe guère de place dans ces deux volumes ; toutefois nos lecteurs en ont vu une délicieuse et fraîche réminiscence.

986. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

Je ne sais ce que j’ai ; mais vraiment je n’ai guère le cœur à souper maintenant.

987. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Dans toute littérature dramatique, il y a une part caduque, tout actuelle, ne pouvant guère survivre au jour qui l’a vue naître ; et il y a une part immortelle que nous n’entrevoyons que vaguement, tant l’intérêt présent nous occupe.

988. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

* *   * Dans cette situation d’esprit, la jeunesse contemporaine que brûlent les plus violentes ardeurs, n’était guère préparée aux légendes, germaniques, et aux délicates chevaleries à l’aide desquelles les poètes précédents (Henri de Régnier, Maurice Maeterlinck) ont pris l’habitude de se célébrer et d’éclaircir leur position morale.

989. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Il faudrait pour cela une hardiesse d’imagination, une force d’esprit dont on ne trouve guère d’exemples que parmi les inventifs bourreaux du Japon, et peut-être de quelque autre pays.

990. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

D’ailleurs les succès de scandale cherché et d’allusions politiques ne lui sourient guère, il l’avoue.

991. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

Cette objection n’est pas très-démonstrative, car, outre que beaucoup de savants physiologistes soutiennent aujourd’hui que les nerfs sont creux, cela importe assez médiocrement ; si l’on considère, en effet, les esprits, animaux comme un fluide analogue aux fluides impondérables, ils n’auraient guère besoin, pour traverser les nerfs, d’un tube visible à nos sens, la lumière et la chaleur traversant des corps qui nous paraissent parfaitement pleins.

992. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Voilà deux traits de naturel qu’on ne trouve guère que dans La Fontaine, et qui charment par leur simplicité.

993. (1879) Balzac, sa méthode de travail

Quand il s’adresse au public, il prend des tons de général Bonaparte à la bataille des Pyramides ; en particulier, l’homme se montrait parfois aussi inquiet sur la durée de son œuvre qu’un grand artiste qui constate que les couleurs qu’il emploie détruiront sa toile et ne laisseront guère plus de traces du tableau que si un liquide corrosif y avait été jeté.

994. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Je ne connais guère sur la connaissance de l’homme qu’elle suppose que le petit traité d’Hobbes intitulé : De la Nature humaine, que j’ai déjà recommandé.

995. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

Satire contre le luxe, à la manière de Perse Vous jetez sur les diverses sociétés de l’espèce humaine un regard si chagrin, que je ne connais plus guère qu’un moyen de vous contenter ; c’est de ramener l’âge d’or… vous vous trompez.

996. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

» pour nous, enfin, qui avons connu à fond cette race de drôles, spéciale aux cabarets du Paris du xixe  siècle, il n’y a guères d’intérêt dans la peinture de Vallès que sa peinture.

997. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

Son livre n’est guères qu’un joli feuilleton à la douzaine.

998. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Emmanuel Kant, qui ne riait guères, du reste, savait bien ce qu’il faisait quand il enlaçait, dans un groupe philosophique digne des plus grands artistes de l’antiquité, les trois génies aimés des hommes : le génie du Rire, du Sommeil et de l’Espérance.

999. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

Hebel11 Jean-Pierre Hebel est un poète allemand que nous ne connaissions guères, malgré notre allemanderie, comme parlait déjà le prince de Ligne bien avant que madame de Staël eût écrit son livre De l’Allemagne et que nous fussions coiffés du chapeau sans fond de la philosophie hégélienne, qui ne sera pas pour nous, par parenthèse, le petit chapeau de Fortunatus.

1000. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

C’était enfin une généreuse et lumineuse initiative, un de ces éclairs qui ne passent guères dans l’esprit des hommes quand ils n’ont ni croyances, ni idées, ni mœurs.

1001. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Nous ne pouvons réellement guères accorder que le chant du cygne, pour la poésie individuelle, soit définitivement chanté !

