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1651. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VII. De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins » pp. 176-187

» Les sénateurs entendant ces paroles, se jetèrent sur Scribonius ; et comme ils n’avaient point d’armes, ils le tuèrent à coups de canif.

1652. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

En acquérant Plutarque, notre public acquiert d’un coup un riche fonds de philosophie pratique.

1653. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Paul Bourget, Études et portraits. »

Puis, comme c’était un peu trop, pour mon coup d’essai, de huit heures de cheval, je restai en arrière, je m’égarai complètement dans une vilaine et interminable forêt de chênes-liège, et, c’est par miracle que je pus rejoindre mes compagnons.

1654. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

À moins que quelques coups de fouet n’aient achevé de la convaincre.

1655. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

Ainsi la vie d’un individu est tout à coup métamorphosée par l’effet d’un legs qui le rend y possesseur d’une richesse inattendue.

1656. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

Aucun remaniement profond, aucune mutilation, aucune soudure faite après coup dans l’intérieur du drame, aucune main-d’œuvre nouvelle, si ce n’est ce travail d’ajustement qu’exige toujours la représentation.

1657. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

Mais, que résulte-t-il des coups qu’ils se portent ?

1658. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Et puis tout d’un coup l’amour-propre lui fait prendre le style le plus pompeux et le plus poétique.

1659. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Greuze » pp. 234-241

voilà des cheveux pour le coup !

1660. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 40, si le pouvoir de la peinture sur les hommes est plus grand que le pouvoir de la poësie » pp. 393-405

Il n’est pas croïable qu’aucun habitant de Rome ignorât le nombre de coups dont Cesar avoit été percé.

1661. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Premier tableau » pp. 180-195

Tout à coup, comme frappé d’une révélation subite) Oh !!!

1662. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

Pour être plus libre dans sa lutte contre les difficultés de l’original, il a brisé son rhythme par l’enjambement, par la césure, par tous les coups qu’il pouvait, hélas !

1663. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

Un pouvoir, si vigoureux et si intelligent qu’il soit, ne change pas tout à coup, même en France, où son action est plus irrésistible qu’ailleurs, l’âme tout entière d’une époque.

1664. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Ce soupeur de la Maison-d’Or, qui s’enivrait de son esprit comme on s’enivre de la poudre, et qui le brûlait, comme la poudre, au milieu de toutes les furies et de tous les délires de cet esprit dont il abusait, retrouvait parfois, insensé superbe, même dans l’orgie, tout à coup, ce soupir de flûte que Monselet le viveur a aussi, cette note triste et irrésistible qui est pour moi la note fondamentale du poète… J’ai assisté quelquefois au triomphe de la note divine.

1665. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Mais ces noms peuvent bien avoir été ajoutés après coup et provenir des récits des pèlerins, d’autant plus que plusieurs d’entre eux ou ne se laissent pas identifier ou ne se trouvent pas dans la région où opéra réellement l’armée franque en 778. […] Du même coup, il a mis au premier plan le problème qu’il voulait traiter, l’opposition de l’amour idéal à l’amour charnel. […] Il a supprimé le coup porté au Seigneur, reste de l’antique légende de Malc, et il a changé les paroles fatales du Christ. […] Ces deux traits semblent indiquer un récit où on aurait rapproché, et par le coup porté au Seigneur et par le baptême, Ahasvérus de Cartaphilus. […] (v. 223 à 224) « Ce coup (de dés) est mal partagé ; j’en ai le plus mauvais point. » 259.

1666. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Les fondateurs de religions ne sont que des législateurs, des codificateurs qui condensent, après coup, en un corps de doctrines précises, la masse diffuse des aspirations depuis longtemps exprimées. […] lui dit l’élève. — C’est que l’art commence où commence le coup de pouce », répondit Brulof. […] L’enseignement des écoles s’arrête où commence le coup de pouce, c’est-à-dire où commence l’art. […] Les indications ajoutées après coup par Czerny et les rééditeurs du Clavecin bien tempéré sont tout à fait superflues. […] Chamberlain sur la subordination du musicien au poète, je me suis souvenu, après coup, d’un aveu très important de Wagner, que l’on trouvera dans une de ses dissertations les moins connues : Ueber dit Benennung Musikdrama.

1667. (1888) Portraits de maîtres

Pourquoi faut-il que ses coups aient porté parfois à faux, atteint les plus dignes et de meilleurs que lui. […] Par de récents exemples autant que par une tradition séculaire, notre pays était façonné à tous les coups de force et à tous les coups d’État : les Trente-et-un Mai préparent les Dix-Huit brumaire. […] Il est curieux pour l’observateur de voir, au lendemain du coup d’État, se rallier des exclusifs tels que Lamarque et tant d’autres qui flétrissaient la constitution de l’an III comme trop modérée et qui, si le nom avait été inventé, auraient taxé le Directoire d’« opportunisme ». […] Ce que Chateaubriand avait pressenti par lueurs rapides, ce que Ballanche avait tenté, mais avec bien des indécisions et des obscurités, du premier coup Victor de Laprade le menait à bonne fin. […] À vingt-trois ans il frappait un coup de maître en donnant la traduction des idées de Herder sur la philosophie de l’histoire, complétée deux ans après par un essai sur les œuvres de Herder.

1668. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Du coup il supprime la psychologie en la faisant rentrer dans la physiologie. […] Ils sont sous le coup de la plus sévère revanche de la nature offensée. […] Un homme d’affaires endetté qui besognait sous le coup des échéances. […] C’est du même coup frapper tous ceux que ces chefs d’industrie emploient dans leurs entreprises. […] Ce sont les coups de crosse qu’un soldat du 154e applique sur le crâne dénudé d’un blessé.

1669. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

C’est une façon aussi de ramasser ses idées en les exprimant, quand, sous le coup des événements, on sent comme le besoin de s’en rendre compte plus précisément qu’à l’ordinaire. […] Cela, c’est tout le xviiie  siècle brutalement nié, repoussé, raillé du premier coup. […] Pour penser, il a donc fallu parler, je ne dis pas auparavant, mais en même temps, du même coup. […] Elle n’est point un de ces grands génies qui donnent comme un coup de barre à l’esprit public et coudent la ligne du sillage. […] Mais, du premier coup, les grandes lignes ont été saisies et marquées d’un trait vigoureux.

1670. (1899) Arabesques pp. 1-223

S’imaginant alors que sa détresse présentait quelque analogie avec le cas des malades qui, après avoir essayé sans succès de tous les remèdes, recourent au miracle, il se rendait à Lourdes dans l’espoir de récupérer, par quelque coup de la grâce, la foi qui l’abandonnait. […] Et, bon gré, mal gré, l’on en viendra peut-être aux coups. […] Un ramassis de polichinelles en délire dont nous subissons les quolibets et les coups de trique avec beaucoup trop de mansuétude. […] Surpris par une ronde de police, il tire un coup de revolver qui ne blesse personne. — On le condamne à mort… Puis, par un restant de vergogne, on le gracie, c’est-à-dire qu’on l’envoie au bagne à perpétuité. […] Les coups de trique, les dénis de justice les plus flagrants ne tirent de lui que des votes de flétrissure ou des ordres du jour d’indignation, fadaises dont se gaussent passablement ses spoliateurs.

1671. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Mais, au milieu des jeux folâtres et au sortir du bain qu’il prend en s’ébattant dans une petite anse, voilà tout d’un coup qu’à la vue d’un débris, ou, pour parler net, d’une carcasse de cheval étendue sur le sable, l’idée obscure de la mort se pose à lui pour la première fois : un vague frisson l’a saisi pour tout le reste du jour. […] Un malin désir le prend, il lance une pierre dans la mare et réveille du coup les trois heureux troublés. […] Il est saisi tout d’un coup par un mouvement imprévu, par un tressaut 122 du dormeur, il est pris sous lui et ne peut plus s’échapper.

1672. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Il ne composa qu’après coup ce quatrième livre, dans lequel il sut combiner les sentiments vrais qu’il retrouvait au dedans de lui avec quelques circonstances peut-être fictives ou du moins antérieures176. […] Ainsi, dans cette fin de discours, il se mit à faire un magnifique éloge de la piété tendre et sensible, puis, en regard, un non moins magnifique portrait de la vraie philosophie ; puis, au sortir de ce parallèle, il s’échappa dans une vigoureuse sortie contre le fanatisme qui, seul, trouble la paix si facile à établir, disait-il, entre les deux parties intéressées ; s’animant de plus en plus devant cet ennemi, pour le moment du moins, imaginaire, l’orateur compara tout d’un coup le fanatique ou l’hypocrite à l’incendiaire Catilina lorsqu’il vint pour s’asseoir dans le sénat de Rome et que tous les sénateurs, d’un mouvement de répulsion unanime, le délaissèrent sur son banc, seul, épouvanté et furieux de sa solitude… On se retournait, on regardait de toutes parts pour chercher cet incendiaire, car il était bien évident que, dans la pensée de Garat, ce n’était point M. de Parny. […] Dans les détresses du cœur, dans mes fuites désespérées, combien de fois tout d’un coup, comme une Déesse au tournant d’un bocage, tu m’es apparu !

1673. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

« Ce fut un rude coup et un terrible réveil qu’une communication de ce genre pour une personne de vingt-cinq ans. […] » XV Toute âme a une tache sur sa vie ; cette promesse de mariage donnée à un prince par une femme mariée qu’une ambition plus qu’une passion arrachait à un mari malheureux, cette proposition d’un divorce cruel faite sans autre excuse que l’indifférence à un époux vieilli et accablé des coups de la fortune, cette humiliation d’un délaissement volontaire annoncée froidement à l’homme dont elle portait le nom, sont un égarement d’esprit et de cœur qu’il faut oublier. […] Ballanche n’était là que pour en amortir les coups et pour en panser les blessures ; mais quelle touchante figure dans le tableau que ce philosophe amoureux sans récompense, et qui se nourrit de sa propre tendresse pourvu qu’on lui permette d’assister à la vie de celle qu’il aime !

1674. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

un de ces hommes après lesquels il n’est plus permis d’écrire sur le sujet qu’ils ont traité et dont ils ont, du premier coup, effleuré toute la superficie ou épuisé tout l’intérêt ? […] Chaque nation trouvera ici les raisons de ses maximes ; et on en tirera naturellement cette conséquence : qu’il n’appartient de proposer des changements qu’à ceux qui sont assez heureusement nés pour pénétrer d’un coup de génie toute la constitution d’un État. […] « Pour ne point trop épuiser la Grèce et la Macédoine, il envoya à Alexandrie une colonie de Juifs ; il ne lui importait quelles mœurs eussent ces peuples, pourvu qu’ils lui fussent fidèles. » XVI Voici, selon Montesquieu, comment, dans l’état florissant de la république, Rome perdit tout à coup sa liberté.

1675. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Fontanes, qu’il avait perdu de vue depuis 12 ans, jeté en Angleterre par le coup d’état de Fructidor (4 septembre 1797), fit miroiter devant ses yeux le brillant avenir réservé aux défenseurs du catholicisme, alors renaissant : il s’empressa de planter là la philosophie et de renier Jean Jacques, que cependant il admirait ; et avant que l’encre de l’Essai se fût desséchée, et avec la même plume qui annotait ses passages sceptiques, il écrivit le Génie du Christianisme ; et pour donner des gages au parti qui l’enrôlait, il imprima dans le Mercure (1er nivôse an IX) : « Ma folie à moi est de voir Jésus-Christ partout. » Malheureusement il avait eu l’imprudence d’envoyer son Essai à ses amis de Paris ; ils s’en souvinrent et élevèrent des doutes sur la sincérité de sa conversion. […] Le même accident arriva à Mme de Staël : mais dans son cas ce fut la mort du père qui, de la philosophe, fit une chrétienne romantique ; changez le sexe du néophyte et du coup vous changez celui du convertisseur. […] La fortune, ils la voulaient soudaine, amenée par un coup de dés ou de spéculation : ils jouaient et spéculaient avec rage.

1676. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Supposons que ce philosophe charge cette âme de lui rapporter à son retour les grands phénomènes intellectuels, philosophiques, religieux, qui l’auraient frappée dans ce coup d’aile autour du globe terrestre. […] La mer est à lui ; il ne nous a laissé, ni à nous, ni à personne, un coup de pinceau de plus à donner à l’Océan. […] … ………………………………………………………… ………………………………………………………… La lune, cette nuit, visitait le désert ; D’un brouillard sablonneux son disque recouvert Par le vent du simoun, qui soulève sa brume, De l’océan de sable en transperçant l’écume, Rougissait comme un fer de la forge tiré ; Le sol lui renvoyait ce feu réverbéré ; D’une pourpre de sang l’atmosphère était teinte, La poussière brûlait cendre au pied mal éteinte ; Ma tente, aux coups du vent, sur mon front s’écroula, Ma bouche sans haleine au sable se colla ; Je crus qu’un pas de Dieu faisait trembler la terre, Et, pensant l’entrevoir à travers le mystère, Je dis au tourbillon : — Ô Très-Haut !

1677. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Barrande, c’est-à-dire d’un certain nombre d’espèces qui font tout à coup invasion dans le milieu d’une formation plus ancienne, puis cèdent de nouveau la place aux anciennes formes. […] Pour en donner un seul exemple, il suffit de rappeler de quelle manière les fossiles du système devonien furent du premier coup reconnus par les paléontologistes comme intermédiaires en caractères entre ceux des terrains carbonifères qui les suivent et ceux du système silurien qui les précèdent. […] D’après la théorie de descendance modifiée, cette grande loi de la succession longtemps continuée, mais non pas immuable, des mêmes types dans les mêmes régions s’explique du premier coup ; car les habitants de chaque partie du monde doivent évidemment tendre à s’y perpétuer aussi longtemps qu’ils le peuvent pendant la période suivante, ou du moins à y laisser des descendants étroitement alliés, bien qu’en quelque chose modifiés.

1678. (1911) Nos directions

Les clameurs inopinées de Balthazar ressemblent peut-être trop à un coup de théâtre ! […] Une si complexe émotion ne saurait toucher une foule d’un coup droit, théâtral, impossible à parer. […] Il ne prend pas du premier coup, comme elle, mais il pénètre doucement — et l’on ne peut plus s’en lasser. […] Retirez à l’œuvre racinien sa prétendue signification chrétienne, il perd d’un coup toute signification. […] Certes il nous paraîtra atteindre dans ce jeu à une adresse véritable, mais à condition que nous jugions ses coups de loin.

1679. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Eh bien, c’est quand il a tout fait pour se préparer, quand il s’est amassé des fonds de science et d’érudition considérables dans tous les sens, qu’il a sondé et fouillé les littératures étrangères pour en rapporter des notions précises et tous les termes élevés et lumineux de comparaison, qu’il s’est attaché à diversifier son goût, à l’étendre et à l’éclairer par les connaissances accessoires des beaux-arts étudiés dans leurs chefs-d’œuvre, qu’il n’a négligé ni voyages, ni lectures sur place, ni vérifications de toute nature ; c’est quand il a, pendant des années, travaillé, affermi et assoupli son organe et sa parole de manière à remplir un vaste auditoire, à le tenir attentif, suspendu à ses lèvres, et à l’associer à ses impressions sérieuses, à sa gravité consciencieuse et concentrée, d’où il tirait parfois des sources de chaleur morale et d’admiration émue ; c’est alors, quand tous ces stages et comme ces degrés d’apprentissage sont terminés, quand il se sent prêt et digne de passer maître, quand il a noué sa ceinture, serré et fortifié ses reins pour la grande lutte, pour le vrai début et l’inauguration suprême, c’est alors que le courageux et patient athlète, qui n’avait jamais faibli, qui pour un homme d’étude avait tout l’aspect d’un de ces hommes primitifs du nord, solides et robustes, ἒμπεδος, une tête énorme sur des épaules carrées (et lui-même en plaisantait bien souvent155), c’est alors que du jour au lendemain ce fils prudent du travail et de la sagesse, atteint d’un mal secret sans cause connue, tout d’un coup s’affaisse, pâlit et tombe. […] Gandar avait vu Milan, Venise ; il avait séjourné à Florence ; il était encore à Rome ; il y était en pleine contemplation du passé et sous le charme souverain du grand art sévère, se faisant presque un élève de l’École de Rome avant de l’être de celle d’Athènes, lorsque tout à coup la nouvelle de la révolution du 24 Février éclata comme un coup de tonnerre. […] Beulé, en partant, laissait Gandar aux soins d’un jeune et nouveau membre de l’École, dont le coup d’essai brillant, le premier exploit signalé datera également de la Grèce, mais dans un genre bien différent : « Beulé parti, écrivait Gandar, je vivrai en tête à tête avec un de nos jeunes collègues né à Dieuze et garçon d’esprit, M. 

1680. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Mais tout d’un coup, étant en seconde, il entra un jour par curiosité dans la classe de philosophie. […] Très-partage encore au commencement de 1824 par l’activité politique, secrétaire du comité directeur des élections générales et se multipliant sous l’influence de ce comité dans les divers journaux de la gauche, il se retrouva tout d’un coup disponible après les élections de cette année qui laissèrent sur le carreau le parti libéral, déjà bien blessé par la guerre d’Espagne et par l’éclat du carbonarisme. […] C’est en 1824, si je ne me trompe, dans l’été qui suivit la défaite électorale, qu’étant seul à la campagne, assez ennuyé, il se mit à improviser ses deux coups d’essai en ce genre ; le premier, le Croisé ou le Fief, dont la scène était au moyen âge, se ressentait d’Ivanhoé et un peu de Gœtz de Berlichingen. L’autre, intitulé l’Habitation de Saint-Domingue ou l’Insurrection, lui avait été suggéré par des recueils sur la traite qu’il compulsait pour M. de Broglie ; l’idée philanthropique prit tout d’un coup la forme de son Toussaint-Louverture.

1681. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

On sentait cette passion sans s’en rendre compte ; on la distingue tout d’un coup au bout de la page ; les témérités du style la rendent visible, et la violence de la phrase atteste la violence de l’impression. […] Les haies, les arbres, les toits bas des chaumières, les clochers d’églises, les vieux troncs flétris, les jeunes pousses florissantes, sont devenus vaniteux tout d’un coup et ont envie de contempler leurs belles images jusqu’au matin. […] Un homme vient qui, tout d’un coup, les rend intéressantes ; bien plus, il en fait des drames ; il les change en objets d’admiration, de tendresse et d’épouvante. […] C’est l’histoire d’une plante fragile qui fleurissait dans un air chaud, sous un doux soleil, et qui tout d’un coup, transportée dans la neige, laisse tomber ses feuilles et se flétrit.

1682. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

J’ai annoncé en plein sénat quel jour tu avais marqué pour le meurtre des sénateurs : te souviens-tu que ce jour-là même, où plusieurs de nos principaux citoyens sortirent de Rome, bien moins pour se dérober à tes coups que pour réunir contre toi les forces de la république, te souviens-tu que ce jour-là je sus prendre de telles précautions, qu’il ne te fut pas possible de rien tenter contre nous, quoique tu eusses dit publiquement que, malgré le départ de quelques-uns de tes ennemis, il te restait encore assez de victimes ? […] « Tant que la vie de Crassus avait été occupée dans les travaux du forum, il était distingué par les services qu’il rendait aux particuliers et par la supériorité de son génie, et non pas encore par les avantages et les honneurs attachés aux grandes places ; et l’année qui suivit son consulat, lorsque, d’un consentement universel, il allait jouir du premier crédit dans le gouvernement de l’État, la mort lui ravit tout à coup le fruit du passé et l’espérance de l’avenir ! […] « Mais aujourd’hui que la fortune m’a frappé d’un coup terrible et que le fardeau du gouvernement ne pèse plus sur moi, je demande à la philosophie l’adoucissement de ma douleur, et je la regarde comme l’occupation de mes loisirs la plus douce et la plus noble à la fois. […] Quant à moi, ajoute-t-il, je doute si éteindre la piété envers la divinité, ce ne serait pas anéantir du même coup la bonne foi, la conscience, la société humaine tout entière, et la vertu qui supporte à elle seule le monde, je veux dire l’instinct de la justice !

1683. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Vos coups de sonde au sein du Tout furent trop bénins pour rapporter des flores étranges, des végétations invues, celles qui croissent dans les profondeurs incalculables de l’être. […] Ce ne seraient plus là des accidents s’ajoutant à l’idée que je me faisais du personnage… Le personnage me serait donné tout d’un coup dans son intégralité… Description, histoire et analyse me laissent ici dans le relatif. […] Ou bien le poète fera œuvre d’abréviateur et, semblable au mathématicien averti, qui, après l’énoncé du problème, indique du premier coup la solution, supprimera les intermédiaires dialectiques. — J’appellerais volontiers ce procédé, un raccourci symbolique 53. […] Ce qu’il nous offre, c’est la dernière pressée, d’où ruisselle, comme en un spasme, l’intuition intellectuelle ; le coup de hache suprême par quoi le fond de nous s’entrouvre soudain et se montre béant d’infini54.

1684. (1896) Écrivains étrangers. Première série

En 1864, Whitman, qui s’était obstiné à travailler de jour et de nuit, malgré sa fatigue et la chaleur intolérable de l’été, tout à coup se sentit malade. […] Invité par cet homme à lire l’avenir dans un cristal magique, John Inglesant frémit d’horreur en y discernant le cadavre de son frère, frappé d’un coup de poignard. […] — Enfin le lecteur cita le nom d’un candidat appelé Sanctuary : et l’on vit le visage de Pater s’éclairer tout à coup : — “Oui, dit-il, celui-là je me le rappelle ; son nom m’a ravi !”  […] L’anarchiste Melena, le voyant debout sur le balcon du palais, lève son revolver, le vise, et manque son coup. […] Et tout à coup désespérée, sanglotant de toute son âme, elle se jette dans ses bras : « Ottomar, par pitié, secours-moi !

1685. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

La fin de cette ode, qui semblait inspirée jusque-là par Properce ou par Lucrèce, a pourtant une perspective tout à coup entrouverte du côté du ciel : De la terre, ô Daphné !

1686. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Par exemple, la phrase qui termine l’Étude et où surgit tout d’un coup, sans motif ni raison, « le despotisme des Césars ou des Collot d’Herbois. » Fi donc !

1687. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Destiné d’abord à l’enseignement des sciences, chargé de professer la physique au lycée de Metz, il reçut dans cette cité patriotique et guerrière le coup direct des événements de 1814 de l’invasion.

1688. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

L’idée était si juste et si opportune qu’elle a aussitôt porté fruit et porté coup ; elle a eu l’honneur, dès le premier jour, de soulever les colères de ceux qui possédaient autrefois et dominaient l’entier domaine de l’intelligence humaine et qui, jusque dans leur décadence, quand presque tout leur échappe, voudraient tout garder.

1689. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Entre ces limites, l’intérêt le plus gracieux, celui des jeunes filles et des jeunes gens qui n’ont pas encore aimé, est surtout pour l’amour jeune, adolescent, plein de pudeur et de mystère, pour le premier et le plus frais amour ; l’admiration et la sympathie des âmes fortement remuées par les passions s’attachent de préférence à l’amour plus complet, plus sévère et aussi plus fatal, tel qu’il éclate souvent au milieu de la virilité ou même sur le déclin, résumant et consumant du dernier coup toutes les puissances de notre être.

1690. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Il n’en est pas à son coup d’essai ; c’est le troisième volume qu’il donne dans le même ordre d’idées religieuses.

1691. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Enfin, deux amis d’un sexe différent, qui n’ont aucun intérêt commun, aucun sentiment absolument pareil, semblent devoir se rapprocher par cette opposition même ; mais si l’amour les captive, je ne sais quel sentiment, mêlé d’amour propre et d’égoïsme, fait trouver à un homme ou à une femme liés par l’amitié, peu de plaisir à s’entendre parler de la passion qui les occupe ; ces sortes de liens ou ne se maintiennent pas, ou cessent, alors qu’on n’aime plus l’objet dont on s’entretenait, on s’aperçoit tout à coup que lui seul vous réunissait.

1692. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Lorsque l’âme est dégagée de l’empire des passions, elle permet à l’homme une grande jouissance ; c’est l’étude, c’est l’exercice de la pensée, de cette faculté inexplicable dont l’examen suffirait à sa propre occupation, si au lieu de se développer successivement, elle nous était accordée tout à coup dans sa plénitude.

1693. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Les grèves d’Écosse, Terre d’Ossian, n’ont pas plus de mélodies dans leurs vagues que ses vers ; et son Moïse a des coups de ciseau du Moïse de Michel-Ange.

1694. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Il lui donne des leçons de philosophie fataliste et pyrrhonienne : la fortune persécute ceux qui sont sensibles à ses coups ; elle laisse en paix ceux qui s’en moquent.

1695. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

Bourget : « Il n’a jamais eu plus de talent. » Il est admirable comme les reporters sont, tout coup, devenus connaisseurs.

1696. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

Ils rient aux coups et aux blessures et au fiel répandu ; ils se disent : “Les poètes se chamaillent entre eux, ils nous laisseront tranquilles.”

1697. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Un coup de canon, hasardé dans un endroit terrible, a fait tomber Adélaïde.

1698. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Mais ce qui l’étonna, ce fut la main d’où partoit le coup.

1699. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Il fait trois serpens de deux coups, mettent la chose sous les yeux.

1700. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

» C’est ainsi que l’armée des Grecs chante tout à coup, après la mort d’Hector : Ἠάρμεθα μέγα κῦδος, ἐπέφνομεν Ἔκτορα δῖον, etc.

1701. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Encore un coup si l’organe est affecté, quelle que soit son affection, il répandra sur tous les corps, interposera entre eux et lui une vapeur qui flétrira la nature et son imitation.

1702. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Lorsque ces poetes auront parlé de son entrevûe sur les bords du Weser avec son frere Flavius qui servoit dans les troupes romaines ; auront-ils pû lui faire finir le pour-parler avec décence et avec gravité quand tout le monde sçavoit que le géneral des germains et l’officier des romains en étoient venus aux injures en présence des armées des deux nations, et qu’ils en seroient venus aux coups, sans le fleuve qui les séparoit ?

1703. (1762) Réflexions sur l’ode

Que le soleil vienne éclairer tout à coup les habitants d’une caverne obscure, qu’il darde impétueusement ses rayons dans leurs yeux non préparés, il ne fera que les aveugler pour jamais ; il fera pis encore ; il leur rendra pour jamais odieux l’éclat du jour, dont ils ne connaîtront que le mal qu’il leur aura causé.

1704. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Le mouvement insurrectionnel du fédéralisme se résuma donc tout entier dans la ville du Refuge pour les Girondins, dans la déclaration anonyme de l’insurrection (ce fut Vaultier qui, en raison de ses bouillants vingt-deux ans, prit sur lui le dangereux honneur de signer cette déclaration qu’il n’avait pas écrite), et, dans l’expédition panique de Brécourt, un seul coup de canon qui ne porta pas et mit en fuite deux braves corps d’armée.

1705. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Pour peindre ces iarls farouches que la Féodalité chrétienne apprivoise à peine, et ces tribus qui les suivent, — qui plongent dans les rayons du baptême leur front déformé par les coups du marteau de Thor, tandis qu’ils s’enfoncent jusqu’au flanc dans le limon de la barbarie, — il semble qu’il ne faudrait rien moins que de transporter dans l’histoire, en les élevant à ses sévères proportions, les qualités de ce romancier épique, Fenimore Cooper, l’Américain qui fut tout ensemble l’Homère et l’Hésiode des Peaux-Rouges et des Visages-Pâles.

1706. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres portugaises » pp. 41-51

Ces lettres d’une religieuse qui n’a pas un remords, — qui n’a pas un scrupule, — qui, nous le répétons, ne parle pas une seule fois de Dieu dans sa chute, qui n’a pas même sur son front le signe de la Bête dont Dieu marque ses réprouvés, ce coup de marteau donné à l’arbre qui doit être coupé pour l’enfer ; — ces lettres à mignardises éplorées et à obscénités hypocrites sont apocryphes en nature humaine, et nous n’hésitons pas à le déclarer !

1707. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

que la scène qu’on n’ose pas décrire, parce qu’elle n’est pas descriptible, qui précède le coup de couteau de la fin ?

1708. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

mais pourtant je crois qu’il s’en doute… en écrivant l’autobiographie de son héros, il ne fait pas que la confession particulière d’une personnalité dépravée et solitaire, mais, du même coup, il nous écrit la nosographie d’une société putréfiée de matérialisme, et cela uniquement donne à son livre une importance que n’ont pas les autres romans physiologiques de ce temps.

1709. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

II Et cette explication légère, facile, impertinente pour le Saint-Esprit, Paul Meurice, qui en a conscience, finit par en avoir un peu honte, et, redevenu modeste tout à coup : « Nous n’avons nulle prétention — dit-il agréablement — de fonder notre petite religion les pieds sur nos chenets. » Malheureusement, ce n’est pas bien long, cette modestie ; il reprend presque aussitôt le ton de sa maison, l’insupportable ton hugolâtre : « Dieu !

1710. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

Je m’imagine que Cléanthe, qui fut le second fondateur du portique, et qui, obligé de travailler de ses mains pour vivre, compta un roi parmi ses disciples, un jour, après leur avoir expliqué ses principes sur le système du monde et son auteur, tout à coup enflammé d’enthousiasme, se fit apporter une lyre, et chanta en leur présence cette hymne qui nous a été conservée par Stobée.

1711. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Tout le monde sait que son éloge fut prononcé par Antoine ; et que pour attendrir les Romains, l’orateur fit apporter sous leurs yeux le corps de César percé de coups.

1712. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

Cependant dans ces murs même et dans ces retraites profondes auxquelles il avait confié sa sûreté, il enferma avec lui un dieu vengeur des crimes27. » Et un moment après il nous peint les statues de Domitien abattues, une foule empressée, le fer et la hache à la main, ardente à mutiler ces images d’or, comme si leurs coups tombaient sur le tyran.

1713. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Même coup de théâtre, même péripétie : l’annonce soudaine du retour de Mithridate, du retour de Thésée ; et retour, en effet, de l’un comme de l’autre. […] Je ne peux pas tuer Mithridate sans, du même coup, même sans le vouloir, marier Monime à Xipharès. […] Tout coup vaille, et après Chateaubriand, Lamartine, Vigny, Hugo, Musset, Michelet, Taine et Renan, on peut se reposer ainsi. […] Napoléon apparut tout à coup dans la loge juste en face. […] … — Pour le coup, vous êtes raisonnable.

1714. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Menelas invoque Jupiter en lançant son javelot contre Pâris : mais à peine a-t-il manqué son coup, qu’il blasphême le dieu qu’il vient d’invoquer. […] Pourquoi les harangues ne sont-elles pas interrompuës à coups de javelot et de lance ? […] Il n’y a point dans le grec, d’un coup de son trident, ni quelques autres circonstances ; mais ces traits ajoûtés à la peinture d’Homere, ne la changent qu’afin qu’elle fasse tout son effet à nos yeux ; et comme Mr Despréaux a jugé que les expressions grecques la mettoient dans tout son jour, au lieu que les françoises, à moins d’y suppléer, ne lui donneroient pas la même force, il a prêté quelque chose à Homere, pour compenser ce qu’il croyoit lui faire perdre d’ailleurs. […] J’ai voulu que ma traduction fût agréable ; et dès-là, il a fallu substituer des idées qui plaisent aujourd’hui à d’autres idées qui plaisoient du tems d’Homere : il a fallu, par exemple, anoblir par rapport à nous, les injures d’Achille et d’Agamemnon ; éloigner des querelles de Jupiter et de Junon, toute idée de coups et de violence ; adoucir la préférence solemnelle qu’Agamemnon fait de son esclave à son épouse ; et exprimer enfin diverses circonstances, de maniere qu’en disant au fonds la même chose qu’Homere, on la présentât cependant sous une idée conforme au goût du siécle. […] Hector ne fuit point d’abord avec ignominie ; il commence par proposer son traité qui est raisonnable et magnanime ; Achille, furieux qu’il est, ne répond à sa proposition, qu’en lui portant le premier coup.

1715. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Dans tous les cas nous nous verrons en Italie et je compte bien sur votre coup d’épaule qui sera rudement donné à en juger par les tours de force de Naples ; aussi rien qu’à l’idée de vous empoigner et de vous mettre aux pieds de maman, je pousse des cris. […] J’ai fait une longue conversation avec le prince Ouroussoff ; tout à coup le prince me dit : Voici les Ganz. — Tu te rappelles que j’ai donné le nom de Ganz aux deux princes allemands. […] On prétend que la belle musique ne se comprend pas du premier coup… Allons donc, ici on comprend tout de suite que c’est admirable et mélodique, malgré une orchestration très savante. […] … non, j’aurais l’air de me vanter, et vous apprendriez du coup que je suis de Marseille. […] Et l’attitude du prince pendant la nuit du coup d’État et sa politique est-elle assez en opposition avec celle de son cousin !

1716. (1887) Essais sur l’école romantique

Hugo, qui marche à la tête, a dû recevoir les plus rudes coups. […] Mais un prêtre qui aime la Esmeralda, Claude Frollo, arrête le capitaine de gendarmerie par un coup de poignard. […] Soit que ce grand événement eût tué d’un coup toutes mes sympathies pour les effets de style, soit qu’il m’eût vieilli, je vis que l’indifférence avait commencé avant que la foi eût été entière. […] Être très connu en province, c’est le coup de grâce d’un morceau de musique, c’est le coup de grâce d’un auteur, de même que c’est descendre du premier étage dans la rue, et du piano de Pape, dans l’orgue de Barbarie. […] Je dis ceci, non pour atténuer les coups que me prépare l’ingénieuse érudition de M. 

1717. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Au lieu du coup de massue herculéen, il décoche une chiquenaude. […] On peut, il est vrai, s’amuser à la vigueur quotidienne et un peu monotone des ironies de Bradamante, admirer la précision de ses attaques et le direct de ses coups. […] Tant que tout ne sera pas résolu d’un coup, tout sera toujours à recommencer. […] Or un jour Irène, en voulant se tuer d’un coup de revolver, réussissait à tuer son mari ; elle se jetait, toute sanglante, dans les bras de Luc, qui sur elle se refermaient. […] Je ne ferai plus à aucune d’entre vous l’aumône d’un coup de massue.

1718. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Nés avec le siècle majeur, ils ont trente ans l’année du coup d’État, l’année où le siècle se met en marche vers la soixantaine, où il devient vieux, désabusé, expérimenté, un peu cynique. […] Parfois procès paisible où la machine judiciaire fonctionne avec une régularité terne, mais parfois aussi cause célèbre où le réquisitoire et les plaidoiries soulèvent, au vent des coups de manche, de grandes passions publiques. […] Tout à coup son ombre, qui flotte un moment sur le pavé, fait lever la tête au chien de garde et lui arrache un rauque aboiement. L’oiseau se laisse tomber comme s’il était mort, prend un débris, donne un coup d’aile et remonte ; il s’élève en faisant de grands cercles ; arrivé très haut il se fixe. […] Il faut faire connaître ces coups d’aile par lesquels il s’y maintient.

1719. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Ce n’est pas une raison de venir brouiller l’histoire et de déplacer par un coup de force le centre d’une grande littérature. […] Et donc chaque jour que Dieu fait, il la roue de coups, pour qu’elle passe à pleurer le temps qu’il va passer aux champs. […] Car le moyen n’est-il pas bien ingénieux, en 1664, de détourner le coup, si par hasard Molière l’eût dirigé contre le célèbre institut ? […] Ai-je bien dit : les premiers coups ? […] En 1784, ces coups d’encensoir à Dubois ne laissèrent pas que d’embarrasser les éditeurs de Kehl, — Decroix, Condorcet, Beaumarchais.

1720. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Mais ce n’était pas le coup le plus douloureux que me préparait mon triste sort. […] « Peu après, mon cœur reçut encore un coup très sensible du même genre. […] Le coup, ayant traversé l’artère, le tua en peu de minutes, noyé dans une mare de sang.

1721. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

L’armée napolitaine, commandée, à Entrodocco, par un général mandataire des carbonari, se dispersa au premier coup de canon, hors de portée, d’un faible corps autrichien, dans les vignes. […] La fumée du coup de canon d’Entrodocco fit rentrer les carbonari dans l’ombre. […] Mais là, près de la tombe ou le grand cygne dort, Le vaisseau, tout à coup, tourne sa poupe au bord.

1722. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Pourquoi, encore un coup, la lumière de l’astre serait-elle perçue, l’intensité perçue, et l’extension non perçue ? […] Qu’un objet sur lequel nos yeux étaient fixés se meuve tout d’un coup rapidement, nous avons, même indépendamment de toute idée d’espace ou de mouvement, une certaine impression spécifique, très différente de celle que nous éprouvons en entendant le son ut, puis le son ré. […] Du moment que vous avez imaginé ou tracé la ligne, la relation est là devant vous, et devant votre interlocuteur. » Il faudra réfléchir sur cette impression pour en abstraire les caractères géométriques ; mais, encore un coup, avant d’être aperçue et réfléchie, la relation est sentie, grâce à un complexus de sensations simultanées ; et elle est sentie sous la forme déterminée de la ligne, qui seule la réalise et la constitue en fait.

1723. (1739) Vie de Molière

Le dénouement des Adelphes n’a nulle vraisemblance ; il n’est point dans la nature, qu’un vieillard qui a été soixante ans chagrin, sévère et avare, devienne tout à coup gai, complaisant et libéral. […] On ne songeait pas que si une tragédie est belle et intéressante, les entractes de musique doivent en devenir froids ; et que si les intermèdes sont brillants, l’oreille a peine à revenir tout d’un coup du charme de la musique à la simple déclamation. […] Mais Cottin était bien loin de pouvoir se soutenir contre de telles attaques : on dit qu’il fut si accablé de ce dernier coup, qu’il tomba dans une mélancolie qui le conduisit au tombeau.

1724. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Des hommes jusque-là jugés incapables se rendaient utiles ; des hommes jusque-là distingués se trouvaient tout à coup confondus ; des hommes regardés comme les ressources de l’État se trouvaient inutiles ; et toutes les âmes ambitieuses de gloire furent forcées de se contenter d’un reflet de sa gloire.  […] » (Les Œuvres littéraires de Lebrun ne consistaient qu’en des traductions d’Homère et du Tasse.) — Bonaparte : « Je verrai ses épîtres dédicatoires. » — Moi, en riant : « Pour le coup, voilà une curiosité à laquelle je ne m’attendais pas.

1725. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Boissonade dans le Journal de l’Empire, articles que, dans sa modestie, il signait de la dernière lettre de l’alphabet grec, d’un fi, n’ont pas et n’eurent jamais l’importance qu’on leur prête aujourd’hui après coup ; ils n’obtinrent jamais le succès et la vogue, plus ou moins mérités, qui s’attachaient dans le temps aux articles des Geoffroy, des Dussault, des Feletz, des Hoffman ; ils ne sont pas toute la critique littéraire du premier Empire ; que dis-je ? […] Boissonade savait le grec comme je viens de le définir, et à ce titre (n’en déplaise au grand Molière), il méritait sinon les baisers des belles, du moins tous les respects et le plus humble coup de chapeau des profanes ou demi-profanes.

1726. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Les premiers coups sont les siens, et ceux du comte don Gomez. […] » Dans le testament du Cid, on lui fait dire, à l’un des articles ; « Item, je veux qu’on donne aux Juifs que je trompai, étant pauvre, un coffre plein d’argent du même poids que celui qui était rempli de sable. » Enfin, un poète moderne fait dire à la fille du Cid, pour le justifier à ce sujet des deux coffres : « L’or de votre parole était dedans. » Ce sont là de beaux anachronismes, des arrangements après coup, et l’auteur du poème n’avait pas eu tant de scrupule en montrant tout d’abord son Cid fin et rusé comme Ulysse.

1727. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

En présence de ce sort nouveau et aventureux qui attendait les poèmes homériques, ainsi lancés derechef à travers tous les périls de la critique sur le vaste océan des conjectures, un admirateur attristé du vieil Homère, se voyant arraché tout à coup à ses habitudes, aurait pu, par contraste, adresser aux amis de Virgile ces paroles de félicitation empruntées au poète lui-même : Vivite felices, quibus est fortuna peracta Iam sua ; nos alia ex aliis in fata vocamur. […] Seulement cette répétition qui, chez Homère faisant parler Hector, accentuait un sentiment héroïque et belliqueux, Virgile, qui n’oublie rien et qui ne fait rien comme un autre, Virgile, en s’en emparant, la transpose aussitôt sur le mode sensible et pathétique ; il la dépayse si je puis dire, pour qu’elle ne soit pas trop reconnaissable : voilà un des traits de son art ; le coup de clairon redoublé est devenu, grâce à lui, un écho de flûte plaintive ; il a soin de le reporter, ainsi adouci, et de le confondre dans son imitation du guerrier mort, gisant si loin de son berceau : cette imitation s’en relève et prend un tour original qui n’est plus de l’Homère : c’est du Virgile, et l’on a un admirable exemple de plus du genre de beauté poétique qui lui est propre et qui se désigne de son nom.

1728. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Si le mouvement de Ney s’était opéré tout entier dans le premier sens et avec la vigueur que l’illustre maréchal avait déployée en tant d’autres rencontres, le résultat de la victoire de Bautzen eût été bien différent : « c’eût été, ni plus ni moins, un mouvement entièrement semblable à celui que Blucher exécuta plus tard contre nous à Waterloo. » La paix, du coup, eût pu être conquise. […] Une lettre de Jomini, écrite sous le coup de cet affront, nous peindra mieux que tout l’exaltation de sa douleur et de son désespoir : « Liegnitz, le 24 juin 1813.)

