Les dames de la Halle, les ménagères, les cochers de fiacre, les ouvriers disent couramment de quelqu’un qui part pour Marseille ou pour Lyon : « Il va à la campagne. » Tout récemment, j’entendais un court dialogue entre un concierge et un habitant de Bordeaux qui passait quelques jours à Paris et logeait chez un ami parisien.
Par là s’explique la politique classique des rois qui firent l’unité de la France, « rois niveleurs », ennemis des grands et amis des petits.
Les grands écrivains ont passé la moitié de leur vie à lire. « Je n’ai jamais eu de chagrin, dit Montesquieu, dont un quart d’heure de lecture ne m’ait consolé. » Un livre est un ami sur qui l’on peut toujours compter. « Faites de belles lectures », écrivait Alphonse Daudet à un confrère en proie à un grand deuil. […] Fais un choix d’écrivains pour t’y arrêter et te nourrir de leur génie, si tu veux y puiser des souvenirs qui te soient fidèles… Ceux dont la vie se passe à voyager, finissent par avoir des milliers d’hôtes et pas un ami. […] Elle a été décrite par un témoin oculaire, Pline le Jeune, qui en fait le récit suivant à son ami Tacite : Mon oncle était à Misène et commandait la flotte en personne. […] Séyiès a été l’ami ou le maître des hommes les plus considérables de notre temps. […] Voyez ce qu’écrit Julie en apprenant le mariage de son amie Claire.
Mais, dans son style, comme Victor Jacquemont, comme Mérimée qui furent ses amis, il est l’héritier direct du xviiie siècle, de même que, dans ses opinions et ce qu’on peut appeler, d’un mot brutal, son anticléricalisme, il est celui de Voltaire, bien plus que de Rousseau. […] Un style clair, au contraire, n’employant que les mots les plus usuels, et qu’on dirait maigre, si l’on ne distinguait, à première vue, qu’il est vigoureux, musclé comme le fut ce Normand solide, un peu vulgaire d’aspect, qu’une de ses amies — elles furent nombreuses — appela « un taureau triste ». […] Une petite amie, Rarahu, qui n’est qu’une enfant, qui joue avec l’existence, et avec son amant, comme avec le chat qu’elle possède… Elle meurt, elle meurt comme Aziyadé, et c’est le seul fait notoire dans les deux romans. […] Outre que ses entours hébreux sont fiers de montrer un type aussi séduisant de leur race, tous ses amis chrétiens sont épris de lui. […] Quand il meurt, ce sera toute une série d’Hommages à Marcel Proust, de Souvenirs sur Proust, de Lettres de Marcel Proust avec commentaires, qui rempliraient déjà une bibliothèque : à tel point qu’on pourrait se demander si l’auteur n’a pas eu, d’abord, plus d’amis que de lecteurs.
Eh bien, ces hommes et ces partis, qui furent pendant un si grand nombre d’années des amis ou des adversaires, Cassagnac en a parlé comme il convenait à un homme qui a le sentiment des obligations de l’histoire et qui l’écrit en se plaçant, par la pensée, à deux cents ans du temps qu’il a à raconter ! […] Il amis trente ans, lui, à faire son cocon de linguiste.
Richelieu et son ardeur en cette périlleuse entreprise, l’affection qu’il met aux choses et qui le consume, éclatent en mille traits de feu dans son récit : Cependant, dit-il en un endroit, tandis que le cardinal employait tout l’esprit que Dieu lui avait donné à faire réussir le siège de La Rochelle à la gloire divine et au bien de l’État, et y travaillait plus que les forces de corps que Dieu lui avait départies ne lui semblaient permettre, on eût dit que la mer et les vents, amis des Anglais et des îles, s’efforçaient à l’encontre et s’opposaient à ses desseins… Prendre La Rochelle avant toute chose, promptement et sans rémission cette fois, c’est là son idée fixe ; c’est, selon lui, le premier remède à tout, et il y faut employer tous les moyens, toutes les inventions imaginables sans en omettre aucune ; car « de la prise de La Rochelle dépend le salut de l’État, le repos de la France, le bonheur et l’autorité du roi pour jamais. » Y aura-t-il un État dans l’État, un allié naturel et permanent de l’étranger parmi nous, un port et une porte ouverte aux flancs du royaume ?
