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1467. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Mais faites attention : il est d’un homme qui a appris sa langue en 1820. […] Au dernier moment, littéralement, j’apprends que cette question d’Henriette d’Angleterre, Corneille et Racine est traitée dans un volume de M.  […] C’est là qu’il apprit la mort du fils qu’il avait eu d’Elise, Max, et la nouvelle d’une seconde grossesse de son amie. […] La toile tombe sur des pressentiments sinistres ; car on a pris soin de nous apprendre que l’insulteur de Jacques est de bonne force à toutes les armes usitées sur le pré. […] Qu’a-t-elle appris ?

1468. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Ses lectures sont d’un homme instruit et d’un esprit critique, qui songe peu à se divertir où à s’enflammer, mais qui apprend et qui juge : Virgile, Ovide, Horace, Juvénal, Perse, voilà ses auteurs favoris ; il en traduit plusieurs, il a leurs noms sans cesse sous la plume ; il discute leurs opinions et leur mérite, il se nourrit de cette raison que les habitudes oratoires ont imprimée dans toutes les œuvres de l’esprit romain. […] Pendant que les gens de lettres apprennent à saluer, les gens de cour apprennent à écrire. […] L’Impératrice du Maroc, par Settle, fut si admirée, que les gentilshommes et les dames de la cour l’apprirent pour la jouer à White-Hall, devant le roi. […] Avance tous les jours plus loin dans la sottise et l’impudence ; d’autres t’enseigneront le succès ; apprends de moi le travail infécond, les accouchements avortés778.

1469. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Telle est la question que nous devons maintenant aborder, et dont la solution nous apprendra quelle est au juste la nature et la raison d’être de l’association des signes et des idées. […] Une intelligence subitement privée de la parole intérieure ne serait pas pour cela réduite à l’impuissance, mais seulement gênée, désorientée, comme par l’absence d’un organe utile par lui-même et dont elle avait appris à ne se passer jamais ; tel un homme subitement privé de la vue, ou bien un aveugle qui vient de perdre son bâton ; tel un peuple inopinément frappé par la mort de l’homme d’état qui possédait toute sa confiance et dans les mains duquel il avait concentré tous les pouvoirs. […] Si donc alors ils figuraient dans l’idée consciente à l’état quelque peu distinct, ce qui nous paraît nécessaire, ce n’est pas le souvenir qui nous l’apprend ; nous devons recourir pour l’affirmer à une hypothèse fondée elle-même sur un raisonnement. […] J’interprète ainsi le témoignage suivant, malheureusement trop concis : « Un sourd-muet qui n’avait été instruit que fort tard m’a dit que, avant d’être instruit », — c’est-à-dire avant d’avoir appris l’usage d’un langage régulier et conventionnel, — « il pensait toujours par images. « (Romanes, L’intelligence des animaux, dans la Revue scientifique, 4 janvier 1879, p. 628.) […] Le thème a la même vertu, mais à un moindre degré ; faire un thème est sans doute une occasion d’approfondir les idées du texte, et, la traduction faite, ces idées doivent être mieux comprises qu’après la première lecture ; mais elles étaient déjà données en gros avec le texte ; l’esprit de l’élève n’a pas été obligé de les deviner, mais seulement invité à en étudier tel détail, telle nuance, pour les rendre exactement dans un autre idiome ; aussi le thème est-il principalement, dans la pratique, un exercice verbal, un moyen d’apprendre les langues au point de vue du vocabulaire et de la grammaire. — De Bonald (Dissertation sur la pensée de l’homme et sur son expression, et Recherches philosophiques, chap. 

1470. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Pierre Champion, qui a examiné ces paperasses, nous l’apprend. […] Seulement, les mots qu’on apprend dans les coulisses, Marianne ne les connaît pas ; les mots qu’on apprend dans la rue, elle ne les dit pas et n’a point envie de les dire. […] On l’apprend ; et l’auteur désire qu’alors on ne soit pas surpris d’avoir vu Marianne si sage. […] Yvonne apprend la liaison de François et de Marie-Dorothée. […] Elle apprend que Marie-Dorothée a mis au monde un enfant : le fils de François.

1471. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Jouissons de celle que nous avons et qui nous apprend tant de choses neuves, qui nous fait assister non seulement à tant de batailles, mais à tant de conseils, qui présente aux esprits les plus difficiles tant d’éléments exacts de jugement.

