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1371. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Mais il n’est pas douteux qu’à l’âge de vingt-quatre ans, Pascal ne dût être occupé des travaux et de la méthode de Descartes, et qu’il n’en eût senti l’influence. […] L’une d’elles, madame Périer, écrit vers cette époque « qu’elle le voit peu à peu croître en humilité, en soumission, en défiance, en mépris de soi-même, et en désir d’être anéanti dans l’estime et la mémoire des hommes. » Enfin, au commencement de l’année 1655, à l’âge de trente-deux ans, il entrait à Port-Royal, alors sous la direction de M. de Sacy. […] Il dut lui paraître étrange que la lumière de la révélation eût été refusée au monde ancien, et qu’à deux âges différents du genre humain, la morale eût eu deux principes contradictoires.

1372. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

et mon petit enfant, le laisserai-je immoler dans son bas âge, lui dont le plus léger duvet ne couvre pas encore les joues ? […] À ce spectacle le petit enfant, ému des larmes dont il ne comprenait qu’à demi la cause, et anticipant par son émotion sur l’âge où il pourrait défendre son père, sa mère et sa sœur, bégaya, dit le poète, ces mots à peine articulés en courant de l’un à l’autre : « Ne pleure pas, ô mon père ! […] ne faut-il pas que le vénérable ermite ait perdu, par l’âge, l’intelligence, pour souffrir que de si grossiers vêtements enveloppent un si beau corps ?

1373. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Ces hommes, nul ne les a remplacés ; ils sont encore les plus élevés et les plus vigoureux, malgré l’âge qui vient et les événements qui les oppriment. […] Un dernier mot : les poëtes antiques, tourmentés déjà par les regrets du passé ont placé l’âge d’or derrière nous aux premiers temps de la terre. Ils se sont trompés ; j’en jure par l’éternel progrès, l’âge d’or est devant nous !

1374. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Elle a des yeux qui savent voir, peu d’ignorance, pas beaucoup d’illusions pour son âge. […] C’est encore la primitive humanité rustique, presque immuable depuis les anciens âges. […] J’ai trimé, j’ai peiné, je me suis faite vieille avant l’âge pour toi, pour te voir content. […] Mette est aussi jolie que sa sœur et nos âges sont mieux assortis. […] Elles le savent ; elles ont trop d’expérience pour leur âge et, au fond, elles ne sont pas gaies.

1375. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Déjà bien vieux pour un poëte, puisqu’il avait soixante-cinq ans, il consentit à plier son mâle génie que l’âge rendait sec et sévère, jusqu’à composer un pastiche pour amuser un roi jeune encore et aimant le plaisir. […] Louis XV avait l’âge du Joas de Racine ; ce prince, comme le Joas de l’histoire juive, restait seul d’une famille nombreuse éteinte par la mort. […] Une pièce en vers écrite par un enfant de neuf ans, jouée par des collégiens de même âge, il y avait là de quoi piquer la curiosité. […] Le prince de Conti, qui voulut bien assister à la première représentation, voulut aussi que je me misse auprès de lui, sur les bancs du théâtre, en disant que mon âge fermerait la bouche aux censeurs. […] Il revint donc en France, se remit à la poésie et au théâtre, consacra sa vie à l’étude des muses, et versifia jusqu’à l’âge de quatre-vingt-deux ans.

1376. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Elle était svelte, elle était pâle, elle n’avait plus, pour ainsi dire, d’âge. […] Quand nous devenons laid avant l’âge, c’est souvent par notre faute, et quand nous naissons laids, c’est par la faute de nos ascendants. […] La création des cimetières est le résultat d’un âge de barbarie succédant aux civilisations épuisées. […] C’est une perte immense pour les lettres, car il est mort dans toute la force de l’âge, dans toute la splendeur du talent. […] L’âge ou la maladie ne respecte pas la gloire.

1377. (1895) Hommes et livres

Puis il fit le reste du chemin à pied, malgré son grand âge et ses infirmités, toujours priant, récitant et chantant. […] Et quand, dans la vie de ce moine, faite pour être écrite de la plume naïve d’un hagiographe des anciens âges, on lit qu’il fut académicien, ce titre nous choque comme un brutal anachronisme. […] Ni la littérature de l’âge précédent, encore engagée dans l’érudition d’où le xvie  siècle l’a tirée, ni celle de l’âge suivant, curieuse d’un passé qu’elle déteste, n’auront cette ignorante indifférence. […] L’âge féodal dure encore ; l’ordre européen est fondé sur ces vieilles chartes que déchiffrent nos moines. […] Souvent par leur âge même, ils ne sont que des écoliers, et c’est au sortir du collège, l’esprit tout gonflé d’enthousiasme et de souvenirs classiques, qu’ils composent leurs tragédies sans savoir ce que c’est que le théâtre.

1378. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Mais ce sont de « vieux jeunes », vieux par l’âge, jeunes par l’œuvre. […] reliés dans dans le marbre tombal qui eussent été souverains dans l’Âge de Diamant : Jules Laforgue, Ephraïm Mikhaël. […] La littérairerie est, vous le savez, passe-temps de bas âge. […] Nous sommes dans un des âges ingrats que traverse la littérature tous les cinquante ans en moyenne. […] Ils sont Grecs, Espagnols, Suisses, Belges… ou bien ils ont franchi la limite d’âge !

1379. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

La morale n’y dépasse point l’âge et l’intelligence d’un enfant, et l’histoire y est touchée plutôt que traitée. […] Une mémoire heureuse qui mêle à propos les citations décisives aux raisonnements sur l’art ; l’amour des anciens, qui n’empêche pas l’estime pour les modernes ; cette même liberté ingénue, dont j’ai parlé tout à l’heure, qui inspire à un prélat de judicieuses remarques sur la comédie ; une littérature aussi variée que profonde, telles sont les séductions de ce charmant ouvrage, fruit de la vieillesse de Fénelon, dans un siècle où la vieillesse n’était que l’âge mûr de la raison. […] Aussi, un certain âge passé, Télémaque n’est-il guère lu, quoiqu’il soit plein de beautés appropriées aux esprits mûrs. […] L’âge du jeune prince et son peu de savoir l’empêchant de voir ce manque de vérité locale, l’effet de la morale sur son cœur n’était point affaibli par des scrupules d’érudition ou de goût.

1380. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Le maître qui joue avec les légendes des âges éteints est le même dont l’esprit visionnaire pressent les époques futures. […] — Certes, je les aime tous d’un amour chargé de gratitude, ceux qui de leurs chants grandioses ou attendris bercèrent mes premiers âges. […] Arrivé à l’âge d’homme, mon enthousiasme n’est point refroidi ; je dirai même qu’il est plus vigoureux et plus ferme. […] — Grâce à Lamartine, Baudelaire, Verlaine, grâce à Alfred de Vigny auquel j’accorde toute préférence, Victor Hugo a fait du xixe  siècle français un des plus grands âges poétiques du monde.

1381. (1901) Figures et caractères

Il voulait les aborder dans toute la fougue et la puissance de son âge mûr, leur donner sa force complète. […] D’ailleurs, l’âge était venu Trelawnay devait avoir trente ans. […] Ils sont comme le legs silencieux des vieux âges. […] De siècle en siècle, d’âge en âge, d’école en école, on a cherché, comme dit Gautier, à reculer les bornes de la langue, à exprimer l’inexprimable, à émettre des idées neuves et à trouver des formes nouvelles. […] Mallarmé meurt subitement, le 9 septembre 1898, à l’âge de 56 ans, étouffé par un spasme du larynx.

1382. (1774) Correspondance générale

où est l’homme qui, ayant atteint l’âge de quarante-cinq ans sans reproche, n’aimât mieux mourir mille fois que de perdre une prérogative si précieuse par le mensonge le plus léger ? […] Ce n’est qu’à cet âge qu’on n’a point de patrie et qu’on en prend une. […] C’est qu’il y a à côté de moi une femme déjà avancée en âge ; et qu’il est difficile de l’arracher à ses parents, à ses amis et à son petit foyer. […] Se donne-t-on ce passe-temps-là à l’âge de quarante-cinq ans ? […] Le chevalier de La Barre, décapité le 1er juillet 1766, à l’âge de dix-neuf ans.

1383. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Tous les peuples, en leur âge grossier, en ont eu, qui, peu à peu, se sont parées des prestiges de l’art, et, parfois, recommandées de quelques considérations morales. […] Il ne manque guère d’exprimer son admiration et son culte pour l’âge précédent. […] Et s’il n’en était que cela, Le Sage ne serait pas une transition entre les deux âges, mais appartiendrait tout simplement au précédent. […] D’après l’âge de Gil Blas, et la tournure d’esprit particulière chez lui qu’elle suppose, vous le savez, sans rouvrir le livre. […] Voltaire, l’âge aidant, du reste, en est certainement arrivé à cet état d’esprit, et je dirai de cœur, si l’on veut, sans me faire prier.

1384. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

De retour dans sa patrie, il est revenu sur ses souvenirs : dans un temps où quiconque a vu est si empressé de dire, à un âge où l’on résiste si peu à l’épanchement d’une première impression, il a su longtemps contenir sa pensée, et l’a mûrie par de grands et consciencieux travaux.

1385. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

Il a mérité que le caractère d’individualisme, si fortement prononcé dans notre âge égoïste et littéraire, s’effaçât ici, en quelque sorte, sous la sanction sacerdotale, sous l’adoption solennelle qui fait de ces lettres, non pas un opuscule philosophique, non pas un legs posthume d’un jeune homme de belle espérance, mais une pierre désormais indestructible du temple qui s’élève, une parole mémorable de l’Évangile toujours vivant, un chapitre de plus destiné à illustrer la troisième période des saintes Écritures.

1386. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

dans cette enceinte profonde, Vous reniez, vous dépouillez Les derniers souvenirs du monde, Comme autant de bandeaux souillés Là-bas, près du fleuve qui coule, Vous n’avez plus, à tout moment, Le frémissement de la foule Qui vous suivait en vous nommant ; Plus de ces parures brillantes Qu’à votre âge on recherche encor ; Plus de fêtes étincelantes Du doux reflet des lampes d’or.

1387. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Chaque âge de l’humanité lègue aux suivants ses découvertes : donc les bons esprits d’aujourd’hui possèdent toutes les pensées des bons esprits de l’antiquité, et de plus celles qu’ils peuvent former eux-mêmes.

1388. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

Il retrouvait sans efforts la tradition des âges primitifs.

1389. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Si vous persévérez dans un tel genre de vie, vous ferez retourner le temps en arrière et vous reviendrez bientôt à l’âge de dix ans.

1390. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

Il mourra l’année suivante (1887), d’une maladie de poitrine, à l’âge de vingt-sept ans.

1391. (1890) L’avenir de la science « XI »

Partout une langue ancienne a fait place à un idiome vulgaire, qui ne constitue pas à vrai dire une langue différente, mais plutôt un âge différent de celle qui l’a précédé ; celle-ci plus savante, plus synthétique, chargée de flexions qui expriment les rapports les plus délicats de la pensée, plus riche même dans son ordre d’idées, bien que cet ordre d’idées fût comparativement plus restreint ; image en un mot de la spontanéité primitive, où l’esprit confondait les éléments dans une obscure unité et perdait dans le tout la vue analytique des parties ; le dialecte moderne, au contraire, correspondant à un progrès d’analyse, plus clair, plus explicite, séparant ce que les anciens assemblaient, brisant les mécanismes de l’ancienne langue pour donner à chaque idée et à chaque relation son expression isolée.

1392. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Il sait que ce fut l’âge d’or de la société polie ; qu’en ce temps-là la vie mondaine fut l’idéal de tout ce qui comptait alors parmi les hommes ; que les jardins mêmes étaient des salons ; que les philosophes prouvaient l’existence de la matière par celle de la pensée ; que les poètes, acharnés à peindre l’âme humaine civilisée, laissaient à peine tomber quelques regards distraits sur la nature environnante.

1393. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Ajoutez cet autre fait rapporté par madame de Caylus dans ses Souvenirs, page 89 : « L’aînée des enfants de madame de Montespan mourut à l’âge de trois ans. » (C’est l’enfant que Saint-Simon nomme Madame la duchesse, t. 

1394. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

. — Crevez-les, madame, puisqu’ils n’ont pas fait tout ce que je voulais. » On voit dans les mémoires de Madame, que madame de Ludres finit par se retirer dans un couvent à Nancy, où elle vécut jusqu’à un âge fort avancé.

1395. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Croiroit-on que l’homme de tous les âges, de toutes les Nations, le Poëte de la Nature, le Génie peut-être le plus original qui ait paru dans le Monde Littéraire, ait trouvé dans notre Siecle des détracteurs ?

1396. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Écrire une bible et la léguer aux âges futurs, ce fut le but de ces hommes braves, fiers et pensifs.

1397. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

Goulu ne s’étoit fait religieux qu’à l’âge de vingt-huit ans.

1398. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

« Ils étaient tous deux justes devant Dieu… Ils n’avaient point d’enfants, parce que Élisabeth était stérile, et qu’ils étaient tous deux avancés en âge. » Zacharie offre un sacrifice ; un ange lui apparaît debout à côté de l’autel des parfums .

1399. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

le Clerc qui enfantoit en même tems quantité d’autres ouvrages, & sur toutes sortes de matieres, fit encore paroître la Bibliothèque ancienne & moderne, qu’il continua jusqu’à ce qu’affoibli par l’âge il fut obligé de quitter la plume.

1400. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Les maladies des habitants de la campagne sont moins nombreuses et plus simples que les nôtres ; plus nous sommes éloignés de la vie champêtre des premiers âges du monde, plus la vie moyenne s’est abrégée.

1401. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Dans un âge plus avancé, il scaura que ces démonstrations extérieures promettent de la bienfaisance et de l’humanité.

1402. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Chacun des personnages qui le regardent y paroît ému d’une compassion qui porte le caractere de l’âge et de la condition de celui qui la témoigne.

1403. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Or, comme l’âge est venu et qu’ici il ne peut y avoir d’autre, je me dis qu’il n’y a plus alors que le plaisir de se vanter, pour le seul plaisir de se vanter !

1404. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Dans son extrême jeunesse, quand il eut l’âge d’écouter et de suivre la voix de la vocation, cette sirène qui n’a pas d’écueil, la Révolution l’avait déjeté, comme tant d’autres, du chemin où naturellement ses facultés l’auraient mis.

1405. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

Rochefort est un Chamfort jeune, qui n’a pas encore l’âge d’être un misanthrope amer, empoisonné, brisé et bronzé, et blessé, et jetant son sang à poignées à la tête d’une société haïe ; mais qui le deviendra, pour peu qu’il vive.

1406. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Or, les naturalistes de notre âge ne sont pas des mystiques.

1407. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Voilà que dès les premières pages de son roman Paul Meurice, asservi aux folles idées de sa préface, nous peint son immense Césara, son « Chevalier de l’Esprit », son homme d’État des temps futurs et qui s’est dévoué à en devancer et à en préparer l’heure, couché sur un canapé, à quarante-cinq ans, — l’âge d’Arnolphe dans la comédie, — avec la chanteuse Miriam, sa maîtresse, qu’il tient par la nuque, « sous ses boucles brunes », et à laquelle il débite toutes les puérilités de l’amour qui nous semblent si bêtes après quarante ans !

1408. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

C’est dans ces moments-là que les grêles ravagent les moissons, que la terre s’entrouvre, que les villes sont englouties ; fléaux qui désolent le monde, non par la volonté des dieux, mais parce qu’alors leurs regards ne tombent point sur la terre : voilà, grand empereur, ce qui nous est arrivé, lorsque vous avez cessé de veiller sur le monde et sur nous. » Ensuite on prouve à Maximien que, malgré son grand âge, il ne pouvait sans injustice quitter le fardeau de l’empire ; « mais les dieux l’ont permis, lui dit l’orateur, parce que la fortune, qui n’osait rien changer tant que vous étiez sur le trône, désirait pourtant mettre un peu de variété dans le cours de l’univers ».

1409. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

sont du meilleur goût de langue et de poésie, et semblent appartenir à l’âge de Catulle et d’Horace.

1410. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

» Ici le sentiment religieux dépasse l’enceinte bornée où s’enfermaient les conceptions des premiers âges ; les dieux deviennent paternels ; on croit sentir l’approche de la piété chrétienne. — Il n’en est rien ; il a suffi à la pensée grecque de suivre son développement pour en venir là. […] Depuis longtemps, il était arrivé à l’âge où les hommes qui ont travaillé prennent possession de la place qu’ils se sont faite. […] C’est souvent le cas chez ceux qui, comme Gleyre, étant nés pauvres, ont longtemps pâti, produisent péniblement, et ne sont arrivés que tard à l’aisance : un louis leur représente, même dans l’âge mûr, l’effort très grand qu’ils ont dû faire pour le gagner dans leur jeunesse. […] Deux éducations successives s’appliquent sur l’homme, l’une qu’il reçoit de sa famille quand son esprit n’est pas encore ouvert, l’autre qu’il reçoit de la compagnie qu’il fréquente à l’âge où son esprit s’ouvre : la seconde est presque aussi puissante que la première. […] Un pareil esprit appartient à un autre monde et à un autre âge ; A travers Saint-Simon, il rejoint Montaigne.

1411. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Les effusions du cœur ne sont plus de cet âge-là. […] Goethe se laissa aimer, fut gracieux ; à l’âge qu’il avait alors, il ne pouvait pas être autre que très aimable. […] Encore pouvait-on dire que c’était l’âge plutôt que la perte d’un collaborateur essentiel qui était cause d’un certain déclin du talent. […] Zola, au même âge de l’auteur, et presque à la même date. […] Mais l’âge mûr a aussi plus d’énergie ; il a plus l’habitude de souffrir ; il peut reprendre cette habitude après l’avoir perdue.

1412. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Des origines à l’âge classique J’ai exposé dans ma précédente causerie les raisons qui font de l’art dramatique un genre tout à fait à part parmi les genres littéraires, le plus vaste et le plus complexe, mais le plus contingent et le plus asservi, le plus grand, le moins pur. […] Mais, le génie et surtout le talent aidant (ils ne manquaient pas de génie), l’idée de réfléchir sur leur métier obsédant les meilleurs de nos ouvriers de théâtre, l’étude des chefs-d’œuvre antiques que la Renaissance allait découvrir leur proposant des exemples, des lois, rien ne s’opposait à ce qu’un art encore dans l’enfance, mais élevé dans les plus saines conditions, au milieu d’une société, sauf exception, unanime entrât à son tour dans l’âge viril. […] Écrivain d’un autre âge, il a influencé le nôtre plus qu’aucun. […] Ce concours d’effort dans un même sens, sous un même climat, c’est ce qui fait un âge dramatique (ou poétique, ou pictural, ou musical) ; c’est ce qui permet les chefs-d’œuvre. […] À défaut de la foule immense qui se pressait aux représentations des Mystères sur les parvis, nous avons devant nous quelques centaines de personnes, image réduite mais exacte de la totale chrétienté, tous les âges, toutes les classes, tous les métiers et tous les degrés de culture, dans l’unité de la foi : religio.

1413. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Dès l’âge le plus tendre, M.  […] Cet âge est sans pitié. […] Jeanne a treize ans et demi, l’âge des « premières visions ; mais saint Michel, sainte Marguerite ni sainte Catherine n’apparaissent dans ces trois volumes de M.  […] C’est un âge de crise. […] Un nouvel âge vient.

1414. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

L’absence qui régna, pendant que cette génération atteint l’âge viril, ce n’est pas cette absence d’individus, dont nous ne pouvons rien savoir, c’est l’absence d’un état littéraire, d’un climat littéraire. […] Elle vécut dès l’âge de dix ans dans le cercle des grands hommes et des grandes idées. […] Jusqu’à l’âge de quarante ans, il ne songe nullement à publier : heureux de ses fonctions au Sénat de Savoie, de sa vie de famille, de lectures, de conversations, car c’est un admirable causeur. […] L’Empire est l’âge d’or de ce genre horloger. […] La précocité de Hugo est telle qu’il est à peine besoin de tenir compte de sa différence d’âge, de douze ans avec le premier, de cinq ans avec le second.

1415. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

En tête de son premier roman qui livra un si rude assaut à l’hypocrisie, il déclara que pour les garçons de son âge, la guerre avait été quatre ans de grandes vacances. […] De son enfance, il passera tout à coup à un âge où une maturité soudaine lui permet de juger d’un trait lucide tous ceux qui l’entourent. […] Bernstein tient de son origine s’y exalte avec une puissance que l’âge a modérée ; les conflits d’âmes ont aujourd’hui sa préférence. […] Il n’est pas encore à l’âge où l’on raconte son enfance. […] Ramuz en incitateur », L’Âge du roman parlant (1919-1939), Genève, Droz, 2001, p. 45-128.

1416. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Elle devait avoir plus de trente ans, lorsqu’on me mit dans ses bras, car, de ses quatre enfants, Marie, Sidonie, Pauline et Eugène, l’aînée était en âge d’être mariée. […] Si j’avais été en âge de comprendre, j’aurais connu le poète avant de connaître l’homme ; mais je ne m’expliquais pas la nécessité de cet exercice, et j’y étais très rebelle. […] J’étais une des plus jeunes, mais ma taille, au-dessus de mon âge, me mettait parmi les grandes. […] Victoire, sa bonne, une femme d’un certain âge, coiffée d’un tour de cheveux noirs comme de l’encre, qui lui donnait un air terrible, venait me chercher au couvent. […] Quand on l’avait mis, à l’âge de huit ans, au collège Louis-le-Grand, il avait failli mourir de chagrin, et on avait dû le retirer.

1417. (1903) Le problème de l’avenir latin

De sorte qu’ils n’ont pas opéré une évolution intérieure réelle depuis les premiers siècles de notre âge et que les idées directrices du monde moderne ne se sont pas enracinées en eux. […] Ce merveilleux xixe  siècle, âge d’épanouissement de la civilisation occidentale, demeurera aussi, dans l’estimation de l’avenir, le siècle de la décadence latine, c’est à dire de la défaite définitive de l’esprit oriental en Europe. […] Cette folie cesserait donc d’exposer l’enfant aux poisons de l’atmosphère urbaine, à l’âge où son organisme, fondement de toute sa vie future, se constitue, et de le confiner en des salles closes et empestées, au mépris du plus élémentaire bon sens. […] Ces longues années ravagées en de stériles commentaires, ce n’est pas là « former », mais bien déformer les intelligences, — en plus que préparer, par l’absence de culture physique qui importe plus à cet âge qu’à tout autre, des chétifs et des avortons. […] Il y aurait l’avantage d’un édifice souvent beau, situé au centre de la commune, rendu vénérable et familier par la tradition des âges.

1418. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Son don Quichotte manque d’unité et d’identité : il varie d’une planche à l’autre et ne se ressemble jamais à lui-même : il n’a ni les mêmes traits, ni la même physionomie, ni le même âge, ni la même armure. […] Je l’ai lu à l’âge où l’on pressent tout sans avoir encore rien éprouvé. Je l’ai lu à l’âge où l’on a déjà trop senti pour être facilement ému, et toujours le héros à l’habit bleu et à la culotte nankin a exercé sur moi la même séduction. […] Un bon ordre parfait régnait parmi toute cette marmaille, qui s’agitait d’une manière pour ainsi dire paisible et au milieu de laquelle un homme d’un âge mûr circulait en distribuant des fruits, du pain et des gâteaux. […] Fatigué par la maladie plus que par l’âge, immobile sur son fauteuil, Timour ressuscité promenait autour de lui ces petits yeux pleins de finesse et de douceur sournoise dont l’expression étonne et fait rêver si singulièrement l’imagination.

1419. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Deux à trois mille personnes de tout âge et de tout rang se pressaient dans la grande salle de la Sorbonne. […] Ces sérieuses et intimes conférences comprennent et représentent l’âge mûr de notre vie et de notre pensée. […] Quand on est arrivé à l’âge du repos, on peut remettre avec confiance ses armes à une pareille milice. […] C’est en quelque sorte l’état d’innocence, l’âge d’or de la pensée. […] Ce ne sera pas cet âge qui découvrira et cultivera avec succès la physique expérimentale, la chimie, les sciences naturelles.

1420. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Ancien représentant du peuple à l’Assemblée Législative, sous la seconde République, on l’eût pris plutôt pour un conventionnel, non point à sa parole qui était toute de fraternité et de paix, de persuasion et de douceur, mais à sa physionomie fine et rasée, dont le type, accentué de plus en plus avec l’âge, était bien celui d’un représentant du xviiie  siècle ; et il avait conservé les cheveux longs d’un prêtre ou d’un artiste. […] Nous lisions les nouveaux livres tout haut en récréation : on ne se figure plus aujourd’hui, on ne peut plus se figurer quel enthousiasme, quel transport ce fut pour les premiers vers de Lamartine parmi ceux de notre âge ; nous tous qui voulions faire des vers, nous fûmes touchés ; nous ressentions là le contrecoup d’une révélation ; un soleil nouveau nous arrivait et nous réchauffait déjà de ses rayons… » — Et me transportant moi-même, aujourd’hui, de ces souvenirs d’un passé qui me revient par bribes des conversations de M.  […] Sainte-Beuve qu’il vivrait jusqu’à l’âge de sa mère.

1421. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Dans la cabane de quelques pêcheurs des premiers âges et de quelques vagues pêcheurs lointains aux quels Dieu eût donné l’âme d’un artiste, on peut rêver qu’en ces très légendaires jours ces choses-ci eussent été. […] Kundry : Je suis le Parsifal féminin ; le désir et l’erreur… Ich sah ihn… je l’ai vu, lui, l’amant, et j’ai ri… « Moi Hérodias, Gundryggia, Kundry, L’Innommée, l’Eve, Femme de tous les temps, j’ai fait ceci : par les antiques villes très joyeuses et tranquilles des âges omni-historiques, fille errante et nubile d’amour, j’allais les attentes de l’Amant ; et vint l’instant des destinées : c’était en d’incertaines occurrences, à l’exemple de soirs d’automne, et dans la ville ; des plus éloignés lointains sortait-il ? […] Et vinrent ensuite, au travers des siècles, les renouveleurs de la parole, depuis les Pères de l’Église jusqu’à ces vénérables confesseurs du Port-Royal hardis de toute vérité parmi l’âge des hypocrisies.

1422. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Chose plus étrange encore, cet écrivain qui a passé son enfance à rôder par les rues de Londres et qui, dans son âge mûr, avant de se mettre à une de ses œuvres, éprouvait le besoin de parcourir la ville, de prendre un bain de foule, donne de cette désolante et monumentale métropole une image si fantastique, déformée, poussée au grotesque et à l’amusant, qu’on la prendrait, dans ses livres, pour quelque double grossi et enfumé de Nuremberg ou de Harlem.  […] Les préceptes religieux qui sont généralement de cet ordre ont pu prendre l’imagination, modifier nos spéculations, inspirer même des actes antinaturels ; ils n’ont jamais dicté de conduite ni réformé de peuple, et la permanence des grands traits de la nature humaine, dans tous les âges et dans toutes les contrées, est garante de cette impuissance des morales édictées. […] Il est permis de croire en effet que la vision humoristique, émue, violemment partiale, va s’affaiblissant avec l’âge ; l’être affectif en vient peu à peu à se lasser et à se refroidir : il découvre lentement le monde tel qu’il est, hors de lui ; mais il le découvre graduellement, par côtés divers, partiellement, et l’éparpillement même de ses sensations le fait verser facilement dans l’étonnement, dans la terreur, dans une vue des choses pareille à celle de l’enfant et du poète.

1423. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Est-il vrai que l’âge des grandes choses, des grands esprits et des grandes paroles soit passé pour nous et pour nos descendants, et que nous n’ayons plus qu’à nous résigner à la stérilité et à couvrir nos fronts, comme les prophètes de malheur, de la cendre de nos pères ? […] Nos poètes et nos écrivains ont perdu leur temps, mais la nation a gagné une langue ; c’est à nous et à nos neveux de rendre à cette langue le caractère d’originalité, non plus puérile, mais virile, que chaque grand peuple trouve tôt ou tard à l’âge de sa maturité. […] XXI Quant à l’histoire, elle n’avait encore ni assez d’âge, ni assez d’indépendance, ni assez de profondeur, ni surtout assez de politique ; elle ne connaissait dans le récit que le conte, le poème ou la chronique : son Tacite inculte, Saint-Simon, trop passionné pour être imitateur de personne, lui donna tout à coup l’originalité de son propre caractère.

1424. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Leur temps est celui que l’on a quelquefois appelé l’âge d’or de la littérature du Moyen Âge, mais ce n’est pas encore le temps de rompre la solidarité qui lie l’individu à ses semblables. […] Aussi n’est-il rien demeuré de leur œuvre, et on ne peut seulement pas dire que l’âge postérieur en ait utilisé les restes. […] Quelques mots sur les Soties ; — qui appartiennent à la période encore presque inexplorée de la littérature du moyen Age. — Qu’il semble cependant qu’elles soient, à une Farce comme Pathelin, ce que les dernières branches du Renard sont aux premières ; — ou l’inspiration de Jean de Meung à celle de G. de Lorris : — c’est encore l’allégorie qui réagit elle-même contre elle-même, — en essayant de le sauver de la froideur par la grossièreté.

1425. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Le vrai Cid, mort en 1099, guerrier renommé du xie  siècle, avait en lui toutes les rudesses et les grossièretés de cet âge ; il en avait aussi la moralité, ce qui est peu dire. […] Cette action du Cid d’avoir trompé les deux Juifs gênait les poètes des âges suivants ; ils y sont revenus plus d’une fois pour la pallier, pour l’excuser.

1426. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Il s’agit de la première visite du jeune M. de Neuil à Mme de Beauséant, et du trouble incertain qu’il en rapporte : « A l’âge de vingt-trois ans, dit M. de Balzac, l’homme est presque toujours dominé par un sentiment de modestie. […] Quel homme n’a pas plusieurs de ces vierges souvenirs qui, plus tard, se réveillent, toujours plus gracieux, apportant l’image d’un bonheur parfait ; souvenirs semblables à ces enfants perdus à la fleur de l’âge, et dont les parents n’ont connu que les sourires ? 

1427. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Faugère nous a peint son vieil ami en une page touchante : « Dans cet homme affaibli par l’âge, dit-il, quel zèle et quelle passion quand il parlait de monsieur Pascal ou de la sœur Jacqueline de Sainte-Euphémie, de M. de Saint-Cyran ou de la mère Angélique ! […] On voit en lui du premier coup d’œil un esprit supérieur, au-dessus de tous les préjugés de la société et des opinions humaines, autant que Molière pouvait l’être, mais à la fois un esprit inquiet, ardent, mélancolique, sans cesse aux prises avec lui-même, passionnément en quête de la vérité et du bonheur ; et alors l’idéalisant un peu, ou plutôt en faisant un type, comme on dit, un miroir anticipé de notre âge, on le présente comme le héros et la victime dans la lutte du scepticisme et de la foi, celle-ci triomphant provisoirement en lui, de même que le scepticisme, un siècle plus tard, l’eût emporté.

1428. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Les mystères Les pièces sacrées de l’âge précédent, représentations, jeux, miracles, deviennent au xve  siècle des mystères. […] Mais ce peuple est peuple : vulgaire par essence, et d’un âge positif et railleur.

1429. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

La forme des « Essais » Michel de Montaigne229 conseiller au parlement de Bordeaux ayant résigné sa charge en 1570, à l’âge de trente-sept ans, se retira chez lui, dans son château de Montaigne en Périgord ; et là, sans souci de la guerre civile qui embrasait tout le Midi, il jouit de sa douce oisiveté de gentilhomme campagnard. […] Le troisième livre, tout nouveau, montrait le progrès de l’âge de l’auteur : il est plus grave (n’entendez pas plus réservé), plus posé, que les deux premiers, les contes y tiennent moins de place, les idées s’y élancent moins en pointes, s’étalent davantage, semblent plus fermes, plus arrêtées.

1430. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Le roulement, en les âges, de la gloire poétique d’un peuple ne se borne pas à la pure splendeur, il fournit, à côté, une caisse, avec les générations accrue — puisque les grands auteurs parviennent par des livres, qui se vendent. […] Le vers, aux occasions, fulmine, rareté (quoiqu’ait été l’instant vu que tout, mesuré, l’est) : comme la Littérature, malgré le besoin, propre à vous et à nous, de la perpétuer dans chaque âge, représente un produit singulier.

1431. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Peut-être, par une illusion du temps où il écrivait son livre, les défenseurs de la liberté du citoyen et les champions du peuple lui cachaient-ils, dans les Gracques, les factieux qui détruisaient le respect de la loi, et par qui Rome allait passer de l’âge héroïque à l’âge purement humain.

1432. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Il en eut la pensée dans le temps où il aima la gloire avec candeur, alors qu’elle lui apparaissait sous les traits des jeunes Français de l’âge futur apprenant de lui à admirer, dans l’époque où régna Louis XIV, toutes les grandeurs de leur pays. […] Mme de Montespan, expiant sa faveur et ses fautes par les macérations, les ceintures à pointes de fer, et, ce qui est moins mêlé d’imagination, par la douceur et la bienfaisance ; travaillant, de ses mains restées si belles, à des ouvrages grossiers pour les pauvres ; si humble après tant de hauteur ; « mourant, dit Saint-Simon, sans regret et uniquement occupée à rendre son sacrifice plus agréable à Dieu » ; une vaincue si résignée n’est pour Voltaire qu’« une vieille maîtresse disgraciée qui s’amuse à doter des jeunes filles » ; et si elle ne va pas, comme la Vallière, aux Carmélites, « c’est, dit-il, qu’elle n’est plus dans l’âge où l’imagination y envoie. » Cette impossibilité de voir le bien où il faudrait en faire honneur au christianisme, ôte toute autorité aux chapitres sur les affaires ecclésiastiques et les querelles religieuses au dix-septième siècle.

1433. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Reid)  Plus de vigueur d’esprit montre bientôt le peu de fondement de cette nouvelle tentative ; on s’attaque à l’instrument même : de là un grand, terrible, sublime scepticisme (Kant, Jouffroy, Pascal)  Enfin, la vue complète de l’esprit humain, la considération de l’humanité aspirant au vrai et s’enrichissant indéfiniment par l’élimination de l’erreur, amène le dogmatisme critique, qui ne redoute plus le scepticisme, car il l’a traversé, il sait ce qu’il vaut, et, bien différent du dogmatisme des premiers âges, qui n’avait pas entrevu les motifs du doute, il est assez fort pour vivre face à face avec son ennemi. […] Mais cet âge touche à son terme ; le rôle principal va de plus en plus, ce me semble, passer aux hommes de la pensée.

1434. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Il revient de la grande guerre qui ferme le cycle de l’âge héroïque. […] Mais Cassandre parle à des esprits assourdis par l’âge ; les vieillards comprennent ce qu’elle dit du passé, ils s’obstinent à ne pas entendre le sens urgent de ses prédictions.

1435. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Obscur Israélite, j’apporte aujourd’hui mon grain de sable. » C’est ainsi qu’à l’âge de trente-trois ans s’exprimait le brillant écrivain qui allait inaugurer le siècle. […] N’était-il pas assez dur de ne servir à rien dans l’âge où l’on est propre à tout ?

1436. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

» Vendredi 14 février Quand on a mon âge, et qu’on est malingre comme moi, au milieu de la fabrication d’un bouquin, il entre en vous une terreur de mourir, avant que le livre soit terminé, — une terreur que l’éditeur n’en fasse remplir les blancs par un imbécile. […] Et Castellani ne doute pas qu’en fouillant plus profondément, on arrive à une seconde succession de couches, dont la dernière renfermera des objets de l’âge de pierre… Le Tibre, ce qu’il contient !

1437. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

« Le grand péril des âges démocratiques, soyez-en sûr, écrit Tocqueville, c’est la destruction ou l’affaiblissement excessif des parties du corps social en présence du tout. […] Si elle parvient à se persuader de ces vérités et à se corriger de ses principaux vices, elle devra de la reconnaissance à M. de Tocqueville comme à l’un de ces maîtres sévères que l’on maudit dans l’enfance et qu’on honore avec gratitude à l’âge de l’expérience et de la maturité.

1438. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Mais qui nous dit que si, dès l’âge de vingt-cinq ans, La Bruyère, dans un siècle différent du sien, avait été obligé pour vivre, pour se faire connaître, de tailler sa plume, d’écrire moins bien d’abord, mais vite, mais toujours, il n’aurait point tiré de lui autre chose encore que ce que nous en avons, et je veux dire autre chose de bien, qui sait ? […] Le général Bonaparte demande de quelle espèce de véhicule le poète s’est servi pour venir, et apprenant qu’il a tout simplement loué un fiacre : « Cela ne se peut pas, dit-il ; il faut qu’un homme de votre âge, de votre talent, ait une bonne voiture à lui, bien simple, bien commode.

1439. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Psyché, je vous en préviens, est d’un temps beaucoup plus rapproché de nous et d’un âge de La Fontaine beaucoup plus avancé. […] Vous l’avouerai-je — à mon âge on fait ses confessions — que nous l’avons lue ensemble tous les deux avec des transports d’admiration, ou tout au moins des actes de faiblesse, des complaisances à son endroit ?

1440. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Ils retrouvent là une mère qu’à leur âge, dans une vie heureuse, ils n’auraient pas reconnue. […] C’est l’âge où il fait bon vivre.

1441. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

admettre l’avènement miraculeux de l’homme, le produire sans enfance, avec tous les dons de l’âge viril en naissant, pour n’essayer sur lui qu’une leçon de physiologie, développer sa vie matérielle, sans ouvrir son âme et l’inonder de lumière et de joie, sans un rayon du ciel ni un retour vers Dieu ? […] sa promesse est-elle épuisée, dans la durée des âges ?

1442. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — I » pp. 143-149

. — Vers l’âge de quinze ans, l’abbé de Pons s’aperçut que sa taille se déformait ; il se mit entre les mains d’un chirurgien malhabile qui le tortura ; la difformité ne fit qu’augmenter et fut irréparable.

1443. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

Il a déjà atteint l’âge de quarante-six ans ; sa vie, ses opinions sur toutes choses et ses relations du monde sont fixées autant qu’elles le seront jamais.

1444. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

 » Nous lui concéderons son éloquent enthousiasme pour Frédéric, bien que nous doutions un peu qu’à la fin des âges ce nom doive se trouver dans le plus pur froment des mérites de l’humanité.

1445. (1875) Premiers lundis. Tome III « Profession de foi »

Nous crûmes qu’avec les éléments actuels de la société, avec un peuple et une bourgeoisie qui avaient fraternisé, avec une monarchie républicaine et une représentation nationale purgée d’aristocratie, il y aurait lieu de fonder un ordre de choses, transitoire sans doute, et qui n’était pas encore l’âge d’or de l’humanité, mais du moins un ordre stable et progressif, à l’exemple duquel l’Europe pût se modeler dans son affranchissement, et qui donnât le temps aux idées futures de mûrir.

1446. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Si vous dites, pour citer une théorie qui jouit aujourd’hui d’une faveur incroyable, non seulement parmi les pauvres sols tout éplorés qu’Alfred de Musset traîne à ses talons, mais auprès des esprits les plus graves de notre époque, si vous dites que le vrai poète doit être une espèce de don Juan fatal, victime prédestinée de cet insatiable besoin d’aimer qu’on appelle le génie, et semblable au pélican qui donne à ses petits son propre cœur en pâture, s’il vous plaît de répéter cette déclamation, nous vous laisserons faire, et, quand vous aurez fini, nous vous rappellerons simplement l’admirable possession de soi d’un Cervantes et surtout d’un Shakespeare, qui dans la force de l’âge et du talent, cesse tout à coup d’écrire et se met à cultiver son jardin, comme Candide, après avoir eu la tête traversée par un effroyable torrent d’idées et d’images, dont quelques flots auraient suffi pour faire perdre l’équilibre à la plus ferme de nos cervelles.

1447. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Une autre fois, voulant réfuter l’objection que les astres ne changent pas, parce que de mémoire d’homme on ne les a vus changer, Fontenelle proposait l’analogie que voici : Si les roses qui ne durent qu’un jour faisaient des histoires et se laissaient des mémoires les unes aux autres, les premières auraient fait le portrait de leur jardinier d’une certaine façon, et de plus de quinze mille âges de roses, les autres qui l’auraient encore laissé à celles qui les devaient suivre, n’y auraient rien changé.

1448. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Quand il eut annoté Dangeau, il se sentit seulement en haleine : il éprouva le besoin de rédiger, lui aussi, ses Mémoires ; il reprit les notes que, depuis l’âge de dix-huit ans, il avait entassées, et, gardant toujours une copie de Dangeau devant les yeux, pour lui donner le fil de l’exacte chronologie, il composa507 cette œuvre volumineuse qui embrasse les vingt dernières années de Louis XIV, avec toute sorte de digressions sur les parties antérieures du règne, et l’époque de la Régence.

1449. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

Une nouvelle génération, arrivée à l’âge d’homme, voulut prendre sa place au soleil.

1450. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Nous roulons donc à l’Âge d’or37.

1451. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

L’âge intermédiaire n’a guère duré moins de cent ans. — De même, J.

1452. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Ainsi le peintre éleve, dont l’esprit s’abandonne aux idées qui ont rapport à sa profession, qui se forme plus lentement pour le commerce du monde, que les jeunes gens de son âge, que sa vivacité fait paroître étourdi, et que la distraction, qui vient de son attention continuelle à ses idées, rend gauche dans ses manieres, devient ordinairement un artisan excellent.

1453. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIV »

Brunetière n’a pas attendu notre dernier livre pour apprendre tout cela ; et n’eût-il lu que ce livre, le nombre de nos exemples et de nos citations eût suffi à lui faire constater l’unanimité des mêmes efforts, des mêmes procédés, des mêmes méthodes à travers les âges et les écoles.

1454. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

Ce jeune page de la princesse de Conti, heureux et hardi comme un Gascon, quoiqu’il ne fût que de Périgueux, avait été accepté comme un grand homme à l’âge où l’on n’est presque jamais qu’un ridicule jeune homme, quand on doit devenir un homme plus tard.

1455. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

… Et les vieux murs, seraient-ce ces monuments d’un autre âge dont, antiquaire raffiné, il nous peint les ruines et le poétique abandon ?

1456. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Sand »

Caron, l’octogénaire, qu’elle assassine de son âge en lui répétant sur tous les tons qu’il est dégoûtant et vieux, elle ne s’en dit pas moins sa fille soumise et subordonnée.

1457. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Il y a mandé les doctrines les plus opposées, et en vertu de sa modération, vertu moderne, et de ce style modéré qui est le style de la maison dans laquelle il juge, il a tout arrangé à l’amiable entre la Scolastique et la Philosophie, entre les ténèbres du Moyen Âge et les lumières de cet Âge-ci, entre la foi et la raison… Les esprits absolus n’accepteront probablement pas les décisions onctueuses, gracieuses et officieuses de M. 

1458. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

À cet âge, le talent littéraire ne vient guère quand il n’est pas venu.

1459. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Le Romantisme est maintenant le classicisme de notre âge, mais la Critique, qui se fie à l’inépuisable Beauté, attend des poésies aux formes et aux inspirations nouvelles.

1460. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Antoinette, la spirituelle, la raisonnable, la vertueuse Antoinette, s’éprend d’un adolescent de l’âge de sa fille, qui commence, à son tour, la vie, et c’est cet amour tardif, ce contresens du cœur et de la destinée, ces curiosités d’Eve condamnée à mourir, les espoirs fous qui unissent par une douleur folle, les pudeurs qui deviennent des hontes de toute cette passion forcenée et vulgaire, que M. 

1461. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

À travers l’histoire, très variée et très piquante, de Marseille et des Échelles du Levant comme l’a écrite Édouard Salvador, on reconnaît cette préoccupation de notre âge qui prend, selon nous, notre pays à rebours de son instinct et de son génie.

1462. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

l’homme qui, pour prévenir tout sentiment de pitié, et étouffer d’avance les impressions que la faiblesse, les cris, les larmes ne pouvaient faire sur les assassins même, donna l’ordre exprès de ne rien épargner, et de massacrer tout, sans distinction d’âge ni de sexe ?

1463. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

Rappelons-nous ici ce qui a été dit de l’atrocité des peines dans l’âge divin (axiome 40).

1464. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

Quand même la carie des âges aurait dispersé la poudre de mes ossements et n’en laisserait qu’une poignée de cendre, quand même les eaux courantes des fleuves, les souffles épars dans l’air, auraient emporté mes fibres avec ma poussière, l’homme ne pourra périr.

