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1514. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

D’après les aveux officiels, le déficit annuel était de soixante-dix millions en 1770, de quatre-vingts en 1783565 : quand on a tenté de le réduire, ç’a été par des banqueroutes, l’une de deux milliards à la fin de Louis XIV, l’autre presque égale au temps de Law, une autre du tiers et de moitié sur toutes les rentes au temps de Terray, sans compter les suppressions de détail, les réductions, les retards indéfinis de payement, et tous les procédés violents ou frauduleux qu’un débiteur puissant emploie impunément contre un créancier faible. « On compte cinquante-six violations de la foi publique depuis Henri IV jusqu’au ministère de M. de Loménie inclusivement566 » et l’on aperçoit à l’horizon une dernière banqueroute plus effroyable que toutes les autres. […] On voit par cent détails qu’il est dans toutes les mains comme un catéchisme.

1515. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Quoique d’ordinaire le temps affaiblisse et entame nos impressions les plus fortes, celles-ci reparaissent entières et intenses, sans avoir perdu une seule parcelle de leur détail, ni un seul degré de leur vivacité. […] Il y a des jours où, sans le vouloir, nous repassons en esprit un morceau de notre vie, telle journée de voyage, telle soirée d’opéra, telle conversation intéressante ; nous nous sentons ramenés d’une manière fixe à l’ancien état ; les idées qui essayent de se jeter à la traverse sont mal venues ; elles sont chassées, ou s’arrêtent sur le seuil ; si au premier moment quelque lacune se rencontre dans notre souvenir, elle finit le plus souvent par se combler d’elle-même ; un détail oublié surgit à l’improviste. — Je me rappelle en ce moment une soirée passée à Laveno, sur le lac Majeur, et, à mesure que j’insiste, je revois mon dîner d’auberge, la grosse nappe toute blanche, la jolie servante effarée ; puis, un peu après, le sentier tortueux parmi les thyms et les lavandes, le lac d’un gris bleuâtre sous une enveloppe moite de vapeur, les plaques de lumière, les traînées scintillantes, les broderies d’argent qu’un rayon égaré semait çà et là sur la nappe unie, le bruissement imperceptible des petits flots qui venaient mourir sur la grève, et les clochettes des vaches qui tintaient çà et là dans le silence.

1516. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Le 15 juillet 1792, le chevalier de Chateaubriand crut se devoir à lui-même d’émigrer et de rejoindre l’armée des princes : il servit sans illusion, sans fanatisme, recueillant des impressions de la vie militaire, du service d’avant-postes, de tout le détail extérieur, pittoresque ou poétique de la guerre. […] Au temps où l’on estimait Anquetil, Chateaubriand a vu ce qu’il fallait chercher, ce qu’on pouvait trouver dans les textes, les documents originaux : le détail caractéristique, qui contient l’âme et la vie du passé670.

1517. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Mais sans mélodie, difficile à comprendre à d’autres qu’à des initiés ; pleine de détails curieux et fouillés ; mais ennuyeuse, oh ! […] Catulle Mendès, de hautes facultés littéraires qui permettent de tout espérer de lui…… C’est un plaisir pour moi de constater le succès éclatant d’une œuvre incomplète mais de haute valeur, intéressante, élevée, pathétique, servie par un style magistral auquel on ne saurait reprocher que son excessive vérité de facture et l’abus de détails trop amoureusement caressés.

1518. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Et tous ces menus détails, le palais, le lac, la grande salle d’hôtel remplie de figures étrangères et résonnante d’une langue que je comprenais mal, tout cela se perd dans le rayonnement de la représentation dont les moindres détails sont demeurés gravés en moi.

1519. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Avant tous détails, disons que, jusqu’aujourd’hui, les représentations ont été admirables et le succès complet. […] Mais les détails de chaque rôle ayant été réglés par Wagner et la tradition s’en imposant aux artistes, la comparaison ne peut plus être que sur des points très secondaires ; d’ailleurs, n’y a-t-il pas quelque étroitesse, surtout au théâtre de Bayreuth, à tant se préoccuper des spéciales qualités des acteurs ; serait-ce encore, même ici, l’histoire des gens qui écoutent l’acteur, non la pièce ?

1520. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

un écrivain justement célèbre, qui serait mort de douleur s’il avait connu ses disciples, un philosophe aussi parfait de sentiment que faible de vues, n’a-t-il pas, dans ses pages éloquentes, riches en détails accessoires, pauvres au fond, confondu lui-même les principes de l’art social avec les commencements de la société humaine ? […] On n’attend pas que j’analyse en détail ces brochures ; et tout d’abord je dirai en quoi il me semble que Sieyès a échoué et erré, et en quoi il a réussi.

1521. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

* * * — Un charmant détail de la fabrication des tapis turcs. […] Et le voici, — du reste en homme fort distingué — moitié mécontent, moitié satisfait, à se plaindre à moi, d’avoir fait figurer son frère dans un roman, avec des détails si particuliers, qu’il est impossible, me dit-il, que je ne l’aie pas connu.

1522. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Dans ce siècle où les faiseurs de règles, où les législateurs du Parnasse, où les régularistes, si vous voulez les dénommer ainsi, ont été utiles jusqu’à un certain point  ils ne sont pas absolument inutiles  mais ont été surtout insupportables, à savoir rigoureux, pointilleux sur tous les détails, insistant sur des infiniment petits, et faisant de leur fantaisie souvent, ou de leurs souvenirs poétiques des règles inéluctables, en ce temps-là tous les genres étaient comme soumis aux faiseurs de règles et dominés par eux ; la tragédie plus que tout autre genre ; la comédie presque autant que tout autre genre, le poème épique d’une façon déplorable, abusive et du reste erronée, car c’est sur quoi les faiseurs de règles se sont le plus trompés. […] Cunisset-Carnot, qui est un botaniste, un forestier et un animalier de tout premier ordre, a montré, dans un détail sur lequel je ne puis m’étendre, qu’il ne peut y avoir un mot de vrai dans cette fable, de vraisemblable du moins ; car M. 

1523. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

la petite monnaie de son ancien talent d’historien, c’est toujours, ou à peu près, la même manière de tirer de sa poche la bonbonnière où elle est peinte sur ivoire, cette coqueluche de roi, avec tous les détails de sa toilette biographique, et de vous dire, la perle d’une larme à l’œil : « Elle était bien charmante, et ils l’ont bien calomniée !  […] Capefigue avait un intérêt, il devrait se trouver non dans des détails et des faits nouveaux qu’il ne découvre pas, mais dans les raisons qu’il expose pour ne pas admettre ou pour suspecter les faits connus.

1524. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

J’ai négligé, dans cette histoire qui expire dans une contradiction, les détails d’érudition de ce volume de six cents pages, qui peuvent avoir une valeur de recherches et d’exactitude pour les Job en patience des Instituts, mais non pour moi. Ce qui importe, à moi, plus que ces détails, qui, d’ailleurs, passent trop vite sous nos yeux pour que nous puissions constater la valeur de chacun des grains de poussière qui composent cet incroyable tourbillon d’idées religieuses que l’avènement du Christianisme avait fait lever par toute la terre ; ce qui m’importe, à moi, c’est le nombre de ces idées religieuses !

1525. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Pour un génie synthétique, qui sait généraliser sa pensée et qui échappe par sa grandeur même, vous avez la multitude des esprits qui analysent et qui se complaisent dans les finesses du détail. […] Dans le roman de Feuillet, il n’y a pas la moindre invention, la moindre combinaison, le moindre détail original, le moindre rendu supérieur, la moindre volonté révélée par un effort quelconque de donner de l’accent à cette vulgarité d’un mariage dans le monde, — dans ce monde à la hauteur sociale duquel Octave Feuillet s’est placé.

1526. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

C’est en prenant sa tasse de café sur le boulevard qu’il lit bientôt, non sans satisfaction, les détails de l’exécution et s’assure qu’il n’a désormais aucune révélation à redouter. […] On pourra extraire de chacun des détails précis sur l’exercice des professions.

1527. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Tous les détails de cette soirée, la présentation de Bénédict aux orgueilleux parents de Valentine, l’invitation à la danse, l’embarras du baiser, l’aisance de bel air de M. de Lansac, fiancé de Valentine, tout cela est délicieusement conduit ; et le départ ensuite, le retour, la manière dont Valentine s’égare, la rencontre des deux jeunes gens près des buissons fleuris de l’Indre ; cette voix limpide et nerveuse de Bénédict, qui le précède et l’annonce, et dont Valentine a de loin admiré le chant ; cette arrivée à la ferme par les jardins de derrière et à travers les haies, leurs deux haleines se confondant au passage dans les fleurs ; cette visite nocturne de Valentine à Louise, à sa sœur aînée, si longtemps perdue, si merveilleusement retrouvée, et qu’une faute amère, déjà bien ancienne, avait bannie d’un lieu qu’elle a voulu revoir ; — oui, tout, jusqu’à cette façon naturelle et rusée d’éconduire M. de Lansac, tout, dans cette première partie du récit, captive, enchante et satisfait.

1528. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Si le conte est fait d’une manière trop prolixe, si le conteur emploie trop de paroles, et s’arrête à peindre trop de détails, l’esprit de l’auditeur devine la chute vers laquelle on le conduit trop lentement ; il n’y a plus de rire, parce qu’il n’y a plus d’imprévu.

1529. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Avec une netteté glacée, il accentuait les détails de ce chaos de pierres qui est l’Islande ; tout ce pays, vu de la Marie, semblait plaqué sur un même plan et se tenir debout.

1530. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Je crois que cette morale, dans le détail de ses prescriptions, doit coïncider, sur les points essentiels, avec la partie durable des morales religieuses et de celle qui est fondée sur une philosophie spiritualiste.

1531. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Un égal insouci de la ressemblance de détail au profit de l’impression d’ensemble l’apparente à M. 

1532. (1890) L’avenir de la science « Sommaire »

Nécessité des recherches positives et des derniers détails.

1533. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Les disciples racontèrent le fait avec des détails de mise en scène combinés en vue de l’argumentation.

1534. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Il vous dira qu' il doit gouverner comme la Nature, par des principes invariables & simples, bien organiser l'ensemble, pour que les détails roulent d'eux-mêmes ; qu'il doit, pour bien juger d'un seul ressort, regarder la machine entiere, calculer l'influence de toutes les parties les unes sur les autres & de chacune sur le tout, saisir la multitude des rapports entre les intérêts qui paroissent éloignés ; qu'il doit faire concourir les divisions même à l'harmonie du tout, veiller sans cesse à retrancher la somme des maux qu'entraînent l'embarras de chaque jour, le tourment des affaires, le choc & le contraste éternel de ce qui seroit possible dans la Nature & de ce qui cesse de l'être par les passions *.

1535. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Tout ce Prologue pêche par un défaut de liaison dans les idées, et aucune beauté de détail ne rachète ce défaut.

1536. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Frères par la pensée comme par le sang, espèces de Ménechmes littéraires, tellement semblables (du moins quand on les lit) qu’on ne sait plus où l’un finit et où l’autre commence, et qu’ils semblent n’avoir à eux deux qu’une seule plume et qu’un même cerveau, MM. de Goncourt, pleins de confiance en eux-mêmes, par amour fraternel sans doute, — ce qui les préserve de la fatuité, — se sont dit un beau jour, après avoir collectionné des anecdotes et jeté l’épervier dans les courants les plus ignorés du renseignement, qu’ils étaient en mesure d’écrire cette œuvre immense, de détails concentrés et d’ensemble, que l’on appelle l’histoire d’une société.

1537. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Dans l’histoire de ces négociations, puisqu’on tenait à l’écrire, ce qu’il importait de faire voir, c’était le détail mouvementé de ces négociations ; c’étaient les intrigues qui s’y mêlèrent ; c’était l’attaque et la résistance, la guerre diplomatique enfin, et surtout les négociateurs, — l’individualité des négociateurs.

1538. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

Il ne nous fait grâce ni d’un paravent ni d’une lampe ; et, dans ces moments suprêmes, ces détails peuvent avoir leur grandeur et faire la vérité plus vraie : — il s’agit de savoir les placer et les remuer d’une main puissante.

1539. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Plus que personne, Lavallée était en position de nous donner sur Saint-Cyr un livre intéressant et riche de détails.

1540. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

IV Je n’ai point à entrer dans le détail immense des faits à travers lesquels cette légitimité sublime a agi pendant tant de siècles sans jamais forfaire à elle-même, ni quand, pour défendre les corps aussi bien que les âmes, elle s’appuya, un jour, du temps de Léon, sur Charlemagne ; un autre jour, du temps de Grégoire VII, sur la grande Mathilde ; sur Othon, au temps des effroyables anarchies romaines ; et, plus tard, sur elle-même.

1541. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Mais il est une preuve plus frappante et plus intime encore, qu’on tirerait aisément de l’inspiration même du recueil et non de quelques-uns de ses détails.

1542. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Didier et non de quelques-uns de ses détails.

1543. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

», la doctrine, l’immuable doctrine, qui a bien pu modifier des vues de détail, mais qui est la même dans ses conclusions qu’aux jours où elle ne se cachait pas.

1544. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Mais pourquoi peser sur ce détail ?

1545. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

Mais sous cette apparence sincère, sous cette préoccupation exclusive et timorée de la vérité du détail, les Mémoires sur l’Australie contiennent latentes, mais visibles déjà pour les esprits doués de clairvoyance, toutes les prémisses d’un vaste syllogisme qu’achèvera l’avenir.

1546. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Seulement je n’ai pas à entrer dans une critique de détail, impossible d’ailleurs en un seul chapitre.

1547. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

Il nous y a rapporté, avec un grand détail d’érudition, ces coutumes de tous les peuples en matière de sépulture qui, jusqu’à l’établissement de l’Église Romaine, laquelle sut seule doser exactement le respect qu’on doit à nos poussières, ne furent guères que des superstitions idolâtres, grossières et quelquefois sanglantes.

1548. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

L’anecdote doit tout enguirlander, le détail particulier pointiller tout.

1549. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

Prosper Blanchemain nous a donné à connaître dans son ensemble et en détail le magnifique poète dont tout le monde ne connaissait que des fragments.

1550. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Les détails de ce temps de jeunesse, qui va de la vie presque pastorale de l’enfant à la vie militaire du jeune homme, sont de l’intérêt le plus contrasté et le plus attachant.

1551. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

C’est la vie pour la vie de Milton qu’il va nous dire, la vie pour la vie et pour son détail, — et non pour faire de cette vie la cause du talent de Milton et pour retrouver dans son talent l’empreinte de cette vie tout entière.

1552. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Ainsi donc, s’il faut nous résumer sur le livre de MM. de Goncourt, — peu d’invention, — pas de composition, — des caricatures pour des caractères, — des pages détachées, qui pleuvent les unes sur les autres et qui ressemblent à un feuilleton perpétuel, des événements et des détails sans aucune originalité, — des conversations notées peut-être sur place, — des mots tenus en réserve, comme la poire pour la soif… de son public, que l’on croit avoir altéré d’esprit en lui en faisant boire trop depuis longtemps ; voilà le roman de MM. de Goncourt.

1553. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

A coup sûr, jamais les doctrines, ou plutôt l’absence de doctrines que nous combattons : l’égoïsme sensuel, orgueilleux et profond, l’immoralité par le fait, quand elle n’est pas dans la peinture et dans l’indécence du détail, le mépris réfléchi de tout enseignement, la recherche de l’émotion à outrance et à tout prix, et le pourlèchement presque bestial de la forme seule, n’ont eu dans aucun homme de notre temps, où que vous le preniez, une expression plus concentrée et plus éclatante à la fois que dans Edgar Poe et ses œuvres.

1554. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Il n’eut ni dans les factions la fierté brillante et l’esprit romanesque et imposant du cardinal de Retz, ni dans les affaires l’activité et le coup d’œil d’aigle de Richelieu, ni dans les vues économiques les principes de Sully, ni dans l’administration intérieure les détails de Colbert, ni dans les desseins politiques l’audace, et je ne sais quelle profondeur vaste du cardinal Alberoni.

1555. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Je me renversais dans ses bras, et de bas en haut, j’examinais son cher visage en détail. […] Ces inconnus, qui me suivaient, n’allaient pas s’apercevoir de cela, je l’espérais bien, le reste de ma toilette avait de quoi distraire l’attention, la détourner de ce fâcheux détail. […] Cela se voyait bien, à mon absence complète de dévotion… L’idée d’être Turque ne me blessait en rien ; j’étais même persuadée que j’avais été en Orient et je donnais, au sujet de ce voyage imaginaire, tous les détails que l’on voulait, et qui, par extraordinaire, étaient exacts. […] Je cherche à m’imaginer tous les détails : la longue vieille figure, sans son voile noir, renversée sur l’oreiller, grimaçante et râlante ; et les sœurs autour du lit, et le prêtre, que l’on a vu passer, venant du dehors, et portant les saintes huiles. […] À l’élévation, le rideau s’entrouvre à demi et permet d’entrevoir le prêtre consommant le saint sacrifice à l’autel placé en face du chœur. » Et plus loin, lorsque Spirite prononce ses vœux, tous les détails qu’il donne sont ceux-là mêmes qui m’avaient si vivement impressionnée à la prise d’habit de la sœur Sainte-Barbe.

1556. (1903) Le problème de l’avenir latin

Les délimitations, à voir non le détail mais l’ensemble — et en se bornant à l’Europe continentale — coïncidaient presque. […] Voilà ce que constatent à l’envi, et dans un grand luxe de détails, tous nos historiens. […] Mais ce n’est pas l’avantage de cette situation relativement supérieure ni de certaines prééminences de détail qui pourrait nous démentir. […] Par-delà toutes les critiques de détail, il y a en effet une observation capitale à formuler. […] Il est évident que des peuples classés comme inférieurs peuvent, à certains égards, témoigner d’éclatantes supériorités de détail sur les autres.

1557. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Comme c’est aujourd’hui le seul peuple qui dispute l’empire aux Français, les moindres détails sur lui deviennent intéressants. […] Cette haine, qui se forme de mille détails honteux, n’est pas moins implacable que la haine qui naît d’une plus noble cause. […] L’idée primitive du Minstrel est charmante, et la plupart des détails en sont très agréables. […]   Le principe étant ainsi posé, il nous semble qu’il est du moins inattaquable par le fond, mais on peut disputer sur quelques détails. […] Les Anglais, en l’adoptant, lui firent perdre son afféterie ; mais ils la jetèrent dans un autre excès, en la surchargeant de détails.

1558. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Il a toujours préféré aux tentatives d’explication universelle de patientes investigations sur des points de détail. […] Plus encore que les détails visibles de la vie matérielle, les événements décisifs qui se passent dans les âmes ont attiré et retenu sa sympathique curiosité. […] Jamais l’âme éblouie et mécontente d’une société en travail de religion n’a été devinée d’un si perçant regard ni décrite avec une telle richesse de détails. […] Certaines descriptions de paysages lointains, de visages tatoués, de victuailles bizarres, ressemblent, par leur détail et leur insistance, à du Flaubert versifié. […] S’il y pousse des vices nouveaux, les spécialistes sauront bien nous les décrire en détail.

1559. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Un chiffre, un détail de dépense, une misérable phrase de latin barbare est sans prix aux yeux de Carlyle. […] Sitôt que vous voulez penser, vous avez devant vous un objet entier et distinct, c’est-à-dire un ensemble de détails liés entre eux et séparés de leurs alentours. […] Les choses ne sont point mortes, elles sont vivantes ; il y a une force qui produit et organise ce groupe, qui rattache les détails et l’ensemble, qui répète le type dans toutes ses parties. […] Quand ils dépassent la simple analyse, tout leur talent consiste à plaider éloquemment des thèses ; parmi les contemporains de Carlyle, Macaulay est le modèle le plus achevé de ce genre d’esprit. —  Les autres, après avoir fouillé violemment et confusément dans les détails du groupe, s’élancent d’un saut brusque dans l’idée mère. […] Nous avons ses paroles, nous pouvons entendre son accent ; nous saisissons autour de chaque action les circonstances qui l’ont fait naître ; nous le voyons sous sa tente, au conseil, avec le paysage, avec sa physionomie, avec son costume ; tout le détail y est, jusqu’aux minuties.

1560. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

La marquise descend dans un petit couvent de la rue Saint-Jacques ; Amaury fait choix d’une chambre dans le voisinage ; et voici, pendant la captivité du mari, les relations qui s’établissent entre la marquise et l’étudiant : « Tous les soirs, quand les religieuses s’étaient retirées et les enfants endormis, nous demeurions très tard, très avant même dans la nuit, près de la cendre éteinte, en mille sortes de raisonnements, de ressouvenirs, de conjectures indéfinies sur le sort, la bizarrerie des rencontres, des situations, la mobilité du drame humain, nous étonnant des moindres détails, nous en demandant le pourquoi, tirant de chaque chose l’esprit, ramenant tout à deux ou trois idées d’invariable, d’invisible et de triomphe par l’âme ; jamais ennuyés dans cet écho mutuel de nos conclusions, toujours naturels dans nos subtilités. » J’ai cité cette phrase tout au long, parce qu’elle me dispense de raconter ; en effet, elle résume merveilleusement toute l’histoire de cette liaison vraiment étrange, qui n’est ni amitié ni amour, ni mystère ni éclat, ni passion ni calme, ni innocence ni crime. […] Ces préliminaires valaient la peine d’être établis ; car j’entreprends d’analyser avec quelque détail le style de Volupté, et j’ai besoin, comme rapporteur et comme juge dans une matière si délicate, que mon impartialité ne puisse être mise en doute. […] Il est obligé de nous donner souvent le détail et le menu de la vie humaine, et de nous entretenir, bon gré malgré, de choses simples, naturelles, ordinaires. […] Il nous faut connaître maintenant avec plus de détails ce jeune Français ainsi jeté par un vaisseau du roi sur une terre étrangère, à quelques mille lieues de son pays, seul, absolument seul, avec tant de dangers, tant d’aventures, tant de misères en perspective ; il nous faut le connaître tel qu’il est ; car nous avons bien peur qu’avec son habit noir, ses 2 000 écus de haute solde et son bagage épistolaire, il ne soit médiocrement recommandé auprès des nobles représentants de la Royale Compagnie, s’il ne paie prodigieusement de sa personne, s’il n’a du cœur, de l’esprit, beaucoup de bonne humeur, beaucoup de science, des qualités solides, des mœurs élégantes, l’indépendance de l’âme et du caractère. […] Nicol, négociant anglais, qui assista notre malheureux compatriote à ses derniers moments, et transmit à sa famille tous les détails de sa mort.

1561. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Édouard Rod et dans les notices du traducteur, quelques détails sur Ibsen. […] C’est tout un petit drame à côté du premier, et que je n’ai pas le loisir de vous conter en détail). […] Un détail qui a vraiment une belle couleur de légende. […] C’est la vérité des détails extérieurs, du dialogue, du vocabulaire, de la mise en scène. […] Plusieurs détails, ainsi qu’on l’a remarqué, ne sont pas historiquement très exacts ; mais ils le paraissent, et cela suffit.

1562. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Ce style, qui est arrêté dans ses détails, est flottant dans son allure générale. […] Il doit beaucoup aux réalistes qui lui ont enseigné le souci du détail expressif. […] C’est « une idée chez ceux qui ne sont pas très capables d’en avoir deux, et qui, en ayant conçu ou emprunté une, y accommodent toutes les observations de détail qu’ils font sur les routes ». […] Car à mesure qu’on embrasse de plus vastes ensembles, plus il faut négliger de détails et oublier de vérités particulières. […] Les détails d’organisation et d’administration ne le rebutent pas.

1563. (1927) Des romantiques à nous

Ce serait un problème à suivre en détail à propos de chacun de ces justiciables illustres. […] Ce genre de tableaux, procédant nécessairement par généralisations et synthèses, prête toujours à une infinité d’objections de détail ; un chartiste aussi remarquable que l’est Jacques Boulenger ne manquera pas de textes qui paraissent, dans tous les cas, mettre le peintre en défaut. […] Mais, encore une fois, elle ne peut légitimement se poser que pour l’ensemble, et il s’agit de savoir si l’ensemble n’a pas gagné en équilibre ce que bien des détails (dont l’impression à l’exécution est passagère) ont pu perdre en saveur. […] Nous n’essayerons pas d’aborder le détail innombrable de son œuvre. […] Que me font les puérilités de détail du poème et l’encombrement de ses idéologies superflues !

1564. (1925) Portraits et souvenirs

L’un nous livre le secret de son cœur, l’autre nous apporte le détail de sa vie ! […] Sur ce séjour à Londres, les détails manquent. […] Il en a présent à l’esprit tout le détail, et sa mémoire lui fournit avec une abondance précise le trait nécessaire et typique. […] J’en ai noté le détail à l’époque où il me le fit, et je crois n’y avoir rien retranché ni rien ajouté. […] Funck-Brentano, en nous exposant, en leurs détails les plus exacts et les plus circonstanciés, la vie et le rôle du fameux contrebandier.

1565. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Les détails de cet ouvrage doivent participer aux défauts de l’ensemble. […] Il pensait en détail, si on peut parler ainsi, et ne s’élevait point assez haut pour trouver ces idées premières qui font penser toutes les autres. […] Au lieu de parcourir tout son sujet d’un vol sûr et facile, il pèse longuement sur chaque détail ; il s’épuise à tout décrire. […] L’une a plus de ces effets qui tiennent à la perfection des détails ; l’autre, de ceux qui tiennent à la rapidité de l’ensemble. […] On y trouve de riches détails, mais tout est dessiné dans les mêmes proportions, et ces proportions sont toujours gigantesques.

1566. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Soucieux d’abord de dire son impression du moment, il se répète volontiers, variant par de faibles nuances les détails de la vie qu’il aime. […] Faute de connaître de tels détails, le vulgaire s’imagine les hommes célèbres en la perpétuelle attitude d’une figure de cire ; et si on les lui révèle, il s’indigne, faute de les comprendre, contre ce qui est un des signes les plus clairs d’une vie individuelle. […] Schwob est une sorte de simplicité effroyablement complexe ; c’est-à-dire, que par l’arrangement et l’harmonie d’une infinité de détails justes et précis, ses contes offrent la sensation d’un détail unique ; il y a dans la corbeille de fleurs une pivoine que seule on voit parmi les autres abolies, mais si les autres fleurs n’étaient pas groupées autour d’elle, on ne verrait pas la pivoine. […] Mais ces détails même n’intéresseront personne avant cinquante ans : l’auteur de Tête d’or est ici ou là, selon qu’il a choisi. […] Tous ces détails, que les gens graves de l’an 1855 taxaient d’enfantillages, ne les empêchèrent pas de dégager les premiers le véritable rôle de la reine et de montrer que tous les fils venaient se nouer autour de ses doigts fins et redoutables.

1567. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

d’après la saisie des Tablettes romaines, qui a eu lieu ce matin, croyez-vous que j’aurais pu esquisser avec ce détail la tragédie de la Mort de Henri IV, événement d’hier qui ne compte guère que deux cent quatorze ans de date ? […] Mais le talent supposé, si les détails de la comédie de Lanfranc sont vrais, s’il y a du feu, si le style ne se fait jamais remarquer et ressemble à notre parler de tous les jours, je dis que cette comédie répond aux exigences actuelles de la société française. […] De la censure Tous les poètes comiques à qui l’on dit faites, s’écrient : Dès que nous présentons dans nos drames des détails vrais, la censure nous arrête tout court ; voyez les coups de canne donnés au roi qui n’ont pas pu passer dans le Cid d’Andalousie. […] 3º L’intérêt passionné avec lequel on suit les émotions d’un personnage constitue la tragédie ; la simple curiosité qui nous laisse toute notre attention pour cent détails divers, la comédie.

1568. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Toutefois, pour moi la cause de l’insuccès n’est pas due à cela, elle est en ceci : c’est que le dramatique de l’acte, au milieu de détails d’une vérité absolue, ne s’appuie pas sur la vérité d’un être. […] Un mendiant, à l’esprit caustique, spirituellement méchant, qui avait été au collège avec les bourgeois les plus huppés de la ville, et qui au fait de leur vie privée dans les détails les plus intimes, en pleine rue, les interpellait avec une certaine éloquence, les blaguait, et obtenait la charité par l’intimidation, la terreur d’une divulgation des choses secrètes de leur existence. […] Salles, le père de Mme Benedetti, à propos de Germinal me contait aujourd’hui, à Saint-Gratien, en sa qualité d’intéressé dans une houillère de Belgique, l’attachement des mineurs pour leurs mines, et me donnait ce détail, qu’une grève de huit jours étant accordée là, pour l’arrachement des pommes de terre, les femmes ont toutes les peines à décider leurs hommes, pour ce travail, à ciel ouvert. […] Nous causons de Charles Demailly, où elle était à la première, et après m’en avoir parlé en bien, elle me donne ces tristes détails sur l’influence de la critique. — Je vais voir, me dit-elle, une femme très intelligente, qui me reçoit avec cette phrase : « C’est drôle, Sarcey a éreinté la pièce, et j’ai passé hier une très amusante soirée au Gymnase ! 

1569. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

À quoi bon encore, dans un ouvrage de philosophie et de morale, d’autres détails plus concevables, mais qui, non plus, n’auraient pas dû y trouver place ? […] Qui en jugeroit en détail et distinctement, piece à piece, rencontreroit plus souvent à dire vray. […] Cette loi, souvent minutieuse, s’étendant à tous les détails de la vie, force l’homme à reconnaître qu’il est sous le joug du péché. […] Des gens qui, dans le détail de la vie, donnaient incessamment raison à La Rochefoucauld, en se défiant de tout homme, en prêtant à chaque action un mauvais motif, déclarèrent néanmoins (J. […] La Bruyère est surtout dramatique ; il fait ressortir l’aspect pittoresque des individualités jusque dans les moindres détails.

1570. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Cela dit sur la composition, et en entrant dans le détail, on n’a qu’à louer et à approuver ; c’est à peine si ceux qui ont déjà étudié quelque point de la question trouveraient à ajouter de temps en temps une remarque ou un fait à tous ceux que l’auteur assemble et combine.

1571. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Je n’ai pas dit de ses Poésies tout ce qu’elles suggéreraient dans les détails ; il y en a de charmants, ou qui le seraient si quelque trait à côté n’y faisait tache, ou s’ils n’étaient en général compromis et comme enveloppés par le reflet, une fois reconnu, de l’ensemble.

1572. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Pour ces détails, c’est à l’historien qu’il faut recourir.

1573. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

L’esprit philosophique rend plus sévère sur l’emploi du temps ; et loin que les peuples à imagination exigent de la rapidité dans les tableaux qu’on leur présente, ils se plaisent dans les détails, et se fatigueraient bien plus tôt des abrégés.

1574. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

la voilà donc, cette charmante, cette idéale langue du vers appliquée de nouveau aux détails de la vie rustique, et appliquée avec un art merveilleux par un incomparable virtuose.

1575. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

« Le cardinal d’Estrées, monsieur de Guilleragues, aussi amoureux de madame Scarron, faisaient partie des cercles de Richelieu. » On voit tous ces détails dans les Souvenirs de madame de Caylus, p. 140 et 141.

1576. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Le sujet, fort complexe, tout de détails et d’épisodes, était difficile à grouper en livre.

1577. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Auquel cas, il recommande qu’on substitue des allusions plus ingénieuses & plus sensibles, qu’on remplace même quelquefois les idées outrées, les détails trop étendus, les comparaisons forcées par des choses plus justes & plus nobles, en avertissant toutefois le public de ces changemens.

1578. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Mais ces détails deviendroient fatiguans pour le lecteur.

1579. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Mais il y a des théatres étrangers où les acteurs tombent tous les jours dans le vice que Quintilien reprend, en imitant tous les tons et tous les accens pour ne point entrer dans d’autres détails, que prennent les personnes les plus passionnées quand elles se trouvent enfin en pleine liberté.

1580. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Du reste, comme détails dans ce livre, nul d’idée et de sentiment, il y a la description, morte comme une description de gazette, du carnaval à Naples et celle du Vésuve en feu, — deux lieux communs en Italie !

1581. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Toute l’époque d’alors, très tournée au furetage historique, accueillit avec la curiosité d’une commère, friande de détails et de médisances de toutes sortes, ce bavardage de portier qu’un bourgeois cynique avait recueilli dans un langage digne de la chose.

1582. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

IV Laissons donc dire le titre de ce livre, qui nous invite avec un nom de femme ; laissons même les détails charmants et naïfs de ce poème retrouvé du chapelain de la comtesse Mathilde, dont Renée, l’habile enchâsseur qui sait faire reluire les moindres pierres, a orné les pages de sa chronique ressuscitée.

1583. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

Niaiseries d’oisifs, détails inouïs de platitude recueillis avec un respect si comique, on se demande vraiment si c’est là de la littérature ou si c’est de l’esprit de société ?

1584. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

La vérité historique, cette chose vivante, n’est point la vérité de l’exactitude, cette chose morte ; et peut-être se dégage-t-elle plus encore de l’ensemble fortement exprimé des choses que du soin apporté à la description des détails.

1585. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

De 983 à 1103, il nous donne, avec beaucoup de détail et d’information, les coutumes, les justices et les procédures de la Paix de Dieu.

1586. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

Le détail dans lequel nous ne pouvons entrer, on le trouvera dans Segretain, qui a peint cette figure de Sixte, impersonnelle comme la Sagesse, la Justice et la Charité, avec l’intelligence d’un homme qui a le sentiment de la Papauté.

1587. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Matérialiste autant qu’il puisse l’être de doctrine et d’inspiration première, Weill, qui n’est pas un philosophe à une philosophie, mais un philosophe à plusieurs, n’est pas seulement matérialiste par le fond réel de son livre ; il prétend être encore spiritualiste par l’intention et par le détail.

1588. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

C’est Hogarth le moraliste, Hogarth pour l’inspiration, le jet, la manière de regarder les hommes et les choses ; car pour le détail, pour l’appuyé du trait, pour la netteté, pour l’ordre de la composition, ce n’est plus Hogarth, le positif et réaliste Hogarth, brutal, mais réfléchi, profondément réfléchi, et froid dans sa brutalité.

1589. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Malgré l’appréciation la plus délicate et la plus subtile de chaque détail isolé des lettres, l’auteur de l’Introduction n’a pas porté le jugement qu’il méritait sur cet esprit d’un charme si sérieux, si animé et si profond.

1590. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Les meilleures lettres qu’on ait de lui ne peuvent valoir, par le détail de l’observation (son seul mérite réel), les livres qu’elles rappellent par leur langage raisonnable, tranquille et d’une pâle élégance, quand il est le mieux réussi.

1591. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Flourens, rapportée avec beaucoup de détails dans le livre de la Vie et de l’Intelligence, et avec cette clarté qui est le don de son talent.

1592. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Là fut le secret de tant de traductions, d’éditions, d’annotations, d’interprétations, de sommaires, de commentaires, où il s’est si effroyablement tortillé, et de ce détail d’érudition sous lequel il a plongé le vide de sa tête, érudition pointilleuse, acharnée, enragée, presque physique ; car le dos des livres a fini par lui être cher et il a passé bibliophile pour le compte de la philosophie, ne pouvant, hélas !

1593. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Pour le détail de la vie privée du réformateur protestant, on la chercherait en vain dans le livre de Guizot.

1594. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

est magnifique, et tous les détails en sont glaçants et terrassants.

1595. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Mais à la rêverie il sait très bien allier la précision, nette et presque coupante, du détail.

1596. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Il lui faut, à ce peintre de masses, à ce maître de la fresque qui procède toujours par de magnifiques accumulations de détails, et qui, pour les entasser, a besoin d’espace, il lui faut, pour jouer dans sa force, le pourtour d’un peuple, l’hémicycle d’une société ou d’une époque, et je ne connais guères que Macaulay, dans plusieurs de ses beaux Essais historiques, publiés dans La Revue d’Edimbourg, qui ait cette étendue et cette largeur d’embrasse ; mais Macaulay, bien plus littéraire que plastique, n’a pas la couleur de José-Maria de Heredia, quoique Macaulay, comme Heredia, ait été un poète avant de devenir un prosateur !

1597. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

… De tels détails, s’il y en avait, nous manqueraient sans doute.

1598. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Joséphin Soulary au premier rang dans cette École, aux préoccupations mauvaises, qui, confondant l’Art avec la Poésie, fait tenir, de préférence et de système, l’œuvre poétique dans la circonférence d’une médaille ou le tour d’une bague, encore plus étroit, et s’imagine que le fini du détail répond à toutes les exigences.

1599. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Nous avons loué sans réserve, ailleurs, ce commérage sur toute une société, le plus délicieux qu’on ait entendu depuis Mme de Sévigné, que Mme de Girardin surpasse souvent par l’agrément continu et le piquant gai du détail.

1600. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Et enfin, puisqu’il est descriptif, La Fontaine, l’originalité du paysagiste, quand, en France, de son temps, il n’y en avait pas encore un seul dans la littérature, et que Fénelon nous donnait (dans son Télémaque) une nature souvenue et tirée des Anciens… Eh bien, disons-le, à travers toutes ces originalités différentes, qu’on retrouve quand on les y cherche dans le génie décomposé de La Fontaine, la meilleure à mes yeux et la plus étonnante, celle qui le fait le mieux ce phénix de La Fontaine, celle qui complète le mieux toutes ses puissances par un charme vainqueur de tout, c’est la bonhomie, c’est cet accent de bonhomie qui se mêle à tous les détails de son œuvre, — et je n’entends pas ici que les Fables, mais les Contes !

1601. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Nulle infériorité de détail n’y trahissait l’effort du poète.

1602. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Tout cela est horrible et infect, d’un travail pourrissant sur les esprits et sur les âmes, et c’est contre cela que la Critique a le droit d’élever la voix, encore plus que contre les détails plus ou moins inventés d’une liaison qui, comme toutes les liaisons coupables, aboutit, sans nul doute, pour l’un des deux amants, à des crimes de cœur.

1603. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Tout cela est horrible et infect, d’un travail pourrissant sur les esprits et sur les âmes, et c’est contre cela que la Critique a le droit d’élever la voix, encore plus que contre les détails plus ou moins inventés d’une liaison qui, comme toutes les liaisons coupables, aboutit, sans nul doute, pour l’un des deux amants, à des crimes de cœur !

1604. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Il est fantastique dans le détail, mais il est scientifique dans son but.

1605. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

En ses premiers livres, où la description abondait, où il y avait bien des surcharges de détail, bien des puérilités de pointillé, il se préoccupait infiniment d’un certain genre de pittoresque, plus ou moins heureux, qui était sa manière à lui ; mais, à présent, il ne s’en préoccupe plus au même degré ; il se contente de l’exactitude.

1606. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

Leur caractère et leur marche sont trop opposés : l’une est scrupuleuse et lente ; l’autre, hardi et rapide : l’une pèse sur les détails, l’autre saisit les résultats ; l’une amasse des faits, l’autre combine des idées : l’une, enfin, se défie de la pensée et craint l’imagination ; l’autre a le besoin de créer, et n’est riche que de ce qu’il invente.

1607. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Il n’y a aucun de ses discours qui n’ait de riches détails.

1608. (1897) Aspects pp. -215

Au point de vue des faits matériels, ces détails sont assez exacts. […] On aimerait plus de concentration, moins de détails accessoires, davantage d’évocation… Mais il serait tout de même puéril de reprocher par trop à M.  […] Enfin, on y trouve la description d’une épidémie de choléra faite avec cet art rapide, évocateur, dédaigneux des détails accessoires, dont M.  […] Jullien moins que d’autres — attachent une importance très grande à l’exactitude des détails matériels. […] Le poète, lui, donnera seulement les traits principaux, il réduira la description au minimum, il relèvera chaque détail d’une image — il évoquera.

1609. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Hokousaï continua de vendre un certain nombre de dessins aux Hollandais, jusqu’au jour, où il lui fut interdit de livrer aux étrangers les détails de la vie intime des Japonais. […] Une constitution plus compliquée est un établissement de bains qui se fabrique avec la découpure de cinq planches et où vous avez tout le détail de l’établissement, avec les hommes et les femmes à l’état de nudité dans les deux bains. […] Dans les mêmes années, paraît la représentation d’une « Maison Verte » avec tous ses détails en cinq planches. […] En tout cas, j’examinerai les essais mais, dès à présent je recommande ces détails parce que je veux arriver à avoir une bonne cuisine de mes dessins. […] Peinture d’un grand relief, aux délicats détails du costume vert et bleu perdus dans la masse, et aux belles lignes du sac.