1472. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Je ne suis pas un si fervent adorateur de Théocrite que l’était Huet, qui nous apprend lui-même que, dans sa jeunesse, chaque année au printemps, il relisait le poëte de Sicile ; j’ai pourtant fait plus d’une fois le charmant pèlerinage, et chaque fois, après avoir admiré la vivacité spirituelle et ingénue des personnages, la grâce piquante et naïve du dialogue, la vérité des peintures, je me suis préoccupé de la construction du vers, de ces ressorts cachés que le poëte met en jeu pour produire plusieurs de ses effets. » Le résultat de ces observations multipliées et patientes, c’est que le dactyle peut s’appeler l’âme de la poésie bucolique , et que, sans parler du cinquième pied où il est de rigueur, les deux autres places qu’il affectionne dans le vers pastoral sont le troisième pied et le quatrième, avec cette circonstance que le dactyle du quatrième pied termine ordinairement un mot, comme pour être plus saillant et pour mieux détacher sa cadence.

1473. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

XVIII Je pense sur la critique deux choses qui semblent contradictoires et qui ne le sont pas : 1° Le critique n’est qu’un homme qui sait lire, et qui apprend à lire aux autres ; 2° La critique, telle que je l’entends et telle que je voudrais la pratiquer, est une invention, une création perpétuelle.

1474. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Si cette minorité était arrivée d’une manière naturelle, peut-être aurait-elle été favorable au développement de nos libertés ; mais à travers deux abdications, toujours et nécessairement conditionnelles, avec le besoin cruel de séparer un enfant de ses parents-exilés, de ne pouvoir former sa raison sans lui apprendre à les juger au moins aussi sévèrement que l’histoire le fera, avec le danger de les voir un jour se rapprocher de lui, il n’aurait été qu’une cause de soupçons, d’agitation, que l’étendard d’un parti qui n’a que trop prouvé ses fureurs et son incapacité.

1475. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Il faut bien se l’avouer, le théâtre comique n’est une école de mœurs qu’en ce sens que, lorsqu’il est bon, il apprend comment elles sont faites, comment ici-bas cela se pratique et se joue.

1476. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !

1477. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Magnin rapporte en ces termes : « Des récits contemporains, dit-il, nous apprennent que le gouverneur de cette ville ayant appelé, en 1583, Adriano Valerini avec la troupe qu’il dirigeait, fit suspendre leurs représentations, ému par de soudains scrupules de conscience.

1478. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Riccoboni nous apprend, par exemple, que la Emilia, de Luigi Groto, surnommé l’aveugle d’Adria, cette pièce qui a fourni à Molière plusieurs des caractères et des situations de L’Étourdi, servait fréquemment de canevas aux acteurs de la comédie improvisée19.

1479. (1890) L’avenir de la science « IX »

Celui qui n’a point appris de la géologie l’histoire de notre globe et des êtres qui l’ont successivement peuplé ; de la physiologie, les lois de la vie ; de la zoologie et de la botanique, les lois des formes de l’être et le plan général de la nature animée 88 ; de l’astronomie, la structure de l’univers ; de l’ethnographie et de l’histoire, la science de l’humanité dans son devenir ; celui-là peut-il se vanter de connaître la loi des choses, que dis-je ?

1480. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

L’œuvre, dont nous ne sommes pas sortis encore, nous a révélé tout ce qu’elle pouvait nous apprendre sur elle-même.

1481. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Aimé Martin, éditeur du Molière variorum, nous apprend ces bévues redoublées, et il arrive que M. 

1482. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Qu’on lise les Mémoires de sa vie ; on y applaudira à la générosité de ses bienfaits, répandus sur les Littérateurs qu’il se croyoit obligé d’attaquer dans ses Ecrits ; on y apprendra qu’il a été le bienfaiteur de Liniere, qui ne cessoit de déclamer contre lui ; qu’il donna des secours à Cassandre, dont il estimoit peu les talens ; qu’il se réconcilia avec Perrault, en oubliant ses calomnies ; qu’il rendit justice à Boursault, en reconnoissant son mérite qu’il avoit trop méconnu ; qu’il conserva au célebre Patru sa Bibliotheque, en l’achetant plus cher qu’il ne vouloit la vendre, & en lui en laissant la jouissance ; qu’il osa refuser le paiement de la pension que lui faisoit Louis XIV, en disant à ce Prince, qu’il seroit honteux pour lui de la recevoir, tandis que Corneille, qui venoit de perdre la sienne, par la mort de Colbert, se verroit privé de ses bienfaits : ce qui valut à ce dernier un présent de deux cents louis ; qu’il eut un grand nombre d’amis dans les rangs les plus élevés, comme parmi les plus célebres Littérateurs de son temps, & qu’il les conserva toute sa vie.

