Le lendemain de la prise de la Bastille, au moment où Paris était encore en émoi de ce grand événement, le père d’Étienne, inquiet, courut chercher son enfant pour le garder près de lui. […] Les plus distingués d’entre eux étaient Pierre et Joseph Franque, deux frères jumeaux natifs du Jura, auxquels la Convention avait alloué une petite pension à cause des dispositions qu’ils avaient montrées pendant qu’ils gardaient les troupeaux dans leurs montagnes. […] S’il est un artiste, s’il est un homme à talent qui pense avoir à se plaindre de ne pas voir son nom inscrit sur cette liste, nous lui dirons : « Mon ami, tu es un artiste, nous n’avons pas eu pensée de te fermer la carrière, si tu n’es pas admis à l’emploi honorable de garder les plus belles productions des arts, tu n’es point exclu de l’honneur d’en augmenter le nombre. » S’il est parmi les membres de l’ancienne commission du Muséum un homme qui voie une injustice dans son exclusion, nous lui dirons : « Mon ami, tu as du talent, venge-toi par tes travaux ; embellis le Muséum, rentres-y par tes ouvrages. » Oui, citoyens, ne vous y trompez pas, le Muséum n’est pas un vain rassemblement d’objets de luxe et de frivolités ; il faut qu’il devienne une école importante, et à la vue des productions du génie, le jeune Français sentira naître en lui la disposition pour le genre d’art ou de science auquel l’appelle la nature28. […] Non-seulement David, après le jugement, donna des éloges à son disciple, mais il lui demanda en souriant la permission de garder l’esquisse dans ses cartons.
Rousseau, seul à l’Hermitage, avait peuplé sa solitude des fantômes de femmes dont il avait gardé le souvenir. « Dans ses continuelles extases, il s’enivrait à torrents des plus délicieux sentiments qui soient jamais entrés dans un cœur d’homme. » Sous l’influence de ces songes, il conçoit l’idée et le plan de sa nouvelle Héloïse ; il en écrit les premières pages. […] J’ai erré de naufrage en naufrage ; je sens une malédiction sur ma vie, poids trop pesant pour cette cahute de roseaux. » Gardons-nous toutefois de rien exagérer ; il y a souvent chez les hommes une sorte de seconde nature, un double fond, quelque chose d’analogue à ce que Pascal appelle : la pensée de derrière. […] Gardons-nous donc de désignations indiscrètes et téméraires. […] Tourguéneff, se rencontraient à chaque pas, surtout en province, et en particulier dans l’armée et dans l’artillerie ; ils parlaient et correspondaient dans sa langue ; ils gardaient dans le monde un air sombre, renfermé, l’orage dans l’âme et le feu dans le sang, comme le lieutenant Belozor de la frégate Nadèdja. […] Sainte-Beuve n’a pas gardé pour lui cette découverte ; il a publié, en 1863, une analyse et des fragments de l’œuvre inédite et même inachevée, sur laquelle il avait mis la main.
La part une fois taillée à la légende, il demeure avéré que cet homme supérieur garda toujours quelque chose d’inquiétant et d’énigmatique, même pour les amis intimes. […] Ce jeune homme, à la fois si tendre qu’il ne peut supporter la douleur de sa maîtresse, si inquiet qu’il ne peut se reposer dans son dévouement, si égoïste qu’il ne peut lui dissimuler les moindres passages de son ennui, si lucide qu’il ne peut s’étourdir lui-même sur aucune de ses fautes personnelles, cet être, à la fois supérieur et mutilé, chez qui la plus effrayante indécision de caractère s’unit à la plus mâle puissance de se connaître, et qui semble avoir gardé de la sensibilité tout ce qui torture en perdant tout ce qui attache, — cet orgueilleux sans illusion, ce passionné sans espérance, cet amoureux sans bonheur, c’est bien Constant lui-même, tel que le journal et les lettres nous le révèlent. […] L’histoire, qui ne se soucie ni des ferveurs ni des dénigrements, gardera le mot, et très vraisemblablement elle adoptera, avec une faible variante, la définition que Stendhal en donnait dans son pamphlet sur Racine et Shakespeare : « Le Romanticisme (sic) est l’art de présenter aux peuples les œuvres littéraires qui, dans l’état actuel de leurs habitudes et de leurs croyances, sont susceptibles de leur donner le plus de plaisir possible… » Actuel ? […] Dans leurs cadres ciselés et sur la petite table, sur la cheminée, sur le guéridon, les portraits de ceux qu’elle aime sont épars, et jurent que les êtres dont ils gardent la ressemblance sont ailleurs, séparés de celle qui songe à eux, par la distance, par la vie, par la mort. […] Partisan de la spécialité intelligente, il ne peut que déplorer la conduite de l’aristocratie française et du clergé, qui n’ont pas su comprendre les obligations de leurs privilèges et garder la primauté du talent comme ils avaient la primauté du titre et du rang.