1610. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Nous avons étudié en détail cet important morceau de biographie, qui est, à vrai dire, moins un récit continu qu’un admirable catalogue de faits. […] Chuquet nous rapporte, par le menu — avec une grande insistance de détails et d’anecdotes, — tous les effets de cette fermentation. […] Tous les détails qui nous viennent de là sont épiques. […] Le duc et le général avaient été vus ensemble à Ettenheim… Suivaient d’autres détails, non moins horrifiques, signalés par le préfet du Bas-Rhin. […] Voilà un détail très suggestif.

1611. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Incohérence dans les idées de détail. […] Royaliste (si l’on me permet d’appeler pareilles questions choses de détail) ? […] Par son admirable talent, Bossuet a fixé l’attention générale sur l’idée d’égalité, et il a de cette manière inoculé la Révolution… » — Mais passons sur ce point de détail. […] C’était un homme timide, peut-être défiant, rangé, propret, méticuleux, ennemi du désordre jusqu’à la manie, sa vie matérielle réglée dans le plus minutieux détail. […] Et personne plus que Lamennais ne nous a donné, en détail et comme minutieusement, un de ces spectacles là.

1612. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Il a fait, en technicien, en psychologue, en connaisseur minutieux de ce réseau téléphonique qu’est le système nerveux, une étude objective, admirable de science et de détail. […] Fumées, plus étendu, plus détendu, comporte au contraire quelques espaces traînants et quelques négligences, mais il l’emporte par le détail, l’exactitude et surtout l’intelligence aiguë de l’analyse. […] Ou du moins, alors qu’à tous ses camarades étaient arrivées des aventures, alors que les détails d’une période de leur vie se groupaient naturellement, sa vie à lui n’avait pas d’épisodes. […] Je ne cache pas que, sur le fruit exquis de Saâda, j’aimerais mieux trouver la pelure ou l’écorce des Mille et Une Nuits que celle du père Dumas, mais cela est un détail. […] Mais le seul roman qu’ait écrit Sainte-Beuve s’appelle Volupté, et il n’y a de critique complet que celui qui est capable d’écrire, en gros ou en détail, à sa manière, son Volupté.

1613. (1914) Une année de critique

Dans ce roman comme ailleurs, c’est le détail qui vaut. […] Il faudrait le comparer jusque dans le détail, à Madame Bovary, car un rapprochement s’impose tout de suite entre ces livres si différents. […] Léon Bloy, tout occupé à comprendre les choses du point de vue de l’éternité et à déchiffrer l’invisible, ne s’est pas soucié de ces détails. […] Cent petits détails vous sollicitent et requièrent de vous une seconde d’attention souriante. Je sais bien que, dans la très grande prose, les détails se remarquent moins.

1614. (1913) Poètes et critiques

Sa pièce, parla même, perd le caractère antique, la sobriété du détail ; par contre, elle devient un morceau accompli de réalisme vigoureux. […] Un seul détail. […] Peut-être ce détail a-t-il son prix ? […] Mais de qui donc, si ce n’est de Lebrun lui-même, le critique des Lundis tenait-il le détail sur une visite ajournée pour ne pas montrer des « bas bleus » ? […] Mais déjà les menus détails sont vus par un autre œil plus sensible, plus scrutateur, et, si je puis risquer l’expression, plus tenace.

1615. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Les détails d’érudition inévitables dans un pareil livre entravent la pensée de l’auteur, et entremêlent désagréablement la vérité relative et la vérité absolue. […] Il n’y a, certes, aucun mérite à connaître ces détails, mais il y aurait quelque mérite à n’en pas parler quand on les ignore. […] Il n’y a ni honneur ni plaisir à éplucher ces détails d’érudition, à signaler des erreurs qu’une lecture d’une semaine suffit à découvrir. […] Si l’on excepte quelques détails insignifiants et vagues sur les troubles domestiques de l’illustre poète, je ne vois rien dans ces pages qui ne puisse convenir très bien à vingt autres poètes méconnus et calomniés par leur siècle. […] Je ne voudrais pas descendre aux détails d’une démonstration puérile ; mais pourtant je suis forcé d’indiquer sommairement les symptômes de la satiété.

1616. (1929) La société des grands esprits

On trouvera tous les détails de cette histoire dans le volume de M.  […] Il serait sans doute puéril d’entrer dans des détails d’école, et telle réserve qu’on pourrait faire sur le style de M.  […] N’attendez pas beaucoup de détails sur son voyage. […] Divers autres détails de cette imposante documentation révèlent une critique insuffisamment serrée. […] Cependant Pierre-Maurice Masson rectifie utilement quelques détails.

1617. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Cependant on y peut relever, çà et là, quelques bonnes observations de détail qui ne laissent pas d’avoir une assez grande portée. […] Le mal est une apparence des détails qui disparaît dans l’ensemble. […] Voilà ce que, en tenant compte de tout le détail qui l’explique et le met en lumière, il fallait me montrer. […] Remarquez que cette histoire, en son détail intime, en son détail psychologique, en son détail pittoresque aussi, n’a pas été écrite. […] Enfin nous sommes témoins, grâce à ces manuscrits, des ratures, des corrections, des tâtonnements de Victor Hugo jusque dans le détail le plus menu.

1618. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Elles chantent les chansons de Polly ; leurs nerfs n’ont peur d’aucun détail ; elles ont déjà respiré ces senteurs de bouges dans les pastorales limées de l’aimable poëte812. […] Il expose les petits faits vulgaires avec leurs détails bas et frappants. […] Suivez ce sentiment du droit dans le détail de la vie politique ; la force du tempérament brutal et des passions concentrées ou sauvages vient lui fournir des armes. […] Je n’ai point à raconter leurs vies, ni à développer leurs caractères ; il faudrait entrer dans le détail politique. […] Mais ce qui le distinguait entre tous les autres, c’était une large intelligence compréhensive qui, exercée par des études et des compositions philosophiques868, saisissait les ensembles, et, par-delà les textes, les constitutions et les chiffres, apercevait la direction invisible des événements et l’esprit intime des choses, en couvrant de son dédain « ces prétendus hommes d’État, troupeau profane de manœuvres vulgaires, qui nient l’existence de tout ce qui n’est point grossier et matériel, et qui, bien loin d’être capables de diriger le grand mouvement d’un empire, ne sont pas dignes de tourner une roue dans la machine. » Par-dessus tant de dons, il avait une de ces imaginations fécondantes et précises qui croient que la connaissance achevée est une vue intérieure, qui ne quittent point un sujet sans l’avoir revêtu de ses couleurs et de ses formes ; et qui, traversant les statistiques et le fatras des documents arides, recomposent et reconstruisent devant les yeux du lecteur un pays lointain et une nation étrangère avec ses monuments, ses costumes, ses paysages et tout le détail mouvant des physionomies et des mœurs.

1619. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Vous pourriez d’abord le confondre avec la crainte du châtiment, car ce sont les précautions les plus minutieuses, sans cesse complétées et renouvelées, pour cacher le crime ou pour faire qu’on ne trouve pas le coupable ; c’est, à tout instant, l’idée angoissante qu’un détail a été négligé et que la justice va saisir l’indice révélateur. […] Tant que vous raisonnerez sur l’obstacle, il restera où il est ; et tant que vous le regarderez, vous le décomposerez en parties qu’il faudra surmonter une à une ; le détail en peut être illimité ; rien ne dit que vous l’épuiserez. […] Celui-ci est aspiration, intuition et émotion ; il s’analysera en idées qui en seront des notations intellectuelles et dont le détail se poursuivra indéfiniment ; il contient donc, comme une unité qui envelopperait et dépasserait une multiplicité incapable de lui équivaloir, toute l’intellectualité qu’on voudra ; il est plus qu’intelligence. […] Inutile d’analyser en détail ce cas particulier d’une illusion très générale, peu remarquée des philosophes, qui a vicié bon nombre de doctrines métaphysiques et qui pose à la théorie de la connaissance des problèmes insolubles. […] Nous ne nions pas l’utilité, la nécessité même d’un enseignement moral qui s’adresse à la pure raison, qui définisse les devoirs et les rattache à un principe dont il suit, dans le détail, les diverses applications.

1620. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Nous pouvons, certes, les soupçonner d’hérésie sur quelques points de détail, et je ne m’en prive pas ; mais pour le fond de la doctrine, ils continuent une tradition assez vénérable. […] Impur, c’est trop évident, le sujet ou le sommaire du poème ; mais aussi le sens de chaque phrase, la suite logique des idées, le progrès du récit, le détail des descriptions et jusqu’aux émotions directement excitées. […] Avant d’aborder la critique de détail, je voudrais qu’on me laissât présenter ces quelques vues d’ensemble sous un jour nouveau, et d’une manière moins abstraite. […] Après ces justes phrases que je viens de lire sous sa signature : le contrôle humain me paraît nécessaire pour goûter ce que l’œuvre d’art peut offrir de divin… le mystère pur, « et recherché systématiquement à l’exclusion de tout détail terrestre », nous oriente vers des régions défendues…, il tombe dans cette singulière interprétation extra picturale : j’aime que Picasso se dépeigne lui-même le mètre à la main, mesurant les objets les plus vulgaires : moulure, verre ou pied de table. […] Lionel Landry dont les contestations de détail ne firent qu’éliminer ce qui pourrait nuire, d’après lui, à l’appui de sa thèse générale pour une grande part sympathique à la nôtre.

1621. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Alfred de Musset, il y a deux ans, publiant dans la Revue des Deux Mondes 131 quelques-uns de ces vers aimables et légèrement décousus que lui dicte la fantaisie en ses meilleurs jours, a parlé de Leopardi plus en détail, bien qu’à l’improviste et avec une sorte de brusquerie faite d’abord pour étonner. […] Une petite dissertation sur le participe reso (pour renduto) et le verbe sortire (dans le sens de uscire), que la Gazette de Milan avait compris en une même condamnation, atteste à quel point il ne laissait passer aucun détail, et combien il se préparait à être un vigilant écrivain. […] Les détails précis qu’on pourrait donner sur certains instants de détresse d’un si noble cœur seraient trop pénibles.

1622. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

On sent que le poète retouchait sans cesse son ouvrage, pour y ajouter de nouvelles descriptions ou de nouveaux détails. […] Un poète aurait oublié le sujet pour adorer les détails. […] « S’il en résulte quelque argent, dit-il en finissant, il sera consacré à ma sépulture. » XXI Une lettre du prélat Nores, qui était alors à la cour du pape Clément VIII, lettre datée du 15 mars 1595 et adressée à Vincenzo Pinelli, donne sur le Tasse, à cette époque de sa vie, d’intéressants et pittoresques détails : « J’envoie à Votre Seigneurie deux sonnets du Tasse : dans l’un il célèbre l’anniversaire du couronnement du pape ; dans l’autre il loue et il sollicite, selon son habitude, son auguste bienveillance.

1623. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Et bientôt, au sortir de ces songes flottants, Je me sentis pleurer, et j’admirai longtemps Que de ces hommes morts, de ces choses vieillies, De ces traditions par hasard recueillies, Moi, si jeune et d’hier, inconnu des aïeux, Qui n’ai vu qu’en récits les images des lieux, Je susse ces détails, seul peut-être sur terre, Que j’en gardasse un culte en mon cœur solitaire, Et qu’à propos de rien, un jour d’été, si loin Des lieux et des objets, ainsi j’en prisse soin. […] « Ce n’est qu’en lisant de près les Églogues qu’on peut suivre et deviner les vicissitudes de sa vie, et plus certainement les sentiments de son âme en ces années : même sans entrer dans la discussion du détail, on se les représente aisément. […] On a supposé que ce morceau du IIIe livre des Géorgiques y avait été inséré après coup par le poète, et lorsque déjà il s’occupait de l’Énéide ; il y a des détails qui semblent en effet avoir été ajoutés un peu plus tard ; mais le cadre premier existait, je le crois, et le sens général, selon l’opinion de Heine, est plutôt prophétique qu’historique.

1624. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

IV Quant à Aristote, nous connaissons assez de son histoire pour vous la redire avec les certitudes et les détails que la distance du temps et des lieux et la célébrité de l’homme ont laissés, de traditions en traditions, rayonner autour de ce grand nom, héritage de deux mondes, le monde ancien et le monde scolastique moderne. […] Mais il n’est guère possible d’accorder les écrivains entre eux sur plusieurs détails relatifs à cet événement. […] Et j’en dis autant de toutes leurs autres vertus ; car ceci est encore bien plus vrai, quand on se donne la peine d’examiner les choses en détail.

1625. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

J’aimerais mieux avoir écrit le seul Werther, malgré l’inconvenance et le ridicule de quelques détails, que vingt volumes des œuvres de Voltaire ; car l’esprit n’est que le serviteur du génie, qui marche derrière lui et qui se moque de son maître. […] Sublime idée, détails plus touchants et plus sublimes encore : Marguerite dépasse en tendresse, en innocence, en joie, en larmes, tout ce que la poésie de tous les âges a jamais conçu. […] Si l’on réunit ensemble tous ces motifs, on me comprendra quand je dirai que, malgré l’enjouement de Goethe à table, il y avait au fond de son âme une gêne visible. — Je donne tous ces détails parce qu’ils se rattachent à une parole de Goethe qui me parut très curieuse, et qui peint sa situation et sa nature dans son originalité caractéristique.

1626. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Sans doute vous pourrez étudier l’œuvre à loisir et vos yeux et votre esprit scruteront successivement tous les détails de la composition et de l’exécution, mais vous ne les entendrez bien qu’à la condition de revenir sans cesse au point qui les relie, où s’accumulent les détails et qui leur permet de produire une immédiate impression d’ensemble. […] Je n’ai pas à entrer dans le détail de ce long duel de l’esprit poétique et de l’esprit critique.

1627. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Imaginons, lisant les traités de Wagner, que cet homme, volontiers, usait de symboles, était peu apte, aussi, à la nette expression des détails pratiques. […] C’est, d’abord, que Wagner montre plus volontiers les splendeurs de la théorie, Tolstoï, ses applications pratiques : il nous force ainsi à réfléchir d’avantage sur nous-mêmes, nous ordonne, plus nettement, les détails de notre guérison. […] Les détails biographiques courants nuisent, ici, loin de ce qu’ils nous aident.

1628. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Car, dans les deux cas, il est question d’espaces inégaux, ainsi que nous le montrerons en détail un peu plus loin, et l’on appelle plus grand espace celui qui contient l’autre. […] C’est que là où l’émotion se donne libre carrière, la conscience ne s’arrête pas au détail des mouvements concomitants : elle s’y arrête au contraire, elle se concentre sur eux quand elle vise à les dissimuler. […] Nous savons de longue date que cette lumière est éloignée, ou près de s’éteindre, quand nous avons de la peine à démêler les contours et les détails des objets.

1629. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

De proche en proche, on se transporterait à une société close originelle, dont le plan général adhérait au dessin de notre espèce comme la fourmilière à la fourmi, avec cette différence toutefois que dans le second cas c’est le détail de l’organisation sociale qui est donné par avance, tandis que dans l’autre il y a seulement les grandes lignes, quelques directions, juste assez de préfiguration naturelle pour assurer tout de suite aux individus un milieu social approprié. […] L’extrême rareté des hommes politiques de quelque envergure tient à ce qu’ils doivent résoudre à tout moment, dans le détail, un problème que l’extension prise par les sociétés a peut-être rendu insoluble. […] Il est comparable à celui des insectes en ce qu’il implique deux organisations, deux systèmes indivisibles de qualités (dont certaines seraient des défauts aux yeux du moraliste) : nous optons pour l’un ou pour l’autre système, non pas en détail, comme il arriverait s’il s’agissait de contracter des habitudes, mais d’un seul coup, de façon kaléidoscopique, ainsi qu’il doit résulter d’un dimorphisme naturel, tout à fait comparable à celui de l’embryon qui a le choix entre les deux sexes.

1630. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

. — Il entre et va dans la cave du cabaretier ou de l’aubergiste ; là il paye encore de 30 à 40 francs pour droit de détail ; à Rethel, c’est de 50 à 60 francs pour un poinçon, jauge de Reims. — Le total est exorbitant. […] Cahier du Bugey. « Le sel revient à l’habitant des campagnes, qui le prend chez les revendeurs au détail, depuis 15 jusqu’à 17 sous la livre, par la manière dont le mesurage est fait. » 688.

1631. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Nous tenons de M. de Genoude, confident alors de madame Récamier et courtisan de M. de Chateaubriand, quelques détails curieux, dont il avait été témoin, sur les commencements de cette passion idéale entre l’écrivain le plus illustre de la France et la beauté la plus célèbre du siècle. […] Les détails sont inconnus ; mais, quand on lit les doux repentirs qu’il confesse lui-même dans sa correspondance secrète avec madame Récamier, les fautes de fidélité sont manifestes.

1632. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Je trouve tout cela dans Kaïn, et c’est par là qu’il est si complètement moderne  Sans parler davantage de l’âpre et généreuse pensée qui est au fond de cette belle histoire symbolique, le passé surgit aux regards de Thogorma avec une précision si poignante et dans un détail si arrêté qu’on n’y peut rien comparer, sinon les plus belles pages de Salammbô. […] Rien n’égale la précision des détails, sinon le vague formidable de l’ensemble.

1633. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Cette étude ne se composera pas seulement de l’examen critique et analytique de leurs ouvrages : elle comprendra encore sur leurs personnes des détails biographiques, et des aperçus moraux sur les temps où ils ont vécu. […] Mais donnons-nous le temps, après en avoir embrassé l’ensemble, d’en examiner les détails, et de les comparer d’abord avec nos souvenirs, puis avec la nature.

1634. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Berlioz, beaucoup de détails d’instrumentation, est un bien autre musicien que l’auteur de la Symphonie fantastique. » Quant au prélude de Tristan, Seudo, en ayant cité le scénario avec de plaisantes remarques, s’exprimait ainsi : « Sur ce texte, le compositeur a certainement dépassé tout ce qu’on peut imaginer en fait de confusion, de désordre et d’impuissance. […] Il veut que la musique, la poésie, la mimique et les costumes de l’acteur, les décors, tout, jusqu’aux moindres détails, s’harmonise avec un accord parfait, s’unisse fraternellement et ne forme qu’un. » Rien n’est à reprendre dans ces lignes.

1635. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Dans une prochaine lettre je vous enverrai des détails sur notre école Wagnérienne russe, et notamment sur Séroff c, critique de génie et compositeur remarquable, qui fut l’ami personnel de Wagner, et qui a le premier tenté chez nous d’introduire la musique wagnérienne. […] Tous les chapitres sont écrits dans une langue facile, sans détails techniques, pour être lus et compris aisément et donner de l’œuvre Wagnérienne une idée claire, simple.

1636. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Il y a peu d’avant-scènes aussi chargées de détails nécessaires, et il y en a peu qui soient aussi claires. […] Les deux comiques latins que nos modernes ont imités, ont inséré plusieurs monologues dans presque toutes les comédies que nous en avons ; mais comme il y en a quelques-uns qui sont faits à propos, et d’autres contre toute raison, je n’en veux pas faire ici le jugement en détail.

1637. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Je n’entrerai pas dans de plus longs détails à ce sujet. […] Ce projet, Monsieur, aurait besoin de grands développements ; mais ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans de tels détails.

1638. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Et pourtant, si l’on entrait dans le détail et si l’on voyait comme c’est conduit, si l’on examinait la crainte que La Fontaine a de cet enfant, inquiétant, sans qu’on sache pourquoi, et puis l’arc, la vision de l’arc juste placée au milieu de la fable, cet arc dont l’auteur se méfie et qui est placé là pourquoi ? […] S’il a « particularisé », comme il aime à dire  et prenez ce mot dans le sens qui veut dire analyser dans le détail  s’il a particularisé, c’est les animaux.

1639. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

La princesse Mathilde est, en effet, artiste dans l’âme, et je me suis réservé exprès jusqu’à ce moment le plaisir de parler avec quelque détail de ce côté si caractérisé de sa nature.

1640. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

On lit dans la premier volume des Mémoires sur les campagnes des armées du Rhin, par le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, de bien étonnants détails sur les nominations de généraux, et même de généraux en chef, qui se faisaient alors ; il y a surtout la nomination d’un certain général Carlin ou Carlenc, mis à la tête de l’armée du Rhin sur le refus de tous les autres : c’est une véritable scène de comédie.

1641. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Il a eu, d’ailleurs, une récompense qui vaut mieux que tous les articles du dehors : le maître de nos romanciers, une nature féconde et généreuse, Mme Sand qui ne connaît l’auteur que par ses livres, lui en a écrit, et à diverses reprises, et des lettres pleines de sympathie, de cordialité, d’éloges et de conseils aussi, de critiques de détail discutées et motivées.

1642. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Je n’irai pas m’enfoncer dans cette explication de détail, aujourd’hui épuisée.

1643. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

À voir même le soin particulier avec lequel il en efface toutes les indications essentielles, on pourrait croire souvent qu’amusé autour des objets de détail, il n’a pas saisi le mouvement général de la pensée ni les rapports des diverses parties entre elles.

1644. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Il suffit qu’il y ait prise sur un point du tissu, sur un détail hasardé, pour qu’il soit saisi, et toujours en bien ; le silence semblerait une condamnation ; on prend les devants par la louange.

1645. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

Cette langue même, cette prose d’un si grand air, avec l’amplitude de ses tours et jusque dans les détails de son vocabulaire, semble naturellement la sienne, et, toutes les fois qu’il lui est arrivé de mêler du Kant au Malebranche, c’est qu’il l’a bien Voulu.

1646. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Ces raisons spirituellement superficielles pourraient trouver grâce auprès de quelques jeunes esprits dominés par leurs penchants philosophiques ou politiques, et trop disposés à faire bon marché de leurs opinions littéraires : nous y répondrons avec quelque détail.

1647. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Stanislas Julien ; on y apprend mille jolis petits détails bizarres, tout en se pénétrant d’une excellente morale en action.

1648. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

dit Boulba doucement ; et il inclina vers la terre sa tête grise. » C’est ici que le bourreau commence son œuvre de torture ; l’auteur a le bon goût de nous en épargner les atroces détails successifs ; il ne peut cependant tout nous supprimer, et c’est graduellement qu’il nous amène au cri final qui arrache une larme ; toute cette page est à citer : « Ostap, nous dit-il, supportait les tourments et les tortures avec un courage de géant.

1649. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

On trouve tous les détails qui peuvent faire connaître les poésies scandinaves dans l’excellente introduction de Mallet à l’Histoire du Danemarck.

1650. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Si les Français supportent les détails inutiles qui sont accumulés dans ces écrits, c’est par la curiosité qu’inspirent des mœurs étrangères.

1651. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Il ne la force pas, il se livre à elle ; il lui abandonne le détail de son vers comme l’ensemble de sa conception.

1652. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Elles auront pour objet de donner plus de précision et de clarté aux choses : elles vous forceront à ne rien laisser dans le vague, à imaginer le détail le plus particulier, le plus individuel qu’il vous sera possible.

1653. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

Le modèle se modifie tous les jours, puisqu’il vit : ici la méthode des retouches de détail serait funeste.

1654. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Le drame anglais585, à qui La Chaussée ne doit pas grand’chose, exerce une sensible influence sur Diderot, Saurin et d’autres : il donne l’idée et le goût d’effets plus intenses, plus brutaux, d’un pathétique plus nerveux et plus matériel, d’une action plus familière, liant l’impression sentimentale à la minutieuse reproduction des détails de la vie domestique.

1655. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

C’est la description outrée et complaisante des plus désolants détails de la réalité physique, et c’est, dans le même moment, la traduction épurée des idées et des croyances qui dépassent le plus l’impression immédiate que font sur nous les corps  C’est l’union de la sensualité la plus profonde et de l’ascétisme chrétien. « Dégoût de la vie, extase de la vie », écrit quelque part Baudelaire.

1656. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Car les vers sont une musique un peu vaine et qui combine les sons selon des lois trop inflexibles ; le théâtre impose des conventions trop étroites, nécessaires et pourtant frivoles ; le roman traite de cas trop particuliers, enregistre trop de détails éphémères et négligeables, et où ne sauraient s’attacher que des intelligences enfantines.

1657. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Si l’on en voulait tirer des conclusions tendant à revendiquer, soit pour les Français, soit pour les Italiens, la priorité de certains détails, ces conclusions seraient contestables.

1658. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Détestable écrivain, penseur nul, savant de détails mais fermé à l’intuition exacte, vive, nue et crue d’une civilisation, il s’attachait à l’exactitude morte, et il n’avait jamais songé que des hommes avaient pensé d’autre sorte que lui dans les cuirasses et parmi les tapisseries qu’il exhumait.

1659. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

On disputait aussi chez les Juifs ; des écoles ardentes apportaient à presque toutes les questions qui s’agitaient des solutions opposées ; mais dans ces luttes, dont le Talmud nous a conservé les principaux détails, il n’y a pas un seul mot de théologie spéculative.

1660. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

J’aurais voulu donner un autre air à ce retour, puisque c’est une pure amitié. » Le surlendemain, madame de Sévigné écrit à sa fille les détails de l’arrivée du roi : « Le bon ami de Quanto avait résolu de n’arriver que quand elle arriverait de son côté ; de sorte que si cela ne se fut trouvé juste le même jour, il aurait couché à trente lieues d’ici.

1661. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

toi, tu es un détail. » * * * — À faire quelque chose sur la fin du monde amenée par l’instruction universelle.

1662. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre III »

Les anciennes sages-femmes avaient un vocabulaire anatomique d’une incroyable richesse ; rien que pour les détails des organes qui étaient leur domaine, on a relevé, sans toutefois pouvoir les clairement identifier, les mots suivants, de vieux et bon français : les barres, le haleron, la dame du milieu, le ponnant, les toutons, l’enchenart, la babole, l’entrepont, l’arrière-fosse, le guilboquet, le lippon, le barbidaut, le guillevard, les balunaux, etc.

1663. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

L’admiration comme l’amour a besoin d’une sorte de tête-à-tête, de solitude à deux, et elle ne va pas plus que l’amour sans quelque abstraction volontaire des détails trop mesquins, un oubli des petits défauts ; car tout don de soi est aussi une sorte de pardon partiel.

1664. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Ingrate génération, à qui mademoiselle Mars a enseigné à parler et à se taire, à s’habiller, à saluer, à vivre, enfin ; que disons-nous, les moindres choses de la vie ordinaire, cette aimable femme les a apprises à cette génération ; elle leur a appris à entrer dans un salon, à tenir un éventail, à prendre un fauteuil, et les moindres détails de la vie élégante !

1665. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Passons au détail.

1666. (1760) Réflexions sur la poésie

Avouons même que ces détails rustiques, déjà peu piquants par eux-mêmes, ont encore quelquefois l’inconvénient de trancher avec le sujet, et d’y être ridiculement déplacés.

1667. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

En même temps que nos opinions étaient entraînées vers la démocratie, nos mœurs s’attachaient avec plus de force aux bienséances de l’aristocratie et à tous les goûts monarchiques : cette désharmonie, que bientôt nous aurons occasion d’examiner avec quelque détail, et qui subsiste toujours, nous fournira peut-être d’utiles aperçus.

1668. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

Combien cela ramène délicieusement sur la terre du fond du monde stellaire, des météores et des comètes, et dans les détails intimes et négligés des chambres à coucher !

1669. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

La préparer, c’est différent ; en faire le ménage, en balayer les étagères, en ramasser les épingles, y tenir les comptes courants ; être des statisticiennes, des antiquaires, des archéologues, des érudites, des chercheuses ou des trouveuses de détails heureux ou utiles, je l’admets ; mais écrire l’histoire, mais juger de haut les choses et les hommes ; mais Voir, — cette intuition virile et qu’ont si peu d’hommes, tout hommes qu’ils soient, je ne l’admets pas pour les femmes.

1670. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Que Tocqueville voie le caractère essentiel de la Révolution française dans le changement administratif, qu’il phrase tant qu’il pourra sur la taille, la corvée, l’exemption d’impôts pour les nobles et la liberté politique, si chère à son cœur, il ne nous donne que les anciennes vues de détail de l’école philosophique et physiocratique dont il est le disciple attardé, et il répond à la question par la question même.

1671. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Mais le feuilleton creuse dans tout cela ; il est le détail, mis en lumière et jamais assez fouillé au gré de personne, de la vie, de l’esprit et jusqu’à des modes du comédien ou de la comédienne, ces deux illustrations du monde renversé !

1672. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Ce colonel, à longue vue toujours comme s’il était devant l’ennemi, ne se borne pas aux détails d’un métier qu’il adore et qu’il veut rendre plus puissant par des combinaisons nouvelles.

1673. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

Voyez si ce n’est pas Platon dans les détails vulgaires de la vie, Platon inspecteur d’université, le collègue de M. 

1674. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Guizot n’a point eu un de ces hasards d’érudition qui met en possession d’un texte ignoré, et il n’a pas non plus, à l’aide d’une critique supérieure, arraché aux chroniques des détails inaperçus.

1675. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

quand il s’agirait d’une composition plus vaste, ayant ses détails, ses faces multiples et son unité.

1676. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

… Clément est un de ces biographes à la manière anglaise, ayant pour qualité dominante cette recherche du détail et du point juste où les choses commencent et où elles finissent qui donne à un livre historique la clarté souveraine qu’aucun nuage de métaphysique, aucune audace de théorie, ne pourront désormais troubler.

1677. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

On s’attendait réellement à mieux qu’à des détails, intéressants d’ailleurs et d’une grande variété de renseignements, sur les souffrances et l’état d’abaissement de la femme et de l’enfant chez tous les peuples de la terre.

1678. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

« J’admirai — dit-il — dans ce simple détail, dans cette indifférence profonde, toute la superbe résumée de ce grand peuple. » Et, cependant, malgré l’anecdote, que nous acceptons parce que nous sommes trop Européen pour ne pas être poli, ce grand peuple, indifférent et superbe, n’est pas si bien encore pétrifié par l’orgueil qu’il ne pratique le terrible duel au fusil et qu’il ne se boxe dans ses assemblées législatives, ou ne s’y tire des coups de pistolet à bout portant !

1679. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Amédée Renée nous a raconté avec toutes les nuances du détail cette vie, cette mort, et enfin ce survivre, le pire des malheurs pour l’âme humaine, a dit un homme qui se connaissait en douleur, et de tout cela il a tiré un chef-d’œuvre d’intérêt légitime qui ne sera peut-être pas compris à cette époque d’adultère, mais qui, s’il l’était, aurait l’éloquence d’une leçon.

1680. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Il n’y a là partout que la légende seule, la légende, absurde et abjecte, mise à confire, pour la servir aux friands, dans d’exquises malpropretés de détails, par ce pudibond et roséabond Rhoïdis, dont la vertu fait des gorges si chaudes des vices de l’Église romaine et nous en fait aussi de telles peintures… par pudeur !

1681. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Détail énorme et impudent !

1682. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Wallon n’est pas, comme celle de Joinville, une biographie, et qu’elle n’a point à prendre la vie de Saint Louis dans son détail le plus familier, le plus souriant, le plus intime et le plus tendre ; mais l’objection n’a pas d’assise : Saint Louis ne se dédouble pas.

1683. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Mais il a de plus l’érudition exacte, certaine, immense, et, par-dessus toutes les qualités qui concourent à l’ensemble et au détail d’un livre comme le sien, la divination historique, — ou mieux encore : la faculté du poète dramatique, la faculté d’entrer dans la peau, la cervelle et les entrailles d’une personnalité historique.

1684. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Cette exposition de la discipline de l’Église est faite par M. de Meaux avec une longueur de détails qu’on est obligé d’abréger.

1685. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

On trouve dans l’histoire d’aujourd’hui de charmants détails, qui font rêver, sur la pureté du peuple français à cette époque de perdition.

1686. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Trois héros seuls se détachent, en relief et en détail, des autres héros dont il parle : La Tour d’Auvergne, Desaix et Hoche.

1687. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

C’est une lettre, — une longue lettre à un neveu qu’on endoctrine, et dans laquelle le vaste esprit de Vacquerie peut attaquer tous les sujets et se permettre tous les détails.

1688. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

Quels détails méprisables et à mépriser !

1689. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

La psychologie d’un tel homme eût été bonne à étudier et à connaître dans le détail des circonstances suprêmes où, selon nous, il naufragea et se perdit… S’il fut un apostat, — car nous ne pouvons changer, parce que sa cendre est chaude encore, ni la nature des choses ni le sens des mots, — nous voulons cependant bien convenir qu’il ne fut pas, du moins, un apostat vulgaire, et que ses motifs pour le devenir n’étaient pas ceux qu’on lui a prêtés.

1690. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Il y a d’autres causes d’une gloire si vite consentie dans le détail desquelles nous pourrions entrer, et l’une d’elles, sans aller plus loin, c’est cet amour des faits qui a succédé chez nous à l’ancien amour des idées.

1691. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

… Je m’arrête, moi, tremblant d’en dire trop ; mais le Père Lacordaire s’arrêterait-il dans ce détail de l’humanité de Jésus-Christ, dans ce naturalisme d’appréciation, substitué à la difficulté des mystères, dont il faut parler moins, parce que l’homme ne veut plus comprendre que l’homme aujourd’hui !

1692. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXI. Philosophie positive »

, mais c’était la déification de l’humanité par la femme ; et le culte de cette religion fut l’adoration de la femme, qui, dans un temps qu’on ne précisait pas, devait faire des enfants toute seule… Je me contenterai de ce léger détail pour donner une idée de cet Illuminé ténébreux et à tendresse pleurnicheuse, malgré ses mathématiques, à qui quelques vieilles femmes et quelques très jeunes gens firent une rente, mais dont le dévouement ne put le tirer du fond de son puits, où il resta ; — seul rapport qu’il eût jamais, le pauvre homme !

1693. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Il y a d’autres causes d’une gloire si vite consentie, dans le détail desquelles nous pourrions entrer, et l’une d’elles, sans aller plus loin, c’est cet amour des faits qui a succédé chez nous à l’ancien amour des idées.

1694. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

En effet, Schopenhauer, comme tous les spirituels, vivra par les détails de son œuvre, les aperçus, les paradoxes mêlés à son système ou qui en sont sortis.

1695. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Puis, pénétrant plus avant, il arrive aux effets de la doctrine catholique sur l’esprit, sur l’âme et sur la société, ce qui implique toute une philosophie, toute une morale, toute une politique ; et alors, se repliant devant toutes ces choses, développées et dévoilées avec un détail qui n’omet rien, il se demande ce qu’a dû être le fondateur d’une religion qui a pris ainsi dans ses bras la création toute entière, et la vie de N.

1696. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Impossible d’entrer dans le détail de l’argumentation spéciale que comporte le livre de M. 

1697. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

Il nous l’a dit dans tous ses détails, tous ses accidents, toutes ses nuances, avec la fidélité de la mémoire du cœur et cette mélancolie des biens perdus qui rend l’aveugle si éloquent lorsqu’il parle de la lumière.

1698. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

D’autres que nous, moins gênés par les limites de ce travail qui n’a qu’un but : donner l’envie de lire à ceux qui lisent encore les choses sérieuses, pourront s’appesantir sur tous ces détails, mais nous, moins heureux, nous devons aller exclusivement et de prime saut au point important et central, à la méthode, — la méthode qui, du reste, est l’axe de tout, pour qui sait voir, dans toutes les philosophies.

1699. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Je ne suis pas descendu aux détails.

1700. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Et non seulement cela l’est pour les traits généraux de sa physionomie de poète, mais cela l’est tout autant pour les détails spéciaux et particuliers de son poëme.

1701. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Excepté des curieux de bibliothèque, cherchant partout des détails de mœurs et d’Histoire, on ne lisait plus guères le Baron de Fœneste et la Conversion de Sancy, ni non plus les Tragiques, le principal ouvrage de d’Aubigné pourtant, le seul qui puisse justifier la gloire posthume qu’en ce moment on cherche à lui faire.

1702. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

On ne peut rien couper ou détacher dans ce poète mâle, qui ne se préoccupe jamais des détails comme les poètes ses contemporains. — par ce côté plus ou moins femelles, — et qui a pour qualités premières et presque exclusives l’ampleur et la majesté dans le mouvement de l’ascension lyrique.

1703. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

La vie, cette blonde fade, au grand jour si impudiquement découverte, est si laide qu’il ne nous faut pas faire avec tant de détail admirer les beautés de la mort, cette brune chastement voilée… On l’aimerait trop, et la passion nuit au devoir !

1704. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Brutal et violent, mais toujours préoccupé du sens moral de ses compositions, moraliste avant tout, il les charge, comme notre Grandville, de détails allégoriques et allusionnels, dont la fonction, selon lui, est de compléter et d’élucider sa pensée.

1705. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Tout homme qui veut être applaudi, dénature sa pensée ; ou il en cache une partie pour faire davantage briller l’autre, ou il saisit un rapport qui étonne et qui est plus singulier que vrai ; ou il détache ce qui devrait être fondu dans l’ensemble, et le met en saillie, ou pour avoir l’air de s’élever et de voir de plus haut, il généralise un sentiment qui ne conserve sa force qu’autant qu’il est lié à une situation ; ou il ajoute au sentiment même, et pour étonner il exagère, ou par une expression recherchée il veut donner une tournure fine à ce qui devrait être simple, ou il tâche d’unir la finesse à la force pour surprendre par l’assemblage de deux qualités contraires, ou enfin pour arrêter et fixer partout l’attention, il multiplie les détails et néglige la grandeur et la marche de l’ensemble.

1706. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Cela, je le conçois, bien que le drame pût assurément subsister sans ce détail. […] Des détails de la vie concrète s’y mêlent étrangement au drame abstrait. […] Au reste, la vénalité d’Alphonse n’est que très brièvement indiquée ; et la pièce subsisterait, ce détail supprimé. […] Capus ; car ce mérite est surtout dans le détail. […] J’ai voulu vous en montrer, un peu en détail, la composition.

1707. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Elle vaut par la minutieuse, singulière et souvent inattendue vérité des détails. […] Il n’est nullement prouvé que le maximum de vérité dans le détail produise le maximum d’expression totale. […] En l’absence d’une action continue, d’une intrigue qui relie les tableaux entre eux, il veut beaucoup de mouvement et d’invention dans le détail. […] On y retrouve les meilleurs dons de l’auteur de Blanchette, le mouvement, la vie, un air extrême de vérité, l’invention heureuse et abondante du détail familier et expressif. […] La conception des personnages et l’invention de tous les détails sont donc entièrement « commandées » par le dessein même de la pièce, qui prend, de là, un caractère un peu didactique.

1708. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Cherche-t-il un mérite dans l’exposition de détails qu’un bon versificateur manie avec facilité ? […] Si vous les analysez en détail, vous en multipliez les faces ; il faut en diviser les qualités, et leur définition paraît minutieuse : on vous accuse de compliquer et d’obscurcir ce que vous simplifiez et ce que vous éclairez, en y mettant l’ordre et la suite. […] Mais ne voulant plus rien laisser de vague dans la doctrine littéraire, je dois prévenir attentivement jusqu’aux moindres objections à ma méthode analytique, et entrer avec scrupule dans tous les détails sans crainte d’être minutieux. […] L’action reprend son cours et ces détails incidentels n’en distendent point la juste proportion. […] Le bon choix du sujet et la beauté des détails d’exécution ne rachètent pas ce vice de proportion : la première qualité de l’épopée étant la grandeur, on ne peut en reconnaître le génie dans la petite économie de ce plan stérile.

1709. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Il faut être complet, et le lecteur doit entrer dans le détail de « l’œuvre » de Rouget, quand on lui promet « Rouget de Lisle, son œuvre, sa vie ». […] Et que l’un, du reste, fit des métaphores incohérentes et l’autre des métaphores implacablement justes dans leurs prolongements terribles, ce n’est qu’un détail. […] Les choses les plus simples, un groupe de palmiers, une plaine de verdure, un horizon de collines rocheuses prennent alors des valeurs vraiment inouïes… Quelques détails choquent : l’arbre est rugueux, épineux, naissant d’un sol de cendre. […] Il montre par l’accumulation des détails qui ont exaspéré son héros que celui-ci ne pouvait pas faire autrement que de tuer sa femme, y était amené par une sorte de fatalité inéluctable. […] On a relevé des inadvertances et des étourderies de détail, la pêche des crevettes roses et le nouvel Opéra vu des hauteurs du Trocadéro à une époque où il n’existait pas.

1710. (1903) La pensée et le mouvant

La philosophie de Spencer visait à prendre l’empreinte des choses et à se modeler sur le détail des faits. […] J’ai beau me représenter le détail de ce qui va m’arriver : combien ma représentation est pauvre, abstraite, schématique, en comparaison de l’événement qui se produit ! […] Admettons qu’on ne puisse prévoir le détail ; vous avez du moins, vous philosophe, une idée de l’ensemble. […] En vain vous vous imaginez d’abord que cet esprit aurait pu surgir avant Shakespeare : c’est que vous ne pensez pas alors à tous les détails du drame. […] Cela suffit pour que mille et mille détails « oubliés » soient remémorés, pour que l’histoire entière de la personne se déroule devant elle en un mouvant panorama.

