Tout supernaturalisme recevra de la philologie le coup de grâce.
Tannhaeuser et Lohengrin revenaient chaque quinzaine au répertoire ; la grâce exquise de madame Mallinger — elle jouait si bien qu’on ne s’apercevait pas qu’elle n’avait plus de voix — faisait accepter deux ou trois fois dans la saison les Maîtres chanteurs de Nuremberg ; mais l’année précédente, on n’avait pu exécuter que deux fois Tristan et Iseult, que le public habituel de l’Opernhaus trouvait trop long ; et, quant à la tétralogie, on en parlait comme d’une grosse erreur, à travers les opuscules de M.
. : 48) ; ou bien il allait à Berlin, faire répéter Rienzi, qu’il aurait préféré qu’on ne donnât pas, et la seule fois de sa vie, il essaya par le mensonge, la flatterie, l’hypocrisie, d’obtenir les bonnes grâces des personnes influentes, ce qui eut peu de succès, puisqu’il ne savait pas assez bien mentir (1847, — IV, 370).
Nous ne sortons du « domaine du Gral », où « nul ne peut pénétrer que le Pur » et où la seule grâce du Gral nourrit les croyants, que pour entrer dans les jardins enchantés que Klingsor « s’est créés dans le désert » et qu’il a peuplés de Floramyes.
Chez Sieyès, à cette date, il y avait tout autre chose qu’un homme délicat et dégoûté, aimant les aises de la vie et la bonne chère ; il y avait le philosophe artiste, ardemment préoccupé de son œuvre, de son plan chéri, et qui ne pouvait résister bientôt à le produire, eût-il dû être un peu gêné et retardé un moment par une grâce du ministre.
Quand on voit double dans l’espace, c’est que les deux images ne se superposent pas ; de même, quand on voit double dans le temps, c’est qu’il y a dans les centres cérébraux un manque de synergie et de simultanéité, grâce auquel les ondulations similaires ne se fondent pas entièrement ; il en résulte dans la conscience une image double : l’une vive, l’autre ayant l’affaiblissement du souvenir ; le stéréoscope intérieur se trouvant dérangé, les deux images ne se confondent plus de manière à ne former qu’un objet.
Au regard historique, il n’est point de société dans la formation de laquelle il n’entre à quelque degré, et dans nombre de cas, loin qu’il entraîne des conséquences défavorables, on va voir qu’il est un des éléments constitutifs de la réalité sociale ou l’un des artifices grâce auxquels elle s’est fortifiée.
Il fallait que l’humain fût frappé dans ces choses de grâce et d’élégance, que je croyais intangibles par la maladie, dans ces dons d’homme comme il faut, d’homme bien né, d’homme bien élevé !
Gambetta va redonner à la France, sous trois mois, la grandeur qu’elle a perdue, et moi, je suis en train d’apprendre aux femmes de ce temps, la grâce de la femme du dix-huitième siècle.
Grâce aux Filles de mémoire, J’ai chanté des animaux ; Peut-être d’autres héros M’auraient acquis moins de gloire.
C’est au Journal des Débats, du reste, qu’il glissa les premières impiétés, tortueuses et aplaties, de cette plume qui a parfois les grâces rampantes de la couleuvre, et il était bien là, sous ces voûtes basses où personne, pas même les vipères, si elle avaient la fantaisie de se mettre sur leurs queues, ne pourraient s’élever.
C’est la grâce que je lui souhaite, et malheureusement la seule que je puisse lui souhaiter.
Fille de pasteur, sans autre fortune que la fraîcheur de sa beauté et de sa conversation, portant avec une grâce sérieuse ce qu’on appelait un esprit élevé, reine du pays de Vaud, elle avait, comme une bergère un roi, épousé le banquier genevois. […] Cette troisième partie a bien rempli une telle fonction de marché (grâce surtout à Schlegel). […] Mais il la nomme, lui fait une place, attire l’attention sur elle, de telle sorte que dès 1816 Raynouard publie son Choix de poésies de langue d’oc et oriente ses recherches du côté d’où va sortir, grâce d’abord à lui, un romanisme scientifique. […] Il a toujours tenu la poésie vraie, la « poésie même » comme un état précaire de grâce qu’il est téméraire de consolider en habitude. […] Tout le monde littéraire et républicain passait par son petit hôtel de l’avenue d’Eylau, où il tenait à peu près, comme il le fit toute sa vie, table ouverte, avec une bonne grâce de gentilhomme.