Il n’y a guère qu’une sorte de critiques dont il doive encourir et garder la responsabilité tout entière : ce sont celles que l’on adresse ordinairement à son style. […] Il garda longtemps sur le cœur une rancune amère de l’accueil que lui avaient fait les religionnaires français. […] Il les connaissait sans doute, et on peut ajouter qu’il ne s’y était point déplu, mais il avait très bien vu ce qu’il y manquait, et il s’est gardé de les prendre pour modèles. […] Maugras oublie trop que tout le temps que dura cette longue querelle, si Rousseau fut impertinent dans ses lettres et fanatique dans ses procédés, du moins, dans ses écrits publics, sut-il se garder de descendre aux basses injures que lui prodiguait Voltaire et que, jusqu’à son dernier jour, cet irritable patriarche ne cessa pas de vomir contre lui. […] Maugras retouchera son livre, il pourra garder ses sympathies à Voltaire, et même les laisser ouvertement paraître ; il fera bien seulement de les mieux fonder, si je puis dire ; et de gagner sur lui, tout en préférant Voltaire, d’être plus équitable à Rousseau.
Nous autres, nous n’y verrons qu’une misérable ambition de la vanité cléricale et nous nous garderons de prendre parti. […] Nous confions bien au jury criminel le soin de juger les crimes, mais nous avons gardé et même perfectionné une magistrature de carrière qui est appelée à connaître, des délits.
Les mères, ayant davantage gardé l’habitude de l’oraison (qui est la toilette quotidienne de l’esprit), ont peut-être plus de clairvoyance. […] Mais ceux issus de ce suffrage universel, qu’inventa chez nous le XIXe siècle, gardent toujours l’espérance secrète qu’ils remonteront le courant, et qu’ils démontreront victorieusement que le noir est blanc, et qu’il fait nuit en plein midi. […] Monstruosité qu’avait su éviter la sage monarchie française, dans sa volonté de « toujours raison garder ». […] A Jules Lemaître surtout notre génération, la dernière du XIXe siècle, doit beaucoup pour le culte des véritables maîtres d’autrefois, dont il avait gardé le sens et le goût. […] Le plan était de dissocier la famille chez les non-circoncis, chez les goym, de telle façon que la famille juive (où le divorce n’est point pratiqué) gardât sa cohésion et sa force, en face de sa rivale en morceaux.
On me fit appercevoir que je revenois toujours au sérieux, & qu’il falloit garder de pareilles conversations pour le Luxembourg qui devient plus triste que jamais, ou pour le Jardin du Roi, qui malgré l’air d’élégance qu’on veut lui donner, se ressent de la pédanterie des savans. […] Je défie, quelque ingambe qu’on puisse être, de garder l’équilibre sur les pierres qu’on trouve dans les fossés du Cour-la-Reine, tant elles sont étroites & raboteuses. […] En ce cas, dit la comtesse, je garderai mon or, & je trouverai des moyens de le dépenser ici beaucoup plus gracieusement. […] Il la mit en gage au Mont-de-Piété, & lorsque la comtesse voulut se lever, on lui apprit ce vol ; & comme elle est excessivement pauvre, elle garda le lit jusqu’à ce qu’elle pût retirer ce meuble.
