Les plus grands artistes n’ont qu’un sentiment, qu’ils répètent sans cesse, qu’ils expriment toujours !
C’est l’âme humaine dans son action, dans son jaillissement, l’âme humaine frappant sur l’âme humaine sans autres moyens qu’elle-même ; car Shakespeare se souciait bien du décor, du costume, et de toutes ces recherches byzantines d’un art qui se fait savamment petit, depuis qu’il a cessé d’être grand !
J’aurais désiré lui persuader qu’il était temps de cesser d’être un beau jeune homme en poésie et d’y être un homme tout à fait.
En se servant de la plus belle langue de l’univers, Platon ajouta encore à sa beauté : il semble qu’il eût contemplé et vu de près cette beauté éternelle dont il parle sans cesse, et que, par une méditation profonde, il l’eût transportée dans ses écrits.
Il ne cessait pas de se dénoncer lui-même à l’accusateur public et de solliciter un prompt jugement. […] C’était une partie d’échecs à jouer sans cesse. […] Votre étonnement cessera dès que je vous aurai dit que le livre est intitulé Mme Récamier et ses amis. […] Et ce n’était pas précisément que l’on s’aimât, mais c’était, au moins, que l’on cessait de se haïr et qu’on rivalisait à faire semblant, au moins, de ne se détester point. […] Sans cette cohésion nouvelle, le peuple cesserait très vite d’exister, ou, si l’on veut, cette cohésion est le signe que ce peuple avait en lui faculté d’être un peuple.
Aussi bien n’avait-il pas cessé de penser à sa princesse, et de retour en France, nous le voyons continuer de correspondre avec elle. […] C’est ce qu’il comprit, et sans changer de modèles, il étudia de plus près, d’un œil toujours charmé, mais déjà plus attentif, ceux qu’il avait accoutumé d’imiter, et que d’ailleurs il ne devait jamais cesser de préférer aux autres. […] Mais on voit aisément que, si jamais on la décidait dans le sens de la moindre contrainte, c’en serait fait alors de l’influence de Leconte de Lisle ; elle aurait cessé d’agir ; et de l’intention générale de son œuvre nous ne retiendrions plus que ce que l’esprit contemporain en a comme incorporé dans sa propre substance. […] Et comme, d’autre part, à mesure qu’elles se détruisent les unes les autres en tant que formations naturelles, les races se reconstituent en tant que formations historiques ou sociales, on ne prévoit même pas que la guerre doive jamais cesser de les précipiter les unes contre les autres. […] Il ne triomphera point des lois de sa nature, et sa nature en son fond ne cessera pas d’être identique à elle-même.
Depuis la première scène jusqu’à la dernière, c’est un crescendo d’horreur qui ne se ralentit pas une seconde et se renouvelle sans cesse. […] Très fier, très digne, ne se plaignant jamais, soutenu par des espoirs sans cesse reculés, il s’était réfugié à Charenton, dans un pauvre quatrième étage, ne voyant presque personne. […] Voyez comment, depuis Diogène le Chien, sous l’influence de l’intelligence pure sans cesse aux écoutes de la vie, se développe l’esprit de M. […] Et elle va, sans cesse, des ténèbres à la lumière, de la clarté qui la tue à l’ombre où elle s’affole, dans un vol éternel de douleur. […] Zola qui ne cessait de lui répéter : « Donnez-moi une raison, n’importe laquelle, et je m’en contenterai », M.
Là le suivait l’hallucination de la page blanche, par l’élément docile, la page blanche, pour le poète, dans quelque ciel platonicien, celle qui, sans cesse déplacée et refaite, sous le mol hasard de la rame, se peuple de reflets sans cesser d’être vierge, repense sans substance et sans poids un univers transfiguré. […] De sorte que le plaisir apporté par cette poésie est, loin de demeurer inintelligible, de solliciter sans cesse l’intelligence, et non point d’être comprise, mais de faire comprendre. […] Les poètes ont cessé d’être, selon la formule du xviie siècle, des connaisseurs du cœur humain. […] Idéaliste dont le génie naturel évaluait sans cesse les réalités extérieures en les espèces de la pensée, il se préoccupa moins de l’objet de la poésie que du fait de la poésie. […] La couleur préférée de Mallarmé, celle qui sans cesse revient dans ses images, — lys, cygnes, neiges, glaces — c’est le blanc, à la fois synthèse, pour l’œil, des couleurs, et, pour le peintre, leur absence.
Champfleury, lui, met un lorgnon à son observation myope qui va s’accrochant sans cesse aux angles de la trivialité. […] Celui-ci cesse d’être un homme pour devenir un masque à l’usage de l’auteur. — Affublé de ce masque, élargi à plaisir comme ceux des acteurs de l’antiquité, M. […] À l’édifice commun il apporte sa propre pierre — une pierre qui n’est qu’à lui. — Le lyrisme romantique, même quand il puise ses inspirations au cœur de la société actuelle, ne cesse jamais d’affecter cette tendance égoïste, personnelle, et pour ainsi dire toute subjective, qui est son principal caractère. […] Mais où la jeune actrice cesse tout à fait d’être l’image de l’ex-sociétaire de la Comédie-Française, c’est dans les proportions ultra-sveltes de sa fluette personne. […] Scholl était l’assaillant, a duré dix miaules et n’a cessé que par la rupture d’une épée.
Salvadori Ruffini cessât d’écrire) ! […] MM. l’Empereur n’ont pas un instant cessé d’applaudir (notez que l’Opéra a commencé à sept heures et demie, et qu’il s’est terminé à une heure un quart du matin). […] La chanson, élevée à la hauteur de l’action dramatique, voilà donc, je ne cesserai de dire, le triomphe de Darcier : c’est son terrain, son piédestal, je dirais presque sa tribune. […] Les grands hommes sont comme les grands fleuves : le lit qu’ils se creusent a beau être vaste, il est sans cesse modifié par la pente et les accidents du terrain qu’ils parcourent. […] Ce sont aujourd’hui les lettrés, bafoués au temps de sa fortune et de la nouveauté de ses chefs-d’œuvre, dont l’engouement persiste lorsque la vogue a cessé.
Boileau, qui fit des vers toute sa vie, reprochait à Gresset d’avoir si-tôt cessé d’en faire. […] Fallait-il faire agir sans cesse à leur place une foule de machines poétiques, machines qui ne les remplaceraient que bien faiblement à nos yeux ? […] Cessons d’envier à notre siecle une gloire dont il doit être bien jaloux ; celle d’avoir vu éclore parmi nous le premier Poëme Epique : le premier, du moins, qui mérite véritablement ce titre. […] Pourquoi s’offrir sans cesse aux yeux de ses lecteurs sous la livrée de l’indigence ? […] La scene comique cessa d’être éternellement livrée à des Valets grossiers & boufons.
Coupe seulement le bout d’un doigt à ce chevalier enchanté et il cessera d’être invincible. […] Elles vivent, elles se transforment et elles expriment, en se modifiant sans cesse, la pensée de l’humanité. […] La curiosité fait envoler l’amour, et de la lampe de Psyché dégoutte sans cesse une huile brûlante. […] Eugène Spuller marche sans cesse sur des cendres chaudes et sur un feu à peine couvert. […] Depuis lors, Jésus cessa de vivre, d’enseigner et de mourir, dans les villes, aux yeux de son peuple.
Ils ne crient jamais, ils parlent ou plutôt ils causent, et jusque dans les moments où l’âme bouleversée devrait, à force de trouble, cesser de penser et de sentir. […] Et d’un bout à l’autre, cette longue épopée est pareille ; la raillerie n’y cesse pas, et ne cesse pas d’être agréable. […] Ouvrez les Voyages de sir John Mandeville105, le plus ancien prosateur, le Villehardouin du pays ; son livre n’est que la traduction d’une traduction106 : « Vous saurez, dit-il, que j’ai mis ce livre de latin en français, et l’ai mis derechef de français en anglais, afin que chaque homme de ma nation puisse l’entendre. » Il écrit d’abord en latin, c’est la langue des clercs ; puis en français, c’est la langue du beau monde ; enfin il se ravise et découvre que les barons, ses compatriotes, à force de gouverner des rustres saxons, ont cessé de leur parler normand, et que le reste de la nation ne l’a jamais su ; il transcrit son manuscrit en anglais, et, par surcroît, prend soin de l’éclaircir, sentant qu’il parle à des esprits moins ouverts. « Il advint une fois, disait-il en français107, que Mahomet allait dans une chapelle où il y avait un saint ermite. […] — Tu chantes bien, coucou. — Ne cesse pas maintenant de chanter120. » Voilà des peintures riantes, comme en fait en ce moment Guillaume de Lorris, même plus riches et plus vivantes, peut-être parce que le poëte a trouvé ici pour soutien le sentiment de la campagne qui, en ce pays, est profond et national.
Tout le côté du sud était couvert par les noms gravés d’hommes fameux, mais le soleil les fondait sans cesse. […] Et comme le jeune rossignol étonné, Qui s’arrête d’abord, lorsqu’il commence sa chanson, S’il entend la voix d’un pâtre, Ou quelque chose qui remue dans la haie, Puis, rassuré, il déploie sa voix, Tout de même Cresside, quand sa crainte eut cessé, Ouvrit son cœur et lui dit sa pensée188. […] Chaucer ne s’amuse plus, il étudie ; il cesse de babiller, il pense ; il ne s’abandonne plus à la facilité de l’improvisation coulante, il combine. […] Sous cette contrainte on cesse de penser ; car qui dit pensée dit effort inventif, création personnelle, œuvre agissante.
Eh bien Zola, toujours et sans cesse, a vécu comme le dictateur de Marat. […] Dans les romans de ses devanciers, un homme cesse d’être un homme pour devenir un personnage. […] C’est d’abord celle des origines, le lent, l’interminable, le millénaire travail de la nature pour concevoir des créatures plus pures, essayant de s’exprimer dans de terribles balbutiements, réalisant des ébauches d’êtres, façonnant sans cesse des organes plus nobles et plus harmonieux. […] Ceux-ci ne cessent jamais d’être des hommes, et ce sont tous, pour me servir d’une expression qui revient souvent sous la plume du Maître, ce sont tous, du plus grand jusqu’au plus petit, « de bons bougres », si semblables au fond, malgré leur différenciation apparente, charriés en foule par des forces inconnues, dans l’immense remous social, vers ces fins mystérieuses encore qui sont celles de l’espèce humaine !
Quand Louis XIV, enfin roi de fait, déclara sa résolution de régner par lui-même, tout le monde sentit son maître, et la révolte cessa, parce que la dépendance légitime et naturelle remplaça la servitude. […] Que dirai-je des jardins, dont le dessin est si grand, qu’en même temps que les sens y sont flattés par toutes les commodités de la promenade, la majesté du lieu y tient sans cesse l’esprit occupé de l’idée du beau, dont l’étendue est si vaste, qu’à côté de ces immenses allées, où il peut y avoir foule sans entassement, il est, pour ceux qui n’aiment pas la foule, des solitudes secrètes et salubres ? […] Le sérieux et la profondeur de ses passions adoucirent les jugements qui furent portés sur ses désordres, où d’ailleurs ne parut jamais l’odieux du pouvoir absolu, et où le roi ne prit que ce qu’on offrait à l’homme : témoin la Vallière, qui mourut pour le monde le jour où elle cessa d’être aimée. […] « Il manquait peu de sermons, dit Saint-Simon, l’avent et le carême. » Il apportait au pied de la chaire évangélique, outre une foi demeurée intacte, même dans le plus grand emportement des passions, l’amour de la vérité qu’il cherchait sans cesse, qu’il savait entendre, pourvu qu’elle gardât la déférence qui ne messied à aucune vérité ni devant personne.
Le spectacle d’hommes remarquables par le caractère, l’intelligence, le talent, pensant différemment les uns des autres, se le disant vivement, rivaux sans doute, mais rivaux pas aussi implacables que ces généraux qui, en Espagne, immolaient des armées à leurs jalousies ; occupés sans cesse des plus graves intérêts des nations, et élevés souvent par la grandeur de ces intérêts à la plus haute éloquence ; groupés autour de quelques esprits supérieurs, jamais asservis à un seul ; offrant de la sorte mille physionomies, animées, vivantes, vraies comme l’est toujours la nature en liberté ; — ce spectacle intellectuel et moral commençait à saisir et à captiver fortement la France.
Dans la conversation, on le faisait souvent : la critique, sous cette forme, ne cesse pas.
Quand Racine fut convaincu de la doctrine de Nicole, il cessa de faire des tragédies.
Le moment où, écrivant au roi pour son compte, elle laisse reconnaître au duc son écriture, et répond à ses étonnements, sans cesser d’écrire, par ce brusque : Vous ne devinez pas !
L’idée de Cosima est très simple et très autorisée : c’est la lutte de la passion et du devoir au sein d’un cœur pur qui va cesser de l’être ; c’est l’antique et éternel sujet du drame depuis Phèdre jusqu’à nous.
Pour savoir mettre ainsi aux prises un tempérament avec une situation, il faut avoir observé comment notre caractère se manifeste dans les petits faits de la vie journalière, se modifie à leur contact, se décompose et se recompose sans cesse insensiblement, et se trouve parfois renouvelé alors qu’il ne s’est rien passé, comme il reste le même d’autres fois à travers les plus grandes catastrophes.
J’y retrouve, sous l’éminente autorité de l’Écriture, sans cesse alléguée et impérieusement dressée, j’y retrouve une pensée nourrie et comme engraissée du meilleur de la sagesse antique, et un sens du réel, une riche expérience qui donnent à tout ce savoir une efficacité pénétrante.
Un personnage providentiel est là pour intervenir sans cesse en faveur des amants ; ainsi qu’il sied, d’ailleurs, il est lui-même amoureux de l’héroïne, mais comme il est laid et comme son amour est sans espoir, il ne cherche qu’à faire le bonheur de celle qui ne le comprend pas.
Nous avons remarqué précédemment que le Convitato di pietra fit très probablement plus d’un emprunt au Dom Juan de Molière qui avait fait sur la scène une courte apparition, car tandis que Molière était contraint de retirer son œuvre du théâtre, les Italiens continuaient de jouer impunément leur parade qui ne scandalisait personne ; ce qu’on jugeait condamnable le mardi cessait de l’être le mercredi, et Arlequin, voyant son maître s’engouffrer dans la flamme infernale, pouvait s’écrier : « Mes gages !
La pluie n’a pas cessé ; cette halte au milieu de la manœuvre des signaux, du bruit des wagons de bestiaux, du sifflet des locomotives, sous un ciel bas, dans une atmosphère grise, obscurcie encore par des flocons de fumée qui retombent en écharpes de suie, a quelque chose de lugubre.
La Plume s’annexe au grand complet la rédaction d’Art et critique qui cesse de paraître et, sortie de l’inévitable chaos primitif, organise une série de rubriques dont elle énumère avec satisfaction les titulaires, savoir : Critique littéraire. — Anatole France, Maurice Barrès, Charles Morice, Georges Lecomte, Camille Mauclair.
Ce n’est point par hasard que le mot nature et le verbe sentir avec tous ses dérivés se glissent sans cesse sous la plume de Rousseau ; et il n’est pas inutile d’observer chez Lamartine la fréquence des termes : flot, océan, harmonie.
Cette dégradation des femmes savantes sauvait Molière du danger d’essayer le ridicule contre des personnages sur lesquels le ridicule ne mordait point, et du danger des inimitiés puissantes, mais il n’allait point au but, qui était d’affaiblir la considération des gens du monde, dont le poids était incommode pour la cour et dangereux pour le spectacle de Molière ; et d’ailleurs il avait peu de succès à attendre d’un ouvrage qui reproduisait la préciosité au moment où elle venait de rassasier le public, et où, par l’influence du théâtre même, elle cessait d’exister dans le monde.
Mais l’homme étant oblige de mettre la moralité dans toutes ses actions, il cesse, lorsqu’elles n’en ont pas, de faire un bon usage de sa raison.
Il traiterait de la nature des lois, de leur origine, de l’obligation qu’elles produisent, des causes qui la suspendent ou la font cesser ; du serment, des contrats, etc.
Cependant tant d’inscriptions infâmes dont la statue de la Vénus aux belles fesses est sans cesse barbouillée dans les bosquets de Versailles ; tant d’actions dissolues avouées dans ces inscriptions, tant d’insultes faites par la débauche même à ses propres idoles ; insultes qui marquent des imaginations perdues, un mélange inexplicable de corruption et de barbarie, instruisent assez de l’impression pernicieuse de ces sortes d’ouvrages.
… Assurément, dans des circonstances et des dispositions aussi exorbitantes et aussi cruelles, l’avenir du Christianisme en Chine est plus que menacé ; il a cessé d’être, soyez-en sûrs !
, cet esprit que le xviiie siècle avait pu barbouiller de son abominable vermillon, mais qu’il n’avait pas pu pourrir, était cependant en train de cesser d’être délicat.
Ses commentaires, ses explications, ses analyses, les entrouvrements qu’il pratique dans l’œuvre toujours un peu mystérieuse du génie et qui, à la distance où nous en sommes, est plus mystérieuse dans Eschyle que dans aucun autre, toutes ces choses d’un travail puissant et réfléchi, mais prosaïques, deviennent poétiques dans l’œuvre de Saint-Victor en s’y embrasant d’un feu de peinture qui ne cesse jamais et dont l’intensité, sous sa plume, est presque plastique… Comment donner ridée de cela ?
Il fallait les battre avec leurs propres armes, ces coquines charmantes et amusantes, qui avaient ôté cette ceinture, par trop serrée, de l’étiquette, à ces sultans lassés qu’elle blessait… Il fallait que la vertu, chez soi, fût aussi aimable que le vice, sans cesser d’être la vertu ; et ce jeu difficile et dangereux, que seule une femme pure et trempée dans le Styx de sa propre innocence pouvait se résoudre à jouer, elle le joua hardiment, presque héroïquement, et elle perdit… Dieu ne voulut pas que la fille de Marie-Thérèse épargnât à la France et à la maison de Bourbon le châtiment qu’elle méritait pour avoir subi des Pompadour.
Il fallait les battre avec leurs propres armes, ces coquines charmantes et amusantes, qui avaient ôté cette ceinture, par trop serrée de l’étiquette, à ces sultans lassés qu’elle blessait… Il fallait que la vertu, chez soi, fût aussi aimable que le vice, sans cesser d’être la vertu ; et ce jeu difficile et dangereux, que seule une femme pure et trempée dans le Styx de sa propre innocence pouvait se résoudre à jouer, elle le joua hardiment, presque héroïquement, et elle perdit… Dieu ne voulut pas que la fille de Marie-Thérèse épargnât à la France et à la maison de Bourbon le châtiment qu’elle méritait pour avoir subi des Pompadour.
Il y a dans ce terrible livre de Rouge et Noir un moment qui revient sans cesse, à propos de tout, dans le récit de Vaublanc, quand il nous raconte les dangers de sa proscription, en 1793.
Eh bien, ce qui nous a frappé tout d’abord en lisant cette histoire, ce n’est pas d’y trouver Ranke tel qu’il fut toujours dans ses écrits et n’a jamais cessé d’être (nous ne sommes pas si inconséquent aux idées que nous exprimions, il n’y a qu’un instant, sur la personnalité forcée et nécessaire de l’Histoire), mais c’est, au contraire, de ne pas assez l’y retrouver.
Y a-t-il mis le poids d’une idée de plus, et n’est-ce pas sans cesse le même ballonnage de spiritualiste et de providentiel, qui ne leste rien, n’assure rien et titube toujours ?
Il croit à la morale par elle-même, et il y croit si dru qu’il n’est pas du tout frappé comme il devrait l’être de ce grand fait qui se retourne contre sa pauvre morale, la soufflète et la convainc d’impuissance, — le contraste qui existe et n’a pas cessé d’exister à la Chine entre la moralité enflée ou sentimentale des paroles et la scélératesse des actes !
Qu’il prenne, s’il veut, Fénelon, l’auteur du Télémaque et le précepteur du duc de Bourgogne, mais qu’il ne mette la main ni sur Suarez, ni sur Bellarmin, ni sur Bossuet lui-même, car Bossuet, comme saint Augustin, n’a pas cessé d’être un évêque, et sa politique n’est point tirée de l’ordre philosophique, mais de l’Écriture Sainte.
Secouée un moment de sa torpeur héréditaire par les événements de 1848 et 1849, cette vieille éclectique, qui avait compris qu’avec de l’éclectisme, aux jours de péril, on ne défendait pas grand-chose, a senti son éclectisme lui revenir à l’esprit et lui énerver le cœur dès que le péril a cessé.
Lui qui, plus tard, s’adonna, comme Salomon vieillissant, à l’amour des femmes, quand il eut dépassé cet âge où les hommes cessent de les aimer, avait traversé une jeunesse si chaste et si pure, que la Légende musulmane a pu dire que les deux anges de Dieu avaient ôté eux-mêmes de sa poitrine, ouverte par leurs mains célestes, la tache noire du péché originel.
Armand Hayem, sans cesser d’être lui-même, et avec une habileté volontaire ou involontaire, avait étamé un miroir de la plus belle eau dans lequel messieurs des Sciences morales et politiques auraient pu se reconnaître, et dans lequel pourtant ces vieux Narcisses, à la vue trop basse, ne se sont pas reconnus.
Il n’a pas cessé d’être un vrai paysan, un vrai jaugeur de bière, écrivant, sous le coup de l’inspiration la plus désintéressée, ses admirables chansons de vieux ponts, de vieux diables et de vieux mendiants, pour les jeunes filles et les meuniers de sa patrie, et non pour les cercles choisis et savants de Londres et d’Edimbourg.
Même quand il a cessé d’être le poète idéal, lyrique et tragique, il est encore poète dans la comédie et dans l’épigramme ; tandis que M. de Vigny est tout autre chose ; il ne s’épuise pas dans le poète.
… Tel est et tel ne cesse pas d’être, dans tout ce recueil d’ailleurs fort mince, l’amour poétique de M.
« Non, votre maison n’est pas solitaire : vos enfants ne sont plus, mais leur gloire y habite avec vous, elle répandra son éclat sur vos derniers jours. » Ensuite adressant la parole aux frères et aux enfants des morts : « Une grande carrière vous est ouverte, dit-il : vous avez l’exemple de vos pères et de vos frères, mais ne vous flattez pas d’atteindre à leur renommée ; car tant que l’homme est vivant, il a des rivaux, et la haine qui le poursuit cherche sans cesse à lui arracher sa gloire : mais on rend justice à celui qui n’est plus.
Ce qui prouve bien que l’accord est le pur effet du préjugé, c’est qu’il cesse avec lui. […] Quand il fut terminé, elle avait cessé de croire tout à fait et pour jamais. […] Elle ne savait qu’elle et se récitait sans cesse. […] Cet homme sensuel, déchiré dans ses entrailles, ne cessait point de gémir et de pleurer. […] Sans cesse attaché à ce trésor, je ne saurais oublier la main qui me l’a donné.
Et comme les défauts de Fléchier ne l’empêchent pas d’être un fin et judicieux observateur des mœurs, il suffit que le tableau soit vrai pour qu’on ne soit pas près de cesser de le consulter. […] La Combe dit : Que votre toux cesse, et elle cessa. » M. […] Où est en cela la ressemblance qu’on ne cesse de m’objecter107 ? […] « Les philosophes, dit-il quelque part, crient sans cesse à la persécution, et ce sont eux-mêmes qui m’ont persécuté de toute leur fureur et de toute leur adresse. […] Si jamais Galiani passe pour « naturel », c’est que nous aurons perdu les vrais noms des choses, et les mots de prétention ou de préciosité auront cessé d’avoir un sens.
La titillation élégante commence seulement là où cesse la sexualité normale. […] La croissance des os longs est excessivement lente ou cesse complètement, les jambes demeurent courtes, le bassin conserve une forme féminine, certains autres organes ne se développent pas davantage, et l’être entier offre un étrange et repoussant mélange d’inachèvement et de flétrissure55. […] Les cellules qui ne reçoivent pas de sang doivent cesser leur travail ; celles qui en reçoivent une forte quantité peuvent au contraire fonctionner plus vigoureusement. […] Ils ne formèrent plus une réunion fermée dans laquelle on était reçu en due et bonne forme, mais seulement un cercle libre d’amis à tendances communes, sans cesse transformé par les entrées et sorties. […] Ici le mot cesse d’être le symbole d’une aperception ou d’une notion déterminée et tombe au son sans signification qui n’a plus d’autre but que d’éveiller par l’association d’idées toutes sortes d’émotions agréables.
Il en est de la pointe de l’esprit comme d’un crayon ; il faut recommencer à le tailler sans cesse. […] le mal peut-être eût cessé d’exister ! […] Peu de fortune de chaque côté : de l’un assez d’ambition, une mère ultra, vaine de son titre, de son fils, et l’ayant déjà promis à une parente riche, en voilà plus qu’il ne faut pour triompher d’une admiration plus vive que tendre ; de l’autre, un sentiment si pudique qu’il ne s’est jamais trahi que par une rougeur subite, dans quelques vers où la même image se reproduisait sans cesse.
Ce Daphnis qu’il célèbre sans cesse, et qui apparaît comme l’inventeur à demi divin du criant bucolique, nous figure le génie même d’une race douée de légèreté, d’allégresse et de mélodie. […] Il n’est presque aucune de ses idylles qui n’offre des mouvements passionnés, et l’on est forcé d’admirer l’accent de la tendresse là où les objets sont de ceux qu’admettaient si singulièrement les Grecs, qui ne cessent de nous étonner dans l’Alexis de Virgile, et dont la seule idée fuit loin de nous. […] Et Chateaubriand, qui n’a cessé d’avoir le grand culte présent, a dit en s’adressant à un ami qu’il voulait enflammer : « C’est une vérité indubitable qu’il n’y a qu’un seul talent dans le monde : vous le possédez cet art qui s’assied sur les ruines des empires, et qui seul sort tout entier du vaste tombeau qui dévore les peuples et les temps. » On aime à entendre à travers les âges ces échos qui se répondent et qui attestent que tout l’héritage n’a pas péri.
. — Vous êtes loin de compte, répartit le roi, car cette voiture, telle que vous la voyez, me revient à 30 000 francs… Les voleries dans ma maison sont énormes, mais il est impossible de les faire cesser ». — En effet, les grands tirent à eux comme les petits, soit en argent, soit en nature, soit en services. […] S’ils y couchent, ils n’en sont pas moins négligés. « Je fus confié, dit le comte de Tilly, à des valets et à une espèce de précepteur qui leur ressemblait à beaucoup d’égards. » Pendant ce temps son père courait. « Je lui ai connu, ajoute le jeune homme, des maîtresses jusqu’à un âge avancé ; il les adorait toujours et les quittait sans cesse. » Le duc de Biron juge embarrassant de trouver un bon gouverneur à son fils : « c’est pourquoi, écrit celui-ci, il en confia l’emploi à un laquais de feu ma mère, qui savait lire et passablement écrire, et qu’on décora du titre de valet de chambre pour lui donner plus de considération. […] Cette mode ne cesse qu’en 1783. — E. et J. de Goncourt, la Femme au dix-huitième siècle, 415. — Les petits Parrains, estampe par Moreau. — Berquin, l’Ami des enfants, passim. — Mme de Genlis, Théâtre d’éducation, passim.
« Quoiqu’il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu’il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s’exercent et se développent, ses idées s’étendent, ses sentiments s’ennoblissent, son âme tout entière s’élève à tel point que, si les abus de cette nouvelle condition ne le dégradaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l’instant heureux qui l’en arracha pour jamais, et qui, d’un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme560 2. » Rousseau se garde donc bien de nous inviter à restaurer en nous l’orang-outang, primitif exemplaire de notre humanité. […] Ainsi, selon le contrat primitif, tous les hommes restent égaux dans la société ; ils cessent d’être libres ; car s’ils sont souverains collectivement, ils sont individuellement sujets. […] Le protestant qui cesse de croire peut se chamailler avec quelques ministres, il ne se heurte point au même dogme compact, à la même autorité intraitable : il n’est pas mis hors de son Église ; il fait un parti avancé, il peut faire une nouvelle Église, en restant membre de la grande et multiple Église chrétienne.
» Dès lors toute résistance a cessé ; le château est pris. […] Ces figures, si nettes et si expressives, communiquent leur vie et leur vérité à cette langue naissante et déjà des formes mûres et des tours définitifs revêtent des idées qui ne cesseront pas d’être vraies. […] Voici pourtant quelques vers de la Ballade sur la paix, dont le tour est agréable et franc : Priez pour paix, le yray trésor de joye Priez, prelats, et gens de sainte vie, Religieux, ne dormez en paresse ; Priez, maistres, et tous suivant clergé, Car par guerre faut que l’estude cesse ; Priez, galants joyeux en compagnie, Qui despendre (dépenser) desirez à largesse Guerre nous tient la bourse desgarnie.
Œuvre supérieure et singulière, où le mauvais esprit philosophique côtoie sans cesse le bon, mais où le bon est de telle sorte qu’il n’y en a guère de meilleur. […] C’est à cette lumière, si souvent voilée, mais qui ne cesse jamais de luire au fond de son âme, que Gil Blas juge sa vie à mesure qu’il la raconte. […] Il ne nous met sous les yeux que les images familières de l’amour, de l’ambition, de la vanité, qui troublent plus ou moins toutes les existences, et par qui se renouvelle sans cesse le tableau de la vie humaine.
En parlant de Massillon, je dirai comment Voltaire aurait pu moins admirer le Petit Carême sans cesser d’être juste. […] Qu’avec cette abondance sans superflu, cet éclat sans faux brillants, tant de traits hardis, de figures vives et naturelles, tant d’art pour attirer l’imagination aux subtilités de la théologie ; qu’avec d’éminentes qualités extérieures, une physionomie noble, un regard doux et perçant, un accent passionné, un geste imposant, Bossuet, à l’apparition de Bourdaloue, ait cessé de passer pour le premier prédicateur, comment l’expliquer, sinon parce que le génie de Bourdaloue le tenait plus près de l’auditoire et que Bossuet lui parlait de trop haut ? […] Qu’il nous ait par moments jugés par prévention plutôt que sur pièces, je ne le nie pas ; mais là même il ne cesse pas d’être vrai ; et, pour le trouver vrai, il suffit qu’en méditant avec candeur sur les plus sévères de ses maximes, nous ne nous sentions pas incapables de toutes les fautes dont nous sommes innocents.
A Dresde il en était arrivé à un état d’abattement moral terrible, il ne pouvait descendre plus bas sans cesser pour toujours d’être artiste (IV, 360, 370 ; VII, 163, etc. ; Tapperl, Biogr. 48 ; Glasenapp, Biogr. […] Mais j’ai tenu à faire remarquer quel soin le maître a pris d’établir le lieu dramatique et de le rappeler sans cesse ; parce que ce souci prouve l’intention exclusivement poétique. […] Non pas que l’allitération cesse ici ; tout Tristan, à l’exception de quelques vers isolés, est au moins dans une certaine mesure allitéré.
Catulle Mendès de s’écrier : « Quelle admirable France qui ne cesse de produire des poètes, encore des poètes ! […] Le souvenir a gardé, reproduit et traditionnalisé l’expression phonétique en la nuançant sans cesse Cette complexe vibration sensitive, représentative du divers phénomène universel et de ses rapports avec l’Etre qui s’en émeut, quand elle se mua dans la conscience en sentiment et en pensée s’est simplifiée et abstraite aux images schématiques de l’Idée. […] — Cette loi de la Vie l’incite à tenter de se connaître davantage et sans cesse (Evolution), pour se perpétuer au Mieux.
Hugo devait donc épouser la haine de sa mère pour Napoléon, que partageaient son mari et ses amis, en même temps qu’il endossait ses opinions royalistes, Mais il fut réfractaire à toute influence, personne ne put lui imposer ses sentiments, ni père ni mère, ni oncle, ni amis : Napoléon et son extraordinaire fortune emplissaient sa tête ; « son image sans cesse ébranlait sa pensée ». […] L’engagement pour tous prendrait la date même de leur embarquement et ne pourrait excéder 15 années, à l’expiration desquelles il cesserait de droit. […] Ils n’avaient qu’à rester les maîtres du pouvoir, pour que Hugo conservât jusqu’à sa quatre-vingt-troisième année, la foi au Dieu des prêtres : mais il dût se rendre à l’évidence et suspendre son culte pour ce Dieu qui cessait de révéler sa présence réelle par la distribution de pensions.
Et cette Bellone, est-ce la déesse horrible qui ne respire que le sang et le carnage, dont les dieux retiennent les bras retournés sur son dos et chargés de chaînes, qu’elle secoue sans cesse, et qui ne tombent, que quand il plaît au ciel irrité de châtier la terre. […] Fais cependant, ô Vénus, que les fureurs de la guerre cessent sur les terres, sur les mers, sur l’univers entier ; car c’est toi seule qui peux donner la paix aux mortels ; car c’est sur ton sein que le terrible dieu des batailles vient respirer de ses travaux ; c’est dans tes bras qu’il se rejette et qu’il est retenu par la blessure d’un trait éternel. […] Supposons qu’un prince ait le bon esprit de sentir que tout vient de la terre et que tout y retourne ; qu’il accorde sa faveur à l’agriculture, et qu’il cesse d’être le père et le fauteur des grands usuriers.
Depuis longtemps j’ai cessé d’être un critique littéraire. […] A-t-il voulu se ménager ainsi la possibilité de discussions infinies, c’est-à-dire de plaisirs sans cesse renouvelés ? […] Ce roman, qui ne cesse jamais d’être attachant, vivant et dramatique, devient ainsi une sorte de somme des idées contre-révolutionnaires, c’est-à-dire — et M. […] Benjamin Constant croit devoir à sa belle carrière d’invoquer sans cesse Éros rebelle. […] Tous trois ont pour sujet le mariage, sujet éternel mais que renouvellent aussi sans cesse les changements des idées et des mœurs.
Ces vaudevillistes sont terribles quand ils cessent de rire. […] ) et cela sans cesser d’adorer son fils, parbleu ! […] Non, non, Poirier n’a pas cessé de rêver à la baronnie. […] Depuis que tu es au monde, je n’ai pas cessé de m’occuper de toi. […] Une femme peut cesser d’être amante, devenir philosophe, et néanmoins rester mère.
Jean Carrère nous avertit que jamais il n’a cessé de l’aimer. […] Mais l’abbé Louis Tiberge, s’il a cessé en 1722 d’être supérieur des Missions, il faudrait qu’il eût été supérieur des Missions à vingt ans ! […] Sans cesse à court d’argent, des Grieux s’en procure, et vite : l’abbé Prévost n’était pas plus maladroit. […] S’il ne témoigne pas tant de gratitude au romantisme, c’est qu’à présent le romantisme a cessé de plaire ; au naturalisme, c’est que le naturalisme a encouru le blâme des raffinés. […] Il admire, en Bernard Palissy, une persévérance qui le protégea contre le désespoir : tandis que Vatel « eut un chagrin mortel et cessa d’espérer ».
L’âge d’or reviendra, car un aussi beau soleil que celui qui nargue Paris depuis huit jours, ne peut se contenter d’éclairer sans cesse une pareille image de désert. […] Lui-même, de même que son chien et son valet le rappellent sans cesse, rappelle aussi son valet et son chien partout où il écrit. […] Après une entrevue pendant laquelle le jeune artiste avait reconnu le peu de succès de sa passion : « Je laisserai pousser ma barbe à dater de ce jour, et jusqu’à ce que vous cessiez d’être cruelle ! […] Elle était à demi couchée dans une ganache de maroquin ; ses petits pieds jouaient avec les petites mules chinoises qu’elle perdait et retrouvait sans cesse sur le tapis. […] Mille subterfuges, mille faux-fuyants avaient sans cesse éliminé cette instance, jusqu’à une époque où M.
De leur union résulte cette perfection du bien dire qu’il a en idée, vers laquelle il tend sans cesse, et où il voudrait conduire ses lecteurs. […] Et parmi les adjectifs, ce mot splendide que j’employais tout à l’heure, qui revient sans cesse à la bouche et trop souvent, je l’avoue, faut-il pour cela le tenir en dehors et l’exclure dans le sens où on l’applique ?
Bien que de loin, de très loin, et pour la postérité dernière, il ne subsiste que les grandes œuvres et les grands noms auxquels le temps va ajoutant sans cesse ce qu’il retire de plus en plus aux autres, c’est plaisir et devoir pour le critique et l’historien littéraire de rendre justice de près à ces talents réels et distingués, interceptés trop tôt, dans quelque ordre que ce soit, les Vauvenargues, les André Chénier, les Joachim Du Bellay, à ces esprits de plus de générosité que de fortune, qui ont eu à leur jour leur part d’originalité, et qui ont servi dans une noble mesure le progrès de la pensée ou de l’art117. […] Cela n’a guère cessé que du temps de Corneille.
elle, la perle limpide et une fois née, se voit fixe au haut de son rocher, sur le rivage, dominant cet océan qui remue et varie sans cesse ; plus humide, plus cristalline, plus radieuse au soleil après chaque tempête. […] Le Roy ; le baron d’Holbach, au ton moqueur et discordant, près de sa moitié au fin sourire ; l’abbé Galiani, trésor dans les jours pluvieux, meuble si indispensable que tout le monde voudrait en avoir un à la campagne, si on en faisait chez les tabletiers ; l’incomparable portrait d’Uranie, de cette belle et auguste madame Legendre, la plus vertueuse des coquettes, la plus désespérante des femmes qui disent : Je vous aime ; — un franc parler sur les personnages célèbres ; Voltaire, ce méchant et extraordinaire enfant des Délices, qui a beau critiquer, railler, se démener, et qui verra toujours au-dessus de lui une douzaine d’hommes de la nation, qui, sans s’élever sur la pointe du pied, le passeront de la tête, car il n’est que le second dans tous les genres ; Rousseau, cet être incohérent, excessif, tournant perpétuellement autour d’une capucinière où il se fourrera un beau matin, et sans cesse ballotté de l’athéisme au baptême des cloches ; — c’en est assez, je crois, pour indiquer que Diderot, homme, moraliste, peintre et critique, se montre à nu dans cette Correspondance, si heureusement conservée, si à propos offerte à l’admiration empressée de nos contemporains.
Il se déclare de l’avis que nous avons vu de nos jours partagé par Courier, lire et relire sans cesse les anciens, les traduire si l’on peut, et les imiter quelquefois : « On ne sauroit en écrivant rencontrer le parfait, et, s’il se peut, surpasser les anciens, que par leur imitation. » Aux anciens, La Bruyère ajoute les habiles d’entre les modernes comme ayant enlevé à leurs successeurs tardifs le meilleur et le plus beau. […] On croit au premier coup d’œil n’avoir affaire qu’à des fragments rangés les uns après les autres, et l’on marche dans un savant dédale où le fil ne cesse pas.
Enfin, avec les écrivains français de cette époque, on est sans cesse exposé à les croire originaux, si on n’est pas tout plein des anciens ou des modernes d’au-delà des monts. […] Ainsi l’éditeur a soin d’indiquer que les pièces de la page 96 sont de Saint-Gelais : mais, en y regardant bien, il se trouve que le huitain : Cessez, mes yeulx, etc., de la page 94, est également de l’aumônier-poëte.
Du ridicule au sublime il n’y a qu’un pas, dit Napoléon ; Victor Hugo ne le franchit jamais, mais dans cette partie du drame il le côtoie sans cesse. […] Ces deux êtres, purs comme des esprits, se dirent tout, leurs songes, leurs ivresses, leurs extases, leurs chimères, leurs défaillances, comme ils s’étaient adorés de loin, comme ils s’étaient souhaités, leur désespoir quand ils avaient cessé de s’apercevoir.
Enfin le style du premier admettra tour à tour l’emphase de la poésie et les familiarités de la prose ; celui du second, soumis à des lois austères, restera toujours poétique, sans jamais cesser d’être l’expression la plus naturelle et par conséquent la plus élégante des pensées et des sentiments de chaque personnage. Ne disons donc pas que le moment est venu d’adopter une doctrine plus commode et plus féconde, et de cesser enfin de cultiver un genre épuisé par tant de productions célèbres.
Même variété parmi les femmes, ou plus grande encore : Bérénice, tendre, élégiaque, mélancolique, avec des réveils d’énergie pour ressaisir l’arme féminine de la coquetterie ; Phèdre, malade d’amour à mourir, et voulant mourir sans parler, parlant quand, trompée par son malheur, elle se croit libre, consentante alors à sa passion débordée, atterrée par le retour de Thésée, et laissant par honte, pour cacher la faute déjà faite, se consommer un plus grand crime, ramenée par le remords pour démentir la calomnie, replongée plus profondément dans le mal par une crise effroyable de jalousie, et, aussitôt que l’irréparable est consommé, repentante, enfin se rachetant par la confession publique et la mort volontaire ; Roxane, plus simple, sensuelle, et féroce, qui sans cesse donne à choisir à son amant entre elle et la mort, sans esprit, sans âme, animal superbe et impudique. […] Mais j’ai dit aussi qu’il y a des vers, des couplets de poète dans Racine ; la traduction serrée de l’idée que commande la psychologie dramatique, s’achève sans cesse en images, en tableaux qui la dépassent infiniment, et qui ouvrent soudain de larges échappées à l’imagination.
C’est la philologie ou l’érudition qui fournira au penseur cette forêt de choses (silva rerum ac sententiarum, comme dit Cicéron), sans laquelle la philosophie ne sera jamais qu’une toile de Pénélope, qu’on devra recommencer sans cesse. […] Balancement de toute chose, tissu intime, vaste équation où la variable oscille sans cesse par l’accession de données nouvelles, telles sont les images par lesquelles j’essaie de me représenter le fait, sans me satisfaire.
Dans la suite de la vie, une telle liaison a pu par moments cesser de nous être nécessaire. Elle reprend toute sa vivacité chaque fois que la figure de ce monde, qui change sans cesse, amène quelque tournant nouveau sur lequel nous avons à nous interroger.
à la Musique, est un triomphe, pour peu qu’elle ne s’applique point, même comme leur élargissement sublime, à d’antiques conditions, mais éclate la génératrice de toute vitalité ; un auditoire éprouvera cette impression que, si l’orchestre cessait de déverser son influence, l’idole en scène resterait, aussitôt, statue. […] sans cesser cependant d’y bénéficier des familiers dehors de l’individu humain.