1465. (1900) La culture des idées

La beauté est une femme et la femme est la beauté ; les caricaturistes accentuent le sentiment général en accouplant toujours à une femme, qu’ils tâchent de faire belle, un homme dont ils poussent la laideur jusqu’à la vulgarité la plus basse alors que les jolies femmes sont si rares dans la vie, alors qu’au-delà de trente ans la femme est presque toujours inférieure en beauté plastique, âge pour âge, à son mari ou à son amant. […] Son amie, et c’était « ce qu’elle avait redouté comme le plus dur de ses martyres », lui survécut ; elle ne mourut qu’en 1312, ayant recouvré avec l’âge la paix physique et la paix spirituelle. […] Il faut parler de l’amour comme si l’âge d’or de l’amour régnait encore et n’en retenir que l’essentiel, loin de s’arrêter aux phénomènes de surface et passagers. […] Les vieux maîtres les plus hirsutes et les plus moroses se laissent prendre à la pipée avec une facilité dont on n’a pas d’exemple dans un âge plus tendre. […] « Dans cet établissement modèle, les enfants commencent l’étude du français dès l’âge de six ans, tandis que dans les autres écoles on ne débute qu’à neuf ans.

1466. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il s’agit d’une lettre que Benjamin Constant écrivit à l’âge de douze ans à sa grand’mère. […] Nicolas Châtelain mourut en effet en 1856 à l’âge de 87 ans. […] On le sent surtout au dix-septième siècle, âge de gravité, de décence et d’étiquette. […] Cette doctrine même de la grâce, ils la recommandent comme antique et comme catholique, et ce dont ils se vanteraient (s’ils pouvaient se vanter de quelque chose), c’est de remonter aux âges primitifs. […] Sachez donc qu’à l’ouverture de ce nouveau drame, le Christ gémit comme un orphelin délaissé : « Ma mère Marie est morte ; et mon père Jéhovah m’a dit sur son chevet : Christ, mon âge est venu.

1467. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

C’est le premier âge et le premier culte. […] C’est qu’un troisième âge est venu, et un troisième cycle de pensée et d’inspiration. L’âge mûr ne cherche plus ; il a trouvé sa foi et son assurance. […] Car ce n’est pas un siècle qui peut savoir si tel homme le représente, c’est le siècle suivant ; et un homme est défini à cet égard non par ce qu’il fait dans l’âge dont il est, mais par ce qu’il laisse à l’âge d’après lui. […] Sarcey et moi, qui sommes pourtant de l’âge ingrat, avons-nous protesté !

1468. (1908) Après le naturalisme

L’âge critique s’élaborait au sein de l’âge monothéiste. […] Tandis que ces derniers composent l’ordre premier de l’humanité, l’âge barbare et sont encore aujourd’hui les plus puissants, ceux-là surgissent de l’esprit, rangent autour d’eux un petit nombre d’hommes — les instruits — et luttent avec énergie contre les premiers occupants de la scène mondiale. […] Ainsi s’est établie à l’âge métaphysique une vaste encyclopédie de la soi-disant connaissance, produit intégral de notre imagination et qui ne correspond à aucun fait. […] C’est ce qu’Auguste Comte appelle l’âge critique.

1469. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Je vous aurais fait comme toucher du doigt les transformations d’un genre littéraire à travers les âges, les moments de son évolution, analogue, sinon tout à fait semblable à celle d’un organisme vivant. […] Si cependant c’est en cela que consiste à vrai dire la comédie de mœurs, dans la satire plus ou moins âpre des ridicules d’un âge, d’une profession, ou d’un travers général d’esprit, le Menteur n’est pas une comédie de mœurs. […] Agnès est la jeune fille, — telle du moins que la conçoit Molière, qui ne maniera jamais cet âge, ni peut-être ce sexe, avec beaucoup de délicatesse. […] Et nous-mêmes, quand nous atteignons le midi de notre âge, n’est-ce pas déjà la vieillesse qui commence pour nous ? […] Cela consiste à diviser, à répartir, à distribuer inégalement entre plusieurs personnages la somme des ridicules qui sont ceux de leur âge, ou de leur condition, ou d’une façon de penser commune, et à faire de la satire de cette façon de penser, de cette condition, ou de cet âge, l’objet principal de la comédie.

1470. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il resta jusqu’à l’âge de onze ans dans la maison paternelle, apprenant le latin avec son père, tout en suivant les cours d’une petite école, dirigée par un M.  […] Il avait déjà, à l’âge de dix ans, un tel sérieux dans le caractère et une telle solidité dans l’esprit, qu’il arriva à M.  […] Dès l’âge de quatorze ans, il s’était fait à lui-même le plan de ses journées et l’observait avec une méthode rigoureuse. […] Instruction prodigieuse pour son âge. […] C’était un premier signe où l’on reconnaissait que son talent se ressentait des atteintes de l’âge.

1471. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

La tendresse supposée de son âge couvrait ainsi d’un voile menteur sa brusque franchise. […] Vous ne vous êtes point douté de l’importance de ces filiations à travers les âges. […] C’est un long vannage de phrases sur le premier âge, les bonbons, la perruque du marquis, l’ancien régime, la révolution. […] tant de désirs couvent dans la tête à cet âge ! […] Voilà l’âge d’or que je promets, âge de progrès et de civilisation perfectionnée.

1472. (1894) Critique de combat

Mais les élèves y entrent dès l’âge de sept ans et ils peuvent y rester jusqu’à leur vingtième année. […] En politique, la bourgeoisie voudra se croire encore à son âge d’or. […] Il brûle d’une belle ardeur militaire, qui serait plus belle encore, s’il n’avait passé l’âge d’aller se faire casser les os. […] Faguet dit ensuite : L’histoire civile, « presque achevée par notre âge (?)  […] Mais elle nous reporte aux âges reculés où Boileau se figurait qu’Homère aurait pu et dû voir le même idéal de noblesse qu’un courtisan de Louis XIV.

1473. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Une femme un peu grasse, d’un certain âge, mais encore des plus désirables, disait, en plaisantant, qu’elle pourrait avoir la tête montée par un homme de cinquante ans. Comme l’aveu faisait rire autour d’elle, elle reprit : « J’ai toujours été un peu portée vers les gens d’âge, je n’ai jamais apprécié les tout jeunes gens ; ils sont d’un creux, d’un vide… Puis les jeunes gens, ça remue, il faut toujours que ça soit en l’air, que ça danse, que ça soit à cheval. […] Un vieillard, le front raviné de rides, l’œil sans prunelle dans le creux d’un orbite froncé de patte d’oie, la chair lasse et débridée du vieil âge dans les joues, la bouche avec son hiatus de côté, entr’ouverte par l’édentement, un coin baissé, un coin relevé, et respirant une ironique et intelligente amertume ; rien d’admirable comme les flottants modelages du dessous du menton, et les deux belles cordes faisant la fourchette du cou. […] Une figure qui, sous le dessous d’une figure de courtisane encore en âge de son métier, a cent ans, et qui prend, par instants je ne sais quoi de terrible d’une morte fardée.

1474. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Apportant son pinceau d’artiste en aide à la plume du poète, il dessinait, avec un égal amour, la chlamyde de Léonidas, la cuirasse du duc de Guise, ou le pourpoint d’Hernani ; contemporain de tous les âges qu’il avait étudiés, citoyen du monde entier qu’il avait parcouru, pas un détail de mœurs, de costume, d’armure ne lui était inconnu ; pas un site historique ou pittoresque ne lui était étranger. […] Nous nous croyions, nous autres auteurs, peu habitués à ce bruit flatteur et caressant, revenus à cet âge d’argent où la critique était juste, parlait selon sa conscience, écrivait selon sa pensée. Nous disons âge d’argent, parce que dans l’âge d’or la critique n’avait pas encore été inventée.

1475. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Mais comme chez la plupart des vrais imaginatifs de notre âge, son rêve s’épanouit surtout dans sa vie intérieure. […] À l’âge de deux ans, sa mère l’emmène dans un magique château des Alpes de Bavière, et là au milieu des splendeurs vierges de la nature, parmi des paysages radieux ou terribles, le demi-dieu prend conscience de lui-même. […] Je me souviens qu’étant au lycée, à l’âge où l’on ne connaît guère en littérature que les classiques, et à peine les romantiques (car notre première éducation est telle, et cette particularité explique bien des choses), je lus un jour par hasard un volume de Verlaine. […] Sans doute, nous ne pensons pas que le rôle du poète serait aujourd’hui identique à celui des voyants et des prophètes des premiers âges, mais déjà nous nous rendons compte que tous ceux qui, dans les temps modernes, ont fait entendre la grande voix de la Raison supérieure et de l’Âme éternelle, ont exercé une action féconde et utile sur leur milieu.

1476. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Jeune, à l’âge des assauts et des audaces, il a abordé l’Histoire de la Révolution française, et avec une telle verve, un tel entrain, une telle résolution de ne pas s’arrêter à mi-chemin avant le triomphe et la bonne issue, qu’il a semblé être, avant tout, un historien révolutionnaire.

1477. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Ni rois condamnés par leur âge et leurs préjugés à l’isolement, ni minorité ; le pouvoir est maintenant au sein de la société ; c’est là que doivent toujours se trouver ceux qui sont destinés à lui donner le mouvement.

1478. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

René Doumic Celui-ci semble bien entre ses compagnons d’âge être le plus richement doué.

1479. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Je me sers de cette expression par respect pour votre âge.

1480. (1890) L’avenir de la science « I »

La faiblesse de notre âge d’analyse ne permet pas cette haute unité ; la vie devient un métier, une profession ; il faut afficher le titre de poète, d’artiste ou de savant, se créer un petit monde où l’on vit à part, sans comprendre tout le reste et souvent en le niant.

1481. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

Il faut constater la façon dont l’historien ou le poète épique a compris et figuré les hommes des autres âges.

1482. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Madame de Sévigné avait douze ans de plus que madame Deshoulières ; mais ce n’était pas cette différence d’âge qui les empêchait de se voir, c’était l’opposition de mœurs et d’opinions politiques qui séparait de tous les Mancini, hommes et femmes, et de leurs affidés, tels que madame Deshoulières, tout ce qui était en relation d’amitié avec le grand Condé, avec sa sœur la duchesse de Longueville, avec le cardinal de Retz, le duc de La Rochefoucauld, société habituelle de madame de Sévigné.

1483. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

La description de l’âge d’or, par Boileau, ne cesse pas d’être poétique pour admettre les termes de bled, de bœuf, de Vigne, de grappes, de lait : Hélas !

1484. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Si dans un siècle littéraire encore barbare, le père Lemoyne, auteur d’un poëme de Saint Louis, fait sonner les vêpres siciliennes par les cors des noires Euménides, un âge éclairé nous montre J.

1485. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

On va jusqu’à lui faire dire qu’étant jeune écolier à Rouen, sa mère, sœur de Pierre & de Thomas Corneille, le menoit, le dimanche, au prône, à la messe, à vêpres, au sermon ; mais que, dès cet âge, il n’en croyoit pas un mot.

1486. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Une chose bien singulière, c’est qu’il n’a commencé à écrire en François que sur le retour de l’âge.

1487. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Le mot d’âge signifie un temps trop court pour m’en servir ici, et d’ailleurs le monde est dans l’habitude de se servir du mot de siecle, quand il parle de ces temps heureux, où les arts et les sciences ont fleuri extraordinairement.

1488. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Quand l’auteur des Deux Masques va, par exemple, chercher l’Histoire, — dont il a besoin pour montrer jusqu’où plongent les racines du génie d’Eschyle et faire le lumineux décompte de ce qui est de la personnalité et de la race, — et qu’à travers l’antique Hérodote, et plus haut et plus loin qu’Hérodote, il va la chercher, cette fuyante histoire, jusque dans les derniers éloignements et les derniers effacements du passé, il la saisit et l’amène sous le regard par la force de la couleur, et il la pousse sur nous, pour ainsi dire, vainqueur des âges et des lointains !

1489. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Dans son énorme livre, dont l’énormité est une raison de plus ajoutée à tant d’autres pour ne pas être lu par les superficiels de cet âge d’ignorance frivole ; dans ce livre qui est tout à la fois une histoire et une théorie, il a mis en présence la Monarchie et la Révolution comme elles n’y avaient, je crois, été mises jamais, du moins avec cette largeur de vue historique, cette prodigieuse abondance de détails, cette implacable impartialité… Beau, mais désespérant spectacle !

1490. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

En dehors de ces deux vues politiques très connues, très discutées et encore très discutable », il ne voit plus rien, cet homme de politique sacrée, et c’est pour nous rapporter de telles choses, qui sont au pied de toutes les taupinières politiques de notre âge, qu’il est monté au Sinaï et qu’il en descend plus resplendissant de talent que de vérité !

1491. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Chastel condamne implicitement la grande ressource économique du catholicisme, cet ascétisme sublime qui fut une des causes du salut de l’ancien monde, et qui ne serait plus un moyen puissant contre le paupérisme de notre âge !

1492. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Lui qui, plus tard, s’adonna, comme Salomon vieillissant, à l’amour des femmes, quand il eut dépassé cet âge où les hommes cessent de les aimer, avait traversé une jeunesse si chaste et si pure, que la Légende musulmane a pu dire que les deux anges de Dieu avaient ôté eux-mêmes de sa poitrine, ouverte par leurs mains célestes, la tache noire du péché originel.

1493. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Règle générale et absolue, nos œuvres ont toujours l’âge que nous avons quand nous les lançons dans le public.

1494. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Dans son âge mûr comme dans sa jeunesse, il est resté fidèle à l’Italie.

1495. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Duranty, qui a mis son extrait d’âge en guise de préface, à la tête de son volume, n’a encore que vingt-sept ans.

1496. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

» Il exhorte les pères qui sont encore dans la force de l’âge, à donner de nouveaux défenseurs l’État.

1497. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Il a osé, en Italie, faire l’éloge d’Antonio de Dominis, condamné par l’inquisition, et qui, à l’âge de soixante-quatre ans, finit sa vie dans les fers.

1498. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Exilé, par la cour, à la Chaise-Dieu en Auvergne, à l’âge de quatre-vingt ans, son imagination étoit encore terrible. […] A l’âge de quatorze ans, il vint étudier à Paris. […] Il mourut la veille du jour destiné à la cérémonie, dans la cinquante-unième année de son âge. […] Il mourut à Dijon, le 5 août 1677, dans la soixante-sixième année de son âge. […] On se prêtoit aux mariages des enfans à l’âge de sept ans, aussi bien qu’à la publication des marques de la puberté d’une fille.

1499. (1929) Dialogues critiques

à votre âge ! […] Pierre Il n’y a pas d’âge, ou, en tout ras, même à celui que j’ai, il y a le fluide, beaucoup plus agréable et plus réel que celui de l’abbé Brémond. […] Bourget y condamne « l’abus fait aujourd’hui de révélations le plus souvent invérifiables, tantôt insignifiantes, tantôt scandaleuses, si bien que notre âge risque d’être tristement appelé un jour celui des petits papiers ».

1500. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Dodwell, homme d’un âge mûr, qui n’avait rien trouvé de plus beau dans l’antiquité que cette grâce vivante de Rome. […] La rhétorique tombait devant l’âge : on ne déclame plus devant Dieu ; il sentait l’approche de la vérité suprême, le néant de nos ambitions et de nos vanités ; il devenait plus sincère et plus naturel en cessant de poser et de phraser pour le monde. […] Je vais aller voir un pinson de ma connaissance qui chante quelquefois dans les vignes qui dominent mon toit. » Quel sentiment des tristesses de la nature à un âge qui ordinairement a bien assez de ses propres tristesses, et comme il associe tout au souvenir de son amie !

1501. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Voilà quelle était la vie habituelle des habitants du Cayla, avec les modifications que l’âge, les circonstances, les petits événements intérieurs apportaient dans ces habitudes. […] Nous pleurons tous une jeune femme de mon âge, la plus belle, la plus vertueuse de la paroisse, enlevée en quelques jours. […] Alors nous aurons même âge, car le brave homme a ses quatre-vingts ans passés. » XXVII Le 12 mars.

1502. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Entre la Physique d’Aristote, les Principes de Descartes et les Principes mathématiques de Newton, il y a, malgré l’intervalle des âges, une succession manifeste et comme une solidarité. […] Après cette époque, la tête du cerf se refait toujours la même, et on ne peut plus connaître son âge par son bois. […] XI Si nous avions le talent, l’âge, le loisir et un pourvoyeur comme Alexandre, mettant des milliers d’hommes à notre disposition pour étudier partout les formes et les mœurs de tous les animaux dans l’univers connu, nous oserions entreprendre cette œuvre et chanter ainsi le cantique plus complet de la création, le spiritualisme de l’histoire naturelle.

1503. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

L’âge a mêlé des cheveux blancs à ma noire chevelure. […] L’âge a blanchi ses cheveux ; ses yeux sont encore rouges des pleurs qu’il a versés ; il chancelle à chaque pas. […] Ses cheveux semblaient blanchis par l’âge ; son œil était sérieux et calme. « La plus belle des femmes, dit-il, aimable fille d’Arnim, non loin d’ici s’élève dans la mer un rocher qui porte un arbre chargé de fruits vermeils.

1504. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Ne faisons lire notre élève qu’à l’âge où sa raison saura rejeter le vice et saisir la beauté. […] Et ainsi l’âge de la sensation précédera l’âge de la réflexion ; l’éducation physique précédera l’éducation intellectuelle ; d’abord on fortifiera le corps, on aiguisera les sens, et l’on n’exercera l’esprit qu’au service des sens et du corps : Emile sera un petit sauvage, robuste, adroit, rusé.

1505. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

À ses côtés, le coude sur la table, se tient une femme d’un certain âge, aux beaux traits un peu sauvages, une sorte de médaille de gitana. […] Il y a en moi une jeunesse, une fraîcheur… Je ne puis croire à mon âge… » Puis il parle du profond ennui qu’il a toujours éprouvé, de ce tiraillement perpétuel de deux hommes en lui : l’un qui lui dit, quand tous ses effets sont prêts pour aller en soirée : « Couche-toi, qu’est-ce que tu irais faire là !  […] L’aîné de nous avait à l’âge du petit-cousin une piqueuse de bottines, moi une petite lorette à laquelle il arrivait d’avoir trois sous dans sa commode de palissandre ; lui, il a une femme à équipage.

1506. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Je passerai des journées devant un bas-relief… Mais cela est d’un âge… Plus tard, il faut la vision philosophique des choses, c’est la seconde phase… Plus tard encore, et en dernier, il faut entrer dans la vie mystérieuse des choses, ce que les anciens appelaient arcana : les mystères des avenirs des êtres et des individus. » Et il me serre la main en me disant : « Réfléchissez à ce que je vous dis ?  […] Et Saint-Victor rappelait que Marc-Aurèle remercia Frontin, de l’avoir éloigné de la volupté et de la femme ; jusqu’à l’âge d’homme. […] La jeune maternité n’existe pas, les mères ont l’aspect d’aïeules : la femme ne se mariant ici qu’à trente-cinq ou quarante ans, à l’âge où elle a réalisé sa provision de toile pour l’avenir de sa vie : tant de chemises, tant de draps, tant de rouleaux de toile.

1507. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Toutes les profondeurs des vieux âges se meuvent, radieusement éclairées, dans le vaste azur de cet esprit. […] Chez les juifs, la lecture d’Ézéchiel était redoutée ; elle n’était pas permise avant l’âge de trente ans. […] Ces puissantes légendes épiques, testaments des âges, tatouages imprimés par les races sur l’histoire, n’ont pas d’autre unité que l’unité même du peuple.

1508. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Plongé dans les livres et les manuscrits comme un Bénédictin et un Bollandiste, ayant appris l’allemand avec une ténacité enflammée, comme Alfieri avait appris le grec, à un âge où l’on ne vit plus que par les idées, il ajouta l’érudition des yeux, les voyages, les monuments, les antiquités, à l’érudition purement littéraire ; et, comme les assujettissements du commerce devenaient de plus en plus incompatibles avec l’étendue des travaux historiques qu’il méditait, il céda sa librairie en 1836 à l’éditeur actuel de ses Œuvres complètes, et partit pour faire le tour des bibliothèques de l’Europe. […] Les catholiques de notre âge semblent persuadés que la vérité est assez robuste pour se sauver toute seule des périls qu’elle court, et ils se préoccupent à peine des nobles dupes qui se dévouent à son triomphe. […] … Vertu à part, Adrien VI, le pauvre moine d’Utrecht, digne du xe  siècle, — cet âge d’or du monachisme, comme l’appelle Audin, — n’est-il pas plus véritablement dans le sens de la civilisation que Léon X avec tout son cortège d’artistes, de musiciens, d’antiquaires, d’orateurs et de poètes ?

1509. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

André, troisième fils de la famille, fut amené de bonne heure en France, et resta jusqu’à l’âge de neuf ans confié aux soins d’une tante qui habitait le Languedoc. […] Enfin, en 1790, à l’âge de vingt-huit ans, il revint se fixer à Paris ; et sans doute il se fût voué sans relâche au culte de la poésie, s’il n’eût pensé qu’il devait à son pays autre chose que la gloire. […] L’idylle ainsi comprise, malgré la distance qui sépare la vie pastorale de la vie moderne, n’a rien de factice ni de puéril ; car les pensées exprimées par le poète s’adressent à tous les âges de la biographie humaine. […] Né dans les dernières années du xviie  siècle, et mort en 1763, à l’âge de soixante-six ans, c’est à peine s’il a eu un jour de repos et de sécurité. […] La crédulité du chevalier des Grieux n’a rien qui doive nous étonner, si nous songeons à l’âge du héros.

1510. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

… Moi, à son âge, ça m’aurait fait une peur affreuse. […] Les traits fatigués de cette femme ne permettaient pas de deviner son âge. […] — de me rappeler mon âge par une vulgaire, maladroite et haïssable bienveillance. […] Je voudrais bien être comme vous quand j’aurai votre âge. […] Les différences de tempérament, de milieu, d’âge font les différences d’opinions et aucun raisonnement n’y peut rien modifier.

1511. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

C’est surtout à l’âge où les opinions sont intransigeantes et fougueuses, que toute occupation étrangère au plaisir d’enregistrer des sensations fines, lui parut un labeur servile et roturier. […] Malgré les éloquentes déclamations de Michelet contre la « pourriture impériale », beaucoup de ceux qui atteignirent l’âge d’homme aux environs de 1875 prirent je ne sais quel malin plaisir à se faisander l’âme. […] Lui aussi il « frotte et couvre de miel le bord du gobelet, afin que ce simple âge, sentant premièrement le doux, n’appréhende point l’amer ». […] Plus tard, avancé en âge et monté en grade, il se dédommagea, voulut toucher un arriéré qu’il considérait comme dû. […] Le règne des Ptolémées fut un âge d’or pour cette catégorie de personnes que nous appelons, quel que soit leur âge, les « vieux messieurs ».

1512. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Au fait, quel âge a-t-elle donc, la sincère Éliante ? […] Il n’est point de poésie supérieure à cette mascarade des âges qui met aux pensées d’un siècle les habits d’un autre. […] Un viveur, à moins d’appartenir aux âges lointains et de s’appeler Alcibiade ou Cœlius, me semble jouer dans le monde un assez vulgaire et grossier personnage. […] À son âge ! […] Mais, à mesure qu’il avançait en âge, il semblait aimer beaucoup les femmes, et il parlait d’elles, sans nécessité, dans tous ses livres comme si elles l’eussent préoccupé très vivement.

1513. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Mais ce travers est, dans son fond, assez persistant à travers les âges pour que sa peinture nous intéresse encore. […] Les formes conventionnelles du rêve varient avec les âges. […] Seize ans, c’est l’âge ingrat, l’âge où on est laid, où on est gauche, où la voix mue, où la barbe commence à pousser inégalement, où les traits ont quelque chose d’imparfait et de transitoire. — Et que fait Zanetto ? […] Ces affectations et ces excès sont de son âge. […] — Beaucoup de ces jeunes filles m’ont paru fatiguées, et, si j’ose dire, d’une grâce mûrie et amollie avant l’âge.

1514. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

J’ajoute que ce livre est pour plaire à ceux qui placent l’âge d’or dans l’avenir, aux partisans du progrès, à ceux qui ont foi dans l’amélioration de la destinée humaine sur la terre. […] Il est de son âge. […] Je crois que tous les hommes de mon âge seront un peu surpris de l’immense, de la gigantesque préférence que M.  […] Ce n’est pas l’âge où l’on est vieux ; mais c’est l’âge où l’on en est à l’adolescence de la vieillesse. […] Madame, duchesse d’Orléans, écrit à sa tante, l’électrice de Hanovre : « Elle est très sérieuse dans tout ce qu’elle a fait pour un enfant de son âge et très politique.

1515. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Son frère aîné (Marcellin de Fontanes), mort, je l’ai dit, en 1772, à l’âge de vingt ans, et doué lui-même de grandes dispositions poétiques, avait composé une tragédie qu’il avait adressée à Voltaire, aussi bien qu’une épître déjeune homme, et il avait reçu une de ces lettres datées de Ferney, qui équivalaient alors à un brevet ou à une accolade. […] Quand vous serez maître de Constantinople et du Sérail, je vous promets de mauvais vers que vous ne lirez pas, et les éloges de toutes les femmes, qui vaudront mieux que les vers pour un héros de votre âge. […] Pan, et la Terre, et Sylvain, En ont pu voir davantage ; Jamais ne s’égare en vain Une nymphe de ton âge. […] Je sais trop bien que la volage M’a sans retour abandonné ; Il ne sied d’aimer qu’au bel âge ; Au triste honneur de vivre en sage Mes cheveux blancs m’ont condamné. […] A mon âge, … toujours aller de César à Pompée, et de Pompée à César, c’est impossible ! 

1516. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Son père, un gantier marchand de laine, fort aisé, ayant épousé une sorte d’héritière campagnarde, était devenu grand bailli, et premier alderman de sa petite ville ; mais quand Shakspeare atteignit l’âge de quatorze ans, il était en train de se ruiner, engageant le bien de sa femme, obligé de quitter sa charge municipale et de retirer son fils de l’école pour s’aider de lui dans son commerce. […] Sur ma foi, je pourrais dire son âge à une heure près. […] — étaient du même âge. […] … Le monde entier n’est qu’un théâtre, —  et tous, hommes et femmes, ne sont que des acteurs. —  Ils ont leurs entrées, leurs sorties, —  et chaque homme en sa vie joue plusieurs rôles. —  Ses actes sont les sept âges. […] Le sixième âge, étriqué, —  devient le maigre Pantalon à pantoufles ; —  des lunettes sur le nez, un sac au côté, —  son jeune haut-de-chausses bien ménagé, cent fois trop large — pour ses cuisses rétrécies.

1517. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Depuis l’âge de seize ans, j’ai la fièvre, et ceux qui m’aimaient un peu m’ont pleurée plusieurs fois comme morte, tant je leur paraissais peu vivante ! […] Monsieur, « dans la retraite à laquelle m’obligent mon âge et ma santé, c’est seulement depuis peu de jours que j’ai eu connaissance de vos excellents articles sur Mme Desbordes-Valmore.

1518. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

En ce temps-là, en 1817, à défaut d’autre hérésie, et les Romantiques n’étant pas encore nés ou en âge d’hommes, on s’en prenait aux disciples et imitateurs de l’abbé Delille. […] Sans anticiper sur des prévisions funestes, il est clair, par le seul chiffre des âges et d’après la loi fatale des choses, qu’avant peu d’années il se fera un vide immense dans tout le fonds ancien de l’Académie, dont nous-mêmes, plus que sexagénaires, nous faisons déjà partie et dont nous nous trouvons les plus jeunes.

1519. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Sans doute, si la plupart des auteurs, des héros de la Révolution revenaient un moment parmi nous, s’ils considéraient ce qu’ils ont payé de leur sang, ils souriraient un peu de pitié, à moins que l’âge, comme nous l’avons vu de quelques-uns, n’eût refroidi leurs antiques exigences et tranquillisé leurs veines. […] Ce ne devait pas être là encore la passion sérieuse, véritable, longtemps retardée, qui saisit enfin l’âme puissante de Mme Roland, et à laquelle elle fait allusion en deux endroits de ses Mémoires, lorsqu’elle parle des bonnes raisons qui, vers le 31 mai, la poussaient au départ pour la campagne, et lorsque, saluant l’empire de la philosophie qui succédait chez elle au sentiment religieux, elle ajoute que ces sauvegardes ininterrompues semblaient devoir la préserver à jamais de l’orage des passions, dont pourtant, avec la vigueur d’un athlète, elle sauve à peine l’âge mûr !

1520. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Ce jeune homme, abandonné, nécessiteux, ardent, dont la plume acquit par la suite un renom d’impureté ; qui, selon son propre témoignage, possédait assez bien son Pétrone, et des petits madrigaux infâmes de Catulle pouvait réciter les trois quarts sans honte ; ce jeune homme échappa à la corruption du vice, et, dans l’âge le plus furieux, parvint à sauver les trésors de ses sens et les illusions de son cœur. […] Ses goûts, ses mœurs, la tournure secrète de ses idées et de ses désirs ; ce qu’il était dans la maturité de l’âge et de la pensée ; sa sensibilité intarissable au sein des plus arides occupations et sous les paquets d’épreuves de l’Encyclopédie ; ses affectueux retours vers les temps d’autrefois, son amour de la ville natale, de la maison paternelle et des vordes sauvages où s’ébattait son enfance ; son vœu de retraite solitaire, de campagne avec peu d’amis, d’oisiveté entremêlée d’émotions et de lectures ; et puis, au milieu de cette société charmante, à laquelle il se laisse aller tout en la jugeant, les figures sans nombre, gracieuses ou grimaçantes, les épisodes tendres ou bouffons qui ressortent et se croisent dans ses récits ; madame d’Épinay, les boucles de cheveux pendantes, un cordon bleu au front, langoureuse en face de Grimm ; madame d’Aine en camisole, aux prises avec M. 

1521. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

En allant aux informations, on sut qu’à l’âge de neuf ans elle avait été recueillie par son oncle, pasteur fort savant, qui se promenait d’ordinaire, après son dîner, dans un couloir attenant à la cuisine et répétait alors ses morceaux favoris d’hébreu rabbinique et de grec. […] Il guérit par degrés. » Un autre malade, qui était venu à Édimbourg depuis dix à douze ans, ne se rappelait plus rien de cette portion de sa vie ; au contraire, la portion antérieure qu’il avait passée dans un autre pays lui était très présente. — Dernièrement, on a vu en Russie un célèbre astronome oublier tour à tour les événements de la veille, puis ceux de l’année, puis ceux des dernières années, et ainsi de suite, la lacune gagnant toujours, tant qu’enfin il ne lui resta plus que le souvenir des événements de son enfance ; on le croyait perdu ; mais, par un arrêt soudain et un retour imprévu, la lacune se combla en sens inverse, les événements de la jeunesse redevenant visibles, puis ceux de l’âge mûr, puis les plus récents, puis ceux de la veille.

1522. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Il faut dire d’abord, pour expliquer l’empressement que tant de personnages, si au-dessus de moi par l’âge, le rang, la naissance, l’illustration, mettaient à me connaître, que, grâce au comte de Virieu, mon camarade des gardes du corps, et à quelques pièces de vers rapportées de Milly et récitées par mes amis dans les sociétés de Paris, je jouissais déjà d’une sorte de renommée à demi-voix dans le monde. […] Il avait eu quatre fils de son mariage ; l’aîné mourut en bas âge pendant que j’étais à Paris.

1523. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Ce furent là les derniers chantres de poëmes épiques que le monde moderne pût lire, car leurs lecteurs ou leurs auditeurs y croyaient sincèrement avec eux ; mais l’âge épique passait avec eux. […] … » « René ne fait autre chose que tracer ici (et c’est sa gloire d’avoir été le premier à le concevoir et à le remplir) l’itinéraire poétique que tous les talents de notre âge suivront ; car tous, à commencer par Chateaubriand lui-même, qui n’exécuta que plus tard ce qu’il avait supposé dans René, ils parcourront avec des variantes d’impressions le même cercle, et recommenceront le même pèlerinage : l’Italie, la Grèce, l’Orient.

1524. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Corneille est venu, et le Cid a ouvert avec éclat un long et glorieux âge, où après Racine et Voltaire, Ducis, Chénier et leurs successeurs ont brillé et brillent encore. […] Venons pourtant au principal reproche que nous adressent les partisans de la tragédie romantique, c’est que la nôtre ne représente pas l’histoire avec assez de vérité ; mais sur ce point écoutons d’abord Johnson : « Shakespeare, dit-il, n’avait aucun égard à la distinction des temps et des lieux ; il attribue sans scrupule à un âge, à un personnage, les opinions, les mœurs, les institutions d’un autre pays et d’une autre époque, aux dépens non seulement de la vraisemblance, mais de la possibilité. » À ce jugement si formel et si précis, on répondra qu’au moins, dans Shakespeare, et encore plus dans Schiller, les faits matériels sont littéralement extraits des chroniques ; que Mézerai n’est pas plus exact, qu’il ne l’est même pas toujours autant.

1525. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il a peint, non l’amour, mais cinq, dix amours, dont pas un ne ressemble à l’autre : chaque individu aime à sa façon, avec son tempérament, son esprit, toutes les modifications que l’âge, la condition, la situation peuvent imprimer à l’éternel élément de la passion. […] Mais à chaque sujet il s’efforce de garder son caractère, de faire revivre en son imagination les âges lointains, les civilisations disparues.

1526. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

D’où viennent tant de vues nouvelles sur la marche des littératures et de l’esprit humain, sur la poésie spontanée, sur les âges primitifs, si ce n’est de l’étude patiente des plus arides détails ? […] Dissiper le brouillard qui, aux yeux de l’ignorant, enveloppe le monde de la pensée comme celui de la nature, substituer aux imaginations fantastiques du rêve primitif les vues claires de l’âge scientifique, telle est la fin commune vers laquelle convergent si puissamment ces deux ordres de recherches.

1527. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Si l’on pouvait étaler en rang, depuis l’antiquité jusqu’à l’âge moderne, tous les cadavres de villes violées et éventrées par l’assaut, on y retrouverait les mêmes plaies atroces, les mêmes empreintes de férocité. […] La femme grecque fut le coryphée de cette longue file de pleureuses : on la voit, dès les plus hauts âges, chargée de gémir pour tous sur les morts, de leur parler et de les prier, de leur montrer la pince vide qu’ils laissent au foyer de ceux qui survivent.

1528. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

La dame mourut quelques jours après ; la fille grandit sans se rappeler sa mère jusqu’à l’âge mûr. […] Un homme instruit, raisonnant assez bien sa maladie, et qui en a donné une description écrite, fut pris, vers l’Age de trente-deux ans, d’un état mental particulier.

1529. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

En face du peloton, à l’ombre des arbres, les coudes sur la terre et les mains au menton, de grands voyous hors d’âge, mystérieux comme des sphinx, le regard immobile, voilé et dormant, regardaient la troupe travailler, ainsi que des voleurs étudieraient une porte à crocheter, — semblant vouloir voler la charge en douze temps pour des journées futures. […] * * * — Dans les tableaux italiens, l’écartement des yeux dans les têtes, marque l’âge de la peinture.

1530. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Sans doute, quelle que soit la métaphore, son âge ou son habitat, elle a toujours été une création personnelle ; ni les mots ni les idées ne peuvent être sérieusement considérés comme le produit naturel de cet être mythique qu’on appelle le Peuple. […] Le brochet est appelé selon l’âge : lançon et lanceron, poignard, carreau, brochet. — Le chien de mer, pikedog, en anglais, est l’aiguillat, en Provence. — Lucius se retrouve sans doute dans luts et lieu, noms donnés à un poisson appelé aussi colin.

1531. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Les étoiles ont leur âge ; les blanches et les bleues, comme Sirius, sont jeunes, en plein éclat et en pleine fusion ; les rougeâtres, Arcturus ou Antarès, sont vieilles, en train de s’éteindre, comme une forge qui du blanc passe au rouge. […] Il semblerait qu’il ait eu conscience de l’affinité qui existe entre lui et « cet âge » qu’il nous confesse avoir toujours aimé « à la folie ». — « C’est mon opinion de gâter les enfants », ajoute-t-il bien vite.

1532. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

On peut comparer son livre à une vieille Dame, respectable par sa vertu & par son grand âge, & qui avec cela se coëffe en cheveux, met des mouches, du rouge, & porte un mantelet blanc sur une robe couleur de rose. […] L’importance de ces premiers âges du Christianisme demande, dit l’Abbé Lenglet, que des Ecrivains modernes qui ont traité l’Histoire Ecclésiastique, on passe aux auteurs originaux.

1533. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Il y a surtout un ordre de variations dont il importe de tenir compte parce qu’elles se produisent régulièrement dans toutes les espèces, ce sont celles qui tiennent à l’âge. […] Les seules modifications normales par lesquelles elles passent sont celles qui se reproduisent régulièrement chez chaque individu, principalement sous l’influence de l’âge.

1534. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Qu’un écolier, pour mieux réfléchir, évoque l’image d’un ami qui l’écoute, cela est d’un âge où la raison s’essaye et se forme ; et, de même, la voix de la conscience ne se fait vraiment entendre que dans la jeunesse de l’humanité ou chez les hommes dont on dit qu’ils restent éternellement jeunes ; la parfaite maturité de la raison se passe de ces illusions. […] Il serait injuste d’en conclure qu’elle est le privilège des esprits les plus élevés : la réflexion, telle que nous venons de la définir, est plus commune qu’on ne pense : le paysan, le sauvage réfléchissent, comme le philosophe ; peut-être seulement, avec les progrès de l’âge et de la civilisation, la réflexion devient-elle plus fréquente, en même temps qu’elle s’attache à des objets plus variés.

1535. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Telles nous semblent les stances à cette jeune fille que le poète engage à jouir de son enfance et à ne pas envier un âge moins paisible.

1536. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

Lui a-t-elle semblé devoir engendrer avec les siècles un ordre de choses devant lequel pâliraient les puissances et les gloires du passé, et qui serait un âge d’or incomparable pour le genre humain ?

1537. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

En bornant l’étendue des idées, on n’a pu ramener la simplicité des premiers âges ; il en est seulement résulté que moins d’esprit a conduit à moins de délicatesse, à moins de respect pour l’estime publique, à moins de moyens de supporter la solitude.

1538. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Je prie Dieu que nul de vous ne vive son âge naturel, et que vous soyez tous fauchés par quelque accident imprévu  … » (À Glocester, plus tard Richard III).

1539. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

L’exercice intellectuel les occupait plus, ne fût-ce que parce que ces épicuriens, lorsqu’ils nous parlent, sont hors d’âge, condamnés à pécher surtout d’intention et de langue.

1540. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Ce n’est point que ce credo des âges nouveaux soit facile à rédiger.

1541. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Théodore de Banville Ce poète a un profil digne d’être gravé sur une médaille, car avant qu’il ait atteint sa trentième année, la pensée, qui visiblement habite son front large et bien construit, et la bonne déesse pauvreté, qui fut sa première nourrice, lui ont donné des traits arrêtés à un âge où on n’en a pas encore.

1542. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Encore moins connut-il l’idée nouvelle, créée par la science grecque, base de toute philosophie et que la science moderne a hautement confirmée, l’exclusion des dieux capricieux auxquels la naïve croyance des vieux âges attribuait le gouvernement de l’univers.

1543. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Mais dans une monarchie ancienne dont rien ne menaçait l’existence, où les affaires publiques étaient gouvernées par un pouvoir héréditaire, où une grande fortune donnait de longs loisirs, où des études suivies étaient le plus sûr moyen d’éviter les ennuis du désœuvrement, où la culture de l’esprit pouvait seule assurer des jouissances à l’âge mûr et à la vieillesse, les études de la marquise de Rambouillet étaient éminemment raisonnables.

1544. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Le 13 avril 1671, madame de Montausier mourut à l’âge de 64 ans.

1545. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Tout ce que le torrent des âges a emporté, se reproduit à ses yeux…… Il voit la durée comme un espace immense dont il n'occupe qu'un point, il calcule les jours, les heures, les momens ; il ramasse toutes les parties, &c.

1546. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Les Grecs avaient eu un âge héroïque, mais lointain déjà, presque immémorial, perdu dans l’horizon de la Fable.

1547. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

La seconde part de sa richesse lui est livrée avec plus ou moins d’abondance par l’éducation qui suscite en lui, par le moyen du mot, des images-notions et le met en possession des résultats acquis par l’effort des meilleurs représentants de l’espèce au cours des âges.

1548. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

La Mothe, quoique vieux athlète, ne dédaigna pas de rentrer en lice avec un ennemi de cet âge : mais il conserva ce ton d’empire, ces airs de présomption que lui passoient ses adorateurs, & qui ne lui réussirent point alors.

1549. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Nous avançons dans notre carrière, et La Fontaine avance vers la vieillesse ; car tous les livres de cette seconde partie n’ont pas été donnés à la fois : même la plupart des fables du douzième livre ne parurent que plusieurs années après les autres, et quelques-unes de ces derniers livres se ressentent de l’âge de l’auteur ; il y en a qui rentrent tout-à-fait dans la moralité des fables précédentes ; d’autres qui ont une moralité vague et indéterminée ; d’autres enfin qui n’en ont pas du tout.

1550. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

Cette Chinoise d’avant la mort, qui brûle sous le nez de son vénérable mari, d’un âge d’ancêtre, les pastilles qu’on ne brûle que sur le tombeau ; cette Chinoise idolâtre retrouve à chaque instant sur le fond des ruines de la patrie, le visage béni de son Quinet, éternellement regardé par elle, de face, de trois quarts, de profil, sur ce fond maudit, qu’il lui fait oublier !

1551. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Il n’est pas de romancier, en effet, si créateur qu’il ait été, qui jamais, à notre connaissance, ait atteint à la sombre épouvante de ces deux types, Élisabeth de Platen et Sophie-Dorothée, après leur crime, — l’une, vieillissant, désolée, jusqu’à l’âge de quatre-vingt-sept ans, aveugle et tête à tête avec ses remords dans les ténèbres de sa cécité, vomissant enfin son cœur dans une confession qu’elle autorisa son confesseur à publier, et l’autre, plus tragique encore sous l’imposture de son innocence, soutenue trente-deux ans avec la persévérance de l’enfer !

1552. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Son oncle était Abel Servien, copartageant avec Fouquet de la surintendance des finances… À l’âge où l’on est encore dans les Pages, Hugues de Lionne était dans les affaires.

1553. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

… D’ordinaire, à cet âge-là, ce sont les hommes qui mènent les femmes au lieu d’être menés par elles, mais madame de Maintenon, de deux années plus âgée que Louis XIV, fit mentir ce qui semble une loi.

1554. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Ce fils d’un placide ministre protestant qui fut le plus audacieux des marins et peut-être de toutes les âmes qui aient été créées impassibles, était faible de corps jusqu’à l’infirmité, et les portraits que nous avons de lui avec ses cheveux longs et plats, les plans de ses joues vieillies avant l’âge, et son air de simple ecclésiastique de campagne, disent à qui sait que c’est là Nelson, toute la profondeur du cratère qu’il y avait en cet homme d’apparence si peu volcanique.

1555. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Ce fils d’un placide ministre protestant, qui fut le plus audacieux des marins et peut-être de toutes les âmes qui aient été créées impassibles, était faible de corps jusqu’à l’infirmité, et les portraits que nous avons de lui, avec ses cheveux longs et plats, les plans de ses joues vieillies avant l’âge, et son air de simple ecclésiastique de campagne, disent, à qui sait que c’est là Nelson, toute la profondeur du cratère qu’il y avait en cet homme d’apparence si peu volcanique.

1556. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

tout est là… disait-il : « Dans son seul âge d’or, on y compte trente-deux générations de patriarches de dix mille ans. » Ainsi, la Chine, cette Pagode de la philosophie du xviiie  siècle, était vaincue en antiquité.

1557. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Pieux dès qu’il respira et comme il respirait, élevé par son oncle, un pauvre curé de campagne, qui lui apprit assez de latin pour entendre le bréviaire, Benoît-Joseph, dès qu’il fut en âge de choisir sa fonction parmi les hommes, sentit tressaillir en lui la vocation religieuse, qui y tressaillit longtemps, mais sans l’éclairer.

1558. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

Ajoutez à cette vue générale et dominatrice que cette reproduction du texte saint, que cette vie de Notre-Seigneur, écrite par la plume inspirée de ses apôtres, était une de ces publications les plus indiquées et les plus appelées par les récentes polémiques de notre âge.

1559. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Le geste humain est devenu plus qu’humain, et tout a pris des proportions telles qu’il y a moins loin des contes de Perrault à Shakespeare que de Shakespeare lui-même au plus petit des douze petits prophètes, et des plus épiques personnages de l’Histoire à ces géants des premiers âges du monde, auxquels, dans le nôtre, un peintre à leur taille et de leur taille doit toujours manquer !

1560. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Auguste Vacquerie 41 I Je tiens à le dire, et d’autant plus que l’auteur, en baisse depuis Les Contemplations et ses dernières œuvres poétiques, se relève ici et semble faire un de ces progrès qu’à son âge on ne fait guères plus… Je tiens encore à le dire pour l’honneur de ma sagacité, parce que les trop rares critiques qui en ont déjà parlé ont été absolument dupes du pseudonyme dont Victor Hugo s’est servi pour cacher son aveuglante personnalité.