1002. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Les femmes qui étaient là, imbéciles de tout excepté de beauté physique, ces femmes qui n’avaient guères plus d’esprit que des pêches et plus de cœur que des ananas, sentaient leurs pulpes traversées.

1003. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Affaissement de l’être moral, prédominance de l’instinct, pourrait-on ajouter, car la servitude amoureuse à ce degré ne se différencie guère du pur instinct animal que par les nuances d’expression qu’y surajoute le conteur. […] Aux prises avec l’amour, les uns comme les autres n’ont guère que des réflexes, de soudaines détentes, et certes nous n’ignorons pas que la plupart des hommes sont ainsi. […] Mais ce n’est pas une raison de négliger le second plan, et comme Mme Marcelle Tinayre aime à sortir d’elle-même, que d’ailleurs elle y excelle, voici des figures accessoires qui ne sont guère moins attirantes. […] De lui nous n’avons guère retenu que le mot fameux qui se grave dans la mémoire — tel un profil de médaille — sur le sexe « aux cheveux longs et aux idées courtes », premier trait d’un dédain qui déduit ses raisons de l’observation des faits, pour aboutir au jugement motivé : « Que peut-on attendre des femmes, si l’on réfléchit que dans le monde entier ce sexe n’a pu produire un seul esprit véritablement grand, ni une œuvre complète et originale dans les Beaux-Arts ?  […] Nous le voyons qui s’appuie sur un ensemble de garanties ou de forces qui ne se sont guère modifiées depuis que le monde se développe en sociétés organisées, et auxquelles il paraît bien, d’après de récentes expériences, que l’on aura du mal à trouver des suppléantes.

1004. (1900) La culture des idées

D’ailleurs la librairie actuelle ne comporte guère la brochure et il faut bien, quand on écrit, en suivre les usages. […] Aussi le tout ne tarde guère à se fixer sur le papier. […] Les deux idées sont unies très énergiquement ; elles forment une vérité qui n’est guère contestée à l’heure actuelle que par des esprits d’une autorité médiocre ou d’une sincérité douteuse. […] Cependant le poète (rime, allitération) subit de pareilles associations, mais il doit avoir le talent de les rendre logiques, ce qui n’a guère lieu dans le rêve pur et simple. […] Dès le jardin, il eut de Victor Hugo une première vision à laquelle, certes, il ne s’attendait guère.

1005. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Depuis une vingtaine d’années, le théâtre lyrique n’a plus guère vu paraître que des opéras fondés soi-disant sur la légende. […] Il tombe un peu plus loin dans un verbiage qui ne vaut guère mieux que celui de Tolstoï. […] Mais la chanson populaire n’a guère préoccupé Nietzsche, à ce qu’il semble. […] Ce mot n’est qu’une paillette, un trait plus ou moins spirituel ; au fond, il n’a guère de portée, car dès qu’on cherche à s’en expliquer le sens, il n’en reste rien. […] Le caractère ethnique de la musique italienne, française, allemande, espagnole, anglo-saxonne, scandinave, russe, ne subsiste plus guère que dans les chants populaires d’origine assez lointaine.

1006. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Il n’y a même guère autre chose. […] Il n’est guère intelligible, ainsi, qu’à une intelligence immobile aussi et arrêtée jusqu’au terme dans une idée unique. […] Alors il devient pur despotiste, ou du moins, entre le despotiste et lui, je ne vois guère de différence. […] Les inventeurs du beau ne lui paraissent guère autre chose que des enfants aimables. […] La sentimentalité et la bonhomie superficielle des Allemands devaient séduire une personne qui n’a guère eu le temps de creuser et d’aller au fond.