1729. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Il y a des duretés de mots et d’images15 ; il y a de ternes et pénibles endroits16, des invasions du style doctrinaire et rationnel17, qui font que tout d’un coup la transparence a cessé. […] Combien d’heureux traits d’une concision ingénieuse, où la pensée se double, en quelque sorte, dans l’expression, et fait deux coups d’un même jet !

1730. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

. — On a imprimé dans je ne sais quel livre d’Ana, que Prévost étant tombé amoureux d’une dame, à Hesdin probablement, son père, qui voyait cette intrigue de mauvais œil, alla un soir à la porte de la dame pour morigéner son fils au passage, et que celui-ci, dans la rapidité du mouvement qu’il fit pour s’échapper, heurta si violemment son père que le vieillard mourut des suites du coup. […] Pendant qu’il est captif en Turquie, son maître Salem veut le convertir au Coran ; et comme le marquis, en bon chrétien, s’élève contre l’impureté sensuelle sanctionnée par Mahomet, Salem lui fait le raisonnement que voici : « Dieu, n’ayant pas voulu tout d’un coup se communiquer aux hommes, ne s’est d’abord fait connoître à eux que par des figures.

1731. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Encore un coup, messieurs, n’entrez point dans cette voie : ne sonnez point le tocsin pour si peu. […] « J’ai dû ne pas rester sous le coup d’une semblable apostrophe, qui avait eu du retentissement : j’en ai pris acte dans la séance du 25 juin.

1732. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Quand on a voulu donner une idée de la vie à venir, on a dit que l’esprit de l’homme retournerait dans le sein de son Créateur ; c’était peindre quelque chose de l’émotion qu’on éprouve, lorsque après les longs égarements des passions, on entend tout à coup cette magnifique langue de la vertu, de la fierté, de la pitié, et qu’on trouve encore que son âme entière y est sensible. […] L’infortuné qui, par le concours de quelques calomnies propagées, est tout à coup généralement accusé, serait presque aussi lui-même dans la situation d’un vrai coupable, s’il ne trouvait quelques secours dans ces écrits qui l’aident à se reconnaître, qui lui font croire à ses pareils, et lui donnent l’assurance que, dans quelques lieux de la terre, il a existé des êtres qui s’attendriraient sur lui, et le plaindraient avec affection, s’il pouvait s’adresser à eux.

1733. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Il est admis que, d’elle-même et par sa propre force, la théorie engendre la pratique, et qu’il suffit aux hommes de décréter ou d’accepter le pacte social pour acquérir du même coup la capacité de le comprendre et la volonté de l’accomplir. […] Pour diriger et limiter ses coups, on emploie divers mécanismes, constitution préalable, division des pouvoirs, code, tribunaux, formes légales.

1734. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Ce coup d’État sanglant de Saül contre ceux qui l’ont élevé à la souveraineté ne fait qu’exaspérer la situation. […] Il donne ainsi à sa puissante imagination des coups d’aile qui le font perdre de vue dans l’éther, et qui le transportent d’un sujet à l’autre et d’une image à une autre avec la rapidité et l’éblouissement de l’éclair.

1735. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Toujours nasardes coups, tombent sur ces pauvres diables : ils sont bernés ; ils sont nigauds ; ils sont vulgaires. […] La Réforme leur porta un coup mortel : n’ayant pas su s’élever à l’art, ils excitèrent, par la plate familiarité ou le réalisme bouffon de leurs drames, la raillerie scandalisée des protestants, la défiance et l’hostilité des catholiques.

1736. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Il a bien joué le coup de la grandeur d’âme : les compensations attendues lui sont données, de riches abbayes, dont Saint-Denis. […] La voilà chargée d’élever les enfants de Mme de Montespan : c’est le coup de fortune, qui change sa vie.

1737. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Quand son portefeuille a été assez rempli, l’auteur a classé ses notes sous différents titres, trouvés après coup. […] Dès qu’une âme a l’air de se libérer, ou simplement de se retrancher, il s’échappe de cette douceur une dureté écrasante, qui se dissimule aussitôt le coup porté.

1738. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Surtout Dumas a le sens de l’action : en dépit de la sentimentalité romantique, il fait agir plus encore que parler ses personnages ; les situations s’accumulent, les intrigues se croisent, les coups de théâtre se chassent. […] J’en pourrais presque dire autant de Ponsard807, dont le succès sembla donner le coup mortel au théâtre de la nouvelle école.

1739. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Ceux qui avaient applaudi sur le passage du parlement marchant de la grand’chambre au Louvre après ce coup d’État, n’étaient pas, disait-on, cette foule qui bat des mêmes mains à ce qui s’élève et à ce qui tombe ; c’étaient les gens de bien, les sages. […] Je doute fort qu’en fait de peines proportionnées aux délits, on aille jusqu’à condamner l’incendiaire, « qu’on brûlait, dit Voltaire, en cérémonie », à rebâtir la grange incendiée, puis « à veiller toute sa vie, chargé de chaînes et de coups de fouet, à la sûreté de toutes les granges du voisinage. » Je doute qu’on imagine jamais de punir le faux monnayeur, en le forçant de fabriquer toute sa vie en prison la monnaie de l’État ; le faussaire, en le contraignant à copier de bons ouvrages, ou à transcrire sa sentence sur les registres des juges.

1740. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Pour l’homme à qui manquerait tout à coup l’enseignement du passé, le plus pressant serait de retrouver sa raison et son cœur, et c’est là tout d’abord ce qu’il retrouverait dans le livre de génie. […] Ni les ardeurs combattues de Didon, ni les langueurs d’Épicharis n’ôtent du prix à la peinture de Virginie perdant la sérénité et le sourire, gaie tout à coup sans joie et triste sans chagrin, n’osant plus arrêter ses yeux sur ceux de Paul, se dérobant à ses caresses qu’autrefois elle cherchait, s’éloignant de la maison, fuyant dans la solitude pour éviter Paul et ne s’y trouvant que plus en sa présence ; puis revenant auprès de sa mère, « pour lui demander un abri contre elle-même », et se dérober dans son sein à l’image aimée dont elle n’ose plus parler.

1741. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Mais Paul est là pour relever l’outrage et étrenner son premier amour du premier coup de sa jeune épée. […] Elle fait l’ouvrage de la conspiration avortée, cette clameur terrible, elle porte le coup, elle vise au cœur, elle frappe, elle tue, on voit la victime.

1742. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

C’est comme si, dans l’Antigone de Sophocle, un jeune homme du chœur sortait tout à coup des rangs, transporté de pitié pour la noble vierge, invectivait le tyran au nom de la victime, et méritait que Créon l’envoyât mourir avec elle. […] Mais, tout à coup, devant les yeux lui repasse l’image des horreurs publiques, et alors le sentiment vertueux et stoïque revient dominer le sentiment poétique et tendre.

1743. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Si, par bonheur, les différences sont nulles, si les deux pensées coïncident exactement, l’expression provisoire est acceptée à titre définitif, la pensée nouvelle a rencontré du premier coup sa vraie formule ; c’est là le cas de l’inspiration ; mais l’inspiration, nous l’avons montré, n’est d’ordinaire que le terme d’une réflexion oubliée249. […] Plus une pensée est banale, plus facilement elle s’exprime ; plus elle est neuve, moins de chances elle a d’être énoncée vite et bien ; dire cela, c’est formuler une loi psychologique indiscutable ; mais dire que les penseurs le plus originaux sont des écrivains barbares, tandis que les maîtres du style sont les apôtres du sens commun, et qu’en général les qualités du style sont en raison inverse de la pénétration de la pensée, c’est formuler une loi d’éthologie ; or les lois de cet ordre ne sont jamais vraies qu’entre certaines limites et souffrent toujours un certain nombre d’exceptions ; il y a des esprits médiocres qui cherchent leurs mots et ne trouvent pas ceux qu’il faudrait ; il y a des esprits inventifs qui les trouvent promptement et chez lesquels ils se combinent heureusement du premier coup.

1744. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Vous vous rappelez la célèbre fable où l’on voit un paysan, un rustre, un sauvage, presque, qui crible de coups de cognée son arbre parce qu’il a vu un autre émonder le sien. […] Alors l’âne qui, ici, comme toujours dans la Fontaine, est un sot, va aussi présenter sa patte au maître, et on sait comme il a été accueilli, et quels coups de Martin-Bâton ont été la récompense, ou plutôt la punition de son incartade.

1745. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

L’être abstrait qui était en moi tombe à petits coups. […] Néanmoins, je me rends bien compte que notre rôle de chef de section est extrêmement périlleux : conduire des hommes au combat, c’est se désigner aux coups.

1746. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Si tous les mouvements de l’univers s’accéléraient tout à coup dans la même proportion, y compris celui qui sert de mesure au temps, il y aurait quelque chose de changé pour une conscience qui ne serait pas solidaire des mouvements moléculaires intra-cérébraux ; entre le lever et le coucher du soleil elle ne recevrait pas le même enrichissement ; elle constaterait donc un changement ; même, l’hypothèse d’une accélération simultanée de tous les mouvements de l’univers n’a de sens que si l’on se figure une conscience spectatrice dont la durée toute qualitative comporte le plus ou le moins sans être pour cela accessible à la mesure 22. […] S’il n’en a aucune, se réduisant à un point qui change indéfiniment de qualité, on peut supposer que la rapidité de succession des qualités devienne infinie et que ces points de qualité soient donnés tout d’un coup, pourvu qu’à ce monde sans dimension on apporte une ligne où les points se juxtaposent.

1747. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

. — Il se prépare ici une saison assez littéraire, assez poétique même : nous allons avoir dans une quinzaine un volume lyrique de Hugo ; il y aura des vers d’amour ; malgré toutes les hésitations, il se décide à son coup de tête, et bien que ce soit une unité de plus qu’il brise dans sa vie poétique (l’unité domestiqueaprès à politique et la religieuse), peu importe à nous autres frondeurs des unités et au public qui ne s’en soucie plus guère : les beaux vers, comme seront les siens, je n’en doute pas, couvriront et glorifieront le péché.

1748. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

La vie, le sentiment de la réalité, y respirent ; de frais paysages, l’intelligence poétique symbolique de la nature, une conversation animée et sur tous les tons, l’existence sociale du xviiie  siècle dans toute sa délicatesse et sa liberté, des figures déjà connues et d’autres qui le sont du moment qu’il les peint, d’Holbach et le père Hoop, Grimm et Leroy, Galiani le cynique ; puis ces femmes qui entendent le mot pour rire et qui toutefois savent aimer plus et mieux qu’on ne prétend ; la tendre et voluptueuse madame d’Épinay, la poitrine à demi nue, des boucles éparses sur la gorge et sur ses épaules, les autres retenues avec un cordon bleu qui lui serre le front, la bouche entr’ouverte aux paroles de Grimm, et les yeux chargés de langueurs ; madame d’Houdetot, si charmante après boire, et qui s’enivrait si spirituellement à table avec le vin blanc que buvait son voisin ; madame d’Aine, gaie, grasse et rieuse, toujours aux prises avec le père Hoop, et madame d’Holbach, si fine et si belle, au teint vermeil, coiffée en cheveux, avec une espèce d’habit de marmotte, d’un taffetas rouge couvert partout d’une gaze à travers la blancheur de laquelle on voyait percer çà et là la couleur de rose ; et au milieu de tout ce monde une causerie si mélangée, parfois frivole, souvent souillée d’agréables ordures, et tout d’un coup redevenant si sublime ; des entretiens d’art, de poésie, de philosophie et d’amour ; la grandeur et la vanité de la gloire, le cœur humain et ses abîmes, les nations diverses et leurs mœurs, la nature et ce que peut être Dieu, l’espace et le temps, la mort et la vie ; puis, plus au fond encore et plus avant dans l’âme de notre philosophe, l’amitié de Grimm et l’amour de Sophie ; cet amour chez Diderot, aussi vrai, aussi pur, aussi idéal par moments que l’amour dans le sens éthéré de Dante, de Pétrarque ou de notre Lamartine ; cet amour dominant et effaçant tout le reste, se complaisant en lui-même et en ses fraîches images ; laissant là plus d’une fois la philosophie, les salons et tous ces raffinements de la pensée et du bien-être, pour des souvenirs bourgeois de la maison paternelle, de la famille, du coin du feu de province ou du toit champêtre d’un bon curé, à peu près comme fera plus tard Werther amoureux de Charlotte : voilà, et avec mille autres accidents encore, ce qu’on rencontre à chaque ligne dans ces lettres délicieuses, véritable trésor retrouvé ; voilà ce qui émeut, pénètre et attendrit ; ce qui nous initie à l’intérieur le plus secret de Diderot, et nous le fait comprendre, aimer, à la façon qu’il aurait voulu, comme s’il était vivant, comme si nous l’avions pratiqué.

1749. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

puisque j’en suis sur les conjectures hasardées après coup sur le génie de Racine, n’ai-je pas prétendu quelque part qu’il était bien plus propre à l’élégie, au lyrique, qu’au dramatique, et qu’en d’autres circonstances il se fût aisément passé du théâtre pour s’adonner à la poésie méditative et personnelle !

1750. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Si vous dites, pour citer une théorie qui jouit aujourd’hui d’une faveur incroyable, non seulement parmi les pauvres sols tout éplorés qu’Alfred de Musset traîne à ses talons, mais auprès des esprits les plus graves de notre époque, si vous dites que le vrai poète doit être une espèce de don Juan fatal, victime prédestinée de cet insatiable besoin d’aimer qu’on appelle le génie, et semblable au pélican qui donne à ses petits son propre cœur en pâture, s’il vous plaît de répéter cette déclamation, nous vous laisserons faire, et, quand vous aurez fini, nous vous rappellerons simplement l’admirable possession de soi d’un Cervantes et surtout d’un Shakespeare, qui dans la force de l’âge et du talent, cesse tout à coup d’écrire et se met à cultiver son jardin, comme Candide, après avoir eu la tête traversée par un effroyable torrent d’idées et d’images, dont quelques flots auraient suffi pour faire perdre l’équilibre à la plus ferme de nos cervelles.

1751. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Note sur les éléments et la formation de l’idée du moi » pp. 465-474

Mais, comme presque toujours la maladie arrive brusquement, l’effet est immense ; on ne peut mieux comparer l’état du patient qu’à celui d’une chenille qui, gardant toutes ses idées et tous ses souvenirs de chenille, deviendrait tout d’un coup papillon avec les sens et les sensations d’un papillon.

1752. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

quels maîtres coups de corne administrés au goût, à la raison, au sens véritable des choses !

1753. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

Les nouveaux venus, trop fiers pour acheter à coups de bassesses et de servilisme la place qu’on leur refusait, trop pressés d’agir pour se mettre à la file et attendre que la vieillesse ou la mort leur eût ménagé des vides, résolurent de marcher au combat avec leurs propres armes, créées de toutes pièces.

1754. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

Ce n’est pas ce que l’homme mange qui le souille, mais ce qui sort de son cœur. » Les pharisiens, propagateurs de ces momeries, étaient le point de mire de tous ses coups.

1755. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

Il est des cas où le cours régulier des choses est interrompu brusquement ; où chaque génération veut un régime refait à son gré et brise d’un coup violent la chaîne des traditions.

1756. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Les cas de ressemblance physique entre père et fils, oncle et neveu, grand-père et petit-fils sont des plus fréquents : de même aussi goûts et façons de sentir se transmettent d’une génération à une autre ; un ancêtre revit et agit tout à coup dans quelqu’un de ses descendants.

1757. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Mais tout à coup éclate ce couac anachronique : « Il a dû naguère, à Guernesey, s’amuser beaucoup des journaux religieux, qui annonçaient, avec une douce charité chrétienne, que, frappé par Dieu dans son orgueil, Victor Hugo venait d’être atteint de folie. » Et Claretie nous raconte encore, en plein 1902 : « On entourait le poète qui, souriant devant cette mort, qui n’est heureusement pas près de le toucher, disait parfois avec sa gaîté robuste : — Il est peut-être temps de désencombrer mon siècle. » Que contiennent ces vieux articles mal repeints que Claretie et Fasquelle nous vendent honnêtement pour du neuf ?

1758. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

On admiroit ces coups de maître où le fils le plus amoureux sacrifie son amante à son père ; où ce même fils entre chez sa maîtresse qui vient de promettre sa main au vainqueur de son amant.

1759. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Ils prononcèrent le Latin comme ils crurent devoir le faire, & engagèrent à un coup d’éclat un jeune bachelier, plus ardent encore qu’eux pour la nouvelle prononciation.

1760. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Tous les citoyens devant être appelés à coopérer aux jugements criminels, vous ne pouvez éviter que quelques-uns de ceux qui seront obligés de remplir ces redoutables fonctions n’aient, avec le développement des opinions actuelles, une répugnance invincible à prononcer le sinistre arrêt qui va priver de la vie un de leurs semblables, et le jeter ainsi tout à coup en la présence de Dieu ; vous ne pouvez éviter que quelques-uns de ces citoyens d’une haute conscience ou d’une conscience timorée, secouant, comme on est disposé à le faire, le joug de l’autorité, et se croyant ainsi le droit d’examiner les limites du pouvoir de la société, lui refusent ou lui contestent celui d’ôter irrévocablement le repentir au coupable, et peut-être, chose affreuse à penser !

1761. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

L’ironie, qui n’était qu’énorme et difforme jusque-là, tout à coup devient monstrueuse et anthropophage.

1762. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Saint Thomas d’Aquin ne serait donc qu’un tome second d’Aristote, si le théologien, l’homme de la science surnaturelle, ne le frappait pas tout à coup d’une différence sublime, — empreinte éternelle qui empêchera désormais les siècles de confondre cette tête rase de moine avec la tête aux cheveux courts de la médaille du Stagyrite.

1763. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Gervinus n’a pas le brillant coup de batte de Macaulay, qui a été un peu, ce jour-là, l’arlequin de l’histoire.

1764. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Enfantin représente la foi, la volonté, le consentement de plusieurs, en faisant la déclaration scandaleuse qu’il vient d’opposer tout à coup à l’enseignement d’un prêtre catholique, orthodoxe et respecté, nous dirons qu’il nous importe, à nous chrétiens, de savoir le danger qui nous menace, et si tout cela, comme nous le pensons bien plutôt, n’est que rêverie de visionnaire attardé qui ne peut guérir de son mal de jeunesse, il importe qu’on le sache aussi, afin que justice soit faite encore une fois de cette folie qui repousse, après vingt-trois ans, comme un polype indestructible, dans les têtes dont on le croyait arraché, et qu’enfin on n’y revienne plus !

1765. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Son volume retardé a paru enfin, et presque au moment où lui disparaissait, arraché par une mort douloureuse et soudaine à son œuvre achevée ; et voilà comment les sons mélancoliques du Couvre-feu 25 ont pris tout à coup la tristesse profonde d’une agonie !

1766. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

Il avait fait déjà sentir son doigt lors de Colombes et Couleuvres, et c’est sous le premier coup de ce doigt qu’avait jailli un talent qui nous étonna.

1767. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Et la préoccupation le tient si fort que tout à coup l’échelle devient son image favorite et qu’il nous parle de l’échelle du sourire d’or de la femme, sur lequel il escalade le ciel.

1768. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Leur pensée éveillée a-t-elle en sa tristesse Devancé chaque coup qui les frappe et les blesse ?

1769. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

Ils étaient les chefs d’une société dite des Frères bleus, qui voulurent reprendre la conspiration de Malet et porter à l’Empereur Napoléon et à l’Empire le coup que ce général avait manqué.

1770. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Nous avons prouvé que l’idée de l’égalité résulte logiquement des transformations réelles de nos sociétés ; ce n’est pas prouver du même coup qu’elle doit moralement les commander.

1771. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

Tout à coup il personnifie les lois, et suppose qu’au moment même où il va mettre les pieds hors de la prison pour s’enfuir, les lois lui apparaissent et lui crient : « Socrate, que fais-tu ?

1772. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

Aussi Grotius, plus érudit et plus éclairé que les deux autres, combat les jurisconsultes romains presque sur tous les points ; mais les coups qu’il leur porte ne frappent que l’air, puisque ces jurisconsultes ont établi leurs principes de justice sur la certitude de l’autorité du genre humain, et non sur l’autorité des hommes déjà éclairés.

1773. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Pour un coup de main mêlé d’un coup d’adresse il en valait un autre. […] Il y faisait entrer les gens du roi sans coup férir, par une habileté de maquignon. […] Sa vie devint une partie liée où tous les coups étaient prévus, et où même les incidents fortuits semblaient avoir été devinés, tant ils rentraient vite à une place comme toute prête dans le plan général. […] C’est qu’il était doué, d’abord ; c’est ensuite que tout en inventant sa théologie il faisait un effort plus grand encore peut-être pour la rendre populaire du même coup. […] Le succès fut grand et du premier coup, malgré les protestations des poètes de l’ancienne école, Ronsard fut salué comme une lumière nouvelle.

1774. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Voilà que je vous parle tout d’un coup comme à un confesseur : mais je vous sais si ami, si charitable, et c’est ceci, ce dernier point, qui est tout, et que le monde appelle vulgairement le cœur, qui est mort en moi. […] Je ne doute pas, au reste, qu’une synthèse très peu réfléchie n’ait dicté quelques-uns des plus beaux vers qu’on connaisse ; vers enfantés d’un coup, vers jetés en fonte et rapidement, pendant que leurs éléments confondus bouillonnaient encore. […] Pour arriver d’un coup jusqu’au sommet de sa pensée, il double la métaphore, il fait d’une image la racine d’une autre image, il élève le langage figuré à la seconde puissance. […] Mais il fallait, je crois, laisser faire l’inspiration, la nature ; c’était à la critique à rédiger, après coup, la théorie de cette poésie ; mais cette poésie ne devait pas s’annoncer comme une théorie. […] Les fées, divinités d’amour et de folie, murmurent à son oreille des mots séducteurs qui viennent, à tout coup, se jeter entre les mots languissants de la prière qu’elle balbutie.

1775. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

D’abord une brise sauvage commençait à siffler à son oreille, puis des lampes allumées tout à coup par une flamme magique, illuminaient la voûte de la nuit. […] Le voyageur rencontre tout à coup ces colonies de végétaux européens, avec leur port, leur costume étranger, leurs mœurs domestiques, au milieu des plantes natives et sauvages de ce climat lointain. […] Tout d’un coup il a pris la fuite avec une course rapide ; et plus vite qu’un faon de biche, il s’est élevé au-dessus des plus hautes montagnes 50. […] Dans un endroit, il s’écrie tout à coup : « Vive l’Éternel !  […] …………………………………………………… Qu’on voie encore un coup Pérouse désolée !

1776. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Mais ce que je trouve plus grave et beaucoup plus fâcheux, c’est que le comique de toutes ces pièces n’est pas franc ; l’espèce n’en est pas loyale, si je puis ainsi dire ; et trop souvent, ou presque à tout coup, je ne sais quels accents tragiques, ou du moins élégiaques, s’y mêlent inopportunément aux futilités de la conversation mondaine et aux traits de la satire. […] En déterminant le vrai caractère de la tragédie, le Cid avait dégagé de la tragi-comédie les deux espèces qui s’y trouvaient confusément mêlées ; il les avait séparées ou isolées l’une de l’autre ; et du même coup aussi, par exclusion, il avait déterminé le caractère de la vraie comédie. […] C’est à ce moment que paraît Tartufe, dont l’entrée, vous le savez, fait l’un des coups de théâtre les plus émouvants qu’il y ait. […] Vous lardez votre pièce, vous la piquez enfin de lazzis à l’italienne, bourrades et coups de poing, plaisanteries au gros sel, bouffonneries de haut goût ; vous remuez… vous dressez… vous parez… vous servez : c’est du Regnard ; ce sont les Folies amoureuses, que l’on vient de jouer devant vous. […] Il rapproche aussi les uns des autres tous les coups de théâtre, et il obtient ainsi comme qui dirait un premier dessin de mélodrame.

1777. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Ainsi un beau monument d’architecture enfoui parmi des masures va tout d’un coup resplendir si on détruit la gangue qui enserrait le diamant. […] Léopardi en était là, quand tout d’un coup son génie personnel lui fut révélé, et parurent alors ses Poèmes, puis ses Opuscules moraux. […] Elle sert aux personnes simples à différencier du premier coup l’homme des animaux : les animaux ont l’instinct ; l’homme a l’intelligence. […] Flaubert est arrivé, à force de travail, à la dureté précise que Molière trouvait du premier coup. […] La véritable partition commence ici et tout d’un coup s’annonce par un coup de tonnerre. « Le son a, dit-elle, n’est guère noté d’une façon irrégulière que dans femme. » Si la Commission passait résignée à une exception unique et qui porte sur un des mots de la langue les plus souvent prononcés, il n’y aurait pas de coup de tonnerre.

1778. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Tacite a de grandes et d’admirables parties, mais il en a dans l’ordinaire de bien dures et de bien denses ; il veut mettre partout des profondeurs ; quand la pensée est si pressée d’intervenir à tout coup, les faits s’en accommodent comme ils peuvent, et ils sont véritablement à la gêne.

1779. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Je ne sais qui a dit : « Saint-Victor a une coupe d’or : tout ce qu’il y verse devient brillant. » Sa plume encore est comme une épée qui n’est pas faite pour les humbles besognes de chaque jour : il lui faut à tout coup un exploit.

1780. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Ses premiers mécomptes, la manière naturelle et facile dont Raymon les répare, dont il la fascine et l’enchante ; l’éclair sinistre qu’un mot de sir Ralph sur l’aventure de Noun jette dans l’esprit d’Indiana, le coup qu’elle en reçoit et qu’elle rend à Raymon ; sa croyance en lui, malgré la découverte, sa résolution de fuir avec lui, de se réfugier chez lui, plutôt que de suivre son mari au départ ; cet abandon immense, généreux, inébranlable, sans souci de l’opinion, sans remords, et mêlé pourtant d’un superstitieux refus ; toute cette analyse vivante est d’une vérité, d’une observation profonde et irrécusable, qu’on ne saurait assez louer.

1781. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

tout d’un coup le voile se déchire, et je m’aperçois que ce que je désirais sous une forme équivoque est quelque chose de naturel et de pur, c’est un regret qui s’éveille, c’est de n’avoir pas à moi, comme je l’aurais pu, une fille de quinze ans qui ferait aujourd’hui la chaste joie d’un père et qui remplirait ce cœur de voluptés permises, au lieu des continuels égarements.

1782. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Fiévée, le principe monarchique a été conduit à nous montrer que sa dernière conséquence se tirait à coups de canon, et il a disparu au milieu de la fumée.

1783. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

On entend par ce mot tout ce qui est non pas extraordinaire, mais merveilleux, tout ce qui est hors de la possibilité naturelle, tout ce qui n’arrive pas, les combinaisons trop ajustées d’événements, les rencontres trop heureuses du hasard, les coups de vertu ou de passion inexpliqués dans leur grandeur, les perfections et les bonheurs incroyables dans leur continuité.

1784. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Et littérairement Calvin est toujours sous le coup de cette condamnation.

1785. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Et qui sont ceux à qui Despréaux a porté les plus rudes coups ?

1786. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

A peine eut-il fermé les yeux à la lumière, que le premier soin du zélé confident de tous ses secrets fut de ménager à la tendre Héloïse le coup qu’elle alloit ressentir.

1787. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Mais tous les coups qu’on se porta, tous les écrits qu’on publia, furent, ainsi que plusieurs démentis formels, donnés en pure perte.

1788. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

On sçait la maxime qui défend aux peintres de laisser écouler un jour entier sans donner quelque coup de pinceau : maxime qu’on applique communément à toutes les professions ; tant on la trouve judicieuse.

1789. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Vous voulez, lui dirais-je, former un enfant qui doit vivre parmi des magots, et vous voulez en faire un géant : cela n’est pas praticable ; le géant choquera les magots, qui se réuniront tous contre lui, et le chasseront de chez eux à coups de pierre.

1790. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Mais cette réimpression n’en est pas moins intelligente, comme toute réimpression d’œuvres complètes, qui ramène sous le regard, en une seule fois, les forces éparpillées d’un esprit qu’il s’agit de juger définitivement, et qui peut être aussi regardée comme le dernier coup de sonde donné à l’opinion publique.

1791. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

Donoso Cortès n’avait pas prévu davantage que l’Empire, sorti d’un coup d’État et qu’il a bien jugé dans son effet immédiat, serait un temps d’arrêt infligé, pendant dix-huit ans, à la Révolution, qui n’a vaincu que parce que l’Empire, mal inspiré, après l’avoir été si bien, s’est lâchement abandonné à elle.

1792. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

C’est, en effet, le vide, que son livre, le vide agité par les coups de chapeau d’un homme qui salue perpétuellement, avec la plus rare politesse, et dont le langage, beaucoup trop vanté par Livet, n’a qu’une gravité monotone.

1793. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Dans ce siècle, dont la langue ressemble à une charmille taillée de Versailles, je ne connais qu’un homme qui aurait pu traduire Hérodote, s’il l’avait voulu : c’est le traducteur d’Anacréon qui, d’un coup de sa baguette gauloise, a transfiguré, à ravir les Grecs s’ils avaient pu l’entendre, L’Amour mouillé, ce chef-d’œuvre, en ce double chef-d’œuvre : J’étais couché mollement, Et, contre mon ordinaire, Je dormais tranquillement, Quand un enfant s’en vint faire À ma porte quelque bruit : Il pleuvait fort cette nuit, etc., etc.

1794. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Alors, Dieu vient se mêler à la destinée individuelle ou sociale, en vertu des lois de sa création, mais c’est comme la conclusion inévitable d’un syllogisme, dont les prémisses ont été posées par l’homme, et qui se referme tout à coup sur sa liberté et la brise.

1795. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Enfin, quoi de plus ordinaire, dans la vie des femmes comme Laïs, que la passion longtemps bravée et méprisée les saisissant tout à coup, quand la vieillesse, cet affreux cancer, vient dévorer la beauté dont elles furent si vaines ?

1796. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Fusilier militaire qui tire toujours juste quand il tire, comme sur son front de bandière, à hauteur d’homme, mais qui manque son coup et ne touche pas, quand il vise plus haut.

1797. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Ainsi, par exemple, dans cette Histoire de Philippe II, il est naturellement — et comme il doit l’être, lui, — contre l’Inquisition ; mais il n’a aucune des furies de la peur après coup de ces drôles que les temps modernes, et l’Église elle-même, ont délivrés du feu que dans d’autres temps ils auraient pu craindre.

1798. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Il l’a postjugée comme Mallet-Dupan l’avait préjugée, mais il l’a jugée, après coup, avec une telle puissance, qu’on peut dire qu’il lui a fallu autant de sagacité pour tirer de l’histoire du passé des conclusions éternelles, que pour prévoir l’avenir et en deviner les événements.

1799. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Saisset n’a jamais tué personne, elle n’est meurtrière que de vérité ; mais elle va mourir au milieu d’ennemis chaque jour plus nombreux, plus prompts aux coups et plus puissants… Parmi eux, bien entendu, le Catholicisme est là qui la presse, et non pas seulement le Catholicisme farouche, haineux, théocratique et rétrograde, que hait modestement M. 

1800. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

Simon, c’est la substitution d’un théophilanthropisme, nominalement religieux, aux religions qui furent jusqu’ici l’honneur et la force morale du monde, et c’est cette substitution, qu’il est bon de réaliser sans coup férir et sans danger, sans éveiller les justes susceptibilités de ces religions puissantes encore et en leur témoignant tous les respects !

1801. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Qu’on rétablisse les assemblées corporatives, dans lesquelles l’activité humaine trouvera une légitime expansion, et du même coup, sans déchirement, sans violence, on aura supprimé les dangers des clubs.

1802. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Or, je l’avouerai, cette Histoire des Histoires de Mahomet m’a impatienté, non lorsque je la lisais, mais après coup, quand elle a été entièrement lue et que j’ai songé à ce que l’auteur aurait pu faire, s’il n’avait pas eu au cou son collier de chien d’Académie, dont l’esprit qui le met reste toujours un peu pelé, comme le cou du chien.

1803. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

La forme en est sobre et très mâle, et d’une simplicité si forte que ce n’est qu’après coup et à la réflexion qu’on s’aperçoit de la puissance de cette simplicité.

1804. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Et quand il s’agit de se prononcer sur la valeur du système représentatif qui règne à présent sur le monde, Armand Hayem, qui sera quelque jour un homme politique, se dérobe une fois de plus, si bien qu’en résumé et partout, sur toutes les questions, son Mémoire, fait pour une académie devant laquelle il savait bien qu’il parlait et dont il a fait un livre après coup, n’est absolument rien de plus qu’une vaste pierre d’attente à base tremblante, et pourrait s’appeler, pour la peine de l’avoir écrit, la philosophie et la politique de l’ajournement.

1805. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Il n’a pas cessé d’être un vrai paysan, un vrai jaugeur de bière, écrivant, sous le coup de l’inspiration la plus désintéressée, ses admirables chansons de vieux ponts, de vieux diables et de vieux mendiants, pour les jeunes filles et les meuniers de sa patrie, et non pour les cercles choisis et savants de Londres et d’Edimbourg.

1806. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Elle ne demande pas contre ce pauvre jeune homme, qui est mort homme, le coup de colère d’une réaction.

1807. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

C’est sous le coup de cet éloquent (trop éloquent !)

1808. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

— Corneille, réfugié et monté dans la gloire et qui semblait inaccessible et invulnérable, reçut en plein cœur ce coup d’une pâle amour dédaignée et il n’en put guérir… Il avait cependant en lui de vigoureux dictames.

1809. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

C’est la confession d’un pasteur protestant qui devient un prêtre de l’Église romaine, sous le coup des malheurs dont il est cause et de ses remords.

1810. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

J’ai pensé enfin qu’Henriette serait tout le roman, mais il a fallu en rabattre quand j’ai vu ce caractère, soutenu jusque-là, s’affaisser tout à coup au dénoûment du livre et finir par la platitude ordinaire de l’inconséquence, de la faiblesse et de la consolation !

1811. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Alors il raconte qu’il était la veille chez Aspasie, et la conversation étant tombée sur le même sujet, cette femme, qui avait donné des leçons d’éloquence à Périclès, et qui alors en donnait à Socrate, se mit tout à coup à prononcer un éloge funèbre des guerriers, moitié fait sur-le-champ, moitié préparé.

1812. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Supposons que, après avoir répété plusieurs fois cette expérience, nous ayons tout d’un coup une expérience différente ; la série des sensations qui accompagnent le mouvement reçoit, sans intention ni attente de notre part, une terminaison abrupte. […] Selon la délicatesse du tissu musculaire, nous pouvons, après une pratique plus ou moins longue, acquérir des impressions distinctes pour chaque type de dimension, et alors décider tout d’un coup si une longueur donnée à quatre pouces ou quatre pouces et demi, neuf ou dix pouces, vingt ou vingt et un. […] Je crois que Calcutta existe, quoique je ne perçoive pas cette ville, et je crois qu’elle existerait encore si tout habitant capable de perception quittait tout d’un coup la place ou tombait mort.

1813. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Au commencement, Goethe avait respiré, comme toute l’Allemagne, avec quelque ivresse les idées démocratiques de la France ; il se flattait que la raison, triomphant du même coup de la monarchie absolue, de l’Église dominante et de la féodalité arriérée, allait créer un exemplaire d’institutions et de gouvernement qui servirait de modèle au monde moderne. […] XVI Une ombre tragique jetée tout à coup sur la jeunesse de Bettina accrut son amour en nourrissant sa mélancolie. […] Quant à l’histoire, à l’éloquence, au drame, qui demandent un langage clair comme le fait, évident comme le regard, rapide et foudroyant comme le coup du verbe humain sur l’âme, la France, l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne, le Portugal paraissent plus aptes à ces trois fonctions de la parole que l’Allemagne.

1814. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Combien de fois n’ai-je pas eu besoin de toutes les ruses de la défense pour parer des coups que ton adresse semblait rendre inévitables ! […] Cicéron prend sur lui d’achever le coup d’État contre la démagogie en immolant les complices de Catilina. […] On lui obéit ; il attend sans pâlir ses assassins ; il appuie son coude sur son genou, soutient son menton dans sa main, comme c’était son habitude de corps quand il méditait en repos dans le sénat ou dans sa bibliothèque, et, regardant d’un œil intrépide Hérennius et Popilius, il leur évite la peine de l’arracher de sa litière, et leur tend la gorge comme un homme qui, en allant au-devant du coup, va au-devant de l’immortalité.

1815. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Cette circonstance me détermina heureusement à renoncer pour toujours à ma patrie, et je trouvai enfin dans des chaînes d’or, qui tout à coup me retinrent doucement, cette liberté littéraire sans laquelle jamais je n’eusse fait rien de bon, si tant est que j’aie fait quelque chose de bon. […] Ce coup lui fut terrible : l’abandon de ce qui vous a aimé dans le malheur est le pire des malheurs. […] Personne ne répond à cet appel ; il frappe encore, il frappe à coups redoublés : même immobilité dans le vestibule.

1816. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Tout à coup, au lieu d’arriver par l’entremise du prélat Spina, comme cela s’était toujours pratiqué jusqu’alors, cette réponse fut apportée par M. de Cacault. […] Elle a duré douze heures consécutives, car elle se termina juste au coup de minuit. […] Tandis que ces nombreux personnages défilaient successivement, et que les cardinaux, confondus dans la foule et sans le moindre égard pour leur dignité, dévoraient ces humiliations en attendant que le héraut d’armes ou le maître des cérémonies, qui était à la porte, les appelât enfin, on vit tout d’un coup s’élancer de la salle du trône un officier chargé d’un ordre de l’empereur.

1817. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Le Dieu de Job, ne répondant à l’homme que par des coups de tonnerre, est très poétique, mais nullement épique. Il est trop fort, il écrase du premier coup. […] Je vis un jour un enfant quelque temps pensif, puis tout à coup affirmer sérieusement et avec un étrange caractère d’insistance qu’il avait vu quelques jours auparavant une tête humaine dans le soleil.

1818. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Wilder écrit : « S’il s’arrêtait sur moi, tout à coup radouci, l’œil du vieillard semblait se voiler d’une larme » (45)63. C’est sur « tout à coup radouci » que les modulations commencent ; le passage tourmenté se joue sous les mots « l’œil du vieillard semblait », et c’est sur les mots « se voiler d’une larme » que la musique se calme et retombe dans l’accord parfait de la tonique ! […] Les travestissements de drames joués sur cette scène seraient la mort de tout vrai wagnérisme ; et en même temps il est fort probable qu’elles porteraient un coup fatal à la musique dramatique française, Richard Wagner a toujours dit que son drame musical ne pourrait exercer une influence bienfaisante sur l’art français qu’en restant allemand et que « si l’on évitait la moindre prétention à vouloir le franciser »68.

1819. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

24 février Il y a juste vingt ans, vers une heure, du balcon que nous avions, rue des Capucines, je vis le chaudronnier d’en face, grimper très vite sur une échelle, et abattre à coups de marteau pressés, les mots du Roi qui suivaient le mot Chaudronnier. […] quand on m’a dit cela, ça m’a donné un grand coup… 19 juin Nous sommes dans cette vieille étude qui a vu presque toutes nos affaires de famille, dans ce cabinet au fond d’une cour de la rue Saint-Martin, dans ce cabinet gris et obscur aux boiseries blanches, aux rideaux verts derrière le grillage des portes d’armoires, et avec ses bustes de plâtre bronzé dans les niches des cintres. […] Nous avions assez de cette douche écossaise d’imbécile, mélangée de chaud et de froid, d’insolence inconsciente et de compliments grossiers, assez de cet entrepreneur routinier, faisant dans sa détresse un coup de tête, et voulant jouer un va-tout sur notre nom, mais tout ahuri, mais tout dépaysé de ne pas rencontrer son Bouchardy, son Dennery, dans une pièce de nous ; et nous trouvions vraiment ironique d’entendre cet homme, si près de sa faillite, parler de son public, ce public qui siffle au Châtelet, tout ce que cet animal de directeur « intelligent » s’échigne à lui choisir.

1820. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Il y a, au fond de cette distinction radicale entre les deux séries temporelle et spatiale, tant d’idées confuses ou mal ébauchées, tant d’hypothèses dénuées de toute valeur spéculative, que nous ne saurions en épuiser tout d’un coup l’analyse. […] L’espace nous fournit donc ainsi tout d’un coup le schème de notre avenir prochain ; et comme cet avenir doit s’écouler indéfiniment, l’espace qui le symbolise a pour propriété de demeurer, dans son immobilité, indéfiniment ouvert. […] D’ailleurs, une fois le souvenir relié à la perception, une multitude d’événements contigus au souvenir se rattacheraient du même coup à la perception, — multitude indéfinie, qui ne se limiterait qu’au point où l’on choisirait de l’arrêter.

1821. (1921) Esquisses critiques. Première série

Dans une catégorie plus spéciale, sous le coup d’un mouvement d’origine anglaise, se manifestait dans les arts décoratifs un courant de rénovation. […] Il est vrai qu’il est bien facile de pressentir après coup. […] Parfois il conte d’une manière allègre et rapide, puis le voici qui flâne et s’amuse aux détails dont il ne craint pas de s’encombrer ; tout à coup il élève la voix, peint à larges traits, et finit par des accords apaisés quand les catastrophes ou les badinages sont consommés. […] Claudel encore inconnu, eussent produit en leur temps une sorte de coup de théâtre, et ce grand nom mis par lui en lumière serait attaché au sien par le même lien qui unissait à celui de Mirbeau celui de M.  […] C’est un art enfin qui n’a jamais cherché à séduire, qui a méprisé tous les moyens de plaire, et dont on remarque tout à coup qu’il s’est, depuis longtemps, imposé.