Il faudrait donc se garder, dans l’association que j’ai signalée plus haut, de donner une prédominance exagérée soit au sentiment, soit à la raison, soit à l’expérience. […] L’idée systématique donne à l’esprit une sorte d’assurance trompeuse et une inflexibilité qui s’accordent mal avec la liberté du doute que doit toujours garder l’expérimentateur dans ses recherches. […] Il put le garder à son service pendant sept années, durant lesquelles il fit un très-grand nombre d’observations du plus haut intérêt pour la physiologie.
Tissot, que l’un garda toujours dans ses éloges la même pudeur que l’autre dans ses services ?
Je l’ai beaucoup connu et j’ai gardé de lui un souvenir reconnaissant.
Je me gardais bien de l’interrompre ; je me contentais de voir éclore ainsi le premier ces pensées pétrifiées qui allaient ravir d’admiration le monde moderne.
Athènes et Rome ont et gardent, même à travers toute l’épaisseur nocturne des siècles, des auréoles de civilisation.
Il y avait douze jours qu’il gardait le lit, avant la publication de ces bulletins médicaux ; ses forces physiques avaient visiblement décliné, mais sa vigueur d’esprit avait toute sa puissance, quoique la voix fût un peu plus fatiguée.
La comédie garda donc une liberté, qui fut refusée à la tragédie.
Il ne se préoccupe guère des causes et des suites des événements, et il ne paraît pas se douter que les croisés ne travaillaient qu’à l’accroissement de la puissance maritime de Venise, le seul pays qui profita de cette guerre, et qui garda jusqu’au xviie siècle quelques restes d’une conquête entreprise au xiie .
En général, la bonne critique doit se défier des individus et se garder de leur faire un trop grande part.
Il parut si pieux, qu’on le garda et qu’on le fit prêtre.
Donc il poursuit sa marche traînante, son falot à la main, toujours clamant son couvre-feu monotone : « Bourgeois, dormez tranquilles ; gardez-vous des follets et des diables ; louez Dieu, votre Seigneur. » La lune monte au ciel plus clair.
S’il s’agissait d’un opéra comme un autre, nous nous garderions de pareilles chicanes.
La psychologie doit se garder aussi de la morale, car il est tout différent de constater ce qui est et de prescrire ce qui doit être, de s’en tenir aux faits ou de chercher un idéal.
Cependant la presse, avec une sympathie dont nous avons gardé le souvenir, combattait le refus de M.
Mardi 14 février Une grippe effroyable me force à garder la maison, et rien du dehors qui me parle de mon livre.
Les jeunes filles françaises ont peu de souci de leur capital, que sont obligées de garder, ainsi que des dragons, les mères, tantes, amies et connaissances : les misses anglaises se chargent elles-mêmes de monter la garde autour de leur capital.
Mais gardons-nous de profaner cette sainte retraite ; arrête promptement le char, que je puisse en descendre.
En conviant cette fois-ci à être votre président de table un simple homme de lettres, j’ai deviné tout de suite que ce n’était pas de l’éloquence que vous attendiez de lui ; je crois même que vous me garderiez une secrète rancune d’y prétendre devant vous, et cette pensée me met bien à mon aise.
Il est donc parfaitement possible, comme nous l’ayons vu dans le cas de quelques formes siluriennes, qu’une espèce puisse se perpétuer avec de très légères modifications, en rapport avec des conditions de vie très peu altérées, et garder ainsi à travers une longue série de périodes successives les mêmes traits caractéristiques.
De là une compénétration d’états qui se fondent et même s’identifient ensemble dans la conscience immédiate, mais qui n’en sont pas moins logiquement incompatibles entre eux et que la conscience réfléchie se représentera dès lors par un dédoublement du moi en deux personnages différents, dont l’un prendrait à son compte tout ce qui est liberté, tandis que l’autre garderait pour lui la nécessité — celui-là, spectateur libre, regardant celui-ci jouer son rôle automatiquement.