1711. (1902) Propos littéraires. Première série

J’aurais bien des réserves et critiques de détail à présenter sur les classifications faites dans ce livre ; et tel théoricien rangé par M.  […] C’est un des détails les plus jolis de ce roman énorme. […] Les aspects, même les plus généraux, et sans qu’on entre dans le détail, d’une ville comme Paris, sont trop multipliés pour qu’ils puissent tenir tous en un volume. […] Nous connaissons toutes leurs passions, dans tout le détail ; mais l’Âme, l’âme véritable, ce que M.  […] Ceci est donc un livre manqué et souvent véritablement enfantin, où l’on trouve à glaner quelques idées de détail intéressantes.

1712. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Pour celui qui voudra entreprendre un dénigrement systématique de détail, il a laissé la matière à peu près intacte. […] Et l’on est bien frappé, surtout, par ses détails précis, particuliers, localisateurs. […] Dans (9), le détail est vertical, brillant, multiple, épars, une crinière, des cornes, des têtes. […] On ne l’attendrait pas, il n’y a pas lieu du tout à conclure une énumération, puisque ce sont là des détails dispersés et qui se renouvellent indéfiniment d’eux-mêmes. […] Boulenger, mais il y faudrait peut-être, pour le détail, toute une de ces discussions qui font la raison du Grammaire-Club.

1713. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Deschanel rappelle un passage de Sainte-Beuve : « Lamartine est, de tous les poètes célèbres, celui qui se prête le moins à une biographie exacte, à une chronologie minutieuse, aux petits faits et aux anecdotes choisies… Il est permis, en parlant d’un tel homme, de s’attacher à l’esprit du temps plutôt qu’aux détails vulgaires, qui, chez d’autres, pourraient être caractéristiques… » De ce sentiment de Sainte-Beuve, M. de Vogüé nous donne, avec sa magnificence habituelle, la raison philosophique : « En quoi votre décomposition par l’analyse est-elle plus légitime que la création synthétique de la foule ? […] Sur les dates et les détails matériels, je sens bien que je broncherais à chaque instant ; et quant aux sentiments éprouvés jadis, ils ne me reviendraient qu’effacés ou voilés par la distance, ou au contraire profondément modifiés et façonnés par les efforts même que j’ai pu faire, dans l’intervalle, pour les saisir et les fixer, et par le plaisir ou la tristesse que m’ont apportés ces évocations. […] Je n’entrerai pas dans le détail des Méditations. […] Des phrases indéfinies, et dont les contours flottent et ondulent ; pas d’arêtes, pas d’antithèses ; une syntaxe molle, fluide, à peine correcte si l’on y regarde de près ; la plus élémentaire juxtaposition des détails ; tout au même plan ; un afflux de sensations à peine ordonnées… Lamartine, je le répète, est le moins classique et le plus vraiment primitif de nos grands poètes. […] Ils voyaient ondoyer en bas, à grandes ombres, La bruissante mer de leurs feuillages sombres… Autres merveilles, et plus soutenues : la prodigieuse description de la terre avant le déluge ; le chœur des cèdres, les mœurs des tribus nomades, le culte des ancêtres et les discours des vivants aux morts ; les amours de Daïdha et de Cédar ; leur fuite dans la forêt vierge ; le défilé des peuples devant les géants, fresque lamentable, fourmillante et démesurée, mais piquée de détails violemment réalistes ; fresque symbolique et qui fait songer à l’éternelle et vaine procession de l’humanité douloureuse sous les yeux d’un Dieu méchant :     Ils passaient, ils passaient, squelettes de la faim… ; tout le rôle de Lackmi, qui est la figure la plus vivante du poème, sa passion humble et furieuse, ses discours ardents, sa ruse, sa mort amoureuse ; la suprême malédiction jetée par Cédar au monde et à Dieu ; Et surtout, surtout, le Fragment du Livre primitif !

1714. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Dieu est éliminé du monde, en tant, du moins, qu’on le considère comme un artiste produisant par des actes distincts tous les détails de son œuvre. […] Il semble ainsi que la réduction de la physiologie à la physico-chimie soit, sinon accomplie dans le détail, du moins certaine en principe et assurée pour l’avenir. […] Les modernes chercheront à établir de proche en proche, à la lumière de l’expérience, une série de relations entre les phénomènes physiques et les phénomènes psychiques considérés dans leur détail. […] Tandis que Spencer établit ainsi la légitimité du point de vue de l’observation externe en psychologie, des savants spéciaux abordent le détail des problèmes à la manière du physicien ou du naturaliste. […] Les premières expriment une nécessité rigoureuse, sinon absolue, mais restent abstraites et incapables de déterminer le détail et le mode de réalisation effective des phénomènes.

1715. (1881) Le roman expérimental

Il faudrait sur la méthode aborder les théories de Darwin ; mais ceci n’est qu’une étude générale expérimentale appliquée au roman, et je me perdrais, si je voulais entrer dans les détails. […] Le roman analyse longuement, avec une minutie de détails où rien n’est oublié ; le théâtre analysera aussi brièvement qu’il le voudra, par les actions et les paroles. […] Quels sont les détails absolument vrais, quels sont les détails inventés ? […] Voilà ce qu’il a vu ; il a noté les détails, il reconstruit l’ensemble. […] Rien de joli et d’original comme le sujet, une histoire vraie, à peine arrangée dans les détails.

1716. (1893) Alfred de Musset

J’insiste sur ces détails parce que le Cénacle a accusé plus tard Musset de désertion. […] « Je te demanderai de t’attacher plus aux compositions qu’aux détails ; car je suis loin d’avoir une manière arrêtée. […] Don Paez témoigne d’un véritable sens dramatique et contient des observations profondes, des détails d’une grande richesse de poésie. […] L’esprit de détail et la drôlerie imprévue font les frais de la scène et raccommodent à chaque instant la déchirure du fond. […] On trouvera des détails curieux sur son état d’esprit durant cette crise dans la 4e des Lettres d’Un Voyageur.

1717. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Ce poète nous a laissé sur la première représentation de Britannicus, à laquelle il assista, des détails extrêmement curieux et très intéressants pour l’histoire de l’esprit humain. […] Si Agamemnon sait l’aventure, si Calchas la lui a mille fois racontée, qu’est-il besoin que Clytemnestre s’engage dans un pareil détail ? […] Je serais plus tenté d’être sévère à l’égard du rôle de Crémante, vieillard amoureux, trop voisin de la farce ; mais on y trouve des détails charmants, et surtout une excellente scène avec Lucinde, qui demandent grâce pour quelques saillies d’un comique un peu forcé. […] Aujourd’hui la pièce de Devisé est ensevelie dans l’oubli le plus profond : elle n’est pas cependant tout à fait indigne d’être connue, ne fût-ce que pour avoir fourni à Quinault les caractères, les situations, l’intrigue, les détails, en un mot, tous les matériaux de sa comédie. […] Bernadille entre dans le détail des défauts de sa femme ; mais ce ne sont que des peccadilles.

1718. (1925) Comment on devient écrivain

Paul Bourget, dit Edmond Jaloux, ce détail, que Tourguenieff écrivait la biographie complète de ses personnages, même des moindres. […] En vous voyant, il sera touché de pitié », comme si ce n’était pas son maître qui l’avait mise dans cet état… Après les imprécations romanesques de Paul apprenant le prochain départ de Virginie, avec quel art l’auteur reprend le ton des détails domestiques : « Je n’y puis tenir, dit Mme de La Tour. […] Voilà une histoire où il ne se passe rien, où on voit seulement un homme vivre dans une île déserte, avec sa chèvre, son chien et son perroquet ; et la force du détail est telle, la précision si vivante, que ce simple récit est aussi émouvant que n’importe quel roman d’aventures. […] Eh bien, mais c’est cela, les fiches, des notes, des résumés, citations justificatives, appréciations, renseignements, éclaircissements, détails. […] D’autres pèchent par sécheresse, et, pour ne pas sortir de leur sujet, négligent des détails intéressants.

1719. (1894) Critique de combat

Quant au détail de ces lois protectrices et réparatrices, il est vraiment trop aisé d’en faire la critique ! […] Elle sait choisir le détail qui saisit, le trait qui enfonce. […] Il a beau être, par le soin infini du détail, un Parnassien de la prose. […] La synthèse des détails accumulés s’opère, en quelque sorte, toute seule. […] Faguet l’aimerait-il mieux, s’il s’était borné à demander quelques réformes de détail et à écrire une centaine de jolis contes.

1720. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

« Je t’en écrirai les détails quand je respirerai du tumulte de tant de soins, et des terribles embarras d’argent où je tourne épouvantée. — L’avenir de notre chère Ondine est assuré et tout à fait convenable ; mais juge de cette époque pour sa pauvre famille si fière, si pauvre !  […] On a vu dans les articles qui précèdent quelques autres détails biographiques suffisants.

1721. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Hugo, par la magnificence de détail qu’il prodigue, fait tort nécessairement à celui de tous ses devanciers, et les deux Lebrun peuvent en souffrir. […] Nous aimons à en rappeler ce détail aujourd’hui que M.

1722. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Le petit roman des deux jeunes émigrés, qui date de 1814, exprime assez bien, dans plusieurs détails, cette espèce de teinte bourbonienne que prirent à ce moment ses pensées. […] Je n’aborderai pas le détail d’un livre que chacun peut apprécier.

1723. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Non seulement les vues sur le monde et sur l’homme, les idées générales de toute espèce y abondent, mais encore les renseignements positifs et même techniques y fourmillent, petits faits semés par milliers, détails multipliés et précis sur l’astronomie, la physique, la géographie, la physiologie, la statistique, l’histoire de tous les peuples, expériences innombrables et personnelles d’un homme qui par lui-même a lu les textes, manié les instruments, visité les pays, touché les industries, pratiqué les hommes, et qui, par la netteté de sa merveilleuse mémoire, par la vivacité de son imagination toujours flambante, revoit ou voit, comme avec les yeux de la tête, tout ce qu’il dit à mesure qu’il le dit. […] Ce qui nous semble de l’apprêt n’était alors que de la tenue ; en un siècle classique, la période parfaite et le développement soutenu sont des convenances et par suite des obligations. — Notez d’ailleurs que cette draperie littéraire qui nous cache aujourd’hui la vérité ne la cachait pas aux contemporains ; ils voyaient sous elle le trait exact, le détail sensible que nous ne voyons plus.

1724. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Buffon a disséqué, un peu tard il est vrai, mais enfin il sait dix fois plus de détails que La Fontaine. […] Il a vu les attitudes, le regard, le poil, l’habitation, la forme d’un renard ou d’une belette, et l’émotion produite par le concours de tous ces détails sensibles engendre en lui un personnage moral avec toutes les parties de ses facultés et de ses penchants.

1725. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Mais la mort de Bègue est un récit d’un grand effet dans sa couleur grise, avec cette accumulation rapide de petits détails pressés d’une si exacte et précise notation : la vie paisible de Bègue dans son château de Belin, entre sa femme et ses enfants, l’ennui qui prend à la fin ce grand batailleur, sourde inquiétude, désir de voir son frère Garin qu’il n’a pas vu depuis longtemps, et son neveu Girbert qu’il n’a jamais vu, désir aussi de chasser un fort sanglier, fameux dans la contrée du Nord ; la tristesse et la soumission douce de la femme ; le départ, le voyage, la chasse si réelle avec toutes ses circonstances, l’aboi des chiens, le son des cors, la fuite de la bête, l’éparpillement des chasseurs, qui renoncent ; Bègue seul âpre à la poursuite, dévorant les lieues, traversant plaines et forêts et marais, prenant ses chiens par moments sur ses bras pour les reposer, jusqu’à ce qu’il se trouve seul, à côté de la bête morte, ses chiens éventrés, en une forêt inconnue, sous la pluie froide de la nuit tombante : il s’abrite sous un tremble, allume un grand feu, prend son cor et en sonne trois fois, pour appeler les siens. […] Dans le remaniement incessant de la matière poétique, le délayage était le moindre péché de nos trouvères : ils excellaient, comme les modernes feuilletonistes, à inventer une profusion de détails inutiles.

1726. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Mais sa prose française est d’un homme qui a vécu avec les anciens : dans ces cadres118 qu’il emprunte encore un peu trop volontiers au goût du moyen âge, dans ces visions pédantesquement allégoriques où ratiocinent interminablement de sèches abstractions, le détail du style, le moule de la phrase viennent de Cicéron et de Suétone : surtout Chartier imite Sénèque, et s’essaie, parfois avec bonheur, à en retrouver la brièveté nerveuse et le trait119. […] Le détail de son style est d’un artiste : il a le sentiment de la puissance de la sobriété : il serre l’idée dans l’image, courte, franche, saisissante : c’est un maître de l’expression nerveuse et chaude.

1727. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Nous y apprenons en détail ce que nous savions en gros ; nous y voyons jour par jour la vie de misères, de déceptions, de pauvreté et de douleurs que mena sans interruption cette passionnée créature qui fut éminemment une « pas de chance », et qui eut une âme admirable et un peu de génie. […] Alexandre Dumas (cette colère qui m’a fait entrevoir un moment le ciel d’une mère, le cœur de son enfant soulevé en sa faveur), c’est que ce n’est pas ici, dans ce monde comme il est fait, qu’il faut prétendre être jugé suivant ses vertus et ses fautes… » J’emprunte ici quelques détails à des fragments de Mémoires : Un projet de mariage de Sainte-Beuve, publiés par la Gazette anecdotique du 31 janvier 1889.

1728. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Certes, les détails poignants ne manquent pas à cette fin de la courtisane : le souffle froid de la misère passant à traders les rideaux de son lit funèbre, le papier timbré de l’huissier glissé dans son cercueil entr’ouvert, la vieille lorette pareille au fossoyeur qui vole les bagues aux doigts d’un cadavre, venant escroquer ses derniers louis à cette moribonde. […] Elle l’a pris par la paresse, par l’insouciance, par l’habitude, par les détails de la vie courante, par tous les boutons d’habit et de chemise qu’un artiste peut casser sur lui en un jour.

1729. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Shakspeare et Molière n’ont pas chicané non plus avec le détail révoltant et l’expression quand ils ont peint l’un, son Iago, l’autre, son Tartuffe. […] Baudelaire, chaque poésie a, de plus que la réussite des détails ou la fortune de la pensée, une valeur très importante d’ensemble et de situation qu’il ne faut pas lui faire perdre, en la détachant.

1730. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

On corrige quelques détails dans son style, on ne le change pas, Autant d’hommes de talents, autant de styles. […] Ils dépensent tout ce qu’ils ont de poésie dans leur mémoire pour faire raconter un détail vulgaire, par un personnage subalterne, et lorsqu’arrivent les scènes de passion, ils n’ont plus que des lieux communs à nous débiter dans un style éteint, comme cet avocat des Plaideurs, Qui dit fort longuement ce dont on n’a que faire, et qui glisse sans qu’on s’en aperçoive sur le point essentiel.

1731. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Le détail des preuves judiciaires, des cérémonies nuptiales est le même chez les peuples les plus dissemblables au point de vue ethnique. […] Quant au détail, il est trop éloigné de l’extrême généralité des propriétés psychiques pour y pouvoir être rattaché ; il paraît donc aux disciples de cette école tout aussi artificiel qu’à leurs adversaires.

1732. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Les détails de ces tueries y sont donnés par les familles elles-mêmes. […] Il a montré, en racontant cette conspiration dans ses plus menus détails, comment s’est formée des éléments les plus impurs, les plus abjects et les plus atroces, cette cristallisation révolutionnaire qui s’est appelée « le Jacobinisme », et il a prouvé que ce n’était pas là une circonstance, un accident, un phénomène momentané de l’Histoire, mais une horrible loi de la nature humaine !

1733. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Parlant du connétable de Montmorency, blessé à mort dans la bataille de Saint-Denis à l’âge de soixante-quatorze ans ; après quelques détails sur l’action, il dit : Il faut venir au connétable, lequel le lendemain mourut chargé de six coups, en âge, en lieu et condition honorables ; grand capitaine, bon serviteur, mauvais ami ; profitant des inventions, labeurs et pertes d’autrui, agissant par ruses, mais à leur défaut usant de sa valeur.

1734. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Les stances adressées À la jeunesse de l’avenir : Vous en qui je salue une nouvelle aurore… sont d’un beau souffle, avec quelques longueurs et des traits un peu forcés dans le détail ; mais la tendresse y éclate noblement en fierté, et l’élégie embouche le clairon de la victoire.

1735. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

— Ces soins de détail sont indispensables, et M. de Viel-Castel est si scrupuleux dans ses analyses, si impartial dans ses exposés, si judicieux dans ses réflexions, qu’il doit absolument à son œuvre cette dernière surveillance.

1736. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

La forme était grave, sentencieuse, le détail ingénieux et sévère.

1737. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Inégal, prolixe, prétentieux même, quand il veut se hausser à l’éloquence, Monluc est à l’ordinaire naturel, original, pittoresque, avec une abondance de détails particuliers qui font voir les choses, une vivacité de saillies et d’expressions trouvées qui font voir l’homme.

1738. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il s’enfermait volontairement dans la technique et le détail, et méprisait les philosophes qui parlent de tout sans rien savoir : les philosophes le lui rendaient bien, et sa réputation en a souffert.

1739. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Sainte-Beuve En faisant cela avec subtilité, avec raffinement, avec un talent curieux et un abandon quasi précieux d’expression, en perlant le détail, en pétrarquisant sur l’horrible, vous avez l’air de vous être joué ; vous avez pourtant souffert, vous vous êtes rongé à promener vos ennuis, vos cauchemars, vos tortures morales ; vous avez dû beaucoup souffrir, mon cher enfant.

1740. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Les détails patiemment rassemblés de la sorte révèlent des façons habituelles de penser, de sentir et surtout de vouloir, ce qu’on appelle souvent du nom vague de caractère.

1741. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Le malheur fut qu’ils le placèrent dans le détail et non dans la conception.

1742. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Elles l’ont aussi pour le détail.

1743. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Pas un détail ne leur échappe.

1744. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Admettons que toutes les questions que nous avons signalées soient résolues, que l’on sache avec précision que la pensée correspond à un mouvement du cerveau, et de quel genre est ce mouvement, admettons même que l’on puisse suivre dans le dernier détail la correspondance des mouvements et des pensées : que saurons-nous de plus, si ce n’est qu’il y a là deux ordres de phénomènes constamment associés, qui même pourront être considérés comme réciproquement causes ou conditions les uns des autres, mais qui sont, absolument incomparables et irréductibles ?

1745. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Aussi, nous garderons-nous bien d’aggraver la situation en insistant à notre tour sur des questions de détail qui, aux yeux du lecteur ennuyé, se présentent avec tous les caractères de la chinoiserie.

1746. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Il y voit avec son cœur ; sa vérité n’est pas celle du statisticien ni celle du photographe ; sa préoccupation du détail ne nuit pas aux effets de l’ensemble, le Masque, Maman Colibri, la Marche Nuptiale réalisent le théâtre d’aujourd’hui le plus intense, le plus sobre, le plus vrai que nous ayons eu depuis Amoureuse, depuis Porto-Riche et depuis Jules Renard.

1747. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

A la vérité, il n’est pas de la dernière importance, puisqu’il se réduit à faire voir la dureté de l’empire que l’homme exerce sur les animaux et sur toute la nature ; mais c’est quelque chose de l’arrêter un moment sur cette idée ; et La Fontaine a d’ailleurs su répandre tant de beautés de détail sur le fond de cet Apologue, qu’il est presque au niveau des meilleurs et des plus célèbres.

1748. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Voilà la longue comparaison homérique avec ces détails charmants : Καλὸν, τηλεθάον, τὸ δέ τε πνοιαὶ δονέουσι, Παντοίων ἀνέμων, καί τε βρύει ἄνθεῖ λευκῷ109.

1749. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Je n’entrerai point ici dans le détail du caractere de chaque nation ni du génie particulier à chaque siecle, j’aime mieux renvoïer mon lecteur à l’euphormion de Barclai qui traite cette matiere dans celui des livres de cette satire, qu’on distingue ordinairement par le titre d’ icon animorum.

1750. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Quintilien n’avoit pas calculé les bévûës ni discuté en détail les fautes réelles et les fautes rélatives des écrivains, dont il a porté un jugement adopté par les siecles et par les nations.

1751. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Que de fois, d’ailleurs, il arrive que nous ignorons le détail des obligations qui nous incombent et que, pour les connaître, il nous faut consulter le Code et ses interprètes autorisés !

1752. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

Au surplus, nous n’avons pas à entrer dans ces détails, il nous suffit d’avoir posé le principe de la classification qui peut être énoncé ainsi : On commencera par classer les sociétés d’après le degré de composition qu’elles présentent, en prenant pour base la société parfaitement simple ou à segment unique ; à l’intérieur de ces classes, on distinguera des variétés différentes suivant qu’il se produit ou non une coalescence complète des segments initiaux.

1753. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Mais j’ai parlé d’idées générales où l’auteur est arrivé, peu à peu en ramassant un grand nombre d’idées ou d’observations de détail.

1754. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Il est aussi dans les membres de phrase courts en même temps qu’ils sont sourds, des membres de phrase déprimés du commencement, auxquels s’oppose le membre de phrase final, non pas allègre, mais libre, mais libéré, s’espaçant discrètement, mais s’espaçant et prenant du champ et qui semble comme l’expression du soulagement et de la reprise de la vie dans un sourire : « les yeux des jeunes filles y sont (verts et bleus à la fois) comme ces vertes fontaines où sur un fond d’herbes ondulées se mire le ciel. » Ainsi, en lisant à haute voix, vous vous pénétrez des rythmes qui complètent le sens chez les écrivains qui savent écrire musicalement ; du rythme qui est le sens lui-même en sa profondeur ; du rythme qui, en quelque façon, a précédé la pensée (car il y a trois phases : la pensée en son ensemble, en sa généralité : « Je suis né en Bretagne » — le rythme qui chante dans l’esprit de l’auteur, qui est son émotion elle-même et dans lequel il sent qu’il faut que sa pensée soit coulée — le détail de la pensée qui se coule en effet dans le rythme, s’y adapte, le respecte, ne le froisse pas et le remplit) ; du rythme enfin qui, parce qu’il est le mouvement même de l’âme de l’auteur, est ce qui, plus que tout le reste, vous met comme directement et sans intermédiaire en communication avec son âme.

1755. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Reybaud est visible ; tous les critiques n’entrent pas dans des détails aussi domestiques ; mais que de fois des théories sur l’art, des vues historiques, toutes les recherches de l’esprit et de l’expression tiennent-elles la place de l’analyse que j’attends !

1756. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

Quelques détails suffiront à nous égayer.

1757. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Il faudrait également que je caractérisasse à la fois et Delille que nous venons de perdre, et M. de Chateaubriand qui est encore dans la force du talent, doués, l’un d’une immense richesse de détails poétiques, l’autre d’une imagination vaste et féconde, placés tous les deux sur les derniers confins de notre ancien empire littéraire, et venant terminer d’une manière admirable toutes les traditions de notre double langue classique dont le règne va finir : ce qu’il y a de plus remarquable dans l’association que je fais ici de ces deux noms, c’est que leurs ouvrages, honneur éternel de cette époque, sont à la fois des monuments littéraires et des monuments de nos anciennes affections sociales.

1758. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

— en ce livre de tant de promesses, — un seul fait, une seule réalité, un seul détail, qui ne soit connu, — qui ne soit presque devenu un lieu commun de l’histoire de Byron.

1759. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Il n’y entretient pas le public de ses succès de propagande ou du détail de ses travaux apostoliques.

1760. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Il nous a donné un détail qu’ici nous ne pouvons suivre, de ces Institutions puissantes, dans lesquelles tenaient tant de place la naissance, la richesse, l’aristocratie, les classifications, les hiérarchies, tout ce que la Démocratie abhorre.

1761. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Je ne puis entrer dans le détail des faits entassés dans cette histoire, et dont l’auteur fait converger la lumière et les influences, avec le calcul et l’œil d’un pointeur, là où il lui plaît qu’elles convergent.

1762. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Malgré plusieurs détails naturels et primesautiers de ce roman, qui sont comme les points pourpres de la rose future, la fleur d’un génie en bouton encore, Werther est un livre faux et platement bourgeois.

1763. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Theiner, pour la sérénité de l’innocence : tous ces mille détails personnels sont indifférents à la conclusion suprême de l’histoire et à ce qui lui reste de définitivement acquis.

1764. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Et pour la gourmande… Il n’y a qu’une carmélite, dans un livre écrit pour des carmélites, qui puisse raconter en détail les mortifications que cette gourmande s’imposait et qui soulèveraient de dégoût l’estomac et même la plume des gens du monde.

1765. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

D’ordinaire, les poètes jeunes encore, les poètes aux pensées infinies, pour parler comme eux, ne s’enterrent pas de leurs propres mains dans ce titre solennel et un peu funéraire de Poésies complètes, qui implique la fin de leurs travaux et le dernier mot de leur manière ; mais un détail touchant de cette publication, c’est que Banville, quand il en eut l’idée, croyait mourir.

1766. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Il a le brillant des détails.

1767. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Cicéron, qui nous apprend tous ces détails, se plaignait même que ces éloges eussent jeté de l’embarras et de l’obscurité dans l’histoire9.

1768. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Instruit de ces détails, tu es monté sur le trône ; c’est pourquoi, comme si ce vaste empire n’était qu’une famille, tu vois d’un coup d’œil quels sont tes revenus, quelles sont tes dépenses, ce qui manque, ce qui reste ; les opérations qui sont faciles, celles qui ne le sont pas.

1769. (1924) Critiques et romanciers

Il aimait beaucoup ces publications de petits papiers ; il aimait tout le détail qui aide à entrer dans le secret des âmes intéressantes. […] « C’est par le détail juste et sans commentaire que Mérimée a procédé. […] Encore a-t-il fallu que Mirbeau ne consentît pas à laisser l’idylle simplement jolie, mais l’avilît de quelques détails écœurants. […] Paul Adam, ses lectures lui ont fourni les détails dont il avait besoin. […] Les mots lui manquent pour exprimer tout le détail de sa peine, mais non l’âme pour le sentir.

1770. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Outre qu’il a su colorer par sa diction la sobriété un peu grise de certains détails, M.  […] Mais, tandis qu’il rajeunissait les personnages, il a conservé intacte leur généalogie et tous les détails de l’antique légende. […] Puis, certains détails de leur plastique leur sont comme un conseil et une aide à la pudeur. […] Gondinet a certainement imaginé les détails les plus propres à mettre en lumière le parisianisme spécial de Brichanteau. […] La donnée n’est pas neuve, mais elle est toujours excellente, car les conditions et les détails en peuvent être variés à l’infini.

1771. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Vous trouverez des détails sur Robortelli, sur Lombardus et sur Vettori dans les leçons de M.  […] Si l’on le contredit ou qu’on le chicane sur des détails, on est d’accord avec lui sur le fond ; et le fond, c’est l’établissement de la souveraineté des règles. […] Si quelques détails nous échappent, c’est comme il nous en échappe aussi quelques-uns dans les œuvres elles-mêmes de nos contemporains et de nos compatriotes. […] Je me contenterai d’avoir nommé le dernier ; sur lui, comme sur quelques autres encore plus obscurs, si vous êtes curieux de plus de détails, je vous renverrai à l’excellent livre d’Hippolyte Rigault ; — et je n’insisterai que sur Fontenelle et sur les Perrault. […] Nous faisons pour notre compte de simples monographies, nous amassons des observations de détail, mais j’entrevois des liens, des rapports, … et on pourra découvrir quelque jour les grandes divisions naturelles qui répondent aux familles d’esprits.

1772. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

C’est un grand bas-relief, que l’on peut étudier à loisir, tant il est riche de détails. […] Je voudrais entrer encore dans le détail de ces Souvenirs littéraires. […] Ernest Daudet confirment, jusque dans les moindres détails d’une longue vie, cette fière déclaration, où apparaît la mélancolie d’un homme de cœur réduit à l’inaction. […] C’est apparemment pour nous préserver de l’anesthésie que l’auteur charmant de la Rôtisserie a multiplié ici les détails qui croustillent. […] Et, si je me trompe pour quelques détails matériels, je suis assuré que l’impression d’ensemble est conforme à la réalité.

1773. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Tous les moindres détails me sont restés présents. […] Ne venons-nous pas de voir que, dans sa Comédie, il a reproduit, en les poétisant jusque dans leurs moindres détails, transformé, symbolisé les réalités de sa vie ? […] À la distance où nous sommes de Dante, mon cher Élie, tout le détail de sa vie nous échappe. […] Autour de lui le détail se multiplie. Cependant, même dans ce détail, pour peu que l’on y cherche la ligne essentielle, on retrouve la grandeur.

1774. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

I « Après une soirée passée avec Addison, dit Steele, j’ai souvent réfléchi que j’avais eu le plaisir de causer avec un proche parent de Térence ou de Catulle, qui avait tout leur esprit et tout leur naturel, et par-dessus eux une invention et un agrément893 plus exquis et plus délicieux qu’on ne vit jamais en personne. » Et Pope, rival d’Addison, et rival aigri, ajoutait : « Sa conversation a quelque chose de plus charmant que tout ce que j’ai jamais vu en aucun homme. » Ces mots expriment tout le talent d’Addison ; ses écrits sont des causeries, chefs-d’œuvre de l’urbanité et de la raison anglaises ; presque tous les détails de son caractère et de sa vie ont contribué à nourrir cette urbanité et cette raison. […] Nous ne trouvâmes rien de remarquable dans l’œil, sinon que les musculi amatorii, ou, comme on peut traduire, les muscles qui lorgnent, étaient fort diminués et altérés par l’usage, tandis que l’élévateur, c’est-à-dire le muscle qui tourne l’œil vers le ciel, ne paraissait pas avoir du tout servi. » Ces détails anatomiques, qui nous dégoûteraient, amusent un esprit positif ; la crudité n’est pour lui que de l’exactitude ; habitué aux images précises, il ne trouve point de mauvaise odeur dans le style médical. […] Car si vous vous figurez vivement une situation ou une action, vous verrez du même élan tout le réseau de ses attaches ; les passions et les facultés, tous les gestes et tous les sons de voix, tous les détails d’habillement, d’habitation, de société, qui en découlent, se lieront dans votre esprit, attireront leurs précédents et leurs suites ; et cette multitude d’idées, organisée lentement, se concentrera à la fin en un sentiment unique d’où jaillira, comme d’une source profonde, la peinture et l’histoire d’un personnage complet.

1775. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

. — Il apprend en détail la Vie du père Goriot. […] Un pont tremblant composé de poutrelles pourries, dont les piles sont couvertes de fleurs, dont les garde-fous, plantés d’herbes vivaces et de mousses veloutées, se penchent sur la rivière et ne tombent point ; des barques usées, des filets de pêcheurs, le chant monotone d’un berger, les canards qui voguaient entre les îles ou s’épluchaient sur le jard, nom du gros sable que charrie la Loire ; des garçons meuniers, le bonnet sur l’oreille, occupés à charger leurs mulets ; chacun de ces détails rendait cette scène d’une naïveté surprenante. […] Je suivis le chemin de Saché sur la gauche de la rivière, en observant les détails des collines qui meublent la rive opposée.

1776. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Ces gens, que vous voulez aider sont souvent très différents de vous par l’éducation, par les manières, par tout le détail de la vie extérieure. […] C’est d’abord une matinée de Barras, avec beaucoup, presque trop de « couleur locale » et de détails anecdotiques artificieusement enfilés. […] Et les détails matériels, les épisodes et les péripéties de cette conspiration sont tels, qu’ils conviendraient presque tous à n’importe quelle autre conspiration où il s’agirait d’enlever un prisonnier politique.

1777. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Le détail en est exquis ; c’est la partie la plus touchante du rôle d’Andromaque. […] Le détail de ces deux conduites est présent à tous les esprits cultivés. […] Je ne nie pourtant pas que certains détails ne se soient affadis.

1778. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Ce n’est pas le lieu d’analyser en détail ce phénomène, il nous suffit de l’indiquer sommairement : dans le jeu, d’une façon générale, le moi individuel s’affirme et se nie simultanément ou à des intervalles indiscernables. […] La littérature a souvent, et sous des formes bien diverses, dramatisé la voix de la conscience, la voix du devoir ; mais l’exactitude psychologique manque à la plupart de ces demi-fictions ; l’exemple du lieutenant Louaut, bien qu’inventé à l’appui d’une thèse discutable, nous paraît être un des moins inadéquats à la réalité ; nous le réduirons d’ailleurs aux détails les plus vraisemblables. […] Les monologues tragiques, s’ils ne passent pas dans l’allure générale et dans les détails la mesure de la vraisemblance, et s’ils ne sont introduits par le poète que dans les circonstances qui les motivent dans la réalité, reproduisent un événement assez fréquent de la vie humaine ; la preuve en est que la comédie use aussi de ce procédé et que le drame moderne l’a conservé ; rien n’est donc plus légitime que son emploi.

1779. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Elle s’obscurcit au lieu de s’éclaircir, lorsqu’on en veut trop subtiliser les règles et les applications : mais ce danger, que nous avons déjà prévu, n’est pas si réel que celui d’un silence trop longtemps gardé sur des matières qu’il faut remanier en tout sens, reproduire et commenter sans relâche, pour les pénétrer en détail et les faire bien comprendre. […] La difficulté consiste à garder un juste milieu, de façon à ne se pas aventurer en étourdi qui traite légèrement les principes fondamentaux, ou pesamment les détails superficiels, et à ne pas affecter en docteur la gravité de la pédanterie, et l’opiniâtreté dans ses propres idées. […] C’est l’exposer avec confusion que de la prendre au dernier moment, parce que trop de détails antérieurs en gênent la conduite, et qu’on risque de n’avoir plus assez d’éléments dans le reste pour la soutenir jusqu’à la fin : que fera l’auteur ? […] c’est que le tableau des vices du monde n’y est tracé en tous ses détails que pour apprendre à la vertu qu’elle doit être tolérante, sans quoi elle cesse d’être sociable. […] Il exclut les scènes de pur ornement, les détails superflus, les tirades prétentieuses, les portraits inutiles, et l’enflure ambitieuse du style.

1780. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Le spirituel auteur de l’acte de vaudeville qui m’accompagnait, m’a fourni quelques détails sur quelques hommes ; je vous les transcrirai tandis qu’ils sont frais encore dans ma mémoire. […] Sue est un des hommes sur lesquels j’ai reçu le plus de détails ; je vais, mon cher Monsieur, essayer de me les rappeler. […] Ces détails sont de la plus complète exactitude. […] Pour vous l’expliquer, je dois vous offrir préalablement quelques détails. […] On vient de me citer la suivante, signée Alexandre Dumas : « Mon cher directeur, j’apprends ce qui vous arrive ; je ne crois pas un mot de ce que l’on dit ; mais rien ne m’étonne de la part des comédiens, qui sont aussi bêtes que méchants, etc. » Cette lettre, si curieuse, me fournit une porte par laquelle je rentrerai dans quelques détails que j’ignorais encore, quand je vous écrivais mes premières lettres, et que je ferai passer dans ce conclusum, comme dirait M. 

1781. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

La conception énergique d’un chef-d’œuvre implique forcément son exécution dans un temps donné, fût-on même obligé de s’assimiler d’abord tous les détails matériels du métier. […] Après ces préliminaires mal fagotés dans lesquels j’ai essayé de me rendre un peu compte des quelques petites idées de détail que j’avais à apporter dans le débat, et que lui abandonne, il me reste à continuer à coups de ciseaux l’inventaire des matériaux que j’ai sous la main. […] La vie habituelle est un composé de petits faits insignifiants aussi nombreux que les brindilles des arbres ; ces petits faits se réunissent et aboutissent à une branche, la branche au tronc ; la conversation est pleine de détails oiseux qu’on ne peut reproduire sous peine de fatiguer le lecteur. […] Depuis sa mort, un petit groupe de romanciers et de conteurs s’est formé, — ils sont trois ou quatre à peine, — lequel s’est imaginé qu’en appliquant à la reproduction de certains côtés, et plus spécialement du côté matériel et des détails vulgaires de la vie humaine, la quantité d’observations dont tout homme intelligent se trouve pourvu, on arriverait à créer un art nouveau et à rajeunir le roman. […] Quels événements si vulgaires de la vie sociale, quels détails si familiers de la vie domestique, n’ont leur parfum et leur charme ?

1782. (1932) Le clavecin de Diderot

Maîtres de soi qu’ils disent, maîtres de soi, comme de l’univers, se plairont-ils à déclarer en langage cornélien, maîtres à peine, en vérité, d’un de ces détails, dont Engels constatait que, pour les connaître, nous sommes obligés de les détacher de leur enchaînement naturel ou historique, de les analyser individuellement, les uns après les autres, dans leurs qualités, dans leurs causes et effets particuliers y. […] Ce qu’on offre, en fait d’idées générales, n’est donc le plus souvent que la dictature d’un détail, au gré de tel bon vouloir, à tel moment donné. […] Après l’humanisme, le réalisme Sans prise, sans action sur l’univers, l’analysto-métaphysicien, dans le détail, qui lui semble un peu moins menaçant, un peu moins incompréhensible, se creusera une petite cachemite d’où il se réjouira, et d’autant mieux, qu’il verra, imaginera les autres errant à l’aventure. […] C’est à croire que tous ces détails amoncelés doivent, seulement, servir à masquer, de leur ombre, la loi d’universelle réciprocité. […] Ainsi, avec la conscience d’un jeune oxonienar quelque peu esthète et surtout très myope, qui lors du premier voyage en Italie se révélerait acrobate pour ne point perdre une miette des quattrocentistes, monsieur mon chien bondissait et rebondissait et bondissait encore, pour inspecter, dans ses moindres détails, ma chambre.

1783. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Un abregé est un discours dans lequel on réduit en moins de paroles, la substance de ce qui est dit ailleurs plus au long & plus en détail. […] On n’entend ce que l’Abréviateur a voulu dire, que lorsque l’on sait en détail l’Histoire de Joseph & celle d’Appius. […] Les jeunes gens n’ayant point encore assez d’idées acquises, ont besoin de détail ; & tout ce qui suppose des idées acquises, ne sert qu’à les étonner, à les décourager, & à les rebuter. […] Nous en parlerons plus en détail au mot […] Il y a quelques adjectifs qui s’écartent de la regle : en voici le détail.

1784. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Rue de Rivoli, un joli détail : dans le bruit fracassant du passage d’une batterie d’artillerie, un artilleur caressant le bronze d’un canon, d’une main amoureuse, qui semble peloter de la chair aimée. […] Les détails sont d’un pittoresque à enchanter un Knaus, avec les tables et les bancs dans le bois à peine équarri, les barillets, mis en chantier, sur un tabouret renversé, les cafetières baroques bouillant sur de petits fourneaux de terre cuite, avec le désordre des bouteilles et des pots de grès aux dessins bleus, au-dessus desquels voltigent des têtes de femmes, au teint de brugnon, aux cheveux couleur de chanvre. […] C’était dans les tons mordorés de l’arbre et dans les tons gorge-de-pigeon de la pierre, je ne sais quoi de théâtral, et l’infini du détail des constructions lointaines, de la bâtisse reculée, apparaissait dessiné, ligné, découpé comme dans la clarté lucide d’un ciel d’Italie. […] » Berthelot reprend : « Oui, tout est comme cela, Nefftzer ne comprend pas mon exaspération, quand je vais le trouver, il ne voit pas ça dans le détail, comme moi, il ne touche pas, toute la journée, leur stupide entêtement. […] Elle était restée presque effrayée de l’air chenapan qu’il avait pris là, et me donnait ce curieux détail, qu’ils avaient tous des sondes pour sonder les faux murs et les cachettes faites à l’encontre des Prussiens.

1785. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Car la poésie doit s’occuper plutôt de généralités, et l’histoire de détails particuliers. […] Cette affaire académique serait trop longue et fastidieuse à vous écrire dans tous ses détails. […] Je ne saurais vous rapporter les détails de cette affaire. […] … Après tout, Maeterlinck, rempli de talent et très habile, n’a peut-être cherché là qu’un détail, sorte de rehaut du tableau extraordinaire qu’il voulait offrir. […] Ces réserves portaient surtout sur le détail : telle expression a peu de politesse et ne cherche qu’à flatter le goût de la populace, telle scène brille par le naturel, mais c’est un naturel de bas lieu, etc., etc.