C’était, à l’exposition de 1878, un merveilleux panneau de Gustave Moreau, ouvrant sur la légende une porte niellée et damasquinée et orfévrée, c’était Manet, Monet, Renoir, de la grâce, de l’élégance, du soleil, de la vérité, et surtout c’était la Musique qui se réveillait en France d’un long sommeil. […] Plowert est le nom d’un manchot qui évolue non sans grâce dans un roman de Moréas et Paul Adam, de leur plus vieille manière. […] La mort de Laforgue était, pour les lettres, irréparable ; il emportait la grâce de notre mouvement, une nuance d’esprit varié, humain et philosophique ; une place est demeurée vide parmi nous. […] ou bien le vers refrain est : Je me fiche du reste… À la grâce de Dieu… Elle est du faubourg Antoine… Banville lui-même, avec son clair génie et ses habiletés de clown, n’a pu rendre une vie intelligente à ce vieux genre. […] Le choix même de Marceline Desbordes-Valmore, placée dans ce livre, pour sa grâce, pour un peu d’oubli qui avait suivi une expansion trop restreinte de gloire, n’était pas malheureux.
Marcelin Boule15 ; je n’oserais même plus demander grâce pour un des fragments qui m’avait frappé tout d’abord, une pointe de hache du type allongé rappelant le genre de Saint-Acheul16. […] Pas plus que les mégalithiques, ils ne possèdent la moindre curiosité esthétique ; les parures mêmes de leurs femmes sont lourdes et sans grâce : voici une grosse pendeloque en pierre commune. […] C’est un flambeau, grâce auquel nous voyons ce qui se passe, mais si le flambeau était éteint, il se passerait exactement la même chose. […] Ils sont fiers de la supériorité de l’homme sur le reste de la nature ; ils se flattent d’échapper aux lois vulgaires, où se plie l’animalité et ils espèrent qu’il, en sera toujours ainsi, grâce. […] Son dernier mot est d’une grâce qui m’enchante : « Et si parfois on est triste, on se console en respirant les roses. » Douces et sages sensations païennes !
Grâce aux documents conservés et par des procédés exacts de reconstruction méthodique, nous pouvons aujourd’hui supprimer la distance du temps, nous représenter en spécimens plus ou moins nombreux le Français ou l’Anglais du dix-septième siècle ou du moyen âge, l’ancien Romain, et même l’Indou de l’époque bouddhique, nous figurer sa vie privée, publique, industrielle, agricole, politique, religieuse, philosophique, littéraire, bref, faire la psychologie descriptive de son état moral et mental et l’analyse circonstanciée de son milieu physique et social, puis de ces éléments passer à des éléments plus simples encore, démêler les aptitudes et les tendances qui se retrouvent efficaces et prépondérantes dans toutes les démarches de son esprit et de son cœur, noter les conceptions d’ensemble qui déterminent tout le détail de ses idées, marquer les inclinations générales qui déterminent le sens de toutes ses actions, bref, distinguer les forces primordiales qui, présentes et agissantes à chaque moment de la vie de chaque individu, impriment au groupe total, c’est-à-dire à la société et au siècle, les caractères que l’observation lui a reconnus115. […] Très probablement, l’ordre des idées claires par lesquelles on vient de démontrer le principe est aussi l’ordre des idées obscures grâce auxquelles nous l’admettons avant qu’il soit démontré.
Scholl, un amusant et brillant ferrailleur de la parole, un verveux et nerveux causeur, qui, de temps en temps, a des mots qui sont, comme des coups de garcette, mais donnés toutefois avec une grâce en leur férocité. […] Et de temps en temps, la frêle personne à la grâce languide, est secouée par une petite toux sèche.