1561. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

Les poètes poussent partout, quand ils sont vigoureux, mais aucun poète sous le tournant du soleil ne l’a mieux prouvé que Milton, et on peut l’étudier comme un véritable phénomène de végétation poétique, ce chêne de rocher que rien, rien n’a pu empêcher de devenir, à l’âge où les hommes les plus forts se cassent, le rouvre du Paradis perdu.

1562. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

Or, il se trouva qu’on n’en dit rien du tout, d’où ses réflexions et sa mise des pouces avec l’âge.

1563. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

C’est là que Poe mourut, le 7 octobre 1849, à l’âge de trente-sept ans, vaincu par le delirium tremens, ce terrible visiteur qui avait déjà hanté son cerveau une ou deux fois….

1564. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

préférences d’âge et de rang !

1565. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Alexandre, passionné pour la poésie, comme pour toutes les grandes choses, avait recueilli les tragédies d’Eschyle, de Sophocle, d’Euripide, toutes les œuvres des grands poëtes du même âge ; mais il ne leur faisait pas naître de rivaux.

1566. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Ce fut, du reste, à cette époque qu’Albert Glatigny mûri par l’âge et rasséréné par le bonheur, publia ses meilleurs poèmes, ceux grâce auxquels son nom ne périra pas ; les Flèches d’or, son plus beau recueil, sont un livre dont s’honorera toujours la poésie française. […] Et, quand une fille a son âge, Du bien qui n’est pas mal acquis, Elle peut entrer en ménage Comme la fille d’un marquis ! […] Oui, ces temps promis sont proches, Nous verrons l’âge rêvé Où l’or, crevant nos sacoches. […] Philoméla, œuvre de jeunesse, est de leur âge à eux ; ils s’y retrouvent, ils s’y reconnaissent, parce que j’étais alors ce qu’ils sont aujourd’hui ; ce sont des nouveau-nés qui se plaisent à mes bégaiements. […] Je dressai vers l’autel mon front que l’âge écrase.

1567. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Il poursuit : Il y a un âge auquel l’homme individuel voudrait s’arrêter : tu chercheras l’âge auquel tu désirerais que ton espèce se fût arrêtée ! […] Déjà, dans le Discours sur l’inégalité, en dépit des exigences de la logique, il se garde de nous offrir comme idéal la vie solitaire de l’homme orang-outang : il s’arrête à la vie pastorale, à l’« âge d’or » des poètes classiques. […] Depuis l’âge de dix ans, il n’avait lu que ce qui lui plaisait. […] Il faut, d’une part, le laisser libre autant que possible, le laisser jouir du bonheur propre à son âge. […] Émile a quinze ans ; âge dangereux.

1568. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Quelque âge que nous ayons, nous le sommes tous. […] Il plut beaucoup à la reine ; il plut encore davantage à la lectrice de la reine, Mlle de Courtin, qui était juste du même âge que lui et qui était très intelligente et très aimable. […] Dès l’âge de dix-neuf ans il organisait entre jeunes gens une Société littéraire dont il était le président et l’ornement le plus éclatant. […] Age d’or ! […] Il mourut après une maladie très douloureuse (et assez bizarre ; ramollissement des vertèbres du col et des côtes), le 13 décembre 1863, à l’âge de cinquante ans.

1569. (1890) Nouvelles questions de critique

Et si l’on ne dit pas précisément que Michel-Ange ait peint la chapelle Sixtine ou que Dante ait composé sa Divine Comédie pour transmettre aux âges futurs un document certain sur la psychologie des hommes de la Renaissance ou du Moyen âge, on incline sans doute à le croire, on le dira prochainement ; — et en attendant, Michel-Ange et Dante, on les traite, pour ne pas dire que l’on s’en sert, exactement comme si l’on le pensait. […] Entre la littérature d’un âge ou d’une race et les autres parties de la civilisation de cette race ou de cet âge, il y a donc des liaisons, tout un système de communications et d’échanges, une solidarité qui fait de chacune de ces parties ce que la science appelle une fonction de l’ensemble. […] Le choix, qui d’âge en âge ou de génération même en génération, renouvelle un vocabulaire, ne lui est pas permis. […] Pas un grand poète, en aucun temps, depuis Homère jusqu’à Hugo, dont les regards ne se soient tournés complaisamment vers le passé ; dont l’imagination n’ait aimé remonter d’âge en âge le cours lointain des jours vécus ; et de qui l’on ne puisse dire, avec le philosophe, que l’humanité s’est composée pour lui de moins de vivants que de morts. […] Ce sont ceux-là surtout qu’égare la préoccupation de plaire et, assez généralement, pour avoir trop plu à leurs contemporains, il arrive qu’ils déplaisent dans les âges suivants.

1570. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Mais, très réelle sur ses contemporains d’âge et de réputation, l’influence de Vigny a été bien plus considérable encore sur un Victor de Laprade ou sur un Charles Baudelaire, sur M.  […] Car, s’il n’y a pas de progrès en art, ou du moins s’il est certain que la poésie ne se perfectionne pas d’âge en âge, comme la machine à vapeur ou comme le télégraphe, il est cependant certain aussi que rien de grand ne s’est fait en art qui n’ait été plusieurs fois tenté, et que rien n’a réussi qui n’y ait d’abord, presque toujours, été manqué. […] La vie a déserté, d’âge en âge plus brève, Son corps plus affaibli par le luxe et le rêve ; Par sa victoire même il a péri vaincu. […] Mais il faut bien que douze ou quinze cents personnes assemblées, de toute condition, de tout sexe, et de tout âge, retrouvent au théâtre ce qui fait d’elles les parties d’une même société. […] Il nous en reste heureusement assez d’autres ; et, sans sortir de l’âge classique, depuis Ronsard jusqu’à Rousseau, nous sommes assez riches de textes qui peuvent dans une certaine mesure suppléer les latins.

1571. (1896) Le livre des masques

Au contraire, il fait dire à un protagoniste (sans doute Edison), dans un court fragment d’un ancien manuscrit de l’Ève future : « Nous en sommes à l’âge mûr de l’Humanité, voilà tout. […] Voici, tiré du rare Douzain de Sonnets, l’un d’eux : HÉLÈNE (Le laboratoire de Faust à Wittemberg) Des âges évolus j’ai remonté le fleuve Et, le cœur enivré de sublimes desseins, Déserté le Hadès et les ombrages saints, Où l’âme d’une paix ineffable s’abreuve. […] Arthur Rimbaud Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud naquit à Charleville le 20 octobre 1854, et, dès l’âge le plus tendre, il se manifesta tel que le plus insupportable voyou. […] Les vers de son extrême jeunesse sont faibles, mais dès l’âge de dix-sept ans Rimbaud avait conquis l’originalité, et son œuvre demeurera, tout au moins à titre de phénomène. […] Il y a là un malentendu, vieux sans doute des six mille ans d’âge que La Bruyère donnait à la pensée humaine ; et, ce malentendu, basé sur un raisonnement très logique et très solide, nargue du haut de son socle tous les essais de conciliation.

1572. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Racine, né avec un talent si heureux, si facile, si prématuré ; Racine, qui avait fait tous ses chefs-d’œuvre, à l’exception d’Esther et d’Athalie, à l’âge de trente-sept ans, tandis que Voltaire, à cet âge, ne comptait encore d’autre succès que celui d’Œdipe ; Racine mettait deux ans à composer une tragédie, et Voltaire se vante d’en faire une en vingt-deux jours ! […] Voltaire aurait dû remarquer que dans l’âge mûr, Le Kain était parvenu à réprimer cette fougue, à concentrer ses forces, et qu’il jouait admirablement des rôles fiers et nobles, tels que, Nicomède, Sertorius, Néron, etc., où il n’y a point de passion. […] Le marquis, de son côté, est encore amoureux, mais ce n’est plus de Mélanide ; il aime une jeune et jolie fille du même âge, à peu près, qu’avait Mélanide quand il lui fit un enfant. […] Autrefois, en les caressant, on s’occupait de leurs intérêts, on sacrifiait tout à leur établissement ; aujourd’hui, quand ils ne sont plus en âge d’être caressés, ils s’arrangent comme ils peuvent ; ils ont cessé d’être aimables en cessant d’être amusants ; et si les parents s’en occupent encore, c’est pour s’en débarrasser au meilleur marché possible. […] Ce rôle demande beaucoup de brillant dans le ton et dans les manières, l’élégance et la grâce la plus raffinée, mais non pas une extrême vivacité, parce que c’est un jeune homme dissimulé et corrompu, une âme vile, et non pas seulement un étourdi, un libertin impétueux et bouillant, emporté par la fougue de l’âge, mais qui au fond peut avoir un bon cœur et un bon caractère.

1573. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Tandis que les Travaux et les Jours rythmait le devenir de ses trois âges qui éloignaient un peu plus de l’Idéal perdu, Les Dates et les Œuvres se font l’histoire d’une évolution de la poésie qui conduit par un trajet inverse vers un nouvel « Âge d’Or » à venir. […] Mais c’est avec cette nuance charmante d’hommage que Verlaine, comme s’excusant en même temps, constata leur égalité dans l’admiration du nouvel Age poétique : Eh ! […] Quant aux dogmes de tous âges, ils sont morts, et nous voulons le dogme scientifique. […] Nous n’admettrons point davantage qu’on puisse considérer comme un mystificateur un artiste, de quelque âge qu’il soit et de quelque talent, qui vient d’accomplir cette dure besogne de passer plusieurs mois à mettre tout son effort dans un livre, puis de lui trouver un éditeur et de l’accompagner jusque devant le public. […] Fantaisie imaginative d’un magique poète pouvant tous les modes, qui commence en sorte de conte pour des touts-petits et va, d’un caprice merveilleux à susciter une vision des Ages remontée à la harde préhistorique, pour en laisser émaner une haute leçon philosophique et sociale !

1574. (1903) Propos de théâtre. Première série

C’est de son âge. […] Ajoutez qu’en français le mot mégère représente toujours à nos imaginations une vieille femme, ou au moins une femme d’un âge respectable. […] Il n’en est pas moins vrai que mégère, pour nous, figure toujours une femme d’un certain âge, mariée, belle-mère même, le plus souvent, et que le mariage n’a pas adoucie, mais que la pulchromaternité a exaspérée. […] L’âge d’aimer, on l’a toujours] et triste d’avoir le cœur jeune avec des cheveux blancs. » Or, l’aventure de la Du Parc est de 1658 (âge de Corneille, 52 ans) ; Sertorius est de 1662 (âge de Corneille, 56 ans) ; Pulchérie, où est le rôle de Martian, est de 1674 (âge de Corneille, 68 ans). […] De crainte d’être accusé de peindre un type disparu, Molière lui a donné un âge assez avancé et en a fait la sœur de Chrysale.

1575. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Il est du même âge que moi, sur le triste seuil de la vieillesse. […] Vois ce vieux chêne isolé, là, devant nous : il est beau comme un roi des anciens âges… MAÎTRE PHANTASM. […] De plus en plus, la foi aux rêveries nébuleuses qui assiégèrent l’âge ingrat de l’espèce se dissipe. […] Je vois un dos voûté, une face parcheminée, des prunelles ternes que couvre la buée de l’âge… Tu me sembles avoir cinq cents ans. […] Les six enfants, en bas âge, ont bon appétit, et ne gagnent rien.

1576. (1940) Quatre études pp. -154

Les milliers d’années remontaient le cours des âges et s’éloignaient comme des ouragans. — son cou je pleurais sur ma vie nouvelle des larmes de ravissement. […] Suivant ce dernier, la poésie française est arrivée au dernier degré d’imbécillité sénile : Sa constitution, comme vous le savez bien, était dans ses meilleurs jours sans moelle et sans nerfs, sa jeunesse sans espoir, et son âge viril sans dignité21. Il est vrai que quelques-uns de ces juges sévères n’étaient pas capables, de par les dates même de l’âge où ils ont vécu, de se rendre un compte exact de l’ensemble de notre poésie romantique. […] « Aucun âge n’a été moins lyrique, a écrit Carducci, que les cinquante ou soixante premières années du dix-huitième siècle ; âge abondant en recherches audacieuses, en pensées effrontées, en découvertes décisives, et où l’on trouve sur son chemin tout le bien et tout le mal — mais non point de poésie ; âge qui manque tout particulièrement de poésie en vers32. » Écoutons un des penseurs qui, installés en Hollande à la fin du dix-septième siècle, au point de croisement des routes européennes, ont alors dirigé leurs contemporains vers les temps nouveaux ; écoutons Jean Le Clerc, le journaliste international, le savant, le philosophe, l’historien. […] Par un mouvement inverse de celui qui entraînait ses amis, ses frères, et qui les poussait vers un avenir de bonheur que le progrès se chargerait de réaliser à coup sûr, Vico descend jusqu’au fond des âges, et il y découvre la poésie.

1577. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

À la tête de ce mouvement se faisait remarquer le jeune roi qui bâtissait Versailles ; du parti de la résistance était la duchesse de Noailles, vieille et dévote, et bel esprit à la Noailles, d’une grâce exquise et d’une suprême insolence, qui ameutait contre ce beau monde royal, d’où son âge l’exilait, toutes les prévoyances opposées à la jeunesse du roi. […] Allez donc jouer pareille comédie en présence de vieux généraux blanchis sous le harnais, courbés par l’âge, ou par le rhumatisme, en présence de ces pauvres femmes nerveuses, toujours prêtes à s’évanouir au moindre choc ! […] Sganarelle veut se marier, mais d’abord, dit Géronimo, — Quel âge pouvez-vous bien avoir maintenant ? C’est là, en ces sortes d’affaires, une question bien simple et bien naturelle, et pourtant, Sganarelle ne s’est même pas demandé quel âge il a ! […] Et puis, j’ai l’œil vif, la poitrine forte, le jarret nerveux… À quoi Géronimo répond, de son côté, « que le mariage est en soi une folie, à laquelle il faut que les jeunes gens pensent bien mûrement avant de la faire ; mais les gens de votre âge n’y doivent point penser du tout ».

1578. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Je lui demande quel âge à son fils, et je calcule à part moi à quelle époque ce fils paraîtra dans le monde et fera l’opinion. […] Vous m’accordez que les journaux libéraux mènent la jeunesse, que le Journal des Débats, tout en jugeant Shakspeare et Schiller sans les avoir lus, égare l’âge mûr qui, comme la jeunesse, n’aime point à lire des chefs-d’œuvre nouveaux qui donneraient la fatigue de penser, mais veut aussi des phrases toutes faites. […] Au lieu de vouloir juger d’après des principes littéraires et défendre les saines doctrines 39, que nos jeunes gens ne se contentent-ils du plus beau privilège de leur âge, avoir des sentiments ? […] Mais peut-être alors n’applaudirait-on pas des vers tels que L’âge de ses aïeux touche au berceau du monde.

1579. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

. — Elle était beaucoup plus aveugle que les autres ; car non seulement elle était née avec deux cataractes, mais, à l’âge de six mois, un chirurgien maladroit lui avait détruit l’œil droit et bouché la pupille de l’œil gauche. […] Il jouait même aux cartes et gagnait beaucoup, surtout quand c’était à lui à faire, parce qu’il reconnaissait au toucher celle qu’il donnait à chaque joueur62. » Aldovrand dit qu’un certain Jean Ganibasius, de Vol-terre, bon sculpteur, étant devenu aveugle à l’âge de vingt ans, s’avisa, après un repos de dix ans, d’essayer ce qu’il pourrait faire encore dans son métier. […] Un fait à l’appui est ce cas d’un jeune garçon qui n’avait aucun défaut de la vue, mais dont l’intelligence était faible, et qui, à l’âge de sept ans, était incapable d’estimer la distance des objets, surtout dans le sens de la hauteur : il tendait fréquemment la main vers un clou du plafond ou vers la lune. […] Je puis citer moi-même un jeune homme devenu sourd vers l’âge de quatre ans et qui, doué d’une très bonne vue, voit une conversation à distance, ce qui est assez incommode pour les personnes qui chuchotent secrètement dans un coin, à l’autre angle du salon.

1580. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Le second s’ouvre avec Perrault, qui rallume la guerre en lisant à l’Académie française son poème du Siècle de Louis le Grand, composé tout à la glorification de l’âge présent et au détriment de l’Antiquité (1687).

1581. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Je l’aurais aimée comme une mère, et à vous en rendre jaloux, si mon âge ne m’avait pas permis de l’aimer comme une sœur.

1582. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

« Que de chemin depuis le jour où, répondant à un ami qui l’aiguillonnait au début et qui lui disait en vers : N’as-tu pas l’âge de la gloire ? 

1583. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

La comparaison jusqu’ici est fort belle, mais elle n’est juste encore que si l’on suppose la critique, dans toute sa profondeur et sa continuité, s’appliquant aux grands monuments des âges anciens.

1584. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

« Je pose des principes, disait-il, qui n’auront pas moins de durée que notre langue et notre empire. » Il fermait l’âge des révolutions et des coups d’Etat en fait de langage : il retirait aux individus, pour les remettre à la communauté des esprits, la lente élaboration, le renouvellement incessant de la langue.

1585. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Tout de même ai-je redouté que, dépourvu cette fois de l’autorité triple de l’âge, du torse et du talent, le joueur de parallèle ne parût d’une impertinence un peu vive, et, m’humiliant, j’ai reconnu qu’il fallait, pour risquer de si joyeux paradoxes, une réputation plus avérée de robuste bon sens.

1586. (1890) L’avenir de la science « VI »

C’était alors l’âge héroïque de la science, quand tel philologue comptait parmi ses Anecdota Homère, tel autre Tite-Live, tel autre Platon.

1587. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Le brahmanisme, qui remonte jusqu’aux âges les plus anciens de l’humanité, n’a jamais péri, et il est encore debout en face de la civilisation chrétienne.

1588. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Renou Jésus-Christ à l’âge de douze ans conversant avec les docteurs de la loi. tableau de 9 pieds de haut sur 6 pieds 6 pouces de large.

1589. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Les autres l’ont fait avec urbanité et convenance, sympathisant douloureusement, mais sympathisant avec nos idées, ne voulant pas — comme l’a dit un des esprits les plus éloquents de notre âge — être « les propagateurs du vice dont ils sont le produit ».

1590. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

En 1833, Carrel avait trente-trois ans, l’âge de la force juvénile sur laquelle la réflexion doit commencer de jeter ces ombres qui sont une lumière.

1591. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Quand elle se prit de goût et d’intelligence pour M. de Meilhan, il avait, lui, quarante-six ans, l’âge où l’homme resté le plus beau parle moins à l’imagination qu’à la pensée, et elle en avait soixante-huit, mais soixante-huit si sereins et si fermes, que la dépravation de tête, le néant de tout et l’ennui, l’horrible ennui d’une créature qui vit sans Dieu, dans le cachot de la cécité, ne firent pas d’elle une Madame Du Deffand, amoureuse d’un autre Horace Walpole !

1592. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Doublet, quel que soit son âge d’ailleurs, est un franc jeune homme en philosophie.

1593. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Swedenborg rase de bien près les esprits frappeurs de notre âge imbécile.

1594. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Ce médecin, de par le spiritualisme, ne tue pas le corps au profit de l’âme, ce que font très bien les ascètes et les grands mortifiés religieux, mais il guérit le corps par la vertu médicinale de l’âme et l’empêche de mourir, — quoiqu’il soit très bien mort, lui, à la fleur de son âge, ou en plein fruit, si vous aimez mieux, et très inconséquemment aux préceptes du catéchisme de santé dont il vient de doter l’Allemagne !

1595. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Ce qui m’étonne dans cette vie d’hier, qui probablement sera une légende demain, ce n’est pas ce qui se trouve dans la vie des autres Saints de tous les âges et qui leur est commun à tous : les vertus, les grandeurs, les miracles, les communications directes avec Dieu, les adorations des foules prosternées ; mais c’est ce qui est particulier au Saint que fut le Curé d’Ars.

1596. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

J’avais envie d’épargner cette critique au grand âge de Guizot ; mais, lui, nous a-t-il épargné d’écrire un livre que nous ne lui demandions pas ?

1597. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

A l’âge où Byron écrivait ses Heures de Loisir, si justement sifflées par la Revue d’Edimbourg, Alfred de Musset débutait par les Contes d’Espagne et d’Italie, d’une couleur inconnue et immortelle, qui étonna le Romantisme, lequel pourtant ne s’étonnait de rien !

1598. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

n’écris pas pour un homme, mais pour les hommes : attache ta réputation aux intérêts éternels du genre humain : alors la postérité reconnaissante démêlera tes écrits dans les bibliothèques ; alors ton buste sera honoré et peut-être baigné de larmes chez des peuples qui ne t’auront jamais vu, et ton génie, toujours utile, selon la belle expression d’un de nos poètes, sera contemporain de tous les âges, et citoyen de tous les lieux.

1599. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Il ne cherchait point à éblouir les hommes pour les subjuguer ; il n’abusait point pour se faire craindre : d’ailleurs, il n’était plus dans l’âge où les passions inquiètes et ardentes veulent occuper fortement les âmes.

1600. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

L’âge de l’enthousiasme et de l’imagination est-il passé pour les peuples, ou même épuisé pour l’homme ?

1601. (1922) Gustave Flaubert

Ce fut Maxime Du Camp, du même âge que lui, entré riche et libre dans la vie, avec l’amour des lettres et le loisir de s’y consacrer. […] Louise a le même âge qu’Élisa Schlesinger, onze ans de plus que Flaubert. […] Il aurait une robe de chambre, un béret basque, des pantoufles de velours bleu. » Il a les idées « de son âge ». […] Je me vois à différents âges de l’histoire, très nettement, exerçant des métiers différents et dans des fortunes multiples. […] En 1871, il atteint ses cinquante ans, il est vieilli avant l’âge par l’usure nerveuse, la claustration, la mauvaise hygiène, le calvados.

1602. (1886) Le roman russe pp. -351

On peut diviser la littérature russe en quatre âges bien distincts. […] En 1817, il arrive du Lycée, déjà célèbre, enfant sublime, lui aussi : il a juste l’âge du siècle. […] Biélinsky déclara aussitôt que l’âge de la poésie lyrique était passé sans retour, et que le règne du roman commençait. […] Tout, dans ce milieu, lui parlait d’un âge fabuleux à son déclin, d’une poésie primitive encore vivante dans les mœurs. […] À l’âge où d’autres commencent leur tâche, il terminait la sienne ; la rapide usure de l’homme russe avait triomphé de lui.

1603. (1881) Le naturalisme au théatre

Nous sommes à un âge de méthode, de science expérimentale, nous avons avant tout le besoin de l’analyse exacte. […] Ils commencent par reculer au fond des âges le sujet qu’ils ont choisi. […] Notre âge vibrait en elle avec une intensité merveilleuse. […] Maintenant, je ne pense pas que personne ose nier l’évolution naturaliste de notre âge. […] La grosse affaire, celle justement qui demande du talent, un talent très fort de déduction et de vie originale, c’est l’évocation des années mortes, la résurrection de tout un âge, grâce aux documents.

1604. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Et en effet c’est l’âge d’or de cette critique. […] Et c’est alors aussi que la génération classique, l’âge classique, entre dans sa phase de critique ; qu’après avoir produit et vécu il devient objet d’imitation et de commentaire. […] Cette simplicité de mœurs semble ramener l’âge d’or. […] Je ne sais si les âges critiques et les âges organiques se succèdent comme le voulaient les saint-simoniens. […] Mais savoir construire, savoir instruire, voilà l’autre opération de la critique, celle que seule la grande « institution » de l’âge classique pouvait nous enseigner.

1605. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Tu as toujours eu un fond d’avarice que l’âge augmente encore. […] Dès la cinquantaine, elle ne marqua plus aucun âge ; — et toujours silencieuse, la taille droite et les gestes mesurés, semblait une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique. […] Ils étaient blonds, et extraordinaires de longueur à son âge. […] Avec l’âge, il était devenu communicatif ! […] lui dit lord Sidney avec un étonnement profond, exerceriez-vous à votre âge une industrie plus extraordinaire que les professions excentriques de ces messieurs ?

1606. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Plus loin, avant que l’âge soit encore venu, on fait un retour sur les îles d’or de l’enfance, paradis jadis vécu ; on redevient le tout petit des premiers gestes, des premiers bégaiements et des grands yeux aux histoires contées. […] Hugues Le Roux a été sensitif de bonne heure, et ce n’est pas sans charme que tous racontent par sa plume leurs impressions, depuis les plus enfantines jusqu’à celles de leur âge présent. […] Ce qui prouve une fois de plus que Voltaire avait bien raison de dire en de jolis vers qu’il faut avoir l’esprit de son âge ; j’ajouterai en prose inférieure, que ceux qui, malgré les années, ont conservé l’esprit jeune, feront bien de se méfier et de ne pas toujours croire à leur corps l’âge de leur esprit, XLIV. […] Quand on a repoussé les dogmes de la théologie morale, comme nous l’avons fait presque tous en cet âge de science et de liberté intellectuelle, il ne reste plus aucun moyen de savoir pourquoi on est sur ce monde et ce qu’on y est venu faire. […] Qui me rendra les lassitudes, les soupirs et les pleurées de cet âge ?

1607. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Il fut souvent accusé de mettre ses éloges à l’enchère et ses critiques au rabais ; mais rien ne repoussa mieux les soupçons de vénalité qu’on a voulu faire peser sur sa vie que la situation de ses affaires, lorsqu’il fut atteint par la maladie à laquelle il succomba le 18 février 1814, à l’âge de soixante-onze ans : l’héritage qu’il laissa à sa veuve fut si modique, qu’elle eut recours à la générosité des propriétaires du Journal de l’Empire. […] « J’étais révolté, à l’âge de quinze ans, de voir Cinna persister avec Maxime dans son crime, et joindre la plus lâche fourberie à la plus horrible ingratitude. » À quinze ans, il était possible que Voltaire n’eût pas une grande connaissance du cœur humain, et ne sût pas bien précisément quand les remords doivent venir. […] Pierre Messier, dit Bellerose, n’était pas jeune quand il joua le Menteur ; car il quitta le théâtre l’année suivante en 1643 : il est vrai qu’on peut présumer qu’il était encore dans la vigueur de l’âge lorsqu’il se retira, puisqu’il vécut vingt-sept ans après sa retraite, et ne mourut qu’en 1670.

1608. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Elle s’éteignit enfin, dans les premiers mois de l’an VIII, victime peut-être de ses désillusions autant que de la phtisie, et laissant deux enfants en bas âge, une fille et un garçon. […] Ce n’est pas, en effet, la moindre raison de la juste popularité de Lamennais qu’au contraire de la plupart des hommes, son cœur, bien loin de s’endurcir et de se rétrécir, se soit élargi plutôt et comme attendri par le progrès de l’âge. […] De la discussion de l’âge d’un texte ou de la valeur d’une particule, M.  […] Ou bien, nous pouvons nous représenter la transformation des institutions et des mœurs comme étant l’œuvre originale de la liberté de l’homme, et cette liberté, guidée par la raison, comme tendant, d’âge en âge, vers une conscience plus haute et plus claire d’elle-même. […] Et, pour preuve, combien serions-nous de Français qui prendrions intérêt à l’histoire de la Révolution, ou d’Allemands à celle de la Réforme, si nous ne sentions pas bien que, de siècle en siècle et d’âge en âge, puisqu’il en sort des effets nouveaux, il faut aussi, de nécessité, que les idées que l’on s’en formait se modifient et se renouvellent ?

1609. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

On a fondé des revues populaires ; il existe des recueils pour tous les âges, pour tous les sexes, pour toutes les professions. […] La force de Flaubert a été d’avoir, comme Rousseau, peu écrit avant l’âge mûr, d’avoir énormément lu et lu justement ce que ses contemporains ne lisaient pas. […] Edmond de Goncourt a pris lui-même la peine de revendiquer cette gloire dans une préface dont on pardonne l’immodestie à l’âge et au talent de l’auteur. […] Sensibilité, imagination, rêverie, non seulement rien n’avait changé en lui, mais il eut le tourment ironique de sentir son âme rajeunir sous le poids de l’âge. […] Pour montrer l’action du roman d’amour sur les mesures d’une époque, il serait donc peut-être utile de préciser les différentes façons dont la littérature a envisagé l’amour, si l’amour avait véritablement varié ses peintures et modifié d’âge en âge son expression littéraire.

1610. (1923) Au service de la déesse

Elle a eu le sort aventureux qu’ont les doctrines et les dogmes : elle s’est, d’âge en âge, altérée ; elle a survécu à la plupart de ses vives significations ; et elle a disparu dans un oubli silencieux. […] Il écrit : « Le poète Rustique peut bien, à son âge, prendre quelques libertés avec ce qu’on est convenu d’appeler la civilité puérile et honnête. […] Ils nous donnaient à aimer de bons sauvages doux et obligeants, que la civilisation n’avait pas contaminés et qui gardaient les ravissantes vertus de l’âge d’or. […] Il écrit, parlant de ses camarades, parlant de lui et des hommes de son âge : « Une patrie a fléchi entre leurs bras. […] Entre l’objet et l’idée que voilà désignée et le mot qui les désigne, la réunion s’est faite au cours des âges.

1611. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Ce défaut de vie & de coloris viendroit-il de l’âge auquel il a composé cette histoire ? […] Il vint à Paris à l’âge de dix ou douze ans, & s’y fit bientôt connoître par le goût avec lequel il jouoit du violon. […] Après les quatre plus beaux siècles du monde, après ces âges heureux, il seroit imprudent de parler du nôtre. […] On étoit communément sur les bancs à l’âge où l’on occupe aujourd’hui les premières places de l’état(*). […] Sur l’âge du retour, la dévotion est une ressource pour bien des femmes, comme le bel esprit pour quelques autres : mais la duchesse conservoit son inquiétude naturelle, & son penchant à la cabale.

1612. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

III Le comte Ivan Tourgueneff touche à cet âge où l’homme précoce sort de la première jeunesse pour s’approcher de la maturité. […] Elle n’est pas arrivée encore à l’âge fait, où les noms d’hommes servent à signifier les nations. […] Je suis bien vieux pour commencer une telle carrière, et je ne sais pas même si à mon âge on voudrait m’y admettre. […] Et quel âge a-t-elle ? […] — À votre âge !

1613. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Ce que j’entends par là, ce n’est pas être dégoûté comme un malade, mais juger bien de tout ce qui se présente, par je ne sais quel sentiment qui va plus vite, et quelquefois plus droit que les réflexions. » « Il faut, si l’on m’en croit, aller partout où mène le génie, sans autre division ni distinction que celle du bon sens. » « Celui qui croit que le personnage qu’il joue lui sied mal ne le saurait bien jouer, et qui se défie d’avoir de la grâce ne l’a jamais bonne. » « Pour bien faire une chose, il ne suffit pas de la savoir, il faut s’y plaire, et ne s’en pas ennuyer. » « Ce qui languit ne réjouit pas, et quand on n’est touché de rien, quoiqu’on ne soit pas mort, on fait toujours semblant de l’être. » « La plupart des gens avancés en âge aiment bien à dire qu’ils ne sont plus bons à rien, pour insinuer que leur jeunesse étoit quelque chose de rare. » Cet honnête homme que le chevalier veut former, et qui est comme un idéal qui le fuit (car l’ordre de société que ce soin suppose se dérobait dès lors à chaque instant), lui fournit pourtant une inépuisable matière à des observations nobles, délices, neuves, parfois singulières et philosophiques aussi. […] C’étoit un homme avancé en âge, fort timide et d’une foible constitution ; mais il aimoit à se faire craindre, et parce qu’il avoit cru que ces dogues m’avoient épouvanté, il me dit qu’il seroit bien dangereux de se promener la nuit autour de chez lui ; et me faisant entrer dans une salle, il me demanda ce que je cherchois : Je suis, lui dis-je, un homme de lettres qui me mêle d’instruire les jeunes gens. — Vous êtes propre et leste, reprit-il ; mais n’avez-vous ni bonnet ni chemise, et marchez-vous comme cela sans hardes ?  […] Cela l’obligea de me laisser jusqu’à l’âge de vingt-deux ans au collège, et lorsque j’en fus sorti, je connus par expérience qu’excepté le latin que j’étois bien aise de savoir, tout ce qu’on m’avoit appris m’étoit non-seulement inutile, mais encore nuisible, à cause que je m’étois accoutumé à parler dans les disputes sans entendre ni ce qu’on me disoit, ni ce que je répondois, comme c’est l’ordinaire.

1614. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Quant à nous, que l’âge, la retraite, la distance, l’isolement des partis rendent, non indifférent, mais impartial, prenons hardiment cet homme supérieur à deux siècles pour type de la littérature diplomatique ; feuilletons à la fois sa vie et ses pensées sur les intérêts permanents de la France sous tous ces gouvernements transitoires. […] Évêque d’Autun, débris de ville romaine caché dans les forêts de la Bourgogne, le jeune prélat dédaignait son siège épiscopal, répugnait à l’autel, et vivait à Paris au sein de la dissipation et des plaisirs, dans lesquels la plupart des ecclésiastiques de son âge et de son rang consumaient les immenses dotations de leurs églises. […] À l’âge de quatre-vingts ans, rassasié de fortune, de dignité, de renommée, ce n’était certes pas une ambition vulgaire qui pouvait le porter à sortir de son repos pour exposer sa personne et son nom aux outrages des partis bonapartistes, des partis royalistes, des partis républicains et des partis perturbateurs du monde, en défendant contre eux tous la paix, contre laquelle tous alors semblaient conspirer.

1615. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Ces habitants d’un infini qui ne saurait se déplacer ont souvent le tort de ne pas comprendre que l’humanité, dans sa vie active et pensive hors de l’art, s’efforce de rejeter une à une ses douloureuses contingences, — de ne pas comprendre qu’en s’élevant d’âge en âge vers plus de bonheur, c’est-à-dire vers plus de vérité, l’humanité s’élève aussi vers plus de beauté et tend les bras aux poètes. […] Les religions « révélées », paisiblement fondées sur leur divine certitude, s’assoupissent au cours des âges ou se dépravent sous l’action des vices humains.

1616. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Le hasard m’a mis entre les mains, à l’âge où les contes de fées nous amusent, une édition complète de Gulliver, animée par un crayon spirituel. […] Homère était plus grand et de meilleure mine qu’Aristote ; il se tenait très droit pour son âge, et ses yeux étaient les plus vifs et les plus perçants que j’eusse jamais vus. […] C’était une difficulté de poids ; mais le frère à distinctions, que nous nommerons plus tard, maintenant qu’il avait mis la main à l’ouvrage, prouva par un argument péremptoire-que K était une lettre récente, illégitime, inconnue aux âges savants et ignorée dans les anciens manuscrits.

1617. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Un âge nouveau s’ouvrit, ou plutôt de nouvelles âmes arrivèrent au chemin de l’évolution artistique. […] Le promoteur véritable de la littérature moderne, le seul père intellectuel de nos âges, est le philosophe René Descartes, jamais un homme n’a exercé sur son temps une influence aussi vive que l’a fait sur les pensées et les mœurs du XVIIe siècle cet écrivain peu bruyant. […] Par la suite des âges, un pouvoir pareil de signification émotionnelle s’attacha aux syllabes des mots : c’est un progrès tout comparable à celui de la musique pure, qui, d’abord, fut la mélodie, valant par les seuls rythmes et mouvements, et qui fut enfin l’harmonie, où chaque note (accord) acquit une force spéciale et propre d’émotion.

1618. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Si Mozart, au lieu de jouer du clavecin dès l’âge de trois ans, après très peu de temps d’exercice, eût joué une mélodie sans aucune étude préalable, on aurait pu assurer en toute vérité qu’il le faisait instinctivement. […] Il est généralement admis aujourd’hui que la cause immédiate et finale de l’instinct particulier de la femelle du Coucou, c’est qu’elle ne pond pas ses œufs quotidiennement, mais à intervalles de deux ou trois jours ; de sorte que, si elle construisait elle-même son nid pour couver ses propres œufs, il faudrait qu’elle laissât les premiers pondus quelque temps sans être couvés, sinon il se trouverait des œufs et des oisillons de différents âges et l’éclosion de la couvée entière la retiendraient trop longtemps, inconvénient d’autant plus grave pour elle qu’elle réunit ensemble dans le même nid. […] Si l’oiseau adulte a tiré quelque avantage de cette circonstance, ou si les jeunes oisillons abandonnés sont devenus plus vigoureux en profitant ainsi des méprises de l’instinct chez une mère adoptive, qu’en demeurant aux soins de leur propre mère, gênée, comme elle ne pouvait guère manquer de l’être, entre ses œufs et ses oisillons de différents âges qu’il lui fallait à la fois couver et nourrir, et de plus, pressée qu’elle était d’émigrer à une époque hâtive et bien avant la saison froide, on conçoit qu’un fait d’abord accidentel ait pu devenir peu à peu une habitude avantageuse à l’espèce.

1619. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Sans doute, dans la forme de leur réalisation pratique, ces conventions varient d’âge en âge ; peu importe, pourvu que les formes nouvelles soient simples et d’effet rapide. […] — Et les principes directeurs offrent une probabilité du même genre : le christianisme, qui fut un élément essentiel du moyen Âge, semble étranger au principe de la Renaissance et à celui de la Révolution ; en théorie, oui ; dans la pratique, il a gardé une importance considérable, non seulement en ce qu’il a d’éternellement vrai, mais aussi en ce que ses dogmes ont de suranné et d’inhumain : l’Église romaine commande encore à des millions de consciences ; la notion chrétienne du Mal trouble encore notre morale et même notre droit pénal ; bien plus : l’intolérance haineuse des « libres penseurs » est elle-même une action du christianisme qui entrave ainsi l’évolution de cette humanité qu’il avait jadis délivrée.

1620. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Charles Magnin, mort le 8 octobre 1862, à l’âge de soixante-neuf ans, naquit à Paris le 4 novembre 1793, à quelques pas de la bibliothèque de l’Arsenal, où son père avait un emploi, et où son grand-père maternel, M.  […] Vitet en tête) inauguraient une théorie des arts, une esthétique, comme on disait déjà, chaleureuse, éloquente, compréhensive, curieuse des monuments et de toutes les manifestations de la beauté ou de la vie dans tous les ordres et dans tous les âges.

1621. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Il établit volontiers ses comparaisons d’un ordre à l’autre : « On peut comparer, se dit-il, les âges instruits et savants, qui éclairent ceux qui viennent après, à la queue étincelante des comètes. » Il se promettait encore de « comparer les premiers hommes civilisés, qui vont civiliser leurs frères sauvages, aux éléphants privés qu’on envoie apprivoiser les farouches ; et par quels moyens ces derniers. » — Hasard charmant ! […] Parmi les physiologistes, il en est un qui, par le brillant de son génie et la rapidité de son destin, fut comme l’André Chénier de la science ; et, dans la liste des jeunes illustres diversement ravis avant l’âge, je dis volontiers : Vauvenargues, Barnave, André, Hoche et Bichat.

1622. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Cette génération dont l’âge actuel est environ quarante ans, et dont la presque totalité lutta, sous la Restauration, contre l’ancien régime politique et religieux, occupe aujourd’hui les affaires, les Chambres, les Académies, les sommités du pouvoir ou de la science. […] Cousin lui-même, bien que plus rapproché du journal par son âge et par ses amis, s’en séparait crûment dans la conversation ; il ne répondait pas de ses disciples, il censurait leur marche, et savait marquer plus d’un défaut avec quelque trait de cette verve incomparable qu’on lui pardonne toujours, et que le Globe ne lui paya jamais qu’en respects.

1623. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

L’âge des cloches prend des siècles, du temps sans fin, à moins d’un malheur ou d’une révolution. […] Je les entends rire et toujours rire ; cet âge est une joie permanente.

1624. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Une petite cousine de son âge, qui mourut jeune, lui inspira peut-être plus d’amitié. […] Aux yeux de tous, et par leurs allures, leurs habitudes, leurs propos, ce sont deux bourgeois qui devraient être ailleurs : ni Voiture, ni Sarrazin, ni Saint-Amant, aucun des poètes de l’âge précédent, n’eût paru aussi dépaysé, et leur présence eût semblé naturelle dans la foule des gentilshommes qui suivaient le roi.

1625. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Elle écrit alors le Compagnon du tour de France (1840), Consuelo (1842), le Meunier d’Angibault (1845), le Péché de Monsieur Antoine (1847) ; elle crée un roman social et humanitaire, où elle expose son rêve d’un âge d’or, entrevu dans l’avenir, établi par l’égalité et la fraternité, et par la fusion des classes. […] On inculque ce beau principe aux individus dès le bas âge ; ils apprennent que le talent mène à tout : ils ont le talent ; ils apprennent que la supériorité sociale suit la supériorité intellectuelle : ils sont des esprits supérieurs.

1626. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Il était conseiller au parlement de Bordeaux à l’âge de 21 ans ; plus tard, gentilhomme de la chambre du roi Charles IX ; du reste, n’ayant pas connu l’ambition, dont sa fortune le dispensait ou, s’il en sentit un moment les atteintes dans sa jeunesse, s’en étant bientôt défait, « avec le conseil de ses bons amis du temps passé », y dit-il, et parce que l’ambition n’est convenable « qu’à celui à qui lafortune refuse de quoi planter son pied146. » Mais s’il n’en connut pas le principal mobile, il en put du moins considérer les objets d’assez près pour en porter des jugements purs d’illusions et de préventions. […] Le goût est un fruit de l’âge mûr des nations, alors que l’imagination et la sensibilité, après avoir été maîtresses, se subordonnent, sans abdiquer, à l’empire de la raison.

1627. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

  3° J. van Santen Kolff : Considérations historiques et esthétiques sur le Motif de Réminiscence 4° Souvenirs sur Tichatscheku (mort le 18 janvier 1886 à Dresde, à l’âge de 79 ans) Il fut l’ami intime de Wagner, le dernier « chanteur d’opéra » et le premier « chanteur-artiste » du Maître. […] Tichatschek étant resté toute sa vie attaché à la scène de Dresde, il n’a pu créer d’opéras de Wagner que Rienzi et Tannhaeuser, mais jusque dans l’âge avancé il est resté le grand artiste et l’admirateur de Wagner qui en 1867 écrivait : « Si de notre temps la nature a pu produire la merveille d’une belle voix mâle, c’est celle du ténor Tichatschek qui depuis quarante ans est toujours également restée forte et bien timbrée.

1628. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Puis, sous une réflexion soudaine, le beau rêve est changé : ces âges délicieux, oui, ils sont lointains, désormais finis. […] Ces deux artistes admirables, et maints autres, le mièvre Dussek et le noble Emmanuel Bach, et le souriant professeur Clementi, ces poètes maniérés et sincères, dont les œuvres aujourd’hui nous reposent de nos démocratiques bruyances, ils disent les émotions de leur âge, dans la langue que leur avaient faite les temps.

1629. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Et comme les émotions étaient, au dix-huitième siècle, adorablement simples et fines, une musique d’opéra fut dressée, simple, exclusivement mélodique, mais adorable de fine grâce et d’achevée clarté : par Monsigny, Philidor, Duni, qui traduisirent — ainsi qu’avaient fait Haydn et Mozart pour l’Allemagne — les ingénues tendresses de leur âge et de leur société ; mais par Grétry, surtout, le très parfait. Qu’on lise tels airs de Richard cœur de Lion, « Je crains de lui parler la nuit … » « La danse n’est pas ce que j’aime … » les notes y ont la précision merveilleuse de mots ; et puis c’est un âge délicat et léger qui s’épand, tandis que sont inquiètement dandinées les phrases douces.

1630. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Un jeune homme ouvre le guichet, me demande le nom, l’âge… couvre d’écritures, pendant un quart d’heure, une dizaine de feuilles de papier, qui ont en tête une image religieuse. […] Mais le ferai-je maintenant à mon âge ?

1631. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Nous avons un long discours sur l’histoire, une de ces philosophies, comme l’on dit maintenant, qui importent plus aux sophistes de notre âge que la probe exactitude des faits et le mâle intérêt du récit. […] Dans ces temps de batailles italiennes qui fermèrent le Moyen Âge, « au milieu des perpétuelles révolutions qui emportaient une multitude d’États sans diètes, de villes sans lien, de citoyens sans lois, d’hommes sans patrie », — c’est-à-dire bien avant que sa douce Éminence le cardinal de La Casa fût son parrain horripilé, la Raison d’État existait, monstre encore en bas âge, mais très bien venant et déjà fort en Italie, ce pays des poisons et des tragiques aventures, et beaucoup d’écrivains berçaient dans leurs livres cet affreux poupon dont ils faisaient leur Dieu.