On garda de la nouvelle méthode historique ce qu’elle a de bon et de fécond ; on continua d’expliquer les faits en faisant la part des causes indépendantes de la volonté et de la personnalité humaine, mais sans vouloir les justifier en leur appliquant la mesure du succès.
Mais chacune des qualités fait partie d’un groupe de qualités habituellement associées et peut, par le mécanisme de la simultanéité, éveiller l’image gardée de ce groupe. […] Mais des termes du culte ils retiennent de beaux vocables comme ostensoir, ciboire, etc., plusieurs gardent de Spencer, de Mill, de Shopenhauer (sic !)
Le mal se cache si bien, le secret est si universellement gardé, que chacun est ici la dupe de tous : si sévèrement que nous affections de juger les autres hommes, nous les croyons, au fond, meilleurs que nous. […] Du moins ont-ils donné à la justice le caractère violemment impérieux qu’elle a gardé, qu’elle a imprimé depuis à une matière indéfiniment agrandie. — Mais ces agrandissements non plus ne se sont pas faits tout seuls.
Mais le type original se manifeste par des rapports fixes, par des retours subits, par mille traits incontestables, et l’idée de la feuille, dégagée de toutes les impressions sensibles, épurée, portée par l’abstraction énergique bien loin au-dessus de l’expérience vulgaire, n’est plus que l’idée presque géométrique d’un cycle d’éléments végétaux qui, à travers toutes les formes et tous les emplois imaginables, gardent leur ordre primordial. — Pareillement, chez les animaux, à travers toutes les diversités de structure et d’office, on trouve dans toute la classe des mammifères un même plan de squelette, dans toute la classe des crustacés, comme dans toute celle des insectes, un même plan des segments, de la bouche et des membres ; et ce plan est si tenace que, chez plusieurs espèces, on voit subsister ou apparaître, pour témoigner de sa présence, des dispositions ou des pièces inutiles ; une suture, une dentition, un ongle, un bourrelet osseux, des organes passagers ou rudimentaires le rendent visible en présentant son mémorial transitoire ou son reliquat survivant.
Gardez pour vous votre façon de penser et laissez-moi la mienne ; elle est établie sur des fondements solides que rien ne pourrait ébranler. » XI Cependant la mélancolie, cette maladie et cette muse des grandes imaginations, l’atteignit jusque dans cette retraite de Vaucluse.
J’aime mieux garder le mien froid et spéculatif dans mon imagination que de le voir évaporé en vain devant une idole distraite et saturée d’encens.
III « Là habitait un vieux pasteur, qui gardait un grand troupeau de cavales ; les juments et leurs petits paissaient çà et là, dans la vallée, les herbes tendres à l’entour des frais ruisseaux.
Elle suivait sa bonne et sa mauvaise fortune, elle lui gardait avec soumission et tendresse son ménage intime au retour des palais et des fêtes élégantes qu’il fréquentait pour y porter d’autres hommages et pour y chercher d’autres jouissances auprès d’autres femmes de ville et de cour qui caressaient mieux sa sensualité ou sa vanité.
Les esprits impartiaux apprécieront sans doute les motifs du silence que M. de Lamartine a gardé jusqu’ici, et la justesse de ces observations.
Nous négligeons ici, dans la philosophie de Schopenhauer, la conception transcendantaliste de l’intuition pour ne considérer que la conception empirique qui peut être gardée, croyons-nous, indépendamment de l’autre.
Il veut passer tout l’hiver en Italie… il partira aussitôt qu’il aura de l’argent… il laissera son roman et le reste… et il se décidera tout à coup, comme ça, dans l’heure du réveil… au moment où il fume son premier cigare, et où il se garderait bien de lire une lettre… Oui, le soir, il s’embarquera, à dix heures, — il est très bien avec le chef de gare, qui lui donnera un compartiment pour lui tout seul — et il prendra du chloral… et il dormira jusqu’au matin… et quand il se réveillera… il se réveillera dans du soleil, dans de la gaieté.