Au début du troisième acte, dans les jubilantes fanfares qui s’échappent de l’orchestre en tumulte, nous ne cesserons pas de voir étinceler des armures, s’éployer des pennons et des bannières, s’agiter des multitudes en la royale magnificence des noces. […] Il dit sa mission, son titre ; il dit le Gral environné de splendeurs, et la sévère loi qui oblige tout chevalier du Gral à s’éloigner des lieux où son nom cesse d’être inconnu.
La vie qui coule à flots de génération en génération, amenant sans cesse des idées nouvelles, pouvait-elle ne pas briser les formes réputées classiques, surtout quand ces formes n’étaient plus conservées que par la routine, et que l’âme divine s’en était envolée ? […] Tantôt, entraîné par cette gageure, il brouille le peu de notions qui nous restent, il confond les âges si divers du monde qu’il prétend reconstruire, il invente ce qu’il ignorera toujours, il décrit ce qui n’a jamais pu vivre, il donne la même valeur aux conjectures plausibles et aux imaginations hasardées, il noie quelques débris de vérités dans un océan d’erreurs, et, tâchant de tromper le lecteur, il finit par se tromper lui-même ; tantôt, dans cette lutte contre un sujet qui sans cesse lui échappe, il s’emporte, il s’enivre de sa parole, de ses images, de ses héros, de ses dieux, de ses monstruosités de toute espèce, il se livre au Dévorateur et devient comme un prêtre de Moloch.
L’idée, sous cette forme humanitaire, est réellement pour le peuple anglais une attitude d’utilité, parce qu’il a conservé le pouvoir de la déformer, de la concevoir autre qu’elle n’est, dès qu’elle cesse de le servir. […] C’est d’autre part que cette croyance ainsi qu’on l’avait annoncé, se survit à elle-même, dans les textes religieux et législatifs où ses prescriptions conservent un caractère impératif et une autorité réelle, alors que depuis longtemps déjà, elles ont cessé de répondre à une utilité.
Vendredi 5 janvier Au fond la Bastille n’a pas cessé d’exister pour les hommes de lettres. […] On lit, on relit sa feuille, ne pouvant s’en détacher, retardant toujours le moment où vous abdiquez la correction, la retouche, où vous cessez d’être maître de la faute, de la bêtise, de l’ineptie qui se cache si bien dans l’épreuve, et qui vous saute aux yeux dans le livre.
Vivez, froide nature, et revivez sans cesse… Plus que tout votre règne et que ses splendeurs vaines, J’aime la majesté des souffrances humaines ; Vous ne recevrez pas un cri d’amour de moi. […] La mobilité du poète traduit à nos yeux la mobilité des choses, ou plutôt leur enchaînement qui les fait sortir sans cesse les unes des autres.
Cela est fatigant, plus que je ne saurais dire, de vous entendre crier sans fin et sans cesse, les uns et les autres : — « Molière ! […] Quelques lecteurs croient « néanmoins le payer avec usure s’ils disent magistralement qu’ils ont lu son livre, et qu’il y a de l’esprit ; mais il leur renvoie tous ces éloges qu’il n’a pas cherchés par son travail et par ses veilles ; il porte plus haut ses projets ; il agit pour une fin plus relevée ; il demande aux hommes un plus grand et un plus rare succès que les louanges et même que les récompenses, qui est de les rendre meilleurs. » Ce sont là des pages admirables et tout à fait dignes que le critique honnête homme les ait sans cesse sous les yeux.
Ainsi il arrive sans cesse à un théoricien incrédule de signaler, dans les restes de foi qui survivent au milieu de l’ébranlement général des croyances religieuses, un phénomène morbide, tandis que, pour le croyant, c’est l’incrédulité même qui est aujourd’hui la grande maladie sociale. […] Pour que, dans une société donnée, les actes réputés criminels pussent cesser d’être commis, il faudrait donc que les sentiments qu’ils blessent se retrouvassent dans toutes les consciences individuelles sans exception et avec le degré de force nécessaire pour contenir les sentiments contraires.
Nous parlerons aujourd’hui de leur corruption, puisqu’on la nie, puisque, avec de certains ports de tête, on cesse d’être des courtisanes ! […] Mais, lorsque Louis XIII eut cessé d’exister, Anne d’Autriche, sous l’influence de Mazarin qui continuait la politique du grand Cardinal son maître, changea tout à coup de visée, comprit la France et brisa avec ses amis, qui n’étaient pas ceux de la patrie.
Il demeure discret et sobre, comme il l’est d’ordinaire, mais, à une certaine grâce mélancolique, on devine le futur auteur de Dominique, comme dans cette description de la petite danseuse kabyle endormie : « Entre quatre et cinq heures, la pluie cessa ; on entendit la voix des coqs qui n’avaient pas chanté depuis minuit. […] L’auteur ne cesse « d’être en correspondance avec tout ce qui l’entoure, de servir de miroir aux choses extérieures, volontairement, et sans leur être assujetti2 ».
Necker, M. d’Alton-Shée n’a répondu qu’en faisant ces jours derniers une conférence toute littéraire, où il a retracé « l’histoire de la calomnie », en la prenant depuis Thersite jusqu’à Iago et à Basile : cette conférence, pleine d’intérêt et de talent, et à laquelle n’a cessé de présider un goût sévère, était traversée pourtant d’éclairs soudains et d’allusions vibrantes.
Les femmes sentent qu’il y a dans leur nature quelque chose de pur et de délicat, bientôt flétri par les regards même du public : l’esprit, les talents, une âme passionnée, peuvent les faire sortir du nuage qui devrait toujours les environner ; mais sans cesse elles le regrettent comme leur véritable asile.
Que le beau jeune homme qui allait au bal, et qui est tombé dans un tas de boue, ait la malice, en se relevant, de traîner la jambe et de faire soupçonner qu’il s’est blessé dangereusement, en un clin d’œil le rire cesse, et fait place à la terreur.
La royauté, capricieuse et faible avec Louis XV, bonasse et inintelligente avec Louis XVI, adorée à de courts moments, et trompant toujours les espérances d’où jaillissait l’adoration, rejetant les esprits tour à tour dans la haine et dans le mépris, apparaissant comme égoïste ou confisquée par les égoïsmes de cour, cesse d’être une force dans la nation.
Les oracles n’ont cessé que lorsque l’esprit humain s’est éclairé : la philosophie les a fait taire.
Albert Wolff enchantait les lecteurs du Figaro quand il leur contait ses démêlés avec sa cuisinière, ses histoires de cercle, ses conversations avec les grands hommes ; pourquoi eût-il cessé de leur agréer le jour où il leur traduisait ses impressions du Salon ?
La psychologie n’a pas un objet stable ; son objet se fait sans cesse.
La grande vision du royaume de Dieu, sans cesse flamboyant devant ses yeux, lui donnait le vertige.
De même que les néo-catholiques de nos jours s’éloignent sans cesse de l’Évangile, de même les pharisiens s’éloignaient à chaque pas de la Bible.
« À qui furent-ils plus nécessaires et plus utiles qu’à Auguste, pour éloigner de son imagination les débauches de sa fille, la défaite de ses légions, la révolte des provinces, et pour apaiser et mettre en repos cette partie impatiente de son âme qui se tourmentait et veillait sans cesse ?
L’idole était irrassasiable d’offrandes, il fallait la redorer sans cesse pour être exaucé.
Nous avons, il est vrai, découvert un monde nouveau ; mais nous avons cessé de connaître l’intérieur de l’Afrique.
Il y brille dès les premières lignes et jusqu’à la dernière, ne cesse d’y pétiller.
Nul, parmi ces vicieux superficiels, n’avait soupçonné l’abîme d’âme sans fond caché sous la légère couche de carmin qui teignait cette joue meurtrie ; car Élisabeth avait cessé d’être jeune.
Et c’est ici, on le voit, que l’opinion de Daly cesse d’être la mienne.
Et peut-être même cesserait-il d’écrire, peut-être, ennuyé des sons creux qu’il file, enverrait-il promener la flûte de sa rhétorique, s’il ne se croyait tenu d’exécuter encore quelques airs funèbres en l’honneur de ce pauvre régime parlementaire qu’il aime comme lui-même, et qui, s’il n’était pas mort, lui aurait peut-être permis d’accoucher enfin de son grand ministre et de son grand orateur !
… Supposez qu’il cesse d’être un bohème comme on l’était au xve siècle, donnez-lui une place dans le classement d’un monde où chacun était classé, faites un moine, un soldat, un être quelconque de cette société féodale, qui lut un chef-d’œuvre de hiérarchie, de cet escholier indomptable qui a rompu son ban et qui est devenu un véritable outlaw en plein Paris, — autant, ma foi !
Le chroniqueur de journal qu’il ne cesse d’être pendant tout le cours de son récit a le ton propret de son métier, quand il n’en a pas les vulgarités déclamatoires et prudhommiques ; car il a souvent des phrases dans ce goût charmant : « Le prince Charles ne tarda pas à s’abandonner à de folles amours et à délaisser la femme qu’il avait épousée pour concentrer en elle toutes ses affections et en faire la souche honorable de sa postérité. » Il est impossible, comme vous voyez, d’être plus distingué.
L’engouement eût cessé, et la mobilité d’un pareil homme n’eût pas seule expliqué cette inévitable réaction… Malgré les éloges du commentaire qui suivirent les éloges des lettres, on la voit poindre… Dans ce cristal, on discerne la fêlure par laquelle il doit éclater.
Né de l’aumône ramassée dans le sang des martyrs, — car les premiers Fidèles, au temps des persécutions et jusque dans les catacombes, portaient leurs offrandes aux évêques et aux prêtres, « et, outre les objets mobiliers, — dit M. de L’Épinois, — ils donnaient des biens territoriaux dont les revenus servaient à l’entretien des clercs », — ce gouvernement temporel ne cessa jamais de représenter la justice, la miséricorde et l’action morale sur la terre.
Héloïse, elle, qui n’a pas besoin qu’on la mutile pour cesser d’être femme, Héloïse qui ne le fut jamais, tant elle est, de tempérament et d’âme, philosophe, Héloïse brave le mépris du monde parce que l’homme qui l’a perdue est un de ces fascinateurs de passage qui traversent de temps en temps l’Histoire et qui voient pendant quelques minutes le monde idolâtre et imbécile à leurs pieds.
un phénomène bon enfant, sans charlatanisme, sans tromperie, sans trompe et sans trompette, qui, malgré la réputation qui lui vient de Paris, tout doucement, goutte par goutte, flot par flot, comme l’eau vient à l’écoute-s’il-pleut de sa paroisse, n’a pas cessé de vivre à l’écart, au fond de sa province, y continuant son petit train (un train silencieux) de savant, d’annotateur et de critique.
L’engouement eût cessé, et la mobilité d’un pareil homme n’eût pas seule expliqué cette inévitable réaction… Malgré les éloges du commentaire qui suivirent les éloges des lettres, on la voit poindre… Dans ce cristal, on discerne la fêlure par laquelle il doit éclater.
Héloïse, elle, qui n’a pas besoin qu’on la mutile pour cesser d’être femme, Héloïse qui ne le fut jamais, tant elle est, de tempérament et d’âme, philosophe !
Seulement, tout métaphysicien qu’il puisse être, l’auteur des Études de médecine générale est encore plus traditionaliste que philosophe, et il laisse à sa vraie place la métaphysique dans la hiérarchie de nos facultés et de nos connaissances, en homme qui sait que, sans l’histoire, les plus grands génies philosophiques n’auraient jamais eu sur les premiers principes que quelques sublimes soupçons… M. le docteur Tessier, qui croit à la science médicale, qui la défend contre les invasions sans cesse croissantes de la physique, de la chimie et d’une physiologie usurpatrice, donne pour chevet à ses idées le récit Moïsiaque, dont tout doit partir pour tout expliquer, et l’enseignement théologique et dogmatique de l’Église.
Mgr Salvado aurait pu ajouter aux paroles si sensées et si courageuses du docteur, ce passage des Monthly Records, plus courageux et plus explicite encore : « S’il est un fait incontestable, — disent les Monthly Records, — qui nous humilie et qui nous afflige, c’est que là où nous, anglicans, nous agissons timidement, dans nos possessions australiennes, l’Église de Rome est activement à l’œuvre avec un zèle et une sagesse que nous ferions bien d’imiter… Ses évêques sont partout où il y a des âmes à conquérir et à changer… Une maîtresse pensée (master mind) anime et dirige leurs travaux… Quand un seul membre de notre clergé poursuit solitairement une tâche accablante, sans être assisté des conseils de ses supérieurs, l’Église de Rome ne cesse d’apparaître avec tous ses moyens d’action au grand complet… » Certainement, jamais le sentiment de ce qui manque à sa patrie n’a inspiré à un anglais plus de noble jalousie et de justice, et il n’y aurait qu’à admirer, si, en sa qualité d’anglican, l’écrivain auquel on applaudit ne provoquait pas le sourire en nous parlant des moyens d’action au grand complet de cette Église romaine dont il faut bien compliquer le génie pour en comprendre la puissance, quand on ne croit plus à sa divine autorité !
Il est dans deux questions terribles dont nous allons parler et qui s’élancent tout à coup de toute cette littérature tumulaire sur laquelle elles planent, sur laquelle, depuis que nous enterrons nos morts, elles n’ont pas cessé de planer !
Et de fait, elle y est (il ne faut nier la beauté nulle part) ; mais qui l’y voit tant cesse, pour son compte, d’être pathétique, et fait douter de la sincérité d’une poésie qui pleure comme on met du fard, et rappelle le mot affecté de cette femme qui disait : « C’était là le bon temps, le temps où j’étais malheureuse !
Il est grand encore quand ordinairement on cesse de l’être : il est grand même quand il est gracieux ; car il a la grâce de la force, — la grâce des lions, lorsque les lions sont amoureux.
… III Il l’obtient, comme Hugo, qu’il rappelle partout et sans cesse, au prix de l’invraisemblable, du faux, de l’impossible, de tout ce qui n’est plus la vie, même la vie intense, la vie passionnée, la vie montée à sa plus haute puissance, soit dans le mal, soit dans le bien !
Eugène Sue n’a jamais cessé d’être un comédien, fou du public plus que de son art et se grimant dans ses livres comme dans le salon de la duchesse, où il eût bien fait de rester.
Cessons de la contrarier, écartons les obstacles d’hier, les barrières pourries, les palissades de partis, laissons là agrandie telle que pendant la guerre.
si je dois vivre, si les jours de Démosthène doivent être conservés, que mes conservateurs soient mon pays, les flottes que j’ai armées à mes dépens, les fortifications que j’ai élevées, l’or que j’ai fourni à mes concitoyens, leur liberté que j’ai défendue, leurs lois que j’ai rétablies, le génie sacré de nos législateurs, les vertus de nos ancêtres, l’amour de mes concitoyens qui m’ont couronné plus d’une fois, la Grèce entière que j’ai vengée jusqu’à mon dernier soupir ; voilà quels doivent être mes défenseurs ; et si, dans ma vieillesse, je suis condamné à traîner une vie importune aux dépens des autres, que ce soit aux dépens des prisonniers que j’ai rachetés, des pères à qui j’ai payé la dot de leurs filles, des citoyens indigents dont j’ai acquitté les dettes ; ce n’est qu’à ceux-là que Démosthène veut devoir : s’ils ne peuvent rien pour moi, je choisis la mort ; cesse donc de me séduire, etc. » J’aime ensuite à voir la pitié de dédain avec laquelle il regarde le courtisan qui le croyait sans défense, parce qu’il n’avait autour de lui ni armes, ni soldats, ni remparts, comme si le courage n’était pas la défense la plus sûre pour un grand homme.
La manière est petite et froide ; l’orateur divise et subdivise : il a l’air d’un homme qui craint de s’égarer, et qui se tient sans cesse à un fil.
Athènes, qui ne pouvait cesser d’être la ville des arts, Athènes, qu’Alexandre avait ménagée comme le théâtre où se donnaient les couronnes de la renommée, n’était plus que suspecte et tremblante sous les soldats macédoniens, devenus rois tour à tour, après le conquérant de l’Asie.
Mais j’avais l’acharnement qu’ont les papillons à se roussir les ailes et il fallait me surveiller sans cesse. […] Tout à coup les sabres cessèrent de se choquer ; une tache rouge apparut sur la chemise blanche de l’un des hommes qui tomba sur un genou. […] Non, bien sûr, je déteste toujours la règle, les vilains murs gris, les grilles, cette vie sans initiative, où je n’ai pas cessé d’être une révoltée. […] Ma première visite fut pour la sœur Sainte-Madeleine, qui n’avait jamais cessé d’être ma protectrice et à qui j’avais écrit tant de folles lettres. […] Mais je revenais sans cesse à la charge, et un jour, enfin, suivies de Marianne, nous nous mîmes en route, ma sœur et moi, vers les Batignolles.
Il est peut-être temps de cesser le jeu. […] Les excès, cependant, où il pousse l’homme, dépassent la mesure, car l’intelligence a fait de l’animal humain un être qui dépasse sans cesse la mesure : c’est la caractéristique de son génie. […] La douleur physique, au contraire, j’entends la douleur même, et non la maladie, dès qu’elle a cessé, laisse le patient dans un état de bien-être, de joie. […] Il célèbre sans cesse les conquêtes de l’intelligence humaine, il croit au progrès, à la transformation de la société par l’esprit scientifique. […] Ainsi je rêve, en ces derniers jours de décembre, à la vie qui n’est rien, puisqu’elle meurt sans cesse, et qui est tout, puisqu’elle renaît sans cesse.
Les papiers de Conrart n’ont pas cessé d’être une mine de gloire ; seulement il s’y en est joint beaucoup d’autres ; et ce ne sont pas des Victor Cousin qui les ont exploités. […] Doncques me sont mes larmes si aisées A tant pleurer, que sans cesser distillent ? […] Rien de ce qui a été français ne peut cesser de l’être pour lui. […] Je ne le pense pas ; mais, quand on le nierait, il resterait toujours que les genres, n’ayant pas en fait le même objet, ne sauraient donc, sans cesser d’être eux-mêmes, se développer par les mêmes moyens. […] Dumas n’a pas cessé d’écrire.
Moréas a mis en vers lyriques le couplet de la supplication d’Iphigénie, vous savez, ce couplet qui dans Racine commence par : « Mon père, cessez de vous troubler ; vous n’êtes point trahi ! […] Dans Athalie, le Temple est un personnage, et un personnage très important dont il est sans cesse parlé avec respect, terreur ou amour, qui a sa très grande influence sur l’action et qu’il faut voir et que l’auteur veut qu’on voie et sous plusieurs et différents aspects. […] Mais, de plus, Racine a réclamé aussi pour lui ; il a réclamé sa pension en retard et certain dégrèvement d’impôt, avec quelque insistance, qui a contribué à faire qu’il cessât d’être agréable. […] C’est qu’il se le dit sans cesse à lui-même avec un tremblement. […] La raison… c’est d’abord qu’il avait beaucoup de talent ; mais la seconde raison, non moins essentielle et peut-être plus, c’est qu’il collaborait sans cesse, soit en nommant ses collaborateurs, soit en ne les nommant pas.
Que dira-t-on encore qu’on trouve de funeste dans une doctrine dont le propre est ainsi de rétablir sans cesse entre les hommes l’idée de leur communauté d’origine et de faiblesse ? […] Sully Prudhomme a toujours cru que, sans perdre, par là même, son contact avec la pensée contemporaine, et sans cesser d’être une occupation virile, la poésie ne pouvait demeurer étrangère. […] « L’esprit humain marche par antithèse et par réaction : il ressemble au pendule, dont les oscillations vont sans cesse de gauche à droite et de droite à gauche. […] à ce compte, le roman cesserait d’être une imitation de la vie. […] Ou, en d’autres termes, si le roman, comme on le dit, peut se passer d’intrigue ou d’aventure, le théâtre, lui, peut-il, sans cesser d’être le théâtre, s’en passer, comme le roman ?
Shakspeare y arrivait par la prodigieuse tension de son rêve poétique, et Carlyle répète sans cesse d’après lui « que nous sommes faits de la même étoffe que nos songes. » Ce monde réel, ces événements si âprement poursuivis, circonscrits et palpés, ne sont pour lui que des apparitions ; cet univers est divin. « Ton pain, tes habits, tout y est miracle, la nature est surnaturelle. » — « Oui, il y a un sens divin, ineffable, plein de splendeur, d’étonnement et de terreur, dans l’être de chaque homme et de chaque chose ; je veux dire la présence de Dieu qui a fait tout homme et toute chose1415. » Délivrons-nous de « ces pauvres enveloppes impies, de ces nomenclatures, de ces ouï-dire scientifiques » qui nous empêchent d’ouvrir les yeux et de voir tel qu’il est le redoutable mystère des choses. « La science athée bavarde misérablement du monde, avec ses classifications, ses expériences, et je ne sais quoi encore, comme si le monde était une misérable chose morte, bonne pour être fourrée en des bouteilles de Leyde et vendue sur des comptoirs. […] Quand l’art a donné toutes ses œuvres, la philosophie toutes ses théories, la science toutes ses découvertes, il s’arrête ; une autre forme d’esprit prend l’empire, ou l’homme cesse de penser. […] Il va jusqu’à excuser la rhétorique de Johnson, parce que Johnson fut loyal et sincère ; il ne distingue pas en lui l’homme littéraire de l’homme pratique ; il cesse de voir le déclamateur classique, étrange composé de Scaliger, de Boileau, et de La Harpe, enharnaché majestueusement dans la défroque cicéronienne, pour ne regarder que l’homme religieux et convaincu. […] VI Ce commerce de dénigrements était en vigueur il y a cinquante ans ; dans cinquante ans, il est probable qu’il aura cessé tout à fait. […] L’Angleterre périt si un jour elle cesse de pouvoir vendre l’aune de coton un liard moins cher que les autres.
Les races primitives ont cessé depuis longtemps d’exister à l’état pur. […] M. de Gobineau aimait tant les plaisanteries qu’il n’a pas cessé d’en faire après sa mort. […] Louis Roche abonde en allusions, en réticences : il semble avoir sans cesse un doigt sur la bouche et un bœuf sur la langue. […] Émile Faguet tient du prodige et plonge ses contemporains dans un émerveillement sans cesse renouvelé. […] Jamais je n’ai cessé de vous aimer… Toi, l’héritier, le fils, pourquoi t’être évadé de la Maison ?
La conduite de Lamartine fut très louée, la clameur cessa, et il fut même applaudi la première fois qu’il parut au théâtre. […] Mais c’est sentir Dieu autrement qu’il ne le sentait autrefois que de le mêler sans cesse à la création et le rapprocher des choses comme pour l’avoir plus près de soi. […] Cet ange déchu, c’est l’homme lui-même, l’humanité considérée comme un seul homme qui marche et s’épure sans cesse ; et ses morts et ses existences successives sont les phases par où passe le genre humain. […] Il cessa dès lors, non de produire, mais de publier. […] Je parle d’une sensation forte s’imprégnant d’idée, sans cesser d’être sensation ; vous parlez peut-être d’une idée se traduisant (encore) en une allégorie ou en un symbole.
Quelle que fût sa langue, latine, ou franque, ou romane, le peuple n’a pas cessé de chanter ; il est impossible, de par les lois psychologiques et de par l’expérience, d’admettre un seul instant un silence séculaire ; au contraire, la nouvelle religion, le nouvel état politique et social devaient provoquer une nouvelle poésie. […] Cette qualité d’amuseur fut sa plus sûre garantie, une condition d’existence ; quand il cessa de rire, on lui refusa la sépulture des chrétiens. […] L’un des éléments fait obstacle à l’autre, si le poète n’intervient sans cesse pour dégager le sens du spectacle : et l’on a ainsi un poème épico-lyrique plutôt que dramatique » (Lanson). […] Quelle que soit donc, en France, l’inconnue celtique, voici quelques éléments plus sûrs : une colonisation romaine intense, d’où une vie intellectuelle qui égalait celle de la métropole et qui dura d’une façon plus constante à travers tout le moyen âge ; une résistance matérielle moins prolongée à l’invasion des barbares, d’où une assimilation réciproque plus rapide et plus harmonieuse ; à la différence de l’Italie, aucun passé de gloire qui pesât sur l’avenir, attirât sans cesse de nouveaux conquérants et prolongeât l’anarchie ; un pays tout à l’ouest du continent, adossé à la mer en bonne partie, qui n’était point une route à passer, une plaine à traverser, mais qui, une fois conquis, put travailler à un nouvel équilibre ; un pays de grandeur moyenne, non point plat comme l’Allemagne ou démesurément allongé comme l’Italie, mais compact, admirablement varié par ses fleuves et ses montagnes, où les provinces semblaient se faire d’elles-mêmes, éléments futurs d’une plus grande unité ; non point isolé comme l’Espagne et l’Angleterre, mais de contact facile ; un sol fertile ; un climat tempéré, ni la grisaille des longs brouillards, ni la voluptueuse lassitude des cieux ardents.
Elle a été plus qu’une muse, elle n’a jamais cessé d’être la bonne fée de la poésie ; et dans mes nombreux souvenirs du cœur, mon titre le plus doux est d’avoir conservé sa sympathie qui m’a suivi à travers tous mes barreaux.
Elle a été plus qu’une muse, elle n’a jamais cessé d’être la bonne fée de la poésie, et dans mes nombreux souvenirs de cœur, mon titre le plus doux est d’avoir conservé sa sympathie qui m’a suivi à travers tous mes barreaux.
« J’avais cessé presque entièrement de le visiter dès 1839, le traitant un peu comme une ancienne maîtresse qu’on craint de revoir pour ne pas retomber sous le charme. » « — Lamartine est l’homme qui a su dire le plus de fois dans sa vie : Ce qui n’est plus pour l’homme a-t-il jamais été ?
Non-seulement pour le fond et pour les faits, mais pour la forme, il s’inquiétait, il était prêt sans cesse à retoucher, à rendre plus solide et plus vrai ce qui, dans une première version, n’était qu’éblouissant.
La satire attache à son pilori des fous responsables et corrigibles, et les fouettant jusqu’à ce qu’ils s’amendent, ne cesse point de les flageller.
(Pourtant) aucun gentilhomme n’a autant fait pour les habitants de ses terres que M. le marquis de Marnezia… Les excès en tout genre augmentent ; j’ai des plaintes perpétuelles sur l’abus que les milices nationales font de leurs armes, et je ne puis y remédier. » D’après une phrase prononcée à l’Assemblée nationale, la maréchaussée croit qu’elle va être dissoute et ne veut pas se faire d’ennemis. « Les bailliages sont aussi timides que la maréchaussée ; je leur renvoie sans cesse des affaires, et aucun coupable n’est puni… » — « Aucune nation ne jouit d’une liberté si indéfinie et si funeste aux honnêtes gens ; il est absolument contraire aux droits de l’homme de se voir perpétuellement dans le cas d’être égorgé par des scélérats qui confondent toute la journée la liberté et la licence. » — En d’autres termes, les passions, pour s’autoriser, ont recours à la théorie, et la théorie, pour s’appliquer, a recours aux passions.
Il se demande sans cesse : « Ai-je été habile aujourd’hui ?
Demain j’y retournerai. » La phrase a trop servi, et maintenant la jeune femme répond à son seigneur inquiet de ses yeux fatigués : « Je n’ai pas cessé de courir de Faguet à la Sorbonne, à du Bled chez la duchesse, et à Vanor chez Bodinier, sans trouver la nuance d’âme que je cherchais ; je recommencerai demain. » Je remercie les auditrices, loyales celles-là ou momentanément inoccupées, qui aujourd’hui sont venues en personne entendre moquer leur prétendu passe-temps favori.
Mais le vrai a une grande force, quand il est libre ; le vrai dure ; le faux change sans cesse et tombe.
Traduire, c’est créer une seconde fois, & lutter sans cesse contre son original.
Si vous faites quelque chose de plus, vous confondez les genres, vous cessez d’être poëte, vous devenez peintre ou sculpteur.
C’est le prédécesseur, sinon le maître, de Chateaubriand, qui le lisait sans cesse. « Chateaubriand, avons-nous dit, s’est formé par l’assimilation de Bernardin de Saint-Pierre, en étendant, en repétrissant, en poussant la description de Paul et Virginie des Etudes et des Voyages.
Si vous me voulez tant de bien, pourquoi donc me décriez-vous sans cesse ?
C’est une belle couleur de victime. » Comme les causeurs charmants dont le monde a gardé la mémoire, Rivarol, Boufflers, et surtout ce prince de Ligne, auquel elle fait penser sans cesse, elle pousse la gaieté jusqu’à la folie et même quelquefois jusqu’à la bêtise, ce genre de bêtises dont le prince de Ligne écrivait : « Je me les dis tout bas, pour me faire rire tout haut », et qu’il se disait tout haut aussi, l’indisciplinable aimable homme !
IV Ôtez-lui deux choses, eu effet, ôtez de ce petit volume de Maximes et de Pensées la feuille de vigne de Diderot, que Chamfort retourne et chiffonne sans cesse, et la haine sociale de Jean-Jacques, concentrée en poison, et voyez ce qui vous restera !
« Il est aussi impossible de dire quand les réunions de Rambouillet ont commencé que quand elles cessèrent », écrit-il avec un découragement profond.
« Ce qui ressortira de tout ce travail avec une certitude historique, — écrit Segretain, — c’est que Henri n’a pas cessé un seul instant d’associer à l’idée de son couronnement (qui fut l’idée de toute sa vie) l’abjuration de ses erreurs protestantes. » Avec la nouvelle foi de sa mère, et cette grande et populaire figure de Henri de Guise, jetant sur le trône l’ombre de son éclat, Henri de Béarn, qui craignait que ses droits à la succession des Valois ne fussent ni assez puissants ni assez assurés, crut, dit spirituellement Segretain, « que le chemin de traverse de la Réforme était le seul qui pût le conduire au Louvre… et il fit ce crochet stratégique… ».
Le coup de pistolet de Werther fit partir un feu de file de coups de pistolet du même genre parmi toutes ces cervelles allemandes, qui, d’ailleurs, n’avaient pas grand’chose à brûler… Un succès comme celui de Werther ne se recommence pas ; mais, après ce coup de pistolet qui attira sur Gœthe l’œil de l’Allemagne, sa gloire était déjà fixée, et elle ne cessa de s’étendre démesurément jusqu’à sa plus extrême vieillesse et sans avoir plus de rides que l’inaltérable beauté de Ninon.
Moi, je ne cesserai d’appeler cela une question d’orgueil, d’avarice et d’ingratitude, une question que le peuple américain d’alors n’aurait jamais posée sans ses chefs, dit Xavier Eyma, avec une imprudente naïveté (p. 111, Ier vol.) !
Elles ont cessé d’être ce qu’elles étaient.
Il a le diable au corps, nous répète-t-il sans cesse.
Depuis ce moment, il ne cessa jamais de l’être.
Mais cette distraction ne dura pas, et aujourd’hui, jusque dans cette Histoire des moines d’Occident, l’orateur qu’il n’a jamais cessé d’être se montre plus que jamais, et il y va même jusqu’à la faiblesse des prosopopées. « Et maintenant accourez, ô Barbares !
Il y a des interprétations de textes, des recherches philologiques dont je ne suis pas juge, n’étant pas philologue, et dont je ne voudrais pas être juge, étant chrétien et catholique, et ne reconnaissant que l’Église et la Vulgate, — les seules autorités qui fassent taire ces disputes de mots et cesser toutes ces chiffes tirées entre pédants.
Physiologiste donc avant tout et d’étude première, ce qui l’a d’abord frappé, c’est le vice de l’École de Médecine d’où il est sorti, et qui n’a cessé, depuis le commencement de ce siècle, de vouloir justifier scientifiquement la misérable idéologie de l’Encyclopédie, qui, sans cette École, n’eût pas eu de portée ; car, ainsi que l’a dit le Dr Athanase Renard dans un éclair : « Le Matérialisme n’est pas français. » Il vient de Bacon et de Locke.
Cette omniprésence du saint à toutes ses œuvres, le soin infatigable qu’il y donnait, les lettres, instrumenta regni, par lesquelles il les gouvernait des distances les plus éloignées, toutes ces fortes qualités, incessamment appliquées, de direction, d’influence et d’irrésistible commandement, frappent plus encore que sa charité, et tout cela est d’une telle proportion en saint Vincent de Paul, qu’il est impossible de bien comprendre son action souveraine sur tout ce monde immense dont il ne cessa d’être, jusqu’à la mort, le père de famille et la providence, sans l’aide personnelle, directe et surnaturelle de Dieu !
D’éducation incorrigible, d’impression première plus forte que lui, Cousin est écossais, cartésien, leibnitzien, éclectique enfin, mais antiscientifique, n’ayant point de science philosophique mais une littérature philosophique, et c’est la raison pour laquelle il a une peur bleue de Hegel dès qu’il cesse de l’aimer, ce bel esprit philosophique à l’imagination infidèle !
L’auteur y examine d’abord l’influence des lieux fatidiques ou du domaine privilégié des esprits, les hauts lieux, les lieux déserts, certaines sources, les béthyles ou les pierres mystérieuses élevées en commémoration des faits merveilleux, les animaux subissant, dans certains lieux fatidiques, la même influence que ceux qui les guident ; et sur toutes ces questions, prises à revers des solutions de la science moderne, le terrible savant ne cesse de marcher au flambeau allumé de la critique historique.
Joséphin Soulary bien supérieur à tous les autres poètes d’une École qui ne se soucie que de l’expression, c’est le fond humain qui palpite en lui, c’est cette profonde sensibilité qui est toujours exquise, — quand elle cesse d’être cruelle.
Il le dit lui-même : « Je suis chose légère. » Les femmes qui l’aimèrent, l’aimèrent surtout comme de belles marraines qui lui firent chanter sa romance à Madame jusqu’à sa dernière heure, à ce Chérubin attardé qui devint une barbe grise avant de cesser d’être un enfant, mais qui finit, tout en la chantant, par rire de sa romance.
Or, tout cela a cessé d’être.
Les personnages du roman de Gogol, tous ineptes, ne sont plus que superficiels, quand ils cessent d’être profonds d’ineptie.
En elles-mêmes, les aventures de Ruy Blas, de Quasimodo ou même d’Eviradnus pouvaient cesser d’intéresser. […] Le renom du poète grandit sans cesse. […] Mais Paris cessa vite d’être une autre Corinthe pour devenir une nouvelle Rome. […] Une légende extraordinaire va cesser ; nous la regretterons peut-être, car elle était étrange et sombre. […] Des contraintes cessèrent.
Depuis lors il n’a pas cessé de battre la grosse caisse. […] On ne cesse de leur dire : À la bonne heure, Saint-Omer et Béthune ! […] Ce dominateur s’empare de notre âme, et nous cessons de nous appartenir. […] Apaisé, aujourd’hui, de cassant devenu liant, il n’en est que plus aimable, sans cesser d’être redoutable et redouté. […] Ce jour-là, la loi cessera d’être mâle ; elle sera androgyne.
Ce serait de ma part une sorte de trahison que de me taire absolument sur ce qu’il a donné depuis ce temps-là, et de laisser peut-être supposer qu’en voulant acquérir la renommée d’instituteur, dont il est fier, il a cessé d’être poète. […] Quand Maurice Bouchor s’est mis à parcourir les quartiers parisiens, puis les provinces de la France, pour faire entendre à travers les écoles sa parole d’éducateur, le lyrisme profond, qui était sa nature même, n’a pas cessé de bouillonner en lui et, par moments, de faire explosion. […] Depuis près de deux ans, il n’avait presque pas cessé d’être aux prises avec la misère. […] Il continuera à traverser les espaces du temps, et le doux bruit des vers, qui ont chanté le bon cœur de la jeune et belle fermière ou la fraîcheur des flots de la Voulzie, ne cessera pas de frémir sur les lèvres des hommes. […] Apercevoir le terme où cette œuvre veut aboutir, n’est-ce pas découvrir aussi le plan très concerté qui n’a cessé d’en diriger et d’en assurer la conduite ?
Finalement il s’est installé dans ce genre humble, et c’est là qu’il a trouvé sa forme la plus originale ; mais, en devenant simple, il n’a pas cessé d’être précieux, car il affecte maintenant la simplicité ; jamais on ne l’a vu tout à fait naturel. […] Il semble trop souvent faire ses vers comme on remplit des bouts-rimés ; beaucoup de termes, qui reviennent sans cesse, appellent immanquablement leur contre-partie : l’ombre et la lumière, la vie et la mort, la nuit et le jour, le blanc et le noir, le berceau et la tombe, marchent toujours de compagnie. […] Vers la trois centième page, le défilé cesse, parce que trois cents pages font un volume, et non parce qu’il y a une fin nécessaire, une conclusion. […] Quant à cesser de s’aimer soi-même de l’une ou de l’autre façon, quant à cesser de chercher son bien en ce monde ou son salut dans l’autre, on ne peut l’exiger de l’homme, sans renverser d’abord, non seulement les fondements de l’âme humaine, mais l’ordre général de la nature qui a fait de l’amour de soi, c’est-à-dire du besoin d’être et de durer, le principe même de la conservation et du mouvement de l’univers. » L’erreur de La Rochefoucauld est de n’avoir pas reconnu ces deux formes de l’amour de soi que distingue si bien Prévost-Paradol, et d’avoir tout flétri également des noms odieux d’égoïsme et d’intérêt. […] Cesse-t-il d’être bien ?
Elle portait sans cesse à son nez un gros flacon d’éther, puis renversait sa tête sur le dossier et regardait le ciel noir. […] On voyait en lui une de ces natures trop chargées de l’électricité du temps, qui ont besoin que les commotions les soulagent sans cesse. […] Cette doctrine fut professée, en des temps très anciens, par le Grec Héraclite, qui, dit-on, pleurait sans cesse, tandis que Démocrite, son compère, riait toujours. […] Dès lors, il cessa de s’appartenir. […] Depuis cette première entrevue Pouvillon n’a pas cessé un seul jour de l’aimer, de la célébrer, de la voir ou de penser à elle.
Elle ne cessa de crier que l’inventeur des monades & de l’harmonie préétablie, l’étoit aussi du calcul différentiel. […] Pour les faire cesser, il se proposa de crier plus haut que personne, & se fit un bouclier impénétrable à tous les traits en répétant toujours ces deux grands mots : vertu, vérité ! […] L’unique moyen d’arrêter la prédication des faux apôtres, est d’empêcher qu’ils ne reçoivent leur subsistance ; ce secours leur manquant, ils cesseront bientôt de prêcher. […] Le duc de Lermes, ministre de Philippe III, roi d’Espagne, en appréhendant les suites, voulut la faire cesser. […] Les écrivains de Port-royal cessent les hostilités.
On ne veut pas être dupe et se refuser les licences que les autres s’accordent ; on se relâche de sa sévérité juvénile ; même on en sourit, on l’attribue à la chaleur du sang ; on a percé ses propres motifs, on cesse de se trouver sublime. […] Au lieu de renier ce qu’il avait fait, il s’en glorifia ; au lieu de s’abattre, il se raffermit ; au lieu de défaillir, il se fortifia. « Cyriac, disait-il déjà sous la République, voilà trois ans451 aujourd’hui que ces yeux, quoique purs au dehors de toute tache et de toute souillure, privés de leur lumière, ont cessé de voir. […] Pour le reste, il est homme de la Renaissance, pédant et âpre ; il outrage le pape, qui, après la donation de Pépin le Bref, « ne cessa de mordre et d’ensanglanter les successeurs de son cher seigneur Constantin par ses malédictions et ses excommunications aboyantes474 » ; il est mythologue dans la défense de la presse, montrant que jadis « nulle Junon envieuse ne s’asseyait les jambes croisées à l’accouchement d’une intelligence475. » Peu importe : ces images savantes, familières, grandioses, quelles qu’elles soient, sont puissantes et naturelles476. […] Il recule ses nouveaux personnages jusqu’à l’extrémité de l’antiquité sacrée, comme il a reculé ses anciens personnages jusqu’à l’extrémité de l’antiquité fabuleuse, parce que la distance ajoute à leur taille, et que l’habitude cessant de les mesurer cesse de les avilir. […] — dit la parole créatrice ; que votre discorde cesse. » — « Que la lumière soit !
Il n’est pas un de nous qui, trouvant sous sa main, sous ses yeux, un recueil de portraits d’autrefois, quand bien même, dans la suite des temps, ces hommes, dont voici l’image, auraient cessé d’être célèbres ou fameux, n’éprouve cependant un très grand intérêt à contempler ces visages inconnus, un grand charme à retrouver sur ces calmes visages, les passions, les violences, les cruautés, l’enthousiasme et les amours du moment où cet homme a vécu, combattu, aimé, haï ; du moment où cet homme est mort, emportant, avec soi, dans sa tombe ignorée, un lambeau de la vie et de l’histoire universelles ! […] On est jeune, on est tout ; on est roi, on est reine, hélas jusqu’au jour où s’arrête le privilège, où cesse le charme, où s’envole, en poussant un cri plaintif, le printemps des belles années ; alors, enfin, mon pauvre artiste, il est temps de s’inquiéter du succès et de l’avenir ! […] Donc honneur à l’artiste habile qui peut cesser d’être jeune, impunément !
La vérité est qu’une tendance sur laquelle deux vues différentes sont possibles ne peut fournir son maximum, en quantité et en qualité, que si elle matérialise ces deux possibilités en réalités mouvantes, dont chacune se jette en avant et accapare la place, tandis que l’autre la guette sans cesse pour savoir si son tour est venu. […] Et il faudrait prévoir, après la complication sans cesse croissante de la vie, un retour à la simplicité. […] Seulement, autour d’une sensation forte mais pauvre, prise comme note fondamentale, l’humanité a fait surgir un nombre sans cesse croissant d’harmoniques ; elle en a tiré une si riche variété de timbres que n’importe quel objet, frappé par quelque côté, donne maintenant le son devenu obsession.
Cela fait et ce terme de son ambition atteint102, il ne se hâta plus ; il aima mieux amasser, augmenter sans cesse la riche matière des volumes suivants que de se presser de les réunir ; il s’y oublia un peu, et plus tard, quand il songea à lier sa gerbe, il n’en eut ni le temps ni la force ; il était trop las. […] Chéron, de lui recueillir tout ce qu’il trouverait là-dessus ; mais il le remercia un matin et lui dit de ne plus donner suite à ses recherches, déclarant qu’un tel sujet funèbre, remis sans cesse sous ses yeux, lui devenait impossible à supporter : la mort, même en peinture, il ne pouvait la regarder fixement !