1632. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Et ceux-là seuls qui savent en trouver les versets triomphals devant un tombeau cher sont dignes du disparu…‌ Obéissons… et refusant de voir la perte que subit la Lorraine et qu’on mesurera quand nous aurons publié l’œuvre interrompue de Pierre de Rozières, recueillons, comme deux exhortations morales dédiées à la jeunesse, deux lettres intimes où, dans l’année qui précéda la guerre, le jeune homme, chassant les inquiétudes de son âge, trouvait et définissait sa voie.‌ […] Les lettres de Jacques de Laumont, sergent au 66e régiment d’infanterie, tué à l’ennemi, près d’Arras, le 22 septembre 1916, à l’âge de 23 ans, ne sont que d’un jeune être qui a dans le sang toute la tradition.

1633. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

Mis à la retraite le 31 août suivant à l’âge de cinquante-sept ans, exclu de tout service et de toute faveur sous la Restauration, il mourut, fidèle à ses dieux, le 24 juin 1829, à Gaillonnet, non loin de sa province natale, et voulut être enterré dans l’humble cimetière de Seraincourt. — Il ne se peut de vie militaire plus belle, plus pleine, plus simple, plus une, plus exactement enchâssée dans l’époque héroïque où son profil toujours se détachera.

1634. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

L’esprit français, tel qu’il le voit et qu’il le définit, est encore moins ce que cet esprit a été dans la suite des âges, que ce qu’il a paru à certains moments admirables, et ce à quoi il doit tendre, ce qu’il doit tâcher d’être toujours.

1635. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Nous vivons dans le climat et dans le siècle de la philosophie et de la raison ; les lumières de toutes les sciences semblent se réunir à la fois pour éclairer nos yeux et nous guider dans cet obscur labyrinthe de la vie humaine ; les plus beaux génies de tous les âges réunissent leurs leçons pour nous instruire ; d’immenses bibliothèques sont ouvertes au public ; des multitudes de collèges et d’universités nous offrent dès l’enfance l’expérience et la méditation de quatre mille ans ; l’immortalité, la gloire, la richesse et souvent les honneurs sont le prix des plus dignes dans l’art d’instruire et d’éclairer les hommes : tout concourt à perfectionner notre entendement et à prodiguer à chacun de nous tout ce qui peut former et cultiver la raison : en sommes-nous devenus meilleurs ou plus sages ?

1636. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

M. de Lamartine a publié, il y a deux ans à peu près, une brochure sur la Politique rationnelle, dans laquelle des perspectives approchantes sont assignées à l’âge futur de l’humanité, et, bien qu’il semble y apporter, pour le détail, une moins impatiente ardeur, ce n’est que dans le plus ou moins de hâte, et non dans le but, que ce noble esprit diffère d’avec M. de La Mennais.

1637. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Cependant d’autres poëtes, ses égaux d’âge ou plus jeunes, s’étaient déjà emparés de la renommée.

1638. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

Cousin de cette philosophie première, mais on sent qu’elle a des ailes. » Elle en eut en effet dès sa naissance ; dans ce premier Discours d’ouverture du 7 décembre 1815, où Reid très-amplifié apparaît comme un grand régénérateur et comme celui qui est venu mettre fin au règne de Descartes, dans ce Discours où éclatent à tout instant une parole et un souffle plus larges que la méthode même qui y est proclamée, on croit entendre encore les applaudissements qui durent saluer cette péroraison pathétique par laquelle, au lendemain des Cent-Jours et avant l’expiration de cette brûlante année, le métaphysicien ému se laissait aller à adjurer la jeunesse d’alors : « C’est à ceux de vous dont l’âge se rapproche du mien que j’ose m’adresser en ce moment ; à vous qui formerez la génération qui s’avance ; à vous l’unique soutien, la dernière espérance de notre cher et malheureux pays.

1639. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Quoiqu’il ait parcouru la plus brillante moitié de sa route, et qu’il ne doive point, selon toute apparence, se surpasser désormais, il n’a pas atteint cet âge où une critique sévère afflige en pure perte ; et, dès qu’elle peut encore lui être utile, elle reste suffisamment légitime.

1640. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Que si, de cette espèce de 93 littéraire, on consent à se transporter en idée à l’âge d’or d’avant la Révolution, oh !

1641. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

L’âge, la maturité et le triomphe aussi y aidant, j’ai tout espoir que ces tempéraments viendront d’eux-mêmes.

1642. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

Les gens de cet âge à Paris ont pris leur parti sur toutes choses, et même sur des choses d’une bien autre importance que celle de savoir si, pour faire des tragédies intéressantes en 1825, il faut suivre le système de Racine ou celui de Shakspeare.

1643. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Quand nous lisons ou que nous entendons prononcer le mot de Tuileries, nous prenons tous l’idée du même lieu, du jardin qui borde la Seine entre le Carrousel et les Champs-Élysées : mais des images s’éveillent en outre les mêmes pour tous, des dômes de verdure, de grises statues parmi les feuillages verts ou jaunissants, des enfants et des joueurs de ballon ; selon notre âge, nous voyons se dessiner un palais ou des ruines ; certains de nous aperçoivent les hôtes disparus de l’édifice détruit, les fameuses journées que l’histoire y compte ; selon le caprice de nos goûts et de nos études, la salle des maréchaux ou la salle des machines nous reviennent en mémoire, et nous peuplons les allées de muscadins ou de petits-maîtres.

1644. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Rochefort (La Gloire à Paris) : 1° « L’action très grande de Rochefort est dans cette belle gaieté qui est le fond de son tempérament vraiment français »   2° « Rochefort est un des rares Parisiens de l’ancien temps qui ait conservé dans l’âge mûr cette belle insouciance et cette bonne humeur qui furent autrefois les qualités maîtresses de la race française. » (Je pense qu’il faut entendre : « Rochefort est un Parisien le l’ancien temps, un des rares Parisiens qui aient conservé », etc. )   3° « Chacun dans sa sphère plisse le front… Je ne vois plus guère que Rochefort qui ait conservé la gaieté de la vieille race française »   4° « Après avoir exaspéré beaucoup de ses contemporains par la violence excessive de ses écrits, il les ramène aussitôt à lui par les éclats de sa gaieté si française. » Pour Offenbach, le refrain est : « Quel artiste ! 

1645. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Son influence, après sa mort, a été très grande sur beaucoup de jeunes gens, et même sur des poètes d’un âge mûr.

1646. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

On voltige sur les âges ; c’est charmant.

1647. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Comme ils ne font, à proprement parler, aucun héritage spirituel et ne subissent guère du temps d’autre atteinte que la dépravation d’une complication superficielle qui toutefois et déjà no leur permet plus de se complaire aux simplicités des premiers Ages, les peuples n’assument pas les graves soucis des générations antécédentes, et ces intelligences restées puériles voudraient toujours des refrains de berceau.

1648. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Renan l’avait fort bien compris qui, dans la préface d’un de ses derniers recueils de pages fugitives, s’excusait sans aucune sincérité, son sourire l’avouait, de ses fantaisies sans conséquence, se reprochait, à un âge où on ne devrait plus s’occuper que de travaux sérieux, de vérités éternelles, de donner ses soins à des publications qui l’amusaient sans plus.

1649. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Plus moderne au commencement de la querelle des anciens et des modernes, il est plus ancien à la fin, l’âge et la raison aidant, et parce que la cour a passé du côté des anciens.

1650. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

C’est une source précieuse de documents pour l’âge à venir, et nul, s’il n’y a puisé, ne pourra reconstituer véritablement notre atmosphère intellectuelle.

1651. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

Aussi, à l’exception de l’Apocalypse, qui fut en un sens le seul livre révélé du christianisme naissant, tous les autres écrits de l’âge apostolique sont-ils des ouvrages de circonstance, n’ayant nullement la prétention de fournir un ensemble dogmatique complet.

1652. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Voilà ma grande raison ; celle de l’âge vient ensuite.

1653. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

Les plus communs comportent quatre, cinq, six, sept, huit, dix syllabes : (4) La belle Hélène (6) Dans la mer est tombée… (5) Il n’a pas vaillant La fleur d’une épine… (5) Tu n’es plus fillette A l’âge de quinze ans… (6) Tambour, joli tambour, Donne-moi ta fleur de rose… (7) Il la mène sous une ente.

1654. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

L’heure du changement d’âge est venue.

1655. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Leurs belles années se sont écoulées au milieu des discordes civiles ; ils sont parvenus à l’âge de la maturité, sans avoir passé par celui de l’adolescence.

1656. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

J’avais signalé, toujours dans cet ordre d’idées, un phénomène que je croyais être le caractère métaphysique, le signe le plus énergique de l’époque actuelle, de l’âge où nous sommes de l’esprit humain.

1657. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

Je ne sais point l’âge de Mme Blocqueville, mais elle me fait l’effet d’avoir une bien longue lecture, et peut-être a-t-elle tué sous cette longue lecture quelque petite fleur d’originalité qui voulait naître.

1658. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Ni l’âge de cet homme, ni les cheveux blancs de cet homme, ni la robe de cet homme, qui n’est pas encore descendu complètement dans la soutane du prêtre catholique, mais qui s’est arrêté à moitié, dans la soutanelle de l’abbé romain, ni la vocation ou l’affectation ecclésiastiques de cet homme n’ont pu la retenir.

1659. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Pauthier et Bazin, qui sont d’un temps plus rassis, n’ont point de ces façons de corybante à tympanon et à cymbales ; mais, avec les airs modérés et prudents, le grand uniforme de la philosophie officielle du xixe  siècle, ils glissent en dessous de leurs grosses statistiques bien de petites phrases où perce la préférence marquée d’une tradition qui n’explique aucune des traditions diverses des races aux dépens de la grande Tradition qui les explique toutes, et c’est au point que sans cette tradition anti-chrétienne, chère aux voltairiens de tous les âges, ils n’oseraient peut-être pas, malgré la chinoiserie de leurs manières de voir et de sentir, nous vanter la Chine et ne rien ajouter aux raisons connues que ses plus anciens partisans avaient déjà de l’admirer.

1660. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

et les républicains de cet âge de raison ne sont ni assez conséquents ni assez virils pour se passer de ce bijou-là !

1661. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

— enfin, revenant, sans gloire (si la gloire est le bruit), mourir dans sa bourgade, jeune encore d’âge et inépuisable de génie, et même — ce dernier coup de l’ironie ! 

1662. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

La preuve, c’est qu’à l’âge de vingt-trois ans il épousa une protestante avec une insouciance qu’il fit silencieuse, car l’attitude sociale, la convenance du rang et du monde élevé dont il faisait partie, furent toujours la visée et le but atteint de Montesquieu.

1663. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Il a été évidemment écrit sous l’empire du plus grand préjugé de notre âge, dans la foi exaltée ou calme, superficielle ou profonde, d’un croyant moderne à cette Économie politique qui a succédé à une détestable philosophie, et voilà ce qu’avant tout la Critique devait signaler.

1664. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Et vraiment peut-on dire à tort, quand on a lu cette histoire de France et ces claires paroles dans l’avertissement de l’édition de 1854 : « la philosophie de l’histoire est en mesure aujourd’hui de restituer au druidisme la part très considérable qui lui revient dans le développement de l’humanité, et au génie celtique une part plus grande dans le développement moral du moyen âge et de l’âge moderne » ?

1665. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Pour soumettre et adoucir ces hommes altiers, violents, prompts à l’injustice, obstinés à la maintenir quand une fois ils l’avaient commise, Blanche ne se fiait point à elle seule, et elle emportait dans ses déplacements de guerre ou de politique, dans toutes les entreprises de sa régence, son fils en bas âge, comme un talisman.

1666. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

Au même âge, Bossuet n’avait prêché qu’à l’hôtel de Rambouillet, devant des dames.

1667. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Cependant, quelquefois sa raillerie s’éteignait dans une ironie pleine de tristesse, et c’était cette tristesse qui empoisonnait la morsure : « C’est une houlette qu’il lui fallait — (à Charles X) — et il l’aura peut-être, mais il est triste, à son âge, de devenir berger. » Certes !

1668. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

ces deux Rêveurs, d’âge de page, tous les deux, mais qui voulaient l’action, — et quelle action ! 

1669. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

… Raymond Brucker, le trop oublié Brucker, — dont les petits lettrés de cet âge disent peut-être, avec des airs curieux et naïfs : « Qu’est-ce que c’est donc que ce Raymond Brucker ? 

1670. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

L’était-il à vingt ans, l’âge des intensités ?

1671. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Regardez, en effet, le portrait placé à la tête de ce volume, et voyez si sur cette face résolue et tranquille de lion au repos il n’y a pas la tristesse immense de notre âge, cette tristesse qui pénètre tout, hélas !

1672. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Peut-être est-ce le succès d’un livre dont il fut témoin à l’âge où le succès déprave ; peut-être encore quelque préjugé traditionnel comme il en reste parfois debout dans les esprits les plus puissants.

1673. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Francis Wey est à l’âge des œuvres profondes.

1674. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Peut-être même que le sort d’une jeune princesse, fille, sœur et belle-sœur de roi, jouissant de tous les avantages de la grandeur et de tous ceux de la beauté, morte en quelques heures, à l’âge de vingt-six ans, par un accident affreux, et avec toutes les marques d’un empoisonnement, devait faire sur les âmes une impression encore plus vive que la chute d’un trône et la révolution d’un État.

1675. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Sa licence s’oublia, devant son art profond de langage ; on le médita comme Pindare et comme Homère lui-même ; et, dans cette riche série de modèles que le génie grec, à ses âges divers, offrit au goût laborieux des Romains, il fut l’objet de l’émulation des plus habiles.

1676. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Donc, au temps où j’avais l’âge de Fortunio, Musset était pour moi le poète idéal, le poète absolu. […] Musset, lui, en avait et le montrait à l’âge où nous passons notre baccalauréat. […] Le voyez-vous à cet âge ? […] Elle est en plein âge ingrat. […] Toutefois, Leplâtreux est trop désarmé par l’âge pour infliger lui-même à son ami la peine du talion.

1677. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

L’âge m’a tellement affaibli que mes doigts ne m’obéissent plus. […] D’abord il n’a point l’âge, qui, comme on sait, ne précède guère la quarantaine. Mais cet âge, il l’atteint, il en approche, à la fin. […] Et au début, pour être misanthrope, encore plus que l’âge, ce sont les raisons qui manquaient. […] Certains assuraient que les traces de l’âge y étaient visibles.

1678. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

L’Angleterre avait son livre. « Quiconque pouvait acheter le livre, dit Strype, ou le lisait assidûment, ou se le faisait lire par d’autres, et plusieurs personnes d’âge apprirent à lire pour cet objet. » Des pauvres, le dimanche, se rassemblaient au bas de l’église pour le lire. […] Mais laissez passer la fougue juvénile, prenez l’homme aux grands moments, dans la prison, dans le danger, ou même seulement quand l’âge vient, quand il arrive à juger la vie ; prenez-le surtout à la campagne, sur son domaine écarté, dans l’église du village dont il est le patron, ou bien seul le soir, à sa table, écoutant la prière que son chapelain récite, et n’ayant d’autres livres que quelque gros in-folio de drames graissé par les doigts de ses pages, son Prayer Book et sa Bible ; vous comprendrez alors comment la religion nouvelle trouve prise sur ces esprits imaginatifs et sérieux. […] Mais pour ce qui est de ces dons, il les a tout entiers, tels qu’ils sont chez les plus brillants et les plus inventifs entre les gentilshommes du monde, chez sir Philip Sidney, chez lord Bacon, chez sir Thomas Brown, avec les grâces, les magnificences, les délicatesses qui sont le propre de ces génies si sensitifs et si créateurs, et en même temps avec les redondances, les singularités, les disparates inévitables dans un âge où l’excès de la verve empêchait la sûreté du goût. […] Car c’est le trait marquant des hommes de cet âge et de cette école, de n’avoir point l’esprit nettoyé, aplani, cadastré, muni d’allées rectilignes, comme les écrivains de notre dix-septième siècle et comme les jardins de Versailles, mais plein et comblé de faits circonstanciés, de scènes complètes et dramatiques, de petits tableaux colorés, tous pêle-mêle et mal époussetés, en sorte que, perdu dans l’encombrement et la poussière, le spectateur moderne crie à la pédanterie et à la grossièreté. […] S’il se rencontre parmi eux un Milton, c’est que par ses vastes curiosités, ses voyages, son éducation encyclopédique, surtout par son adolescence trempée dans la grande poésie de l’âge précédent, et par son indépendance d’esprit hautainement défendue même contre les sectaires, Milton dépasse la secte.

1679. (1929) Amiel ou la part du rêve

Il y a de longues années qu’il va au collège, tout proche de la rue Verdaine, et où son père l’a fait entrer dès que l’âge l’a permis. […] Il lui eût fallu, à cet âge, une influencé vivante, un maître, un homme. […] C’étaient parmi ses aînés Ernest Naville et Élie Lecoultre, parmi ses compagnons d’âge Heim, François Bordier, Vuy ; tous, comme lui, de petite bourgeoisie calviniste (sauf le dernier, catholique de Carouge, ce qui amena, dans le groupe, des guerres religieuses bien autochtones) : du bas par leur condition sociale, du haut par leur sérieux. Dans leurs lettres de jeunesse, peu ou point de la blague et de la gaieté familières à cet âge. « L’ironie a de bonne heure atteint mon enfance. » Il en souffrait et s’en gardait. […] Elle l’avait laissé courbaturé et défiant : « J’ai été ravagé par les premières désillusions qu’un père imprudent semait comme à plaisir dans mon âme enfantine. » Jeune homme, il se porte de tout son être vers le sérieux (son âge mûr fut plus détendu), et le haut de Genève, la Cour Saint-Pierre et la rue des Granges, c’est l’Acropole du sérieux.

1680. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Dès l’âge de huit ans, mon cœur battit pour cette hyène qui fit quelque mal, et encore plus de bruit, dans notre voisinage (en Auvergne), et l’espoir de la rencontrer animait mes promenades. […] Je sais la part qu’il faut faire au feu de la jeunesse, et lui-même, quand il revient, pour la raconter, sur cette époque, il semble parler de quelque excès que l’âge aurait tempéré et guéri. […] Il faut déplorer que l’on ait mal compris notre situation en Europe ; mais, pour tacher de recouvrer notre réputation, nous devons prendre garde de la compromettre davantage. » On voit que chacun reste dans son rôle ; mais ces rôles divers se reproduisent trop fréquemment dans la suite des événements, pour qu’on les puisse attribuer à la seule différence des âges. Or, ce qui est du caractère persiste, se recouvre peut-être, mais se creuse assurément plutôt que de diminuer, avec l’âge.

1681. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Les trois âges du dogmatisme Aristote… est Aristote, et nous avons tous été, en dépit de Minerve et de lui, ses prophètes. […] C’est à peine si, par le regard divinateur du génie, il pouvait entrevoir une bien faible partie du développement ou plutôt du déclin futur de la poésie en Grèce, sans qu’il pût aucunement prétendre à lui imposer à l’avance des lois ; quant à la marche de l’art à travers les âges, elle était tout à fait hors de ses conjectures, comme de sa juridiction. […] Mais, si j’ai de la reconnaissance pour l’habile critique qui m’a fait toucher du doigt la vanité des brillantes fantaisies de ma jeunesse, j’ai aussi la prétention d’être parvenu depuis quelque temps déjà à l’âge et aux travaux solides de la raison et de l’expérience, et d’avoir dépassé le Chevalier, qui s’est contenté de détruire et qui n’a rien fondé. […] Puis je me figurais quelque divinité de l’âge d’or de la sculpture en Grèce.

1682. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

C’était un imprimeur, fils de menuisier, qui, à l’âge de cinquante ans et pendant ses moments de relâche, écrivait dans son arrière-boutique : homme laborieux qui, à force de travail et de conduite, s’était élevé jusqu’à l’aisance et à l’instruction ; du reste délicat, doux, nerveux, souvent malade, ayant le goût de la société des femmes, habitué à correspondre pour elles et avec elles, d’habitudes réservées et retirées, n’ayant pour défaut qu’une vanité craintive. […] Dès l’abord, le surcroît de santé et d’impétuosité physique le jette dans la grosse débauche joviale, et la séve intempérante de la jeunesse bouillonne en lui jusque dans le mariage et dans l’âge mûr. […] À vingt-cinq ans, il avait épousé par amour une femme de cinquante, courte, mafflue, rouge, habillée de couleurs voyantes qui se mettait sur les joues un demi-pouce de fard, et qui avait des enfants du même âge que lui. […] Nous comprenons maintenant qu’un âge oratoire le reconnaisse pour maître, et qu’on lui attribue dans l’éloquence la primauté qu’on reconnaît à Pope dans les vers.

1683. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Chez les camarades de notre temps, de notre âge, sauf chez Saint-Victor, nous n’avons guère rencontré que le silence ou l’injure. […] les jolies petites filles qu’il y avait là, et quelle douceur à se promener, leurs petites menottes dans vos mains… et le soir, en nous allant coucher, l’amusante ribambelle de petites bottines, à la porte de leur dortoir, comme rangées pour une nuit de Noël ; et le matin, au déjeuner, en entrant dans la salle à manger, le riant et touchant spectacle, entre les sièges des grandes personnes, de leurs petites chaises graduées de taille, selon l’âge de chacune… Jolis petits anges fous, et déjà un peu femmes, amoureux petits êtres qui se frottent coquettement à vous, avec des gentillesses de chattes. […] Il y a dans le jeune homme beaucoup de Flaubert, et de ses désespérances, et de ses aspirations impossibles, et de sa mélancolie, et de sa misanthropie, et de sa haine des masses… Toute la composition, sauf le dialogue très enfantin, est d’une puissance étonnante pour l’âge où Flaubert l’a écrite. […] Rien dans la tête, les yeux éteints… seulement une élégance de tournure que l’âge n’a pas cassée… C’est qu’en ce temps, il y a chez nous trop d’accumulation… Oui, bien certainement, il y a plus d’accumulation qu’autrefois.

1684. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Et comme l’homme enfin, en tout temps, à tout âge, en tous lieux, est ce qu’il y a de plus intéressant, de plus instructif et de plus utile à connaître pour l’homme, l’œuvre littéraire nous apparaît désormais fondée sur l’Observation psychologique et morale. […] Elle nous donne dans la prospérité a qui bien faire, avec qui nous réjouir de notre heur, en l’affliction qui nous secoure et console, en la jeunesse qui nous montre et enseigne, en la vieillesse qui nous aide et raisonne, en l’âge d’homme qui nous assiste et seconde. » Et d’abord on est tenté de ne voir là qu’un lieu commun de morale. […] Les chœurs ; et dans Porcie : Description des Enfers, v.  45-66 ; Description des âges de l’humanité, v. 725 et suiv. ; Les travaux d’Hercule, v. 1076-1110]. — Abondance des traductions. — Influence de Sénèque. — Tragédies grecques : Hippolyte, Antigone et La Troade ; — Comment, dans cette dernière pièce, Garnier fond ensemble l’Hercule d’Euripide, ses Troyennes, et les Troyennes de Sénèque, — — Analyse d’Hippolyte. — Effort sensible du poète vers la psychologie [Cf.  […] 2º L’Homme et le Poëte. — Que Regnier, quand il commence d’écrire, n’est déjà qu’un « attardé » ; — comme libertin, qui s’efforce de retenir la licence des mœurs d’un autre âge ; — et comme disciple de Ronsard, qu’il copie outrageusement. — Ses qualités : — franchise de l’expression et verdeur de la langue, poussée souvent jusqu’à la grossièreté [Cf. 

1685. (1932) Les idées politiques de la France

Comme Chateaubriand, de Maistre et Bonald avaient marqué l’âge d’or des idées traditionalistes, les Royer-Collard, les Guizot, les Tocqueville, surtout la famille intellectuelle Staël-Constant-Broglie, toute cette riche dynastie politique de Juillet, ont créé un quartier général du libéralisme. […] L’affaire Dreyfus eût été leur âge d’or, si elle ne s’était terminée par la séparation de l’Église et de l’État, qui leur retira le curé de la bouche et les contraignit à une vie plus ralentie. […] À un certain âge le changement est difficile. Et je reconnais que l’âge de l’Église, sa qualité de doyenne, lui procurent plus de force qu’elle n’entraîne de faiblesse, et que parmi ses forces figure celle d’adaptation, mais moins celle de rajeunissement, et moins encore celle de renversement, et absolument pas celle de révolution. […] C’est comme radical que Suret-Lefort entre aujourd’hui dans la politique, mais il n’arrive jamais qu’un jeune homme devienne radical par l’idéalisme naturel à son âge (je ne parle pas de l’idéalisme, souvent très vif, de vieux radicaux).

1686. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Tout cela prouve que si la jeunesse françoise est legere, les hommes d’un âge mûr qui la gouvernent, ont toûjours été très-sages : encore aujourd’hui, la Magistrature en général a des moeurs séveres, comme le rapporte Aurélien. […] François premier ne fut malheureux que dans sa jeunesse, lorsque tout étoit gouverné par des favoris de son âge, & il rendit son royaume florissant dans un âge plus avancé. […] Il se peut très-bien que Socrate ait été le plus heureux des Grecs, quoique des juges ou superstitieux & absurdes, ou iniques, ou tout cela ensemble, l’ayent empoisonné juridiquement à l’âge de soixante & dix ans, sur le soupçon qu’il croyoit un seul Dieu. […] Leur histoire n’est intéressante que par les rapports qu’elles ont avec nous, ou par les grandes choses qu’elles ont faites ; les premiers âges depuis la chûte de l’empire romain, ne sont, comme on l’a remarqué ailleurs, que des avantures barbares, sous des noms barbares, excepté le tems de Charlemagne. […] Après ce prélude sur son exactitude historique, il dit que l’ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, nommée Nazareth, à une vierge nommée Marie, épouse de Joseph, de la famille de David ; que César ayant ensuite ordonné par un édit, que chacun se feroit inscrire, selon sa famille, dans les registres publics dressés à cet effet : Joseph & Marie monterent en Judée, & allerent à Betheléem se faire inscrire, parce que c’étoit dans cette ville que se tenoient les registres de ceux de la famille de David ; que le tems des couches de Marie arriva précisément dans cette circonstance ; que les bergers de la contrée furent avertis par un ange de la naissance du Sauveur ; qu’ils vinrent aussi-tôt l’adorer ; que huit jours après on circoncit l’enfant, qui fut nommé Jesus ; qu’après le tems de la purification marqué par la loi de Moïse, c’est-à-dire sept jours immondes & trente-trois d’attente, on porta l’enfant à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, & faire l’offrande accoûtumée pour les aînés ; que ce précepte de la loi accompli, Joseph & Marie revinrent en Galilée avec leur fils, dans la ville de Nazareth leur demeure, in civitatem suam Nazareth ; que l’enfant y fut élevé croissant en âge & en sagesse ; que ses parens ne manquoient point d’aller tous les ans une fois à Jérusalem ; qu’ils l’y perdirent lorsqu’il n’avoit que douze ans ; & qu’après l’avoir cherché avec beaucoup d’inquiétude, ils le trouverent dans le temple disputant au milieu des docteurs, & ut perfecerunt omnia secundum legem Domini, reversi sunt in Galileam in civitatem suam Nazareth.

1687. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

C’est une gamine mal élevée que Camée a fabriquée, sans doute, avec des souvenirs puérils, à qui elle a donné de l’âge et deux enfants sans rien modifier au caractère boudeur et violent. […] Il est abominable de nous enfermer trop longtemps dans ces mérites enfantins, de construire avec les vertus d’un âge les vices d’une existence, de nous « instruire dans l’ignorance » de la vie et de nous condamner à « vieillir dans une longue enfance ». […] La plus grande différence est dans l’âge auquel on nous présente le héros. […] Dans Marni, l’homme à la force de l’âge est le mondain quelconque, bêtement spirituel. […] Et, deux pages plus loin, la démonstration faite, l’auteur triomphe : « Je le répète, c’est une erreur qui s’est transmise de génération en génération, et qui, à la longue, est devenue une habitude, et ensuite, d’âge en âge, de siècle en siècle, est passée par le contact de la civilisation, qui l’a admise à l’état de besoin. » Pauvres hommes !

1688. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

La Légende de l’Aigle Le docteur Véron, déjà avance en âge, affirmait qu’il lui suffisait de lire dix pages d’un roman de Crébillon fils, pour se sentir subitement ragaillardi, et le chapitre du Bastion Saint-Gervais d’Alexandre Dumas, pour obtenir une faim de mousquetaire. […] Toudouze se résume à ceci : la veuve d’un marin mort dans une tempête a pris une juste horreur, de la mer et ne veut même pas en prononcer le nom devant son jeune enfant, craignant qu’à l’âge d’homme il s’éprenne aussi de cette avide séductrice ! […] Un garçon qui vit avec une maîtresse dont l’âge est deux fois sien et dont l’amour est doublé de soins maternels, une fille de vingt ans qui le lui enlève et le lui rend ruiné, la femme sacrifiée reprenant son amant et, pour le garder, lui donnant elle-même une maîtresse, voilà en gros la fable du roman. […] On se remet à l’œuvre, comme la fourmi dont la fourmilière a été détruite ; au lieu d’en appeler aux âges futurs on n’en appelle qu’à soi-même, et l’on fait bien. […] Son âge y a sa part.

1689. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Tout cela t’explique assez que je vis en pleurs, ma bonne amie, sans avoir le droit de me plaindre que Dieu ne m’ait pas choisie pour répandre ses consolations sur les miens, lui qui m’a faite si tendre pour eux… « Pour mettre un peu de baume sur les tristesses que je te cause, je finis en parlant des consolations divines que nous devons à mon cher Hippolyte. » Il lui restait, on vient de le voir, une dernière sœur, l’aînée, Cécile, qui habitait aussi Rouen ; elle paraît avoir été d’un esprit plus simple et aussi d’un cœur moins expansif que les autres membres de la famille, ou peut-être n’était-ce qu’un effet de l’âge et des malheurs : du moins la correspondance avec elle est plus rare et ne roule guère que sur d’humbles envois ; mais il est touchant de voir comme Mme Valmore s’efforce de réveiller son sentiment, d’intéresser sa vieillesse, de l’attendrir par l’aveu des misères communes ou par l’appel à de chers souvenirs59 : « (9 novembre 1854)… La dame qui m’aide souvent à trouver l’argent d’emprunt pour passer mon mois, à la condition de le rendre à la fin de ce mois même, n’a pu venir encore à mon secours, à travers la pluie et toutes les difficultés de sa propre vie. […] Je trouve pourtant de cette sœur aînée un passage de lettre qui montre qu’elle était bien la sœur de Mme Valmore par la sensibilité et par le cœur ; on croirait lire un bout de légende d’un autre âge : « J’ai été dimanche faire une course pour une dame qui m’est quelquefois utile dans des moments où je ne sais plus à qui avoir recours ; elle me tend la mais pour me ranimer un peu.

1690. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

On ne peut mettre ainsi en menue monnaie courante la religion, la légende, l’antique poésie populaire, les créations spontanées de l’instinct, les demi-visions des âges primitifs ; elles ne sont pas des sujets de conversation amusante et vive. […] Voilà l’avantage de ces génies qui n’ont pas l’empire d’eux-mêmes : le discernement leur manque, mais ils ont l’inspiration ; parmi vingt œuvres fangeuses, informes ou malsaines, ils en font une qui est une création, bien mieux une créature, un être animé, viable par lui-même, auprès duquel les autres, fabriqués par les simples gens d’esprit, ne sont que des mannequins bien habillés  C’est pour cela que Diderot est un si grand conteur, un maître du dialogue, en ceci l’égal de Voltaire, et, par un talent tout opposé, croyant tout ce qu’il dit au moment où il le dit, s’oubliant lui-même, emporté par son propre récit, écoutant des voix intérieures, surpris par des répliques qui lui viennent à l’improviste, conduit comme sur un fleuve inconnu par le cours de l’action, par les sinuosités de l’entretien qui se développe en lui à son insu, soulevé par l’afflux des idées et par le sursaut du moment jusqu’aux images les plus inattendues, les plus burlesques ou les plus magnifiques, tantôt lyrique jusqu’à fournir une strophe presque entière à Musset480, tantôt bouffon et saugrenu avec des éclats qu’on n’avait point vus depuis Rabelais, toujours de bonne foi, toujours à la merci de son sujet, de son invention et de son émotion, le plus naturel des écrivains dans cet âge de littérature artificielle, pareil à un arbre étranger qui, transplanté dans un parterre de l’époque, se boursoufle et pourrit par une moitié de sa tige, mais dont cinq ou six branches, élancées en pleine lumière, surpassent tous les taillis du voisinage par la fraîcheur de leur sève et par la vigueur de leur jet.

1691. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

À l’âge de cinq mois, on le surnommait Gre, tant il avait l’habitude de proférer ce son, et, jusqu’à cinq mois, presque tous les sons qu’il émettait oscillaient entre ah et gue, gre. […] Il désigne donc par ce mot le semblant visible d’une figure humaine. — Une pareille distinction est véritablement surprenante ; à cet âge, avec si peu de mots généraux et des notions si restreintes, distinguer l’apparence de la réalité, l’imitation visible de l’imitation tactile, la forme pure de la substance corporelle, cela est inattendu et donne la plus haute idée de la délicatesse et de la précocité de l’intelligence humaine.

1692. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

S’il avait été plus avancé en âge et en réflexion, il aurait bien pensé le contraire, n’est-ce pas, monsieur ? […] Je m’approchai avec un visage gracieux, compatissant, de la loge de la femme du galérien qui donnait le sein à son nourrisson ; je la plaignis, je la flattai d’une prochaine délivrance, de la certitude de retrouver son amant après sa peine accomplie ; je la provoquai à me raconter toutes les circonstances que déjà je connaissais de ses disgrâces ; je fis vite amitié avec elle, car ma voix était douce, attendrie encore par l’émotion que j’avais dans l’âme depuis le matin ; de plus nous étions du même âge, et la jeunesse ne se défie de rien, pas plus que l’amour et le chagrin.

1693. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Il a soumis, à l’âge de trente ans, les peuples les plus belliqueux de l’Europe et de l’Asie. […] L’action de la Providence leur paraissait marquée dans tous les mouvements des empires, et surtout dans l’âme des héros. « Tout ce qui domine et excelle en quelque chose, disait un autre de leurs sages, est d’origine céleste. » « On accueillera donc avec un intérêt universel le jeune écrivain qui ose rétablir l’autorité des ancêtres et les traditions des âges.

1694. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Il ignore souvent le sens étymologique des mots et les significations précises qu’ils ont eues dans le cours des âges ; les mots sont donc pour lui des signes plus souples, plus malléables qu’ils ne nous paraissent, à nous. […] Il pleure la mort du prince impérial, parce que le prince fut bon chrétien, et il se repent de l’avoir méconnu : Mon âge d’homme, noir d’orages et de fautes,   Abhorrait ta jeunesse…..

1695. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Les vers que voici montrent ce défaut adventice ; ils sont en même temps un bon paradigme des quelques combinaisons d’harmonies auxquelles se prête ce poète : Viens dans les calmes eaux laver tes mains coupables Et ton manteau froissé de vents et d’orages Et les yeux remplis du sable Des routes d’ombre et des plages Interminables à tes voyages Des terres de folie au pays des sages Où l’eau terne languit en âges de sommeil Parmi les arbres grêles et sous de pâles ciels. […] Ici l’on sent l’effet malencontreux du mot « interminables » placé entre « plages » et « voyages », en revanche j’aime à faire observer l’heureuse disposition, aux derniers vers, des mots âges, arbres, pâles ; celui-ci, dernier écho du son prépondérant de toute la strophe, s’unit par une allitération à la rime, qu’une homophonie annonce elle-même et vient soutenir à la césure.

1696. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

A cet âge-là on sait trop peu la vie pour discerner la vérité dramatique de ses apparences. […] Mais la vérité veut que je remarque par quel étrange et mélancolique retour ce qui nous a le plus séduits dans la jeunesse est ce qui choque le plus notre âge mur.

1697. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Aage, âge. […] Est-ce dans une femme de cet âge qu’on peut voir le principe et l’autorité d’une mode régnante, et qu’on peut se croire obligé, qu’on peut même avoir le courage d’attaquer un ridicule dominant dans le public ?

1698. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Si, comme le prétend Cicéron, le souverain bonheur après la mort est de connaître, j’ai eu lieu plus qu’une infinité d’autres à cette faveur, ayant parcouru à mon âge une si vaste étendue de terre et de mer. […] [NdA] Duval, dans sa lettre, lui avait écrit : « Vous dites qu’il ne vous est pas permis de deviner l’endroit où vous devez mourir, je le crois bien ; le général Schwerin en aurait dit autant à votre âge… » 81.

1699. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Ces vers, retenus de mémoire ou colportés de salons en salons par les amis, avaient fait une célébrité avant l’âge au nom de Delphine. […] L’âge et l’étude avaient affermi sa main.

1700. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Théodore de Banville a réuni tous ses précédents recueils (moins un), je me suis dit avec plaisir : Voilà un poète, un des premiers élèves des maîtres, un de ceux qui, venus tard et des derniers par l’âge, ont eu l’enthousiasme des commencements, qui ont gardé le scrupule de la forme, qui savent, pour l’avoir appris à forte école, le métier des vers, qui les font de main d’ouvrier, c’est-à-dire de bonne main, qui y donnent de la trempe, du ressort, qui savent composer, ciseler, peindre.

1701. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

La mère Agnès la rassurait ou du moins essayait de la consoler en lui citant son propre exemple ; car privée de l’odorat, disait-elle, dès l’âge de dix-huit ans, elle avait fort bien vécu depuis sans s’apercevoir de la privation.

1702. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Je ne ferai que passer aussi devant vous, couple conjugal qui unissez vos deux voix31 ; qui, après avoir perdu un enfant, votre unique amour, l’avez pleuré dans un long sanglot, et qui, cette fois, inconsolés encore, mais dans un deuil apaisé, avez songé à lui en composant des chants gradués pour les divers âges, continuant ainsi en idée, d’une manière touchante, à vous occuper, dans la personne des autres, de celui qui n’a pas assez vécu pour vous.

1703. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

A cet âge de séve restante et de jeunesse retrouvée, ce serait puissance et génie de la savoir à propos ensevelir, et d’imiter, Poëte, la nature tant aimée, qui recommence ses printemps sur des ruines et qui revêt chaque année les tombeaux.

1704. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Dufour, l’auteur de ces magnifiques cartes, épuisé avant l’âge par ce travail surhumain de tant d’années, vient de laisser tomber de sa main le compas, seul instrument du salut de sa pauvre famille, et que son seul moyen d’exister aujourd’hui est une part du prix de cet atlas qui lui coûte son infirmité précoce.

1705. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

En dehors du mouvement philosophique s’est formé un courant d’études d’archéologie et d’art, qui avaient pour objet les monuments antiques, ruines d’architecture, fragments de peintures statues, vases, débris de toute sorte et de tout âge.

1706. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

L’éloquence a semblé devenir une chose d’un autre âge.

1707. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Le théâtre des Gelosi C’est sur le théâtre des Gelosi que la commedia dell’arte a atteint son plus haut point de perfection ; ils représentent en quelque sorte son âge classique.

1708. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Ce qui serait intéressant dans cet ordre d’idées, c’est moins de chercher comme le statisticien le chiffre moyen des suicides par exemple pour tel milieu ou telle condition sociale que de connaître les raisons individuelles des suicides ; car deux hommes de même âge, de même milieu et de même condition sociale peuvent se suicider pour des motifs absolument différents.

1709. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Pour qu’un esprit comme Zola ait à peu près renoncé à ses méthodes d’impersonnalité et de document, il faut que le courant des âges soit bien puissant.

1710. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

La poésie lyrique, cette branche heureuse qui fait le plus d’honneur aux grands talents de notre âge, l’a très peu occupé.

1711. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Gabriel Boissy écrit : « … D’une succession de faits, un fait majeur s’impose : les lettres françaises, sommeillantes ou vagissantes depuis l’époque romantique, entrent aujourd’hui en effervescence ; un nouvel âge se prépare par les efforts convergents d’un groupe nombreux d’esprits toujours jeunes ou de jeunes esprits.

1712. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Pharaon ayant interrogé Jacob sur son âge, le patriarche répond : « Il y a cent trente ans que je suis voyageur.

1713. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

C’est une vérité hors d’âge, qu’il n’y a pas de grand homme pour ses familiers.

1714. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Le phénomène de la servante-maîtresse, si commun chez les vieux galants ; chez les dons Juans les plus superbes, les plus durs à la femme dans leur jeunesse, lorsque l’âge les a suffisamment attendris, peut se produire aussi chez les nations, et il semble que nous y touchions, à ce phénomène.

1715. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Dante et Shakspeare, qui sont de grands poëtes, ne sont certes, jamais des enfants… Ce sont toujours des hommes sublimes, si on veut, mais parfaitement des hommes ; tandis que Byron, pour qui sait voir, n’est ni un poëte ni un homme comme Shakspeare et Dante l’ont été, L’enfance, avec sa grâce et ses mille choses divines, et aussi avec ses enfantillages, puisqu’elle est l’enfance, se mêle à la grandeur de Byron, — de ce Byron le plus grand des poëtes de notre âge, et dont un des enfantillages, par exemple, et parmi tant d’autres, fut de vouloir être un dandy… Un jour, il écrivait, en 1821, à Ravenne : « Un des plus accablants et mortels sentiments de ma vie, c’est de sentir que je n’étais plus un enfant. » Mais quand il écrivait cela, comme il se trompait !

1716. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Ces deux Rêveurs, d’âge de page tous les deux, mais qui voulaient l’action, — et quelle action !

1717. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Qu’il l’appelle Marguerite ou Glaire, Dorothée ou Ottilie, Lily ou Charlotte, c’est elle toujours, la femme allemande, avec la différence que mettent seulement en elle l’âge et l’embonpoint.

1718. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Ce paysan d’Arpinum, qui parvint sept fois à la première place du monde, n’était pas sans doute un modèle de vertus pour Cicéron ; mais un Romain devait louer en lui les talents et les victoires, et un républicain pouvait louer ce caractère altier qui osa braver tous les grands de Rome, qui leur reprochait avec audace leur corruption et leur mollesse, qui se vantait de son obscurité, comme les grands se vantaient de leurs aïeux ; qui, dans un siècle poli, consentait à passer pour ignorant, et avouait qu’il n’avait appris qu’à combattre et à vaincre ; qui opposait ses triomphes en Afrique, et les quatre cent mille Teutons ou Cimbres qu’il avait exterminés en Italie ou dans les Gaules, aux tables, aux cuisiniers et au faste des patriciens dans Rome ; il faut observer d’ailleurs que cet éloge fut composé avant les guerres civiles de Marius, et Cicéron était alors dans l’âge où l’énergie du caractère est ce qui frappe le plus, et où l’on mesure les hommes plus par les grands effets, que par les grands motifs.

1719. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Mise en chartre privée chez des béguines dès l’âge le plus tendre, mais incapable de donner dans le panneau et de baiser le babouin, cette aventurière plie bagage dès qu’elle trouve chape-chute, et sans baguenauder ni caqueter, saute le bâton et détale, au nez de la mère abbesse. […] Sa première communion fut bonne et il fut reçu au baccalauréat avec boules blanches… Mais (c’est lui qui le confesse) « la sensualité le prit, l’envahit vers l’âge de douze ou treize ans ». […] Son âge ? […] Trente-deux ans, mais paraît plus vieux que son âge. […] Henri de Régnier, qui n’est pas encore parvenu à la moitié de son âge ni de son œuvre, doit ambitionner de vivre ailleurs que dans les anthologies, qu’il aime, sans doute, pour leur grâce de jardin triste et leur parfum de cimetière fleuri.

1720. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Fort heureusement, il n’a que vingt-quatre ans, et à cet âge, la moindre oasis console de bien des déserts. […] C’est ce qu’on a appelé l’âge d’Elisabeth. […] mais épargne cet âge si pitoyable et si tendre ! […] Celui-ci voyageait avec sa fille, une jolie femme, modeste et douce, qu’accompagnait aussi une servante dans l’âge mûr, petite, laide et curieuse. […] Mme de Valenzuela, à qui elle le présenta, était une femme d’âge, si bien fardée qu’elle se croyait une toute jeune fille et en prenait toutes les mines.

1721. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Cette façon d’agir a fait ses preuves au cours des âges ; l’expérience l’a consacrée. […] Truffaut, vers le soir de son âge, quitte le bureau de bienfaisance. […] Il l’admoneste : « À ton âge ! lamber les barrières, s’aguiller dans les pruniers, quand on a l’âge d’être grand-père ! […] Les années n’adoucissaient pas M. de Chénier ; l’âge ne le rendait ni plus obligeant ni moins robuste.