Dans la Ravine de Saint-Gilles, une de ses pièces les plus admirées, le poète photographie minutieusement une gorge orientale, avec ses bambous, ses lianes, ses vétivers et ses aloès ; tous les oiseaux sont passés en revue, le colibri, le cardinal, la « caille replète », le paille-en-queue ; nous voyons les bœufs de Tamatave, gardés par un noir qui fredonne un « air saklave », les lézards au dos d’émeraude, le chat-tigre qui rôde.
Tout au contraire, il associait à ses courageuses revendications d’écrivain d’étranges timidités pratiques, des inconséquences, une constante agitation nerveuse, des tendances restrictives, qui malgré toutes les sollicitations de sa sensibilité facilement émue, l’empêchèrent toujours de passer des paroles aux actes, le gardèrent de toute excentricité dans sa vie privée, et le défendirent ainsi contre lui-même presque jusqu’à la fin.
Pensant que des acquisitions verbales, failles en état de somnanbulisme, seraient l’anologue du souvenir inconscient que Flaubert pouvait garder de ses lectures, nous avons prié M. le Dr Ch.
Je vois Machy, la règle à la main, tirant les cannelures de ses colonnes ; Robert a jetté tous ces instrumens-là par la fenêtre et n’a gardé que son pinceau.
Garraud avait fait autrefois une assez belle bacchante dont on a gardé le souvenir — c’était de la chair — son groupe de la première Famille humaine contient certainement des morceaux d’une exécution très-remarquable ; mais l’ensemble en est désagréable et rustique, surtout par devant. — La tête d’Adam, quoiqu’elle ressemble à celle de Jupiter olympien, est affreuse. — Le petit Caïn est le mieux réussi.
Tout ceci, cher Monsieur, est pour maintenir, au milieu des imitations apparentes et des influences plus ou moins directes que vous démêlez très bien, l’originalité bien native pourtant de nos anciens amis, la veine naturelle et propre à cette famille romantique française qui a et gardera sa physionomie entre toutes les autres écoles. […] « Selon moi, dit-il, j’ai profité du hasard de mon berceau, j’ai gardé cet amour plus ferme de la liberté qui appartient principalement à l’aristocratie dont la dernière heure est sonnée. […] Puis, maître de l’image ainsi fixée, il s’en approche, la retourne sous toutes ses faces ; il se prend corps à corps avec cette ombre ; il essaie d’en deviner l’essence aussi bien que d’en connaître les mobiles impressions. » Voilà un excellent procédé à recommander à un médecin aliéniste, mais dont un poète ferait mieux de se garder ! […] Monsieur, les banquettes de la Comédie-Française en gardèrent trois ans le souvenir.
Il y en a qui vous appelleront imbéciles, ennuyeux, pédants, allez toujours, les gens garderont vos idées dans leur cerveau sans s’en douter, et un jour viendra où ils seront tous d’accord pour dire : Mais j’ai toujours été réaliste. […] Il faut se garder de tomber dans l’excès contraire ; la concision exagérée ne vaut pas mieux que le délayage ; si d’un côté les caractères se perdent dans les faits, de l’autre il est impossible de faire comprendre certains côtés des caractères dans une action trop resserrée : on abuse alors de la description, et l’excès de la description rend le roman ennuyeux. […] * * * J’ai vu avec plaisir qu’il gardait son chapeau sur sa tête, comme un évêque sa mitre dans son église. […] J’ai eu bien soin de garder mon chapeau à la main, pour faire contraste : la faiblesse inclinée devant la force.
C’est, pour ainsi dire, un instantané dont le cliché a été gardé au fond d’une mémoire. […] Et l’acteur invitait le peintre à venir le voir, ce que se gardait bien de faire Hokousaï. […] Cette grande lettre, c’est le caractère signifiant la piété, et ce nettoyage veut dire qu’on doit nettoyer sa piété, ainsi que nous disons chez nous qu’il faut garder sa conscience pure.