1483. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Mais, alors même, Abailard apprit sa condamnation.

1484. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Il s’étend beaucoup sur la nécessité d’apprendre le Grec : il entre, là-dessus, dans de longs détails, & ne dit rien de ce qui est le plus essentiel à l’éloquence.

1485. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Lorsqu’il a raillé les hommes sur leurs défauts, il leur a appris à s’en corriger, et nous verrions peut-être encore aujourd’hui régner les mêmes sottises qu’il a condamnées, si les portraits qu’il a fait d’après nature, n’avaient été autant de miroirs dans lesquels ceux qu’il a joués se sont reconnus.

1486. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

Il n’entend rien à la convenance, il ne sait pas qu’il faut que tout tienne ; il ignore ce que les autres savent sans l’avoir appris, et pratiquent de jugement naturel et d’instinct.

1487. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

Il a trop appris par leurs livres même combien les peuples asiatiques méritent peu les recherches de l’histoire et comme c’est prouvé par la leur !

1488. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

C’est mettre quelque chose dans nos âmes qui n’y était pas… Saint-Victor, qui nous apprend Eschyle aujourd’hui, dans son premier volume, devient, en vertu de la faculté caméléonesque du talent regardant le génie, une espèce d’Eschyle, éclosant et fleurissant dans les racines du vieux tragique immortellement épanoui, et tellement que si, par miracle, le vieux Eschyle revenait au monde et qu’il lût le commentaire de Paul de Saint-Victor, il dirait comme Galathée, sortie de son état de marbre et touchant la poitrine de l’idolâtre Pygmalion : « C’est encore moi ! 

1489. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

C’est là qu’il a fait ses humanités et appris son humanité, l’homme étant dans l’Histoire tout entier, espèce, genre et individualités.

1490. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Tel fut cet homme politique que l’on connaît peu, mais qu’il faut apprendre à connaître ; qui traversa, sans se démentir, la Révolution, l’Empire et la Restauration ; esprit lucide, conséquent et ferme, resté au second rang, mais fait pour le premier !

1491. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Silvio Pellico »

II Nous le savions, nous, et cependant nous l’avons appris là encore.

1492. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

En cette Notice, carabinée de gravité comme toutes celles qui s’impriment dans cette agréable Revue, Saint-René Taillandier nous apprend, à nous qui n’aimons, hélas !

1493. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVII. Silvio Pellico »

II Nous le savions, nous, et cependant nous l’avons appris là encore.

1494. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

N’ayant rien appris dans les écrits protestants de MM. 

1495. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Malheureusement, Hayem l’a énervé de métaphysique… C’est la métaphysique, et la plus mauvaise des métaphysiques, — la métaphysique moderne, qui donne l’égalité des choses apprises à la pensée et au style des hommes qui ont une valeur propre et qui devraient rester personnels, — c’est cette métaphysique générale qui noie tout, inféconde même quand elle a la prétention d’être positive, qui est le défaut capital du livre.

1496. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

Le poème du Faust moderne nous l’a appris.

1497. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

La première rêverie d’Eloa, qui sent s’éveiller sa pitié dans le paradis, quand on lui parle de cet Ange absent, parce qu’il est tombé et qu’on lui apprend            Qu’à présent il est sans diadème, Qu’il gémit, qu’il est seul, que personne ne l’aime !

1498. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

» quand tout à coup il nous a lui-même appris qu’il fait partie d’une littérature !

1499. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

Puisqu’on l’a nommé l’Henri Heine aussi bien que le Sterne du Pays Latin et que son latin, il l’apprit beaucoup dans ces deux hommes qu’il nous a vulgarisés et débraillés, je reconnais encore mieux le Heine que le Sterne, quoique cet Heine-là soit encore plus Alfred de Musset !

1500. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

J’ai dit à qui pouvait m’entendre Que je serais là comme un roi : L’architecte vient de m’apprendre Qu’on s’était bien moqué de moi !

1501. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Socrate apprend qu’on va choisir un orateur pour faire l’éloge funèbre des guerriers morts cette année.

1502. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Il a fallu trois mille ans pour que les hommes apprissent qu’un homme vertueux, qui a passé soixante ans à s’instruire et à éclairer son pays, pourrait bien mériter quelque reconnaissance du genre humain.