1786. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

De la banquette où il était assis, il déployait, devant son auditoire de deux personnes, cette présence de mémoire et ces richesses de parole qui avaient fasciné de grandes assemblées, entrant dans le détail des chiffres aux deux époques, n’omettant rien, n’oubliant rien de ce qui pouvait rendre la comparaison concluante. […] C’est pour cela, détail piquant, que le même jour où Bersot recevait ma lettre, Jacquinet lui écrivait de son côté pour se plaindre qu’il m’eût fait un tort de ce qui avait été chez lui libre disposition de son esprit et préférence de son goût, et l’assurait que, s’il n’avait pas fait plus de livres, on ne devait s’en prendre qu’à lui. […] Enfin il n’est pas jusqu’au détail puéril de la couleur de sa perruque où nos souvenirs ne diffèrent. […] Mais s’il n’y a qu’une opinion sur le caractère général de beauté de leurs œuvres, sur le détail il y a de grandes dissidences. Il ne manque même pas d’esprits qui diffèrent, non seulement sur les détails, mais sur le fond des œuvres et sur le rang des auteurs.

1787. (1911) Études pp. 9-261

La peinture du Bain Turc est admirable ; mais on ne la voit pas tant elle est terminée ; et la hardiesse de ces nus, l’un tout vert, l’autre tout orangé, se dissimule sous la perfection du détail. […] Une idée est d’abord une certaine forme vide ; on ne discerne pas son contenu ; elle est l’attitude de l’indistinct ; mais peu à peu elle se précise, c’est-à-dire qu’elle se multiplie intérieurement, que des détails, au dedans d’elle, viennent commenter sa généralité. […] Mais ses détails les plus particuliers toujours dérivent du schème initial et ils en gardent le caractère abstrait. — Souvent ce dessin atteint une grâce sévère et exquise, comme dans La Coiffeuse ou dans La Musique. […] Elle est si serrée, elle s’agence si scrupuleusement qu’aucune interruption ne s’y saurait insinuer ; rien ne manque, aucun passage dont le vague puisse être l’occasion d’une divergence ; l’intention est sans cesse présente en chaque détail et lui interdit de distraire. […] Chacun se présente comme un détail du précédent, comme enveloppé en lui ; il ne sera qu’une parenthèse, il ne prétend qu’à préciser un point.

1788. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Sée a repris l’étude d’une substance qui faisait l’objet de son examen, « la modeste fève de Calabar63. » Ce ne sont point là, messieurs, des détails trop techniques pour être produits devant vous. […] Elle était des plus remarquables à son moment, et sans entrer dans aucun détail ni dans une analyse qui serait ici hors de propos, on peut dire que les inductions et les conclusions en étaient toutes dirigées contre les hypothèses ontologiques, contre les abstractions, contre les théories vitalistes et animistes.

1789. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Cependant les critiques devraient considérer que, puisque eux-mêmes ils n’ont pas trouvé dans les histoires générales les détails de la vie des familles du moyen âge, c’est qu’il faut sans doute les aller chercher ailleurs. Les livres où ces détails se trouvent peuvent bien être inconnus d’eux, mais il ne suit pas de là qu’ils le soient de tout le monde… En engageant le Théâtre-Français à jouer toutes les œuvres des maîtres et toutes les pièces notables, depuis Rotrou, comme étude de l’art et de la langue française et comme introduction à la littérature dramatique d’aujourd’hui, nous avons rapporté le drame moderne à M. 

1790. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

J’allais enfin étudier à fond analyser dans ses derniers détails cette foi chrétienne qui, plus que jamais, me paraissait le centre de toute vérité. […] Manier, qui m’engagea vivement à ne pas faire dépendre ma foi chrétienne d’objections de détail.

1791. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Puvis de Chavannes, à dire vrai, m’ont toujours moins ému : un souci, peut-être, trop visible du sujet à décrire, une expression un peu riche, uniforme ; ou bien comme dans ce très beau tableau de l’inspiration chrétienne, un arrangement fautif ; car le majestueux paysage mystique, et les colonnes du cloître, si austères, sont une admirable décoration toute d’ensemble ; et j’y regrette ces personnages dont les expressions saisissent, perçues en détail, mais qui, à distance, raient de lignes trop frustes l’impression totale. […] Cette marche en si majeur est relevée par une autre en sol majeur, destinée à l’entrée des poètes ; d’une mesure plus lente, elle a un caractère plus réfléchi, plus élégant et plus noble que la première ; c’est là un de ces détails finement, intentionnés, qui rendent les compositions de Wagner riches, substantielles, et d’une étude si attachante.

1792. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Il me seroit sans doute facile de confondre le Libelliste d'une maniere plus péremptoire, & beaucoup plus humiliante pour ses Complices ; mais je crois devoir épargner au Public des détails scandaleux qui tourneroient au désavantage de la Religion, dont la sainteté est néanmoins indépendante de la conduite de ses Ministres. […] Vous jugerez vous-même, Monsieur, s’il est possible de se défendre plus mal, par les détails que vous me demandez & que je vais mettre sous vos yeux.

1793. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Il ne serait pas moins instructif de comparer les assertions de nos meilleurs botanistes, au sujet de certaines formes douteuses, que les uns rangent comme espèces et les autres comme variétés d’après les expériences faites sur leur faculté de croisement fécond, soit par différents observateurs, soit par un seul pendant plusieurs années ; mais je ne puis entrer dans de pareils détails. […] — Nous entrerons maintenant dans quelques détails sur les circonstances et les lois qui gouvernent la stérilité des premiers croisements et des hybrides.

1794. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

C’est l’anecdote, l’histoire contemporaine, le détail, le pamphlet, la personnalité, l’insolence ; l’insolence pour le voisin et non pour soi. […] Malheureusement, je l’ai dit déjà, dans cette Correspondance où je voudrais plus de détails humains, familiers, domestiques, intimes, il y a encore plus le Proudhon que j’abhorre que le Proudhon qu’à quelques-unes de ses pages je serais tenté d’honorer !

1795. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Le philosophe qui embrasse la Nature entière d’un regard, oublie l’infinie diversité des détails pour ne voir que l’unité de plan révélée par les grandes lois qui la régissent. […] Pourquoi l’économie politique risque-t-elle de se perdre dans les détails de la statistique ?

1796. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

L’abbé Le Dieu n’a peut-être pas sur ces points toute l’exactitude et la connaissance de détail qu’on désirerait : ce qui du moins reste bien manifeste, c’est que la littérature profane, en prenant alors une grande place dans les études de Bossuet, n’y envahit rien, n’y empiète point sur le reste ; elle a ses limites arrêtées à l’avance : bien qu’on nous dise qu’il lui arrivait quelquefois de réciter des vers d’Homère en dormant, tant il en avait été frappé la veille, il n’éprouva jamais dans ces sortes de lectures cette légère ivresse poétique qui, dans l’âme et rimagination séduite de Fénelon, se produira par le Télémaque.

1797. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

D’autres critiques brillent par l’invention, d’autres par l’érudition curieuse, d’autres par l’imprévu du tour ou le fini du détail : lui, il est surtout recommandable comme l’aimable et modeste Nicole, par les mœurs.

1798. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Si l’on y gagne de connaître un peu mieux le personnage par des détails particuliers, on y perd en ne pouvant le plus souvent exprimer ce qu’on sent avec une entière netteté et franchise.

1799. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

C’est de cette connaissance approfondie du latin et de l’usage excellent qu’il en sut faire que découle chez Bossuet ce français neuf, plein, substantiel, dans le sens de la racine, et original : et ce n’est pas seulement dans le détail de l’expression, de la locution et du mot, que cette sève de littérature latine se fait sentir, c’est dans l’ampleur des tours, dans la forme des mouvements et des liaisons, dans le joint des phrases, et comme dans le geste.

1800. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Le Play était en visite chez les Bachkirs voisins des Kirghiz, au-delà de la frontière nord-est de l’Europe, aux premiers confins de la Sibérie, et depuis quelques jours il observait tous les détails de ce régime à demi nomade, cette manière de vivre très voisine de la primitive et par laquelle ont dû passer autrefois ceux qui furent peut-être nos ancêtres et nos pères.

1801. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Modelon, un de ses neveux du côté maternel, qui a dit très bien de lui : La France a ses Gilbert, il est de leur famille ; et qui se propose, un jour ou l’autre, de faire de ses œuvres une réédition plus complète, précédée d’une étude où tous les détails de sa vie morale intime seront exposés avec fidélité et affection : il est bien, il est convenable de ne laisser aucune ombre sur cette figure poétique la plus caractérisée et la plus intéressante que la Savoie ait produite dans ces derniers temps.

1802. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Frochot, est manifeste et continuelle : son doigt se fait sentir non seulement dans l’initiative, mais même dans le cours et les détails de l’exécution.

1803. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Sans entrer dans d’incroyables détails qu’il est mieux d’ensevelir, s’il se peut, comme des infirmités de famille, et en ne touchant qu’à celles que la querelle du moment dénonce, il suffira de faire remarquer que, dans une Revue où le poëte existe, il tend naturellement à dominer, et les conditions au prix desquelles il met sa collaboration ou sa seule présence (qu’il le médite ou non) sont ou deviennent aisément celles d’un dictateur.

1804. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Les détails de cette société charmante, où vivaient ensemble, vers 1782, Lebrun, Chénier, le marquis de Brazais, le chevalier de Pange, MM. de Trudaine, cette vie de campagne, aux environs de Paris, avec des excursions fréquentes d’où l’on rapportait matière aux élégies du matin et aux confidences du soir, tout cela est resté couvert d’un voile mystérieux, grâce à l’insouciance et à la discrétion des éditeurs.

1805. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Il est une molécule vivante, incessamment excitée et modifiée par l’organisme social dont elle fait partie intégrante ; arrêter la molécule, la monade, au point où on la trouve, la détacher du tout, la soumettre au microscope ou au creuset expérimental, la retourner, la décomposer, la dissoudre, et conclure de là à la nature et à la destinée du tout, c’est absurde ; conclure seulement à la nature et à la destinée de la molécule, c’est encore se méprendre étrangement ; c’est supprimer d’abord, dût-on y revenir plus tard et trop tard, c’est supprimer le mode l’influence que l’individu reçoit du tout, à peu près comme Condillac faisait pour les détails organiques de sa statue, qu’il recomposait ensuite pièce à pièce sans jamais parvenir à l’animer ; c’est, comme lui, par cette suppression arbitraire, rompre l’équilibre dans les facultés du moi et se donner à observer une nature humaine qui n’est plus la véritable et complète nature ; c’est décerner d’emblée à la partie rationnelle de nous-mêmes une supériorité sur les facultés sentimentale et active, une souveraineté de contrôle qu’une vue plus générale de l’humanité dans ses phases successives ne justifierait pas ; c’est immobiliser la monade humaine, lui couper la source intarissable de vie et de perfectibilité ; c’est raisonner comme si elle n’avait jamais été modifiée, transformée et perfectionnée par l’action du tout, ou du moins comme si elle ne pouvait plus l’être ; c’est supposer gratuitement, et le lendemain du jour où l’humanité a acquis la conscience réfléchie de sa perfectibilité, que l’individu de 1830, le chrétien indifférent et sans foi, ne croyant qu’à sa raison personnelle, porte en lui, indépendamment de ce qui pourrait lui venir du dehors, indépendamment de toute conception sociale et de toute interprétation nouvelle de la nature, un avenir facile et paisible qui va découler, pour chacun, des opinions et des habitudes mi-partie chrétiennes, mi-partie philosophiques, mélangées à toutes doses.

1806. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

De justes et prudentes satis-factions données en détail empêchent les griefs de grossir et de s’irriter jusqu’à l’extrême.

1807. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

La description du printemps, de l’orage, de la nuit, de la beauté, des combats, peut se varier dans ses détails ; mais la plus forte impression a dû être produite par le premier poète qui a su les peindre.

1808. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Les palmes du génie tiennent à une respectueuse distance de leur vainqueur ; les dons de la fortune rapprochent, pressent autour de vous, et comme ils ne laissent après eux aucun droit à l’estime, lorsqu’ils vous sont ravis, tous vos liens sont rompus, ou si quelque pudeur retient encore quelques amis, tant de regrets personnels reviennent à leur pensée, qu’ils reprochent sans cesse à celui qui perd tout, la part qu’ils avaient dans ses jouissances, lui-même ne peut échapper à ses souvenirs ; les privations les plus douloureuses sont celles qui touchent à la fois à l’ensemble et aux détails de toute la vie.

1809. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Je n’ai point à entreprendre ici de faire œuvre de logicien, ni à exposer dans le détail les règles et le mécanisme de raisonnement.

1810. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Économisez vos idées, et faites votre récit, votre peinture, votre preuve avec le strict nécessaire : soyez sûr que si tout l’effet cherché, l’effet le plus grand que le sujet comporte, est produit par un certain nombre de détails, en ajouter encore n’augmentera pas, mais diminuera l’effet.

1811. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Il sait aussi beaucoup sur l’antiquité, et ce ne sont pas de vagues impressions d’une lecture rapide ; il voit le détail, il cherche l’exactitude ; s’il lit llorace, il le lit en philologue, en poète, en historien ; s’il lit Pline, il le lit toujours en philologue, mais en peintre, en archéologue, en chimiste ; il prend chaque ouvrage du côté dont un homme de métier le prendrait, avant d’y appuyer ses rêveries personnelles.

1812. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Guizot, séduite apparemment par sa jeunesse  Reposons-nous avec les romans de Mme de Souza, histoires simples, morales, non point fades, abondantes en détails insignifiants et agréables, et qui sont ce que nous avons, je crois, de plus approchant des romans des authoress anglaises.

1813. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

C’est cela, je crois, qui est le plus curieux à examiner un peu en détail.

1814. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Il y a, mêlés partout au dialogue, les détails de cuisine, d’ameublement ou d’habillement : gauche mosaïque qui fait ressembler la conversation des personnages au texte de ces « thèmes de difficultés » où d’ingénieux professeurs de grammaire se sont donné pour tâche de faire entrer certains mots, de gré ou de force. — Et j’allais oublier le Gaulois notre ancêtre, le bon esclave ou gladiateur gaulois que l’auteur ne manque pas de fourrer dans un coin de son drame, et à qui il prête un rôle honorable pour flatter notre patriotisme.

1815. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Il est un autre fleau de l’humanité qui le détruit en détail, poison rongeur de l’ame qui l’attaque au milieu de la pompe & des grandeurs, ou plutôt qui la livre à elle-même, & la contraint à se dévorer, maladie commune aux Grands, sombre vapeur qui étend un voile lugubre autour de nous & flétrit l’Univers, état cruel qui sans avoir les traits aigus de la douleur nous l’a fait presque désirer pour sortir du moins de l’affreux dégoût d’une insipide existence, ce fleau est l’ennui qu’on peut appeller un demi trépas ; l’homme de Lettres a le secret de chasser ce monstre ténébreux.

1816. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

C’est par ce procédé que les analystes ont fait progresser la Science et si l’on examine le détail même de leurs démonstrations, on l’y retrouvera à chaque instant à côté du syllogisme classique d’Aristote.

1817. (1890) L’avenir de la science « XXI »

De même que la vie monastique, où tout est prévu et réglé dans ses moindres détails d’une manière invariable, détruit le pittoresque de la vie et efface toute originalité, de même une civilisation régulière, en traçant à l’existence un trop étroit chemin, et en imposant à la liberté individuelle de continuelles entraves, nuit plus à la spontanéité que le régime de l’arbitraire 187. « Cette liberté formaliste, a dit M. 

1818. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Luc, I, bien que tous les détails du récit, notamment ce qui concerne la parenté de Jean avec Jésus, soient légendaires.

1819. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Achevons par une dernière observation de détail ce que nous avons spécialement à dire de Shakespeare.

1820. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Pour bien faire comprendre cette philosophie, il faudrait pouvoir exposer avec détail et précision toutes ces belles théories, qui resteront dans la science : la théorie de l’effort volontaire, par laquelle Biran établit contre Kant et contre Hume la vraie origine de l’idée de cause ; la théorie de l’obstacle, par laquelle il démontre, d’accord avec Ampère, l’objectivité du monde extérieur ; la théorie de l’habitude, dont il a le premier démontré les lois ; ses vues, si neuves alors, sur le sommeil, le somnambulisme, l’aliénation mentale, et en général sur les rapports du physique et du moral ; la classification des opérations de l’âme en quatre systèmes : affectif, sensitif, perceptif et réflexif ; enfin sa théorie de l’origine du langage.

1821. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Un poème épique est un édifice dont on doit voir les dimensions d’un coup d’œil, après l’avoir examiné par parties et en détail.

1822. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

La maison du procureur, son intérieur, son mobilier, son jargon, ses plaisirs, le caquet de sa femme, et jusqu’au menu de ses repas et de ses festins, y sont pour la première fois décrits avec la fidélité et la minutie d’un procès-verbal ; les personnages s’y montrent non pas tels qu’il a plu au romancier de les faire, mais tels qu’ils ont dû être rigoureusement par rapport à leur époque et à leur fonction, et l’on sent parfaitement, à la façon dont ils se conduisent, que l’auteur se préoccupe bien moins de leur faire jouer un rôle que d’accuser scrupuleusement jusqu’aux moindres circonstances de leurs habitudes et jusqu’aux moindres détails de leur physionomie.

1823. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

À l’heure de la vie où l’on est frivole et où l’homme tient à relever ses avantages extérieurs par les soins de la mise et les détails de la toilette, à une époque où tant de gens de lettres affectaient d’être des Beaux, parmi les de Musset, les Roger de Beauvoir, les Roqueplan, les Sue, qui furent des dandies, des gants jaunes, des furieux (un mot du jargon de la mode du temps), Janin, très à la mode par l’esprit et par le talent et très en vue, Jules Janin, qui n’était pas sans beauté alors, ne pensait point à la faire valoir, cette beauté, par les ressources que la mode offre à la coquetterie.

1824. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Elle se trouve heureuse cependant qu’il soit comme cela. » Et Renée ajoute un mot qui donnera aux esprits qui sentent, dans le moindre détail de style, toute la manière d’un écrivain : « Elle aimait donc pour aimer, — simplement : elle avait autant de désintéressement qu’elle avait d’imagination, la pauvre femme ! 

1825. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Il faut bien le dire en finissant, réellement tout ce détail du Concile de Trente est maigre de raison et presque de haine, et ce chapitre de son livre n’est pas digne de la gravité, d’ordinaire si consciencieuse et si pénétrée, de l’historien !

1826. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Stendhal, un jour, aux environs de la Bérésina, se présenta devant son chef, Daru, l’intendant général, rasé et habillé avec la recherche qu’il aurait eue à Paris : « Vous êtes un homme de cœur », lui dit Daru, frappé d’un détail qui aurait frappé aussi Napoléon, car il révélait l’homme tout entier qu’était Stendhal, et, en effet, à part la petite terreur d’être dupe, rapportée des salons et que lui a reprochée si spirituellement Sainte-Beuve, il garda toujours inaltérables, dans toutes les positions et dans tous les dangers, sa bonne humeur et son sang-froid.

1827. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Daru, frappé d’un détail qui aurait frappé aussi Napoléon, car il révélait l’homme tout entier qu’était Stendhal ; et, en effet, à part la petite terreur d’être dupe, rapportée des salons, et que lui a reprochée si spirituellement M. 

1828. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Enfin, je ne vois pas ce que Vigny a fait, dans l’ordre “métrique”, par souci d’harmoniser la forme avec la pensée qu’elle traduisait : une forme, chez un poète, ne traduit jamais une pensée, c’est la critique qui traduit par des pensées les formes indivisibles qu’a créées le poète, — et s’il y a quelques exceptions, si la forme et la pensée parfois se distinguent, se raccordent mal, chevauchent sensiblement, il se trouve que Vigny, plus que personne, nous les fournirait. » Je ne puis signaler tous les détails de ce genre, qui arrêtent et étonnent désagréablement le lecteur.

1829. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Que dirait-on d’un homme qui, rentrant chez lui tout en désordre, poursuivi par des brigands, s’amuserait à raconter à sa femme, dans le style le plus épique et le plus fleuri, tous les détails les plus minutieux de cette cruelle aventure1 ? […] Il sera peut-être intéressant pour les lecteurs de trouver ici quelques détails historiques et quelques réflexions impartiales au sujet de cette grande bataille livrée en 1760, sur le théâtre de Paris, entre les factieux avides de nouveautés et les défenseurs des anciennes lois du royaume : ceux-ci engagèrent l’action. […] Il a fait main basse sur les inutilités, les naïvetés, les détails simples et rustiques ; il a su revêtir du coloris le plus brillant les idées de Maffei ; et le succès qu’il a obtenu est, avec celui de Zaïre, un des plus éclatants qui aient signalé sa carrière dramatique. […] Si Le Préjugé à la mode a peu d’action, le dialogue est agréable, semé de détails et de vers bien tournés, tels que ceux-ci qui se présentent dans la foule : Le devoir d’une épouse est de paraître heureuse. […] Cette vérité de mœurs est pénible et fastidieuse ; mais on est dédommagé de tous ces désagréments par des situations piquantes, par des détails enchanteurs, par des mots très heureux.

1830. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Le temps ne nous permet pas d’entrer dans les détails, et je ne puis ici que vous signaler quelques-uns des divers genres d’erreurs sur lesquels portera notre critique, qui sera toujours expérimentale. […] Nous allons vous rapporter quelques-uns des résultats que nous avons obtenus à ce sujet, vous renvoyant pour le détail des expériences au Mémoire que nous avons publié6. […] Nous n’entrerons pas dans de plus grands détails relativement aux caractères chimiques de cette substance nouvelle, qui naît dans le foie, sous l’influence de l’alimentation sucrée ou féculente. […] Je vous donne ces détails, Messieurs, parce qu’ils sont importants au point de vue de la méthode expérimentale. […] J’ai été amené à cette opinion par des découvertes faites dans une autre voie, que je vous demanderai la permission de vous exposer avec quelques détails, en vous montrant par quelles séries d’idées j’ai dû passer pour arriver aux résultats que j’ai à vous annoncer dans cette séance.

1831. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Rien n’est indispensable en pareille matière comme de donner tous les détails, et rien n’est difficile comme d’empêcher la multiplicité des détails exacts d’offusquer et voiler l’ensemble et les arbres de cacher la forêt. […] Ce livre, fruit d’immenses lectures, de réflexions, comparaisons et rapprochements infinis, d’études sur les lieux, d’études sur plans, de conversations avec ceux qui ont encore sur ces temps des traditions orales presque immédiates, apporte beaucoup de nouveau, et de nouveau certain et définitif, dans le détail. […] C’est à la fois un traité didactique et une sorte de poème, ce qui veut dire que c’est une suite d’observations critiques animées d’une flamme intense et, aussi, disposées dans un si bel ordre artistique que l’ensemble en est aussi beau et imposant que le détail en est lumineux et juste. […] Dupuy nous explique dans tout son détail l’influence d’Hugo sur la langue et aussi la révolution dans la rythmique qu’il a provoquée : nous aurons dans son livre une œuvre complète, définitive, la seule où Hugo soit loué comme il l’a mérité, de la manière qu’il a mérité de l’être et autant — peut-être — qu’il l’eût désiré. […] Puis, jetant les yeux tout autour, et s’avisant que tel genre, plus ou moins voisin, semble avoir profité des débris du genre disparu et se les être assimilés, l’historien littéraire pourra supposer, quitte à le vérifier par l’examen du détail, que la tendance qu’on croyait disparue tend à revivre, mais avec un nouveau caractère indiqué par le nouveau genre qui commence à la représenter à son tour.

1832. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Chaque détail du livre de M.  […] Ce n’est jamais, remarquez-le bien, par l’exactitude des détails que l’artiste obtient la ressemblance de l’ensemble. […] Je n’entrerai pas dans le détail de ces procédures. […] La crudité des détails passe toute idée. […] Mais il faut se garder des jugements trop généraux et entrer un peu dans le détail des choses.

1833. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

J’oubliais de dire que l’exécution de cette œuvre pieuse est d’une remarquable solidité ; la couleur un peu triste et la minutie des détails s’harmonisent avec le caractère éternellement précieux de la dévotion. […] Daubigny qu’aux dépens du fini et de la perfection dans le détail. […] De plus, il est un des rares, le seul peut-être, qui ait gardé un profond sentiment de la construction , qui observe la valeur proportionnelle de chaque détail dans l’ensemble, et, s’il est permis de comparer la composition d’un paysage à la structure humaine, qui sache toujours où placer les ossements et quelle dimension il leur faut donner. […] Si un seul homme avait pu retenir l’école française moderne dans son amour impertinent et fastidieux du détail, certes c’était lui.

1834. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Il y a là des détails d’une ingénuité un peu mignarde, mais si gracieuse ! […] Certains détails matériels sont d’une invention simple et heureuse. […] Je passe les détails. […] Puis, les détails de l’action ne sont pas tous parfaitement clairs. […] Il y alignait un nombre prodigieux de détails superflus.

1835. (1923) Nouvelles études et autres figures

Les ressemblances de détail sont nombreuses et impressionnantes. […] Mais, dans plus de sept passages, le Coran, sans d’ailleurs en préciser les détails, insiste sur cette chute d’Iblis. […] Molière excelle à mettre en valeur le détail pittoresque et particulièrement le détail du costume, ce qui n’est pas pour nous surprendre de la part d’un acteur ou d’un metteur en scène. […] Dupont-Ferrier, qui ne néglige aucun détail, nous dit que la vaisselle était de terre cuite ou d’étain. […] Malgré les beautés de détail, on est littéralement assommé.

1836. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Amyot connaît Plutarque en abrégé avant de le traduire en détail ; le texte n’est là que pour guider sa pensée déjà familière avec tous les détours et pour avertir à propos son imagination, nourrie des figures de l’auteur. […] Au contraire, quand on est le biographe ou le géographe d’un certain « milieu », on est tenu à plus de détails et de diversité. […] Mais c’est ici qu’il ne faut pas être trop archiviste et qu’il faut tâcher d’être historien, autrement dit d’échapper à l’obsession des menus détails et de regarder l’œuvre collective à laquelle a travaillé (dans la joie ou dans la peine, qu’importe ?) […] Par le détail des résolutions et des actes, des résistances et des intrigues, des négociations et des batailles, on verra de quelle accumulation d’efforts quotidiens sont faites les œuvres durables. […] C’est une peinture fouillée, tortillée, un peu torturante, où l’on ne nous fait grâce d’aucun détail.

1837. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Lorsque l’on accompagne le flot jaune et lent du beau fleuve, on ne cesse de perdre ses regards dans les riants détails de la rive droite. […] Ce brave homme, nommé Granchamp, avait suivi partout le chef de la famille dans les guerres et dans ses travaux de finances ; il avait été son écuyer dans les unes et son secrétaire dans les autres ; il était revenu d’Allemagne depuis peu de temps, apprendre à la mère et aux enfants les détails de la mort du maréchal, dont il avait reçu les derniers soupirs à Luzzelstein ; c’était un de ces fidèles serviteurs dont les modèles sont devenus trop rares en France, qui souffrent des malheurs de la famille et se réjouissent de ses joies, désirent qu’il se forme des mariages pour avoir à élever de jeunes maîtres, grondent les enfants et quelquefois les pères, s’exposent à la mort pour eux, les servent sans gages dans les révolutions, travaillent pour les nourrir, et, dans les temps prospères, les suivent et disent : « Voilà nos vignes », en revenant au château. […] « Je vous écris ces tristes détails à bord d’une galère de Gênes, où Fontrailles, Gondi, d’Entraigues, Beauvau, du Lude, moi et tous les conjurés, sommes retirés.

1838. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Il fut heureux, mais nous avons peu de détails sur cette époque de sa vie, qui dura moins longtemps que ses jours agités ; il perdit par la mort cette femme, mère de ses deux enfants, avant qu’ils eussent l’âge de connaître leur mère. […] S’il peint les détails, c’est pour les rapporter au tout ; s’il rapproche des faits isolés et stériles, c’est pour en faire ressortir des vérités générales et inattendues. […] Ce livre, évidemment né de Fénelon ou de Jean-Jacques-Rousseau, était aussi religieux que la nature elle-même ; il était aussi chimérique en beaucoup de points pratiques, mais infiniment plus moral ; en outre, il était plus savant, malgré ce qu’en ont dit depuis les savants de profession ; la pensée générale l’éclairait d’un instinct divin ; il se trompait peut-être sur quelques détails, comme la théorie des marées qu’on lui a tant reprochée sans preuve contraire, mais il ne se trompait certainement pas sur l’ensemble, qu’il interprétait mieux que les astronomes modernes qui, en voyant l’œuvre, ont nié l’ouvrier.

1839. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Le regard qu’il jette sur la nature est large et profond ; son œil saisit le détail infini et l’ensemble des formes, des couleurs, des jeux d’ombre et de lumière. […] Il voit les choses par les masses plus que par les détails, et il les voit bien, ce qui est un rare mérite. […] Aussi, le grand Poète saisit-il d’un œil infaillible le détail infini et l’ensemble des formes, des jeux d’ombre et de lumière.

1840. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

J’avouai que quelques éclaircissements sur ce projet que j’admirais en bloc, mais dont certains détails de mise en œuvre m’échappaient, me seraient infiniment agréables. […] Cet événement que relatent, avec des détails erronés d’ailleurs, toutes les gazettes de l’Europe, s’accomplit un samedi, jour favorable aux surprises de l’histoire. […] Et parce qu’elle fut entière, cette réalisation, parce qu’aucun hideux et repoussant détail n’y fut épargné, l’écrivain est parvenu à une beauté, en quelque sorte épique, là où d’autres, plus prudents, n’eussent atteint que le dégoût. […] Au milieu de tous les styles, trop lourdement embrumés, ou surchargés d’inutiles détails, dont s’encombrent, à l’ordinaire, les jeunes revues, je remarquai le lien aigu et concis, élégant et sobre, d’une forme presque classique, d’un dessin net et souple ; un style, enfin. […] Vielé-Griffin est fort sobre de détails sur lui-même.

1841. (1900) La culture des idées

Le trait du maître en écritures d’art, même de force, est nécessairement celui qu’il ne fallait pas appuyer ; ou bien, le trait souligne le détail qu’il est d’usage de faire valoir et non celui qui avait frappé l’œil intérieur, inhabile mais sincère, de l’apprenti. […] Le détail est excellent ; et voici par exemple les pages où il est démontré que l’idée est liée à la forme et que changer la forme c’est modifier l’idée : « Quand on dit d’un morceau : le fond est bon, mais la forme est mauvaise, — cela ne signifie rien. » Voilà de bons principes, quoique l’idée puisse exister comme résidu de sensation, indépendante des mots et surtout d’un choix de mots ; mais les idées toutes nues à l’état de larves errantes n’ont aucun intérêt. […] On a donné tous ces détails pour fixer les idées et pour faire réfléchir. […] Les parallèles se gâtent quand on multiplie les détails et les points de comparaison. […] La franchise de saint Paul accrue par le ton arrogant de ses commentateurs eut du moins cet heureux résultat de faire condamner dans leur ensemble, mais non dans leur détail, les pratiques sexuelles.

1842. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Oui, la nouveauté des sentiments est l’un des éléments dont dépend la valeur d’une œuvre d’art, c’est-à-dire que pour nous intéresser et nous captiver, l’artiste doit nous soumettre une vision des choses, grandes ou petites, autre que ses rivaux ou prédécesseurs ; il faut que, par un détail quelconque, il nous révèle quelque nuance auparavant inaperçue. […] En présence d’un tel pouvoir, comment s’arrêter aux blâmes de ceux qui critiquent l’obscurité ou l’étrangeté de certains détails d’expression ? […] Si je me suis arrêté à ce détail, c’est tout uniment parce qu’il me paraît nettement caractériser l’état d’esprit dans lequel devait se trouver le pauvre Nietzsche lorsqu’il se laissa aller à commettre ses deux brochures antiwagnériennes. […] Mais à cela s’épuise sa force : le reste ne vaut rien… Wagner n’est digne d’admiration, n’est aimable que dans l’invention de ce qu’il y a de plus menu : la conception des détails. […] D’autre part, à un point de vue plus particulier, dans chaque genre on constate d’importantes modifications de détail.

1843. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Je suis bien sûr que tout ce que j’ai vu il y a trois mois reste maintenant au-dessous de l’image transfigurée que j’en ai gardée. » En réalité sa mémoire ne lui fournissait pas seulement cette synthèse spontanée, elle lui gardait intact le monde infini des détails. […] Si l’absence, le lointain, lui servent à résumer et à idéaliser, la mémoire lui maintient présents une infinité de détails entre lesquels il a le choix pour faire vivre ce résumé, animer cette idéalisation. Ce qui donne aux deux livres de Fromentin une valeur hors pair dans notre littérature de voyage, c’est le merveilleux équilibre entre l’œil qui perçoit et qui note le détail pittoresque, et l’esprit qu’on sent toujours prêt à faire entrer ce détail dans un ordre, c’est-à-dire l’équilibre entre une sensibilité fraîche et une intelligence instruite. […] Mais rédiger le Journal, ce n’est pas écrire, puisque ce n’est écrire pour personne, c’est penser la plume à la main, la plume suivant le graphique d’un mouvement intérieur, disposant selon ce mouvement les mots, les phrases, le détail de la langue. […] « La divination psychologique est bien l’un de mes dons, peut-être le plus évident. » Et il y a là quelque vérité, mais il s’agit bien de « divination », d’intuition, de sympathie immédiate avec la vie, plutôt que d’une psychologie de détail et de précision.

1844. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Pendant ce temps, nous recherchions, dans nos notes et nos souvenirs, des détails sur cette mort qu’on oubliait ici et qu’on saluait là-bas. […] Détail curieux : une boulangerie, ouverte depuis peu en face de l’emplacement où naquit, le 14 janvier 1622, Jean-Baptiste Poquelin, porte sur son enseigne ce nom populaire : À Molière. […] J’aime la vie tranquille et la mienne est agitée par une infinité de détails communs et turbulents, sur lesquels je n’avais pas compté dans les commencements, et auxquels il faut absolument que je me donne tout entier malgré moi. […] Bazin, Soleirol, Hillemacher, fournissent sur les acteurs de la troupe de Molière des détails intéressants et bons à retenir. […] Mais, pour nous en tenir à ce qu’on pourrait appeler la troupe fixe de Molière, la troupe du Palais-Royal, nous allons donner rapidement quelques détails sur les comédiens et les comédiennes qui en firent partie.

1845. (1902) Le critique mort jeune

Langlois ont pu censurer quelques méprises historiques, mais qui n’en est pas moins un ouvrage d’érudition agréable à lire, rempli de curieux détails, où les vues originales abondent. […] C’est au détail, à la nuance, qu’il faut, selon l’intention de l’auteur, s’attacher et se plaire. […] Il s’agit d’être recevable dans ses postulats, logique dans leur développement, exact et informé dans les détails, et enfin de concevoir une intrigue symbolique, appropriée et assez émouvante pour attacher le lecteur aux idées essentielles de l’ouvrage. […] Pierre Lasserre, les nomme, les étudie, les décrit dans tout leur détail, telles qu’il les trouve dans les arts, la politique et les mœurs du xixe  siècle. […] Je veux dire que le détail ne manque certes pas dans ces romans ; mais il y est bien à sa place, qu’on n’a pas faite plus grande qu’il ne convient.

1846. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

XVII Le livre des épodes ne diffère des odes que par le titre ; c’est le même génie d’expression, d’images et d’harmonie ; génie tantôt s’élevant jusqu’aux astres, tantôt abaissé avec une grâce incomparable jusqu’aux détails domestiques de la vie champêtre ; en cela égal à Virgile, c’est-à-dire à la perfection. […] « Vous me demandez quelques détails sur ma métairie, aimable Quinctius.

1847. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Enfin comme on y sent, dans les détails domestiques de sa métairie, de ses occupations, de sa pauvreté, de sa déchéance au milieu des meuniers, des chaufourniers et des cabaretiers de son village de Toscane, cette souplesse d’imagination et cette verve de goût, d’amour, de débauche même, qui rappellent le Molière dans le Tacite, l’auteur des comédies dans l’homme d’État ! […] L’historien ne voyait que les détails, Machiavel voit l’ensemble ; Tite-Live n’est que la main, Machiavel est l’intelligence.

1848. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Ce monument, tel qu’il était avec l’ensemble de sa situation, de son piédestal naturel, de ses gradins décorés de statues sans rivales, de ses formes grandioses, de son exécution achevée dans tous ses détails, de sa matière, de sa couleur, lumière pétrifiée ; ce monument écrase, depuis des siècles, l’admiration sans l’assouvir. […] Il fallait s’approcher pour contempler la richesse des matériaux et l’inimitable perfection des ornements et des détails.

1849. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

L’histoire de l’humanité pour eux n’est qu’un plan parcellaire ; Tout n’y est pas ; le vrai Tout reste en dehors ; à quoi bon s’occuper de ce détail, l’homme ? […] « Le livre que le lecteur a sous les yeux en ce moment, c’est d’un bout à l’autre, dans son ensemble et dans ses détails, quelles que soient les intermittences, les exceptions ou les défaillances, la marche du mal au bien, de l’injuste au juste, du faux au vrai, de la nuit au jour, de l’appétit à la conscience, de la pourriture à la vie, de la bestialité au devoir, de l’enfer au ciel, du néant à Dieu.

1850. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Le détail des occupations d’un solitaire tel que moi ne pourrait être que bien monotone pour un homme du monde, qui trouve son bonheur dans l’activité de la vie sociale. […] Et là il raconte sans détails superflus son histoire et celle de sa famille.

1851. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Dans ses détails, il est aussi complet et aussi pathétique. […] Molière, qui ne ressemble à rien dans l’antiquité comique, rend en vers plaisants et merveilleux les plus facétieux détails des caractères humains ; il n’a point d’égal, comme il n’eut point de modèle.

1852. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Lamartine est trop amateur, Vigny trop penseur, Musset trop indifférent : Hugo et Gautier sont les grands ouvriers de ce travail, Hugo surtout, mais Gautier aussi, et Sainte-Beuve à qui son sens critique faisait sentir la valeur de tous les détails de facture dans l’œuvre d’art. […] Il obtient de saisissants effets de contraste par l’irréalité fantastique du sujet général et par la trivialité réaliste de certains détails.

1853. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Ces connaissances, sous leur forme abstraite et philosophique, à cette hauteur où mon œil les aperçoit à peine, pareilles à ces lumières qui brillent dans les espaces infinis et qui ne percent pas l’ombre où nous sommes, de quel usage me sont-elles dans les détails de mes actions ? […] Pour la méthode, qui consiste à proportionner chaque lettre au sujet, à en disposer les parties dans l’ordre le plus naturel, à n’y faire entrer que les détails qui s’y rapportent, à faire valoir chacun par la place qu’il occupe, à approprier, en un mot, l’écrit au lecteur, aucun ouvrage ne surpasse les Provinciales.

1854. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

On voit la difficulté qu’offrent toutes ces questions dans le détail physiologique ; mais ce qui intéresse le psychologue, c’est ce grand principe que la joie est une expansion libre, la peine une lutte qui s’accompagne partout des signes de l’effort, y compris les larmes, par lesquelles les yeux font effort pour se délivrer de ce qui les irrite. […] « Leurs physiques, nous dit-il, leurs gestes différents, tout était caractéristique. » Mais Warner ne donne aucun détail.

1855. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

On peuplait, lors de la publication d’Atala, le Jardin des Plantes de Paris d’animaux sauvages importés d’Égypte et enlevés de la Hollande : ils excitaient la curiosité des Parisiens, qui couraient en foule les contempler, les observer et qui lisaient avec avidité les détails fournis par les journaux sur leurs mœurs, leur attachement aux gardiens. […] Ces détails prosaïques qui déparent mais qui expliquent le poétique et mélancolique René, sont puisés dans l’Essai historique, politique et moral sur les révolutions, etc., écrit à Londres et imprimé en 1797.

1856. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

On pourrait citer un nombre considérable de faits de détail très remarquables concernant les habitants d’îles très éloignées. […] Les groupes d’espèces qui appartiennent spécialement, soit à une certaine période, soit à de certaines régions, sont souvent caractérisés par des particularités d’organisation peu importantes qui leur sont communes : tels sont, par exemple, des détails extérieurs de forme et de couleur.

1857. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Nous n’entrerons pas dans le détail de ces variétés. […] Une moyenne de justice pourra apparaître dans le résultat d’ensemble, mais non pas dans le détail des cas particuliers.

1858. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Dans son genre et dans le cercle qu’il s’est tracé, il a de bonnes et utiles remarques de détail, et il justifie pleinement, quand il écrit, l’axiome de son temps qu’il professe avec Condillacj : « En s’appliquant à parler avec précision, on s’habitue à penser avec justesse. » Ses conversations étaient d’une tout autre nature et échappaient à cette loi ; bien qu’il y parlât fort net, je ne sais s’il en pensait toujours plus justement.