1007. (1921) Esquisses critiques. Première série

Établir leur succession serait tout un travail : on a peine à les dater, — ce qui n’importe guère, puisque M.  […] Nous le reconnaissons sans difficulté, quoique nous ne l’aimions guère. […] Musset — qu’il n’aime guère — et Maeterlinck se rencontrent pour planter un décor en ces termes : une fontaine dans un parc. […] Ainsi l’équilibre qui attire son attention n’est guère moins rare que le déséquilibre qui le rompt. […] L’on ne discerne guère, avec ces Messieurs, où l’on s’en va.

1008. (1899) Arabesques pp. 1-223

Il faut se rendre compte qu’à cette époque, l’idée de patrie n’existait guère. […] Zola ne la ménage guère. […] D’ailleurs, Nietzsche ne s’illusionnait guère à cet égard. […] Le troupeau des humains est stupide et pervers ; ils n’ont guère souci d’être libres, égaux, ni de s’aimer fraternellement. […] Cette dernière épithète n’est guère justifiée.

1009. (1932) Les idées politiques de la France

En tant que parti il n’a guère survécu à la Séparation. […] Le libéralisme envers le génie, les droits ou les intérêts des nations ne va guère sans un certain internationalisme des sentiments, des idées, ou une position de dépatrié que l’Église elle-même ne recommande pas. […] Comme, dans l’ancienne France, l’Église tenait le rôle de société de pensée à monopole, officielle et unique, les sociétés de pensée durent se former contre elle et ne correspondirent guère qu’à des pensées ou à des volontés antireligieuses. […] Jaurès ne s’embarrassait guère de la question paysanne. […] La féodalité agrarienne, encore très puissante dans l’ouest et ailleurs, ne recherche et n’exerce guère qu’un patronat local.

1010. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Si Parny n’avait continué que sur ce ton, écrivant vers et prose mélangés comme dans ses lettres de 1773 et de 1775 à son frère et à Bertin, il aurait été plus naturel encore que Dorat et Pezai, mais il ne se serait guère distingué des Bouflers et des Bonnard ; il n’aurait point mérité la louange que lui décernent unanimement tous les critiques de l’époque, d’avoir ramené, introduit l’émotion simple et vraie dans la poésie amoureuse. […] Quant à Parny en particulier, Bonaparte le considéra toujours un peu comme un des vaincus du 18 brumaire ; il ne lui pardonna guère plus qu’aux idéologues. […] Je noterai aussi le joli tableau intitulé le Réveil d’une mère ; on s’est étonné que ces jouissances pures d’une épouse vertueuse, ces chastes sourires d’un intérieur de famille aient trouvé, cette fois, dans Parny un témoin qui sût aussi bien les traduire et les exprimer ; mais c’est que les torts de Parny, s’il n’en avait eu que contre la pudeur et s’il ne s’était attaqué directement aux endroits les plus sacrés de la conscience humaine, ne seraient guère que ceux de l’époque qu’il avait traversée dès sa jeunesse. « Il ne faudrait pas trop nous juger sur certaines de nos œuvres, me disait un jour un vieillard survivant, avec un accent que j’entends encore : Monsieur, nous avons été trompés par les mœurs de notre temps.

1011. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

VIII Telle fut la vie de cet homme distingué que le dix-huitième siècle prit pour un grand homme sur parole, et dont il ne lut guère que les Lettres persanes, feuille du Mercure, légère et spirituelle, mais peu digne, en somme, de la plume d’un législateur. […] Dans les pays froids, le tissu de la peau est resserré et les mamelons comprimés, les petites houppes sont en quelque façon paralytiques ; la sensation ne passe guère au cerveau que lorsqu’elle est extrêmement forte et qu’elle est de tout te nerf ensemble. […] « Nous voyons encore dans les relations que la Grande Tartarie, qui est au midi de la Sibérie, est aussi très-froide ; que le pays ne se cultive point ; qu’on n’y trouve que des pâturages pour les troupeaux ; qu’il n’y croît point d’arbres, mais quelques broussailles, comme en Islande ; qu’il y a, auprès de la Chine et du Mogol, quelques pays où il croît une espèce de millet, mais que le blé ni le riz n’y peuvent mûrir ; qu’il n’y a guère d’endroits, dans la Tartarie chinoise, aux 43e, 44e et 45e degrés, où il ne gèle sept ou huit mois de l’année ; de sorte qu’elle est aussi froide que l’Islande, quoiqu’elle dut être plus chaude que le midi de la France ; qu’il n’y a point de villes, excepté quatre ou cinq vers la mer Orientale, et quelques-unes que les Chinois, par des raisons de politique, ont bâties près de la Chine ; que, dans le reste de la Grande Tartarie, il n’y en a que quelques-unes placées dans les Boucharies, Turkestan et Charrisme ; que la raison de cette extrême froidure vient de la nature du terrain nitreux, plein de salpêtre et sablonneux, et de plus de la hauteur du terrain.