De son côté, M le ministre d’État52, en donnant et en maintenant l’autorisation nécessaire pour la publication d’un manuscrit appartenant à l’une des bibliothèques particulières de l’empereur, mérite aussi, et plus que personne, les remerciements des amis des études historiques.
Le spectacle de cette entrée épouvantable et de cette exécution laissa une longue horreur imprimée aux âmes, et quand on lit ensuite le traité de la Servitude volontaire d’Étienne de La Boëtie, l’ami de jeunesse de Montaigne, on ne peut s’empêcher d’y reconnaître un profond sentiment de représailles autant et plus peut-être qu’un ressouvenir et une imitation de l’antiquité.
En combien d’endroits de ses lettres Cicéron se montre préoccupé de ce je ne sais quoi si réel et si indéfinissable, soit que, du fond de la Cilicie, il écrive à un de ses amis plus heureux, qui vit, comme il dit, à la lumière : « Urbem, urbem, mi Rufe, cole et in ista luce vive 39, » soit qu’il écrive à cet autre qui se plaignait de lui, et qui tout d’un coup, en arrivant à Rome, change de ton : « Il a suffi du seul aspect de la ville pour te rendre ta première urbanité, adspectus videlicet urbis tibi tuam pristinam urbanitatem reddidit 40 !
Beugnot, I, 142. « Pas un seul des habitants de la baronnie de Choiseul ne se mêla à ces bandes, composées des patriotes de Montigny, de contrebandiers ou de mauvais sujets des environs. » — V. sur les braconniers du temps, Les deux amis de Bourbonne, par Diderot.
François Ier fut informé des premiers travaux d’Amyot et de ses projets : il vit la traduction du roman de Théagène et Chariclée, qui fut imprimée l’année même de sa mort (1547) ; il eut connaissance de quelques Vies de Plutarque qu’Amyot lui présenta comme essai : il lui commanda de poursuivre une si généreuse entreprise, et, pour l’y encourager, il le nomma abbé de Bellozane : ce fut le dernier bénéfice que conféra ce roi ami des lettres, car il mourut peu après.
L’homme qui sous Louis XIV, vers 1672, âgé de cinquante-huit ans, écrivait ces choses dans la solitude, dans l’intimité, en les adressant par manière de passe-temps à une femme de ses amies, avait certes dans l’esprit et dans l’imagination la sérieuse idée de l’essence des sociétés et la grandeur de la conception politique ; il l’avait trop souvent altérée et ternie dans la pratique ; mais plume en main, comme il arrive aux écrivains de génie, il la ressaisissait avec éclat, netteté et plénitude.
Ce discours nous livre à nu Louis XIV jeune, dans son premier appareil d’ambition : « Il me semble, dit-il, qu’on m’ôte de ma gloire quand on en peut avoir sans moi. » Ce mot de gloire revient à chaque instant dans sa bouche, et il finit lui-même par s’en apercevoir : « Mais il me siérait mal de parler plus longtemps de ma gloire devant ceux qui en sont témoins. » Dans cette exaltation et ce commencement d’apothéose où on le surprend, on le trouve pourtant meilleur et valant mieux que plus tard : il a quelques mots de sympathie pour les amis, pour les serviteurs qui s’exposent et se dévouent sous ses yeux : « Il n’y a point de roi, dit-il, pour peu qu’il ait le cœur bien fait, qui voie tant de braves gens faire litière de leur vie pour son service, et qui puisse demeurer les bras croisés. » C’est pourquoi il s’est décidé à sortir de la tranchée et à rester exposé au feu à découvert : dans une occasion surtout, dit-il, « où toutes les apparences sont que l’on verra quelque belle action, et où ma présence fait tout, j’ai cru que je devais faire voir en plein jour quelque chose de plus qu’une vaillance enterrée ».
» Le même Voltaire écrivant à l’abbé Morellet et voulant, il est vrai, le flatter comme ami de Turgot et comme adversaire de Necker, relevait dans l’ouvrage une suite de phrases étranges : Je ne vous dirai point, d’après un beau livre nouveau, que les calculs de la nature sont plus grands que les nôtres ; que nous la calomnions légèrement ; … qu’un œil vigilant, capable de suivre la variété des circonstances, peut fonder sur une harmonie le plus grand bien de l’État ; qu’il faut suivre la vérité par un intérêt énergique, en se conformant à sa route onduleuse, parce que l’architecture sociale se refuse à l’unité des moyens, et que la simplicité d’une conception est précieuse à la paresse, etc.