1859. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Je n’ai point parlé de lui comme savant, comme anatomiste ; ceux qui sont compétents en ces matières lui accordent de l’étendue, des vues comparatives, et une faculté de généralisation qui ne nuisait nullement chez lui à l’examen du détail et à ses travaux particuliers comme observateur.

1860. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Dangeau, pas plus en cette dernière occasion qu’en aucune autre, ne se permet le moindre commentaire : mais ce qu’il y a d’un peu lourd ou de peu svelte jusque dans la force et la grandeur de Louis XIV, paraît bien dans le détail journalier de sa relation.

1861. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

J’insisterai peu sur les mérites de détail de l’édition, le choix des meilleurs textes, des meilleures leçons (car, chez Vauvenargues, les mêmes pensées souvent sont reproduites plus d’une fois et dans des termes presque identiques) ; j’en viendrai d’abord à ce qui fait l’intérêt réel de la publication de M. 

1862. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

« La vérité avec lui se continue, même dans le merveilleux. » Il a de ces menus détails qui rendent tout d’un coup vraisemblable une chose impossible.

1863. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Et ainsi, lorsque la prédication de Jésus commençait, lorsque après l’avoir vu, au retour du désert et de sa tentation triomphante, quitter de nouveau sa mère, Marie triste et résignée, on le suivait le long de la mer de Galilée allant recruter des pêcheurs pour disciples ; lorsque dans des scènes très plates et d’un langage délayé, mais assez naïves, on assistait à ces conversations, puis à ces conversions de pêcheurs, de gens de métier, chacun ayant sa physionomie et gardant assez bien son caractère ; lorsque le cortège des Douze se complétait ainsi à vue d’œil, avec sa variété, — parmi eux un seul noble, Barthélemy « en habit de prince », les autres dans leurs habits mécaniques ou de travail, saint Thomas en habit de charpentier, ayant jeté seulement ses outils, et Matthieu le publicain, à son tour, assis d’abord devant sa table, avec ses sacs d’argent rangés dessus, et cependant offrant dans sa maison un repas à Jésus qui l’accepte, — il y avait certainement, à cette suite de scènes familières, un intérêt que l’on conçoit encore très-bien aujourd’hui, et qui consistait dans l’extrême détail, dans le naturel minutieux du développement, dans l’imitation et la copie de la vie.

1864. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Foucault, qui nous marque toutes ces particularités dans son Journal, n’oublie pas d’y mentionner les moindres détails et des chiffres de menues dépenses.

1865. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

. — Les détails, d’ailleurs, qu’il nous donne sur la réception de la députation polonaise par l’Empereur le 24 janvier 1808, sont piquants et d’une familiarité d’expression à laquelle je renvoie.

1866. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Mais pour être plus à l’aise dans notre comparaison avec la protestante zélée moins classique, moins pure de lignes, plus imprévue, plus saine aussi d’âme et de corps et plus vivace, nous avons à examiner avec quelque détail les récents écrits de Mme de Gasparin, et c’est ce que nous ferons.

1867. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Ils ne se rencontreront qu’à peine avec lui sur des détails et des incidents de la route ; ils ne lui font pas concurrence.

1868. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

La nature étudiée, attaquée par tous les points, poursuivie dans ses détails, embrassée dans ses ensembles, décrite, dépeinte, admirée, connue ; — ce qui reste de barbarie cerné de toutes parts ; — les antiques civilisations rendues de jour en jour plus intelligibles, plus accessibles ; — le contact des religions considérables amenant l’estime, l’explication et jusqu’à un certain point la justification du passé, et tendant à amortir, à neutraliser dorénavant les fanatismes ; — une tolérance vraie, non plus la tolérance qui supporte en méprisant et qui se contente de ne plus condamner au feu, mais celle qui se rend compte véritablement, qui ménage et qui respecte ; — au dedans, au sein de notre civilisation européenne et française, un adoucissement sensible dans les rapports des classes entre elles, un désarmement des méfiances et des colères ; un souci, une entente croissante des questions économiques et des intérêts, ou, ce qui revient au même, des droits de chacun ; le prolétaire en voie de s’affranchir par degrés et sans trop de secousse, la femme trouvant d’éloquents avocats pour sa faiblesse comme pour sa capacité et ses mérites divers ; les sentiments affectueux, généreux, se réfléchissant et se traduisant dans des essais d’art populaire ou dans des chants d’une musique universelle : — tous ces grands et bons résultats en partie obtenus, en partie entrevus, les transportent ; ils croient pouvoir tirer de cet ordre actuel ou prochain, de cette conquête pacifique future, un idéal qui, pour ne pas ressembler à l’ancien, n’en sera ni moins inspirant, ni moins fécond.

1869. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Trois ou quatre jours auparavant, le maréchal de Belle-Isle, ministre de la guerre, ayant reçu un courrier du comte de Clermont, qui n’apportait que des détails sur la position de l’armée, jugea pourtant devoir en rendre compte immédiatement au roi ; il le trouva dans la cour du château, déjà en carrosse, prêt à partir pour le pavillon de Saint-Hubert, et il n’hésita pas à faire arrêter le carrosse pour donner les lettres à lire : « Cela dura un demi-quart d’heure, nous dit M. de Luynes, et fit un spectacle, car il n’est pas ordinaire de voir un secrétaire d’État, ni qui que ce soit, faire arrêter les carrosses du roi, et c’est peut-être la première fois que cela est arrivé, au moins depuis longtemps. » Une victoire, en effet, eût été un grand soulagement après une aussi triste campagne, et, sans réparer les fautes, elle les eût couvertes ; l’honneur du comte de Clermont eût été sauvé.

1870. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

En revanche, j’ai sous les yeux une suite de réflexions et de retours de Sénancour sur lui-même, qui, tout en laissant à désirer pour la précision du détail, ne sont autre chose qu’une autobiographie morale.

1871. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Mais en même temps l’auteur, sur quelques détails de forme, affectait de se séparer : par exemple, il appelait roman ce volume qui n’était qu’un recueil de pièces détachées ; il intitulait dix vers alexandrins chanson.

1872. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Dans le détail de la comparaison, toutefois, je regrette de trouver un peu trop de manière moderne, un peu de mignardise, un caillou qui le ride, et ce mot frôler, par exemple, que j’aimerais mieux dans quelque ballade à un sylphe lutin, que dans cette largeur de ton homérique.

1873. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Une versification familière et charmante, tout à fait digne de Gresset, amène, en se jouant, de spirituels détails dans un ton de malice adoucie.

1874. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Mme de Staal avait glissé sur cet affreux détail ; mais elle l’avait trouvé aimable jusque dans les dernières années, et, malgré les erreurs de l’intervalle, elle n’avait pas cessé de rester soumise à l’ancien prestige.

1875. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Une sorte de ridicule s’est attaché à ce qu’on appelle des sentiments romanesques, et ces pauvres esprits, qui mettent tant d’importance à tous les détails de leur amour propre, ou de leurs intérêts, se sont établis comme d’une raison supérieure à ceux dont le caractère a transporté dans un autre l’égoïsme, que la société considère assez dans l’homme qui s’occupe exclusivement de lui-même.

1876. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Quel exemple de cet esprit impliable, dans chaque détail comme dans l’ensemble, le parti populaire aussi n’a-t-il pas donné ?

1877. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Je trouve ce détail dans Pichot (Voyage hist. et pitt. en Angl.), Avant-Propos, I. 1, p. 14, éd.

1878. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Vous ne pouvez rien changer d’essentiel : les détails tout au plus restent à votre disposition.

1879. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

C’est là que Naundorff l’aurait connu et reçu ses confidences, ce qui expliquerait qu’il fut en possession de certaines particularités et détails concernant l’évasion et l’arrestation de Varennes dont il se servait pour s’accréditer dans l’opinion et s’imposer à ses interlocuteurs.

1880. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Veut-on un cas plus restreint, plus aisé à suivre dans le détail ?

1881. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Bien des détails ont été écrits l’imagination, ou du moins sans preuve, quelques-uns même en dépit de preuves opposées, sur cette rupture et sur la manière dont madame de Maintenon figura dans les premiers mouvements auxquels elle donna lieu à la cour.

1882. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Alfred de Musset, et pour apprécier, non plus en détail, mais dans son ensemble et dans ses traits généraux, le caractère de son talent, le rang qu’il tient dans notre poésie, et l’influence qu’il y a exercée.

1883. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Ce n’était pas une beauté, à prendre chaque trait en détail : les yeux, bien qu’expressifs, n’étaient pas très beaux ; son nez aquilin semblait trop prononcé : « Je ne suis pas bien sûr que son nez fût celui de son visage », a dit un témoin spirituel.

1884. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Un de ses conseillers et domestiques, brouillé avec lui, Gui Joly, a donné là-dessus, dans ses Mémoires, des détails honteux, qui peuvent être très vrais quant aux faits matériels, mais qui sont faux en ce qu’ils sont uniquement bas et que Retz ne l’était point.

1885. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Il lui faut des faits pour prouver ses assertions générales, le désir qu’ont les menuisiers de ne travailler que pour le théâtre, une fois qu’ils ont goûté de cette gloriole, pour montrer la séduction que celui-ci exerce sur tout ce qui l’approche ; des faits pour trait final à une analyse de caractère, ou à la notation d’un changement moral ; la mère des Zemganno appelée en justice, ne voulant témoigner qu’en plein air, pour montrer le farouche amour de la bohémienne pour le ciel libre ; pour représenter la modification produite en Chérie par sa puberté, décrire en détail la gaucherie et la timidité subite de ses gestes.

1886. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Sans doute il faut être à la tête des affaires pour juger les événements, pour voir à la fois mille petits détails séparés dont les rapports entre eux méritent plus ou moins d’être appréciés, enfin pour pouvoir embrasser d’un seul coup d’œil l’ensemble, même des choses.

1887. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

L’art pittoresque s’applique davantage aux détails de la vie privée : il a moins d’idéal, puisqu’il n’a pas cette sorte d’immobilité qui indique un être élevé au-dessus des passions humaines ; il est donc plus approprié à toutes les conditions de l’état social.

1888. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Et si votre âme est ainsi affectée, pourrez-vous vous restreindre au détail historique des faits, et à quelques réflexions inanimées ?

1889. (1923) Paul Valéry

Regard sur la totalité, choix du parti, il y a là deux esprits à allier, analogues à l’esprit de finesse et à l’esprit de géométrie : l’un qui se rend compte de la complexité des choses, et qui, s’il était seul, s’abîmerait dans la méditation, le détail, la division infinie de cette complexité ; l’autre qui tranche dans le vif, qui réalise par l’action une simplicité efficace. […] Ces signes, ces rapports, ces algèbres, ce motus animi continui dont les choses ne sont que les arrêts, ils figurent une nature recréée, une nature féconde, qui engendre dans l’esprit du public, du lecteur, du spectateur, quelque chose de nouveau, de non impliqué par le détail des objets inertes. […] « Le réel d’un discours, dit Valéry, c’est après tout cette chanson, et cette couleur d’une voix, que nous traitons à tort comme détails et accidents. » Jusqu’à un certain point ! […] Il devient très clair, non seulement dans son détail, mais dans son dessin d’ensemble, quand on sent les raisons qui ont fait élire ce sujet à Valéry.

1890. (1895) Hommes et livres

Une foule d’autres détails des deux journaux, et principalement de celui de Thomas, achèvent de restituer, devant nous la vieille Université de Montpellier, avec tout le peuple de ses médecins et de ses étudiants. […] L’imagination règne dans le détail de style, et la vision concrète des choses colore les idées particulières ; mais le mouvement général est oratoire. […] Ce n’est pas tout : dans le détail de son exposition, Montchrétien donne volontiers à ses raisonnements une base psychologique et fait reposer en dernier lieu la science économique sur l’expérience du cœur humain. […] Sauf l’administration de la guerre, avec laquelle son séjour dans les armées de Vendôme l’avait familiarisé, il ignore tout le détail et toute la pratique de l’administration d’un royaume. […] Il reprit l’ébauche de Molière et en fit d’après nature un dessin très poussé ; il rechercha tous les détails que le maître avait éliminés de ses larges études, accusant les moindres traits et les plus fines ombres.

1891. (1903) Propos de théâtre. Première série

Une foule de détails curieux, instructifs et « suggestifs » sont contenus dans ce petit livre de format modeste. […] Couat, pour montrer avec plus de détail combien une question d’érudition devient chez lui, en même temps qu’instructive et toute nouvelle, tout en même temps piquante, pittoresque, vivante et comme frétillante sous nos yeux. […] Il y a des détails exquis. […] Il y a, même dans le rôle inepte de Catherine, un assez joli détail. […] Voyez encore avec quel soin Régnier examine et discute les moindres détails et du texte et de la mise en scène congruente au texte.

1892. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Moréas, sauf quelques détails dont mention viendra en son lieu, l’a absolument bien attrapé. […] Moi quand je ne comprends pas la fable, il m’est absolument impossible de m’intéresser aux détails. […] Ce contraste est donc le fond du rôle, loin qu’il en soit un détail embarrassant. […] C’est Lekain lui-même qui se donne la peine de nous l’apprendre et en détail. Le détail est très curieux, et le voici.

1893. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

. — Méthode pour trouver l’intermédiaire explicatif I Laissons aux logiciens le soin de poursuivre dans tous les détails les propriétés du syllogisme et les rapports obligés de ses propositions ou de ses termes ; ce ne sont là que les curiosités de la science ; l’essentiel pour l’esprit est de savoir quels sont les traits propres et l’emplacement exact de l’intermédiaire explicatif, afin de pouvoir le chercher, le trouver et le reconnaître. […] Grâce aux documents conservés et par des procédés exacts de reconstruction méthodique, nous pouvons aujourd’hui supprimer la distance du temps, nous représenter en spécimens plus ou moins nombreux le Français ou l’Anglais du dix-septième siècle ou du moyen âge, l’ancien Romain, et même l’Indou de l’époque bouddhique, nous figurer sa vie privée, publique, industrielle, agricole, politique, religieuse, philosophique, littéraire, bref, faire la psychologie descriptive de son état moral et mental et l’analyse circonstanciée de son milieu physique et social, puis de ces éléments passer à des éléments plus simples encore, démêler les aptitudes et les tendances qui se retrouvent efficaces et prépondérantes dans toutes les démarches de son esprit et de son cœur, noter les conceptions d’ensemble qui déterminent tout le détail de ses idées, marquer les inclinations générales qui déterminent le sens de toutes ses actions, bref, distinguer les forces primordiales qui, présentes et agissantes à chaque moment de la vie de chaque individu, impriment au groupe total, c’est-à-dire à la société et au siècle, les caractères que l’observation lui a reconnus115. […] Si le type se retrouve le même à travers tant d’espèces différentes, c’est que toutes ces espèces, en vertu de l’hérédité, répètent les traits de leur progéniteur commun. — Par l’autre de ces propriétés, l’organe est un instrument utile qui accorde sa structure et sa fonction avec celles des autres, de manière que les espèces différentes puissent subsister dans leurs différents milieux : c’est que, grâce à une sélection continue, le plan commun légué par le progéniteur commun s’est modifié ici dans un sens, là-bas dans un autre, pour accommoder ses détails aux différences et aux changements du milieu.

1894. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Il fallait bien que la Raisin en passât par là ; mais ces huit jours lui donnèrent beaucoup d’argent, avec lequel elle voulut faire un établissement près de l’hôtel de Bourgogne, mais dont le détail et le succès ne regardent plus mon sujet. […] J’aime la vie tranquille, et la mienne est agitée par une infinité de détails communs et turbulents, sur lesquels je n’avais pas compté dans les commencements, et auxquels il faut absolument que je me donne tout entier malgré moi. […] J’ai cru que je devais entrer dans le détail de la mort de Molière, pour désabuser le public de plusieurs histoires que l’on a faites à cette occasion.

1895. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Il est même des infiniment petits, auxquels il sait donner un dramatique tout particulier, par mille détails ingénieux, venant d’une observation en perpétuel éveil : ainsi la lecture du journal par M.  […] Aujourd’hui, elle vient me lire sa notice, et la biographie de Flaubert est vraiment toute charmante dans son intimité, avec les détails de l’influence d’une vieille bonne, du conteur d’histoires Mignot, avec l’intérieur un peu sinistre de l’habitation à l’hôpital de Rouen, avec l’existence à Croisset, avec les soirées dans le pavillon du fond du jardin, se terminant par cette phrase de Flaubert : « C’est le moment de retourner à Bovary !  […] À propos de ces funérailles — un détail curieux donné par la police — dans ces nuits de priapées, sur les pelouses des Champs-Élysées, toutes les Fantines des gros numéros, fonctionnaient, les parties naturelles, entourées d’une écharpe de crêpe noir.

1896. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Je ne puis entrer ici dans les détails nécessaires pour en prouver toute l’importance ; mais si nous parvenons, en un laps de temps assez court, à donner l’élégance du port et la beauté du plumage à nos Coqs Bantam, d’après le type idéal que nous concevons pour cette espèce, je ne vois pas pourquoi les femelles des oiseaux, en choisissant constamment, durant des milliers de générations, les mâles les plus beaux ou ceux dont la voix est la plus mélodieuse, ne pourraient produire un résultat semblable. […] Comme il est impossible d’entrer ici dans les détails, je dois m’en tenir à des considérations toutes générales. […] — Nous examinerons la question d’extinction avec plus de détails dans notre chapitre sur la Géologie ; mais il faut que nous l’abordions ici parce qu’elle est en connexion intime avec la sélection naturelle.

1897. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Je passe de gracieux détails ; elle s’empresse de renouer ses cheveux dès qu’elle voit les déesses, et les accueille avec une aimable raillerie : « Quel dessein, quelle affaire amène ici de si grandes dames ? […] Ainsi parée, et tandis qu’on apprêtait le char, « la jeune fille, est-il dit, tournant çà et là dans le palais, foulait le sol dans l’oubli des maux qui s’ouvrent déjà sous ses pieds en abîmes, et de tous ceux qui vont s’amonceler dans l’avenir. » — Après un détail approfondi de l’herbe magique qu’elle prend pour donner à Jason, et des circonstances où elle l’a autrefois cueillie, le poëte, continuant de s’inspirer d’Homère, poursuit par des comparaisons enchanteresses que Virgile a ensuite imitées de tous deux : « Elle mit, dit-il, l’herbe magique à la ceinture odorante qui serrait son beau sein, et, sortant à la porte, elle monta sur le char rapide.

1898. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

J’entre dans tout ce détail avec vous pour me justifier de n’avoir pas profité dans cette occasion de l’offre obligeante que vous m’aviez faite dans votre lettre. […] » Quelle pénétrante familiarité de détails, de sentiments, d’images domestiques dans cette lettre de Boccace !

1899. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

VI Le treizième livre n’offre rien à l’imagination et à la pensée que ces lieux communs de toutes les annales, ces détails d’administration qui, en temps calmes, servent de transition d’un événement à l’autre. […] Mais ils s’arrêtaient dans les fonds, où ils étaient cachés par la brume et retenus par les ordres de l’Empereur jusqu’au moment opportun pour l’attaque. » Le choc des quatre-vingt-deux escadrons russes et autrichiens et les manœuvres de notre propre cavalerie s’ouvrant devant cette masse et se refermant pour la charger en détail ; les combats corps à corps de chacun de nos bataillons contre les bataillons ennemis ; la détonation de notre artillerie entrouvrant de ses boulets la glace des étangs sur lesquels l’infanterie russe s’est accumulée pour mourir de deux morts ; les deux souverains de Russie et d’Autriche fuyant à la fin du jour du champ de bataille, aux cris de Vive l’Empereur !

1900. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

La scène où Roland perd la raison en trouvant des preuves trop convaincantes de l’infidélité d’Angélique est admirablement inventée, et racontée avec autant de perfection de détails que la scène des amours d’Angélique et de Médor. […] On passe de là, avec une surprise que les mœurs seules du temps expliquent, à un chant rempli tout entier par l’histoire du petit chien qui sème les perles, conte de fées dont les détails égalent Boccace en grâce et le surpassent en poésie.

1901. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Il ne veut pas que dans l’univers, depuis les détails de ménage jusqu’à la direction des empires, une seule volonté s’exerce sans relever de la sienne. […] Traduire en vers ce qui était fait pour rester en prose, exprimer en dix syllabes comme Pope, les jeux de cartes et leurs moindres détails, ou comme les derniers poëmes qui ont paru chez nous, le trictrac, les échecs, la chimie, c’est un tour de passe-passe en fait de paroles, c’est composer avec les mots, comme avec les notes, des sonates sous le nom de poëme.

1902. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Conclusion arbitraire : car il suffit d’admettre que les races furent autrefois un élément de différenciation mesurable pour être obligé d’accorder qu’aujourd’hui elles restent encore un élément de différenciation, difficile à déterminer, il est vrai, et à mesurer dans le détail. […] Avec le développement même de la connaissance, l’invention, l’originalité intellectuelle se font de plus en plus rares : elles partent de plus en plus sur des découvertes de détail, non sur des idées d’ensemble et des conceptions générales.

1903. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

De menus détails, capables sans doute de piquer la curiosité des esprits actifs et de servir de passe-temps à ceux qui n’ont rien de mieux à faire, fort indifférents pour celui qui voit dans la vie une chose sérieuse et se préoccupe avant tout des besoins religieux et moraux de l’homme. […] Certes, il est impossible de demander une science de meilleur aloi, si on ne recherche que l’exactitude et la critique de détail.

1904. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

L’étude qui va être publiée, dans cette revue sur l’œuvre de Bayreuth, donnera des détails sur cette grande institution. […] L’écrit de Wagner est une œuvre de Critique, non de Biographie ; il suppose connue, déjà, par le lecteur, la vie de Beethoven, en ses détails essentiels.

1905. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

On a pris Sébastopol par le ministère des affaires étrangères. » Il y avait à Saint-Pétersbourg, pendant la guerre, un attaché militaire de Prusse, M. de Munster, très aimé en Russie, et qui envoyait au roi Guillaume tous les détails secrets de la campagne, les procès-verbaux des conseils de guerre tenus chez les Impératrices. […] Il est également permis de croire qu’en cette affaire, M. de Manteuffel obéissait un peu à son ressentiment contre le parti russe, qui ne lui pardonnait pas d’avoir empêché le roi de Prusse de prendre fait et cause pour son beau-frère, l’Empereur Nicolas. » Donc le fait avancé par mon frère et moi, dans notre Journal, est parfaitement vrai, sauf quelques petites erreurs de détail, provenant du récit, tel qu’il nous a été fait à cette époque.

1906. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Cette description, savante et précise dans ses moindres détails, semble d’abord n’avoir d’autre but qu’elle-même ; vous la croiriez faite uniquement pour montrer le talent du peintre, qui, certainement, s’y oublie. […] La plupart du temps, aux détails qu’il sème à travers ses récits, il ne demande pas tant d’être expressifs de la réalité que de se répéter souvent dans la réalité.

1907. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Mais, à coup sûr, nous ne pouvons pas ne pas lui être reconnaissants de nous avoir appris à « composer » ; et là, comme on le sait, dans cet équilibre de la composition, dans cette subordination du détail à l’idée de l’ensemble, dans cette juste proportion des parties, là sera l’un des traits éminents et caractéristiques de la littérature française. […]   On voit par ces détails sommaires l’importance de la littérature « allégorique » au Moyen Âge ; — il resterait à rapprocher ces « personnifications » des « Entités » ou des « Quiddités » de la scolastique ; — et les unes et les autres de ce que l’on appellera plus tard « la réduction à l’universel » ; — ou, en d’autres termes, les idées générales. — Que, malheureusement, si les intentions étaient bonnes, le moyen était faux ; — car, à mesure qu’on allégorisait davantage, l’idée n’en devenait pas plus claire ; — et on s’éloignait à mesure du naturel et de la vérité. — C’est ce que voulait dire Pétrarque, dans la lettre citée plus haut, quand il reprochait aux auteurs du Roman de la Rose que leur « Muse dormait » ; — et quand il opposait à leur froideur l’ardeur de passion qui respire dans les vers de « ces chantres divins de l’amour : Virgile, Catulle, Properce et Ovide ».

1908. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Mais la différence qu’il y a entre ces modernes, ceux même qui sont plus exclusivement et plus uniquement fabulistes que La Fontaine, et les anciens trouvères, c’est que ceux-ci se complaisent beaucoup plus aux détails domestiques et familiers, à tout ce qui est du monde et des mœurs des animaux, et qu’ils ne craignent ni de déroger, ni d’ennuyer en y insistant.

1909. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

On est toujours puni par où l’on a péché : cette délicatesse de nuances qu’il portait dans toute son observation, il en payait la façon en détail dans sa propre sensibilité nerveuse et maladive.

1910. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

La difficulté de composer ces notices, lorsqu’on est secrétaire perpétuel pour les sciences mathématiques, est très grande et presque insurmontable, si l’on veut unir toutes les nécessités et les convenances, y compris les convenances oratoires : ou bien l’on néglige et l’on sacrifie en partie l’exposition des travaux de l’homme dont on parle ; ou bien, si l’on entre dans le détail de cet exposé, on devient nécessairement inintelligible pour la foule du public, même instruit et lettré, qui assiste à une séance publique de l’Institut.

1911. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Il touche, il accommode le détail, il y verse un esprit d’onction.

1912. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Grotius, dans la sienne, en analysant les discours du président, est plus exact et plus conforme au détail des affaires.

1913. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Sans l’y suivre en détail, il est impossible de ne pas noter le tour piquant, la manière vive et tout à fait légère dont il se gouverne en ces graves sujets.

1914. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Il décrit dans un curieux détail les mœurs et le gouvernement des petits cantons ; il n’a rien gardé du vague et de la fougue qui dominaient dans ses précédents ouvrages ; la partie positive et commerciale l’occupe ; il ne néglige aucune des circonstances physiques des lieux qu’il parcourt ; il y mêle des considérations morales qui le montrent affranchi des lieux communs de son siècle, ou plutôt devançant l’esprit du siècle prochain.

1915. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

… » L’originalité de Maurice de Guérin n’était pas là ; elle était dans un sentiment de la nature, tel qu’aucun poète ou peintre français ne l’a rendu à ce degré, sentiment non pas tant des détails que de l’ensemble et de l’universalité sacrée, sentiment de l’origine des choses et du principe souverain de la vie.

1916. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Je fais grâce du détail et des devises.

1917. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Je crois qu’on m’excusera de donner ici dans tout son détail cette page aussi agréable que peu connue : Dix-huit ans avant mon séjour à Nyon, j’avais passé quelques mois à Cambridge avec le célèbre poète Gray, presque dans la même intimité qu’avec Matthisson, mais avec cette différence que Gray avait trente ans de plus que moi et Matthisson seize de moins.

1918. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Il a des vers de détail très heureux, très francs, mais sa phrase traîne, s’allonge, se complique prosaïquement ; il ne sait pas assez la couper, l’arrêter à temps, et, après un certain nombre de vers accidentés, irréguliers, redonner le ton plein et marquer la cadence.

1919. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

J’aimerais qu’il nous en parlât davantage et avec détail, sans fausse modestie, et comme l’a fait à sa manière Cicéron.

1920. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Si tout est fixé, jusqu’aux moindres détails, il n’y a plus d’émulation : que l’objet de l’enseignement soit déterminé ; que la forme générale en soit réglée ; qu’il soit dirigé par une réunion d’hommes éclairés, mais que l’instruction publique soit vivante : que l’on cherche à exciter les esprits plutôt qu’à les enchaîner.

1921. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Il est vrai que l’impression croissante et totale, la conclusion irrésistible résultant de la quantité de détails accumulés chemin faisant, est qu’il était impossible que Pierre III régnât, et bien difficile que Catherine, au contraire, ne devint point Impératrice de son chef ; ce qui avait été sa première pensée en mettant le pied en Russie et n’avait cessé d’être son secret désir.

1922. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Mais qu’âgé de cinquante ans environ, devant ces mêmes personnes vivantes, lui qui peut les rencontrer nez à nez à chaque instant, il vienne nous raconter des entretiens plus ou moins intimes, et non agréables pour tout le monde, qui auraient eu lieu à table entre deux ou plusieurs convives ; que, sous prétexte de débiter ses mécomptes, il se donne les airs de supériorité ; qu’il nous exhibe le menu de la carte, additionne les petits verres de curaçao qu’on a bus et qu’il a payés, n’oublie jamais de rappeler qu’il est gentilhomme et propriétaire, qu’il a eu affaire à des confrères besoigneux ; mais tout cela est d’un goût détestable, d’un fonds illibéral et presque vulgaire, que tout l’esprit de malice dans le détail et un vernis extérieur d’élégance ne sauraient racheter !

1923. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Cette clarté jointe à cette naïveté est admirable. » Les obscurités, en effet, qu’on y peut relever ne sont que dans le détail.

1924. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

J’aime assez cette manière ; mais elle demande bien de la suite, de la consistance, une exacte vérité dans le détail ; car un lecteur à qui l’on prétend tout dire et ne rien dérober est exigeant.

1925. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Dulens, qui était alors en Italie et à même d’être des mieux informés, a raconté avec détail l’aventure.

1926. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Je n’entends point parler ici de maint anachronisme ni des inadvertances de détail qu’on a relevés et qui sont échappés à la plume rapide de l’auteur ; je ne parle que de l’ensemble des caractères et de l’action.

1927. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

En classant les notes innombrables que le jeune attaché avait recueillies dès ce temps dans la mine inépuisable des Archives, son digne fils (car on est dans cette famille à la troisième génération diplomatique) me faisait remarquer combien la jeunesse de son père avait été laborieuse, et avec quel soin il s’était appliqué, pour mieux comprendre l’Europe moderne, à étudier jusque dans ses plus minutieux détails et aux sources les plus authentiques l’Europe du xviiie  siècle, celle du cardinal de Fleury, de Marie-Thérèse, de Frédéric le Grand, du duc de Choiseul.

1928. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Pardonnez tout ce détail, monsieur, à un ami qui s’étend volontiers sur tout ce qui regarde un tel ami, dont ces restes vivants lui sont précieux. » Tel est notre tribut particulier d’informations, notre complément scrupuleux, minutieux, mais qui n’est certes pas sans prix sur les cinq derniers mois de la vie de Racine.

1929. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Sainte-Beuve est mort cependant, ignorant la cause de son mal, la soupçonnant peut-être, l’indiquant même par de certaines comparaisons et images réelles, basées sur ses sensations douloureuses, dont la médecine et la chirurgie (qui se croient plus positives) ne tiennent pas assez de compte dans la bouche d’un littérateur, et disant un jour : « Vous verrez qu’on ne saura ce que j’ai que lorsqu’on m’ouvrira… après moi… » — Que si la recherche de la vérité a besoin d’excuse, la catastrophe du 13 octobre dernier pourrait en être une suffisante : mais je renverrai ces délicats, qui me reprocheraient la crudité trop pathologique de ces détails, en tête du premier livre posthume d’un écrivain mort peut-être pour n’avoir pas été assez exa miné à fond, au tome V, page 523 de Port-Royal, où M. 

1930. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Il se peut qu’il existe encore d’autres exceptions peu connues des étrangers ; mais pour dessiner les traits principaux qui caractérisent une littérature, il est absolument nécessaire de mettre de côté quelques détails.

1931. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

L’attention constante sur soi est un détail de jouissances pendant la prospérité, c’est une peine habituelle quand on est retombé dans une situation privée ; enfin, aimer !

1932. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

11° Droit de potage sur les vins vendus en détail à Blet, attribuant au seigneur 9 pintes de vin par tonneau, affermé en 1782 pour 6 ans, moyennant 60 livres par an.

1933. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

Que le lecteur suive la comparaison jusqu’au bout ; elle exprime la chose dans tous ses détails.

1934. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Même la fameuse harangue de D’Aubray vaut par le détail et les morceaux, plutôt que par l’ensemble : le misérable état de Paris, ce pathétique début, qui sonne comme une péroraison cicéronienne, introduit une longue et diffuse relation, aussi peu oratoire que possible, des intrigues de la maison de Lorraine, qui nous ramène à la désolation de la ville.

1935. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Sa mise en scène, à quelques détails près, a le grand mérite d’être expressive, de traduire, donc de renforcer le sentiment, l’idée, la couleur de la pièce.

1936. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Le livre de Murger a enraciné dans toute la classe bourgeoise l’idée tenace que l’artiste est sale, vêtu de feutres mous, de pantalons à carreaux, de cravates à la Colin, qu’il ne paie jamais un fournisseur, qu’il est mal élevé, même s’il est de bonne famille, et qu’en somme c’est un individu taré, d’une tare spéciale, curieuse : celle d’avoir au moins un détail baroque dans sa tenue et un détraquement cérébral partiel.

1937. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Le génie d’invention, la beauté des détails, la grandeur et la bizarrerie des conceptions lui ont mérité, je ne dis pas la première ou la seconde place entre Homère et Milton, Tasse et Virgile, mais une place à part.

1938. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Janin, qui vaut surtout par le bonheur et par les surprises du détail.

1939. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Suivent quelques détails d’hygiène, car le médecin en Rabelais n’oublie rien.

1940. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Pendant ce temps, Marie était allée à un bal masqué au palais d’Holyrood ; elle n’avait quitté le roi son mari que dans la soirée, et quand tout avait été préparé dans le dernier détail.

1941. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

On ne saurait s’étonner qu’il ait mis trente ans de sa vie à ce travail curieux et d’un détail infini, à cette fabrique industrieuse, où la verve ne le soutenait pas.

1942. (1903) Zola pp. 3-31

On a relevé des inadvertances et des étourderies de détail, la pêche des crevettes roses et le nouvel Opéra vu des hauteurs du Trocadéro, à une époque où il n’existait pas.

1943. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

C’est de cet état de fait qu’il déduit le conseil qu’il se donne à lui-même : « Sois en harmonie avec toi-même. » Cette maxime en effet, si on ne. la prend pas comme un frein trop fort de nature à paralyser le mouvement nécessaire à la vie, peut être utile à distinguer la limite où le Bovarysme cesse d’être l’expression d’un progrès normal pour dévier vers la pathologie : « Sois en harmonie avec toi-même », cela signifie avec plus de détail : Sache parmi le grand nombre de notions qui sont proposées à l’admiration de ton esprit, sache distinguer celles qui doivent demeurer pour toi de simples objets de connaissance, de celles qui peuvent être des buts pour ton activité.

1944. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Il ne reste donc plus qu’à déterminer par le raisonnement et l’observation quels sont les détails intimes de pensée que présuppose tel ou tel ensemble de signes esthétiques.

1945. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

On a pu voir ainsi qu’elle n’était pas condamnée à rester une branche de la philosophie générale, et que, d’autre part, elle pouvait entrer en contact avec le détail des faits sans dégénérer en pure érudition.

1946. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Ne sortons point de ce qui fait la matière de ce chapitre ; et, après les considérations générales auxquelles nous venons de nous livrer, entrons dans quelques développements et quelques remarques de détail : ne mettons pas trop de soin à faire des applications particulières ; elles se montreront d’elles-mêmes par la suite.

1947. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Voilà ce qui explique pourquoi, dans les livres saints, l’idolâtrie est caractérisée par tous les détails, même les plus repoussants, de la prostitution, et pourquoi le culte du vrai Dieu est caractérisé à son tour par tous les effets et tous les charmes de l’amour.

1948. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Elle lui inspira son second chef-d’œuvre, le Barde, cette ode qu’il a lui-même nommée pindarique, et dont le sujet, la passion, les détails, sont tous empreints de ce goût d’antiquité indigène et de poésie du Nord qui partageait avec la littérature classique ses recherches assidues et sa contemplation rêveuse.

1949. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Ce sont les Étapes de ce voyage que je compte aujourd’hui, non point par le menu des détails — ce qui serait aussi fastidieux pour le lecteur que désagréable pour moi, — mais par les résultats. […] Taine, bien des ouvrages traitant des questions de détail avaient été édités chez nous et à l’étranger. […] Filon pour rédiger ces six cents pages d’analyse concise et serrée, car les détails biographiques ont moins de place dans son livre que l’examen des œuvres, et l’on comprendra aisément la raison de cette manière d’agir dans une histoire de la littérature anglaise et non des écrivains anglais. […] Infligeant à tous les réformés de tous les temps la même injure, elle répète une phrase honteuse de Rohrbacher, les accusant en bloc et en détail de prêcher l’utilité et la justice de l’assassinat, accusation impudente, qui frelate, inconsciemment peut-être, mais pas moins criminellement pour cela, les vraies doctrines morales du protestantisme, les seules qui soient des doctrines dans cette religion qui n’est qu’une morale. […] Prenant son bien où il le trouvait, Louis Roumieux, de l’œuvre de Molière, extrayait une œuvre qui est bien à lui par le fouillé du détail et la primesautière sveltesse de l’ensemble.

1950. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Enfin nous sommes témoins, grâce à ces manuscrits, des ratures, des corrections, des tâtonnements de Victor Hugo jusque dans le détail le plus menu. […] Chuquet a le génie de la précision, du détail exact et significatif, du récit incisif et vivant. […] Ce serait à suivre dans tout le détail. […] Ne chicanons pas sur un si mince détail et disons que le petit livre de M. le comte de Colleville est d’un esprit excellent et d’un ton parfait. […] En toutes choses, Michelet était frappé par un détail… » Écoutez !

1951. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

On sent qu’il aperçoit les objets dans une belle lumière uniforme, avec un détail infini, qu’il veut montrer tout ce détail, qu’il n’a jamais peur de voir son heureux songe s’altérer ou disparaître, qu’il en suit les contours, d’un mouvement régulier, sans jamais se presser ni se ralentir. […] Est-ce qu’il est possible de ne pas croire un homme qui nous peint les choses avec un détail si juste et des couleurs si vives ? […] Si fantastique que soit son monde, ce monde n’est point factice ; s’il n’est pas, il pourrait être ; même il devrait être ; c’est la faute des choses si elles ne s’arrangent pas de manière à l’effectuer ; pris en lui-même, il a cette harmonie intérieure par laquelle vit une chose réelle, même une harmonie plus haute, puisque, à la différence des choses réelles, il est tout entier jusque dans le moindre détail construit en vue de la beauté. […] Dans ce cadre fourni par le moyen âge, il entasse tout, en homme de la Renaissance, la peinture littéraire des passions et la description médicale de l’aliénation mentale, les détails d’hôpital avec la satire des sottises humaines, les documents physiologiques à côté des confidences personnelles, les recettes d’apothicaire avec les conseils moraux, les remarques sur l’amour avec l’histoire des évacuations. […] Il a réfléchi longuement, il a imprimé en lui-même toutes les portions et toutes les liaisons de son sujet ; il le possède, et à ce moment, au lieu d’étaler cette conception si pleine en une file de raisonnements gradués, il l’enferme sous une comparaison si expressive, si exacte, si transparente, qu’à travers la figure on aperçoit tous les détails de l’idée, comme une liqueur dans un vase de beau cristal.

1952. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Remarquez en outre combien l’habile et infâme diplomatie de Tartuffe rappelle, en ses cruels détails, l’habileté impitoyable, le crime absolu, le crime politique ! […] À voir Le Malade imaginaire, en songeant à la catastrophe finale, on est forcé de convenir, en soi-même, qu’en dépit de cette bonne humeur si gaie et si charmante que Molière a jetée, à pleines mains, dans cette comédie en trois actes, il n’y a pas, dans tout le drame moderne (et Dieu sait que nos illustres ne se sont guère tenus dans les limites naturelles), un drame qui soit plus complètement triste, dans le fond et dans les détails. […] Ce n’était pas ainsi que l’entendaient les maîtres de l’art. ; ce n’était pas ainsi que l’entendait Talma : au contraire, celui-là s’occupait de chacun et de tous ; avant que de se hasarder dans le labyrinthe sanglant des passions héroïques, il voulait tout reconnaître, de fond en comble, jusqu’au fidèle Arbate, jusqu’au chef muet de sa garde prétorienne ; pas un détail n’échappait à ce regard tout-puissant, et c’était son habitude, avant que de commencer une tragédie, de s’écrier : — Allons ! […] » Savez-vous rien de plus charmant que ces petits détails de Sganarelle, se forgeant une félicité ? […] En un mot, ce troisième acte est un chef-d’œuvre auquel je ne crois pas que pour la grâce, pour l’esprit, pour l’infinie variété des détails, on puisse jamais rien comparer.

1953. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Dis-moi ce que tu fais, raconte-moi les moindres détails de votre existence à Gavronzy. […] Les détails de Faust peuvent plaire d’une certaine façon et grâce à la musique, mais le sujet est dégoûtant. […] Puisque vous m’en suppliez je veux bien vous donner les navrants détails de la visite de M… et les suites qu’elles ont eu pour Elle. […] Comme il est possible que ce moment-là ait une influence sur ma vie, je vais vous en donner le détail. […] Vous adorez les vérités de la nature et vous y trouvez une poésie vraiment grande, tout en nous remuant par des détails de sentiments si profondément humains que nous nous y reconnaissons et vous aimons d’un amour égoïste.