1722. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Et à cause de cela — sans compter les autres raisons — le peuple athénien est la merveille unique, des anciens âges, le diamant de l’histoire. […] lui dit cette excellente mère, tu trouves mauvais que ton fils, à son âge, ait une maîtresse, quand, toi, tu as deux femmes ? […] dit Argante, à voir ce bracelet, c’est ma fille que je perdis à l’âge que vous dites. — Votre fille ? […] C’est une opinion d’enfant, et qui n’est excusable qu’à l’âge où l’on publie son premier volume devers. […] Il est évidemment mauvais pour la communauté humaine que les jeunes gens aient de tels sentiments sur les femmes et qu’ils n’aient plus, à l’âge de l’amour, aucune des illusions de l’amour.

1723. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

C’est pourquoi, lorsqu’à Paris, le jeune homme a déjà des clartés de tout et médite des révolutions, son premier adversaire est le jeune homme du même âge venu de sa ville lointaine. […] À travers ses livres circule la foi à un âge d’or scientifique à venir, une ère de conscience dont la possibilité lui paraît démontrée par sa foi en l’évolution de la conscience intuitive, et cet antique et ubiquitaire témoignage d’un âge d’or passé, qui traverse le berceau des races : âge de peu de besoin et de pure conscience intuitive, et de vertu ; faudrait-il en croire les légendes qui attestent toutes que c’est par les crimes de l’homme que ces âges paradisiaques périmèrent ; comme aussi on peut supposer qu’après n’importe quel cataclysme effondrant une organisation et lui détruisant ses points de repère et ses outils de travail, la race frappée s’humilie, et cherche en le châtiment de ses fautes l’explication du phénomène brutal et destructeur. […] Or Poictevin, très concentré en son moi, très sûr des analogies de sensation de ses âges, les prend un à un, et son but serait de les bien détacher et faire transparaître en un rythme écrit, tandis que ce qu’on attendrait de lui maintenant qu’il a montré sa finesse psychologique et son intelligente attention des phénomènes physiologiques, ce serait quelque œuvre plus entière et plus debout. […] Ils donnent des Âges un peu divers du symbolisme. […] À côté des jeunes écrivains, ardents, qui stigmatisent le temps présent et promettent des âges d’or, voici des critiques à mi-voix qui, universitairement, dénoncent les périls de l’art, et somment les écrivains de vouer leur plume au développement des saines morales.

1724. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

La Renaissance n’a rien détruit : comme toute chose de ce monde périssable, où la vie naît de la mort, elle a été engendrée de la corruption même de l’âge auquel elle succédait. […] En dépit de Boileau, le désespoir le prit et le courage l’abandonna, dans toute la maturité du génie, dans toute la force de l’âge, au lendemain de l’insuccès de Phèdre. […] L’amour au contraire est de tous les temps, de tous les âges et de toutes les conditions. […] C’est le Voltaire de Ferney, chargé d’années, exténué par l’âge, amaigri, mais éternellement jeune par la flamme du regard et la vie du sourire. […] Car, enfin, qu’est-ce que classer des manuscrits, si ce n’est déterminer leur âge, leur valeur, le degré de confiance qu’il convient d’attribuer à chacun d’eux ?

1725. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Le génie de notre peuple, les qualités de notre intelligence persistent au cours des vicissitudes des âges. […] Va, tu seras sans âge… Cependant n’oublie pas le recensement dernier. » Coxcomb sent un corps rose et gras s’attacher à son âme. […] Étions-nous, deux ou trois petits provinciaux, mieux informés que ceux de notre âge, les potaches de Paris ? […] Il exprime quel enthousiasme actuel doit susciter l’évocation d’âges héroïques. […] Moyen âge, Renaissance, époque classique, temps romantiques, autant de rythmes différents qui nous permettent de dire l’âge d’un poème, de le localiser, tout ainsi qu’on reconnaît l’auteur d’un tableau à une certaine façon habituelle d’associer rythmiquement les couleurs68.

1726. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

La Réforme n’est que la multiplication et le succès des efforts précédents ; ses adeptes ne furent que les continuateurs des illustres martyrs des âges passés. […] Il se maria à l’âge de trente-trois ans, mais plutôt, comme il l’apprend à ses lecteurs, pour suivre la coutume que par aucune inclination particulière. […] Quoi qu’il en soit, son âge, il avait alors quarante-sept ans, l’empêcha d’obtenir l’admission dans cet ordre rigoureux. […] L’auteur l’écrivit vers l’âge de dix-huit ans. […] Ceci n’aurait rien d’anormal ; on voit souvent les hommes doués d’une vive sensibilité naturelle arriver, en avançant en âge, à une sorte de dureté.

1727. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

C’est en France que l’âge classique a rencontré sa perfection ; de sorte que, comparés à lui, ceux des autres pays manquent un peu de fini. […] Son maintien respirait la dignité et la sérénité riante, et, quoique avancée en âge, son visage montrait tant d’animation et de vivacité, qu’elle paraissait à la fois âgée et immortelle. […] Ce sont les nuances anglaises qui distinguent leur âge classique du nôtre, une raison plus étroite et plus pratique, une urbanité plus poétique et moins éloquente, un fonds d’esprit plus inventif et plus riche, moins sociable et moins délicat.

1728. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Vos amoureux seront fades, car le seul intérêt qu’offre leur âge, c’est la violence de la passion, et vous ne pouvez peindre la passion. […] Et il s’intéresse à lui lorsque l’écrivain, sans louer ni blâmer, s’attache à expliquer le tempérament, l’éducation, la forme du crâne et les habitudes d’esprit qui ont creusé en lui cette inclinaison primitive, à faire toucher la nécessité de ses effets, à la conduire à travers toutes ses périodes, à montrer la puissance plus grande que l’âge et le contentement lui communiquent, à exposer la chute irrésistible qui précipite l’homme dans la folie ou dans la mort. […] Prenez garde de froisser les âmes délicates qui fleurissent dans toutes les conditions, sous tous les habits, à tous les âges.

1729. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

La femme qu’a peinte l’anthropographe Cranach, la femme du Parmesan et de Goujon, la femme de Boucher et de Coustou sont trois âges et trois natures de femme. […] Un employé ouvre le guichet, me demande son nom, son âge… couvre d’écritures, pendant un quart d’heure, une dizaine de feuilles de papier qui ont en tête une image religieuse. […] Ce sont de trop grandes corvées pour son âge.

1730. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Nous pouvons reculer jusqu’aux âges passés, et, ainsi que nous l’avons vu dans le chapitre précédent, nous trouverons encore que ce sont des types américains qui prévalent dans les formations géologiques d’origine terrestre ou marine, c’est-à-dire qui ont peuplé les anciens continents et les anciennes mers de cette partie du monde. […] Cette séparation, en ce qui concerne les productions les plus tempérées des deux continents, doit être effectuée déjà depuis de longs âges. […] Si on peut admettre que pendant la série entière des âges géologiques, ou du moins pendant plusieurs époques consécutives, toutes les migrations ont eu le temps et la possibilité de s’effectuer, aussi bien que toutes les modifications ; au contraire, toutes les formes vivantes auraient été détruites et renouvelées périodiquement, pour expliquer l’existence de beaucoup de formes actuelles en certaines contrées, il faudrait multiplier à l’infini les centres de créations hypothétiques, et croire à la formation indépendante, non seulement des espèces, mais des variétés locales même les plus circonscrites.

1731. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Néron éprouva le malheur dans un âge où l’on ne peut pas encore en profiter. […] Britannicus n’est donc pas un monsieur, un Français, un petit-maître ; c’est un Romain généreux et fier : l’amour élève son âme, et lui donne une énergie au-dessus de son âge. […] Ce caractère est d’autant plus répréhensible, que Thésée, père d’un grand fils à marier, est un barbon que l’âge a dû rendre raisonnable, et qui n’a plus rien qui puisse excuser ses étourderies. […] Une circonstance fort indépendante du mérite de la pièce, répandit sur cette représentation un charme particulier : Louis XV avait alors le même âge que Joas ; comme lui il restait le dernier d’une famille nombreuse ; on avait tremblé pour ses jours. […] Par exemple, Devisé fait dire à sa coquette : Mon âge plus que tout me donne du souci ; Pour le persuader quelque effort que je tente, Avouant mes trente ans, on en croira quarante.

1732. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Vous savez ce qu’il en a dit, il a dit : Cet âge est sans pitié. […] Sur ton front qui voyage, Ce soir ont-ils compté           Quel âge A leur éternité ? […] De la jeunesse, Alfred de Musset, qui alors avait dix-huit ans, a les qualités et aussi les défauts, je veux dire l’impertinence, l’air cavalier, le mépris hautain pour tout ce qui n’est pas les idées et les sentiments de son âge. […] À l’âge où l’on croit à l’amour, J’étais seul dans ma chambre un jour, Pleurant ma première misère. […] À l’âge où l’on est libertin, Pour boire un toast en un festin.

1733. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Et ce cas est encore celui de bien des hommes, personnellement respectables, d’entre nos contemporains, lesquels, si on les laissait faire, nous ramèneraient sur certains points à l’âge d’or de saint Louis. […] Et en le nommant ainsi je voudrais éviter, quoique cela soit bien difficile, de nommer et d’indiquer l’Église spirituelle ; je voudrais séparer tous ces esprits, toutes ces âmes respectables et intérieures, tous ces croyants qui ne vivent que du suc intime du christianisme et dont la vie est soumise à des préceptes de douceur et de charité ; — et ce n’est pas ici un hommage d’apparat que je leur rends : j’ai le bonheur d’en compter plusieurs pour amis, et à travers les dissidences de la pensée, je n’ai jamais cessé de sympathiser avec eux par le cœur ; — mais il faut bien le dire, des circonstances récentes, des déterminations politiques qui étaient peut-être nécessaires, ont donné aux hommes actifs et d’humeur ingérante, aux meneurs politiques qui dirigent le parti, des encouragements et des espérances qui, dans leur exaltation bruyante et leur redoublement fiévreux, sont faits pour inspirer des craintes, — non pas de l’effroi, — et pour inquiéter du moins ceux de mon âge, qui, se souvenant des misérables luttes du passé, voudraient en prévenir le retour.

1734. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Madame de*** m’a bien dit : Allez-y si vous voulez, je comprends qu’un jeune homme de votre âge et qui fait des vers se prive avec peine de l’occasion de voir cette femme de génie ; mais je ne puis vous y conduire moi-même, on croirait ici et à Genève que je change de religion. […] La première ne contenait que des jeunes gens sur le siége et de jeunes personnes dans la voiture ; elles étaient charmantes, mais ce n’était pas de la beauté que je cherchais ; dans la seconde, deux femmes d’un âge plus mûr étaient assises seules et causaient ensemble avec animation.

1735. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

XXXII Les dangers que courrait la succession protestante en Angleterre si Élisabeth, qui avançait en âge et qui n’avait jamais voulu partager le trône avec un époux, venait à mourir avant Marie Stuart, paraissent avoir décidé son conseil au crime d’État que cette reine s’était refusée jusque-là à accomplir. […] Malgré son âge, sa beauté ineffaçable, sa grâce, sa séduction, son rang, son génie lui attiraient de nouveaux serviteurs dont le culte se confondait pour elle avec l’amour.

1736. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Mais quand, aux environs de 1615, plus tôt ou plus tard, disparaîtront ces derniers représentants du xvie  siècle chez lesquels nous avons vu se former tous les traits de l’esprit classique, il s’en faut que les œuvres littéraires indiquent nettement le caractère de l’âge nouveau. […] Nul n’est admis, s’il ne compose et ne lit : un vieil officier, à qui la plume pèse, est forcé de barbouiller du papier pour être admis dans cette « Académie femelle », comme Chapelain écrit en 1638, s’égayant fort de ces « fées qui ont beaucoup d’âge et peu de sens ».

1737. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Ainsi furent suspendues pour trois quarts de siècle les tendances qui composèrent l’esprit de l’âge suivant. […] La connaissance scientifique est essentiellement incomplète et relative ; c’est ce qu’aperçoit nettement Pascal, au début d’un âge scientifique, et cela désespère ce grand esprit, avide d’une certitude absolue et infinie.

1738. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Élevé par des maîtres qui renouvelaient ceux de Port-Royal, moins l’hérésie, mais aussi moins le talent d’écrire, je fus donc excusable, à l’âge de douze on quinze ans, d’avoir, comme un élève de Nicole ou de M.  […] Un inconvénient plus grave, c’est que, ne m’étant pas amusé quand j’étais jeune, et ayant pourtant dans le caractère beaucoup d’ironie et de gaieté, j’ai dû, à l’âge où on voit la vanité de toute chose, devenir d’une extrême indulgence pour des faiblesses que je n’avais point eu à me reprocher ; si bien que des personnes qui n’ont peut-être pas été aussi sages que moi ont pu quelquefois se montrer scandalisées de ma mollesse.

1739. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Entre le Bacchus purement agraire des premiers âges et le dieu de Thèbes, le Bacchus Lydien remplit l’interrègne. […] De la mythologie assombrie et rétrécie des basses époques de l’antiquité, il passe, comme par un couloir ténébreux, dans la magie du Moyen âge, et il y reparaît déformé sous la figure bestiale de Satan.

1740. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

— Dans l’Âge d’or dénote une intelligence clairvoyante, un lyrisme un peu froid, légèrement artificiel. […] Il n’y a plus de frontières et il n’y a pas d’âge.

1741. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

L’ivresse de ce démagogue devenu fou, qui ose préférer la mort de Danton à celle de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dégoûtera-t-elle de la Révolution les faibles chrétiens de notre âge aussi certainement que l’ilote dégoûtait les Spartiates ? […] Le Bas-Bleu, en effet c’est la courtisane de notre âge.

1742. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Hémistiches alternés et pondérés, balance exactement équilibrée, périodes mesurées, sévérités rythmiques, splendeur de vocabulaire, majesté d’images, voilà les caractères essentiels, grands et profonds, qui ont toujours distingué le vers, dans les œuvres lyriques ou dramatiques de tous les âges. […] il serait absolument supérieur le jour où, au lieu d’achever cette Fin de Satan qu’il projette, — une pensée moderne bonne à laisser à un poète comme Soumet, qui a fait quelque part la Fin de l’Enfer, — il écrirait de préférence quelque violente épopée du xe  siècle et ne craindrait pas de mêler les moines, dont c’était l’âge d’or, aux soldats.

1743. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

De toutes les scènes historiques qui se font simples et familières avec art, et qu’ont tant recherchées les vrais romantiques de notre âge, il n’en est certes point qui équivaille à celle-ci, prise sur le fait comme elle est et saisie au vol, ni qui rende mieux témoignage de la physionomie militaire de l’époque et des hommes : c’est là du naïf et du piquant en nature.

1744. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Villeroi comme les Brienne, les Pontchartrain, les Le Tellier, est d’une de ces races ou l’on était secrétaire d’État de père en fils ; il fut ministre, en vérité, près de cinquante ans durant : ministre dès l’âge de vingt-cinq ans sous Charles IX, ministre sous Henri III, ministre ou l’équivalent sous Mayenne, ministre dès la première année de restauration monarchique sous Henri IV, ministre sous la régence et sous Louis XIII.

1745. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Il était à cet âge dont parle Cicéron, et où l’orateur romain a dit que son éloquence elle-même se sentait blanchir (« quum ipsa oratio jam nostra canesceret ») ; il avait hâte d’en employer toute la maturité et la douceur pour la famille chrétienne qui lui avait été donnée.

1746. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Placé dans une école de sa ville natale, un petit collège tenu par des ecclésiastiques, il y fit avec succès ses études jusqu’à l’âge de seize ans : les maîtres de ce collège étaient des prêtres du pays, de la vieille roche, graves, instruits, enseignant les belles-lettres avec solidité et bon sens, et antérieurs à toute invasion de ce qu’on peut appeler le romantisme clérical ou le néo-catholicisme.

1747. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Musset, en son temps, a apostrophé Lamartine et s’est mis à l’aise avec lui, le traitant d’emblée et sans façon d’égal à égal, d’Alfred à Alphonse ; eu égard à la différence des âges, à celle des réputations au moment où cette épître parut, eu égard aussi, j’ose le dire, à l’étoffe et à la portée non comparables des génies, c’était légèrement fat et quelque peu impertinent : M. 

1748. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

A peine nommé, on s’aperçut qu’il n’avait pas tout à fait l’âge.

1749. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Voilà le vrai ; et de plus, il est résulté de ces années d’expérience et de pratique commune que cette doctrine critique, qu’on cherchait à introduire dès l’abord, s’est formée de la manière dont ces sortes de choses se forment le mieux, c’est-à-dire lentement, insensiblement, comme il sied à des hommes d’âge déjà mûr, qui ont passé par les diverses épreuves de leur temps, et qui sont guéris des excès.

1750. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Ce feu, cette vivacité que Jordan lui avait vue à Londres vingt ans auparavant, avait sans doute diminué avec l’âge ; les fatigues d’une vie nécessiteuse, et tour à tour agitée ou abandonnée ; devaient à la longue se faire sentir et produire des sommeils.

1751. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Je suis bien novice, malgré mon âge, à la rédaction des choses politiques, mais je ne conçois pas qu’on insiste pour écrire dans une Constitution de ces choses-là.

1752. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

« Comme pour achever l’œuvre des âges, les des Esseintes marièrent pendant deux siècles leurs enfants entre eux, usant leur reste de vigueur dans les unions consanguines. » Père mort, il y a treize ans — des Esseintes atteignait alors sa dix-septième année — « d’une maladie vague ».

1753. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Mais, à l’époque d’Homère et d’Hésiode, et quelque temps encore après, lorsque dans l’âge le plus remarquable par les chefs-d’œuvre de la poésie, Pindare a composé ses odes, les idées de morale étaient très incertaines.

1754. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

. — Et que, dans un âge plus avancé, l’expérience nous ait convaincus qu’à tout prendre, il vaut mieux, pour son bonheur dans ce monde, être un honnête homme qu’un coquin541 ? 

1755. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Il organisera l’explication aussi selon l’âge, l’instruction, les curiosités, la destination future de ses auditeurs.

1756. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Une femme, Mme Ackermann, très studieuse et très savante, d’existence unie et qui n’a pas eu de très grands malheurs, s’avise, dans son âge mûr, d’écrire des vers.

1757. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Il a montré, presque avec émotion et en condamnant sur ce point les railleries vulgaires, ce qu’il y a de touchant dans l’amour, des femmes qui ont un peu dépassé l’âge de l’amour, des amantes mûries et meurtries, qui s’attachent à leur dernière passion avec fureur et avec mélancolie, parce qu’après il n’y aura plus rien, et qui, pour se faire pardonner, pour s’absoudre elles-mêmes et sans se douter du sacrilège, mêlent à leur suprême amour de femme un sentiment d’équivoque maternité.

1758. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

On se le représente comme un vieillard ; il était au contraire de même âge que Jésus 312, et très jeune selon les idées du temps.

1759. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Voulant être distinguée du roi, lui être agréable, parce qu’elle l’aimait, mais voulant son estime et conserver le respect d’elle-même, pouvait-elle employer des moyens à l’usage des femmes ordinaires, mettre en pratique cet art de plaire, cet art de la cour, qui comprend l’art de nuire à tout ce qui n’est pas soi ; à intriguer contre une favorite a qui et le doit sa place ; à lui tendre des pièges, à lui opposer d’autres femmes dont elle pourra avoir bon marché, à rechercher les occasions de s’introduire près du maître, de surprendre ses regards, de les attirer par des soins et des parures qui déguisent son âge ; à se faire vanter, célébrer par des prôneurs ; à se distinguer tantôt par la finesse de la louange, tantôt par son enthousiasme, toujours par l’à-propos ; à rappeler d’une dis tract ion, à faire revenir d’un caprice par des bouderies, par des querelles, par des minauderies ; en un mot, à pratiquer le manège d’une coquetterie subalterne ?

1760. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Il a cinquante ans, mais il porte haut sa tête grisonnante, que l’âge semble poudrer plutôt que blanchir.

1761. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

La marquise de Courcelles, née Sidonia de Lenoncourt, d’une illustre famille de Lorraine, orpheline de bonne heure, fut élevée chez une tante abbesse, dans un couvent d’Orléans, et tirée de là à l’âge de moins de quatorze ans, par ordre de Louis XIV, pour être mariée comme riche héritière à Maulévrier, un des frères de Colbert.

1762. (1761) Apologie de l’étude

Pour comble d’infortune, je ne suis plus dans l’âge des passions, ni à portée de trouver des ressources passagères dans cette illusion momentanée.

1763. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Miné pendant quatre ans par la fièvre et le désespoir que lui causaient les tracasseries de ses adversaires, obligé, il le dit, de se cacher pour défendre son repos et sa liberté menacés, exaspéré jusqu’au point d’être tenté de brûler son livre, l’occupation et l’espoir de toute sa vie, il s’éteignit à l’âge de soixante-huit ans, moins usé sans doute par les années et la maladie que par la fatigue et par l’angoisse.

1764. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

cette comédie du mariage, qui a inspiré tant de choses et de rires cruels aux grands comiques et aux grands moralistes de tous les âges, est, au fond, l’histoire du désenchantement de deux cœurs unis.

1765. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

À celle d’un grand fleuve, c’est un homme dans la force de l’âge, c’est un demi-dieu couché tranquillement au milieu des roseaux, et contemplant d’un œil satisfait les campagnes qu’il féconde et qu’il enrichit.

1766. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

On le voyait député en ambassade vers Jules II ; traité avec le plus grand respect par tous les princes de la maison de Médicis ; conversant avec les papes, et assis à côté d’eux, tandis que les cardinaux et tous les courtisans étaient debout ; comblé d’honneurs à Venise, où la république et le doge l’envoyèrent complimenter à son arrivée, on le voyait dans son école comme dans un temple, environné d’une foule d’enfants et de jeunes gens de tout âge, qui lui offraient les essais de leurs travaux ; et lui, comme une divinité, leur communiquant, pour ainsi dire, le génie des arts.

1767. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Aîné de dix enfants, le jeune Poquelin fut dès son bas âge destiné au métier des siens. […] Béjart le jeune, qui passe pour être monté sur la scène avant l’âge de quinze ans, jouait dans la comédie les pères et les seconds valets, et dans la tragédie, les troisièmes et quatrièmes rôles. […] Il était donc précieux pour Molière de le voir unir ses applaudissements à ceux du parterre et de Louis XIV, et de recevoir de lui les stances suivantes, qui, si elles n’ajoutent rien à la réputation de leur auteur comme poète, lui assuraient dès lors celle de juge éclairé : En vain mille jaloux esprits, Molière, osent avec mépris Censurer ton plus bel ouvrage ; Sa charmante naïveté S’en va pour jamais d’âge en âge Divertir la postérité. […] La nature lui accorda le don de conserver un air de jeunesse jusque dans un âge fort avancé. […] Tel enfin est ce rare ouvrage Qu’il ne se sent point de son âge, Et que d’un roi des plus mal nés, D’un héros qui saigne du nez, Il a fait, malgré les critiques, Le plus beau de ses dramatiques.

1768. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

» Avec la gaîté propre à cet âge charmant. […] « Malgré son âge !  […] Il n’y a pas d’âge pour la jalousie. […] Émile Veyrin est mort l’année dernière à l’âge d’environ cinquante ans. […] Une pauvre veuve étant morte laissant deux orphelins en bas Âge, M. 

1769. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

La vie est courte, ennuyeuse ; elle se passe toute à désirer, et l’on remet à l’avenir son repos, ses joies, à cet âge où souvent les meilleurs biens ont déjà disparu, la santé et la jeunesse. […] « M*** est moins affaibli par l’âge que par la maladie ; car il ne passe pas soixante-huit ans. […] À l’âge de vingt-deux ans, il assistait, dans la Chambre des Bourgeois de la Virginie, aux résolutions qui furent prises contre l’acte du timbre et commencèrent la révolution américaine. […] Car les vertus et la morale varient selon les âges, non pas arbitrairement ou au hasard, mais d’après des règles fixes. […] « Nul hom de son âge, ne doit parjurer por fils ni por ami ».

1770. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

L’âge imbécile qui vient de finir demeure enfoui sous le dédain avec ses radotages de versificateurs et ses manuels de cuistres, et parmi les libres opinions qui arrivent de l’antiquité, de l’Italie, de la France et de l’Espagne ; chacun peut choisir à sa guise, sans subir une contrainte ou reconnaître un ascendant. […] Après tout, à tout âge, sous toute civilisation, un peuple est toujours lui-même ; quel que soit son habit, sayon de poil de chèvre, pourpoint doré, ou frac noir, les cinq ou six grands instincts qu’il avait dans ses forêts le suivent dans ses palais et dans ses bureaux. […] Il veut voir dans l’homme non quelque passion générale, l’ambition, la colère ou l’amour ; non quelque qualité pure, la bonté, l’avarice, la sottise, mais le caractère, c’est-à-dire l’empreinte extraordinairement compliquée, que l’hérédité, le tempérament, l’éducation, le métier, l’âge, la société, la conversation, les habitudes ont enfoncée en chaque homme, empreinte incommunicable et personnelle qui, une fois enfoncée dans un homme, ne se retrouve nulle part ailleurs. […] Je n’ai plus l’âge de ces terreurs vaines.

1771. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

D’autres, de l’âge de Balzac ou plus jeunes, avaient abandonné les mots surannés, mais retenu, quelques-uns l’exagérant, la prolixe facilité de Ronsard. […] Neuf satires, dont quatre exclusivement littéraires, et les autres semées de traits contre les poètes contemporains, des préfaces agressives, des ouvrages satiriques en prose133, des apologies de la satire, remplissent ces huit années, qui conduisent Boileau de la jeunesse à l’entrée de l’âge mûr134. […] Ce sont les satires littéraires et quelques satires morales, fruits de cet âge où l’on a un sentiment si vif des défauts et des vices des hommes, et la prétention de les corriger ; l’Art poétique, et les épîtres, qui marquent, l’un, l’âge de la pleine maturité et le désir d’établir ses principes et de confesser sa foi ; les autres, l’expérience, qui croît à mesure que les jours s’écoulent, et qui nous rend plus faciles sur les défauts d’autrui et plus attentifs aux nôtres.

1772. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

L’histoire, assez inutile au commun des hommes, est fort utile aux enfants, par les exemples qu’elle leur présente et les leçons vivantes de vertu qu’elle peut leur donner, dans un âge où ils n’ont point encore de principes fixes, ni bons ni mauvais. […] Je sais qu’on fait sonner très haut deux grands avantages en faveur de l’éducation des collèges, la société et l’émulation : mais il me semble qu’il ne serait pas impossible de se les procurer dans l’éducation privée, en liant ensemble quelques enfants à peu près de la même force et du même âge. […] Je réponds premièrement, que si un enfant a assez de discernement pour bien faire ce choix, il en aura assez pour sentir de lui-même la vraie signification du mot appliqué à la circonstance et au cas dont il est question dans l’auteur ; les enfants qui apprennent à parler, et qui le savent à l’âge de trois ou quatre ans au plus, ont fait bien d’autres combinaisons plus difficiles. […] Ne serait-ce point pour cette raison qu’il est rare de lire, sans être fatigué, bien des vers de suite, et que le plaisir causé par cette lecture diminue à mesure qu’on avarice en âge.

1773. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Le mouvement scientifique et critique qui emporte notre âge est, au fond, hostile aux poètes. […] François Coppée me rappelle les grands versificateurs de « l’âge d’argent » de la littérature latine. […] Il s’applique à rendre aux mots le sens exact qu’ils avaient dans cet âge d’or. […] Saint-René Taillandier sur la Tentation de saint Antoine, qui, dans l’âge heureux où l’on manque de sagesse, m’avaient rempli de la plus furieuse indignation. […] De grands esprits ont été atteints de cet agréable mal au tournant, de l’âge mûr, et surtout ceux dont la jeunesse a été sévère.

1774. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Et il n’était plus beau : sa robe blanche et frisée avait jauni ; son nez, autrefois si noir, blanchissait ; une saleté et une sorte de honte le rendaient lamentable, car on n’osait le laver, à cause de son grand âge. […] D’abord sa faculté de souffrir s’était vraiment un peu émoussée, à force d’âge, surtout depuis ce dernier hiver. […] Les croix disaient les âges : deux ans, seize mois, cinq mois. […] Qu’on ne s’évertue pas à y sentir le poids de l’âge, ils sont tous du temps de la vigoureuse jeunesse de l’auteur des Contemplations. […] Je ne puis rapporter ici les détails du vertigineux voyage aérien de l’Albatros, mais je garantis aux lecteurs de tous âges qui ouvriront le dernier volume de Jules Verne qu’ils y trouveront l’intérêt captivant qui a fait le succès de toute son œuvre.

1775. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Si une critique bienveillante avait poussé La Fontaine, Rousseau et bien d’autres à produire dès le jeune âge, ils n’eussent jamais donné ce que des années d’observation et de méditation leur ont apporté, ils s’en fussent tenus à des balbutiements, à des essais, et notre pays n’eût pas été éclairé des lueurs de leur génie. […] Puis des personnes d’un âge intermédiaire, — puis des jeunes tout à fait, une douzaine au moins, les amies, les voisines, tout le quartier. […] Joseph-François Baudelaire en secondes noces de M. le général Aupick et mère de Charles Baudelaire décédée à Honfleur (Calvados) le 6 août 1871 à l’âge de 77 ans. […] Il s’agit d’un médecin qui se cachait soigneusement de sa fille pour faire des opérations : Il va sans dire que sa fille était arrivée à l’âge de quatorze ans sans soupçonner le genre d’études auxquelles se livrait son père, dont elle attribuait les absences quotidiennes aux devoirs de son professorat. […] D’abord ces vers délicats : Ils s’étaient dès l’enfance, avant l’âge où l’on aime, Rencontrés, reconnus, promis, à l’instant même.

1776. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Il est élevé chez sa grand’mère (qu’il a toujours appelée « ma mère ») jusqu’à l’âge de dix ans. […] Je ne dis pas qu’il dut s’y ennuyer : mais l’absence d’enfants de son âge, le silence de ce grand cloître dépeuplé et de cette vallée solitaire, tout cela était évidemment fort propre à le jeter dans la rêverie. […] Cette lecture était convenable à l’âge de Racine, et le devait intéresser par tout le scabreux d’un docte badinage et par l’ingéniosité des périphrases exprimant les détails physiologiques les plus osés. […] Lamartine, au même âge que Racine, et alors qu’il imitait Parny, faisait des vers de ce genre. […] Il aurait sans doute corrigé l’âge de la sultane ; il lui aurait prêté une jalousie plus terrible… Du moins, je le crois.

1777. (1910) Rousseau contre Molière

Or quel âge a le Misanthrope ? […] A cet âge, on connaît les hommes ; mais on ne fait que commencer de les connaître. […] vous iriez dire à la vieille Emilie Qu’à son âge il sied mal de faire la jolie… .  .  .  .   […] Encore qu’Arnolphe ne puisse guère compenser le désavantage de l’âge par une supériorité intellectuelle, encore est-il que le désavantage et le ridicule de l’âge paraîtraient moins énormes à une intellectuelle qu’il ne le paraît à une simple. […] J’ai peur qu’un homme de mon âge ne soit pas de son goût et que cela ne vienne à produire chez moi certains petits désordres qui ne m’accommoderaient pas.

1778. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Faut-il pour cela que nos enfants, à l’âge d’hommes, viennent nous rebattre les oreilles de la découverte qu’ils ont faite qu’il n’y a vraiment pas de louloups ni de croquemitaines ? […] Depuis, avec l’âge, il s’est gâté et cède à la crainte. […] On ne pouvait apprendre de vous, capitaine, ni le bon sens ni la délicatesse, mais vous me donnâtes, à l’âge où ma bonne me mouchait encore, une leçon d’honneur et d’abnégation que je n’oublierai jamais. […] Comme le soir tombait, le maître est arrivé, Vieux lui-même ; et, hâtant son pas que l’âge casse, A murmuré le nom de son chien à voix basse. […] monsieur, disait le chancelier d’Aguesseau, qu’il est beau à un prince de cet âge, et au milieu du tumulte des armes, de ne pas rougir de Jésus-Christ ! 

1779. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Il promène sa pensée bien au-delà des prairies, des canaux et des moulins qui l’entourent ; et son esprit, dans ses veilles, va par les pays et remonte les âges. […] Pour cela j’utiliserai ce phénomène assez fréquent, que deux auteurs d’âge et de caractère différents s’attaquent en même temps au même sujet. […] Il a essayé de nous dépeindre, en parcourant les âges de l’humanité, les états divers de la société, où le sentiment de terreur, flottant dans le cœur de l’homme, s’est précipité en formes typiques. […] Les jeunes gens de mon âge, et je ne fais pas allusion seulement aux membres du club, dont parlait Barrès, mais les étudiants de l’Université, se sont mis à réfléchir sur les principes qui règlent l’existence de l’homme. […] Avez-vous jamais suivi l’histoire d’un mot à travers les âges ?

1780. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Non pas que le goût lui fût enfin venu des plaisirs habituels de son âge. […] Cet homme, excellent m’avait adopté depuis l’âge de deux ans (mes parents étant morts) et me traitait avec l’affection d’un père. […] Renan, ni le vieux quaker Whittier, malgré son âge et la pureté de ses intentions, ni Mmes Ella Dietz, Emma Lazarus, Ada Isaacs et Zadel Gustafson, malgré le grand nombre de leurs vers, personne n’est en vérité un poète. […] Il avait toujours été beau ; mais avec l’âge et malgré la paralysie de tout un côté de son corps, il était devenu d’une beauté surnaturelle. […] Ni l’âge, ni les voyages, ni l’influence d’une lointaine hérédité allemande et écossaise n’ont empêché M. 

1781. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Détrompe-toi, garçon ; l’âge arrive, et, d’après le train que tu mènes, je prévois que ton gros orteil t’avertira bientôt que la plaisanterie a duré trop longtemps. […] Je la croyais malade, mais c’est l’âge qui fait cela, monsieur Kobus ; les enfants deviennent rêveurs à cet âge. » Fritz, se rappelant la scène du clavecin, devint tout rouge et dit en toussant : « C’est bon… oui… oui… Tiens, Katel, mets ces cerises dans l’armoire, je serais capable de les manger toutes avant le dîner.

1782. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

En France, à ce qu’il semble, cette époque maîtresse, cet âge d’or littéraire embrasse deux siècles, le dix-septième et le dix-huitième. […] Messieurs, l’avènement d’un homme de génie, d’un grand poète surtout, n’est jamais un fait spontané sans rapports avec le travail intellectuel antérieur ; et s’il arrive parfois que la Poésie, cette révélation du Beau dans la nature et dans les conceptions humaines, se manifeste plus soudaine, plus haute et plus magnifique chez quelques hommes très rares et d’autant vénérables, une communion latente n’en relie pas moins, à travers les âges, les esprits en apparence les plus divers, tout en respectant le caractère original de chacun d’eux. […] Il est mort plein de jours, plein de gloire, entouré du respect universel, auréolé de l’illusion suprême, conduit triomphalement au Panthéon par un million d’hommes et léguant aux âges futurs une œuvre et un nom immortels.

1783. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — L’Âge d’or, poèmes, Soc. du Mercure de France, 1903, in-18. […] Delbousquet, L’Âge d’or, La Plume, 1903. […] Œuvres. — Poèmes : Le Cahier rose et noir. — Automnales. — Chansons grises. — Les Colonnes du Temple (Mercure de France). — Sur une route de Cyprès (Occident). — Prose : Essai sur Laurent de Médicis (Perrin). — Le Condottière Castruccio Castracani (Picard). — L’Âge où l’on s’ennuie, Chronique contemporaine (Juven). — Le Connétable de Bourbon (Perrin). — Les Pigeons d’Argile, roman (Juven).

1784. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Les lacunes de nos documents géologiques proviennent principalement de ce que les êtres organisés n’habitent pas les régions très profondes des mers, et de ce que leurs restes enfouis ne peuvent être conservés pendant la série des âges géologiques dans des masses sédimentaires assez épaisses et assez étendues pour résister à de puissantes causes ultérieures de dégradation. […] Il y a ainsi quelque probabilité que certains degrés transitoires de perfection se soient transmis depuis les âges primitifs de la vie organique, sinon dans des conditions absolument identiques, du moins dans des conditions fort analogues. […] Dans une classe d’êtres qui ont vécu depuis les temps géologiques les plus anciens, qui, par conséquent, ont varié en sens divers et souffert beaucoup d’extinctions et plusieurs renouvellements complets à travers la série des âges, les groupes doivent nécessairement se montrer reliés les uns aux autres par des affinités tortueuses et inexplicables pour nos moyens actuels d’observation.

1785. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Eschyle croit que la relation qui existe de son vivant entre les Suppliantes et l’opinion publique se maintiendra équivalente au cours des âges. […] J’ai connu un homme, il est vrai d’un certain âge, qui pouvait tromper un désir sexuel en feuilletant des albums d’estampes. […] Elle garda aussi les chansons, les musiques (et les danses qui s’y joignent) dont l’homme se détache à l’âge même où il quitte la jeunesse. […] A l’âge où une jeune fille d’aujourd’hui s’épuise à des études stériles, et pires, abêtissantes, la femme de jadis était en pleine floraison de maternité. […] Sans doute, cela est sans importance, puisqu’il s’agit seulement de passer le temps, d’occuper l’activité bizarre de l’âge ingrat.

1786. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Il se pourrait donc qu’entre Hubert Liauran et Armand de Querno la principale différence fût celle de l’âge. […] Or, à première vue, il semble un peu étrange que des jeunes gens qui ont même âge et mêmes ambitions, et qui ont fait par les mêmes méthodes des études préparant aux mêmes examens, n’aient entre eux aucuns points de ressemblance. […] Venus à un même moment de l’humanité, nous ne sommes complètement des étrangers pour aucun de nos compagnons d’âge. […] C’est de l’étonnement, et c’est une sorte de gêne aussi qu’a causée aux hommes de notre temps ce revenant d’un autre âge. […] C’est ainsi que l’œuvre de génie se fait la contemporaine de tous les âges.

1787. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Il faut, pour la poésie épique, la vive et libre imagination des premiers âges ; il faut que les lumières n’aient point encore affaibli la force des croyances, l’exaltation des sentiments, la variété et la vigueur des caractères ; l’épopée ne peut être chantée qu’à des peuples simples, et pour ainsi dire enfants, sensibles aux charmes des longs récits, amoureux des merveilles, ignorants des explications et des critiques. […] Tantôt sa muse a chanté les amours légères et voluptueuses de sa jeunesse, les charmes d’une vie facile et épicurienne, les plaisirs de l’amitié, les succès de l’amour-propre ; après, elle s’est entretenue avec les sciences, et les a animées de son feu ; plus tard, elle est entrée en commerce avec les rois, et a prêté à la flatterie le masque de la familiarité ; puis elle s’est plu à peindre les douceurs de la retraite et de la liberté, le déclin de l’âge, la fin des amours ; enfin, quand elle a été confidente de la vieillesse, elle a exprimé cette incertitude continuelle d’opinions, cette variation de principes, cette triste légèreté sur tout ce qui importe le plus à l’homme, et cette inquiétude de caractère que l’âge n’avait pu calmer. […] Rousseau, en mettant ainsi l’éducation en scènes arrangées, montre souvent combien il avait mal observé le premier âge. […] C’est ainsi qu’aux premiers âges du monde il a dû frapper d’abord les hommes, quand ils étaient simples et enfants ; ils ne cherchaient ni à comparer, ni à expliquer ; chaque objet leur faisait une impression neuve et isolée, par conséquent bien plus forte et bien plus vive ; le monde leur paraissait un amas de merveilles terribles ou imposantes ; leur imagination seule en était frappée. […] Peut-être n’a-t-on jamais vu un écrivain débuter dans la carrière littéraire par un ouvrage aussi sagement profond ; et si le caractère du talent est d’être jeune à tout âge, peut-être celui de la pensée est-il de donner la maturité à la jeunesse.

1788. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Ceux de mon âge, et qui ont habité le quartier Latin, se rappellent le chiffre des modestes budgets d’alors. […] Fichte avait dit déjà que l’heure de l’Allemagne allait sonner au cadran des âges, parce que nous arrivions au siècle de la Science, et, affirmait-il, la race allemande est la mieux préparée, par son génie et sa méthode, à l’activité scientifique. […] Écoutez le successeur de Kant : « Le quatrième âge de l’humanité commence. Ce sera l’âge de la Science. […] Son imagination lui montrait ces grands hommes, et qu’il admirait avec l’enthousiasme de la seizième année, penchés, à son âge, sur les mêmes besognes, assujettis aux mêmes disciplines.

1789. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

*** Les habitués de l’orchestre de l’Opéra ont dû remarquer, parmi les locataires des stalles à l’année, un personnage encore très-alerte et très-vert, bien qu’il approche de l’âge où l’eau-de-vie commence à être bonne. […] M*** s’est passionné comme on se passionne au bel âge. […] Dès qu’il a constaté son existence par une première publication, il utilise ce précédent pour se faire comprendre parmi les collaborateurs des feuilles éphémères destinées à mourir du CROUP littéraire à l’âge de deux ou trois numéros. […] Augier, qui, il faut le dire, n’avait jamais été en meilleure veine de poésie. — Le sujet de sa pièce nouvelle est tout moderne : c’est la lutte de l’homme jeune avec les mœurs de l’époque, qui, au nom de ses intérêts de position et de fortune, réclament l’immolation de tous les instincts libres et généreux de l’âge juvénile. — On pourrait contester à M.  […] Philippe est avocat, et l’étude de la loi est contradictoire avec les aspirations du cœur. — Il est vrai que dès son jeune âge Philippe a été victime de la corruption maternelle, — corruption est le mot, et on n’en peut trouver d’autre pour exprimer le système d’éducation avec lequel madame Huguet a élevé son fils dès son plus jeune âge. — Cette création de la mère corruptrice est toute la pièce. — Balzac, qui ne reculait certainement pas devant la peinture des infirmités sociales, l’eût à peine osé.

1790. (1921) Esquisses critiques. Première série

Verlaine et Goncourt — Mallarmé non plus, à qui l’on doit toujours penser quand il s’agit d’un écrivain de cet âge — ne sont pas les seuls poètes évoqués ou invoqués parmi ces vers — ni les seuls artistes. […] Nous comprîmes plus tard que ce que pouvait se permettre un homme de la taille et de l’âge de Mirbeau nous était interdit, et qu’en tout état de cause nous devions le respect à un écrivain tel que M.  […] Les poètes s’en repassent les thèmes d’âge en âge et quel que soit l’accident personnel, il demeura identique à lui-même. […] Comparer à ce propos l’analogie de sonorité et de mouvement qu’il y a entre ces morceaux que nous empruntons à la Double Maîtresse et aux Historiettes : La Noue Bras de fer avait fort mauvaise mine et était toujours vêtu de chamois… Dès son jeune âge, Hubert de Mausseuil s’était montré paillard et ivrogne… Elle vivait là fort solitaire, vêtue de grosse laine, vaquant aux soins du ménage, un trousseau de clefs à la main. […] « À ton âge, me dit-elle bien souvent, on paye de sa personne. » (La Navette.)

1791. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Il répondit encore clairement aux questions faites à voix basse par les membres de la famille réunis avec sollicitude autour de son lit, et surtout de sa chère nièce l’épouse du ministre de Bülow et de son neveu le général de Hedemann, enfin de son fidèle serviteur Seiffert… Alors il se tut et ferma les yeux, sans souffrance, le 6 mai, à deux heures et demie de l’après-midi, à l’âge de quatre-vingt-neuf ans, sept mois et quelques jours. » III « Tout Berlin ressentit, à la nouvelle de cette mort, la même émotion que si l’on avait perdu le père le plus chéri. […] “Les familles des animaux et des plantes”, dit un des plus grands anatomistes de notre âge, Jean Müller, dans sa Physiologie de l’homme, “se modifient durant leur propagation sur la face de la terre, entre les limites qui déterminent les espèces et les genres.

1792. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

VII Montesquieu mourut d’une fièvre inflammatoire, le 10 février 1755, à l’âge de soixante-six ans. […] J’avoue qu’à l’âge où je suis arrivé, je ne connaissais Montesquieu que de nom, et que je serais mort sur la prévention de son mérite transcendant, si je n’avais eu enfin, dans ces derniers temps, le loisir de l’étudier à fond et la volonté de m’en faire une idée juste.

1793. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Molière est impitoyable contre les parents qui veulent faire servir leurs enfants à la satisfaction de leurs idées et de leurs besoins, quand ceux-ci ont l’âge de vivre par et pour eux-mêmes. […] Il faut un rapport d’âge : la nature destine les jeunes hommes à épouser les jeunes filles ; les vieillards n’ont que la paternité pour carrière ; Arnolphe est coupable de prétendre à Agnès, Harpagon ridicule de se poser en rival de son fils.