Cet ami d’Alfred Binet, spécialiste du système nerveux, s’intéressa tout particulièrement à l’hypnose, au magnétisme animal dégagé de sa gangue de superstitions, à l’épilepsie, à l’instinct sexuel, à la « descendance des invertis », à la « famille névropathique », à la criminalité abordée sous l’angle de la « dégénérescence ».
Ils ne croient pas savoir ce qu’ils ignorent ; ils n’affectent pas non plus, par un autre genre d’orgueil, d’ignorer ce qu’ils savent ; ils s’instruisent à toutes les écoles, demandent des lumières à leurs adversaires autant qu’à leurs amis.
C’est une sainte Thérèse restée dans la famille, répandant à pleins bords sur ses parents, ses enfants, ses amis, ce cœur si généreusement intraitable, qui ne veut rien sacrifier de ses affections ; mais ce n’est pas l’héroïque vierge d’Avila, avec la circoncision austère de son cœur par amour de l’Époux Unique et ses trente monastères derrière elle !
Dès vingt-huit· ans, il écrivait à un ami : « La vie que je mène est un drame si ennuyeux que je prétends toujours que c’est Mercier qui l’a fait. » Cet homme, le dandy de ce temps frivole, qui portait des habits fleur de pêcher et de la poudre de la couleur des cheveux de la Reine, regrettait de ne s’être pas fait homme des champs.
J’aurais eu, moi, l’honneur d’être l’ami de Shakespeare, que je me serais bien gardé de lui faire, de son vivant, une préface pareille à celle que M.
Et en effet, si l’on regarde au fond des choses, tous les hommes de bien sont inconsciemment ou consciemment solidaires, et les coquins, les brutes et les hypocrites toujours isolés, c’est-à-dire en perpétuelle menace de conflits. « Ceux qui recherchent le bien, aurait dit Antisthène, sont amis les uns des autres » Rien de plus juste, en effet.
Au contraire, une hallucination véridique par exemple — l’apparition d’un malade ou d’un mourant à un parent ou à un ami qui demeure très loin, peut-être aux antipodes — est un fait qui, s’il est réel, manifeste sans doute une loi analogue aux lois physiques, chimiques, biologiques.
Leurs amis considéraient avec curiosité l’opposition parfaite de leurs natures, et un soir, dans la petite maison, on s’amusa fort en écoutant Pope, cervelle bizarre, qui, par un jeu d’imagination, transformait M.
Nos vrais amis sont peut-être aux antipodes : l’imprimerie, qui a si mal servi l’humanité, — une diabolique invention, — leur portera les livres que nous écrivîmes pour eux en les écrivant pour nous, et par là réparera quelques-uns de ses torts. […] Il a le sentiment de la vie des choses : « J’ai entendu des sons amis sortir de plus d’une langue qui n’était pas humaine. » Il croit aux correspondances et devine Swedenborg : « Ô terre heureuse, réalité de ciel ! […] Bouchor a mal débuté, par des choses dans le goût gros et bouffe de ses amis MM.
Tel théologien, son ami, songe à donner tous ses biens aux pauvres ; « mais les prendrait-on ? […] Il cesse de parler à ses amis ; il demeure pendant des heures, la tête penchée, triste ; la nuit, sa femme l’entend soupirer, et il se lève ne pouvant dormir. […] Elle s’en alla chez les voisins et autres amis pour requérir leur aide, afin de préparer l’enfant pour la sépulture ; mais personne n’était au logis, chacun était aux champs. […] Tel est le sort de tout homme et de toute femme : devenir l’héritage des vers et des serpents dans la froide terre immonde, avec notre beauté si changée que bientôt nos amis ne nous reconnaîtraient plus ; et ce changement mêlé de tant d’horreur… que ceux qui six heures auparavant nous comblaient de leurs charitables ou ambitieux services, ne peuvent sans quelque regret rester seuls dans la chambre où gît le corps dépouillé de la vie et de ses honneurs380. » Amené là, comme Hamlet au cimetière, parmi les crânes qu’il reconnaît et sous l’oppression de la mort qu’il touche, l’homme n’a plus qu’un effort à faire pour voir se lever dans son cœur un nouveau monde.