1012. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Outre l’honneur qu’il eut de réformer l’éloquence judiciaire, dont il avait appris le secret dans les ouvrages de Cicéron, il ne fut guère moins versé que Vaugelas dans la connaissance de notre langue. […] Patru s’était proposé de donner une Rhétorique, et, selon l’usage du temps, on ne parlait guère moins de cette rhétorique à venir que de la Pucelle inédite. […] Les gens du monde, les gens d’épée, les beaux esprits, les femmes, n’en furent guère moins occupés que les théologiens.

1013. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Puisque l’on voit continuellement des organismes de toutes sortes qui deviennent stériles sous l’influence du moindre trouble causé à leur constitution par des conditions de vie nouvelles et légèrement différentes, nous ne pouvons nous étonner de la stérilité fréquente des hybrides, dont la constitution ne peut guère manquer d’avoir été troublée par ce fait qu’elle est le produit de deux organisations distinctes. […] Il nous serait impossible de reconnaître l’espèce mère d’une ou de plusieurs autres espèces, lors même que nous pourrions comparer l’une avec les autres d’assez près, à moins que nous ne possédions pareillement beaucoup de chaînons généalogiques intermédiaires entre leur état passé et leur état présent ; et ces chaînons, nous ne pouvons guère espérer de les découvrir, vu les lacunes et l’imperfection des témoignages géologiques. […] Il ne s’agissait guère alors pour les différents êtres que de s’accoutumer à vivre au fond des eaux, dans les eaux ou à la surface des eaux.

1014. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Il se mit à rire à mes dépens : “Si ce sonnet, reprit-il, n’est guère intelligible, tant mieux. […] Ses sonnets sont clairs et spirituels, mais ils ne sont guère que cela. […] Je cherche parmi les grands écrivains français du xixe  siècle quelqu’un qui ne soit point malade, et je ne vois guère que M.  […] Il n’y a guère, pour le fond des choses, de comparaison à établir. […] Elle ne l’arrêta guère.

1015. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Il ne se passe guère de semaine où l’Université n’« écope » en quelques chroniques. […] L’idée de patrie, soumise au même traitement, ne résiste guère à l’analyse de M.  […] les rois, ni les empereurs, ni les présidents ne s’occupent plus guère de littérature !) […] Pouvillon ne fréquenta guère ces messieurs de la Faculté. […] Nous ne trouvons guère que cela de bon dans nos souvenirs de jeunesse, nous autres, libres citoyens d’une démocratie affairée.

1016. (1923) Nouvelles études et autres figures

En tout cas il y grandit, il y vécut, il n’en sortit guère. […] Sur la foi de Plutarque, qui n’était guère mieux renseigné que nous, on a contesté l’authenticité de ce passage. […] Tout autour, des ruelles et des rues dont les plus larges, comme la rue Saint-Jacques et la rue Saint-Etienne-des-Grés, n’étaient guère que des boyaux. […] Il n’y en a guère de plus exposé au pédantisme. […] Je ne vois guère d’écrivain qui ait fait un plus bel et un plus juste emploi de son talent ni qui ait pris plus habilement des sûretés contre l’oubli.