1794. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Si l’on peut dire que le romantisme a consisté, pour une bonne part, dans le goût du pittoresque à outrance et des effets violents, on conçoit qu’il ait tourné assez rapidement au réalisme ; car, dès qu’il s’agit de forcer l’attention et d’ébranler les nerfs des dégoûtés, l’art qui peint la réalité contemporaine et qui en respecte ou en exagère les brutalités y réussira mieux que celui qui s’attarde aux âges passés ou qui donne aux choses d’aujourd’hui un air de fiction, l’air de « n’être pas arrivées »  Notez que, d’un autre côté, par son développement naturel, parallèle, semble-t-il, aux progrès du sens critique et à l’accroissement de ses exigences, le roman tendait au réalisme. […] Cette prédilection paraîtra même une originalité suffisante, si l’on considère que l’Art vit plus volontiers de choses éternelles ou de choses déjà passées, qu’il a souvent ignoré ce qui, à travers les âges, a successivement été « le moderne », ou que, s’il l’a connu quelquefois, il ne l’a jamais aimé avec cette passion jalouse.

1795. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

J’étais, au contraire, tout à fait bien avec les petites filles de mon âge, elles me trouvaient tranquille et raisonnable. […] Enthousiaste, je le suis autant que personne ; mais je pense que la réalité ne veut plus d’enthousiasme, et qu’avec le règne des gens d’affaires, des industriels, de la classe ouvrière (la plus intéressée de toutes les classes), des juifs, des Anglais de l’ancienne école, des Allemands de la nouvelle, a été inauguré un âge matérialiste où il sera aussi difficile de faire triompher une pensée généreuse que de produire le son argentin du bourdon de Notre-Dame avec une cloche de plomb ou d’étain.

1796. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

L’âge de ces différents livres, grâce aux travaux de MM.  […] Laisser tous les renseignements fournis par les évangiles dans le désordre où la tradition nous les donne, ce ne serait pas plus écrire l’histoire de Jésus qu’on n’écrirait l’histoire d’un homme célèbre en donnant pêle-mêle les lettres et les anecdotes de sa jeunesse, de sa vieillesse, de son âge mûr.

1797. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Certains auteurs sont particuliers à certains âges et en présentent les caractères. […] L’âge des « héros » coudoie « l’ère des foules ».

1798. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Nous autres Romains de cet âge de vertu, tous tant que nous sommes, nous tenons en réserve nos costumes politiques pour le moment de la pièce et moyennant un demi-écu donné à la porte, chacun peut se procurer le plaisir de nous faire jouer avec la Toge ou la Livrée tour à tour, un Cassius ou un valet. » (Essai, page 333.) […] Tant que la Bourgeoisie eut à redouter un retour agressif de l’aristocratie, les romantiques, emboîtant le pas aux historiens libéraux, ont fouillé le Moyen-Âge pour rapporter de sombres repoussoirs aux délices du temps présent ; mais dès que le Prolétariat, constitué en classe, devint l’ennemi, ils délaissèrent les romans historiques et les horreurs de l’époque féodale pour s’occuper des événements du jour : Zola, le lendemain des épouvantables massacres de la Semaine sanglante, afin d’épargner à la conscience bourgeoise le moindre remords, dépeignit, dans l’Assommoir, la classe ouvrière sous les traits les plus repoussants tandis que les George Ohnet décrivaient avec une servile complaisance l’âme généreuse et noble des maîtres de forges. — Les rapins de 1830 poursuivaient le bourgeois de leurs impitoyables railleries ; mais ayant compris, avec l’âge, que l’argent est un porte-respect, ils se sont domestiqués et ne travaillent que pour mériter l’approbation du bourgeois, qui achète leurs tableaux20.

1799. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Il plaida sa premiere cause au Barreau dès l’âge de dix-neuf ans, mais avec un succès si décidé, que ses rivaux & ses amis comprirent dès-lors à quelle gloire il étoit destiné. […] La foiblesse de sa santé l’obligea de quitter la chaire à un âge où d’autres commencent à y monter.

1800. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

On ne le devinerait pas non plus tel qu’il était dans sa familiarité avec d’autres mâles esprits de son âge, ouvert, étendu, persuasif, mentor indulgent et intelligent, raisonneur aimable, « cherchant moins à dire des choses nouvelles qu’à concilier celles qui ont été dites ».

1801. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Il fera dire, par exemple, à Adolphe, racontant et définissant ses rapports avec son père, ce père qui était timide même avec son fils : Je ne savais pas alors ce que c’était que la timidité, cette souffrance intérieure qui nous poursuit jusque dans l’âge le plus avancé, qui refoule sur notre cœur les impressions les plus profondes, qui glace nos paroles, qui dénature dans notre bouche tout ce que nous essayons de dire, et ne nous permet de nous exprimer que par des mots vagues ou une ironie plus ou moins amère, comme si nous voulions nous venger sur nos sentiments mêmes de la douleur que nous éprouvons à ne pouvoir les faire connaître.

1802. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Si sévères que nous puissions être envers celui qui s’est trahi à nous dans toutes ses contradictions morales et ses misères personnelles, n’oublions jamais ce qu’on doit d’admiration à un tel peintre, à celui qui, à ce titre, est et demeure le premier de notre âge : car c’est le même homme exprimant comme on vient de le voir toute la poésie de la Rome catholique, qui a su peindre avec un égal génie et une variété d’imagination toujours sublime la forêt vierge américaine, le désert d’Arabie, et les ruines historiques de Sparte63 !

1803. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

[NdA] C’est l’âge que lui donne le duc de Luynes ; il paraît qu’il n’avait guère, en effet, que quatre-vingts ans.

1804. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Mais à quel âge et par quels procédés apprend-on jamais à corriger ce qui tient au fond même de la nature humaine ?

1805. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Le jeune général, même après ses victoires et son élévation, ne cessa jamais, en écrivant à son père, de signer : « Votre très soumis fils. » Dès l’âge de seize ans, étant en rhétorique et quoique bon élève, Joubert avait trahi ses instincts belliqueux en s’échappant du collège pour s’engager dans l’artillerie.

1806. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Ainsi mourut à l’âge de trente ans ce jeune général, aimé, regretté de tous, succombant, on peut le dire, à une situation trop forte, à une épreuve où la préoccupation politique avait pesé étrangement sur les déterminations de l’homme de guerre.

1807. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

L’âge des plus beaux sermons, je vous le demande, a-t-il donc été suivi d’une si grande amélioration dans les mœurs ?

1808. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Le lendemain, c’était la princesse Zénaïde Wolkonski, toute catholique et propagandiste, toute chrétienne comme l’autre était tout païen, ayant à raconter des œuvres merveilleuses, couronnées de bénédictions surnaturelles : était-ce l’âge d’or des trois premiers siècles de l’Église qui recommençait ?

1809. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Tant et de si diverses lectures, à cet âge, peuvent distraire et amuser, mais ne nourrissent plus.

1810. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

… Quand on pèse tout ce que celui-là a fait et enduré, il semble qu’à quarante ans il devait être usé jusqu’au dernier atome ; mais pas du tout ; à cet âge, on le voyait s’avancer encore, toujours héros parfait. » Qu’on se rappelle les magnifiques jugements de Gœthe sur Louis XIV, sur Voltaire, sur Molière, sur les hommes-types par qui la France est si grande, et qu’on y joigne celui-ci57.

1811. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

C’est cette guerre qui ne dura pas moins de trois ans et demi et qui fut marquée par des cruautés sans exemple, même en ces âges cruels, cruautés surpassées et couronnées elles-mêmes à la fin par une vaste scène d’anthropophagie, que l’auteur de Salammbô a prise pour base et pour canevas de son ouvrage, roman ou espèce de poème en prose.

1812. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Il n’avait que trente-six ans, âge alors inouï en Saxe pour un poste, si éminent.

1813. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Il eût été, en effet, bien difficile à Bossuet de poursuivre sa tâche pour les âges suivants ; la critique et l’érudition historique n’avaient pas assez aplani les voies.

1814. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

A un endroit on est tout surpris de voir qu’un général, commandant un corps d’armée en mouvement, traîne avec lui toute une ménagerie d’animaux : c’est bien du prince qui, à l’âge de quatorze ans, avait ce singe favori qu’il faisait magnifiquement enterrer.

1815. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Fils orphelin de l’ancien ami du prince, du premier gentilhomme de sa chambre, il était comme adopté par lui et sur un pied de familiarité, de camaraderie même, qui, à ce degré et avec la disproportion des âges, ne laisse pas de surprendre.

1816. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

À voir ce rôle si actif de M. de Talleyrand à l’Assemblée Constituante, le biographe moraliste est amené à se poser une question : le Talleyrand de cette époque, à cet âge de trente-cinq ou trente-six ans, dans toute l’activité et tout l’entrain de sa première ambition, était-il bien le même que celui qu’on a vu plus tard nonchalant, négligent à l’excès, ayant ses faiseurs, se contentant de donner à ce qu’il inspirait le tour et le ton, et à y mettre son cachet ?

1817. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Un bel âge littéraire complet, ou du moins une vraie gloire de poëte de premier ordre, serait un bonheur et un coup de fortune pour tous ceux de valeur qui l’auraient précédé.

1818. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Chez les uns, l’esprit est plus pincé, plus facile chez les autres ; mais, dans l’ensemble, il est sensible que la préciosité étudiée de l’âge précédent s’est résolue en distinction aisée, ou même en négligence de bel air ; décidément les qualités mondaines ne sont plus une surface, mais la nature même, et par malheur toute la nature.

1819. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Nous sommes revenus à l’absolue liberté, comme avant la Renaissance  Le réalisme, si en faveur à présent, est chose du moyen âge  Le roman est aujourd’hui une bonne moitié de la littérature, comme au moyen âge  Les épopées du moyen âge défrayent notre poésie et notre musique  La poésie personnelle et lyrique, ressuscitée de nos jours, est chose du moyen âge plus que de la Renaissance et a été presque inconnue des deux derniers siècles ; Musset est plus proche de Villon que Boileau  Le mysticisme, la préoccupation du surnaturel, l’espèce de sensualité triste dont sont pénétrés si curieusement, en plein âge scientifique, les livres de beaucoup de jeunes gens, ce sont encore choses du moyen âge ; Baudelaire est moins loin que Boileau de l’auteur du Mystère de Théophile.

1820. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Mais ses compagnons d’âge furent médiocres, ou pis.

1821. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

D’autre part, quelques sympathies entre littérateurs actuels et prédécesseurs sont typiques à noter, et achèveraient de souligner le caractère lettré de ce qu’on appelle l’école nouvelle, c’est-à-dire des jeunes gens d’orientation diverse, mais du même âge et de mêmes journaux.

1822. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

La Fontaine trahit une certaine antipathie pour l’enfance, « cet âge sans pitié », en même temps qu’une sympathie profonde et fort rare de son temps pour les bêtes.

1823. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Ainsi l’idée féodale a été durant des siècles comme la sève d’un grand arbre qui est allé grandissant, poussant des feuilles, des fleurs et des fruits, couvrant de son ombre un vaste espace ; mais un jour est venu où l’afflux du suc nourricier a cessé de suffire à une croissance nouvelle, puis s’est retiré peu à peu des racines et des branches les plus éloignées du tronc, s’est enfin, sous l’action hostile de l’âge et des forces extérieures, ralenti et réduit à rien.

1824. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Pour moi qui, en qualité de critique, suis de ce lendemain plus que je ne veux, je me demande, après avoir lu Raphaël non pas s’il y a assez de beautés pour nous toucher çà et là et pour ravir les jeunes cœurs avides et qui dévorent tout ; mais je me demande si les esprits devenus avec l’âge plus délicats et plus difficiles, ceux qui portent en eux le sentiment de la perfection, ou qui seulement ont le besoin du naturel jusque dans l’idéal, ne sont pas arrêtés à tout moment et ne trouvent pas, à cette lecture, plus de souffrance de goût que de jouissance de cœur et d’émotion véritable.

1825. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Walckenaer était mort le 27 avril dernier, dans la quatre-vingt et unième année de son âge, au moment où il achevait de corriger les épreuves du cinquième volume de ses Mémoires sur Mme de Sévigné, mémoires infinis, courants en tous sens, amusement prolongé de sa vieillesse et qu’il ne devait point terminer.

1826. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Le héros de Daniel Defoe3 eut, presque tout de suite, des frères en quantité, de toutes nations, de tous les âges et de tous les métiers.

1827. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Les Tallemant des Réaux de notre âge parleront — comme elle en a parlé elle-même, — des passions posthumes qu’elle inspira à Villemain, — cette colonne vertébrale, infortunée, — et au cœur philosophique de Cousin, le testamentaire, qui lui légua, avec la grandeur d’un Harpagon amoureux, une somme qu’il ne pouvait pas emporter… Villemain et Cousin ne furent pas les seuls, d’ailleurs, que l’on vit, chez elle, dans des positions compromises… Elle pêcha toujours aux académiciens, même quand elle ne pouvait pas les faire pécher… Son salon était le parc aux huîtres de l’Académie.

1828. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

C’est avec cette poitrine délabrée qu’il prêcha ses sermons à ses deux paroisses, jusqu’à l’âge de quarante-sept ans, sans penser à mal ni à Tristram.

1829. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Otez de Sainte-Beuve l’atmosphère amoureuse qui lui fait comme sa troisième dimension vivante, retranchez de lui ce qui par tous les interstices des lundis s’insinue, palpite et fleurit du livre d’amour, de volupté, et des voluptés moins singulières de son dernier âge, vous aurez sans doute un Gustave Planche quelconque.

1830. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Ainsi l’enfance de l’homme est gracieuse & riante, & l’âge mûr est utile. […] C’est ce que semblent nous promettre les idées nouvelles, & ce que réaliseront sans doute quelques Ecrivains, qui, dans l’âge heureux où l’on secoue les préjugés, sauront penser d’après eux-mêmes, & écrire d’après leur âme. […] Les personnages sont si bien calqués les uns sur les autres, que tel acteur fait indifféremment les rôles de Rois ; leur âge, leur caractère, leur politique, ainsi-que leurs habits, tout est circonscrit d’avance. […] La pédanterie a un enthousiasme ridicule, assurément digne d’elle Les gens de Lettres avancés en âge & non Philosophes, sont les hommes qui nourrissent les préjugés les plus bizarres & qui s’opposent le plus au progrès des Arts : dans leur prévention sorte & enracinée. […] Son imagination juste & vraie dans son vôl immense embrasse tous les âges & saisit les hommes de tous les lieux.

1831. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Fourier, dit Arago, reste turbulent et incapable d’application jusqu’à l’âge de treize ans : alors il est initié aux éléments des mathématiques et devient un autre homme. […] Le même enfant, à l’âge de sept ans, voyant son frère occupé à des devoirs de vacances, alla s’asseoir dans le cabinet du père. « Que faites-vous donc ? […] disait Alfred de Vigny  Une pensée de la jeunesse réalisée dans l’âge mûr. » Pour beaucoup d’hommes célèbres, cette « pensée » a été tellement absorbante et tyrannique, qu’on peut à peine lui refuser le caractère morbide. […] Plotin n’avait obtenu cette faveur que quatre fois dans sa vie, selon Porphyre, qui ne l’obtint lui qu’une fois, à l’âge de soixante-six ans44.

1832. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Les ravages ordinaires de l’âge ne sont pas plus dissimulés. […] Mais il est loin de ressembler aux héros du premier et même du second âge de la chevalerie. […] Zola, après Claude Bernard et les positivistes, a déjà traversé deux âges : celui du sentiment, puis celui de la raison. […] Ils ne permettent que de petites études, de petits morceaux curieux mais courts sur le bâillement, l’éternûment, l’appétit, la digestion, la respiration, la transpiration même, les crises d’âge, le sommeil, le songe avec ses incohérences. […] Racine fut singulièrement loué d’avoir su intéresser avec une vieille femme et un jeune enfant, c’est-à-dire avec deux héros dont l’un n’a pas atteint, dont l’autre a dépassé l’âge de l’amour.

1833. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Il s’éveille avec le sens critique, à l’âge critique des sociétés, pour brider en elles la spontanéité de la faculté créatrice. […] Pourquoi, dans notre âge sceptique, accepte-t-on si mal volontiers de se souvenir qu’ils prirent gloire à servir la messe ? […] Nous venons de constater l’âge de Musset : il fut un enfant de vingt ans, fiévreux, capable de gaîté, foncièrement triste. Lamartine a le même âge, mais c’est un enfant calme et joyeux. — Notre génération est parfaitement injuste pour lui. […] D’ailleurs, très jeune, il appartient à la génération dont je parle moins par son âge que par ses relations de début.

1834. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

D’abord l’insupportable style cher aux chroniqueurs de cet âge, le style « brillant », hélas ! […] Cela paraît un peu niais, s’il est évident que la secousse de 1870 a pu produire, chez d’autres hommes du même âge, l’effet précisément contraire. […] Notez que Lucienne n’a pas connu sa mère, que son père est un fort honnête homme, et qu’elle a vécu, depuis l’âge de trois ans, au foyer familial et parfaitement correct de son oncle. […] Or, comme il approchait de la cinquantaine, un âge où l’on a toutes ses habitudes, voilà la Révolution qui le culbute, le bouscule, et le chasse. […] Toute idée et tout état d’âme a été comme pressenti avant de s’achever à travers les âges et de s’exprimer pleinement.

1835. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Il avait des chances d’y arriver légitimement, les fils de Duncan n’étant pas encore en âge de régner et la loi d’Écosse portant que si le roi mourait avant que ses fils ou descendants en ligne directe fussent assez âgés pour prendre le maniement des affaires, on élirait à leur place le plus proche parent du roi défunt. Mais Duncan ayant désigné, avant l’âge, son fils Malcolm pour prince de Cumberland et son successeur au trône, Macbeth, qui vit par là ses espérances renversées, se crut en droit de venger l’injustice qu’il éprouvait. […] Cependant le chevalier Ménechme est à Paris, aux prises avec la mauvaise fortune ; une vieille douairière se sent toute portée à changer son sort en l’épousant, et le chevalier ne fait pas le difficile, lorsque son amour pour Isabelle, la propre nièce d’Araminte, lui ouvre les jeux sur l’âge de sa tante. […] Suivant Malone, le Songe d’une nuit d’été aurait été composé en 1592 : c’est une des pièces de la jeunesse de Shakspeare ; aussi a-t-elle toute la fraîcheur et le coloris d’un tableau de cet âge des rêves poétiques. […] Shakspeare a présenté le jeune duc de Bretagne à l’âge où pour la première fois on eut à faire valoir ses droits après la mort de Richard, c’est-à-dire environ à douze ans.

1836. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Diable, diable, les gens de mon âge s’en vont autour de moi. […] Je prenais congé de la gracieuse femme, au moment où elle me disait qu’elle me porterait un jour un volume d’histoires, racontées par sa petite fille à l’âge de cinq ans, pendant qu’elle était à sa toilette : histoires d’un caractère très original, inventées par l’enfant, au moment où elle ne savait ni lire ni écrire et qu’elle a fait copier dans un volume par un homme de ce temps, qui a l’écriture de Jarry. […] Et ces emprunts nous amènent à parler de la roublardise de la jeunesse actuelle, qui dans l’âge de l’imitation, n’emprunte point comme ses innocents devanciers à ses vieux concitoyens, mais maintenant détrousse sournoisement les poètes hollandais, américains, inconnus, inexplorés ; et fait accepter ses plagiats comme des créations neuves, en l’absence de toute critique, savante, érudite, liseuse.

1837. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Chapitre oublié dans Les Girondins ou les Garonnais… On ne promène pas un maréchal de France général en chef comme une cantinière hors d’âge. ». […] Il a de l’artiste, du soldat, de l’homme surtout, et si l’on voulait donner à quelque étranger de distinction, à quelqu’un de nos ennemis réconciliés, la définition vivante de ce qu’est un brillant officier français de notre âge, on n’aurait rien de plus commode et de plus court que de dire : Lisez les lettres du maréchal de Saint-Arnaud.

1838. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

La jeunesse, quand elle se prolonge, est toujours embarrassante à finir ; rien n’est pénible à démêler comme les confins des âges (Lucanus an Appulus, anceps) ; il faut souvent que quelque chose vienne du dehors et coupe court. […] Je ne sais quel penseur misanthropique a dit, en façon de recette et de conseil : « Un peu d’amertume dans les talents sur l’âge est comme quelque chose d’astringent qui donne du ton. » Assez d’écrivains éminents en ont eu de reste : ils n’ont pas ménagé cette dose d’astringent ; Nodier, lui, en manque tout à fait, et pourtant sa veine de talent a plutôt gagné, elle s’est comme échauffée d’une douce chaleur, en déployant au couchant la diversité de ses teintes.

1839. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

À l’âge de vingt-deux ans, la pauvre fille n’avait pu se placer chez personne, tant sa figure semblait repoussante ; et certes ce sentiment était bien injuste : sa figure eût été fort admirée sur les épaules d’un grenadier de la garde ; mais en tout il faut, dit-on, l’à-propos. […] Ni les verrues qui ornaient ce visage martial, ni le teint de brique, ni les bras nerveux, ni les haillons de la Nanon n’épouvantèrent le tonnelier, qui se trouvait encore dans l’âge où le cœur tressaille.

1840. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

L’amour de la nature a bercé Audubon dès le premier âge. […] Telle était l’intensité de cette passion puérile qui n’a pas diminué avec l’âge, que, si l’on m’eût enlevé mes dessins, je crois que l’on m’eût donné la mort.

1841. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Dans la vie des individus, comme dans celle de l’humanité, il y a des Moyens Âges, des moments où la réflexion se voile, s’obscurcit, et où les instincts reprennent momentanément le dessus. […] Ceux qui sont préoccupés de l’idée de la république place-ront la ligne fatale à la bataille d’Actium ; pauvres gens qui se seraient suicidés avec Brutus, ils croient voir la mort dans la crise de l’âge mûr.

1842. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Vendredi 14 mars Au fond, quelque fixé qu’on peut être sur son talent, lorsqu’on a un certain âge, un trop grand silence inquiète. […] J’ai vu d’autres enfants de son âge, dessiner, et dessiner aussi bien que lui, mais je n’en ai pas vu faire des ciels, des colorations d’orage, des feux d’artifice de soleil couchant, enfin se livrer à des barbouillages, ressemblant mieux à la marbrure brouillée d’une palette de peintre de talent.

1843. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Notre âge est l’âge de la critique, à laquelle rien ne peut se soustraire, ni la religion, malgré sa sainteté, ni la loi et l’état, malgré leur majesté.

1844. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Edgar-Allan Poe, mort en 1849, à l’âge de Lord Byron, et à l’hôpital comme Gilbert, a senti sur son cœur le poids de ses désordres, plus douloureux peut-être que celui de ses malheurs, et ce poids affreux de misère et de fautes a dû faire, en quelque endroit de ses écrits, jaillir ces gouttes de sang, vermeil ou pâli, qui donne encore la plus belle couleur aux œuvres de l’homme et qui inspirait à Lord Bacon ce mot fortifiant et sublime : « Pour que les fleurs versent tous leurs parfums, il faut qu’elles soient écrasées. » II41 Le premier volume des Histoires extraordinaires par l’américain Edgar Poe, le conteur et le poète dont le nom commence d’imposer à l’Amérique un respect qu’elle ne connaît guères quand il s’agit uniquement de la beauté ou de la gloire de la pensée, vient de paraître. […] C’est là que Poe mourut, le soir même du dimanche 7 octobre 1849, à l’âge de trente-sept ans, vaincu par le delirium tremens , ce terrible visiteur qui avait déjà hanté son cerveau une ou deux fois… » Hélas !

1845. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

C’était la loi de cet âge du christianisme, l’esprit de la religion même accueillie par l’ingénieux enthousiasme de ces Hellènes d’Asie. […] et, dans ce livre saint et pur, nourris ton âme de paroles inspirées ; car là tu entendras les ministres de la vérité annonçant la vie future avec la voix même de Dieu. » Ailleurs, s’agit-il pour Grégoire de Nazianze, pour le prêtre missionnaire, l’évêque persécuté, de quelque effort à tenter, d’un voyage à faire, l’invocation à Dieu sera plus ardente encore ; elle rappellera toutes les traditions miraculeuses dont s’animait contre la tyrannie des princes et contre la corruption des hommes cet âge héroïque du christianisme.

1846. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Il a raconté, dans des pages publiées après sa mort, et qui n’ont été que légèrement affaiblies par l’éditeur, la crise morale qu’il subit à l’âge de vingt ans, le moment plein d’effroi, où lui, élevé dans ses montagnes et dans la foi des patriarches, il s’aperçut tout d’un coup qu’il ne croyait plus : Je n’oublierai jamais, écrivait-il, la soirée de décembre où le voile qui me dérobait à moi-même ma propre incrédulité fut déchiré.

1847. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

C’est ainsi qu’à distance les âges héroïques se rencontrent, et que les poésies, si inégales et si différentes qu’elles soient, se répondent par certains accents et par le cœur.

1848. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Cet écrivain si regrettable, enlevé en 1846 à l’âge de quarante-sept ans, au moment où la renommée venait le couronner et où une sympathie universelle le récompensait de son long effort, avait laissé d’autres récits d’excursions encore que ceux que M. 

1849. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

C’est toujours le même âge de quarante-cinq à quarante-huit ans, mais avec une fleur retrouvée de jeunesse.

1850. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

C’est vers l’âge de quarante-cinq ans que la comtesse de Grammont commença ainsi à changer et à vouloir régler sa vie.

1851. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

On voit par une réponse énergique de lui au maréchal de Bouillon (juin 1615) que, malgré son âge, il ne faiblissait pas devant les grands redevenus factieux, et qu’il leur disait assez haut leurs vérités : « La médisance contre ceux qui sont employés au maniement des affaires publiques, écrivait-il à M. de Bouillon, est un doux et agréable poison qui se coule aisément en nos esprits, et, quand ils en sont une fois infectés, il est malaisé que la vérité pour les défendre y soit reçue. » Il y donne la clef de sa conduite, qui dut consister souvent, en ces temps de trouble et de faiblesse, à tolérer, à souffrir un moindre mal pour en empêcher un pire : Le commandement n’est pas toujours absolu pendant les minorités.

1852. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Ramond, à cet âge, portait son activité, son besoin de nouveauté et de découverte dans tous les sens.

1853. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Ronsard y raconte à l’un de ses amis, Pierre Lescot, l’un des architectes du Louvre, comment dès son enfance il résistait à son père qui lui disait de renoncer à la poésie, et comment déjà le démon du rêve et de la fantaisie le transportait ; je crois bien qu’en la mettant à l’âge de douze ans, alter ab undecimo…, il antidate un peu sa jeune manie, pour la mieux peindre ; mais il exprime cela en jeune homme qui n’a pas cessé d’en être possédé au moment où il en parlef : Je n’avois pas douze ans, qu’au profond des vallées, Dans les hautes forêts des hommes reculées, Dans les antres secrets, de frayeur tout couverts, Sans avoir soin de rien je composois des vers.

1854. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Il a paru résulter de cet acte assez grossièrement dressé, et où manquent les noms du père et de la mère, que l’enfant avait atteint l’âge de trois semaines lors du baptême, ce qui reporterait la naissance de Villars à la date du 3 mai environ.

1855. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Le 15 mai 1840, la Revue des deux mondes publiait un article de George Sand sur un jeune poète dont le nom était parfaitement ignoré jusque-là, Georges-Maurice de Guérin, mort l’année précédente, le 19 juillet 1839, à l’âge de vingt-neuf ans.

1856. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

que l’âge d’or revienne par lui !

1857. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Et puis, quand je rentre dans mes quartiers non lettrés et tout populaires, quand je m’y replonge dans la foule comme cela me plaît surtout les soirs de fête, j’y vois ce que n’offrent pas à beaucoup près, dit-on, toutes les autres grandes villes, une population facile, sociable et encore polie ; et s’il m’arrive d’avoir à fendre un groupe un peu trop épais, j’entends parfois sortir ces mots d’une lèvre en gaieté : Respect à l’âge !

1858. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

J’ai pensé que cette dernière manière était encore la plus respectueuse, même envers un homme de l’âge de M. 

1859. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Lorsque âgé de moins de vingt-deux ans il débarquait en Albanie, ce jeune homme déjà blasé, — aussi blasé que pouvait l’être un Benjamin Constant à cet âge, mais portant de plus que lui je ne sais quel feu sacré inviolable, inextinguible, — voulait simplement renouveler et rafraîchir ses sensations au contact d’une nature étrange et sauvage.

1860. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Il lui fallait un journal ; il ne pouvait s’en passer ; car à son âge, et quand on est en plein déploiement de talent, on ne se tait que lorsque la mort vous y force.

1861. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Son âge ?

1862. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Pétrarque perdit sa mère lorsqu’elle n’avait encore que trente-huit ans ; il fit un sonnet sur sa mort, composé de trente-huit vers, pour rappeler, par l’exactitude de ce nombre, d’une manière assurément bien touchante et bien naturelle, le regret qu’il avait d’avoir perdu sa mère à cet âge.

1863. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

« Madame Louise m’a souvent répété qu’à l’âge de douze ans elle n’avait point encore parcouru la totalité de son alphabet… Il s’agissait de décider irrévocablement si un oiseau d’eau était maigre ou gras.

1864. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

. — J’ai le pouvoir de me rappeler un tableau, les Noces de Cana par Véronèse ; cela signifie qu’à l’âge où je suis, et avec la mémoire que j’ai, la résolution de me rappeler le tableau est constamment suivie, au bout d’un certain temps, par la renaissance intérieure, plus ou moins nette et complète, des figures et des architectures qui composent le tableau. — J’ai la faculté de percevoir un objet extérieur, cette table, par exemple ; cela signifie que dans l’état de santé où je suis, sans amaurose ni paralysie tactile ou musculaire, si la table est éclairée, si elle est à portée de ma main et de mes yeux, si je tourne les yeux vers elle, ou si j’y porte la main, ces deux actions seront constamment suivies par la perception de la table. — Les forces, facultés ou pouvoirs qui appartiennent à la trame ne sont donc rien que la propriété qu’a tel événement de la trame d’être constamment suivi, sous diverses conditions, externes ou internes, par tel événement interne ou externe.

1865. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

On reconnaîtra dans chaque personnage son rang, son âge, son éducation, sa physionomie.

1866. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Germaine Necker, née en 1766, figure dès l’âge de onze ans aux réceptions de sa mère.

1867. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Lemaître a commencé de s’acquitter par deux remarquables pièces : l’Age difficile et le Pardon (saison théâtrale de 1891-1895), où se poursuit avec bonheur le développement de son fin et vigoureux talent.

1868. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Les « piperies » de l’imagination se renouvellent en partie avec les âges.

1869. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

A propos d’un mauvais drame de Ponson du Terrail, il nous trace de Henri IV, envisagé par certains côtés secrets, un portrait, avec preuves à l’appui, qu’il est impossible d’oublier. « … Il faut donc conclure, pour Henri IV jeune ou vieux, à un fonds ingénu de vilenie bestiale qu’il dominait moins dans son âge mûr et sa vieillesse, mais qui au temps de sa jeunesse, n’étant point revêtu par la gloire, choquait plus en sa nudité. » — A propos de Kléber, drame militaire, il développe ingénieusement et magnifiquement « le rêve oriental de Napoléon ». — A propos du Nouveau Monde, de M. 

1870. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Je me méfie un peu de ces adolescents comme il s’en rencontre aujourd’hui, qui, à l’âge où de plus forts qu’eux chantaient naïvement les roses, vous font tout de suite des romans ultra-naturalistes avec des descriptions d’éviers ou de paniers aux ordures, et de froides insistances sur les malpropretés de la vie physique.

1871. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Nous avons connu maint garçon que des biens au soleil, de bonnes rentes, la chasse et la vendange attendaient en quelque belle province, et qui s’entêtait jusqu’à l’âge des cheveux gris dans les brasseries où l’on clame des vers, qui se ruinait l’estomac, s’acoquinait à des filles stupides et collectionnait les dégoûts de tous les hôtels garnis, uniquement appâté par cette vanité étrange et hors nature.

1872. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Le mysticisme étant la méthode d’un esprit curieux de savoir, mais tournant sa curiosité sur soi-même, y cherchant une interne et intuitive lumière, — pour un païen est plutôt plastique, artistique, philosophique, pour un chrétien théologique et religieux ; celui-là apparaît dans les civilisations décadentes, celui-ci aux âges naïfs.

1873. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Il n’est donc pas étonnant que ces suites d’idées agréables aient attiré à un degré particulier l’attention, et que dans les premiers âges, alors que la poésie était toute la littérature, elle ait paru mériter un nom particulier plus que des suites d’idées d’une autre classe… Dans le cas de l’avocat, la suite d’idées amène à une décision favorable au parti qu’il défend ; elle n’a rien d’agréable en elle-même.

1874. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Béatrix, qu’il aima, est immortelle comme Laure, et peut-être la destinée de ces deux femmes est-elle digne d’observation ; mortes toutes deux à la fleur de leur âge, et toutes deux chantées par les plus grands poëtes de leur siècle.

1875. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Les habits étaient simples, mais non uniformes : « On pourra indifféremment choisir du noir, du gris, du blanc, du feuille-morte ou autre couleur obscure, pour le choix de laquelle on prendra l’avis de la Supérieure, qui réglera toutes ces choses, ayant égard à l’âge, à la condition des esprits, et à la qualité des personnes. » Et pour la forme tant du linge que des habits, il semblait que, sans être tout à fait des religieuses, les Filles de l’Enfance eussent déjà pour règle le code mignon de Gresset : Il est aussi des modes pour le voile ; Il est un art de donner d’heureux tours À l’étamine, à la plus simple toile.

1876. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Cette bouffonnerie, qui ira en augmentant avec l’âge, ne plaît pas toujours, et elle dégénère vite en laideur.

1877. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Le sérieux et l’élévation de ses goûts, la liberté naturelle et généreuse de ses inclinations, le rendirent bientôt un objet déplacé dans un couvent de cet ordre, en cet âge de décadence.

1878. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Peut-il exister en dehors des divers systèmes politiques, aux confins des doctrines qui se combattent et se font la guerre, un terrain plus ou moins neutre, une sorte de lisière, où l’on est bien venu à errer un moment, à rêver, à se souvenir de ces choses vieilles comme le monde et éternellement jeunes comme lui, du printemps, du soleil, de l’amour, de la jeunesse ; à se promener même (si la jeunesse est passée) un livre à la main, et à vivre avec un auteur d’un autre âge, sauf à en raffoler tout un jour et à demander ensuite, en rentrant dans la ville, à chaque passant qu’on rencontre : L’avez-vous lu ?

1879. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

À voir l’ardeur que mit Franklin à cette question qu’il considérait comme nationale, on comprend que quinze ans plus tard, lorsque la rupture éclata entre les colonies et la mère patrie, il ait eu un moment de vive douleur, et que, sans en être ébranlé dans sa détermination, il ait du moins versé quelques larmes ; car il avait, en son âge le plus viril, contribué lui-même à consolider cette grandeur ; et il put dire dans une dernière lettre à lord Howe (juillet 1776) : Longtemps je me suis efforcé, avec un zèle sincère et infatigable, de préserver de tout accident d’éclat ce beau et noble vase de porcelaine, l’empire britannique ; car je savais qu’une fois brisé, les morceaux n’en pourraient garder même la part de force et la valeur qu’ils avaient quand ils ne formaient qu’un seul tout, et qu’une réunion parfaite en serait à peine à espérer désormais.

1880. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

On a beau reproduire textuellement la note du passé, le sens littéral n’est pas le sens profond ; celui-ci échappe si le génie ne le retrouve pas, et il ne l’obtient souvent qu’en l’arrachant : les âges d’autrefois, en s’éloignant de nous et en retombant dans leur immobilité, deviennent des sphinx ; il faut les forcer à rendre leur secret.

1881. (1903) Zola pp. 3-31

Tout homme qui écrit avant trente ans et qui ne consacre pas l’âge d’or de la vie, de la vingtième année à la trentième, à lire, à observer et à réfléchir, sans écrire une ligne, risque de n’avoir pas de cerveau et de n’être qu’un ouvrier littéraire.

1882. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

C’est au mois de mars 1888, qu’il me fut donné, sûr de ma pensée, à vingt-cinq ans (l’âge des autres dit plus haut, il m’est permis de dire le mien), d’écrire en son intégralité mon Traité du Verbe, en argument à mon Œuvre entière — édition où sont développées mes présentes méthode de Philosophie évolutive et manière d’art, l’Instrumentation poétique.

1883. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Ce serait la seule machine que les âges auraient laissée dans l’état où l’ont mise ses premiers inventeurs.

1884. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Cette appréhension impatiente et avide du futur, si souvent signalée par les moralistes, devient une fatigue quand on en prend conscience ; de là, il résulte que la vie est douce dans la jeunesse, malgré toutes les douleurs, parce que, la force de vivre étant toute fraîche, la vie ne coûte aucun effort, tandis qu’elle devient lourde au contraire, même au sein du bonheur, à mesure que l’on avance en âge, par la conscience accumulée de la fatigue passée et la prévision certaine de la fatigue future.

1885. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

C’est que major e longinquo reverentia, et qu’en faisant nu on éloigne la scène, on rappelle un âge plus innocent et plus simple, des mœurs plus sauvages, plus analogues aux arts d’imitation.

1886. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Maurice Rollinat a fait avec ses poésies ce que Baudelaire, à son âge, faisait avec les siennes.

1887. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

est-il possible pour les âges modernes ?

1888. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

C’est pour un livre une façon de vieillir que de descendre à des âges de moins en moins mûrs… » Toujours est-il qu’il se dégermanisait de plus en plus et qu’il se sentait attiré vers les pays de clarté et les horizons à la ligne nette. […] Est-ce que le progrès dont notre âge se vante ne serait pas celui du sable mouvant ou de la vase montant, d’un mouvement insensible et doux, de nos jambes à notre ceinture et de notre ceinture à nos épaules ? […] L’âge scientifique est le dernier âge de l’humanité, ou il serait le dernier âge de l’humanité si elle n’était pas, heureusement, soumise à la loi de « l’éternel retour », qui est un des dogmes de Nietzsche, ou l’une de ses espérances. […] Tous les siècles à venir jetteront sur cet âge de perfection un regard plein d’envie et de respect ; car le mouvement de nations dont sortira cette gloire guerrière n’est que le contre-coup de l’effort de Napoléon et n’existerait pas sans Napoléon. […] Il y a des morales qui commandent le respect des parents et d’autres qui commandent de les supprimer à un certain âge.

1889. (1914) Une année de critique

Henry Bidou a bien marqué l’importance qu’ont les lectures, à l’âge où est René. […] À l’âge où l’on ne songe qu’à s’enrichir, ils doivent penser d’abord à se dépouiller. […] Nous l’avons vu souffler sur le brasier dont les étincelles devaient jaillir jusqu’au ciel, et transmettre le feu sacré aux âges à venir. […] Mais lorsque Diane la fille se promet de préserver son enfant des erreurs qu’elle commit elle-même, tout comme autrefois Diane la mère s’était jurée de prémunir Diane la fille contre les cruautés de l’amour ; et lorsque l’auteur nous laisse entendre que Diane la petite-fille recommencera les mêmes bêtises que sa mère et sa grand-mère n’évitèrent pas (et qui sont plus graves, Pierre Laforgerie ne pouvant plus, en raison de son âge, les réparer) — à ce moment-là, dis-je, nous pensons que l’auteur a un peu abusé de la symétrie. […] Quand il rencontra Madeleine, jeune femme tendre ayant déjà souffert, et quand il se pencha sur elle, le sentiment qui l’animait était le même qui entraînait alors vers les faubourgs de nombreux bourgeois de son âge.

1890. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

« Ne sont-ce pas, nous dit-on, des qualités semblables qui attachent à La Fontaine l’adolescence comme le premier âge, la maturité comme la vieillesse ? […] Quatre lignes plus loin il ajoute : Souviens-toi que ce bel âge n’est qu’une fleur qui sera presque aussitôt séchée qu’éclose. […] J’écrivais des volumes de détestables élégies amoureuses avant l’âge de l’amour, à l’imitation de ces faux poètes32. […] Mais Hippias, d’un âge plus avancé, semblait devoir accabler Télémaque, dont la tendre jeunesse était moins nerveuse. […] Marie Stuart était très avancée pour son âge.

1891. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Un jour que je lui disais mon âge, il me regarda en souriant : « Est-ce possible ! […] J’ai les nerfs malades depuis l’âge de quinze ans. […] Vous auriez dit une Cambodgienne ou une Mandchoue entre deux âges. »‌ Le doux René Boylesve débutait alors comme romancier et venait assez régulièrement au Vachette. […] C’est ainsi que, lisant, corrigeant ou écrivant, Mme Adam est arrivée à l’âge de quatre-vingt huit ans, sans que la vieillesse ait ralenti son infatigable activité. […] Ainsi exerçant la charité même par-delà la mort, Mlle Read est arrivée à l’âge de 73 ans, entourée de la vénération et de l’affection de tous.

1892. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

En sorte que l’archétype et le prototype de la comédie dans vos doctes traités, le modèle éternel et universel des poètes comiques à travers les peuples et les âges, c’est mon théâtre — moins les indécences et les allusions personnelles. […] Le reste étant trop beau pour elle, elle déclarait, avec la franche impertinence de son âge et l’énergie de conviction naturelle aux jugements de goût, que le reste était ennuyeux et laid.

1893. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Parvenu à l’âge de quarante et un ans, possesseur par ses héritages personnels et par la dot de Térentia, sa femme, d’une fortune qui ne fut jamais splendide (car il ne plaida jamais que gratuitement, pour la justice ou pour la gloire, jugeant que la parole était de trop haut prix pour être vendue) ; lié d’amitié avec les plus grands, les plus lettrés et les plus vertueux citoyens de la république, Hortensius, Caton, Brutus, Atticus, Pompée ; père d’un fils dans lequel il espérait revivre, d’une fille qu’il adorait comme la divinité de son amour ; n’employant son superflu qu’à l’acquisition de livres rares, que son ami, le riche et savant Atticus, lui envoyait d’Athènes ; distribuant son temps, entre les affaires publiques de Rome et ses loisirs d’été dans ses maisons de campagne à Arpinum, dans les montagnes de ses pères ; à Cumes, sur le bord de la mer de Naples ; à Tusculum, au pied des collines d’Albe, séjour caché et délicieux ; mesurant ses heures dans ces retraites comme un avare mesure son or ; donnant les unes à l’éloquence, les autres à la poésie, celles-ci à la philosophie, celles-là à l’entretien avec ses amis ou à ses correspondances, quelques-unes à la promenade sous les arbres qu’il avait plantés et parmi les statues qu’il avait recueillies, d’autres au repas, peu au sommeil ; n’en perdant aucune pour le travail, le plaisir d’esprit, la santé ; se couchant avec le soleil, se levant avant l’aurore pour recueillir sa pensée avant le bruit du jour dans toute sa force, sa santé se rétablissait, son corps reprenait l’apparence de la vigueur, sa voix ces accents mâles et cette vibration nerveuse que Démosthène faisait lutter avec le bruit des vagues de la mer, et plus nécessaires aux hommes qui doivent lutter avec les tumultes des multitudes. […] Il perdit les jours et les heures à débattre, avec lui-même et avec ses amis, lequel était préférable, à son âge, de tendre stoïquement le cou aux égorgeurs et de mourir en laissant crier son sang contre la tyrannie sur la terre libre de sa patrie, ou d’aller mendier en Asie le pain et la vie de l’exil parmi les ennemis des Romains.

1894. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Les illusions envenimées de Rousseau sur les contemporains de son âge mûr, rendent fort suspects les portraits des contemporains de sa jeunesse. […] Ainsi, une jeunesse où se rencontrent l’apostasie, le vol domestique, des innocents dénoncés, un ami malade abandonné dans la rue, le tort de vivre aux dépens d’une femme menacée de la pauvreté118 ; un âge mûr qui débute par la plus grande des fautes ; un peu de folie peut-être ; voilà de quel fond se forma cet esprit d’utopie qui, servi par beaucoup d’éloquence et par une logique vigoureuse, a fait tant de dupes, et parmi ces dupes tant de victimes, et empêché tant de bien par la passion insensée de la perfection.

1895. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

. — Athènes contre la Béotie : duel naturel et prédestiné qui s’est poursuivi, sous toutes les formes, à travers les âges. […] La Grèce, se sentant à la fleur de l’âge, pleine de sève et de vie, prenait pour patronne l’immortelle Jeunesse.

1896. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

» * * * — La religion n’a de prise que sur les enfances de l’homme à tous les âges de la vie. […] À un certain âge, la nuit, c’est l’ennui de ne pas être au lendemain.

1897. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Le prince de Ligne, malgré sa douceur de mœurs habituelle, ne pouvait s’empêcher d’avoir quelque accès de misanthropie ; il en voulait aux engouements et à toutes ces contrefaçons de talent ou d’esprit qui usurpent la réputation des originaux et des véritables : « Il se fait, disait-il, dans la société un brigandage de succès, qui dégoûte d’en avoir. » Mais il était plus dans sa nuance de philosophie et dans les tons qui nous plaisent, lorsqu’il écrivait cette pensée qui résume sa dernière vue du bonheur : Le soir est la vieillesse du jour, l’hiver la vieillesse de l’année, l’insensibilité la vieillesse du cœur, la raison la vieillesse de l’esprit, la maladie celle du corps, et l’âge enfin la vieillesse de la vie.