1503. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

Tacite nous apprend que les lettres latines furent d’abord semblables aux plus anciennes des Grecs, ce qui est une forte preuve que les Latins ont reçu l’alphabet grec de ces Grecs du Latium, et non de la Grande-Grèce, encore moins de la Grèce proprement dite ; car s’il en eût été ainsi, ils n’eussent connu ces lettres qu’au temps de la guerre de Tarente et de Pyrrhus, et alors ils se seraient servis des plus modernes, et non pas des anciennes.

1504. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Il m’apprit qu’il se voulait consacrer à l’histoire de l’art et il méditait aussi un drame sur Savonarole. […] Pigeon ayant appris par la voie du Figaro qu’un petit héritage lui incombait, voulait incontinent retrouver ses loisirs et ses travaux de critique d’art. […] Fénéon apprit de M.  […] Paul Bourget, à ce que m’apprit le dépositaire, M.  […] Tu crois apprendre, tu te retrouves, l’univers n’est qu’un prétexte à ce développement de toute conscience.

1505. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il apprend le mariage de Pauline, et se désespère. […] Pauline l’apprend de sa confidente Stratonice. […] Il est la leçon apprise par cœur. […] Voyez la façon tranquille, sereine (et ici sans affectation ni hypocrisie possibles) dont elle apprend la perte de toute sa fortune. […] Mithridate interroge ses confidents, et il apprend que Pharnace a osé lever les yeux jusqu’à la reine.

1506. (1911) Études pp. 9-261

Or ce qu’est en son essence la nature, c’est la doctrine qui nous l’apprend. […] C’est ce secret de son individualité qu’elle apprend par la révélation de « ce “nom nouveau” dont parlent les Saints Livres184 ». […] Non pas qu’ils s’enchaînent comme les anneaux d’une déduction progressive, mais ils apprennent à naître subtilement les uns des autres. […] Mais il les rejette aussitôt qu’il s’est servi d’elles, que par elles il s’est appris ; il les abandonne comme il dépouille tout son passé ; il reste seul, pur, sans autre bien que sa vie trop libre qui l’oppresse. […] J’avais appris à ne rien négliger : chaque matin je devinais à la couleur du jour entre les persiennes, quel temps il ferait.

1507. (1929) Dialogues critiques

Oui, nous devons au romantisme d’avoir appris à comprendre et à sentir toutes les formes du beau : Homère et Virgile, Phidias et Michel-Ange, Raphaël et Rembrandt, Racine et Shakespeare, La Fontaine et Hugo, Mozart et Wagner. […] On n’y apprend rien. […] Pierre On m’a conté, en effet, qu’un illustre auteur à qui l’on apprit que ses lettres à une dame avaient été brûlées par la famille s’écria : « Quel dommage ! 

1508. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Au reste, je ne sais pas trop pourquoi ma plume, presque à mon insu, s’amuse à te griffonner ces lignes mélancoliques, car il y a bien quelque chose de mieux à t’apprendre. […] On conçoit l’étonnement et la juste colère qui saisirent les ministres et le roi à Cagliari quand les ministres et le roi apprirent avec stupeur cette incartade de zèle et cette folie de fidélité dans leur ministre à Pétersbourg. […] Vous souhaitez pour mon bien que je ne sois pas parti pour Paris, et vous m’apprenez même que le roi veut bien ne pas donner une interprétation sinistre à ma démarche !

1509. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Venez donc, et apprenez enfin que votre pouvoir est tout entier et sans bornes. […] « Votre dîner chez madame de Boigne ne m’a point étonné ; les lettres de Fabvier au comité grec m’avaient appris à juger ce que c’était. […] Comme le carnaval est long cette année, il est possible que le tout soit appris, monté et joué dans la saison de la foule et des plaisirs de l’hiver. » On voit qu’après avoir employé son amie à son ambition pendant qu’il était à Londres il l’utilise maintenant pour ses dernières tentatives de gloire pendant qu’il est à Rome.

1510. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Ayant appris trop tard sa fin, j’assistai à ses obsèques à Paris. […] Peu de jours après avoir quitté Paris, j’appris, en ouvrant un journal, qu’il était mort au bord de cet Océan dont il avait la grandeur, les orages, l’infini dans le cœur ! […] Croyez-moi, mon cher ami, il y a quelque grand secret dans les larmes : vous êtes digne de l’apprendre un jour !