Plus tard, Joseph disait à son frère : « Si vous montriez pour elle seulement un peu de bienveillance, elle vous adorerait. » Mais ce sont là propos sans consistance et vagues on-dit ; et c’est dans cet ordre de sentiments qu’il faut se garder de rien affirmer ou même de rien insinuer ! […] Il reste la Tour de Nesle qui gardera sa place sur les théâtres du boulevard, comme type de mélodrame, entre le Bossu et le Courrier de Lyon, et sur le même rang. […] Il s’est gardé de toutes les ambitieuses chimères. […] Elle vit aussitôt le parti qu’on pouvait tirer des façons de vivre et d’écrire de cet irrégulier ; avec une pointe de malice que se gardèrent bien d’apercevoir le public naïf et les bons jeunes gens, elle se plut à humilier tous les principes et toutes les règles, comme autant de conventions, devant les merveilles spontanées que créait l’instinct de cet impulsif.
Ces fruits de la littérature dumoyen âge, nous y atteindrons le plus tôt possible ; après avoir passé par les rudiments indispensables et nous être rendu compte, seulement pour la bien comprendre, de la question primordiale et de formation, nous arriverons après deux ou trois journées, nous nous arrêterons devant les premiers monuments, et de ceux-ci nous passerons à d’autres, et ainsi de suite sans plus cesser, en quête par-dessus tout de l’excellent : car, encore une fois, nous sommes ici pour professer la langue, la littérature cultivée, perfectionnée, celle qui ne reste pas à l’état acéphalique, anarchique, mais qui a une tête, qui, maîtresse d’elle-même, se gouverne, réagit en tous sens et s’impose, qui enfin, comme la race et comme l’esprit français qu’elle représente, a et gardera longtemps, nous l’espérons, son unité, sa grandeur et son empire.
Mais son instinct du beau et du laid a gardé dans tout le reste sa vivacité et ses franchises.
« Bien convaincu qu’ils allaient me conduire au supplice, je criais à l’assassin ; il m’a même semblé à plusieurs reprises voir un gendarme tirer son couteau de sa poche pour me l’enfoncer dans le ventre, et mes cris redoublaient. » Attaché et gardé à vue, il ne dort pas de toute la nuit.
C’est ainsi qu’autrefois à Rome le riche banquier Chigi livrait les plafonds et les murailles de son palais de la Farnesina à Raphaël pour garder à la postérité les moindres traces de cette main divine.
Le prince avait chargé son envoyé d’ajouter de sa part que, si nous avions quelque scrupule à loger ainsi les représentants de deux dynasties opposées dans la même chaumière, nous serions libres de ne pas nous voir, et qu’il se retirerait avec la princesse dans la partie séparée du châlet où les montagnards gardent le foin des vaches pour l’hiver.
… Le garçon se tut un petit moment, puis reprit : Quand Vincenette était avec nous, et que, toute jeune, elle gardait encore la cabane, pour lors c’était un plaisir !
L’absence de cette unité politique, qui rend l’Italie impropre jusqu’à présent à conquérir et à garder la possession d’elle-même, rend l’Allemagne impropre à conquérir une primauté littéraire.
Il l’effaça en effet, et la donna à l’Autriche comme dédaignant de la garder pour lui-même.
Platon distingue deux choses qu’en effet il faut se bien garder de confondre : l’éternité et le temps, qu’Aristote a eu quelquefois le tort de prendre l’une pour l’autre.
Goulden tira de l’armoire une bouteille de son vin de Metz, qu’il gardait pour les grandes circonstances, et nous soupâmes en quelque sorte comme deux camarades ; car, durant toute la soirée, il ne cessa point de me parler du bon temps de sa jeunesse, disant qu’il avait eu jadis une amoureuse, mais qu’en l’année 92 il était parti pour la levée en masse, à cause de l’invasion des Prussiens, et qu’à son retour à Fénétrange, il avait trouvé cette personne mariée, chose naturelle, puisqu’il ne s’était jamais permis de lui déclarer son amour : cela ne l’empêchait pas de rester fidèle à ce tendre souvenir : il en parlait d’un air grave.