Il est vrai que si nous imaginons ainsi des puissances amies, s’intéressant à notre réussite, la logique de l’intelligence exigera que nous posions des causes antagonistes, des puissances défavorables, pour expliquer notre échec. […] Plutôt que de se décourager, il étend à ce domaine le système d’explication dont il use dans ses rapports avec ses semblables ; il y croira trouver des puissances amies, il y sera exposé aussi à des influences malfaisantes ; de toute manière il n’aura pas affaire à un monde qui lui soit complètement étranger. […] Voici la bien imparfaite traduction des pages vraiment intraduisibles qu’il écrivit à ce sujet : Quand je quittai Harvard pour l’Université Stanford en décembre le dernier « au revoir », ou peu s’en faut, fut celui de mon vieil ami B***, californien : « J’espère, me dit-il, qu’ils vous donneront aussi un petit bout de tremblement de terre pendant que vous serez là-bas, de façon que vous fassiez connaissance avec cette toute particulière institution californienne. » En conséquence, lorsque, couché encore mais éveillé, vers cinq heures et demie du matin, le 18 avril, dans mon petit appartement de la cité universitaire de Stanford, je m’aperçus que mon lit commençait à osciller, mon premier sentiment fut de reconnaître joyeusement la signification du mouvement « Tiens, tiens ! […] C’était le tremblement de terre de la prédiction de mon ami B***, tremblement qui s’était tenu tranquille, qui s’était retenu pendant tous les mois intermédiaires, pour enfin, en cette mémorable matinée d’avril, envahir ma chambre et s’affirmer d’autant plus énergiquement et triomphalement.
Pour nous, mon cher ami, nous irons dans la vallée noire, où nous n’entendrons plus chanter Alleluia ! […] Les plus beaux vers de Surrey témoignent déjà de ce naturel sérieux, de cette philosophie instinctive et grave ; ce sont des chagrins qu’il raconte, c’est son cher Wyatt qu’il regrette, c’est Clère, son ami, c’est le jeune duc de Richmond, son compagnon, tous morts avant l’âge. […] Surrey seul, inquiet, entend en lui-même la voix ferme d’un bon ami, d’un conseiller sincère, l’Espoir qui lui parle avec assurance, lui jurant qu’elle est273 « la plus digne et la plus loyale, la plus douce et la plus soumise de cœur qu’un homme puisse trouver sur la terre. » Si l’amour et la foi étaient partis, on pourrait les retrouver en elle. […] J’aurais plaisir à y revoir tout au long et tout au naturel la boutique de mon père, bon gentilhomme qui vendait du drap à ses amis pour les obliger, la cuisine de ma servante Nicole, les gentillesses de Brusquet, le petit chien de mon voisin M. […] XI Il était d’une ancienne famille, alliée à de grandes maisons, ami de Sidney et de Raleigh, les deux chevaliers les plus accomplis du siècle, chevalier lui-même, du moins de cœur, ayant trouvé dans sa parenté, dans ses amitiés, dans ses études et dans sa vie toutes les circonstances qui pouvaient l’élever jusqu’à la poésie idéale.
. — Il est plus agréable de se reporter sur ses grandes qualités de capitaine, et lui-même il est le premier à nous y convier et à nous avertir que c’est là le côté principal par lequel il convient de considérer surtout un homme de son métier, lorsqu’écrivant à l’un de ses amis pendant cette campagne du Danube, il dit avec une vive justesse : Mais à propos (il venait de citer le nom de M. de Feuquières), pourquoi ne s’en sert-on pas, de ce Feuquières ?
Il ne faut pas demander au récit du général Pelleport, son ami et son collègue comme colonel pendant la retraite de Russie, et qui, comme lui, eut l’honneur d’être à l’extrême arrière-garde de l’arrière-garde, il ne faut pas lui demander, dirai-je tout d’abord, les mêmes qualités de correction, d’élégance, et d’un pathétique par moments presque virgilien ; mais la vérité, la candeur, un ton de sûreté et de probité dans les moindres circonstances, le scrupule, la crainte de trop dire jointe à une bravoure si entière et si intrépide, un bon sens pratique et des jugements à peine exprimés qui comptent d’autant plus qu’ils ne portent jamais que sur ce que le narrateur a su par lui-même, tout cela compense bien pour le lecteur ce qui est inachevé littérairement, et nous dessine dans l’esprit une figure de plus d’un bien digne et bien estimable guerrier.