Les communautés plaident sans cesse contre les réfractaires, et, pour que nul ne puisse prétexter son ignorance, elles dressent d’avance, pour dix et quinze ans, le tableau des futurs collecteurs. […] Aussi les habitants des campagnes, qui dépendent de la ville et sont compris dans ses rôles, sont traités avec une rigueur dont il serait difficile de se former une idée… Le crédit des villes repousse sans cesse sur eux le fardeau dont elles cherchent à se soulager, et les citoyens les plus riches de la cité payent moins de taille que le colon le plus malheureux706. » C’est pourquoi « l’effroi de la taille dépeuple les campagnes, concentre dans les villes tous les talents et tous les capitaux707 ».
I Toutes ces alliances de partis antipathiques, toutes ces audaces de défection dans les favoris de la couronne, toutes ces pressions déloyales sur la royauté que chacun voulait dominer sous prétexte de la servir, toutes ces trahisons après la victoire, toutes ces faiblesses du parlement devant les passions des hommes qui l’ameutaient pour le compromettre dans leurs brigues, toutes ces simonies de l’intérêt public devant les cupidités individuelles du pouvoir, toutes ces agitations sans but, qui faisaient bouillonner sans cesse la France et qui la remplissaient de haines, de factions, de passions, au lieu de la calmer et de l’occuper de ses intérêts urgents et permanents, me dégoûtaient prodigieusement, je l’avoue, de ce qu’on appelle le régime parlementaire. […] Les institutions républicainement spiritualistes peuvent avoir une tête monarchique, sans pour cela cesser d’être populaires.
La plus élémentaire des notions, celle qui remonte et qui descend sans cesse de l’effet à la cause et de la cause à l’effet, s’est voilée. […] Mille autres besoins de mes sens et de mon âme se partagent mon existence ; puis je meurs, c’est-à-dire que cette existence cesse ici-bas, que mon âme, mon souffle, mon principe d’être, s’évanouit dans la douleur, la douleur mortelle, preuve que l’immortalité est mon premier besoin, et que je vais chercher ma vie nouvelle et supérieure, avec des conditions parfaites ou meilleures, avec ceux ou celles que je quitte en pleurant et regrette dans ce monde.
Il marque une aspiration d’un jour, une involontaire concession du poète à « l’illusion qui fait de nous sa pâture »3 et qui, trompant sans cesse les efforts qu’elle suscite, ne permet point à la douleur de s’endormir. […] Non qu’ils aient cessé de croire à la Moïra invincible ; mais peut-être est-elle intelligente : elle leur a laissé faire de si grandes choses !
Robert Scheffer Voici mon opinion féroce et sincère : Ce vampire de lettres, le vieux et ridicule Goncourt, qui institua le fameux prix par vanité et pour sauver son nom d’un oubli certain, on devrait, selon l’usage rituel, lui percer le cœur d’un pieu bien aigu afin qu’il cesse ses exploits. […] Je sais bien que 5 000 francs et un peu de gloire, sont très tentants et c’est pourquoi d’autant plus il faudrait chasser de notre horizon ces sirènes grossières et par trop ensorcelantes… Enfin il ne faut cesser de répéter au public que ni les prix, ni les honneurs ne sont un gage de mérite.
Dans l’Olive, où il compare toutes les beautés de sa maîtresse à celles de la nature, Charles Fontaine, l’un des poëtes attaqués dans l’Illustration, notait, sans trop exagérer, cinquante fois, en quatre feuilles de papier, ciel et cieux, armées et ramées, oiseaux et eaux, fontaines vives et leurs rives, bois et abois, et tout un vain travail de la mémoire, répétant sans cesse les mêmes mots, à la place de l’inspiration qui les renouvelle et les varie à l’infini. […] Il descendit du trépied de Delphes ; il cessa de pindariser95 ; il daigna aimer moins haut.
Quel successeur pour Sainte-Beuve, si modeste, trop modeste même, qui revient sans cesse sur des jugements de la veille pour les compléter, pour les modifier, lui qui fut jusqu’à la fin si humain, si délicat ! […] Sienkiewicz, dans son roman de Quo Vadis, parle sans cesse de jeunes gens et jeunes filles qui sont beaux comme des marbres.
Son aiguille allait, allait sans cesse, et elle filait des heures délicieuses plongée dans les songes de son cœur, croyant qu’elle et lui ne faisaient qu’un. […] Si le vol n’avait été qu’un jeu, l’auteur de l’espièglerie aurait dû la faire cesser plus tôt, dès qu’une tierce personne en était victime.
Où le temps a cessé tout n’est-il pas présent ? […] Mais, au-dessus des premières rampes, toute lutte entre la brume du matin et l’éclat du midi cessa.
Je vous répétais souvent que vous deviez faire plus de cas de mes reproches, quelque amers qu’ils vous parussent, que de ces fades louanges dont vos flatteurs ne cessaient de vous accabler, parce que les blessures que fait celui qui aime valent mieux que les baisers trompeurs de celui qui hait. […] » “Mais ma seule consolation dans ces misères a été de vous voir sans cesse, et de contempler dans votre visage l’image vivante et le portrait fidèle de mon mari mort : consolation qui a commencé dès votre enfance, lorsque vous ne saviez pas encore parler, qui est le temps où les pères et les mères reçoivent plus de plaisir de leurs enfants.
François Baudry ne cesse de répéter qu’il se bat pour des réalités ; il veut recouvrer l’Alsace, être digne de sa petite patrie la Vendée, et puis remplir sa mission de gradé. […] De mois en mois, jusqu’en octobre 1915 où il tombera, il ne cesse de répéter : Une guerre pareille… Deux ans, dix ans, vingt ans… Sait-on quand elle finira ?
Mais si, dans cette expression, nous considérons le premier terme équation , qui nous donne la valeur de équation , nous voyons 41 qu’il surpasse équation de la quantité : équation Or les équations de Lorentz donnent : équation Nous avons donc équation ou équation ou enfin équation équation Résultat qui pourrait s’énoncer de la manière suivante : Si l’observateur en S′ avait considéré, au lieu de la somme de trois carrés équation l’expression équation où entre un quatrième carré, il eût rétabli, par l’introduction du Temps, l’invariance qui avait cessé d’exister dans l’Espace. […] Mais ces physiciens ne sont pas imaginés comme réels ou comme pouvant l’être : les supposer réels, leur attribuer une conscience, serait ériger leur système en système de référence, se transporter là-bas soi-même et se confondre avec eux, de toute manière déclarer que leur Temps et leur Espace ont cessé de se compénétrer.
Le Temps ne subit des ralentissements divers en divers points du disque, les horloges situées en ces points ne cessent d’être synchrones, que dans la représentation du physicien qui n’adopte plus le disque et pour qui le disque, se retrouvant ainsi en mouvement, relève des formules de Lorentz. […] Il ne cesse d’avoir un temps définissable que lorsqu’il « tourne », le physicien s’étant transporté au point immobile O.
Où a-t-on vu l’animal bâtir des maisons, labourer la terre, élever des troupeaux, en perfectionnement sans cesse et l’œuvre elle-même et les instrunant d’opération ? […] Toute lutte a cessé, et la volonté, heureuse d’un empire facile, gouverne presque sans y penser, et fait des prodiges avec un abandon plein de grâce.
Par ce désir montait son élan vers la vie, et sans cesse cet élan retombait sur ce sol qui était sa patrie : l’herbe épaisse où sont les morts. […] Vigny cesse de publier, Musset bientôt n’écrit presque plus de vers. […] Les articles que Sainte-Beuve donne alors à la Revue des deux mondes reviennent sans cesse là-dessus. […] Elle commence dès l’automne de 1848, elle durera quarante ans et cessera à la fin du xixe siècle. […] Il cesse de publier.
c’est cette méthode ou plutôt cette pratique qui m’a été de bonne heure comme naturelle et que j’ai instinctivement trouvée dès mes premiers essais de critique, que je n’ai cessé de suivre et de varier selon les sujets durant des années ; dont je n’ai jamais songé, d’ailleurs, à faire un secret ni une découverte ; qui se rapporte sans doute par quelques points à la méthode de M.
C’est à regret et à mon corps défendant que je me suis vu forcé de toucher ce point littéraire et de goût, à la fin d’un récit où toute littérature s’oublie et cesse, où ce serait le triomphe de la peinture elle-même de ne point paraître une peinture, où l’histoire doit à peine laisser apercevoir l’historien, et où la page la plus belle, la plus digne du héros tombé et de la patrie vaincue avec lui, ne peut se payer que d’une larme silencieuse.
« Et M. de Pongerville : Titye est ce mortel que le crime déchire ; Qui, par des goûts honteux sans cesse captivé, Couve d’affreux remords dans son cœur dépravé.
Sabbatier admire et que nous n’admirons pas du tout, et dans les divers écrits qu’il composa depuis lors, nous ne cessons de retrouver le contraire précisément de l’exquis : le lourd, le pénible, l’enchevêtré gagnent à chaque pas ; et, pour mon compte, je n’irais pas chercher, si l’on me pressait, d’autre exemple plus sensible de ce mot d’Horace : In crasso jurares æthere natum.
Rêver plus, vouloir au-delà, imaginer une réunion complète de ceux qu’on admire, souhaiter les embrasser d’un seul regard et les entendre sans cesse et à la fois, voilà ce que chaque poëte adolescent a dû croire possible ; mais, du moment que ce n’est là qu’une scène d’Arcadie, un épisode futur des Champs-Elysées, les parodies imparfaites que la société réelle offre en échange ne sont pas dignes qu’on s’y arrête et qu’on sacrifie à leur vanité.
La dévastation, le massacre, l’incendie, ne cessent plus, jusqu’à la mort du vieux Tarass qui s’obstine, à la tête de son polk, à ne point reconnaître le traité de paix offert par les Polonais, et accepté par le reste de sa tribu.
Sans doute, je n’ai cessé de le répéter dans ce livre, aucune beauté littéraire n’est durable, si elle n’est soumise au goût le plus parfait.
Bientôt des cordons de lumière se sont allongés à perte de vue, et le flamboiement indistinct, fourmillant du Paris populeux a surgi vers l’ouest, tandis qu’au pied des arches, le long des quais, dans les remous, le fleuve, toujours froissé, continuait son chuchotement nocturne. » Chaque fois que j’ai relu cette page, une vision se formait en moi dès les premières lignes, qui allait sans cesse se précisant et s’agrandissant, jusqu’à ce qu’au milieu j’arrivais au mot plage : alors dans ce tableau parisien surgissait soudain, crevant, déchiquetant les premières images, un paysage maritime, comme les Flamands et les Hollandais en ont tant peint, une mer houleuse et jaune, une côte basse et large, presque du même ton que la mer, de lourds bateaux, des charrettes, des moulins, un clocher lointain.
Et ce prince des chroniqueurs, dès qu’il cesse de nous raconter des anecdotes et s’élève à des « idées générales », écrit la plupart du temps dans une langue qui n’a pas de nom : un pur charabia de cheval d’outre-Rhin.
Un villageois, une villageoise, amoureux l’un de l’autre, font semblant d’être sans cesse en querelle devant leur tante, qui, par esprit de contradiction, consent à les marier.
Die lui à nous, l’écart s’accentue sans cesse : et veuillez le remarquer, notre langue même, si nous la gardons pure, l’éloigne de nous, car il a peu à peu perverti l’instrument merveilleux et ne sait plus guère se repaître que de termes impropres et de métaphores mal faites, des choses sans nom.
Il faut donc admettre qu’une nation peut exister sans principe dynastique, et même que des nations qui ont été formées par des dynasties peuvent se séparer de cette dynastie sans pour cela cesser d’exister, Le vieux principe qui ne tient compte que du droit des princes ne saurait plus être maintenu ; outre le droit dynastique, il y a le droit national.
Ce pain n’est pas comme la manne, que vos pères ont mangée et qui ne les a pas empochés de mourir ; celui qui mangera ce pain vivra éternellement. » Une telle obstination dans le paradoxe révolta plusieurs disciples, qui cessèrent de le fréquenter.
Toutes ces choses profitaient à madame Scarron, qui ne cessait de blâmer le commerce du roi avec madame de Montespan, et dont le blâme, agréable à la reine, n’était pas sans quelque intelligence avec la conscience du roi.
Il fit à la fin cesser tout commerce, et acheva de faire couronner cette grande œuvre par les derniers efforts qui chassèrent pour jamais madame de Montespan de la cour 120. » Les instructions de Bossuet, ses représentations sages, mesurées, faites à propos, ont sans doute pu concourir au renvoi de madame de Montespan en 1680, mais très faiblement.
Moi, par exemple, je suis sans cesse étonné par la facilité et la grâce que met le hasard à seconder le développement harmonique de mes intentions. » L’inconscient applique, en effet, à l’exécution le conseil d’invention ; nous voyons le peintre ridicule faire son tableau à coups d’épongés, émerveillé à chaque instant, de la beauté de l’œuvre et du génie de l’ouvrier.
Tous ses lugubres personnages reviennent dans la Trilogie d’Eschyle, à l’état de Mânes ; son atmosphère est saturée de leurs souffles, Cassandre et le Chœur ne cessent de les évoquer ; leurs haines posthumes attisent les haines vivantes de leurs descendants.
Le jardinier Sebron, un ancien dragon aux formules de phrases les plus polies, vociférées avec une voix de tonnerre, déteste les fleurs et ne cesse de répéter, tous les ans, que la terre n’est point amiteuse cette année.
Ils ont créé tout un décor de glaives, d’urnes, de cyprès, de chimères et de licornes qui s’en va déjà rejoindre au magasin des accessoires surannés le décor romantique, les nacelles, les écharpes, les gondoles, les seins brunis et les saules, les cimeterres et les dagues qui en 1850 avaient déjà cessé de plaire.
Il se dit qu’il fallait que dans ce palais lugubre, inexpugnable, joyeux et tout-puissant, peuplé d’hommes de guerre et d’hommes de plaisir, regorgeant de princes et de soldats, on vît errer, entre les orgies des jeunes gens et les sombres rêveries des vieillards, la grande figure de la servitude ; qu’il fallait que cette figure fut une femme, car la femme seule, flétrie dans sa chair comme dans son âme, peut représenter l’esclavage complet ; et qu’enfin il fallait que cette femme, que cette esclave, vieille, livide, enchaînée, sauvage comme la nature qu’elle contemple sans cesse, farouche comme la vengeance qu’elle médite nuit et jour, ayant dans le cœur la passion des ténèbres, c’est-à-dire la haine, et dans l’esprit la science des ténèbres, c’est-à-dire la magie, personnifiât la fatalité.
Mais, se connoissant & se craignant mutuellement, ils cessèrent toute hostilité.
Ils ont eu raison d’introduire cette regle : car il est également messeant de commencer à gesticuler avant que d’avoir ouvert la bouche, et de continuer à gesticuler après avoir cessé de parler.
Vainement ses rares amis s’évertuent à lui répéter qu’il peut demander à vivre, sans cesser d’être honorable ; rien n’y fait.
En effet un long ouvrage doit ressembler, proportion gardée, à une longue conversation, qui pour être agréable sans être fatigante, ne doit être vive et animée que par intervalles ; or dans un sujet noble les vers cessent d’être agréables dès qu’ils sont négligés, et d’un autre côté le plaisir s’émousse par la continuité même.
Il fallait cependant un aliment à l’inquiète activité de son esprit ; sa tragédie de Moustapha et Zéangir, commencée depuis longtemps, abandonnée et reprise vingt fois dans les alternatives de langueur et de force qu’éprouvait sa santé, fut achevée dans cette retraite : plusieurs scènes de cette pièce prouvent avec quelle attention Chamfort avait étudié la manière de Racine, et jusqu’où il en aurait peut-être porté l’imitation, s’il n’eût été sans cesse distrait par ses maux et par des travaux étrangers à ses goûts.
Si j’eusse dit, toujours dans cette hypothèse, que les mots ne sont plus l’expression nette, significative de nos idées, de nos perceptions de rapports intellectuels ; que l’analogie de ces rapports intellectuels avec les êtres physiques et les rapports physiques n’est plus sentie ; que le langage a cessé d’être figuré, pour former comme une classe de signes purement abstraits lorsqu’ils frappent notre entendement, j’aurais dit une grande vérité.
Il en reste une Institutrice, — l’institutrice qu’on retrouve sans cesse dans Mme de Genlis.
Après les grands travaux du Père Du Halde, du Père Grosier, du Père Amyot, du Père Gaubil, et de tant d’autres Pères jésuites, qui firent, pendant un moment, de la Chine une province de leur ordre ; après les livres des voyageurs anglais sur cette Chine logogriphique, aussi difficile à déchiffrer que son écriture ; en présence surtout de ces Pères de la foi, notre Compagnie des Indes de la rue du Bac (comme les appelait un grand écrivain), et dont les observations sont le meilleur de l’érudition contemporaine sur les institutions et les mœurs de la Chine, si deux sinologues, ayant passé toute leur vie dans une Chine intellectuelle qu’ils ont redoublée autour d’eux comme les feuilles d’un paravent, se mettaient à écrire de leur côté une histoire du pays qu’ils n’ont pas cessé d’habiter par l’étude et par la pensée, il y avait lieu de croire, n’est-il pas vrai ?
Elles sont ennemies nées ; l’une sans cesse menace la juste influence, sinon l’existence de l’autre.
… Du reste, les crimes imputés à Jacques Cœur, effacés maintenant par l’histoire, cessèrent, après sa condamnation, d’être articulés sérieusement par ses ennemis.
Frappé de l’état d’oppression et de servage dans lequel la femme et l’enfant ont été tenus jusqu’ici chez tous les peuples de la terre, et là où la civilisation s’est le plus élevée et grandit encore, Jobez, après avoir fait l’histoire de ces deux touchantes Faiblesses, l’enfant et la femme, se demande ce qu’il faudrait pour que l’oppression contre laquelle il s’indigne cessât entièrement, et pour qu’on vît s’ouvrir enfin la période d’affranchissement que doivent également provoquer l’homme d’État et le philosophe ; et il se répond sans hésiter, avec une simplicité légère, que la solution du douloureux problème est tout entière dans l’accroissement de la richesse.
Ce n’est pas avec de tel sang qu’on rajeunira ses vieilles veines Des penseurs malappris, confondant la vitalité morale d’un peuple avec la nouveauté de ses institutions politiques, nous parlent sans cesse de la jeunesse des Américains, comme s’ils n’étaient pas aussi vieux que nous, — comme si la décrépitude européenne ils ne l’avaient pas emportée, ces fils de vieillards, en quittant le sol de leurs pères !
IV Et c’est là ce que l’Histoire ne cessera d’honorer.
C’est un esprit sans verve et sans couleur, laborieusement monotone dans son expression, toujours la même, et dont l’unique procédé dans la plaisanterie est de dégrader les choses élevées en les comparant aux choses basses, et de les dégrader encore en comparant les choses basses aux choses élevées… Tout le temps de son livre, il ne cesse de se balancer comme un singe sur cette puérile et fatigante escarpolette de l’antithèse.
Mais le moyen de voir de la tolérance dans cette charité armée, qui ne pactisa pas une seule fois avec l’erreur et qui ne cessa jamais de la réprimer et de la punir !
Il le couvre de sa dignité personnelle, — de sa propre autorité morale, — et un prêtre, et un bon prêtre comme l’abbé Maynard, doit en avoir une immense… Il ne se ravale pas et ne ravale pas l’homme dont il a écrit la vie parce qu’il l’admire ; il ne le justifie pas des calomnies (qu’on ne fait d’ailleurs pas cesser en y répondant) ; il dédaigne les accusations des partis, dont tout homme d’action est victime dans ce monde infâme, et qui, pour les fortes épaules, sont toujours faciles à porter.
Les personnages du roman de Gogol, tous ineptes, ne sont plus que superficiels quand ils cessent d’être profonds d’ineptie.
Il s’est bien gardé de remâcher l’idée, vieillotte de vulgarité, de ce superficiel Voltaire qui disait : « L’existence des hommes des lettres est dans leurs écrits et non ailleurs », et il nous a donné avec le détail le plus pointilleux et la charmante petite monnaie des anecdotes, dont on n’a jamais trop à dépenser, la biographie de cet imposant homme de science et de lettres dont la vie refléta sans cesse la pensée, mais qui est une vie sous sa pensée, comme il y a de l’eau sous le bleu du ciel que reflètent les eaux !
Saint-Bonnet, est de placer continuellement la notion de l’être, la notion de la loi, du nécessaire, de l’unité, du juste, du bien en soi, en un mot, du Divin, sous les perceptions innombrables du phénomène, du variable, du relatif, du fini, que lui transmet sans cesse l’Intelligence recueillant le produit des sens, et d’empêcher que nous ne restions de simples animaux.
Littré, qui n’a point l’audace de ce légume, s’est transformé sans cesse et se transformera encore, mais qui est identiquement le même que dans les livres du dix-huitième siècle, où il fait grande pitié.
Éclairée par la connaissance de ce monde, la volonté cesse son vouloir, ne veut plus vivre, et se libère par le parfait repos. » C’est l’histoire des fakirs aux Indes, qui passent leur vie à se regarder le bout du nez, pendant que les oiseaux font leurs nids et tout ce qu’ils veulent sur leurs têtes immobiles.
Ni le Hussitisme et ses guerres d’un fanatisme si sauvage, ni le Condottierisme qui déchire et se partage l’Italie, ni les exploits de Huniade et de Scanderbeg contre les Turcs, inspirés par l’héroïque mais mourant esprit des Croisades, n’ont la gravité désastreuse de ce concile de Bâle où la Révolution, comme les temps modernes l’ont vue depuis, sophistique, bavarde, ergoteuse, n’ayant à la bouche que cet insolent et menaçant mot de réforme qui a fini par titrer le protestantisme, est entrée dans l’Église pour descendre de cette cime du monde et s’étendre dans le monde entier, et de religieuse se faire politique sans pour cela cesser d’être religieuse, — les communards et les athées de ce temps ne le prouvent-ils pas ?
En effet, depuis que le symbole de nos pères a cessé d’être pour la majorité d’entre nous le vrai et l’unique symbole, et que la Foi, comme un flambeau renversé, s’est éteinte dans la poussière des traditions abandonnées, il s’est élevé une nombreuse race d’hommes qui se disent religieux pourtant, et qui ont remplacé les formes nettes et les dogmes arrêtés du catholicisme par les aspirations maladives d’une vague religiosité.
Roger de Beauvoir n’a pas cessé, comme il le dit dans une des strophes qui expriment le mieux la nuance caractéristique de sa manière ; « … De boire à la coupe rose Que lui tendait le Printemps !
Au travers de ce style inouï qui fait abus des fleurs qui parlent et des oiseaux bleus, commissionnaires de l’Amour, il y a cependant quatre vers qui reviennent sans cesse, mêlés à la prose de M.
Son père l’avait, en effet, trempé dans le Styx de toutes les horreurs du temps, pour le faire demeurer ce qu’il ne cessa d’être contre l’Église catholique : — éternellement implacable !
De temps en temps, une Revue, à laquelle il faut rendre cette justice qu’elle n’a pas cessé d’être littéraire quand la littérature véritable, la littérature désintéressée n’avait pas une pierre pour reposer sa tête, L’Artiste, publiait des vers charmants à faire presque croire qu’Alfred de Musset vivait toujours… Ces vers, qui, d’ailleurs, ne jouaient ni au pastiche, ni au mystère, ces vers sincères, étaient sincèrement signés de ce nom euphonique de Saint-Maur, qui, du moins, n’écorchera pas la bouche de la gloire, si cette renchérie se donne la peine de le prononcer !
Limayrac cesserait d’être lui-même s’il n’était pas toujours piquant, et dès la dixième ligne de sa notice on reconnaît son élégante et pimpante manière ; mais on y souhaiterait quelque chose de plus creusé.
Je le sais, et je ne m’en étonne pas ; mais qu’aujourd’hui, en plein dix-neuvième siècle, quand les passions et leur étude, et leurs beautés, et leurs laideurs, et jusqu’à leurs folies, ont pris dans la préoccupation générale la place qu’elles doivent occuper ; quand la littérature est devenue presque un art plastique, sans cesser d’être pour cela le grand art spirituel ; quand nous avons eu des creuseurs d’âme, des analyseurs de fibre humaine, des chirurgiens de cœur et de société, enfin qu’après Chateaubriand, Stendhal, Mérimée et Balzac, Balzac, le Christophe Colomb du roman, qui a découvert de nouveaux mondes, la vieille mystification continue et que la réputation de Gil Blas soit encore et toujours à l’état d’indéracinable préjugé classique, voilà ce qui doit étonner !
Athènes, Alexandrie, Tarse, Smyrne, Éphèse et Byzance étaient des écoles sans cesse ouvertes ; là se formaient et régnaient ces orateurs ; ils parcouraient les villes les plus célèbres de l’Europe et de l’Asie.
Il faut que les hommes ordinaires veillent sur eux ; il faut que dans l’impuissance d’être grands, ils soient du moins toujours nobles : ils se voient sans cesse en présence des spectateurs, ils n’osent se fier à la nature, et craignent le repos.
Leibnitz ne peut sentir de bornes qui le resserrent ; il embrasse tout ce que l’esprit humain peut penser ; mais le plus grand nombre s’empare d’un objet auquel il s’attache, autour duquel il tourne sans cesse.
Ce nom continua de vivre dans la mémoire poétique de la Grèce, souvent blâmé par les philosophes, mais cité, chanté dans toutes les fêtes : et, lorsque la Grèce libre et parlant à la tribune et sur le théâtre eut cessé, lorsque sa langue et son génie ne furent plus qu’un luxe de cour et une étude de cabinet dans Alexandrie et les villes grecques d’Asie, nul monument de l’art antique ne fut plus imité, plus commenté que le hardi génie d’Archiloque.
Et tandis que les autres collections particulières étaient souvent liquidées après la mort de leurs auteurs, elles, au contraire, n’ont pas cessé de s’accroître : elles se sont enrichies précisément des débris de toutes les autres. […] Les érudits passent leur vie à perfectionner sans cesse leurs connaissances « auxiliaires », que, avec raison, ils n’estiment jamais parfaites. […] Beaucoup d’hommes ne cessent jamais, à cet égard, d’être enfants. […] Or toute œuvre scientifique doit être sans cesse refondue, revisée, mise au courant. […] La quantité des documents qui existent, sinon des documents connus, est donnée ; le temps, en dépit de toutes les précautions qui sont prises de nos jours, la diminue sans cesse ; elle n’augmentera jamais.
L’invention se perd dans la foule ; mais nous l’apercevons de place en place : bientôt, nous ne cessons plus de la voir. […] C’est un mouvement de foule, et de foule encombrée, qui n’avance guère et qui ne cesse d’être agitée. […] Celle-ci, une Américaine, fut la seule, en cette aventure, qui cessa de vivre sa vie. […] Comme tant d’autres, les miennes passeront… » L’histoire n’est jamais achevée ; elle est sans cesse à refaire. […] Le fleuve Mélès, d’abord, me dérouta ; mais je cessai bientôt de songer à lui.
C’est là seulement que cesse et s’évapore le génie de Shakespeare, comme se perd l’éclat d’une étincelle dans le feu d’un brasier. […] Parce qu’il en a le culte, parce qu’il accomplit sans cesse, dans son âme, ce péché contre l’Amour et contre la Joie. […] Il faut qu’on cesse de croire qu’il ait tout réalisé. […] Pour lui, point de Fiction jamais, sans cesse les éléments d’éternité de la Vie elle-même […] Ce poëte simple a voulu s’y compliquer et, comme son essence était d’être simple, compliqué il a cessé d’être : d’où Les Névroses.
Nous érigions ainsi notre monument en face celui qu’élaborent sans cesse les doctes ralentisseurs du Verbe qui s’évertuent à l’Académie. […] Le poème fut sans cesse ou l’évocation de la légende (la concrétion des aspirations d’une race) ou son cri d’amour joyeux ou triste. […] Elle expliqua en rattachant sans cesse le présent à ses vieux souvenirs, comme deux fils qui furent rompus et qu’elle réunit en rêvant, tristement et doucement. […] L’hommage que lui adressait Verlaine lui rendit les poètes qui l’oubliaient un peu, depuis que Sainte-Beuve et Baudelaire avaient cessé de la vanter. […] D’ailleurs, à une certaine hauteur, la question cesse d’exister.
Le phosphore fond à 40°; on peut abaisser graduellement sa température au-dessous de 10°, sans qu’il cesse d’être liquide ; mais, si l’on y projette alors un fragment de phosphore solide, immédiatement toute la masse se solidifie. […] Ce n’est point cesser de monter que monter à plus petits pas. […] Newton pensait, en ce sens, que, si les lois ne souffraient aucune exception, la Providence cesserait d’être démontrée. […] Et ailleurs : « Ainsi, par ces sages précautions, tout se conserve dans l’ordre établi… ; les progrès acquis dans le perfectionnement de l’organisation ne se perdent point ; tout ce qui paraît désordre, anomalie, rentre sans cesse dans l’ordre général et même y concourt ; et partout et toujours la volonté du suprême Auteur de la nature et de tout ce qui existe est invariablement exécutée ». […] Mais, aussitôt qu’ils sont en société, ils perdent le sentiment de faiblesse qu’ils avaient primitivement ; l’égalité qui était entre eux cesse, et l’état de guerre commence.
avec l’application de la méthode expérimentale au roman, toute querelle cesse. […] sans cesse des gredins, pas un personnage sympathique ! […] Sans cesse il cherche une forme. […] Toutes nos amours, tous nos bonheurs rêvés et lâchés, tous nos espoirs sans cesse détruits et sans cesse renaissants, ne sont-ils pas dans ces deux êtres simples qui se quittent après s’être adorés et qui vont, loin l’un de l’autre, mener une vie qu’ils se sont jurés de vivre ensemble ? […] Je voudrais pourtant qu’on cessât de me prêter des opinions qui ne sont pas les miennes.
J’exciterais dans le cœur de mon petit écrivain en herbe de beaux sentiments d’émulation, et je proposerais sans cesse à nos artistes l’étude des grands modèles. […] Valet de chambre du roi, faisant le lit du roi, sans cesse sur ce terrain de cour qui était un champ de bataille, à l’affût de la vive occasion ailée, légère et sans retour, fixant, pour ainsi dire, tout ce qu’il regardait, il attrapait le présent de minute en minute, et devinait le lendemain457. […] Je ne néglige jamais de lire tous les ans quelque pièce de lui, afin de m’entretenir sans cesse dans le commerce de ce qui est excellent. […] Révélation cruelle sur la vie de l’acteur, qui sans cesse se nie, se moque de lui-même, pour se croire, se sentir dans son masque, son rôle d’emprunt.
Le sable du désert peut, sous une atmosphère lourde et chargée d’orage, rester immobile sans cesser d’être poussière. […] Bien des commotions, sans doute, et d’innombrables changements ont eu lieu dans cet espace de temps si long ; les mœurs, les lois, les croyances, se sont modifiées sans cesse : mais toutes ces évolutions s’accomplirent dans le sein du même ordre social et religieux ; et, pendant qu’elles s’accomplissaient, le système lui-même, dans son essence, restait immuable et vivait toujours de la même vie. […] Il est évident qu’en un siècle et demi le mal a été sans cesse croissant ; il semble aujourd’hui envahir la nation tout entière. […] La vie ne se manifeste que dans l’unité ; elle disparaît quand l’unité cesse.
Il la possède pleinement et l’a sans cesse pratiquée. […] Sans cesse, ces grincements de contraires présentent leur facile agencement — et leur drôlerie, qui pourrait être efficace s’il n’en était fait qu’un usage modéré, perd bien vite son attrait. […] Deux amants s’aiment ou cessent de s’aimer ; thèmes éternels, sujets infinis, consubstantiels à toute littérature et dont seuls peuvent s’emparer pour les revêtir de chair les écrivains du premier ordre. […] Poursuivant l’insaisissable réalité, il se dépayse sans cesse. Soit sous des ciels nouveaux, soit à travers les classes de la société, il voyage, recherchant derrière les manifestations essentielles et les gestes de la passion, quelque chose qui lui échappe sans cesse.
Une pensée fine, ingénieuse, une comparaison juste & fleurie, est un défaut quand la raison seule où la passion doivent parler, ou bien quand on doit traiter de grands intérêts : ce n’est pas alors du faux bel-esprit, mais c’est de l’esprit déplacé ; & toute beauté hors de sa place cesse d’être beauté. […] C’est ainsi qu’il y a des mots synonymes en plusieurs cas, qui cessent de l’être dans d’autres. […] La force de tout animal a reçu son plus haut degré, quand l’animal a pris toute sa croissance ; elle décroît, quand les muscles ne reçoivent plus une nourriture égale, & cette nourriture cesse d’être égale quand les esprits animaux n’impriment plus à ces muscles le mouvement accoûtumé. […] Mon devoir est de remercier Dieu de tout, de le louer de tout, & de ne cesser de le benir qu’en cessant de vivre ». […] Elle combine sans cesse ses tableaux, elle corrige ses erreurs, elle éleve tous ses édifices avec ordre.
Qui ne sait pas peupler sa solitude ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée. » Solitude sans cesse frémissante et au guet pour attirer sur elle les âmes pensantes qui la peupleront. […] Les deux dernières années d’études d’Eugène Fromentin furent occupées de son amour, sans qu’il cessât d’être un brillant élève : il accomplissait aisément sa besogne scolaire, mais sans s’y attacher de toute son âme et laissant sa facilité agir pour lui. […] Le mari, peu disposé à laisser ce genre de ridicule ternir à la porte de son étude l’éclat de ses panonceaux, s’indigna, parla haut, et Eugène dut espacer ou cesser ses visites. […] C’est cette même année que la jeune femme à laquelle il n’a cessé de penser meurt à Paris dans une maison de santé. […] « Je vis ses yeux effrayants de douceur tout près des miens, puis tout cessa d’être intelligible. » Une scène analogue se reproduit le dernier jour de sa vie de collège, celui de la distribution des prix, où il comparait en collégien gauche devant Madeleine, invitée à le couronner.
C’est que les méditations successives me font voir les choses sous un aspect qui se renouvelle sans cesse, et je ne vois pas pourquoi je fermerais les yeux à ces renouvellements. […] Il est très probable que, s’il y a des subconscients inactifs, il en est d’autres qui, après une période active, cessent tout à coup de travailler, soit qu’une usure précoce, soit qu’une modification de rapports ait eu lieu dans les cellules cérébrales. […] On dit assez souvent d’un homme qui n’a écrit que peu, qu’il a peu travaillé : je suis persuadé que Villiers de l’Ile-Adam n’a jamais cessé un instant de travailler, même pendant son sommeil. […] Quand ils cessèrent de considérer la femme comme uniquement génératrice, ce fut le commencement du règne des courtisanes. […] En linguistique il faut admettre que c’est le peuple qui crée et recrée sans cesse l’instrument ; mais les hommes aptes à manier cet instrument délicat et terrible sont en très petit nombre.
En avoir été privé, c’est souvent en apprécier l’inutilité ; mais il y a une partie stable très ancienne, dont l’homme ne pourrait être dépouillé, sans cesser d’être un homme. […] Léonard dit : « Le feu détruit sans cesse l’air qui le nourrit. » De quoi se nourrit le feu ? […] Si nous cessions un instant de croire pratiquement au libre arbitre, nous cesserions aussitôt d’agir. […] Loin de là, ils ne cessèrent jamais de le taxer de folie persistante, ce qui, au vrai sens vulgaire du mot, ne l’est plus du tout lorsque l’on examine froidement la vie et la doctrine de ce prodigieux personnage. […] La loi cessera de donner le mauvais exemple aux assassins.
À mon avis, c’est l’Université… C’est une bonne chose pour apprendre que d’enseigner… Le seul moyen d’inventer, c’est de vivre sans cesse dans sa science spéciale. […] S’il a pu rédiger ses thèses avec une si prodigieuse rapidité, c’est parce qu’il n’a pas cessé de les méditer tout en faisant ses cours et en préparant son agrégation. […] Enfin, il se décida à donner au public le livre qu’il méditait et auquel il travaillait sans cesse depuis 1851, sa Théorie de l’Intelligence. […] C’est à tous les moments de la vie qu’il s’observe, travaille sur lui-même, s’adresse des réprimandes et des conseils, tend sans cesse à la perfection morale. […] La liberté qu’on se donne… doit prévoir et tolérer la libre contradiction, et la libre contradiction peut refuser son suffrage à l’œuvre habile et brillante dont elle juge le principe erroné… Cette erreur, sans cesse et à tout propos reproduite, était trop inséparable du livre.
Lebrun, à son tour, vient de contribuer autant que personne, par son vote actif et persistant, à faire cesser au sein de l’Académie l’absence trop marquée d’un illustre novateur100. […] Cet état douteux a cessé depuis la publication de la pièce dans les Œuvres ; chacun peut lire, mais ce n’est qu’à une remise en scène qu’on en pourrait complétement juger. — Mlle Mars, qui représentait le principal personnage, avait bien tout le charme qui était nécessaire pour représenter doña Estrelle, mais il lui manquait la force et le pathétique.
Ce sujet revenait sans cesse en leurs discours. […] Il dit que du labeur des champs Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants, Parcourant sans cesser ce long cercle de peines Qui, revenant sur soi, ramène dans nos plaines Ce que Cérès nous donne et vend aux animaux ; Que cette suite de travaux Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes, Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux, On croyait l’honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l’indulgence des dieux.
. — Pareillement encore, pour entendre un Pourana indien, commencez par vous figurer le père de famille qui, « ayant vu un fils sur les genoux de son fils », se retire selon la loi, dans la solitude, avec une hache et un vase, sous un bananier au bord d’un ruisseau, cesse de parler, multiplie ses jeûnes, se tient nu entre quatre feux, et sous le cinquième feu, c’est-à-dire le terrible soleil dévorateur et rénovateur incessant de toutes les choses vivantes ; qui, tour à tour, et pendant des semaines entières, maintient son imagination fixée sur le pied de Brahma, puis sur le genou, puis sur la cuisse, puis sur le nombril, et ainsi de suite jusqu’à ce que, sous l’effort de cette méditation intense, les hallucinations paraissent, jusqu’à ce que toutes les formes de l’être, brouillées et transformées l’une dans l’autre, oscillent à travers cette tête emportée par le vertige, jusqu’à ce que l’homme immobile, reprenant sa respiration, les yeux fixes, voie l’univers s’évanouir comme une fumée au-dessus de l’Être universel et vide, dans lequel il aspire à s’abîmer. […] Quoique nous ne puissions suivre qu’obscurément l’histoire des peuples aryens depuis leur patrie commune jusqu’à leurs patries définitives, nous pouvons affirmer cependant que la profonde différence qui se montre entre les races germaniques d’une part et les races helléniques et latines de l’autre, provient en grande partie de la différence des contrées où elles se sont établies, les unes dans les pays froids et humides, au fond d’âpres forêts marécageuses ou sur les bords d’un océan sauvage, enfermées dans les sensations mélancoliques ou violentes, inclinées vers l’ivrognerie et la grosse nourriture, tournées vers la vie militante et carnassière ; les autres au contraire au milieu des plus beaux paysages, au bord d’une mer éclatante et riante, invitées à la navigation et au commerce, exemptes des besoins grossiers de l’estomac, dirigées dès l’abord vers les habitudes sociales, vers l’organisation politique, vers les sentiments et les facultés qui développent l’art de parler, le talent de jouir, l’invention des sciences, des lettres et des arts. — Tantôt les circonstances politiques ont travaillé, comme dans les deux civilisations italiennes : la première tournée tout entière vers l’action, la conquête, le gouvernement et la législation, par la situation primitive d’une cité de refuge, d’un emporium de frontière, et d’une aristocratie armée qui, important et enrégimentant sous elle les étrangers et les vaincus, mettait debout deux corps hostiles l’un en face de l’autre, et ne trouvait de débouché à ses embarras intérieurs et à ses instincts rapaces que dans la guerre systématique ; la seconde exclue de l’unité et de la grande ambition politique par la permanence de sa forme municipale, par la situation cosmopolite de son pape et par l’intervention militaire des nations voisines, reportée tout entière, sur la pente de son magnifique et harmonieux génie, vers le culte de la volupté et de la beauté. — Tantôt enfin les conditions sociales ont imprimé leur marque, comme il y a dix-huit siècles par le christianisme, et vingt-cinq siècles par le bouddhisme, lorsque autour de la Méditerranée comme dans l’Hindoustan, les suites extrêmes de la conquête et de l’organisation aryenne amenèrent l’oppression intolérable, l’écrasement de l’individu, le désespoir complet, la malédiction jetée sur le monde, avec le développement de la métaphysique et du rêve, et que l’homme dans ce cachot de misères, sentant son cœur se fondre, conçut l’abnégation, la charité, l’amour tendre, la douceur, l’humilité, la fraternité humaine, là-bas dans l’idée du néant universel, ici sous la paternité de Dieu. — Que l’on regarde autour de soi les instincts régulateurs et les facultés implantées dans une race, bref le tour d’esprit d’après lequel aujourd’hui elle pense et elle agit ; on y découvrira le plus souvent l’œuvre de quelqu’une de ces situations prolongées, de ces circonstances enveloppantes, de ces persistantes et gigantesques pressions exercées sur un amas d’hommes qui, un à un, et tous ensemble, de génération en génération, n’ont pas cessé d’être ployés et façonnés par leur effort : en Espagne, une croisade de huit siècles contre les Musulmans, prolongée encore au-delà et jusqu’à l’épuisement de la nation par l’expulsion des Maures, par la spoliation des juifs, par l’établissement de l’inquisition, par les guerres catholiques ; en Angleterre, un établissement politique de huit siècles qui maintient l’homme debout et respectueux, dans l’indépendance et l’obéissance, et l’accoutume à lutter en corps sous l’autorité de la loi ; en France, une organisation latine qui, imposée d’abord à des barbares dociles, puis brisée dans la démolition universelle, se reforme d’elle-même sous la conspiration latente de l’instinct national, se développe sous des rois héréditaires, et finit par une sorte de république égalitaire, centralisée, administrative, sous des dynasties exposées à des révolutions.