1822. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Qu’on juge des coups qu’elle me porte par celui-ci. […] Ce Nestor, cet Ulysse, ce Diomede, qui sçavent relever si durement les fautes de leur général, quand ils les apperçoivent : les voilà tout à coup devenus stupides. […] L’éclat des armes, le nombre, l’obéïssance se supposent aisément, et il étoit question principalement du courage des grecs enflammé tout à coup par Minerve. […] Que demain les troyens renversez sous nos coups puissent à chaque instant le retrouver en nous. […] Faut-il, dit Ajax, que je perde mes coups ?

1823. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Boursault fut abasourdi du coup qu’il s’était attiré. […] Le peintre, qui jusque-là s’en était tenu à quelques coups de pinceau assez innocents, se crut alors tout à fait dispensé de timides ménagements, et, dans L’Impromptu de Versailles, livra leur jeu à la risée du parterre. […] Dom Juan du Festin de Pierre avait déjà porté de dangereux coups aux médecins. […] La vie continuellement dissipée de Chapelle leur avait déjà porté un coup funeste ; quelque froideur qui survint entre La Fontaine et Boileau les fit cesser entièrement. […] Rousseau, que pour y apporter le dernier coup de pinceau ; d’ailleurs le châtiment ne se fait pas longtemps attendre, et, dès les premiers vers que prononce l’exempt, le spectateur respire et son cœur se desserre.

1824. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Comme si l’on pouvait changer les hommes tout d’un coup, avec des lois et des décrets ! […] Tantôt il accumule les petites phrases courtes, où les répétitions de mots enfoncent une notion comme à coups de marteau. […] Ayant compris par l’attitude du juge de paix qu’il n’avait pas à compter sur la justice, Pélissier abat Nondédéo à coups de revolver. […] Il retire sa candidature, reçoit un coup de matraque en s’interposant en faveur d’un vieux juif que les partisans de Carmelo veulent assommer. […] Mais enfin il accomplit le coup d’État contre le cœur, contre les puissances de faiblesse et de vassalité.

1825. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

« Beauté, mon beau souci… » C’est le tout-puissant coup d’aile. […] Mauriac, dont c’est la plus chère théorie que les pires désordres favorisent éminemment la littérature et du même coup la religion. […] Après avoir gagné ou perdu, sans recours possible, il reste le plaisir de discuter les coups. […] Puis, coup de patte aux beylistes. […] Il se trouvera libre, tout à coup, sans avoir sauté le mur.

1826. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Les premiers coups échangés sont ensuite un motif suffisant de continuer, par rancune, indéfiniment. […] Il a, simplement, aimé l’échange des coups sous un prétexte ou sous un autre. […] Mais encore, on se battait à armes égales ou qui semblaient l’être, rendant coups pour coups et ne frappant que par souvenir d’avoir été frappé ou crainte de l’être. […] Ce fut le premier coup de cloche. […] Ils ne savaient pas qu’on ne détruit pas les religions tout d’un coup, ni même vite.

1827. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Je l’aime bien mieux âme vierge, si longtemps contenue et tout d’un coup trop dévorée, quand elle se livre à des perspectives infinies d’espérance pour ces neveux qu’elle ne verra pas, quand elle proclame avec larmes et ravissement sa foi sans réserve en celte religion de l’avenir si respectable à ceux même qui n’en distinguent pas bien le fondement. […] Excellent homme, empressé, exalté, un de ceux que la Révolution saisit du premier coup et enleva dans les airs comme des cerfs-volants, jusque-là d’une grande utilité domestique, l’idéal du famulus, il voulut plus tard agir et penser par lui-même et perdit la tête dans la mêlée, — c’est l’esprit que je veux dire ; car Marat, pour comble d’injure, Marat, son ex-confrère en médecine et qui l’avait apprécié sans haine, le fit rayer de la liste fatale, comme simple d’esprit81.

1828. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Quant à Voltaire, meneur infatigable, d’une aptitude d’action si merveilleuse, et philosophe pratique en ce sens, il s’inquiéta peu de construire ou même d’embrasser toute la théorie métaphysique d’alors ; il se tenait au plus clair, il courait au plus pressé, il visait au plus droit, ne perdant aucun de ses coups, harcelant de loin les hommes et les dieux, comme un Parthe, sous ses flèches sifflantes. […] Diderot fut cet homme ; Diderot, riche et fertile nature, ouverte à tous les germes, et les fécondant en son sein, les transformant presque au hasard par une force spontanée et confuse ; moule vaste et bouillonnant où tout se fond, où tout se broie, où tout fermente ; capacité la plus encyclopédique qui fût alors, mais capacité active, dévorante à la fois et vivifiante, animant, embrasant tout ce qui y tombe, et le renvoyant au dehors dans des torrents de flamme et aussi de fumée ; Diderot, passant d’une machine à bas qu’il démonte et décrit, aux creusets de d’Holbach et de Rouelle, aux considérations de Bordeu ; disséquant, s’il le veut, l’homme et ses sens aussi dextrement que Condillac, dédoublant le fil de cheveu le plus ténu sans qu’il se brise, puis tout d’un coup rentrant au sein de l’être, de l’espace, de la nature, et taillant en plein dans la grande géométrie métaphysique quelques larges lambeaux, quelques pages sublimes et lumineuses que Malebranche ou Leibnitz auraient pu signer avec orgueil s’ils n’eussent été chrétiens84 ; esprit d’intelligence, de hardiesse et de conjecture, alternant du fait à la rêverie, flottant de la majesté au cynisme, bon jusque dans son désordre, un peu mystique dans son incrédulité, et auquel il n’a manqué, comme à son siècle, pour avoir l’harmonie, qu’un rayon divin, un fiat lux, une idée régulatrice, un Dieu85.

1829. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Le vigoureux coup de collier d’éloquence qui avait enlevé la première ligne ne s’est pas renouvelé, — Il vient seulement de se renouveler ici, tout à l’heure. […] Je sais très-bien moi-même tout ce qui s’est passé depuis ; je sais surtout que les événements de 1848 ont été pour beaucoup d’esprits un coup de tonnerre qui les a fait se retourner et rebrousser chemin.

1830. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Il devient politique et, du même coup, il devient mécontent  Car, on ne peut le nier, ces affaires où il est si fort intéressé sont mal conduites. […] Leur froideur comme leur familiarité, leurs attentions comme leurs inattentions, sont des offenses, et sous ces millions de coups d’épingle, réels ou imaginaires, la poche au fiel s’emplit.

1831. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

LXIV Chateaubriand crut, comme un enfant, que le poëme épique pouvait renaître et conquérir un renom impérissable à son auteur, pourvu qu’il eût un grand talent ; il oublia du même coup le fond qui était la foi, et la forme qui était le vers, forme idéale et parfaite du langage humain. […] C’est l’inspiration, l’inspiration qui est à la langue ce que l’explosion est à la pensée, c’est-à-dire la force et la soudaineté intérieure du sentiment qui le fait jaillir en feu et en flamme dans une harmonie divine qui subjugue à la fois du même coup l’auditeur et le poëte.

1832. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Il y fallait être dur pour les gens ; il s’agissait de peindre l’espèce de méchants auxquels ressemblent ces chiens de village qui se jettent sur les chiens étrangers, et qui, … n’ayant en tête Qu’un intérêt de gueule, à cris, à coups de dents, Tous accompagnent ces passants Jusqu’aux confins du territoire68 . […] On sait comment il se tourna tout à coup vers « ces sources éternelles d’instruction et de vie79. » Esprit charmant par son ouverture et son abandon, qui ne cherche pas à se connaître, pour n’avoir pas à se gouverner, et qui se laisse avertir de lui par les autres ; pieux, s’il vient à ouvrir un livre de piété ; galant et presque précieux, quand il lit Voiture ; un ancien, quand il lit les anciens.

1833. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Elle semble s’en échapper comme à son insu, tant l’expression en est soudaine et naïve ; mais regardez bien : il y est amené par la raison, et ce qui éclate tout à coup dans son discours, c’est plutôt la force de la conviction que la surprise. […] Mais la fresque est pressante, et veut sans complaisance, Qu’un peintre s’accommode à son impatience ; Avec elle il n’est point de retour à tenter, Et tout au premier coup se doit exécuter191 .

1834. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Je ne conclus rien de là, sinon que l’effort inconscient vers le bien et le vrai qui est dans l’univers joue son coup de dé par chacun de nous. […] J’ai tant joui dans cette vie, que je n’ai vraiment pas le droit de réclamer une compensation d’outre-tombe ; c’est pour d’autres raisons que je me fâche parfois contre la mort ; elle est égalitaire à un degré qui m’irrite ; c’est une démocrate qui nous traite à coups de dynamite ; elle devrait au moins attendre, prendre notre heure, se mettre à notre disposition.

1835. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

On dirait un pâtre courant vers des brebis affolées, l’injure à la bouche, et les chassant, à coups de pierres vers la bergerie désertée. […] Le répons prolonge le verset, le tocsin bat sur ses parois avec une sonorité que chaque coup redouble, le sanglot qui monte est couvert par un sanglot plus bruyant encore.

1836. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Mais ce n’était là qu’une politesse du métaphysicien et un coup de chapeau pour la forme. […] Un passage très significatif encore, et qui s’était vérifié à ses yeux dans les luttes et les sanglantes défaites de parti dont il avait été témoin, est celui-ci : « … Semper nocuit differre paratis » (Quand on est prêt, c’est toujours un danger que de remettre un coup d’État).

1837. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Le plus souvent l’historien est comme le prophète après coup ; il cherche dans les mœurs, dans les lectures favorites, dans les circonstances de la vie les causes qui ont déterminé telle ou telle œuvre, et il ne s’aperçoit pas que toutes ces circonstances s’expliquent par les raisons mêmes qui ont produit l’œuvre : le génie intimement lié avec le caractère moral. […] En un mot, c’est toujours la réussite rare et précieuse, c’est le coup de défavorable qui fait gagner la partie.Un sociologiste remarquable par l’originalité des vues et la finesse de l’esprit, M. 

1838. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Il s’étonne lui-même de se voir jeté tout à coup par la tyrannie hors de l’existence obscure et paisible que le sort semblait lui avoir destinée. […] J’ai renoncé de même, mais avec plus de regret, à traduire ou à imiter une autre scène, dans laquelle Wallstein, commençant à se déshabiller sur le théâtre pour aller prendre du repos, voit se casser tout à coup la chaîne à laquelle est suspendu l’ordre de la Toison-d’Or.

1839. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

La solidarité est représentée, par exemple, par la colombe qui, pour sauver une fourmi, jette un brin d’herbe dans le ruisseau où la fourmi est tombée par mégarde, service que lui rend immédiatement la fourmi en piquant au talon un croquant qui voulait abattre la colombe d’un coup d’arbalète ; il se retourne et la colombe a le temps de s’enfuir. […] A ces qualités des bêtes La Fontaine ajoute encore la patience profonde, la résignation aux coups du sort, ce caractère de tranquillité devant la mort  non pas devant le danger, car l’animal sait se soustraire au danger  mais tranquillité, quiétude devant l’inévitable, que La Fontaine a marqué encore quelquefois de traits justes, profonds et tout à fait pathétiques.

1840. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

À ces yeux-là, il est donc démontré que Michelet, par amour d’un succès qu’il a trouvé diablement bon, a voulu remonter sur l’idée qui le lui avait valu, et, postillon infortuné, qu’il a éreinté son idée, raté son succès, et tué, du même coup, ses deux bêtes. […] Toute cette partie du livre, des mères et des enfants, est touchée avec cette sentimentalité noyante, larmoyante et collante, avec ce picotement de muqueuses nasales, cette larme à l’œil qui en résulte et qui fait toujours son petit coup sur les autres muqueuses nasales des gens sensibles.

1841. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Les héros de roman, pour la plupart, sont beaucoup plus anciens, dans ces réserves de l’esprit, que l’intrigue qui les a groupés, et leur vie littéraire a été précédée d’une période plus ou moins longue de disponibilité, d’où ils sortent tout à coup, appelés et désignés par cette force qui s’appelle l’idée, et qui n’hésite pas, et qui va droit à eux, et leur dit : « C’est toi que je veux, tu vas vivre !  […] Vous reconnaîtrez leur signature de rêve et de misère, et vous apercevrez, du même coup, le secours qu’on peut attendre des notes.

1842. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

William d’Alton, né le 1er janvier 1766, volontaire à quinze ans (avril 1781) au régiment d’infanterie de Berwiek, y avait gagné ses premiers grades lorsque la Révolution éclata ; il eut à subir bien des vicissitudes ; il était en 1793 à l’armée du Rhin, commandée par Beauharnais ; il fit la campagne de 1795 dans l’armée de Rhin-et-Moselle, puis passa dans l’armée de l’Ouest, où il devint aide de camp du général Hédouville ; il l’accompagna à Saint-Domingue en 1798 ; il était estimé de Hoche, sous qui il avait servi en Vendée ; mais cette expédition de Saint-Domingue l’avait retardé dans sa carrière ; il eut quelque peine à se voir confirmé dans le grade de chef de brigade (colonel) que le général Hédouville lui avait conféré dans la traversée ; nommé par le premier consul aux fonctions d’adjudant commandant (titre analogue), employé à l’armée d’Italie, il allait enfin pouvoir se produire sur un théâtre en vue, quand la fortune du premier coup le mit en lumière et le frappa.

1843. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

J’introduis dans cette édition quelques articles de date ancienne que je n’avais point recueillis tout d’abord dans les volumes de Portraits contemporains : c’étaient, à proprement parler, des articles d’annonce, et en partie de citations, le coup de trompette y domine, mais aussi on y sent quelque chose du premier entrain et du souffle qui animait toute notre jeune génération au moment du départ pour la poétique croisade.

1844. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Juillet 1830 étant venu interrompre d’un coup le développement de poésie et de critique auquel tant de jeunes esprits se confiaient de plus en plus, nous qui acceptions cette révolution tout entière et qui la jugions alors d’une bien autre portée qu’on n’a vu depuis, nous tâchions, dès les premiers moments, de remettre l’art en accord avec les destinées nouvelles que nous supposions à la société, et de le rallier à elle dans une direction agrandie et encourageante.

1845. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

La plupart des femmes auxquelles des facultés supérieures ont inspiré le désir de la renommée, ressemblent à Herminie revêtue des armes du combat : les guerriers voient le casque, la lance, le panache étincelant ; ils croient rencontrer la force, ils attaquent avec violence, et dès les premiers coups, ils atteignent au cœur.

1846. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Comme il traversait ainsi la forêt, un homme de mauvaise mine, sans autre vêtement qu’une méchante cotte blanche, se jette tout à coup à la bride du cheval du roi, criant d’une voix terrible : « Arrête, noble roi, ne passe pas outre, tu es trahi ! 

1847. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Elle est bornée en sa vivacité : dans la chaîne infinie des choses, elle conçoit bien la dépendance qui unit des anneaux médiocrement éloignés, mais pour ceux qu’une longue distance sépare, il faut qu’on lui montre les chaînons intermédiaires ; elle ne peut franchir d’un coup qu’un bien petit nombre de degrés dans l’échelle des idées et des sentiments.

1848. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Fontenelle465, qui n’a pas fondé de système, porta sans en avoir l’air un coup violent à la religion : son œuvre ne fut pas théorique, mais pratique.

1849. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Du même coup il tranche le texte et les commentaires.

1850. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Chaque détail sera réfléchi sous l’angle de son incidence, chaque moyen rendu par son action, et les effets même de l’œuvre considérés et goûtés à nouveau par un esprit qui saura non plus seulement les discerner mais les ressentir, seront figurés du même coup et mesurés dans la description de leur nature et de leur charme.

1851. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Lui ôter le rythme et l’harmonie, c’est lire et épeler une à une, comme épèle un enfant, les notes de la symphonie héroïque. » Voilà, du coup, toute la poésie ancienne supprimée.

1852. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

qui est le nom du bien-aimé dans toutes les romances et qui arrive tout à coup, quand nous ne pensions plus, nous, à M. 

1853. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Voilà tout ce que le démon y peut gagner. » C’est elle qui a dit encore : « Il y a des temps où l’on croirait que le bon Dieu pêche à la ligne, et que le diable, lui, fait les coups de filet. » C’est la plaisanterie de Voltaire, mais retournée de l’autre côté ; ou plutôt ce n’est la plaisanterie de personne, c’est la plaisanterie de tout ce qui sait plaisanter et parler légèrement de choses graves, sans rien diminuer de leur gravité.

1854. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Il n’est, ajustement parler, qu’une destinée, mais les êtres volontaires, passionnés et forts, qui l’ont faite, cette destinée, se relèvent en même temps que ce cadavre quand on le met sur ses deux pieds, et viennent tout à coup se ranger autour de lui comme dans sa vie, — comme, dans Shakespeare, les victimes autour de Richard III.

1855. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

si dans les Mémoires de Lamarck (une révélation aussi comme ces Lettres diplomatiques) nous souffrons amèrement de voir Mirabeau, cette grande canaille de Mirabeau, qui veut sauver la monarchie et qu’on paie pour cela, avoir des coups de sang d’honnête homme indigné parce qu’il ne gagne pas son argent et qu’on ne suit pas ses conseils, si c’est là un de ces spectacles qui relèvent Mirabeau du mépris dans lequel l’aurait tenu l’Histoire, mais, hélas !

1856. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

cette valse sur le bord des abîmes qu’on appelle la métaphysique n’est que le danger plus ou moins crânement bravé d’une culbute, je trouvais très bon et très agréable d’avoir là sous la main, pour déshonorer de temps en temps la philosophie, un moqueur tout prêt qui régalerait de coups de sifflet les faiseurs d’embarras et de théories, et j’avais cru que je le tenais.

1857. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

Les faits et les raisons y brillent, comme des fers de lance, à l’usage de ceux qui cherchent des armes pour défendre le gouvernement temporel de la Papauté, qui, tel qu’il fut, et sous les coups qu’on lui porta et qui l’auraient rendu furieux et terrible s’il n’avait été qu’un gouvernement comme un autre, fut imperturbablement le plus juste et le plus serein des gouvernements que l’on ait vus parmi les hommes !

1858. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

On peut compter les pulsations de la veine sur le papier qu’elle a touché. » Et puis, ce cri, lancé tout à coup : « Ah !

1859. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

… » Horace Walpole nous raconte bien qu’elle aurait voulu être dévote, et on aurait pu lui répondre, comme le grand Condé à cette femme qui disait que, si elle était homme, elle voudrait mourir d’un coup de canon : « Pardieu !

1860. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

De Louis-Philippe à la République de 1848 les lettres manquent ; au coup d’État de Napoléon III et à sa chute, les lettres manquent encore.

1861. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Elles sont, en effet, le contraire de ce qu’on attendait, ces pitoyables et tristes lettres… et personne n’aura d’admiration à leur service, personne excepté MM. de Goncourt, qui phrasent de ces marivaudages sur elles : « Ces lettres de Sophie avec leur tour, leur franchise et leur premier coup, leur agrément libre et poissard, leurs larmes de si belle humeur, leur philosophie en chansons, leur coquetterie à la diable, leur esprit au petit bonheur, leurs charmes à l’aventure, leurs grâces salées… peuvent être le mets des plus délicats. » Ah !

1862. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

On peut compter les pulsations de la veine sur le papier qu’elle a touché. » Et puis, ce cri lancé tout à coup : Ah !

1863. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

Ceux qui ont reçu les coups du monde et les morsures du monde trouvent ce livre sans forte connaissance du fin fond du cœur.

1864. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Ce sera, pour le coup, le dernier mot de la Révolution française, et nous pourrons aller nous coucher dans les bois !

1865. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

Alors il crut que l’Histoire, aux âpres enseignements, lui donnerait, de vigueur et de mordant, ce qu’il n’avait pas, et tonifierait du même coup et sa pensée et son langage ; et il choisit, de toutes les histoires, l’histoire d’Angleterre, ce carquois où des mains ennemies viennent prendre les traits qu’elles décochent au gouvernement de la patrie.

1866. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

Et si cela était, son livre ne serait plus qu’une manière de pressentir et de préparer l’opinion, et de repassionner cette gloire froidie dans laquelle il a donné le coup de fourgon qui tire du brasier encore un dernier flamboiement.

1867. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

Cette voix surtout frappa le critique, mais elle le frappa bien davantage, quand, en sortant, la porte à peine refermée, de velours redevenue… ce qu’elle était, cette voix de salon reprit tout à coup son timbre de marine et ses grossiers jurons de bord.

1868. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Pour l’auteur de ces tristes Mémoires, le but évident, le but pourpensé et réfléchi de son livre, c’est ce coup de Jarnac du pamphlet, mais le roman y est aussi.

1869. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

A coup sûr, jamais les doctrines, ou plutôt l’absence de doctrines que nous combattons : l’égoïsme sensuel, orgueilleux et profond, l’immoralité par le fait, quand elle n’est pas dans la peinture et dans l’indécence du détail, le mépris réfléchi de tout enseignement, la recherche de l’émotion à outrance et à tout prix, et le pourlèchement presque bestial de la forme seule, n’ont eu dans aucun homme de notre temps, où que vous le preniez, une expression plus concentrée et plus éclatante à la fois que dans Edgar Poe et ses œuvres.

1870. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

… Un jour de cet automne 1946, m’écrit le pasteur Jacques Pannier, un obus tua du même coup à leur batterie deux maréchaux des logis, amis intimes : l’un catholique, l’autre protestant.

1871. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Tout à coup, sans motifs appréciables, Gustave levait la tête et devenait très pâle. […] Dans la douleur physique, le coup est brutal ; il est ressenti sans aucun intermédiaire. […] Un chien et un homme ressentent tout à coup une vive douleur interne. […] C’est beau, un coup d’Etat, cette grande main qui descend dans la nuit. […] Un menuisier ne donnera pas un coup de pinceau, un peintre ne posera pas un clou.

1872. (1925) Dissociations

Si l’homme devait frapper vingt coups avec sa patte pour figurer l’h du mot, il n’en dirait peut-être pas davantage. […] Elle le redevient parfois, quand les crieurs ont bu un coup de trop, ce qui était, il me semble bien, le cas, ce jour que l’un d’eux assassinait M.  […] Comment croire que la nature, après avoir produit toute la série des mammifères, a tout d’un coup retrouvé la main qu’elle avait oubliée depuis les primates ? […] comme il fait comprendre, ce bourgmestre, l’âme de ces vieux êtres qui prenaient du service pour le plaisir, n’étaient féroces que par ordre et se trouvaient heureux partout où l’on échangeait des coups et partout où l’on obéissait. […] Paris serait-il embelli s’il prenait tout d’un coup l’aspect d’une ville figée à la norme du second Empire ?

1873. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Maintenant, il est probable que la vie tendait d’abord à obtenir, du même coup, et la fabrication de l’explosif et l’explosion qui l’utilise. […] Quand le petit poulet brise sa coquille d’un coup de bec, il agit par instinct, et pourtant il se borne à suivre le mouvement qui l’a porté à travers la vie embryonnaire. […] Il est impossible de considérer certains instincts spéciaux de l’animal et de la plante, évidemment nés dans des circonstances extraordinaires, sans les rapprocher de ces souvenirs, en apparence oubliés, qui jaillissent tout à coup sous la pression d’un besoin urgent. […] Sans doute, ces instincts n’ont pas dû atteindre tout d’un coup le degré de complexité qu’ils ont aujourd’hui ; ils ont évolué probablement. […] L’Ammophile hérissée donne neuf coup d’aiguillon successifs à neuf centres nerveux de sa Chenille, et enfin lui happe la tête et la mâchonne, juste assez pour déterminer la paralysie sans la mort 71.

1874. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Bien entendu, ces coups sont purement symboliques, et M.  […] Paul Arbelet que « du premier coup il sut aller à l’essentiel » ? […] Il lui faut un parti, comme on a besoin d’un point d’appui pour frapper de grands coups. […] Il considère que Stamboul est « un domaine sacré de l’Histoire, de l’art et de la poésie », et que « le jour où le Croissant n’y sera plus, là-haut dans l’air, du même coup son charme et sa magie vont s’éteindre ». […] Ce n’est pas notre arc roman, ce n’est pas non plus notre ogive ; c’est quelque chose de nouveau, une ligne imprévue ; avec elle, on pénètre dans un autre royaume, le dénuement, la poésie, la riche fantaisie musulmane : d’un coup, on enjambe l’Orient.

1875. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Les tragédiens italiens, Rossi et Salvini, étaient venus sur une scène vide, vide du départ des rossignols italiens jugés oiseux dans leur Gazza Ladra, et la leçon de chant du Barbier, devant des salles vides malgré leur talent, jouer les grands drames shakespeariens, et Catulle Mendès les remerciait, en vers, d’être venus nous donner le grand coup d’éperon du drame. […] Ce ne fut que bien plus tard, deux ans avant sa mort, que Mallarmé reprenant la conversation, et me rappelant le moment, me parla du poème, Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, que devaient suivre neuf autres poèmes ; il voulut bien me dire avec une amicale condescendance qu’il se ralliait à moi, politesse exquise et rendue à moi qui lui devais tant de m’avoir été un tel exemple de hauteur, d’art et d’indifférence au grognement des gâcheurs d’encre. […] À le faire, il eût fallu fondre nos projets et donner, d’un coup, importants, cette grammaire et ce dictionnaire des symbolistes qui eussent été des documents curieux, et qui auraient été fort utiles. […] Après le grand coup de voix de M.  […] Là, Rimbaud est comme sur le seuil de sa personnalité : sorti des limbes et des éducations, il s’aperçoit et s’apparaît en grandes lignes, d’un coup.

1876. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Une lettre touchante que nous trouvons à lui adressée et datée du 17 frimaire an VIII, c’est-à-dire des premiers temps de son entrée dans les bureaux, traduit mieux que nous ne saurions faire l’effusion de cœur d’un vieillard étonné et reconnaissant qui, sous le coup d’un bienfait reçu, s’en va presque admirer Fouché et appelle la police la boîte de Pandore. […] Il n’a pas ce coup d’État du talent qui dispose d’autorité les choses pour le lecteur et les impose à quelque degré, ou qui du moins les ordonne et les ménage dans un jour approprié à la scène. […] Il passait volontiers de l’exaltation au découragement ; tantôt les calamités de son pays, tantôt ses gênes domestiques, ou même des riens et ce qu’on appelle les mille petites misères de la vie humaine, le jetaient dans des abattements extrêmes, d’où il se relevait tout d’un coup avec vivacité. […] C’est pour le coup que je crois aux affinités : vous avez rencontré des beautés pures et presque angéliques, vous avez été attiré vers elles, vous les avez saisies, vous en avez été pénétré et nous les avez rendues avec le ton et le style qui leur conviennent. […] Durant la seconde moitié de sa vie et après le coup qui, en 1822, en avait brisé la première part, l’amitié avait peu à peu réparé les vides et comme refait cercle autour de lui : c’était l’amitié encore telle qu’il la concevait et la réclamait, une assiduité pleine de douceur dans les choses de l’intelligence et de l’affection, et, comme l’a dit le poëte, Le jour semblable au jour, lié par l’habitude.

1877. (1927) Des romantiques à nous

Et au fond, c’est contre ceux-ci que portaient le plus vertement ses coups. […] Ce superbe programme n’avait pu s’exécuter d’un coup. […] Il ajoutait que la Renaissance introduisit dans la société élégante de l’Europe, avec un développement intellectuel nouveau, le goût de fictions moins naïves et qu’il se trouva deux grands moqueurs, Cervantès et l’Arioste, pour porter à ce genre de romanesque le coup décisif. […] Après le coup d’Etat, et sans que je veuille ici mettre en cause la corrélation entre ces deux faits, un retour de vigueur et de dignité s’accuse dans tous les domaines de l’esprit. […] Il était, je pense, un peu confus de ce coup de tête.

1878. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Tous les deux, Pascal et Molière, nous apparaissent aujourd’hui comme les plus formidables témoins de la société de leur temps ; Molière, dans un espace immense et jusqu’au pied de l’enceinte religieuse, battant, fourrageant de toutes parts avec sa troupe le champ de la vieille société, livrant pêle-mêle au rire la fatuité titrée, l’inégalité conjugale, l’hypocrisie captieuse, et allant souvent effrayer du même coup la grave subordination, la vraie piété et le mariage ; Pascal, lui, à l’intérieur et au cœur de l’orthodoxie, faisant trembler aussi à sa manière la voûte de l’édifice par les cris d’angoisse qu’il pousse et par la force de Samson avec laquelle il en embrasse le sacré pilier. […] Dans l’édition de Neufvillenaine, qu’il faut bien considérer, par suite du silence de Molière, comme l’édition originale, la pièce est d’un seul acte, quoique plus tard les éditeurs de 1734 l’aient donnée en trois ; mais il y a lieu de croire que pour Molière, comme pour les anciens tragiques et comiques, cette division d’actes est imaginée ici après coup et artificielle. […] La sévère rigueur de ce moment qui passe Aux erreurs d’un pinceau ne fait aucune grâce ; Avec elle il n’est point de retour à tenter, Et tout au premier coup se doit exécuter, etc… A cette belle chaleur de Molière pour la fresque, pour la grande et dramatique peinture, pour celle-là même qui agit sur les masses prosternées dans les chapelles romaines, qui n’aimerait reconnaître la sympathie naturelle au poëte du drame, au poëte de la multitude, à l’exécuteur soudain, véhément, de tant d’œuvres impérieuses aussi et pressantes ? […] Or, maintenant, entre ces deux points extrêmes du Malade imaginaire ou de Pourceaugnac et du Barbouillé, du Cocu imaginaire, par exemple, qu’on place successivement la charmante naïveté (expression de Boileau) de l’École des Femmes, de l’École des Maris, l’excellent et profond caractère de l’Avare, tant de personnages vrais, réels, ressemblant à beaucoup, et non copiés pourtant, mais trouvés, le sens docte, grave et mordant du Misanthrope, le Tartufe qui réunit tous les mérites par la gravité du ton encore, par l’importance du vice attaqué et le pressant des situations, les Femmes savantes enfin, le plus parfait style de comédie en vers, le troisième et dernier coup porté par Molière aux critiques de l’École des Femmes, à cette race des prudes et précieuses ; qu’on marque ces divers points, et l’on aura toute l’échelle comique imaginable.

1879. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

. — Ce jugement n’est séparé par aucun intervalle appréciable de la sensation elle-même ; nous sommes même tentés de croire que les deux événements n’en font qu’un, et que, du même coup, nous remarquons à la fois l’élancement douloureux et sa place. […] Les sons vibrants d’une grosse cloche nous semblent trembler bien loin et bien haut dans l’air ; un coup de sifflet de locomotive nous semble percer l’air à cinquante pas, à gauche. — L’emplacement, même lointain, est bien plus net encore pour les sensations visuelles. […] Aucun de ces aveugles opérés ne sut, du premier coup, interpréter ses nouvelles sensations, décider de la situation, de la forme, de la grandeur des objets, les reconnaître. […] Cela nous dispense d’imaginer en détail la longue sensation musculaire de vingt enjambées, la longue sensation tactile et musculaire de la main promenée sur tout le contour de la surface. — Grâce à cette vitesse des opérations optiques, nous pouvons saisir, en un temps très court et par une perception qui nous semble instantanée, un objet tout entier, une chaise, une table, un personnage, bien plus, si l’objet est éloigné, une prairie entière, tout un groupe d’arbres, un édifice, l’enfilade d’une rue. — Vous voilà à une fenêtre, vous ouvrez les yeux, et, tout d’un coup, au moyen d’un très petit mouvement des yeux et d’un imperceptible mouvement de la tête, tout le paysage vous apparaît, avec ses divers plans, terrains, verdures, ciel, nuages, avec les innombrables détails de leurs formes, de leur relief et de leurs creux.

1880. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Rigault a conçu son travail à un point de vue plus étendu que je ne l’aurais fait moi-même : j’en aurais voulu faire, ce me semble, et si l’on me permet cette imagination bien facile après coup, un épisode distinct et tranché de l’histoire littéraire française, une pure et vraie querelle, une fronde en trois actes, avec une sorte d’intérêt et de gradation, avec début, milieu et fin, les complications étrangères y tenant moins de place, et les grands philosophes énigmatiques comme Vico ne faisant tout au plus que s’apercevoir à l’horizon ; car, dès qu’ils interviennent, ils écrasent un peu trop les nôtres.

1881. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

J’aurais voulu, par exemple, un La Mennais devenu catholique et libéral, comme au lendemain de l’Avenir, mais ayant la force de demeurer tel sous le coup même des encycliques et malgré l’appel et l’attrait de la démocratie : je l’aurais désiré s’enfermant pendant quelque temps dans un religieux silence, et n’en sortant depuis qu’à de rares intervalles par des écrits de réflexion et d’éloquence où il aurait tout concilié, tout maintenu du moins, où il n’aurait rien sacrifié, où il serait resté opiniâtrément le prêtre de la tradition antique et des espérances nouvelles : en s’attachant à un tel rôle bien difficile sans doute, mais si fait pour imposer à tous le respect et l’estime, il aurait fini, sans la chercher, par retrouver son heure d’action et d’influence, et il n’aurait pas eu à l’acheter au prix de la considération.

1882. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Nulle part cette inégalité, contre laquelle l’opinion publique se révolte, n’éclate en traits si forts : d’un côté, pour le petit nombre, l’autorité, les honneurs, l’argent, le loisir, la bonne chère, les plaisirs du monde, les comédies de société ; de l’autre, pour le grand nombre, l’assujettissement, l’abjection, la fatigue, l’enrôlement par contrainte ou surprise, nul espoir d’avancement, six sous par jour781, un lit étroit pour deux, du pain de chien, et, depuis quelques années, des coups comme à un chien782 ; d’un côté est la plus haute noblesse, de l’autre est la dernière populace.

1883. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

« Je pose des principes, disait-il, qui n’auront pas moins de durée que notre langue et notre empire. » Il fermait l’âge des révolutions et des coups d’Etat en fait de langage : il retirait aux individus, pour les remettre à la communauté des esprits, la lente élaboration, le renouvellement incessant de la langue.

1884. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Ne point se former le goût sur l’exemple de mes devanciers, mais à coups d’analyse, en recherchant comment la poésie plaît aux hommes et comment elle peut parvenir à leur plaire autant que possible. » Et alors il s’impose d’énormes lectures.

1885. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Jean Richepin… C’est égal, un large coup de ciseau dans Monsieur Scapin et quelques raccords, nous aurions un joli pendant au Beau Léandre de Banville, ce chef-d’œuvre.

1886. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Ce n’est pas ce que nous concevons le mieux qui nous doit intéresser davantage, il ne faut pas chercher à nous reconnaître dans ces drames ; nous risquerions d’y reconnaître du même coup, en leur influence, le fils de Dumas père, quand ce ne serait pas le père de Dumas fils.

1887. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Tout à coup, il poussa un cri terrible 1191, où les uns entendirent : « Ô Père, je remets mon esprit entre tes mains ! 

1888. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Quand elle considérait un objet, elle en voyait le fort et le faible, et l’exprimait en des termes vils et concis, comme les habiles dessinateurs, qui, en trois ou quatre coups de crayon, ont voir toute la perfection d’une figure. » (Mém. de litt., t. 

1889. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Il ne ménage pas tous ces infâmes galonnés que l’idée d’une « campagne possible grassement payée de croix et de propositions » unit en une émotion commune « comme l’espoir d’un bon coup assemble des rôdeurs au coin d’un bois ».

1890. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Supposez toutes les religions disparaissant tout à coup, il se fera certainement un grand vide dans l’âme humaine, et il y aura, si j’ose le dire, une perte effroyable de force vive dans l’ordre moral ; ce que l’on gagnerait en lumière ne compenserait que très-imparfaitement ce que l’on perdrait en énergie et en vitalité morale.

1891. (1757) Réflexions sur le goût

La logique froide et lente des esprits tranquilles n’est pas celle des âmes vivement agitées : comme elles dédaignent de s’arrêter sur des sentiments vulgaires, elles sous-entendent plus qu’elles n’expriment, elles s’élancent tout d’un coup aux sentiments extrêmes ; semblables à ce dieu d’Homère, qui fait trois pas et qui arrive au quatrième.

1892. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Elle nous fournit du même coup les caractères de ses admirateurs, et nous pouvons avancer dans la psychologie des peuples en étudiant les groupes d’hommes qui se rattachent, par des affinités secrètes, à certains individus prééminents.

1893. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

comme une Walkyrie, elle croyait sérieusement marcher sur le nuage, quand, dans ses Lettres parisiennes, elle abdiqua tout à coup le nuage pour le chêne feuilleté du salon.

1894. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Sous le coup de cette découverte, la femme trompée revient à Dieu, mais, tout en y revenant, ne voilà-t-il pas qu’elle se sent un petit amour naissant pour un vertueux philanthrope (un conférencier de ces derniers temps ; quelle élégance pour une femme du monde !!).

1895. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Les Premières et Dernières Années de lord Byron, écrites en deux fois, — deux coups manqués ! 

1896. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

I Ne croirait-on pas, à un pareil titre, — Précieux et Précieuses 17, — que ce livre est un coup d’audace ?

1897. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

L’établissement de la Paix ou Trêve de Dieu, imposée à coups de conciles, de décisions, d’excommunications civilisatrices, à des hommes que cette paix contrariait dans leurs passions et dans leurs instincts, lui paraît la victoire définitive de l’Église sur la Barbarie et la guerre.

1898. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Nature artiste, qui s’invente politique et croit l’être, et, pour ne pas manquer son coup, donne du plus haut qu’il peut à toutes les choses l’absolution du résultat.

1899. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

ce cri de combattant pour l’Église à qui sa force était, par l’élection, tout à coup révélée.

1900. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

Les plus forts, les plus gigantesques de ses chefs apparents, qu’il poussait devant lui sous le coup de fourche de son inflexible volonté, ne furent, entre ses mains de Briarée, que d’énormes pantins qu’il fit jouer et qu’il brisa.

1901. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Dans le premier des quatre volumes publiés, le duc de Luynes rapporte (p. 99) que le roi envoya Mlle de Clermont jeter l’eau bénite à la princesse de Condé, et après avoir décrit la cérémonie, queue de robe par queue de robe, et tabouret par tabouret, voilà qu’un scrupule prend tout à coup notre homme : « Mlle de Clermont, dit-il, se mit dans le fauteuil, l’exempt derrière elle et Mlle La Roche-sur-Yon s’assit à gauche sur un pliant, à ce que l’on croit !!! 

1902. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

Insolente pour l’Europe, l’Amérique est dans sa tradition, Cette anglaise, qui a renié, du même coup, dans ses veines, le sang des Stuarts et le sang de Cromwell, et qui a refusé le tribut d’honneur et de devoir à la mère-patrie, doit être toujours vis-à-vis de l’Europe, qui l’alimente par année de plus d’un demi-million d’hommes, en lui envoyant ses fugitifs, dans l’état d’ingratitude qui est son état d’origine.

1903. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Très conséquent, du reste, à sa nature inconséquente, la Correspondance nous le montre s’abusant le plus possible sur lui-même, voulant à toute force être passionné, et puis finissant par nous dire « qu’il n’a jamais eu que des opinions », ce qui, pour le coup, est la vérité !

1904. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

que dirait-il, le grand poète, s’il vivait à cette heure du siècle et s’il apprenait tout à coup qu’en France, ce pays de convenance et de goût, il est livré dans une de ses plus belles œuvres aux faiseurs de flonflons, et, comme il les appelait : aux violonneurs !

1905. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

sur l’idée d’une vie antérieure, c’est-à-dire que le voilà du coup en pleine métempsychose comme Pythagore et M. 

1906. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

c’est le poëte, qui est par-dessous tous ces raisonnements, tous ces doutes, toute cette syllogistique désespérée, toute cette algèbre de feu qui cherche l’inconnue et ne la trouve jamais, et qui, comme un phénix effrayé, aveuglé par les cendres du bûcher où il s’est consumé lui-même, se sauve tout à coup dans le ciel !

1907. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Il se contente, vieillard placide, d’aller de son presbytère à son église, et, là, de s’asseoir dans l’encoignure d’une chapelle, sur une planche de bois noir, puis d’attendre… Et, tout à coup, des milliers d’êtres humains viennent s’agenouiller devant l’escabeau de ce prêtre, pour s’en relever fortifiés et y envoyer, à leur tour, ceux qui n’y sont pas venus encore !

1908. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

— et Gall l’Allemand, — ce titre suffit pour expliquer la fausseté et le ridicule de son système, que le docteur Renard, en deux ou trois coups de plume, a désarticulé, — et Auguste Comte, et Littré, — la côte d’Adam d’Auguste Comte !

1909. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

C’est bien Guizot, l’ancien Guizot, mais tellement passé à la pierre ponce des années, tellement usé par la main de velours du temps qu’il s’en est velouté comme elle, tellement dulcifié qu’il en est devenu douceâtre, et ayant perdu si complètement tous ses angles, toutes ses âpretés et toutes ses sécheresses, qu’on se dit, sous le coup de cette étonnante métamorphose : Va-t-il lui pousser des contours ?

1910. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Seulement, par un privilège de ces adorables natures poétiques quelquefois délicieusement fondues, de temps à autre le muscle de la Force peut saillir tout à coup dans le doux contour de la Grâce, et créer alors cet hermaphrodisme divin dont les Grecs, moins prudes que nous et plus connaisseurs, faisaient deux beautés réunies, et non pas une monstruosité !

1911. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

— qu’ils allaient faire un fameux coup de bourse en mettant sur leur couverture : Biographie de Alfred de Musset, par M. 

1912. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Le peintre est devenu l’homme foule de ce peuple qu’il ramène sous une poussée de traits pressants et de coups de pinceaux acharnés, dans l’orbe visuel de la Postérité.

1913. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Faire grand dans la pensée et faire grand dans l’espace du même coup — car la langue, c’est l’espace, — voilà la condition absolue du génie.