N’en déplaise à d’Argenson, Maurice avait ce que l’ami Fabrice dans Gil Blas appelle l’outil universel, le grand outil de l’esprit : il avait la connaissance des hommes, l’art de les mener, de les manier, le tact.
Un jour, il vit un de ses amis, un jeune officier d’état-major qui, en descendant l’escalier qui menait au cabinet de l’Empereur, semblait tout occupé à fourrer sa jambe dans l’un des contours de la grille de fer formant la rampe.
cette façon de louer nous paraît fade ; nous voulons mieux quand nous parlons d’un écrivain : malgré la difficulté de juger plus à fond et de percer plus avant quand il s’agit d’un contemporain, d’un ami, notre plaisir est d’y viser, de nous jouer même autour de la difficulté : ….
Pour nous mettre sous les yeux toute une série d’études de femmes, qu’il avait en portefeuille, il imagina de haranguer un ami fictif, supposé enclin à se marier ; il se donna un caractère déplaisant de célibataire grincheux : mais au moins, d’une suite de portraits, il avait fait un sermon et une Satire.
On brûle en 1529 Berquin son ami, en 1539 Jean Michel son aumônier.
Il avait une bonté intellectuelle sans tendresse, et il aimait ses amis solidement, vigoureusement, sans agitation ni expansion.
L’on sait aujourd’hui que si la tentative, évidemment téméraire, n’eut pas tout l’effet qu’en espéraient les amis du maître, elle ne fut pas non plus sans portée.
Il est pourtant nécessaire et intéressant de savoir que, par exemple, lors de la Renaissance, il y a eu un réveil du paganisme dont on trouverait la trace dans l’œuvre de Ronsard et de bien d’autres : qu’au dix-huitième siècle les surates du Coran ou les maximes de Confucius, témoin les écrits de Montesquieu, de Voltaire, du marquis d’Argens, ont eu parmi les philosophes une sorte de popularité ; que dans notre siècle le bouddhisme, preuve en soit la poésie de Leconte de Lisle ou de Jean Lahor, a rencontré en France des amis et presque des fidèles.
On la comparait aux plus grandes reines qui avaient aimé les sciences, à la reine Christine, à la princesse Palatine Élisabeth, l’amie de Descartes, et on lui décernait la primauté.
Dans ce poème de Napoline, qui marque sa seconde époque (1834), elle suppose une jeune fille, une amie intime, qui se croit fille du grand homme du siècle, Napoléon, et qui l’est grâce à une faute de sa mère, et c’est bien pourquoi on l’appelle Napoline.
Cette action, quoique inconsidérée, me paraissant partir d’un bon cœur (c’est-à-dire d’un généreux cœur), qui ne peut souffrir d’injures, fit plus d’effet sur moi que le conseil de mes amis et le secours que le cardinal me donnait.
En 1781, ayant hérité d’une somme d’argent, six mille livres environ, son embarras fut de l’employer : Parmi mes amis, dit-il, les uns voulaient que je jouisse du fonds, les autres me conseillaient de m’en faire des rentes : je fis mes réflexions, et je jugeai cette somme trop faible pour ajouter sensiblement à mon revenu, et trop forte pour être dissipée en dépenses frivoles.
Presque tout le théâtre de Casimir Delavigne, d’Emile Augier, de Ponsard est rédigé dans ce style, qui est aussi celui des Janin, des About, des Méry, des Feuillet . « C’était, dit About, comme un roseau fêlé qui plie sous la main du voyageur. » Ici le copiste amis une date au bas de sa sottise ; elle est certainement contemporaine de la vogue du « Vase brisé ».
Un simple rayon de soleil ou de lune nous touche s’il évoque dans notre pensée les figures souriantes des deux astres amis.
Ce qui ne l’empêche pas de s’occuper de vous, spectateur ou lecteur, de vous faire de la morale, de vous donner des conseils, et d’être votre ami, comme le premier bonhomme La Fontaine venu, et de vous rendre de petits services.
Mercure, ami de tout le monde, vient lui donner des conseils de lendemain de coups d’état.