1954. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Le Moniteur de l’Armée, auquel j’emprunte ces détails, nous a donné, par la plume de M.  […] Il nous donnait par là tout loisir de l’observer, et souvent un peu plus qu’on ne l’aurait désiré ; j’ai retenu plus d’un trait qui achèverait de le peindre, en amenant sur les lèvres le sourire ; mais un sentiment supérieur l’emporte sur cette vérité de détail qui ne s’adresse qu’à des défauts ou des faiblesses désormais évanouies, et, puisque nous avons été reportés par ce dernier recueil aux sommets mêmes de son esprit, aux meilleures et aux plus durables parties de son talent, je m’en tiendrai, en finissant, à la réflexion la plus naturelle qui s’offre à son sujet et qui devient aussi la plus juste et la plus digne des conclusions.

1955. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

. — Sous une telle « institutrice », il est clair que le maintien, le geste, le langage, toute action ou omission de la vie mondaine devient, comme un tableau ou un poème, une œuvre d’art véritable, c’est-à-dire infinie en délicatesses, à la fois aisée et savante, si harmonieuse dans tous ses détails que la perfection y cache la difficulté. […] Tous les soirs, dans chaque salon, on servait des bonbons de cette espèce, deux ou trois avec la goutte d’acide, tous les autres non moins exquis, mais n’ayant que de la douceur et du parfum. — Tel est l’art du monde, art ingénieux et charmant qui pénètre dans tous les détails de la parole et de l’action pour les transformer en grâces, qui impose à l’homme, non la servilité et le mensonge, mais le respect et le souci des autres, et qui en échange extrait pour lui de la société humaine tout le plaisir qu’elle peut donner.

1956. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Ce costume, dans lequel elle resta pour jamais dans sa mémoire, ainsi que tous les traits de son visage et tous les détails de sa figure, recomposent çà et là le portrait de cette personne dans les odes et dans les sonnets de son poète. […] Sans doute les œuvres latines de Pétrarque, ses confidences écrites et ses lettres familières auraient révélé bien des circonstances de cet amour et bien des détails sur ces deux familles de Noves et de Sades ; mais Pétrarque raconte lui-même qu’il a détruit toutes ces traces de sa passion avant sa mort.

1957. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Moi-même j’ai essayé vingt fois dans ma vie, à tête reposée, de décrire sur une page en vers ou en prose cette indescriptible figure avec tous les détails des traits, des yeux, de la bouche, des cheveux, de l’attitude, sans avoir jamais pu y réussir. […] La belle veuve et sa fille s’occupaient dans leur intérieur de quelques détails de ménage avec l’intendant, le majordome et les fermiers de la terre ; le chanoine disait sa messe ou lisait son office à l’ombre des longues allées de charmille du parterre ; le professeur annotait pour la centième fois son Arioste dans la bibliothèque, pavée de manuscrits.

1958. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Mais c’est là que mène tout ce détail sur les exercices de classe où il s’étend en homme du métier, sans en demander pardon, comme Quintilien, aux gens frivoles, sans soupçonner que ce soient de petites choses, ni qu’il puisse s’abaisser en en parlant. […] Comparé aux maîtres modernes, il est loin d’être aussi pénétrant que Fénelon et d’un détail aussi fin.

1959. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Cependant les écrits de Rousseau sont pleins de vérités de détail, finement ou fortement exprimées, sur la nature humaine. […] A côté des fausses vues, des illusions, des subtilités de l’esprit d’utopie, il y a mille vérités de détail qui leur donnent des démentis ; à côté du moraliste arbitraire, qui façonne le cœur humain pour sa philosophie, et qui fait l’élève pour le maître, il y a le moraliste selon la morale universelle, qui glisse, comme en cachette de l’autre, quelques grains du plus pur froment dans l’ivraie de cette fausse philosophie.

1960. (1909) De la poésie scientifique

Il n’est pas possible d’entrer au détail de cette Œuvre : œuvre-une et composée harmoniquement dont toutes les parties, tous les livres et tous les poèmes se commandent  Elle se compose de douze à quinze volumes venant en leur ordre préconçu, dont un tiers environ est maintenant paru : toute la première partie (dont une Édition nouvelle, revue et mise au plan exact d’expression vient d’être publiée)31, et les deux premiers livres de la seconde partie. […] Le détail se réfère continuellement à l’ensemble, et tout phénomène naturel ou humain, de rapports en rapports, se rattache, d’élargissement en le sens universel, aux diverses séries évolutives.

1961. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

* * * — Quelques détails sur la misère parisienne. […] Lefebvre… Cette sœur donnait de féroces détails sur l’ensevelissement à Paris, où se montrent tous les cynismes et toutes les avarices de la richesse, racontant qu’elle avait vu, de ses yeux, ensevelir un fils de grande famille, dans un vieux costume de pierrot.

1962. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Curieux détails sur les savants Y… et Z…, sur ces Germains qui ne sont pas plus savants que d’autres, mais que la mode du germanisme dans le monde actuel de la science, a poussés à des fortunes ironiques. […] 26 septembre Le restaurateur Magny nous donnait, ce soir, ce curieux détail sur la décadence de la cuisine et du palais français.

1963. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Une pièce amusante, des caractères délicatement étudiés, du fin comique, un habile transport des détails et des aspects de la vie intime sur les planches, et une œuvre ne présentant pas de danger. […] Vendredi 22 juillet Un détail sur le goût littéraire de Gambetta.

1964. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Quelques détails biographiques sur le général Hugo et sur son fils aîné, Abel, diminueront peut-être l’admiration des hugolâtres pour le génie machiavélique de leur héros ; mais permettront au psychologue de s’expliquer comment tant de diplomatie pouvait se loger dans un si jeune cerveau. […] Ces détails biographiques, que par une modestie déplacée, Victor Hugo supprima dans l’autobiographie, qu’il dicta à sa femme, ont été rétablis dans l’étude si érudite et si spirituellement écrite de M. 

1965. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Il y a des détails ravissants, tels que cette première rencontre du bandit et de sa maîtresse. […] Comme le poète retrouve dans le détail, la vérité et le pathétique perdu dans l’ensemble !

1966. (1903) La renaissance classique pp. -

Ils peuvent bien saisir le menu détail pittoresque, l’impression du moment, rendre la vibration nerveuse d’une sensibilité hyperesthésiée ; ils peuvent s’élever en ce genre jusqu’au compliqué, jusqu’à l’étrange et jusqu’au rare, pousser le « modernisme » et le « chic » jusqu’à ses dernières limites, mais qu’on ne leur demande pas autre chose ! […] Et suggérant de mystérieuses analogies, mille détails inaperçus d’abord se répondent et se font écho à travers la masse de l’action, de la même façon que les couleurs se rappellent dans le tableau d’un peintre.

1967. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Plus de détails sortiraient de mon cadre et appartiendraient à cette biographie ample et complète que je voudrais provoquer.

1968. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Là même où elle ne s’enflammait pas, il y avait des détails qui la faisaient sourire de pitié : « Il n’est que trop vrai que des femmes se font peindre des veines bleues, afin de faire croire qu’elles ont la peau si fine qu’on distingue leurs veines à travers. » Elle n’avait de consolation que dans sa fille la duchesse de Lorraine, qu’elle avait élevée selon son cœur et mariée un peu à l’allemande.

1969. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Son défaut principal dans cette réponse où il entre tant de bonnes raisons de détail, c’est de pencher tout entière d’un côté, de ne voir que l’Antiquité et rien de plus, de crier sur cette fin de Louis XIV à la décadence des lettres et à l’invasion de l’ignorance parce que la forme du savoir est près de changer, de croire « que c’est l’imitation seule qui a introduit le bon goût parmi nous », et de ne tenir aucun compte du génie naturel qui a mille façons de se produire dans la suite des âges et qui recommence toujours.

1970. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Ainsi, au samedi 1er juillet 1684, après le détail de la journée de Monseigneur, du dîner, de la promenade : « — Le roi tira ce jour-là dans son parc. — Despréaux prit sa place à l’Académie, et lit une fort belle harangue. » Dans un voyage de la Cour, de Chambord à Fontainebleau (octobre 1684), le roi fait en plus d’une étape le trajet de l’une à l’autre résidence : le 12 il couche à Notre-Dame-de-Cléry, le 13 à Pluviers : « Le samedi 14, il arriva à Fontainebleau à sept heures du soir. — On apprit à Chambord la mort du bonhomme Corneille, fameux par ses comédies ; il laisse une place vacante dans l’Académie. » Le bonhomme Corneille ou le grand Corneille, cela revient au même ; Dangeau avait été du jeune monde, et, comme nous dirions, de la jeune école.

1971. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Il y a longtemps que si les hommes écrivaient aussi bien qu’ils parlent, ou que si l’on écrivait pour eux ce qu’ils disent dans les circonstances décisives où ils se trouvent, il y aurait quantité d’écrivains qui n’en seraient que plus mémorables pour ne pas être du métier : mais, parmi ceux qui ont songé à écrire ou à dicter après coup ce qu’ils avaient dit ou ce qu’ils avaient fait, la plupart ont perdu, en se mettant dans cette position et comme dans cette attitude nouvelle, une partie de leurs facultés, de leurs ressources ; s’imaginant que c’était une grande affaire qu’ils entreprenaient, et préoccupés de leur effort, ils ont laissé fuir mille détails qui animent et qui donnent du charme ; ils se sont ressouvenus froidement, ou du moins incomplètement ; on n’a eu que l’ombre de leur action ou de leur verve première.

1972. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Mais, en insistant sur ces détails, je crains aussitôt d’être injuste ; car il faudrait en même temps que je pusse faire remarquer combien il y a d’excellentes choses, et neuves et fines, et subtiles (au meilleur sens, au sens latin du mot), dans ce modeste ouvrage qui rend l’étude du même sujet plus facile à ceux qui viendront après.

1973. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Je sais tout ce qu’avaient d’incomplet, et jusqu’à un certain point de hâtif cet extrait et ce jugement de 1828, et je le livre aux corrections de détail de ceux qui y reviennent armés de toutes pièces et avec une application d’érudit ; mais en ce qui est d’avoir fait un acte de goût, je ne saurais m’en repentir, et l’idée que je me forme de Ronsard est encore la même, c’est-à-dire celle-ci.

1974. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

J’ai emprunté la plupart des détails qu’on vient de lire, et même des idées, à sa notice fort complète.

1975. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Nous ne pourrions qu’être fastidieux en insistant longuement sur les détails de cette triste affaire, si brillamment commencée et si mal finie, et en essayant de chercher le fil de ce labyrinthe dans lequel se voyait plongé sans ressource le duc de Rohan.

1976. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

C’est moi-même qui me suis trouvé chargé par Lamennais du manuscrit des Paroles d’un Croyant pour en procurer la publication, comme on disait autrefois, pour en surveiller l’impression ; je n’ai jamais raconté ces détails qui peuvent avoir leur intérêt, et dont plusieurs personnes existantes sont là encore pour attester, au besoin, l’exactitude.

1977. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Ces femmes d’une éducation si parfaite, d’une culture si élaborée, mais qui ne sont pas Françaises, ont beau avoir tout l’esprit possible ; il y a un moment où elles forcent le ton, et la vendeuse d’herbes du marché aux fleurs leur dirait bien plus sûrement qu’à Théophraste : « Vous n’êtes pas d’ici. » De l’élévation d’ailleurs dans l’ensemble, des vues justes dans le détail, je suis loin de les lui refuser.

1978. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Elle raconte avec bien de l’esprit ses rares et chétives distractions, processions, comédies, et les galanteries de la Semaine-Sainte, et le combat de taureaux qui lui fait horreur « dans sa terrible beauté, » et un autodafé, auquel elle ne peut se résigner à assister, et qu’il faut lire en détail dans la Relation du marquis.

1979. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Je ne chicane pas sur quelques détails.

1980. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Il ne serait pas impossible de tirer de cette simplicité, à laquelle il se soumet sans trace d’effort, un sujet d’éloge : n’est-il pas touchant de voir un homme de génie, au comble de la renommée, célèbre par tant de chefs-d’œuvre, continuer d’écrire avec cette modestie et dans cette uniformité de ton à une sœur, ne l’entretenir que de détails de famille, de sollicitudes paternelles, de soins de nourrice ?

1981. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Et pourtant, il n’y a pas eu d’erreur dans le total, si l’on a trouvé dans le détail bien des mécomptes.

1982. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Montrant un jour à Eckermann deux de ses poésies dont l’intention était très-morale, mais où le détail offrait par places trop de naturel et de vérité, il se proposait bien de les garder en portefeuille, disait-il, de peur de scandaliser : « Si l’intelligence, si une haute culture d’esprit, remarquait-il à ce propos, étaient des biens communs à tous les hommes, le poëte aurait beau jeu ; il pourrait être entièrement vrai et n’éprouverait pas de crainte pour dire les meilleures choses.

1983. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Je ne saurais mieux comparer ces grands et longs mystères qu’à une série de bas-reliefs assez habilement et naïvement sculptés sur bois, représentant chacun une scène, mais une scène détachée, qui ne se lie pas nécessairement avec la précédente ni avec la suivante, et de cette série de compartiments juxtaposés, de scènes à tiroir continuées à bâtons rompus, résulte une œuvre interminable, bigarrée, morcelée, vivement historiée dans le détail, mais à laquelle ne présidait aucune vue d’ensemble.

1984. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Quant à la peinture même des visages, c’est la physionomie qu’il convient de rendre d’un mot et d’un éclair, bien plus que le détail des traits dont l’énumération ne doit pas revenir sans cesse.

1985. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Guéroult plus d’une discussion de détail sur tel ou tel point de doctrine ou d’application, car il n’en est presque aucun sur lequel il n’y eût eu moyen, en y regardant de près, d’élever quelque doute, d’établir quelque réserve ou demi-dissidence ; mais j’ai mieux aimé présenter le côté par où se justifie l’estime et par où l’on se concilie.

1986. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Berryer et Dupin, et contre le système de défense qu’ils avaient adopté dans l’affaire du maréchal Ney, à des invectives tellement violentes, qu’il faut les citer textuellement, parce qu’aucune analyse n’en donnerait une juste idée : « A Dieu ne plaise, disait-il, que nous suivions jamais l’exemple qui nous a été donné dans une affaire récente dont les détails ont longtemps lasse notre patience… Nous avons une plus juste idée des devoirs que nous impose notre ministère, et si jamais ils se trouvaient, en opposition avec nos devoirs et nos sentiments de citoyens, notre choix ne serait pas douteux.

1987. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Quelques questions qui me sont adressées de divers côtés sur ce correspondant et ce malade de Ducis, Deleyre, m’engagent à y revenir un peu et à entrer dans quelques détails plus précis sur une figure des plus intéressantes et l’une de celles qui aident le mieux à comprendre ce monde de Rousseau et des philosophes, sur un personnage qui est lui-même un type parmi les secondaires.

1988. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Il y a, à ce sujet, toute une histoire ou historiette assez amusante et qu’on sait en détail.

1989. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

J’indiquerai ici, ne pouvant discuter le détail, ce qui me semble vrai, plausible, acceptable, dans l’ensemble des vues de M. de Girardin, et ce qui me paraît n’être encore que de la pure algèbre, de la mécanique sociale toute rationnelle.

1990. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

On jouissait alors, à l’École, d’une grande liberté pour l’ordre et le détail des exercices, à tel point qu’avec son extrême facilité M. 

1991. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Hippocrate l’avait pressenti, dès l’antiquité, dans son traité des Airs, des Eaux et des Lieux ; aux Anciens la vue et le pressentiment dans sa largeur : aux Modernes le détail, l’exactitude et la preuve.

1992. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Et, par exemple, si je veux définir la manière de tel historien moderne qui, à force de dramatiser l’histoire, l’a énervée ; qui, en peignant les hommes de la Révolution, les a décrits dans un détail minutieux et impossible, comme Balzac fait pour ses héros de roman ; si, parlant de cet historien, je dis : « L… (Lamartine), dans son Histoire de la Révolution et dans les scènes qu’il y retrace, ne se contente pas d’exciter les sentiments de pitié ou d’indignation, il ébranle les nerfs ; il ne se contente pas d’émouvoir, il veut émotionner » ; — eh bien !

1993. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Et puis, seulement en se taisant, Rome imposait à ces démocrates catholiques plus d’une discordance évidente : ainsi, pour prendre un point de détail, en fait d’insurrection, dans l’Avenir, on défendait les Polonais, on inculpait les Bolonais.

1994. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Malot a traité avec une minutieuse exactitude beaucoup des détails accessoires de sa mise en scène.

1995. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

L’instruction vaut quelquefois beaucoup mieux que l’érudition ; car, dans la nuit de l’antiquité, l’on peut se perdre dans des faits de détails qui empêcheront de saisir la vérité de l’ensemble.

1996. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

La Bruyère, par ses Caractères, développa chez les lecteurs la curiosité du détail extérieur, des signes par lesquels l’homme intime se révèle.

1997. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

De 1874 à 1875, il rédige, seul, La Dernière Mode, gazette du monde et de la famille où « étaient promulgués les lois et vrais principes de la vie toute esthétique avec l’entente des moindres détails : toilettes, bijoux, mobilier et jusqu’aux spectacles et menus de dîner ».

1998. (1890) L’avenir de la science « XVI »

L’humanité ne sera savante que quand la science aura tout exploré jusqu’au dernier détail et reconstruit l’être vivant après l’avoir disséqué.

1999. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Oui de nous a jamais assisté à la lecture d’un poète comique ou satirique, sans être instruit, dans le plus grand détail, des allusions que l’auteur avait eu l’intention de faire, et de ses motifs ?

2000. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Quand il s’agit de faits, il est un peu plus à son aise, il montre quelques qualités d’observateur et il lui arrive même d’organiser en récit lisible les petits détails patiemment rassemblés.

2001. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Pariset a fait les éloges de Corvisart et de Pinel, et, sauf les défauts de détail que j’ai indiqués, il y a réussi avec distinction.

2002. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Ces ouvrages, remarquables par un intérêt facile, de fines observations et des portraits de société, un style coulant et clair, et de justes prescriptions de détail, sont tous plus ou moins gâtés par du romanesque, de la sensiblerie factice, de l’appareil théâtral ; et, sous leur première forme, ils ont fait leur temps.

2003. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

On a une lettre de Louis XIV datée du jour même, et dans laquelle il rend compte des moindres détails de l’exécution à la reine mère : J’ai discouru ensuite sur cet accident, dit-il, avec ces Messieurs qui sont ici avec moi ; je leur ai dit franchement qu’il y avait quatre mois que j’avais formé mon projet ; qu’il n’y avait que vous seule qui en eussiez connaissance, et que je ne l’avais communiqué au sieur Le Tellier que depuis deux jours, pour faire expédier les ordres.

2004. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

C’est ainsi qu’il disait : « Interrogeons l’histoire, elle est la physique expérimentale de la législation. » Et dans un autre discours ou exposé de motifs, parlant de Montesquieu : « Il nous apprit, dit-il, à ne jamais séparer les détails de l’ensemble, à étudier les lois dans l’histoire, qui est comme la physique expérimentale de la science législative. » Et ailleurs encore, pour exprimer qu’il faut étudier les opérations de l’esprit dans les langues : « La parole est la physique expérimentale de l’esprit. » Je ne fais qu’indiquer ce procédé très sensible chez lui, et qui nous frapperait moins peut-être, si, comme les critiques anciens, nous avions pénétré davantage dans le secret des orateurs.

2005. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

En général, dans tout ce discours, il me semble que Napoléon et M. de Narbonne savent trop bien leurs livres et leurs auteurs ; que M. de Narbonne est bien foncé sur son siècle des Antonins et sur son histoire de l’Empire ; que le Dialogue de Sylla et d’Eucrate est resté bien longtemps ouvert sur la table de l’Empereur, et que Bossuet vient là vers la fin avec un peu trop de détail aussi.

2006. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

En un style incorrect, tantôt emphatique et tantôt trivial, et encore à demi révolutionnaire, point ennuyeux ni fade cependant, il donnait plus d’un détail médiocrement honorable pour lui-même, mais nullement agréable pour l’ancien ami devenu son adversaire.

2007. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Bref, sans entrer dans les détails du récit qui, d’ailleurs, ne manque pas de grâce et de délicatesse, Regnard et la belle Elvire sont délivrés ; le mari qu’on croit mort est plus qu’oublié.

2008. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Il donnait, en causant, l’envie d’appliquer ses idées, mais il ne donnait pas également à ceux qui l’écoutaient (aux Condorcet, par exemple, et aux Chamfort) son tempérament, sa discrétion dans le détail, et sa prudence27.

2009. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Puis, Mme Leroy couchée, il quitte l’Hymalaya de l’esthétique, descend à des sujets plus humains, et nous donne les détails d’une enquête faite par un médecin de ses amis qui, depuis vingt ans, interroge maison par maison les quartiers de la basse prostitution, — enquête qui paraîtra prochainement en un gros et curieux volume.

2010. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

II Ajoutons un détail.

2011. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

« Il ne restait plus qu’à choisir, disait-il, entre des maux inévitables ; la question n’était pas de savoir si l’on pouvait obtenir l’aristocratie ouladémocratie, mais si l’on aurait une société démocratique sans poésie et sans grandeur, mais avec ordre et moralité, ou une société démocratique désordonnée et dépravée, livrée à des fureurs frénétiques ou courbée sous un joug plus lourd que tous ceux qui ont pesé sur les hommes depuis la chute de l’empire romain. » Au reste, M. de Tocqueville, quand il propose et indique les remèdes qui lui paraissent nécessaires, se contente des indications les plus générales et n’entre pas dans les détails particuliers.

2012. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

La connaissance que nous avions d’un caractère est juste sans doute, mais elle est générale ; elle est d’ensemble et par conséquent elle est flottante encore ; ce qui nous ravit, c’est d’avoir retrouvé dans le roman cette même connaissance sous un rayon plus vif qui fait sortir les traits de détail, qui met en relief les particularités significatives et qui nous fait dire : « Comme c’est vrai !

2013. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Seulement, tout ce petit détail de curiosité épuisé, tout cet inventaire d’après décès terminé, Philarète Chasles est entré tranquillement et sans effraction dans l’histoire littéraire du xixe  siècle, de tous les cimetières le plus silencieux et le plus abandonné !

2014. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Il la possédait dans les plus petits détails, comme un pianiste son morceau de concert.

2015. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

On ne vit, on ne fit semblant de voir dans le Rapport de Camille Jordan que la requête, qu’il appuya avec détail et une sorte de complaisance où se mêlait du pathétique, en faveur du rétablissement des cloches. […] Et en général, même quand il s’agit des meilleurs écrits de Camille Jordan, parlons moins de son style que de son langage soutenu, toujours noble, de sa parole même : elle a l’ampleur, l’abondance, le flumen ; elle se présente par de larges surfaces et se déroule d’un plein courant, comme il sied à ce qui tombe et s’épanche du haut d’une tribune : elle n’offre pas la nouveauté, l’imprévu, l’éclat, la finesse, qu’on aime à distinguer chez un écrivain proprement dit, les expressions créées, les alliances heureuses, la fleur du détail et ce qui accidente à chaque pas la route. […] Adieu. » Après quelques détails d’affaires sans intérêt pour nous, la seconde lettre, qui se rapporte au même séjour, continue en ces termes : « Auxerre, ce 20 juin (1806).

2016. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Quelques exemples Madame, sans m’enfler de gloire, Du détail de notre victoire Je puis parler très savamment. […] Certes, si j’avais à entreprendre l’éducation littéraire d’un enfant, je ne lui enseignerais pas d’autre critique théorique et appliquée que celle-là ; mon enfant apprendrait ainsi à faire de bons devoirs ; et si j’avais à écrire dans une revue sur le salon de 1865, je laisserais mes idées générales dans ma bibliothèque entre Hegel et Spinoza, et je ferais une guerre acharnée à tous les détails manqués des statues, des tableaux, des dessins, comme aux fautes de français de mon élève. […] J’aime encore mieux le comparer à un musicien : de même que l’auteur d’un opéra-comique répète sur différents tons avec des instruments divers un motif favori, Molière reproduit ses mélodies en style sérieux, en style bouffon, jusqu’à ce que l’esprit pleinement satisfait les possède tout entières dans leurs plus petits détails.

2017. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

. — Un grand esprit a le défaut suprême de ne voir que l’ensemble et de négliger les détails ; un petit esprit a cette grande qualité d’embrasser une quantité d’objets curieux, utiles, bons à étudier, bons à savoir ; l’esprit enjoué, grâce à sa bonne humeur, fait passer bien des choses d’une rude et cruelle digestion. […] Le détail est digne du sujet ; quand, après cette belle étude d’un chef-d’œuvre très rare, on se retourne vers la comédie que M.  […] Le Roi Louis XIV et sa jeune cour, au milieu des enivrements et des prospérités les plus incroyables de la fortune, s’amusaient volontiers de ces détails de médecine et de pharmacie qui nous sont devenus nauséabonds ; une seringue ne leur faisait guère plus de peur qu’une épée, et les poètes les servaient à leur goût. […] Nous errons toujours dans cette campagne de Sicile, non plus sur le bord de la mer bruyante, mais dans la forêt profonde, car en ce moment Don Juan se cache pour éviter des hommes qui le cherchent ; Sganarelle, sous la robe d’un médecin, s’abandonne à ses lazzis ; sur le devant du théâtre s’élève une tombe. — Si tout ce détail est triste, le dialogue n’a rien de trop réjouissant.

2018. (1891) Esquisses contemporaines

Il pensait beaucoup aux autres, s’intéressait jusque dans les détails à tout ce qui concernait ses amis et leur était extrêmement fidèle. […] Le salut social serait donc, non dans telle amélioration de détail, toujours inefficace, mais dans la suppression de l’égoïsme, dans la bienveillance des rapports réciproques, dans l’oubli de soi-même, dans la charité pratique. […] Aucun détail n’est relevé, depuis le plus exquis jusqu’au plus troublant, — car il en est de fort troublants — qui ne soit la transcription d’un état intérieur, le signe palpable et le vêtement tangible de cette âme obscure, invisible et présente, que les corps incarnent et ne révèlent qu’à demi. […] Une organisation sociale comme la nôtre, écrasant de son poids séculaire toute initiative personnelle et réglant à l’avance les moindres détails de la vie, ne comporte plus guère d’autres drames que ceux de la pensée morale. […] Sa théorie de l’inspiration, fruit d’un postulat logique, ne s’était point encore appliquée aux détails minutieux des textes.

2019. (1890) Nouvelles questions de critique

Dans un siècle comme le nôtre, où la division du travail, indispensable au progrès de la science, a tellement rétréci le champ de la recherche individuelle, nous avons besoin que, de ce souci du détail, où nous risquons de nous perdre, on nous rappelle quelquefois à la préoccupation et au sentiment de l’ensemble. […] S’il n’y avait pas rencontré tant de détails insignifiants sur tant d’illustres inconnus, il eût moins délibérément essayé de les faire revivre. […] Comme Pascal, avec la faculté de concevoir les ensembles, Bossuet avait le goût et le souci du détail. […] Pellissier, quand il vient au détail, et tout en faisant honneur à Chateaubriand de quelques qualités que notre prose possédait peut-être avant lui, ne lui ferait pas tort aussi de quelques-uns de ses défauts. […] Et quelques critiques que nous en ayons faites, qui ne portent aussi bien que sur des points de détail, nous nous flattons que tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des idées, comme tous ceux qui ne sont curieux que du talent, nous remercieront de leur avoir indiqué ce livre et ce nom.

2020. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Joinville nous raconte ses impressions successives et ses émerveillements qui commencent dès le port, et qui nous instruisent d’ailleurs des détails de la navigation à ces époques : Au mois d’août, dit-il, nous entrâmes en nos nefs à la Roche de Marseille, et le jour que nous y entrâmes, on fit ouvrir la porte de la nef et l’on mit dedans tous nos chevaux que nous devions mener outre-mer : et puis referma-t-on la porte, et on la boucha bien ainsi qu’on fait d’un tonneau, parce que quand la nef est en mer, toute la porte est sous l’eau.

2021. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Celle-ci a bien des défauts sans doute ; elle a aussi ses grossièretés, ses restes de détails matériels, ses affectations de sentiment ; on y voit l’échafaudage ; mais l’élévation y est, mais on entre décidément dans un ordre supérieur et habituel de pensées attachantes et de nobles désirsi : laissez-en la première partie, ne prenez que la seconde : un souffle d’immortalité y a passé.

2022. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

C’est en effet l’impression que donne la savante disposition de son discours, cette forme de dialectique morale et de démonstration ferme qui s’avance d’abord sur deux ou trois lignes de front, et qui aime encore à se subdiviser dans le détail par groupes de trois ou quatre arguments.

2023. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Saint-Simon, qui nous a donné tant de détails animés sur cette séance et sur les suites, dit que l’abbé de Caumartin « composa un discours confus et imité au possible du style de M. de Noyon », et qu’il y contrefit le galimatias de celui qu’il voulait railler.

2024. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Lorsqu’il eut fait nommer Amelot, ministre de la Maison du roi, à la place de Malesherbes, il était le premier à dire à qui voulait l’entendre : « On ne dira pas que j’aie pris celui-là pour son esprit. » Un jour Besenval avait à se plaindre du ministre de la guerre, M. de Saint-Germain, qui ne l’avait point porté sur la liste des lieutenants généraux employés, ce qui d’ailleurs lui était assez égal, il a le soin de nous le dire (car c’est bien son genre, sa conclusion finale favorite, de dire de toutes choses : Ça m’est égal) ; il alla trouver M. de Maurepas, et se mit à lui parler en détail du singulier ministre de la guerre qu’il s’était choisi : Je démontrai à M. de Maurepas ses fautes (les fautes de M. de Saint-Germain), sa mauvaise administration, enfin son incapacité.

2025. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

C’est pour n’avoir pas eu présents alors les détails que je donne ici, que je me suis demandé si ce nom de Mirabeau que je rencontrais était bien exact.

2026. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

On tirerait de ces lettres de quoi décrire dans le plus grand détail un idéal d’exil ministériel au xviiie  siècle ; Chanteloup, vu par les yeux de Mme de Choiseul ou par ceux du grand abbé, est un Éden.

2027. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Le journal de Casaubon, dans sa sincérité, offre de singuliers contrastes : à la fin et au commencement de chaque année, le pieux auteur récapitule ce qui s’y est passé, ce qui lui est advenu, et il se répand en bénédictions reconnaissantes et en actions de grâces ; mais si vous prenez le détail des journées l’une après l’autre, vous croiriez que ce ne sont pour lui que chagrins, ennuis, tribulations, petites ou grandes misères.

2028. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Tous ces menus détails de la vie intime, dont l’enchaînement constitue la journée, sont pour moi autant de nuances d’un charme continu qui va se développant d’un bout de journée à l’autre : — le salut du matin qui renouvelle en quelque sorte le plaisir de la première arrivée, car la formule avec laquelle on s’aborde est à peu près la même, et d’ailleurs la séparation de la nuit imite assez bien les séparations plus longues, comme elles étant pleine de dangers et d’incertitude ; — le déjeuner, repas dans lequel on fête immédiatement le bonheur de s’être retrouvés ; — la promenade qui suit, sorte de salut et d’adoration que nous allons rendre à la nature, car à mon avis, après avoir adoré Dieu directement dans la prière du matin, il est bon d’aller plier un genou devant cette puissance mystérieuse qu’il a livrée aux adorations secrètes de quelques hommes ; — notre rentrée et notre clôture dans une chambre toute lambrissée à l’antique, donnant sur la mer, inaccessible au bruit du ménage ; en un mot, vrai sanctuaire de travail ; — le dîner qui s’annonce non par le son de la cloche qui sent trop le collège ou la grande maison, mais par une voix douce qui nous appelle d’en bas ; la gaieté, les vives plaisanteries, les conversations brisées en mille pièces qui flottent sans cesse sur la table durant ce repas : le feu pétillant de branches sèches autour duquel nous pressons nos chaises après ce signe de croix qui porte au ciel nos actions de grâces ; les douces choses qui se disent à la chaleur, du feu qui bruit tandis que nous causons ; — et, s’il fait soleil, la promenade au bord de la mer qui voit venir à elle une mère portant son enfant dans ses bras, le père de cet enfant et un étranger, ces deux-ci un bâton à la main ; les petites lèvres de la petite fille qui parle en même temps que les flots, quelquefois les larmes qu’elle verse, et les cris de la douleur enfantine sur le rivage de la mer ; nos pensées à nous, en voyant la mère et l’enfant qui se sourient ou l’enfant qui pleure et la mère qui lâche de l’apaiser avec la douceur de ses caresses et de sa voix, et l’océan qui va toujours roulant son train de vagues et de bruits ; les branches mortes que nous coupons dans le taillis pour nous allumer au retour un feu vif et prompt ; ce petit travail de bûcheron qui nous rapproche de la nature par un contact immédiat et me rappelle l’ardeur de M. 

2029. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Rousset a, dès l’origine, une théorie du caractère et de la fonction de Louis XIV, qui est celle des opposant et des mécontents, et que je ne crois pas très justifiée, si on y regarde de près : « Louis XIV, nous dit-il, avait, comme Philippe II, le goût des détails ; ses ministres encouragèrent ce goût et le poussèrent même à l’excès ; en trompant par la multiplicité des affaires un appétit de travail qui était réel et sérieux, ils l’assouvissaient d’abord par les petites et tenaient les grandes en réserve ; mais toutes lui étaient présentées.

2030. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Il n’a aucune exactitude de détail, en quoi que ce soit.

2031. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Ce fut Quivada, le majordome, qui fut chargé au départ de mettre les scellés sur les papiers de Van Male ; on entrevoit par plus d’un détail que ces derniers serviteurs de Charles-Quint, restés en petit nombre autour de lui, ne vivaient pas dans un parfait accord, qu’ils se jalousaient les uns les autres ; les Espagnols en voulaient aux Flamands, et Van Male, le favori de l’empereur, leur paraissait trop récompensé, ainsi que le médecin Mathys.

2032. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

On trouvera à la fin du volume, dans l’Appendice, quelques détails plus particuliers sur mes anciens rapports avec l’abbé Lacordaire.

2033. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

L’inventaire, fait huit mois après sa mort, donne sur cette mère de Molière des aperçus, des détails caractéristiques, et la font entrevoir comme une femme digne d’avoir mis au monde un tel fils.

2034. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Je sais qu’il y a, chemin faisant, dans vos notice et préface, d’assez bons jugements de détail.

2035. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

A ceux qui me reprochent de trop m’amuser au détail en de semblables sujets, je ne répondrai qu’en redoublant de soin pour laisser à ceux qui viendront après nous le plus de renseignements précis et le plus d’idées vivantes sur un passé déjà si enfui pour nous-mêmes et si lointain dans le souvenir.

2036. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

» Convient-il d’abuser tout aussitôt contre son esprit charmant de ses infirmités corporelles et de dire : « Il ne peut se lever ; c’est une femme qui l’habille ; on lui enfile trois paires de bas les unes par-dessus les autres, tant ses jambes sont grêles ; puis on lui lace la taille dans un corset de toile roide, afin qu’il puisse se tenir droit, et par-dessus on lui fait endosser un gilet de flanelle… » Ce n’est pas moi qui blâmerai un critique de nous indiquer, même avec détail, la physiologie de son auteur et son degré de bonne ou mauvaise santé, influant certainement sur son moral et sur son talent ; le fait est que Pope n’écrivait point avec ses muscles et ne se servait que de son pur esprit.

2037. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

J’avoue que le frisson d’horreur me reprit plus que jamais à cette idée ; mais comme, en le voyant, on pouvait résumer en une demi-heure beaucoup d’idées dont il faudrait rechercher le détail en cent lettres éparses, et qu’on pouvait s’entendre et se concerter sur toute chose une bonne fois pour toutes, j’ai consenti à une entrevue secrète, j’ai donc vu le monstre ces jours derniers avec une émotion à être malade, mais que son langage a bien vite contre-balancée sur le moment.

2038. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Sans doute, en considérant avec détail les maîtres, on aurait pu trouver plus d’une fois que l’imitateur n’avait pas tout rendu, qu’il était resté au-dessous ou pour la concision ou pour une certaine simplicité qui ne se refait pas ; c’est l’inconvénient de tous ceux qui imitent, et Horace, mis en regard des Grecs, aurait à répondre sur ces points non moins que Chénier ; mais tout à côté on aurait retrouvé chez celui-ci les avantages, là où il ne traduit plus à proprement parler, et où seulement il s’inspire ; on aurait rendu surtout justice en pleine connaissance de cause à cet esprit vivant qui respirait en lui, à ce souffle qu’on a pu dire maternel, à cette fleur de gâteau sacré et de miel dont son style est comme pétri, et dont on suivrait presque à la trace, dont on nommerait par leur nom les diverses saveurs originelles ; car, à de certains endroits aussi, ne l’oublions pas, l’aimable butin nous a été livré avant la fusion complète et l’entier achèvement.

2039. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Nous n’avons en ce moment à parler que de Mme de Sévigné ; il semble qu’on ait tout dit sur elle ; les détails en effet sont à peu près épuisés ; mais nous croyons qu’elle a été jusqu’ici envisagée trop isolément, comme on avait fait longtemps pour La Fontaine, avec lequel elle a tant de ressemblance.

2040. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

On lit des détails assez particuliers sur la vie et les sentiments de Mme de Flahaut à cette époque dans le Mémorial de l’Américain Gouverneur Morris qui arriva à Paris en février 1789 et ne tarda pas à être présenté chez elle (Voir, au tome I de l’édition française, les pages 236, 241, 249, 257, ne pas oublier la page 250).

2041. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

Cela établi, on est en mesure d’expliquer les sensations de bruit, et leurs diversités innombrables ; sans entrer dans le détail de chacune d’elles, l’acoustique montre leur mode général de formation.

2042. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Aux exemples de Sénèque s’est jointe la théorie d’Aristote, incomprise dans ses plus hautes et abstraites parties, et d’autant plus servilement adoptée dans ses plus matériels et sensibles détails.

2043. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

27 Et pourtant, bien que ce soit immense, audacieux, et que les détails y soient d’un caprice abondant, cela ne paraît pas, après tout, si hardi, si touffu, si fou que la cathédrale de Rouen, par exemple, ou celle de Chartres.

2044. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

De même, quand la sèche et sifflante Mme Astier l’attend à la fin pour lui jeter sa haine à la figure et pour lui apprendre que, s’il est arrivé à l’Académie, c’est qu’elle s’en est mêlée (… Et elle précisait les détails de son élection, lui rappelait son fameux mot sur les voilettes de Mme Astier, qui sentaient le tabac, malgré qu’il ne fumât jamais… « un mot, mon cher, qui vous a rendu plus célèbre que tous vos livres »), je cherche quel intérêt peut avoir une personne si fine à désespérer et à chasser d’auprès d’elle un mari qui ne serait rien sans elle, il est vrai, mais sans qui elle serait moins encore.

2045. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Ce n’est point seulement dans le détail que les poètes de cette école cultivent le symbole : ils ont quelquefois jeté dans ce moule une pièce tout entière et de grande étendue.

2046. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Gide reproche à un article d’Octave Mirbeau quelque tout petit détail d’une vérité nuancée insuffisamment, quelque toute petite inexactitude, qui est surtout un moyen de grossissement et d’accélération de la pensée.

2047. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Tu es un rapprocheur de petits détails étonnés.

2048. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Saint-Pierre n’a qu’une ligne de beauté qui tourne et revient indéfiniment sur elle-même, et se perd dans les plus gracieux contours : Chateaubriand emploie toutes les lignes, même les défectueuses, dont il fait servir les brisures à la vérité des détails et à la pompe des ensembles.

2049. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Le génie colonisateur est en présence de son objet ; il le saisit dans son ensemble et dans les moindres détails ; il l’organise.

2050. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Les détails du départ, le premier trot de la Grise, la mère de celle-ci, la Vieille Grise, qui, paissant près de là, reconnaît sa fille au passage, et qui essaie de galoper sur la marge du pré pour la suivre, tout est peint au naturel, avec une observation parfaite et une expression vivante.

2051. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Or, j’ouvre les Mémoires de Chateaubriand à l’endroit de son retour de Palestine, et je cherche vainement un détail, une révélation tendre, fût-elle un peu en désaccord avec l’Itinéraire, enfin de ces choses qui peignent au vrai un homme et un cœur dans ses contradictions, dans ses secrètes faiblesses.