1914. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Tel que l’on croit complet et maître en toute chose Ne dit pas les savoirs qu’à tort on lui suppose, Et qu’il est tel grand but qu’en vain il entreprit, — Tout homme a vu le mur qui borne son esprit » Enfin, — car il faut se borner, — dans une pièce intitulée : Jésus au mont des Oliviers, où l’âme du chrétien, rouverte un moment, se referme tout à coup, redevenue rigide, je trouve ces vers d’une stoïcité presque impie, qui vont assez avant dans l’inspiration du poète pour qu’on en comprenne la profondeur et pour que rien ne soit citable après : ……………………………………………… Le juste opposera le dédain à l’absence Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité.

1915. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Ce fut son mérite, et cela devint intellectuellement son honneur, de montrer, par une suite d’ouvrages, qu’après la rupture d’une collaboration éclatante, il n’était pas, du coup, entièrement brisé, — qu’il était par lui-même, — qu’il existait, — qu’il avait enfin une individualité littéraire, et que, pour la délicatesse des sentiments et l’adoucissement des touches amollies, la plus femme des deux n’était pas la femme.

1916. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Dans sa Madame Gil Blas, où j’ai noté pourtant une scène très-belle, d’un tragique très-nouveau, inspirée par la physiologie (c’est un duel, horrible d’acharnement et de longueur, entre deux rivaux, au bord du lit d’une cataleptique, qu’ils croient morte, et qui, rigide, les voit, lus comprend, seul les coups qu’ils se portent et ne peut faire un cri, un geste, un mouvement de paupière pour les empêcher de se massacrer sous ses yeux ouverts, immobiles, marbrifiés par la catalepsie !

1917. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

pour le coup, voici la Russie sans mélange, virginale, la Russie pure, le diamant brut, mais d’autant plus précieux qu’il n’a jamais été rayé par une influence étrangère !

1918. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Tout à coup l’orateur s’arrête, il s’adresse au dieu qui dispose également et des vainqueurs et des victoires, et se plaît à immoler à sa grandeur de grandes victimes.

1919. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Ce coup de pouce à l’aiguille des chiffres, retenons-le et adoptons-le comme une intention de créer cette réalité : la génération de Napoléon. […] De Buonaparte et des Bourbons était le pamphlet le plus fort et le plus prenant qu’on eût écrit depuis la Satyre Ménippée : il éclata en 1814 comme un coup de tonnerre, mais comme le prestige de ce Napoléon le Grand eût gagné s’il eût été écrit trois ans plus tôt dans l’exil comme Napoléon le Petit ! […] Ses passions et ses coups de tête, eux-mêmes, eux surtout, s’expliquent par un refus critique de se donner. […] Le Poète mourant dépasse d’un fort coup d’aile son titre désuet et pleurard, Bonaparte est la première de ces grandes odes solides dont chaque strophe, comme une victoire, avance d’un pas ailé, pose la sonore sandale d’airain, et qui formeront après 1830 le plus beau chœur du lyrisme lamartinien. […] Le récit du coup d’État qu’il écrivit en 1852 et ne publia que vingt ans après, l’Histoire d’un crime, n’est qu’un roman de propagande.

1920. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Il vient d’entendre l’accusation portée par Œnone, et il interroge celle-ci, méditant sur la cruauté de ce coup du destin qui l’attendait à son retour dans son palais. […] Mais alors il ne faut pas que la mise en scène s’attarde à remuer d’énormes machines ; il faut qu’elle se fasse alerte et quelque peu féerique pour répondre aux coups d’aile de l’imagination poétique. […] Dans ce cas, même après un début malheureux, un directeur avisé aura la certitude d’avoir mis la main sur un artiste hors ligne et il aura du même coup déterminé vers quels rôles l’incline son tempérament. […] Tout le monde sait que le physique réagit sur le moral ; c’est un sujet que Cabanis, au point de vue descriptif, me semble avoir épuisé du premier coup. […] Elle n’est plus dès lors qu’un danger ; car la moindre discordance, comme un coup de baguette magique, anéantirait en un clin d’œil tout le charme dramatique.

1921. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Mais il tuera du même coup Racine. […] Les indications essentielles au progrès, venues de tel philosophe ou de tel poète, faisaient tout à coup défaut. […] L’article sur Mireille reste le type idéal du génie introduit d’un coup dans la lumière par un génie contemporain. […] Si le jugement procède par coups droits, le goût implique une ligne serpentine, une courbe vivante. […] Mais ce rapprochement a dû être fait après coup, quand sa critique était déjà formée.

1922. (1910) Rousseau contre Molière

Il le lui dit sous le couvert d’une figure de rhétorique si limpide, si diaphane, qu’Oronte comprend du premier coup. […] Il prend pour des « maximes » et « maximes de fripon » les ironies de Philinte et ses coups d’épingles destinés à exciter Alceste et ses pinçades de pince-sans-rire. […] Ils ne vous écorchent pas tout d’un coup, ils commencent par vous tâter avec précaution, et quand ils vous ont trouvé de l’avis de M.  […] Moi, que je ne sois pas inébranlable aux coups du sort ! […] Qui ne serait pas un peu fâché si le filou venait à être surpris et à manquer son coup ?

1923. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

La publication des Sentiments de l’Académie sur le Cid consacra du même coup l’autorité de l’Académie sur l’opinion, et l’autorité de Chapelain sur l’Académie. […] La sienne pourtant n’y périt point ; et l’on se trompe quand l’on croit, avec la plupart des historiens, que la publication de la Pucelle aurait porté le coup mortel à la gloire de son auteur. […] Et s’il était enfin besoin d’un coup d’éclat pour convertir jusqu’aux indifférents, il semble que Zaïre, en 1732, le dût être, — Zaïre, et deux ans plus tard, en 1734, la publication tapageuse des Lettres philosophiques. […] La disposition n’en est pas très heureuse ; et ses classifications par genres, en brouillant systématiquement l’ordre chronologique, rompent à tout coup cette continuité qui doit être le propre d’une véritable histoire. […] On se trouvait tout d’un coup reporté à ces temps où des cénobites, après avoir médité dans les bois de leurs monastères, se venaient prosterner à l’autel, et chanter les louanges du Seigneur dans le calme et le silence de la nuit.

1924. (1888) Études sur le XIXe siècle

L’intervention de l’éminent critique ne rallia pas du coup la sympathie du public aux préraphaélites, et Holman Hunt raconte une anecdote qui montre bien à quel point ils étaient encore un objet de raillerie pour les badauds. […] Il faut qu’il la ramène sous toutes les formes qu’elle peut revêtir, qu’il l’impose par des retours successifs, comme on plante un clou à coups répétés. […] Il avait passé quelque temps dans l’inaction, suivant avec dégoût les intrigues d’une diplomatie qui ne refaisait pas d’un coup la grande Italie, et qui, doutant des forces italiennes, doutant surtout des forces populaires qu’elle refusait d’utiliser, laissait dans la servitude certaines contrées et certaines populations. […] qui semble sous le coup d’un sentiment vif et douloureux, qui voyage seule, sans bagage…, de qui donc ne piquerait-elle pas la curiosité ? […] Il passe ses journées à l’auberge, dont la propriétaire est bonne pour lui parce qu’il est beau garçon, il s’enivre en compagnie des pires sujets du village qui l’entraînent à tous leurs mauvais coups ; enfin, dans une expédition de contrebande, il donne un coup de couteau au brigadier don Michel, ce qui le conduit en cour d’assises.

1925. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Il faut voir aussi comme l’honnête éditeur, se met en frais au nom du chevalier, et comme celui-ci, pour cette fois, nous apparaît tout d’un coup aux pieds de son écolière. […] Selon lui, ses derniers préceptes ne sont que l’éloge et l’expression de ses vertus mêmes, et c’est dans l’honneur d’approcher Mme de Maintenon qu’il a trouvé la source de ces bienséances si délicates, réduites ici en règles et en principes. » C’est ainsi que les choses s’accommodent avec un peu de complaisance ; cet abbé Nadal faisait le prophète après coup. […] Il faut longtemps jouir de ce plaisir-là pour aimer toujours, car on ne se plaît guère à recevoir ce qu’on n’a pas beaucoup désiré, et quand on l’a de la sorte, on s’accoutume à le négliger, et d’ordinaire on n’en revient plus. » Pour le coup, on reconnaît, tissez bien, ce me semble, le maître de Mme de Maintenon ; et qui donc sut mettre en pratique, comme elle, cet art de douce et puissante lenteur ?

1926. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

L’animal, dans l’immobilité, voit tout d’un coup une chose qui se meut. […] Par exemple, si je reçois un coup qui me blesse, la sensation douloureuse de ce coup a un caractère contraignant qui est tel qu’il m’est impossible de ne pas croire à cette sensation et à la douleur qui en est inséparable.

1927. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Constable, le grand, le grandissime maître… Il y a parmi ces toiles, un Turner : un lac d’un bleuâtre éthéré, aux contours indéfinis, un lac lointain, sous un coup de jour électrique, tout au bout de terrains fauves. […] Il est aussi un effet terrible pour les assistants, c’est que le petit jour levé dehors, n’éclaire point encore l’intérieur de la prison, et quand on marche dans ces demi-ténèbres derrière le condamné, et qu’au moment, où s’il avait les mains libres, il pourrait toucher la porte, les battants s’ouvrent dans un coup de théâtre, et vous laissent voir soudainement, dans la clarté froide du matin, les deux montants de la guillotine, et les yeux grands ouverts de toutes ces têtes de regardeurs, le spectacle a quelque chose d’inexprimable. […] » Et tout le monde couché au coup de canon de neuf heures et demie : le maître voulant que tout le monde soit au lit, et agacé de savoir que Mme Lockroy restait levée dans sa chambre.

1928. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Il fixera donc, parmi les manifestations extérieures de son sentiment, celles que notre corps imitera machinalement, quoique légèrement, en les apercevant, de manière à nous replacer tout d’un coup dans l’indéfinissable état psychologique qui les provoqua. […] Un coup de canon tiré à nos oreilles, une lumière éblouissante s’allumant tout à coup, nous enlèvent pendant un instant la conscience de notre personnalité ; cet état pourra même se prolonger chez un sujet prédisposé.

1929. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Il vous est réservé de porter le dernier coup au calvinisme dans vos États ». […] 131 » On dirait que le don est modeste et que le mari est raisonnable  Pour bien comprendre l’histoire de nos rois, posons toujours en principe que la France est leur terre, une ferme transmise de père en fils, d’abord petite, puis arrondie peu à peu, à la fin prodigieusement élargie, parce que le propriétaire, toujours aux aguets, a trouvé moyen de faire de beaux coups aux dépens de ses voisins ; au bout de huit cents ans, elle comprend 27 000 lieues carrées.

1930. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Puisse-t-il savourer jusqu’au terme une coupe qu’aucun coup du sort ne brise jamais entre ses lèvres ! […] Ces vers semblaient avoir été pensés par Tacite et écrits par André Chénier ; quoique composés par elle dans une langue étrangère (le français), ils n’avaient ni l’embarras de construction d’une main novice à nos rythmes, ni la mollesse, ni la chair flasque des essais poétiques de l’enfance ou de l’imitation sous une jeune main ; ils étaient tout nerfs, tout émotion, tout concert de fibres humaines ; ils jaillissaient du cœur et des lèvres comme des flèches de l’arc intérieur allant au but d’un seul jet, et portant un coup droit au cœur sans se balancer sur un éther artificiellement sonore : Je sonne en tombant, non parce qu’on m’a mis une cloche aux ailes, mais parce que je suis d’or.

1931. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

C’est la saison où tout tombe Aux coups redoublés des vents ; Un vent qui vient de la tombe Moissonne aussi les vivants : Ils tombent alors par mille, Comme la plume inutile Que l’aigle abandonne aux airs, Lorsque des plumes nouvelles Viennent réchauffer ses ailes À l’approche des hivers. […] — Mais, à propos de châtaignier, dis-je, comment se fait-il que, si vous aimez tant de père en fils cet arbre nourricier de la famille, vous ayez creusé à coups de hache dans son tronc ce grand creux où l’on voit encore l’empreinte du fer dont vous l’avez si cruellement frappé, au risque de le faire écrouler avec son dôme immense et ses branches étendues sur votre chaumière ?

1932. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Il déroule cette histoire en une série de petites épopées lyriques, avec des surprises, des coups de théâtre, des explosions d’amour ou d’indignation, des vers immenses faits pour être clamés sur quelque promontoire, par un grand vent, dans les crépuscules  Où Victor Hugo cherche des drames et montre le progrès de l’idée de justice, M.  […] En outre, sachez-le, j’en ai mangé beaucoup, Et leur âme avec eux, maître, du même coup.

1933. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Pourquoi Marcel Ballot est-il le courtier littéraire du Figaro, sinon pour avoir épousé la fille et, du même coup, j’espère, la grande âme probe d’Henry Fouquier ? […] Et il a cette étonnante souplesse qui me paraît la marque même du conférencier : si une fée transformait l’auditoire d’un coup de baguette et, au moment où Charles-Brun pleure en phrases rythmées, lui jouait le tour de métamorphoser ses bons limousins émus en parisiens gouailleurs, immédiatement Charles-Brun s’apercevrait du changement, et immédiatement Charles-Brun serait à l’unisson.

1934. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

On ne peut guère davantage lui contester une certaine manière, sinon de raisonner, du moins d’associer ses impressions, quand on voit les animaux chasseurs subordonner les impulsions de l’instinct aux nécessités de la chasse, et exécuter des combinaisons de mouvements, des artifices de stratégie qui ne sont pas sans analogie avec les ruses du sauvage et même du civilisé dans la poursuite du gibier ou de l’ennemi, quand on observe les animaux même d’un ordre inférieur, tels que la fourmi et l’araignée, modifier à chaque instant leur itinéraire ou leur plan de conduite, selon les convenances du moment ou les obstacles qui se dressent tout à coup devant eux. […] Quelle autre science nous aurions du génie de la race nègre ou de la race jaune, si nous découvrions tout à coup des livres où tel esprit supérieur, tel philosophe, tel moraliste de ces races, eût essayé, même grossièrement, de faire l’histoire intime de ses sentiments et de ses passions, l’analyse de ses facultés !

1935. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Un jour, un de ses amis les plus dévoués et dont la perte bien récente a dû lui porter un coup, lui être d’un fâcheux présage, Alfred Tattet, que je rencontrais sur le boulevard, me montra un chiffon de papier sur lequel étaient quelques vers tracés au crayon, et qu’il avait, le matin même, surpris sur la table de nuit de Musset, en ce moment à la campagne chez lui, dans la vallée de Montmorency59.

1936. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

« Mais, s’écrieraient-ils, vous présentez la vérité sous forme bien paradoxale ; votre style, à vous-même, est trop pensé ; vous frappez à tout coup ; vous parlez Quintilien, mais en traits à la Sénèque. » Et moi je l’en louerai et je lui dirai : « Vous nous réveillez sur ces vieilles questions ; vous avez trouvé moyen de nous promener dans la terre de la patrie par des chemins imprévus.

1937. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

J’ai calculé qu’à pareil jour, à pareille heure, on tirait sur lui de Paris le coup de canon qui devait le chasser de Rome.

1938. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

La sensibilité, qui est à la passion poignante ce que la douce lumière du ciel est à un coup de tonnerre, faisait faute ailleurs en bien des endroits ; mais ici c’est la religion même qui manque.

1939. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Son esprit ne s’ouvre pas tout à coup, mais il se déploie petit à petit, et il gagne beaucoup à être connu.

1940. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Pour ceux-là, ils peuvent avec le temps, et sous le coup des infatigables éloges, s’égarer en des voies fantastiques qui les éloignent de leur simplicité naturelle.

1941. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

C’est qu’alors toute parole portait coup, et entrait pour ainsi dire dans le vif.

1942. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Il nous reste à montrer maintenant que, dans ce qui concerne plus particulièrement la destinée de l’individu, les psychologistes se trompent dès l’origine en s’installant du premier coup sur un terrain abstrait, métaphysique, et non réel.

1943. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Pour sauver la Turquie sous le coup du désastre, les puissances chrétiennes s’interposent : mais l’islamisme n’en réchappera pas ; soit qu’elle énerve et polisse Constantinople, soit qu’elle instruise et enhardisse Alexandria, c’est toujours notre civilisation qui gagne et qui triomphe ; de son côté seul est l’avenir.

1944. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Et pourtant, par un jeu mécanique de la mémoire, ces mêmes esprits pensent avec des mots abstraits, généraux, collectifs : les ayant pensés et exprimés, ils semblent avoir épuisé du coup leur puissance d’invention, et ne peuvent passer outre.

1945. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Mais il est curieux de voir comment dans ce contact d’une civilisation supérieure, qui la domina si puissamment, la France préserva, développa même son originalité littéraire : chaque élément de la Renaissance italienne fut adapté, transformé ou éliminé par ce génie français dont elle a tout à coup éveillé la force.

1946. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Et brusquement, d’un coup de sa nageoire en feu, Il fait dans le cristal morne, immobile et bleu, Courir un frisson d’or, de nacre et d’émeraude.

1947. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Le premier amant vient la trouver ; il veut la reprendre ; il veut la tuer, il la meurtrit de coups de poing, puis s’affale en sanglotant, tandis qu’elle s’échappe le sourire aux lèvres.

1948. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Il débuta avec éclat et produisit du premier coup un chef-d’œuvre : Madame Bovary, Et, qu’on ne s’y trompe pas, le naturalisme était excellent à bien des égards.

1949. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

À la rigueur, si un fragment historique lui paraît sans retouche et sans coup de pouce « beau comme un roman », il peut l’écrire et faire œuvre d’historien avec ses outils de romancier.

1950. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre III. L’antinomie dans la vie affective » pp. 71-87

Dès lors, affirmer la primauté de la raison sur la sensibilité, c’est affirmer du même coup la primauté et la prépondérance de l’esprit social sur l’âme individuelle.

1951. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

Formée d’abord par la violence, puis maintenue par l’intérêt, cette grande agglomération de villes, de provinces absolument différentes, porte à l’idée de race le coup le plus grave.

1952. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Le royaume de Dieu sera comme un grand coup de filet, qui amène du bon et du mauvais poisson ; on met le bon dans des jarres, et on se débarrasse du reste 347.

1953. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

Avoir fait de la pauvreté un objet d’amour et de désir, avoir élevé le mendiant sur l’autel et sanctifié l’habit de l’homme du peuple, est un coup de maître dont l’économie politique peut n’être pas fort touchée, mais devant lequel le vrai moraliste ne peut rester indifférent.

1954. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Il ne ratait jamais son coup.

1955. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Nous avions affaire à un texte poudreux et subtil, à quelque obscur parchemin à déchiffrer, et tout à coup nous voyons se dresser une statue.

1956. (1902) L’humanisme. Figaro

J’ose leur objecter qu’à mon avis doctrine pèche par la base et qu’on en voit, du premier coup, la fragilité.

1957. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

N’est-il pas étrange devoir des critiques qui se font si larges pour comprendre la littérature étrangère devenir tout à coup intolérants dès qu’il s’agit d’un génie français, qui peut ne pas avoir toute la mesure, le bon goût et le bon ton national, ne plus lui pardonner le moindre écart et le condamner au nom de tout ce qu’on excuse chez d’autres !

1958. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Un jour, tout à coup, brusquement, le gonflement du vrai a abouti, l’éclosion a eu lieu, l’éruption s’est faite, la lumière les a ouverts, les a fait éclater, n’est pas tombée sur eux, mais, plus beau prodige, a jailli d’eux, stupéfaits, et les a éclairés en les embrasant.

1959. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Étant un jour aux Thuileries, il se vit tout d’un coup environné d’ouvriers qui avoient quitté leur travail pour le suivre, dans la crainte que ce ne fût un homme prêt de se jetter, par désespoir, dans le bassin.

1960. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Il avait été frappé d’un coup de sang huit jours auparavant ; il avait perdu depuis lors la parole, mais il n’avait perdu que cela.

1961. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

C’est là un des caractères de l’esprit français ; tout s’y fait par coup d’État.

1962. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

spontané de l’auditoire, à la bonne heure, cela se fait vite et bien et tout d’un coup, cela va droit au but.

1963. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

Les chats-huants eux-mêmes, l’orfraie, la chouette, toute la bande des oiseaux funèbres, stupéfiés, se retiennent de leurs griffes aux branches des arbres pour ne pas tomber… Une chauve-souris, qui s’entêtait à voler, sent tout à coup ses ailes se détendre, et va sombrer dans une mare. — Par terre sont éparpillés des crânes et des carcasses de squelettes. — Le dos appuyé contre un vieux tronc, les bras pendants, un homme regarde vaguement devant lui d’un œil hébété par la lourde ivresse de la mort ; un autre serre sa tête dans ses deux mains pour ne rien voir.

1964. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Mais si, au lieu du génie momentané de l’écrivain, nous touchions à son génie de toujours, à ce génie qui doit s’infuser, quand on en a, dans toutes les minutes de la vie, si nous mettions enfin la morne et silencieuse fumeuse de cigarettes vis-à-vis de cette éternellement éloquente, dont aucune fumée n’a terni la lèvre éclatante, de ce Rivarol-femme, de cette Mirabeau douce…, est-ce que Mme Sand, rapetissée par le contraste, ne disparaîtrait pas du coup ?

1965. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Elle ne se contente pas de peindre la campagne, elle la cultive et la fume… On est étonné dans ses œuvres de l’amour de la nature qui se voit, à côté de la nature qui rapporte… On est étonné de ces descriptions, romantiques et mièvres, sous la plume d’un écrivain si sérieux, quand tout à coup au milieu d’elles, dans le plus brillant de leurs draperies et de leurs déroulements de paysages, il se fait un trou ; et la tête de l’institutrice passe par ce trou et nous lâche des phrases de cette institution : « l’âme échappant aux lois dont elle fait partie, habite le monde absolu des idées où la durée s’absorbe dans l’éternité de l’être ».

1966. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Il n’y a pas une idée se produisant ou jaillissant tout à coup, à, travers tous les faits qu’elle enfile ou défile d’un doigt délié, au lieu de les brasser d’un biceps puissant !

1967. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Il est des sujets sur lesquels la valeur d’un homme, par cela seul qu’il les traite et à condition pourtant qu’il ne les gâtera pas, devient tout à coup vingt-cinq fois plus grande qu’elle n’est réellement, et la Chine est un de ces sujets sterling.

1968. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

L’auteur des Études sur le Combat excepte, il est vrai, un très petit nombre d’âmes, nées impassibles comme le bronze, et rares comme des aérolithes, car elles semblent venir directement du ciel ; mais cet homme de batailles, qui a pratiqué les batailles et qui n’est dupe d’aucune poésie faite après coup, ne croit guère aux héros que sous bénéfice d’inventaire, et sous l’action déterminée et décisive d’une discipline qui crée l’énergie et fait d’un homme cette force qu’on appelle un soldat… Observateur aiguisé par toutes les expériences de sa vie, le colonel Ardant du Picq sait que la puissance des armées est toujours en raison, non seulement directe, mais unique, de la puissance de leur discipline, et il le prouve, par tous les témoignages de l’histoire, chez les peuples que la guerre a le plus illustrés.

1969. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Ainsi, quand Bossuet nous fait, à coups si rapides, son Discours sur l’histoire universelle, c’est sa marque surtout à lui, c’est le trou de boulet fait par sa puissante tête qu’il laisse dans l’histoire, beaucoup plus qu’une histoire dans la rigueur et les responsabilités du mot qu’il écrit.

1970. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Or, en supposant que cette chambre noire du cerveau d’un homme fonctionnât mieux que les machines sorties de ses mains, par cela seul qu’il resterait astreint au coup de timbre fatal de la chronologie l’historien des faits ne nous en montrerait jamais que la fourmilière, plus ou moins fortement groupée, ou la procession éternelle, défilant plus ou moins rapidement sous nos yeux.

1971. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

et nous pouvons toujours admirer ce coup de pinceau.

1972. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Il a trouvé que Cousin adorait les coquines, et du coup il a adoré la vertu.

1973. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Car voilà tout le sens vrai de cette Histoire de France d’aujourd’hui, qui s’enveloppe la main dans de la critique incertaine, chimérique ou fausse, pour faire mieux son mauvais coup contre le Moyen Âge et pour qu’on sente moins ainsi la main du voleur.

1974. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Wallon l’appelle Saint Louis, comme si le coup indélébile de la canonisation était déjà tombé sur son nom et que le Saint eût rétroactivement dévoré l’homme !

1975. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

nous venons de le lire et nous pouvons affirmer que, quoique la position de Vacquerie fût, dans son genre, considérable, quoique la renommée donnât pour lui un assez joyeux coup de trompette, la position s’est augmentée encore et la trompette doit être remplacée par un instrument moins héroïque et plus folâtre.

1976. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Un boulet de canon ne m’aurait pas plus surpris. » On aurait dit que ce boulet de la mort de Gray, qui n’était que d’un an plus âgé que lui et qui mourait de cette terrible goutte dont lui, Walpole, devait aussi mourir, avait, du coup, commencé la dissolution qu’il prévoyait de cette craie qu’il était devenu sous les méchancetés de la douleur et de la vie, — ou qu’il avait été toujours !

1977. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

, j’ajouterais encore : la moins apte à sentir le coup de cette foudre qu’on appelle la beauté !

1978. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

pour le coup, voici la Russie sans mélange, virginale, la Russie pure, le diamant brut, mais d’autant plus précieux qu’il n’a jamais été rayé par une influence étrangère ! 

1979. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

D’aucun côté (jusqu’ici du moins) ne s’était levée, pour en finir, une de ces intelligences supérieures qui ferment les débats sur une question, comme Cromwell ferma la porte du parlement et en mit la clef dans sa poche ; et la Critique attendait toujours le mot concluant et définitif qui devient, au bout d’un certain temps, la pensée de tout le monde, ce mot qui est le coup de canon de lumière après lequel il peut y avoir des ennemis encore, mais après lequel il n’y a plus de combattants.

1980. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Il n’a pas écrit une biographie intellectuelle du penseur, et replacé, après coup, les idées de l’homme, sous le jeu de ses facultés bien étudiées et par l’étude redevenues vivantes, pour voir comment ces idées s’étaient formées, développées et fixées, dans l’action et sous la pression de ces facultés.

1981. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Tarissez ces larmes dans ces yeux pâmés vers le ciel, et qui, fermes et attentifs, redescendent tout à coup sur la terre, et vous avez la seconde grandeur de Sainte Térèse, vous avez la Térèse des Fondations !

1982. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Quand ce moine blanc à la face exsangue, aux lèvres pâles, mettait, en nous parlant des passions, sa main sous le froc qui couvrait sa poitrine domptée et calme et qu’il l’en retirait tout à coup, on croyait voir le sang de sa jeunesse découler de cette main appuyée un instant sur son cœur, et il semblait nous dire : « Je vous connais, mes frères !

1983. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Dieu l’eût sans doute sauvée pour la justification de ses promesses ; mais la gloire des grands hommes est de se servir de leur liberté et de leur intelligence de manière à économiser l’action directe de Dieu sur la terre et à lui ménager l’effet des grands coups de sa providence.

1984. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Après une telle déception, je n’ai plus rendu justice à rien, ni aux conversations du livre, où le coup de raquette enlève le volant avec une précision et une rapidité d’escrime, ni aux analyses de sentiments et d’idées, légères, dentelées, à jour, ni aux masses de fleurs artificielles supérieurement exécutées et dont le livre est plein, il faut bien l’avouer.

1985. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Je ne reproche point à Henri Monnier d’avoir fait Le Roman chez la portière, le meilleur coup que la Critique ait jamais porté à Alexandre Dumas, étant, moi, de ceux-là qui se défient des génies capables d’enthousiasmer les laquais !

1986. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Mérimée, que des coups de pistolet et des coups de couteau.

1987. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

On boira à petits coups passionnés cette absinthe, parfumée d’un dictame.

1988. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Et, par là, sitôt qu’elle est en possession de ses prétendus privilèges, elle perd d’un coup tout son pouvoir ! […] À nous, maintenant, d’achever, par un coup de volonté, l’évolution naturelle. […] Il se sentit tout à coup devenir contemporain du tsar Vladimir et de Iaroslav le Grand. […] Tout à coup, il bute sur Milchhoefer ou Fabricius, et au lieu de franchir d’un bond ces deux masses, il bronche, en flairant l’obstacle. […] Mais Pirithoos assène sur le front du monstre un coup de marteau.

1989. (1929) Amiel ou la part du rêve

Aux jeux il éblouissait, et le Journal parlera plus tard de plus de dix-huit cents coups, réussis de suite au volant. […] Le coup de sifflet du train de Zurich, qui emporte Philine vers l’Allemagne, donne à celui qui reste une impression sinistre. […] Rentrée effroyable, où éclatera comme un coup de tonnerre cette étonnante nouvelle : le professeur de philosophie court les routes de l’Italie avec la petite personne que vous connaissez, et qu’il a épousée ! […] La causticité des rues basses avait créé jadis le type du grimpion, dont Petit-Senn a établi la philosophie, notant le jour où « tout à coup un char de triomphe emmène pompeusement les meubles, les ustensiles et les dieux lares du grimpion devant quelque bel édifice d’une rue bien sèche, bien aérée, bien élevée surtout ». […] Il ne désigne plus l’existence puissante, mais l’existence en puissance, celle des mathématiques, « l’illusion d’un travail immense qui tout à coup deviendrait possible ».

1990. (1885) L’Art romantique

» Et tout d’un coup, sortant d’un abîme de rêverie, Senta inspirée s’écrie : « Que je sois celle qui te délivrera par sa fidélité ! […] Un coup qui ne porte pas n’en blesse pas moins au cœur le rival à qui il était destiné, sans compter qu’il peut à gauche ou à droite blesser l’un des témoins du combat. Un jour, pendant une leçon d’escrime, un créancier vint me troubler ; je le poursuivis dans l’escalier à coups de fleuret. […] On a vu de grands débauchés jeter tout d’un coup tout leur luxe par la fenêtre et chercher dans l’ascétisme et le dénûment d’amères voluptés inconnues. […] Voilà, pour le coup, me dis-je, un art pernicieux.

1991. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Il a bien observé la convexité de la mer arrondie en dos, la teinte sombre qu’elle prend tout à coup quand elle est ridée par la brise ; il désigne les animaux par leur race et leur espèce, les arbres par leur essence. […] La vraisemblance exige que leur discours ait l’allure de la conversation familière, qui se ralentit ou se précipite, s’abaisse ou s’élève, se prolonge ou tout d’un coup s’interrompt et s’exclame. […] À coup sur il y est plus froid. […] Zola appelle naturalisme) n’est pas « une école, et ne s’incarne pas dans le génie d’un homme ni dans le coup de folie d’un groupe, comme le romantisme ». […] Maxime du Camp a mal tourné, comme Flaubert se plaisait à le lui prédire : car s’il eût relié d’un gros fil d’intrigue chacune de ses études sur Paris, il eût fait du coup, par anticipation, tous les romans de nos fameux réalistes.

1992. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Car il sait voir l’objection, et, quoique plein de pitié pour ceux que la vérité n’éblouit pas du premier coup, il condescend à démontrer l’inanité des difficultés qu’on soulève contre lui. […] Où Lamennais s’est le plus trompé, c’est quand, s’apercevant que l’influence de l’autorité sur la croyance était un fait, il en a conclu que mettre ce fait en démonstration, serait un coup de partie. […] «  Il est bien évident que ce jour-là nous avons reçu le coup d’en haut. […] Encore un coup, que n’a-t-elle eu les yeux fixés sur la Réforme ! […] mais Dieu doit y avoir laissé la marque de sa volonté, et cette volonté étant une, nous aurons du même coup le secret du dessein de Dieu sur nous.

1993. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Estaunié, en réalisant ce démon, en lui faisant dévorer lentement ses victimes, a jeté dans les abîmes de la vie intérieure un coup de sonde saisissant. […] Edmond Jaloux, n’a rien d’un coup de sonde et paraît venir au monde dans un paysage harmonieux, attendri et doucement triste de Provence. […] Un coup de baguette fait du champ de sa vision tantôt un Lilliput, tantôt un Brobdignac. […] Silas est resté le même et sur cet homme pareil le second coup de la destinée est pareil au premier : c’est la même erreur qui l’abuse. […] Il a tenu le coup et il a réussi en choisissant cette voie étroite et paradoxale.

1994. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Ainsi parle Swift, sans développement, sans coups de logique, sans effets de style, mais avec une force et un succès extraordinaires, par des sentences dont les contemporains sentaient intérieurement la justesse et qu’ils acceptaient à l’instant même, parce qu’elles ne faisaient que leur dire nettement et tout haut ce qu’ils balbutiaient obscurément et tout bas. […] La passion et l’orgueil énorme, comme tout à l’heure l’esprit positif, ont assené tous les coups. […] Swift avance régulièrement, ne laissant aucune partie saine, enfonçant blessure sur blessure, sûr de tous ses coups, en sachant d’avance la portée et la profondeur. […] On représente encore comme un grand avantage pour le public que, si nous écartons tout d’un coup l’institution de l’Évangile, toute religion sera naturellement bannie pour toujours, et par suite avec elle tous les fâcheux préjugés de l’éducation qui, sous les noms de vertu, conscience, honneur, justice et autres semblables, ne servent qu’à troubler la paix de l’esprit humain979.

1995. (1904) Zangwill pp. 7-90

Au nord »,… Circuit, le mot n’est pas de moi, le mot est de Taine ; cette méthode est proprement la méthode de la grande ceinture ; si vous voulez connaître Paris, commencez par tourner ; circulez de Chartres sur Montargis, et retour ; c’est la méthode des vibrations concentriques, en commençant par la vibration la plus circonférentielle, la plus éloignée du centre, la plus étrangère ; en admettant qu’on puisse obtenir jamais, pour commencer, cette vibration la plus circonférentielle ; car on voit bien comment des vibrations partent d’un centre, connu ; on ne voit pas comment obtenir la vibration la plus circonférentielle, ni même comment se la représenter, si le centre est par définition non connu, et si un cercle ne se conçoit point sans un centre connu ; pétition de principe ; c’est le contraire de ce qui se passe pour les ondes sonores, électriques, optiques, pour toutes les ondes qui se meuvent partant de leur point d’émission ; c’est le contraire de ce qui se passe quand on jette une pierre dans l’eau ; c’est une spirale commencée par le bout le plus éloigné du centre ; à condition qu’on tienne ce bout ; ce sont les vastes tournoiements plans de l’aigle, moins l’acuité du regard, et le coup de sonde, et, au centre, la saisie ; je découpe ici mon exemplaire, et je cite au long, pour que l’on voie, pour que l’on mesure, sur cet exemple éminent, toute la longueur du circuit : « Au nord, l’Océan bat les falaises blanchâtres ou noie les terres plates ; les coups de ce bélier monotone qui heurte obstinément la grève, l’entassement de ces eaux stériles qui assiègent l’embouchure des fleuves, la joie des vagues indomptées qui s’entre-choquent follement sur la plaine sans limites, font descendre au fond du cœur des émotions tragiques ; la mer est un hôte disproportionné et sauvage dont le voisinage laisse toujours dans l’homme un fond d’inquiétude et d’accablement. — En avançant vers l’est, vous rencontrez la grasse Flandre, antique nourrice de la vie corporelle, ses plaines immenses toutes regorgeantes d’une abondance grossière, ses prairies peuplées de troupeaux couchés qui ruminent, ses larges fleuves qui tournoient paisiblement à pleins bords sous les bateaux chargés, ses nuages noirâtres tachés de blancheurs éclatantes qui abattent incessamment leurs averses sur la verdure, son ciel changeant, plein de violents contrastes, et qui répand une beauté poétique sur sa lourde fécondité. — Au sortir de ce grand potager, le Rhin apparaît, et l’on remonte vers la France. […] « Quelle opposition entre notre littérature du douzième siècle et celle des nations voisines. » J’arrête ici pour aujourd’hui la citation ; la méthode est bien ce que nous avons dit ; elle est doublement ce que nous avons dit ; quand par malheur l’historien parvient enfin aux frontières de son sujet, à peine réchappé de l’indéfinité, de l’infinité du circuit antérieur, il se hâte, pour parer ce coup du sort, de se jeter dans une autre indéfinité, dans une autre infinité, celle du sujet même ; à peine réchappé d’avoir absorbé une première indéfinité, une première infinité, celle du circuit, celle du parcours, et de tous ces travaux d’approche, qui avaient pour principal objet de n’approcher point, il invente, il imagine, il trouve, il feint une indéfinité nouvelle, une infinité nouvelle, celle du sujet même ; il analyse, il découpe son sujet même en autant de tranches, en autant de parcelles que faire se pourra ; il y aura des coupes, des tranches longitudinales, des tranches latérales, des tranches verticales, des tranches horizontales, des tranches obliques ; il y en aurait davantage ; mais notre espace n’a malheureusement que trois dimensions ; et comme nos images de littérature sont calquées sur nos figures de géométrie, le nombre des combinaisons est assez restreint ; tout restreint qu’il soit, nous obtenons déjà d’assez beaux résultats ; nous étudierons séparément l’homme, l’artiste, le penseur, le rêveur, le géomètre, l’écrivain, le styliste, et j’en passe, dans la même personne, dans le même auteur ; cela fera autant de chapitres ; nous nous garderons surtout de nous occuper dans le même chapitre de l’art et de l’artiste ; cela ferait un chapitre de perdu ; et si d’aventure, de male aventure nous parvenons à parcourir toutes les indéfinités, toutes les infinités de détail de tous ces chapitres, de toutes ces sections, il nous reste une ressource suprême, un dernier moyen de nous rattraper ; ayant étudié séparément l’homme, l’écrivain, l’artiste, et ainsi de suite, nous étudierons les relations de l’homme et de l’écrivain, puis de l’artiste et de l’art, et du styliste, et ainsi de suite, d’abord deux par deux, puis trois par trois, et ainsi de suite ; étant données un certain nombre de sections, formant unités, les mêmes mathématiques nous apportent les formules, et nous savons combien de combinaisons de relation peuvent s’établir ; cela fera autant de chapitres nouveaux ; et quand nous aurons fini, si jamais nous finissons, le diable soit du bonhomme s’il peut seulement ramasser ses morceaux ; que de les rassembler, il ne faut point qu’il y songe ; l’auteur a fait un jeu de patience où nulle patience ne se retrouverait. […] En fait de vertu, chacun trouve la certitude en consultant son propre cœur. » On ne me pardonnera pas une aussi longue citation ; mais on m’en louera ; et on la portera sans doute à mon actif ; car c’est un plaisir toujours nouveau que de retrouver ces vieux textes pleins, et perpétuellement inquiétants de nouveauté ; et quand dans un cahier on met d’aussi importantes citations de Renan, on est toujours sûr au moins qu’il y aura des bons morceaux dans le cahier ; — je ne dis point cela pour Zangwill, qui supporte toute comparaison ; — je sais tous les reproches que l’on peut faire au texte que je viens de citer ; il est perpétuellement nouveau ; et il est vieux déjà ; il est dépassé ; phénomène particulièrement intéressant, il est surtout dépassé justement par les sciences sur lesquelles Renan croyait trouver son plus solide appui, par les sciences physiques, chimiques, particulièrement par les sciences naturelles ; — mais ici que dirions-nous de Taine qui faisait aux sciences mathématiques, physiques, chimiques, naturelles, une incessante référence ; — c’est justement par le progrès des sciences naturelles que nous sommes aujourd’hui reconduits à des conceptions plus humaines, et, le mot le dit, plus naturelles ; je n’ignore pas toutes les précautions qu’il y aurait à prendre si l’on voulait saisir, commenter et critiquer tout ce texte ; mais telle n’est pas aujourd’hui la tâche que nous nous sommes assignée ; je n’ignore pas qu’il y a dans cet énorme texte religieux des morceaux entiers qui aujourd’hui nous soulèvent d’indignation ; et des morceaux entiers qui aujourd’hui nous paraissent extraordinairement faibles ; je n’ignore pas qu’il y a dans ce monument énorme des corps de bâtiments entiers qu’un mot, un seul mot de Pascal, par la simple confrontation, anéantirait ; je connais les proportions  à garder ; je sais mesurer un Pascal et un Renan ; et je n’offenserai personne en disant que je ne confonds point avec un grand historien celui qui est le penseur même ; si j’avais à saisir et à commenter et à critiquer le texte que nous avons reproduit, je sais qu’il faudrait commencer par distinguer dans le texte premièrement la pensée de Renan ; deuxièmement l’arrière-pensée de Renan ; troisièmement, et ceci est particulièrement regrettable à trouver, à constater, des fausses fenêtres, des fragments, à peine habillés, d’un cours de philosophie de l’enseignement secondaire, comme était l’enseignement secondaire de la philosophie au temps où Renan le recevait, des morceaux de cours, digérés à peine, sur Kant et les antinomies, sur le moi et le non-moi, tant d’autres morceaux qui surviennent inattendus pour faire l’appoint, pour jointurer, pour boucher un trou ; combien ces plates reproductions de vieux enseignements universitaires, ces morceaux de concours, de l’ancien concours, du concours de ce temps-là, combien ces réminiscences pédagogiques, survenant tout à coup, et au moment même que l’on s’y attendait le moins, au point culminant du dialogue, détonnent auprès du véritable Renan, auprès de sa pensée propre, et surtout de son arrière-pensée ; comme elles sont inférieures au véritable texte ; et dans le véritable texte comme la pensée même est inférieure à l’arrière-pensée, ou, si l’on veut, comme l’arrière-pensée est supérieure à la pensée, à la pensée de premier abord ; quel travail que de commencer par discerner ces trois plans ; mais comme on en serait récompensé ; comme la partie qui reste est pleine et lourde ; comme la domination de l’arrière-pensée est impérieuse.