Si non, les auteurs sont en faute, et les voilà prêts, je n’en doute pas, à s’accuser de la meilleure grâce ; mais si oui, que demandez-vous davantage ; et le but n’est-il pas atteint ? […] Quand on vous parle roman, de grâce, ne répondez pas métaphysique ou physiologie ! […] Zola : « Sabine devenait l’effondrement final, la moisissure même du foyer, toute la grâce et la vertu pourrissant sous le travail d’un ver intérieur. » Il y a je ne sais quoi de plus empanaché dans les vers de Tragaldabas ou dans la prose des Funérailles de l’honneur : je ne crois pas qu’il y ait rien de plus drôle. […] J’aurais pu écrire mon nom dessus, quand je suis descendue après ma maladie, que le docteur a dit être une inflammation, que c’est une grande grâce que j’en sois réchappée. […] Nous pourrons en sourire, mais, parce que nous serons un beau géant comme Flaubert, allons-nous, des heures entières, nous attarder à remarquer en ricanant que de courtes jambes sont courtes, et qu’une proéminence exagérée de l’abdomen enlève aux mouvements quelque grâce et quelque aisance à l’allure ?
Il est l’expression d’une décadence, il a perdu toutes les rudesses du génie et ne se sauve que par les grâces d’une facture adroite. […] La comédie italienne avait Arlequin, Pierrot, Polichinelle, Colombine, ces types de la grâce et de la coquinerie humaines, si observés et si vrais dans la fantaisie ; nous autres, nous avons la collection la plus triste, la plus laide, la plus faussement noble qu’on puisse voir, des bonshommes blêmes, l’amant qui crache sur l’argent, le fils qui porte le deuil des farces du père, et tant d’autres faiseurs de sermons, abstracteurs de quintessence morale, professeurs de beaux sentiments. […] Si l’on imagine un rôle plus accentué encore, n’ayant plus certains côtés de grâce facile, vivant une vie moins factice, d’une classe moins élégante, on comprendra que le choix d’une interprète devient alors d’une difficulté presque insurmontable. […] La première fois que je l’ai entendu, je suis resté stupéfait de toutes les grâces dont il a semé ses paroles. […] Grâce à eux, des légendes grotesques se sont formées, l’histoire apparaît aux ignorants comme une parade, avec des paillasses richement vêtus qui tapent des pieds et qui déclament.
Il était là, tombé à ses pieds avec grâce, et elle ne se sentit pas la force de l’obliger à s’éloigner.
Je vois maintenant un prince révolutionnaire demander grâce tour à tour aux royalistes d’être un fils de la Convention, aux républicains d’être un roi sur un trône, aux étrangers d’être l’élu d’une insurrection, aux bonapartistes d’être un Bourbon, à la démocratie d’être un petit-neveu de Louis XIV, à l’aristocratie d’être l’élu d’une démocratie ; je le vois forcé de faire effacer ses armoiries sur les portes de son palais, comme un crime de sa naissance envers un peuple qui ne veut plus d’ancêtres ; forcé de donner à sa nièce, dans les cachots de Blaye, la question de la pudeur sacrée de la femme, de constater le flagrant délit de son sexe pour déconsidérer, par-devant témoins, ses partisans ; supplice que l’antiquité n’avait pas inventé et qu’un parti acharné contre la royauté exige d’elle comme une concession à l’ignobilité de sa haine.
Faisons ma soupe de bonne grâce ; les saints souriaient à tout, et l’on dit que sainte Catherine de Sienne faisait avec grande joie la cuisine. » Le 11 avril.
Amerigo, littérairement plus instruit, mais aussi moins véridique que les autres, célèbre, non sans grâce, la lumière éclatante, la disposition pittoresque et l’aspect étrange des étoiles qui se meuvent autour du pôle Sud, lui-même dégarni d’étoiles.
— Grâce à Dieu !