1898. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Ici est le côté faible par où il penche vers le siècle et n’appartient plus tout à fait à l’âge des grands hommes.

1899. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Lassay, en cet âge de vingt-six à vingt-sept ans, eut donc une peine aussi profonde que sa nature le comportait ; il eut un accès ardent de pénitence, une veine religieuse bien sincère.

1900. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Son défaut principal dans cette réponse où il entre tant de bonnes raisons de détail, c’est de pencher tout entière d’un côté, de ne voir que l’Antiquité et rien de plus, de crier sur cette fin de Louis XIV à la décadence des lettres et à l’invasion de l’ignorance parce que la forme du savoir est près de changer, de croire « que c’est l’imitation seule qui a introduit le bon goût parmi nous », et de ne tenir aucun compte du génie naturel qui a mille façons de se produire dans la suite des âges et qui recommence toujours.

1901. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Il ne mourut qu’en 1708, à l’âge de quatre-vingt-neuf ans, « ayant conservé jusque dans cette extrême vieillesse toute sa belle humeur, et toute sa fermeté d’esprit jusqu’au dernier soupir ».

1902. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Et pourtant, ayant été refusé pour son âge, qui le rendait impropre aux austérités, par le prieur de la Chartreuse de Paris d’abord, comme aussi par le provincial des célestins vers qui ensuite il se tourna, on le voit plein d’inquiétude et de scrupule jusqu’à ce que des docteurs autorisés l’aient rassuré et lui aient dit qu’il pouvait, en conscience, se regarder comme relevé de son vœu.

1903. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Le jeune vicomte de Rohan fit sa première campagne sous ses yeux au siège d’Amiens, à l’âge de seize ans : ce fut sa première école de guerre.

1904. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Il avait avant l’âge une mèche de cheveux blancs qui étaient comme un signe de familleae.

1905. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Elle mourut le 14 octobre de cette année (1758), à l’âge de quarante-neuf ans, le jour même où son frère était battu à Hochkirch par les Autrichiens.

1906. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Cependant, avant de considérer Bonstetten sous sa forme dernière et définitive (si tant est qu’il y ait jamais eu rien de définitif en lui), nous avons à le mener, à l’accompagner rapidement à travers ses âges intermédiaires.

1907. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Grace Dalrymple, née en Écosse vers 1765, la plus jeune de trois Grâces ou de trois sœurs, fille d’un père avocat en renom et d’une mère très belle, élevée dans un couvent en France jusqu’à l’âge de quinze ans, mariée inconsidérément à un homme qui aurait pu être son père, et devenue ainsi madame Elliott, secoua vite le joug, amena le divorce, devint à Londres la maîtresse du Prince-régent, de qui elle eut une fille, puis la maîtresse du duc d’Orléans, pour qui elle vint d’Angleterre en France.

1908. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Jetons un regard sur nous-mêmes, et demandons-nous si dans notre vie, dans notre cœur, depuis l’âge de la jeunesse jusqu’à celui des dernières années, il n’y a pas de ces distances infinies, de ces abîmes secrets, de ces ruines morales peut-être, qui, pour être plus cachées, n’en sont pas moins réelles et profondes.

1909. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

» — « Je désire m’occuper de Mme de Staël, répondis-je alors, parce qu’il me semble que je la sens et la comprends autant que personne ; et bien que sorti de terre à un tout autre endroit et d’une tout autre génération qu’elle, un sentiment d’admiration me dit, ainsi qu’à ceux de mon âge, qu’elle nous appartient à tous. » Depuis des années, j’éprouve un regret fréquent à son sujet.

1910. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Il faut absolument, pour rétablir l’équilibre, pour maintenir la composition de l’esprit français, considéré dans son expression la plus haute, non seulement des esprits sérieux, mais des esprits dignes, des poëtes héroïques dans les âges d’héroïsme, de grands évêques éloquents dans le siècle monarchique religieux, des tragiques capables de sublime, des écrivains porte-sceptre, des autorités.

1911. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Je m’apercevais bien qu’on nous observait, qu’on nous mesurait de l’œil, qu’on me tâtait en particulier ; mais qu’importe à cet âge ?

1912. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Et encore ne vous imaginez pas le Paris d’un siècle borné et fade, mais le Paris du xixe  siècle, dans lequel, depuis trois âges d’hommes, des êtres comme Molière, Voltaire, Diderot et leurs pareils ont mis en circulation une abondance d’idées que nulle part ailleurs sur la terre on ne peut trouver ainsi réunies, et alors vous concevrez comment une tête bien faite, grandissant au milieu de cette richesse, peut être quelque chose à vingt-quatre ans. » Certes, de tels témoignages rendus avec cette magnificence, et venant de quelqu’un qui s’est toujours passé de Paris, ne sont pas humiliants pour cette noble tête de la France !

1913. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

En parlant de cette époque déjà ancienne, moi et ceux de mon âge, nous n’en sommes pas purement et simplement à la merci de l’historien ; nous avons nos souvenirs, nos impressions de première jeunesse, impressions partielles et incomplètes sans doute, et qui ont besoin d’être contrôlées par l’étude et la réflexion, mais que rien cependant ne saurait suppléer ni remplacer dans tout ce que les livres les plus impartiaux s’efforcent de reproduire.

1914. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Ce tendre et mélancolique Deleyre, que nous surprenons par la Correspondance de Ducis en pleine crise de sauvagerie et d’hypocondrie vers l’âge de cinquante ans, n’y était pas arrivé d’un coup et sans avoir traversé bien des épreuves.

1915. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

J’ai sous les yeux copie du portrait de Jean-Bon par David, à cet âge de quarante-cinq ans environ.

1916. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Quand la nature crée un homme supérieur et d’une supériorité de premier ordre, quand elle l’a fondu et coulé tout d’un jet dans un de ses plus beaux moules humains, si cet homme, après avoir fourni sa grande carrière, tombe ou sort de la scène dans la plénitude de la vie et de ses facultés, sans que la maladie ou l’âge soit venu l’altérer ou l’affaiblir, il est bien clair qu’il est et qu’il a dû rester le même pendant toute cette durée de son rôle actif, que les événements n’ont fait que le produire, un peu plus tôt ; un peu plus tard, sous ses aspects différents, le montrer et le développer plus ou moins dans quelques-unes de ses dispositions naturelles et donner occasion à ses qualités ou à ses défauts primitifs de se manifester dans tout leur relief ou même dans leur exagération ; mais il y avait en lui, dès le principe, le germe et remboîtement de tout ce qui est sorti.

1917. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Et alors, si tant est que les leçons servent et qu’on devance l’âge, je croirais avoir beaucoup fait pour ce jeune homme, soit que la foi et la soumission chrétienne dussent résulter pour lui de son étonnement, soit qu’un scepticisme sagement méfiant dût désormais se mêler à ses impressions les plus vives, et hâter la maturité de sa raison d’homme aux dépens des faux enthousiasmes du disciple. — Il est un chapitre bien essentiel à ajouter au livre connu de Huet ; on pourrait  l’intituler : De la faiblesse de l’esprit humain, au moment du plus grand talent, dans les grands hommes. 

1918. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Selon que nous les jugeons, en effet, ces variations, à l’âge des espérances indéfinies ou à celui déjà des méfiances croissantes, nous sommes tentés de les qualifier de noms différents.

1919. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Reçu à l’Académie française en novembre 1811, à l’âge de trente-trois ans ; dans l’intime faveur des ministres Bassano et Rovigo ; rédacteur en chef officiel du Journal de l’Empire, remplissant la scène française et celle de l’Opéra-Comique par la variété de ses succès, connu d’ailleurs encore par les joyeux soupers du Caveau et par des habitudes légèrement épicuriennes, on se demandait quel était l’avenir de ce jeune homme brillant, au front reposé, au teint vermeil ; s’il n’était (comme quelques-uns le disaient) que le plus fécond et le plus facile des paresseux, un enfant de Favart ; s’il ne faisait que préluder à des œuvres dramatiques plus mûres, et où il s’arrêterait dans ces routes diverses qu’il semblait parcourir sans effort.

1920. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

C’est l’intérêt philosophique des idées qui a donné accès à quelques écrits scientifiques auprès des hommes que la chimie ou l’histoire naturelle n’intéressent pas par elles-mêmes ; telles pages924, par exemple, qui précisent sur certains points la conception qu’un homme de notre âge peut se former de l’univers, ou telles discussions sur le darwinisme925, d’où nous sortons mieux renseignés sur la valeur générale de la doctrine.

1921. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Mais les mieux doués eux-mêmes ressemblent à des enfants auxquels il échappe de dire au hasard des choses au-dessus de leur âge.

1922. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Buffon avait passé l’âge de Bossuet prononçant en cheveux blancs l’oraison funèbre du prince de Condé, quand il écrivit les Époques de la nature, son chef-d’œuvre.

1923. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Observer l’ordre d’évolution et de développement des émotions, depuis la première enfance jusqu’à l’âge mûr.

1924. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Est-ce un âge auquel convienne l’épithète de belle, que lui donne Boileau ?

1925. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Mais jusqu’où serait allée la confiance de Mallet du Pan, s’il avait poussé jusque-là sa carrière et s’il avait vécu l’âge d’un Barbé-Marbois ?

1926. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Investi de toute l’estime et de toute la confiance de Napoléon, qui lui témoignait de l’attachement même, Portalis mourut, après une courte maladie, le 25 août 1807, à l’âge seulement de soixante et un ans, mais plein de services et d’œuvres, et ayant même un moment recouvré la lumière, assez pour voir ses petits-enfants.

1927. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

J’ai vu une lettre de lui écrite à l’une de ses sœurs d’Espagne à l’âge de treize ans, où il y a déjà, à travers l’écolier, du Chérubin et du libertin, une facilité courante et de la gaieté.

1928. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Dans les premiers temps de son nouveau séjour, Franklin eut à triompher de cette difficulté de conversation, et, malgré son âge avancé, il en vint à bout par sa persévérance.

1929. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

La révolution française a tout à l’heure soixante-quinze ans ; à cet âge, on radote.

1930. (1912) Le vers libre pp. 5-41

J’étais étudiant comme vous, j’avais votre âge, lorsque s’ébauchèrent pour moi, parmi les enthousiasmes et les désenchantements littéraires des vingt ans, les premiers linéaments du rêve familier qu’est pour un poète, la poésie.

1931. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Le lecteur des anciens est donc étranger à son temps sans y être hostile, si étranger à son temps qu’il ne lui est pas même hostile et est en quelque façon de tous les âges.

1932. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Où je trouve l’erreur, c’est qu’on prétende que cela a toujours été ainsi ; quant à moi, je pense que c’est un des caractères de l’âge actuel des nations : seulement, cela est plus sensible chez nous en ce moment, parce que nos mœurs n’ont pas marché d’un pas égal avec les opinions.

1933. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Pour lui le retour en arrière à des âges abolis, c’est le progrès, le seul bonheur que l’on doive souhaiter à la terre ; et il déploie pour soutenir la plus insoutenable des thèses la même énergie avec laquelle nous l’avons vu pénétrer le monde extérieur.

1934. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

« Le ciel de l’Italie inspire et produit les artistes. » Cela est douteux ; il n’est pas sûr qu’un Groënlandais transporté à Rome à l’âge de six mois, et occupé douze heures par jour à regarder le ciel, devînt un grand peintre.

1935. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

* * * La connaissance du nom de Roncevaux ne peut guère, nous l’avons vu, s’expliquer, dans la Chanson du xie  siècle, que par la conservation, à travers les âges, d’un souvenir direct ; ce nom est corroboré d’une façon tout à fait indépendante, comme nom du lieu de la bataille, par l’existence à Ibañeta de la chapelle de Charlemagne. […] La vague conception des anciens âges est ici singulièrement ennoblie par une pensée où ont passé le souffle de la philosophie idéaliste et la flamme de la charité chrétienne ; mais elle est essentiellement la même, et elle répond à l’éternelle antinomie qui fait le fond de la nature humaine. […] C’est ainsi que les rêves des vieux âges, passant de lieux en lieux, et de générations en générations, se colorent des pensées changeantes des époques, des races et des patries qui se les transmettent. […] Il avait environ trente ans, au temps de la passion du Seigneur ; chaque fois qu’il arrive à cent années révolues, il est pris d’une maladie qui semble incurable, il tombe dans une sorte d’extase, après quoi il guérit et il revient à cet âge qu’il avait l’an où le Seigneur fut mis à mort… Il a été baptisé par Ananias, le même qui baptisa Paul, et il a reçu le nom de Joseph… Il habite d’ordinaire les deux Arménies et d’autres pays de l’Orient ; il vit au milieu des évêques et des prélats. […] On attribue généralement cette complainte à l’an 1774 ; nous ne voyons pas pourquoi le style nous en semble plus moderne, et elle est d’ailleurs rigoureusement datée ; Isaac, interrogé sur son âge, répond : J’ai bien dix-huit cents ans… Je passe encor douze ans ; J’avais douze ans passés Quand Jésus-Christ est né.

1936. (1927) André Gide pp. 8-126

L’opération de la cataracte lui a révélé la différence des âges. […] André Gide, il lui faut environ deux volumes pour arriver au même âge et au baccalauréat. […] André Gide, qui énonce cette remarque : « Il n’y avait là que ce besoin inné du Français de prendre parti, d’être d’un parti, qui se retrouve à tous les âges et du haut en bas de la société française. » Il généralise trop, et il fait un calembour.

1937. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

La succession d’un âge d’or et d’un âge d’argent est une loi naturelle. […] Le Poème du Rhône est un itinéraire dramatique à travers les âges et le long du fleuve de la civilisation. » Le « fleuve de la civilisation » manque peut-être un peu de mesure. […] Elle correspond à l’âge des professeurs. […] Dès l’âge de vingt ans on dit : ma génération ! […] Proust ne figure ici que comme leur compagnon d’âge, dont l’influence s’exerce, comme la leur, sur une génération qui n’est pas la sienne.

1938. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Il avait idéalisé dans ses dieux les âges, les sexes, toutes les conditions de l’humanité : le jeune homme, la vierge, le guerrier, la mère, le prêtre, le chantre, l’athlète, le roi, tout le monde avait son idole, comme on disait au moyen âge, son saint. […] On les avait bercés de contes fantastiques d’un âge plein de fièvre, de passion et d’audace. […] L’heure devient de plus en plus solennelle, et la partie saine de la génération qui arrive en ce moment à âge viril, a acquis au prix d’assez d’amertumes et d’efforts le droit d’être sérieuse et de se prendre au sérieux, pour qu’on n’ait pas celui de lui en faire un crime. […] Moi je vous ai convaincus, en traversant les âges, d’être des professeurs de désespoir et de suicide, et maintenant nous voici arrivés au monstrueux.

1939. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Mais il arriva à l’âge de jeune homme fait, au moment où les Athéniens inclinaient décidément vers la démocratie, au moment où les jeunes Athéniens de distinction s’abandonnaient sans réserve au culte des poètes et à la direction des sophistes et au moment où Socrate prêchait à tout venant une morale très simple avec le mépris de la métaphysique, de l’éloquence, de la poésie et de la théologie. […] C’est pour cela qu’à l’âge qui n’est plus celui de l’amour, mais celui de l’affection, ce ne sont plus les contraires qui s’attirent, mais les semblables. Et c’est pour cette dernière raison qu’à un certain âge il faut, dans les ménages, ou qu’il y ait infidélité et séparation, divorce, etc., — ou que l’un des caractères se soit modifié sous l’influence de l’autre (c’est le plus fréquent) — ou tous les deux (fréquent encore) — ou qu’on se soit résigné à « se supporter pendant trente ans en attendant que les enfants recommencent », comme dit Taine. […] L’éducation est une amitié entre hommes d’âges différents. […] La vérité ne se livre qu’aux hommes libres : « C’est donc dès l’âge le plus tendre qu’il faut appliquer nos élèves à l’étude de l’arithmétique, de la géométrie et des autres sciences qui servent de préparation à la dialectique ; mais il faut bannir des formes de l’enseignement tout ce qui pourrait sentir la gêne et la contrainte, parce qu’un esprit libre ne doit rien apprendre en esclave.

1940. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Retiré dans ses terres et châteaux, il ne mourut que le 21 décembre 1641, à l’âge de quatre-vingt-deux ans, et vit toute la grandeur et toute la restauration monarchique accomplie par le glorieux ministre de Louis XIII.

1941. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Ses propos libres en toutes choses, et même en matière de religion, n’avaient rien pourtant qui sentît à l’avance le xviiie  siècle : c’est toujours en arrière et à l’esprit des âges gaulois qu’il faut se reporter pour le bien juger.

1942. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Bourdaloue mourut donc en charge et dans l’exercice de son ministère, le 13 mai 1704, à l’âge de près de soixante-douze ans.

1943. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Je ne veux faire la cour à personne, mais moins encore au peuple qu’au ministre. » Beyle est donc très frappé de cette disposition à faire son chemin, qui lui semble désormais l’unique passion sèche de la jeunesse instruite et pauvre, passion qui domine et détourne à son profit les entraînements mêmes de l’âge : il la personnifie avec assez de vérité au début dans Julien.

1944. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Il mourut en septembre 1686. à l’âge d’environ soixante ans.

1945. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Mais non, ce printemps sera tout à fait perdu pour moi ; et cependant, à mon âge, un printemps est bien quelque chose !

1946. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Et puis, ne l’oublions pas, nous qui datons d’un autre âge, nous avons pu être élevés dans un esprit un peu différent, sans que cet esprit (qui nous a réussi, je le veux bien croire) doive être constamment appliqué dans sa forme première et doive faire loi.

1947. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Casaubon, né à Genève de parents français réfugiés, y professait le grec depuis l’âge de vingt-trois ans ; il était gendre de Henri Estienne, et sa femme, la plus féconde des mères, lui donnait chaque année un enfant ; il y avait quatorze ans déjà qu’il enseignait, et il s’était fait connaître au dehors par des ouvrages de première qualité en leur genre, notamment par ses travaux sur Strabon, sur Théophraste, lorsque le président de Thou eut l’idée, sur sa réputation, et l’estimant le premier des critiques, de l’attirer en France et de le rendre à sa patrie : après les ravages des guerres civiles, les études y étaient comme détruites, et l’on avait bien besoin d’un tel restaurateur des belles-lettres.

1948. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Il ne s’avisa de tragédie que vers l’âge de trente-six ans, et il marqua vite ; en quoi il l’emportait sur les La Harpe, les Chamfort, les gens d’esprit et de goût sans étincelle.

1949. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Ces prélats du grand monde, nourris dans le luxe, et qui participaient à toutes les licences de leur âge, avaient supporté avec douceur, avec dignité, les extrémités les plus affreuses et les plus lamentables.

1950. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Au fond, c’est bien la même dans les deux âges, sauf la couleur et le sourire.

1951. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Les légendes se ressentent aussi des deux âges : plus faciles, plus fraîches et plus gaies dans le premier temps, elles sont plus creusées, plus cherchées quelquefois dans la seconde époque ; elles se répètent ; elles s’attristent.

1952. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

On a d’elle, lorsqu’elle était encore jeune fille, c’est-à-dire avant son mariage, à l’âge de vingt-deux ou vingt-trois ans, un Essai moral, une espèce de dissertation sur l’amour qui commence ainsi : « Je pense à l’amour et je prends la plume… Que prétends-je faire ?

1953. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Elle fut éprouvée dans cet intervalle par une vive douleur : le premier Dauphin, tombé depuis quelque temps dans une sorte de rachitisme, mourut le 2 juin 1789 à l’âge de sept ans.

1954. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Il ne faudrait pourtant pas dire, comme cela m’était échappé d’abord, par trop de confiance dans le rédacteur des Mémoires de Catinat, qu’il commença par être « aide de camp du roi » en 1664, à l’âge de vingt-sept ans.

1955. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Jeunes, la poésie nous ravit ; les Étoiles de Lamartine, ces fleurs du ciel dont le lis est jaloux , suffisent à peine à symboliser nos imaginations, nos visions d’amour et de tendresse : à l’âge où le sang se refroidit dans les veines, il est doux, d’une douceur sévère, de connaître par leurs noms, d’épeler quelques-uns des astres qui roulent sur nos têtes, de distinguer ceux qui errent véritablement de ceux qui sont fixes par rapport à nous, de s’orienter, de se démêler à travers les cercles brillants ou les traînées lumineuses, de soupçonner dans ces abîmes d’en haut, dans ces profondeurs étincelantes où nous sommes plongés, tout ce qui peut se produire à l’infini d’étranger à nous, de différent de nous ; de ramener nos passions, nos désirs, nos gloires à ce qu’elles sont, de se dire le peu qu’on est, mais de sentir aussi que ce peu a réfléchi un moment, la puissance créatrice universelle, éternelle, — l’infini presque ou du moins l’incommensurable et l’immense24.

1956. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Dès l’âge de neuf ans, il vit successivement pleuvoir sur sa tête les revenus de l’abbaye du Bec-Hellouin, ceux de Saint-Claude, ceux de Chaalis et de Marmoutiers, auxquels s’ajoutèrent bientôt l’abbaye de Cercamp et celle de Buzay : tout cela n’était qu’en attendant mieux.

1957. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

À son âge, pensai-je, on tient un peu de la vieille femme ; il doit être bavard au réveil : voilà le moment qu’il faut saisir.

1958. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Dans Adèle de Sénange la vie se partage en deux époques, un couvent où l’on a été élevé dans le bonheur durant des années, un mariage heureux encore, mais inégal par l’âge.

1959. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Les collèges leur fournissent un public, des acteurs : et voilà comment Michel de Montaigne note parmi les faits mémorables de sa jeunesse d’avoir, à l’âge de douze ans, vers 1545, « soutenu les premiers personnages ès tragédies latines de Buchanan, de Guérente, et de Muret », qui se représentaient « avec dignité » au collège de Guyenne, sous l’habile direction du principal André Gouvéa.

1960. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Il remue les lèvres, dit son chapelet, baise la petite croix de temps en temps  Un peu plus loin, un petit frère de la Doctrine chrétienne, figure naïve, de bonnes grosses joues, crâne pointu avec le rouleau de cheveux sur la nuque : on voit de ces silhouettes dans les Contes drolatiques illustrés par Gustave Doré  Plus loin encore, un homme sans âge, barbe à tous crins, front haut, serré aux tempes, des yeux brillants, l’air farouche, un de ces masques durs de fanatiques comme on en rencontre aussi dans les réunions anarchistes : avec d’autres pensées, le cerveau est certainement le même  Mais le peuple, où est-il ?

1961. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Les hommes et les femmes continuent de faire, dans les salons, ce qu’ils faisaient aux âges lointains, dans les antiques forêts.

1962. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Il entrevoit « une femme maigre, blafarde, sans âge et sans sexe, vêtue d’une robe noire élimée, tachée de toutes sortes de trafics louches ».

1963. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

En comprenant la métaphore proprement dite, la comparaison, l’emblème, le symbole, l’allégorie, sous le nom général de métaphore, on pourrait dire hardiment que la poésie n’a pas d’autre élément que la métaphore, que poésie et métaphore sont une même chose, et qu’entre nations différentes, de même qu’entre différents âges d’un même peuple, l’ampleur de la métaphore est la mesure du génie poétique.

1964. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Mais, communiste et non collectiviste, vous rêvez de nous arracher à « l’âge des contraintes que nous traversons ».

1965. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Il y a des hommes qu’on peut discuter, accuser, condamner même sans trop d’injustice, mais qui, par leur âge, par leur gravité, par l’importance de leur vie, par la place considérable, sinon méritoire, qu’ils ont occupée dans les événements de leur temps, ne doivent pas, même de loin, être exposés aux rires du théâtre.

1966. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Joubert, dans sa jeunesse, venu de sa province du Périgord à Paris, en 1778, à l’âge de vingt-quatre ans, y trouva ce qu’on n’y trouve plus aujourd’hui ; il y vécut comme on vivait alors : il causa.

1967. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Dans cet âge de sophistes où nous sommes, c’est au nom de la philosophie de l’histoire que chaque école (car chaque école a la sienne) vient réclamer impérieusement l’innovation qui, à ses yeux, n’est plus qu’une conclusion rigoureuse et légitime.

1968. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Le 11 de ce mois est mort, à l’âge de quatre-vingt-trois ans accomplis, un vieillard aimable, spirituel, qui recouvrait, sous les formes d’une politesse exquise et d’une parfaite urbanité mondaine, un caractère ferme, des opinions nettes et constantes, bien de la philosophie pratique ; un sage et un heureux qui avait conservé à travers les habitudes du critique, et avec un esprit volontiers piquant, un cœur bienveillant et chaud, une extrême délicatesse dans l’amitié.

1969. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Ce sentiment de volupté et d’abandon suprême, qui, chez les anciens, chez Homère, chez les Patriarches, chez la bonne Cérès ou chez Booz, comme chez le bon Jupiter aux bras de Junon, est si simple, si facile, qui coûte si peu à la nature, qui est si doux, qui fait naître des fleurs à l’entour, et qui voudrait dans sa propre félicité féconder la terre entière, se raffine avec les âges ; il devient plus senti, plus délicat, plus sophistiqué aussi, chez les épicuriens des siècles plus avancés.

1970. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Tout à côté des mesures et des calculs dictés par une hardiesse prévoyante, il reconnaît ce qu’il doit à « l’occasion, cette mère des grands événements », et il est soigneux de faire en toute rencontre la part de la fortune : Ce qui contribua le plus à cette conquête, dit-il, c’était une armée qui s’était formée pendant vingt-deux ans par une admirable discipline ; et supérieure au reste du militaire de l’Europe (remarquez l’hommage à son père) ; des généraux vrais citoyens, des ministres sages et incorruptibles, et enfin un certain bonheur qui accompagne souvent la jeunesse et se refuse à l’âge avancé.

1971. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Notre raison est trop faible pour vaincre la douleur d’une blessure mortelle ; il faut donner quelque chose à la nature, et se dire surtout qu’à votre âge comme au mien on doit plutôt se consoler, parce que nous ne tarderons guère de nous rejoindre aux objets de nos regrets.

1972. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

À la France, aucun, — si l’on excepte le jour où elle demanda à Racine une comédie sacrée pour Saint-Cyr ; à Louis XIV en particulier, elle rendit le service de le retirer des amours que l’âge eût pu rendre déshonorants ; elle coopéra tant qu’elle put à ce qu’elle considérait religieusement comme son salut.

1973. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Le chevreuil, il nous le peint d’un trait net et bien venu : Dans un bois du canton pris dès son plus jeune âge, Il était familier, bien qu’au fond tout sauvage : Aux heures des repas, gentiment dans la main Il s’en venait manger et des fruits et du pain.

1974. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

On sait que, la charmante reine à laquelle elle appartenait étant morte à l’âge de vingt-six ans (14 février 1714), Philippe V dut songer incontinent à se remarier.

1975. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Nous ne nous chargeons pas de répondre à toutes les excellentes plaisanteries lancées par lui contre un homme qu’il faudrait placer au rang des bienfaiteurs de l’humanité, n’eût-il établi qu’une vérité, celle qui nous sert d’épigraphe : « L’âge d’or, qu’une aveugle tradition a placé jusqu’ici dans le passé, est devant nous. » Carrel donna encore dans Le Producteur quelques autres articles de polémique, et il en fit aussi sur le commerce de la Grèce moderne, à le considérer sous un rapport de régénération politique et morale pour cette nation.

1976. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

La prose rythmique et la poésie syllabique ont la même origine et sans doute le même âge.

1977. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Si ce que je te disois tout à l’heure est vrai, le modèle le plus beau, le plus parfait d’un homme ou d’une femme, seroit un homme ou une femme supérieurement propre à toutes les fonctions de la vie, et qui seroit parvenu à l’âge du plus entier dévelopement, sans en avoir exercé aucune.

1978. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

curiae capax praetexta, qu’on emploïe pour dire qu’un enfant à beaucoup plus de discretion qu’on n’en doit avoir à son âge.

1979. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Le reste des tabourets est occupé par quelques autres personnes de sexe et d’habitudes divers, mais généralement en âge — de ne plus se marier.

1980. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

La durée de la vie des guinné n’est pas indéfinie, leur existence est longue et leur croissance lente et dès qu’ils ont atteint un âge avancé ils meurent pour recommencer à vivre.

1981. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Mais il est de la nature des esprits très étendus de ne pouvoir conclure, empêchés par le nombre de choses qu’ils voient ; et tel est le seul défaut qu’en cherchant bien on peut trouver à la cuirasse de Macaulay, lequel n’en demeurera pas moins à la tête des critiques de cet âge, qui, tous, sceptiques en plus ou en moins, n’ont pas l’ensemble de ces fortes, saines et brillantes facultés que nous montrent, parce qu’ils nous les montrent presque sans alliage, les Essais littéraires.

1982. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Il était né armé de facultés soudaines, qu’il put aiguiser mais auxquelles il n’ajouta pas, et par conséquent, conclusion dernière, il a cet avantage, interdit à presque tous les autres hommes, même de génie, mais d’un génie inférieur au sien, que les livres de son âge mûr ne font pas rougir de honte les élucubrations de sa jeunesse, et qu’on peut le voir avec plaisir et le reconnaître dans ce miroir renversé.

1983. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

e corps colonial : « Venu du Brésil pour réclamer, malgré son grand âge, sa part des dangers de la guerre, s’est fait tuer glorieusement dans les tranchées allemandes, où il avait accompagné les troupes d’assaut. » (Journal Officiel, 9 février 1916.)‌

1984. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

indiquer l’âge des chaînes, marquer la succession des continents, prouver les convulsions périodiques du globe ?

1985. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Vous voyez, ainsi que nous l’avons dit, que la proportion du sucre va croissant avec l’âge du fœtus. […] Ce sont les influences que peuvent exercer sur la fonction du foie soit les différentes maladies aiguës, soit le sexe et l’âge, etc. […] Quant à l’influence de l’âge et du sexe, nous n’en dirons que quelques mots : J’ai fait autrefois quelques expériences pour rechercher quelle pourrait être l’influence de l’âge dans la production du sucre, je n’ai pas obtenu de résultats bien concluants. […] Mais, en étudiant ce phénomène de la présence du sucre dans l’urine des fœtus de différents âges, je trouvai d’autres faits qui ne pouvaient plus s’expliquer de la même façon. […] Vous voyez ici deux animaux placés exactement dans les mêmes conditions, à peu près de même âge et de même taille, tous deux à jeun depuis le même moment, et ne différant qu’en ce que l’un d’eux a les pneumo-gastriques coupés.

1986. (1929) La société des grands esprits

Abel Hermant et de Théodore pour Émile Legrand, aurait été du même âge que le nouvel Anacharsis d’après le premier et ne serait né qu’en 1445 d’après le second de ces auteurs. […] On conçoit donc sa prédilection pour l’art de cet âge d’or. […] Je ne le sais pas au juste, mais voilà soixante-quatorze ans qu’il cultive Montaigne, ayant commencé dès l’âge de sept ans. […] Passe encore de bâtir, mais éditer à cet âge ! […] La science et la philosophie nous ont affranchis de ces paniques des premiers âges.

1987. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

au lieu de dire oetas ferrea, a dit : de duro est ultima ferro, le dernier âge est l’âge de fer. […] Dans cet exemple la préposition de n’étant point accompagnée de l’article, ne sert avec fer, qu’à donner à âge une qualification adjective : Ne partis expers esset de nostris bonis, Ter. […] Au reste, ces Desportes, ces Tristans, & ces Rotrous, qui ont précédé nos Corneilles, nos Racines, &c. font bien voir que les Arts & les Sciences ont, comme les plantes & les animaux, un premier âge, un tems d’accroissement, un tems de consistance, qui n’est suivi que trop souvent de la vieillesse & de la décrépitude, avant-coureurs de la mort.

1988. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Là encore il s’appuie sur une donnée étrangère, mais il puise dans sa propre expérience tous les chagrins, toutes les disputes, tous les orages d’un nouvel amour ; c’est seulement à son retour à Paris, dans la plénitude de l’âge mûr, qu’il se décide à peindre l’homme sur le vif. […] Quelqu’un a dit, à propos de misanthropie, avec assez de justesse, que les femmes ne sont jamais atteintes par la misanthropie : jeunes, elles lui échappent par le cœur, elles ont toujours à aimer ; plus avancées en âge, elles lui échappent encore, car elles se consolent du présent par les souvenances du passé. […] » « Il n’était pas seulement un habile poète, mais encore un grand philosophe. » « Il a joué les Jeunes, les Vieux, les Sains, les Malades, les Cocus, les Jaloux, les Marquis, les Villageois, les Hypocrites, les Imposteurs, les Campagnards, les Précieuses, les Fâcheux, les Avocats, les Ignorants, les Procureurs, les Misanthropes, les Médecins, les Apothicaires, les Chirurgiens, les Avares, les Bourgeois qui affectent d’être de qualité, les Philosophes, les Auteurs, les Provinciaux, les faux Braves, les grands Diseurs de rien, les Gens qui n’aiment qu’à contredire, les Coquettes, les Joueurs, les Donneurs d’avis, les Usuriers, les Sergents, les Archers et tous les Impertinents enfin de tous sens, de tout âge et de toute condition. […] C’est elle qui répondait à quelqu’un qui lui demandait son âge : « Quinze ans et demi, mais n’en dites rien à ma mère !  […] La de Brie ne devait pas être, je pense, si laide, malgré son âge.

1989. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Ces rapports peuvent être constants ou passagers, varier avec le sexe et avec l’âge. […] Exaltées dans le premier âge, restées comme stationnaires dans l’âge adulte, elles s’affaiblissent et deviennent nulles dans les derniers temps. […] Les propriétés physiques étant éternelles, dit-il, les corps bruts n’ont ni commencement ni fin nécessaires, ni âge, ni évolution ; ils n’ont de limites que celles que le hasard leur assigne. Les propriétés vitales étant au contraire changeantes et d’une durée limitée, les corps vivants sont mobiles et périssables ; ils ont un commencement, une naissance, une mort, des âges, en un mot une évolution qu’ils doivent parcourir.

1990. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Elle me confessait, à l’âge de quatorze ans, dans l’abandon et la non-surveillance des livres traînant partout, en la maison de ses père et mère — et qui avait fait que sa sœur avait lu, à six ans, Madame Bovary — avoir parcouru toute la littérature avancée des langues, française, russe, anglaise, allemande, italienne. […] Lundi 29 octobre Une femme, d’un certain âge, me parlait de trois ou quatre jeunes mariées de sa connaissance, enragées d’être devenues enceintes, tout aussitôt qu’elles avaient été mariées. […] Jamais aussi, le Paris de ma jeunesse, le Paris de mon âge mûr, ne m’a paru aussi miséreux que le Paris, de ce soir.

1991. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Si l’institution sociale, telle que la conçoit Bayle, n’est qu’une compagnie d’assurances, la morale y suit nécessairement les fluctuations de l’intérêt commun, dont le propre est de varier d’âge en âge, quand encore ce n’est pas de génération même en génération. […] « C’est à la vieillesse du monde et à son âge mûr — dit Bacon dans ce Novum Organum, dont le titre lui seul, comme aussi bien celui de son De Augmentis scientiarum, est en quelque sorte une déclaration de principes, — c’est à la vieillesse du monde qu’il faut attacher ce nom d’antiquité. […] Et reprenant à son tour la comparaison des hommes de tous les siècles avec un seul homme, il a le premier, si je ne me trompe, affirmé catégoriquement : — que, « cet homme-là n’aurait pas de vieillesse » ; — qu’il « serait toujours également capable des choses auxquelles sa jeunesse avait été propre, qu’il le serait de plus en plus des choses qui conviennent à l’âge de virilité » : — et, pour quitter l’allégorie, que « les hommes ne dégénéreraient jamais, mais que les vues saines de tous les bons esprits qui se succéderaient les uns aux autres s’ajouteraient toujours les uns aux autres ». […] Ils ne l’avaient point convertie ; et au contraire, ce qu’elle semble avoir eu de plus original, c’est qu’à mesure que l’âge réglait ses mœurs, elle vouait un culte plus fervent à la mémoire de Bayle. […] Mais quand l’âge fut venu, le succès — la réputation avec l’âge, les dignités aussi, — et quand le titre de secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences réorganisée l’eut investi d’une espèce de magistrature scientifique ou philosophique, Fontenelle eut le courage enfin d’être lui-même, et sans quitter pour cela tout à fait l’églogue ni la tragédie, sans renoncer à tenir dans les salons de son temps le rôle d’un arbitre des élégances intellectuelles, il se donna davantage à ces sciences dont il n’avait guère jusque-là qu’effleuré la superficie.

1992. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Et il retrouve les raisons de cette Némésis, cette subtilité suprême de l’entretien de Solon et de Crésus, flottante entre le sourire qui comprend et la tristesse qui sait, — cette répugnance pour l’ύϐριϛ où se reconnaissent à travers les âges les princes de la culture. […] Dans l’Enquête de Jules Huret, il déclare qu’il ne restait plus que cette mine à exploiter, et il se demande ce qu’après lui les poètes pourront bien trouver de nouveau ; instructivement on touche ici du doigt le mur d’incompréhension maussade auquel pouvait avec l’âge se buter un vieux Parnassien. […] La nullité du théâtre actuel, devant le monument d’un théâtre idéal, peut-être futur, c’est « les blocs d’abstention laissés par quelques âges qui ne purent que charger le sol d’un vestige négatif considérable92 ». […] Il admire l’existence de ceux qui résident dans ces cloîtres fleuris, dans cette dentelle ouvragée, patience des âges « ombre doctorale, comme une robe, autour de la marche de quelques messieurs délicieux120 ». […] Hors les collèges, les murs, les formulaires, et tout ce qui de parfait, officiellement servira : dans un cloître mental, aux arceaux d’âge en âge, qu’illumine l’instant fugitif d’élus160. » Des figures arrêtées, comme telles visions plastiques d’Hérodiade, aux figures intérieures, flottantes et qui vivent, il y a pour lui à la fois comme une hiérarchie et comme un mouvement.

1993. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Elle remua tout le monde antique plus que Mistress Browning n’a jamais remué l’âge moderne. […] Règle générale, de nos jours, le modèle est une jolie fille, d’un âge allant de douze à vingt-cinq ans, qui n’entend rien à l’art, ce qui lui est égal, et qui ne se préoccupe que de gagner sept ou huit shellings par jour sans trop de peine. […] Quant au jeune Anglais du même âge, il ne pose pas du tout. […] Dans l’histoire de sa vie, telle qu’il nous la raconte, nous le trouvons, à l’âge de seize ans, commençant une étude précise et philosophique de la littérature. […] Oui, si incroyable que cela puisse paraître, ce curieux penseur, se tournait, avec un soupir de regret, vers un certain Âge d’or, où il n’existait ni examen de concours, ni assommants systèmes d’éducation, ni missionnaires, ni dîners à deux sous pour le peuple, ni Églises établies, ni Sociétés humanitaires, ni mornes conférences sur vos devoirs envers votre prochain, ni ennuyeux sermons sur quelque sujet que ce fût.

1994. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Dès qu’un prince ou une princesse est d’âge, on lui forme une maison ; dès qu’un prince se marie, on forme une maison à sa femme ; et par maison entendez une représentation à quinze ou vingt services distincts, écurie, vénerie, chapelle, faculté, chambre, garde-robe, chambre aux deniers, bouche, paneterie-bouche, cuisine-bouche, échansonnerie, fruiterie, fourrerie, cuisine-commun, cabinet, conseil148 ; elle ne se sent point princesse sans cela. […] Il y a trois divisions de la bouche158 : la première pour le roi et ses enfants en bas âge ; la seconde, nommée petit commun, pour la table du grand maître, pour celle du grand chambellan et pour celle des princes et princesses qui logent chez le roi ; la troisième, nommée grand commun pour la seconde table du grand maître, pour celle des maîtres d’hôtel, pour celle des aumôniers, pour celle des gentilshommes servants et pour celle des valets de chambre : en tout 383 officiers de bouche, 103 garçons et 2 177 771 livres de dépense ; outre cela 389 173 livres pour la bouche de Madame Élisabeth, et 1 093 547 livres pour celles de Mesdames, total 3 660 491 livres pour la table.

1995. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Prenez ce télescope qui rapproche les âges et qui vous introduit dans les mœurs de ce temps, comme le télescope d’Herschel vous introduit dans le monde supérieur des astres et des nébuleuses du septième ciel ! […] J’étais alors lié de la plus étroite amitié avec un jeune homme de mon âge, qui était garçon orfèvre, et s’appelait François, fils de Philippe, Fra Philippi, très excellent peintre.

1996. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Elle suit en tout les goûts et les opinions des gens de son monde, ou de sa coterie, ou de son âge. […] Puis, il songe que, en tout cas, il sera trop tard pour lui, que la fâcheuse « limite d’âge » le guette, que la retraite ajoutera à l’oisiveté de ses vingt dernières années une vieillesse inutile et qu’il n’aura rempli ni tout son mérite ni toute sa destinée naturelle.

1997. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

» Une cravate blanche entre deux âges, faisant bassement sa cour à Vitu, lui dit, pendant qu’on sort pour l’entr’acte, parlant de la pièce : « C’est un monsieur qui marche contre un mur, et qui met le pied dans tout ce qu’il trouve !  […] Mercredi 4 juin Lavisse répétait devant moi, ce soir, une phrase à peu près dite ainsi par Bismarck à quelqu’un de sa connaissance : « J’ai cru que j’en étais arrivé à l’âge, où l’existence de gentilhomme campagnard remplit notre vie… Non, non, je m’aperçois que j’ai encore des idées, que je voudrais émettre… je ne ferai pas d’opposition… seulement si on m’attaque, je me défendrai… parce que lorsque l’on me bat, il me faut battre ceux qui me battent… ou sans ça, je ne peux pas dormir, et j’ai besoin de dormir. » Jeudi 5 juin Déjeuner chez le père La Thuile qu’a choisi Antoine, pour la lecture de La Fille Élisa, pièce faite entièrement par Ajalbert, d’après mon roman.

1998. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Car si ces tarses manquent presque toujours chez beaucoup de Bousiers, c’est qu’ils se perdent généralement à un âge peu avancé ; et, par conséquent, ils ne peuvent leur être d’une grande importance ou d’un grand usage. […] Des changements dans le jeune âge affectent généralement le même organe ou l’organe correspondant pendant les phases suivantes du développement de l’individu ; et il existe beaucoup d’autres corrélations de croissance dont nous sommes encore absolument incapables de comprendre la nature.

1999. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Tout le monde connoît le mérite de l’Arioste et du Tasse, qui du moins naquirent dans le même âge. […] Quel homme eut été le maréchal De Guebriant sans la mort prématurée qui l’enleva dans la force de son âge ?

2000. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

On observera les enfants, sans oublier que la nature a pourvu aux différences d’âge, et que le naturel enfantin n’est pas nécessairement le naturel humain ; surtout, l’enfant est imitateur, et ce qui nous paraît chez lui spontané est souvent l’effet d’une éducation que nous lui donnons sans y prendre garde. […] On a raison, si l’on entend par là que nous laissons dormir depuis notre enfance des dispositions naturelles, et qu’il nous serait difficile de les réveiller à un certain âge.

2001. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Quand elle arriva en France à l’âge de dix-neuf ans, on ne s’attendait pas à tout cela ; on était rempli du souvenir et du regret de l’autre Madame, l’aimable Henriette, enlevée dans la fleur du charme et de la grâce : « Hélas !

2002. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Costar, si bien connu aujourd’hui depuis la publication de Tallemant des Réaux, était de ces hommes comme il s’en rencontre dans les âges d’extrême civilisation littéraire, nourri sur les limites du beau monde et du collège, et n’ayant jamais pu être qu’entre les deux ; pédant chez les galants, et galant chez les pédants ; tout d’affectation et composé, tout d’artifice et de calcul ; bel esprit plus que savant, ne lisant que pour trier des fleurs, de jolis mots, des traits d’ornement et qui feraient merveille en citation.

2003. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Quelque chose de ce sentiment austère et contristé se réfléchit dans la page suivante, où M. de Rohan, après avoir raconté la reddition de La Rochelle le 28 octobre (1628), ajoute du ton de fermeté et de fierté qui lui est propre : La mère du duc de Rohan et sa sœur4 ne voulurent point être nommées particulièrement dans la capitulation, afin que l’on n’attribuât cette reddition à leur persuasion et pour leur respect, croyant néanmoins qu’elles en jouiraient comme tous les autres ; mais comme l’interprétation des capitulations se fait par le victorieux, aussi le conseil du roi jugea qu’elles n’y étaient point comprises, puisqu’elles n’y étaient point nommées : rigueur hors d’exemple, qu’une personne de cette qualité, en l’âge de soixante-dix ans (et plus), sortant d’un siège où elle et sa fille avaient vécu trois mois durant de chair de cheval et de quatre ou cinq onces de pain par jour, soient retenues captives sans exercice de leur religion, et si étroitement qu’elles n’avaient qu’un domestique pour les servir, ce qui, néanmoins, ne leur ôta ni le courage ni le zèle accoutumé au bien de leur parti ; et la mère manda au duc de Rohan, son fils, qu’il n’ajoutât aucune foi à ses lettres, pource que l’on pourrait les lui faire écrire par force, et que la considération de sa misérable condition ne le fît relâcher au préjudice de son parti, quelque mal qu’on lui fît souffrir.