1996. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Dans ce cas, nous inventons après coup pour eux des motifs qui satisfont notre besoin psychique de claire causalité, et nous nous persuadons sans peine que maintenant nous les avons réellement expliqués. […] Le peuple tout entier tomba dans l’état d’un homme qu’un coup écrasant de la destinée frappe soudainement dans ses biens, sa situation, sa famille, sa considération, son estime de lui-même. […] Un coup de pédale met en mouvement mille fils. […] Les fils coulent inaperçus ; Chaque coup noue mille entrecroisements. […] Car, chez lui, les impulsions d’action et de pensée proviennent de l’inconscient, et la conscience invente après coup, pour les idées et les actes dont elle ignore elle-même la réelle provenance, des raisons spécieuses et jusqu’à un certain point plausibles.

1997. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Et, à Angers, il combine pour ses camarades et lui un autre coup. […] La France impériale était tout enflammée de victoire ; la vie française ne paraissait plus destinée à autre chose : et tout à coup le foyer de ferveur s’éteignit. […] « La légitimité allait, dit-il, pour la première fois brûler de la poudre sous le drapeau blanc, tirer son premier coup de canon après ces coups de canon de l’Empire qu’entendra la dernière postérité !  […] Il y a des coups de théâtre, et qu’il faut amener prestement. […] Le prêtre et son élève échangent des injures, des coups.

1998. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Mais tout à coup il lance le trait qu’il avait préparé ; il laisse aller la corde qu’il avait tendue, et la flèche va frapper droit au cœur des triomphateurs. […] Le dialogue des deux bergers se compose de phrases courtes et vives ; mais chacune de ces phrases porte coup. […] Une argumentation ainsi conçue n’est certainement pas à l’abri de toute blessure et serait frappée à mort par le premier coup sérieux. […] Mais le silence de M. de Belnave l’aigrit au lieu de la calmer, et quand elle s’est bien démontré qu’elle n’est pas comprise, elle se décide à jouer son bonheur sur un coup de dé. […] Pour punir du même coup la maîtresse et l’amant, il refuse l’offre de Fernand. — Vous avez pris ma femme, gardez-la, — c’est à cette seule réponse qu’il borne pour le moment sa vengeance.

1999. (1902) Le critique mort jeune

Oui, l’accent renaniste, avec le respect apparent et le demi-sourire, se reconnaît dans les commentaires de M. de Gourmont aux chants sacrés du moyen âge : ainsi son travail d’érudition, qui l’avait formé à la critique, l’introduisait au scepticisme du même coup. […] Voici d’abord la thèse de son livre, l’objet de sa démonstration, auquel se lient étroitement deux importants corollaires : 1° Il est contraire aux lois qui régissent les sociétés, il n’est ni bon, ni raisonnable, ni sain que les familles puissent s’élever trop rapidement et, parties des derniers rangs, accéder d’un coup, sans transition, sans étape, aux classes supérieures. […] Bourget a peint un repas de famille vraiment tragique où l’on voit, autour du père égaré dans sa vision, la mère, vulgaire et coquette ; la fille rongée par l’inquiétude d’une coupable maternité ; un fils faussaire encore insouciant et sous le coup du châtiment ; un autre fils, enfin qui lit dans tous ces cœurs et qui commence à comprendre la raison de tant de fautes. […] Blancador, jeune Gascon, est un assez vilain fils qui, doué d’une peur naturelle des coups, et très tôt orphelin de son honneur, songe dès ses débuts dans le monde à vivre aux frais des dames par la vertu de ses moustaches et aux dépens des sots grâce aux ressources de son subtil génie. […] Nouveau coup de tête de la volonté libre.

2000. (1900) Molière pp. -283

Dans les années qui avaient suivi le coup d’État, M.  […] Je ne veux pas dire absolument qu’il y a un type et un idéal supérieur de vertu qui a tout à fait manqué aux femmes de Molière ; j’en excepte deux : Dona Elvire, qui devient tout à coup si fière et si digne ; avec quelle fermeté elle arrache de son cœur sa passion pour son indigne époux ! […] En 1664, Louis XIV ne règne que depuis trois ans, et il doit régner cinquante et un ans encore ; il n’a que vingt-quatre ans, il est dans la fleur de son règne, il est respecté en Europe, ayant fait deux ou trois coups d’éclat : l’humiliation de l’ambassadeur d’Espagne, et celle du pape. […] Il y a là une révolte amère, une conception amère des rapports du monde et de la Providence ; c’est la même qui est dans le Tartuffe, mais exprimée d’une autre façon. — Tout à coup Dom Juan : « Ah ! […] La Révolution française, que nous trouverons au terme de ces études, a produit, on ne saurait le nier, quelques résultats bizarres ; elle a amené, entre autres, pour ne point sortir de l’histoire de nos travers, un déplacement de la vanité sociale, bien propre à dérouter et à confondre ceux qui se figurent qu’il suffit d’établir des principes pour tout corriger d’un coup.

2001. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

La peur des coups se joignant à la gourmandise d’un enfant craintif pour une belle femme, ses yeux la supplièrent de regarder. […] Etranger, il raille âprement l’étourderie, la frivole ivresse des têtes françaises ; et cette disposition, montée au comble, est l’ouvrière de son coup de fortune. […] Ministre d’Etat, ses proches amis sont à trembler qu’il ne brise tout, comme un jeune homme qui n’a pas fini ses coups de tête. […] Elle avilissait du même coup le sentiment religieux. […] A coup sûr, tu n’es pas un être pétri du même limon et animé de la même vie que nous !

2002. (1925) Comment on devient écrivain

Par contre, des jeunes gens qui n’annonçaient que de faibles dispositions se mettent tout à coup à avoir du talent. […] Les auteurs les plus célèbres n’ont pas toujours conquis la gloire du premier coup. […] » La négresse marronne, le corps tout rouge des coups de fouet qu’elle a reçus, vient implorer Virginie, qui lui dit : « Pauvre misérable, j’ai envie d’aller demander votre grâce à votre maître. […] Cette facilité explique qu’il y ait tant de mauvais sermons, mais n’explique pas qu’il y en ait si peu de bons, et qu’un esprit mieux doué ne s’y montre pas tout à coup supérieur. […] Vous lisez un roman ; les cent premières pages sont parfaites, le ton excellent ; tout à coup, sans raison, c’est brutal, c’est faux ; on est consterné, on se dit : « Ah !

2003. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Les premiers, en l’attaquant, n’ont songé qu’à porter des coups à leurs adversaires ; ceux-ci, de leur côté, se sont crus obligés de parer des atteintes dirigées contre eux individuellement. […] Il vivait au milieu d’un temps d’ordre et de tranquillité ; il était loin des révolutions et de tous ces mouvements où l’esprit des peuples et des hommes prend un nouveau caractère, et se révèle tout à coup d’une manière imprévue. […] Dans la nouvelle politique, la constitution fut une règle textuelle déduite de la théorie générale pour être tout à coup imposée à une nation. […] La chaleur de son esprit s’appliqua à pénétrer tout d’un coup dans les principes de la nature pour révéler son secret, et aussi à la présenter sous ses rapports pittoresques. […] Les sciences, qui, dans le commencement du siècle, ont procédé avec patience, mais sans succès éclatants, deviennent tout à coup un haut titre de gloire pour la nation.

2004. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Deux odes de 1814 en font foi ; ce sont des messéniennes écrites sous le coup. […] A la dernière scène de la pièce, au dernier vers, au moment du coup fatal, le Ah !

2005. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Une famille n’arrive pas à la gloire du premier coup ; il y a croissance dans la famille comme dans l’individu ; la nature procède par développement successif et non par explosions soudaines ; un génie qui se croit né de lui-même est né du temps ; ce phénomène se remarque également dans le Tasse. […] … Je vis des divinités célestes et charmantes, et, parmi ces nymphes et ces sirènes… je restai frappé de stupeur, et je me sentis tout à coup grandir moi-même à la hauteur de ce que j’admirais… Rempli d’une vie inconnue, inondé d’une divinité intérieure toute nouvelle… je chantais les exploits et les héros, dédaignant désormais les humbles idylles… » XVI Cependant, soit que la distance et le respect eussent intimidé l’aveu de ces sentiments pour Léonora d’Este, soit qu’il eût voulu dérober sous un autre nom les hommages poétiques secrets qu’il adressait dans son cœur à Léonora, le Tasse affecta de célébrer quelque temps dans ses vers une autre beauté de la cour de Ferrare.

2006. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Sous le coup d’une grande douleur, telle que la perte ou la trahison d’une personne chèrement aimée, le simple est secoué tout entier, ne s’appartient plus, s’abandonne volontiers aux démonstrations bruyantes ; mais souvent, s’il souffre avec violence, il se console avec rapidité. […] Et il n’est pas non plus dans les coups de poignard. « Ce n’est pas une nécessité qu’il y ait du sang et des morts dans une tragédie73. » Titus et Bérénice, qui ne meurent ni ne sont tués, souffrent autant que les autres héros tragiques.

2007. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

-Pierre, comment M. de Chateaubriand, la plus grande figure littéraire de notre temps, se sont-ils placés tout d’un coup à côté d’eux ? […] Comme si on pouvait séparer l’idée de l’expression dans un écrivain ; comme si la manière de concevoir n’était pas étroitement unie à la manière de rendre ; comme si le langage enfin n’était qu’une traduction de la pensée, faite à froid et après coup !

2008. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Comme dans une moralité satirique de la fin du Moyen Âge, le vieux monde qui se réveille, et qui, mal éveillé encore, se frotte les yeux, fait toutes sortes de maladresses et de balourdises, et cogne à tout coup le nouveau monde, qu’il croit absent, évanoui, et qu’il rencontre à chaque pas sans vouloir le reconnaître.

2009. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Tout à coup se ravisant, il fit rappeler le curé et lui dit qu’il n’avait à se reprocher que cette dernière action, qu’il n’avait jamais trahi la vérité qu’en cette occasion, en feignant, par complaisance pour les siens une certitude qu’il n’avait pas : en un mot il se confessa de s’être confessé.

2010. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Quand on additionne ainsi toutes les dissidences de détail, on est effrayé sur l’ensemble ; mais c’est une mauvaise méthode et trompeuse, en pareil cas, que d’additionner. « Il n’y a point, a dit La Bruyère, d’ouvrage si accompli qui ne fondît tout entier au milieu de la critique, si son auteur voulait en croire tous les censeurs qui ôtent chacun l’endroit qui leur plaît le le moins. » Ainsi l’Iliade tout entière, y compris l’auteur, fondit un moment sous le nombre des coups de crayon retrouvés ; et pourtant elle subsiste.

2011. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Une épithète trop forte peut détruire entièrement un argument vrai ; la plus légère nuance déroute entièrement l’imagination prête à vous suivre ; une obscurité de rédaction que la réflexion pénétrerait bien aisément, lasse tout à coup l’intérêt que vous inspiriez ; enfin le style exige quelques-unes des qualités nécessaires pour conduire les hommes.

2012. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Le coup d’État du 2 décembre avait supprimé l’éloquence politique.

2013. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Eschyle et à créer une Orestie française, Leconte de Lisle se promenait, en causant avec le vieux combattant de Salamine et de Platée, dans le pays idéal de la Tragédie, tout à coup il s’aperçut que son compagnon de voyage était chauve à ce point, que les tortues pouvaient prendre son crâne pour un rocher poli.

2014. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

De deux coups de foudre, l’un lointain, l’autre rapproché, le premier ne peut-il pas être antérieur au second, bien que le bruit du second nous parvienne avant celui du premier ?

2015. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Murs décrépits, lumière décrépite Que ce novembre épand sur cette place : Sur un balcon, du linge froid palpite, Pâle, dans la lumière décrépite, Et puis le son des cloches qui se lasse… Tout à coup, plus de cloches, plus de vieille, Plus de pauvre idiot, vaguement singe, Et l’on dirait que la ville sommeille, Plus d’idiot, de cloches, ni de vieille… Seul, maintenant, le blanc glacé du linge.

2016. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Un jour même, dit-on, la colère l’emporta ; il frappa à coups de fouet ces ignobles vendeurs et renversa leurs tables 610.

2017. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Logique passionnée, effusions lyriques, style oratoire, apostrophes à la nature et à l’Etre suprême, exclamations perpétuelles qui choquaient tant Buffon, goût du roman sentimental, incapacité d’écrire sauf sous le coup d’une émotion violente, irritabilité nerveuse aboutissant à la manie de la persécution, tout cela nous apparaît désormais comme une série de faits unis entre eux par une dépendance mutuelle.

2018. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

» Un jour, il accompagne Mme d’Épinay dans une visite qu’elle rend au précepteur de son fils, et, comme on cause de la manière dont l’enfant doit être élevé, Duclos, avec sa brusquerie habituelle, lance tout à coup ces paroles : « N’allez pas faire la bêtise de lui dire du mal des passions et des plaisirs ; j’aimerais autant qu’il fût mort que condamné à n’en pas avoir. » Rousseau va plus loin encore.

2019. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Ennemi de l’enflure et des grands airs, il a aidé à désabuser de bien des déclamations en vogue ; il a crevé à coups d’épingle bien des ballons.

2020. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

On se rappelle qu’il y a six ou huit mois environ la question du Rhin s’est agitée tout à coup.

2021. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Tout à coup le sublime passe, et la sombre électricité de l’abîme soulève subitement tout ce tas de cœurs et d’entrailles, la transfiguration de l’enthousiasme opère, et maintenant, l’ennemi est-il aux portes, la patrie est-elle en danger ?

2022. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Mais s’il en était ainsi, comment cette intelligence pure serait-elle à la merci d’un coup de sang ou d’une chute ?

2023. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Le poète, comme aussi le grand prosateur, ne livre pas du même coup tous ses genres de beautés et ne peut pas donner à la fois tous les plaisirs qu’il est capable de donner.

2024. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

Albalat est disposé à le trouver médiocre  », alors que nous déclarons, en propres termes (p. 9, Travail du style) : « Certains improvisateurs ont réalisé du premier coup de la très belle prose. » (NdA) 32.

2025. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Voyez, en effet, comme nous avons besoin déjà de nous transporter au temps où notre littérature classique et nationale a paru tout à coup avec tant d’éclat, si nous voulons l’apprécier et la sentir, du moins en partie.

2026. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Trois coups de pinceau trempé dans du vermillon, la couleur russe par excellence, — car, en russe, rouge est un synonyme de beau, — et c’est fait !

2027. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

En plusieurs circonstances de son voyage, il rappelle presque la belle scène des coups de cravache chez le pacha, dans l’Itinéraire de Chateaubriand.

2028. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Tout à coup ses yeux jettent des flammes.

2029. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

II Vers la fin de 1854, au milieu des préoccupations inquiètes de l’Europe, à peine rassise des coups terribles que lui avaient portés les révolutions, on apprit qu’un Français venait d’être fusillé, comme un pirate, par le gouvernement mexicain, et que ce Français, ce jeune homme, qu’on appelait au Mexique le vainqueur d’Hermosillo, du nom de sa première bataille, gagnée avec deux cent cinquante hommes contre une armée et contre une ville, avait été jusqu’au dernier moment l’honneur de la France et avait donné d’elle la grande idée qu’elle n’a pas cessé de donner au monde quand, se détournant de ses misères intérieures, elle s’est retournée vers les autres nations et leur a montré un bout d’épée.

2030. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

La France monarchique et catholique à la vie dure vivait toujours, malgré tout ce qu’on avait fait pour la tuer… Les causes du succès du Génie du Christianisme, qui fut un triomphe et qu’on pouvait appeler : le 18 brumaire de la pensée, car ce jour-là Chateaubriand avait jeté les idées de la Révolution par la fenêtre, comme Bonaparte y avait jeté les représentants, — les causes de ce beau succès n’étaient pas toutes dans le talent, nouveau comme le Nouveau Monde, d’où il venait, et qui se révélait tout à coup avec tant d’éclat… Mais le succès de Lamartine, beaucoup plus personnel, venait, lui, uniquement de son genre de génie.

2031. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Tarissez ces larmes dans ces yeux pâmés vers le ciel, et qui, fermes et attentifs, redescendent tout à coup sur la terre, et vous avez la seconde grandeur de sainte Térèse, vous avez la Térèse des Fondations !

2032. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Le nouvel historien, se contentant, comme la Ligue elle-même, de cette conversion qu’Henri IV, son masque à la main, appelait tout bas, dans l’oreille de sa maîtresse, le saut périlleux, finit brusquement son histoire à l’édit de Nantes, ce coup de Jarnac du protestantisme qui se vengeait de sa conversion ; et, arrivé là, il se contente d’indiquer une telle conclusion, au lieu d’en marquer la portée !

2033. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Ce n’est là qu’un coup d’œil et quelques coups de langue sur un sujet très vaste, très chargé, et qu’il est impossible de creuser sans y mettre l’effort, le détail et le temps.

2034. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Quand cela leur arrive, il leur faut, comme à La Harpe, le coup de tonnerre dans le sang de la place Louis XV et le chemin de Damas de la guillotine !

2035. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Et, d’ailleurs, il ne s’agit ici ni de guérison ni de description : il s’agit uniquement et exclusivement de critique, — et d’une critique qui, pour être complète, pour mériter ce nom de critique, doit être tout à la fois esthétique et morale, parce que toute œuvre de littérature ou d’art s’adresse nécessairement, et du même coup, à l’intelligence et au cœur.

2036. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

En les ouvrant, on se trouve tout à coup en pleine femme, en pleine passion, et aussi en plein xixe  siècle.

2037. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

L’éloge est un tribut qu’on paie à la vertu. » Dans un de ses derniers discours à Théodose, il s’interrompt tout à coup : « Tu vois, prince, lui dit-il, que je ne suis pas venu ici pour te flatter : conviendrait-il à un philosophe en cheveux blancs, qui a familièrement vécu avec tant d’empereurs, aujourd’hui que le plus humain de tous est sur le trône, de mendier sa faveur par des bassesses ?

2038. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Inégal à sa force à nulle autre seconde, Et l’Hydre, si souvent à renaître féconde, Par un coup de sa main les sept têtes perdit… On ne voit pas pourquoi ces vers mythologiques, fort beaux d’ailleurs, ne seraient pas aussi bien de Ronsard. […] Non seulement, on le voit, le poète en ces vers ne parle pas en son nom, sous le coup d’une émotion personnelle ou actuelle, mais encore, et au contraire, si quoique circonstance de personne, de temps, ou de lieu pouvait particulariser l’idée de la mort, il l’écarte. […] C’est elle qui frappe ces grands coups dont les hommes et les peuples demeurent quelquefois stupides, et qui prépare la victoire du christianisme en jetant Antoine aux bras de Cléopâtre. […] L’auteur de Zaïre et de l’Alzire devait lui porter le dernier coup, en achevant de réduire le Dieu de l’Évangile à la condition de ressort dramatique, et en l’égalant de la sorte à ceux qui remplissent un office analogue dans sa Sémiramis, ou dans son Orphelin de la Chine. […] Peu favorisée de la fortune, on la plaça, toute jeune encore, auprès de Mme de Guise, comme fille d’honneur, et quelques biographes racontent qu’elle attira, pour son coup d’essai, l’attention du dauphin, fils de Louis XIV.

2039. (1924) Critiques et romanciers

L’ennui, c’est que la perpétuelle injure, à la fin, cesse de porter coup. […] On en veut au chat, pour ses coups de griffes et ses coups de dents. […] Un jeune corbeau, qui était venu seconder Tiécelin, succombe : la buse, d’un coup de bec, a su le tuer. […] Des injures, l’on vient aux coups. […] Il devra ensuite élaborer les documents qu’il aura saisis d’un coup preste et heureux : mais il redoutera surtout de leur ôter leur vivacité.

2040. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Sujet, forme, acteur, spectateur, dans ces comédies vous êtes tout vous-même, et tout est vous-même. » C’est dans le rêve que le moi sans alliage peut-être, presque sans alliage sans doute, à coup sur avec beaucoup moins d’alliage que dans la veille, se révèle à vous. […] Je veux parler de nous autres Européens… Supposons que les plus joyeux convives, par le tour de malice d’un magicien, se voient soudain dévoilés et déshabillés, je crois que, du coup, non seulement leur bonne humeur disparaîtrait soudain, mais encore l’appétit le plus féroce serait découragé. […] Sans pouvoir se confier, s’abandonner à aucun instinct, à aucun coup d’aile libre, il fait sans cesse un geste de défensive, armé contre lui-même, l’œil perçant et défiant, s’étant institué l’éternel gardien de sa tour. […] Dans les commencements d’un art, on trouve quelquefois précisément l’opposé extrême de ce fait. » L’art classique, l’art de belle et simple ordonnance ne peut pas naître, en effet, du premier coup. […] » Mais encore il connaît les nuances, les mesures et les espèces, et il sait qu’il y a une clarté décevante et un clair-obscur suggestif et qu’il y a des cas où sied un peu de pénombre et d’autres où convient un coup de clarté vif, mais rapide.

2041. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Tout à coup il frémit ; il s’aperçut qu’il avait fait acte de réactionnaire. […] C’est que l’Encyclopédiste est du premier coup l’individualiste passé maître et l’invidualiste modèle. […] Il est trop facile de dire après coup : « J’aurais marché. » On ne réfléchit pas que c’est parce qu’on connaît l’événement qu’on le dit. […] M. de Francœur, comme vous vous y attendez, reçoit le coup d’assommoir où l’on s’expose toujours dans ces sortes d’aventures du cœur. […] Du premier coup il attira l’attention qui ne devait plus s’éloigner de lui.

2042. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Il en rapporta peu de « sensations » et dut faire, pour se composer après coup une Grèce utilisable, un merveilleux effort. […] Donnons à notre tour dans ses marges les quelques coups de crayon professionnels. […] Elle a été pensée par antithèses, et c’est d’antithèses que l’enrichit encore le coup de pouce imaginatif de Chateaubriand. […] Sa manière d’arranger après coup sa vie est consubstantielle à son art. […] Un coup de téléphone : affaire de service à traiter.

2043. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Pour la première fois, la cour devait en fournir te type et les règles, et du même coup, faire pâlir l’élément bourgeois, encore fort en saillie au seizième siècle. […] Voilà comment la raison refait après coup la nature ; mais c’est là tout : la nature ou les sentiments naturels, éteints ou affaiblis par le péché, ne sauraient être rétablis par la raison seule. […] Mais le coup était porté ; l’Hôpital ne s’en releva pas et mourut au bout de quelques mois. […] Qui est assez fort pour embrasser du premier coup la suite logique de toutes ses idées, et assez résolu pour faire d’avance son choix ? […] Pascal est profond, abstrait, universel ; son observation s’élève du premier coup à la plus vaste généralité.

2044. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

L’invective contre les rebelles est, dès le début, poussée à outrance : il est temps d’en finir, et, comme il le dit, de donner le dernier coup à la dernière tête de l’Hydre : Fais choir en sacrifice au Démon de la France132 Les fronts trop élevés de ces âmes d’Enfer, Et n’épargne contre eux, pour notre délivrance,     Ni le feu ni le fer. […] Dans le sérieux, dans le tendre, en toute occasion, Malherbe a de ces beaux débuts : A ce coup nos frayeurs n’auront plus de raison, etc. […] Il a le geste haut et souverain, — ce que j’appelle le coup d’archet.

2045. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Labitte, partageait également : cette lettre ne me fait pas rendre les armes du premier coup. […] Mlle Aïssé, en ses Lettres, a raconté avec enjouement l’histoire de ce qu’elle appelle s es amours avec le duc de Gèvres , amours de deux enfants de huit à dix ans, et dont elle se moquait à douze : « Comme on nous voyait toujours ensemble, les gouverneurs et les gouvernantes en firent des plaisanteries entre eux, et cela vint aux oreilles de mon aga, qui comme vous le jugez, fit un beau roman de tout cela. » Serait-ce à propos de ce bruit, commenté et grossi après coup, que la semence aurait été écrite ? […] Vos coiffes garantissent mal la tête, et les coups de soleil sont dangereux et très-fréquents dans cette saison.

2046. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

D’abord l’art de se faire entendre, du premier coup, toujours, jusqu’au fond, sans peine pour le lecteur, sans réflexion, sans attention ! […] Il ne remonte pas à la source du beau du premier coup, comme les vrais artistes, par la violence et la lucidité de l’inspiration naturelle ; il s’arrête dans les régions moyennes, parmi les préceptes, sous la conduite du goût et du sens commun. […] Il est curieux de le voir, le compas à la main, bridé par Bossu, empêtré de raisonnements infinis et de phrases académiques, atteindre tout à coup, par la force de l’émotion naturelle, les hautes régions inexplorées où Milton est soulevé par l’inspiration de la foi et du génie.

2047. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Tout à coup le jeune ambitieux reconnut, dans les souvenirs dont sa tante l’avait si souvent bercé, les éléments de plusieurs conquêtes sociales, au moins aussi importantes que celles qu’il entreprenait à l’École de droit ; il la questionna sur les liens de parenté qui pouvaient encore se renouer. […] Attendant toujours une douleur nouvelle, comme les martyrs attendaient un nouveau coup, tout mon être dut exprimer une résignation morne sous laquelle les grâces et les mouvements de l’enfance furent étouffés, attitude qui passa pour un symptôme d’idiotie et justifia les sinistres pronostics de ma mère. […] Un soir, en sortant, je reçus dans le dos un coup de mouchoir roulé, plein de cailloux.

2048. (1925) La fin de l’art

Petit-Jean remontait avant le déluge ; le moderne juge de paix n’a pas de notions sur les époques mythiques : il a l’esprit positif, il entre du premier coup dans l’histoire. […] L’invention de la plume métallique a porté un coup à la littérature sérieuse. […] La pratique même de la médecine ne montrait-elle pas qu’il est dangereux de supprimer tout d’un coup une mauvaise habitude, fût-ce l’alcool pur, fût-ce le tabac, et même l’éther ou l’opium ?

2049. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Elles ne nous en serviront pas moins à jalonner un intervalle, à analyser en ses éléments virtuels l’acte indivisible par lequel la religion dynamique se pose, et à montrer du même coup, par la direction évidemment commune des élans qui n’ont pas abouti, comment le saut brusque qui fut définitif n’eut rien d’accidentel. […] C’est son apparition à un moment précis qui nous fait assister rétrospectivement à sa préparation, comme le volcan qui surgit tout d’un coup éclaire dans le passé une longue série de tremblements de terre 17. […] Une science innée, ou plutôt une innocence acquise, lui suggère ainsi du premier coup la démarche utile, l’acte décisif, le mot sans réplique.

2050. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

On voyait la terre, les cieux, les enfers, tous les élémens, se succéder au signal d’un coup de baguette. […] Nul ne connut mieux l’art de frapper à propos les coups décisifs. […] Nul n’a mieux connu que lui l’art d’amener les Fêtes, les Ballets & les coups de théatre. […] Il l’apprit, & ne fit plus rien que d’inférieur à ce coup d’essai. […] On vient d’applaudir au coup d’essai de M.

2051. (1908) Après le naturalisme

C’est pour tous le struggle for life où beaucoup succombent des coups reçus ou de la trop grande dépense de forces. […] L’agrégat qu’ils ont constitué subsiste encore, malgré leur écroulement, par la force de l’habitude et parce que tant d’hommes ne peuvent pas se trouver tout à coup, sans lois, sans habitacle social. […] C’étaient là des coups plus ou moins retentissants qui commençaient à ébranler les arches anciennes du monde. […] Et il en était bien ainsi même pour les écrivains défenseurs de la thèse contraire : le nationalisme, Barrès, Bourget, Bazin, entre autres, car c’étaient moins leurs propres doctrines qu’ils avançaient d’eux-mêmes en leurs livres, que des réponses qu’ils fournissaient après coup aux prétentions manifestées par les socialistes de politique ou de littérature.

2052. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Un coup fait mal. […] Sitôt que les deux idées dont la proposition est composée sont nettes dans son esprit, elles s’attachent l’une à l’autre et y font couple ; cette soudure réciproque est instantanée ; chacun voit du premier coup que, parmi toutes les lignes menées d’un point à un autre point, la ligne droite est la plus courte. […] Mais comme AB, pendant ce laps de temps, est remonté en CD, le point S′ qui lui appartient y est remonté du même coup et s’y trouve en S′, milieu de CD, comme S est le milieu de AB. […] VII D’autres axiomes, moins fructueux, méritent aussi d’être démontrés, à cause de leur portée immense et de la prodigieuse envergure qu’ils semblent donner tout d’un coup à la connaissance humaine.

2053. (1925) Portraits et souvenirs

Il semble que vous n’auriez qu’à briser cette barrière fragile et transparente, et, soudain, grandi et vivant, Balzac surgirait dans la chambre et vous le verriez se précipiter vers la table et l’encrier, pour reprendre et continuer, dans cette demeure tout à coup pleine de lui, son œuvre énorme et interrompue. […] Entre les premières pièces publiées par le Parnasse contemporain et le mystérieux morceau intitulé le Coup de Dés, qui fut, je crois, la suprême tentative du poète, et celle où le mena le plus loin son génie de l’ellipse, il y a un écart considérable. […] Parmi les illusions que crée en nous le rêve — et dont il nous laisse, au réveil, un souvenir si exact qu’elles en gardent une sorte de réalité secondaire, — celle qu’il nous est, tout à coup, permis de planer dans l’espace n’est-elle pas une des plus familières et des plus agréables ? […] Tout à coup l’idée me vint de signaler ma présence par quelque manifestation qui donnât la véritable mesure de mon mérite. […] Tout à coup, on entend un bruit de chevaux.

2054. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Ne jamais écrire, dédaigner cela ; mais avoir écrit, avoir prouvé un talent net dans l’exposé d’idées nouvelles, et tout d’un coup se taire ? […] Oratoire parfumé à l’ambre gris, des femmes y ferment les yeux sous la voix de l’abbé Blampoix, de l’abbé Octave, du frère Hepicius, du père Reneus ; elles ne sont pas bien sages sur leurs chaises ; d’aucunes, tout à coup, tombent à genoux ; d’autres se renversent, comme de grandes fleurs pleines de larmes ; et les doigts se crispent et cherchent on ne sait quoi parmi le froissis des soies et le cliquetis des bracelets. […] Sa face qui semble rude est pleine de tendresse pour ceux que la vie a déconcertés, pour les barques dont les voiles folles battent le long des mâts : il redresse les vergues, il oriente de nouveau la voilure, il donne le coup de barre qui décide le voyage ; il est le bon pilote qui connaît la carte des écueils et la rose des vents. » Je disais encore, et si ce n’était pas une prophétie, maintenant c’est un espoir : « Qu’importe où va la barque, pourvu qu’elle ne fasse pas naufrage en route ?  […] Tout le long de la tragédie l’idée est portée par le rythme comme selon une danse où les coups de sabots font des pauses douloureuses. […] A chaque pas, à chaque coup d’aviron, à chaque pont, à chaque gué, il a besoin de l’infini, Christophe qui, pour traverser le torrent tumultueux a besoin d’un bâton lourd et haut comme un chêne.

2055. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Mignon insiste, avec beau coup de raison, sur la valeur éducative de l’exemple. […] Mérimée disait qu’il n’aimait qu’elles dans l’histoire : il indiquait du même coup son scepticisme sur l’histoire. […] Plaise à la chance que, du premier coup, la patte s’appuie sur toute ta triste carcasse. […] Car ce journal suppose une attitude de réflexion égotiste qui supprime du coup tout contrôle des faits. […] L’hiver précédent, il avait été l’objet des plus amicales attentions de Guillaume et voici que tout d’un coup, entre deux morceaux de ce concert, celui-ci se lève.

2056. (1930) Le roman français pp. 1-197

Alors parurent les marques des grands coups qu’ils avaient reçus dans Carthage : on aurait dit des inscriptions sur des colonnes. » Image trop forte, excessive, invraisemblable — comme beaucoup de celles de Barbey d’Aurevilly — mais, inoubliable, immense. […] Et si cette subtilité psychologique qui tout à coup s’impose à lui, a contribué à nous donner cela, le fait serait beaucoup plus intéressant que l’influence incontestable des progrès de la maladie sur certains contes fantastiques, tels que Le Horla. […] » La pauvre femme était morte sur le coup. […] Il est dangereux de leur permettre l’accès immédiat aux plus hautes fonctions, de leur faire monter d’un coup tous les degrés de l’échelle sociale. […] Ils deviennent surréels, à force d’irréalité à laquelle un tout petit coin de vraiment vu, un chant de flûte, les sonnailles d’un troupeau, prêtent tout à coup un accent d’intensité, de vérité, délicat, attendrissant.

2057. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Napoléon a tenu cette alliance russo-orientale dans la main après qu’il avait décomposé l’Allemagne et conquis l’Italie jusqu’à Naples ; mais il a brisé cette alliance, en la jetant à terre dans un mouvement d’impatience, pour tenter son expédition chimérique de Moscovie, et en forçant du même coup l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie à secouer le joug de ses vaines victoires. […] XXIX Nous sommes les diplomates de l’équilibre et de la paix ; nous n’en rougissons pas devant les fanatiques du détrônement universel, transformés tout à coup en fanatiques du trône unique.

2058. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

M. de Marcellus plut du premier coup à cet ambassadeur, obtint toute sa confiance et toute son affection. […] Ici, l’enseigne de vaisseau détaché pour la négociation revint nous assurer de tout le désir qu’on avait de nous rendre notre politesse maritime ; mais en même temps, le château se trouvant totalement privé de poudre, le gouverneur turc priait le capitaine français de lui en faire passer autant de charges qu’il désirait de coups de canon.

2059. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Ainsi, le besoin d’une chose ayant poussé un homme à se joindre à un homme, la multiplicité des besoins a réuni dans une même demeure plusieurs hommes pour s’entraider, et nous avons donné à cette association le nom dérivant d’État. » Les fondements de l’État sont donc nos besoins, et, de cette vérité, Platon, dérivant tout à coup des spécialités de besoins, qui demandent des spécialités de fonctions pour les satisfaire, établit des catégories de citoyens et des castes de professions correspondantes à tous ces besoins. […] La division du peuple en professions arbitraires et infranchissables ; La suppression de la propriété, seule responsabilité de l’homme rétribué héréditairement par son travail ; La communauté des biens, c’est-à-dire de la misère ; La communauté des femmes et des enfants, qui supprime du même coup les trois amours dont se perpétue l’espèce humaine : l’amour conjugal, l’amour maternel, l’amour filial, et toutes les vertus aussi humaines que divines qui émanent de ces trois sources d’amour ; L’impudeur, aussi flagrante que l’impudicité, dans cette gymnastique des femmes de tout âge s’exerçant nues devant le peuple à des luttes dégoûtantes d’obscénité ; Le meurtre des enfants mal conformés, punissant le tort de la nature par la mort de ses victimes ; La population maintenue, au moyen d’une loi révoltante, au même nombre par l’immolation des hommes nés en dépit de la loi ; Les arts, proscrits de cette démocratie des métiers, de peur que l’esprit ne se corrompe par ses plus belles manifestations intellectuelles ; Enfin, on ne sait quel gouvernement de vieillards, écoliers jusqu’à cinquante ans dans des gymnases de sophistes, et n’arrivant au gouvernement qu’à l’âge où les passions généreuses meurent généralement dans l’homme en même temps que les passions fougueuses, c’est-à-dire un gouvernement d’eunuques sur un troupeau de brutes esclaves : Voilà, encore une fois, ce délire d’un philosophe que l’on continue à appeler le divin Platon !

2060. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Pendant cette longue station que nous fîmes dans votre chambre de jeune homme, occupées à déchiffrer et à copier des lambeaux de notes au crayon noir à moitié effacées sur le plâtre blanc des murailles, Besson qui buvait un coup à la cuisine racontait à cette aimable dame et aux femmes du village ensuite ce qu’il savait de nous, et qui nous étions. […] XXII Tout d’un coup nous nous arrêtâmes et nous poussâmes un cri.

2061. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Cette œuvre éleva du premier coup le jeune poëte à une hauteur de renommée qui l’isola dans une gloire précoce et unique. […] M. de Chateaubriand, cet Esdras du temple rebâti par Bonaparte, porta par son livre du Génie du Christianisme un coup éclatant à la philosophie et à l’influence de Voltaire.

2062. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

C’est là le grand art, et c’est pour en avoir quitté la voie à partir de Polyeucte, que le génie de Corneille s’est affaibli tout à coup. […] Pourquoi sa langue s’éclipse-t-elle tout à coup ?

2063. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Mais Lamennais échangea une foi pour une autre ; il n’arriva que dans sa vieillesse à la critique et à la froideur d’esprit, tandis que le travail qui me détacha du christianisme me rendit du même coup impropre à tout enthousiasme pratique. […] M. l’abbé Dupanloup, déjà connu par ses succès au catéchisme de l’Assomption, auprès d’un public plus exigeant en fait de jolies phrases qu’en fait de doctrine, était juste l’homme qu’il fallait pour participer innocemment à une collusion que les âmes faciles à se laisser toucher devaient pouvoir envisager comme un édifiant coup de la grâce.

2064. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Le coup de pointe me fut porté par M.  […] » retentirent toute la nuit à mon oreille comme un coup de tonnerre.

2065. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Il a démoli de fond en comble le manoir des Sottenville, il a acheté, avec des chiffons de papier, leurs terres seigneuriales, il a envoyé Clitandre donner à Londres des leçons de persiflage et de danse ; pour tout dire, — car la comédie du Gymnase a l’intention de mettre en scène des classes plus que des personnes, — il a chassé la noblesse le son rang, de la patrie, de l’histoire ; et, dans des jours à jamais maudits, il lui a rendu, avec une hache, les coups de filon qu’il en avait reçus. […] C’est alors qu’Antoinette intervient et, d’un coup de plume, rachète l’honneur de son mari en se dépouillant.

2066. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Un cynisme, souvent grossier, & de fréquens coups de génie, distinguent Plaute. […] La Mothe avoit dit que la parodie étoit un coup mortel à l’amour-propre, seul motif pour lequel on compose ; qu’il n’en avoit pas eu d’autre lui-même en écrivant, mais que sa vanité lui étoit commune avec tous les auteurs, qui, du moment qu’ils donnent au public des ouvrages de bel-esprit, en sont convaincus par le fait même.

2067. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

À supposer que le jeune auteur n’ait pas réussi du premier coup dans son effort, c’est au moins là une œuvre de haut vol qui s’élève au-dessus de la plupart des productions contemporaines. […] Cette justice qui se révèle tout d’un coup dans un atome perdu de l’univers, sans qu’elle ait aucune réalité en dehors de cet atome, qu’est-elle en soi ?

2068. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Il faut certaines circonstances exceptionnelles pour que l’instinct se libère des contingences, circonstances qui dépendent des événements et qui rapportent tout à coup l’état sauvage. […] Dada qui affirme qu’il n’y a pas besoin de se frapper et qu’on peut écrire n’importe quoi leur enlève du coup toute inquiétude.

2069. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

À coups de hache, à coups de bastarde Rompre des targes et des casques.

2070. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

mais dont personne ne voudrait voir la fin sans cet amusant abatis auquel on assiste : aboiements, coups de dents, massacre, hallali, et surtout curée, même pour ceux qui regardent. […] Rustre toujours dépaysé dans le monde, où il faisait craquer sa chaise de ses embarras, mais qui, bientôt, mis en train d’idées, tapait tout à coup furieusement sur les tables et sur les consoles, y faisant danser les madrépores quand il y en avait, comme, un jour, chez l’éditeur Dentu, qui tenait à son madrépore et qui blêmit encore aujourd’hui en pensant à ce que, sous ce marteau d’homme et de poing, son zoophite pouvait devenir !!!

2071. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

La piété, l’attention infatigable de madame la Princesse, sa douceur, sa soumission de novice ne purent la garantir ni des injures fréquentes, ni des coups pied et de poing, qui n’étaient pas rares. » Il avait couru après l’alliance des bâtards, et, pendant que sa fille était chez le roi, faisait antichambre à la porte. […] Cette impétueuse passion est la grande force des artistes ; du premier coup, ils ébranlent ; le cœur conquis, la raison et toutes les facultés sont esclaves.

2072. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

L’abbé Le Dieu, malgré les longues années qu’il resta auprès de Bossuet, n’entra donc jamais dans son intime confiance et ne reçut jamais de lui aucune confidence proprement dite ; il ne sut les choses importantes qu’au fur et à mesure, à force d’attention et après coup.

2073. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

J’en sais d’autres encore dont l’ambition serait, dans la critique, d’atteindre à une nouveauté vraie, à une hardiesse juste, de trouver du neuf à tout coup ; mais aussi, en voulant trouver toujours, on court risque d’inventer ; on reste quelquefois en chemin avec sa hardiesse, en deçà ou au-delà de la justesse.

2074. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Vers cette date de 1686, quand on parlait des réunions du faubourg Saint-Jacques, on pensait généralement à Messieurs de Port-Royal, dont les derniers débris s’y rassemblaient avec mystère ; on était disposé à se les exagérer, soit qu’on les admirât ou qu’on les craignît ; on ne se doutait pas qu’il y avait là, tout près d’eux, quatre ou cinq jeunes gens encore ignorés, à la veille de se produire, animés de l’esprit le moins théologique, et qui feraient faire aux idées et aux sciences bien plus de chemin désormais que tous ces jansénistes dont les coups étaient depuis longtemps portés, qui avaient vidé leur carquois depuis Pascal, et qui finissaient de vider leur sac avec Arnauld.

2075. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Bossuet n’est que le plus magnifique des vaisseaux de haut bord, voguant à toutes voiles, naviguant à fleur d’eau ; et les tempêtes elles-mêmes, en le précipitant jusqu’aux abîmes, ou en le portant tout d’un coup jusqu’au ciel, ne le lanceront dans aucun Océan inconnu, ne lui feront découvrir aucune nouvelle terre.