1511. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Il nous apprit que le premier consul était entré dans la plus extrême fureur à la nouvelle de ce qui était arrivé ; que, dans l’impétuosité de la colère, il avait déchiré en cent morceaux la feuille du concordat arrangé entre nous ; que finalement, cédant à ses prières, à ses sollicitations, à ses raisons, il avait promis, quoique avec une indicible répugnance, d’accepter tous les articles convenus, mais que pour celui que nous avions laissé non réglé, il était demeuré aussi inflexible qu’irrité. […] Le soir du mercredi, quelques-uns d’entre nous apprirent que ce jour-là même, on avait demandé, par ordre de l’Empereur, aux cardinaux Opizzoni et aux autres des treize promus à l’épiscopat, la démission de leurs évêchés. […] « L’Empereur était revenu des Pays-Bas et chaque jour on apprenait une nouvelle contradictoire.

1512. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Il nous a, pour ainsi dire, imposé la nécessité d’apprendre la langue allemande. […] Nous voulons qu’ils étudient les écrits de Wagner ; qu’ils apprennent à voir en lui plus qu’un simple musicien, un profond penseur ; qu’ils subissent ainsi l’influence de cet homme dont l’effort principal (quoique peu connu) a été de montrer que l’art est la chose la plus sainte, et le théâtre un lieu où peuvent vivre de la vie intense de l’art les plus profondes passions et les émotions les plus cachées, Y a-t-il au monde quoi que ce soit qui puisse influencer plus salutairement un artiste que le spectacle de cette vie virile tout entière vouée à un idéal, et de ce prodigieux effort vers la réalisation de cet idéal ? […] Ce prélude ne nous apprend rien du drame en lui-même.

1513. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Dimanche 22 février Je vais dire un bonjour à de Chennevières, que je n’ai pas vu depuis sa nomination à la direction des Beaux-Arts, craignant un peu qu’à sa porte, on ne m’apprenne qu’il habite maintenant des lambris dorés, en quelque coin ministériel. […] Donc, nous nous sommes mis à causer toilette, et, elle me conte l’origine de cette mode, elle m’apprend que le docteur Tardieu, ayant été visiter une fabrique de potasse, avait été frappé du ton de la chevelure des ouvriers et des ouvrières. […] J’avais appris par Bracquemond que le Bon Marché avait reçu, dans un envoi de tapis d’Orient modernes, quelques vieux tapis de Perse.

1514. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Les siècles qui sont venus après, Charlemagne, Charles-Quint, Léon X, Louis XIV, le dix-huitième siècle, le dix-neuvième lui-même, nous ont appris et nous apprennent assez qu’il n’y a ni progrès continu ni décadence irrémédiable dans l’esprit humain. […] La liberté lui mettait ces armes dans la main, mais il lui fallait un peuple soldat et vétéran de gloire comme la France pour lui en apprendre l’usage.

1515. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

« “Apprends d’abord que je suis le comte Ugolino, et que celui-ci est l’archevêque Ruggieri. […] « “Mais ce que tu ne peux avoir appris de personne, c’est combien cette mort fut atroce. […] « Et, de même qu’un messager de paix qui porte la branche d’olivier à la main entraîne sur ses pas la multitude pressée d’apprendre les nouvelles sans que personne s’inquiète s’il foule autrui, de même, etc. » Une de ces âmes le reconnaît et l’embrasse ; sans la connaître il veut lui rendre son embrassement ; mais, ô surprise !

1516. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Quelques mois après, son neveu m’écrivit de nouveau pour m’apprendre la mort de son oncle ; il avait vécu, ou plutôt il avait pensé et prié jusqu’au-delà de quatre-vingts ans ; pur esprit qui ne laissait pas une pensée à la terre : elle n’avait été pour lui qu’un marchepied de son autel. […] Une lecture que nous fit exceptionnellement dans notre salle de rhétoriciens un de nos maîtres les plus aimés, le père Béquet, m’en apprit davantage que tous les vers classiques de Virgile ou d’Horace interprétés péniblement jusque-là. […] Ce nourrisson prend des plumes ; sa mère lui apprend à se soulever sur sa couche.

1517. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

C’est celle qui fait tous les matins son oraison dans Montagne et qui a appris de lui bien ou mal à propos, à voir plus de malhonnêteté dans les choses que dans les mots. […] C’est La Grenée qui le dit en peinture, d’après Mr De La Vauguyon qui lui avoit appris à se tenir là. […] Où est ce bouclier et cette épée suspendus qui m’apprennent que ce moribond est un soldat, un citoyen qui a exposé sa vie pour la patrie et répandu son sang pour elle ?