Il s’exprimait ainsi dans une lettre à Mertroud : « Toutes les parties d’un corps vivant sont liées, elles ne peuvent agir qu’autant qu’elles agissent toutes ensemble ; vouloir en séparer une de la masse, c’est la reporter dans l’ordre des substances mortes, c’est en changer complètement l’essence. » Ce n’est pas là, chez Cuvier, une opinion de circonstance et de fantaisie, une boutade émise en passant dans une lettre à un ami : c’est un principe important de sa philosophie scientifique, car il l’a reproduit et développé dans la Préface du règne animal, morceau mémorable qui contient les grands principes de sa philosophie zoologique.
Le critique qui, par définition doit être un esprit clair, méthodique, ami des dissociations d’idées, partisan de la différenciation, oublie, tout comme les autres, les limites propres au genre qu’il a choisi : 2º Accablé par la quantité d’œuvres qu’il doit examiner, il n’a plus la lucidité nécessaire, le temps et la place de développer ses idées, d’examiner l’ensemble d’un roman ou d’une comédie.
Darcet, connu par l’alliage fusible qui porte son nom, était l’élève et l’ami de Rouelle.
Quand les flammes du bûcher de Shelley et de Williams brûlaient : « Voyons — dit-il — ces vagues qui ont englouti nos amis !
Dans les publications exclusivement révolutionnaires, dans les Mémoires du temps rédigés par les amis de la Révolution, par ceux-là qui la croyaient une vérité sociale et un événement providentiel, il n’a point demandé aux ennemis, à notre parti, au parti de la monarchie, des armes suspectes et des documents d’une équivoque autorité.
Augustin Thierry un historien sans pareil, et on ne vit pas, à côté de ce lit de souffrance et d’honneur qui fut pendant vingt ans comme un pavois, tant il fut entouré d’admirateurs et d’amis !
Sainte-Beuve a fait une foule de vers au nom de ses amis : M.
Je voudrais qu’avant de franchir le seuil du monstrueux séminaire, un avis de l’humanité fut soumis à leurs méditations, pour sauver du naufrage, s’il se pouvait, leur existence menacée : « Ami, tes frères les hommes te supplient de songer à toi-même, à cette heure décisive où de faux apôtres s’apprêtent à déposer en toi les germes de la corruption.
Une école qui réunissait un esclave comme Épictète, ami d’Adrien, un chevalier comme Musonius Rufus, un consulaire comme Sénèque, un empereur comme Marc Aurèle ne pouvait manquer d’exercer, tant par l’exemple que par la doctrine, une large influence égalitaire33.
Il était doux et bon, d’une sensibilité fine, timide même jusqu’à rester muet et paraître lourd en nombreuse compagnie ou devant des étrangers, ne retrouvant sa verve que devant des amis intimes, et disant même qu’on ne peut bien causer, sinon à deux. […] Il vit dans l’abondance, l’activité et les honneurs, sagement et utilement, parmi les admirations assidues et les affections soutenues d’amis savants et distingués qui ne peuvent se rassasier de sa conversation, parmi les applaudissements de tous les hommes vertueux et de tous les esprits cultivés de l’Angleterre.
Thiers se prononce pour le soldat, et il se déclare ami de la liberté ! […] Cette proposition, présentée au parlement et accueillie avec respect, fut combattue par ses anciens amis, devenus ses ennemis, et notamment par M.
L’ombre est ainsi une amie de la lumière. […] » Sur la fine poudre grise qui sablait le sol, se dessinait très nettement, avec l’empreinte de l’orteil, des quatre doigts et du calcanéum la forme d’un pied humain, le pied du dernier prêtre ou du dernier ami qui s’était retiré quinze cents ans avant Jésus-Christ, après avoir rendu au mort les honneurs suprêmes.
Et maintenant, si nous passons au lourdaud de marié et à sa fiancée à la large face, pour obscurs et imparfaits qu’ils soient, ils ne s’en vont pas moins, comme nous, dans la vie et vers l’inconnu ; en faut-il davantage pour que nous leur soyons amis ? […] Il descendit ouvrir petit à petit et faire reconnaître ma voix. » Il ouvrit le volet assez pour passer la tête, et en répétant à voix basse : « C’est un ami. » Il s’assura, en prêtant l’oreille, que rien ne troublait le silence profond de la chambre.