2052. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Je m’informe curieusement de tout le détail de sa vie ; s’il a fait des fautes, je les excuse, parce que je sais qu’il est difficile à la nature de tenir toujours le cœur des hommes au-dessus de leur condition.

2053. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Le marquis d’Argenson, dans ses excellents mémoires, ne dit pas autre chose et le dit avec des détails piquants et nouveaux, à ce point que le chancelier en était quelquefois réduit, dans son indétermination, à appeler à son aide un de ses enfants pour l’aider à prendre un parti.

2054. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Qu’on essaie d’imaginer ce que suppose d’habileté de détail cette réserve savante qui entretient si longuement et sait contenir, sans l’étouffer, le désir !

2055. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Si c’est pour dîner, il est trop tôt ; si c’est pour me voir, il est trop tard. » Puis, se ravisant : — « Entrez, je sais ce que vous cherchez, et n’ai rien de caché… même pour vous. » Et Rousseau alors, s’adressant à sa ménagère, entre à dessein dans mille détails de cuisine et de pot-au-feu ; puis se retournant vers Rulhière : « Vous voilà suffisamment instruit des secrets de ma maison, et je défie toute votre sagacité d’y jamais rien trouver qui puisse servir à la comédie que vous faites. » — Il ne se doutait pas, ajoute Rulhière, qu’il venait de m’en fournir le meilleur trait.

2056. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Je n’ai pas oublié, dans le détail que j’ai pris la liberté d’écrire au roi (à Louis XIV), que je ne mangeais que deux vieux œufs par jour ; j’ai cru que cette circonstance l’exciterait à avoir pitié d’une fidèle sujette qui ne mérite, ce me semble, par aucun endroit un pareil mépris.

2057. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

On avait copié dans le détail jusqu’aux moindres particularités de l’appartement intérieur de Mme de Maintenon à Versailles.

2058. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Ce n’est point dans Léonie de Montbreuse que l’auteur aurait dit, en parlant d’une excuse que fit M. de Maurepas, ministre, à Mme de La Tournelle (Mme de Châteauroux), et que celle-ci repoussa avec dédain : « Cette réponse dédaigneuse fut la base de l’inimitié éclatante qui a toujours régné depuis entre le ministre, sa femme et Mme de La Tournelle. » Mais laissons ces détails, et prenons Mme Sophie Gay dans l’ensemble de son esprit et de sa carrière.

2059. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Les détails où il faut entrer sans cesse, et qui recommencent chaque jour, ne le lassent point ; loin d’être jamais un ennui, ils lui paraissent une source de plaisirs : Consacrons à l’amitié, dit-il, les moments dont les autres devoirs nous permettent de disposer ; moments délicieux qui arrivent si lentement et qui s’écoulent si vite, où tout ce qu’on dit est sincère, et tout ce qu’on promet est durable ; moments où les cœurs à découvert et libres de contrainte savent donner tant d’importance aux plus petites choses, et se confient sans peine des secrets qui resserrent leurs liens ; moments enfin où le silence même prouve que les âmes peuvent être heureuses par la seule présence l’une de l’autre ; car ce silence n’opère ni le dégoût ni l’ennui.

2060. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Il y a dans le détail de l’esprit, de la subtilité dans les discussions qui servent d’épilogue ou de prologue à chaque récit.

2061. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Un joli détail de coquetterie, confié par une femme du premier Empire à une de mes vieilles amies.

2062. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

. — Nous avons étudié la séquence avec quelque détail, mais surtout au point de vue littéraire, dans le Latin mystique, chapitres VII et VIII.

2063. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

À ce détail près, Pyrrhon était sceptique.

2064. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Préface I Il a paru opportun à plusieurs personnes qu’en tête de ces Palais Nomades, qui furent, il y a dix ans, le livre d’origine du vers libre, l’auteur inscrivît à nouveau, sinon avec plus de détails, au moins avec plus d’ensemble, ce qu’il eut à dire sur la formule nouvelle de la poésie française ; et l’auteur admet que cela peut avoir quelque utilité, non seulement (il ne le cèle point) parce qu’il éprouve quelque fierté d’avoir donné le signal et l’orientation de ce mouvement poétique, mais aussi parce qu’il tient à assumer de cette tentative, bonne ou mauvaise, vis-à-vis des adversaires, toute sa part de responsabilité.

2065. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Je ne veux point entrer dans des détails odieux pour les états et pour les particuliers, et je me contenterai de dire que l’esprit philosophique qui rend les hommes si raisonnables, et pour ainsi dire, si consequens, fera bien-tôt d’une grande partie de l’Europe ce qu’en firent autrefois les gots et les vandales, supposé qu’il continuë à faire les mêmes progrès qu’il a faits depuis soixante et dix ans.

2066. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

— Nul conte ouolof, à ma connaissance, ne fait jouer de rôle aux nains et de ce côté nous n’avons aucun détail sur leur aspect physique.

2067. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Sur la conception indigène de la beauté physique, les contes renferment peu de détails.

2068. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

par lequel Aubryet tranche nettement sur les critiques contemporains, qui jugent au détail comme les petits marchands y vendent.

2069. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

versa toujours trop de biographie, trop de détails inutiles et insignifiants, qui n’éclairent ni l’œuvre qu’on juge, ni l’homme qu’on veut pénétrer, en ces articles qui perdaient par là de leur beauté et de leur pureté de critique, et qui n’avaient pas besoin de ces pieds d’argile pour avoir une tête d’or !

2070. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Dans ce cadre peuvent se placer mille variantes de détails, mais toujours, ce qui domine tout, c’est la pensée de la mort.

2071. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

« Un corps unique, et placé au centre du royaume, qui réglemente l’administration publique dans tout le pays ; le même ministre dirigeant presque toutes les affaires intérieures ; dans chaque province, un seul agent qui en conduit tout le détail ; point de corps administratifs secondaires ou des corps qui ne peuvent agir sans qu’on les autorise d’abord à se mouvoir ; des tribunaux exceptionnels qui jugent les affaires où l’administration est intéressée et couvrent tous ses agents.

2072. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Il ne se contente pas de signaler dans l’avenir le prolongement des grandes lignes dont il a saisi la direction ; il arrive aux questions de détail, qui sont l’écueil des raisons les plus hautes, et alors il se trompe. […] Seulement, on peut ajouter qu’il est prudent de les réduire strictement aux points fondamentaux et de ne point s’égarer dans les détails. […] Reste M. de Maistre, sur lequel il importe de donner des détails plus étendus. […] Quelques détails biographiques de la jeunesse de M.  […] Ces affinités mystérieuses, ces secrètes sympathies qui existaient entre l’homme et l’époque, se retrouvent dans tous les détails des poésies de M. de Lamartine.

2073. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Victor Giraud nous a raconté en détail comment, pour payer ses dettes, le chevalier de Chateaubriand plaçait des bas de fil, et même dans son régiment. […] Puis, l’auteur pousse son parallèle dans le détail, et en profite pour déballer en citations ses souvenirs de lecture. […] (Je vous renvoie, pour le détail de cette histoire, à la Vie politique de Chateaubriand, par M.  […] Et ce n’était là qu’un détail, mais très voyant. […] Mais, sur le détail des événements, oui, il peut lui arriver de s’abuser lui-même.

2074. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Le temps me manque pour développer ce qu’on appelle des considérations, et je ne pourrai que vous exprimer en bien peu de mots mon approbation pour votre consciencieux travail et y joindre quelques remarques de détail sur deux ou trois points. […] Janin n’a jamais été qu’un homme de style, doué d’une opulente imagination de détail, d’un mouvement plein de grâce et d’une verve intarissable. […] Nous serons beaucoup plus curieux si vous nous parlez de bourgeois dont les habitudes sont analogues aux nôtres, dont les mœurs nous intéressent jusque dans les moindres détails ; plus curieux encore, si nous parlant de grands hommes, de personnages distingués vous nous initiez à leurs plus secrètes pensées. […] Caractère et talent tout en dehors, visant constamment à l’effet et sachant y préparer l’attention avec un art merveilleux, marchant droit à l’action, sans s’attarder comme Victor Hugo à des ciselures de détails, à des descriptions oiseuses ou à des monologues lyriques, Dumas arrivait à point pour populariser le nouveau système dramatique et pour le mettre, pour ainsi dire, hors de question, en lui donnant définitivement ce que Schlegel avait appelé un caractère national.

2075. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Le maniement le plus habile du langage est impuissant à protéger contre le dédain et l’indifférence les œuvres qui cherchent la pensée dans le choc des mots au lieu de ciseler les mots selon les formes de la pensée ; les œuvres telles que Manon Lescaut, revêtues du sceau de la vérité, jouissent d’une longue popularité parmi les classes lettrées et illettrées, malgré la vulgarité de plusieurs détails, malgré l’incorrection du langage ; et cette popularité n’a rien d’illégitime, car elle repose sur le fondement même de toute poésie, sur l’analyse et la peinture des passions humaines. […] Il est possible en effet que le fond de Manon Lescaut soit vrai, et que Prévost se soit borné à changer les noms, à transposer quelques détails, dans l’unique dessein de dérouter la malignité. […] La poésie, vouée à la pure description, a surtout besoin de synonymes, d’épithètes, il lui faut des phrases touffues, dont le branchage soit impénétrable ; préoccupée de mille détails qu’elle rencontre sur sa route, animée du désir de représenter tout ce qu’elle aperçoit, comment aurait-elle le temps de chercher les lignes principales d’une idée, de les dessiner nettement ? […] Sandeau a su rajeunir le type de Marianna par des détails pleins de fraîcheur. […] Sandeau a su rajeunir par le charme et la nouveauté des détails.

2076. (1922) Gustave Flaubert

C’était lui qui s’occupait de tout le détail pratique, réglait les séjours, conduisait ce garçon indolent et capricieux, nerveux et malade. […] Or, il se dit que cette façon toute subjective, si grandiose parfois, pourrait bien être fausse parce qu’elle est monotone, étroite parce qu’elle est incomplète, et il rechercha aussitôt la variété des tons, la multiplicité des types et des formes, leur différence de détail, leur harmonie d’ensemble. […] D’autres y trouveront quelque vérité de détail et d’observation. […] On y admire un équilibre parfait entre la spontanéité et l’ampleur de la narration d’une part, et la perfection des phrases, la pureté pittoresque du détail d’autre part, entre ce qu’on pourrait appeler le mouvement de translation et le mouvement de rotation d’un livre. […] Dans Hérodias au contraire, une des grandes légendes humaines est ramenée à de l’histoire nue, à du détail archéologique et politique aussi vrai que possible.

2077. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Il écrit à Dennis, qui l’avait loué : « Les belles qualités que vous me prêtez ne sont pas plus à moi que la lumière de la lune ne peut être dite lui appartenir, puisqu’elle ne brille que par la clarté réfléchie de son frère755. » Il écrit à sa cousine, en manière de narration divertissante, ces détails sur une grosse femme avec qui il a voyagé : « Son poids faisait que les chevaux cheminaient très-péniblement ; mais, pour leur donner le temps de souffler, elle nous arrêtait souvent, et alléguait quelque nécessité de la nature, et nous disait que nous sommes tous chair et sang756. » Il paraît qu’alors ces jolies choses égayaient les dames. […] Une sorte de vision possédait l’artiste ; les paysages et les événements se déroulaient dans son esprit comme dans la nature ; il concentrait dans un éclair tous les détails et toutes les forces qui composent un être, et cette image agissait et se développait en lui comme l’objet hors de lui ; il imitait ses personnages, il entendait leurs paroles ; il trouvait plus aisé de les répéter toutes palpitantes que de raconter ou d’expliquer leurs sentiments ; il ne jugeait pas, il voyait ; il était involontairement acteur et mime ; le drame était son œuvre naturelle, parce que les personnages y parlent et que l’auteur n’y parle pas. Voici que cette conception complexe et imitative se décolore et se décompose ; l’homme n’aperçoit plus les choses d’un jet, mais par détails ; il tourne autour d’elles pas à pas, portant sa lampe tour à tour sur toutes leurs parties.

2078. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

» Il donne de tristes détails sur le gaspillage, sur la malhonnêteté générale de l’endroit, signalée par cette phrase qui revient dans sa conversation, comme un refrain : « Vous savez, là-bas, il se gagne une maladie, qui fait voir les choses sous un autre angle qu’en Europe… ça s’appelle la soudanite. » Et la soudanite ferait faire de vilaines et féroces choses. […] Ce volume, je crois, s’appelle Le Capitaine Jack, et c’est l’histoire d’un voleur-enfant, écrite avec un sentiment d’observation moderne, et mille petits détails d’une vie vécue, contés bien certainement à l’auteur, enfin avec toute la documentation rigoureuse et menue d’un roman réaliste de notre temps. […] » Hérédia, que je remercie de l’envoi de la Nonne Alferez, illustrée par Vierge, me donnait quelques détails sur le grand artiste paralysé.

2079. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Lemaître fait, de l’avant-bras, le geste menu de lancer des fléchettes), et que l’on comprendra sans explication, sans détail. […] de milieux et de tournures du moyen âge, et autres détails, ne sauraient constituer une doctrine, l’entité mère d’un art. Et ils ne sont même pas d’accord sur ces détails. […] — Je me souviendrai de ce détail, dis-je en riant. […] Seulement ces jeunes gens semblent oublier un détail, un tout petit détail : les soixante et dix éditions de l’Argent !

2080. (1911) Nos directions

Le malheur fut qu’ils le placèrent dans le détail et non dans la conception. […] Le premier, notons-le, il aura tenté d’infuser le lyrisme à la réalité moderne, au moyen, non d’une généralisation abstraite, mais de la précision et de la saveur des détails, du mouvement et de l’accent des dialogues. […] Il y a, non pas « nœud », mais « déroulement » tragique, sans cet intérêt de détails qu’on trouve dans la fresque rustique de M. de Faramond. […] Le « vrai » prima le « beau » et le détail l’ensemble, et l’illusion l’harmonie. […] Que si je confronte ses trois « copies » et leurs modèles, il faut bien l’avouer, je n’y rencontre aucune beauté analogue, ni dans la conception, ni dans le développement, à peine dans le détail.

2081. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Çà et là sont introduits de vulgaires détails de famille, sans beaucoup d’égard pour les proportions. […] Quant à l’assertion de Dumont d’Urville, qu’au moment de la découverte, la statue tenait d’une main une pomme, et de l’autre un pli de la draperie, le second fait est visiblement erroné, et les détails donnés sur le sujet sont si contradictoires qu’on ne saurait tenir compte des renseignements donnés par le consul français et les officiers de marine français. […] L’ouvrier donne aussi au dessin original une très parfaite richesse de détail, et les fils, avec leur couleur variée et leurs délicats reflets, ajoutent à l’œuvre une nouvelle source de plaisir. […] Néanmoins il y a ici quelques autres poètes qui méritent d’être étudiés, et on apprend avec intérêt des détails sur les poètes qui reposent sous l’ombre du gommier, cueillent les fleurs du roseau, et le buddawong, et la salsepareille, pour celles qu’ils aiment, et errent parmi les bosquets du mont Bawbaw en écoutant les incultes extases du mopoke. […] Son récit est semblable à une vieille et splendide tapisserie toute pleine de personnages imposants et enrichie de détails délicats et charmants.

2082. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

A un endroit, par exemple, il énumère au long les académies d’Italie ; rien de plus intéressant pour les esprits académiques ; on croirait, à la complaisance du détail, que Naudé admire, qu’il se prend ; pas du tout. […] Ainsi, à propos de l’Alcoran, dont les paroles, dit Mascurat (page 345), sont très-belles et bonnes, quoique la doctrine en soit fort mauvaise, Saint-Ange se récrie, et Mascurat répond entre autres choses : « … Joint aussi qu’il est hors le pouvoir d’un homme, tant habile qu’il soit, de connoître quelle est la religion des Turcs, soit pour la foi ou les cérémonies, par la seule lecture de l’Alcoran  ; tout de même, sans comparaison toutefois, qu’un homme qui n’auroit lu que le Nouveau Testament, ne pourroit jamais connoître le détail de la religion catholique, vu qu’elle consiste en diverses règles, cérémonies, établissements, institutions, traditions et autres choses semblables que les papes et les conciles ont établies de temps en temps, et pièces après autres, conformément à la doctrine contenue implicité ou explicité dans ledit livre. » On a le venin.

2083. (1813) Réflexions sur le suicide

Dans sa lettre à sa famille elle s’occupe des plus minutieux détails du ménage afin de montrer de l’insouciance pour l’acte qu’elle va commettre, de l’insouciance, grand Dieu, en disposant de soi sans votre ordre ! […] Il ne vaudrait pas la peine de s’arrêter sur un acte de démence qui peut être excusé par des circonstances personnelles dont nous ignorons jusqu’à un certain point les détails, si cet événement n’avait pas eu des apologistes en Allemagne.

2084. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Ils ont à un haut degré le sens du vrai, non pas de cette vérité large, concrète, réelle, que j’ai admirée dans Shakespeare, mais d’une vérité plus pure, plus générale et plus philosophique, qui supprime dans les représentations de l’art le détail et l’accident, pour dégager et mettre en lumière l’idée essentielle. […] Le développement de la personnalité permet de représenter le côté particulier de l’existence, dans la multiplicité de ses incidents, à la fois quant aux détails particuliers de la vie intime et aux circonstances extérieures au milieu desquelles l’action se déroule.

2085. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Mais à quoi bon s’arrêter à ces critiques de détail ? […] Mais ici admirons Aristote : il vient de montrer toute l’étendue de son sujet ; il en a fixé les détails et les limites ; il en a déterminé la méthode, par la nature même de la science à laquelle il l’attribue.

2086. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Aucun écrivain ne s’est plus continûment exprimé par des métaphores, ni plus colorées, ni développées avec plus de minutie, ni plus exactes dans le dernier détail. […] Theuriet, n’a exprimé avec une sympathie aussi vraie la vie des pauvres foyers, des foyers de tout petits bourgeois, leurs habitudes, leurs soucis, leurs plaisirs, leurs ambitions ; nul ne nous a mieux fait sentir, sous la mesquinerie des détails matériels, qui devient touchante, l’immortelle poésie du coeur.

2087. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Parmi les historiens des choses du théâtre, il y en a qui sont des fanatiques, ceux-là veulent tout voir et tout savoir ; ils courent après l’anecdote, et même ils recherchent la plus intime ; ils s’inquiètent de la couleur d’un manteau, de la façon d’un pourpoint ; ils fréquentent le carrefour, la coulisse et le foyer du théâtre ; ils en savent les passions et les vices, ils en savent l’argot… Nous ne sommes pas de ces fanatiques, et cela nous paraîtrait malséant de descendre à ces détails de nouvelles à la main. […] Elle était habile et droite ; elle jugeait bien de toutes choses, grâce à ce sang-froid qui ne l’a pas quittée ; elle était une vraiment grande artiste et une femme comme il faut, sans exagération, sans excès ; prudente, au contraire, et réservée avec un petit fonds d’orgueil, soit dans les petites, soit dans les grandes aventures de sa vie ; attentive, et ne négligeant aucun détail, elle protégeait et défendait sa gloire avec le même zèle que sa fortune.

2088. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

On accordera, je pense, sans que j’entre dans les détails des preuves, que les caractères sexuels secondaires sont très variables. […] Sans entrer dans de plus longs détails, je puis dire que j’ai recueilli des exemples de Chevaux portant des rayures sur les jambes ou sur les épaules, dans les plus différentes races et en diverses contrées, depuis l’Angleterre jusqu’à la Chine orientale, et de la Norvège septentrionale à l’archipel Malais, vers le sud.

2089. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Quand on prend diverses photographies d’un objet en tournant autour de lui, la variabilité des détails ne fait que traduire l’invariabilité des relations que les détails ont entre eux, c’est-à-dire la permanence de l’objet.

2090. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Deux lettres de Bernis, écrites sur la nouvelle de la défaite de Rossbach, ne sont pas de celles que nous extrairons ; ce n’est pas la défaite, ce sont certains détails de la défaite qui sont à ensevelir.

2091. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

S’il dit les choses avec moins de particularité qu’Horace, il ne les rend pas avec moins de naturel ; car, en admettant que (les derniers vers exceptés) il n’y ait point d’ironie proprement dite dans le courant de l’ode d’Horace, on ne peut s’empêcher de remarquer qu’Alfius, ce soudain amateur des champs, se complaît fort, au milieu de son vœu frugal, à nommer les huîtres et les poissons du lac Lucrin, auxquels il déclare renoncer ; il y parle en détail des mets rares, des gelinottes, faisans ou autres oiseaux recherchés, auxquels il se promet désormais de préférer la mauve et l’olive.

2092. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Raconter en détail les travaux de Roederer à la Constituante, ce serait en grande partie repasser toute l’histoire de cette Assemblée même.

2093. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Il aimait la vérité quand elle lui était favorable, et la révérait quand même elle lui était contraire… Il m’est arrivé souvent de l’entendre parler de l’ambition déréglée de ces écrivains qui se proposaient pour fruit de leurs veilles l’approbation universelle… En le louant ainsi de cette facilité à écouter la critique, Costar se mettait peu en devoir de le suivre : car l’instant d’après il reprenait en détail toutes les objections de Girac, il se faisait fort de les réfuter une à une, et de maintenir Voiture sans tache d’un bout à l’autre et, pour ainsi dire, impeccable.

2094. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Il entre à ce propos dans des détails de santé qui sont en effet très peu militaires, et qui paraissent à celui même qui les écrit trop peu nobles pour ne pas devoir être exacts.

2095. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

On se ruinait en détail ; la frontière s’en allait pièce à pièce ; on périssait également et sans honneur : Puisque la guerre est résolue, disait-il, tâchons de la faire sur de meilleurs principes qu’elle n’a été faite depuis longtemps.

2096. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Il nous reste à les voir avec le détail qu’elles méritent, paraissant aujourd’hui pour la première fois. — Heureux âge de vingt-cinq ans qui permet et sollicite de tels épanchements entre égaux, qui ouvre un infini de perspective dans toutes les carrières, les montre plus simples et plus droites qu’elles ne sauraient jamais l’être à les parcourir en réalité ; qui, des oppositions même et des contrariétés du sort, sait tirer des combinaisons nouvelles, et se fraye en idée, par-delà l’obstacle, de plus belles routes inconnues !

2097. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Il nous explique cela bien doucement quelques années après, à l’occasion de manuscrits considérables qu’il se voit obligé de retenir en portefeuille, « parce que, dit-il ingénument, les libraires qui regardent leur profit s’en sont un peu défiés pour le débit, ne l’ayant eu que fort médiocre pour mes autres ouvrages et même pour ma traduction de Virgile, qui est la plus juste, la plus belle et la plus élégante de toutes celles que j’ai faites, lesquelles néanmoins25 vont fort lentement en comparaison de beaucoup d’autres qui se débitent en foule… » Personne plus que lui ne donne de curieux détails sur son propre discrédit et sur sa baisse de plus en plus profonde.

2098. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

M. de Falloux ignore ces vilains détails, et Ronsard, chez lui, est récompensé d’un bref du pape pour avoir pris un rang honorable dans la mêlée des intelligences.

2099. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Derrière se trouvaient les cuisines, les logements des domestiques et des frères lais, chargés des détails de la maison, de la surveillance des jardins, des terres et des forêts.

2100. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Je dois ces détails précis à l’amitié de M. 

2101. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Vous savez que je n’habite pas toujours Montmorency et que, par conséquent, je ne suis pas à portée des détails très intéressants pour moi que vous avez pu faire sur votre situation présente.

2102. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

N’écrivant point la vie du prélat, je n’ai pas à le suivre dans le détail des dernières années.

2103. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Il publia en 1801 son Tableau de l’Agriculture toscane, dans lequel, à côté des détails précis, techniques et tels que les peut désirer tout lecteur propriétaire rural, se trouvent des peintures véritables inspirées par la beauté des lieux, et qui ne se rencontreront plus jamais ensuite sous sa plume.

2104. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

On y voit Montaigne actif, aux aguets, prêtant l’oreille à tous les bruits, ayant l’œil à tout, et à la garde des portes, et du côté de la mer au mouvement des galères, et à celui des troupes dans la campagne ; informant le maréchal avec détail, avec un surcroît d’exactitude, et surtout pressant le plus possible son retour.

2105. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Ce que Chimène a en elle de femme, d’éternellement femme, d’éternellement cher et sympathique aux jeunes cœurs, s’accuserait mieux encore par contraste, si on la suivait en détail dans cette comparution maussade devant la Chambre du haut syndicat littéraire et devant le Conseil des Prudents.

2106. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Depuis que les preuves du contraire ont abondé et qu’on a eu les papiers du comte de La Marck, ce passage de l’Histoire de la Révolution n’a pas été modifié : l’illustre historien revoit peu ses ouvrages, il aime à les laisser dans leur première improvisation ; il est douteux qu’il ait jamais relu son Histoire de la Révolution, pleine d’inexactitudes pour les détails (c’était inévitable au moment où il l’écrivit), mais qui reste vraie dans les ensembles et par la touche juste et large qu’il a su donner des principaux moments de ce grand drame.

2107. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Blaize, l’éditeur, neveu de La Mennais, a fait précéder cette publication de détails précis concernant la famille.

2108. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Pasquier, son collègue dans ce cabinet, lorsqu’ils paraîtront, le diront assez en détail.

2109. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

 — Enfin j’ajouterai quelques détails précis concernant sa vie de théâtre, sur laquelle elle a glissé.

2110. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Ceux au contraire qui croient qu’une âme est tout un monde, qu’un caractère éminent n’est jamais trop approfondi, ceux qui mêlent à leur jugement sur Mme Roland un culte d’affection et de cœur, trouveront ici mille raisons de plus à leur sympathie et démêleront une foule de détails aussi respectables que charmants.

2111. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Je n’ai pas à entrer ici dans le détail du volume ; je n’ai fait autre chose que le caractériser par tout ceci, en racontant l’homme même : depuis la pointe des cheveux jusqu’au bout des ongles, Bertrand est tout entier dans son Gaspard de la Nuit.

2112. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Mais, en vérité, est-il besoin de faire leur portrait, et ne suffit-il pas des détails qu’on vient de donner sur leur condition ?

2113. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il a écrit des Méditations chrétiennes, très curieuses à étudier pour qui veut voir comment un esprit français, tout raisonnable et pratique, convertit en pensée éloquente te lyrisme passionné des prophètes juifs, comment il glisse par-dessous les grandes images de la Bible tout le détail utile de la vie morale.

2114. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

C’est un livre presque impossible à dominer, et qui invite le critique à se perdre dans le détail à la suite de l’auteur.

2115. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Car l’idée comprend et le choix de la forme d’art adéquate : statue, drame, symphonie, et l’ouvrage lui-même dans l’harmonie de son ensemble et le détail de ses parties.

2116. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Car l’idée comprend et le choix de la forme d’art adéquate : statue, drame, symphonie, et l’ouvrage lui-même dans l’harmonie de son ensemble et le détail de ses parties.

2117. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

On peut en voir le détail dans le livre de M. 

2118. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Pour le détail plus ample de cette théorie de la perception et du raisonnement, voir le chapitre ii ci-après.

2119. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Elle y trouva le petit bossu, qui lui dit en substance qu’une dame de la Cour dont il faisait la miniature lui avait proposé de s’introduire chez Mlle Le Couvreur comme peintre, et de lui donner un philtre qui éloignerait d’elle le comte de Saxe ; que, là-dessus, deux personnes masquées, à qui il avait eu affaire pour le détail de l’exécution, lui avaient déclaré qu’il ne s’agissait pas d’un philtre, mais bien d’un poison ; qu’à cet effet on déposerait, à un certain jour, dans un if des Tuileries, des pastilles empoisonnées ; que l’abbé les irait prendre, et que, s’il les donnait à Mlle Le Couvreur, on lui assurait 600 livres de pension et une somme de 6 000 livres.

2120. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Les effets et les reflets s’en répandent en mille détails d’intérieur tout à fait charmants.

2121. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

C’est aux critiques nés de l’autre côté de la Loire de suivre plus en détail cette étude de la langue de Jasmin et des questions piquantes qui s’y rattachent.

2122. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Ses lettres à Joseph de Maistre, récemment publiées, nous le montrent simple en effet, suivant de tout point ses idées et les pratiquant, très occupé des détails, et revenant souvent d’une manière naturelle, mais cependant marquée, à ses soucis de famille et d’intérêts domestiques.

2123. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Fiévée n’est pas de ces hommes dont il faille, je crois, écrire la vie bien en détail, mais il est de ces écrivains distingués qui méritent qu’on s’occupe de leurs opinions et de leurs livres.

2124. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Par le détail, par ce qu’il y a de plus particulier.

2125. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Les détails de cette arrestation, de ce voyage à Paris, de son évasion au Pont-Royal, ménagée par un ami, faisaient, dans la bouche de M. 

2126. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

On vit qu’après la gloire de faire de grandes choses, il avait de plus conçu l’ambition de les écrire avec détail et avec étendue, et de composer moins encore des mémoires proprement dits qu’un corps d’histoire et d’annales : J’avoue, disait-il en parlant de ce travail de rédaction et de dictée qui, au milieu de tant d’autres soins si impérieux, avait partagé ses veilles, j’avoue qu’encore qu’il y ait plus de contentement à fournir la matière de l’histoire qu’à lui donner la forme, ce ne m’était pas peu de plaisir de représenter ce qui ne s’était fait qu’avec peine.

2127. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Il l’a été d’autant plus dangereusement qu’il y a porté la sincérité de sa manie et un curieux arrangement de détail : il a groupé et construit sur le compte de son ancien ami quantité de minuties et de misères, pour en faire des indignités.

2128. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Il a saisi et rendu ces détails de société avec la curiosité du physicien qui observerait le phénomène de la rosée ou celui de la cristallisation, ou comme le Genevois Huber observait les abeilles ; un Français n’aurait pas eu l’idée de considérer ni de décrire de la sorte les choses de son propre monde.

2129. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Si on a vécu trente ans, avec une conscience assez aiguisée, dans un coin pas trop fermé de la terre, on peut compter n’avoir plus à éprouver de sensations radicalement neuves, mais seulement des nuances inaperçues jusqu’alors, des nouveautés de détail.

2130. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Ces difficultés qu’il fallait expliquer en détail semblent devoir rendre illusoire la partie de l’analyse critique que nous étudions maintenant.

2131. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Enfin il l’a magistralement repris dans Terres vierges, sans un oubli de détail, avec une pénétration psychologique, une maturité d’art, qui mettent ce livre du petit nombre des romans supérieurs du siècle ; l’atrophie éclate avec tous ses symptômes définis ; elle mine peu à peu les conditions premières de la vie et finit par détruire fatalement l’organisme, qu’elle ravage.

2132. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Eh bien, cette thèse, nous n’avons pas à la démontrer ici dans tous ses détails, à légitimer par des faits cette vue qui, selon nous, doit s’appliquer à l’histoire générale de la papauté !

2133. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

II17 Pendant que nous parlions de Henri Heine18 avec le détail que mérite ce charmant génie, — cette rose à mille feuilles de facultés différentes, — qui fut poète, philosophe, historien et critique, encyclopédique comme Voltaire, triste et gai comme Sterne, et sceptique comme le xixe  siècle tout entier, l’éditeur Lévy publiait sous le titre : De tout un peu, un volume de plus qu’il ajoutait aux livres déjà publiés des Œuvres complètes.

2134. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Ernest Hello n’est pas un historien au nombre et au détail.

2135. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

La tête se détachait du cou, une grosse tête blanche et rouge, et roulait avec bruit devant le trou du souffleur, montrant le disque saignant du cou, la vertèbre scindée, et tous les détails d’une viande de boucherie récemment taillée pour l’étalage.

2136. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Vous trouverez ce détail tout au long dans Fénelon.

2137. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Mais, sans anticiper ici sur l’histoire de cette décadence que nous rencontrerons plus tard, essayons de marquer par quelques autres détails ce qui dut inspirer et retenir dans le cercle lyrique la vocation du poëte thébain.

2138. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Tel est bien le cas de Dancourt, qui n’a point de génie, dont le talent est mince, le comique peu profond, la plaisanterie souvent grossière, mais dont le théâtre abonde en détails de mœurs, en bouts de dialogues pris sur le fait, rendus au vif, et je n’ose pas dire en portraits, ce serait trop d’honneur, mais en silhouettes au moins de personnages qui s’habillent et qui parlent, qui marchent ou qui s’agitent, qui sentent et qui pensent à la mode de l’an 1700. […] A. — Que Malherbe, en dépit de ses allures dédaigneuses, n’a pas autant qu’on le dit rompu avec le passé. — Sa conception générale de la poésie est celle de Ronsard ; — et la ressemblance s’étend au détail : — il fait des « pointes » comme Ronsard ; — il use et il abuse, comme Ronsard, de la mythologie [Cf.  […] — Toujours est-il qu’elle en a été la vulgarisatrice, en ajoutant, dans son Artamène, aux aventures du Polexandre, et aux détails historiques de la Cléopâtre : — 1º les allusions et les portraits des hommes et des femmes de la société précieuse [Cf.  […] L’École des femmes, pour la donnée principale, et pour les détails du sujet, comme la scène du maître à chanter, Le Malade imaginaire]. — Que l’on pourrait donc presque dire que, depuis deux cents ans, une comédie est bonne à proportion qu’elle se rapproche de la comédie de Molière ; — et médiocre ou mauvaise, à mesure qu’elle s’en éloigne ; — ou, qu’en d’autres termes, il a constitué, depuis deux cents ans, la « comédie européenne » comme genre. […] [Cf. les Sermons sur la Mort du pécheur et la Mort du juste ou sur l’Enfant prodigue.] — Comparaison à ce propos des procédés de Massillon et des moyens de Bourdaloue. — De l’importance des détails dans les sermons de Massillon. — Affectation de préciosité.

2139. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Salvadori Ruffini, qui doit être, — ou je me trompe fort, — un pseudonyme sournois de Nestor Roqueplan : « Trois rôles, tous trois différents en caractère, en beauté, en détails ; trois passions, sublimes, puissantes, plus élevées l’une que l’autre ; trois femmes d’une physionomie, d’une volonté et de passions diverses ; trois représentations également grandes de génie. […] J’ai dit qu’il y avait des détails et pas d’idées, des astragales et pas une ligne accentuée, des variations et pas de thème, dans la musique de la Cour de Célimène : mon avis est malheureusement partagé par des hommes qui savent les choses dont ils parlent. […] De même que la peinture, la critique a sa perspective, et l’on ne saurait transporter violemment au premier plan ce qui, par la loi de la distance, de la lumière et de l’harmonie, doit seulement se fondre ou s’éparpiller dans l’ensemble et les détails du tableau. […] Après avoir constaté la réussite de madame Plessy dans les Fausses Confidences, lorsque je viens reprendre et entamer un résultat acquis par des réserves sournoises et des critiques de détail, ne trouvez-vous pas que je ressemble à ce paysan qui devait vingt francs à son compère, avouait la dette, mais, dans le compte fait par lui sous les yeux de ce dernier, posait zéro et retenait le tout ?

2140. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Je ne puis que les analyser ; et combien de détails charmants, étranges, émouvants ou irritants je laisserai de côté ! […] Je ne puis décidément descendre dans les détails et dans ce qu’il appelle « le labyrinthe obscur et fangeux de ses confessions ». […] Néanmoins, il lui bat froid à son retour, et madame d’Houdetot aussi : de quoi (détail charmant) Jean-Jacques se plaignit à Saint-Lambert lui-même. […] Il nous le raconte, comme toujours, avec une précision voulue dans le détail rebutant. […] Sur cela seul Rousseau pourrait le condamner, mais il lui plaît d’entrer dans le détail.

2141. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Voilà son grand poëme, the Task. « Comparés à ce livre, dit Southey, les meilleurs poëmes didactiques sont comme des jardins compassés auprès d’un vrai paysage boisé. » Si l’on entre dans le détail, le contraste est plus grand encore. […] Ils peignent avec un détail infini les costumes et les lieux sans y rien changer. […] La plupart de ces détails sont tirés de la Biographie de Burns, par Chambers, en quatre volumes.

2142. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Avec une semblable méthode, cependant, le critique ne se vouera plus à cette sorte de travail qui consiste à éplucher les textes, non sans pédanterie, à s’acharner sur quelque détail, tout en négligeant la pensée harmonieuse, l’ensemble général de l’œuvre dont il veut rendre compte. […] Je pourrais insister sur des critiques de détail, mais cela est si secondaire. […] Il eût fallu en citer les détails, minutieusement charmants, qui demeurent toujours d’une exquise et rare simplicité de contours.

2143. (1925) Dissociations

Tous les détails !  […] Ce n’est pas la première fois que l’on croit faire semblable découverte ; il faut attendre les détails et les discussions, mais on peut dire déjà que théoriquement la nouvelle est fort vraisemblable, les dernières études biologiques de la question ayant suffisamment indiqué que l’homme est un animal très ancien, un des plus anciens parmi les mammifères. […] C’est des histoires de rues dans le détail desquelles je n’entrerai pas.

2144. (1896) Le livre des masques

Si l’on s’en tient au sens étroit et étymologique, presque rien — si l’on passe outre, cela peut vouloir dire : individualisme en littérature, liberté de l’art, abandon des formules enseignées, tendances vers ce qui est nouveau, étrange et même bizarre ; cela peut vouloir dire aussi : idéalisme, dédain de l’anecdote sociale, antinaturalisme, tendance à ne prendre dans la vie que le détail caractéristique, à ne prêter attention qu’à l’acte par lequel un homme se distingue d’un autre homme, à ne vouloir réaliser que des résultats, que l’essentiel ; enfin, pour les poètes, le symbolisme semble lié au vers libre, c’est-à-dire démailloté, et dont le jeune corps peut s’ébattre à l’aise, sorti de l’embarras des langes et des liens. […] Le chapitre IV de la première partie, intitulé Prisons d’Angleterre (les Pontons), renferme les plus curieux détails sur les mœurs des prisonniers sur les amours des corvettes avec les forts-à-bras, — en un lieu, dit l’auteur, où, pourtant, « il n’y avait qu’un sexe ». […] Jules Renard, se risquent à chercher l’image soit dans une vision réformatrice, un détail séparé de l’ensemble devenant la chose même, soit dans une transposition et une exagération des métaphores en usage5 ; enfin, il y a la méthode analogique selon laquelle, sans que nous y coopérions volontairement, se modifie chaque jour la signification des mots usuels.

2145. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

S’il n’y a personne pour faire de la poudre à canon, je sais la fabriquer ; des affûts, je sais les construire ; s’il faut fondre des canons, je les ferai fondre ; les détails de la manœuvre, s’il faut les enseigner, je les enseignerai.

2146. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Le prince de Ligne s’arrête avec complaisance sur cette idée secrète et chère de M. de Meilhan, que celui-ci a manqué sa fortune et sa destinée et qu’il aurait dû être ministre à la place de Necker ou de Calonne : Avec l’air de mépriser tous les détails, les regardant au-dessous de vous, il n’y en avait pas un de votre intendance de Valenciennes qui vous échappât, et vous racontez très plaisamment ce que c’est que de travailler légèrement, quand M. de Calonne écrivait sur le coin de la tablette d’une cheminée sur ce que vous aviez été vingt-quatre heures à penser.

2147. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

En écrivant ce premier détail de famille, il attachait une certaine idée au chiffre de quatre ; il croit avoir eu plusieurs exemples de ce qu’il appelle les rapports quaternaires, qui ont eu de l’importance pour lui et qui ont marqué dans sa vie d’intelligence : il avait ainsi sa théorie particulière et sa religion des nombres.

2148. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Je laisse les détails, qui n’auraient d’intérêt que dans une biographie.

2149. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Il se trompe quelquefois dans ses prévisions et ses pronostics, mais seulement sur des points de détail.

2150. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Ces lettres de Villars au roi sont fort belles et à lire d’un bout à l’autre ; elles lui font plus d’honneur encore par leur simplicité, par l’application de détail et la vigilance dont elles témoignent, que les passages plus piquants et plus vifs insérés dans ses Mémoires.

2151. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Mme de Castellane n’a rien oublié de tout cela ; elle se rappelle parfaitement ma mère et sa belle figure pâle, notre salon vert, et mille détails qui m’ont confondue de la part d’une personne qui a tant vécu dans le grand monde et tant vu de choses.