1518. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

A vrai dire, c’est l’arithmétique qui nous apprend à morceler indéfiniment les unités dont le nombre est fait. […] Même à l’état de veille, l’expérience journalière devrait nous apprendre à faire la différence entre la durée-qualité, celle que la conscience atteint immédiatement, celle que l’animal perçoit probablement, et le temps pour ainsi dire matérialisé, le temps devenu quantité par un développement dans l’espace. […] Ce n’est pas là illusion pure ; car si l’impression d’aujourd’hui était absolument identique à celle d’hier, quelle différence y aurait-il entre percevoir et reconnaître, entre apprendre et se souvenir ?

1519. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Rue de Rivoli, nous apprenons que tout est fini, et nous voyons passer, rapide dans une escorte de dragons et de chasseurs, le général Vinoy. […] Dans cette foule, je rencontre le sculpteur Christophe, il m’apprend qu’il y a des pourparlers entamés pour la capitulation. […] Enfin un journal m’apprend que les Bellevillais ont été battus. […] À la fin, un journal inespéré, enlevé du kiosque qui est au bas de la maison, nous apprend que les Versaillais occupent une partie du faubourg Saint-Germain, Monceau, les Batignolles. […] En rentrant, je trouve une lettre qui m’apprend la mort de mon cousin Philippe de Courmont, tué au Trocadéro, le 22 mai.

1520. (1887) Essais sur l’école romantique

Hugo, réduit par quelque abréviateur de goût aux petites proportions du recueil, s’introduise, sous le nom de passeport d’Œuvres choisies, dans les classes universitaires, y soit appris et commenté comme classique et comme classique encore, y soit donné pour prix de concours. […] Il y a pourtant ceci à regretter dans l’ancien genre, qu’on y apprenait passablement à connaître le cœur humain. […] La Esmeralda est une gracieuse créature, née d’un impur amour, et enlevée à sa mère par des bohémiennes qui lui ont appris à faire des tours sur la place publique. […] La Esmeralda raffole de ce Phœbus ; elle apprend à sa petite chèvre, aux cornes dorées, à écrire son nom ; elle aime son uniforme, son hoqueton, sa mine fière ; elle écoute avec ivresse ses propos fades, ses galanteries communes, ses déclarations qui se vendent tout imprimées sur le Pont-Neuf ; elle se livre dès la première entrevue à ses gros baisers ; elle sent avec délices cette forte poitrine, où les poumons jouent à l’aise, se soulever contre son sein délicat : un moment de plus, elle va oublier l’amulette et sa vertu. […] Ce qui fait le génie, c’est une raison supérieure, double fruit de l’instinct et de l’expérience, du naturel et du travail, des choses devinées et des choses apprises.

1521. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

A quoi servent ces généralisations oratoires si faciles, que rien n’appuie et qui n’éclairent rien, et qui n’apprennent rien, et semblent un jeu de l’esprit pour le divertissement des oreilles ? […] Il n’étudie la géologie que dans l’espoir d’en apprendre la loi de la marche de l’humanité. […] Si une énorme différence existe, sans parler des autres, entre l’homme et les animaux, que nous apprendront les animaux sur nous ? […] Il y a appris, on vient de le voir, à substituer, par exemple, la notion d’évolution à celle de progrès. […] Cette morale, est-ce donc la science qui pourra nous l’apprendre, est-ce la science qui pourra la fonder ?

1522. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Il apprendra, il raisonnera, il saura, il fera des théories. […] Nous avons mis des siècles à apprendre « que les choses extérieures ne sont pas telles qu’elles nous paraissent. […] c’est : il faut avoir de l’empire sur soi-même, il faut apprendre à se vaincre soi-même, gnôti seauton, nicâ seauton. […] Mais comment, si le plaisir et le déplaisir étaient si solidement liés l’un à l’autre que celui qui voudrait goûter de l’un autant qu’il est possible, que celui qui voudrait apprendre à jubiler jusqu’au ciel devrait aussi se préparer à être triste jusqu’à la mort ? […] Nietzsche a dit que la volupté est le mobile de l’instinct vital et que cependant il faut vouloir la douleur. — Il a entendu que l’homme ne peut vouloir que son bien et qu’il a raison de le vouloir, mais qu’il apprend, ou doit apprendre, que le bien, même matériel, ne s’acquiert et ne s’achète que par la douleur acceptée, cherchée même, et que, donc, il faut la vouloir.

