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934. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Après la Terreur, il se retira quelque temps à sa maison de campagne de Chaudon et ne songea qu’à y vivre caché, selon sa maxime « qu’un sage (au sens complet qu’il donnait à ce mot) était un homme qui prenait autant de soin à cacher ce qu’il avait, que les autres en prennent pour montrer ce qu’ils n’ont pas ». […] Il voit dans la Révolution française une sorte de Jugement dernier qui doit hâter cette sorte de restauration religieuse et de théocratie libérale, qu’il appelle, qu’il ne définit pas, mais qui sera le triomphe plus ou moins complet de sa doctrine secrète.

935. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Mon plaisir a été grand d’y retrouver un Senac de Meilhan complet, avec toutes ses opinions et ses jugements sur les choses sérieuses. […] Ma bibliothèque était composée en grande partie de livres sur la jurisprudence et sur l’histoire de France ; un de mes oncles qui était évêque m’avait, laissé une collection complète des procès-verbaux du Clergé, etc., etc. » ; et il montre que la Révolution qui s’accomplit a déjà mis beaucoup de ces livres à la réforme, et qu’elle va simplifier bien des sciences.

936. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

D’autre part, en France, sous les derniers Valois, la décadence était complète ; les vices avaient gangrené le chef, et tous les membres de l’État se ressentaient d’une corruption honteuse et si profondes. […] La démonstration est complète et appuyée de toutes les preuves.

937. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Une autre race de guerriers, que personnifie le nom de Catinat, ou, si l’on veut, de Vauban, est celle des militaires qui joignent aux qualités de leur profession des mérites presque contradictoires de penseurs, de philosophes, de raisonneurs ; ils jugent, ils ont des idées politiques, des vertus civiles ; une capacité de plus les complète, mais parfois aussi les complique ; ils y perdent un peu en relief s’ils y gagnent en profondeur. […] Seul, en effet, l’historien véritable et sérieux des armées de la République et de l’Empire saura rapporter d’une manière complète et impartiale, et sans tomber dans le roman, cette grande phase de nos victoires et de nos revers.

938. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

A la suite des Œuvres complètes de chacun de ces auteurs célèbres, il devrait y avoir un album, un recueil d’estampes représentant quelques-uns des types de ces femmes-là, à la fois celles que l’auteur a peintes dans ses livres et celles qui se sont après coup modelées sur lui, autant de prêtresses ou de dévotes vouées chacune à leur saint ou à leur dieu. […] Dans une lettre écrite de Paris au poète Gray (25 janvier 1766), lettre toute émaillée de portraits et qui fait songer à la galerie de la Fronde de Retz, ou plutôt encore aux portraits de haute société de Reynolds et de Gainsborough, après avoir peint de sa touche la plus vive la duchesse de Choiseul et sa belle-sœur, la duchesse de Grammont, et bien d’autres, il continuait ainsi : « Je ne puis clore ma liste sans y ajouter un caractère beaucoup plus commun, mais plus complet en son genre qu’aucun des précédents, la maréchale de Luxembourg.

939. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Car l’on n’est point persuadé qu’on soit payé de 100 écus qui seraient dus, si l’on n’en a reçu que 99, et on voudrait le 100e pour avoir la somme complète. […] Un catalogue complet de Gavarni est à faire ; un premier essai, et très-utile, se trouve à la fin de l’agréable volume intitulé Masques et Visages (1857), dû à l’un de ses meilleurs amis, M. 

940. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

On peut dire qu’il a eu l’honneur de restituer à notre architecture gothique ses vrais titres au complet ; on ne les lui enlèvera plus. […] Viollet-Le-Duc, par son travail complet, et qui bientôt ne laissera rien à désirer, a mis à contribution pour le Moyen-Âge tous les livres de recherches antérieurs, et, indépendamment des objets mêmes qu’il a dû voir, il a voulu connaître tout ce qu’on en a dit ; il a puisé abondamment pour cela aux sources originales, c’est-à-dire aux chroniques, aux romans chevaleresques, aux traités moraux et didactiques d’alors, tels que le Livre du chevalier de La Tour-Landry pour l’enseignement de ses filles 39, ou le Ménagier de Paris 40.

941. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Cette publication ajoute à toutes celles qui ont paru dans les dernières années, tant en Allemagne qu’en France, et qui semblaient avoir épuisé la matière : elle nous présente l’illustre guerrier sous un aspect presque nouveau, et elle complète en un sens les remarquables travaux de M. de Weber et de M.  […] Il dénonce le complet changement de système et de balance qui va se faire en Europe : « Ceux qui seront les plus habiles en profiteront. » Il supplie le roi son frère de ne rien précipiter en matière d’alliances, de ne pas se lier les mains : il est mis, par le maréchal de Belle-Isle, dans le secret des expéditions qui vont se tenter au cœur de l’Allemagne ; il doit servir dans cette armée même, mais sous condition, car s’il arrivait que le roi son frère prit des engagements contre la France, il ne serait « ni décent ni honnête » qu’il fût à la guerre de ce côté.

942. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Voici une liste complète de ses travaux jusqu’à ce jour : Le premier volume d’Odes, publié en juin 1822 ; Han d’Islande, publié en janvier 1823 ; Le second volume d’Odes et Ballades, publié en février 1824 ; La Muse française : ce recueil, qui commence en juillet 1823 et finit en juillet 1824, comprend plusieurs articles de Hugo ; Bug Jargal, publié en janvier 1826 ; Relation d’un Voyage au Mont-Blanc, fait en 1825 avec M. […] Cependant Hugo, par son humeur active et militante, par son peu de penchant à la rêverie sentimentale, par son amour presque sensuel de la matière, et des formes, et des couleurs, par ses violents instincts dramatiques et son besoin de la foule, par son intelligence complète du Moyen-Âge, même laid et grotesque, et les conquêtes infatigables qu’il méditait sur le présent, par tous les bords enfin et dans tous les sens, dépassait et devait bientôt briser le cadre étroit, l’étouffant huis clos, où les autres jouaient à l’aise, et dans lequel, sous forme de sylphe ou de gnome, il s’était fait tenir un moment.

943. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Sans doute pour qui considère les productions de l’époque d’un coup d’œil complet, il y a d’autres littératures coexistantes et qui ne cessent de pousser de sérieux et honorables travaux : par exemple la littérature qu’on peut appeler d’Académie des Inscriptions, et qui reste fidèle à sa mission de critique et de recherche en y portant un redoublement d’activité et en y introduisant quelque jeunesse ; il y a encore la littérature qu’on peut appeler d’Université, confinant à l’autre, et qui par des enseignements, par des thèses qui deviennent des ouvrages, est dès longtemps sortie de la routine sans perdre la tradition. […] Si l’on peignait au complet le détail de ces mœurs, on ne le croirait pas.

944. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

L’année 1800 lui amena un de ces cavaliers au complet pour ami. […] Joubert, a depuis publié (1842), en deux volumes et avec un soin tout à fait pieux, les Pensées plus complètes, plus correctes, et un choix de lettres de son oncle.

945. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Guy de Maupassant : un vrai, complet, pur réaliste. — 4. […] Ce dernier roman est une complète erreur ; mais les précédents, dans le décousu et l’incohérence de leur composition, présentent d’admirables parties.

946. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Vient enfin la période soit de l’abandon complet et furieux, soit du désespoir et du suicide  Quoi ! […] » lui crie-t-elle par la fenêtre  La vieille Mme de Lerne voudrait que son fils, pour se ranger, devînt l’amant de Mme de Maurescamp, et la bonne dame s’y emploie avec le plus grand zèle… Je m’arrête : voilà qui est assez complet.

947. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Il est la plus parfaite, et la plus complète figuration de l’Idée. […] D’ailleurs, il serait, je crois prématuré d’essayer une étude complète du Symbolisme.

948. (1890) L’avenir de la science « II »

L’homme simple, abandonné à sa propre pensée, se fait souvent un système des choses bien plus complet et plus étendu que l’homme qui n’a reçu qu’une instruction factice et conventionnelle. […] Mais qui vous dit que votre analyse est complète, que vous n’êtes point amené à nier ce que vous ne comprenez pas et qu’une philosophie plus avancée n’arrivera point à justifier l’œuvre spontanée de l’humanité ?

949. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Mais jamais sa défaite n’est complète ni définitive. […] Les nations catholiques ne savent pas marcher posément ; elles se meuvent par bonds et saccades ; elles passent de la soumission absolue à la révolte complète, et réciproquement ; elles vont presque incessamment d’un extrême à l’autre ; elles disent volontiers, comme l’Église qui les a conquises et façonnées : Tout ou rien.

950. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Pour être complète, elle sera complexe180 ; elle devra, en effet indiquer deux choses qu’il importe également à l’historien de savoir ; elle devra d’abord classer par ordre d’importance les divers groupes entre lesquels se divisait la littérature d’alors, discerner celui qui était dominant et ceux qui restaient en sous-ordre ; elle devra ensuite marquer le sens du mouvement qui emportait, non seulement le premier, mais les autres. […] Ce n’est pas tout : à mesure que la hiérarchie des castes perd de sa rigueur, la philosophie commence, elle aussi, à rapprocher dans l’homme les deux moitiés inégales entre lesquelles Descartes opérait un divorce si complet.

951. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Personne n’a mieux parlé que lui de Voltaire même, ne l’a mieux défini et compris comme le type excellent et complet du génie français ; tâchons à notre tour de lui rendre la pareille en le comprenant, lui le type accompli du génie allemand. […] J’aurais voulu pouvoir donner une plus complète et plus juste idée d’un livre qui est si loin de nous, de notre manière de sentir et de sourire, si loin en tout de la race gauloise, d’un livre où il entre tant de fantaisie, de grâce, d’aperçus élevés, de folie, et où le bon sens ne sort que déguisé en espièglerie et en caprice.

952. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Elle fut bientôt de toutes les familiarités et de tous les intérieurs, et sa faveur apparente était assez complète, vers 1710, pour lui mériter de méchants couplets satiriques que les curieux peuvent chercher dans le Recueil de Maurepas. […] En ce sens complet et charmant, l’urbanité demande un caractère de bonté ou de douceur, même dans la malice.

953. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Peut-être, dans la prise d’assaut de l’Ancien Régime et pour le renversement complet de la Bastille féodale, fallait-il qu’il y eût de ces fifres étourdis et de ces enfants perdus en tête des sapeurs du régiment ; mais le bon sens, aujourd’hui qu’on relit, paraît trop absent à chaque page ; la raison ne s’y mêle jamais que dans des trains de folie. […] C’est à nous qui existons, qui sommes maintenant en possession de cette terre, à y faire la loi à notre tour. » Mais, comme on n’est jamais en pleine possession de cette terre, et qu’il n’y a jamais table rase complète, il faut chasser ceux qui tardent trop à nous céder la place et qui nous gênent : c’est l’œuvre qu’entreprend Camille dans son journal et à laquelle il ne cesse de se dévouer cyniquement, en décriant tout ce qui a vertu, lumières et modération dans l’Assemblée constituante, et en démolissant jour par jour cette Assemblée dans l’ensemble de ses travaux comme dans chacun de ses membres influents.

954. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

L’Empire était tombé ; la Restauration s’inaugurait avec de nouvelles modes et un changement complet de décoration, bien qu’avec bon nombre des mêmes personnages : c’était l’heure de la dévotion de salon, de l’aristocratie plus fine, de l’élégance plus assaisonnée d’esprit. […] On rit, on est déconcerté, on oublie un moment, par les finesses et les saillies de détail, ce qui souvent est une complète moquerie ou mystification de la nature humaine.

955. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Abbé tonsuré dès l’enfance, mais surtout voué à la cornette et aux chiffons, coquette comme une nonne de Vert-Vert et libertin comme un perroquet, tour à tour comtesse de Sancy dans la paroisse Saint-Médard, et comtesse des Barres en Berry, puis pénitent, mais toujours léger, une manière d’apôtre à Siam converti et convertisseur sans tristesse, écrivain agréable et même délicat, finalement historien de l’Église, et doyen de l’Académie française, sa carrière, qui dura quatre-vingts ans, compose une mascarade complète, et, dans chacun de ses rôles, il fut au naturel, au sérieux, avec sincérité, et à la fois avec un air d’amusement et de badinage. […] L’abbé de Choisy prit au mot l’ironie de Mme de La Fayette, et sur une si grande autorité, dit-il, il adopta l’habillement complet, coiffure et le reste.

956. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Sur tout sujet du monde elle fait ainsi, elle donne un petit cours complet, trop complet souvent, et où elle combine les exemples historiques qu’elle a rassemblés, avec les anecdotes qu’elle recueille dans la société de son temps.

957. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

M. de Maistre, tout au contraire, pensait que, dans les choses humaines, la Providence y va et par quatre et par mille chemins ; et pour lui, il n’hésite pas à le dire, si la Coalition triomphait au complet, il verrait dans la destruction de la France « le germe de deux siècles de massacres, la sanction des maximes du plus odieux machiavélisme, l’abrutissement irrévocable de l’espèce humaine, et même, ce qui vous étonnerait beaucoup, une plaie mortelle à la religion : mais tout cela exigerait un livre ». […] Abaissez courageusement cette cataracte maudite, et la lumière entrera. » Maintenant, si l’on voulait donner une idée un peu complète de cette correspondance, il faudrait entrer plus que nous ne l’avons fait dans les détails, il faudrait classer et analyser les lettres avec quelque méthode.

958. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Tous ces jugements, ébauchés par lui dès 1772 et 1777, tout à fait neufs alors et originaux, développés depuis et mis en complète lumière dans les dernières éditions de l’Essai sur l’éloquence de la chaire, font loi et règlent désormais cette matière littéraire et sacrée. […] Chamfort déclara nettement toutes ses idées, toutes ses espérances de nivellement de l’Ancien Régime et de renouvellement complet de la société.

959. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Les grands critiques complets, Horace, Despréaux, Pope, n’ont jamais laissé de si bons vers se faire en dehors d’eux ni contre eux. […] La scène alors eût été complète.

960. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Pour être complète, l’histoire de la société française pendant la Révolution, demande un autre volume l’Histoire de la société française pendant le Directoire : l’accueil que fera le public à ce premier volume décidera si nous irons jusqu’au bout de notre œuvre. […] L’histoire du xviiie  siècle, que nous avons tenté d’écrire, est aujourd’hui complète.

961. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Ils ont le demi-oubli, plus humiliant que l’oubli complet. […] On ne sait quel effrayant être complet dans l’incomplet.

962. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Pas d’incarnation plus complète. […] Le ton d’une certaine critique puritaine vis-à-vis de Shakespeare s’est, à coup sûr, amélioré, pourtant la convalescence n’est pas complète.

963. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Comme l’auteur (l’Abbé Feraud de Marseille) n’est pas né à Paris, il n’est pas étonnant que ses observations ne soient pas toujours justes ; mais il n’a rien oublié pour rendre son Dictionnaire complet en son genre, & pour qu’il fût imprimé correctement. […] Enfin pour rendre son ouvrage complet, il traite encore des autres sens dont un même mot est susceptible, outre le sens figuré ; comme le sens adjectif ou substantif, déterminé ou indéterminé, actif, passif ou neutre, absolu ou rélatif, collectif ou distributif, composé ou divisé & ainsi des autres.

964. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Nous serons obligés de nous transporter dans d’autres temps, de fouiller parmi les ruines de traditions qui ne sont plus, comme, pour faire l’histoire complète du genre humain, il faudrait commencer par une cosmogonie. […] La poésie entre dans le domaine de l’histoire, où bientôt elle se trouve étrangère ; et, méconnaissant ses véritables attributions, elle veut créer, usurpation dont elle est punie à l’instant même par le discrédit le plus complet.

965. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

C’est un rabougrissement complet. […] Il ne monta pas jusqu’à cette intuition transcendante, jusqu’à celle émotion aux palpitations toutes-puissantes qui sont le génie ; il s’arrêta à la pénétration et à l’art, et voilà pourquoi ses Récits mérovingiens, qui sont plus des tableaux historiques que de l’histoire complète dans toute la profondeur de sa notion, sont le meilleur de ses ouvrages.

966. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

. — Telle est la distribution générale du poëme, à laquelle il faut joindre, pour en avoir l’idée complète, un prologue et un épilogue, puis, dans l’intervalle de chaque chant, un triple sonnet sur les grands statuaires, peintres et compositeurs, Michel-Ange, Raphaël, Cimarosa, etc. ; l’ordonnance en un mot ne ressemble pas mal à un palais composé de quatre masses ou carrés (les quatre chants), avec un moindre pavillon à l’extrémité de chaque aile (prologue et épilogue), et avec trois statues (les sonnets) dans chaque intervalle des carrés, en tout neuf statues.

967. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Mignet : Histoire de la Révolution française, depuis 1789 jusqu’en 1814. 3e édition. »

Venu à une époque philosophique, il n’a pu choisir que le point de vue du second ; venu après la plus complète et la plus irrésistible des révolutions humaines, il a dû, à l’exemple du premier, être tenté d’enchaîner toutes les phases des événements dans un système d’explications unique, universel, inflexible.

968. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Autour de deux ou trois idées fondamentales, s’organisa chez eux un système complet de poésie, formé du platonisme en amour, du christianisme en mythologie, et du royalisme en politique.

969. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

Un excellent bulletin bibliographique, très complet, très nourri de longues analyses et de jugements consciencieux, remplit la moitié de chaque cahier de la Revue et formerait seul une lecture essentielle, indépendamment des articles plus généraux qui précèdent.

970. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Cette seule nouvelle, qui a presque les dimensions du roman, suffirait à poser au complet le talent de M. de Bernard.

971. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

Quel complet renversement de toutes les saines notions des choses !

972. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Han d’Islande, texte établi par Gustave Simon, in Œuvres complètes de Victor Hugo.

973. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

Les Feuilles d’automne, in Œuvres complètes de Victor Hugo.

974. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

Longet et son Traité du système nerveux, où nous avons puisé beaucoup de faits ; mais l’ouvrage le plus riche et le plus complet sur la matière qui nous occupe est le grand ouvrage de MM. 

975. (1879) Balzac, sa méthode de travail

Qui verrait aujourd’hui, dans une vente d’autographes, le prix d’un manuscrit complet de l’auteur de la Tour de Nesle comparé à une simple page semblable à celle ci-dessus, se rendrait compte que les récompenses de la postérité sont en sens inverse de la fortune des écrivains pendant leur vie.

976. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Elle n’est complète que quand elle en rend compte, c’est-à-dire quand elle les déduit les uns des autres.

977. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Et si la lecture de son livre n’avait pas prouvé ce que nous disons là, en voici un autre qui le prouverait jusqu’à la plus complète évidence.

978. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

Levallois, lequel ne croit peut-être pas inconséquemment à l’action de la Providence, mais qui croit à l’action de la nature physique, est un livre de forme très douce et très charmante, mais positivement dirigé (sans en avoir l’air) contre l’idée chrétienne, qui est la seule vraie en moralité pratique et complète.

979. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Mais voici une traduction des poésies complètes de Leopardi, et nous allons voir ce que va devenir son commencement de renommée, dans le plein jour d’un texte facilement accessible à tous.

980. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

Évidemment, c’est là le retour dissimulé, mais complet, au régime parlementaire, au régime que les ennemis de l’Empereur demandent, eux aussi, pour des raisons moins vaines, — parce que l’expérience leur a appris qu’en France, avec un tel régime, on pouvait venir facilement à bout du gouvernement le plus fort !

981. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Après le couronnement de la victoire, l’Empire eut le couronnement des catastrophes, pour que tout fût complet dans sa destinée ; car la grandeur humaine ne s’achève que par le malheur, et les larmes des choses (lacrymæ rerum) ne doivent pas plus manquer à l’Épopée que les larmes des hommes au Drame… deux espèces de larmes différentes, que l’Empire, tour à tour Épopée et Tragédie, a su faire également couler !

982. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

Ceux-ci sont au nombre de cent quatre-vingts, ce qui, joint aux premières, forme une suite complète de près de trois cent vingt éloges.

983. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Tout cela se réduit à un seul mot : les objets entraient organisés et complets dans son esprit ; ils ne font que passer dans le nôtre, désarticulés, décomposés, pièce par pièce. […] Aucune de ces phrases ne note des idées, toutes suggèrent des images ; chacune d’elles est l’extrémité et l’aboutissement d’une action mimique complète ; aucune d’elles n’est l’expression et la définition d’une idée partielle et limitée. […] —  Vous êtes une sotte, une langue de perroquet, une folle, une… (le mot y est229). —  On juge du ton qu’ils prennent lorsqu’ils sont en colère. « Un mendiant ivre, dit Émilie dans Othello, ne jetterait pas de pires injures à sa concubine230. » Ils ont un vocabulaire de gros mots aussi complet que celui de Rabelais, et ils l’épuisent. […] Celle de Macbeth devient complète, quand sa femme l’a décidé à l’assassinat. […] Le Songe d’une Nuit d’été est un rêve complet.

984. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

» On trouvera dans ces pages une entière liberté d’esprit et la plus complète indépendance de jugement ; pour tout dire, rien de cette galanterie à la française, qui régit les habituels rapports des deux sexes dans l’attitude de l’homme à l’égard de la femme, et qui risque de fausser, ou du moins d’atténuer la valeur d’un jugement. […] Plus encore que dans la préconception d’Antoine Arnault, sa position dans la vie, son absence complète de lien avec la réalité, ce qu’il y a d’abstrait en lui et qui tient au grossissement des faits par où l’auteur le caractérise, nous avons la marque romantique dans cette exaspération de la sensation qui crée l’amertume dans la volupté. […] Elle vérifie, en l’intervertissant dans la forme, mais se livrant avec délice dans le fait, la parole saisissante : « Ce que la femme entend par amour est assez clair : complet abandon de corps et d’âme. […] De lui nous n’avons guère retenu que le mot fameux qui se grave dans la mémoire — tel un profil de médaille — sur le sexe « aux cheveux longs et aux idées courtes », premier trait d’un dédain qui déduit ses raisons de l’observation des faits, pour aboutir au jugement motivé : « Que peut-on attendre des femmes, si l’on réfléchit que dans le monde entier ce sexe n’a pu produire un seul esprit véritablement grand, ni une œuvre complète et originale dans les Beaux-Arts ?  […] C’est bien le sens de son premier jugement, quand il parle « d’œuvre complète et originale dans les Beaux-Arts ».

985. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Pour vous donner une idée plus complète de ce côté, de cet aspect du talent de Musset, il faut que je fasse quelques emprunts à son théâtre. […] Mais, quoi qu’il en soit, son œuvre a été efficace : elle a été utile et elle a ramené les écrivains, les poètes, à avoir un souci plus complet de leur métier, à faire attention davantage aux questions de forme, à donner à l’expression un souci sévère qu’ils n’avaient pas jusque-là. […] C’est, vous le voyez, l’histoire complète de l’humanité qui se déroule dans cette série de tableaux. […] Ensuite il fallait à Victor Hugo les développements de pièces abondantes ; Heredia réalise ce tour de force de faire tenir des visions, des visions complètes, de larges visions de toute une époque, dans l’espace étroit d’un sonnet de quatorze vers. […] Il avait déjà publié des vers, mais ces vers, comme cela est assez naturel, étaient tombés au milieu du silence le plus complet et de l’inattention la plus absolue.

986. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Les filles ont ses œuvres complètes entre des jeux de cartes transparentes et des photographies obscènes. […] L’invasion est complète, non seulement dans les salons, mais aussi dans les cœurs. […] C’est la misère complète, irrémédiable. […] C’est à la portée de tout le monde, quand on a beaucoup de courage et une absence complète de dégoût. […] Déroulède affirment que sa sincérité est complète, son enthousiasme spontané, son honnêteté indiscutable et généreuse.

987. (1888) Portraits de maîtres

Elle trouva son expression complète et profonde dans l’œuvre de Chateaubriand, qui fut à la fois l’interprète et le consolateur de ce fugitif et douloureux attendrissement des âmes. […] Parmi les poésies diverses de Lamartine, publiées dans ce volume des œuvres complètes, l’ode contre la peine de mort en politique, dédiée au peuple du 19 octobre 1830, vérifie cette assertion. […] Voilà tout au contraire la véritable analyse d’une œuvre et d’un talent, l’analyse patiente, sagace, complète. […] voici du reste une page éloquente où le Maître a résumé ces destinées si tôt interrompues et si complètes peut-être. […] VI des Œuvres complètes), ont enseigné tout ce que nos concitoyens s’obstinaient à ignorer, tout ce qu’ont méconnu sciemment les auteurs de la guerre de 1870.