Le domaine paternel, détaché des immenses domaines de mon grand-père, n’était pas considérable par son étendue, mais nous possédions en réalité tout le pays circonvoisin et toutes les familles rurales par la vieille affection qu’on portait au nom de mon père, aux vertus de ma mère, aux grâces naissantes de mes sœurs.
Il s’enferma dans un cénacle de vieillards avec madame Récamier, qui avait au moins la grâce de ne vénérer en lui que son immortalité vraie, c’est-à-dire le génie littéraire.
La langue de Montaigne a les grâces et la liberté de celle de Rabelais, sans cette fureur qui roule les mots au hasard et en fait si souvent un jargon.
La grâce survit par l’habitude au sentiment vivant qu’on en a eu.
Puis Platen a démontré de quelle expression, de quelle grâce, de quelle eurythmie et de quelle sonorité est capable la langue allemande ; ayant toutes ces qualités avec une forme étrangère, que ne pourra-t-elle atteindre à l’avenir lorsqu’elle s’exprimera avec des formes à elle, moulées sur elle !
Grâce à cet incomparable chef d’orchestre, la musique de Wagner s’est révélée tout entière, de sa vague pénombre à ses sonores éblouissements.
Si la voix des Océanides résonne encore pour nous, de même résonneront, sans s’éteindre jamais, la plainte des filles du Rhin pleurant l’or perdu, le dernier chant de Brunnhilde, l’adieu de Lohengrin, les chœurs des pèlerins disant la grâce, l’hymne d’Iseult mourante, le cantique suprême du Parsifal.
Grâce à notre faculté spontanée de motivation, toutes nos impulsions tendent à s’intellectualiser, à se formuler elles-mêmes en jugements, comme la chaleur qui finit par se projeter en lumière.
Elle est petite, mal venue, avec une figure laide et tendre, une pauvre figure à la grâce de Dieu.
Vous ne savez donc pas ce que Verneuil a dit à l’autopsie : « Mes enfants, quelle grâce d’état que nous ne soyons pas intervenus !
Pendant que les bandes de joyeux vendangeurs se répondaient d’une colline à l’autre par ces cris de joie prolongés qui sont les actions de grâce de l’homme au sillon qui le nourrit ou qui l’abreuve, pendant que les sentiers rocailleux du village retentissaient sous le gémissement des roues qui rapportaient, au pas lent des bœufs couronnés de sarments en feuilles, les grappes rouges aux pressoirs, je me couchai sur l’herbe, à l’ombre de la maison de mon père, en regardant les fenêtres fermées, et je pensai aux jours d’autrefois.
Il faut qu’elle soit bien fanatisée, bien imbue des principes nouveaux, puisque, si supérieure dans les rôles qui exigent la finesse, la grâce et la décence, elle brigue, en grimaçant des parodies tragiques, les honneurs d’un martyre qui finira par avilir tout à fait son noble talent6.
Quand il ne fut plus jeune (on pourrait même écrire un autre mot), il vécut toujours sur les premiers succès de sa jeunesse et de sa petite jeunesse, comme disait avec tant de grâce M. de Talleyrand.
De grâce, regardez à la philosophie qui le compose de logogriphes et le caparaçonne de reliques : il ne combat qu’avec la chape de saint Martin sur le dos.
Zola, avec sa grâce ordinaire, était au fond du trou, et les paysans retiraient les cordes.
Grâce à cette troisième dimension d’Espace, toutes les images constituant tous les moments passés et futurs de l’univers sont données d’un seul coup avec l’image présente, non pas disposées les unes par rapport aux autres comme les photographies le long d’un film (pour cela, en effet, il n’y aurait pas de place), mais arrangées dans un ordre différent, que nous n’arrivons pas à imaginer, que nous pouvons cependant concevoir.
Toute lutte a cessé, et la volonté, heureuse d’un empire facile, gouverne presque sans y penser, et fait des prodiges avec un abandon plein de grâce.
Grâce à cette méthode, Athènes florissait alors par la culture de tous les arts qui font la gloire du génie humain, par la poésie, l’éloquence et l’histoire, par la musique et les arts du dessin.