2076. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Maintenant, quand j’entends encore Ses sourds tintements sur les flots, Chaque coup du battant sonore Me semble jeter des sanglots.

2077. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

On se souviendra qu’il l’aima longtemps, qu’il le prédit, qu’il le goûta en un siècle de peu de poésie, et qu’il sentit du premier coup que ce jeune homme faisait ce que lui-même aurait voulu faire.

2078. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Il se prenait tout d’un coup et se donnait sans réserve.

2079. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

De là le ton tranchant, dogmatique, hautain ; de là ces vérités assénées comme des coups de massue, chez des écoliers, qui sont en effet modestes et réservés : mais ils croient sur Boileau et sur Fénelon, comme on croirait sur la Trinité et sur l’Incarnation.

2080. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Elle est toute de convention, et elle n’a assurément pas plus de vérité que celle de l’Allemand naïf, à la tête carrée, aux grands pieds et à la longue pipe, buvant des chopes et dissertant sur l’idéal et l’infini, se gavant de choucroute et volant des pendules, pour être, en fin de compte, roué de coups par un sous-officier imberbe4. » On se tiendra donc en garde contre de pareilles tentations, et avant de faire aucune induction, avant de poser une loi ou une règle, avant de rien généraliser, on s’assurera qu’on travaille bien sur une réalité, et non sur un fantôme, que les faits d’abord existent ; on aura soin ensuite de ne rien négliger dans les faits qu’on aura reconnus, de tenir compte de tous les éléments qui les composent, de n’y rien ajouter ni retrancher arbitrairement.

2081. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Au milieu de la réaliste histoire de Mme de la Pommeraye, tout d’un coup une déchirure se fait dans l’écorce du récit ; une poussée de sentiment jette ces cinq lignes brûlantes, dont nul personnage, ni l’auteur même n’endosse la responsabilité ; aussitôt tout se calme ; et deux minutes après nous buttons sur une énorme polissonnerie.

2082. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Tout à coup nous nous rappelons, avec surprise, que Mme Dufrénoy a fait des élégies et qu’il y a eu, voilà soixante ans (comme c’est bizarre !)

2083. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Je pourrai les admirer ; ils me communiqueront peut-être ou me suggéreront des idées des sentiments que je n’aurais pas eus sans eux ; mais j’ai, du premier coup, la certitude que je ne les aimerai jamais, que je n’aurai jamais avec eux aucune intimité, aucun abandon, et qu’ils seront éternellement pour moi des étrangers.

2084. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Il y a du mouvement, de la variété, des coups de théâtre qui, pour être facilement prévus, n’en font pas moins de plaisir, des fins d’actes qui sont toutes « à effet », des scènes tumultueuses à personnages nombreux et qui sont très bien réglées.

2085. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Émile Blémont Fils d’un siècle énervé qui de mélancolie Pleurait, comme un automne où meurt le son du cor, Il fit hardiment boire à la France pâlie Un grand coup de vin pur dans une coupe d’or.

2086. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Sully Prudhomme Le soupir des Premières méditations remplit tout à coup le vide des âmes élevées, comme l’ample et suave gémissement des orgues remplit soudain les hautes nefs et y change l’aspiration suppliante en extase.

2087. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

J’ai fait l’expérience une fois déjà, et j’y ai perdu un autre ami ; mais du même coup j’ai constaté sa sottise.

2088. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

N‘est-ce pas du même coup, supprimer, pour soi du moins, les obligations du pacte social ?

2089. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Se sentir et se vouloir diffèrent, se décerner ce brevet de différence, n’est-ce pas s’égaler à toute la société, n’est-ce pas du même coup supprimer, pour soi du moins, les obligations du pacte social ?

2090. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Dans les exorcismes, le diable le chicane et ne sort pas du premier coup 728.

2091. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Selon les uns, il se serait tout à coup écrié : « Mon âme est troublée.

2092. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Au moment où l’on s’impatiente et où l’on désespère, tout à coup le talent reparaît vif, facile, plein de fraîcheur, et l’on se sent reprendre avec lui.

2093. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Ce n’est que vers le milieu de ce siècle seulement que la prose française, qui avait fait sa classe de grammaire avec Vaugelas et sa rhétorique sous Balzac, s’émancipa tout d’un coup et devint la langue du parfait honnête homme avec Pascal.

2094. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Ce n’est qu’un méchant petit coup d’état littéraire, qui n’a d’autre mérite que de ne pas trop dépareiller la collection d’actes arbitraires a laquelle il fait suite.

2095. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Et le poëte écoute, et il entend ; et il regarde, et il voit ; et il se penche de plus en plus, et il pleure ; et tout à coup, grandissant d’un grandissement étrange, puisant dans toutes ces ténèbres sa propre transfiguration, il se redresse terrible et tendre au-dessus de tous les misérables, de ceux d’en haut comme de ceux d’en bas, avec des yeux éclatants.

2096. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Il a un milieu à tenir, pour contenter à la fois les spectateurs ou les lecteurs qui n’aiment point à voir heurter les idées reçues, & les poëtes eux-mêmes, auxquels il faut laisser ces grands traits, ces coups de force & de lumière, cette heureuse hardiesse, par laquelle seule il passe à la postérité.

2097. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

J’entends cette impulsion prompte, subite, irréfléchie, qui presse et colle deux êtres l’un à l’autre à la première vue, au premier coup, à la première rencontre ?

2098. (1761) Apologie de l’étude

L’histoire a été mon coup d’essai : j’en ai fait une ou je m’exprimais librement sur des personnes redoutables : car on m’avait assuré que les traits hardis étaient un moyen sûr de plaire.

2099. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Là, au surplus, s’arrête la similitude ; on ne la ressaisit plus à travers le livre de Furetière que dans certaines boutades à intention comique ou burlesque, comme par exemple la scène ou Nicodème, voulant se jeter aux genoux de sa maîtresse, met en pièces le ménage de Mme Vollichon ; ou celle encore des laquais vengeant leur maître, éclaboussé, par des coups de fouet et de pierres lancés au dos des maquignons.

2100. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

C’est toujours cet étrange esprit qui ressemble au serpent, qui en a le repli, le détour, la tortuosité, le coup de langue, le venin, la prudence, la passion dans la froideur, et dont, malgré soi, toute imagination sera l’Ève.

2101. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Vivant après une Révolution qui avait fait des maux affreux, elle s’interposa souvent entre les derniers coups de cette hache et les écarta de bien des têtes.

2102. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

C’est toujours cet étrange esprit qui ressemble au serpent, qui en a le repli, le détour, la tortuosité, le coup de langue, le venin, la prudence, la passion dans la froideur, et dont, malgré soi, toute imagination sera l’Ève.

2103. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Il faut écouter cette voix bourrue, interrompant tout à coup le vacarme de nos cabotinages et détournant notre attention de tous les amusements burlesques, de tous les divertissements « bien parisiens » auxquels nous avons voué un culte absurde.

2104. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Cette introduction n’était que cette élimination même ; elle exprimait la nécessité où se trouve l’intelligence humaine d’étudier la réalité partie par partie, impuissante qu’elle est à former tout d’un coup une conception à la fois synthétique et analytique de l’ensemble.

2105. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

« Mais viens de ce côté, si jamais tu écoutas ma voix dominée par l’amour, et si, quittant la maison de ton père, tu descendis avec ton char attelé, alors que de beaux cygnes te portaient d’un vol léger, agitant à coups pressés, autour du point noir de la terre, leurs ailes dans le milieu des airs.

2106. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Après avoir montré les mortels emportés et roulant çà et là sous les coups du malheur, le poëte dit : « Homme, prends courage96 cependant : les mortels sont une race divine à qui la nature sacrée révèle toute chose. — Abstiens-toi des aliments défendus ; et, pour les expiations et la délivrance de l’âme, sois juge toi-même, et considère toutes choses avec la raison pour guide au-dessus de toi.

2107. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Au reste, nous ne sommes pas dans l’usage de marquer dans l’écriture, par des signes ou accens, cet élevement & cet abaissement de la voix : notre prononciation, encore un coup, est moins soûtenue & moins chantante que la prononciation des Anciens ; par conséquent la modification ou ton de voix dont il s’agit nous est moins sensible ; l’habitude augmente encore la difficulté de démêler ces différences délicates. […] Les autorités que je viens de rapporter doivent suffire, ce me semble, pour détruire le préjugé répandu dans toutes nos grammaires, que notre de est la marque du génitif : mais encore un coup, puisqu’en Latin templum de marmore, pannus de lana, de n’est qu’une préposition avec son complément à l’ablatif, pourquoi ce même de passant dans la langue Françoise avec un pareil complément, se trouveroit-il transformé en particule, & pourquoi ce complément, qui est à l’ablatif en Latin, se trouveroit-il au génitif en François ? […] Beaucoup vient, selon Nicot, de bella, id est, bona & magna copia, une belle abondance, comme on dit une belle récolte, &c. ainsi d’argent, d’esprit, sont les qualificatifs de coup en tant qu’il vient de copia ; il a abondance d’argent, d’esprit, &c. […] Ménage dit que ce mot est formé de l’adjectif beau & du substantif coup, ainsi quelque étymologie qu’on lui donne, on voit que ce n’est que par abus qu’il est considéré comme un adverbe : on dit, il est meilleur de beaucoup, c’est-à-dire selon un beaucoup, où vous voyez que la préposition décele le substantif.

2108. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

(Les autres arts, il est vrai, dormirent, sauf chez les peuples protestants dont le coup de sang de la Réforme prolongea, tout en la dépravant peut-être, l’inspiration artistique.) […] Elle n’avait pourtant rien à gagner à l’esprit de révolte qui tout à coup se déchaîna. […] On vit, dans son théâtre, le Mouvement, l’importance de l’appareil matériel, les coups de poignards et les fioles de poison, le sang qui coule, les manteaux sombres, la machination du drame : toute l’extériorité. […] Très noblement, tout à coup, M.  […] Qu’on se souvienne tout à coup que c’est un lion, et on comprend.

2109. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Boileau, en frappant le galant de ridicule, atteignit le licencieux du même coup. […] Qu’y a-t-il alors dans ce vers qui fait sourire dédaigneusement d’Alembert, Marmontel et d’autres, sinon un cri d’étonnement à la vue de cette richesse de génie qui faisait trouver à Molière, du même coup, la raison et la rime, et un candide retour de Boileau sur lui-même, qui ne les trouvait pas toujours, même en se consumant à les chercher ? […] Si, au contraire, Boileau occupe dans cette histoire une place à part, où l’ont affermi successivement tous les retours de goût qui la lui ont disputée, c’est qu’il a, du même coup, porté à sa perfection l’art d’écrire en vers et donné des modèles dans tous les genres qu’il a traités. […] On regrette qu’un esprit si viril, qui a enseigné l’art de travailler lentement, s’épuise à peindre un lutrin, à allumer poétiquement une chandelle, à parodier les plaintes de Didon dans le discours d’une perruquière délaissée, et les paroles d’or de Nestor dans la harangue de la Discorde aux amis du trésorier ; à décrire un combat à coup d’in-folio arrachés de la boutique de Barbin ; et l’on revient aux Satires, à l’Art poétique et aux Épîtres, « ces chefs-d’œuvre, dit Voltaire, de poésie autant que de raison175. » Dans une nation civilisée, où la poésie n’est point la forme naturelle et directe du discours, mais un art de convention difficile et savant, l’écrivain qui fait choix, pour s’exprimer, de la langue des vers, ne doit l’appliquer qu’à des pensées qui mettent l’esprit dans un haut état, et qui le disposent à entendre quelque chose d’exquis dans une langue inusitée.

2110. (1929) La société des grands esprits

Dans ces luttes, Apollon et son sanctuaire avaient seuls la certitude de gagner à tous les coups. […] Les pragmatistes, sauf leur respect, n’en mèneraient pas large, s’il leur assenait les coups qu’il réserva de son temps pour les jésuites. […] Ainsi on ne se résigne à vanter ses Lettres et ses Contes que pour se donner un air d’impartialité et lui porter plus sûrement des coups de Jarnac. […] Soudain Frédéric, qui s’était cru perdu, rétablit sa fortune par le coup d’éclat de Rosbach. […] La révocation de l’édit de Nantes avait porté un coup fatal à l’hébraïsme et à l’hellénisme, jusque-là florissants dans notre pays.

2111. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Combien d’hommes importants tombent tout à coup dans le néant ! […] On court au palais ; la foule remplit les appartements de l’empereur, elle crie qu’il se montre ; mais des soldats la menacent du glaive, et la dispersent à coups de fouet. […] Sûr de sa disgrâce, il persista à demander sa retraite, l’obtint avec peine, et changea tout à coup son genre de vie (Id. ibid. […] Dans une séparation qui exige autant de force, que notre constance soit égale et votre fin plus glorieuse… » Et à l’instant, et d’un même coup, le fer leur ouvre les veines des bras. […] Si le tyran ne meurt pas sous le coup, sa puissance et sa férocité s’en accroissent avec son effroi.

2112. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Il sentira tout d’un coup leur insuffisance : un nouveau rêve l’aura déjà séduit, et les anciennes visions lui paraîtront décolorées. […] Et, comme Marysia refusait d’absorber de cette herbe, même en tisane ou sirop, Chalek la regarda fixement dans les yeux : puis, il mit l’herbe sur la tête de la moribonde princesse ; et du premier coup elle fut guérie. […] Quelques-uns pourtant sont méchants : tel celui qui, escorté d’un double de chien, est venu assaillir et rouer de coups M.  […] Toute la nuit il entendit d’extraordinaires musiques : « il y eut même un moment où la mélodie se fit tellement pénétrante et douce que, si les musiciens invisibles eussent donné un coup d’archet de plus, l’âme du malade se serait envolée de son corps ». […] Il me semblait que le temps me pressait, et qu’au sortir du collège j’allais être trop vieux, tout d’un coup, pour pouvoir m’approcher désormais de la source enchantée.

2113. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

D’abord, il dispose ses tableaux, il en prépare les plans, puis, tout à coup, il les éclaire par une citation, avec un art semblable à celui des grands peintres qui jettent sur leur composition un rayon de lumière pour en relever les effets. […] Les objets que nous voyons habituellement ne nous font pas apercevoir de la rapidité de notre vie ; ils vieillissent avec nous d’une vieillesse insensible: mais ce sont ceux que nous revoyons tout à coup, après les avoir perdus quelques années de vue, qui nous avertissent de la vitesse avec laquelle s’écoule le fleuve de nos jours. […] Puis, se jetant tout à coup dans une extrémité opposée, elle s’abandonnait à des terreurs superstitieuses qui la remplissaient de frayeurs mortelles.

2114. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Le roi, le voyant seul ferme à ne vouloir point boire de vin, le maltraitait souvent de paroles ; il lui donna même une fois quelques coups pour cela. […] Les geôliers qui ont ces bêtes en garde se jettent alors sur le taureau, lui abattent la tête à coups de hache et donnent son sang à la bête. […] Le jeu veut qu’on ne la frappe qu’au galop, et les bons joueurs sont ceux qui, en courant à toute bride, savent renvoyer d’un coup sec une balle qui vient à eux.

2115. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Souvent elle tue de petits oiseaux en leur assénant de vigoureux coups de becs sur la tête, exactement comme la Pie-Grièche (Lanius), et bien des fois je l’ai entendue frapper à coups redoublés des graines d’if contre une branche, et les briser ainsi, comme ferait le Casse-Noix (Nucifraga caryocatactes). […] Il est évident que le premier vertébré qui quitta la mer pour les côtes n’eut pas du premier coup des pieds parfaits, mais des nageoires modifiées qui lui permirent seulement de ramper plus ou moins vite, et que dans cet état transitoire il dut donner naissance à de nombreuses formes que des formes mieux adaptées à la marche ont dû détruire.

2116. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Tout à coup l’affreuse parole : « adultère » lui apparut. […] — Cf. saint Augustin, au début des Soliloques : « J’étais livré à mille pensées diverses…, je faisais les plus grands efforts pour me trouver moi-même, moi et mon bien…, quand tout à coup, — était-ce moi-même ? […] je l’ignore… ; — toujours est il que tout à coup il me fut dit : … » etc.

2117. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Tout à coup, ces mêmes penseurs que, la veille encore, vous avez vus envahis, éclaboussés, foulés, écrasés, surgissent. […] Le plus souvent, les gens qui ont été élevés selon toutes les règles de l’Université, sont presque des littérateurs et entretiennent en eux un dilettantisme de jugement sensible seulement aux subtilités, aux recherches, aux conditions de monture du style ; ils n’ont pas besoin d’émotions, pas besoin d’idées, cela ne les regarde pas ; il s’est accumulé depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, des trésors d’agencement de mots, des tailles de phrases hardies, singulières, des coups de plumes curieusement travaillés, qu’on peut examiner à la loupe, compter mathématiquement, voilà la source de leurs plaisirs. […] C’était utile, il fallait porter un grand coup à ces croyances invétérées. […] Tout à coup, ces mêmes penseurs que, la veille encore, vous avez vus envahis, éclaboussés, foulés, écrasés, surgissent. […] Si on manque son coup, le mail s’enfonce profondément dans la terre.

2118. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Un empire ne survit pas à une religion ; une nation qui n’a plus de capitale n’a plus de tête, plus de cœur, plus de nom, plus de langue, plus de vie. » Il trace à grands coups de plume les invasions des peuplades du Danube : Hérules, Thuringiens, Lombards, Ostrogoths, Visigoths, Allobroges ; il montre du doigt les haltes de ces peuplades campées d’abord, colonisant ensuite, se distribuant, au gré de chefs plus ou moins héroïques, sur les différentes provinces dépecées de l’antique Italie. […] L’armée napolitaine de quatre-vingt mille hommes se dispersa aux premiers coups de canon ; elle marchait sans unité et sans conviction pour une cause inconnue ; elle était humiliée d’obéir à une secte sous le drapeau trop étroit d’une conjuration triomphante.

2119. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

La terrible Relation sur le quiétisme (fin 1698) porta le dernier coup à Fénelon, qui fut condamné le 12 mars 1699. […] Bossuet n’y réussit pas du premier coup en perfection.

2120. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Voyons s’il ne s’offrirait pas naturellement une distinction plus large et plus nette, qui, en nous faisant pénétrer dans le sens profond de ces mots, art et industrie, dissiperait tout d’un coup les nuages et les controverses sur l’utile et le beau. […] Plus jeune, d’ailleurs, élevé au bruit des batailles, admirateur de Napoléon, amant de la liberté, il sentit un nouveau culte s’élever dans son cœur ; et, dans son indépendance, il porta de rudes coups à ce fantôme du passé qu’il avait d’abord encensé.

2121. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Et tandis que l’être social qui est en lui se conforme aux lois, l’autre, l’indépendant, le sauvage, tâche de satisfaire pour le mieux ses désirs, ses caprices en se dissimulant derrière son compagnon qui l’abrite contre les regards, et le préserve des coups. […] Si l’âme sociale pouvait le réduire par quelque moyen et introduire dans l’individu, comme une sorte de virus ou de vaccin, cette autorité qu’elle exerce sur les êtres sociaux, si elle pouvait la cultiver en lui et la faire accepter, bien mieux la faire exercer à son profit par la partie personnelle et réfractaire de l’individu, elle aurait fait un coup de maître, et la partie serait gagnée.

2122. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

En effet, certaines parties du quatrième évangile ont été ajoutées après coup ; tel est le XXIe chapitre tout entier 50, où l’auteur semble s’être proposé de rendre hommage à l’apôtre Pierre après sa mort et de répondre aux objections qu’on allait tirer ou qu’on tirait déjà de la mort de Jean lui-même (v. 21-23). […] Mais qui ne voit que jamais miracle ne s’est passé dans ces conditions-là ; que toujours jusqu’ici le thaumaturge a choisi le sujet de l’expérience, choisi le milieu, choisi le public ; que d’ailleurs le plus souvent c’est le peuple lui-même qui, par suite de l’invincible besoin qu’il a de voir dans les grands événements et les grands hommes quelque chose de divin, crée après coup les légendes merveilleuses ?

2123. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Il porte violemment la main à son cœur comme sous le coup d’une douleur subite. […] Tout à coup, il s’arrache, se lève avec tous les signes de l’épouvante et porte la main à sa poitrine.

2124. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Je le répète aujourd’hui comme je l’ai écrit en 1876, à Bayreuth même, au milieu des énergumènes qui tout simplement voulurent me tuer à coups de pavés qui pleuvaient sur moi un soir, au retour d’une promenade en voiture découverte. […] Je me reporte tout à coup aux derniers jours du siège de Paris, puis à la capitulation.

2125. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Et si la terre était un être vivant, comme le voulait la mythologie, elle aimerait peut-être, tout en se reposant, rêver à ces explosions brusques où tout à coup elle se ressaisit dans ce qu’elle a de plus profond. […] Mais, d’autre part, l’objet du rire étant cette correction même, il est utile que la correction atteigne du même coup le plus grand nombre possible de personnes.

2126. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Je le pressais aussi au même temps avec les plus fortes raisons que je pouvais pour le disposer à cette réconciliation, nous dit le président Jeannin, mais tout en vain pour lors, me restant toutefois quelque espérance de gagner avec le temps sur lui ce que je n’avais pu emporter tout d’un coup.

2127. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Ainsi, dans ce même Éloge de Gaubius, montrant ce médecin qui se prodigue avec dévouement dans une épidémie à Amsterdam et qui échappe cependant au danger, il ajoute : C’est une sorte de miracle que de voir les médecins placés dans le foyer de la contagion, tout couverts, pénétrés même de ses miasmes, échapper souvent à ses coups.

2128. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Le temps a manqué, et de la foule des admirateurs (cela n’a rien d’étonnant), il n’est pas sorti du premier coup un bon juge.

2129. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Il continue et prolonge cette conversation par lettres avec Saint-Vincens, sur les sentiments de différente sorte et les troubles qui agitent une âme à la vue des derniers moments : On ne saurait tracer d’image plus sensible que celle que tu fais d’un homme agonisant, qui a vécu dans les plaisirs, persuadé de leur innocence par la liberté, la durée, ou la douceur de leur usage, et qui est rappelé tout d’un coup aux préjugés de son éducation, et ramené à la foi, par le sentiment de sa fin, par la terreur de l’avenir, par le danger de ne pas croire, par les pleurs qui coulent sur lui.

2130. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Tout à coup je ressaisis ma lucidité en sentant un pied de femme (on se contentait d’une main dans Adolphe) se glisser sur le mien… ; c’était elle qui me prévenait de ma préoccupation trop visible.

2131. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

… Mais, ajoute-t-il avec fierté, mes camarades sont plus affectés de ce coup que moi.

2132. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Il a un goût marqué pour l’époque sacerdotale rétrospective de l’art et de la poésie, non pas la véritable époque primitive, que nul n’a vue ni ne connaît, mais cette époque rêvée après coup par les Alexandrins et les Néo-platoniciens.

2133. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Mais nous ne prenons pas si méthodiquement les choses ; nous n’accordons pas tant à ces grands desseins qu’on développe sur le papier, à ces vues que les gens d’esprit ne sont pas embarrassés de trouver après coup.

2134. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

« La vérité avec lui se continue, même dans le merveilleux. » Il a de ces menus détails qui rendent tout d’un coup vraisemblable une chose impossible.

2135. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Il n’importe pas seulement de bien saisir un talent au moment du coup d’essai et du premier éclat, quand il apparaît tout formé et plus qu’adolescent, quand il se fait adulte ; il est un second temps non moins décisif à noter, si l’on veut l’embrasser dans son ensemble : c’est le moment où il se gâte, où il se corrompt, où il déchoit, où il dévie.

2136. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Un jour donc, qu’il parlait de l’indécision des hommes, de leur lenteur et de leur résistance à faire ce qu’ils savent même le meilleur et le plus utile, — sur ce qu’il leur faudrait à chacun un démon toujours présent pour les guider, pour les exciter, pour les empêcher, après un éclair de vue supérieure et nette, de retomber dans le tâtonnement, dans le vague et l’obscurité : « Napoléon, s’écrie-t-il tout à coup, c’était là un homme !

2137. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Comme il convient de se bien définir à soi-même les termes, même les plus courants et les plus connus, on appelait proprement dragonnades l’opération, en apparence très-simple, qui consistait à faire arriver dans un pays des dragons ou tout autre corps de cavalerie, à les loger chez des bourgeois, métayers ou fermiers protestants, ou même des nobles, et à les ruiner par ces logements prolongés qui, dans l’état encore très-neuf de la discipline militaire d’alors, et surtout quand on voulait bien y donner les mains et fermer les yeux, étaient accompagnés de quantités d’exactions, vexations, coups, viols, sévices et parfois meurtres ; on exemptait qui l’on voulait de ces logements, et on écrasait les autres.

2138. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Cervantes, quoique malade de la fièvre, insista pour combattre et fut placé au poste le plus périlleux avec douze soldats d’élite ; il y déploya un grand courage dont il porta les marques jusqu’à la mort ; car, sans compter deux coups d’arquebuse dans la poitrine, il en reçut un autre qui l’estropia et le priva de l’usage de la main gauche pour le reste de sa vie.

2139. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Mais, dans des circonstances devenues tout à coup si graves, cette partie contentieuse de ma mission devenait tout à fait secondaire.

2140. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Enfin il y parvient avec quelque effort, et il veut bien accorder qu’à moins de coups extraordinaires que Dieu s’est expressément réservés pour rappeler sa présence, les choses se passent en général dans l’histoire comme s’il n’y avait que des causes naturelles et des conséquences nécessaires qui en découlent.

2141. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Si l’auteur, sous le coup d’un mandat d’arrêt, va se promener au Jardin des Plantes, et s’il monte au labyrinthe, il jette de là un regard sur Paris, « cette magnifique cité que la tyrannie couvrait de son crêpe. » Il nous décrit du haut de ce belvédère toutes ses pensées, ses réflexions mélancoliques, et il prolonge jusqu’au soir « le rêve du sentiment.

2142. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Ces contrées qu’il venait presque de maudire, où la haine l’a poursuivi, où le rossignol ne chante pas, il veut tout d’un coup les revoir.

2143. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Il le voit comme le chien de berger, vigilant et sévère, qui ramène aux voies du bien social, à coups de dents s’il le faut, les capricieux moutons littéraires.

2144. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Loret, dans La Muse historique, raconte ou invente, sous la date du 14 février 1654, l’anecdote suivante dont le docteur Lolli et le Pantalon Turi sont les héros : Baloardo, comédien, Lequel encor qu’Italien N’est qu’un auteur mélancolique, L’autre jour, en place publique, Vivement attaquer osa Le Pantalon Bisognoza, Qui pour repousser l’incartade, Mit soudain la main à l’espade, Et se chatouillèrent longtemps Devant quantité d’assistants ; Qui, croyant leur combat tragique N’être que fiction comique, Laissèrent leurs grands coups tirer Sans nullement les séparer.

2145. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Si nous en croyons le biographe de Scaramouche, Angelo Costantini, Scaramouche ne craignait pas de faire allusion à ce rôle scandaleux en parlant à la reine mère : « Voilà, Madame, trois coups mortels pour le pauvre Scaramouche, et il faut que je sois assez malheureux pour être marié ; car, sans cela, dans le chagrin où je suis, je m’irais confiner dans un ermitage pour le reste de mes jours.

2146. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Le coup d’épaule — je ne dis pas le déhanchement — indispensable pour parvenir « à la hauteur » est d’ailleurs le plus fortifiant des mouvements.

2147. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Cela provoque du même coup le désir, la tentation de mettre en œuvre les autres centres nerveux restés inertes pendant ce temps-là, et c’est ainsi que nous appelons de tous nos vœux avec une énergie croissante la variété salutaire, seule capable de nous délasser et de satisfaire notre sensibilité en la stimulant sur des points où elle est fraîche et reposée.

2148. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

sans doute, il a pu arriver, sous le coup d’enthousiasmes largement justifiés d’ailleurs, que les splendeurs de la Tétralogie, les fièvres de Tristan, les sérénités de Parsifal, leur fissent momentanément oublier des œuvres intéressantes, nées plus près d’eux, trop près même !

2149. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Il arrive un coup de massue qui rabaisse la joie (la mort de M. de Turenne).

2150. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Cet amoureux des résultats se désole du néant des résultats : « La dramatique histoire des luttes philosophiques n’est pas sans laisser une impression pénible : on croirait voir des ouvriers battant à coups redoublés une muraille, dont aucune parcelle ne se détache, et qui ne rend que du bruit sous le marteau. » Les pauvres ouvriers, en effet, qui attachent à leurs membres naturellement si lourds l’écrasement du plomb baconien et qui essaient de « penser le monde » suivant des méthodes faites pour saisir de tout petits détails indifférents !

2151. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Vous espérez triompher de ma paresse en appelant à votre secours les souvenirs de notre enfance : vous me parlez de ce jour où, tous les deux blottis derrière une charmille, je vous lisais la terrible Barbe-Bleue, quand tout à coup apparut à nos yeux avec son tablier et son bonnet blancs, et son large couteau, le grand cuisinier de votre mère, qui venait nous chercher… pour dîner. — Vous demandez si je me rappelle encore la frayeur qu’il nous causa ?

2152. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Cousin dit à l’oreille de ses collègues : « Nommons Rémusat rapporteur, et embarquons-le du coup en pleine mer. » Ce qui fut fait.

2153. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Le frisson même que lui causait le spectacle des choses, l’a fait employer des locutions de début, qui donnent comme un coup de pouce à la phrase, ces « et vraiment » ces « c’était ma foi », ces « ce sont, ce sont » qui marquent la légère griserie de son esprit au moment de rendre une nuance fugace, une sensation délicate.

2154. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Boileau para le coup, fit arrêter la pièce, & défendre aux comédiens de la jouer.

2155. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

On apprend aussi dans ces écoles son catéchisme, c’est-àdire les premiers principes de sa religion, et l’on fait d’une pierre deux coups en se servant de ces livres pour y apprendre à lire.

2156. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

L’appel de Louis XVI à cette nation qui venait d’être amollie par ses prospérités, causa tout à coup un ébranlement général.

2157. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Les coups d’un tonnerre qui n’était plus aux mains de l’Eternel, ni de Zeus, mais aux mains audacieuses de l’humanité, vinrent ébranler sans repos le château-fort de la théocratie.

2158. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

N’a-t-on pas essayé aussi d’infirmer après coup la valeur du Romantisme et l’œuvre de la Révolution en ne voyant en J.

2159. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Il semble que tout d’un coup on se soit trouvé des ailes ; sur ces ailes nouvelles, on s’élance à travers l’histoire et la nature ; on touche à tout, on ne doute de rien, on croit à sa force, on n’est point inquiété par la réflexion, on n’est pas attristé par l’expérience ; on se porte et on s’élance tout entier, de tout son cœur et de toute sa force, à la conquête de la vérité.

2160. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Pierre Janet a fait une étude clinique de cristallisation pathologique ; on tirerait des deux premiers chapitres de l’Essai sur les données immédiates de la conscience un schème élégant et profond de la cristallisation ; et c’est cette même cristallisation, appliquée à l’ordre même de l’amour qu’étudie en Allemagne avec un pédantisme qui ne doit pas nous faire méconnaître de profonds coups de sonde, l’école de Freud.

2161. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

» Il avait entendu ces vers, mêlés sans doute à la terreur de la prédiction qui tout à coup éclatait dans le palais de Priam : HÉCUBE.

2162. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

N’a-t-on pas en le plaisir de voir le coup de dent littéraire porté & rendu ? […] L’aigreur ne tarde pas à couler de la plume, même à notre insçu, & lorsqu’on a eu le malheur de porter quelques coups, on devient l’ennemi de celui qu’on a frappé. […] Ils ont lancé de toutes parts leurs traits satyriques : mais leur front est cicatrisé pour jamais des mêmes coups qu’ils ont voulu porter. […] Le tyran aux sourcils élevés, le confident toujours humble & toujours supposé discret, la Princesse amoureuse & fiere, le jeune Prince malheureux & chéri, ne font que changer de place, comme à une table de jeu : ils étoient à gauche ; le Poète, par un coup étonnant de génie, les met à droite : ils avoient un casque, il leur donne un turban : ils respiroient à Rome, il les transporte en Perse ; & à l’aide des lampions & du souffleur, cette sérieuse caricature passe comme si elle n’étoit pas étrangement risible. […] L’astrologue, ayant bien examiné la conjonction des astres, déclara fort innocemment, que le Roi mourroit, à coup sur, d’un long bâillement ; ce qui, selon la traduction des mots Persans, équivaut à mourir d’ennui.

2163. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Il est vrai que le plus grand nombre est forcé de travailler par la nécessité ; mais il y a çà et là dans la société des hommes pour lesquels une occupation active est un besoin, qui sont inquiets quand ils n’ont rien à faire, malheureux si par hasard ils doivent renoncer au travail ; des hommes pour lesquels tel sujet d’investigation est si plein d’attrait qu’ils s’y adonnent des jours et des années, presque sans prendre le repos nécessaire à leur santé. » Comme pour vivre, même en sauvage, il faut faire quelquefois un travail ennuyeux, on sait que cette charge incombe aux femmes, qui, pendant que l’homme dort, peinent par crainte des coups. […] Si elles sont de nature différente, l’une auditive (un coup de timbre), l’autre visuelle (une étincelle électrique), on a une tendance à considérer comme antérieure, soit la plus forte impression, soit celle sur laquelle était dirigée l’attention. […] Et ce passage n’est pas l’effet d’une volonté capricieuse, arbitraire, ni du seul mouvement de la pensée livrée à elle-même ; il lui faut l’entraînement d’un puissant amour, le « coup de la grâce », c’est-à-dire la conspiration inconsciente de l’être tout entier. […] Dans ce chaos intellectuel, aucun état ne réussit à durer. « Mais qu’on vienne à agir puissamment sur l’esprit d’un maniaque, qu’un événement imprévu arrête son attention, et tout à coup le voilà raisonnable et la raison se soutient aussi longtemps que l’impression conserve assez de puissance pour fixer son attention45 » Voilà encore un exemple qui nous montre de quelles causes dépend l’attention spontanée.

2164. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Il y a une sincère émotion dans ces strophes que soulève un sanglot : C’est trop de s’endormir sans que l’on vous console, D’être belle dans tout l’éclat de son miroir, De se sentir si grave, et, tout à coup, si folle Et si tendre qu’on en arrive au désespoir. […] … Quelles larmes, Poète, exaspèrent tes yeux, Quand de toi, tout à coup, un poème veut naître, Fait, de sa face occulte, autour de toi, paraître Ce désordre sacré qui précède les dieux ! […] ce cœur triste, ce cœur fou, Que ne puis-je, comme un caillou, Le saisir, l’arracher d’un coup Et le lancer je ne sais où ! […] L’œuvre de Mme Jeanne Perdriel-Vaissière, tout en conservant cette belle inquiétude qui est le ferment même de sa poésie et de toute poésie, s’est teintée de sérénité, et, cette sérénité, cette acceptation joyeuse de la vie, c’est symboliquement la robe nouvelle dont cette Muse s’est vêtue : Mes sœurs, hors de la gaine où je vivais roidie, Mon cœur n’a pu, d’un coup, battre assez largement, Trop longtemps opprimé, mon geste balbutie, Il est un écolier, car le bonheur s’apprend.

2165. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Ce professeur, en étalant ainsi son principe suprême des arts plastiques, avait seulement oublié un de ces arts, l’un des plus primitifs, je veux dire l’architecture, dont on a essayé de retrouver après coup les types dans les feuillages des forêts, dans les grottes des rochers : ces types n’étaient point dans la nature extérieure, mais bien dans l’âme humaine. » Delacroix part donc de ce principe, qu’un tableau doit avant tout reproduire la pensée intime de l’artiste, qui domine le modèle, comme le créateur la création ; et de ce principe il en sort un second qui semble le contredire à première vue, — à savoir, qu’il faut être très-soigneux des moyens matériels d’exécution. — Il professe une estime fanatique pour la propreté des outils et la préparation des éléments de l’œuvre. — En effet, la peinture étant un art d’un raisonnement profond et qui demande la concurrence immédiate d’une foule de qualités, il est important que la main rencontre, quand elle se met à la besogne, le moins d’obstacles possible, et accomplisse avec une rapidité servile les ordres divins du cerveau : autrement l’idéal s’envole. […] A coup sûr, ce n’est point dans les curiosités d’une palette encombrée, ni dans le dictionnaire des règles, que notre jeune ami saura trouver cette sanglante et farouche désolation, à peine compensée par le vert sombre de l’espérance ! […] Livres, tableaux, romances, rien n’est inutile, aucun moyen n’est négligé par ce peuple charmant, quand il s’agit pour lui de se monter un coup. […] A coup sûr, ce n’est pas dans Poussin qu’il a pris naissance  ; car auprès de ces messieurs, c’est un esprit perverti et débauché.

2166. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Mais laissons le enfoncer à coups de poing des fenêtres béantes et résignons-nous à piétiner devant la porte d’ivoire, attendant qu’elle s’entr’ouvre. […] ibant obscuri sola sub nocte per umbram… en imaginer deux, comme le veut Thibaudet, et distinctes, et séparées, c’est les détruire également l’une et l’autre ; opposer la mystique lamartinienne de l’inspiration à la mystique valéryenne de la fabrication, c’est rendre également à la prose, c’est démysticiser, du même coup, et le lac et le cimetière marin. que cherchent-ils l’un et l’autre. […] Paul Valéry, m’écrit Fagus, croit à l’inspiration, au vers initial jeté comme un coup de dés par le hasard des dieux. […] Mais quand donc mes critiques comprendront-ils que dans le moment de la transmission poétique et artistique, quelle que soit la rapidité avec laquelle une nature cultivée et entraînée peut enregistrer tous les composés du phénomène, presque rien ne compte des minutieuses ou des belles raisons des choses déduites après coup ?

2167. (1890) Nouvelles questions de critique

C’est qu’en dérivant ainsi l’admiration de la critique vers les Fabliaux, les Chansons de geste et les Mystères, on déplace du même coup le centre même de notre histoire littéraire. […] On écrivait encore sans art, comme Comynes et comme Marguerite ; et tout d’un coup, voici que l’on écrit avec art, comme l’auteur de Pantagruel. On écrivait en vers avec son naturel, comme Marot et comme Saint-Gelais ; la poésie n’était qu’un jeu, comme la musique, ou la danse, ou l’amour ; et, tout d’un coup, voici qu’avec Ronsard, la poésie devient son propre but à elle-même, son principe, et sa fin. […] parce qu’elle avait rempli le nombre de ses jours, ou sous les coups du Romantisme ? […] qui, « par une brusque déchirure de l’ombre, voyait tout à coup l’invisible » ?

2168. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Je renonce à la vanité De cette dureté farouche Que l’on appelle fermeté ; Et de quelque façon qu’on nomme Cette vive douleur dont je ressens les coups, Je veux bien l’étaler, ma fille, aux yeux de tous, Et dans le cœur d’un roi montrer le cœur d’un homme. […] Il y a Cléante, mais le rôle de Cléante, on le sait et c’est historique, n’est qu’un paratonnerre, ajouté après coup à l’édifice, destiné à le garantir contre les foudres de l’autorité ; et de plus Cléante prêche tellement une dévotion « humaine, traitable », discrète, à petit bruit et sans bruit, qu’il a toujours l’air de dire le mot de Pauline à Polyeucte : Adorez-le dans l’ombre et n’en témoignez rien. […] Il faut éviter la franchise brutale : sans doute, mais s’il y a un commencement d’orgueil dans la franchise, il y a plus qu’on commencement de lâcheté et une notable peur des coups dans le silence ou dans la complaisance infatigable et l’approbation perpétuelle. […] Chrysalde est ravi et ne se tient pas d’aise et il marque un point et il assène le coup : Quoi qu’on en puisse dire enfin le cocuage Sous des traits moins affreux aisément s’envisage ; Et, comme je vous dis, toute l’habileté Ne va qu’à le savoir tourner du bon côté. […] Encore un coup, compère, apprenez qu’en effet Le cocuage n’est que ce que l’on le fait ; Qu’on peut le souhaiter pour de certaines causes, Et qu’il a ses plaisirs comme les autres choses.

2169. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Faut-il que des révolutions soudaines, des guerres cruelles, des orages imprévus, des événemens extraordinaires & sinistres, des coups de foudre redoublés, jettent le trouble dans notre ame & nous agitent comme le Démon de la Pithonisse ? […] N’est-ce donc pas porter un coup mortel au bon goût, que de s’efforcer d’introduire sur la scène ce nouveau genre de Drame, où les moyens de réussir coûtent si peu, par la dangereuse facilité dont il est susceptible ? où il suffit seulement d’avoir l’imagination fantasque & l’esprit Romanesque, où il ne faut qu’étudier quelques effets singuliers, & les dessiner, compasser le jeu des Interlocuteurs, pour en composer une pantomime, & se guindant sur les échasses d’une morale commune, étaler d’un ton emphatique des tirades, des maximes, & des sentimens préparés de loin & cousus après coup au Roman : genre où le style est ce qu’on soigne le moins, dont la lecture, dénuée de l’illusion & de l’appareil du Théâtre, n’est pas supportable ; monstre, en un mot, qu’Horace, dans son Art Poëtique, auroit eu peine à décrire, pour en donner l’idée.

2170. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Elles meurent en même temps et du même coup que leur grâce de pressentiment. […] On y saisit la magie de Shakespeare et comment il peut, du même coup, soustraire le drame à la comédie et à la tragédie. […] Puis, tout d’un coup, tout chavire et, suspendu aux architraves de la syntaxe, son style essaie les équilibres les plus osés, risque de se tuer, se promène sur les entablements, casse les cariatides, maquille les chapiteaux, y pose des couleurs et des dessins qui les balafrent.