Presque évanouis tous les trois de douleur et de la secousse qui nous avait précipités à terre, nous entendîmes les coups redoublés comme d’un autre monde, et le petit chien Zampogna, qui avait cessé d’aboyer, léchait, tout haletant, le sang rose sur la tempe de sa jeune maîtresse, Fior d’Aliza. […] Magdalena, debout, allant sans cesse écouter si Fior d’Aliza respirait aussi doucement qu’à l’ordinaire ; Hyeronimo, le chien sur sa poitrine, pour l’empêcher de faire un mouvement qui dérangeât son appareil de terre et de chanvre ; moi, assis contre la porte avec le chevreau mort entre mes pieds, pensant à la chèvre et à la nourriture de la maison qui avait tari pour jamais avec sa mamelle percée de balles !
La bourgeoisie, à travers les malheurs et les désordres du xive siècle, ne cessera de croître : et même déchue des espérances qu’elle aura pu concevoir un moment de dominer la royauté ou de s’en passer, elle restera puissante et considérée dans sa docilité soumise. […] Dans le triomphe de la théologie, le droit a survécu et grandit sans cesse : en lace des théologiens de Paris, les décrétistes d’Orléans s’élèvent, serviteurs zélés et redoutables du pouvoir royal.
Sans cesse, il fallait recourir aux principes de l’ancien droit, ou du droit nouveau, les expliquer, les fonder, les dissoudre, rechercher le sens des grands événements d’où le présent était sorti, et dresser comme des inventaires de leurs résultats moraux ou sociaux. […] Par lui, la philosophie cessa pendant un demi-siècle d’être un libre exercice de la pensée.
La raison ne porte qu’à une certaine région moyenne ; au-dessus et au-dessous, elle se confond, comme un son qui, à force de devenir grave ou aigu, cesse d’être un son ou du moins d’être perçu. […] Les religions sont pétrifiées et les mœurs se modifient sans cesse.
Pour les faire cesser, l’auteur déclara n’avoir voulu jouer que les fausses précieuses ; qu’il fallait distinguer entre les grandes et les petites précieuses, entre les illustres, qui étaient au-dessus de toute atteinte, et les ridicules, qui étaient un véritable objet de satire ; il assura que ces dernières seules étaient représentées dans sa comédie. […] Ce fut par la rumeur des précieuses de haut rang ou de mérite considérable, et par la nécessité où se trouva l’auteur de faire une distinction entre les précieuses, que ce mot cessa d’exprimer seul une idée déterminée.
Cette marée montante de douleurs ne cesse d’enfler et de croître, submergeant tout ce qui reste d’espoir. […] Quant à vous, avertissez Xerxès par vos sages conseils, afin qu’il cesse d’offenser les dieux par son audace insolente.
Les hommes d’un vrai talent de chaque époque sont toujours doués d’un instinct qui les pousse vers le nouveau, comme des voyageurs qui marchent sans cesse à la découverte des pays inconnus. […] Les censeurs classiques et moroses qui ne cessent de vanter le passé au préjudice du présent, ont également tort et raison.
C’est ainsi que Comte ramène toute la force progressive de l’espèce humaine à cette tendance fondamentale « qui pousse directement l’homme à améliorer sans cesse sous tous les rapports sa condition quelconque58 », et M. […] Il faudrait admettre alors une tendance interne qui pousse l’humanité à dépasser sans cesse les résultats acquis, soit pour se réaliser complètement, soit pour accroître son bonheur, et l’objet de la sociologie serait de retrouver l’ordre selon lequel s’est développée cette tendance.
La Fontaine et Molière, qui représentent si bien, si parfaitement l’esprit français et l’esprit de cette époque, ont été, du premier coup en sympathie profonde et ils n’ont pas cessé d’être en sympathie parfaite jusqu’à la fin, qui a été plus rapide pour Molière que pour La Fontaine, comme vous savez. […] Lorsque, plus tard, Racine et Boileau sont devenus des personnages officiels, des historiographes du roi, des gentilshommes ordinaires du roi, La Fontaine, qui n’a jamais été aimé à Versailles, que le roi, en définitive, n’a jamais pu souffrir, cessa de les fréquenter et la société fut rompue.
Cette vérité dont ils parlent sans cesse, et La Fontaine l’a dit à propos de Molière : Et maintenant il ne faut pas Quitter la nature d’un pas. cette vérité dont ils se réclament sans cesse et à laquelle ils tiennent tant, ce n’est pas une vérité infiniment large, elle est assez large, certes, mais ce n’est pas une vérité indéfiniment large, c’est la vérité psychologique.
Polémique toute-puissante, sans cesser d’être une histoire remarquable par des qualités plus hautes que l’esprit de celui qui l’a écrite, et qui lui donnent un caractère particulier et grandiose comme à un de ces monuments auxquels non seulement un homme, mais une collection d’hommes aurait travaillé, cette histoire de la Compagnie de Jésus — si détaillée, si complète, si armée de renseignements et de raisons, et qui, par la faute glorieuse du sujet même, est taillée comme une apologie, — s’est placée, en attendant son heure et assez forte pour l’attendre, au milieu de toutes les publications contemporaines. […] Une nuit, n’en pouvant plus, succombant sous la fascination de sa propre parole invoquée sans cesse contre lui, Clément XIV signait au crayon, sur une fenêtre du Quirinal, le bref Dominus ac Redemptor noster, qui supprimait l’Institut de Saint-Ignace.
La marche a été longue depuis le commencement du monde, et la renommée n’a cessé de produire les opinions magnifiques que l’on a conçues jusqu’à nous de ces antiquités que leur extrême éloigneraient dérobe à notre connaissance. […] Nous ne cesserons dans cet ouvrage de tâcher de démontrer que le droit naturel des gens naquit chez chaque peuple en particulier, sans qu’aucun d’eux sût rien des autres ; et qu’ensuite à l’occasion des guerres, ambassades, alliances, relations de commerce, ce droit fut reconnu commun à tout le genre humain.
Un jour qu’il avait écouté ses excuses et ses raisons, qui consistaient à prétendre rester d’autant plus fidèle à la cause des faibles et des vaincus, Henri IV lui demanda s’il connaissait le président Jeannin, et sur ce que d’Aubigné répondit que non, le roi poursuivit : « C’est celui sur la cervelle duquel toutes les affaires de la Ligue se reposaient ; voilà les mêmes raisons desquelles il me paya ; je veux que vous le connaissiez, je me fierais mieux en vous et en lui qu’en ceux qui ont été doubles. » Et toutefois, nous qui avons récemment étudié le président Jeannin, nous savons trop bien en quoi il différait essentiellement de d’Aubigné : celui-ci, par point d’honneur, par bravade, par une sorte de crânerie ou d’esprit de contradiction qu’il était homme ensuite à soutenir à tout prix, excédait sans cesse ce que le devoir seul et la fidélité aux engagements eussent conseillé.
M. de Banville n’a jamais cessé de ronsardiser, et il s’en vante.
Nous sommes avec un esprit sage, prudent, modéré, doué des qualités civiles ; il a ses préférences, ses convictions ; il ne les cache pas, il les professe ; mais nous sommes aussi avec un esprit droit qui ne procède point par voies obliques ; lui du moins, en écrivant l’histoire, il ne songe à faire de niches à personne (ce qui est indigne d’esprits éclairés et mûrs, ce qui fait ressembler des hommes réputés graves, des hommes à cheveux gris et à cheveux blancs, à de vieux écoliers malins tout occupés à jouer de méchants tours à leur jeune professeur) ; il ne pense pas sans cesse à deux ou trois choses à la fois, il ne regarde pas toujours le présent ou l’avenir dans le passé : il étudie ce passé avec scrupule, avec étendue et impartialité, et il nous permet de faire avec lui, ou même sans lui, toutes sortes de réflexions sur le même sujet.
Dans ses dernières années comme dans les premières, « le grand problème que présente l’avenir des sociétés modernes est sans cesse devant son esprit », et jusqu’à l’offusquer, jusqu’à l’empêcher de voir autre chose.
Cette « Union » subsiste et n’a pas cessé de publier ses volumes presque intimes et qui sont déjà au nombre de cinq ou six.
Mais ici, quand le roi, en hâte de partir, et dont le danger redouble à chaque minute, demande et commande à Steven des chevaux, et de lui rendre son compagnon de voyage, qu’on lui retient parce que c’est le fiancé de Mina ; quand Steven, non content de résister par piété domestique, étale cette piété, la discute, l’oppose avec faste au rôle du conquérant, quand il s’écrie : « L’homme que vous venez d’appeler un enfant se lève du sein de son obscurité pour se placer devant vous, et pour se mesurer à vous, sans orgueil comme sans crainte… Ce n’est pas parce que je commande que j’ose me comparer à vous, mais parce que j’obéis… J’ai vaincu un ennemi plus redoutable que vous…, je me suis vaincu moi-même » alors le drame cesse en ce qu’il avait de naturel et d’entraînant ; le système reparaît, se traduit de nouveau à la barre sous forme de plaidoyer.
Il est temps de cesser de s’apitoyer sur les victimes de Despréaux : nous qui savons ce qu’il voulait, ce qu’il a fait, et quels chefs-d’œuvre devaient le satisfaire, nous pouvons lui pardonner de leur avoir nettoyé la place un peu rudement.
Jusqu’en 1870 il ne cessa de prophétiser sans être cru.
Il n’imagine d’ailleurs que comme il juge : le document demande sa vision, et où le document se tait, il cesse de voir.
Française, elle l’est par la clarté, par la concision, par la netteté si franche des termes qu’elle emploie, par une science de composition, par un amour de l’ordre et de la règle qui, très rigoureusement, procèdent du xviie siècle ; originale, nui ne le lui a contesté ; ç’a été le grand éloge et le grand reproche que lui ont sans cesse adressés ses amis et ses ennemis ; nouvelle, j’insiste là-dessus ; elle a été, elle est, elle restera étonnamment nouvelle et primesautière ; ceci est sa gloire, la meilleure et la plus vraie, dont rien ne peut la déshériter.
C’est là certainement une vraie conception de génie qui se poursuit et se définit sans cesse, avec un triomphe de plus en plus convaincu.
Pour qu’un ensemble de sensations soit devenu un souvenir susceptible d’être classé dans le temps, il faut qu’il ait cessé d’être actuel, que nous ayons perdu le sens de son infinie complexité, sans quoi il serait resté actuel.
Il allait bientôt entreprendre une vertigineuse épopée, l’Évolution de l’être humain, besogne écrasante à laquelle il n’a cessé de se dévouer depuis lors et dont de longs fragments paraissent en volumes, à périodes irrégulières, mais je ne sais si, à force de vouloir empiéter sur le domaine musical, René Ghil n’est pas arrivé à se fourvoyer.
Comme l’enfant est, en outre, dans une parfaite dépendance à l’égard des parents ; qu’il faut sans cesse veiller à sa conservation, son idée est encore associée par là constamment avec celle de nos plaisirs et de nos peines ; sans compter qu’il s’éveille en nous une idée de puissance qui est toujours agréable.
« Cette doctrine qui réconcilie Locke et Kant sera, dans une génération ou deux, universellement acceptée et la controverse séculaire sur ce sujet cessera. » Nous ne prolongerons pas cette revue rapide.
En matière de théâtre, le gouvernement, même en accordant toutes les facilités de concurrence, cesserait-il d’avoir des théâtres qu’il protège, et par conséquent qu’il surveille, qu’il fasse diriger ?
Toi, atteint de refroidissement ; toi, cesser ; toi, t’interrompre ; toi, dire : Halte !
cette cause extérieure inconnue que nous appelons chaleur peut, dans certaines conditions, disparaître à nos sens et cesser d’être sentie comme chaleur ; alors il se passe en dehors de nous un autre phénomène, qui est précisément l’équivalent de la chaleur perdue, à savoir, un phénomène de mouvement.
Et, cependant, ne vient-on pas répéter que le poète doit sans cesse revenir à l’inspiration première, à la fraîcheur d’âme angélique, à l’ingénuité, à la naïveté touchante des âges d’or, et que, sur toutes choses, il doit écarquiller de grands yeux tout neufs ?
Mais est-ce une chose si bonne à répéter sans cesse ?
Je mourrai où vous mourrez ; votre peuple sera mon peuple, et votre Dieu sera mon Dieu122. » Tâchons de traduire ce verset en langue homérique : « La belle Ruth répondit à la sage Noëmi, honorée des peuples comme une déesse : Cessez de vous opposer à ce qu’une divinité m’inspire ; je vous dirai la vérité telle que je la sais et sans déguisement.
Eh bien, malgré tous ces défauts, quoiqu’assez chaud de mon naturel et peu disposé à pardonner le froid à une composition quelconque ; quoiqu’il me paraisse absurde d’avoir allongé les oreilles de Midas avant son impertinente sentence, et que cet effet soit d’un instant postérieur, du moment où Apollon ayant cessé de jouer, la main étendue, l’air indigné, il ordonne à ces oreilles de pousser ; quoique ce morceau soit proscrit sans restriction, j’avouerai qu’il y en a cent autres au sallon, qu’on regarde, qu’on loue, et que je mets au-dessous.
Il lui est permis, sur tout lorsqu’il peut alléguer quelque expérience favorable à son sentiment, de combattre ces principes avec aussi peu de pudeur que s’il attaquoit un systême de quatre jours, un de ces systêmes qui n’est encore cru que par son auteur et par les amis de l’auteur, qui même cessent de le croire dès le moment qu’ils sont brouillez avec lui.
Chez ces dernières l’organisation à base de clans s’est maintenue, quoique effacée, jusqu’au terme de leur histoire, tandis que, à Rome, à Athènes, les gentes et les γένη cessèrent très tôt d’être des divisions politiques pour devenir des groupements privés.
Et si vous me dites qu’à faire ainsi, l’on finit par dénaturer le poète, l’on finit par ne plus chercher en lui que le musicien et par ne plus le trouver poète quand il ne fait plus de la musique ; je vous répondrai que, quand on commence à sentir cela, on doit faire taire l’orchestre comme on éteint une lampe ; qu’on doit cesser de lire tout haut et recommencer à lire tout bas et que, de même que pour saisir l’idée et s’en pénétrer on doit d’abord lire tout bas, de même, après avoir assez longtemps lu tout haut, on doit revenir à la lecture intime pour retrouver devant soi l’homme qui pense.
Il n’avait jamais cessé de l’être et il le fut toujours.
II Vers la fin de 1854, au milieu des préoccupations inquiètes de l’Europe, à peine rassise des coups terribles que lui avaient portés les révolutions, on apprit qu’un Français venait d’être fusillé, comme un pirate, par le gouvernement mexicain, et que ce Français, ce jeune homme, qu’on appelait au Mexique le vainqueur d’Hermosillo, du nom de sa première bataille, gagnée avec deux cent cinquante hommes contre une armée et contre une ville, avait été jusqu’au dernier moment l’honneur de la France et avait donné d’elle la grande idée qu’elle n’a pas cessé de donner au monde quand, se détournant de ses misères intérieures, elle s’est retournée vers les autres nations et leur a montré un bout d’épée.
Auguste Barbier, l’auteur des Ïambes et du Pianto, a été un de ces fleuves, bouillonnants et disparus… Mais Lamartine, l’inépuisable Lamartine n’a jamais cessé d’être le grand poète des premières Méditations ; et, jusqu’à sa dernière heure, il aurait coulé, nappe éblouissante d’une inspiration et d’une expression de la plus idéale pureté, sans la politique de son temps, dans laquelle, hélas !
Ainsi, après la mort, le bonheur de cet homme ne cesse pas.
Et l’antagonisme ayant cessé entré elle et lui, nos fils très lointains pourront peut-être un jour bénir les fiançailles du monde et de la beauté.
Chez une race mobile, enthousiaste, charmée des fêtes et des plaisirs comme de la gloire, ce génie prend part à tout : il commence où cesse le récit épique ; il donne à l’hexamètre majestueux l’accompagnement d’un second vers plus court, et, gravant ainsi la pensée, soutient le son poétique par l’accent musical.
Il s’agit de la mère et de la fille : Olivier Bertin, à force de les voir ensemble et de les comparer sans cesse, arrivait presque, par moments, à les confondre. […] Elles l’appelaient, l’attiraient, la forçaient à venir, les yeux fixes, voir, revoir, reconnaître sans cesse, toucher du doigt, comme pour s’en mieux assurer, l’usure ineffaçable des ans. […] Une singulière comparaison avec lui-même lui revenait sans cesse. […] Un soir, après dîner, il quitte sa femme qu’il n’a cessé d’aimer, qui l’aime maintenant : — Venez… rentrez dans votre salon… Je vous y rejoindrai tout à l’heure et nous causerons sérieusement. […] Dans ce même chapitre, je trouve ce charmant paragraphe : M. le maire, tout doucement, cessa d’accompagner sa femme à l’église.
Je fonde une religion à laquelle on appartiendra sans cesser d’appartenir à la sienne. […] La sensibilité ne dérive point de l’intelligence ; l’intelligence se superpose à la sensibilité, et en elle la sensibilité retentit sans cesse. […] Ce poète du désespoir et de la mort, qui appelle sa muse « Méduse », et qui l’invoque sans cesse comme la reine des épouvantements, est admirable pour renfermer une terreur immense dans quelques vers froids et rigides comme des lames de glaive : Quand tu seras enseveli, espères-tu avoir la paix éternelle ? […] De même, encore que j’aime bien le pamphlet, — cela réveille, — la diatribe sans cesse recommençante de M. […] Je donne la plus grande publicité possible à cette question pour que des centaines de curieux sachent que la question existe et ne cessent plus d’y songer.
Mais c’est là, il faut bien le reconnaître, la marque de la sincérité de la passion de s’oublier sans cesse et de se recommencer sans s’en douter. […] Il cessait de se contenir, deux grosses larmes gonflèrent ses paupières, coulèrent sur ses joues. […] » Ainsi se termine ce triste récit qui n’est que le procès-verbal de scènes déchirantes renouvelées sans cesse sous ces meurtriers climats. […] Ce que virent les deux enfants les glaça d’épouvante : deux jeunes gens maintenaient sur une table de marbre un malheureux chien dans les flancs duquel le docteur, les mains sanglantes, promenait le scalpel ; l’animal avait cessé de se débattre et de gémir, il en était à ce souffle rauque qui est le prélude de l’agonie. […] En me voyant paraître, les trois pauvresses cessèrent d’égrener de leur voix chevrotante les syllabes latines.
Mais, à dater de Scaliger, et sans cesser tout à fait encore d’être teintées d’un peu de grec, l’éducation et la culture deviennent éminemment, et bientôt après exclusivement latines. […] Le grec a désormais cessé d’avoir le prestige qu’il avait aux yeux des premières générations du xvie siècle. […] Deux ou trois mille ans écoulés ; des guerres, des invasions ; une religion nouvelle substituée aux fictions de leur mythologie ; l’esclavage aboli, la femme émancipée de la tyrannie domestique, l’individu rendu à lui-même ; l’esprit humain renouvelé, transformé par la science, rien de tout cela n’a pu faire que nous ayons cessé de les comprendre ou de les sentir. […] Elles s’introduisent dans la critique avec Sainte-Beuve ; et il ne paraît pas qu’elles soient près de cesser d’en faire l’un des plus vifs attraits. […] Sainte-Beuve le savait bien, quand il revenait sans cesse à son Port-Royal et que, d’édition en édition, pendant vingt ans, il le perfectionnait, saris en avoir jamais voulu donner ce que nous appellerions aujourd’hui l’édition définitive.
Supposé que vous hésitiez un peu entre le dix-huitième siècle et le dix-septième, supposition bien gratuite et que je fais pour être beau joueur, cet autre passage un peu plus loin ne fera-t-il pas cesser votre hésitation ? […] Écoutez ceci : « Je ne sais quoi de divin coule sans cesse au travers de leur cœur, comme un torrent de la divinité même qui s’unit à eux ; ils voient, ils goûtent ; ils sont heureux, et sentent qu’ils le seront toujours. […] — ce courtisan, malade d’ambition rentrée et de bile amassée, tiraillé par sa soif de distinctions et par ses rancunes d’amour-propre, flottant sans cesse entre la passion de paraître et la tentation de disparaître, tour à tour raide et souple, grondeur et solliciteur, boudant et flairant. […] Ensuite il renonça à la sculpture pour se livrer à la philosophie ; mais les Grâces, ce premier idéal de sa pensée adolescente, ne cessèrent jamais, jusque dans sa vieillesse, d’inspirer tous ses discours. […] Non seulement chaque homme est un monde, et il n’y a pas deux individus absolument identiques ; mais encore chaque individu varie sans cesse par mille et mille causes.
Il chargea la complaisante madame Du Plessis-Bellière de faire cesser ses rigueurs et ses scrupules par l’offre de deux cent mille francs !!! […] Raisin essaya d’attirer la foule par d’autres divertissements ; mais ses représentations avaient perdu leur principal attrait : elles cessèrent bientôt d’être suivies. […] Peut-être moins pervers, mais tout aussi cupide et aussi ignare que Desfougerais, Guénaut répétait sans cesse « qu’on ne saurait attraper l’écu blanc des malades si on ne les trompait ». […] Molière n’attendit pas ce second procédé pour apprécier le premier comme il devait le faire ; et dès ce moment, il cessa de voir Racine. […] La vie continuellement dissipée de Chapelle leur avait déjà porté un coup funeste ; quelque froideur qui survint entre La Fontaine et Boileau les fit cesser entièrement.
Sans doute David Copperfield, son meilleur roman, a bien l’air d’une confidence ; mais à quel point cesse la confidence, et dans quelle mesure la fiction orne-t-elle la vérité ? […] Dickens fait l’hypocrisie si difforme et si énorme, que son hypocrite cesse de ressembler à un homme ; on dirait une de ces figures fantastiques dont le nez est plus gros que le corps. […] On devient une machine à spéculation en qui s’alignent des chiffres et des faits ; on nie la vie de l’esprit et les joies du cœur ; on ne voit plus dans le monde que des pertes et des bénéfices ; on devient dur, âpre, avide et avare ; on traite les hommes en rouages ; un jour on se trouve tout entier négociant, banquier, statisticien ; on a cessé d’être homme.
Je dirai plus, ces immutabilités d’opinion sont une offense à Celui qui a fait de la vie un enseignement à tous les âges, un refus de prêter l’oreille, l’esprit, le cœur à Celui qui nous éclaire par l’expérience, depuis le premier jour où l’homme pense et doute jusqu’au jour où il cesse de penser et de douter. […] Courir aux succès de tribune au lieu des grands résultats d’opinion, jeter quelques imprécations retentissantes au parti du gouvernement, embarrasser les ministres dans toutes les questions, se coaliser avec tous les partis de la guerre ou de l’anarchie dans la chambre ; se faire applaudir par les factions au lieu de se faire estimer par la nation propriétaire et conservatrice ; ébranler, hors de saison, un gouvernement mal assis, mais qui couvrait momentanément au moins les intérêts les plus sacrés de l’ordre et de la paix ; menacer sans cesse de faire écrouler cette tente tricolore sur la tête de ceux qui s’y étaient abrités ; jouer le rôle d’agitateur au nom des royalistes conservateurs, de tribun populaire au nom des aristocraties, de provocateur de l’Europe au nom d’un pays si intéressé à la paix ; se coaliser tour à tour avec tous les éléments de perturbation qui fermentaient dans la chambre et dans la rue ; harceler le pilote au milieu des écueils et prendre ainsi la responsabilité des naufrages aux yeux d’un pays qui voulait à tout prix être sauvé ; former des alliances avec tel ministre ambitieux, pour l’aider à donner l’assaut à tel autre ministre ; renverser en commun un ministère, sans vouloir soutenir l’autre, et recommencer le lendemain avec tous les assaillants le même jeu contre le cabinet qu’on avait inauguré la veille ; être, en un mot, un instrument de désorganisation perpétuelle, se prêtant à tous les rivaux de pouvoir pour renverser leurs concurrents et triompher subalternement sur des décombres de gouvernement ; danger pour tous, secours pour personne ; condottiere de tribune toujours prêt à l’assaut, mais infidèle à la victoire ; faire du parti légitimiste un appoint de toutes les minorités, même de la minorité démagogique dans le parlement : voilà, selon moi, la direction ou plutôt voilà l’aberration imprimée à ce parti, moelle de la France, qui réduisait les royalistes à ce triste rôle d’être à la fois haïs par la démocratie pour leur supériorité sociale, haïs par les conservateurs industriels pour leur action subversive de tout gouvernement, haïs par les prolétaires honnêtes pour leur participation à tous les désordres qui tuent le travail et tarissent la vie avec le salaire. […] Le vulgaire, trop jaloux de sa nature pour reconnaître deux facultés dans un même homme, me jetait sans cesse à la face cette accusation hébétée de poésie.
. — Mais, dans la crainte de s’emprisonner dans une affection trop étroite, il avait cessé de rendre visite à une jeune personne pour laquelle il éprouvait trop d’inclination. […] Mais indiquer ce but supérieur et divin de l’amitié, c’est assez reconnaître que sa loi suprême est d’y tendre sans cesse, et qu’au lieu de se méprendre à ses propres douceurs, au lieu de s’endormir en de vaines et molles complaisances, elle doit cheminer, jour et nuit, comme un guide céleste, entre les deux compagnons qui vont aux mêmes lieux. […] Si, à l’ouverture du volume nouveau, ces personnes pouvaient croire que j’ai voulu quitter ma première route, je leur ferai observer par avance que tel n’a pas été mon dessein ; qu’ici encore c’est presque toujours de la vie privée, c’est-à-dire, d’un incident domestique, d’une conversation, d’une promenade, d’une lecture, que je pars, et que, si je ne me tiens pas à ces détails comme par le passé, si même je ne me borne pas à en dégager les sentiments moyens de cœur et d’amour humain qu’ils recèlent, et si je passe outre, aspirant d’ordinaire à plus de sublimité dans les conclusions, je ne fais que mener à fin mon procédé sans en changer le moins du monde ; que je ne cesse pas d’agir sur le fond de la réalité la plus vulgaire, et qu’en supposant le but atteint (ce qu’on jugera), j’aurai seulement élevé cette réalité à une plus haute puissance de poésie.
Un ange recueille-t-il les soupirs de cette sensibilité sans cesse rebutée ? […] Le bruit cessa, la nuit vint. […] Quand cessa le rêve où m’avait plongé la longue contemplation de mon idole, et pendant lequel un domestique vint et lui parla, je l’entendis causant du comte.
On pourrait peut-être regarder les glandes mammaires de l’Ornithorynque comme à l’état naissant en comparaison de la mamelle de nos Vaches ; et les freins ovigères de certains Cirripèdes, qui ne sont que peu développés, et qui ont cessé de servir à retenir les œufs, sont de véritables branchies naissantes. […] Un organe utile sous de certaines conditions, peut devenir nuisible sous des conditions différentes, comme on l’a vu pour les ailes des Coléoptères qui vivent sur de petites îles exposées au vent ; et en pareil cas la sélection naturelle doit tendre lentement à résorber l’organe, jusqu’à ce qu’il cesse d’être nuisible en devenant rudimentaire. […] Cette théorie expliquerait pourquoi l’embryon d’un mammifère ne passe pas, à proprement parler, par toutes les formes que ses ancêtres directs ont successivement revêtues, mais seulement par toutes les ébauches de ces formes ; car dans le cours des générations, l’embryon doit toujours cesser son développement vers les formes ancestrales, au point où la forme actuelle de la race tend, soit à diverger de chacune de ces formes successives, soit à revenir à quelque type ancien.
Sur une des lignes où elle avait réussi à aller le plus loin, on aurait pu croire que cette énergie vitale entraînerait ce qu’elle avait de meilleur et continuerait droit devant elle ; mais elle s’infléchit, et tout se recourba : des êtres surgirent dont l’activité tournait indéfiniment dans le même cercle, dont les organes étaient des instruments tout faits au lieu de laisser la place ouverte à une invention sans cesse renouvelable d’outils, dont la conscience glissait dans le somnambulisme de l’instinct au lieu de se redresser et de s’intensifier en pensée réfléchie. […] Ébranlée dans ses profondeurs par le courant qui l’entraînera, l’âme cesse de tourner sur elle-même, échappant un instant à la loi qui veut que l’espèce et l’individu se conditionnent l’un l’autre, circulairement. […] Mais la vérité est tout autre, et nous sommes réellement, quoique par des parties de nous-mêmes qui varient sans cesse et où ne siègent que des actions virtuelles, dans tout ce que nous percevons.
Il se trompe, mais poussé par la jalousie, il n’a de cesse qu’il n’ait fait livrer ce jeune homme au bourreau. […] Depuis quand a-t-on cessé de « transposer l’art dans les formes du passé » ? […] Mais on ne cessera pas de déblatérer contre les philistins, parce que l’on est toujours un artiste. […] Paul Fort ne cessera point d’écrire des ballades françaises, et il mourra imperturbablement dans la ballade finale. […] Socialiste, il n’a jamais cessé d’être ardemment patriote.
N’ajoutons pas, d’ailleurs, « qu’ils cessaient d’être en cela les fils légitimes de leurs pères du xviiie siècle », car ce serait une étrange méprise. […] Il écrivait des lettres d’amour ; on lui répondait ; et il les reproduisait telles quelles dans ses romans. « Quand j’eus cessé de voir Élise, elle en fut au désespoir, comme on l’a vu dans ses lettres imprimées dans la Malédiction paternelle. […] Zola ne me niera pas qu’ils le soient, et ils sont vrais précisément en tant qu’ils cessent d’être réels, car ils cessent de l’être. […] Qu’il cesse donc de renier ses maîtres ! […] et n’en avait-elle qu’à ces romans de mœurs soi-disant mondaines qui jadis, et de nos jours même, avec les romans moraux et un peu niais que publient par douzaines les filles de clergymen, étaient et n’ont pas cessé d’être la plaie de la littérature anglaise ?
Mais un jour, ayant lu des livres étrangers, il reconnut la vanité de son entreprise et cessa de croire à ce qu’enseigne le Bouddha. […] Assouplir son goût ne signifie pas qu’on cesse de flairer fit de rejeter le mauvais goût. […] Et le jour où Gertrude a cessé d’être physiquement aveugle, le contraste entre l’erreur où elle était mêlée et la vérité à laquelle lui donne accès son sens nouveau lui rend sa destinée contradictoire et la vie impossible. […] Pareillement une étude sur le roman anglais doit nous amener sans cesse à des comparaisons. […] Estaunié pouvait se passer de sa conclusion sans cesser d’être le roman de la douleur, et sans que rien à peu près fût diminué de son art ni de son artifice.
Dans l’article que cette Revue a publié, si l’on s’en souvient, sur Mme de Charrière99, sur cette Hollandaise si originale et si libre de pensée, qui a passé sa vie en Suisse et a écrit une foule d’ouvrages d’un français excellent, il a été dit qu’elle connut Benjamin Constant sortant de l’enfance, qu’elle fut la première marraine de ce Chérubin déjà quelque peu émancipé, qu’elle contribua plus que personne à aiguiser ce jeune esprit naturellement si enhardi, que tous deux s’écrivaient beaucoup, même quand il habitait chez elle à Colombier, et que les messages ne cessaient pas d’une chambre à l’autre ; mais ce n’était là qu’un aperçu, et le degré d’influence de Mme de Charrière sur Benjamin Constant, la confiance que celui-ci mettait en elle durant ces années préparatoires, ne sauraient se soupçonner en vérité, si les preuves n’en étaient là devant nos yeux, amoncelées, authentiques, et toutes prêtes à convaincre les plus incrédules. […] J’ai quitté sans regret ma languissante vie, J’ai cessé de souffrir en cessant d’exister. […] Je suis heureux par ma femme, je ne puis désirer même de me rapprocher de vous en m’éloignant d’elle, mais je ne cesserai jamais de dire : C’est bien dommage ! […] Au contraire, depuis que je la connais mieux, je trouve une grande difficulté à ne pas me répandre sans cesse en éloges, et à ne pas donner à tous ceux à qui je parle le spectacle de mon intérêt et de mon admiration. […] Il en reparlera plus tard, il en reparlera sans cesse.
Pour comprendre et pour aimer la nature, il ne faut pas être tendu constamment vers le bien ou le mal du dedans, sans cesse occupé du salut, de la règle, du retranchement. […] Elle semble occupée sans cesse à retirer à elle les êtres qu’elle a produits.
On voit dans ces épanchements confidentiels de Goethe qu’il était ramené sans cesse vers les peintures de la vie domestique, si simplement et cependant si poétiquement décrites et chantées dans l’Odyssée. […] Des dieux auxquels on a cessé de croire, des héros dont les exploits et les amours sont des fables, des mœurs dont les descriptions nous semblent des inventions étranges du poète au lieu du portrait ressemblant de la civilisation que nous avons sous les yeux, tout cela intéresse peu le vulgaire des lecteurs ; le savant seul s’y plaît, mais la foule se détourne et court aux légendes et aux complaintes des chanteurs de rues ; de là un triste abaissement du niveau de l’imagination du peuple.
Demandez-le au congrès de Varsovie : tout son mystère est percé à jour par qui sait lire à travers les murailles. » La monarchie unitaire piémontaise en Italie, à la tête de cinq cent mille hommes, et l’Autriche toujours menacée, seraient donc sans cesse l’arme au bras, l’une pour insurger, l’autre pour se défendre et reconquérir. […] L’Italie est libre, si le Piémont cesse d’en affecter la domination.
Ce combattant du xvie siècle est un écrivain du xviie : sa vie littéraire ne commence guère qu’à l’heure de sa retraite politique ; ses Tragiques paraissent en 1616268, son Histoire universelle de 1616 à 1620, son Baron de Fæneste en 1617 et 1630 ; jusqu’en 1630, où il meurt, il ne cesse de s’escrimer de sa plume, ne pouvant plus tirer l’épée. […] Elle n’est que le premier état de l’esprit mondain qui, sans changer son idéal, modifie sans cesse et rectifie ses apparences.
Je ne sais trop, mais assurément Pascal a touché plus juste, quand il a saisi ensuite le fondement naturel et psychologique de la foi, ce désir du bonheur que l’homme ne peut retrancher de son cœur et qui, sans cesse déçu par la réalité, se recule toujours plus loin, jusqu’à ce qu’il ne trouve plus d’autre moyen de subsister que de s’élancer hardiment dans l’inconnaissable, plaçant son espérance en sûreté hors de la vie et du temps. […] Mais la grande source des idées profanes, si l’on peut dire, et purement rationnelles de Pascal, c’est Montaigne, dont la pensée, les mots mêmes et les images sont sans cesse l’étoffe à laquelle il met sa façon.
Le jour où le grand Corneille cesserait d’être populaire sur notre théâtre, ce jour-là nous aurions cessé d’être une grande nation.
Cessons donc d’attribuer certaines qualités à certains ordres comme des pardessus. […] Cessons donc aussi, et indépendamment de leurs situations dans les ordres, de considérer comme contradictoires en elles-mêmes des qualités qui précisément ne sont contradictoires que dans les classements des intellectuels.
Ils cessent de semer des moissons destinées à être récoltées par d’autres, et alors la disette décime cités et villages. […] A mesure qu’on approche des temps modernes, l’homme qui écrit cesse d’avoir figure d’humble parasite et de mendiant honnête.
Cet élan des deux amants l’un vers l’autre, leur amour effréné, leurs ressouvenir, leur hymne à la nuit qui les rassemble, les lointains avertissements de Brangœne, enfin leur suprême abandon d’où nulle prudence humaine ne les peut tirer : autant d’épisodes du drame, autant de secrets mouvements de l’âme et du cœur que le musicien-poète a su traduire et condenser en une page où les motifs caractéristiques s’enchaînent et se superposent de la façon la plus merveilleuse, où des mélodies sans cesse renaissantes viennent fleurir à la surface de cet océan symphonique. […] Mais voici une des mises en œuvre les plus profondes de la Réminiscence en général : vers la fin du sublime cycle de Schumann, Amour et vie de femme (1840), au moment où le chant cesse, le piano reprend le premier morceau, qu’il chante dans son entier, la jeune veuve écoute au fond de son cœur la phrase à laquelle elle confiait naguère son premier secret d’amour78, illustration musicale bien éloquente, bien touchante et intime à coup sûr, du fameux cri de désespoir de Francesca : Nessun maggior dolore Che ricordansi del tempo felice Nella miseria !
« Brusquement, dit Wagner, l’œil est ébloui par un amoncellement de couleurs éclatantes, un effet de rayonnement qui rend tout indistinct. » Aucune proportion, le monstrueux luxuriant après le monstrueux terrible ; des fleurs énormes et touffues, des orchidées gigantesques et bizarres sort un essaim de fleurs plus frêles, plus animées, vivantes, constamment mobiles ; émergeant à peine de la végétation, vagues, elles traversent la scène en courant ça et là ; puis, tout à coup, le mouvement cesse et ces apparitions prennent corps en devenant immobiles : elles sont couvertes de cépales aux couleurs tendres remontant et descendant de la taille à mi-sein et à mi-jambe ; de fixes étamines ondulent sur elles à chaque mouvement imperceptible. […] Le jardin, pendant le dialogue, semble, comme un autre Paradou, les écouter et envelopper Parsifal de sa chaude étreinte ; les divers plans de fleurs et de feuillages colorés, déjà transparents, semblent se rapprocher et s’éloigner les uns des autres, glissant doucement et toujours, et produire comme une aspiration irrésistible, une fascination autour de Kundry étendue… Et Parsifal est enveloppé dans cette involution, cette constriction du milieu brillant et chaudement coloré qui ne se dissipera que quand le charme cessera d’opérer, quand Kundry suppliante sera dominée par un autre charme plus violent, la vision d’Amfortas, la blessure, qui, désormais, triomphante, appelle Parsifal loin d’elle, la lance en main, dans la ruine soudaine et définitive de toute cette hostilité magique dont il ne reste plus que la malédiction de Kundry et l’erreur attachée au héros vainqueur.
« Les ovaires des trois premières fleurs cessèrent bientôt de se développer, et après quelques jours ils périrent ; tandis que la gousse imprégnée du pollen de l’hybride crût avec vigueur, arriva rapidement à maturité et donna de bonnes graines qui germèrent parfaitement. » Dans une lettre que W. […] En tout cas, si l’on suppose à la plupart de nos animaux domestiques une semblable origine, il faut, ou cesser de croire à la stérilité presque universelle des croisements entre espèces animales distinctes, ou considérer la stérilité, non comme un caractère indélébile, mais comme un phénomène contingent que la domesticité peut faire disparaître.
Les femmes crièrent alors comme des Mélusines, sans être pour cela des fées… Probablement elles ne cesseront pas de crier. […] Le mérite de ce magnifique livre, — inachevé comme tant de choses belles qui gagnent peut-être à être inachevées, — comme cette statue de l’Amour du grand Michel-Ange, déterrée après sa mort, et à laquelle il manquait un bras ; — le mérite de ce livre ne s’arrête qu’aux endroits où Proudhon cesse d’être chrétien — le chrétien qu’il est de nature — et se heurte à sa philosophie… Livre profond et éloquent !
J’ai cessé un moment d’être à la conversation générale, parce que M.
Les vents n’avaient cessé d’être contraires.
je ne vous la donne pas pour une création profonde et neuve : c’est un lieu commun qui recommence sans cesse aux approches de quinze ans pour toutes les générations de Chloé et de Daphnis ; mais ici le lieu commun a passé par le cœur et par les sens, il est redevenu une émotion, il est modulé d’une voix pure ; il continue de chanter en nous bien après que le livre est fermé, et le lendemain au réveil on s’étonne d’entendre d’abord ce doux chant d’oiseau, frais comme l’aurore.
Tout cela se traitait comme un pur badinage et sans colère, mais notre homme s’en ressentit assez pour s’en ressouvenir et ne s’y exposa plus. » Cependant les choses sérieuses avaient leur tour ou plutôt ne cessaient de se poursuivre sous le couvert de ces jeux, et les grands desseins que la mort de l’Impératrice pouvait, d’un moment à l’autre, amener au jour et faire éclore, couvaient et mûrissaient en silence.
À ces paroles bienveillantes et bien sonnantes, rapportées par le truchement, la physionomie de la mère de famille s’éclaircit, la volubilité d’injures cessa, la paix rentra dans le ménage ; mais le voyageur moraliste put s’assurer que là, comme presque partout ailleurs, la femme, dès qu’elle veut en prendre la peine, est aisément maîtresse au logis.
Il est des sympathies Qui, muettes un jour, cessent d’être senties ; Et tel, par qui jadis ces chants étaient fêtés, A peine s’avouera qu’il les ait écoutés !
Nous ne cesserons, nonobstant toute avanie, de croire obstinément à la vie cachée, aux muses secrètes et à cette élite des honnêtes gens et des gens de goût qui se rend trop invisible à de certaines heures, mais qui se retrouve pourtant quand on lui fait appel un peu vivement et qu’on lui donne signal.
Quelques hautes pensées, qui n’ont jamais quitté le poëte depuis son enfance jusqu’à sa mort, dominent toutes ses belles odes, s’y reproduisent sans cesse, et, à travers la diversité des circonstances où il les composa, leur impriment un caractère marquant d’unité.
Par quel malheur est-il donc arrivé qu’on n’a jamais cessé de me regarder avec défiance dans la Congrégation, qu’on m’a soupçonné plus d’une fois des trahisons les plus noires, et qu’on m’en a toujours cru capable, lors même que l’évidence n’a pas permis qu’on m’en accusât ?
La vanité des hommes supérieurs les fait prétendre aux succès auxquels ils ont le moins de droit ; cette petitesse des grands génies se retrouve sans cesse dans l’histoire ; on voit des écrivains célèbres ne mettre de prix qu’à leurs faibles succès dans les affaires publiques ; des guerriers, des ministres courageux et fermes, être avant tous flattés de la louange accordée à leurs médiocres écrits ; des hommes, qui ont de grandes qualités, ambitionner de petits avantages : enfin, comme il faut que l’imagination allume toutes les passions, la vanité est bien plus active sur les succès dont on doute, sur les facultés dont on ne se croit pas sûr ; l’émulation excite nos qualités véritables ; la vanité se place en avant de tout ce qui nous manque ; la vanité souvent ne détruit pas la fierté ; et comme rien n’est si esclave que la vanité, et si indépendant, au contraire, que la véritable fierté, il n’est pas de supplice plus cruel, que la réunion de ces deux sentiments dans le même caractère.
Spinæ et vepres, ce mot revient sans cesse dans les Vies des saints.