Ces voix de l’au-delà qui nous caressent et font pleurer sans cause, ces phénomènes amis, ces avertissements dépassent la raison, vont jusqu’au sentiment. […] Souvent durant les longues soirées d’automne, alors que le grand silence des choses exalte l’esprit et l’incite au recueillement, après de délicieuses promenades solitaires à travers les bois endeuillés, au long des ruisseaux tout pleins de murmures limpides, ou sur les coteaux encore léchés par les derniers rayons d’un soleil en allé, — sous le regard ami de la lampe et entouré de la plus grande partie des œuvres poétiques contemporaines, mes fidèles conseillères, j’ai rêvé d’une esthétique assez puissante pour endiguer tous les courants impétueux de l’art moderne, assez généreuse pour accueillir toutes les manifestations de la vie en perpétuel changement, assez vaste pour permettre à chaque œuvre de se réaliser suivant sa tendance propre, assez belle pour y faire entrer notre chère tradition nationale sans porter atteinte à aucune liberté individuelle.
Renan veut donner un peu plus de fond à cette immortalité illusoire, et il nous fait espérer de survivre dans le souvenir de nos amis (souvenir aussi fragile que nous-mêmes) ou bien dans nos pensées, ce qui réserve l’immortalité à un bien petit nombre d’hommes, car combien d’entre nous peuvent se flatter que leurs pensées méritent de leur survivre ? […] Vacherot se sépare de ses anciens amis, et remplace la théodicée de Leibniz par celle de Hegel, ou le spiritualisme français par l’idéalisme allemand. […] Je le regrette ; mais partout où je reconnais les vestiges du divin Platon, je reconnais aussi une âme poétique, religieuse, amie du beau éternel, d’une race profondément différente de la race des athées.
Agamemnon s’emporte contre Achille, et lui enleve une esclave ; Achille se retire sur ses vaisseaux : les grecs se ressentent aussi-tôt de son absence : ils perdent plusieurs batailles ; et enfin après la mort du meilleur ami d’Achille, qui périt dans le combat, ce héros se reconcilie avec Agamemnon, et il tuë le général des ennemis. […] C’étoit un génie naturellement poëtique, ami des fables et du merveilleux, et porté en général à l’imitation, soit des objets de la nature, soit des sentimens et des actions des hommes. […] Deux rois d’un parti se querellent et se séparent ; l’un perd ses sujets, l’autre son plus cher ami ; leur malheur les réconcilie ; aussitôt le parti contraire perd le héros qui le défendoit, et cette perte fait le désespoir d’une famille auguste et d’un peuple considérable : voilà sans doute de grands intérêts.
Parfois, sans aller jusque-là, il se confessera à un ami, ou a n’importe quel honnête homme. […] Ce pouvait être un parent, un ami, que nous évoquions ainsi par la pensée. […] Ou bien il entend par dépôt le fait matériel de remettre une somme d’argent entre les mains d’un ami, par exemple, en l’avertissant qu’on viendra la réclamer plus tard ; mais ce fait matériel tout seul, avec cet avertissement tout seul, aura pour conséquence de déterminer le dépositaire à rendre la somme s’il n’en a pas besoin, et à se l’approprier purement et simplement s’il est en mal d’argent : les deux procédés sont également cohérents, du moment que le mot « dépôt » n’évoque qu’une image matérielle sans accompagnement d’idées morales.
Telles qu’elles sont, ces pages sur Molière nous ont paru, à plus d’un titre, mériter de voir le jour, et de prendre place à la suite des extraits de chronique théâtrale, de critique du lundi, que nous avons récemment publiés, sous plusieurs titres différents, et dont l’heureuse fortune a répondu à nos soins et à nos vœux d’ami et de légataire intellectuel. […] Parmi les apôtres de la déification absolue, il y avait eu La Harpe, qui, après avoir été l’ami des encyclopédistes, devint contre-révolutionnaire et dévot ; il n’en était pas moins grand admirateur de Molière ; mais La Harpe était très jaloux de ceux de ses contemporains qui obtenaient des succès au théâtre ; pour que Beaumarchais fût mieux anéanti, et ce n’était pas trop pour La Harpe, il fallait que Molière fût inviolable et sans tache. […] mon cher ami ! […] Mais il se trouva que le roi, avec lequel il avait fait une alliance très publique, le jour où on avait représenté Les Fâcheux chez Fouquet, que le roi qui gouvernait alors la France, et dont il était le serviteur, presque l’ami, était un roi jeune, qui s’abandonnait volontiers à ses passions. […] Paul Mesnard sur Molière publiée en 1889 (dans le dixième volume de la grande édition Hachette) les raisons par lesquelles le consciencieux biographe se croit plus qu’autorisé à douter que la fameuse mademoiselle de Brie ait été pour Molière, après le mariage de celui-ci avec Armande Béjart, autre chose qu’une amie.