Sa vieillesse vigoureuse sembla reverdir encore ou plutôt revenir à une maturité plus adoucie pour produire des éloges académiques, modèles de précision toujours, mais aussi de grâce et d’une bienveillance que les préventions venaient de moins en moins circonscrire et assiéger. […] Un moraliste a pu dire, en recouvrant l’amertume du résultat sous un air de grâce : Bien des honnêtes gens sont comme le Sommeil, au quatorzième livre de l’Iliade, quand Junon veut le séduire pour qu’il aille endormir Jupiter : elle lui offre un beau trône d’or, et il refuse ; elle lui offre Pasithée dont il est amoureux, et il oublie tout, il succombe. » 118.
Une lecture attentive de ces Mémoires, si on la peut obtenir d’un public passablement indifférent, est faite pour rétablir et rehausser l’idée du personnage historique dans la grandeur et la continuité de sa ligne principale, avec tous les accompagnements non moins certains, et beaucoup plus variés qu’on ne croirait, d’esprit, de jugement ouvert et circonspect, de finesse sérieuse, de bonne grâce et de bon goût. […] Rendez grâces au Seigneur, enfants d’Israël, et louez-le devant les nations, parce qu’il vous a ainsi dispersés parmi les peuples qui ne le connaissent point, afin que vous publiiez ses miracles, et que vous leur appreniez qu’il n’y en a point d’autre que lui qui soit le Dieu tout-puissant.
Son intelligence, sa grâce, son éloquence ne lui servirent de rien, et il fut très malheureux. […] Il y a un poète français dont l’œuvre signifie méthode, pureté, grâce, pondération, perfection ; c’est Jean Racine. […] Les personnages divins, habitant le ciel, qui est bleu, étaient en effet vus en bleu par l’imagination populaire, et adopter leur couleur, prendre leur livrée, c’était se mettre à l’abri sous leur puissance, c’était se concilier leurs bonnes grâces. […] C’est là, vers la faute, vers la tache, vers la plaie, que le médiocre, comme une mouche, vole avec certitude ; il ne regarde ni les yeux, ni les cheveux, ni les mains, ni la gorge, ai toute la grâce de la femme qui passe ; il regarde la boue dont un manant éclaboussa la robe ; il en jouit ; il voudrait voir la moucheture grandir et dévorer l’étoffe et la chair ; il voudrait que tout fût laid, sale et méprisé comme lui.
Ainsi passent la jeunesse, l’amour, la grâce, les ambitions, les projets de l’âme humaine ! […] Pour s’être modifié, n’avoir plus la fleur et la naïveté de la première jeunesse, sa muse n’a rien perdu de son charme ni de sa grâce ; peut-être même a-t-elle acquis, au contact du monde, la conscience de ses élégances, et la façon de les mieux faire apprécier. […] Mais je m’arrête, ne pouvant tout citer de celle dont Ronsard a dit, quand elle mourut, que nous perdions : Tout ce qu’avait notre terre D’honneur, de grâce et de beau ! […] L’auteur, s’oubliant soi-même en sa ferveur, cherche la gloire de l’aimée avant la sienne, ainsi qu’il apparaît par ces vers : J’abandonne au néant pour rançon de sa gloire Mes songes, mon orgueil, mon labeur illusoire, Et qu’à ce prix mon vœu dernier soit entendu : Ainsi que l’ouvrier dont le nom s’est perdu Lègue aux siècles l’émail infrangible où demeure La grâce d’un profil immortel, que je meure Obscur mais ayant su redire sa beauté Dans un seul vers qui rende un son d’éternité. […] On déploie autour d’elles, quand elles viennent s’asseoir à une table, après la danse, les grâces excessives d’une galanterie canaille.
Cinq-Mars, par son intérêt dramatique, par la grandeur ou la grâce des personnages, par ses vives et curieuses couleurs, eut un beau succès, contre lequel les critiques minutieuses ne purent rien.