. — Il est naturel que les signes cessent d’être remarqués et finissent par être considérés comme nuls. — Théories fausses sur l’esprit pur. — Le représentant mental que nous appelons idée pure n’est jamais qu’un nom prononcé, entendu ou imaginé. — Les noms sont une classe d’images. — Les lois des idées se ramènent aux lois des images.
Tout ce travail se fait en faisant concourir sans cesse l’impression personnelle dont on ne peut se passer, et la connaissance érudite qui sert à préciser, interpréter, contrôler, élargir, rectifier l’impression personnelle.
C’est la question que je me pose sans cesse en parlant de lui.
Une déplorable « couleur locale » ne cesse d’égayer la pièce.
Cette âme pure et forte n’a pas appris à d’autres le secret de ses chants ; mais elle ne cesse pas du moins d’être écoutée dans la région qu’elle préférait elle-même, où elle habitait avec persévérance, au foyer de familles, où s’entretiendront toujours les affections simples, et où se rallieront à jamais les sentiments universels.
Retenir l’empire de la puissance est un héroïsme trop grand pour qu’il ne soit pas aussi peu rare, & qui peut blamer Christine parce que à sa place il auroit eu le courage de ne point abandonner l’autorité suprême, le Philosophe sera-t’il toujours orgueilleux de la trempe heureuse de son ame, & exigera-t-il sans cesse des Souverains cette même fermeté qu’il auroit pû avoir.
L’image du beau, ainsi que celle de la vertu est gravée au fond de nos cœurs ; il n’appartient qu’à nous de la contempler sans cesse ; voilà la véritable jouissance de l’ame, & le plaisir inaltérable ; aussi les gens de Lettres sçavent trouver en eux-mêmes une satisfaction douce & continue, qui n’agite point le cœur, qui ne réfroidit point l’imagination, tandis que les autres hommes jamais détrompés, embrassent dans une volupté passagere un phosphore brillant qui se dissipe.
On lui appliquait galamment les vers de l’Arioste qui, au vingt-neuvième chant du Roland furieux, fait dire au Souverain Créateur8 : « Je veux qu’à l’avenir toutes celles qui porteront le beau nom d’Isabelle soient aimables, belles, parées par les Grâces, et vertueuses ; je veux qu’elles méritent d’être célébrées sur le Parnasse, le Pinde et l’Hélicon, et que ces monts sacrés retentissent sans cesse de l’illustre nom d’Isabelle » ; on prétendait que cette prophétie du poète n’avait jamais été mieux accomplie qu’en Isabelle Andreini.
Je me rappelle aussi une phrase très belle de Sainte-Beuve, qu’il est toujours flatteur de s’appliquer : « Il y a la race des hommes qui, lorsqu’ils découvrent autour d’eux un vice, une sottise ou littéraire ou morale, gardent le secret et ne songent qu’à s’en servir et à en profiter doucement dans la vie par des flatteries ou des alliances ; c’est le grand nombre, — et pourtant il y a la race de ceux qui, voyant ce faux et ce convenu hypocrite, n’ont pas de cesse que, sous une forme ou sous une autre, la vérité, comme ils la sentent, ne soit sortie et proférée : qu’il s’agisse de rimes ou même de choses un peu plus sérieuses, soyons de ceux-là. » 1.
L’art cesse d’être uniquement un facteur coopérant à la solidarité entre les hommes.
Peu à peu, entre ces deux âmes trompées, mais toutes deux trop fières pour l’avouer, il s’établira une intimité douloureuse et résignée, intimité de mensonge et d’hypocrisie, fertile en subterfuges et en flatteries, prodigue de caresses et de baisers, cherchant à se distraire en affirmant sans cesse ce qu’elle ne croit pas.
Dans un des chapitres de Science et Hypothèse, j’ai eu l’occasion d’étudier la nature du raisonnement mathématique et j’ai montré comment ce raisonnement, sans cesser d’être absolument rigoureux, pouvait nous élever du particulier au général par un procédé que j’ai appelé l’induction mathématique.
Les lois juives sur le mariage étaient sans cesse une pierre de scandale entre l’irréligieuse famille des Hérodes et les Juifs sévères 331.
On peut, je crois, regarder la première entrevue du roi et de madame Scarron comme l’époque de la naissance d’un vif désir de se plaire réciproquement, désir qui n’a cessé de faire des progrès jusqu’à la certitude du succès, tout en traversant les nombreuses intrigues de galanterie, même d’amours, dont le roi fut occupé dix années.
Même hors de l’enfance et durant toute sa jeunesse, cette nature favorisée n’a cessé de s’épanouir sans se trouver en présence d’un obstacle qui l’avertit.
L’unité cesse ; on a à la fois les souvenirs de Grammont et les souvenirs d’Hamilton, qui se combinent et se croisent.
Je vous le donne pour un véritable chevalier français, et vous pouvez désormais le regarder comme un vieux colonel. » L’héroïque figure de Ney n’a cessé de remplir et de dominer la relation qu’on vient de parcourir ; c’est par une telle parole de lui qu’il y avait convenance et gloire, en effet, à la couronner.
Il déprave le roi, il le corrompt, il l’abrutit ; il le pousse à la tyrannie, à l’ignorance, au vice ; il le lâche à travers toutes les familles des gentilshommes, lui montrant sans cesse du doigt la femme a séduire, la sœur à enlever, la fille a déshonorer.
Chez eux, les passions roulent, se heurtent, se bouleversent et retournent sans cesse sur elles-mêmes, comme les vagues de la mer, jusqu’à la fin de la tempête, qui n’est autre chose que le dénouement.
Lorsque nous voyons ces épithètes revenir sans cesse, si elles nous fatiguent et nous ennuient, c’est qu’il ne subsiste plus aucune statue, aucun temple, aucun modèle auxquels nous puissions les rapporter.
Répétons-le sans cesse, elle ne se douta jamais de rien.
Je l’ai vu souvent les écrire joyeusement, sans se prendre le front une seule fois, sans se replier sur lui-même, sans cesser de causer avec nous, qui nous abattions sur lui comme des abeilles sur une grappe de raisin, qui bourdonnions autour de lui ; car il travaillait sa chambre pleine d’amis et… d’actrices, — ses sujettes de feuilleton, — qui, certes, ne l’induisaient pas au recueillement !
Ce sont là des idées modernes appliquées rétrospectivement et plus ou moins témérairement à l’histoire, Je ne sais pas si Michel de l’Hôpital eut conscience pleine et volonté entière de la liberté religieuse, telle que l’entendent et que la veulent les philosophes du xixe siècle, par la seule raison qu’il rédigea le fameux Édit de tolérance qui fut, jusqu’à l’édit de Nantes, le manifeste sans cesse repris des protestants et le prétexte de leurs rébellions obstinées, mais ce que je crois savoir, c’est qu’on n’est pas au-dessus de tous les partis parce qu’on se met entre tous les partis, et ce que je sais certainement, c’est que le portrait de cet homme de juste-milieu, de cette espèce de La Fayette en toge au xvie siècle a pris, sous le pinceau de M.
Cette probabilité, d’elle-même, deviendra certitude, et les pauvres gens, tout honteux de leur réputation nouvelle, baisseront le dos, laisseront passer l’orage et se tiendront cois, silencieux dans leur cachette, espérant que, dans cinquante ans peut-être, la doctrine des esprits les plus lucides, les plus méthodiques et les plus français qui aient honoré la France, cessera de passer pour une philosophie de niais ou d’hommes suspects. » Voilà le raisonnement que se fit mon vieux sensualiste.
Semblable à la mer agitée sans cesse par le flux et le reflux, ce héros a été pour ses peuples dans un mouvement éternel.
La stérilité littéraire existe, c’est un fait trop certain ; mais on cesserait d’en faire peser la responsabilité sur les écrivains contemporains, si l’on avait bien voulu réfléchir à ce fait : que la littérature d’imagination est une fleur extrêmement rare, et qui s’épanouit à des intervalles très irréguliers. […] Chaque jour elle le verra, et, rivale discrète, mais réelle de sa fille, son cœur sera sans cesse ému d’un chatouillement de tendresse qui pourra bien être une sensation des plus fines, mais qui sera à coup sûr une sensation des plus malsaines. […] La causerie, malgré ses innombrables zigzags, va droit à son but, toute semblable à un ruisseau au cours sinueux qui ne cesse d’avancer, même alors qu’il semble s’égarer ou se ralentir. […] Dumas : son indignation ignore l’emportement hors de mesure, et sa justice connaît la limite où elle cesserait d’être légitime. […] Au langage du vers, Olympe Taverny va gagner de devenir une demi-comtesse véritable, Séraphine Pommeau de cesser d’être un monstre de vulgarité sèche, et la baronne d’Ange de se transformer en héroïne de comédie d’intrigue faite à souhait pour les imbroglios dramatiques et le marivaudage élégant.
Ta vertu solitaire t’a-t-elle fait cesser de te souvenir d’eux ? — Pour cesser de m’irriter contre eux, oui, certes. […] Étudiant sans cesse l’héroïsme sous tous ses aspects, il devait arriver à se représenter l’héroïsme absolu, celui qui sacrifie tout son être à une idée. […] On a remarqué le goût très vif et sans cesse renaissant de Shakspeare pour la féerie. […] Il devient chez lui procédé, procédé que (ne cessons jamais de le dire) il emploie très rarement ; mais enfin, quand il l’emploie, ce n’est plus avec la même aisance que quelques années auparavant.
Ce chevalier, de cœur vif et d’humeur inconstante, n’avait point de scrupule à « lâcher » (comme nous disons maintenant) les femmes ou filles dont la beauté avait cessé de lui plaire. […] Il n’a pas oublié, il n’a pas cessé d’espérer ; son joli roman qui a fait de lui un autre homme rayonne encore dans son âme. […] Et ce vieil homme, malgré les vicissitudes de sa carrière politique, n’a jamais cessé d’étudier Homère ! […] Ce serait la plus grande folie du monde que de demander aux Russes de cesser d’être Russes, que de prétendre les faire agir contre leurs instincts, contre leurs croyances. […] Les jeunes hommes qu’elle avait aimés cessèrent de parler d’elle.
Cela est si vrai que, même dans Euripide, à partir du moment que Ménécée s’est immolé lui-même, je ne dis pas l’intérêt cesse, mais l’intérêt fléchit. […] Sur l’intervention de Jocaste, une trêve est conclue, le combat cesse et le rideau tombe sur un espoir naissant. […] Mais la musique accompagnant le texte ne m’a paru avoir d’autre mérite que sa discrétion, et quand elle cesse d’être discrète, à savoir au V, pendant la scène de folie d’Oreste, elle m’a bien agacé. […] Mais on n’appelle point pièce à action une pièce où l’action tient le quart de l’ouvrage et s’interrompt sans cesse pour laisser place — et Dieu merci ! […] On trouve ces deux situations également naturelles, parce qu’on y est habitué, et si jamais le monsieur assidu cesse un instant de l’être, tout le monde crie haro sur lui avec la plus grande sincérité.
Des bâtonniers accourus de tous les points de la France étaient là, et, malgré leur titre peu pacifique, la bonne harmonie n’a pas cessé de régner. […] « Il cessa de s’occuper d’elle, mais il lui en coûta beaucoup. […] Il avait vraiment cessé de penser à son bonheur, à son intérêt. […] Quand les premières fanfares auront cessé de retentir, viendra le tour de la critique. […] Le Travail, journal rédigé par une réunion d’étudiants, qui était un des rares signes de vie que donnait la jeunesse, a dû cesser de paraître.
C’est un thème sur lequel Nadaud revient sans cesse. […] Il est poète comme peut l’être un homme d’action qui se projette sans cesse au dehors ; poète à la façon d’un vieux général qui pleure en écoutant chanter l’hymne russe. […] Richepin a cessé d’avoir du talent dès l’instant où il a touché des droits d’auteur. […] Maeterlinck n’a pas cessé de produire. […] L’Empereur n’a plus aucune illusion ; il sait que la bataille est perdue, il veut à tout prix faire cesser le massacre.
Si vous cessez un instant d’observer le modèle, votre main s’abandonnera à ses routines ; le détail caractéristique vous échappera ; vous substituerez la forme banale et conventionnelle à la forme vraie. […] Mais si cette faculté, de par son activité propre, tend aussi à modifier les images, à les faire entrer sans cesse dans des combinaisons nouvelles, à inventer en un mot, pourquoi lui refuserions-nous cette satisfaction ? […] La main dévie de la ligne vraie, les tons cessent d’être justes, on commence à parler pour ne rien dire. […] Dans ce jeu de réduction et d’amplification qui nous fait sans cesse passer d’une convention à l’autre, nous finissons par perdre le sentiment de la grandeur des choses, surtout quand il s’agit d’objets que nous ne sommes pas habitués à percevoir dans la réalité. […] C’est en poussant la convention à l’extrême, au point où l’image cessera d’être reconnaissable, que l’artiste nous donnera la sensation du merveilleux.
Il faut donc que ces pauvres comédiens cessent de se lamenter de ne rien laisser après eux, c’est justement ce qui les fait vivre. […] Une lois mariés, songez-y, vous vous verrez, sans cesse, l’un l’autre, mal vêtus, mal peignés, mal lavés, grondeurs, grognons, peut-être sifflés la veille, à coup sûr inquiets pour le soir ! […] Il y avait cette pauvre femme, immobile et résignée, qui avait même cessé de regarder de temps à autre la porte fêlée par laquelle son mari devait entrer. […] Quoi qu’il en soit, la jeune femme est bien inquiète, bien malheureuse, et tout de suite elle cesse de parler à son cousin — amicalement. […] Il est sans cesse sur la route de Passy à Paris pour une lady qu’on ne voit pas.
laisse à notre beau firmament d’art le noir d’une étoile qui aurait cessé d’y briller, comme une larme et comme un sourire. […] Mais il sait que « l’artiste peut passer sa vie à la même place et regarder autour de lui sans épuiser le spectacle sans cesse renouvelé ». […] Pendant mille cinquante-huit ans, l’humanité n’avait cessé de s’abrutir. […] Mais je constate ceci : toutes les fois que la littérature française a cessé d’être, par ses emprunts et par ses apports, une littérature européenne, elle a cessé de compter, elle a manqué à la mission que notre caractère, notre histoire, nos qualités et même nos défauts lui assignent. […] Ceci encore : Une fois les affaires commencées, il les faut suivre d’une perpétuelle continuité de dessein ; agir ou cesser ne devant être que par dessein et non pas par relâche d’esprit, indifférence des choses, vacillation de pensée ou dessein contraire.
Elle cessera d’exister, le jour où elle ne demandera plus ni effort ni règles. […] Elle cessera d’exister, le jour où elle ne demandera plus ni effort ni règles. […] Faguet écrivait sans cesse, parce que son cerveau était sans cesse en ébullition. […] L’auteur des Diaboliques n’a jamais cessé d’être l’objet de son culte et de ses regrets. […] Il avait une singulière manie : il ne cessait pas de se regarder dans une glace.
C’est une conception simpliste et quelque peu simplette de sacrifier l’une à l’autre, d’opposer sans cesse ce qu’il faut accorder et concilier. […] On lui fit observer que son pays avait besoin de ses services ; il se soumit et, sans cesse réélu pendant douze ans, il est mort à la tâche, aussi pauvre (probablement) qu’il était parti. […] D’une part, comme toute société qui se développe travaille sans cesse à s’adapter au milieu mobile qui l’environne, son évolution peut être définie « une équilibration en mouvement ». […] Une société sans forme où se rencontrent et se séparent sans cesse des éléments sans cohésion ! […] D’autre part, le Christ cessera d’être à la mode comme personnage dramatique.
Lucien lut la lettre, accueillit le jeune homme, le caressa et lui conseilla d’être neuf par le sujet sans cesser jamais d’être classique par le style. […] J’avais même cessé avec scrupule de voir le roi que je ne pouvais en conscience ni approuver ni servir. […] À dater de ce jour, tantôt chez lui, tantôt chez moi, nous ne cessâmes pas de nous voir et nous commençâmes à nous aimer.
Ils considèrent à part certains mouvements moléculaires de la matière cérébrale : alors, les uns voient dans notre perception consciente une phosphorescence qui suit ces mouvements et en illumine la trace ; les autres déroulent nos perceptions dans une conscience qui exprime sans cesse à sa manière les ébranlements moléculaires de la substance corticale : dans un cas comme dans l’autre, ce sont des états de notre système nerveux que la perception est censée dessiner ou traduire. […] Donnez-moi au contraire les images en général ; mon corps finira nécessairement par se dessiner au milieu d’elles comme une chose distincte, puisqu’elles changent sans cesse et qu’il demeure invariable. […] Car elles ne se conservent que pour se rendre utiles : à tout instant elles complètent l’expérience présente en l’enrichissant de l’expérience acquise ; et comme celle-ci va sans cesse en grossissant, elle finira par recouvrir et par submerger l’autre.
Balzac, qu’on lui oppose sans cesse, Georges Sand, qui suit souvent des routes si contraires à la sienne, ont emprunté à son œuvre la coupe, sinon l’étoffe, de leurs merveilleux récits. […] Pierre Dupont vivait en pleine fournaise sur le cratère même du volcan, et chaque événement politique lui inspirait un chant dont il composait l’air, et qu’il chantait lui-même comme un aëde antique dans les réunions, les clubs et les ateliers, d’une voie pure et sonore, que bientôt la fatigue brisa, car on lui redemandait sans cesse ces stances dont le refrain était souvent repris en chœur, dès le second couplet, par l’assistance enthousiasmée. […] laisse donc briller les fleurs, murmurer les arbres, et cesse de semer çà et là de tendres plaintes impuissantes, car voici venir une école virile et faite pour cles armes ! […] Ces refrains qui vous poursuivaient de la rue au théâtre, comme un motif obsesseur dont on ne peut se débarrasser et qu’on entend toujours bourdonner à son oreille, cessèrent de voltiger sur la bouche des hommes. […] La vie et la mort ne sont que la recomposition et la décomposition des formes qui, sous le voile de la couleur, se métamorphosent sans cesse, et la matière éternelle de Spinosa a pour levain, dans la fermentation qui ne s’arrête jamais, le perpétuel devenir de Hegel.
Il a conservé sa réputation jusqu’au bout ; on n’a jamais cessé de la lire. […] Le nombre des livres nouveaux augmente sans cesse. […] Viendra-t-il jamais un temps où elle cessera d’être trempée des larmes de ceux qui aiment ! […] Ce dédain de la beauté littéraire ne l’a pas empêché de travailler sans cesse à perfectionner son style par la lecture assidue des Pères de l’Église, comme nous le verrons plus loin, au chapitre de la Traduction. […] L’intérêt cesse avec l’intérêt du moment.
La loi d’interprétation ne permet donc pas, comme l’ont pensé plusieurs poètes contemporains, de transformer capricieusement la donnée historique ; car le commentaire ne peut mentir au texte, sans cesser d’être commentaire. […] Ils se partagent entre des idées et des passions diverses ; sans cesser d’être eux-mêmes, ils se métamorphosent et se multiplient. […] Dès que la nécessité d’obéir à cette loi impérieuse sera reconnue par les novateurs, l’érudition ne sera plus qu’un moyen, utile sans doute, mais cessera d’être un but. […] Le mouvement de la conversation entraîne son intelligence au milieu de régions imprévues, et pose devant lui des problèmes sans cesse renaissants, que l’invention, réduite à l’emploi solitaire des facultés, n’aurait pu ni deviner ni résoudre. […] Dès que l’égalité fraternelle a cessé, dès que les deux intelligences, unies autrefois par une intimité de tous les instants, n’ont plus les mêmes droits et les mêmes devoirs, l’amitié n’est plus qu’une parole vide, qu’un nom sonore et menteur.
Elle a l’ambition légitime de se rapprocher sans cesse de la vérité définitive. […] Puisse-t-il songer sans cesse qu’il s’attaque à des confrères ! […] Ma conviction est qu’il peut gagner encore, sans cesser d’être lui-même. […] Qu’on me pardonne de répéter sans cesse ces mots tendre et délicat ! […] On sait aujourd’hui qu’il doit marcher et se renouveler sans cesse sous peine de mort.
Mais, dès que les rapports entre les sons successifs ou entre les sons simultanés cessent d’être très simples, très unis, très faciles à saisir, je n’y suis plus, je n’entends plus que du bruit. […] À mesure que je vieillis, ma cousine, je trouve que c’est un avantage d’un prix inestimable que d’avoir quelque part un village à soi, un village où l’on a passé son enfance et où l’on n’a jamais cessé de faire, tous les ans, de longs séjours ; où la figure de la terre vous est connue dans ses moindres détails, vous est familière et amie. […] Car ce jeu ne cesse d’être ignoble que s’il est mortellement dangereux pour ceux qui s’y livrent. […] Je ne cesserais d’y être malheureux que pour y devenir féroce. […] « Incapacité … présomption … folles tentatives … imprudence criminelle », tels sont les mots qui reviennent sans cesse sous la plume de M.
Il serait vraiment fâcheux pour nous que ce qui a paru une nuance si délicate et en même temps si vive aux contemporains de Parny nous échappât presque tout entier, et qu’en le refeuilletant après tant d’années, nous eussions perdu le don de discerner en quoi il a pu obtenir auprès des gens de goût ce succès d’abord universel, en quoi aussi sans doute il a cessé, à certains égards, de le mériter. […] Cessons plutôt que de douter ; mieux vaut s’arrêter à temps, mieux vaut renoncer à toi plutôt que de t’avilir !
Pour la seconde fois une civilisation de cinq siècles s’est trouvée stérile de grandes idées et de grandes œuvres, celle-ci plus encore que ses voisines, et à double titre, parce qu’à l’impuissance universelle du moyen âge, s’y joint l’appauvrissement de la conquête, et que des deux littératures qui la composent, l’une, transplantée, avorte, et l’autre, mutilée, cesse de s’épanouir. […] Nous savons que les découvertes positives vont tous les jours croissant, qu’elles iront tous les jours croissant davantage, que d’objet en objet elles atteignent les plus relevés, qu’elles commencent à renouveler la science de l’homme, que leurs applications utiles et leurs conséquences philosophiques se dégagent sans cesse ; bref, que leur empiétement universel finira par s’étendre sur tout l’esprit humain.
Mais quel horizon Platon devait avoir de là sous les yeux, quand Athènes, vivante et vêtue de ses mille temples inférieurs, bruissait à ses pieds comme une ruche trop pleine ; quand la grande muraille du Pirée traçait jusqu’à la mer une avenue de pierre et de marbre pleine de mouvement, et où la population d’Athènes passait et repassait sans cesse comme des flots ; quand le Pirée lui-même et le port de Phalère, et la mer d’Athènes, et le golfe de Corinthe, étaient couverts de forêts de mâts ou de voiles étincelantes ; quand les flancs de toutes les montagnes, depuis les montagnes qui cachent Marathon jusqu’à l’Acropolis de Corinthe, amphithéâtre de quarante lieues de demi-cercle, étaient découpés de forêts, de pâturages, d’oliviers et de vignes, et que les villages et les villes décoraient de toutes parts cette splendide ceinture de montagnes ! […] Les pieds heurtent sans cesse contre les chefs-d’œuvre du ciseau grec : on les ramasse, on les rejette, pour en ramasser un plus curieux ; on se lasse enfin de cet inutile travail ; tout n’est que chef-d’œuvre pulvérisé.
Tout Bossuet passe dans son style, et de là vient, comme nous le verrons, que l’orateur se double sans cesse d’un poète. […] Dans les paroisses aristocratiques de Paris, à Saint-Germain, au Louvre, il ne se lasse pas de rappeler qu’il faut payer ses dettes, et qu’il faut faire l’aumône : il remet sans cesse sous les yeux des riches leurs créanciers et les pauvres.
Mais Charles est en même temps un analyste très pénétrant, très lucide, très armé de sens critique ; de bonne heure il perce Marthe à jour, la voit telle qu’elle est, et de bonne heure il cesse de l’aimer. […] De l’esprit, MM. de Goncourt en ont tant qu’ils veulent, et parfois aussi tant qu’ils peuvent, du plus subtil, du plus tourmenté ; un esprit qui est souvent, à l’origine, un esprit de pénétration aiguë et rapide, un esprit d’analystes, mais qui est plus souvent encore un esprit de stylistes, une coquetterie de l’imagination en quête d’expressions rares, d’alliances de mots imprévues, d’enfilades de synonymes d’un relief croissant ; une coquetterie à qui la justesse ne suffit point, qui ne s’en tient pas au brillant, qui va d’elle-même au raffiné, au singulier, à l’extravagant, qui renchérit sans cesse sur ses trouvailles et qui s’excite à ce jeu.
Ou bien, s’il en est autrement, nous cessons d’être des éléments sociaux, au moins des éléments de la société dont nous faisions partie. […] Ici les divers moyens analysés plus haut de faire cesser le désaccord entre les natures et les désirs, restent inefficaces.
Le mouvement est déjà là quand la sensation et la pensée se produisent, et ce mouvement ne peut cesser ; il passe donc nécessairement d’une cellule à l’autre. […] Tout dépend : 1° de la direction du mouvement, qui peut avoir pour but une action cérébrale, comme quand on cherche à se souvenir, à raisonner, etc., ou une action musculaire, comme quand on veut soulever un poids ; 2° de son degré d’énergie, qui peut vaincre ou ne pas vaincre la résistance opposée par les muscles et, en général par l’ensemble de mouvements contraires qui empêchent nos idées de remuer sans cesse tous nos membres comme des fils tirant une marionnette.
VI Je compris ainsi à demi qu’il existait par ces livres, sans cesse feuilletés sous ses mains pieuses le matin et le soir, je ne sais quelle littérature sacrée, par laquelle, au moyen de certaines pages qui contenaient sans doute des secrets au-dessus de mon âge, celui qu’on me nommait le bon Dieu s’entretenait avec les mères, et les mères s’entretenaient avec le bon Dieu. […] Les murmures, les bruits, les voix du chemin cessent un moment, et à travers ce grand silence on entend la nature muette palpiter de reconnaissance et de piété devant son Créateur.
Ajoutons que le guerrier ne cesse pas d’être présent dans celui qui admire, et qu’il n’est pas longtemps à contempler sans penser à son but.
Mais quand tout s’écroule et se renouvelle, quand les institutions antiques tombent en ruines et que l’état futur n’est pas né, que toutes les règles de conduite et d’obéissance sont confondues, que la justice et le droit hésitent entre les cupidités, les intérêts révoltés qui courent aux armes, c’est alors que le don de sagesse est bien précieux en quelques-uns, et que les hommes qui le possèdent sont bientôt appréciés des chefs dignes de ce nom, qu’ils sont appelés, écoutés longtemps en vain et en secret, qu’ils ne se lassent jamais (ce trait est constant dans leur caractère), qu’ils attendent que l’heure du torrent et de la colère soit passée pour les événements et pour les hommes, et qu’habiles à saisir les instants, à profiter du moindre retour, ils tendent sans cesse à réparer le vaisseau de l’État, à le remettre à flot avec honneur, à le ramener au port, non sans en faire eux-mêmes une notable partie et sans y tenir une place méritée.
Ainsi ayant affaire à la morgue des uns, à la mauvaise humeur et à la pétulance des autres, ayant à compter avec la politique des prélats, avec le formalisme des docteurs, Bossuet, sans amour-propre, sans impatience, poursuit son dessein, fait toutes les concessions nécessaires, écarte et tourne les obstacles, et n’a de cesse qu’il n’ait obtenu la condamnation des 127 propositions tant molinistes que jansénistes, maintenant par là l’Église de France dans la voie qui lui semble celle de la rectitude et du sage milieu.
Nous autres critiques, placés entre la tradition et l’innovation, c’est notre plaisir de rappeler sans cesse le passé à propos du présent, de les comparer, de faire valoir l’œuvre ancienne en même temps que d’accueillir la nouvelle (car je ne parle pas de ceux qui sont toujours prêts à immoler systématiquement l’une à l’autre).
Bonaparte lui écrivait le 30 mai : « Tous les renseignements qui me viennent sur la discipline de votre division, ainsi que sur la bonne conduite des officiers qui la commandent, lui sont favorables : cela vient de l’exemple que vous leur donnez et de la vigilance que vous y portez. » En faisant connaître à ses troupes cette lettre d’éloges, Joubert y joignait l’expression de ses sentiments en des termes qui, pour avoir été souvent répétés depuis et un peu usés par d’autres, ne cessent pas d’être les plus honorables et d’avoir tout leur prix dans sa bouche : Je fais connaître avec plaisir la lettre que je viens de recevoir du général Bonaparte, et je saisis cette occasion de témoigner mes sentiments à mes braves camarades.
Il raille et bafoue sans cesse le bourgeois, ce bon M.
qu’était-ce même en général que la famille des Perrault dont Boileau n’a cessé de railler les divers membres, et dans laquelle il trouvait, a-t-il dit, quelque chose de bizarre ?
Les officiers sont impuissants à maintenir l’ordre ; plusieurs y périssent : dans ces cohues d’étrangers de toute nation, il n’y avait, nous dit Polybe, que le mot frappe qui fût entendu de tous indistinctement et qui semblât de toute langue, parce qu’il était sans cesse en usage et pratiqué.
Bignon, en étant envoyé au poste de Varsovie, devenait, comme on le lui dit en partant, « la sentinelle avancée de l’Empire. » Sa mission essentielle était toute en ce sens d’observation, et c’est ainsi qu’il la comprit et qu’il la remplit : « J’étais arrivé, dit-il, avec des instructions écrites qui portaient principalement sur des questions d’ordre civil, comme la liquidation des créances respectives du duché et de la France, et une désignation de domaines pour en composer la valeur que l’Empereur s’était réservée lors des cessions autrichiennes.
Eugénie, plus âgée que Louise, l’aime beaucoup, l’aime comme une jeune sœur, la croit par moments un peu inégale en amitié, ne cesse pourtant de la chérir, et doucement, la voyant si légère avec sa couronne de seize ans, la sermonne un peu jusqu’à ce que Louise, à son tour, finisse par devenir elle-même sérieuse, posée, recueillie, et se laisse entrevoir à nous dans un coin du salon lisant par goût du saint Jérôme.
Il est bientôt entré dans la circulation ; on l’emploie sans cesse, et l’on peut dire même qu’on en ferait un usage voisin de l’abus, si l’on s’en payait trop aisément et si l’on ne prenait le soin d’y regarder de temps en temps pour sortir du vague et se bien définir le sens et le but.
Le jour où il céda à cette préoccupation de prérogative et d’amour-propre, il était redevenu prince, il avait cessé d’être le soldat que nous avons vu.
Meynert, poursuivent aujourd’hui ces recherches anatomiques au moyen de préparations délicates et de forts grossissements, et certainement ils ont raison : car la géographie de l’encéphale est encore dans l’enfance ; on en démêle à peu près les grandes lignes, deux ou trois massifs notables, l’arête du partage des eaux ; mais le réseau des routes, des sentiers et des stations, l’innombrable population remuante qui sans cesse y circule, y lutte et s’y groupe, tout ce détail, prodigieusement multiple et fin, échappe au physiologiste.
Mais ces empreintes de la personnalité sont bien légères, et cessent vite : et, au contraire, le trait le plus sensible de notre lyrisme savant, c’est combien du premier au dernier jour il n’a été que fade convention, monotone recommencement et méthodique exploitation de thèmes communs.
Cette forme expressive et souple, qui se défait et se refait sans cesse, qui se coule librement, sans aucune contrainte technique, sur la pensée ou le sentiment, n’est-ce pas la perfection de ce que quelques-uns de nos contemporains s’évertuent à chercher ?
Ils cesseraient toute communication aux journaux quotidiens pour ne pas gaspiller leur style et leur jugement en de petits articles hâtifs jetés dans le tonneau des Danaïdes de l’actualité.
La reine l’ayant permis, il fit alors tant de grimaces et des figures si plaisantes, que non seulement l’enfant cessa de pleurer, mais encore qu’il fut pris d’une hilarité dont les résultats gâtèrent les habits de Scaramouche, ce qui redoubla les éclats de rire de la reine, et de toutes les dames et seigneurs qui étaient dans l’appartement.
L’œuvre intellectuelle cesse de la sorte d’être un monument pour devenir un fait, un levier d’opinion.
Une impression qui dure constamment, sans variations, cesse de nous affecter ; mais s’il s’en produit une autre et que cette première impression revienne ensuite, alors nous le reconnaissons, nous avons conscience d’une ressemblance.
Madame de Montespan, par ses plaintes, par ses insinuations, faisait varier sans cesse, non l’estime et l’affection du roi pour la gouvernante, mais son accueil et son humeur : celle-ci, confiante et dépitée tour à tour, suivant que les influences de la maîtresse s’exerçaient pour ou contre elle.
qu’on dise tout ce qu’on voudra : j’ai pour moi les femmes et les jeunes gens. » Charmant et bien désirable auditoire sans doute, mais qui n’est pas définitif ; car les jeunes gens eux-mêmes cessent de l’être, et un certain jour, quand ils s’avisent de relire, ils sont étonnés.
Cette première manière, dans laquelle on suivrait à la piste la veine des affectations et la trace des réminiscences, se couronne par deux poèmes (si l’on peut appeler poèmes ce qui n’est nullement composé), par deux divagations merveilleuses, Namouna et Rolla, dans lesquelles, sous prétexte d’avoir à conter une histoire qu’il oublie sans cesse, le poète exhale tous ses rêves, ses fantaisies, et se livre à tous ses essors.
Laissant de côté ses mémoires sur l’ancienne Gaule, qui le firent nommer dès 1813 à l’Académie des inscriptions, et les nombreux travaux de géographie qui ne cessèrent de l’occuper depuis lors, « d’usurper, comme il le dit, le plus grand nombre de ses moments de loisir », je ne voudrais insister ici que sur les services agréables que M.
Tous ces combats d’esprit & de méchanceté ne cessèrent, pendant quelque temps, que pour reprendre avec plus de chaleur.
Tel est encore le dernier : Ils font cesser de vivre ayant que l’on soit mort.
Nous savons bien qu’une langue ne sera jamais fixée ; mais pourtant nous paraît-il (avantageux qu’elle garantisse une. certaine stabilité sans être comme l’allemand sans cesse à l’état malléable, fluide pour ainsi dire, et, suivant une des expressions de la philosophie germanique, « dans un éternel devenir ».
Le peintre doit avoir cette attention sans cesse, mais elle lui est encore plus necessaire quand il fait des tableaux de chevalet destinez à changer souvent de place comme de maître.
Ainsi, actuellement, une vogue qui paraît ne devoir pas de sitôt cesser, s’est emparée du mot Aventure.
Pourquoi renouveler sans cesse le grand sacrifice de Louis XVI, et recommencer continuellement à disperser les royales poussières qui sont rentrées dans leur repos ?
Sa poésie, emphatique et creuse, elle ne cessa de la mêler à tout et on la retrouve jusque dans ses œuvres en prose, qui ne sont que des prétextes à vers.
Il cesse de parler à ses amis ; il demeure pendant des heures, la tête penchée, triste ; la nuit, sa femme l’entend soupirer, et il se lève ne pouvant dormir. […] Sous leur effort la réflexion cesse, et l’homme est tout d’un coup précipité dans l’action. […] Le monde ineffable garde ainsi tout son mystère ; avertis par l’allégorie, nous supposons des splendeurs au-delà de toutes les splendeurs qu’on nous offre ; nous sentons derrière les beautés qu’on nous ouvre l’infini qu’on nous cache, et la cité idéale, évanouie aussitôt qu’apparue, cesse de ressembler au White-Hall grossier, édifié pour Dieu par Milton. […] Faites, je vous prie, quelques réflexions sur ces coutumes, et voyez par quel moyen il est possible de cesser de boire ; aussi ne finit-on jamais. […] Un mot revient sans cesse : Tenderness of conscience.
No-us estimons que ce qui fut primitif n’a pas cessé de l’être, bien qu’un effort d’approfondissement interne puisse être nécessaire pour le retrouver. […] Dès lors, piétinant sur place, on ajoute et l’on amplifie sans cesse. […] L’homme civilisé est celui chez lequel la science naissante, impliquée dans l’action quotidienne, a pu empiéter, grâce à une volonté sans cesse tendue, sur la magie qui occupait le reste du terrain. […] Nous ne cesserons de le répéter : avant de philosopher, il faut vivre ; c’est d’une nécessité vitale qu’ont dû sortir les dispositions et les convictions originelles. […] Un instinct, que des habitudes toutes différentes recouvrent dès qu’il a cessé d’être utile, portera donc la tribu à se scinder en clans à l’intérieur desquels le mariage sera interdit.
À ce moment il y avait plus d’un an qu’Amiel avait cessé son premier essai de Journal intime, et d’ailleurs, dans la suite, il ne tint que très irrégulièrement le Journal en voyage : le voyage extérieur et le voyage intérieur ne faisaient pas double emploi. […] Après son départ définitif pour Paris (il prit la nationalité française après 1871) ses relations avec Amiel cessèrent. […] Et les vacances ont beau avoir commencé ce jour-là, le Wagner intérieur d’Amiel n’a pas cessé de travailler et de profiter. « J’ai raté une importante expérience, mais j’en fais une autre à laquelle je ne pensais pas. » Le lendemain dimanche, beau soleil. […] Mais il mourut dans sa chambre de la rue Verdaine, chez Berthe Vadier et sa mère, où abondaient les fleurs, les gelées envoyées au malade, les lettres d’amis et d’amies, où il avait écrit six mois auparavant : « L’état de maladie est ici une douceur et non un effroi. » Le 11 mai, au matin, il cessa, douze jours après que le Journal eut pris fin sur ces mots : « La mère et la fille rivalisent de zèle depuis trois mois, et n’acceptent encore aucun secours ni partage. » Lui, le grand partagé…. […] Le corps c’est l’œuvre, par laquelle le génie passe de la puissance à l’acte, cesse d’être disponibilité pour devenir position et proposition, se prouve à lui-même, comme l’homme dans l’amour, en un moment privilégié qui n’est que la face interne du moment où il se prouve à autrui.
Du firmament même, ses traits ne cessaient pas de pleuvoir, tantôt propices et tantôt funestes. […] L’imagination grecque ne cessa de perfectionner les types de ces Divinités bienfaisantes. […] L’Étiquette réglait encore les présents des rois à leurs maîtresses, la façon dont ils devaient les disgracier ou les établir, lorsqu’elles avaient cessé de leur plaire. […] Cessez de vous troubler, vous n’êtes point trahi ; Quand vous commanderez, vous serez obéi. […] Lorsqu’il gît à terre entre les fleurs flétries et les flambeaux éteints du bal terminé, le masque ne cesse ni de grimacer ni de rire.
Ici encore la création poétique se trouve éclairée par les réflexions que la danseuse inspire à Socrate : L’âme cesse d’exister dès « qu’elle se prive de toute addition frauduleuse à ce qui est. » Elle existe quand elle tourne le dos à la pensée de l’être qui est, pour s’appliquer à créer l’être qui sera par elle. […] Après la mort de Mallarmé et même un peu avant, longtemps Valéry cessa d’écrire des vers (quelques articles dans l’Athenœum anglais et le Mercure furent toute sa production littéraire) ; il ne revint à la poésie que vingt ans après, en 1917, quand il publia la Jeune Parque. […] de mes pieds nus qui trouvera la trace Cessera-t-il longtemps de ne songer qu’à soi ? […] « L’âme absente occupée aux enfers » a cessé d’agir, de s’intéresser, elle n’est plus qu’être.
Ces études, chez Vicaire, infinies lectures à droite et à gauche, une érudition curieuse de tout et renseignée immensément, fréquents séjours à la campagne et au village sans cesse occupés à l’observation amoureuse de la nature surprise chez elle, une recherche fervente des traditions, des légendes, jusqu’à l’étude par le menu des chansons populaires de son pays, la Bresse, ont formé un poète bien à part, entre tous ceux d’à peu près ma génération. […] Et il avait une manière si calme de raconter, un peu dans sa barbe sans cesse caressée, que cette manière en devenait d’un drôle tout particulier. […] Mais ce que je sais de lui en fait de politique, ses propos spontanés et ses reparties sur ces matières me l’ont toujours donné comme un républicain très mauvais teint, du moins républicain au sens actuel, aristocratique un peu d’éducation, et de prétentions beaucoup, qu’il n’a jamais cessé d’être. […] Mais que de mérite, à bon droit déjà retentissant, chez — notamment — Moréas, le courageux et l’infatigable critique en même temps que protagoniste de son œuvre sans cesse en discussion, pour ainsi dire.
je ne cesserai de le répéter, je vois bien des théâtres, je ne vois pas le théâtre. […] Qu’un écrivain écoute la foule, elle lui criera sans cesse : « Plus bas ! […] Voici trois ans que je ne cesse de répéter que le drame se meurt, que le drame est mort. […] Ils n’ont cessé depuis deux cents ans de marcher vers une exactitude de plus en plus grande, du même pas d’ailleurs et au travers des mêmes obstacles que les costumes. […] Les cinq actes se répètent, et pourtant les bravos n’ont pas cessé une minute.
C’est en prenant ces données, telles que les avait conçues le génie du peuple, que Dante et Gœthe ont créé chacun un poëme d’une originalité inimitable, dont on peut prédire, à coup sur, qu’il ne cessera jamais d’intéresser les esprits, à moins que, par impossible, les hommes ne cessent un jour de s’intéresser à ce qu’il y a ici-bas de plus divin tout ensemble et de plus humain : au mystère même de l’art dans ses rapports avec cet insatiable désir de l’infini, qui repose au plus profond de la nature humaine. […] La dispute à ce sujet n’a pas encore cessé de nos jours. […] La première édition de l’Iliade, publiée à Florence par le Grec Chalcondyle, est de l’année 1488, par conséquent près de deux siècles après que l’Allighieri avait cessé d’exister. […] … Aurait-il donc cessé de vivre ? […] Cela est très-vraisemblable ; et quant à moi, si vous me demandiez mon sentiment propre, j’ai toujours reconnu dans la Comédie une influence pythagoricienne très-sensible, venue, sans aucun doute, à l’Allighieri par Boëce qu’il lisait sans cesse.
Transformer le roman, c’est le déformer : celui qui, comme Thackeray, donne au roman la satire pour objet cesse de lui donner l’art pour règle, et toutes les forces du satirique sont des faiblesses du romancier. […] Au bout de quelques scènes, on connaît ce ressort, et dorénavant on prévoit sans cesse et sans erreur qu’il va partir. […] En physiologiste, il sait que les nerfs de la bête de proie s’amollissent et qu’elle ne cesse de bondir que pour dormir.