2171. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Ainsi l’opération rectificatrice, par laquelle une idée apparaît comme idée, est en même temps la réflexion par laquelle cette idée apparaît comme chose interne, et la contradiction qui la nie comme fragment du dehors la pose du même coup comme fragment du dedans. […] À ce moment, je m’aperçois que l’auteur est debout devant moi, et je me sens obligé de louer tout haut la beauté de l’œuvre ; je tourne les pages, et les paysages me semblent de plus en plus mauvais, et tout d’un coup je me rappelle que l’année précédente j’ai eu déjà l’album entre les mains ; que même j’en ai parlé dans un journal ; que mon article, très peu louangeur, était de trente ou quarante lignes à la troisième colonne de la deuxième page ; devant ce souvenir, je me trouvai si penaud que je m’éveillai.

2172. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Il m’a pris tout à coup un désir d’y aller dont je n’ai pas été le maître. […] Reconnu sous le déguisement qu’il avait revêtu pour s’évader du Capitole, il fut percé de mille coups de poignard et traîné aux fourches patibulaires, où la ville entière outragea son cadavre.

2173. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Ce qui est le fatigue ou l’oppresse ; ce qui a cessé d’être acquiert tout à coup un attrait puissant. […] Thiers se dément tout à coup au moment de conclure ; que dis-je ?

2174. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Horace ne pouvait s’empêcher d’admirer de loin cette douceur qui rappelait celle de César ; il se laissait allécher involontairement par tant d’attraits d’esprit qui lui déguisaient le pouvoir suprême ; un hasard l’en rapprocha tout à coup. […] Quand il leur plaira d’enchaîner les vents qui se combattent sur la mer écumante, les cyprès et les ormes séculaires cesseront de plier sous leurs coups.

2175. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Né dans les rangs de l’aristocratie helvétique, élevé dans les préjugés et dans les intrigues des réfugiés français en Allemagne pendant l’émigration, familier du duc de Brunswick, généralissime de l’armée prussienne en 1792 ; rédacteur présumé du fameux manifeste de la coalition contre la France2, rentré en France grâce à un nom cosmopolite, après la terreur ; zélateur ardent des modérés contre les terroristes, publiciste attaché au Directoire, auteur, après le 18 fructidor, d’une adresse aux Français pour rappeler les terroristes au secours du coup d’État contre les royalistes, nommé tribun après la constitution nouvelle pour contrôler le gouvernement des consuls, lié avec les aristocrates par sa naissance, avec les républicains par ses services, avec les consuls par ses espérances, avec les hommes de lettres par sa littérature, avec les révolutionnaires par la tribune où rien ne résonne mieux que l’opposition, affamé de bruit, nécessiteux de fortune, sceptique d’idées, homme à tout comprendre, à tout dire et à tout contredire, il avait, par le charme de sa conversation, séduit madame de Staël. […] Necker, son père, pour détourner ou suspendre le coup qui la menaçait.

2176. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

C’est d’abord Aristote, le dieu de la philosophie du Moyen Âge, qui tombe sous les coups des réformateurs du XVe et du XVIe siècle, avec son grotesque cortège d’Arabes et de commentateurs ; puis c’est Platon, qui, élevé un instant contre son rival, prêché comme l’Évangile, retrouve sa dignité en retombant du rang de prophète à celui d’homme ; puis c’est l’antiquité tout entière qui reprend son sens véritable et sa valeur, d’abord mal comprise dans l’histoire de l’esprit humain ; puis c’est Homère, l’idole de la philologie antique, qui, un beau jour, a disparu de dessus son piédestal de trois mille ans et est allé noyer sa personnalité dans l’océan sans fond de l’humanité ; puis c’est toute l’histoire primitive, acceptée jusque-là avec une grossière littéralité, qui trouve d’ingénieux interprètes, hiérophantes rationalistes qui lèvent le voile des vieux mystères. […] Comme sa prétention est d’être faite du premier coup et tout d’une pièce, elle se met par là en dehors du progrès ; elle devient raide, cassante, inflexible, et, tandis que la philosophie est toujours contemporaine à l’humanité, la théologie à un certain jour devient arriérée.

2177. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

La langue poétique et la langue oratoire de la France se trouvaient précisément à ce confluent des différents ruisseaux des idiomes où le génie des langues, un moment indécis, s’arrête comme embarrassé de ses richesses, tente différentes voies, puis, prenant tout à coup son parti décisif, forme ce grand courant original de la langue nationale, qui entraîne tout en purifiant tout dans son cours. […] C’est cette même coïncidence de religion achevée, de mœurs faites, de politique établie, de loisir national conquis par les armes, et de langue créée par le temps qui fait, comme nous le disions tout à l’heure, qu’un grand siècle se fait homme tout à coup dans un groupe prédestiné de grands hommes.

2178. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Il aurait dû naître curé de village, vicaire de Wakefield, uniquement occupé à sarcler les herbes de son jardin l’été, à regarder l’hiver les pieds sur ses chenets, la bûche jaillir en étincelles sous les coups distraits, de ses pincettes, et à prolonger le souper avec quelques voisins sans affaires jusqu’à l’aurore dans les entretiens sans suite et intarissables de son foyer. […] Il toucha du premier coup sur son instrument des cordes de jeunesse, de sensibilité d’esprit, d’ironie de cœur, qui se moquaient hardiment de nous et du monde.

2179. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Évidemment c’est une thèse à outrance soutenue par un esprit éperdu qui, sous les effroyables coups d’une logique bousculante, ne sait ni se retourner ni s’échapper et va jusqu’au bout — oui, jusqu’à l’abattoir de toute raison et de toute fière indépendance ! […] Les plus forts, les plus gigantesques de ses chefs apparents, qu’il poussait devant lui sous le coup de fourche de son inflexible volonté, ne furent, entre ses mains de Briarée, que d’énormes pantins qu’il fît jouer et qu’il brisa.

2180. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Tout se passait donc au mieux pour Renart : le roi penchait à la paix, et Ysengrin, tout dolent, ne sachant plus comment s’en tirer avec sa colère, restait assis à terre entre deux bancs, sa queue entre les jambes, lorsqu’un coup de théâtre vient tout changer.

2181. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Ici l’embellissement qu’on met à les raconter n’est pas un mensonge ; la couleur qu’on y voudrait ajouter après coup ne sera jamais qu’un pâle reflet de cette lumière heureuse et première qui nous éclairait.

2182. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Reprenez les lectures qui vous ont touchée, elles vous toucheront encore, et vous en profiterez mieux que la première fois. » Dans sa correspondance spirituelle avec Mme de Montberon, il se croit ou il se dit quelquefois sec, irrégulier ; il entre, au contraire, d’une manière fine et rapide dans les délicatesses de l’amour divin ; il en donne en termes prompts et menus la théorie, comme nous dirions, les préceptes ; il le veut simple, mais d’une simplicité à laquelle on n’arrive pas du premier coup.

2183. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Le magicien a tout l’air ici de proposer un coup de sa baguette au roi de France autant pour le moins qu’au roi d’Espagne. — Un autre chapitre, jeté dans le même moule, et à la Montesquieu, est encore celui où l’auteur semble prophétiser sur l’Amérique : « Si l’on découvrait une vaste contrée dont le sol neuf et fertile n’attendît que les plus légers travaux, etc. » Les derniers chapitres du livre, ceux surtout qui ont été ajoutés dans la seconde édition, en 1789, à la veille des États généraux, contiennent des idées d’avenir, notamment sur la milice, sur le tirage au sort de tous les citoyens.

2184. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Le président avait raison d’écrire en cette occasion au secrétaire d’État M. de Villeroi : « Monsieur, les affaires ont des saisons, et sont quelquefois pleines de difficultés, puis tout à coup deviennent faciles. » Cependant l’affaire générale de la paix n’avançait pas et la saison évidemment n’en était pas venue.

2185. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Et c’est alors que, tandis que Jésus descend le long de la montagne des Olives, il le présente touché au vif dans son cœur d’une tendre compassion, et pleurant sur la ville ingrate dont il voit d’avance la ruine ; puis, tout d’un coup, sans transition et par une brusque saillie qui peut sembler d’une érudition encore jeune, Bossuet s’en prend à l’hérésie des marcionites qui, ne sachant comment concilier en un seul Dieu la bonté et la justice, avaient scindé la nature divine et avaient fait deux Dieux : l’un purement oisif et inutile à la manière des épicuriens, « un Dieu sous l’empire duquel les péchés se réjouissaient », le Dieu qu’on a nommé depuis des bonnes gens ; et, en regard de ce Dieu indulgent à l’excès, ils en avaient forgé un autre tout vengeur, tout méchant et cruel : et aussi, poussant à bout la conséquence, ils avaient imaginé deux Christs à l’image de l’un et de l’autre Père.

2186. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

D’un coup de baguette, l’enchanteur rétablit la réalité des objets et retourne en un clin d’œil la tapisserie.

2187. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Laissons donc Dangeau dresser son procès-verbal comme il l’entend, prenons ses carnets comme ils sont : à nous de faire le choix et de raisonner après coup.

2188. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

On comprend ce que ce mot de ridicule a ici de poignant ; ce fut le coup d’éperon qui fit partir Masséna.

2189. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Du premier jour, et à chaque coup, il a enfoncé son clou d’airain dans les esprits.

2190. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Autant qu’il m’est permis d’avoir un avis en telle matière, je ne trouve pas que Buffon ait en rien manqué à la reconnaissance ni à l’hommage qu’il leur devait, et que, ce me semble, il leur a très équitablement payés en temps et lieu convenable : ce qui n’empêche pas qu’après coup il ne soit intéressant de se rendre mieux compte des services qu’il a dus à chacun d’eux.

2191. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Ce qui lui valait cet honneur posthume d’être ainsi classé à l’improviste, à son rang d’étoile, parmi les poètes de la France, était une magnifique et singulière composition, Le Centaure, où toutes les puissances naturelles primitives étaient senties, exprimées, personnifiées énergiquement, avec goût toutefois, avec mesure, et où se déclarait du premier coup un maître, « l’André Chénier du panthéisme », comme un ami l’avait déjà surnommé.

2192. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Plusieurs s’autorisaient du nom du Dauphin, et, par présomption, se faisaient fort de son assentiment, ou du moins ils s’en donnèrent l’honneur et l’illusion après coup.

2193. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Disait-il dans la notice sur l’architecte Gondoin, après un exposé assez détaillé de ses premiers travaux et une appréciation de son premier et si parfait monument, l’École de Médecine : « Et pourtant il fut en quelque sorte le début et le coup d’essai d’un jeune homme ; M. 

2194. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il y a une scène fort belle où Sibylle ne me paraît pas excéder la mesure du possible : c’est lorsque la duchesse Blanche, son amie, mariée par raison à un homme estimable, retrouve après des années celui que toute jeune elle préférait et de qui elle aurait aimé à faire choix, et lorsque entraînée sur une pente rapide elle se sent bien près de manquer à ses devoirs : dans son trouble, elle s’ouvre tout d’un coup à Sibylle, à cette jeune fille grave, et pour qui elle a conçu une haute estime.

2195. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Selon Sismondi, cet étudiant aurait dû rire et pleurer en même temps, ou même, pour peu qu’on fasse de lui un Werther, ou un étudiant d’Iéna en 1813, il aurait dû pleurer à chaudes larmes ; mais il était trop du siècle de l’auteur pour avoir de ces idées d’après coup.

2196. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Thiers fut annoncée et vint, en quelque sorte, déboucher, défiler comme une grande armée, à dater de 1845, et pendant près de vingt ans occuper le devant de la scène, envahir et posséder l’attention publique : lui, l’historien diplomatique, qui avait puisé aux mêmes sources, qui en avait par endroits creusé plus avant quelques-unes, qui y avait réfléchi bien longtemps avant d’oser en tirer les inductions, les conséquences essentielles, mais qui, une fois les résultats obtenus, y tenait comme à un ensemble de vérités, il se trouvait du coup distancé, effacé, jeté de côté avec son noyau de forces.

2197. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Que si, dans cette disposition d’esprit, il vient à ouvrir par curiosité quelque volume de la collection de ces feuilles maudites, il est surpris tout d’abord d’y trouver du bon sens, de la modération même (une modération relative et qui nous paraît telle à distance) ; il ne s’explique pas les fureurs dont fut l’objet le folliculaire vivant, et il est tout porté alors à le venger après coup, à le justifier en tout point, à lui refaire une réputation posthume.

2198. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Bien des années après ce coup du Ciel et dans le temps même dont nous parlons (1698-1699), il se passait, disait-on, des choses miraculeuses au tombeau de M. 

2199. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Racine a fait les Plaideurs ; et, dans cette admirable farce, il a tellement atteint du premier coup le vrai style de la comédie, qu’on peut s’étonner qu’il s’en soit tenu à cet essai.

2200. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Il est dans leur caractère de se réveiller tout à coup par ce sentiment au milieu de la mollesse habituelle de leur vie ; ils expriment le ressentiment avec ses couleurs naturelles, parce qu’ils l’éprouvent réellement.

2201. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Ces oscillations cessent avec les passions qui les produisent ; mais on vit au milieu d’elles, et leur choc, qui ne peut rien sur le jugement de la postérité, détruit le bonheur présent qui est exposé de tous les coups.

2202. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Ce fut une joie pour la princesse qui aimait beaucoup cette espèce de gibier  Le maigre, qui occupait tant Madame Victoire, l’incommodait ; aussi attendait-elle avec impatience le coup de minuit du samedi saint.

2203. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

III Cette entité ruinée au sommet de la nature, il reste, à la base de la nature, une autre entité, la matière, qui tombe du même coup.

2204. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Le même coup qui étouffa l’éloquence politique fut mortel à l’éloquence judiciaire, qui est liée naturellement à l’existence et au progrès de l’autre.

2205. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

L’opposition au cartésianisme vient des savants et des théologiens : les honnêtes gens se trouvèrent cartésiens du premier coup.

2206. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Ce fut une grande clameur dans le camp philosophique : mais Palissot avait eu l’adresse de cajoler Voltaire, et le dangereux railleur vit avec indulgence les coups qui pleuvaient à côté de lui, sur ses amis et leurs doctrines.

2207. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Tous ces écrivains, malgré leurs diversités nationales et personnelles, ont agi en somme dans le même sens : ils ont porté le coup de grâce au naturalisme français.

2208. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Par exemple, on s’écrie tout à coup : Il n’est pire orgueil que l’humilité chrétienne, ou encore : La vertu est le plus odieux des calculs parce qu’il est le plus sûr.

2209. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Bref, Tartuffe n’est qu’un pourceau de sacristie, un grotesque, un bas cafard de fabliau, une trogne de « moine moinant de moinerie », violemment taillée à coups de serpe par l’anticléricalisme (déjà !)

2210. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

C’est pourquoi un Flaubert, un Baudelaire, ou tout autre auteur dont les œuvres scandalisent les salons, ne peuvent entrer à l’Académie que par un coup heureux du hasard comme il ne s’en produit guère.

2211. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Il y aurait à donner le coup de grâce à des créations aussi funestes que celle de Murger ; avant de contribuer de nouveaux ouvrages d’imagination à la bibliothèque des auteurs actuels, il y aurait à écrire un livre de première nécessité sur l’organisation sociale des créateurs eux-mêmes.

2212. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Quant aux, théologiens, leur autorité est diminuée à cette-heure, et contrainte de capituler à coup d’encycliques.

2213. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Pour en faire un classique proprement dit, il a fallu lui prêter après coup un dessein, un plan, des intentions littéraires, des qualités d’atticisme et d’urbanité, auxquelles il n’avait certes jamais songé dans le développement abondant de ses inspirations naturelles.

2214. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

« En Russie, observa tout à coup le jeune homme, quand on veut humilier et punir un général, on le fait soldat : en France, quand on veut glorifier un prince, on le nomme grenadier. » Et faisant un geste, il s’écria : « Chère France ! 

2215. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

L’Amérique, à cette date, est comme un adolescent robuste, qui est lent à se dire et même à comprendre qu’il veut être décidément indépendant ; l’instinct, longtemps contenu, le lui dit tout bas, et le jour vient où, en se levant un matin, il se sent tout d’un coup un homme.

2216. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Nous cherchâmes un asile dans le vestibule du temple, et bientôt nous vîmes la foudre briser à coups redoublés cette barrière de ténèbres et de feux suspendue sur nos têtes ; des nuages épais rouler par masses dans les airs, etc… Tout grondait, le tonnerre, les vents, les flots, les antres, etc… L’aquilon ayant redoublé ses efforts, l’orage alla porter ses fureurs dans les climats brûlants de l’Afrique.

2217. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Molière a merveilleusement fait voir cette puérilité du moyen lorsqu’il le montre dans ses Précieuses employé du premier coup avec succès par des laquais : Mascarille et Jodelet ont à peine prononcé quelques phrases de charabia que Cathos et Madelon les reconnaissent comme des leurs, tiennent pour de grands esprits ces faux petits-maîtres et prennent meilleure opinion d’elles-mêmes parce qu’elles ont su leur plaire.

2218. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Celui-ci, qui ne possède encore aucun plan organique, aura tout avantage à se concevoir autre qu’il n’est, à mettre à profit les expériences des autres groupes déjà constitués, car il abrège, par cet expédient, la lente période de formation par laquelle ces groupes ont dû passer avant de parvenir à l’état organique, il s’épargne mille vains essais ; du premier coup, il use d’un système qui déjà a prouvé son efficacité à faire vivre des hommes en société.

2219. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Il arrive même qu’un fait ou une observation reste longtemps devant les yeux d’un savant sans lui rien inspirer ; puis tout à coup vient un trait de lumière. — L’idée neuve apparaît avec la rapidité de l’éclair comme une révélation subite. — La méthode expérimentale ne donnera donc pas des idées vraies et fécondes à ceux qui n’en ont pas ; elle servira seulement à diriger les idées chez ceux qui en ont. » Au reste, il est encore juste de reconnaître que ces réclamations en faveur de l’hypothèse dans les sciences expérimentales ne sont pas absolument neuves, et que les philosophes ont sur ce point précédé les savants.

2220. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Que je le voie sur ta toile déchiré à coups de crocs.

2221. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

La thèse du parallélisme consistera à soutenir que nous pouvons, une fois en possession de l’état cérébral, supprimer par un coup de baguette magique tous les objets perçus sans rien changer à ce qui se passe dans la conscience, car c’est cet état cérébral causé par les objets, et non pas l’objet lui-même, qui détermine la perception consciente.

2222. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Il ne s’agit pas, sans doute, de l’employer à tout coup, mais encore faut-il qu’on en ait, de temps à autre, la possibilité.

2223. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Ce grand spectacle l’enflamme, et le lecteur surpris sent tout à coup la contagion d’un enthousiasme qu’il n’avait pas prévu.

2224. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Son coup de génie avait été de reconnaître dans l’individualisme, — cet individualisme dont Benjamin Constant était alors le grand théoricien et Victor Cousin le prophète, — l’ennemi qu’il fallait combattre, et abattre, si l’on voulait reconstituer la société sur la base de la religion. […] Supposé qu’il ait emprunté à Bulwer le sujet de son drame, le coup de génie a été justement de le dépayser ou de le transporter. […] Roi de l’espace et des « mers sans rivages » quand l’Albatros : Vole contre l’assaut des rafales sauvages, il ne saurait le dire, mais l’orgueil de la lutte et la joie de la victoire se lisent dans la sûreté de son coup d’aile. […] Un exemple plus moderne rendra peut-être tout ceci plus clair, et montrera du même coup que la tentative n’a rien de trop ambitieux, puisque le problème n’a rien d’insoluble. […] Nous lui faisons observer seulement qu’au regard de l’histoire, comme de la vie, « changer de forme », cela équivaut à « changer de nature », et que, par exemple, de se « battre à coups de tarifs », si cela est moins naturel que de « se battre à coups d’ongles et de dents », cela est d’ailleurs plus humain.

2225. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Si Moliere a rendu Tartufe odieux au 5e acte, c’est comme Rousseau le remarque, par la nécessité de donner le dernier coup de pinceau à son personnage. […] Mais les auteurs ne doivent pas compter sur ces coups de force, & le plus sûr est de ne pas mettre les acteurs dans le cas de joüer faux. […] De ce nombre étoit le péristyle du palais de Ninus, dans lequel aux plus belles proportions & à la perspective la plus savante, le peintre avoit ajoûté un coup de génie bien digne d’être rappellé. […] Vous applaudissez à des gladiateurs qui s’exerçant au milieu de vous, se disputent le prix que vous reservez à qui vous portera les coups les plus sûrs & les plus terribles. […] Il est beau de prévoir, comme Lycurgue, qu’on humanisera un peuple feroce avec de la musique ; il n’y a aucun merite à imaginer, comme le czar, de se faire obéir à coups de sabre.

2226. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Une dernière coïncidence, de celles que l’on ne peut prévoir, et qui font, pour cette raison même, l’attrait changeant et toujours nouveau de l’histoire, allait sauver ce principe des conséquences abusives qu’on en eût pu tirer en d’autres temps : Mazarin venait de mourir ; Anne d’Autriche allait bientôt le suivre dans la tombe ; et Louis XIV venait d’inaugurer par trois ou quatre coups d’éclat son gouvernement personnel. […] Et enfin et surtout, parce qu’avec cette sorte d’ingénuité qui le caractérise, Bossuet a trop imprudemment suivi ses adversaires sur un terrain où l’opinion laïque, perdant pied, ne s’est plus sentie juge des coups ni seulement partie dans la bataille. […] Disciple non seulement convaincu, mais passionné de Descartes, il s’avise un beau jour de vouloir appliquer les principes de son maître à la démonstration ou au développement des vérités de la foi ; et voici tout d’un coup que, par une déchirure du rideau, la grande contradiction apparaît. […] — À partir de ce moment la vie du poète est comme désemparée ; — la publication du livre du père Garasse, dirigée contre lui, lui porte le dernier coup ; — on instruit son procès ; — il est condamné par arrêt du 1er septembre 1625 au bannissement à perpétuité. […] Malebranche. — Fénelon réfute le Traité de la nature et de la grâce. — Qu’ils en ont surtout à la théorie de l’action de Dieu par « les voies générales », — à l’abri de laquelle ils voient poindre la théorie de la « stabilité des lois de la nature » ; — c’est-à-dire la négation du surnaturel ; — et tomber du même coup la possibilité du miracle ; — la nécessité de la révélation ; — et l’utilité de la religion.

2227. (1929) Dialogues critiques

Paul Voilà précisément l’équivoque qui rend si dangereux le coup de botte porté par Thibaudet dans cet assaut courtois. […] Mais puisque le coup est manqué et que l’affaire a tourné à l’avantage de Valéry… M. 

2228. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

. — Alliances, batailles, impôts, traités, ministères, coups d’État, on a toute l’histoire du siècle en épigrammes et en chansons. […]  » On y invite les gens quinze jours d’avance. « Cette fois, on renversa les tables, les meubles ; on jeta dans la chambre vingt carafes d’eau ; enfin je me retirai à une heure et demie, excédée de fatigue, assommée de coups de mouchoir, et laissant Mme de Clarence avec une extinction de voix, une robe déchirée en mille morceaux, une écorchure au bras, une contusion à la tête, mais s’applaudissant d’avoir donné un souper d’une telle gaieté et se flattant qu’il ferait la nouvelle du lendemain. » — Voilà où conduit le besoin d’amusement.

2229. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

La royauté n’est qu’un choix du Ciel ; celui qui en est revêtu doit encore plus le représenter par sa sagesse et sa bienfaisance que par des coups de vigueur et d’autorité. […] Par là un empereur, sans être savant, jouit de tout l’éclat que la science et l’érudition peuvent répandre sur l’administration publique, n’est pas exposé à prendre une répétition pour un coup de génie, ne court pas le danger de se méprendre dans ce qu’il avance, et parle toujours avec une dignité imposante dans tous les actes publics. » VIII « Des lettrés, renommés par leur science des annales de l’empire et par la fermeté de leur caractère, tiennent registre secret des actes du gouvernement dans le palais même du prince.

2230. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Non, c’est un coup de soleil pris sur le fait par un manœuvre. […] Laissons donc la photographie, qui ne vaudra jamais dans le domaine de l’art le coup de crayon inspiré et magistral que Michel-Ange, en visitant Raphaël absent, laissa de sa main sur le carton des noces de Psyché, contre la porte de l’atelier de la Fornarina !

2231. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Quoi qu’il en soit, on s’extasie de surprise et d’admiration quand on voit une terre qui a perdu l’empire du monde, puis sa propre liberté, puis ses dieux, puis sa langue même ; une terre qui avait produit Cicéron, Horace, Virgile, reproduire tout à coup, dans une autre langue, mais dans un même génie, Dante, Arioste, Pétrarque, le Tasse et Machiavel. […] Interrogée par Renaud, elle lui raconte par quelle série de trahisons elle allait périr, sans lui, sous les coups de ces assassins.

2232. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Ce n’est pas toujours du premier coup que la science la prononce, comme Aristote l’a fait pour la théorie du mouvement ; mais un peu plus tôt, un peu plus tard, il faut bien en arriver à cette explication dernière des choses, ou renoncer à les savoir jamais. […] Plus coupable que Criton, ce n’est pas sous le coup de la douleur qu’il commet cette confusion déplorable ; c’est dans un de ses ouvrages les plus élaborés et les plus approfondis, le Traité de l’âme.

2233. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Cela signifiait que ces grands solitaires de la pensée s’étant élevés en totale liberté, à leurs risques et périls, à de prodigieuses altitudes, contemplaient le fait en admirant leur propre force, mais tout à coup étaient saisis d’appréhension par l’éveil d’une pensée sociale : « Que fera l’humanité si elle se croit munie de nos ailes ?  […] Faut-il à coups de fouet les renvoyer à leur ergastule ?

2234. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Le prédicateur moraliste se sert de nous contre nous-mêmes, et, par un de ces mille détours de l’amour-propre qui trouve son compte même aux coups qu’il reçoit, il ne peut pas nous faire voir notre fond sans nous y intéresser, ni nous accuser sans nous flatter par le prix qu’il met à notre innocence. […] Dans ses duretés contre les courtisans, il laissa se glisser l’esprit de cour, et fit admirer aux grands la main habile qui leur portait des coups encore innocents.

2235. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Quand il s’agit de fonder l’avenir en frappant le passé, il faut de ces redoutables sapeurs, qui ne se laissent pas amollir aux pleurs de femmes et ne ménagent pas les coups de hache. […] La tyrannie ne commence que le jour où la chaîne est sentie, où l’ancien dogme a vieilli et emploie les mêmes coups d’autorité pour se maintenir.

2236. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Car ma connaissance de Wagner me donne la certitude que la création d’une partition était, chez lui, toujours une œuvre « d’après coup », un travail en un certain sens mécanique. […] C’était en même temps la mort de toute réforme selon l’esprit wagnérien, et un coup terrible porté à la musique française.

2237. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

L’abbé Fraguier manqua d’en mourir de chagrin, lui qui, dans moins de quatre ans, avoit recommencé six ou sept fois la lecture d’Homère ; qui, pour mieux retenir, ou pour reconnoître plus facilement les beaux endroits de ce poëte, les soulignoit d’un coup de crayon dans son exemplaire ; & qui, à force d’admirer & de remarquer toujours, souligna toute l’Iliade. […] Énée, vainqueur d’Iarbe, & sauvant Carthage, au moment où il la quitte, est un coup de maître.

2238. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Plusieurs ont déjà disparu ; la Grèce et Rome ont moins succombé sous les coups de leurs vainqueurs que sous le poids de leur vieillesse. […] En fait, aucun peuple ne s’est vraiment éteint de vieillesse ; beaucoup ont péri sous les coups de plus forts ; les autres sont morts parce qu’ils ont rejeté la vie.

2239. (1926) L’esprit contre la raison

En attendant la Révolution salutaire que ce spectacle si pitoyablement faux ne peut manquer d’amener, les créatures que n’a jamais animées le souffle de la liberté, et cependant en passe de ne plus pouvoir se satisfaire de leurs piètres conditions, sous le coup chaque jour de quelque mésaventure anecdotique, après tout un jeu compliqué d’aller et retour, de minutes agitées puis abattues, tentent encore à s’acharner à ne pas désespérer d’elles-mêmes, de leurs velléités, de leurs besoins. […] Du premier coup, la preuve venait d’être faite que toute poésie est une révolution en ce qu’elle brise les chaînes qui attachent l’homme au rocher conventionnel.

2240. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Il aurait voulu qu’on commençât par tonner et étonner : on a manqué ce premier coup.

2241. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Cette suite d’empereurs du haut et du bas Empire, qu’elle recueillit avec choix, qu’elle arrangea avec soin, lui remettait tout d’un coup sous les yeux ce qu’il y a eu de plus respectable dans les siècles passés.

2242. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Il prit son parti et résolut de se remettre dans le train ordinaire par quelque coup d’éclat, qui rompît avec le passé.

2243. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Cette organisation robuste se brisa tout d’un coup sans avoir vieilli ni même lutté.

2244. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Elle se moque d’une de ces critiques qui porte à la fois sur la conduite d’Hélénus, d’Hector et de Diomède, qu’Homère donne pour sages et qui, au moment même, se seraient emportés comme des imprudents : « Voilà un beau coup de filet pour M. de La Motte, dit-elle assez gaiement, d’avoir pris en faute trois héros d’Homère tout à la fois. » Quand elle en vient au travestissement en vers qu’il a donné de l’Iliade, elle en fait ressortir tout le chétif et l’indignité ; elle montre très bien, par exemple, que les obsèques d’Hector, exposé sur un lit dans la cour du palais, avec l’entourage lugubre des chanteurs et les gémissements de tout un peuple de femmes qui y répondent, sont devenues chez M. de La Motte quelque chose de sec et de convenu : « On croit voir, dit-elle, un enterrement à sa paroisse. » Mais ces traits d’esprit, que Mme Dacier oppose à ceux de l’adversaire, se mêlent trop d’images, de comparaisons et de citations qui juraient avec le goût moderne.

2245. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Le malheureux combat d’Oudenarde, avec les circonstances qui l’accompagnèrent et qu’exploitèrent si bien en leur sens les amis de M. de Vendôme, fut un mortel échec à la réputation du duc de Bourgogne, et aussi un coup de poignard pour l’âme délicate et fière de Fénelon.

2246. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Voilà un discours tout à fait dans le goût et le ton de ceux des meilleurs historiens de l’Antiquité, ferme, pressé, plein d’oppositions et d’antithèses pour les pensées comme pour les mots : un tel discours retravaillé et refait après coup est certes d’un écrivain, et, si d’Aubigné a mis de la négligence et du laisser-aller dans les intervalles, il a dû porter tout son soin sur ces parties de prédilection.

2247. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Au sortir d’un éden, il voyait tout d’un coup l’enfer.

2248. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

S’étant laissé aller un jour, comme il aimait à le faire dans les dernières années, à entretenir un ami de ses espérances religieuses et de sa confiance en une vie future, en l’immortalité, il se reprenait tout d’un coup, mais pour y appuyer davantage : Je fais la réflexion que ce sujet que je traite si volontiers est bien délicat, et qu’il vaudrait mieux garder pour soi les observations qu’on peut faire et en montrer le résultat par ses œuvres.

2249. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

L’hiver et l’année suivante se passent pour Louis XIV à aider Jacques II dans son infructueuse expédition d’Irlande : d’ailleurs on ne voit pas qu’il songe à rien de décisif sur le Rhin ni qu’il veuille frapper aucun coup pour déconcerter la ligue ennemie.

2250. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Mais tout d’un coup une autre pensée lui vient, et voici en quels termes elle s’en ouvre à la maréchale de Noailles, en essayant de l’y intéresser et de la tenter (27 décembre 1700) : La grande affaire dont je veux vous parler, madame, regarde le mariage du roi d’Espagne, et une vue pour moi en cas qu’il se fasse avec Mme la princesse de Savoie.

2251. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

On aurait bien voulu s’y persuader que, du coup, la Révolution était finie. « Je suis sûre, nous dit Mme Elliott, que si le duc d’Orléans avait supposé que la Révolution pût durer plus de six mois, il ne l’aurait jamais désirée. » Mme Elliott, vers ce temps et peu après, pendant les journées de septembre, était dans d’affreuses transes.

2252. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Tout coup porte.

2253. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Son fils mort, Louis Racine fut brisé du coup.

2254. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

il diminuerait du coup toutes ses vertus.

2255. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

« L’histoire, me disait mon ami, qui n’est pas inconséquent et qui tient fort de Hume et de Fontenelle, n’est le plus souvent, et surtout à cette distance, qu’une fable convenue, un quiproquo arrangé après coup et accepté, une superfétation réelle portant sur une base creuse et fausse.

2256. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

C’est à cet instant que Gautier reçut le coup de soleil qui le bronza, et qu’il salua véritablement et d’un amoureux transport cette Espagne tirant sur l’Afrique, sa vague chimère jusque-là et son rêve.

2257. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Il est bien vrai que ces poèmes sont le produit d’un état moral et primitif dans lequel, avant tout, il est besoin de se replacer pour bien se rendre compte, sinon de leur charme qui se sent de lui-même, dit moins de leur mérite ; autrement on est sujet à leur prêter, après coup, quantité d’intentions et de beautés réfléchies qui ne sont, à vrai dire, que des reflets de notre propre esprit, des projections de nous-mêmes, de pures illusions de perspective.

2258. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Par ses seules forces Corneille a enfanté un idéal ; il s’est élevé d’un coup, non-seulement à une hauteur extraordinaire, mais à une conception nouvelle de l’art.

2259. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

La pensée est sortie un jour de leur cerveau tout armée comme Minerve, et d’un coup de hache comme elle.

2260. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Michel Nicolas sur Jean-Bon Saint-André, d’abord pasteur protestant, puis conventionnel montagnard, membre du Comité de salut public, en mission auprès des armées navales ; puis dénoncé, mis en arrestation ; puis consul de France à l’étranger, captif en Orient, éprouvé par la persécution et le malheur ; puis enfin, à sa rentrée en France et pendant douze années, excellent préfet de Mayence sous le Consulat et sous l’Empire, un administrateur modèle, mort à son poste, au champ d’honneur, en décembre 1813, sous le coup de nos désastres, cerné par la guerre, les maladies, par tous les fléaux qu’amènent avec elles les défaites, et lui-même atteint et frappé du typhus qui sévissait dans ces contrées des bords du Rhin.

2261. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Nous ne pourrons faire mieux, car dans un portrait il n’est rien de tel que la vérité et l’unité de la physionomie, et Mme d’Armailléy a atteint du premier coup.

2262. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

pour le coup, on s’est insurgé et l’on a crié holà ! 

2263. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Prêtre austère, âme de génie, il a gardé sous ses cheveux gris tous ses trésors de foi et de jeunesse ; il a dépouillé d’un coup ses préjugés politiques, non inhérents à la vraie foi.

2264. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Le coup cependant était porté ; la faculté d’invention devenait suspecte et douteuse chez M. 

2265. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

La verve injurieuse de Démosthène, l’éloquence imposante de Cicéron, les moyens que Démosthène emploie pour agiter les passions dont il a besoin, les raisonnements dont Cicéron se sert pour repousser celles qu’il veut combattre, ses longs développements, les rapides mouvements de l’orateur grec, la multitude d’arguments que Cicéron croit nécessaires, les coups répétés que Démosthène veut porter, tout a rapport au gouvernement et au caractère des deux peuples.

2266. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Les algébristes ne vous disent pas : Vous allez amener tel dé ; mais ils calculent en combien de coups tel dé doit revenir.

2267. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Mais la masse — c’est ce dont Despréaux enrage, et ce qui lui fait comparer l’Académie à une troupe de singes ou la traiter de Huronne, — la masse, peu disposée à se passionner, toute prête à marquer les coups et à applaudir à l’esprit, de quelque côté qu’il fût, était assez détachée des anciens pour les entendre censurer sans scandale et sans révolte ; elle se complaisait dans l’éloge de son siècle, et ce siècle, presque au moment de s’achever, apparaissait comme bien rempli, glorieux et grand.

2268. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Un christianisme platonicien, qui semble retenir « le souverain plasmateur Dieu » comme efficace surtout pour liquider d’un coup tout l’embarras métaphysique, et qui, pour une raison analogue, éloigne toute précision de dogme : solution moyenne qui fait une religion d’honnêtes gens, pressés d’aviser à la pratique, et qui a bien l’air d’être le fond du spiritualisme français.

2269. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

« Il était laid, nous dit un contemporain628 : sa taille ne présentait qu’un ensemble de contours massifs ; quand la vue s’attachait sur son visage, elle ne supportait qu’avec répugnance le teint gravé, olivâtre, les joues sillonnées de coutures ; l’œil s’enfonçant sous un haut sourcil, … la bouche irrégulièrement fendue ; enfin toute cette tête disproportionnée que portait une large poitrine… Sa voix n’était pas moins âpre que ses traits, et le reste d’une accentuation méridionale l’affectait encore ; mais il élevait cette voix, d’abord traînante et entrecoupée, peu à peu soutenue par les inflexions de l’esprit et du savoir, et tout à coup montait avec une souple mobilité au ton plein, varié, majestueux des pensées que développait son zèle. » Et Lemercier nous montre « les gestes prononcés et rares, le port altier » de Mirabeau, « le feu de ses regards, le tressaillement des muscles de son front, de sa face émue et pantelante ».

2270. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Et je n’ai pas besoin de dire que ses descriptions ne sont jamais purement extérieures, qu’il note habituellement du même coup la sensation et le sentiment qu’elle suscite en lui, et que ce sentiment est toujours très fort et très triste.

2271. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Cette masse serait animée d’une vitesse colossale et après avoir circulé de tout temps à de telles distances que son influence soit restée jusqu’ici insensible pour nous, elle viendrait tout à coup passer près de nous.

2272. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Mais les chevaliers bourguignons, qui se sont fait précéder de leurs archers, n’ont pas la patience d’attendre l’effet de cette manœuvre, et, emportés par un beau zèle, ils culbutent ces archers mêmes, « la fleur et l’espérance de leur armée », et passent par-dessus sans leur donner loisir de tirer un seul coup de flèche.

2273. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Les brusques révolutions que font éclater les passions des hommes viennent sans doute déranger fréquemment cette marche générale et graduelle des choses ; la digue que les sages essayaient de construire se trouve tout à coup submergée.

2274. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Lainé pour modèle, et qu’il ne veuille faire après coup de M. 

2275. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

L’image d’un livre leur donne le frisson : parce qu’on a abusé des lumières, ils extermineraient tous ceux qu’ils supposent éclairés ; parce que des scélérats et des aveugles ont rendu la liberté horrible, ils voudraient gouverner le monde à coups de sabre et de bâton.

2276. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Six mois s’étaient écoulés depuis la mort de Mazarin : ce fut le temps qu’il fallut pour consommer cette ruine et opérer ce coup de maître.

2277. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Portalis qualifiait ce décret du 3 Brumaire « un véritable Code révolutionnaire sur l’état des personnes. » Il montrait que le régime révolutionnaire avait dû être détruit par la Constitution : « Et au lieu de cela, c’est la Constitution que l’on veut mettre sous la tutelle du régime révolutionnaire. » La suite et l’enchaînement régulier de la discussion s’animait chemin faisant, sur ses lèvres, d’expressions heureuses à force de justesse : « Avec la facilité que l’on a, disait-il, d’inscrire qui l’on veut sur des listes, on peut à chaque instant faire de nouvelles émissions d’émigrés. » Il demandait pour la Constitution de la patience et du temps : « Il faut que l’on se plie insensiblement au joug de la félicité publique. » Il observait que jamais nation ne devient libre quand l’Assemblée qui la représente ne procède ainsi que par des coups d’autorité : « Les institutions forment les hommes, si les hommes sont fidèles aux institutions ; mais si nous conservons l’habitude de révolutionner, rien ne pourra jamais s’établir, et nos décrets ne seront jamais que des piliers flottants au milieu d’une mer orageuse. » On entrevoit par ces passages que Portalis n’était pas dénué d’une certaine imagination sobre et grave qui convenait à la nature et à l’ordre de ses idées législatrices.

2278. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

En relisant attentivement sa longue polémique comme je viens de le faire, il m’a semblé quelquefois que Carrel ne faisait que se tromper de seize ou de dix-sept ans, que cette chute qu’il prévoyait et qu’il présageait dès 1831 à la dynastie de Juillet, n’avait fait que retarder, et que sa politique, reprise par d’autres, et cheminant imperceptiblement sous cette prospérité apparente de l’adversaire, avait triomphé après coup, et avait eu raison en définitive.

2279. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Après ce coup à demi manqué de la Saint-Barthélemy, qui n’avait pas atteint les princes du sang, on essaie de la démarier d’avec le roi de Navarre.

2280. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

La Fontaine vint à Paris, plut à Fouquet, bon juge de l’esprit, et le voilà transporté tout d’un coup au milieu de la société la plus brillante, devenu le poète ordinaire des merveilles et des magnificences de Vaux.

2281. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Tantôt c’est une mémoire extraordinaire qui se développe tout à coup ; le fait le plus fréquent, c’est de parler et d’écrire dans les langues que l’on est censé tout à fait ignorer : fait qui s’est souvent reproduit dans les grandes épidémies convulsives.

2282. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Il n’est pas de si médiocre écrivain auquel il suffise, pour son coup d’essai, de découvrir des vérités applicables àun grand royaume, et qui ne reste mécontent de lui-même, s’il n’a pu renfermer le genre humain dans le sujet de son discours. » Le point de départ des études de M. de Tocqueville semble avoir été ce mot célèbre de M. de Serres : « La démocratie coule à pleins bords. » Il a cru que la révolution démocratique était inévitable, ou plutôt qu’elle était faite, et au lieu de raisonner à priori sur la justice ou l’injustice de ce grand fait, il a pensé qu’il valait mieux l’observer, et, laissant à d’autres le soin de l’exalter et de la flétrir, il s’est réservé de la connaître et de la comprendre.