1017. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Ce malaise douloureux, ce trouble profond que porte dans l’âme une si sombre et si fausse appréciation des choses en général et de l’homme lui-même, et qu’il ne rencontrait guère dans son propre temps, ni dans les temps dont il lisait l’histoire, Shakespeare les a devinés et en a fait la figure et le caractère de Hamlet. […] L’esprit de Johnson, plus droit et plus ferme qu’élevé, arrivait assez bien à l’intelligence des intérêts et des passions qui agitent la moyenne région de la vie, mais il ne parvenait guère à ces hauteurs où vit sans effort et sans distraction une âme vraiment stoïque. […] « Elle a jusqu’au froncement de son sourcil. » Il y a une objection qui embarrasse Walpole, c’est une phrase si directement applicable à Élisabeth et à son père, qu’il n’est guère possible qu’un poëte ait osé la risquer. […] Il composait ses pièces selon que telle ou telle circonstance lui en fournissait l’idée, lui en inspirait la fantaisie, ou lui en imposait la nécessité, ne se souciant guère de la chronologie des sujets ni de l’ensemble que tels ou tels ouvrages pouvaient former. […] Cette dernière opinion a été longtemps la plus générale ; cependant elle ne peut guère soutenir l’examen, car, comme l’observe M. 

1018. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

André Chénier a pourtant fait voir, très judicieusement, et cette fois avec une vraie supériorité de critique, en quoi cette Ode laisse à désirer pour la composition, pour la pensée, et ce qu’aurait fait un Pindare : « Cette Ode, dit le commentateur poète, est bien écrite, pleine d’images et d’expressions heureuses, mais un peu froide et vide de choses, comme presque tout ce qu’a fait Malherbe ; car il faut avouer que le poète n’est guère recommandable que pour le style. […] Chez les Latins, avec Horace, l’Ode n’était déjà plus guère qu’une ode de cabinet, quoique le Carmen sæculare ait été chanté une fois par les jeunes Romains et Romaines. […] Il est vrai que le roi, lui commettant ses affaires, lui fit expédier un brevet de vingt mille écus de pension ; mais il est vrai aussi qu’il ne l’accepta qu’avec protestation de ne s’en servir jamais, et ne le garder que pour un témoignage d’avoir eu quelque part en la bienveillance de Sa Majesté. » Malherbe, pour preuve de la générosité du Cardinal, rappelle en passant qu’il a entrepris de faire rebâtir à ses frais la Sorbonne de fond en comble, dépense qui n’ira guère à moins de cent mille écus : « Mais ce que je vous vais dire est bien autre chose. […] Corneille, vieil et amoureux, — amoureux de tête plus que d’autre chose ; il les a faits pour une certaine marquise qu’on assure n’avoir été qu’une marquise de théâtre (peu importe), et qui faisait mine de le dédaigner ; il y a mis une vigueur, une fierté, une gronderie, une braverie, une conscience de ce qu’il était, un orgueil légitime à la fois et qui fait légèrement sourirai Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu’à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux.

1019. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Ce penchant trop longtemps gardé est un signe de petit esprit, je l’avoue ; on ne doit pas passer tant de temps à inventer des centons ; Addison eût mieux fait d’élargir sa connaissance, d’étudier les prosateurs romains, les lettres grecques, l’antiquité chrétienne, l’Italie moderne, qu’il ne sait guère. […] Addison n’a guère que des arguments de collége ou d’édification assez semblables à ceux de l’abbé Pluche, qui laissent les objections entrer par toutes leurs fentes, et qu’il ne faut prendre que comme des exercices de dialectique ou comme des sources d’émotion. […] Son célèbre commentaire du Paradis perdu ne vaut guère mieux que les dissertations de Batteux et du P. […] Sa conversation n’est pas assez vive ; les promptes allures, les faciles changements de ton, le sourire aisé, vite effacé et vite repris, ne s’y rencontrent guère.

