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494. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

Nisard, reprenant l’éloge de Voltaire que le récipiendaire avait fait avec chaleur pour ses services rendus à l’esprit de tolérance et d’examen, l’a accepté sous bénéfice d’inventaire en quelque sorte, et en le réduisant par les seuls côtés où ce grand esprit a trop blessé en effet ce même genre humain qu’il prétendait servir.

495. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLI » pp. 167-171

.) — Le grand Condé soutenait Boileau, et le maréchal de Richelieu appuyait Voltaire.

496. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

Elle lit Clélie et mademoiselle Barbier2, joue la comédie et du clavecin, récite après dîner l’Office de la Vierge et son rôle du soir, court les champs vêtue en Amour couleur de rose, avec le cordon rouge de chanoinesse par-dessous le carquois ; attroupe sous sa fenêtre les petits garçons du village pour leur apprendre à lire, et par certaine brochure qu’elle a vue conçoit une antipathie ineffaçable contre Voltaire.

497. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 519-526

La Piece de M. de Voltaire ne remporta point le prix.

498. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

Le dessin des caractères n’est pas moins savant : la férocité d’Argant est opposée à la générosité de Tancrède, la grandeur de Soliman à l’éclat de Renaud, la sagesse de Godefroi à la ruse d’Aladin ; il n’y a pas jusqu’à l’ermite Pierre, comme l’a remarqué Voltaire, qui ne fasse un beau contraste avec l’enchanteur Ismen.

499. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

Quand Voltaire s’est soumis à une censure légitime, il nous a donné Charles XII et le Siècle de Louis XIV ; lorsqu’il a rompu tout frein, il n’a enfanté que l’Essai sur les Mœurs.

500. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

L’esprit de faction, de fureur et de rébellion, si vivace depuis François II, devint, dit Voltaire, une émulation de servir le prince. […] Assurément ce n’est pas dans la correspondance de Frédéric II et de Voltaire. […] Tel est ce « flatteur de Louis », auquel, si l’on en croyait Voltaire, Louis XIV aurait passé la liberté de « censurer tout » pourvu qu’il fut loué. […] Ce titre ne s’est pas glissé dans la langue générale par hasard, ni sur la seule foi de Voltaire, qui l’a mis en tête de son histoire du règne de Louis XIV. Le même Voltaire a dit : le Siècle de Louis XV ; cette qualification n’a pas prévalu.

501. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Elle lit avec avidité nos auteurs, Mme de Sévigné, la Marianne de Marivaux, même l’Écossaise de Voltaire, ces primeurs du temps ; le Monde moral de Prevost, qu’elle appelle « une sorte de roman nouveau et très-bien écrit, sans dénoûment encore : aussi est-ce moins une intrigue que des réflexions sur diverses histoires détachées : il y a du riant et du tragique, de la finesse et de la solidité dans les remarques. […] Dans cette patrie de Saint-Preux, dans le voisinage de Voltaire, elle songea à remplir ses loisirs. […] Un kantiste de la compagnie donne son explication du devoir, idée universelle, indestructible ; un théologien se récrie à cette explication naturelle, et veut recourir à l’intervention divine ; un amateur, qui a lu Voltaire et Montaigne, doute qu’un sauvage éprouve rien de semblable à ce que le kantiste proclame. — Qu’en savez-vous ? […] Le culte de Jean-Jacques et de Voltaire au Panthéon, un clergé-philosophe substitué à un clergé-prêtre, la liberté, l’éducation, tous ces sujets à l’ordre du jour, y sont touchés : aucun engouement, chaque chose jugée à sa valeur, même Mme de Sillery (de Genlis) : « J’admire, dit Constance, quelques-unes de ses petites comédies ; je fais cas de cet esprit roide et expéditif que je trouve dans tous ses ouvrages ; j’y reconnais à la fois sa vocation et le talent de la remplir. […] Constance n’aurait pas voulu vivre, dit-elle, avec Jean-Jacques ni avec Voltaire. — Avec Duclos ?

502. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Il y a là, selon nous, bien du mélange ; mais enfin l’impression des contemporains était telle, et Voltaire, qui avait salué le traducteur des Géorgiques du nom de Virgilius-Delille, avait le temps, avant de mourir, et dans son dernier voyage de Paris, de donner l’accolade à Parny en lui disant : Mon cher Tibulle ! […] Au moment de l’apparition du volume, Ginguené, ancien camarade de collége de Parny, mais poussé surtout par son zèle pour la bonne cause, donna dans la Décade jusqu’à trois articles favorables181, analyses détaillées et complaisantes, dans lesquelles il étalait le sujet et préconisait l’œuvre : « L’auteur, disait-il, l’a conçue de manière que les uns (les Dieux) sont aussi ridicules dans leur victoire que les autres dans leur défaite, et qu’il n’y a pas plus à gagner pour les vainqueurs que pour les vaincus. » Après toutes les raisons données de son admiration, le critique finissait par convenir qu’il se trouvait bien par-ci par-là, dans les tableaux, quelques traits « qu’une décence, non pas bégueule, mais philosophique, et que le goût lui-même pouvaient blâmer » ; il n’y voyait qu’un motif de plus pour placer le nouveau poëme à côté de celui de Voltaire, de cet ouvrage, disait Ginguené, « qu’il y a maintenant une véritable tartufferie à ne pas citer au nombre des chefs-d’œuvre de notre langue. » Le succès de la Guerre des Dieux fut tel, que trois éditions authentiques parurent la même année, sans parler de deux ou trois contrefaçons. […] Parny était demeuré, à bien des égards, le premier élève de Voltaire ; il est vrai qu’on doit vite ajouter, pour le définir, qu’il a été le plus racinien entre les voltairiens. […] Avant ce temps, il était de belle taille, mince, élégant ; il eut toujours l’air très-noble, et l’âge lui avait dessiné un profil qui rappelait, par instants, celui de Voltaire, mais un profil bien moins accusé, très-fin, et qu’Isabey a si délicatement touché de son crayon.

503. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Parmi ses nombreux ouvrages, celui qui porte le plus la marque de son caractère, et qui lui est le plus propre, c’est le traité des Moyens de conserver la paix avec les hommes ; chef-d’œuvre, dit Voltaire, auquel on ne trouve rien d’égal en ce genre dans l’antiquité. « Devinez ce que je fais, écrit Mme de Sévigné à sa fille : je recommence ce traité, et je voudrais bien en faire un bouillon et l’avaler », Le jugement de Voltaire n’est qu’un bel éloge de cet écrit ; la phrase de madame de Sévigné nous en donne comme la saveur. […] Comment un livre si apprécié par Voltaire, si aimé de Mme de Sévigné, n’est-il pas plus populaire ? […] Il serait bien temps, sur le crédit d’aussi grandes autorités que Mme de Sévigné et Voltaire, de revenir à cet ouvrage, plus négligé qu’oublié.

504. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

[NdA] Puisqu’il est question de la fable, je ne puis omettre ici les vers de Voltaire, très cités autrefois et admirés, lorsque, dans le chant IXme de La Henriade, il compare la vertu de Du Plessis-Mornay, intacte et pure au milieu de la licence des camps et des délices des cours, aux eaux de la nymphe antique : Belle Aréthuse, ainsi ton onde fortunée Roule, au sein furieux d’Amphitrite étonnée, Un cristal toujours pur et des flots toujours clairs, Que jamais ne corrompt l’amertume des mers. Voltaire, évidemment, s’est souvenu de Virgile (Églogue X) : « Sic tibi cum fluctus subterlabere Sicanos… » Je ne sais pourtant si, à travers l’harmonie, on n’a pas à remarquer dans ces vers une espèce d’inexactitude.

505. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Les Lettres persanes et Voltaire, voilà les prochains ennemis, les troupes légères qui s’empareront des hauteurs, à la française, avant de dire gare, et qu’on ne saura plus ensuite comment débusquer. […] Et comment prévoir alors que la position serait tournée par Voltaire ?

506. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

… Vauvenargues, sous ce masque de Sénèque, ne regarde la littérature que comme un pis-aller : contemporain de Voltaire et déjà son ami, il estime pourtant qu’elle ne compte point assez parmi les hommes pour être le but enviable des efforts sérieux de toute une vie. […] Le Vauvenargues ferme et digne, tel qu’il se présentait à ses autres amis, même au milieu de ses plus affreuses gênes et de ses souffrances de tout genre, le Vauvenargues héros et stoïcien comme l’appelle Voltaire, celui que nous avaient légué la tradition et l’amitié enthousiaste, ne paraît point ici.

507. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Veuillot a dit qu’une citation de Voltaire « se place tout naturellement dans la bouche des sots. » — Et puis, je plaisante ; car, lui-même, dans les courts instants où il n’a voulu être que littérateur, je l’ai trouvé, pour mon compte, très-indulgent. […] Il revint de là en soldat de la foi et en missionnaire, décidé à propager et à enfoncer la vérité, coûte que coûte, parmi les infidèles, parmi les fils de Voltaire.

508. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Le raisonner tristement s’accrédite , disait Voltaire en son temps : pour moi, je ne m’en attriste pas plus qu’il ne faut, pas plus que ne s’en attristait, je le pense, Voltaire lui-même.

509. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Biot s’y refusa, motivant son abstention sur ce qu’un Corps purement savant devait, selon lui, rester étranger à tout acte politique ;, et il cita à ce propos les vers de Voltaire : Moi, j’attends dans un coin que l’imprimeur du Roi, M’apprenne pour dix sous mon devoir et ma loi. Lagrange, qui n’assistait pas à la séance, ayant appris ce vote qui fit du bruit, en gronda son jeune confrère et lui demanda de quoi il se mêlait de faire de l’opposition et de citer des vers de Corneille. — « Ce sont des vers de Voltaire que j’ai cités », répondit M. 

510. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

On a vu par exception des esprits, des talents, longtemps incomplets ou épars, paraître valoir mieux dans leur vieillesse et n’avoir jamais été plus à leur avantage : ainsi cet aimable Voltaire suisse, Bonstetten, ainsi ce quart d’hommes de génie Ducis. […] et Joseph de Maistre ou Montalembert à aimer Voltaire ?

511. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

et Rousseau et Voltaire ! […] … Quand on pèse tout ce que celui-là a fait et enduré, il semble qu’à quarante ans il devait être usé jusqu’au dernier atome ; mais pas du tout ; à cet âge, on le voyait s’avancer encore, toujours héros parfait. » Qu’on se rappelle les magnifiques jugements de Gœthe sur Louis XIV, sur Voltaire, sur Molière, sur les hommes-types par qui la France est si grande, et qu’on y joigne celui-ci57.

512. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Les succès de Voltaire ont inspiré le désir de faire, à son exemple, des contes philosophiques ; mais il n’y a point d’imitation possible pour ce qui caractérise cette sorte d’écrits dans Voltaire, la gaieté piquante et la grâce toujours variée.

513. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Qu’on se demande ce que l’on préférerait d’être Aménaïde ou Voltaire ? […] Des années de peines et d’efforts leur valent un jour, une heure de cet enivrement qui dérobe l’existence ; et le sentiment fait éprouver, pendant toute sa durée, une suite d’impressions aussi vives et plus pures que le couronnement de Voltaire, ou le triomphe d’Alexandre.

514. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Nombre de fables sont encadrées dans des épitres, des discours, des causeries : le duc de la Rochefoucauld, Mme de la Sablière, Mlle de la Mésangère, Mlle de Sillery, Mlle de Sévigné422 reçoivent des pièces plus charmantes qu’aucune de celles qu’ont dédiées Voiture ou Voltaire. […] L’idéal du poète est un idéal de vie facile, naturelle, instinctive ; c’est quelque chose d’intermédiaire entre Montaigne et Voltaire ; c’est quelque chose d’analogue à la morale de Molière, avec moins de réflexion, de sens pratique et d’honnêteté bourgeoise, avec plus de naïveté, de sensibilité et de sensualité tout à la fois.

515. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Ni Hugo, ni Lamartine, ni Vigny716, qui reçurent une instruction plus ou moins régulière ou décousue, n’en restèrent profondément marqués : rien de pareil en eux à l’empreinte que Racine garda de Port-Royal, ou même Voltaire des Jésuites. […] Ils le furent aussi, par opposition aux disciples du xviiie  siècle, qui, retenant le goût de Voltaire ou de Condorcet, en professaient les idées ; comme le même siècle avait produit Mérope et le Dictionnaire philosophique, on le haïssait ou l’aimait en bloc : les libéraux se croyaient tenus d’être classiques, et les romantiques chantaient le trône et l’autel.

516. (1890) L’avenir de la science « XII »

Un tel système d’exclusion mènerait à renouveler le spirituel raisonnement par lequel, dans le conte de Voltaire, on réussit à simplifier si fort l’éducation de Jeannot. […] Qui est-ce qui lit aujourd’hui les œuvres polémiques de Voltaire ?

517. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

S’il vécut en Catilina dans sa jeunesse, a dit Voltaire, il vécut dans sa vieillesse en Atticus. […] Cet homme qui, comme je l’ai dit, n’avait jamais été qu’un demi-séditieux, et non un Catilina, comme l’a nommé Voltaire, et qui, jusque dans ses plus grandes révoltes, avait toujours respecté, en ce qui regardait l’autorité royale, ce qu’il appelait le « titre du sanctuaire », était devenu le plus réconcilié et le plus zélé des cardinaux français pour les intérêts de Louis XIV.

518. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Il est clair, pour tous ceux qui ont des yeux, que sans les Anglais, la raison et la philosophie seraient encore dans l’enfance la plus méprisable en France, et que leurs vrais fondateurs parmi nous, Montesquieu et Voltaire, ont été les écoliers et les sectateurs des philosophes et des grands hommes d’Angleterre. […] Par Grimm, par le prince Henri de Prusse, par les Nassau-Saarbrttck, par les visites assez fréquentes de jeunes Allemands qu’il signale dans sa correspondance, et même par sa traversée de l’Allemagne pour se rendre en Russie, Diderot pouvait connaître assez bien un pays qu’il n’avait pas habité, il est vrai, mais que ceux qui y avaient séjourné assez longtemps, comme Voltaire, ne paraissent pas avoir apprécié comme lui.

519. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Cette biographie, qui pouvait ne pas être du tout, — car l’histoire des hommes célèbres par leurs ouvrages n’est souvent que dans leurs ouvrages, et Voltaire même a fait une loi (fausse, il est vrai, parfois), de ne la chercher que là, — cette biographie s’est trouvée, par hasard (cette étoile de Sterne !) […] Quoiqu’il ait prononcé de très bonne heure ces fameux sermons vantés par Voltaire, ce fier connaisseur en sermons, — et le bon billet qu’avaient là les La Châtre de l’Angleterre ! 

520. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Jouffroy.] » pp. 532-533

Le collège de Lons-le-Saulnier n’avait pour professeurs que des prêtres insermentés, ce qui ne nous empêcha pas de sortir de leurs mains tous plus ou moins disciples de Voltaire ou de Rousseau.

521. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXI » pp. 323-327

— Lord Brougham vient de publier en français, écrit par lui-même, un volume sur Voltaire et J.

522. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « LES FLEURS, APOLOGUE » pp. 534-537

LES FLEURS, APOLOGUE Un soir d’automne, dans un château où pourtant Voltaire avait autrefois passé251, deux ou trois jeunes femmes très-spirituelles et très-aimables s’étaient mises à causer métaphysique, spiritualisme, platonisme pur ; il avait été à peu près décidé par elles que l’âme, non-seulement était chose à part, mais qu’elle était tout.

523. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 189-194

Les Poésies des Chaulieu, des Voltaire, des Gresset, ne subsisteront jamais que par ces heureux & véritables principes de vie.

524. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

Ajoutons qu’incapable de sentir combien le siecle des lumieres doit l’emporter sur le siecle du goût, il a eu la simplicité de prendre la défense des Corneilles, des Racines, des Crébillons, contre MM. de Voltaire & de Saint-Lambert ; celle de Despréaux & de J.

525. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XVI. Le Paradis. »

Les uns ont péché par timidité, comme le Tasse et Milton ; les autres par fatigue, comme le Dante ; par philosophie, comme Voltaire ; ou par abondance, comme Klopstock88.

526. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lundberg » pp. 169-170

Voltaire fait l’histoire comme les grands statuaires anciens fesaient le buste ; comme les peintres savants de nos jours font le portrait.

527. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

La première place dans la conversation et même dans la considération publique est pour Voltaire, fils d’un notaire, pour Diderot, fils d’un coutelier, pour Rousseau, fils d’un horloger, pour d’Alembert, enfant-trouvé recueilli par un vitrier ; et quand, après la mort des grands hommes, il n’y a plus que des écrivains de second ordre, les premières duchesses sont encore contentes d’avoir à leur table Chamfort, autre enfant-trouvé, Beaumarchais, autre fils d’horloger, Laharpe, nourri et élevé par charité, Marmontel, fils d’un tailleur de village, quantité d’autres moins notables, bref tous les parvenus de l’esprit. […] Un juge compétent, témoin oculaire, Mallet du Pan581, écrit en 1799 : « Dans les classes mitoyennes et inférieures, Rousseau a eu cent fois plus de lecteurs que Voltaire. […] Voltaire, Siècle de Louis XV, ch. 

528. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Elles forcent le poëte à négliger souvent, dans les événements et les caractères, la vérité de la gradation, la délicatesse des nuances : ce défaut domine dans presque toutes les tragédies de Voltaire ; car l’admirable génie de Racine a été vainqueur de cette difficulté comme de tant d’autres. Mais à la représentation des pièces de Voltaire, on aperçoit fréquemment des lacunes, des transitions trop brusques. […] Les héroïnes de Voltaire luttent contre les obstacles ; celles de Racine leur cèdent, parce que les unes et les autres sont de la même nature que tout ce qui les entoure.

529. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Capefigue, cette école qui nous bâtit aujourd’hui le Roi Voltaire, qui nous a donné dernièrement les Dédaignés de M.  […] Drames, romans, nouvelles, beaux-arts et jusqu’aux modes, tout, depuis trente ans, a porté, plus ou moins, l’empreinte de ce règne dont l’abbé Galiani disait avec son filet de voix claire : « Il y a des empires qui ne sont jolis que dans leur décadence », et pour lequel les Austères révolutionnaires de l’histoire, séduits comme des bourgeois par des duchesses, se sont parfois senti une indulgence, — que l’on comprend très bien, du reste, quand on regarde ce règne et ce temps, entre leurs trois grandes cariatides, Rousseau, Montesquieu et Voltaire. […] Sa correspondance avec Voltaire en fait foi.

530. (1774) Correspondance générale

À Voltaire. […] À Voltaire. […] Assézat ayant annoncé qu’il donnerait la lettre de Voltaire à laquelle celle-ci répond, nous la publions ici, par exception ; pour les autres lettres ou réponses de Voltaire et de Rousseau, le lecteur voudra bien se reporter aux éditions complètes de ces deux écrivains. […] On ne trouve point (Correspondance générale de Voltaire) la lettre qui donna occasion à cette réponse. […] Voltaire.

531. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre II. Du sens et de la valeur des mots »

Et Voltaire nous enseigne que : Le premier qui fut roi fut un soldat heureux.

532. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Marie Tudor » (1833) »

Il l’a déjà dit ailleurs, le drame comme il le sent, le drame comme il voudrait le voir créer par un homme de génie, le drame selon le dix-neuvième siècle, ce n’est pas la tragi-comédie hautaine, démesurée, espagnole et sublime de Corneille ; ce n’est pas la tragédie abstraite, amoureuse, idéale et divinement élégiaque de Racine ; ce n’est pas la comédie profonde, sagace, pénétrante, mais trop impitoyablement ironique, de Molière ; ce n’est pas la tragédie à intention philosophique de Voltaire ; ce n’est pas la comédie à action révolutionnaire de Beaumarchais ; ce n’est pas plus que tout cela, mais c’est tout cela à la fois ; ou, pour mieux dire, ce n’est rien de tout cela.

533. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

Parce qu’Homere est plus impétueux que Virgile, Virgile plus sage et plus nombreux que le Tasse, le Tasse plus intéressant et plus varié que Voltaire, refuserai-je mon juste hommage à celui-ci ?

534. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Qui dit voltairien exprime une nuance aussi tranchée et aussi facile à saisir que cartésien ; et pourtant Descartes a un système, et Voltaire n’en a pas. Descartes peut se réduire en propositions, Voltaire ne le peut pas. Mais Voltaire a un esprit, une façon de prendre les choses, qui résulte de tout un ensemble d’habitudes intellectuelles. […] Voltaire aussi trouvait mieux son affaire avec le curé de Versailles, qui caressait tour à tour et volait ses ouailles, qu’avec saint Vincent de Paul ou saint François de Sales.

535. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Il n’y a pas huit hommes de lettres qui aient lu Voltaire, — lu, vous m’entendez. […] — Vous ignorez, dit Saint-Victor, au sortir de table, en remuant son café, que c’est aujourd’hui la Saint- Barthélemy et que Voltaire aurait eu la fièvre. […] Et voici Saint-Victor et Flaubert à déclarer Voltaire, le plus sincère et le plus ingénu des apôtres, et nous, à nous regimber de toute la force de nos convictions. […] « C’est inadmissible, dit Gautier, vous figurez-vous mon âme gardant la conscience de mon moi, se rappelant que j’ai écrit au Moniteur, quai Voltaire, 13, et que j’ai eu pour patrons Turgan et Dalloz… » Coupant Gautier, Saint-Victor jette : « L’âme de M. 

536. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Nous ne comprenons pas que M. de Chateaubriand, qui a fait un si beau livre et un livre souvent si sophistique sur les beautés poétiques de la religion chrétienne, se soit acharné à prétendre que le christianisme avait enfanté des foules de poèmes prétendus épiques, tantôt avec le merveilleux des contes arabes, comme dans le Tasse ; tantôt avec le merveilleux mixte de l’Évangile et de l’Olympe, comme dans le Dante ; tantôt avec le merveilleux des froides allégories, comme dans Voltaire, sans s’apercevoir que tous ces poèmes n’étaient pas les véritables épopées nationales du monde chrétien, mais que la Bible était la seule épopée, et que Moïse était le seul Homère des siècles et des peuples qui datent de la Bible. […] C’est par là que la France est plus policée, c’est par là qu’elle est moins originale ; c’est par là qu’en politique elle a Montesquieu et qu’elle n’a pas Machiavel ; c’est par là qu’en poésie elle a Racine et qu’elle n’a pas Shakespeare ; c’est par là qu’en philosophie elle a Voltaire et qu’elle n’a pas Bacon, Newton ou Leibnitz. […] une lettre de Voltaire à une de ses tragédies ? […] XXVII Ainsi une femme achevait la langue de Bossuet et préparait celle de Voltaire.

537. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Le charmant portrait que Voltaire a tracé du héros de Denain dans Le Siècle de Louis XIV est bien plus celui qui nous semble juste, sauf l’indispensable teinte de flatterie, laquelle encore est si transparente qu'elle laisse bien apercevoir les défauts. Mais cette esquisse de Voltaire, dans sa simplicité élégante et naturelle, ne suffit point aujourd’hui pour réfuter et repousser le magnifique portrait en laid où Saint-Simon a versé toutes ses ardeurs et son amertume : placée à côté, elle en est éteinte et absorbée.

538. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Bayle lui-même, le Voltaire anticipé du genre, l’esprit le plus émancipé du calvinisme, n’a rien qui sente le Français de pure race, du milieu et du cœur de la France. […] Si nous revenons à Genève, le baromètre intellectuel et moral y dut éprouver de grandes variations et perturbations, on le conçoit, de la présence dans le voisinage de ces deux météores du xviiie  siècle, Voltaire et Rousseau, du passage orageux de l’un et du séjour prolongé de l’autre.

539. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Voltaire, qui devinait si juste là même où il ne savait pas, a très-bien dit : « Ce Théocrite, à mon sens, était supérieur à Virgile en fait d’églogue10 ». […] Il fallait être un bien mauvais païen, un vrai fils de Lucien et comme qui dirait de Voltaire, pour chercher chicane à un conteur dévot, de si bon goût en fait de superstitions et si bien appris.

540. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Même dans les plus beaux jours du passé académique, de bien illustres, il est flatteur de se le dire, sont entrés tard et bien tard : Boileau, La Fontaine, Voltaire : Et j’avais cinquante ans quand cela m’arriva. […] Voltaire a dit aussi là-dessus de fort jolies choses, et qui auraient encore leur à-propos.

541. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Or, 1º il y a de par le monde, spécialement à Paris, quelques milliers d’intelligences cultivées auxquelles on a appris le goût du travail, de la charité, de la fraternité ; on leur a confié des anecdotes slaves émouvantes, et ils ont entendu ce vers de Voltaire : « J’ai fait un peu de bien, c’est mon meilleur ouvrage. » Voilà l’éducation de cette élite. […] Comme Rousseau lui expédiait son second Discours (contre le progrès et la civilisation), Voltaire lui répondait : « On n’a jamais employé tant d’esprit à vouloir nous rendre bêtes. » L’éloge serait exagéré si on le copiait à l’adresse de M. 

542. (1925) Proses datées

L’ombre de Voltaire a abandonné Cirey. […] Voltaire reste un grand nom, mais, à part son admirable correspondance et ses contes délicieux, son œuvre est peu fréquentée. […] Là, « Mecaenas », comme se plaisait à le nommer Voltaire, trouvait un cadre digne de lui. […] Je n’en veux pour preuve que vos démêlés avec Voltaire. […] Voltaire en usa contre vous et on vous préféra M. de Roquelaure, évêque de Senlis.

543. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

Bonnellier, ancien sous-préfet destitué, auteur de plats romans, et qui a débuté récemment comme acteur à l’Odéon, sous le nom de Max, et ces messieurs font des motions ; et ils expliquent comme quoi ils sont catholiques, comme quoi Voltaire est le fils du jansénisme, et autres vérités de cette saveur.

544. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

Mais il avait une véritable énergie, des portions généreuses, un talent qui allait s’épurant avec les années : ç'a été le plus brillant et le plus ferme des disciples directs de Voltaire.

545. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

On a comparé ce roman à ceux de Voltaire : il ne leur ressemble guère ; il n’est pas gai ; disons-le même, il n’est pas amusant ; mais il attache par les faits, et on le lit comme on lirait le testament d’un proscrit.

546. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 40-47

Voltaire a fait des Tragédies, il est vrai ; mais sa touche est si foible auprès de celle de l’Auteur de Cinna, de Polieucte, de Rodogune, des Horaces, qu’il auroit dû se borner au genre de suffrages qu’il mérite, sans chercher à détruire une espece de culte dont la France & l’Europe Littéraire ne se départiront jamais en sa faveur.

547. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 79-87

Il part, accompagné d’un témoin irréprochable, arrive dans le pays de Gex, & se transporte au domicile du sieur de Voltaire.

548. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VI »

Voltaire écrivait autentique.

549. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Panurge » pp. 222-228

Et, au bout de toute cette escrime plus amusante qu’acharnée, celle de Montaigne et de Voltaire, la question finale qui s’empare de l’esprit français, est bien celle de Panurge. « Remède à fâcherie ? 

550. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Table alphabétique des auteurs. » pp. 386-394

Leroi, 277 Rollin, 103, 114 Rouillé, 115 Rousseau, 240, 268 Rousseau de Genève, 256, 356 Roux, 241, 313 Ruynart, 47 S SAcy, 346, 360 Le Sage, 250 Saint-Real, 3 Salluste, 111 Saverien, 375, 377 Saurin, 38 Sautreau, 241 Saxe (le Maréc. de) 371 Scuderi, 245 Sevigné, 265 S’gravesande, 334 Sigonius, 191 Siri, 159 Smolett, 179 Solier, 54 Solignac, 205 Spon, 197 Staal, 164 Suard, 239 Suetone, 122 Sully, 156 Surgere, 246 Surgi, 11 T TAcite, 120 Tailhié, 105, 115, 143 Targe, 179 Tavernier, 13 Tencin, 248 Terrasson, 323, 363 Testamens politiques, 318 Thucydide, 98 Thevenot, 14 De Thou, 144 Tillemont, 46, 124 Tissot, 325 Tite-Live, 113 Torcy, 162 Tournefort, 15, 328 Touron, 25 Toussaint, 363 Trevoux (Dict. de) 288 Tricalet, 61 Trogue Pompée, 88 Trublet, 358 Turpin, 167 Turselin, 190 V VAissette, 6 Vansleb, 23 Varennes, 359 Le Vassor, 146 Vauban, 372 Vaugelas, 296 Vauvenargues, 364 Velli, 133 Vertot, 116, 174 Vignoles, 377 Villars, 152, 163 Villedieu, 247 Villefore, 56 Villehardouin, 128 Villeroi, 156 Vocabulaire françois, 288 Vojeu de Brunem, 210 Voiture, 264 Voltaire, 91, 148, 187, 201, 202, 254, 357 d’Urfé, 246 Wailly, 273 Wan-Effen, 362 Wolff, 316, 333, 374 X XEnophon, 99 Z ZUrlauben, 197

551. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Le poëme est une amplification officielle et décorative semblable à celle que Voltaire arrangea plus tard sur la victoire de Fontenoy. […] Au sortir du collége, un jeune homme, du temps de Voltaire, devait faire sa tragédie, comme aujourd’hui il doit écrire un article d’économie politique ; c’était la preuve alors qu’il pouvait causer avec les dames, comme c’est la preuve aujourd’hui qu’il peut raisonner avec les hommes. […] On n’est point rebuté par l’âcreté venimeuse, comme dans Swift, ou par la bouffonnerie continue, comme dans Voltaire. […] Ce n’est pas lui qui dira avec Voltaire que l’allégorie du Péché et de la Mort est bonne pour faire vomir les entrailles. […] De riches fantaisies orientales viennent s’y dérouler sans petillement d’étincelles comme dans Voltaire, mais sous une sereine et abondante lumière qui fait ondoyer les plis réguliers de leur pourpre et de leur or.

552. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Voltaire aussi, dans sa vieillesse, fit une Sophonisbe. […] Voltaire dit fort bien que de pareils vers annonçaient Corneille. […] On vient d’entendre celle de Voltaire. […]  » Déjà on a réfuté l’erreur étrange de Voltaire au sujet du Cid de Diamante. […] Un siècle après, Voltaire lui-même n’était-il pas encore du côté de celles-ci ?

553. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Ainsi pour Voltaire. […] Souday l’appelle « la plus belle, à mon gré, depuis celle de Voltaire ». […] « Il y a, dit Voltaire, beaucoup de gens de lettres qui ne sont point auteurs, et ce sont probablement les plus heureux. […] 5e vers. — « Voltaire avait dit sur le même sujet… » (Citation.) […] Il est romantique européen comme Voltaire était classique européen.

554. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. »

Quand tout fléchissait devant le prestige du vice puissant et lui rendait hommage, que ceux même qui protestaient par raison se prosternaient par habitude ; peut-on lui imputer à crime son peu de stoïcisme, et lui convenait-il d’avoir plus de philosophie que Voltaire et de savoir mieux la morale que Duclos ?

555. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

Mignet, en caractérisant ce journal, a dit que l’auteur y parle de la liberté avec le sens profond de Machiavel, et des hommes avec l’esprit de Voltaire.

556. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

Au tour d’imagination et de poésie figurative qui est particulier à son pays, il unit une prestesse et une pointe de raillerie véritablement françaises, qu’il semble avoir acquises dans le commerce assidu de Voltaire.

557. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Sophocle, et Euripide. » pp. 12-19

Tels nous avons vu messieurs de Crébillon & Voltaire, luttant l’un contre l’autre dans Oreste, dans Sémiramis & dans Catilina.

558. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Maurice Barrès, le sympathique chroniqueur du Voltaire, a justement comparé ses vers aux points de Valenciennes.

559. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

nous sommes assez loin, comme l’on voit, de l’histoire pâle et sans cœur de Ranke, ce doctrinaire de l’Allemagne, dont nous pouvions dire le vers de Voltaire : L’abbé Trublet m’avait pétrifié !

560. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Lucien, Swift, Voltaire, Jean Paul, don Juan, ont le même droit que Diderot aux honneurs de la citation, pourquoi les oublier ? […] Voltaire écrivit Mahomet et Jules César, pour combattre le fanatisme et la tyrannie. […] Hugo fait, au nom de son caprice, ce que Voltaire faisait au nom de la polémique philosophique. […] Comme l’a dit fort spirituellement M. de Barante, il y a quelqu’un en France qui a plus d’esprit que Voltaire : c’est tout le monde. […] Passerat et d’Aubigné avaient précédé Fénelon et Voltaire dans la satire politique.

561. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

alors, s’il la saisit de son propos clair et débarrassé, élégant et court (comme disait Vaugelas, comme faisait Voltaire) ; s’il l’arme de finesse, s’il la revêt de plus d’une flatteuse imagination et d’éclairs lumineux (lumina orationis) ; si surtout il la colore d’une sorte de passion sentie et la fait renaître à chaque instant avec originalité ; oh ! […] Bayle et Voltaire n’en agissaient pas si discrètement. […] Villemain, exerçait sa critique sur l’érudition et sur la philosophie plus que sur le goût, n’y regardait pas de bien près en délicatesse, et Voltaire, par passion, se permettait souvent d’étranges familiarités.

562. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

La propagande encyclopédique, menée par des hommes dont quelques-uns étaient des « savans » comme d’Alembert, et les autres, à commencer par Voltaire, Diderot et Rousseau, des littérateurs ou des philosophes plus ou moins informés de la « Science » de leur temps, se plaisait à opposer son évidence démonstrative aux conjectures, toujours incertaines, de l’histoire ou de la philosophie, de la morale même et de la théologie. […] Les Voltaire ou les Diderot tenaient essentiellement à ce que leur « tableau de la nature », avant même d’être exact, fût la contradiction réputée « scientifique » des enseignemens de la religion. […] C’est ce qu’aurait vu Renan si sa conception de la science, en 1848, n’avait pas été beaucoup plus conforme à celle de Voltaire, ou de Diderot, — disons de Victor Cousin, — qu’à celle d’Auguste Comte.

563. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Voltaire, dans les Lettres de Memmius et dans quelques autres écrits, parle souvent de Lucrèce avec une vive admiration. […] L’amour-propre anglais a repoussé cette origine, et le docteur Johnson a vivement contredit Voltaire. […] Presque autant persécuté que Voltaire par les injustices de la satire, il en souffrit, et s’en vengea de même. […] Voltaire, alors à Londres, lui écrivit avec un vif intérêt, et le visita. Mais Pope, à la fois grave et caustique, ne se plut pas à la brillante gaieté de Voltaire, et le trouva peu religieux.

564. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Ces dédains rigoureux correspondent au temps où Malherbe et Boileau dénigraient Ronsard, où Voltaire exhalait son aversion à l’égard d’un siècle durant lequel l’on s’était égorgé pour des controverses religieuses. […] Il peut signifier que l’imprimerie doit tuer la foi catholique ; que Gutenberg est le précurseur de Luther et de Voltaire ; que l’hérésie jusque-là étouffée va devenir, grâce à la presse, la Réformation victorieuse et l’incrédulité triomphante. […] Or, Voltaire, au même moment, se flattait de faire des tragédies plus tragiques, plus pathétiques que celles de ses devanciers, ou, comme il disait, d’armer Melpomène d’un poignard plus acéré. […] C’est en riant que Voltaire sape les fondements de l’Eglise.

565. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

La Révolution de 1830 remit à la mode Voltaire et la libre-pensée ; Victor Hugo, ce tournesol, que sa nature condamnait à tourner avec le soleil, déposa, comme une cuisinière son tablier, son légitimisme et son catholicisme de circonstance. […] La forme est pour lui la chose capitale, « ôtez, dit-il à tous ces grands hommes cette simple et petite chose, le style, et de Voltaire, de Pascal, de Boileau, de Bossuet, de Fénelon, de Racine, de Corneille, de La Fontaine, de Molière, de ces maîtres, que vous restera-t-il ? […] Les Diderot, les Voltaire, les Rousseau, les D’Alemberte et les Condillac du xviiie  siècle l’avaient trop fait penser pour qu’elle ne désirât se reposer et goûter sans cassements de tête une douce philosophie et une sentimentale poésie, qui ne devaient plus mettre en jeu l’intelligence, mais amuser le lecteur, le transporter dans les nuages et le pays des rêves, et charmer ses yeux par la beauté et la hardiesse des images, et ses oreilles par la pompe et l’harmonie des périodes. […] Dans une épître en vers de 1818, mais publiée en 1863, Hugo dit en parlant de lui-même : « … J’ai seize ans… Je lis l’Esprit des lois et j’admire Voltaire. » (Victor Hugo rac.

566. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

« Il est puni par où il a péché : il a chanté pour le temps ; la postérité ne le comprend pas. » Je vous remercie, écrit Voltaire, d’avoir eu le courage d’écrire contre ce monstre d’obscurité, etc. […] « Quant à nous, comme Voltaire, nous n’avons trouvé, dans le Dante, qu’un grand inventeur de style, un grand créateur de langue égaré dans une conception ténébreuse, un immense fragment de poète dans un petit nombre de morceaux gravés plutôt qu’écrits avec le ciseau de ce Michel-Ange de la poésie, quelquefois une grossière trivialité qui se dégrade jusqu’au cynisme du mot (le papier français n’en souffrirait pas ici la reproduction et la preuve), une quintessence de théologie scolastique qui s’élève jusqu’à la vaporisation de l’idée ; enfin, pour dire notre sentiment d’un seul mot, un grand homme et un mauvais poème !  […] » Voltaire parlait des aménités littéraires de son temps ; qu’aurait-il dit de celle-là ? […] Voltaire en parle dans quelques lettres à des savants italiens, mais il ne l’avait évidemment pas lu tout entier (chose difficile), et on a vu plus haut qu’il en parle comme d’une monstruosité poétique.

567. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

« Tout cela est très joli, disait-il des incrédulités fanfaronnes, quand on n’entend pas la cloche des agonisants. » Personne n’a mieux parlé que lui du principe de l’irréligion chez Voltaire, « de ce désir d’être neuf, piquant et cité, de rire et de faire rire, d’être ce qu’on appelait alors un écrivain hardi », toutes choses qui, selon lui, avaient plus animé Voltaire qu’aucune conviction positive.

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