2283. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Arsène Houssaye aurait appris une foule de choses à qui n’allait point à Mabille ou chez Μ. le duc de Persigny, mais son coup d’œil et son coup de pinceau n’entraient pas jusqu’à la grande nature humaine, qui est au fond et même le fond de toute société, si civilisée, si corrompue, si chinoise qu’une société puisse être.

2284. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Tout à coup il a une pensée : pourquoi ne tenterait-il pas un dernier effort, en se montrant aux hommes qui ne veulent plus l’entendre, et en leur empruntant quelques-uns des mots nouveaux qu’il entend parfois sans les comprendre ?

2285. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Peut-être vous êtes prophète ; vous me révélez (après coup) ce que les puissances d’en haut avaient décrété.

2286. (1927) André Gide pp. 8-126

Ayant appris que sa femme mettait pour lui des cierges à la Madone au coin de la rue, il est saisi d’une fureur dont un vrai philosophe serait incapable et brise d’un coup de béquille l’innocente statuette. […] Dans l’édition à 1 fr. 20, où je la relis à présent, que j’emporte avec moi en promenade et couvre de coups de crayon, l’Education sentimentale ne me paraît pas moins admirable que dans cette première édition dont je me sépare et que je crois bien n’avoir jamais ouverte. […] Coup de théâtre et stupeur générale dans la classe c’est Gide qui est premier, et Louÿs seulement second.

2287. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Et, il ne le dit point, n’étant pas le prophète ou l’apôtre que l’on se représente, s’il n’est pas non plus le bouffon ou le Silène ivre, et n’ayant en vérité qu’un trait de commun avec son Panurge, qui est de craindre naturellement les coups ! […] Nul n’a jamais rompu ni d’un coup, ni tout seul, avec une tradition plusieurs fois séculaire ! […] Hippolyte, vers 545-690 ; vers 1360 et suiv. ; vers 1963-2150]. — La première tragi-comédie : Bradamante. — Que la Bradamante de Garnier marque un moment décisif dans l’histoire du théâtre : la tragédie « recule » et cède la place à la tragi-comédie. — Coup d’œil sur l’état du théâtre en Europe à la même époque. — Si cette éclipse de la tragédie est ou non un symptôme d’émancipation à l’égard des anciens ?

2288. (1925) Proses datées

Et nous avions obéi jusqu’au moment où, d’un commun accord, nous libérâmes nos prisonniers comme une offrande ailée au beau ciel nocturne où les étoiles étalaient déjà ce « coup de dés » que Mallarmé devait célébrer en un mystérieux poème, sorte d’indication elliptique et suprême de l’Œuvre irréalisable qu’il rêvait. […] Nous causâmes ainsi assez longtemps ; puis, tout à coup, Allais prit un air détaché et sérieux et il me dit : — Tout cela, c’est très bien, mais, en somme, à Honfleur, vous n’étiez pas des clients de la pharmacie. […] On écoutait en silence quand, tout à coup, retentit un grand coup de poing sur la table… C’était Flaubert qui, le visage enflammé et les yeux pleins de larmes, ne trouvait pas autre chose pour exprimer son admiration, son respect, sa tendresse, que de répéter, avec ivresse et vénération : « Ah ! […] Puis, tout à coup, à ce bruit répond un autre bruit qui, d’abord perçu lointainement, peu à peu s’accentue, se rapproche et finit par se confondre avec celui de mon talon sur la dalle. […] Mais ce qui le surprit, ce fut qu’aux coups de sonnette personne ne répondît Après des appels réitérés, il fallut recourir à un serrurier, et quand M. et Mme de Balzac parvinrent à la salle à manger, quelle ne fut pas leur stupeur !

2289. (1903) Le problème de l’avenir latin

Aveuglément braves, aimant d’une passion effrénée la lutte pour le plaisir de donner et de recevoir de beaux coups, épris de contes et de discours, ils sont éminemment dépourvus d’esprit organisateur et de sérieux. […] Il semble qu’au sortir d’une chambre l’air vicié on respire tout à coup au grand air libre. […] Quant aux habitants de l’Allemagne orientale, ils accueillent à coups de flèches, jusqu’au onzième siècle, les missionnaires romains. […] Tout ce magnifique organisme est intérieurement rongé, et paraît n’attendre que le coup d’épaule du passant qui le fera chanceler et s’abîmer définitivement. […] J’en crois, je le répète, le succès beaucoup plus facile qu’on ne le pense, à condition que l’entreprise soit menée avec énergie et intelligence, sans précipitation, ni à-peu-près, ni coups de tête, suivant un plan longuement et mûrement conçu.

2290. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Il n’y a pas un trait de cette chanson délicieuse qui ne porte coup. […] La vue des plaies du Sauveur raffermit sa foi et son courage, quand tout à coup une objection inattendue se dresse devant lui. […] Il serait difficile d’imaginer un coup de théâtre plus digne de l’art primitif. […] Les acteurs forains, qui échangent entre eux des coups de latte et des soufflets, peuvent seuls donner une idée de cet incroyable intermède. […] Puis tout à coup le soleil devient lune, et cette lune se laisse échancrer par l’aurore des nations jalouses de la gloire espagnole.

2291. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Henri IV assassiné, Sully fut comme frappé du coup : sa conduite à la nouvelle de l’assassinat, son dessein d’aller au Louvre, puis sa crainte qui lui fait rebrousser chemin et son retour dans ses quartiers (se contentant d’envoyer sa femme à la découverte), nous le montrent peu propre à ces situations extraordinaires où l’on n’a plus de maître, et où il faut prendre en soi seul le conseil, l’initiative en même temps que l’exécution.

2292. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

C’est en vertu de ce coin de fanatisme qu’on voit Coligny prendre intérêt à Poltrot qui doit assassiner le duc de Guise, lui donner cent écus pour avoir un bon cheval, et le recommander à son frère d’Andelot peu avant le coup.

2293. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Lorsque Bourdaloue parut dans la chaire (1670), un grand événement excitait au plus haut degré l’intérêt dans l’Église de France : les querelles envenimées entre ceux qu’on appelait jansénistes et le pouvoir temporel et spirituel, l’espèce de proscription qui avait mis quelques-uns des principaux chefs du parti à la Bastille, et qui avait dispersé les autres en tous sens, venaient tout d’un coup de s’apaiser ; Rome elle-même avait donné le signal de cette indulgence ; il y avait la paix de l’Église, qui ne devait être qu’une trêve.

2294. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Il se fit là tout d’un coup comme un réveil de la licence, des intrigues et de l’émancipation en tous sens qui s’était vue au xvie  siècle ; toutes les imaginations, toutes les ambitions étaient en campagne : Il est aisé de comprendre, nous dit La Fare, comme quoi chacun alors par son industrie pouvait contribuer à sa fortune et à celle des autres : aussi les gens que j’ai connus, restés de ce temps-là, étaient la plupart d’une ambition qui se montrait à leur première vue, ardents à entrer dans les intrigues, artificieux dans leurs discours, et tout cela avec de l’esprit et du courage.

2295. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Il a vivement décrit bien des scènes et des jeux d’une journée de château ou de salon ; mais nulle part, si l’on ne se paye pas de rimes sonores, il ne paraît soupçonner le charme intime qui naît des habitudes vertueuses et simples d’une vie privée pratiquée obscurément et aimée, et la fleur inattendue de poésie qui tout d’un coup s’y découvre et la couronne.

2296. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Je passe rapidement sur ces gentillesses, sur les progrès de la chaise que le jonc de l’Inde a rendue plus flexible, à laquelle on ajoute des bras, et à ces bras encore on ne donne pas d’emblée la parfaite et commode courbure : rien, dans les arts de la vie, ne se trouve du premier coup.

2297. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Ce n’était pas assez : une parente et une amie qu’il avait à Soleure, et qui avait toujours souffert de l’injustice dont il avait été l’objet, travailla si bien en sa faveur que, sur un léger prétexte, et pour avoir obtenu du roi qu’on augmentât la quantité de sel qu’on donnait annuellement au canton, Besenval apprit tout d’un coup qu’il était populaire parmi les siens ; les esprits s’émurent en sens inverse de la vieille querelle qu’on lui avait faite quatorze ans auparavant.

2298. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

. — Un jour que, devant une toile de Raphaël, un de nos peintres modernes, grand esthéticien encore plus que peintre, homme à vastes idées et à plans grandioses, avait développé devant quelques élèves une de ces théories sur l’art chrétien et sur l’art de la Renaissance, où le nom de Raphaël sans cesse invoqué sert de prétexte, il se retourna tout d’un coup en s’éloignant, et, en homme d’esprit qu’il est, il s’écria : « Et dire que s’il nous avait entendus, il n’y aurait rien compris ! 

2299. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Il y arrive, à l’éloquence, dans sa lettre du 22 mars 1740, non sans avoir passé par quelques lenteurs ; car il résume assez longuement les espèces de conférences morales qu’il tient avec le chevalier : ces conversations pour former un parfait honnête homme sont un peu sermon pour nous, comme elles l’étaient probablement pour son impatient élève ; puis tout à coup, à propos des lectures qu’il lui voudrait voir faire, entre autres celle des Vies de Plutarque, il s’enflamme et se laisse emporter : C’est une lecture touchante, j’en étais fou à son âge ; le génie et la vertu ne sont nulle part mieux peints ; l’on y peut prendre une teinture de l’histoire de la Grèce, et même de celle de Rome.

2300. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Le trop-plein fait torrent parfois… » Il y a des jours où, dans ce trop-plein qui lui pèse et qui fait cauchemar quand il ne fait pas torrent, elle se dit que l’aiguille lui va mieux que la plume : « J’ai pris la couture pour tuer cela à coups d’aiguille, mais le vilain serpent rémue encore, quoique je lui aie coupé tête et queue, c’est-à-dire tranché la paresse et les molles pensées. » Ce désaccord entre le cœur ou l’imagination de la noble fille et son cadre étroit, isolé, se fait sentir ; des plaintes qu’elle s’avoue à peine à elle-même nous en arrivent fréquemment.

2301. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

L’abbé Legendre, qui a écrit jusqu’à quatre Éloges de M. de Harlay, sans compter ce qu’il en dit dans ses Mémoires ; qui l’a loué une première fois en français, mais un peu brièvement40, une seconde fois en français encore41 et en s’attachant à ne mettre dans ce second morceau ni faits, ni pensées, ni expressions qui fussent déjà dans le premier ; qui l’a reloué une troisième fois en latin42, puis une quatrième et dernière fois en latin encore43, mais pour le coup avec toute l’ampleur d’un juste volume, Legendre a commencé ce quatrième et suprême panégyrique qui englobe et surpasse tous les précédents par un magnifique portrait de son héros ; je le traduis ; mais on ne se douterait pas à ce début qu’il s’agit d’un archevêque, on croirait plutôt qu’il va être question d’un héros de roman : « Harlay était d’une taille élevée, juste, élégante, d’une démarche aisée, le front ouvert, le visage parfaitement beau empreint de douceur et de dignité, le teint fleuri, l’œil d’un bleu clair et vif, le nez assez fort, la bouche petite, les lèvres vermeilles, les dents très bien rangées et bien conservées jusque dans sa vieillesse, la chevelure épaisse et d’un blond hardi avant qu’il eût adopté la perruque ; agréable à tous et d’une politesse accomplie, rarement chagrin dans son particulier, mangeant peu et vite ; maître de son sommeil au point de le prendre ou de l’interrompre à volonté ; d’une santé excellente et ignorant la maladie, jusqu’au jour où un médecin maladroit, voulant faire le chirurgien, lui pratiqua mal la saignée ; depuis lors, s’il voyait couler du sang, ou si un grave souci l’occupait, il était sujet à des défaillances ou pertes de connaissance, d’abord assez courtes, mais qui, peu à peu, devinrent plus longues en avançant : c’est ce mal qui, négligé et caché pendant plus de vingt ans, mais se répétant et s’aggravant avec l’âge, causa enfin sa mort. » L’explication que l’abbé Legendre essaye de donner des défaillances du prélat par suite d’une saignée mal faite est peu rationnelle : M. de Harlay était sujet à des attaques soit nerveuses, soit d’apoplexie plus probablement, dont une l’emporta.

2302. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

« Que ces mots : « Je vais me battre en duel pour la cause la plus futile et la plus absurde », écrits d’une main calme et ferme par Dujarier, une heure avant qu’il reçut le coup mortel, ne s’effacent jamais de la mémoire d’aucun de nous.

2303. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Les amis vinrent ; on riait, on causait ; à neuf heures, on servait un souper fin, et au coup de onze heures sans faute, on se retirait.

2304. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

On raconte que Shelley, la première fois qu’il entendit réciter le poème de Christabel, à un certain passage magnifique et terrible, prit effroi et tout d’un coup s’évanouit.

2305. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Le 14 Juillet et les journées qui suivirent brisèrent la résistance de la Cour ; mais ce ne fut pas encore du premier coup : les imprudences qui devaient amener le mouvement d’octobre se renouvelèrent ; l’illusion de la reine dura jusqu’à la dernière heure, et vers la fin de septembre 1789, comme un de ses fidèles et dévoués serviteurs, le comte de La Marck, fort lié avec Mirabeau, faisait dire par une voie confidentielle qu’on n’eût pas à se défier de cette liaison, et qu’il avait pour objet de modérer le plus possible le grand tribun et de le préparer à être utile au roi quand on jugerait le moment venu, la reine répondit, après quelque politesse pour M. de La Marck : « Nous ne serons jamais assez malheureux, je pense, pour en être réduits à la pénible extrémité de recourir à Mirabeau. » II.

2306. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

MM. de Goncourt sont deux auteurs qui n’en font qu’un et dont le nom a acquis toute sa signification depuis leurs deux ou trois derniers romans très-remarquables, mais surtout par ce drame d’Henriette Maréchal qui a fait éclat et qui les a bombardés tout d’un coup à la célébrité.

2307. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

« Mais, encore un coup, je reconnais et j’honore l’esprit, la recherche, l’ingéniosité.

2308. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Dans le chant que met André Chénier sur les lèvres d’Homère, il assemble toute une série de grands sujets, et tandis que se déploie devant nous ce riche canevas, ce tissu des saintes mélodies, on y reconnaît et on se rappelle successivement, tantôt le chant de Silène dans l’églogue vie de Virgile, tantôt le bouclier d’Achille et les diverses scènes qui y sont représentées, puis encore des allusions à diverses circonstances de l’Odyssée ; mais, vers la fin du chant, le combat des Centaures et des Lapithes prend le dessus, et tout d’un coup on y assiste.

2309. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Tous êtes ressaisies tout à coup par des angoisses inconnues jusqu’alors.

2310. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

L’effet de douleur que lui causa la mort de Louis XVI fut le premier coup porté à cette sensibilité profonde ; la mort de M. de Kersaint suivit de près25.

2311. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Après huit cents ans, malgré tant de coups de la hache royale et l’immense changement de la culture sociale, la vieille racine féodale dure et végète toujours.

2312. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Tel coup, tel mot ; voilà la nature !

2313. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

XV Tout à coup un bruit se répand dans Rome.

2314. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

En ce temps-là avait paru l’Art poétique, direct et rude coup pour les contempteurs de l’antiquité.

2315. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Une fois introduite, la langue vulgaire ne tarda pas à être souveraine, et du même coup le drame cessa d’être une œuvre cléricale.

2316. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Il y a deux points où il insiste surtout : il veut des tableaux, non plus des coups de théâtre, et qu’on peigne les conditions, non plus les caractères.

2317. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Mais presque toujours, au moment décisif, au moment où d’autres ne s’appartiennent plus, tout à coup il s’aperçoit qu’il se regarde faire, qu’il est moins acteur que spectateur.

2318. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Quand j’ai vu tout à coup cet Auvergnat éclater d’indignation parce que son fils doit épouser une femme qui a vingt ans de plus que lui et qui a eu un amant, mais qui est duchesse, très belle, influente et prodigieusement riche, ma surprise n’a pas été mince.

2319. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Balzac, du moins, ne s’est jamais interdit les sujets immédiatement contemporains et n’a découvert qu’après coup et sur le tard le plan de la Comédie humaine.

2320. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Si pour une raison ou l’autre, un individu est mis à l’index dans une de ces sociétés, il est du même coup mis à l’index dans les autres.

2321. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Le coup de soleil qui suivit le 18 Brumaire s’était fait sentir mieux qu’ailleurs dans ce coin du monde : on aimait, on adoptait avec bonheur tout génie, tout talent nouveau ; on en jouissait comme d’un enchanteur ; l’imagination avait refleuri, et on aurait pu inscrire sur la porte du lieu le mot de M. 

2322. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Le tout acquiert, après coup, un semblant de raison qui abuse.

2323. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Au sortir de cette guerre où coula tant de sang, et après laquelle toutes choses furent remises en Allemagne sur le même pied que devant, sauf les dévastations et les ruines, Frédéric se plaît à faire sentir la faiblesse et l’inanité des projets humains : Ne paraît-il pas étonnant, dit-il, que ce qu’il y a de plus raffiné dans la prudence humaine jointe à la force soit si souvent la dupe d’événements inattendus ou des coups de la fortune ?

2324. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

M. de Florian paraît avoir des lois somptuaires dans son style, et son sujet exigeait un peu de luxe. » Cet article de Rivarol était écrit au moment où Florian allait entrer à l’Académie, et ses amis se jetèrent à la traverse pour arrêter le coup qui aurait pu nuire.

2325. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

M. le chancelier s’en contriste : tous les autres y prennent plaisir (1561). » Il gémit de ce vertige presque universel ; il sent que le peuple et la classe moyenne n’ont rien à gagner à ces querelles d’ambitieux qui se servent des passions et des croyances de tous pour arriver à leurs propres fins et se supplanter l’un l’autre : « S’il m’étoit permis de juger des coups, écrit-il, je vous dirois que c’est le commencement d’une tragédie qui se jouera au milieu de nous, à nos dépens ; et Dieu veuille qu’il n’y aille que de nos bourses ! 

2326. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

C’est ce vol précisément et ce coup d’aile qui manquait à La Harpe : Il mène son Pégase « au petit pas », disait Le Brun ; il « rampe avec art dans ses timides vers ».

2327. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

» me dit tout à coup l’enfant du siècle, balbutiant et ivre à demi, mais toujours couronné de roses.

2328. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Renouard lui-même y attrapait son coup de dent au post-scriptum, pour ne s’être pas assez vigoureusement prononcé.

2329. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Villemain, dans son rapport public du 19 août dernier, n’avait jugé à propos, par un coup de talent, de rendre un éclat inattendu à cette ancienne séance.

2330. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Il y a tout à côté, dira-t-on, des railleries et des sarcasmes appelés jeux de prince, des coups de griffe du lion qui compensent bien des douceurs.

2331. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Un jour, piqué par une mouche, il se rappela tout à coup un enfant que jadis, étant lui-même fort jeune, il avait vu couché sur son lit de mort.

2332. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Je ne dis pas qu’une nature grossièrement viciée ne leur ait inspiré la première pensée de réforme et qu’ils n’aient longtemps pris pour parfaites des natures dont ils n’étoient pas en état de sentir le vice léger ; à moins qu’un génie rare et violent, ne se soit élancé tout à coup du troisième rang où il tâtonnait avec la foule, au second.

2333. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Mais, outre les difficultés connues que soulève cette conception, quand on hypostasie ainsi l’idéal, du même coup on l’immobilise et on se retire tout moyen d’en expliquer l’infinie variabilité.

2334. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

— jusqu’aux oreilles, et on fait accueil à ces Allemands, qu’il faudrait, si la France était encore spirituelle, reconduire intellectuellement à la frontière de leur littérature avec les coups dans les jambes de la serviette de Figaro, quand il met Basile à la porte en lui disant : « Allez vous coucher, Basile ; vous sentez la fièvre ! 

2335. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Vous donnez un bon coup de dent dans une belle pêche rouge, sucrée, fondante ; toutes les papilles de votre langue dressent leurs houppes nerveuses pour s’imprégner du suc exquis de la chair rose et juteuse, et vous avez une sensation de saveur.

2336. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Le « lit de justice » est une manière de petit coup d’Etat. C’est le pouvoir royal disant à un moment donné : « Il n’en est pas moins que je suis le seul maître. » — Les lettres de cachet étaient des façons de petits coups d’Etat contre les personnes. […] On disait qu’il se formait une secte qui brisait tous les crucifix, qui jetait à terre toutes les hosties et qui les perçait de coups de couteau. […] Et s’il y a eu des intermittences dans les persécutions, c’est d’abord qu’à cause des circonstances diverses et des objets, tout à coup jugés plus graves ou plus urgents, où doit s’appliquer l’attention de l’Etat, il y a toujours des intermittences dans ces choses-là ; c’est ensuite, comme, à mon avis, l’histoire le montre très précisément, que le christianisme, selon qu’il était dirigé par des chefs plus ou moins intransigeants dans leur doctrine ou plus ou moins énergiques dans leur action, ne s’est pas toujours présenté comme aussi exclusif et aussi radical, et a pu quelquefois, si l’on y mettait quelque bienveillance, être considéré comme une religion qui ne rompait pas en visière avec le polythéisme et qui ne le heurtait pas de front ; a pu être, jusqu’à un certain point, tenu pour une religion comme une autre. […] Si votre frère, fils de votre mère, ou votre fille ou votre femme qui est entre vos bras, ou votre ami que vous chérissez comme votre âme, vous dit : « Allons, servons les dieux étrangers »… égorgez-le sur-le-champ, frappez le premier coup, et que le peuple frappe après vous. » Vous avez frémi, Monsieur, si vous êtes chrétien ; vous avez tremblé que vos juifs n’abusassent contre les chrétiens de ce passage terrible.

2337. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Une attention raisonnée, c’est-à-dire dirigée par la notion a priori de l’essence, dégage l’idée générale de ces additions qui l’obscurcissent, et, du même coup, lui associe un nom conventionnel. […] l’habitude négative peut l’affaiblir ou même l’anéantir, mais non pas le modifier ou le diviser ; quant aux éléments individuels, opposés les uns aux autres, qui caractérisent les faits concrets, ils ne sont pas annulés par l’acte de l’abstraction comme par un coup de baguette magique, mais seulement relégués dans le nouveau groupe au dernier plan ; étant hétérogènes, ils ne peuvent se fondre les uns dans les autres et former un élément unique, équivalent à la somme de chacun d’eux ; ensuite, l’attention les dédaigne comme étrangers à la généralité de l’idée générale ; ils restent donc très faibles, et rien ne saurait leur rendre la force évanouie ; enfin, les éléments identiques, désormais confondus et indiscernables, ne peuvent plus être séparés. […] Quiconque a compris après coup ce qu’il avait d’abord entendu sans comprendre a pu s’apercevoir que le sens d’une phrase est à la conscience fort peu de chose ; la parole intérieure fait dix ou vingt fois plus de bruit dans la conscience, et pourtant elle est elle-même un état faible.

2338. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Au lieu donc de bâtir tout d’un coup des systèmes hasardés sur l’universalité des choses, il entreprit d’examiner ce que l’homme sait et ce qu’il peut savoir ; il ramena la philosophie entière à l’étude de nos facultés, comme la physique venait d’être ramenée à l’étude des propriétés des corps : c’était donner à la philosophie, sinon sa fin, du moins son vrai commencement. […] De même, souvent la passion, en nous enlevant la liberté, nous enlève du même coup la conscience de nos actions et de nous-mêmes : alors, pour nous servir d’une expression juste et vulgaire, on ne sait plus ce qu’on fait. […] Mais par quelles combinaisons d’harmonie fera-t-il paraître aux yeux la lueur des éclairs déchirant tout à coup le voile de la nuit, et ce qu’il y a de plus formidable dans la tempête, le mouvement des flots qui tantôt s’élèvent comme une montagne, tantôt s’abaissent et semblent se précipiter dans des abîmes sans fond ? […] Dans ces paroles formidables, tous les coups portent, pour ainsi dire ; chaque mot renferme un sentiment distinct, une idée à la fois profonde et déterminée. […] Le condamné ne courbe pas la tête sous la sainte réparation due à la justice, mais sous le poids des fers ou le coup de la hache.

2339. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Tout à coup il est reconnu par un gentilhomme russe exilé, comme étant Démétrius, le fils d’Ivan le Terrible, qu’on croyait avoir été assassiné par l’usurpateur Boris. […] Le « barbare coup de gosier » qu’il a jeté par-dessus « les toits du monde », il y a bien des années, et qui arracha aux lèvres de M.  […] Quand les branches des chênes primitifs cachèrent aux régions du Nord la lumière du soleil, Pikku-Mies (Pygmée) émergea de la mer entièrement vêtu de cuivre, avec une hachette de cuivre à la ceinture, et étant parvenu à une stature gigantesque, il abattit en trois coups de sa hachette l’immense chêne. […] Ce genre de thèses politiques, de prophéties après coup, se retrouve à chaque instant dans le livre de M.  […] Le Docteur Josiah Brown, éminent médium, lui donne ses soins et s’évertue à réconforter le brave négociant par la production de coups secs dans le bois de lit.

2340. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Tout le territoire, à dix lieues de Paris, est chasse gardée ; « on n’y saurait tirer un coup de fusil156, aussi voyez-vous dans toutes les plaines les perdrix, familiarisées avec l’homme, becqueter le grain tranquillement et ne point s’écarter quand il passe ». […] Le grand chambellan et le premier gentilhomme lui présentent sa robe de chambre ; il l’endosse et vient s’asseoir sur le fauteuil où il doit s’habiller  À cet instant, la porte se rouvre ; un troisième flot pénètre, c’est « l’entrée des brevets » ; les seigneurs qui la composent ont en outre le privilège précieux d’assister au petit coucher, et du même coup arrive une escouade de gens de service, médecins et chirurgiens ordinaires, intendants des menus-plaisirs, lecteurs et autres, parmi ceux-ci le porte-chaise d’affaires : la publicité de la vie royale est telle, que nulle de ses fonctions ne s’accomplit sans témoins  Au moment où les officiers de la garde-robe s’approchent du roi pour l’habiller, le premier gentilhomme, averti par l’huissier, vient dire au roi les noms des grands qui attendent à la porte : c’est la quatrième entrée, dite « de la chambre », plus grosse que les précédentes ; car, sans parler des porte-manteaux, porte-arquebuse, tapissiers et autres valets, elle comprend la plupart des grands officiers, le grand aumônier, les aumôniers de quartier, le maître de chapelle, le maître de l’oratoire, le capitaine et le major des gardes du corps, le colonel général et le major des gardes françaises, le colonel du régiment du roi, le capitaine des Cent-Suisses, le grand veneur, le grand louvetier, le grand prévôt, le grand maître et le maître des cérémonies, le premier maître d’hôtel, le grand panetier, les ambassadeurs étrangers, les ministres et secrétaires d’État, les maréchaux de France, la plupart des seigneurs de marque et des prélats.

2341. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

« Elle pleure ; mais tout à coup ses gémissements sont interrompus par des chants qui se mêlent aux accords des musettes champêtres ; elle se lève et se traîne à pas lents vers l’endroit d’où viennent ces sons ; elle voit un vieillard assis à l’ombre et travaillant une corbeille d’osier ; son troupeau paît auprès de lui, et son oreille est attentive aux chants de trois jeunes bergers qui l’entourent. […] Je ne te demande point de grâce pour un corps qui bientôt n’a plus rien à craindre de tes coups ; mais aie pitié de mon âme.

2342. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Ses coups dépassent la mesure, reviennent sur eux-mêmes, font le vide autour de lui. […] Il ne revit plus celle qu’il avait frappée de ce coup mortel.

2343. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Si maintenant (1873) je communique encore à mes amis le texte de cette farce, ce n’est très certainement pas pour ridiculiser les Parisiens après coup. […] » Tout à coup un grand bruit souterrain retentit.

2344. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Comme exemple, voici le chant d’amour de Siegmund : Vents et bises fuient    dompta l’univers le mois des fleurs,    vents et frimas craignnt le clair printemps    sa rude vigueur ; scintille radieux ;       ses coups valeureux sans peine sa molle brise,      ont brisé la porte sévère. […] On y voit apparaître le rhythme extraordinaire qui, dans le morceau d’ensemble suivant, alors que les assistants, frappés de cette sublime intervention, n’osent résister à une aussi céleste manifestation de l’amour, semble être formé par le contre coup du battement irrégulier de ces cœurs saisis, exaltés, et accablés à la fois.

2345. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Tout à coup nos yeux se sont ouverts comme à un phénomène extraordinaire et nouveau : on a été tout étonné qu’un géomètre ne fût pas une espèce d’animal sauvage. […] Philoxène, après avoir entendu des vers de Denys-le-Tyran, disait, qu’on me ramène aux carrières  ; combien de gens de lettres arrachés à leur obscurité, et tombés tout à coup dans un cercle de courtisans, devraient dire presque en entrant : qu’on me ramène à ma solitude ?

2346. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Le comte Roederer, dont le nom auprès des générations nouvelles ne réveillait guère que l’idée d’un personnage politique mêlé aux grands événements de la Révolution et du Consulat, s’est révélé tout d’un coup comme un écrivain très littéraire par son Mémoire sur la société polie et sur l’hôtel Rambouillet, imprimé en 1835.

2347. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Ce fut en cette qualité sans doute qu’il vit pour la première fois le général Bonaparte au printemps de 1796, à la veille de la campagne d’Italie, et le futur vainqueur, tout plein des grands coups qu’il allait tenter, lui dit en partant : « Dans trois mois, je serai à Milan ou à Paris. » Au milieu des scandales trop célèbres qui caractérisent en général l’administration du Directoire, le ministère de Petiet fait une honorable exception.

2348. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

» La préface de la première édition de l’Iliade se terminait par une page touchante et souvent citée, mais qui montre trop bien Mme Dacier au naturel pour devoir être omise toutes les fois qu’on veut lui faire honneur : Après avoir fini cette préface, disait-elle, je me préparais à reprendre l’Odyssée et à la mettre en état de suivre l’Iliade de près ; mais, frappée d’un coup funeste qui m’accable, je ne puis rien promettre de moi, je n’ai plus de force que pour me plaindre.

2349. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Ce qui lui manquait, c’était le travail qui creuse, l’attention qui concentre, c’était la puissance de talent qui réalise : Tout rappelle à notre esprit, disait-il dans la préface de son François II, les objets où il se plaît davantage ; et comme je m’occupe assez volontiers de l’histoire, je n’ai presque vu que cela dans Shakespearei… En voyant la tragédie de Henri VI, j’eus de la curiosité de rapprendre dans cette pièce tout l’historique de la vie de ce prince, mêlée de révolutions si contraires l’une à l’autre et si subites qu’on les confond presque toujours, malgré qu’on en ait… Et tout à coup, oubliant que je lisais une tragédie, et Shakespeare lui-même aidant à mon erreur par l’extrême différence qu’il y a de sa pièce à une tragédie, je me suis cru avec un historien, et je me suis dit : Pourquoi notre histoire n’est-elle pas écrite ainsi ?

2350. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Il est curieux de voir, à cette fin de campagne, l’impatience du vieux guerrier qui, arrivé toutefois à son but pour la politique, frémit de colère de n’avoir pu frapper un dernier coup, et de se voir obligé à remettre l’épée dans le fourreau sans s’être vengé une bonne fois de ses ennemis dans une bataille : « En fait de campagne, disait-il en se jugeant avec une sorte d’amertume, nous n’avons fait (cette fois) que des misères55. » Dans les années qui suivent, on retrouve Frédéric et le prince Henri en conversation par lettres, en discussion philosophique sur les objets qui peuvent le plus intéresser les hommes, la religion, la nature humaine et le rang qu’elle tient dans l’univers, les ressorts et mobiles qui sont en elle, et les freins qu’on y peut mettre.

2351. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Elle ne change rien d’ailleurs à ce qu’on connaissait, elle n’y ajoute rien d’imprévu ; avec Voltaire, il ne faut plus s’attendre depuis longtemps à des révélations ; il a tout dit du premier coup.

2352. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Mais La Beaumelle prétend faire bien autre chose : il ne corrige pas seulement les phrases de Frédéric, il ne leur donne pas seulement (chaque fois que l’envie lui en prend) un tour plus vif, une frisure, un coup de peigne ; il y intercale du sien, il y mêle ses idées, il y fait entrer, sous le pavillon du roi, ses propres commentaires.

2353. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Né à Béziers en 1624, originaire de Castres, d’une famille protestante très distinguée dans la robe, ayant fait ses études dans le Midi, il y prit un grand goût pour les bons auteurs latins, Cicéron, Térence, et ne s’aperçut, au sortir du collège, que l’on pouvait bien écrire aussi en français, que lorsqu’il eut vu quatre ouvrages dont il garda toujours un souvenir reconnaissant : les Huit Oraisons de Cicéron alors récemment traduites, Le Coup d’État de Sirmond, un volume des lettres de Balzac, et les charmants Mémoires de la reine Marguerite.

2354. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Bacon a remarqué que les temps les plus enclins à l’irréligion sont ceux de paix et de tranquillité ; les révolutions au contraire, les grands coups de tonnerre en politique ramènent les hommes au pied des autels.

2355. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Elle fut tout à coup mandée à Paris parle maître souverain et brusque qui avait l’œil à tout et dont l’attention avait été éveillée, je ne sais comment, sur ce salon des bords de l’Arno.

2356. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Rentré encore une fois à Genève, Sismondi y trouva pour le coup la Terreur, la vraie Terreur, fort hideuse et atroce là comme en tout lieu.

2357. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Dominique une fois nouées et commencées, l’amitié entre eux s’ensuit, mais elle ne vient point tout d’un coup ; il y faut du temps, quelque intervalle : une absence y aide.

2358. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Le fruit, déjà formé et mûri à l’ombre, n’attendait que ce coup de soleil pour se dorer.

2359. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Mais, en 1822, nous étions encore sous le coup d’une prévention aveugle et toute brutale.

2360. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Ce qui est certain, c’est que tout à coup la protection de Ney l’abandonne.

2361. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

« Mercredi. »  Cependant ces ennuis, ces amertumes avaient tout d’un coup cessé.

2362. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Si tel écrivain habile a, par places, le style vide, enflé, intarissable, chargé tout d’un coup de grandes expressions néologiques ou scientifiques venues on ne sait d’où, c’est qu’il s’est accoutumé de bonne heure à battre sa phrase, à la tripler et quadrupler (pro nummis), en y mettant le moins de pensée possible : on a beau se surveiller ensuite, il en reste toujours quelque chose.

2363. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

» D’où vient que ce baiser de feu apparaît tout d’un coup ici pour la première fois ?

2364. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Le secret de la plaisanterie est, en général, de rabattre tous les genres d’essor, de porter des coups de bas en haut, et de déjouer la passion par le sang-froid.

2365. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

On trouve encore des érudits enragés, comme ce Feuardent qui dénonçait d’un coup quatorze cents erreurs des réformés.

2366. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Il nous faut recourir à l’analyse externe cette fois et nous avons vu comment celle-ci peut, à coups d’interrogations redoublées, amasser une quantité de données aussi variées que précises.

2367. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

J’avoue que mes muscles étaient crispés… On voit, ce me semble, la situation, l’attitude et le geste des deux parts : d’un côté, M. de Lally, celui qu’on a appelé le plus gras, le plus gai, le plus gourmand des hommes sensibles, ce personnage spirituel et démonstratif, à qui un moment d’éloquence généreuse et de pathétique dans sa jeunesse permit d’être déclamateur toute sa vie, ayant le beau rôle des larmes et se le donnant ici comme toujours ; de l’autre côté, un homme jeune, ardent, un peu amer, irrité de voir un mouvement d’humanité devenir une machine oratoire et un coup de tactique ; qu’on se représente les deux hommes en présence, et tout s’expliquera.

2368. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Francueil d’abord se montre sous un jour flatteur : cet amour entre Mme d’Épinay et lui est bien l’amour à la française, tel qu’il peut exister dans une société polie, raffinée, un amour sans violent orage et sans coup de tonnerre, sans fureur à la Phèdre et à la Lespinasse, mais avec charme, jeunesse et tendresse.

2369. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Ce sont des lettres confidentielles qui se sont trouvées produites tout à coup en lumière, et qui ont trahi tous les secrets et les artifices ingénieux de la sollicitude paternelle.

2370. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Il se retrouve homme de lettres sur ce point : entre deux ridicules, selon lui, et deux inconvénients, il choisit le moindre, et, pour le coup, il dirait volontiers comme cet autre de ma connaissance : « J’ai, pour un homme de lettres, le malheur d’appartenir à une nation qui n’est jamais plus fière que quand elle a un pompon sur la tête, et qu’elle obéit au mot d’ordre d’un caporal. » Son bourgeois de Paris nous est présenté par lui comme ayant éprouvé aux affaires du mois de juin (1832) un double accident : « il a gagné une extinction de voix et la croix d’honneur, deux malheurs dans la vie d’un homme raisonnable, qui craint également la médecine et le ridicule ».

2371. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

C’est que, répondit-il, je ne sais pas trop comment vous expliquer cela ; je voudrais vous faire voir l’ensemble tout d’un coup ; voilà ce qui m’embarrasse ; je vais pourtant essayer.

2372. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Tout à coup un point noir a grossi ; il se remue… Deux hommes… deux soldats… Le plus grand, c’est lui !

2373. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Bon, facile, amateur de musique, un peu timide en public, un peu perdu dans les détails, vif d’humeur, mais revenant aisément, franc, ouvert et candide, tel on nous peint et tel aisément on se figure en effet le bon Amyot, que le malheur, vers la fin de son existence heureuse, vint tout à coup visiter.

2374. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

L’inconsistance, l’inconséquence des mesures, toute cette série de légèretés et de témérités, de coups d’État impuissants, qui amenèrent la convocation des États généraux, est vivement présentée par Mallet : Point de combinaison sur les moyens de faire réussir l’opération, dit-il à propos du lit de justice qui suspendit les parlements (8 mai 1788) ; rien qu’un espoir trompé de diviser, de corrompre et d’obtenir la Grand’Chambre, le Châtelet, etc.

2375. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Il raconte ces arrestations avec une sorte de gaieté ironique, qu’il n’y a pas mise après coup et qui était bien dans sa nature.

2376. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Me fiant peu à sa docilité, je me déterminai à m’y rendre moi-même, et, après avoir jeté un dernier coup d’œil du haut de l’Arapiles sur l’ensemble des mouvements de l’armée ennemie, je venais de replier ma lunette et me mettais en marche pour joindre mon cheval, quand un seul coup de canon, tiré de l’armée anglaise, de la batterie de deux pièces que l’ennemi avait placée sur l’autre Arapiles (le plateau d’en face), me fracassa le bras et me fit deux larges et profondes blessures aux côtes et aux reins, et me mit ainsi hors de combat.

2377. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Caché aux environs de Chartres, il y fut arrêté par les ordres de Bourdon de l’Oise, lequel ordonna aux gendarmes d’attacher le prisonnier à la queue d’un cheval et de le faire marcher à coups de plat de sabre.

2378. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Dans la pensée de Montesquieu, au moment où l’on s’y attend le moins, tout d’un coup la cime se dore.

2379. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Maltraité par son frère, qui était violent et qui en venait quelquefois aux coups, en l’un de ces jours de querelle il résolut de le quitter, et il s’autorisa pour cela du certificat d’acquittement, sachant bien qu’on n’oserait produire contre lui le second engagement secret.

2380. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Malgré cette restriction qui ne vint qu’après coup, la théorie générale subsiste, et il y a décidément un proverbe qui manque : Heureux comme un sot.

2381. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Si Iago émeut une personne du commun, ce n’est pas que celle-ci sente et puisse même comprendre l’art et l’audace que le poète a mis à dresser ce personnage ; cet art et cette audace, on ne les reconnaît qu’après coup, par un examen critique, minutieux et difficile.

2382. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Tout à coup le fils éleva la voix et interrogea le père : — Que penses-tu de cet exil ?

2383. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Je suppose que c’est un scrupule de ce genre, et la remarque faite après coup, que, pour avoir voulu trop louer Bossuet, il ne l’avait pas assez loué, qui a déterminé M. 

2384. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Au reste, ce travail de restauration, qui consiste à retrouver et à préserver la tradition philosophique, à sauver cet héritage successivement accru par les âges, mais trop souvent renversé et détruit par les révolutions et les réactions, les révoltes et les coups d’État, les anarchies et les dictatures (car les écoles passent par les mêmes crises que les États), ce travail conservateur et réparateur ne doit pas être confondu avec ce que l’on a de nos jours appelé l’éclectisme.

2385. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

On voit tout d’un coup qu’il n’a observé cette méthode que pour les rendre plus vifs & plus aisés à retenir.

2386. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Comme un aigle qui se serait pris dans un rayon de miel, et qui se dégage de toute cette glu d’or, d’un coup d’aile, il s’est séparé de toutes les influences de la terre et il est monté d’une aile essuyée jusqu’au niveau de son sujet.

2387. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Et du même coup il aurait établi les fameuses « équations de transformation » de Lorentz, équations qui d’ailleurs, si l’on se place au point de vue plus général d’Einstein, n’impliquent pas que le système S soit définitivement fixe.

2388. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Les sciences naturelles tout d’un coup devenaient adultes, et la Société Royale semblait la capitale du monde pensant.

2389. (1901) Figures et caractères

La maladresse du récipiendaire favorisa l’attentat à coups d’épingles dont souffrit vivement le poète. […] Il n’attaquait point un de ces abus dont souffre sourdement une société sans se rendre un compte exact du malaise qu’elle éprouve et qu’une mise en vue subite rend tout à coup odieux à tous. […] Rixes et coups. […] A coup sûr, il l’est. […] Du coup, la poésie qui dormait se réveilla.

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