1020. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

19 février Je crois que depuis le commencement du monde, il n’y a guère eu de vivants aussi engloutis, aussi abîmés que nous, dans les choses de l’art et de l’intelligence. […] Au bal de l’Opéra, il avait été présenté à Saint-Victor un jeune Anglais, qui lui avait dit simplement, en manière d’entrée de conversation « qu’on ne trouvait guère à s’amuser à Paris, que Londres était infiniment supérieur, qu’à Londres il y avait une maison très bien, la maison de mistress Jenkins, où étaient des jeunes filles d’environ treize ans, auxquelles d’abord on faisait la classe, puis qu’on fouettait, les petites, oh ! […] 14 juin On ne devinerait guère sur quel lit est mort Béranger. […] Sauf la vaisselle plate marquée aux armes de l’Empire, sauf la gravité et l’impassibilité des laquais, vrais laquais de maisons princières, on ne se croirait guère chez une altesse, tant il règne en cet aimable logis une liberté d’esprit et de parole.

1021. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Ce dernier a moins à faire pour créer, car les images fantastiques peuvent nous charmer par des rencontres de hasard comme dans les rêves, tandis que, pour qui ne sort pas du réel, la poésie et la beauté ne sauraient guère être une rencontre heureuse, mais sont une découverte poursuivie de propos délibéré, une organisation savante des données confuses de l’expérience, quelque chose de nouveau aperçu là où tous avaient regardé. […] En outre le souvenir est de toutes les représentations la plus facile, celle qui économise le plus de force ; le grand art du poète ou du romancier, c’est de réveiller en nous des souvenirs : nous ne sentons guère le beau que quand il nous rappelle quelque chose ; et le beau même des œuvres d’art ne consiste-t-il pas en partie dans la vivacité plus ou moins grande de ce rappel ? […] Les Grecs de Racine ne sont guère Grecs que par la date à laquelle on les place, et qui reste trop souvent une simple étiquette, un simple chiffre, sans nous faire voir la Grèce d’alors. […] Pour ma part, je ne me rappelle guère de paysages auquel je n’aie intimement mêlé mes pensées ou mes émotions, qui n’ait pris pour moi un sens, ne m’ait suggéré quelque retour sur moi-même ou sur le monde.

1022. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Notre système nerveux ne serait guère destiné, disions-nous, à un autre usage. […] J’ai commencé par un état où je ne distinguais que ma perception ; je finis par un état où je n’ai plus guère conscience que de mon automatisme : dans l’intervalle a pris place un état mixte, une perception soulignée par un automatisme naissant. […] Dans cette même masse sonore, au contraire, les deux interlocuteurs démêlent des consonnes, voyelles et syllabes qui ne se ressemblent guère, enfin des mots distincts. […] On n’en verrait guère le moyen, si les images verbales étaient véritablement déposées dans les cellules de l’écorce : ne serait-il pas étrange, en effet, que la maladie entamât toujours ces cellules dans le même ordre 66 ?

1023. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

— Parmi tant de résurrections dont on essaie, en voici une sur laquelle on ne comptait guère : la Némésis de Barthélemy ressuscite46.

1024. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

De là bien des images peu séduisantes, bien des détails qu’on voudrait voiler ; quelque chose de suranné qui ne ragoûte pas, quelque chose de railleur et de grivois qu’on n’attendait guère, et parfois même du cynisme qui offense.

1025. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

On ne peut guères comparer cet état qu’à l’effet du goût du sang sur les bêtes féroces, alors même qu’elles n’éprouvent ni la faim, ni la soif.

1026. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Ainsi l’antiquité, superficiellement effleurée dans les collèges des jésuites, l’antiquité que les femmes ne peuvent connaître, et qui n’est guère objet de conversation dans un salon, est renvoyée aux pédants des Académies et aux cuistres de l’Université.

1027. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Il n’y a guère de livre où il n’en parle.