988. (1881) Le naturalisme au théatre

Jamais l’analyse complète d’un organisme, jamais un personnage dont les muscles et le cerveau travaillent comme dans la nature. […] Pas une règle, pas une certitude, la nuit complète. […] Seulement, la passion elle-même est absente, et le pêle-mêle des opinions vient uniquement du manque complet de vues d’ensemble. […] On parvient à y fabriquer un peintre, quand le sujet n’est pas complètement idiot, et que la nature l’a bâti physiquement à peu près complet, avec des jambes et des bras. […] Si dans le roman le triomphe du naturalisme est complet, je constate malheureusement qu’il n’en est pas de même sur notre scène française.

989. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

C’est encore le Diderot du regretté Edmond Scherer ; le Marivaux si complet et si agréable en même temps de M.  […] Il s’en distingue, avant tout, en ce qu’il est moins complet qu’elle. […] Il faut que l’éducation du coquin soit complète, mais ne donne pas tous ses fruits, parce que c’est ainsi que vont les choses à l’ordinaire. […] Il y a dans ce livre une conception de la vie, que chaque page suggère, rappelle, dessine de plus en plus vivement en notre esprit, et que la dernière complète. […] Il y a peu d’exemples d’une liberté plus souveraine, d’une intelligence, d’une compréhension plus prompte, plus facile, plus sûre et plus complète.

990. (1903) Propos de théâtre. Première série

Mais il se trouve qu’avec les sept drames qui nous ont été conservés de lui, nous avons un traité presque complet de haute philosophie morale. […] Ils ont, seulement, une vie plus pleine, plus complète, plus profonde que la nôtre. […] Vous trouverez partout cette impression de la grandeur, du plus complet, de la vie supérieure, quoique parfaitement naturelle. […] Et pour être sincère et complet, je reconnais qu’il y a même, dans Corneille, de beaux vers de poésie pure, de temps en temps. […] Cette scène de vaticination est très belle en elle-même ; elle est très importante pour ce qui est du caractère même de Joad. — Elle le complète et elle l’absout.

991. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Vous seule savez et pouvez apprécier ce qu’il était pour moi, l’isolement complet dans lequel me plonge sa perte. […] Mais ce spectacle de la nature ne serait pas complet si nous ne considérions comment il se reflète dans la pensée et dans l’imagination disposée aux impressions poétiques. […] « De semblables aperçus sur le monde sont souvent exposés dans les psaumes, mais nulle part d’une manière plus complète que dans le trente-septième chapitre du livre de Job, assurément fort ancien, bien qu’il ne remonte pas au-delà de Moïse.

992. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Tant qu’il prêcha à Metz et à Paris, il ne se fia jamais à son expérience ni à sa facilité : et après quinze ans de prédication il ne faisait ni des plans moins exacts ni des brouillons moins complets. […] Œuvres complètes, éd. […] Éditions :Œuvres complètes de Fléchier, Nîmes. 1782, 10 vol. in-8 ; Mémoires sur les grands jours d’Auvergne, édit.

993. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

L’hérédité existe et s’exerce ; très probablement dans une race homogène, stable et peu nombreuse, à force de mariages consanguins et de vie en commun, cette force finirait par établir entre les divers membres du groupe une ressemblance constante et complète qui permettrait de dériver les facultés morales d’un de ses individus de celles de tous, et réciproquement celles de tous de celles d’un seul individu. […] Pour dix personnes placées devant un coucher de soleil, il y a dix manières plus ou moins complètes de l’apercevoir. […] C’est par des recherches de ce genre qu’on pourra fonder véritablement une « psychologie des peuples »eb exacte et sérieuse, surtout si on complète les renseignements qu’elle pourra exiger par ceux d’une science connexe à fonder, la psychologie des grands hommes d’action, des fondateurs de religions, de morales, de lois et d’états, qui comprendra, de même que l’esthopsychologie, trois parties : l’analyse des actes des héros, la détermination de leur organisme mental spécifique et individuel, les faits sociologiques d’adhésion à ces actes et de ressemblance avec cet organisme.

994. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Œuvres complètes, t.  […] Œuvres complètes, t.  […] Œuvres complètes t. 

995. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

L’humiliation n’était pas assez complète. […] Il me semblait que l’éditeur du Montaigne de la Collection dût avec empressement prendre à sa charge un volume de lecture facile qui complète et achève heureusement le premier. […] Vous me rappelez l’orgueilleuse chapelle des protestants, ces assommants prêcheurs de morale, demi-vertus et bassinoires complètes, que j’ai si bien habillés dans ma dernière comédie. […] Mais un système philosophique est, d’un bout à l’autre, un poème complet, une construction idéale de l’esprit, où l’artiste crée tout, son objet et sa forme. […] Voilà l’image complète de l’activité pratique, scientifique et philosophique de l’homme.

996. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Pierre Loti n’eut pas de peine à atteindre en très peu de temps une « complète » indépendance de forme. […] L’œuvre de Loti complète l’œuvre de Feuillet. […] L’assimilation complète du sujet provençal avec notre poésie française, c’est M.  […] Pour que la grâce soit complète, il y faut de la grandeur, ce qui n’est pas facile dans de si petits sujets. […] Ceux qui connaissent ce pays de langueur et d’enchantement goûteront la complète saveur de ces évocations.

997. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Avec sa tête légère et la paresse de son esprit, il avait trouvé dans les agitations politiques du moment un emploi complet de ce qu’il y avait de disponible dans ses facultés. […] Outre ce service rendu aux arts, de Montabert travailla depuis 1799 jusqu’en 1829 à la composition d’un ouvrage en neuf volumes, intitulé : Traité complet de la peinture. […] Toutes les fois qu’il croyait trouver une occasion d’épurer son art, de perfectionner quelque partie de son talent, il faisait le sacrifice de son amour-propre avec une abnégation complète. […] La conversion de David à la monarchie fut, à ce moment du moins, si complète et l’on peut même dire si sincère, qu’il ne s’aperçut pas de son changement d’idées et de costume. […] On trouve dans ces tableaux la maturité complète du talent de l’homme qui, dix-sept ans auparavant, s’était annoncé par la figure d’Endymion et par l’Hippocrate.

998. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Quand on fait des souhaits, il n’en coûte rien de les faire complets et très prétentieux. […] Ambition, volonté et haine, dans une complète absence de sens moral. […] Seulement il y a très longtemps qu’on s’est aperçu que cette information complète de la nature de l’humanité, personne ne l’a, que cette « loi » tirée de cette complète information, personne ne la tient, et que ce savant, possesseur de la loi, tout un chacun croit l’être et personne ne l’est. […] Il ne peut pas, même dans un seul homme, être complet ; mais à ses progrès se mesure celui du respect de l’homme pour l’homme, de la prudence à décider, de l’hésitation à empiéter sur autrui, de l’harmonie relative et de la concorde, relative aussi, parmi les mortels. […] Voilà bien le scepticisme complet, celui qui se retourne contre lui-même et se moque de soi après s’être moqué de tout, et qui dit qu’il n’y a rien de sûr, pas même lui, ce qui est une manière, en s’attaquant, de se confirmer.

999. (1911) Études pp. 9-261

Mais jamais il ne l’oublie, jamais ne le quitte la pensée de ce qui est complet, satisfaisant, éternel33. […] Les plus grandes passions se sont insinuées en nous, si grandes, si vastes, si complètes, que les voici contradictoires. […] Il est complet et radieux comme Vénus Anadyomène ; il est posé sur la mer et il se tient, respirant à peine, joyeux de se sentir nu et de partout tendrement égal au bonheur. […] … Nous aimons les artistes qui préparent eux-mêmes leur figure et nous la transmettent bien déterminée, nette, simple, complète. […] J’ai porté tout mon bien en moi, comme les femmes de l’Orient pâle sur elles leur complète fortune.

1000. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

L’image complète n’est que chez nous ; c’est proprement ce que nous avons ajouté à l’héritage des anciens. […] On n’a pas plus tôt commencé le volume qu’on voit arriver l’appréciation complète du talent d’André Chénier, qui a clos le siècle, qui, pour mieux dire, est de ceux qui ont inauguré un siècle nouveau. […] Flaubert l’eût pétrie de moins de fragilités, quand bien même il lui eût donné une nature morale plus complète, ce besoin de luxe serait encore resté pour elle le danger suprême. […] Mais ce serait assez pour en donner une idée complète de nous arrêter au style. […] Esquisse complète de la comédie que Regnard aurait dû faire et devant laquelle il a reculé !

1001. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

On peut dire que sa formation complète et définitive date de ce moment, et qu’en posant le livre, tout l’homme en lui se sentit achevé. […] Dans cette mesure, nous le possédons au complet, ce me semble. […] Quelle plus fine et plus piquante raillerie que celle qu’il fait de ces honnêtes bourgeois de la république des lettres, gens à idées rangées, bornés d’ambition et de désirs, satisfaits du fonds acquis, et trouvant d’avance téméraire qu’on prétende y rien ajouter : « Ce sont, dit-il en demandant pardon de l’expression, des esprits retirés, qui ne produisent et n’acquièrent plus ; mais ils ont cela de remarquable qu’ils ne peuvent souffrir que d’autres fassent fortune. » Relevant le besoin de nouveauté qui partout se faisait sourdement sentir, et qui s’annonçait par le dégoût du factice et du commun, ces deux grands défauts de notre scène  : « Qu’il paraisse, s’écriait-il, une imagination indépendante et féconde, dont la puissance corresponde à ce besoin et qui trouve en elle-même les moyens de le satisfaire, et les obstacles, les opinions, les habitudes ne pourront l’arrêter. » Bien des années se sont écoulées depuis, non pas sans toutes sortes de tentatives, et le génie, le génie complet, évoqué par la critique, n’a point répondu : de guerre lasse, un jour de loisir, M. de Rémusat s’est mis, vers 1836, à faire un drame d’Abélard, qui, lorsqu’il sera publié (car il le sera, nous l’espérons bien), paraîtra probablement ce que la tentative moderne, à la lecture, aura produit de plus considérable, de plus vrai et de plus attachant. […] Après cela, le drame d’Abélard est plus complet, plus vaste, et donne seul l’idée entière de M. de Rémusat, auteur et homme.