Jamais, je vous en atteste, le souvenir de l’excellent ami, de l’invincible héros qui a illustré le nom des Scipions, ne quitte un instant mon esprit… « Je m’informai ensuite de son royaume, il me parla de notre république, et la journée entière s’écoula dans un entretien sans cesse renaissant… « Après un repas d’une magnificence royale, nous conversâmes encore jusque fort avant dans la nuit ; le vieux roi ne parlait que de Scipion l’Africain, dont il rappelait toutes les actions et même les paroles. […] « Il vit Homère, en songe sans doute, parce qu’il était sans cesse occupé de ce grand poète.
Vous ne travaillerez pas longtemps ici-bas, et vous ne serez pas toujours dans les douleurs ; attendez un peu et vous verrez bientôt la fin de vos maux ; un moment viendra où toutes les peines et les agitations cesseront ; tout ce qui passe avec le temps est court et peu considérable. […] Il en est d’autres qui, éclairés et purifiés intérieurement, ne cessent d’aspirer aux biens éternels, ont à dégoût les entretiens de la terre et ne s’assujettissent qu’à regret aux nécessités de la nature.
De même, entre le son aigu que vous entendez encore, et le son suraigu qui cesse de vous être perceptible, y a-t-il, comme Lange se le demande, un abîme aussi abrupt qu’entre ne pas entendre et entendre ? […] Le devenir est le devenir de quelque chose qui, dans ce devenir même, se sent subsister tout en changeant sans cesse, se sent être et vivre tout en se mouvant d’une relation à une autre relation dans l’universel commerce des êtres, dans l’universel échange de la vie.
La sœur a soulevé la couverture, a pris dans ses bras la malade infirme et infecte, l’a retournée sur le dos, un pauvre dos talé et meurtri, semblable au dos d’un nourrisson meurtri par des langes trop serrés, a retiré prestement, de dessous le corps changé de place, l’alèze souillée, et toujours lui parlant, sans cesser une minute de la caresser de la voix, lui disant qu’on allait lui mettre un cataplasme, qu’on allait lui donner à boire… Et cela a fini par le bassin. […] Je ne sais si c’est réel ou une imagination des sens, mais sans cesse il nous faut nous laver les mains.
Il n’est pas d’exemple qu’une forme variable ait cessé de varier à l’état domestique : nos plus anciennes plantes cultivées, telles que le froment, produisent encore aujourd’hui des variétés nouvelles ; et nos animaux domestiques les plus anciens sont toujours susceptibles d’améliorations et de modifications rapides. […] L’homme a cultivé des plantes et apprivoisé ou dompté des animaux, modifiés par la nature à leur propre avantage et lentement, parce que de ces avantages propres il s’est lui-même accoutumé à tirer une utilité quelconque, que depuis il a sans cesse cherché à accroître.
Ils n’ont cessé d’ajouter, de soustraire, de mesurer. […] Qu’il soit donc sans cesse sous les yeux de nos orateurs qui n’auront jamais ni sa logique ni sa véhémence.
Avec un fond d’inertie plus ou moins considérable, nature qui veille à notre conservation nous a donné une portion d’énergie qui nous sollicite sans cesse au mouvement et à l’action. […] Il y en a, et malheureusement c’est le grand nombre, qu’elle élance sur tout et qui n’ont d’ailleurs aucune aptitude à rien ; ces derniers sont condamnés à se mouvoir sans cesse sans avancer d’un pas.
Nous verrons, en nous arrêtant à cette œuvre singulière, jusqu’où va le talent inné d’Edgar Poe et où il se brise, se fausse et cesse d’être, sous les influences du milieu social le plus positif et le plus raisonnable dans le sens que Locke et Bentham donneraient à ce mot. […] Présenté au public français par un traducteur de première force, Charles Baudelaire, Edgar Poe cessa tout à coup d’être, en France, le grand inconnu dont quelques personnes parlaient comme d’un génie mystérieux et inaccessible à force d’originalité.
Delacroix n’est pas encore de l’Académie, mais il en fait partie moralement ; dès longtemps il a tout dit, dit tout ce qu’il faut pour être le premier — c’est convenu ; — il ne lui reste plus — prodigieux tour de force d’un génie sans cesse en quête du neuf — qu’à progresser dans la voie du bien — où il a toujours marché. […] Delacroix est plus fort que jamais, et dans une voie de progrès sans cesse renaissante, c’est-à-dire qu’il est plus que jamais harmoniste.
Par cette lettre d’avances et de bienvenue qui allait prendre le nouvel arrivé au port, le premier il semblait convier Arago à cette renommée scientifique universelle dont lui-même il n’a pas cessé d’être la personnification la plus illustre et par moments le maître des cérémonies un peu empressé, dont ils parurent quelquefois ensemble les deux consuls perpétuels, et qui a bien ses douceurs, mais aussi ses écueils.
Ce qui est certain, c’est que les critiques purement classiques et qui se flattent de n’avoir pas varié depuis trente ans, ceux qui n’ont cessé de rester fidèles dans leurs recommandations à tous les procédés et à toutes les routines d’académie et d’atelier, ne sauraient le revendiquer exactement comme un des leurs : Il le faut ranger parmi les classiques d’un ordre à part, et parmi les André Chénier de la peinture.
Mais cette continuité d’usage et de ton dans la société cesse vers le moment où Louis XIV finit : au xviie siècle, en remontant, c’est tout un ancien, tout un nouveau monde.
Mais aussi il y a un historien des plus heureusement doués dont le procédé est autre : il lit, il étudie, il se pénètre pendant des mois et quelquefois des années d’un sujet, il en parcourt avec étendue et curiosité toutes les parties même les plus techniques, il le traverse en tous sens, s’attachant aux moindres endroits, aux plus minutieuses circonstances ; il en parle pendant ce temps avec enthousiasme, il en est plein et vous en entretient constamment, il se le répète à lui-même et aux autres ; ce trop de couleur dont il ne veut pas, il le dissipe de la sorte, il le prodigue en paroles, en saillies et en images mêmes qui vaudraient souvent la peine d’être recueillies, car, plume en main, il ne les retrouvera plus : et ce premier feu jeté, quand le moment d’écrire ou de dicter est venu, il épanche une dernière fois et tout d’une haleine son récit facile, naturel, explicatif, développé, imposant de masse et d’ensemble, où il y a bien des négligences sans doute, bien des longueurs, mais des grâces ; où rien ne saurait précisément se citer comme bien écrit, mais où il y a des choses merveilleusement dites, et où, si la brièveté et la haute concision du moraliste font défaut par moments, si l’expression surtout prend un certain air de lieu commun là où elle cesse d’être simple et où elle veut s’élever, les grandes parties positives d’administration, de guerre, sont si amplement et si largement traitées, si lumineusement rapportées et déduites, et la marche générale des choses de l’État si bien suivie, que cela suffit pour lui constituer entre les historiens modernes un mérite unique, et pour faire de son livre un monument.
Paris), ses amis ne cessaient de lui dire : « Écrivez donc cela. » Il le fit et nous en profitons.
Cousin, par ses expositions éloquentes et lucides, par les publications multipliées qu’il a faites avec tant de zèle, comme aussi par celles qu’il provoque sans cesse de la part même des survenants qui ne sont pas de son école, par toute son impulsion enfin, aura rendu dans sa longue carrière les plus éminents services à l’histoire de la philosophie, c’est-à-dire à ce qui dure plus que telle ou telle philosophie particulière. — Inventeur ou non en philosophie, il en est du moins le grand bibliothécaire.
Il classe volontiers le monde en honnêtes gens et en ceux qui ne le sont pas ; sa morale sociale admet essentiellement le bien et le mal, dont les noms reviennent sans cesse à sa bouche d’une manière qui, à la fin, devient provocante : les instincts conservateurs, à ses yeux, sont les seuls bons ; les autres instincts plus actifs et plus remuants sont vite déclarés pervers.
Je laisse de côté sa vocation politique active que j’admets en effet qu’il manque, je lui trouve deux talents de second plan, deux pis aller qui seraient de nature à satisfaire de moins difficiles : talent d’écrivain politique qui trouvera toujours moyen de dire ce qu’il pense, et qui a même intérêt à être gêné un peu ; car il y gagne le tour, et avec le tour l’agrément, ce qui cesse quand il écrit dans les journaux où il ne se gêne pas ; — talent de critique ou de discoureur littéraire des plus sérieux et des plus aimables, qui peut se jouer sur tous sujets anciens ou modernes, et s’exercer même sur des matières de religion, d’un ton de philosophe respectueux à la fois et sceptique.
Les volumes de Mélanges contiennent quelques articles insérés au Mercure de France, à ce Mercure déjà mort ou mourant dès le temps de La Bruyère, depuis lors remourant sans cesse, et qu’on essayait de ressusciter en 1809, sous le titre de Nouveau Mercure.
si l’on est d’un art particulier, tout en restant le confrère et l’ami des artistes, savoir s’élever cependant peu à peu jusqu’à devenir un juge ; si l’on a commencé, au contraire, par être un théoricien pur, un critique, un esthéticien, comme ils disent là-bas, de l’autre côté du Rhin, et si l’on n’est l’homme d’aucun art en particulier, arriver pourtant à comprendre tous les arts dont on est devenu l’organe, non-seulement dans leur lien et leur ensemble, mais de près, un à un, les toucher, les manier jusque dans leurs procédés et leurs moyens, les pratiquer même, en amateur du moins, tellement qu’on semble ensuite par l’intelligence et la sympathie un vrai confrère ; en un mot, conquérir l’autorité sur ses égaux, si l’on a commencé par être confrère et camarade ; ou bien justifier cette autorité, si l’on vient de loin, en montrant bientôt dans le juge un connaisseur initié et familier ; — tout en restant l’homme de la tradition et des grands principes posés dans les œuvres premières des maîtres immortels, tenir compte des changements de mœurs et d’habitudes sociales qui influent profondément sur les formes de l’art lui-même ; unir l’élévation et la souplesse ; avoir en soi la haute mesure et le type toujours présent du grand et du beau, sans prétendre l’immobiliser ; graduer la bienveillance dans l’éloge ; ne pas surfaire, ne jamais laisser indécise la portée vraie et la juste limite des talents ; ne pas seulement écouter et suivre son Académie, la devancer quelquefois (ceci est plus délicat, mais les artistes arrivés aux honneurs académiques et au sommet de leurs vœux, tout occupés qu’ils sont d’ailleurs, et penchés tout le long du jour sur leur toile ou autour de leur marbre, ont besoin parfois d’être avertis) ; être donc l’un des premiers à sentir venir l’air du dehors ; deviner l’innovation féconde, celle qui sera demain le fait avoué et’reconnu ; ne pas chercher à lui complaire avant le temps et avant l’épreuve, mais se bien garder, du haut du pupitre, de lui lancer annuellement l’anathème ; ne pas adorer l’antique jusqu’à repousser le moderne ; admettre ce dernier dans toutes ses variétés, si elles ont leur raison d’être et leur motif légitime ; se tenir dans un rapport continuel avec le vivant, qui monte, s’agite et se renouvelle sans cesse en regard des augustes, mais un peu froides images ; et sans faire fléchir le haut style ni abaisser les colonnes du temple, savoir reconnaître, goûter, nommer au besoin en public tout ce qui est dans le vestibule ou sur les degrés, les genres même et les hommes que l’Académie n’adoptera peut-être jamais pour siens, mais qu’elle n’a pas le droit d’ignorer et qu’elle peut même encourager utilement ou surveiller au dehors ; enfin, si l’on part invariablement des grands dieux, de Phidias et d’Apelle et de Beethoven, ne jamais s’arrêter et s’enchaîner à ce qui y ressemble le moins, qui est le faux noble et le convenu, et savoir atteindre, s’il le faut, sans croire descendre, jusqu’aux genres et aux talents les plus légers et les plus contemporains, pourvu qu’ils soient vrais et qu’un souffle sincère les anime.
« Mais heureux aussi celui qui, d’un esprit moins émancipé et d’un cœur plus humble, reconnaît dans la nature un Auteur visible, se manifestant par tous les signes ; qui croit l’entendre dans le tonnerre et dans l’orage ; qui le bénit dans la rosée du matin et dans la pluie du printemps ; qui l’admire et l’adore dans la splendeur du soleil, dans les magnificences d’une belle nuit, et qui ne cesse de le sentir encore à travers la douce et tiède nuaison d’un ciel voilé !
Sans cesse tiraillé entre Paris et la province, l’auteur se raille de tous deux, et de la province comme de Paris ; il abuse même étrangement du nom de Gigondas, lequel lieu, des mieux habités, me dit-on, n’est pas celui de sa commune, et qui aurait droit de réclamer, pour être ainsi sans raison livré au ridicule ; mais enfin c’est à Paris qu’il en veut surtout, c’est Paris qu’il dénigre, contre lequel il a à exercer ses plus amères rancunes ; c’est à Paris qu’il disait tous les six mois en le quittant et en le menaçant du geste, comme Danton, ce grand auteur, ou comme le boudeur Jean-Jacques : Adieu, Paris, ville de fumée et de boue !
L’arbre immense, privilégié, possesseur désormais d’un sol et d’une terre ;à lui, ne cessait de gagner à l’Occident et protégeait ou menaçait tout de son ombre.
Ce que je sais, comme spectateur et témoin des mouvements et variations de notre temps, c’est que la plupart des idées et des réformes indiquées étaient depuis longtemps dans la pensée et dans les discours des hommes éclairés qui s’occupaient le plus de beaux-arts en dehors des Académies, et qu’elles venaient, bien qu’un peu tard, réaliser des vœux qu’ils n’avaient cessé d’exprimer.
N’hésitons pas à le reconnaître : il est presque impossible au critique, fût-il le plus modeste, le plus pur, s’il est indépendant et sincère, de vivre en paix avec le grand poëte régnant de son époque : l’amour-propre du potentat, averti sans cesse et surexcité encore par ses séides, s’irrite du moindre affaiblissement d’éloges et s’indigne du silence même comme d’un outrage.
La feuille volante alla jusque dans ses montagnes ; une femme, une amie d’enfance, presque une sœur qu’il y avait laissée et qui de loin, tant qu’elle avait pu, n’avait cessé de le suivre avec sollicitude, lut cet article et lui écrivit : « Mon ami, il est temps do vous arrêter et de revenir en arrière ; la route que vous avez prise aboutit à un abîme, et vous ne trouverez en chemin que fatigues et douleurs.
J’ai la confiance que tu as été jusqu’à la fin fidèle à l’amitié, et qu’à tes derniers instants, où nos consolations te manquèrent131, tu n’as pas cessé de croire que tu avais été et seras toujours présent à tous ceux qui te connaissent, et particulièrement à celui auquel tu aurais dû survivre, et que tu n’attendras pas longtemps.
Racine se trouvait précisément dans l’église du monastère des Champs, quand l’archevêque Harlay de Champvallon y vint, le 17 mai 1679, à neuf heures du matin, pour renouveler la persécution qui avait été interrompue durant dix années, mais qui, à partir de ce jour-là, ne cessa plus jusqu’à l’entière ruine.
Je ne sais si c’est réel ou une imagination des sens, mais sans cesse il nous faut nous laver les mains.
À la longue, le simple plaisir cesse de plaire, et, si agréable que soit la vie de salon, elle finit par sembler vide.
Je ne sais : en tout cas, il travaille sans cesse à étouffer sous les acquisitions de sa mémoire les sollicitations de sa nature.
Il concevait la tolérance religieuse, en bon Français comme une nécessite politique, en bon chrétien comme un commandement de l’Évangile : les événements du siècle lui semblaient en donner la démonstration expérimentale, et il ne cessa de la prêcher, aux Rois, aux États, aux Parlements : c’était l’unique moyen de rétablir la paix sociale et de maintenir l’unité du royaume, disait-il quarante ans presque avant l’édit de Nantes.
Il ne cesse de répéter que les passions qui sont en nous donnent la mesure de notre énergie morale, et que tout le secret de la vertu est de savoir utiliser, diriger, canaliser ces forces naturelles.
Camille Mauclair Le préambule de votre questionnaire formule les justes griefs que je n’ai jamais cessé d’alléguer contre l’Académie.
Aussi James Mill n’est-il que juste, quand il dit « qu’il n’y a aucun élément de la conscience qui demande plus d’attention que celui-là ; quoique jusqu’à ces derniers temps il ait été déplorablement complètement oublié. » C’est une particularité de notre constitution que quand nos sensations cessent par l’absence de leurs objets, quelque chose reste.
Le créateur du feuilleton au Journal des débats, Geoffroy, répondit une fois avec raison et fierté à l’un de ses adversaires : Ce n’est pas une petite affaire d’amuser le public trois ou quatre fois la semaine ; d’avoir de l’esprit à volonté, tous les jours, et sur toutes sortes de sujets ; de traiter les plus sérieux d’un ton badin, et de glisser toujours un peu de sérieux dans les plus frivoles, de renouveler sans cesse un fonds usé, de faire quelque chose de rien… Je suis loin de me flatter d’avoir rempli toutes ces conditions ; je vois ce qu’il eût fallu faire, sans avoir la consolation de penser que je l’ai fait ; mais enfin, comme tout cela est fort difficile, n’avais-je pas droit à quelque indulgence ?
Un homme de lettres doit vivre dans un pays libre, ou se résoudre à mener la vie d’un esclave craintif, que d’autres esclaves jaloux accusent sans cesse auprès du maître… Il n’y a pas d’apparence que je revienne jamais à Paris m’exposer aux fureurs de la superstition et de l’envie.
Le caractère tout nouveau de cette éducation est dans le mélange du jeu et de l’étude, dans ce soin de s’instruire de chaque matière en s’en servant, de faire aller de pair les livres et les choses de la vie, la théorie et la pratique, le corps et l’esprit, la gymnastique et la musique, comme chez les Grecs, mais sans se modeler avec idolâtrie sur le passé, et en ayant égard sans cesse au temps présent et à l’avenir.
Car il faut choisir, et la première condition du goût, après avoir tout compris, est de ne pas voyager sans cesse, mais de s’asseoir une fois et de se fixer.
Lorsqu’il eut été exilé dans son diocèse, Madame ne cessa de lui écrire et de désirer, de demander son rappel ; cette instance même allait contre le but : Le roi, dit Cosnac, crut que Madame ne pouvait pas conserver un si violent et si continuel désir de mon retour, sans que nous eussions ensemble de grandes liaisons, et sans que je lui fusse fort nécessaire ; et ces liaisons, selon les idées qu’on lui en avait données, lui paraissaient une cabale formée, qu’on ne pouvait détruire avec trop de soin.
Un sentiment de famille se mêlait sans cesse à cette joie chrétienne du solitaire, et venait la tempérer par quelques regrets : il se reportait à son enfance, aux années meilleures, à ses jouissances de fils, de père et d’époux : Les mœurs ne s’apprennent pas, c’est la famille qui les inspire.
Pitt, ministre, qui était alors un personnage trop considérable et peu accessible, mais il communiqua avec ses secrétaires, et ne cessa d’insister auprès d’eux sur la nécessité et l’urgence d’enlever à la France le Canada, indiquant en même temps les voies et moyens pour y réussir.
Le snobisme a tout prendre est un Bovarysme triomphant, c’est l’ensemble des moyens employés par un être pour s’opposer il l’apparition, dans le champ de sa conscience, de son être véritable, pour y faire figurer sans cesse un personnage plus beau en lequel il se reconnaît.
Mais si elliptiquement elle meut : éternellement et infiniment elle sort par l’ellipse de la fatalité du cercle, elle évolue avec progrès — elle va vers l’affranchissement éternel et infini de la ligne droite, l’ellipse s’allongeant sans cesse vers celle-ci.
On répétait sans cesse sous mille formes le célèbre mot de Newton : Hypotheses non fingo , je ne fais point d’hypothèses.
De grâce, qu’on cesse de ne chercher dans le culte des morts qu’une occasion d’insulte pour les vivants, et de faire de la littérature une veuve inconsolable qui n’a plus qu’à geindre et à se lamenter dans le cimetière du passé.
Sans pousser cette sollicitude jusqu’à une sorte de manie, il ne faut jamais oublier, en effet, que le théâtre antique est sculptural, que les personnages y forment des groupes harmonieux faits pour satisfaire les yeux amoureux de la beauté des lignes autant que l’esprit amoureux de la beauté des pensées ; que les Grecs ne cessent jamais d’être artistes et qu’il faut nous faire artistes nous-mêmes pour goûter leur théâtre, sinon autant qu’ils le goûtaient, du moins de la manière, d’une des manières, et importante, dont ils le goûtaient.
Elle dit sans cesse de telle ou telle œuvre : « Je la fis à bâtons rompus. » La conscience réfléchie de la chose qu’on fait ; l’idée vraie qui doit la dominer ; la mesure de son influence ; la caresse féconde de l’étude qui en approfondit la beauté ; le calcul de la route qu’on doit suivre pour arriver au but qu’on veut frapper ; toutes ces choses, grandes et difficiles, qui seraient l’orgueil et la force des plus nobles esprits, ne sont pas pour elle « du génie. » Tout cela est trop déduit, trop travaillé, trop voulu.
Je le lui fais au nom de son talent, qu’il a cessé d’avoir dans cette lettre, de son esprit, toujours si fidèle, qu’il a appelé et qui n’est pas venu !
Mais il ne dessine pas les représentations elles-mêmes ; car il ne pourrait, lui représentation, dessiner le tout de la représentation que s’il cessait d’être une partie de la représentation pour devenir le tout lui-même.
Qui leur a montré, par-delà les limites et sous le voile de l’univers, un Dieu caché, mais partout présent, un Dieu qui a fait le monde avec poids et mesure, et qui ne cesse de veiller sur son ouvrage, un Dieu qui a fait l’homme parce qu’il n’a pas voulu retenir dans la solitude inaccessible de son être ses perfections les plus augustes, parce qu’il a voulu communiquer et répandre son intelligence, et, ce qui vaut mieux, sa justice, et, ce qui vaut mieux encore, sa bonté ?
La raison oratoire, admirable dans son domaine, cesse de l’être lorsqu’elle en sort.
Un esprit élevé dans ces habitudes court droit aux faits sitôt qu’on lui propose une question générale ; il en choisit un particulier et contingent ; il le garde incessamment sous ses yeux ; il sait qu’il n’a pas d’autre moyen de préciser et vérifier ses idées ; il y revient sans cesse ; il sait que ce fait est la source de tous les termes abstraits qu’il va recueillir et combiner.
Elle ne cesse d’être innocente qu’en le faisant assassiner. […] Ce petit bonhomme intrépide et débrouillard devient un criminel, sans cesser de réclamer notre sympathie. […] Taine n’a jamais cessé d’être dans toute la force du terme un esprit libre. […] Ce grand romancier se contredit sans cesse. […] Je n’ai jamais cessé d’admirer Barrès, ni de le qualifier grand écrivain.
Une position cesse d’être fausse, qui est acceptée franchement et tout entière. […] Mais il ne cessait de me répéter : « Ce sujet est bien pénible… Ah ! […] Elle cesse d’être héroïque, elle redevient comme nous. […] » Et lorsque, à la fin, tout à coup, et par un revirement un peu brusque à la vérité, elle cesse d’aimer M. […] I. — La jalousie du mari sera particulièrement douloureuse s’il est beaucoup plus âgé que sa femme ; s’il l’a épousée par amour ; si elle ne l’aime pas et ne l’a jamais aimé ; si elle se refuse à lui ; si, par un arrangement auquel il a dû se soumettre, elle a cessé de partager son lit sans qu’il ait cessé de la désirer ; si elle est douce avec lui, et bonne et loyale sur tout le reste, et s’il n’a pas autre chose à lui reprocher que sa faute ; enfin si l’amant présumé est vraiment digne d’amour, s’il a sur le mari l’avantage de la jeunesse et de la beauté, et s’il lui est, en outre, supérieur par le caractère et par les sentiments.
Ce n’est qu’une âpre revendication et une longue satire, où l’auteur, bien qu’il ne cesse d’interpeller les juges et son frère, ne se met pas lui-même en scène. […] « Jamais plus, ni le jour, ni la nuit, les hommes ne cesseront d’être consumés par la fatigue et par la misère… Ah, s’écrie le poète, si j’avais pu ne pas vivre dans cette cinquième génération, mais mourir auparavant ou naître plus tard ! […] Nus sous une pluie de feu, ils sont condamnés à tourner sans cesse comme des gladiateurs dans le cirque romain. […] Au contraire l’entrain s’en renouvelle et redouble sans cesse ; du Mariage Forcé au Malade Imaginaire, sa verve a toujours été en s’exaltant, comme « emportée dans une sorte de crescendo éperdu ». […] Elle se sentait à charge dans le ménage de Godwin dont les ressources étaient maigres et qui, tout en vitupérant contre Shelley, ne cessait de lui emprunter de l’argent.
Non seulement l’intelligence et la volonté ont les mêmes procédés d’action, non seulement elles se comportent de la même façon, obéissent aux mêmes lois et diffèrent surtout par leurs aboutissants, mais encore elles réagissent sans cesse l’une sur l’autre. […] Nous avons donc, en somme, une suite de faits, d’importance différente, agissant dans le même sens, pour arriver à constituer un système qui va s’organisant de plus en plus et se transformant en s’annexant sans cesse de nouvelles idées par lesquelles certaines de ses parties et quelquefois sa signification générale se modifient plus ou moins. […] Si le premier présente des combinaisons, une allure quelque peu nouvelle, et si le second reproduit à certains égards des types connus, c’est précisément en cela qu’ils cessent, l’un d’être une évolution régulière, l’autre d’être un développement d’invention, car si le développement d’un roman, je suppose, se fait selon certaines formules usitées, c’est précisément par là que l’auteur n’invente pas. […] L’évolution de l’invention cesse alors de ressembler à un raisonnement suivi. […] Les idées ne naissent pas viables, elles sont sans cesse remplacées par d’autres que le hasard suscite et que l’esprit laisse encore disparaître, sorte de pluie d’étincelles qui brillent plus qu’elles n’éclairent et qui ne réchauffent pas.
On me raconta que, le jour de sa mort, elle n’avait cessé d’entendre des cloches, bien qu’Alexéïevka soit à cinq verstes de l’église, et que ce jour-là ne fût pas un dimanche. […] » Les indécisions de Michel ont cessé ; il fait une complète volte-face et résolument tourne le dos à ses électeurs ; porté par des intrigues de salon et d’alcôves, il devient ministre. […] Le flot de blouses descendant des hauteurs avait cessé ; et seuls quelques retardataires franchissaient la barrière à grandes enjambées. […] La métamorphose qui me plut le moins fut celle qu’elle contracta à la suite d’un voyage à Bourbon, d’où elle revint mulâtresse, sans cependant cesser d’être remarquablement jolie. […] Il en conclut que la jeune fille avait un cœur dur, et il cessa de lui adresser ses hommages.
Querelles amusantes et vaines, qui ne cesseront jamais ! […] L’homme qui, créant sans cesse, s’adonne tout entier à son œuvre, n’a guère le loisir de penser à son extérieur : il amasse son capital de talent ; et le monde lui en emprunte quelques bribes. […] Il changeait et modifiait sans cesse jusqu’à la publication définitive ; la dernière épreuve apportait souvent les plus grandes transformations, et quelquefois il ne restait pas un mot de ce qu’il avait écrit en commençant. […] Carlyle s’est souvent moqué d’un mot qu’il rencontrait sans cesse dans les pages des auteurs français : un homme alors célèbre. […] Il me semblait que je portais sans cesse du linge propre et neuf.
A dater de là, Balzac grandit considérablement dans l’opinion, et l’on cessa enfin de le considérer « comme le plus fécond de nos romanciers », phrase stéréotypée qui l’irritait autant que celle-ci « l’auteur d’Eugénie Grandet. […] Dans ses philippiques contre l’herbe de Nicot, il n’imitait pas ce docteur qui, pendant une dissertation sur les inconvénients du tabac, ne cessait de puiser d’amples prises à une large tabatière placée près de lui. […] Il s’affligeait de ne plus sentir ce frais étonnement des émotions et des choses qu’on n’éprouve qu’une fois, et sa pensée y revenait sans cesse. […] Le nom de Lamartine était sur toutes les bouches, et les Parisiens, qui pourtant ne sont pas gens poétiques, frappés de folie comme les Abdéritains, qui répétaient sans cesse le choeur d’Euripide : « Ô amour ! […] Ce voyage fut l’événement capital de sa vie, ou plutôt ce fut sa vie tout entière : l’éblouissement n’en cessa jamais pour lui, et les années qu’il vécut ensuite n’eurent d’autre emploi que de rendre les impressions reçues, à cette époque bienheureuse.
Cessez donc, farouche Mac-Briar, d’avancer l’aiguille de l’horloge littéraire qui doit sonner pour moi l’heure de la littérature difficile. […] À quoi bon revenir sans cesse et sans fin sur toutes ces horreurs ? […] que l’humanité tourne sans cesse dans le même cercle vicieux de révolutions accomplies et à refaire ! […] Puis, quand le rire avait cessé, il retournait à son journal, et, là, il reprenait quelques-unes de ces dissertations puissantes auxquelles toute la France était attentive le lendemain. […] Il n’a jamais eu cette robe traînante, ces larges souliers ; il portait, au contraire, la plus belle culotte de son siècle, et il avait sans cesse la tabatière à la main.
Aurait-on fait cesser mes célestes oracles ? […] D’ailleurs j’en devins las, et pour les arrêter, J’envoyai le Destin dire à son Jupiter Qu’il trouvât un moyen qui fit cesser les flammes Et l’importunité dont m’accablaient les dames ; Qu’autrement ma colère irait dedans les cieux Le dégrader soudain de l’empire des dieux. […] Et n’est-ce pas enfin ce que les commentateurs du Misanthrope ont trop et trop souvent oublié, comme s’il était possible que, l’affaire du Tartufe une fois engagée, Molière n’y songeât pas sans cesse ; et que, dans tout ce qu’il écrivait, dans tout ce qu’il disait peut-être, il n’en transparût pas quelque chose ! […] Si nous rions de ses déconvenues, il n’en reste pas moins un « fourbe renommé », dont nous avons au total plus de peur que d’envie de rire ; — et si l’on veut qu’il soit comique, il l’est sans doute, Messieurs, d’une façon qui n’appartient qu’à lui… Qu’est-ce à dire, sinon que, dans son Tartufe, en portant à sa perfection, de tous les genres de comique, le plus rare et le plus fort, Molière a porté la comédie même jusqu’au point qu’elle ne pouvait plus dépasser sans cesser d’être elle-même ? […] — on ne trouvait à nommer, entre Racine, qui avait cessé d’écrire en 1677, et Voltaire, dont la première tragédie, son Œdipe, est de 1718, on ne trouvait à citer que le seul Crébillon.
« Jusque-là, dit-il, Gretchen n’avait pas cessé de filer au rouet dans l’embrasure de la fenêtre. […] Il nourrit dans ma poitrine une ardeur insatiable qui me pousse sans cesse vers cette douce image (Marguerite).
C’était une idée fausse, quoique paternelle ; heureusement la Providence la trompa : le jeune homme étudiait le grec, le latin, le grimoire de jurisprudence par obéissance ; mais la veste de velours du paysan provençal et ses guêtres de cuir tanné lui paraissaient aussi nobles que la toge râpée du trafiquant de paroles, et, de plus, le souvenir mordant de sa jeune mère, qui l’adorait et qui pleurait son absence, le rappelait sans cesse à ses oliviers de Maillane. […] Et sans cesse on entendait quelque brebis bêlant… « D’autres chassaient les mères qui n’ont plus d’agneau vers le trayeur.
Cette capitale grande et vide de l’Italie antique se fait peur à elle-même de sa grandeur et de sa viduité, quand elle cesse d’être remplie par l’ombre sacrée d’une république ou d’une monarchie universelle. […] VIII Depuis Bossuet, les papes n’ont pas cessé de déchoir en puissance publique en Italie d’autant de degrés que Bossuet les a fait déchoir en autorité religieuse par l’Église gallicane.
Et puis cependant elle était si gaie et si jeune d’esprit que cet attendrissement, sans cesse dévié par son sourire, n’allait pas jusqu’à la passion et s’arrêtait au charme ; le charme est ce crépuscule et ce pressentiment de l’amour, où l’amour devrait s’arrêter éternellement, pour n’arriver jamais jusqu’au feu, jusqu’à l’amertume et jusqu’aux larmes. […] Cette belle personne se nommait Geneviève, Ginevra : il lui adressait mentalement des élégies, des odes et des sonnets d’une perfection au moins égale à celle de son poème ; vous allez voir tout à l’heure que ce nom chéri occupait sans cesse sa pensée et qu’il l’encadra dans son poème, en faisant de Ginevra l’épisode le plus touchant et le plus enchanteur d’un de ses chants.
Pars donc, et délivre-moi des terreurs qui m’obsèdent : si elles sont fondées, afin que je ne périsse point ; si elles sont chimériques, afin que je cesse de craindre. » XXII À part un peu de déclamation plus oratoire que politique, l’éloquence humaine a-t-elle bouillonné jamais dans aucune poitrine en pareils accents ? […] Essayez de relire, après que la vibration de la voix a cessé de tinter dans l’oreille : vous ne le pouvez pas ; tout s’est évaporé avec le geste et le son de voix.
Mais ce dédaigneux silence cessa de m’affliger lorsque, un moment après, je vis le roi répandre autour de lui cette monnaie de son regard sur des objets bien plus importants que je ne l’étais. […] Outre les compositions dont j’ai parlé, j’y continuai avec persévérance et avec fruit l’étude des classiques latins, de Juvénal entre autres, qui me frappa vivement, et que dans la suite je n’ai cessé de relire non moins qu’Horace.
« Il obtint sans cesse une réponse négative, excepté à sa demande de notification aux autres cardinaux, notification que j’exécutai fidèlement. […] Cette ignorance exigeait, répétais-je sans cesse, une perte de temps considérable pour arranger les termes avec eux.
Goulden tira de l’armoire une bouteille de son vin de Metz, qu’il gardait pour les grandes circonstances, et nous soupâmes en quelque sorte comme deux camarades ; car, durant toute la soirée, il ne cessa point de me parler du bon temps de sa jeunesse, disant qu’il avait eu jadis une amoureuse, mais qu’en l’année 92 il était parti pour la levée en masse, à cause de l’invasion des Prussiens, et qu’à son retour à Fénétrange, il avait trouvé cette personne mariée, chose naturelle, puisqu’il ne s’était jamais permis de lui déclarer son amour : cela ne l’empêchait pas de rester fidèle à ce tendre souvenir : il en parlait d’un air grave. […] Je ne tenais plus en place ; sans cesse je me voyais sur le point d’abandonner le pays.
Pour mon sentiment personnel, la littérature française du xixe siècle me paraît triste et amère ; c’est le caractère de ce siècle en France, les Français ont cessé de sentir la joie, au contraire de la génération de la Révolution. […] Quitte à mettre une sourdine à leurs rancunes politiques, ils cesseront d’attaquer notre xixe siècle qui apparaît, de plus en plus, ainsi que le « grand siècle français ».
L’illusion cesse, et je vois qu’un vrai citoyen doit les abolir. » Voilà l’utopiste au vrai. […] Son ignorance des hommes le jette sans cesse hors de la vérité morale.
Il y avait autant de taches de couleur que de taches d’encre sur les marges de ces beaux livres sans cesse feuilletés. » En fournissant ainsi des sujets, des motifs, des types à la peinture, il se peut que la littérature l’ait parfois poussée hors de son vrai chemin ; qu’elle ait incité les artistes à chercher l’intérêt ailleurs que dans la combinaison des tons et des jeux de lumière, je veux dire dans la représentation de scènes pathétiques, émouvantes. […] Le salon devient distinct de la chambre à coucher, où le lit rétréci, frileux, blotti dans une niche cesse d’être un meuble de parade.
Même dans l’acte de manger, le plaisir ressenti aiguillonne la dépense d’énergie, et l’équilibre n’est atteint que quand la satiété fait cesser l’action. […] Au moment précis et dans la mesure où nous jouissons de notre action, — par exemple, dans la contemplation d’une scène de la nature, — nous cessons de désirer le changement, comme le soutiennent Rolph et Leslie ; mais aucune jouissance et aucune action ne peut demeurer longtemps au même niveau d’intensité.
Quand l’unique pensée où s’abîme son âme Fuit et grandit sans cesse, et devant son désir Recule comme une onde, impossible à saisir ! […] — Songez bien, dit Dalti, que je ne suis, comtesse, Qu’un pêcheur ; que demain, qu’après, et que sans cesse Je serai ce pêcheur.
Elle se fortifie sans cesse dans les journaux et fait échec à la science, à l’art, en s’appliquant à flatter l’opinion dans ses goûts les plus bas : la clarté confinant à la sottise, la vie des chiens. […] Adjudant de l’intelligence, ses attributions l’empêchent de voir large, d’aller à l’essentiel, mais parce qu’il est trop facile de s’absorber dans des détails, la lutte injuste entre elle et l’esprit ne cesse de se poursuivre.
Si Thomas Carlyle, en voulant relever Cromwell de cette accusation d’hypocrisie qui accable sa gloire, a eu raison de dire qu’il n’y avait pas de grands hommes sans bonne foi, sans au moins la croyance en quelque supposition ontologique que l’on prend pour la vérité et même sans le fanatisme de cette croyance, il faut chasser Luther de ce troupeau superbe… Toute sa vie et jusqu’à la fin, il n’a cessé de dire, sur toutes choses, le contraire de ce qu’il avait avancé. […] Mais un regard sur le temps actuel fait bientôt cesser l’étonnement.
Elle a pour modèle l’activité de la vie, qui s’imite perpétuellement elle-même en créant à l’infini des exemplaires sans cesse renouvelés de ses productions. […] C’est un fait historique contre lequel nous ne pouvons rien, pas plus que nous ne pouvons changer notre corps et renier notre hérédité ; et quand ce fait cesserait d’être visible et tangible, il n’en demeurerait pas moins une vérité d’ordre idéal.
Dans l’intervalle de son Grand à son Petit Carême, et sans préjudice des autres sermons qu’il ne cessa de prêcher, Massillon prononça quelques oraisons funèbres.
Leur combat, qui faisait depuis longtemps l’amusement du public, cessa par l’entremise de M. de Valincour, leur ami commun.
Ses petits Mémoires, destinés à ses enfants, et qu’on publie aujourd’hui dans un texte plus exact, c’est-à-dire dans une langue plus inégale qu’on ne les avait précédemment, ne doivent point, si l’on veut prendre de lui une entière idée, se séparer jamais de la grande Histoire à laquelle il renvoie sans cesse, et où il se montre par ses meilleurs et ses plus larges côtés.
C’était vers cet énorme rocher que les regards étaient sans cesse ramenés ; c’était lui que les guides s’obstinaient à nommer le Mont-Perdu.
Des prélats distingués n’avaient pas cessé, depuis sa publication de La Sagesse, de l’estimer comme auparavant et de le vouloir attirer à eux.
Toutes les gênes que peut recevoir un esprit sont sans cesse exercées sur le mien ; je dis toutes ensemble.
Il avait pour principe « d’éviter surtout de parler de soi, et de se donner pour exemple. » Il savait que « rien n’est plus désagréable qu’un homme qui se cite lui-même à tout propos. » Il ne ressemblait point à ceux qui, en vieillissant, se posent avec vous en Socrates (je sais un savant encore5, et aussi un poète80, qui sont comme cela), vrais Socrates en effet, en ce sens qu’avant que vous ayez ouvert la bouche, ils vous ont déjà prêté de légères sottises qu’ils réfutent, se donnant sans cesse le beau rôle, que, par politesse, on finit souvent par leur laisser.
L’année 1694 fut une importante année pour Santeul, et depuis ce moment jusqu’à la fin de sa vie il ne cessa de faire encore plus de bruit dans le monde qu’il n’en avait fait jusqu’alors, ce qui était pour lui le souverain bonheur.
Ainsi couronnée, cesse d’être trop fière !
Il s’en plaint sans cesse, il y revient en idée, il renoue et entretient tant qu’il peut des relations de compliments et de louanges avec les grands noms qu’il a connus.
Le côté femme (car il faut bien qu’il se retrouve toujours) paraît avoir été dans une certaine vanité de pompe, dans cette chimère de la souveraineté (ayant été si longtemps sujette, et glorieuse de cesser de l’être), et dans des illusions sur son âge.
Ceux qui s’occupent de Mme de Sévigné, et ils sont nombreux, ils se renouvellent sans cesse, trouveront des détails précis, continuels, mais qu'on voudrait, chaque fois, un peu plus développés, sur ses affaires, son mariage, sur une quête même qu’elle fit avant son mariage, aux Minimes, le jour de Saint-François de Paule (5 avril 1644) : « La reine y vint à vêpres ; M. l’évêque d’Uzès y prêcha.
Il m’était impossible de dormir : l’image de ce malheureux monarque était sans cesse devant mes yeux.
Les souvenirs qui l’avaient accompagnée jusqu’ici cessent et expirent ; les écrits seuls sont là désormais, et ils ont besoin d’être complétés, d’être expliqués : le plus fort de leur charme et de leur puissance est dans l’ensemble, et on ne saurait presque en détacher une page entre toutes.
Perfectionnons-nous sans cesse et marchons : c’est sa devise ; c’est la meilleure réfutation aussi de la critique envieuse et mesquine.
Le plus grand obstacle qui s’y trouva fut M. de La Valade, lieutenant du roi de Navarrenx, qui, étant d’une prodigieuse grosseur et hors d’état de se donner de lui-même et sans aide aucun mouvement, avait cru de son honneur d’être du voyage, quoi que M. le maréchal et tous ses amis eussent pu lui dire ; il s’était fait porter, par des Suisses de la garnison de Navarrenx qui se relayaient, et, comme ils allaient très-doucement et faisaient de temps en temps des pauses, cela retarda notre marche, et on le fit partir au retour deux heures avant le jour pour,éviter un pareil inconvénient. » Il est grotesque, ce M. de La Valade qui se fait porter à l’algarade à bras d’hommes ; il parodie d’avance le mot de Bossuet, et veut montrer, lui aussi, « qu’une âme guerrière est maîtresse du corps qu’elle anime. » Foucault lui-même, qui ne rit guère, sent le comique de l’expédition ; et cela ne cesse pas pendant tout le temps.