1028. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

On lui fit ce quatrain : Du Goulu sçavant ne prend guères Les barbus pour pensionnaires ; Il choisit les petits enfans : Mais la Goulue les veut grands.

1029. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Il importe d’autant plus que le médecin et le chirurgien excellent dans leurs professions, que la variété et la multiplicité des circonstances qui les appellent à côté de nous, ne leur permettent guère d’exercer leurs fonctions à notre avantage et à leur satisfaction.

1030. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Ce que je scais, ce que je vois, c’est qu’il n’y a guères de physionomies plus déplaisantes, plus hydeuses que celle de l’oculiste Demours, et que La Tour n’a pas fait un plus beau portrait ; c’est à faire détourner la tête à une femme grosse, et à faire dire à une élégante, ah l’horreur.

1031. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

Toute cette partie du tableau est dans la demi-teinte ; ou plutôt il n’y a guère que la croupe du cheval qu’on ferre qui soit frappée de la lumière qui tombe du ciel.

1032. (1762) Réflexions sur l’ode

Les grands artistes en tout genre n’en ont guère connu qu’une ; c’est de n’être ni froids ni ennuyeux.

1033. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

— et que sous l’empire de cette Grâce, elle avait quitté son mari comme on ne le quitte guère dans les ouvrages de son père et de son frère, pour se jeter en pleines œuvres de haute dévotion et de prosélytisme, mais tout cela avec une telle gesticulation théâtrale, que les prêtres français de Jérusalem s’étaient inquiétés en leur prudence, de ce trop de gesticulation… Revenue en France, ajoutait-on, elle était entrée chez des religieuses de Passy, sans pourtant se faire religieuse, et elle y vivait dans une piété exaltée, peignant des sujets religieux ; mortifiant ainsi de la toile, si elle ne se mortifiait pas elle-même ; s’entretenant la main de cette façon et mortifiant toujours quelque chose !

1034. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Les honnêtes gens du Journal des Débats » pp. 91-101

Mais ce ne l’est guères non plus pour les honnêtes gens à la façon de Mirabeau.

1035. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Soit cette admiration naïve comme en ont souvent les esprits qui vivent sur les idées d’un grand homme, car la moyenne de l’humanité n’est guère plus qu’une plèbe servile de rabâcheurs, soit la spéculation qui déchiquète à son profit toute célébrité nouvelle, les imitateurs de Cervantes se levèrent de toutes parts au premier coup de cloche de sa gloire.

1036. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

Assurément, une si profonde vulgarité ne valait guères la peine d’occuper le loisir d’un esprit qui a le sens pratique et résolu des choses, et dont le livre (s’il l’était pas une étude de rhéteur) devait être une espèce le Traité du prince, élevé à la hauteur des périls que court la civilisation elle-même à cette heure, et armer l’État, puisqu’il en veut la prépondérance, contre les révolutions ou l’esprit révolutionnaire qui le diminuent chaque jour un peu davantage, en attendant qu’ils l’aient renversé !

1037. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

on n’eût guères attendu à l’avance ces deux poèmes du poète désolé, nostalgique, à idée fixe, des Hirondelles ; mais c’est qu’on aurait oublié l’influence de la double race de Louis Wihl.

1038. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

I Dans une de nos Expositions des dernières années, on voyait, en montant le grand escalier du Louvre, au haut duquel il était placé, dans un coin, un buste qui n’avait guère que la tête et le cou, et dont la bouche ouverte était presque tout le visage.

1039. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Si on laisse de côté les théories qui se bornent à constater l’« union de l’âme et du corps » comme un fait irréductible et inexplicable, et celles qui parlent vaguement du corps comme d’un instrument de l’âme, il ne reste guère d’autre conception de la relation psychophysiologique que l’hypothèse « épiphénoméniste » ou l’hypothèse « paralléliste », qui aboutissent l’une et l’autre dans la pratique — je veux dire dans l’interprétation des faits particuliers — aux mêmes conclusions.

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