1002. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Un lord anglais qui passe en Hollande entre fort bien dans une boutique de fromages pour voir de ses yeux toutes les parties de la fabrication ; il revient, comme Addison, muni de chiffres exacts, de notes complètes ; ces amas de renseignements vérifiés sont le fondement du sens droit des Anglais. […] Addison, pour louer Milton, établit que, selon la règle du poëme épique, l’action du Paradis est une, complète et grande ; que les caractères y sont variés et d’un intérêt universel, que les sentiments y sont naturels, appropriés et élevés ; que le style y est clair, diversifié et sublime : maintenant, vous pouvez admirer Milton ; il a un certificat d’Aristote. […] Car si vous vous figurez vivement une situation ou une action, vous verrez du même élan tout le réseau de ses attaches ; les passions et les facultés, tous les gestes et tous les sons de voix, tous les détails d’habillement, d’habitation, de société, qui en découlent, se lieront dans votre esprit, attireront leurs précédents et leurs suites ; et cette multitude d’idées, organisée lentement, se concentrera à la fin en un sentiment unique d’où jaillira, comme d’une source profonde, la peinture et l’histoire d’un personnage complet. […] Ils devenaient moins nombreux vers le milieu, mais se multipliaient et se pressaient en approchant des dernières arches complètes.

1003. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Émile Zola Nous ne pouvons donner ici une biographie complète de M.  […] Fatalement, lorsqu’on transporte un roman au théâtre, on ne peut obtenir qu’une œuvre moins complète, inférieure en intensité ; en un mot, on gâte le roman, et c’est toujours là une besogne mauvaise, quand elle est faite par le romancier. […] Dans le roman, au contraire, les faits s’engendrent les uns les autres, avec une logique inévitable et terrible ; le mal amène le mal ; du premier verre, résulte le second ; de l’ivrognerie qui engloutit tous les bons instincts, résulte l’abrutissement complet du buveur. […] Puis quand il lui est bien prouvé que le public est plus avancé qu’elle et qu’il ne sert plus à rien de regretter les « maîtres du temps passé », les « romanciers comme ceux dont nos romanciers sont les fils abâtardis, le grand art qui marche vers la ruine complète », etc.  

1004. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Il serait aussi fatigant qu’inutile de discuter tous les cas exceptionnels où la même espèce vit sur des régions distantes et séparées ; et je ne prétends nullement qu’on en puisse trouver aucune explication complète et certaine. […] Ce seraient leurs descendants, pour la plupart modifiés, que nous verrions aujourd’hui dans les parties centrales de l’Europe et des États-Unis ; et cette communauté d’origine et de patrie nous rendrait compte de la parenté des productions de l’Amérique du Nord et de l’Europe, parenté très éloignée de l’identité, mais cependant remarquable, si l’on considère quelle est la distance des deux régions et combien leur séparation des deux côtés de l’océan Atlantique est complète. […] Je soupçonne qu’avant l’extinction complète de cette flore, à l’époque glaciaire, quelques-unes de ces formes ont été dispersées au loin, jusqu’en des points divers de l’hémisphère austral, par des moyens de transport occasionnels et à l’aide d’îles aujourd’hui submergées qui leur servirent alors de lieux de relâche ; de sorte que sur les côtes méridionales de l’Amérique, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, les formes de la vie végétale ont pu, de cette manière, prendre une nuance toute particulière qui leur est commune entre elles. […] Au lieu de voir dans cette action glaciaire, plusieurs fois renouvelée, un cataclysme revenant de temps à autre frapper la terre entière ou quelques-uns de ses points d’un refroidissement subit, et, par suite, d’une destruction plus ou moins complète de la vie organique, n’est-il pas plus simple d’y chercher un phénomène régulier et naturel qui s’est produit constamment à travers toutes les époques géologiques, et qui les a peut-être réglées et mesurées, comme une grande année qui aurait ses saisons et ses retours périodiques de chaleur et de froid.

1005. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Ainsi entendu, — et c’est à peu près la seule façon naturelle de l’entendre, l’amour cesse de troubler l’existence, il en complète l’harmonie. […] Sera-ce une poésie bien complète et bien appropriée à toutes les situations possibles de notre vie, celle qui négligera sciemment ces sortes de devoirs ? […] Là se trouvent le seul tableau complet que l’on ait retracé de notre Révolution et le seul jugement exact que l’on ait porté sur elle. […] Pour donner une idée complète de son livre, il faudrait le suivre dans ses explorations sur le terrain de la science, de la politique, de la philosophie et des beaux-arts. […] Rien n’était plus fait pour piquer la curiosité des amis de Goethe, qu’un récit complet de son entrevue avec Napoléon, en 1808, et la discussion des divers textes qui s’y rapportent.

1006. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Ingres marquait quelques-unes de ses toiles du style antique, il avait publié de Properce une traduction en vers vraiment complète, et menée à fin avec une étude passionnée, il aurait mérité de voir attacher son nom à un des noms qui ne peuvent périr, et d’être appelé invariablement le traducteur de Properce, tandis qu’il ne peut être appelé qu’un amateur de Properce.

1007. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

« Vous avez désiré et vous désirez encore… » : voilà la pensée entière, la phrase au complet, dont le second membre est resté sous-entendu.

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