On n’est pas impunément poète en ce temps-ci : à peine a-t-on prouvé qu’on l’était bien et dûment, avec éclat ou distinction, que chacun à Fenvi vous sollicite de cesser de l’être.
Ce lutin dont parlait Molière, lorsqu’il voulait expliquer les inégalités de verve de Corneille, et duquel il disait encore plus poétiquement que plaisamment, qu’il venait, au moment où le pauvre grand homme était dans l’embarras, lui souffler à l’oreille quelques-uns de ses plus beaux vers et de ses plus belles scènes, pour disparaître la minute d’après, — ce lutin n’était autre, en bien des cas, que le Génie même de la République et de l’Empire, ce puissant fantôme évoqué sans cesse, et que les Brutus et les César avaient vu apparaître plus d’une fois dans leurs veilles ou dans leurs songes.
Ces Ardennes, en effet, puissantes et vastes, ce grand lambeau subsistant des antiques forêts primitives, ces collines et ces vallées boisées qui recommencent sans cesse et où l’on ne redescend que pour remonter ensuite comme perdu dans l’uniformité de leurs plis, ces grands aspects mornes, tristes, pleins d’une vigueur majestueuse, ont-ils contribué en effet à remplir, à meubler de bonne heure l’imagination du jeune et grave enfant ?
Homme obscur, ignoré dans la république des lettres ; jeté, par cette force invisible qui maîtrise nos destinées, dans les agitations d’une vie errante et toujours malheureuse ; appelé, par un concours de circonstances extraordinaires, à des emplois redoutables, où le moment de la réflexion était sans cesse absorbé par la nécessité d’agir ; remplissant encore aujourd’hui des fonctions administratives, bien plus par l’amour de la justice et l’instinct du devoir que par la connaissance approfondie des principes sur lesquels nos grands maîtres ont établi l’art si difficile de l’administration publique ; demeuré, par une captivité longue et douloureuse, presque entièrement étranger aux nouveaux progrès que des savants recommandables ont fait faire à la science, mon premier devoir, Citoyens, est de faire ici l’aveu public de mon insuffisance, et de vous déclarer que tout ce que je puis offrir à cette Société respectable est l’hommage sincère, mais sans doute impuissant, de ma bonne volonté… » Et se voyant amené, par l’ordre des idées qu’il développait dans ce discours, à parler de la Révolution française, explosion et couronnement du xviiie siècle, de « cette Révolution à jamais étonnante qui, déplaçant tout, renversant tout, après des essais pénibles, souvent infructueux, quelquefois opposés, avait fini par tout remettre à sa véritable place », il s’écriait, cette fois avec le plein sentiment de son sujet et avec une véritable éloquence : « La Révolution !
Je ne prétends pas dénigrer Louis XV, ni ajouter au mal qu’on a dit de lui ; j’ai lu bien des Portraits de ce roi : je n’en connais point de plus juste que celui qu’a tracé un homme qui l’aimait assez et qui le voyait tous les jours, Le Roy, lieutenant des chasses de Versailles ; on peut s’y fier : c’est un philosophe qui parle et qui, pendant de longues années de service, n’a cessé devoir de près son objet.
» — « Le bon sens ou les habitudes d’un peuple d’agriculteurs sont bien plus près des plus hautes et des plus saines notions de la politique que tout l’esprit des oisifs de nos cités, quelles que soient leurs connaissances dans les arts et les sciences physiques. » — « Les grandes propriétés sont les véritables greniers d’abondance des nations civilisées, comme les grandes richesses des Corps en sont le trésor. » Il ne cesse d’insister sur les inconvénients du partage égal et forcé entre les enfants, établi par la Révolution et consacré par le Code civil : « Partout, dit-il, où le droit de primogéniture, respecté dans les temps les plus anciens et des peuples les plus sages, a été aboli, il a fallu y revenir d’une manière ou d’une autre, parce qu’il n’y a pas de famille propriétaire de terres qui puisse subsister avec l’égalité absolue de partage à chaque génération, égalité de partage qui, un peu plus tôt, un peu plus tard, détruit tout établissement agricole et ne produit à la fin qu’une égalité de misère. » Il trace un idéal d’ancienne famille stable et puissante, qui rappelle un âge d’or disparu : « S’il y avait, dit-il, dans les campagnes et dans chaque village une famille à qui une fortune considérable, relativement à celle de ses voisins, assurât une existence indépendante de spéculations et de salaires, et cette sorte de considération dont l’ancienneté et l’étendue de propriétés territoriales jouissent toujours auprès des habitants des campagnes ; une famille qui eût à la fois de la dignité dans son extérieur, et dans la vie privée beaucoup de modestie et de simplicité ; qui, soumise aux lois sévères de l’honneur, donna l’exemple de toutes les vertus ou de toutes les décences ; qui joignît aux dépenses nécessaires de son état et à une consommation indispensable, qui est déjà un avantage pour le peuple, cette bienfaisance journalière, qui, dans les campagnes, est une nécessité, si elle n’est pas une vertu ; une famille enfin qui fût uniquement occupée des devoirs de la vie publique ou exclusivement disponible pour le service de l’État, pense-t-on qu’il ne résultât pas de grands avantages, pour la morale et le bien-être des peuples, de cette institution, qui, sous une forme ou sous une autre, a longtemps existé en Europe, maintenue par les mœurs, et à qui il n’a manqué que d’être réglée par des lois ?
La paix de 1763 ayant fait cesser le prétexte du traitement dont jouissait Malouet, ses amis lui firent obtenir une autre manière non pas de sinécure, mais de place superflue ou parasite de création nouvelle, celle d’inspecteur des embarquements pour les colonies.
Ce moment de faiblesse le frappa, et à dîner et pendant toute la soirée, il ne cessait de répéter entre ses dents : « Général Bonaparte, cela n’est pas correct. » Montrond était plus aguerri pour certaines choses que Napoléon lui-même : c’était un Talleyrand à cheval.
Les hommes, à la guerre, s’excitent aux mouvements de fureur qui doivent les animer, en se servant sans cesse du langage le plus grossier.
Car, si l’horloge marche, c’est par l’accord de ses diverses pièces, d’où il suit que, si l’accord cesse, l’horloge se détraquera.
Boileau ne sortit pas indemne de toutes ces polémiques : il en garda un fâcheux renom de pédant et de cuistre, qui mit son œuvre en défaveur ; et même aujourd’hui, après tant d’années, quand depuis si longtemps le combat a cessé, et qu’il ne reste plus même que le souvenir des anciens partis, nous ne sommes point encore revenus des préjugés créés contre lui par l’acharnement qu’on mit au temps du romantisme à rendre sa doctrine responsable des misérables productions de l’art pseudo-classique.
Joachim Gasquet le compare à Prométhée : « Mallarmé, écrit-il, par le spectacle d’un immense génie fourvoyé, nous a donné le goût de l’héroïsme et l’impérieux besoin de la victoire. » Ainsi donc, le Mallarmisme a cessé d’être une doctrine littéraire pour devenir une religion.
De même, loin que le monde moral ait reçu un coup mortel de la destruction des vieilles chimères, la méthode la plus réaliste est celle qui nous mènera aux plus éblouissantes merveilles et, jusqu’à ce que nous ayons découvert d’ineffables splendeurs, d’enivrantes vérités, de délicieuses et consolantes croyances, nous pouvons être assurés que nous ne sommes pas dans le vrai, que nous traversons une de ces époques fatales de transition, où l’humanité cesse de croire à de chimériques beautés pour arriver à découvrir les merveilles de la réalité.
Le grand résultat de la critique historique du XIXe siècle, appliquée à l’histoire de l’esprit humain, est d’avoir reconnu le flux nécessaire des systèmes, d’avoir entrevu quelques-unes des lois d’après lesquelles ils se superposent, et la manière dont ils oscillent sans cesse vers la vérité, lorsqu’ils suivent leur cours naturel.
L’orateur qui, au Parlement, remet et tire sans cesse son lorgnon, l’écolier qui, en récitant sa leçon, remue quelque chose entre ses doigts, les actes automatiques de certains avocats ou autres gens parlant en public : ce sont là autant d’exemples de la manière dont le trop plein des émotions peut se dépenser, et empêcher par suite qu’elles ne paralysent l’intelligence.
Tout l’excite à le pousser vers le châtiment : son ressentiment, sa nature ardente, l’idée de justice et de talion conjugal qu’elle n’a, jusqu’ici, cessé de poursuivre ; l’espoir, à jamais perdu, de ramener cet homme perverti par une passion basse… A peine a-t-il fait un pas vers la porte qu’elle se jette au-devant de lui et, de ses bras ouverts, qui bientôt l’enlacent, lui barre le passage. — « N’y va pas !
Les hommes pris en masse ne s’intéressent qu’à ce qui les touche, aux choses d’hier, à celles qui retentissent encore, aux grands noms qu’une gloire favorable n’a pas cessé de rendre présents.
Après avoir été une enfant délicieuse, elle grandit sans cesser d’être charmante ; son esprit se développa avec sa taille, et son jugement, chaque jour plus avancé, promettait une maturité précoce.
Quant à l’intérieur de la France, à l’administration et aux finances, il ne paraît y avoir porté aucune vue d’amélioration générale, aucune pensée de bien public ; loin de là, il ne cessa vilainement d’y poursuivre son propre gain et son profit.
Telle elle sera jusqu’à la fin de ses jours, ayant sans cesse le besoin d’avoir quelqu’un à régenter, à documenter près d’elle, — de petits paysans, faute de mieux, ou bien encore la fille d’une laitière.
De la grande ère de 89 il garda toujours, en l’épurant de plus en plus à la flamme du sanctuaire intérieur, la passion active du bien, la soif du bonheur des hommes, de l’émancipation et de l’amélioration de ses semblables : il était et il resta en ce sens-là l’un des enfants de cette grande génération, et ce souffle qui, en se répandant alors sur les âmes, y rencontra tant de mélange et y enfanta les tempêtes, ne cessa de l’animer doucement, également, avec élévation et persévérance, jusqu’à ce que, dans les dernières années, il ne fût plus distinct en lui du zèle tout chrétien.
Le règne des tribuns avait cessé ; mais celui du législateur ne s’enfantait qu’avec peine.
Un législateur isolerait ses institutions de tout ce qui peut les naturaliser sur la terre, s’il n’observait avec soin les rapports naturels qui lient toujours plus ou moins le présent au passé et l’avenir au présent, et qui font qu’un peuple, à moins qu’il ne soit exterminé, ou qu’il ne tombe dans une dégradation pire que l’anéantissement, ne cesse jamais, jusqu’à un certain point, de se ressembler à lui-même.
Le jeune séminariste, mis en présence du monument inconnu, ne put que répondre : « Attendons. » Ces deux jeunes gens, compatriotes et dès lors adversaires, ne se sont jamais revus depuis ; mais l’abbé Gerbet et Jouffroy, en se combattant l’un l’autre plume en main, n’ont cessé de le faire dans les termes de la controverse la plus digne, et Jouffroy, dont le cœur, sous cette parole absolue, était si bon, ne parlait, s’il m’en souvient, de l’abbé Gerbet qu’avec les sentiments d’une affectueuse estime.
Il commence par nous pénétrer de leurs beautés, et ne mêle rien d’abord à ses louanges : ce n’est qu’ensuite qu’il nous instruit en relevant leurs défauts ; mais ici l’approbation est sans cesse accompagnée d’un avertissement indirect, d’une demi-réserve, d’une discrète ironie, qui ne nous laissent pas jouir un seul instant en paix de notre admiration.
. ; et si la plante cessait de produire des fleurs de l’une ou de l’autre forme, son caractère spécifique pourrait en être soudainement et considérablement altéré ; mais nous ignorons, du moins quant à présent, par quels degrés de modification et pour quelle fin une plante produit deux sortes de fleurs.
Je mets à part un « type disparu », ou à peu près, mais qu’il faut mentionner pourtant, puisqu’il n’a pas complètement cessé d’exister, je veux parler du lecteur des livres anciens, du lecteur d’Homère, de Virgile, d’Horace et de quelques autres.
On pourrait dire de lui que, à peu près comme chez Lessing, l’extraordinaire puissance de son sens critique, a sinon produit, au moins fécondé sans cesse une activité créatrice, artistique, parallèle.
… Il est vrai que Michelet ne reconnaît pas cette vieillerie de Dieu, qu’il a supprimée dans son livre un peu plus aisément que la science ne supprimera la tempête, et que c’est même là le seul point — le dédain de Dieu et la possibilité de s’en passer très bien — qui reste fixe sous les pirouettes de cet esprit toton qui nous a montré tant de faces et qui doit nous en présenter bien d’autres avant qu’il cesse de tourner !
Les hommes du dix-huitième siècle avaient joui de la défiance comme d’un progrès, et de la critique comme d’une découverte ; après eux, la critique cessa d’être une découverte, et la défiance d’être un progrès.
Pascal se tuait littéralement à toutes ces recherches, la longue étude qu’il avait faite de l’hérédité achevait de l’empoisonner, lui fournissait des causes toujours renaissantes d’inquiétude ; il se sentait menacé par ces ancêtres au sang vicié, et s’analysait sans cesse, épiant la moindre de ses sensations. […] Mais le temps passe, et la maîtresse à qui il a sacrifié l’épouse, perd peu à peu de son empire ; ce cœur désorienté se retourne vers celle qui, pour avoir consenti un pacte cruel, n’a pas cessé d’aimer ; mais le corps doit ressentir aussi les souffrances de l’âme et la maladie vient la frapper ; puis c’est la convalescence et le charme d’une jeunesse qui refleurit. […] Dunoyer, du rédacteur, du censeur et celle de deux ou trois autres de même force environnait sans cesse le fauteuil du général qui, dès qu’il le pouvait, à leur grand scandale, les plantait là pour aller admirer de fort près, et avec des yeux qui s’enflammaient, les jolies épaules de quelque jeune femme qui venait d’entrer. […] Les habitudes d’ordre s’introduisent ; les prodigalités insensées des souverains ont cessé ; la suppression de l’esclavage, réforme immense qui n’a pu s’effectuer en d’autres pays sans troubles et sang versé, s’accomplit silencieusement et insensiblement, comme si elle était le résultat de la force des choses. […] Étage par étage, chambre par chambre, il reconstruisit toute sa maison sans la démolir et sans cesser de l’habiter avec sa femme et ses enfants.
Successifs ou simultanés, n’allait-il pas au surplus cesser précisément d’en vouloir ? […] Mais il l’est surtout parce qu’il est chrétien, et qu’un chrétien cesserait de l’être s’il pouvait croire à la bonté de l’homme et au prix de la vie. […] Mais il était également prouvé qu’à moins d’abdiquer et de cesser d’être elle-même, il y avait des points sur lesquels jamais ni à aucun prix la religion ne consentirait de sacrifice ni de transaction. […] « Lorsque la vertu cesse dans le gouvernement populaire, l’ambition entre dans les cœurs qui peuvent la recevoir et l’avarice entre dans tous. […] On voit aisément que, si l’auteur de l’Esprit des lois avait résolu la question, une moitié de son livre tombait, pour ainsi dire, cessait d’être, n’avait plus de raison d’exister.
Craintes bien vaines, ajoutait ce critique de sa propre profession, car, contrairement aux médecins qui passent dix ans de leur vie à apprendre la médecine et qui la savent, il n’y a pas un avocat qui connaisse le droit suffisamment pour ne pas consulter sans cesse ses livres. […] Mais, cinquante ans après, ce scandale cesse et le cours naturel des choses reprend, qui exige que toute œuvre devienne anonyme aussitôt qu’elle plaît aux hommes et qu’elle dure. […] Ils parlent sans cesse de tour d’ivoire.
. — Tu vois en moi le crépuscule d’un jour — qui, après le soleil couché, s’évanouit à l’occident, — et que, par degrés, engloutit la nuit noire, — la nuit, sœur jumelle de la mort, qui clôt tout dans le repos208… Ne pleure pas sur moi quand je serai mort ; — du moins cesse de pleurer quand cessera de tinter la morne cloche morose, — avertissant le monde que je me suis enfui de ce monde abject pour habiter avec les plus abjects des vers. — Ne vous souvenez pas même, si vous lisez ces lignes — de la main qui les a écrites : car je vous aime tant — que je voudrais être oublié dans votre chère pensée, — si penser à moi vous a faisait quelque peine209. » Ces subites alternatives de joie et de tristesse, ces ravissements divins et ces grandes mélancolies, ces tendresses exquises, et ces abattements féminins, peignent le poëte extrême dans ses émotions, incessamment troublé de douleur ou d’allégresse, sensible au moindre choc, plus puissant, plus délicat pour jouir et souffrir que les autres hommes, capable de rêves plus intenses et plus doux, en qui s’agitait un monde imaginaire d’êtres gracieux ou terribles, tous passionnés comme leur auteur. […] Elle a son histoire en tête, et ne cesse pas de la redire et d’en rire toute seule. […] Au retour du matin, quand « la porte de l’Orient, toute rouge de flammes, s’ouvre sur la mer avec de beaux rayons bénis, et change en nappes d’or ses courants verdâtres314 », l’enchantement cesse, Titania s’éveille sur sa couche de thym sauvage et de violettes penchées.
. — Le bruit de Tartuffe dure encore ; la révolution qu’il a faite, sans cesse achevée et sans cesse renaissante a subi toutes les chances diverses de l’hypocrisie ! […] C’est qu’en effet quelque chose gémit et se plaint au fond de cette gaieté ; c’est qu’une lamentation immense a traversé, sans fin et sans cesse cette raillerie de l’esprit, cet orgueil des sens, cette seigneurie impitoyable et qui va à l’abîme. […] … Ici je cesse de traduire, tout le reste est intraduisible, ou du moins il faudrait, par politesse, le laisser sur le compte de Carion.
Hernani n’est-il pas une occasion sublime pour réintégrer le rouge dans la place qu’il n’aurait jamais dû cesser d’occuper ? […] On n’y fait pas tant de façons à notre époque, et les lords montent peu l’escalier des mansardes, où les poètes peuvent du moins mourir de faim en paix, si tel est leur bon plaisir, car du moment que l’on cesse d’être poète, il faut le dire, la vie redevient possible. […] Chatterton, dès qu’il s’est décidé à mourir, redevient un homme et cesse d’être une abstraction. […] Toute urbanité critique avait cessé pour lui, et l’on empruntait, quand on était à court, des épithètes au Catéchisme poissard. […] Il y avait autant de lâches de couleur que de taches d’encre sur les marges de ces beaux livres sans cesse feuilletés.
C’est, avant tout, le bon ménager et l’économe du roi ; c’est l’homme le plus diligent et industrieux à lui rassembler des deniers sans surcharger le peuple, à les faire entrer dans le coffre royal, et à les empêcher ensuite d’en sortir autrement qu’à bon escient : Il ne faut pas faire apporter ici lesdits deniers, lui écrivait Henri IV du camp d’Amiens, qu’il ne soit temps de les employer ; car il y a tant d’affamés ici comme ailleurs, que s’ils savaient que notre bourse fût pleine, ils ne cesseraient de m’importuner pour y mettre les doigts, et me serait difficile de m’en défendre.
« Circé, est-il dit d’Ulysse dans Homère, retient ce héros malheureux et gémissant, et sans cesse par de douces et trompeuses paroles elle le flatte, pour lui faire oublier Ithaque : mais Ulysse, dont l’unique désir est au moins de voir la fumée s’élever de sa terre natale, voudrait mourir. » — Citant ce passage de Joinville, qui m’a rappelé celui d’Homère, Chateaubriand, au début de son Itinéraire de Paris à Jérusalem, où il a la prétention d’aller en pèlerin aussi et presque comme le dernier des croisés, tandis qu’il n’y va que comme le premier des touristes, a dit : « En quittant de nouveau ma patrie, le 13 juillet 1806, je ne craignis point de tourner la tête, comme le sénéchal de Champagne : presque étranger dans mon pays, je n’abandonnais après moi ni château, ni chaumière. » Ici l’illustre auteur avec son raisonnement me touche moins qu’il ne voudrait : il est bien vrai que, de posséder ou château ou simple maison et chaumière, cela dispose, au départ, à pleurer : mais, même en ne possédant rien sur la terre natale, il est des lieux dont la vue touche et pénètre au moment où l’on s’en sépare et dans le regard d’adieu.
Il s’abandonnait chaque jour au même mouvement, pour lui facile, au même entrain sans cesse répété ; il ne se renouvelait pas, il ne grandissait pas : « Il n’est pas rare, disait-il, qu’on prenne dès la première entrevue l’opinion qu’on a de mon esprit. » Et en effet, c’est que, dans sa verve improvisatrice mondaine, il donnait d’abord sa mesure ; il jetait à tous venants ce qu’il avait de mieux, ce qu’il avait de plus original et de plus vif.
Les Anglais n’ont pas cessé d’estimer Bourdaloue ; dans ce pays où l’art oratoire est sérieusement étudié et où tout est dirigé dans le sens pratique, on fait à son genre d’éloquence une place très haute, et on lui décerne, à lui en particulier, et par rapport à d’autres noms de grands orateurs, une supériorité dont nos idées françaises seraient elles-mêmes étonnées71.
Il songeait sans cesse au ridicule et à n’y pas prêter, et M. de Balzac n’en avait pas même le sentiment.
C’est pour ton aimable visage, enfin, que le nourrisson d’Atarnée78 a mis en deuil, par sa mort, la clarté du soleil : aussi est-il digne pour ses hauts faits du chant des poètes, et les Muses, filles de Mémoire, le rendront immortel et ne cesseront de le grandir, au nom même de l’hospitalité sainte et de l’inviolable amitié.
Point de suite, point d’imagination ; une philosophie froide et déplacée ; un berger et une bergère qui reviennent à tous moments ; des apostrophes sans cesse, tantôt au bon Dieu, tantôt à Bacchus ; les impurs et les usages d’aucun pays.
Il avait l’habitude de s’exprimer à ce sujet sous la forme, à lui si familière, de l’apologue, et il disait : Il y a dans l’humanité un inexplicable préjugé en faveur des anciennes coutumes et habitudes, qui dispose à les continuer même après que les circonstances qui les avaient rendues utiles ont cessé d’exister.
Nous sommes au plus fort de cette pluie d’épigrammes fines qui ne laisse pas de répit et qui ne cesse plus : La véritable éloquence, poursuivait sans pitié l’abbé de Caumartin, doit convenir à la personne de l’orateur : la vôtre ne laisse pas ignorer à ceux qui vous entendent ou qui vous lisent, d’où vous venez et ce que vous êtes.
je la garde, à ces conditions ; et je souffre moins des chagrins qui me viennent par mes passions, que je ne ferais par le soin de les contrarier sans cesse.
Montaigne voyage pour apprendre du nouveau et pour regarder sans cesse ; et il regarde en effet, il retient tout, depuis les beaux et riants aspects et les jolis fonds de paysage jusqu’à la manière de tourner la broche.
Pasquier, le comte Pasquier, comme un homme qui n’aurait jamais ouvert le Moniteur : il écrit sans cesse de Lamartine, de Salvandy, là où il supprime le monsieur, comme un homme qui ne les aurait jamais entendu nommer : on dit M. de Lamartine, ou Lamartine tout court.
Du côté libéral et philosophique, c’étaient, à plus ou moins de distance, mais se rapprochant ou tendant à se rapprocher, les Ampère, les Tocqueville, les Corcelles et d’autres qui n’ont cessé d’avoir respect et regret pour la nuance de fusion et de louable entente qui caractérisa ce trop rapide moment.
Vous voulez nous parler du plus poli des écrivains, de l’auteur d’un livre à jamais immortel dans son expérience amère et son élégante concision, et voilà comment vous vous exprimez : « Dès son retour à Paris (en 1657), il (M. de La Rochefoucauld) devint un des fidèles du salon de Mme de Sablé, de précieuse mémoire, et se lia avec l’académicien Esprit, pour lequel il ne cessa, dans ses lettres à la noble marquise, de montrer une déférence marquée… Pendant sa retraite, il avait composé des Mémoires, mais il paraît avoir de bonne heure ensuite pris goût à la mode des Maximes, inaugurées par Mme de Sablé et par Esprit, dont il suivit à cet égard ponctuellement d’abord les conseils… » — Mais, jeune homme, vous n’avez donc pas eu en votre temps un maître de rhétorique ou de seconde qui vous ait appris à mesurer vos phrases, à écrire sinon élégamment, du moins suffisamment, à ne pas accumuler les adverbes ?
Et ceux qui y apportaient une philosophie élevée de l’art comme Vitet, et ceux qui y introduisaient une psychologie ingénieuse comme Peisse, ne cessaient de voir et de comparer.
Madame Royale (ainsi nommait-on la duchesse mère qui prit en main la Régence) tint toute la première, à l’égard de son fils, une ligne de conduite très peu maternelle : elle aimait le pouvoir, elle ne haïssait pas le plaisir, elle ne songea point à élever son fils en vue d’un prochain partage et exercice de l’autorité ; elle le traita avec froideur, avec roideur, non en mère française, mais en mettant sans cesse l’étiquette entre elle et lui.
Cervantes, dans le même temps où sa prose enlevait tous les suffrages, ne cessait d’aspirer moins heureusement à la palme du poëte qu’on lui contestait.
« Je suis un peu embarrassée », dit Mme Roland lorsqu’elle en vient à cette histoire, « de ce que j’ai à raconter ici ; car je veux que mon écrit soit chaste, puisque ma personne n’a pas cessé de l’être, et pourtant ce que je dois dire ne l’est pas trop. » Et en finissant ce récit, de tout point fort circonstancié, elle ajoute : « L’impression de ce qui s’était passé demeura si forte chez moi que, même dans l’âge des lumières et de la raison, je ne me le rappelais qu’avec peine ; que je n’en ai jamais ouvert la bouche à une intime amie qui eut toute ma confiance ; que je l’ai constamment tu à mon mari, à qui je ne cèle pas grand’chose, et qu’il m’a fallu faire dans ce moment même autant d’efforts pour l’écrire que Rousseau en fit pour consigner l’histoire de son ruban volé, avec laquelle la mienne n’a pourtant pas de comparaison. » Je sais bien d’autres histoires des Confessions avec lesquelles celle-ci a plus de ressemblance qu’avec le ruban volé, et ce sont les plus laides ; il suffit, je ne les indiquerai pas avec plus de précision.
Si elle n’en souffrit plus depuis son mariage, qui l’avait si honorablement classée dans une bourgeoisie plus que moyenne, elle ne cessa d’y penser, de mesurer les distances sociales, de sentir sur elle les prérogatives des rangs et d’aspirer sourdement à son niveau.
Pas le moins du monde ; il ne s’agissait, comme il ne s’agit encore ici, que d’une prise sérieuse en considération, d’un renouvellement d’étude, d’une révision attentive et courageuse ; je dis courageuse : il faut du courage en effet pour se remettre sans cesse à l’œuvre et pour contrôler ses premiers jugements, pour les réformer.
Et puis, quand on a lu, qu’on a été saisi, choqué, attiré, secoué et repris de mainte manière et par bien des fibres, il vient un moment où la rébellion cesse, où l’on rend les armes et où, tout rempli des qualités évidentes d’un auteur honnête, hardi, piquant, pittoresque, cordial et généreux, on se plaît à ajouter ce trait qui vient le dernier et qui manquerait à tout éloge de femme, s’il ne le couronnait pas : « Elle doit être vraiment aimable !
L’illusion, chassée d’un côté, reparaît de l’autre et se reproduit sans cesse.
Louis XV étant tombé malade à Metz pendant cette campagne, le comte de Clermont, sur le conseil de M. de Valfons (celui-ci du moins s’en vante), se rendit auprès du roi, là où était sa place et il n’eut qu’à s’en féliciter ; comme depuis le commencement de la maladie, les deux sœurs (Mme de Châteauroux et de Lauraguais), M. de Richelieu et les domestiques inférieurs étaient les seuls qui entrassent dans la chambre du roi, au grand murmure des princes du sang et des grands officiers exclus, qui attendaient dans une sorte d’antichambre, il prit sur lui d’entrer sans permission dans la chambre du roi et de lui dire « qu’il ne pouvait croire que son intention fût que les princes de son sang, qui étaient dans Metz occupés sans cesse de savoir de ses nouvelles, et ses grands officiers fussent privés de la satisfaction d’en savoir par eux-mêmes ; qu’ils ne voulaient pas que leur présence pût lui être importune, mais seulement avoir la liberté d’entrer des moments, et que pour prouver que pour lui il n’avait d’autre but, il se retirait sur-le-champ.
En un mot, c’est à la fois, pour les chrétiens, un admirable exemple de la persistance d’une faculté sainte et d’un don qui semblait retiré au monde ; pour les philosophes, un objet d’étonnement sérieux et d’étude sur l’abîme sans cesse rouvert de l’esprit humain ; pour les érudits, la matière la plus riche et la plus complète d’un mystère, comme on les jouait au moyen âge ; pour les poëtes et artistes enfin, une suite de cartons retrouvés d’une Passion, selon quelque bon frère antérieur à Raphaël.
Ainsi va et sans cesse recommence, et se remontre soudainement, aussi fraîche qu’au premier matin, la poésie immortelle.
Chénier a eu d’abord et il n’a pas du tout perdu une qualité que les Grecs prisaient fort et qu’ils ne cessent d’exprimer, de varier, d’appliquer à toutes choses, je veux dire la jeunesse, la fraîcheur et la fleur, le èáëåñüí, si l’on me permet de l’appeler par son nom, le novitas florida de Lucrèce.
C’est ce style que Boileau a conseillé en toute occasion ; il veut qu’on remette vingt fois son ouvrage sur le métier, qu’on le polisse et le repolisse sans cesse ; il se vante d’avoir appris à Racine à faire difficilement des vers faciles.
Elle le regardait sans cesse comme pour voir si c’était un miracle ou un vrai enfant des hommes !
Il y a d’excellentes choses dans cet ouvrage, mais pour les voir il faut se représenter toute la doctrine de Boileau, et les y rapporter sans cesse pièce par pièce.
Une fois introduite, la langue vulgaire ne tarda pas à être souveraine, et du même coup le drame cessa d’être une œuvre cléricale.
De là cette promptitude, que nous constatons sans cesse, à s’émouvoir sur des faits hypothétiques, ou sur des idées abstraites.
Si cela est vrai (et ce ne l’est pas toujours), c’est peut-être que ceux qui se laissent éteindre par elle ne flambaient plus guère ; et on ne saura jamais si c’est elle qui leur a coupé leurs élans ou si c’est eux qui ont cessé d’en avoir L’institution est ridicule et surannée ?
Étaient-ce donc ses yeux, étaient-ce ses mains qui cessaient de lui appartenir, dans le progrès des lésions anciennes qui l’avait inquiété déjà ?
On retrouve sans cesse ce procédé non seulement dans ses vers, mais dans sa prose.
Ici on peut s’arrêter quelques instants sans trop d’ennui : Boissière cesse d’être ridicule et reste presque aussi drôle.
Tu voudrais faire cesser « cette iniquité dernière ».
Cette batterie spirituelle ne cesse pas son feu durant toute la pièce de M.
Il était « de ces esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits sans cesse de leur œuvre par des perspectives immenses et les lointains du beau céleste dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon ».
Le sultan Kébir ou Grand (comme ils nommaient Bonaparte) se prêta à cette espérance des docteurs ; il ne cessait de causer avec eux du Coran, comme s’il eût voulu se faire instruire.
L’enfant, sentant sa force, alla fièrement demander à sa mère le nom de son père, et quand il le sut, il n’eut plus de cesse qu’il n’eût assemblé une armée pour aller combattre les Iraniens et se faire reconnaître du glorieux Roustem à ses exploits et sa bravoure.
Une fois le mariage de Germain et de Marie décidé, le peintre les oublie un peu pour nous décrire la cérémonie des noces, les rites et coutumes du pays qui ont cessé en partie à l’heure qu’il est, et qu’on ne peut s’empêcher de regretter : « Car, hélas !
Tourmenté la nuit par l’insomnie, il lisait sans cesse, et, doué d’une vaste mémoire, il n’oubliait rien de ce qu’il avait lu une fois.
Il est vrai qu’il répète sans cesse : « Comme je ne crois à rien, excepté en religion… » Mais cette espèce de parenthèse, qui revient à tout propos et hors de propos, est trop facile à retrancher, et, si on la retranche, que découvre-t-on ?
Aussi voyez comme, pour sa Julie et son Saint-Preux, il a su les naturaliser dans le pays de Vaud, au bord de ce lac autour duquel n’avait jamais cessé d’errer son cœur.
C’est là la véritable épitaphe de Florian, de cet homme heureux, de ce talent facile et riant, que tout favorisa à souhait dès son entrée dans le monde et dans la vie, mais qui ne put empêcher un jour l’inévitable douleur, l’antique douleur de Job, qui se renouvelle sans cesse sur la terre, de se faire sentir à lui, et de lui noyer tout le cœur dans une seule goutte d’amertume.
Pourtant le fonds général n’a pas cessé de se remuer en tous sens, de se cultiver et de s’enrichir.
Les personnes qui, comme Mme Gay, vivent jusqu’à la fin et vieillissent dans le monde, sans se donner de répit et sans se retirer un seul instant, échappent difficilement à la longue, et malgré tout l’esprit qu’elles ne cessent d’avoir, à une certaine sévérité ou à une certaine indifférence.
Aussi est-il juste de comparer, avec William James, le mécanisme de la pensée au phénomène électrique qu’on appelle l’aurore boréale, où l’équilibre entre l’électricité terrestre et celle des particules glacées de l’atmosphère est sans cesse rompu et rétabli, où les inductions électriques sont perpétuelles, de manière à produire des irradiations sur des points continuellement changeants : les rayons lumineux qui jaillissent successivement, l’un ici, l’autre là, sont associés entre eux comme le sont nos idées, c’est-à-dire qu’en réalité ils ne se produisent pas l’un l’autre, mais sont produits l’un après l’autre par une cause commune, la tension générale, et par les conditions particulières qui la font se décharger successivement ici et là ; chaque idée est comme une irradiation sur un point particulier, révélant à la fois la tension générale et la décharge particulière du magnétisme intérieur.
Lundi 3 novembre Dans les lettres on a un certain nombre d’amis, qui cessent tout à coup d’être de vos connaissances, dès qu’ils ne vous croient plus susceptibles de faire du bruit.
Et comme je lui dis que ces colloques doivent l’ennuyer il me répond que non, et que c’est très curieux, ce que l’on tire parfois de ces gens sans instruction, et dont la tête sans cesse travaille dans la solitude et le recueillement.
Alors, tout ce qui a été dit, fait, pensé, senti pendant la période de tourmente féconde ne survit plus que sous forme de souvenir, de souvenir prestigieux, sans doute, tout comme la réalité qu’il rappelle, mais avec laquelle il a cessé de se confondre.
Vous ne les voyez pas sans cesse occupés à se comprimer le front pour en faire sortir, à force de méditation, des idées avant terme.
Sitôt en effet que, manquant au pacte consenti, les habitants de ce pays laissent Mamadou Saké tuer le serpent fétiche à qui l’on consentait des sacrifices périodiques, on cesse de trouver de l’or dans la région.
N’y aurait-il pas lieu de croire, enfin, que la querelle du romantisme est une simple dispute de mots, un pur malentendu, qui cesserait du moment que les esprits justes et sincères, de part et d’autre, après être tombés d’accord sur les principes qui semblent les diviser, seraient forcés de reconnaître la vanité des paroles qui les abusent ?
Le « Décadent » : Unité apparente du mouvement littéraire À l’époque du Décadent, il y eut, parmi les écrivains de notre génération, quelque chose comme un syndicat d’efforts pour faire cesser les enfantillages du père Hugo et de ses imitateurs, et pour refouler à l’égout les déjections littéraires de M.
C’est un génie clair comme le jour et, s’il est profond, c’est comme l’espace : on voit jusqu’au fond de sa profondeur, Seulement, il faut y regarder, et c’est — il faut le répéter sans cesse quand il s’agit de Saint-Bonnet, — ce qu’on n’a pas fait jusqu’ici.
Eh bien, c’est égal, malgré la science et malgré la prose, il y a du poème et du poète aussi dans cette analyse, qui se fait honneur d’être sèche, exacte, précise, rechercheuse d’infiniment petites choses, côtoyant ce qui va cesser d’être tout à l’heure : l’abîme du rien, — sur les bords duquel aiment à se promener messieurs les faiseurs d’analyse !
L’homme allait parler… La femme, qui se retrouve toujours quand elle veut le plus cesser d’être, se retrouvait dans les vers inouïs de madame Ackermann.
Les entités s’en vont, les monades s’évaporent, les petits être immatériels se réfugient auprès des sylphes et des gnomes ; la matière cesse d’être une apparence, les sciences d’observation regagnent leur dignité, les forces redeviennent des qualités dérivées de rapports nécessaires.
Dorénavant les psychologues, n’ayant pas l’esprit prévenu par des questions préconçues, cesseraient de mutiler ou défigurer les faits, et en donneraient des descriptions complètes et exactes.
Éblouie des rayons qui frappent ses yeux étonnés, elle s’agitera follement autour du foyer, jusqu’à ce que ses ailes tombent en cendres ; elle n’aura ni cesse ni repos, tant qu’elle n’aura pas tenté la flamme où elle doit se brûler ; mais quoi qu’il arrive, elle ne sera pas coupable, car elle est innocente. […] Nous connaissons les occupations multipliées, les travaux innombrables et sans cesse renaissants de l’auteur de Bertrand et Raton ; nous savons qu’il entreprend à la même heure un opéra-comique, un ballet et deux ou trois menues comédies avec ou sans couplets : il était donc naturel de penser que les administrations dramatiques, dont M. […] Elle partage ses journées entre sa Bible et son rouet, discute avec Luigi le progrès de la foi nouvelle, exalte le courage des réformés, et ne se lasse pas du récit sans cesse recommencé des guerres religieuses. […] Elle ne cessera pas jusqu’à l’heure suprême de penser au jugement inexorable, et de vivre dans le respect et l’étude de la vérité. […] Au second acte, c’est un père qui n’a d’autre consolation, d’autre bonheur au monde que la candeur et la beauté de sa fille, qui se réfugie en elle comme dans un asile inviolable et sacré, qui repose ses yeux sur son front, et trouve dans ses regards une joie sans cesse renouvelée.
Nous ne cessons pas un moment d’être pour les deux amoureux, de souhaiter ardemment qu’ils soient réunis. […] La fantaisie, l’indépendance à l’égard des règles, et ce qu’on a appelé depuis le romantisme n’ont jamais cessé d’y faire des leurs dans quelque coin. […] 1º Beppo, tout en feignant d’aimer Lydia, ne cesserait point d’aimer Fideline, et quand Fideline s’avouerait vaincue, il tomberait à ses pieds. […] Mais l’écrivain fait son œuvre avec je ne sais quoi dont il n’est pas sûr et qui peut sans cesse se dérober. […] Mais, un jour, ayant lu des livres étrangers, il reconnut la vanité de son entreprise et cessa de croire à ce qu’enseigne le Bouddha.
Quoi qu’il en soit, comme il menait à Londres la vie d’un homme d’esprit et de plaisir, il trouvait dans ses ouvrages dramatiques des ressources, précaires il est vrai, mais rapides, pour subvenir à ses besoins sans cesse renaissants. […] Il réalisait personnellement, et avec une littéralité déplorable, le vice tel que l’ont défini les économistes, en ne tenant compte que de l’étroite spécialité qui les préoccupe ; il sacrifiait sans cesse et à tout propos l’avenir au présent. […] Il est demeuré le poète des philosophes, mais il n’a pas cessé d’être le poète des femmes. […] Du jour où il cessera d’être l’homme sans nom, quand les marchandes de modes pourront louer sa pensée à tant le volume, ce sera peut-être tout simplement un homme ridicule et médiocre. […] Le sage nous enseigne la pensée de cette âme solitaire ; la courtisane ouvre à nos yeux le cœur qui se dévore, le cerveau qui s’épuise en aspirations sans cesse renaissantes.
Aimer Molière, c’est n’être disposé à aimer ni le faux bel esprit, ni la science pédante ; c’est savoir reconnaître à première vue nos Trissotins et nos Vadius jusque sous leurs airs galants et rajeunis ; c’est ne pas se laisser prendre aujourd’hui plus qu’autrefois à l’éternelle Philaminte, cette précieuse de tous les temps, dont la forme seulement change, et dont le plumage se renouvelle sans cesse ; c’est aimer la santé et le droit sens de l’esprit chez les autres comme pour soi. […] Il ne se passe pas d’année sans qu’une nouvelle édition des œuvres de Molière ne voie le jour ; des savants sont occupés sans cesse à rechercher et à épurer de nouveaux manuscrits ; sa gloire est célébrée dans d’innombrables conférences publiques ; les expressions qu’il met dans la bouche de ses personnages se retrouvent partout, et les types créés par lui, ses principales œuvres, revivent sans cesse. […] Il faut retourner sans cesse à la source pour nous rafraîchir la vue et la mémoire. […] Pour faire cesser l’anarchie intellectuelle dont parlait un jour M.
» ajouterait Machin, Machin, cet errant qui n’est pas chevalier, qui même a cessé d’être errant, mais pourrait s’appeler Don Quijote et se prénommer comme Pablo, son ami le plus intime, sinon le meilleur certes ! […] La rime, il l’observe sans cesse, à sa façon parfois et plutôt pour l’oreille alors. […] Aussi bien l’ère, ce que j’appellerai l’ère des persécutions, on est toujours le persécuté de quelqu’un, créanciers, femmes, voire gens de justice et de police — cette ère-là, donc, semble avoir cessé pour moi. […] Quand Vénus Vulgevagues cesse de pourvoir au besoin du jeune homme, celui-ci perpètre des attaques nocturnes, modes simplistes d’acquérir la propriété. […] Mais félicitons-la de l’hommage, tardif à la vérité, rendu à Shakespeare dans Leicester Square, naguère si sordide avec son gazon grillé et son cheval de zinc, d’où l’un des Georges était tombé, et que des joyeux plaisants barbouillaient chaque nuit d’une couleur différente, parfois même avec des substances nauséabondes, aujourd’hui, après avoir dessiné un joli jardin dans le square, elle l’a orné d’une belle statue en marbre blanc de son premier poète et de son plus grand homme… Mais félicitons notre Paris, parfois si blâmable, si frivole, et sans cesse calomnié, de posséder une rue Milton, et une statue de Shakespeare.