Je me suis permis d’exposer ce détail qui laisse voir en une sorte de conflit deux noms célèbres, ou du moins j’ai voulu l’indiquer en renvoyant aux vraies sources, aux Mémoires de la guerre de la succession, pour qu’on ne dise pas en deux mots que Villars a miné et supplanté Catinat à l’armée du Rhin, tandis que réellement Catinat, quelque respect que l’on doive à son caractère, s’y mina lui-même par une inaction et une circonspection excessive qu’il n’avait sans doute pas toujours eue à ce degré, mais qui s’était accrue avec l’âge, au point de devenir elle-même un danger. « Il y a des temps où les Fabius sont de bon usage, et des temps où les Marcellus sont nécessaires. » Le mot est de M. des Alleurs, un des amis de Villars, lequel l’accepte volontiers et s’en décore.
Il écrivait à un ami, au sujet d’un des premiers mensonges de la Restauration : « Je viens de lire le projet de loi napoléonienne sur la liberté de la presse ; cela passe tout ce qu’on a jamais vu.
On rencontre de bons détails dans les petits contes de Diderot, par exemple dans les Deux Amis de Bourbonne.
Mais surtout, par toute la France, il existe des sociétés, des corporations de toute sorte, sérieuses ou facétieuses, amies des exhibitions, cortèges et spectacles où fleurissent à la fois la poésie et la médisance : les unes se vouent aux processions et aux mascarades, d’autres cultivent la chanson, d’autres, plus ou moins accidentellement ou régulièrement, jouent des scènes dialoguées, et divers genres de pièces.
Boileau se moque de Clélie, « cette admirable fille, qui vivait de façon qu’elle n’avait pas un amant qui ne fût obligé de se cacher sous le nom d’ami ; car autrement ils eussent été chassés de chez elle. « Certes la subtilité n’est pas le vrai : mieux vaut pourtant être ridicule que vulgaire, et c’est un moyen trop commode pour échapper au ridicule que de se réfugier dans la banalité.
Il n’y a là-dessus de sérieux que quinze à seize cents francs… le reste est dû à des amis comme vous !
Du reste, dans la vie privée, cet homme du roi peut être un honnête homme, bon père, bon fils, bon mari, bon ami, comme disent toutes les épitaphes du Père-Lachaise.
Être homme de lettres comme on est avocat, comme on est médecin, ne vivre que de sa plume, ne relever que du public, des nombreux amis et des clients qu’on s’y est faits, quoi de plus noble et de plus honorable ?
Tous les exemples peuvent être réduits à ceux-là, et je fais alors comme un peintre qui, voulant représenter la figure d’un ami absent, retouche son dessin jusqu’à ce qu’il ait trouvé l’expression du visage qu’il reconnaît aussitôt. » (Législation primitive, chap.
J’ai essayé plus d’une fois, comme tous mes amis, de m’enfermer dans un système pour y prêcher à mon aise.
Autrement, diront tous les amis des vers, il l’eût traduit d’enthousiasme ; et il n’eut rien ajouté.
Streckeisen-Moultou, dans son Jean-Jacques Rousseau, ses amis et ses ennemis, avait été le premier éditeur. […] Le Petit, « à la censure du lieutenant de police », — soit à l’approbation de l’autorité ecclésiastique, soit encore et tout simplement à la critique de ses amis. […] Pour qu’un poète désormais ose se mettre en scène, et faire publiquement, avec la sienne, la confession de ses maîtresses ou de ses amis, l’aveu même de ses doutes ou de ses désespoirs, il faut qu’il soit bien sûr de la nouveauté de ses sentiments, ou de la singularité de ses amours ; à moins encore, — mais c’est plus difficile ! […] L’auteur de la Dame aux camélias, du Fils naturel, du Demi-Monde et de l’Ami des femmes en est le premier. […] Grâce aux progrès de la « réclame », il ne paraît pas un roman qui ne soit salué de chef-d’œuvre en naissant, est qu’à défaut d’un « ami », son éditeur ne porte aux nues d’abord.