. — D’abord on lui a montré, en prononçant ce nom, les trois Grâces en bronze de Germain Pilon, hautes d’une coudée, sur la cheminée, et il a fini par prononcer le nom, par le répéter de lui-même, en tournant les yeux vers elles. — Puis, de lui-même, il l’a appliqué à diverses figures humaines peintes ou dessinées dans des livres d’enfants ou dans des tableaux. — Ces jours-ci, il a découvert au bout d’une petite canne une tête d’enfant en cuivre, grosse comme le bout du doigt, et il l’a apportée triomphalement, en criant : Bédames !
c’est que tu touchais de tes miséricordes Ce barde dont ta grâce avait monté les cordes ; De ses psaumes vainqueurs tu faisais don sur don ; Il pouvait t’oublier sur son lit de mollesses, Tu poursuivais son cœur au fond de ses faiblesses De ton impatient pardon !
Ma mère, élevée dans le palais même de Saint-Cloud et dans la familiarité des enfants du prince, du même âge qu’elle, avait des occasions quotidiennes de voir le duc d’Orléans (avant que la Révolution l’eût encore entraîné et souillé dans ses excès), et de le voir entre la princesse sa femme et ses enfants, dans ces intimités caressantes qui donnent la grâce de la nature aux heureux pères d’une nombreuse famille, dans les palais comme dans les chaumières.
c’étaient de bons moments, monsieur, et puis je lui répondais ensuite sur tout ce qu’il me demandait de mon pauvre et beau Hyeronimo, le vrai portrait en force de sa cousine en grâce : comme quoi sa taille dépassait de la main la tête de la jeune fille, comme quoi ses cheveux moins bouclés étaient noirs comme les ailes de nos corneilles sur la première neige ; comme quoi son front était plus large et plus haut, ses joues plus pâles et plus bronzées par le soleil ; ses yeux aussi fendus, mais plus pensifs sous ses sourcils ; sa bouche plus grave, quoique aussi douce ; son menton plus carré et plus garni de duvet ; son cou, ses épaules, sa taille plus formés.
La grâce et la force des œuvres de ce temps fut de cacher souvent la mesure arbitraire révélée par la seule rime, de la voiler sous l’ondulant tissu de vers réels, de vers inégaux et libres ayant d’une et de deux jusqu’à seize syllabes ou davantage19.
Ce qu’il nous faut, c’est la vraie politesse, la vraie douceur, la vie prise à plein et dans sa vérité, la vertu se traduisant dans les manières par l’aménité et la grâce.
Ils parlent deux langues inintelligibles, si la grâce de Dieu n’intervient entre eux comme interprète.
Que les brebis toujours fécondes, lourdes d’une double portée, mettent bas au temps fixé deux agneaux » La grâce de Pallas les touche, la douceur de l’air et des mœurs d’Athènes les pénètre ; elles abdiquent la haine et elles abjurent le talion.
Le reste de la journée, je la passe dans les petits théâtres, ou avec mes amitiés, mes relations, mes trucs, j’arrive à être d’un quart, d’un sixième dans une pièce, et ça rapporte encore 50 francs ; pour la fin de la journée… Eh bien, cela me fait 36 000 francs par an, je n’en gagnais pas autant avant, quand j’étais à la Bourse. » Mercredi 20 novembre Un sculpteur, qui a passé des années en Angleterre, disait que là, il avait trouvé les plus belles poitrines, les plus charmants torses de femmes, mais que ces femmes n’avaient point la colonne vertébrale mobile, qu’il était impossible d’obtenir de ces corps, ce que vous donnait le premier modèle français venu, un hanchement, une torsion, un contournement, un mouvement de grâce féminin, le penchement d’une Hébé tendant la coupe à Jupiter.
Une pression acceptée et subie de bonne grâce ne laisse pas d’être une pression.
Grâce à Dieu et aux Jésuites, le catholicisme avait pénétré le Portugal à de telles profondeurs, que toutes les violences de Pombal ne purent l’en arracher.