1523. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

En leur ouvrant ses portes, l’Académie leur ouvre la gloire, et c’est en les consacrant qu’elle apprend définitivement leur nom au public. […] Homère, Hésiode, Aristophane, Théocrite se sont bornés à peindre ce qu’ils avaient sous les yeux, les choses vécues par eux ou familièrement apprises. […] Or cette immoralité à outrance ne nous a appris qu’une chose : c’est que le vice manquait d’attrait. […] Le meilleur moyen d’apprendre ce que c’est que le style, sera toujours d’en étudier de près les modes d’exécution technique. […] Le talent n’est qu’une aptitude qui se développe. « J’apprends tous les jours à écrire », disait Buffon.

1524. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Paris, sur tous ces points, a eu raison et gain de cause ; et tantôt corrigeant la Cour, tantôt l’imitant et rivalisant avec elle, il contribuait au moins de moitié à vérifier et confirmer cette remarque de Vaugelas : « Notre langue se perfectionne tous les jours ; elle cherche une de ses plus grandes perfections dans la douceur. » Sur la locution A présent, Vaugelas nous apprend une particularité assez étrange : « Je sais bien que tout Paris le dit, et que la plupart de nos meilleurs écrivains en usent ; mais je sais aussi que cette façon de parler n’est point de la Cour, et j’ai vu quelquefois de nos courtisans, hommes et femmes, qui l’ayant rencontrée dans un livre, d’ailleurs très-élégant, en ont soudain quitté la lecture, comme faisant par là un mauvais jugement du langage de l’auteur. » Vaugelas indique comme équivalent et à l’abri de toute critique A cette heure, Maintenant, Aujourd’hui, Présentement ; mais A présent, qui vaut certes Présentement, l’a emporté et s’est, maintenu malgré la Cour. […] Il le savait bien : aussi se comparait-il à Cléanthe et à Chrysippe qui s’étaient mêlés autrefois d’écrire des traités de Rhéthorique ; mais ç’avait été de telle sorte, disait en riant Cicéron, que, si l’on voulait apprendre à se taire, on n’avait rien de mieux à faire qu’à les lire.

1525. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

En les rapprochant des événements récents (et on ne peut s’empêcher de le faire en voyant les mêmes intérêts aux mains, les mêmes guerres recrudescentes, et jusqu’aux mêmes devises sur les drapeaux), on apprend combien la vieille plaie a duré et s’est aigrie, combien, à plus de quarante ans de distance, on a peu gagné de remèdes par cette science sociale tant vantée : on rentre dans l’humilité alors, de se voir si médiocrement avancé, bien que sous l’invocation perpétuelle de ce dieu Progrès que de toutes parts on inaugure77. […] — adieu, cabinets paisibles où j’ai nourri mon esprit de la vérité, captivé mon imagination par l’étude, et appris, dans le silence de la méditation, à commander à mes sens et à mépriser la vanité. » On a voulu, dans ces derniers temps, faire de Mme Roland un type pour les femmes futures, une femme forte, républicaine, inspiratrice de l’époux, égale ou supérieure à lui, remplaçant par une noble et clairvoyante audace la timidité chrétienne, disait-on, et la soumission virginale.

1526. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Mais Racine eût encore plus évité les expressions extatiques et mystérieuses qui remplissent, dans les drames allemands, les vides du dialogue, les exclamations prophétiques plus obscures que l’avenir même qu’elles concernent ; les descriptions indéterminées d’abîmes profonds, de forêts solitaires, de flots mugissants, de torrents impétueux, vaines syllabes, qui frappent l’oreille et n’apprennent rien à l’esprit. […] M. de Stendhal, l’auteur qui écrit avec le plus d’esprit et de grâce en faveur du genre romantique, ne nous apprend point d’où il vient, ni en quoi il consiste.

1527. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Mais ces règles, il ne suffit pas de les apprendre pour les appliquer : c’est ici qu’il faut surtout le génie et le goût naturels. […] Les historiens et les critiques nous ont appris à lui attribuer un caractère éminemment grave et philosophique, à y respecter une des formes les plus expressives de la civilisation générale, où sont contenues toutes les conceptions de la vie et de la destinée humaines, toutes les représentations de l’univers et de l’être, par lesquelles l’humanité s’est consolée ou désespérée à chaque siècle.

1528. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il y retrouva La Fontaine, il y connut Boileau et Molière : avec eux, il hanta le Mouton blanc et la Croix de Lorraine ; et il apprit à rire de Chapelain. […] Racine a été élevé dans le jansénisme, à croire que la nature est corrompue, que tout mérite, tout bien en l’homme vient de la grâce ; il a pu rompre avec ses maîtres, il n’a pu se défaire des enseignements lentement insinués, quitter le point de vue d’où ils lui avaient appris à regarder l’agitation humaine.