En Angleterre, il y a cinq ans, j’ai eu la même sorte d’hypocondrie, mais accompagnée d’une soif si violente, que j’ai bu jusqu’à quinze bouteilles d’eau de seltz en une nuit après m’être mis au lit, sans cesser d’avoir soif, faisant sauter le cou des bouteilles par pure impatience de soif… » Esprit et corps, on se ruinerait à moins tout entier. […] Sitôt qu’on cesse de voir en ce Faust l’humanité, qu’est-ce qu’il devient ? […] Regardons-le naître et grandir, et nous cesserons de le railler ou de le maudire.
Il se plaint sans cesse qu’elle ne lui écrive pas assez : J’irai, parmi les oliviers, Les chênes verts et les figuiers, Chercher quelque remède à mon inquiétude. […] Racine est, dès lors, très répandu dans le monde des théâtres ; il connaît des comédiens et des comédiennes ; et c’est, je pense, vers ce temps-là, que l’élève de ces messieurs, si sage encore à Uzès, cesse décidément d’être le digne neveu de la mère Agnès de Sainte-Thècle. […] Et la dernière phrase était : « Je ne cesserai point de prier Dieu qu’il vous fasse miséricorde, et à moi en vous la faisant, puisque votre salut m’est si cher. » Le succès de la comédie parfaitement païenne d’Alexandre dut redoubler la douleur de la vieille religieuse et des pieux solitaires. […] La querelle de l’Église et du Théâtre n’a pour ainsi dire jamais cessé au xviie siècle (M. […] En réalité, le xviie siècle n’a cessé de discuter sur cette matière.
Molière n’a pas cessé un instant de maintenir Alceste dans les limites de cette formule : le sincère poli, le bourru qui a du monde. […] Une injustice cesse-t-elle de l’être parce qu’elle me frappe ? […] Il comprend que si Molière vivait de son temps, il se moquerait de lui. » Rousseau sent très bien que le Misanthrope est une satire de Jean-Jacques Rousseau, et que l’on peut sans cesse tourner contre lui, citer contre lui. […] Et c’est toujours la même histoire, et je ne cesse de la répéter parce que toutes les sottises y mènent. […] Par quelles lois, par quels édits, par quels rescrits leura-t-on défendu d’ouvrir les yeux et de lire… Ne se sont-elles pas au contraire établies elles-mêmes dans cet usage de ne rien savoir… » De même Rousseau écrit : « Les femmes ne cessent de croire que nous les élevons pour être vaines et coquettes, que nous les amusons sans cesse à des puérilités pour rester plus facilement les maîtres.
Mais ils me font l’effet de ces vieillards qui trouvent que les femmes ont cessé d’être jolies précisément depuis qu’eux-mêmes ont cessé d’être jeunes, et qui conservent tous leurs trésors d’adorations et d’hommages pour les jeunes filles de leur temps. […] Ce que l’admirable Héraclite pensait des Choses et de Dieu, je le dis de l’Art : que sans cesse il devient. […] Peut-être, alors, cesseront-ils de s’astreindre à ne faire que du demi naturalisme. […] A-t-il cessé d’être vrai ? […] — Je soutiens que cette évolution ne cesse jamais !
Jamais il n’a cessé d’entasser les documents. […] Ne pourrait-il pas, comme autrefois en quittant le docteur Sangrado, se comparer aux femmes qui cessent d’être libertines, mais gardent toujours à bon compte le profit de leur libertinage ? […] Je répète que ma pitié cesse et que si Jacques Lefranc persiste à se plaindre, c’est qu’il boude la vie, c’est que Schopenhauer, — qui ne l’a pas boudée pour son compte, — l’a touché de son influence. […] Le lendemain, au Minihi, je ne cesse pas de le voir dans cette petite chapelle de Saint-Yves où, à la mort de son père, sa mère le conduisit. […] Sans cesse à la recherche des « dix hommes » qui se contredisaient en lui, le malheureux philosophe se perdait dans sa diversité mobile.
À présent Il a perdu le sentiment ; il a cessé de râler. […] Là vivait Éarine que le fleuve vient d’engloutir, et que son amant en délire ne veut pas cesser de pleurer, « Éarine, qui reçut son être et son nom avec les premières pousses et les boutons du printemps, Éarine, née avec la primevère, avec la violette, avec les premières roses fleuries ; quand Cupidon souriait, quand Vénus amenait les Grâces à leurs danses, et que toutes les fleurs et toutes les herbes parfumées s’élançaient du giron de la nature, promettant de ne durer que tant qu’Éarine vivrait… À présent, aussi chaste que son nom, Éarine est morte vierge, et sa chère âme voltige dans l’air au-dessus de nous171. » Au-dessus du pauvre vieux paralytique, la poésie flotte encore comme un nuage de lumière.
Pendant cet interrègne de la violence et de la conquête, le droit se tait, la fortune seule juge, le monde légal cesse d’exister pendant une période d’attentats heureux ou malheureux ; puis les armes tombent, par lassitude, des mains de l’Europe. […] M. de Talleyrand ne cessa d’incliner le Directoire et les cours à la paix, jusqu’au moment où une réaction violente contre la modération au dedans et contre la conciliation au dehors le contraignit en fructidor à quitter un poste où il devenait suspect aux exaltés du gouvernement.
Les faits et les événements trop attestés ont, en quelque sorte, cessé d’être malléables. » Il est plus platonicien que Platon. […] Victor Cherbuliez n’avaient cessé d’écrire, il proclama qu’il était urgent d’inventer le « roman romanesque ».
Il est difficile de faire attention longtemps à la même chose, oui ; mais nous ne cessons de faire attention à une chose que pour reporter notre attention sur une autre différente. […] Dans le mot, l’idée cesse d’être une force, parce qu’elle ne paraît plus contenir en elle-même des conditions de changement pour d’autres états de conscience, corrélatives à des conditions de mouvement pour les molécules cérébrales.
La nouvelle de sa mort se répand de bouche en bouche depuis le palais jusqu’à l’échoppe, dans tous les quartiers de Paris : aussitôt la vie publique et la vie privée paraissent suspendues dans une vaste capitale ; le bruit tombe, le travail cesse dans les ateliers. […] Le front large et bossué, l’œil bleu et à fleur de front, le nez gros et arqué, les pommettes relevées, les joues lourdes, les lèvres épaisses, le menton à fossette, le visage rond plutôt qu’ovale ; le cou bref, mais relié par de beaux muscles à la naissance de la poitrine ; les épaules massives, la taille carrée, les jambes courtes ; la stature pesante en apparence, mais souple au fond, tant il y avait de ressort physique et moral pour l’alléger ; mais ce front était si pensif, ces yeux si transparents et si pénétrants à la fois, le nez si aspirant le souffle de l’enthousiasme par ses narines émues, les joues si modelées de creux et de saillies par la pensée ou par les sentiments qui y palpitaient sans cesse, la bouche si fine et si affectueuse, le sourire bon, l’ironie douce et la tendresse compatissante s’y confondaient tellement pour plaisanter et pour aimer sur les mêmes lèvres ; le menton si téméraire, si sarcastique, si défiant et si gracieux tout ensemble en se relevant contre la sottise ; de si belles ombres tombées de ses cheveux, et de si belles lumières écoulées de ses yeux flottaient sur cette physionomie pendant qu’elle s’animait de sa parole ; l’accent de cette parole elle-même, tantôt grave et vibrante comme le temps, tantôt sereine et impassible comme la postérité, tantôt mélancolique et cassée comme la vieillesse, tantôt badine et à double note comme le vent léger de la vie qui se joue le soir sur les cordes insouciantes de l’âme !
Incorrigiblement dangereuses si elles restaient dans leur fascinante abstraction, elles cessent de l’être dès qu’elles sont incarnées dans des hommes qui leur font partager l’horreur ou le ridicule de leur renommée. […] Dès ses premières polémiques sur le nouveau terrain où il s’engageait, Granier de Cassagnac apparut immédiatement le formidable et l’invulnérable polémiste qu’il n’a pas cessé d’être jusqu’à sa dernière heure, et — comme la polémique des idées ressemble à la guerre !
Mais qu’en plein xixe siècle, quand les passions et leur étude, et leurs beautés, et leurs laideurs, et jusqu’à leurs folies, ont pris dans la préoccupation générale la place qu’elles doivent occuper ; quand la littérature est devenue presque un art plastique, sans cesser d’être pour cela le grand art spirituel ; quand nous avons eu des creuseurs d’âme, des analyseurs de fibre humaine, des chirurgiens de cœur et de société ; enfin, qu’après Chateaubriand, Stendhal, Mérimée et Balzac, — Balzac, le Christophe Colomb du roman, qui a découvert de nouveaux mondes, — la vieille mystification continue et que la réputation de Gil Blas soit encore et toujours à l’état d’indéracinable préjugé classique, voilà ce qui doit étonner ! […] Il a beau traîner à ses talons trente ans de romans, de drames, de boulevard et de feuilletons, qui devraient modifier sa démarche ou la retarder, il n’en va pas moins jusqu’au bout… Nous l’avons dit déjà de ces Étapes d’une conversion qui datèrent la sienne à lui-même : l’homme converti, pour être converti, ne cessa pas d’être ce qu’il était dans toutes ses facultés, et il resta ferme sur elles.
La symétrie des formes, la répétition indéfinie du même motif architectural, font que notre faculté de percevoir oscille du même au même, et se déshabitue de ces changements incessants qui, dans la vie journalière, nous ramènent sans cesse à la conscience de notre personnalité : l’indication, même légère, d’une idée, suffira alors à remplir de cette idée notre âme entière. […] La physique, dont le rôle est précisément de soumettre au calcul la cause extérieure de nos états internes, se préoccupe le moins possible de ces états eux-mêmes — sans cesse, et de parti pris, elle les confond avec leur cause.
La poésie corrompue par l’afféterie, avait cessé de puiser aux torrents de Dante, aux limpides ruisseaux de Pétrarque. […] Ainsi sont dérangées sans cesse les classifications rigoureuses des modernes.
Richelieu, plume en main, est un historien, un écrivain, et y vise : Sully tient avant tout à ce que l’on ne cesse de voir son grand état de maison, même dans l’office et les charges de l’histoire.
Non ; l’homme, sans cesse agité par de nouveaux besoins, de nouvelles crises, oubliant celles qui l’ont autrefois le plus mis à la gêne, oublie avec elles les remèdes et le médecin.
Quoique cette manière de raisonner soit très blâmable, il est impossible qu’il n’en reste pas plusieurs impressions désavantageuses : 1º Que les premiers chrétiens étaient animés d’un esprit de fanatisme et d’enthousiasme autant que d’un esprit religieux. 2º Que l’on peut à peine avoir foi aux miracles, parce que l’Église dès lors jusqu’à présent n’a jamais renoncé au pouvoir d’en faire ; que les preuves sont égales pour tous les temps ; que le moment où le don des miracles a réellement cessé n’a fait aucune impression ; qu’enfin les chrétiens, en admettant les miracles du paganisme, détruisent et la foi qu’on aurait aux leurs et le caractère surnaturel des miracles. 3º Que, dès les premiers siècles, parmi les Pères de l’Église et ceux qui nous en ont transmis l’histoire, l’enthousiasme a donné lieu à des fraudes pieuses qui déguisent absolument la vérité. 4º Que les différentes sectes qui divisent le christianisme dès son commencement altérèrent les Écritures en publiant chacune de son côté des Évangiles divers. 5º Que bien des causes temporelles favorisèrent les progrès du christianisme qui furent bien plus lents qu’on ne pense. 6º Qu’il n’y eut réellement aucune persécution générale jusqu’au temps de Dioclétien ; que celle-ci même ne fit pas deux mille martyrs, et que le petit nombre de chrétiens qui avaient été persécutés auparavant l’avaient été pour des causes particulières.
Prud’homme était alors pour Joinville et pour saint Louis ce qu’étaient le beau et le bon des Grecs, ce que sera le mot honnête homme au xviie siècle, un mot large et flottant qui revient sans cesse et dans lequel on faisait entier les plus beaux sens.
Pendant ce loisir forcé, il ne cessa de s’occuper des lettres : il traduisait en vers Horace, et il fit, entre autres pièces originales, son Épître à mon sans-culotte, qui ne fut publiée que quelques années après, et qui était, à son heure, une preuve de calme d’esprit comme de talent.
Il était pourtant toujours sous une impression de terreur et d’effroi : cette impression accablante ne cessa soudainement qu’un jour que, lisant l’Écriture, son regard s’arrêta sur un verset de la troisième épître de saint Paul aux Romains.
L’éclair de la poésie et du génie ne cessait de briller de temps en temps à travers les éclipses et les ombres.
Il les a commencés tard, dans sa vieillesse, vers 1763 ; il y suit peu l’ordre chronologique, et, à propos de chaque personne qu’il rencontre, il se laisse aller volontiers à en tout dire, ce qui le force à revenir sans cesse sur ses pas.
D’Alembert cessa de voir Mme de Créqui lorsqu’elle se jeta tout à fait dans la religion.
Nous demandons la permission, ayant à parler de lui, d’en rester à nos propres impressions déjà anciennes, fort antérieures à des débats récents, et de redire, à propos des volumes aujourd’hui publiés, et sauf les applications nouvelles, le jugement assez complexe que nous avons tâché, durant plus de vingt ans, de nous former sur son compte, de mûrir en nous et de rectifier sans cesse, ne voulant rien ôter à un grand esprit si français par les qualités et les défauts, et voulant encore moins faire, de celui qui n’a rien ou presque rien respecté, un personnage d’autorité morale et philosophique, une religion à son tour ou une idole.
Cependant Villars ne cessait de représenter les inconvénients du misérable système qu’on suivait et le terme fatal où il devait aboutir, du moment que la paix n’était qu’un leurre et qu’elle reculait toujours.
Le piquant, lorsqu’on lit de suite le Journal, est de voir les idées sensées de d’Argenson, ses vœux honorables pour la grandeur de son pays, se mêler sans cesse à ses propres poussées d’ambition ; car ce vertueux était de la même pâte que les autres hommes, seulement son ambition prenait, à son insu, je ne dirai pas le masque, mais la forme du bien public : il avait l’ardeur du bien, s’en croyait les moyens et la science, et avait hâte d’en venir à l’application.
… » Dutens, enfin, qui seul ne serait peut-être pas une autorité suffisante en matière de grâce et de goût, mais qui en est une en fait de sérieux, nous dit : « De toutes les femmes de la Cour les plus distinguées par l’esprit et les agréments, Mme la comtesse de Boufflers était certainement la plus remarquable : aucune n’avait plus d’amis et n’avait eu moins d’ennemis, parce qu’elle unissait à tous les dons de la nature et à la culture de l’esprit une simplicité aimable, des grâces charmantes, une bonté et une sensibilité qui la portaient à s’oublier sans cesse, pour ne s’occuper que des biens ou des maux de tous ceux qui l’entouraient.
Ce n’est plus ni de la clarté, ni de l’ombre ; la perspective, indiquée par les couleurs fuyantes, cesse à peu près de mesurer les distances ; tout se couvre d’un ton brun, prolongé sans rayure, sans mélange ; ce sont quinze ou vingt lieues d’un pays uniforme et plat comme un plancher.
Plusieurs mois se sont écoulés depuis son premier appel au roi ; pour motiver ce nouveau recours à la justice, elle vient se plaindre que dans l’intervalle, Rodrigue, moins courtois qu’il ne le devrait, n’a cessé de la braver, de l’insulter ; et elle le dit d’une manière bien pittoresque, dont les romances nous ont déjà donné l’idée : « Je vois passer chaque jour, sans qu’on puisse l’empêcher, celui qui tua mon père, son épée à son côté, couvert de riches habits, sur son poing un épervier, monté sur son beau cheval.
Il déplorait les fautes signalées qu’il voyait se succéder sans cesse, l’extinction suivie de toute émulation, le luxe, le vide, l’ignorance, la confusion des états, l’inquisition mise à la place de la police ; il voyait tous les signes de destruction, et il disait qu’il n’y avait qu’un comble très-dangereux de désordre qui pût enfin rappeler l’ordre dans ce royaume. » Le corps de Catinat, enterré en l’église de Saint-Gratien, y reposa en paix jusqu’en 1793.
Toutes ces premières impressions, celles du toit domestique, de la maison du pasteur auquel d’abord on l’avait confié, la mort d’une mère, puis la première communion, et le sentiment pénible qu’éprouva le jeune garçon en passant de son Alsace riante et champêtre aux murs froids d’un collège, ces premières descriptions ne peuvent nous toucher que médiocrement : il y a du vrai, de la sincérité ; mais ces peintures de l’enfance, recommencées sans cesse, n’ont de prix que lorsqu’elles ouvrent la vie d’un auteur original, d’un poète célèbre. « Les souvenirs de ma première enfance sont bien vagues, nous dit M.
» Sa correspondance d’alors donne l’idée d’une vie toute d’étude, de prière, à peine accidentée par quelques voyages de La Chesnaie à Saint-Malo, traversée par de courts et brusques éclairs de gaieté, assujettie d’ailleurs à bien des soins domestiques et de ménage, fort occupée dans un temps à la construction d’une chapelle à La Chesnaie ; mais bientôt la maladie que vous appellerez, si vous le voulez, la maladie du génie, l’inquiétude vague, le mécontentement et la nausée du présent, qui sera l’état fondamental et constitutionnel de La Mennais, se dessine et se déclare, et pour ne plus cesser.
Sa brouille avec l’illustre maréchal a cessé ; le voilà revenu à la bonne intelligence des belles années.
Il se maria donc en septembre 90, à l’âge de vingt ans ; et, dès ce jour, les devoirs nouveaux, qu’il acceptait par des motifs louables, ne cessèrent d’une manière ou d’une autre, quoique toujours noblement, de peser sur sa condition.
Cornélia est une belle et jeune comtesse romaine qui s’est éprise d’amour pour Ernest ; Ernest lui a loyalement avoué qu’il ne pouvait lui accorder tout son cœur, et Cornélia n’a pas cessé de l’aimer.
» — « Le paysan annonce sans cesse que le pillage et la destruction qu’il fait sont conformes à la volonté du roi. » — Un peu plus tard, en Auvergne, les paysans qui brûlent les châteaux montreront « beaucoup de répugnance » à maltraiter ainsi « d’aussi bons seigneurs » ; mais ils allégueront que « l’ordre est impératif, ils ont des avis que « Sa Majesté le veut ainsi743 » À Lyon, quand les cabaretiers de la ville et les paysans des environs passent sur le corps des douaniers, ils sont bien convaincus que le roi a pour trois jours suspendu les droits d’entrée744 Autant leur imagination est grande, autant leur vue est courte. « Du pain, plus de redevances, ni de taxes », c’est le cri unique, le cri du besoin, et le besoin exaspéré fonce en avant comme un animal affolé.
Il le sentit lui-même et se résigna à la prose ; mais il ne cessa pas d’être le génie le plus poétique de son temps.
La situation de cet Hamlet moderne, d’un caractère si décidé, et qui n’hésite d’ailleurs pas un instant sur son droit, cette situation est telle que d’abord, étant donné le caractère de ce personnage, elle n’implique chez lui qu’un assez petit nombre de sentiments et fort simples, dont la description sans cesse recommencée devient un peu monotone, et qu’en outre nous ne nous intéressons pas très fortement à ce qu’il éprouve.
A cette formule, autour de laquelle nous n’avons cessé de tourner : Il y a pour une œuvre littéraire (à ne considérer que ses qualités intérieures) cinq ordres différents de beauté ; elle est supérieure, si elle possède à un degré très élevé une des qualités essentielles à l’un de ces ordres ou, à un degré suffisamment élevé, la plupart des qualités qu’il comporte.
Ici, d’ailleurs, M. de Ryons agit en bon diable, il voit clair dans cette âme troublée, il sait que la jeune femme n’a pas cessé d’aimer son mari, et, par curiosité plus que par vertu, il entreprend de réconcilier le ménage.
Tout ce qui vaut la peine d’être fait mérite et exige d’être bien fait, et rien ne peut être bien fait sans attention. » Ce précepte, il le répète sans cesse, et il en varie les applications à mesure que son élève grandit et est plus en état d’en comprendre toute l’étendue.
Il était comme retenu sans cesse par la peur d’être dupe ou ridicule.
Hors de là, il est dans le vrai et il a l’œil dans l’avenir : « La Nature, dit-il, a entre les mains une certaine pâte qui est toujours la même, qu’elle tourne et retourne sans cesse en mille façons, et dont elle forme les hommes, les animaux, les plantes. » Et il en conclut que, puisqu’elle n’a point brisé son moule, il n’y a aucune raison pour qu’il n’en sorte point d’illustres modernes aussi grands à leur manière que les anciens.
Alice, la femme de chambre, résume tout d’un seul mot, en disant : « Voilà quatre ans que je sers Madame, je ne lui connaissais pas encore la petite voix qu’elle a ce matin. » La nature est si bien prise sur le fait dans ce petit chef-d’œuvre, qu’on a pu l’appeler une comédie physiologique, sans qu’elle cesse d’être une lecture de bonne compagnie.
J’étais persuadé que tout était perdu, et notre liberté, et les plus belles espérances du genre humain, si l’Assemblée nationale cessait d’être un moment, devant la nation, l’objet le plus digne de son respect, de son amour et de toutes ses attentes.
Retz obtint d’emblée d’être nommé coadjuteur de son oncle à l’archevêché de Paris, et dès lors, pour prendre son langage, il cesse d’être « dans le parterre, ou tout au plus dans l’orchestre, à jouer et à badiner avec les violons » ; il monte sur le théâtre.
La grossièreté, l’injure ordurière, les coups, étaient son procédé ordinaire dans le ménage, et ne cessèrent pas durant près de quatorze ans.
Après la mort du feu roi, elle cessa de mettre du rouge, ce qui augmenta la blancheur et la netteté de son teint… Le grand deuil seyait à la reine, et elle perdit à le quitter.
Cette correspondance cessa peu après l’époque du 18 Brumaire.
C’est alors seulement que l’officier envoyé en parlementaire, qui avait franchi les avant-postes ennemis, revint avec un aide de camp du prince de Schwarzenberg et un autre de l’empereur Alexandre, et que le feu qui durait depuis douze heures cessa.
Ce ne fut qu’au mois de juin 1830 que le mystère cessa, et qu’il dut être clair pour tous que cette mort n’était point un coup de parti ni une vengeance politique, mais quelque chose de plus simple et de plus commun, le guet-apens et le complot de domestiques grossiers, irrités et cupides, voulant en finir avec un maître dur et de caractère difficile.
Dès qu’il en reconnaissait dans quelqu’un, fût-ce d’un bord même opposé, l’épigramme cessait à l’instant sur ses lèvres : il avait de l’amitié pour l’esprit.
Franklin y retourne et, tout en restant ouvrier imprimeur, il continue de se former à l’étude, à la composition littéraire ; il se lie avec les jeunes gens de la ville qui aiment comme lui la lecture ; il fait un peu la cour à miss Read ; puis, tenté de nouveau par les promesses du gouverneur, qui lui parle sans cesse d’un établissement, il se décide à faire le voyage d’Angleterre pour y acheter le matériel d’une petite imprimerie.
Grimm doutait, et rappelait l’enthousiaste à la réalité : Nous vantons sans cesse notre siècle, lui disait-il, et nous ne faisons en cela rien de nouveau.
Vous que je compte au nombre de ces derniers, vous voudrez bien vous persuader de plus en plus que vous trouverez en moi tout ce qu’Oreste trouva jamais dans Pylade… Par ces derniers mots, et à la veille de l’exécution, Frédéric se montrait fidèle à ce qu’il disait à son ami dès l’origine de leur liaison, et à ce qu’il n’avait cessé de lui répéter : Si jamais je puis être le moteur de vos destinées, je vous garantis que je n’aurai d’autre soin que celui de vous rendre la vie aussi agréable qu’il me sera possible.
L’égal qu’ils dédaignaient cependant les surpasse ; D’arbuste il devient arbre, et, les sucs généreux Qui fermentent sous son écorce De son robuste tronc à ses rameaux nombreux Renouvelant sans cesse et la vie et la force, Il grandit, il grossit, il s’allonge, il s’étend, Il se développe, il s’élance ; Et l’arbre, comme on en voit tant, Finit par être un arbre immense.
Nous ne pouvons atteindre le tout ; mais l’idée du tout nous fait ajouter sans cesse les parties aux parties, et elle est par là l’origine du progrès intellectuel.
Ils combattent sans cesse.
Comment, vous critiques, qui regrettez sans cesse dans notre littérature l’élément gaulois et populaire, comment n’avez-vous pas vu que ce poëte est de race gauloise, de race populaire, que c’est là le Parisien, mais le Parisien à l’âge mûr, frère de Molière et de la Fontaine, quoique au-dessous.
Il semble cependant que cette amoralité s’achemine peu à peu vers la réprobation de certains de ces actes naturels puisqu’elle cesse de s’en désintéresser, ce qu’elle manifeste en commençant à les tourner en dérision, au lieu de les laisser passer aussi inaperçus que le fait de manger quand on a soif ou de dormir lorsqu’on a sommeil.
Il y a encore le Forçat dont le dénoûment est d’une réalité si profonde, et où vous trouvez ce que l’auteur ne cesse de mettre partout dans ses récits, du reste, — les délicatesses surhumaines de la charité.
Comme il était sans cesse exposé à périr victime de l’enthousiasme religieux qu’il inspirait, il frappait du bâton, pour l’écarter, cette foule qui voulait entendre sa voix et toucher ses vêtements, mais les blessés baisaient le sang de leurs blessures, heureux et fiers de ce qu’il coulait sous les mains de l’homme de Dieu.
… L’infidélité cessera-t-elle ?
c’est qu’il ait touché aux choses comme jamais main catholique n’y avait touché, et qu’il n’ait pas cessé pour cela d’avoir la main la plus sûrement catholique !
ne cesse-t-il de leur répéter, en fin de compte, c’est un enrichissement d’images et de sensations : Je suis heureux comme un homme à qui l’on offrirait une touffe de roses à respirer.
Je voudrais montrer que derrière des objections des uns, les railleries des autres, il y a, invisible et présente, une certaine métaphysique inconsciente d’elle-même — inconsciente et par conséquent inconsistante, inconsciente et par conséquent incapable de se remodeler sans cesse, comme doit le faire une philosophie digne de ce nom, sur l’observation et l’expérience —, que d’ailleurs cette métaphysique est naturelle, qu’elle tient en tout cas à un pli contracté depuis longtemps par l’esprit humain, qu’ainsi s’expliquent sa persistance et sa popularité.
Il aura, dans son langage habilement extrait de tous les dialectes vulgaires de l’Italie, l’énergie populaire et la sublimité, ou la douceur mystique ; il empruntera sans cesse à la riche nature dont il est entouré, au spectacle des champs, au souvenir de ses fuites à travers tous les lieux et parmi toutes les conditions humaines, à ses combats, à ses souffrances, bien des images de la vie réelle et des mœurs de son temps et il sera pourtant, à certaines heures de son inspiration, le plus idéal et le plus recueilli des poëtes religieux.
Et alors je ne cesse point d’estimer ni même d’admirer ces étrangers, et je les remercie du petit frisson de plaisir et d’enthousiasme qu’ils m’ont donné ; mais ils ne m’en font plus tant accroire. […] Et cela, Mme Alving elle-même le reconnaîtra de nouveau dès demain : elle ne sera plus croyante, mais elle cessera de s’insurger et elle se reposera (peut-être) dans un détachement plus fier que la rébellion. […] Il a cherché à se tirer d’affaire avec des expédients et de l’adresse ; c’est ce qui l’a moralement perdu… Pense seulement : un pareil être, avec la conscience de son crime, doit mentir et dissimuler sans cesse, il est forcé de porter un masque dans sa propre famille, oui, devant sa femme et ses enfants. […] » Et, après avoir supplié Nisida de surmonter son amour : « Tu es bien malade, mon enfant ; je serai ton médecin ; et, si les remèdes te font trop de mal, nous les cesserons tout de suite ; c’est t’en dire assez ! […] cette bouche sans dents, cette face d’une expression presque enfantine, et ce grand corps massif, ce cou et ces membres sans cesse animés d’un mouvement giratoire, et ces gestes énormes qui se déploient subitement et qui semblent planer sur Paris.
Si obscurci que soit le principal de son œuvre, jamais il n’a cessé de passionner, et de redemander aux échos sa musique. […] Vraiment, la moitié au moins de ce lever de soleil a cessé de produire une image directe, fraîche et parfaite. […] M. de Gourmont, dans son livre déjà ancien, a levé un lièvre qui n’a pas cessé de courir. […] Dans le Mariage de Roland, Victor Hugo a eu d’abord devant les yeux ce schème d’un combat qui cesse non faute de combattants, mais parce qu’aucun des combattants ne peut vaincre l’autre. […] Ils sont à l’abri du dégoût que la profession d’auteur entraîne quelquefois, des querelles que la rivalité fait naître, des animosités de parti et des faux jugements ; ils jouissent plus de la société ; ils sont juges, et les autres sont jugés. » Et il est vrai que, dès qu’un critique écrit, il cesse un peu d’être critique pour devenir auteur.
Car ces maladresses, il ne les commet, précisément, que parce qu’il n’a pas cessé de reconnaître, dans le fond de son cœur, cette morale universelle en dehors de laquelle il prétend s’être placé. […] Le reste de l’univers n’a point cessé d’exister pour lui. […] Hamlet est une âme inégale à la mission qu’elle a reçue, mais qui ne cesse pas de croire à la bonté de cette mission ni à l’éternelle morale de qui elle la tient. […] Et le public, qui n’a cessé durant toute cette scène de donner des signes d’une angoisse ingénue, éclate en furieux applaudissements ; et quelques connaisseurs prononcent : « Ça, au moins, c’est du théâtre ! […] Du coup, la dévote cesse de croire en Dieu et tombe dans les bras de sa sœur la cocotte, qu’elle avait traitée jusque-là avec le mépris le plus intolérant.
Ainsi la force du milieu se déplace et se modifie sans cesse, et, quant à la force du moment, c’est une force d’accumulation, pour ainsi dire, qui s’accroît de toute l’impulsion antérieurement acquise et qui agit à chaque minute du temps avec l’énergie du passé tout entier. […] Heureusement le lieutenant, coupable d’avoir prêté le cheval sans l’agrément de son maître, vient expliquer que son mensonge avait pour but de lui épargner une punition et fait cesser ainsi le malentendu. […] Si cette ressource manque au spectateur, s’il est tellement tyrannisé par l’illusion qu’il ne peut se rassurer à volonté, le spectacle cesse d’être un plaisir et devient une souffrance. […] Au moment où nous pénétrâmes dans l’antre d’où partaient ces bruits, le braillement avait cessé. […] Enfin il dut quitter sa femme et sa fille pour le voyage en Italie en 1764, et il les laissa dans le midi de la France, où elles séjournèrent jusqu’à la fin de 1767 ; pendant cette longue absence, il ne cessa un seul instant de veiller sur elles.
Mais la critique professionnelle, elle aussi, en sort plus agile, plus éclairée, plus libre, plus désintéressée, elle cesse de s’absorber dans la besogne technique, législatrice, historique, de Chapelain et de Boileau. […] Le goût timide et circonspect tourne sans cesse les yeux autour de lui ; il ne hasarde rien, il veut plaire à tous, il est le fruit des siècles et des travaux successifs des hommes. » En d’autres termes, le goût ne s’exerce que sur ce qui est, sur les œuvres réalisées. […] Les figures de Plutarque, les livres de sa bibliothèque, lui donnent sans cesse l’occasion d’étendre ce tour du propriétaire ; il est le précurseur, il est le maître de la critique voluptueuse à la Sainte-Beuve, et personne n’en a poussé des pointes plus délicates que lui. […] Une semaine comme faisait Sainte-Beuve, quelques mois comme faisait Jules Lemaître conférencier, plusieurs années comme fait l’agrégé qui prépare sa thèse dans la bonne paix d’un lycée de province, vivre avec un auteur, rechercher ses traces, penser à lui, s’imprégner de son esprit et lui prêter un peu du sien, le retrouver sans cesse au coin de ses lectures, de ses pensées, de ses promenades, voilà un mode de critique qui nous est devenu tout à fait familier, et qui pourtant ne date pas de bien longtemps. […] De même que le genre du dialogue a réellement cessé après Platon, aussi bien que le genre de la tragédie après Racine, ne traînant jusqu’à nous qu’une file d’imitateurs pâles, de même aucune œuvre critique n’a approché du Phèdre, n’a retrouvé à la même source le même mouvement créateur.
Elle a publié un dictionnaire de la langue française, qui a déjà eu quatre éditions, et qu’elle travaille sans cesse à perfectionner. […] Il est vrai qu’une langue vivante, qui par conséquent change sans cesse, ne peut guère être absolument fixée ; mais du moins peut-on empêcher qu’elle ne se dénature et ne se dégrade. […] Ces fades harangueurs peuvent se convaincre par la lecture réfléchie des sermons de Massillon, surtout de ceux qu’on appelle le Petit-Carême, combien la véritable éloquence de la chaire est opposée à l’affectation du style ; nous ne citerons ici que le sermon qui a pour titre de l’Humanité des Grands, modèle le plus parfait que nous connaissions en ce genre ; discours plein de vérité, de simplicité et de noblesse, que les princes devraient lire sans cesse pour se former le cœur, et les orateurs chrétiens pour se former le goût.
. — Ces humbles travaux d’histoire littéraire seraient sans cesse à retoucher et à remettre au courant : la vie n’y suffit pas.
Cette espèce d’incertitude et d’embarras, cette question qu’on s’adresse à soi-même pendant la lecture, vient à cesser et elle s’explique lorsqu’on a recouru, comme je l’ai dû faire, et comme M.
Le mot cela revient sans cesse, ainsi que ces façons de dire : cet homme-là, ces petits égards-là, cette nonchalance-là, ces traits de bonté-là.
Son premier étonnement passé, il redevint aisément, le lendemain de sa sortie du ministère, ce qu’il était la veille, un homme studieux, un grand lecteur, l’étant avec délices, faisant de son cabinet son royaume et son monde, et plein de pensées et d’observations sur les livres et sur les choses· En lisant ce qu’il a ainsi écrit pour lui seul et dont on a le recueil depuis 1742 jusqu’en 1756, au milieu des mille variétés de chaque jour, je suis frappé d’une remarque fréquente et suivie, d’une plainte qui revient sans cesse sous sa plume jusqu’en 1750 : elle tient de près à ce que nous l’avons déjà vu dire à propos de son frère sur le genre frivole et léger, sur l’esprit de moquerie et de malice qui détruit tout, et sur l’absence de cœur et d’amour du bien.
Villars avait pour maxime que « sitôt qu’on cesse d’être sur la défensive, il faut se mettre sur l’offensive. » Il se remit donc en campagne activement, et, réuni au maréchal de Marcin, il eut à opérer dans les mois suivants sur le Rhin et sur la Lauter, en face du prince Louis de Bade ; mais il eut la prudence de ne compromettre en rien le succès glorieux qu’il avait obtenu : Leurs généraux, écrivait-il au roi parlant des ennemis, sont persuadés que je ne perdrai pas la première occasion de les combattre : je n’oublierai aucune démonstration pour les confirmer dans cette opinion.
Les Pères de l’Église lui furent donc les meilleurs maîtres pour apprendre à vieillir sans cesser d’espérer.
Cette idée, toute bête qu’elle est, ne laisse pas de me procurer une bonne petite émotion. » Ce Rabadabla, c’est le bruit cher à son petit-fils, c’est le nom même qu’il lui donne dans cette langue primitive et imitative qui recommence sans cesse auprès des berceaux.
. — J’ai passé une bonne journée, car j’ai vu beaucoup de choses, et beaucoup de choses différentes qui, malgré cela, en se réunissant dans ma tête, deviennent homogènes par le but auquel je me rattache sans cesse, celui de voir partout de la peinture.
Le livre est plein de ces couplets qui recommencent sans cesse comme dans une monodie.
On n’a pas ce courage ; on est entraîné par le flot du sentiment qui jaillit et n’a pas de cesse.
Victor avait cessé de le voir depuis quelques années, à cause de la profonde division de leurs sentiments politiques.
La pièce n’a pas cessé un instant de marcher, de courir, en tenant en haleine l’intérêt.
Y revenant à la seconde Restauration, il fut placé au ministère de la justice, sans cesser de tenir à l’École normale.
Mais à travers cette folie d’invention on rencontre sans cesse une ferme réalité : des amours « exécutés » tels qu’ils le peuvent être dans le train le plus commun du monde, et plus rapidement même, de positives conclusions qui suivent, et parfois précèdent les vaporeuses adorations, une franchise d’accent, presque une brusquerie délibérée d’humeur chez ces chimériques héros, qui leur donne un peu de consistance et l’air de la vie.
Même la tragédie de Corneille est une peinture saisissante de la vie politique de son temps : s’il ne fait en général ni portraits ni allusions, la réalité contemporaine l’enveloppe, le domine, et transparaît sans cesse dans son œuvre.
Seulement, l’art ayant pour objet un plaisir, la ressemblance doit aller jusqu’où le plaisir cesse ; l’imitation d’une réalité hideuse ou horrible doit être agréable.
Intéressé comme il s’est montré souvent, il abandonnait sans cesse à ses amis, à ses libraires, à ses comédiens, à quelque pauvre hère, le produit de ses œuvres.
C’est de ces poésies-là, heureusement les plus nombreuses, que La Bruyère a pu dire : « Entre Marot et nous il n’y a guère que la différence de quelques mots. » Ce qui était vrai au temps de La Bruyère n’a pas cessé de l’être pour nous, qui sommes plus loin de Marot de plus d’un siècle et demi ; tant le tour d’esprit et la langue en sont conformes au génie de notre pays.
L’esclavage cesse le jour où l’esclave, que l’antiquité concevait comme sans moralité et sans religion, devient moralement l’égal de son maître.
Il prédit que Renée n’aura pas quatre représentations, et, malgré tout, la pièce va jusqu’à la vingt-huitième ; il vaticine le succès de Mademoiselle de Bressier : huit jours après, cette jeune personne cesse de vivre.
L’idée divine s’épure et se perfectionne sans cesse dans ses drames.
Les digressions ne cessent pas ; on passe des thèses, dans la maison de Claude, comme à la Sorbonne.
Depuis des années, c’est un libéral qui se modère sans doute beaucoup et qui se contient ; mais, même avant la révolution de juillet 1830, c’était un libéral qui se travaillait sans cesse et qui s’ingéniait noblement pour se perfectionner.
[NdA] Mme des Ursins, dans ses lettres à Mme de Maintenon, n’avait cessé de faire valoir son amie, depuis sa rentrée en grâce auprès de sa tante ; elle varie ses louanges sur tous les tons : « Elle n’a rien de fardé, et est d’ailleurs aussi aimable par l’esprit que par la figure… Vous trouveriez en elle des ressources infinies, personne n’ayant plus d’esprit, et n’étant plus amusante sans aucune malice. » Mme de Maintenon, à la fin, s’avoue presque vaincue : « Il est vrai que je m’accommode mieux de Mme de Caylus qu’autrefois, parce qu’elle me paraît revenue de l’entêtement qu’elle avait pour le jansénisme, étant difficile de se trouver agréablement avec ceux qui pensent différemment que nous : son visage est toujours aussi gracieux, mais elle a une taille qui la défigure fort ; du reste, je ne vois point de femme ici si raisonnable qu’elle. » (Lettre à Mme des Ursins, du 26 août 1714.)
Durant trente-sept ans que l’abbé de Choisy vécut encore (1687-1724), il ne cessa de composer et d’écrire sur toute espèce de sujets ; il le faisait sans prétention, avec un agrément qui ne sentait pas l’érudition ni l’étude, et qui n’excluait pourtant pas certaines recherches.
Il avait dès longtemps cessé de l’aimer ; mais quand elle lui avait prouvé qu’elle pouvait s’arracher à lui et lui en préférer un autre, cet autre ne fût-il que Dieu seul, elle l’avait entièrement détaché et aliéné d’elle ; il ne le lui avait point pardonné : « Elle m’a souvent dit, raconte Madame, mère du Régent, que si le roi venait dans son couvent, elle refuserait de le voir et se cacherait de manière qu’il ne la trouverait point.
Dans la plupart de ses dialogues, faisant converser ses personnages, elle trouve moyen, à chaque jolie chose qu’elle leur prête, de faire dire à celui qui réplique : « Tout ce que vous dites est bien dit… Tout cela est merveilleusement trouvé. » Ou, selon un mot qu’elle affectionne : « Cela est fort bien démêlé. » Ce compliment indirect qu’elle s’adresse revient sans cesse, et elle est inépuisable en formules pour s’approuver.
Mais la lettre est à peine écrite, que cette vieille amie meurt, et M. de Maistre répond au comte Golowkin, leur ami commun, qui lui avait appris cette triste nouvelle : Vous ne sauriez croire à quel point cette pauvre femme m’est présente ; je la vois sans cesse avec sa grande figure droite, son léger apprêt genevois, sa raison calme, sa finesse naturelle et son badinage grave (quel admirable portrait !).
À la première visite que je lui fis, il me parla avec intérêt de ma position embarrassante, et toujours avec le ton d’un homme qui pouvait la faire cesser.
Sa morale, il nous l’avoue, se ressentit à l’instant de sa position nouvelle, de ses intérêts nouveaux ; sans devenir rigide, elle cessa aussitôt d’être relâchée : L’opinion, dit-il, l’exemple, les séductions de la vanité, et surtout l’attrait du plaisir, altèrent dans de jeunes âmes la rectitude du sens intime.
Ces discussions pourtant m’ont reporté en idée vers un homme dont le nom revient sans cesse et se trouve consacré comme exprimant le type du maître d’autrefois, le bon Rollin.
La somme de la douleur qu’ils oseront infliger aux antres hommes se diminuera sans cesse de celle qu’ils peuvent partager.
Ils ont sans cesse les gros mots à la bouche.
Du moins l’on sera forcé de conclure (si on n’est pas convaincu) que, Voltaire ayant soutenu éternellement le pour et le contre, et varié sans cesse dans ses sentiments, son opinion en morale, en philosophie, et en religion, doit être comptée pour peu de chose.
C’est devant cet indigne fétiche que des cierges allumés brûlent sans cesse.