Elle y mettait une douceur insinuante et persuasive, des ménagements infinis à l’égard de l’amour-propre, des trésors d’amabilité, de grâce et de confidence fraternelle. […] C’est un effet de la grâce et on la demande pour vous. […] Le grand homme a été séduit par quelque chose, grain d’originalité, bonne grâce particulière et inattendue. […] Une femme ne pouvait pas lui écrire qu’elle l’aimait, que, moitié vanité chatouillée, moitié, vraiment, politesse d’ancien régime, il ne lui répondit, avec des grâces majestueuses de souverain toujours en proie à un ennui royal. […] Grâce à cela, il était levé à cinq heures du matin et pouvait travailler « pour lui », pour ses travaux littéraires, jusqu’à neuf heures.
De taille ordinaire, cambrée, il était demeuré svelte sans maigreur, avec une sorte de correction et de grâce nette et mesurée de tous les mouvements du corps. […] Or, rappelons que depuis 83, Paul Verlaine a trouvé grâce devant « Lutèce », qu’il en est devenu le personnage prépondérant, qu’il a donné à cette Revue en les révélant, de premières études de ses « Poètes maudits » que l’éditeur Vanier publiait en 84. […] Mais que l’on songe à l’émotion et à l’orgueil qui m’emplirent lorsque Mallarmé avec sa grâce si simple et grave, se détourna vers moi qui me tenais à l’écart : Mais voici aussi notre ami René Ghil, de qui le premier livre et la poétique, n’est-ce pas, ouvrent une voie… Il me parut vraiment, tant il émanait de prestige de ces deux hommes en cette petite et pauvre chambre, qu’une consécration s’imposait sur ma tête. […] Mais s’il garde la même et mauvaise rigueur envers Vielé-Griffin, et en mêmes termes, Henri de Régnier trouve maintenant grâce : « Ce très haut artiste ne laissa pas tout d’abord d’être visiblement imbu de plusieurs grands poètes qui le précédaient à peine. » Mais « le titre de son dernier livre (Les médailles d’argile) calomnie cet heureux et durable artiste » Moréas : « il remonte en deçà de la Renaissance Française, on dirait qu’il la précède.
Mais, dira-t-on, les individus, dans un genre, sont plus ou moins typiques, plus ou moins génériques ; il y en a qui caractérisent nettement le genre ; d’autres sont attachés au genre par un lien moins étroit ; les premiers sont le genre proprement dit, sans épithète ; les autres font partie du genre sous la réserve d’un caractère spécifique qui leur est propre et grâce auquel ils sont un genre dans un genre, une espèce originale. […] La disposition opposée, je veux dire une véhémente occupation de l’esprit d’un côté, fait échapper ce qui s’insinue par l’autre. » Leibnitz parle aussi de « perceptions qui ne sont pas assez distinguées pour qu’on s’en puisse souvenir » (Principes de la nature et de la grâce, n° 4).
« Il n’y a personne — écrit Montesquieu — qui ait quelque emploi à la cour dans Paris ou dans les provinces, qui n’ait une femme par les mains de qui passent toutes les grâces et quelquefois les injustices qu’il peut faire » ; et, naturellement, cette « femme » n’est pas la sienne. […] Grâce à Montesquieu, les femmes, à leur toilette, ont cru pour la première fois comprendre le langage du droit ; et, dans les salons comme à la cour, où il avait plus d’un ami, la « jurisprudence universelle » est devenue, grâce à lui, un sujet de conversation. […] Cruppi, L’Avocat Linguet, Paris, 1895 ; et Édouard Herz, Voltaire und die Strafrechtspflege, Stuttgart, 1887] ; — et son Commentaire du traité des délits et des peines [de Beccaria], 1766. — L’occasion lui paraît propice pour attaquer à fond le christianisme ; — et tous les moyens lui deviennent bons ; — encouragé qu’il est à la fois par les instigations de Frédéric, — et l’« avènement » de la Du Barry, 1769. — Son Histoire du Parlement le remet en grâce auprès des puissances. — Publication des Questions sur l’Encyclopédie, 1770-1772. — Son intervention dans les affaires Montbailly, 1770 ; — Morangiès, 1772 ; — Lally, 1773 [procès de réhabilitation] ; — des serfs de Saint-Claude, 1770-1777 ; — et comment l’indécence de ses plaisanteries habituelles gâte l’effet de son dévouement. — Ses relations avec Turgot, 1776. — Les derniers écrits de Voltaire. — Son Commentaire sur l’Esprit des lois, 1777, et sa dernière escarmouche contre Montesquieu. — Ses dernières Remarques sur les Pensées de Pascal, 1777 ; — et de l’intérêt qu’en offre le rapprochement avec les premières ; — qui sont de cinquante ans antérieures. — Les Dialogues d’Évhémère, et le Prix de la justice et de l’humanité, 1777. — Ses démarches pour obtenir qu’on le laisse rentrer à Paris. — Il quitte Ferney le 5 février 1778 ; — et arrive à Paris le 10 du même mois.