2004. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Quant à ce que j’appelle la troisième génération, et dans laquelle je prends la liberté de ranger les gens de mon âge à la suite de ceux qui ont une dizaine d’années de plus, c’est moins d’une admiration excessive qu’ils eurent à revenir que d’un sentiment plus ou moins contraire.

2005. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Elle a de bonne heure fait le plus sensible des sacrifices pour une femme, surtout pour une femme qui a su et senti ce que c’est que l’amour : elle s’est dit : « Une femme qui n’a point été jolie n’a pas été jeune. » Et elle a sacrifié sa jeunesse, elle s’est jetée à corps perdu du côté de Dieu : « A l’âge de dix-neuf ans, je me jetai entre les bras de Dieu avec une passion telle, que je ne puis rien comparer de ce que j’ai éprouvé à sa vivacité.

2006. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Je ne suis ni assez fou ni assez vain pour croire avoir pu lui inspirer du goût à mon âge ; mais, sur certains propos qu’elle tint à Thérèse, j’ai cru lui avoir inspiré de la curiosité.

2007. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Sa belle-fille, la comtesse Amélie, eut une fin mieux connue, mais non moins triste ; elle ne mourut qu’en mai 1825, à l’âge d’environ 74 ans.

2008. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Il en était sorti en 1570, à l’âge de trente-sept ans, et avait déposé sans regret la robe pour reprendre l’épée de ses pères.

2009. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

L’adolescent, tout en restant écolier encore, a passé d’un âge à l’autre ; il a franchi la ligne qui sépare l’enfant du jeune homme.

2010. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Corneille avait trente ans quand il fit le Cid : bel âge où il avait tout son lutin (ce lutin dont parlait Molière) et tout son démon.

2011. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

À la fin d’avril tout semblait terminé ; les troupes avaient ramassé plus de six mille prisonniers de tout âge et de toute condition qu’on poussait devant soi comme des troupeaux ; il ne restait plus que quelques malheureux échappés au carnage, des enfants perdus sur des hauteurs inaccessibles.

2012. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Coulmann retombe à son état d’opposant ; il en est quitte pour se mêler des élections et pour être, avec les jeunes hommes de son âge, de toutes les parlottes et les conférences parlementaires de ces chaudes années.

2013. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Né en 1713 dans le Rouergue, élevé chez les Jésuites et engagé lui-même dans la Société, l’abbé Raynal n’en était sorti que vers 1748, à l’âge de trente-cinq ans93.

2014. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

L’âge aussi le lui conseillait : il était arrivé aux limites de la vieillesse ; sa quatre-vingtième année était sonnée : il ne songea plus qu’à finir de tout point convenablement.

2015. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Il avait eu son beau moment de maturité dans le Méchant, mais ce n’avait été qu’un éclair : à partir de là, son talent devint tout aussitôt vieillot avant l’âge, de même qu’il avait été si agréablement jeunet dans Vert-Vert.

2016. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Une multitude de femmes et d’enfants de l’âge le plus tendre franchissent les lignes des brigades, et, d’un autre côté, des troupeaux de chiens conduits dans le pays libre, après y avoir été enfermés quelque temps sans aucune nourriture, sont chargés de sel, que, pressés par la faim, ils rapportent promptement chez leurs maîtres. » — Vers ce métier si lucratif, les vagabonds, les désespérés, les affamés accourent de loin comme une meute. « Toute la lisière de Bretagne n’est peuplée que d’émigrants, la plupart proscrits de leur patrie, et qui, après un an de domicile, jouissent de tous les privilèges bretons : leur unique occupation se borne à faire des amas de sel pour les revendre aux faux sauniers. » On aperçoit comme dans un éclair d’orage ce long cordon de nomades inquiets, nocturnes et traqués, toute une population mâle et femelle de rôdeurs sauvages, habitués aux coups de main, endurcis aux intempéries, déguenillés, « presque tous attaqués d’une gale opiniâtre », et j’en trouve de pareils aux environs de Morlaix, de Lorient et des autres ports, sur les frontières des autres provinces et sur les frontières du royaume.

2017. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Celui-ci, s’il peut gagner passablement sa vie par une occupation quelconque, s’apercevra à peine qu’il a changé de condition ; tandis que celui-là, d’un ordre supérieur, regardera comme le plus grand des maux de se voir obligé de renoncer aux facultés de son âme, de faire sa compagnie de manœuvres, dont les idées sont confinées autour du bloc qu’ils scient, ou de passer ses jours, dans l’âge de la raison et de la pensée, à faire répéter des mots aux stupides enfants de son voisin.

2018. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Après s’être donné toute liberté dans les scènes orientales des Lettres persanes, Montesquieu sera calmé par l’âge, la gravité professionnelle, le soin de sa considération.

2019. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

On peint de préférence les plus bruts, les plus intacts ; on a des tendresses pour les « innocents » et les idiots, parce qu’ils représentent l’humanité presque toute neuve et toute fruste, et telle à peu près qu’elle dut sortir de l’âge du bronze.

2020. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

— « Je ne crains pas les Dieux de cette terre ; ils n’ont point nourri mon enfance, et je ne leur dois pas l’âge auquel je suis parvenu. » La lutte s’engage à outrance entre les ravisseurs et les vierges.

2021. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Le roi dut forcer la main au pape, et Jeanne, qui avait tant de vertus et de qualités requises pour être canonisée sainte comme on l’entendait en ces âges, ne fut jamais que la Sainte du peuple et de la France, la Sainte de la patrie.

2022. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

lui crie-t-il ; tu as été plus loin qu’il ne l’est permis à ton âge… Tu as une compagne charmante qui doit te fixer.

2023. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Cependant Jasmin, arrivé à l’âge de gagner sa vie, s’était fait coiffeur ou barbier, et dans sa boutique proprette, dans son petit salon de la promenade du Gravier, il chantait selon l’instinct de sa nature, en usant de cette facilité d’harmonie et de couleur qu’offre à ses enfants l’heureux patois du Midi.

2024. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Ce qui ressort des premiers travaux de ce jeune homme, déjà arrivé à l’âge de trente ans, c’est l’indépendance du jugement, l’habitude d’avoir son avis en toute matière sans en demander la permission à son voisin ; et le besoin d’exprimer cet avis hautement et devant le public.

2025. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Si grand que fût cet âge, sa constitution semblait lui promettre plus.

2026. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Grimm avait le sentiment vif de la musique ; il prit parti avec feu pour la musique italienne contre la musique française ; il se montrait en cela homme de goût, et il le fut avec l’enthousiasme de son pays et de son âge.

2027. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

C’est un homme entre deux âges, éloquent, avec un tour d’esprit noble et poétique.

2028. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Au reste, ce travail de restauration, qui consiste à retrouver et à préserver la tradition philosophique, à sauver cet héritage successivement accru par les âges, mais trop souvent renversé et détruit par les révolutions et les réactions, les révoltes et les coups d’État, les anarchies et les dictatures (car les écoles passent par les mêmes crises que les États), ce travail conservateur et réparateur ne doit pas être confondu avec ce que l’on a de nos jours appelé l’éclectisme.

2029. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Les préceptes que ce Rhéteur philosophe fournit sur le genre déliberatif, le démonstratif & le judiciaire ; la peinture qu’il fait des mœurs de chaque âge, de chaque état, de chaque condition, la maniere dont il explique les moyens d’exciter ou de calmer les passions ; les instructions qu’il donne par rapport aux preuves, aux caractères de la bonne élocution, au choix des mots, à la structure de la période, & à toute l’œconomie du discours oratoire, montre qu’il n’ignoroit rien de ce qui est essentiel à l’éloquence, & qu’il en avoit approfondi toutes les parties.

2030. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

De ces deux anges qui sont immédiatement au-dessous de la sainte, il y en a un qui regarde l’enfant qui souffre entre les bras de son père, et qui le regarde avec un intérêt très-naturel et très-ingénieusement imaginé, cette idée est d’un homme d’esprit, et l’ange et l’enfant sont deux morveux du même âge.

2031. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Le ridicule de Saint-Simon, pour nous autres révolutionnaires, ce sont ces questions d’étiquette dont l’esprit moderne ne comprend pas plus le sens que la portée… Et, en effet, l’étiquette comme le blason, ces deux langues mortes, qu’on ne parle plus, n’en furent pas moins deux langues superbes… L’étiquette et le blason, méprisés maintenant par les polissons de notre âge, symbolisaient des choses sur lesquelles a vécu des siècles la plus ancienne des monarchies connues, et Saint-Simon est le dernier historien de cette monarchie, dont son grand esprit pressentait la ruine prochaine, et qu’il défend avec le courage et l’acharnement de l’épouvante, car il savait qu’il ne la sauverait pas !

2032. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Merveilleux et tendresse, sublimité des images et profonde émotion du cœur, il y aura donc là ce que la poésie la plus vraie, la plus naturelle, avait pu concevoir de plus grand, à la pensée de Dieu et sous les rayons de la plus éclatante nature ; et là devait se rencontrer aussi ce que l’âge plus avancé du monde, ce que l’expérience plus triste de la vie, ce que les malheurs réitérés des siècles, auront appris à l’âme humaine.

2033. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Il faut avoir désormais égard à la condition, au temps ou à la circonstance, à l’âge, au sexe. […] Cette tendance intérieure de la littérature à se rendre plutôt l’interprète des « idées communes » ou générales que des opinions particulières, et qu’on a déjà vue poindre chez quelques écrivains de l’âge précédent, ce sont nos précieuses qui l’ont développée, fortifiée et consolidée. […] Ce n’était que festins, collations, promenades, carrousels, divertissements sur l’eau, « bains en rivière », mascarades, concerts, comédies et ballets, d’où naissait et se dégageait, non sans quelque dommage des mœurs, une politesse nouvelle, moins apprêtée, plus libre que l’ancienne, également éloignée De la grande raideur des vertus des vieux âges et des cérémonies de la préciosité, qu’elle rendait les unes et les autres diversement, mais également ridicules. […] Bien loin d’affecter, comme avant eux les précieuses ou les grands écrivains de l’âge précédent, le mépris du vulgaire, et de répéter avec eux : Rien ne me plaît, hors ce qui peut déplaire Au jugement du rude populaire ; ils ont essayé, comme l’explique admirablement La Fontaine, d’élever ce « populaire » jusqu’à eux ; ils ont écrit pour « tout le monde » ; et dans quelque sens enfin que l’on prenne l’expression, — car elle a plusieurs sens, — jamais plus que la leur aucune doctrine ne différa davantage de ce que nous avons depuis lors appelé le paradoxe de l’art pour l’art. […] 2º La Seconde Époque du théâtre Français. — Qu’Alexandre Hardy peut être considéré comme un de ces « irréguliers » ou de ces « attardés » qui continuent les mœurs littéraires de l’âge précédent. — Le « comédien de campagne » au commencement du xviie  siècle [Cf. 

2034. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Il a été un cancre à l’âge où l’on est écolier. […] Celui-ci semble bien entre ses compagnons d’âge être le plus richement doué. […] Golaud a passé l’âge des folies ; il est prudent et sage. […] Ces rivaux se souviennent uniquement qu’ils sont compagnons d’âge et compagnons d’œuvre. […] Car ils sont à l’âge où l’on ne se résigne pas aisément à être tout à fait dépourvu de charmes extérieurs.

2035. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Mais on veut que d’un âge à l’autre il y ait eu continuité dans la tradition comme dans le temps, et que la même raison oratoire ait gouverné l’esprit des contemporains de Bossuet et celui des contemporains de Voltaire. […] Le Sage avait alors quarante-sept ans : c’est l’âge où l’écrivain digne de ce nom éprouve en quelque sorte le besoin de faire œuvre qui dure, et d’élever ce que, depuis Horace ; on appelle son monument. […] À cet âge, les plus heureux ne réussissent qu’à peine à s’égaler eux-mêmes ; les autres se cherchent, ne se trouvent plus, et, réduits à se copier, ils refont ce qu’ils avaient fait autrefois, mais ils le font moins bien. […] L’âge venait, d’ailleurs ; et puis, si ses affaires étaient toujours médiocres, il sentait bien que sa réputation commençait à s’élever au-dessus de sa fortune. […] Nulle besogne, en effet, à l’âge où les sources de l’invention tarissent, et où, pour se continuer, les mieux doués n’ont rien de mieux à faire que de se répéter, ne pouvait plus heureusement convenir à Prévost.

2036. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Encore qu’Un mâle, sa première œuvre importante, date de 1881, des contes flamands, quelques romans, surtout de nombreuses et vaillantes critiques d’art lui assuraient, autant que son âge, une incontestable autorité. […] Et les hommes du port, demeurés sur les grèves, Regardaient s’enfoncer les mâts, comme des rêves, Dans l’éblouissement de l’horizon vermeil ; Et leurs cerveaux obscurs, à la fin de leur âge, Se rappelaient encore le splendide mirage De ces grands vaisseaux noirs entrés dans le soleil60. […] Maurice Maeterlinck, Grégoire Le Roy, Charles van Lerberghe avaient entre eux d’autres affinités que celle de l’âge. […] Deux volumes de Notes sur la littérature moderne et une Histoire des lettres belges d’expression française 172, non terminée, forment l’œuvre de Nautet, arraché, dans la force de l’âge, à son labeur, tel, trois ans plus tôt, un autre critique de talent, Victor Arnould. […] Bruxelles, Lacomblez, 1894. — L’Escrime à travers les âges (histoire vivante de l’épée en dix tableaux épisodiques) musique de MM. 

2037. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

On croirait lire une idylle ; il en faut rabattre sans doute ce qui est de l’exagération propre à chacun quand on se met à revoir flotter à l’horizon du passé cet âge d’or des jeunes saisons : il en restera toujours un sentiment bien vrai et d’une couleur non feinte.

2038. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Élevé dans la cabane paternelle jusqu’à l’âge de quatorze ans, allant ramasser du bois mort et faire de l’herbe pour la vache dans la mauvaise saison, ou accompagnant l’été son père dans ses tournées pédestres, le jeune Eckermann s’était d’abord essayé au dessin, pour lequel il avait des dispositions innées assez remarquables ; il n’était venu qu’ensuite à la poésie, et à une poésie toute naturelle et de circonstance.

2039. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il songea tout d’un coup que peut-être, à travers la suite des âges et les vicissitudes des révolutions, les mêmes usages, les mêmes coutumes et costumes, transmis dans la race ou imposés par le climat, avaient pu se perpétuer presque invariables.

2040. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Ni la politique, — orateurs et avocats politiques, — ni la chicane et la basoche, à côté de Daumier ; ni le militaire et le troupier après Horace Vernet et Charlet, et à côté de Raffet ; mais à Gavarni l’ordre civil et moral, régulier ou irrégulier dans tous les genres, la femme et tout ce qui s’ensuit, à tous les degrés et à tous les âges. — Il a repris le bourgeois après Henri Monnier, créateur du type ; mais au célèbre acteur-auteur il laisse presque exclusivement les abîmes et les bas-fonds d’où l’éloigne et le rejette toujours cette même naturelle et instinctive élégance.

2041. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Mme Champagneux m’y avait autorisé, en se fiant à moi du soin d’expliquer et de présenter sous leur vrai jour, ou même de passer tout à fait sous silence certaines confidences des Mémoires, qu’elle m’avait d’ailleurs à peine indiquées, désirant ou ne trouvant pas mauvais que j’en eusse connaissance, mais évitant elle-même de s’y arrêter. » Il faut le savoir en effet, et c’est un sujet fort digne de réflexion : la fille de Mme Roland, cette Eudora si cultivée par sa mère et dont elle avait soigné l’éducation jusqu’à l’âge de onze ans avec un zèle éclairé et tendre, Eudora était devenue fort religieuse, — disons le mot, fort dévote avec les années.

2042. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

On n’y oublierait pas surtout Dagobert, le bon Dagobert, qui a laissé une réputation débonnaire et assez ridicule, et qui fut peut-être un grand roi, énergique, le quasi-Charlemagne de sa race, mort à la fleur de l’âge et dans la vigueur de ses hauts projets4.

2043. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Le lendemain, on la conduisit au tribunal, accompagnée de vingt-quatre accusés de tout âge et de tout sexe, choisis pour inspirer au peuple le souvenir et le ressentiment de la cour.

2044. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

L’âge même ne peut ravir aux Sachems cette simplicité joyeuse : comme les vieux oiseaux de nos bois, ils mêlent encore leurs vieilles chansons aux airs nouveaux de leur jeune postérité.

2045. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

C’est un jeu de l’esprit, un déguisement de l’imagination moderne, sous des fictions et sous des vêtements mythologiques ; on y sent l’imitation sublime, mais l’imitation en toutes les lignes ; Fénelon n’y est qu’un Homère dépaysé dans un autre peuple et dans un autre âge, chantant les fables à des générations qui n’y croient plus : là est le vice du poëme, mais c’était celui du temps.

2046. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Rien de ce qui eût inspiré la spirituelle polissonnerie de l’âge suivant, mais seulement les « quatre mouchoirs de sa beauté salis » qu’on envoie au blanchisseur.

2047. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Une littérature religieuse ainsi se forma, en partie traduite, en partie originale, correspondant à la littérature profane, moins riche, mais aussi variée, et couvrant en quelque sorte la même étendue, de l’épopée au fabliau, et du roman à la chronique : récits bibliques ou évangéliques, vies de saints et de saintes, miracles de la Vierge, légendes et traditions de toute sorte et de toute forme, toute une littérature enfin qui, se développant comme la poésie laïque, eut ainsi son âge romanesque, où s’épanouissent à profusion les plus fantastiques miracles, où le merveilleux continu se joue des lois de la nature et parfois des lois de la morale.

2048. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Dès le xiie , la poésie aristocratique devient une chose de plaisir et de luxe : c’est l’âge des romans antiques et bretons.

2049. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Elles diffèrent d’âge, de situation et d’éducation ; il y en a qui meurent, il y en a qui se tuent et d’autres qui tuent ou qui tueraient ; mais, malgré la diversité des dénouements, on a cette impression que la petite comtesse qui meurt après la souillure est la même femme que Julia de Trécœur qui se tue avant ; que Julia est à son tour la même femme que Mme de Campvallon qui demeure triomphante dans son crime, et que Mme de Maurescamp ou Mme d’Hermany, c’est encore Mme de Campvallon.

2050. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Celle-ci, qui avance en âge, lui fait craindre quelque inconvénient.

2051. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Mieux placé que la Rochefoucauld, qui, durant l’âge où se formait le trésor de ses pensées, n’avait vu que la cour et les grands seigneurs, ou cette espèce d’hommes avides ou crédules qu’on appelle les hommes de parti, La Bruyère, par son emploi, avait vue sur la cour, et, par sa condition, sur la ville, et il mêlait dans ses peintures les grands et les petits.

2052. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Amené en France à l’âge de deux ans, le beau soleil du Languedoc conserva et fixa dans sa tête enfantine les images flottantes du pays natal.

2053. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Les choses vont vite à cet âge.

2054. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Clovis, roi des Francs, leur apparaît comme un petit Louis XIV ; ils lui prêtent une cour, des palais splendides, un pouvoir presque absolu ; ils suppriment si bien l’élément pittoresque, ils se donnent si peu la peine de se figurer le costume et les usages des hommes d’autrefois, et surtout ils imaginent si naïvement la persistance à travers les âges d’un « cœur humain » identique à lui-même, que le tissu de l’histoire devient quelque chose de terne et de grisâtre où rien ne se détache en relief.

2055. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Elle a des mots qui avancent terriblement sur son âge, cette jeune Adrienne, des mots d’auteur, pour tout dire.

2056. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Une femme de Paris, Mme Du Bocage, lui avait proposé de remplacer auprès de lui Mme d’Épinay comme correspondante, pour le tenir au courant des choses et des personnes ; il refuse cette distraction et ce soulagement : Il n’y en a plus pour moi, s’écrie-t-il avec un accent qu’on ne saurait méconnaître ; j’ai vécu, j’ai donné de sages conseils, j’ai servi l’État et mon maître, j’ai tenu lieu de père à une famille nombreuse ; j’ai écrit pour le bonheur de mes semblables ; et, dans cet âge où l’amitié devient plus nécessaire, j’ai perdu tous mes amis !

2057. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Enfant cruel et sans pitié, quand donc aurez-vous l’âge d’homme et sentirez-vous en vous-même ce qui est humain ?

2058. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Oui, oui, je sais trop bien l’histoire des âges écoulés et les lamentables débris que la gloire a abandonnés à la lente destruction.

2059. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Son fils, le comte de Vermandois, mourut à la fleur de l’âge (1683), atteint déjà et souillé par les vices de la jeune Cour.

2060. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Mais ici la croyance et l’âge des adversaires lui fournissaient un ressort puissant à mouvoir, et, aussi sûrement que s’il en avait eu le principe en lui-même, il s’en est saisi.

2061. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Cette fille, d’un mérite extraordinaire comme on l’appelait, était née au Havre en 1607, sous Henri IV ; elle ne mourut qu’en 1701, à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans, vers la fin du règne de Louis quatorzième, comme elle disait volontiers.

2062. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Marié depuis l’âge de trente-deux ans (1786), il était devenu père de famille à son tour.

2063. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Dégagée de tous les protocoles que la bassesse inventa pour la vanité, et la faiblesse pour le pouvoir, elle en est plus faite pour la conversation, lien des hommes et charme de tous les âges ; et, puisqu’il faut le dire, elle est de toutes les langues la seule qui ait une probité attachée à son génie.

2064. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

La Harpe ne s’en tint pas à cette première épreuve ; il se remaria à l’âge de cinquante-huit ans (9 août 1797) avec une jeune et jolie personne de vingt-trois ans ; mais, cette fois, ce fut cette jeune personne qui demanda le divorce, et qui se retira après trois semaines d’essai conjugal ou même, dit-on, de résistance.

2065. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Le comte de Beaumont, lieutenant de vaisseau, voulut un jour traiter Bonneval un peu lestement et en ne voyant que son grade ou son âge ; celui-ci l’appela et le blessa.

2066. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Chérubin, à lui seul, est une création exquise et enchanteresse de Beaumarchais ; il y a personnifié un âge, un premier moment de la vie de chacun, dans toute cette fraîcheur et cette émotion naissante, fugitive, irréparable : il n’a jamais été plus poète que ce jour-là.

2067. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Notez que ces calomnies secrètes et dites à l’oreille de tant de gens n’empêchèrent pas, cinq ans après, Voltaire renouant avec M. de Brosses, devenu alors premier président du parlement de Bourgogne, de lui écrire au sujet de quelque affaire qu’il lui recommandait (novembre 1776) : « Pour moi, à l’âge où je suis, je n’ai d’autre intérêt que celui de mourir dans vos bonnes grâces. » Littérairement, de Brosses eut une fois à juger Voltaire ; c’est à la fin de sa Vie de Salluste, et il le fit avec équité, sans qu’on y puisse découvrir trace de ressentiment.

2068. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Volney, qu’on nous représente, à Angers comme à Ancenis, solitaire, taciturne, ne prenant aucune part aux amusements de son âge et ne se liant intimement avec aucun de ses camarades, s’adonna à la médecine et se tourna dès lors vers l’étude des langues orientales : sa pensée était qu’il fallait demander à l’étude directe de ces langues la rectification de quantité d’opinions reçues et accréditées à la faveur de traductions infidèles.

2069. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

. — À mon âge, le réveil dans la nouvelle année est anxieux.

2070. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

L’industrie, après avoir été ainsi l’art primitif des hommes, s’est subtilisée toujours davantage : elle a travaillé sur des matériaux de moins en moins grossiers, depuis le bois et le silex, façonnés par l’artisan des premiers âges, jusqu’aux couleurs mêlées de nos jours sur la palette du peintre ou aux phrases arrangées par le poète et l’écrivain.

2071. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Quelquefois peu de chose, comme de Shakespeare ; souvent rien, comme de ceux des vieux âges.

2072. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Lorsque deux expérimentateurs arrivent à des résultats différents, c’est donc tout simplement qu’ils ne se sont pas placés dans les mêmes conditions : si l’on ne tient pas compte par exemple de l’âge, de l’état de santé, de l’état de sommeil ou de veille, d’abstinence ou de nourriture, on obtiendra sans doute des résultats différents ; mais placez vous dans les mêmes conditions, vous aurez les mêmes résultats.

2073. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Est-ce qu’une fille de cet âge-là n’est pas maîtresse d’user dans son lit de toutes ses lumières secrètes sans que ses parens doivent s’en inquiéter ?

2074. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Ne voïons-nous pas en effet que les enfans sçavent par coeur, et qu’ils mettent même en pratique les regles de la poësie latine dès l’âge de quinze ans, bien que le latin soit pour eux une langue étrangere, qu’ils n’ont apprise que par méthode ?

2075. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Ne serait-ce point par cette raison qu’il est rare de lire de suite et sans dégoût un long ouvrage en vers, et que les charmes de la versification nous touchent moins à mesure que nous avançons en âge ?

2076. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Il y a comme dans l’Attila, dans ces Récits du cinquième siècle deux ou trois grandes personnalités d’évêques à peindre, de ces saints évêques qui furent vraiment les Anges Gardiens de l’univers chrétien en son bas âge ; mais le surnaturel, le miraculeux, l’auréole de ces immenses figures, je ne les vois pas.

2077. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nul criterium déduit d’une doctrine première et fondamentale, et quand il s’agit de juger les grands faits intellectuels de l’époque, nulle vue profonde, mais un lieu commun d’une superbe venue, un lieu commun de dix-huit ans qui prend aujourd’hui dans ce gros livre solennellement sa robe prétexte et qui rencontre un autre lieu commun du même âge, lorsqu’il s’agit de juger les œuvres et les hommes.

2078. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Sainte-Beuve a-t-il perdu ce don d’originalité inestimable qu’il avait à vingt ans, c’est-à-dire, à l’âge où l’on n’a guères, même avec du talent et de l’avenir, que la folie de l’imitation, quand on n’en a pas la niaiserie ?

2079. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Dès lors le républicanisme de nos âges n’est plus qu’un « républicanisme de retour ».

2080. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

On présentait les accusés en deuil, les pères avancés en âge qui redemandaient leurs fils, les femmes et les enfants désolés.

2081. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Je sais que la gloriole soutient, mais pourra-t-elle jamais dédommager des contradictions & des contradicteurs qu’on trouve à chaque pas ; & n’est-il pas bien dur dans une saison où le jeune âge invite aux promenades, aux spectacles, aux plaisirs, de s’en priver, pour interroger des morts, pour tourner & retourner des feuillets, pour s’imprimer dans le cœur & dans l’esprit des choses qui fatiguent la mémoire, & qui viennent troubler le sommeil. […] LE soleil, qui dans Paris ne se montre qu’avec réserve, nous faisoit beau jeu, quand je trouvai le Jardin des Tuileries rempli de personnes de tout sexe & de tout âge, qui profitoient de la sérénité du jour, en attendant qu’il vînt à changer. […] On dit pour se justifier qu’on a voulu masquer cet endroit, à dessein de laisser en liberté madame de…. qui aime à se promener incognitò, attendu son grand âge. […] Telle est la progression des âges. […] Sans cela verriez-vous cette petite femme qui passa quarante ans de sa vie en cornettes plattes, & qui, entrant dans le monde dans un âge où l’on en doit sortir, s’est affublée depuis huit jours de tout l’attirail de la mode & de la coiffure la plus burlesque qu’on ait jamais vue.

2082. (1925) Comment on devient écrivain

La démangeaison d’écrire les pousse à barbouiller du papier à un âge où l’on ne peut faire que de l’imitation et du pastiche. […] Depuis Maurice Maindron, qui a fait si voluptueusement revivre la sensualité violente du seizième siècle, on a publié de nombreux romans historiques sur des époques diverses remontant jusqu’aux plus vieux âges ; aucun ne fera oublier l’éclatante couleur de Maindron. […] Il a une dizaine de concurrents de son âge ; voit-on ce que cela représente ?  […] L’âge et l’expérience modifient nos jugements. […] Bossuet prêchait à l’âge de douze ans dans le salon de Mme Rambouillet.

2083. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Il s’appelait Malherbe ; il avait peu produit ; et il avait une cinquantaine d’années : cette considération d’âge n’est pas inutile à une juste appréciation de son œuvre et surtout de son rôle. […] Je ne me rappelle plus si je n’ai pas essayé quelque part, sinon de l’en justifier, au moins de l’en excuser sur son âge ; et il est vrai, qu’étant d’ailleurs de santé délicate, il approchait de la soixantaine. […] Encore aujourd’hui, n’est-ce pas le temps de la reine Anne et du premier des Georges, le temps d’Addison et de Steele, de Pope et de Swift, que les historiens de la littérature anglaise appellent leur « siècle d’Auguste », l’âge d’or de leur littérature, et leur siècle classique entre tous ? […] A mesure qu’il avance en âge et qu’il grandit en popularité, si son esprit devient plus hardi, son goût, tout au rebours, devient plus timide ou même plus timoré. […] Et sans doute, on peut bien dire, vous l’avez vu, que Voltaire, dans son Essai sur la Poésie Épique, avait tenté quelque chose déjà de cela ; mais vous avez également vu que, bien loin de persister dans la tentative, au contraire, et à mesure qu’il avançait en âge, il s’en était détourné.

2084. (1927) Approximations. Deuxième série

Une autre, que l’âge a mûrie comme un bel abricot, se laisse, les mains sur les hanches, peigner comme une chatte24 ». […] Dans nos décors et arrangements esthétiques ces grands artistes d’un autre âge ne voient que sensualité et coupable mélange des genres. […] De la préface, qui définit nettement le point de vue adopté par l’auteur, j’extrais ces lignes : L’histoire de l’âge victorien ne sera jamais écrite : nous en savons trop à son endroit. […] Qu’il s’agisse de la galerie des portraits du personnage central : la reine Victoria elle-même — qui nous livre vraiment les différents âges d’une existence humaine —, du prince Consort (la révélation la plus surprenante peut-être du volume : le personnage réel, d’une complexité si attachante, avait été à la lettre enterré sous les panégyriques officiels), de Lord Melbourne, de Lord Palmerston, de combien d’autres, il semble qu’avec je ne sais quelle courtoisie narquoise chez l’artiste, la fraîcheur des peintures ait voulu devoir quelque chose à la jeunesse abolie des modèles. […] L’âge me la ramène comme une ancienne compagne qui s’était éloignée de ma vie, mais à qui je reste lié par un vieux désir.

2085. (1902) La poésie nouvelle

Cette opinion s’est faite au cours des âges ; les générations successives ont pris une telle habitude du Cosmos qu’il a fini de les enchanter. […] Mais, à un âge où d’autres s’essayent à de timides imitations, il eut la rage heureuse du nouveau. […] Or, les modifications que l’âme humaine subit, au cours des âges, l’atteignent plus profondément qu’on ne l’imaginerait : ce ne sont pas de simples différences de goût qui se produisent, comme celles, par exemple, que la mode enregistre, mais de tels changements dans la manière de penser, de sentir et de concevoir, qu’il faut à l’âme pour s’exprimer une langue et une versification nouvelles. […] Il délaisse le Moyen-âge, les « grâces et mignardises de cet âge verdissant » ; il renonce aux innovations verbales du seizième siècle, aux termes rares ou surannés, aux doctes dérivations latines ou grecques. […] Cette chanson, dont les accords harmonieux viennent du plus lointain passé bucolique, s’est adoucie, s’est amollie à la rêverie ultérieure des âges, et, dans ce bois sacré, se mêlent à la troupe des nymphes et des muses la Tristesse et son frère l’Amour, couronné de roses encore et de violettes, mais pensif et les yeux en rêve.

2086. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Enfant et adolescent, j’ai fréquenté des curés de campagne qui ne juraient que par lui, et pour qui le rédacteur en chef de l’Univers était le Judas Macchabée de notre âge. […] Lui si doux, il absout dans les âges écoulés la répression de l’hérésie, surtout parce que l’hérésie lui paraît attentatoire à cette indispensable unité.

2087. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

. — À vrai dire, tout cela n’est pas sûr : témoin Labosse, demeuré polichinelle jusque dans un âge avancé. […] Je veux simplement dire qu’il y a des peintures qui ne me touchent plus à l’âge que j’ai, qui me paraissent inutiles ou qui même me dégoûtent… On emporte de ces cinq actes une impression de basse humanité vraiment accablante.

2088. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Telle doit être la passion de l’amour au théâtre : la même au fond pour tous les personnages, elle sera diverse dans l’expression, selon les caractères, l’âge, la condition, le temps et le lieu. […] Les personnages secondaires autour d’Athalie et de Joad sont engagés dans l’événement par des causes proportionnées à leurs rôles : Mathan, par sa jalousie contre Joad et la mauvaise conscience d’un apostat ; Abner, par sa muette fidélité au sang de ses rois, à laquelle se mêle l’esprit d’obéissance militaire aux puissances établies ; Josabeth, par une tendresse mêlée de crainte, qui lui fait préférer pour son enfant adoptif la sécurité à la gloire ; Zacharie, son fils, par l’âge, qui le rapproche de Joas, et par la communauté de leurs pieux amusements dans le saint lieu ; Salomith, cette charmante sœur de Zacharie, par les soins qu’elle a donnés, de moitié avec sa mère, au mystérieux enfant, qu’elle aime sans le connaître.

2089. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Le roman expérimental se donne donc comme une conséquence de l’évolution scientifique du siècle ; il continue et complète la physiologie, qui elle-même s’appuie sur la chimie et la physique ; substitue à l’étude de « l’homme abstrait », de « l’homme métaphysique » l’étude de l’homme naturel, « soumis aux lois physico-chimiques et déterminé par les influences du milieu » ; le roman expérimental, en un mot, est la littérature de notre âge de science comme la littérature classique et romantique correspondait à un âge de scolastique et de théologie69.

2090. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

L’habitude de la concentration, c’est-à-dire de l’attention exclusivement portée sur la pensée et son expression intérieure, se prend dans le jeune âge, et d’autant mieux que l’âme est naturellement plus calme, plus intellectuelle, moins fréquemment détournée du but qu’elle s’est fixé par l’éveil subit de la passion ou de l’imagination, puissances de caprice et de distraction. […] Un jour de crise politique, un homme d’un certain âge, à la figure placide, se promène sur un boulevard de Paris, donnant le bras à une jeune dame, qui sans doute est sa fille ; la foule est compacte, agitée, murmurante ; mais personne n’élève la voix ; tout à coup, sans occasion qui le provoque, sans regarder personne, notre homme dit assez haut d’une voix concentrée : « Ce X… est un misérable ! 

2091. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Evidemment, malgré les dépressions de l’âge, l’homme de ce portrait fut beau dans sa jeunesse. […] annonça la venue au monde sublunaire en 1749 de notre âge fortuné.

2092. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Seul le cerveau d’un enfant ou d’un sauvage a pu concevoir la grossière idée que le siècle est une sorte d’être vivant né à la façon d’un animal ou d’un homme ; qu’il parcourt toutes les phases de l’existence, enfance, jeunesse, âge mûr ; puis vieillit et dépérit peu à peu, pour mourir à l’expiration de la centième année, après avoir subi dans les derniers dix ans toutes les infirmités d´une pitoyable sénilité. […] Des vieillards usés, qui ont la crainte puérile que l’on sache leur âge, fréquentent assidûment le nouveau temple et mêlent leur voix chevrotante au chant des fidèles, parce qu’ils espèrent qu’en les voyant dans un groupe où prédominent les jeunes gens, on les tiendra pour jeunes. […] En 1840, en Prusse, sur 100 000 personnes ayant l’âge de la responsabilité criminelle, il y avait 714 condamnés ; en 1888, 1102. […] Sir James dit encore dans son discours : « Hommes et femmes vieillissent avant l’âge. La vieillesse empiète sur la vigueur de la virilité… Les morts uniquement dues à la vieillesse se trouvent maintenant reportées entre l’âge de quarante-cinq et de cinquante-cinq ans… ».

2093. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Peut-être que la vie entiere d’un héros, maniée avec art, et ornée des beautés poëtiques, en seroit une matiere raisonnable. à quel titre condamneroit-on un ouvrage qui seroit le modele de toute la vie, la morale de tous les âges et de toutes les fortunes ? […] Nestor au contraire instruit par l’expérience et par l’âge, est l’ame des conseils, et le modérateur des différends. […] Les commentateurs admirent ces histoires diffuses dans la bouche des vieillards d’Homere, parce qu’en effet le défaut de la vieillesse est d’aimer trop à conter : mais ils ne songent pas que les vieillards d’Homere, sont des héros, et de plus, des sages ; qu’ainsi, c’étoit assez au poëte de faire sentir dans leurs discours l’inclination de l’âge, sans l’outrer, comme si c’étoit des personnages de comédie, qu’on eût choisis exprès pour tourner la vieillesse en ridicule.

2094. (1842) Discours sur l’esprit positif

Cette oscillation nécessaire, qui maintenant ne s’observe plus qu’envers les plus difficiles théories, a pareillement existé jadis à l’égard même des plus simples, tant qu’a duré leur âge métaphysique, en vertu de l’impuissance organique toujours propre à une telle manière de philosopher. […] On peut dès lors apercevoir comment la notion prépondérante de l’Humanité doit nécessairement constituer, dans l’état positif, une pleine systématisation mentale, au moins équivalente à celle qu’avait finalement comportée l’âge théologique d’après la grande conception de Dieu, si faiblement remplacée ensuite, à cet égard, pendant la transition métaphysique, par la vague pensée de la Nature. […] Mais cette juste reconnaissance ne saurait aller jusqu’à prolonger artificiellement ce régime initial au-delà de sa destination provisoire, quand l’âge est enfin venu d’une économie plus conforme à l’ensemble de notre nature, intellectuelle et affective.

2095. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Comprendrait-on, autrement, qu’il traversât des phases bien réglées, qu’il changeât d’âge, enfin qu’il eût une histoire ? […] Si elles se produisent à un âge déterminé, et en un temps qui peut être assez court, personne ne soutiendra qu’elles surviennent alors ex abrupto, du dehors, simplement parce qu’on a atteint un certain âge, comme l’appel sous les drapeaux arrive à celui qui a vingt ans révolus.

2096. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Il est aussi absurde de chercher la vérité — et de la trouver, — quand on a atteint l’âge de raison, que de mettre ses souliers dans la cheminée, la nuit de Noël. « A cette heure, me disait l’un des créateurs d’une science nouvelle, nous ne pouvons établir aucune théorie, mais nous pouvons démolir toutes celles qu’on établirait. » Il faut tâcher d’en rester toujours à ce stade : la seule recherche féconde est la recherche du non-vrai.     […] Sans doute, Lamartine, comme tous les jeunes gens de son âge, a subi Chateaubriand. […] Avec l’âge, le cerveau devient plus dur, moins docile, plus riche aussi en mouvements propres issus des sensations accumulées, et il résiste mieux aux suggestions de l’amour et de l’admiration. […] A l’âge où la plupart des écrivains entrent dans la vie en hommes libérés des férules, il redevenait élève, et bon élève. […] Le décret serait inattaquable s’il contenait en substance cette unique déclaration : « Les fautes d’orthographe ne seront comptées, relativement à l’âge du candidat et au genre d’instruction qu’il reçoit, que dans la mesure où elles sont le signe d’une intelligence médiocre, d’une inattention fâcheuse, d’une infériorité générale. » Il aurait suffi de rédiger cette proposition en style administratif, pour qu’une grande question fût résolue.

2097. (1902) Propos littéraires. Première série

» Dans chacun de ces camps, des types observés de très près, presque tous très honnêtes et très naïfs, et c’est le signe caractéristique de ce récit ; mais très divers pourtant, selon les âges, les croisements de races, les aventures qui ont modifié les complexions, ou simplement le degré de culture et d’intelligence. […] Ces spectacles ont été les premiers qui aient frappé les yeux de Jacquine et ils ont continué de les battre en cadence, ou en décadence, jusqu’à un âge assez avancé. […] J’eusse aimé mieux, et je n’aurais pas trouvé trop invraisemblable ni exceptionnel, que Jacquine eût l’horreur du vice sans avoir jamais vu la vertu jusqu’à l’âge de vingt ans ; qu’elle fût une hermine en tant que née hermine et nullement pour une autre cause ou par contribution d’une autre cause. […] Arrivé, ou croyant être arrivé à cet âge où l’homme se dit mélancoliquement : « Je vieillis ; chaque jour me précipite vers le terme où je ne penserai plus », et voulant savoir au plus juste « quelle a pu être sur la terre la trempe naturelle de son cerveau », l’auteur a cherché à « se recueillir » et à « se discerner ». […] Il est curieux pour les hommes de notre âge de voir un de nos contemporains écrire encore « M. de Lamartine », conformément à la vieille et excellente coutume française qui veut qu’on appelle « M. un tel » non seulement tout homme vivant, mais tout homme du vivant duquel on a vécu, pourvu qu’on l’ait connu personnellement.

2098. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Il est utile de noter ce détail, et aussi qu’elle avait été, dans l’âge de vingt-trois ans, défigurée par la petite vérole, attendu que trop d’historiens ont expliqué le succès de son apostolat par le charme de sa jeunesse et l’éclat de sa beauté. […] Aussitôt toutes les jeunes filles, avec la naturelle avidité de leur âge pour le romanesque, se précipitèrent sur la doctrine de la visionnaire ; le Moyen court devint le bréviaire de la maison, et Mme Guyon, par-dessus tous confesseurs ou directeurs, l’oracle de la communauté. […] Les mœurs de chaque âge sont ainsi fidèlement observées. […] Ce sont des hommes dans la force de l’âge, et par conséquent dans la maturité de l’orgueil : le peintre les a placés aux deux extrémités de la toile. […] Radet, lecteur et bibliothécaire, avant la Révolution, de je ne sais plus quelle marquise ou duchesse ; — qu’il n’a donc pas moins de tantôt quatre-vingt-dix ans d’âge ; — et que je l’emprunte au très curieux ouvrage de M. 

2099. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Il ne faudrait pas le voir pourtant trop amoureux des âges gaulois, ni trop épris des doctes personnages de la Renaissance ; il était de son siècle et n’enviait guère à ces savants hommes du passé que leur façon de s’exprimer, plus franche que la nôtre : « On avait », dit-il, « l’esprit étrangement fait du temps de Pasquier ; il admirait Ronsard, que nous ne voudrions pas lire à présent… Disons la vérité, tous ces messieurs-là étaient trop graves pour être plaisants ; il n’y a que leur langage ancien que je voudrais qui eût été conservé, et je sais bon gré à M. de Cambrai (Fénelon) d’avoir dit que ce langage se fait regretter, parce qu’il avait je ne sais quoi de court, de naïf, de hardi, de vif et de passionné.

2100. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Cependant, voilà la jeunesse passée, et le temps qui marche ou, pour mieux dire, qui court sur la pente de l’âge mûr : les bornes de la vie se découvrent plus clairement et de plus près, et le champ de l’action se resserre.

2101. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Virgile est un doux nom, cher à l’oreille et au cœur de tous : il est devenu tel à travers les âges ; il s’est francisé sous cette forme, et nul ne peut songer à nous le ravir : mais en latin il est bien certain que le nom est P.

2102. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

De ces deux filles qu’elle eut la douleur de voir mourir avant elle, la plus jeune, Inès, délicate, poétique, une sensitive douloureuse ; méfiante d’elle-même, tendrement jalouse, « l’enfant de ce monde, disait sa mère, qui a le plus besoin de caresses », atteinte d’une maladie de langueur étrange, s’éteignit la première, à l’âge de vingt ans, le 4 décembre 1846.

2103. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Quant à ces neveux si vite consolés dont parle De Maistre, et que l’inexorable écrivain n’a pas craint de montrer dansant sur les tombes ; quant à ceux dont Béranger avec plus de sensibilité disait : Chers enfants, dansez, dansez, Votre âge Échappe à l’orage !

2104. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

C’est à cette époque où le cercle des jouissances est parcouru, et le tiers de la vie à peine atteint, que ce livre peut être utile ; il ne faut pas le lire avant ; car je ne l’ai moi-même ni commencé, ni conçu qu’à cet âge.

2105. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Dans ma paroisse, qui a peu de feux, il y a plus de trente garçons ou filles qui sont parvenus à l’âge plus que nubile ; il ne se fait aucuns mariages, et il n’en est pas seulement question entre eux.

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