Les premiers trouvent des vérités nouvelles ; les seconds développent les vérités trouvées et s’attachent à garder l’intégrité du langage.
Que ceux qui se font des lois de l’esprit humain une idée étroite et mesquine, qui ne comprennent rien au-delà de la vulgarité d’un salon ou des étroites limites du bon sens ordinaire ; que ceux qui n’ont pas compris la fière originalité des créations spontanées de la nature humaine, que ceux-là se gardent d’aborder un tel problème ou se contentent d’y jeter timidement la commode solution du surnaturel.
Les individus gardent certains plaisirs autrefois favorables, maintenant inutiles ou nuisibles.
. — Et ce Mon bijou est gardé par un custode maniaque, d’un bavardage intarissable sur chaque objet ; et là, passe sa vie, en robe de fantôme, une vieille princesse allemande, qui est folle.
On dirait vraiment à les voir, ces allemands, que c’est nous qui les avons battus, tant les vainqueurs semblent avoir gardé, comme la rancune d’une défaite.
Je veux laisser un souvenir ressemblant à la fois à une peinture et à un inventaire de commissaire-priseur, quelque chose qui, dans les temps futurs, permette à ceux qui aimeront la mémoire de la princesse, de la retrouver, de la voir, comme s’ils poussaient la porte de cet atelier, gardé dans la cendre d’une Pompéi.
Le feuilletage hier d’un cours de littérature, où nous avons lu l’article Bossuet, nous amenait à confesser, qu’un cerveau bien équilibré, ayant très peu de lectures, et par là, gardé des infiltrations inconscientes et des embûches du plagiat, devait être bien plus facilement original que nos cerveaux, à l’heure présente, remplis de livres et de noir d’imprimés.
dites à la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j’ai gardé la forme et l’essence divine De mes amours décomposés !
Sa magnifique aptitude à concentrer, sur le spectacle du monde, d’intenses dons de vision, son amour même de la vertu, de la bienfaisance humaines le gardaient de cette facile solution à longue échéance.
Il était l’homme du passé, il avait gardé les manteaux des jeteurs de pierres, il aspirait, ayant étudié avec les prêtres, à devenir bourreau ; il était en route pour cela ; tout à coup un flot d’aurore sort de l’ombre et le jette à bas de son cheval, et désormais il y aura dans l’histoire du genre humain cette chose admirable, le chemin de Damas.
Mais afin de conserver les pensions acquises, il garda ses vers en portefeuille jusqu’en 1866 : ils sont publiés dans Les Chansons des rues et des bois sous le titre : « Écrit en 1827 ».
Lu mère, les fils, les filles étaient debout sur le plancher du char, se tenant de la main aux ridelles pour garder leur équilibre contre les secousses que les larges dalles du pavé imprimaient aux roues.
Ses poésies lyriques, qui ont précédé la composition de son poème, ont gardé les traces de ses affections profanes et passagères, qu’il essaya en vain de voiler à demi sous des allusions symboliques. » « La poésie épique », dit plus loin le jeune commentateur, « apparaît, à son origine, revêtue d’un caractère sacerdotal, se mêlant à la prière et à l’enseignement religieux ; c’est pourquoi, dans les temps même de décadence, le merveilleux demeure un des préceptes de l’art poétique.
Gardons-nous même de prolonger la comparaison jusqu’aux détails, et de dire par exemple, avec M.
Minutieusement, avec un don d’analyse très pénétrant qui la fait originale parmi les femmes qui écrivent, elle sait se garder du lyrisme inopportun et noter les seuls détails caractéristiques.
Il savait s’effacer et garder l’incognito de sa propre supériorité, — comme les hommes qui observent les autres plus qu’ils ne se contemplent eux-mêmes.
J’eus beau protester, le traître me garda une demi-heure au milieu de son exposition ; à peine me resta-t-il le temps de faire remettre un bout de cuivre à ma canne, qu’il me fallut courir au restaurant, pour me rendre aussitôt après au Gymnase. […] Gardez-moi vos bons sentiments.