La comparaison était caractéristique ; car, après Phidias, aussi divin dans l’expression de la force que dans l’expression de la grâce, il n’y avait eu que Goethe pour créer de la même main, du même ciseau et du même bloc, Faust et Marguerite !
La France a donc parfaitement le droit et, je dis plus, le devoir de ne pas avouer l’ambition d’un roi qui est roi par la grâce du sang français versé pour lui dans la Lombardie, et de ne pas reconnaître une unité monarchique piémontaise de toute l’Italie, qui serait un péril national créé contre la sécurité de la nation française.
Ce noble et respectable vieillard était venu me chercher avec ses fils et quelques-uns de ses serviteurs, jusqu’aux environs de Tripoli de Syrie, et m’avait reçu dans son château d’Éden avec la dignité, la grâce de cœur et l’élégance de manières que l’on pourrait imaginer dans un des vieux seigneurs de la cour de Louis XIV.
Elles rappellent les fantaisies pareilles de Watteau ; mais elles nous suggèrent les émotions plus aimées de notre sang moderne ; et, dans un mystérieux enchantement de grâce, d’ironie, et de quelque angoisse rieuse.
Le flot de la grâce semble agiter tout son être, c’est le point culminant du drame.
. — In privatif et « gracieux » ; qui manque de grâce.
Les vrais sorciers du temps des Guise, ce n’était pas les Ruggieri de Catherine, mais eux… Avec toute leur sorcellerie, ils n’eurent point la fortune de César, et aucun d’eux ne la mérita ; mais ils avaient quelque chose de la grâce, de la générosité et de la séduction de ce grand homme, — surtout celui qui mourut comme lui, ne pouvant croire, comme lui, qu’on osât le tuer !
Le Polyphème du pathos se croit les grâces d’un Daphnis d’églogue.
VII Telles sont les idées que Tocqueville a répandues dans le public avec une grande lucidité, beaucoup de bonne grâce d’exposition, une probité intellectuelle absolue, un peu de longueurs et de digressions. […] La grâce, qu’il a tant aimée, lui manqua vers la fin et même avant l’heure ; une certaine sécheresse s’accusa de plus en plus dans sa manière.
Car, premièrement, comment supposer qu’un brave homme, condamné pour une vétille, devenu un manufacturier opulent, le bienfaiteur d’une province entière, magistrat adoré de sa ville adoptive, soit renvoyé pour sa vie aux galères, sans discernement, sans justice et sans grâce, par la société du dix-neuvième siècle ?
Avec cela, intelligent, spirituel, finement sensé776, le plus ou le seul homme du monde qu’il y ait parmi nos romantiques, saisissant mieux qu’aucun autre la grâce spéciale ou l’agrément de la vie de salon : très séduisant par ce mélange d’émotion frémissante et d’exquise ironie, par son rayonnement de jeunesse surtout ; car il faut songer qu’à trente ans, presque tout son œuvre était achevé.
Le cippe grossier par lequel les Hellènes représentaient les Grâces leur disait plus de choses que de belles statues allégoriques.