2152. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Pelleport en est lui-même une preuve lorsqu’au commencement de la retraite de Moscou et de ces fatigues sans nom, supportées par une partie de l’armée avec tant d’héroïsme, il dit tout d’un coup et en y revenant sans qu’on s’y attende : « Je crois, tout amour-propre de côté, que nous avons, en cette circonstance, laissé bien loin de nous les Romains, dont l’Empereur nous parlait tant en Italie et en Égypte. » Pelleport, très occupé du détail et de ce qu’il voit, nous apprend un fait assez singulier, c’est que dans les combats de Chobrakhit, qui précédèrent la bataille des Pyramides, il y eut du tâtonnement et quelque inhabileté pratique à exécuter les commandements du chef : L’armée d’Italie, bien que brave et intelligente, manquait de flexibilité pour les manœuvres ; les officiers inférieurs et supérieurs, les généraux eux-mêmes qui venaient de faire la guerre, avec une grande distinction, avaient négligé l’étude de la petite tactique (manœuvres) ; aussi se trouvèrent-ils embarrassés pour former les carrés tels qu’ils avaient été indiqués par Bonaparte : il fallut prendre successivement les pelotons et bataillons par la main pour les porter sur le terrain qu’ils devaient occuper dans la disposition générale.

2153. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Mme de Genlis, qui avait fort connu la maréchale de Luxembourg, en a parlé avec un détail dont on lui sait gré ; mais elle a montré plus que personne, en voulant fixer par écrit quelques-unes des remarques qu’elle avait recueillies de sa bouche sur les usages du grand monde et en les rédigeant dans une sorte de Dictionnaire de l’Étiquette, que la finesse ne se transmet pas, qu’il y a une pédanterie même dans les choses légères, et qu’on ne professe ni le tact ni la grâce.

2154. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Aussi, je ne saurais être de l’avis que j’ai vu quelque part exprimé par un savant, homme de grand détail (M. 

2155. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Guizot24 nous a initiés aux détails de cette amère zizanie diplomatique : l’ambassadeur, M. de Barante, était indéfiniment absent ; M. 

2156. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

très-belle scène, sauf les détails de mauvais goût dont on a fait son deuil dès longtemps, et qui, de loin, ne semblent plus guère que de piquants effets de couleur locale.

2157. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

La demande solennelle de mariage, faite à Dresde le 7 janvier 1747 par les deux ambassadeurs extraordinaire et ordinaire, le duc de Richelieu et le marquis des Issarts, fut suivie du mariage par procuration le 10, et de fêtes, feux d’artifice, concerts et galas, dont le détail nous est donné dans ce volume.

2158. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

On serait trop tenté vraiment, à voir le détail d’une telle vie, et quel mal infini eut de tout temps à se soutenir et à subsister cette famille d’élite et d’honneur, ce groupe rare d’êtres distingués et charmants, comptant des amitiés et, ce semble, des protections sans nombre, chéris et estimés de tous, on serait tenté de s’en prendre à notre civilisation si vantée, à notre société même, à rougir pour elle ; et surtout si l’on y joint par la pensée le cortège naturel de Mme Valmore, cette quantité prodigieuse de femmes dans la même situation et « ne sachant où poser leur existence », courageuses, intelligentes et sans pain, « toutes ces chères infortunées » qui, par instinct et comme par un avertissement secret, accouraient à elle, qu’elle ne savait comment secourir, et avec qui elle était toujours prête à partager le peu qui ne lui suffisait pas à elle-même !

2159. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

On a beaucoup écrit et discuté depuis sur les circonstances qui ont précédé et amené le désastre de Waterloo : on a peu ajouté à ce que Jomini avait tout d’abord vu, et bien vu, de l’ensemble et des détails de cette rapide campagne.

2160. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

La verve satirique de certains détails de la seconde partie, l’audace philosophique de quelques conceptions surajoutées à l’idée première, contribuèrent à répandre ce poème, et, comme la popularité en fut énorme, disproportionnée, toute la poésie se jeta sur cette nouveauté, qui atteignit même le théâtre en y créant le genre insipide des moralités et soties.

2161. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Dans tous ces chapitres de l’Illustration il y a ampleur, harmonie, élévation, noblesse de style, un ton soutenu ; c’est d’un souffle bien autrement puissant que chez Boileau, ce dernier étant plus occupé du détail et de la perfection, plus attentif à ce qu’on appelle goût.

2162. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Valery, qui en fut le premier éditeur, me transmet quelques détails plus particuliers.

2163. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Les événements de 1815 surtout, et le rôle qu’y prit Mme de Krüdner par son influence sur l’empereur Alexandre, sont présentés sous un jour intéressant, dans un détail positif et neuf, emprunté aux meilleures sources.

2164. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Cette page, écrite dans un de ces moments d’enthousiasme plus poétique qu’historique où l’on s’élève si haut dans l’espace qu’on cesse de voir les sinistres détails d’un événement pour n’en considérer que l’ensemble (et l’homme à faible vue n’a pas le droit de s’élever ainsi jusqu’à ce point où l’on ne distingue plus que les résultats dans un désintéressement soi-disant sublime, mais en réalité coupable, du crime ou de la vertu), cette page, dis-je, est une des deux grandes fautes involontaires que j’aie à me reprocher dans ma carrière d’écrivain.

2165. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Il pense à tout, il pourvoit à tout, il descend au plus petit détail.

2166. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Feuillet ait écrites : toute la première moitié d’un Mariage dans le monde, où sont démêlées très finement et avec un choix très sûr de détails les causes qui doivent finir par éloigner l’un de l’autre une jeune femme pour qui le mariage est un commencement et un homme fatigué pour qui le mariage est une fin ; la plus grande partie de la Veuve, où la série des sophismes et des séductions par où un homme d’honneur peut être amené à violer un serment, est très délicatement graduée ; et encore la seconde partie du roman de la Morte, qui nous fait assister aux lents progrès du malaise et de la désunion entre un mari incroyant et une femme très pieuse qui a entrepris de le ramener à Dieu.

2167. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Effertz énumère en détail les lésions que la rentabilité inflige à la productivité, les unes déterminées par la rentabilité des fabricants (destructions rentables ou dardanariat, polls, trusts, cartels, qui limitent artificiellement la productivité) : les autres déterminées par la rentabilité des ouvriers (sabotage, prohibition ou destruction des machines, etc.

2168. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Il fournit de temps en temps sur la race chevaline ou sur les littérateurs fossiles des détails pleins d’intérêt pour les maquignons ou les centenaires lettrés.

2169. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

France, si telle de ses attitudes est voulue ou instinctive, mais voir si, dans le détail des dispositions quotidiennes, l’on n’est pas au moins aussi coutumier que conscient, et si l’on cesse d’être conscient quand on est coutumier, ou jusqu’où l’habitude remonte dans l’origine des façons d’être et des façons de dire, et ce qu’elle paralyse ; — qu’il le faille, nous le voyons bien.

2170. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

« Oui, Monsieur, s’écrie Voltaire, un soldat peut répondre ainsi dans un corps de garde, mais non pas sur le théâtre, devant les premières personnes d’une nation, qui s’expriment noblement et devant qui il faut s’exprimer de même. » En vertu de ce système, s’agit-il de rendre un détail familier, mais nécessaire ; vite la périphrase académique accourt à la rescousse.

2171. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

) Le 17, madame de Sévigné raconte des détails du voyage : « Madame de Fontanges avait quatre carrosses à six chevaux, le sien à huit.

2172. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Il me semble qu’après tant de critiques et de contestations, vous pourrez nous croire lorsque nous vous répéterons que cette comédie mal faite est née viable, malgré tout, et qu’elle contient des scènes charmantes, d’heureux détails et des fusées de saillies qui étincellent aux oreilles.

2173. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Il en exceptait les détails de l’histoire, c’est une matière sans bornes ; mais, à cela près, il y mettait absolument toutes les sciences, tous les beaux-arts.

2174. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Cousin et qu’il sut que c’était un ami de Manzoni, il se mit à l’interroger avec détail, avec une insatiable curiosité, sur les moindres particularités physiques et morales du personnage, jusqu’à ce qu’il se fût bien représenté cet objet, cet être, cette production nouvelle de la nature qui avait nom Manzoni, absolument comme lui, botaniste, il aurait fait d’une plante.

2175. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

» J’abrège les odieux détails.

2176. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

On a, par une note de Colbert41, le détail circonstancié des deux premiers accouchements de Mme de La Vallière, qu’on retira, à cet effet, de l’appartement des filles de Madame, pour la loger dans le jardin du Palais-Royal.

2177. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Les premières pages de ses Mémoires ne sont remplies que de détails extérieurs.

2178. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

On devine, en lisant ces jolis récits et celui des Petits Souliers, et celui même de Thérèse Sureau, à voir cette imagination, cette gaieté, cette invention de détail, combien il devait être charmant quand il osait être familier, et qu’il consentait à être heureux.

2179. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Je viendrai avec détail un autre jour à cette seconde figure, et j’aurai encore affaire, dans un exemple plus piquant qu’on ne le suppose, à l’honnêteté, à la morale et au culte de l’esprit.

2180. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Plus vieux, et devenu un archevêque considérable, il se remet à écrire l’histoire de sa vie, mais il en raccourcit les commencements, il ne s’y étend plus avec un détail circonstancié ; il semble considérer comme des enfances tout ce qui se rapporte à cette époque déjà si ancienne, que l’autorité toute-puissante de Louis XIV avait presque réduite à l’état d’histoire fabuleuse et mythologique.

2181. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Au moment le plus vif de la contestation, il poussera la bouffonnerie et la parodie jusqu’à dire : « J’ai fait le bien pour l’amour du bien même, et le ciel m’en récompensera ; je vivrai longtemps, parce que j’aime la justice. » On ne peut tout dire en détail, et il faut bien en venir à la plus grosse et à la misérable affaire qui fit la rupture.

2182. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Le son d’une cloche, par exemple, est un détail introduit du dehors dans le paysage actuel de la conscience ; quand j’entendrai demain sonner la même cloche à la même heure, ce ne sera plus le même état général renfermant le même état particulier ; conséquemment, ce ne sera plus la même relation de la sensation sonore à l’état d’ensemble dont elle est partie, ni enfin la même sensation identique.

2183. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Le grand art est donc, comme la grande nature : chacun y lit ce qu’il est capable d’y lire, chacun y trouve un sens plus ou moins profond, selon qu’il est capable de pénétrer plus ou moins avant ; pour ceux qui restent à la surface, il y a les grandes lignes, les grands horizons, la magie visible des couleurs et les harmonies qui emplissent l’oreille ; pour ceux qui vont plus avant et plus loin, il y a des perspectives nouvelles qui s’ouvrent, des perfections de détail qui se révèlent, des infinis qui s’enveloppent.

2184. (1694) Des ouvrages de l’esprit

L’autre, sans choix, sans exactitude, d’une plume libre et inégale, tantôt charge ses descriptions, s’appesantit sur les détails : il fait une anatomie ; tantôt il feint, il exagère, il passe le vrai dans la nature : il en fait le roman.

2185. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Presque toujours, il se borne à des remarques de détail, à des conseils vagues ou bien à une condamnation non motivée.

2186. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

De belles têtes, un dessein correct, de beaux piés, de belles mains, des draperies bien jetées, des expressions simples et naturelles ; rien de tourmenté, rien de recherché soit dans les détails soit dans l’ordonnance.

2187. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Et ainsi le social ne sera-t-il jamais présenté en détail exact, en une peinture objective de la misère (comme par l’art de 1890), mais il sera toujours envisagé comme une perspective générale, enregistré dans les grandes idées humanitaires.

2188. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Les anciens, si je ne me trompe, ont senti cette vérité, et c’est pour cette raison qu’ils ont traité de l’élocution avec tant de détail ; c’est aussi dans la même idée que nous allons en tracer légèrement les principes.

2189. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Impossible de suivre le sagace écrivain dans tous les détails qu’il aborde.

2190. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Quand il prend un à un, avec un détail prodigieux et une verve qui vous enlève dans son tourbillon, tous les coupables de l’humanité, et qu’il les dénombre, les démasque et les rejette de la face de Dieu, comme disent les Saints Livres, — il a vraiment dans l’expression la pointe acharnée du glaive de flammes torses de l’Archange.

2191. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Au lieu de saisir entièrement et d’emblée tout l’ensemble d’une figure ou d’un sujet, Henri Monnier procédait par un lent et successif examen des détails.

2192. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Tout en étant persuadé, comme je le suis, qu’une sorte de conciliation des deux thèses dans une synthèse supérieure pourrait être opérée, malgré leur apparence d’opposition nette, en poursuivant la discussion d’une façon plus serrée, — malgré ce sentiment, je crois toutefois, en m’expliquant plus complètement et avec quelques réserves de détail, pouvoir maintenir les grandes lignes de la mienne.

2193. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

On voulut y suppléer en les multipliant, en les répétant, en attachant un très grand nombre de phrases accessoires à la phrase principale, en créant un faux style périodique, qui marchait toujours escorté de détails et de choses incidentes, qui, au lieu de se développer avec netteté, offusquait la vue par des embarras, et dans sa lenteur n’avait qu’une fausse gravité sans noblesse.

2194. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Quelques détails de sa vie diront comment se forma cette âme poétique.

2195. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Je voudrais conter quelques menus détails de la répétition générale et de la représentation, où le plaisant et le pittoresque ne manquèrent point. […] Ici un détail. […] Ceux de la Grande Mademoiselle, — reflet plaisant de l’esprit un peu saugrenu et de l’humeur souvent versatile de l’auteur, — attirent parle détail. […] Ces récits sont touchants et gracieux ; Shakespeare y puisa l’ensemble de la pièce et plus d’un détail. […] c’était merveille de le voir nuit et jour sur la brèche, réglant la mise en scène et y revenant sans cesse afin de retoucher quelque détail, répréhensible seulement pour son expérience inspirée.

2196. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Voici, par exemple, un pharmacien de banlieue accusé de s’être procuré de la cocaïne en Allemagne et de l’avoir cédée à des trafiquants de détail dans d’incroyables conditions. […] Soyez assuré qu’il a déjà recommencé son négoce dont l’extension nous est révélée par ce détail significatif : il a fallu cinq camions pour déménager ledit entrepôt. […] En même temps qu’il exerce sur sa personne ce dressage du métier, sur le détail duquel il n’est pas besoin d’insister, ses camarades d’études travaillent à se façonner de la même manière. […] Si la grève générale a échoué, grâce à un dernier sursaut de bon sens chez les égarés qui faillirent se laisser entraîner à cette lamentable erreur, les grèves de détail se multiplient, diminuant le rendement, qui s’additionnerait au capital national, aujourd’hui dans une branche d’industrie, demain dans une autre. […] En 1919, elles avaient monté à 7 270, et voici des détails qu’un des écrivains le plus généreusement préoccupés des choses sociales, M. 

2197. (1881) Le naturalisme au théatre

Je n’ai pas cru devoir raconter la pièce en détail. […] tous ces détails me troublent, et je n’ai jamais senti davantage combien la vérité est parfois douloureuse à dire. […] J’insiste, parce que cette question de détail me paraît caractéristique. […] Je ne puis m’arrêter à discuter les détails, la maladresse de certaines péripéties. […] Quelques observations de détails sur les personnages, avant de finir.

2198. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Il m’objectera ici ce qu’il m’a dit plusieurs fois : qu’il n’y a peut-être pas une idée principale, folle ou sage, qui lui appartienne, que la préférence de l’état sauvage sur l’état civilisé, n’est qu’une vieille querelle réchauffée ; qu’on avait fait cent fois avant lui l’apologie de l’ignorance contre les progrès des sciences et des arts ; qu’on retrouve partout la base et les détails de son Contrat social ; qu’un homme d’un peu de goût ne s’avisera jamais de comparer son Hèloïse avec les romans de Richardson, qu’il a pris pour modèle ; que son Devin du village n’est aujourd’hui que de la très-petite musique ; que, si l’on avait un enfant à élever, on laisserait les idées fausses ou exagérées d’Emile, pour se conformer aux sages préceptes de Locke ; que l’on ne clouta jamais que les langes où nous emprisonnons les nouveau-nés, ne les fissent pâtir, et ne les déformassent ; qu’on lit dans la plupart des moralistes et des médecins122, que les mères exposaient leur santé et manquaient à leur devoir en refusant à leurs enfants la nourriture qui gonflait leurs mamelles, et que c’est autant la fréquence des accidents que l’éloquence de Rousseau qui les a persuadées. […] Si je ne m’en suis pas acquitté plus tôt, si je n’entre pas ici dans un détail de faits sans réplique, plusieurs d’entre ses défenseurs connaissent mes raisons, les approuvent, et je les nommerais sans balancer, s’il leur était permis de s’expliquer avec franchise, sans tomber dans une criminelle indiscrétion. […] après l’assassinat d’Agrippine, n’y avait-il plus de bien à faire pour un homme éclairé, ferme, juste, chargé d’un détail immense d’affaires, et capable, par son autorité, ses lumières, son courage, sa bienfaisance, de porter des secours, d’accorder des grâces, de réparer des malheurs, d’arrêter ou de prévenir des vexations, d’empêcher des déprédations, d’éloigner les ineptes, d’élever aux places les hommes distingués par leurs connaissances et leurs vertus ? […] « Dion n’est point contraire à Tacite dans les détails de la conjuration de Pison. » Donc Sénèque aspirait à l’Empire. […] Cet historien ne compare point la Pharsale à l’Enéide, ni Lucain à Virgile : il ne juge même ni l’homme ni le poëte ; mais, en parlant de Méla, il observe en général qu’il devait à son fils une grande partie de son illustration, et il a pu dire cela sans manquer de goût ni d’équité : car la conduite de Lucain aurait été plus lâche et plus infâme encore, que la Pharsale, malgré les défauts sans nombre qui la déparent, n’en serait pas moins un poëme, ou, si l’on veut, une relation en vers remplie de trèsbeaux détails, de vers heureux, et quelquefois sublimes.

2199. (1927) Approximations. Deuxième série

Les détails ne leur en imposent point, et bien moins encore ces rapports arbitraires que, pour sa sécurité, l’homme a soin d’établir entre les choses par nature le plus divergentes. […] Une œuvre de Degas stimule, tonifie directement, d’une façon tout à fait indépendante du sujet ; — je dirai presque avant qu’on ait eu le temps de se rendre compte de ses détails. […] Dans cet esprit qui possède un tour si à lui que le moindre détail en est marqué, — mais dont il semble toujours que ce soit en se retirant qu’il s’inscrive, — on surprend alors la délectation. […] Persuadé que c’est là où l’on doit le moins les attendre que surgiront le détail, le trait typique, Strachey lit tout sur son sujet : le caput mortuum de la documentation tombe par son propre poids, et Strachey le commet allègrement à l’oubli. […] De cet élargissement — dont nous tenons maintenant, je crois, l’essentielle validité — il faudrait (mais je n’en ai pas la place) par une série d’analyses de détails dénombrer les composantes et suivre leurs manifestations.

2200. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Cela ne fait pas le même effet sur vous, parce que ceci n’est rien, dénué des circonstances et du détail de la chose… « Vous dire mes bons mots, mes apostrophes, mes invectives, ce serait vouloir arranger les combinaisons des atomes. » (Lettres de Piron.) […] Les poëtes ne réussissent que par les beautés de détail.

2201. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Sa foi, si souvent sublime de penser et de propos, est, dans le détail journalier, humble et populaire. […] Vous y goûterez autre chose qu’un plaisir d’amusement, car l’homme, le chrétien et le publiciste ne se séparent guère chez Louis Veuillot, et des idées d’importance et toute sa vie publique s’entrelacent, dans ces causeries, aux détails de ménage et de pot-au-feu.

2202. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

29 octobre Un détail curieux donné par Édouard sur la répulsion, l’épouvante produite par le zouave sur l’imagination allemande. […] * * * — Un superbe détail pour le soir d’une bataille.

2203. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Non, je ne suis jamais tombé sur un homme, ayant emporté d’un pays, une réminiscence plus gardeuse de tous les détails à demi-cachés et presque secrets, qui en font le caractère intime. […] Et il donne un joli détail sur la fin de ces deux agonisants de l’amour.

2204. (1925) La fin de l’art

Pitollet qui a rassemblé ces détails et quantité d’autres dans un bien curieux article de l’Intermédiaire. […] On peut y voir le détail de ces préparations.

2205. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

« Je t’aime, disait Serge d’une voix légère qui soulevait les petits cheveux dorés des tempes d’Albine. » Ces détails sont à la fois significatifs et suggestifs. […] Voir pour plus de détails, dans nos Problèmes de l’esthétique contemporaine, le livre consacré à l’esthétique du vers.

2206. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Une espèce qui surgit apporte avec elle, dans l’indivisibilité de l’acte qui la pose, tout le détail de ce qui la rend viable. […] Il y a une vulgarisation noble, qui respecte les contours de la vérité scientifique, et qui permet à des esprits simplement cultivés de se la représenter en gros jusqu’au jour où un effort supérieur leur en découvrira le détail et surtout leur en fera pénétrer profondément la signification.

2207. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Tel détail superflu, semble-t-il, intensifiera la contagion ; je le répète, je le multiplie. […] Il me paraît inutile d’entrer aujourd’hui dans le détail en narrant les phases de cette lutte superbe pour ou contre le hiatus, le sexe des rimes, le nombre régulier des syllabes, la persistance de l’e muet non élidé à l’hémistiche ou dans le corps du vers, les rythmes impairs de plus de douze syllabes.

2208. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Tenez : j’en appelle à ces gentils messieurs, je leur raconterai tous les détails de mon affaire, s’ils veulent bien m’écouter. […] « Très volontiers, répondit Boris ; tu sauras tout dans les plus petits détails. » Voici ce qui s’était passé : Quand Boris arriva à la demeure de sa fiancée, il n’y avait là, par extraordinaire, aucun visiteur, et le solitaire Étienne ne se promenait point, selon sa coutume. […] Mais à ce récit la fantasque baruinia éclata de rire, et pria la plaignante de lui narrer encore les détails de cette curieuse scène.

2209. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Je n’ai pas besoin de vous exposer en détail la façon dont Grymalkin s’y est pris pour m’apprendre la science de la vie. […] Le prix du pain en serait, sans doute, augmenté… mais c’est là un détail insignifiant, n’est-ce pas, Baron ? […] Où en serait le spéculateur s’il devait se préoccuper de détails aussi infimes ? […] Chlorate de potasse, votes à l’enchère, dévouement à la république, bismuth, tripotages, austérité, chèques, masses intelligentes, sulfate de magnésie, la patrie, mes convictions, mon cœur, calomel, professions de foi, mes chers concitoyens, émétique, commerce de gros et de détail, eau de Pulna, politique d’affaires, rhubarbe, c’est nous qui sommes les Aristocrates… Brouh !

2210. (1940) Quatre études pp. -154

Pour citer des exemples, la décadence romaine n’a pas un détail qui ne soit rigoureusement exact ; la barbarie mahométane ressort de Cantemir, à travers l’enthousiasme de l’historiographe turc, telle qu’elle est exposée dans les premières pages de Zim Zizimi et de Sultan Mourad. » Victor Hugo n’avait-il pas le droit d’inventer librement ses admirables images épiques ? […] Or chez ces mêmes Anglais, dont quelques-uns, nous l’avons vu, s’appliquent à reproduire le moindre détail concret qu’ils observent dans la plus simple nature, quelques poètes, et les plus grands, inventent en toute liberté, dans une joie voisine de l’extase. […] La plus fameuse de toutes, Lenore, n’est pas, je crois, traduite en français, ou du moins il serait bien difficile qu’on pût en exprimer tous les détails, ni par notre prose, ni par nos vers… Bürger a fait une autre romance moins célèbre, mais aussi très originale, intitulée Le féroce chasseur 14… Il avait fallu l’émigration ; et les grandes guerres napoléoniennes, mettant certains officiers français en contact direct avec les productions allemandes : comme Stendhal, qui trouve la romance de Bürger « très touchante », et admire qu’on y ose dire qu’un cheval fait trop, trop, trop, et que les tambours font tam, tam ; comme le baron de Mortemart-Boisse. […] Marcel Moraud, qui a naguère étudié dans le détail l’influence du romantisme français en Angleterre23, s’il a nuancé de quelques réserves ces observations générales, n’en a pas moins constaté, de l’autre côté du détroit, une incompréhension qui est souvent allée jusqu’à l’hostilité.

2211. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

L’Ode à sire Aymon forme un petit tableau réaliste où tous les détails sont rendus avec soin et habileté. […] Mais s’il ne possède pas toujours la petite perfection du détail, il ne faut pas se figurer que la grande perfection du vrai génie poétique vient à son aide à tous coups. […] Chacune portait en la dextre L’instrument dont elle est adextre, La trompette à l’éclatant son, Les chalumeaux et la musette, La harpe, le luth, l’espinette, La guitterre et le violon… Dans Les Pierres Précieuses, Remy Belleau se montre en somme un précurseur de nos modernes parnassiens, en ce qui regarde la versification et une certaine manière de disposer les détails.

2212. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Nous allons entrer dans quelques détails à sujet. […] Il suffit de citer ces expériences avec quelques détails, pour montrer le peu de valeur des résultats qu’on en déduit. […] Dans la prochaine séance nous ferons l’expérience sur l’animal vivant, en décrivant avec détail les procédés que nous employons pour obtenir le suc pancréatique. […] Il est nécessaire d’entrer dans quelques détails sur cette matière importante. […] Leur importance m’engage à vous les donner dans tous leurs détails.

2213. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Je me suis permis d’exposer ce détail qui laisse voir en une sorte de conflit deux noms célèbres, ou du moins j’ai voulu l’indiquer en renvoyant aux vraies sources, aux Mémoires de la guerre de la succession, pour qu’on ne dise pas en deux mots que Villars a miné et supplanté Catinat à l’armée du Rhin, tandis que réellement Catinat, quelque respect que l’on doive à son caractère, s’y mina lui-même par une inaction et une circonspection excessive qu’il n’avait sans doute pas toujours eue à ce degré, mais qui s’était accrue avec l’âge, au point de devenir elle-même un danger. « Il y a des temps où les Fabius sont de bon usage, et des temps où les Marcellus sont nécessaires. » Le mot est de M. des Alleurs, un des amis de Villars, lequel l’accepte volontiers et s’en décore.

2214. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

On est arrivé de la sorte à pénétrer le secret de bien des affaires et le sens intime de bien des personnages, à savoir en détail et presque jour par jour les motifs de son admiration pour Henri IV, pour Richelieu, pour Louis XIV, à dénombrer les ressorts de leur administration, et à suivre tous les mouvements de leur politique à l’étranger.

2215. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Ici, il faut en convenir, il nous échappe complètement dans le détail, tout autant que si nous avions à apprécier un géomètre et un analyste d’un ordre élevé.

2216. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Marais, à le bien lire, nous apprend ainsi quantité de détails curieux sur nos grands auteurs ses contemporains ; il donne la clef de particularités, déjà obscures.

2217. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Les dix dernières années, qui ont été assez stériles pour moi sous beaucoup de rapports, m’ont cependant donné des lumières plus vraies sur les choses humaines et un sens plus pratique des détails, sans me faire perdre l’habitude qu’avait prise mon intelligence de regarder les affaires des hommes par masses.

2218. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Il analyse des sentiments intimes, des détails inaperçus ; et souvent une expression énergique s’attache à la vie d’un homme coupable, et fait un avec lui dans le jugement du public.

2219. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Tel individu qui vous déchire, n’est pas digne que vous regrettiez son suffrage, mais vous souffrez de tous les détails d’une grande peine, dont l’histoire se déroule à vos yeux ; et déjà certain de ne point éviter son pénible terme, vous éprouvez cependant la douleur de chaque pas.

2220. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

(Voir pour les détails la Correspondance des contrôleurs généraux de 1683 à 1698, publiée par M. de Boislisle.) — Or, d’après les mémoires des intendants (Vauban, Dîme royale , chap. 

2221. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Son œuvre a subi de durs assauts : mais il semble que les pieux esprits qu’il a scandalisés, Christine de Pisan, Gerson, aient été frappés de certains détails apparents et extérieurs, propos cyniques, épisodes immoraux, plutôt que du sens hardi et profond de l’ensemble.

2222. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Ce qui a plus de prix, c’est le naturel des sentiments, justement senti, curieusement développé par une intuition spontanée : à force de ne pas se guinder, à force de facilité à retrouver dans l’antiquité évangélique et biblique tout le détail de la vie contemporaine, nos découpeurs des Livres saints, sans art, sans goût, sans style, ont donné à quelques scènes un air de vérité aisée, qui est près de charmer, Il y a des coins de pastorale gracieuse dans le Vieux Testament, dans la Passion : mais surtout il y a quelques commencements heureux d’expression dramatique des caractères.

2223. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Nulle part il n’y a plus d’unité, une idée générale mieux suivie que dans les trois cents pages qui s’intitulent Apologie de Raimond Sebond : mais justement le sens de tous ces beaux discours est une absolue condamnation du dessein de ce théologien, et dans le détail le singulier défenseur donne à chaque moment des démentis à son client.

2224. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Pour le détail, elle ramène tout au rôle futur de la femme : il faut qu’elle soit à la hauteur de tous les devoirs, et il faut qu’elle aime tous les devoirs.

2225. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Il faut désormais du spectacle, de l’action extérieure, du pittoresque, des détails locaux et individuels : il n’y a plus de succès que par l’emploi plus ou moins large des moyens romantiques.

2226. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Tout le monde sait et je rappelle sans détails, qu’un dispositif, unique en la législation, limite à cinquante ans, après la mort des écrivains, le revenu attribué à leurs ouvrages.

2227. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Voici les réponses que nous avons reçues : Jules Bertaut 1º Ce qui manque le plus à une époque très productive comme la nôtre, c’est moins un Sainte-Beuve qu’un Faguet, moins un grand écrivain capable de juger le passé avec toutes ses finesses et de le reconstituer dans tous ses détails qu’un esprit très clair, toujours averti et sans préjugé de confession religieuse ou d’opinions politiques, qui débrouille sans cesse le chaos du présent.

2228. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Pour moi, qui ne puis m’accoutumer à ce que la marche des nations soit une course aveugle à travers le temps, qui regarde la guerre qu’on fait au passé comme une guerre civile, tout en admirant dans l’Essai la beauté de la pensée première, les vérités de détail dont le livre est semé, un style où, à la différence du style précieux, ce sont les beautés et non les défauts qui se cachent, j’estime que le bien n’y compense pas le mal, et je ne verrais pas sans inquiétude pour mon pays qu’on y préférât l’Essai sur les mœurs au Siècle de Louis XIV.

2229. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Il néglige les détails qui n’intéresseraient que la curiosité du lecteur, et détourneraient son esprit des grands desseins du Créateur par trop d’attention donnée aux propriétés des choses créées.

2230. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Du reste, qu’il s’agisse d’œuvres idéalistes ou réalistes, ce qui importe n’est pas seulement l’idée maîtresse, la thèse inconsciente ou déclarée dont elles sont l’enveloppe ; le détail est à considérer autant que l’esprit général.

2231. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Pour commenter en quelque sorte, et démontrer cette supériorité distinctive du talent de Turenne, qui consistait à tirer bon parti d’une affaire déjà compromise, et à la rétablir à force d’habileté de détail, de ténacité et de prudence, Bussy, dans ses Mémoires, se plaît à exposer en ce sens les opérations de la campagne de Flandre de 1656, pendant laquelle Turenne fit preuve de toutes ces qualités combinées qui caractérisent sa première manière militaire.

2232. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Or, son rôle de romancier contraignait Flaubert à exposer avec détail les circonstances et les motifs qui entourent le phénomène, qui composent son extériorité et son déterminisme.

2233. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Puis un homme plutôt d’un goût appris que d’un goût instinctif, de ce goût universel qui s’étend à tout, à une forme de meuble, à un détail de toilette, à la particularité élégante d’une plante, et n’ouvrant les yeux qu’à ce qui est étiqueté, peinture, sculpture, architecture, et en voyage complètement aveugle à la vie vivante, à la rue, aveugle aux passants, aveugle à la beauté artistique des êtres et des aspects, regardeur uniquement de tableaux et de statues.

2234. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Elles y arrivent d’autant mieux que toute invention se greffe sur des souvenirs, que, dans toute opération un peu complexe de l’esprit, les mots qui appellent des idées et les idées qui appellent des mots se suivent, s’enchaînent, se groupent, formant rapidement des composés dont la conscience ne saisit que l’ensemble et néglige les détails ; ces attentes minimes d’un mot, d’une idée, déjà peu discernables, achèvent de s’annuler en se compensant et deviennent insaisissables à toute observation.

2235. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Nous ne connaissons pas tout le détail de ces entretiens, mais d’après ce qui en a transpiré, les socialistes allemands proposèrent de négocier sur les bases du statu quo occidental.

2236. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Méthode de critique — De l’idée moderne du progrès appliquée aux beaux-arts — Déplacement de la vitalité Il est peu d’occupations aussi intéressantes, aussi attachantes, aussi pleines de surprises et de révélations pour un critique, pour un rêveur dont l’esprit est tourné à la généralisation aussi bien qu’à l’étude des détails, et, pour mieux dire encore, à l’idée d’ordre et de hiérarchie universelle, que la comparaison des nations et de leurs produits respectifs.

2237. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Marx l’avait remarqué ; la Vielseitigkeit devient de plus en plus nécessaire au travailleur ; l’état, économique de l’industrie tend de lui-même à substituer, à l’individu qui n’est que partiellement développé et ne sait exercer toute sa vie qu’une fonction de détail (Theil Individuum), l’individu développé intégralement, capable d’exercer tour à tour des fonctions différentes.

2238. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Conjectures et détails sur la Trilogie de Prométhée. — Lyrisme dramatique et merveilleux d’Eschyle. — Du rapport de ses Chœurs à ceux de Sophocle et d’Euripide. — De l’ode dans la comédie grecque.

2239. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Certes, le Poète pense ; c’est de lui, dans les temps nouveaux, que se répandent les augustes conceptions du progrès social ; non pas, entendons-nous bien, dans les minuties du détail quotidien, ni dans la médiocrité des luttes politiques, mais dans l’universalité de l’idéal. […] Je pense exprimer ici, pour la gloire du xixe  siècle poétique, la vérité même ; je vais essayer de prouver mon dire, sans m’attarder à trop de détails. […] En un livre de ton fantasque, où le moindre détail, pourtant, est rigoureusement exact, j’ai raconté la légende des Parnassiens, ou plutôt ce qu’on pourrait appeler leur roman héroï-comique. […] Néanmoins il semble que ce soit surtout dans la poésie intime, familière, soucieuse des charmes discrets de l’amour, des douleurs voilées et des petits détails du cœur, que son fin et caressant génie se développe jusqu’à être incomparable. […] Mais, je suis bien obligé de l’avouer, même le peu que j’en ai cru comprendre (c’est-à-dire que l’humanité, de l’Originel à l’Actuel, doit être signifiée par l’orchestre des mots) ne saurait être exprimé jusqu’en ses subtils détails par mon vocabulaire suranné de vieil écrivain ; il faut que je vous renvoie aux ouvrages techniques de M. 

2240. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Le moment paraît donc venu d’étudier avec quelque détail cette disposition même. […] On va le voir de plus près par les détails qui suivent. […] Sans disputer sur certains détails, il faut reconnaître à l’opinion d’Alfred de Musset à l’égard de ses contemporains quelque autorité. […] Ce détail, que j’ai voulu rapporter, malgré son apparente frivolité, confirme bien la faveur particulière dont les démons, on l’a vu plus haut, jouissaient dans l’école romantique. […] L’Histoire de sa vie dont nous tirons ces détails nous apprend que, pour réaliser ce sombre dessein, c’était l’eau surtout qui l’attirait.

2241. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

La Veillée de Vincennes, avec de jolis détails, et quelques-uns même d’exquis, est d’ailleurs, et en dépit de beaucoup de prétentions qui percent, une « Nouvelle » presque aussi mal composée que possible. […] Ce qu’au moins nous pouvons dire, c’est qu’indépendamment de la beauté de la conception et de la richesse du détail, le Bonheur contient, dans sa première partie, avec quelques-uns des vers les plus pénétrants de M.  […] Comme d’ailleurs on faisait volontiers en son temps, il met ses idées dans une espèce de Discours préliminaire, et content de les y avoir mises, il ne les oublie pas, mais on dirait qu’il les oublie, à mesure qu’il avance et qu’il essaye de pénétrer dans le détail des choses. […] Au lieu d’être notés pour eux-mêmes, avec l’intention de n’en rien omettre, les détails le seront par rapport à l’ensemble ; et on en sacrifiera précisément ce qu’il faudra pour les faire servir à la mise en valeur de l’idée. […] et que nous veulent tous ces détails qui, bien loin d’étendre la portée de l’observation, ne peuvent, au contraire, que la diminuer ?

2242. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

« Il n’est pas permis au sculpteur, a écrit Ruskin, d’être en défaut soit pour la connaissance, soit pour l’expression du détail anatomique. Seulement, ce qui pour l’anatomiste est la fin, est pour le sculpteur le moyen… Le détail n’est pas pour lui une simple matière de curiosité ou un sujet de recherche, mais l’élément dernier de l’expression et de la grâce. » La plastique et la science ne s’excluent donc point. […] Examinons pourtant la question en détail. […] C’est ainsi que, si nous nous élevons assez haut, nous voyons avec regret disparaître la poésie des détails, se fondre toutes les petites choses, se niveler tous les recoins où se perdait notre pensée, se redresser tous les détours qui excitaient notre désir : rien, au premier abord, qu’une grande vue d’ensemble, nue, sans une ombre ; une lumière crue, uniforme ; mais quelle largeur ! […] Les plantes, les insectes, les oiseaux, tous ces êtres dont l’organisation et la vie, presque inconnues des anciens, nous ont été révélées dans leurs merveilleux détails, ont pris aux yeux du poète moderne la même importance qu’aux yeux du savant : l’univers s’est peuplé pour ainsi dire, non de dieux ou d’entités, mais d’êtres réels pullulant dans ses profondeurs.

2243. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Il n’a point trop de tous les détails d’une peinture complète ; il aime à voir les objets, il s’attarde autour d’eux, il jouit de leur beauté, il les pare de surnoms splendides ; il ressemble à ces filles grecques qui se trouveraient laides si elles ne faisaient ruisseler sur leurs bras et sur leurs épaules toutes les pièces d’or de leur bourse et tous les trésors de leur écrin ; ses larges vers cadencés ondoient et se déploient comme une robe de pourpre aux rayons du soleil ionien. […] Il récrit le texte pour l’approprier à leur intelligence ; les jolis vers de Boëce, un peu prétentieux, travaillés, élégants, peuplés de souvenirs classiques, d’un style raffiné et serré, digne de Sénèque, se changent en une prose naïve, longue, traînante, et pourtant hachée, semblable à un conte de fées qu’une nourrice fait à un enfant, expliquant tout, recommençant et brisant les phrases, tournant dix fois autour d’un détail, tant il faut descendre pour se mettre au niveau de cet esprit tout neuf, qui n’a jamais pensé et ne sait rien70.

2244. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Rien ne l’arrête ; il nous dépeint, avec une précision vraiment surprenante, le frémissement de la forêt, le murmure lointain d’une cascade, la couleur et la forme changeante des nuages, le jeu d’un rayon de soleil qui éclaire subitement la plaine ; et comme la nature est toujours attrayante, tous ces détails, loin de lasser l’attention du lecteur, ont un charme infini. […] L’auteur s’est plu à y exposer avec détail une partie des idées superstitieuses qui, en Russie, peuplent encore l’imagination du paysan.

2245. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Aussi ne lit-on pas ces sermons, que Louis XIV a entendus, pour y trouver des détails de mœurs sur une époque, mais pour y voir une image de notre intérieur éclairé à jamais, dans ses profondeurs les plus reculées, par la lumière de la morale chrétienne. […] Pendant qu’il parle avec tant de force, une douceur surprenante lui ouvre les cœurs et donne, je ne sais comment, un nouvel éclat à sa majesté qu’elle tempère263. » Les éloges sont suspects, lorsqu’ils sont exprimés en termes dont le vague et la généralité trahissent le lieu commun et l’admiration de commande, ou lorsque les détails en sont si particuliers qu’on peut soupçonner le panégyriste d’avoir, dans un intérêt de flatterie, substitué, à son original trop difficile à louer, un portrait de son invention.

2246. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

» Pendant que nous sommes chez lui, il se laisse aller à nous conter le détail de sa bizarre campagne, d’un avant-poste à un avant-poste, tandis que sa femme nous fait voir ses mouchoirs de parlementaire avec les inscriptions écrites à l’encre. […] » Et il entre dans tout le détail technique de son horrible maladie, parlant du pus qu’il rend par l’anus, comme s’il voulait, en appuyant sur les dégoûts qu’il a de lui-même, désarmer le dégoût des autres… Il nous paraît désespérément résigné… Un moment il reprend haleine, puis nous dit : « Je me fais encore lire… mais à bâtons rompus… vous comprenez… je ne peux plus assembler mes idées. » Un silence.

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