1529. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Cela est plus commode que d’apprendre le métier, qui est difficile. […] Mais si Zola détruisit de loin sans offrir à ses milices la consolation du pillage, Mendès apprit aux jeunes hommes à savourer le plaisir sur les ruines de l’hypocrisie et derrière la déroute du mensonge.

1530. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Douter, d’ailleurs, n’est-ce pas apprendre ? et qui peut se flatter dans une vie d’homme d’avoir assez appris, pour cesser de douter ?

1531. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Il ne faut pas qu’il les jette brusquement, mais qu’il apprenne, sinon à s’en passer, du moins à en accepter d’autres, plus légères, qu’il en change à mesure qu’il grandit. […] Mais elle nous apprend aussi à aimer ou à estimer dans les valeurs inférieures ou négatives ce que nous admirons dans les plus hautes.

1532. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

La biologie nous apprend que l’organisme sensible hérite de certaines aptitudes de ses parents, tout comme de leur structure, de sorte qu’on peut dire que l’individu résume l’expérience de la race. […] On s’étonnera peut-être d’apprendre que saint Thomas d’Aquin, Duns Scott, Telesio, Vanini ne sont point nommés ; mais si l’on se rappelle que le but de l’auteur est surtout critique et dogmatique, on en sera moins surpris.

1533. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

« Pour moi, disait saint Jérôme, je tiens l’adultère en plus grande estime que ces prétendus moralistes, et je soutiens que, rien qu’à le voir, on apprend à le commettre : Discitur adulterium dum videtur !  […] Qui, diantre, tout d’un coup vous en a tant appris ?

1534. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Cousin aurait-il appris cela ? […] C’est vous qui m’avez appris à fuir les sentiers de la foule et, au lieu d’élever ma fortune, à tâcher d’élever mon cœur. » Il a été ministre, pair de France, professeur, à quoi a-t-il donc renoncé ?

1535. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

La seule chose que nous apprend le livre intitulé : Nos fils, c’est que Michelet n’y a plus de talent, plus de talent du tout. […] Le gouvernement du temps le suspendit et il ne fut pas repris, mais il avait été préparé dans l’hypothèse où il pourrait l’être… Ce Cours, que ses amis n’auraient pas dû publier, nous apprend mieux, à nous, ce que nous savions en le résumant, en nous montrant en une seule fois le bloc d’idées de Michelet, qui n’est pas bien gros, comme vous le voyez… L’éclatant et criminel historien qu’est souvent Michelet quand il tient les faits sous sa plume et qu’il les colore à son gré, cachait, avant ce Cours, l’inanité du philosophe, de ce pauvre inventeur en ressources et en médications sociales qui n’a pas de système, mais de vagues aspirations vers une fraternité que le Christianisme a pu, seul, établir, dans un monde si évidemment en chute, qu’en y faisant intervenir Dieu.

1536. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Il est écrit à la veille de la mort de Fromentin, et il fait beaucoup plus que nous montrer un talent fortifié par douze années de méditation et d’étude : il nous révèle la véritable voie de l’auteur ; il nous apprend que celui qu’on savait être déjà un peintre délicat, un voyageur intéressant, un romancier pénétrant et émouvant, était avant tout un critique d’art original et novateur. […] Voyez-le, quand il veut exprimer le double caractère et comme la double personnalité d’un de ces Flamands qui avaient étudié en Italie, d’un de ces romanistes, comme on disait, qui allaient apprendre la peinture à Rome, à Florence, à Venise, et puis, de retour au pays natal, ressaisis par le génie si profond et si particulier de la race, finissaient par triompher de leurs maîtres latins, et par plier leur éducation méridionale aux rêves d’un idéal qui n’avait pas changé.

1537. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Que nous apprend à ce sujet la psychologie, puis l’histoire ? […] Et d’abord, puisque nous avons accordé que la composition ethnique d’une société peut, par l’entremise des sentiments réciproques qu’elle inspire à ses membres, la rapprocher ou l’écarter de l’égalité, que nous apprend l’anthropologie sur la composition ethnique des sociétés égalitaires ?

1538. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Preux pour lui apprendre qu’elle l’a toujours aimé, qu’elle l’aime encore, qu’elle meurt en l’aimant. […] S’il peint les passions, il peut aussi apprendre à les régler.

1539. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

On ne peut plus rien m’apprendre de ridicule sur leur compte.

1540. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

C’est ce que nous apprenaient déjà Campistron et Lagrange-Chancel, dont j’ai dit précédemment un mot ; et Crébillon n’est pas pour modifier nos conclusions472.

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