Instruite actuellement de la vérité tout entière, tu ne dois plus conserver le moindre ressentiment pour un époux qui, de sa pleine volonté, n’eût jamais cessé de te chérir.
Croyez-vous que le combat de la volonté humaine contre le hasard, qui est le drame même de la vie, ait jamais été aussi furieux et aussi émouvant qu’aujourd’hui ?
Si l’on regarde ces dieux du côté de l’intelligence et de la volonté, ils ont encore toutes nos foiblesses et tous nos vices : ignorance des événemens, inconstance dans leurs desirs, imprudence dans leurs projets, injustice dans leurs actions. […] On peut alléguer deux choses à la décharge d’Homere : la premiere, que dans les tems de ténebres où il vivoit, il n’a pû avoir des idées saines de la divinité, et que, quelque esprit qu’on lui suppose, il n’a pû éviter absolument la contagion des erreurs et de l’absurdité du paganisme : la seconde, qu’au travers de cette nuit épaisse, il n’a pas laissé d’entrevoir quelquefois le vrai, comme quand il dit que d’un signe de tête, symbole de la volonté, Jupiter ébranla tout le ciel ; et qu’il compare ailleurs la vitesse de la course de Junon à la rapidité de la pensée.
Malgré toute la volonté d’une raison qui se croit maîtresse des moindres éléments d’une œuvre, l’inspiration sauve de ses griffes nombre de morceaux éblouissants. […] Le passage de l’état liquide à l’état gazeux, ou vice-versa, a lieu par voie de résonance de « rotation-expansion »… etc : nous arrivons en biodynamique à la physiologie où, d’un tourbillon vital d’éther, par la prépondérance de l’éther gazeux naîtraient et agiraient divers organes, les uns et les autres créateurs des sens, et, par leur entremise, des sensations. ces sensations obéiraient : les unes, par le toucher, par l’ ouïe à des modes de vibration, correspondant, comme les courants galvaniques de conduction ou comme la chaleur sensible, à des mouvements longitudinaux de translation ; — auxquels se rattacheraient, au degré psychologique individuel, les émotions, les réflexes ; au degré philosophique, l’action extérieure de la volonté, c’est-à-dire l’ autorité exercée et subie ; les secondes, par le goût, à des modes de rotation correspondant, comme les flux d’ induction magnétique ou comme la chaleur latente, à des mouvements de conservation ; — auxquels se rattacheraient, au degré psychologique individuel, les phénomènes de la mémoire, des habitudes, des instincts ; au degré philosophique, la sympathie, base de la morale ; les troisièmes, par la croissance, la génération, la vue (l’auteur donne aux yeux des pouvoirs multiples plus complexes qu’aux autres organes des sens), à des modes de déformation élastique, correspondant, comme les effluves électrostatiques ou comme la chaleur rayonnante, à des mouvements de distorsion transversale et d’ expansion volumique ; — auxquels se rattacheraient, au degré psychologique individuel, en même temps que les jugements et les conceptions, les sentiments et les intuitions ; au degré philosophique, avec l’ éducation, tous les faits esthétiques, tous les faits éminemment psychiques et religieux, les faits de création. la manière est remarquable dont M.
. — Je ferai de mon mieux : Dieu est le maître ; je ne néglige rien pour mettre les bonnes chances de mon côté ; mais je sens bien que je navigue dans une mer semée d’écueils, et que chaque jour j’en vois sortir de nouveaux du fond des eaux… — À la volonté de Dieu !
Le rôle qu’il y a pris et qui a fait de lui comme le défenseur déclaré de la libre pensée a été moins le résultat d’une volonté réfléchie que d’un mouvement irrésistible.
Du reste, il remplirait mal les autres : la machine administrative, avec ses milliers de rouages durs, grinçants et sales, telle que Richelieu et Louis XIV l’ont faite, ne peut fonctionner qu’aux mains d’ouvriers congédiables à volonté, sans scrupules et prompts à tout plier sous la raison d’État ; impossible de se commettre avec ces drôles.
Si, lorsqu’ils ont l’intention d’en exécuter un, on les en empêche, c’est tout à fait à leur insu, et ils croient l’avoir exécuté, parce qu’ils en ont eu la volonté.
L’opprimé s’armera de leur toute-puissance, et fera plier les oppresseurs sous la volonté de ces maîtres communs.
La taille n’était ni élevée ni petite ; on ne songeait pas à la mesurer, mais à l’admirer ; elle paraissait à volonté grande ou petite ; elle avait autant d’harmonie que le visage.
Depuis qu’elle avait recouvré son anneau enlevé au doigt de Roger, elle voyageait seule et sans crainte, sûre de se rendre invisible à volonté.
Il y en avait alors tant et tant, qu’on pouvait en prendre à volonté avec la première ligne venue, pourvu qu’il y eût au bout une épingle amorcée de quelque sorte de ver ou d’insecte que ce fût, et même d’un morceau de poisson frais.
Quand la littérature n’est pas ainsi émasculée par la volonté de fer d’un maître absolu, elle prend, du moins, sous un régime de compression, des caractères particuliers.
La décision suprême appartient à l’usage, c’est-à-dire en somme à la nation qui demeure la vraie souveraine, malgré tous les efforts qu’on a pu faire pour lui imposer la volonté d’une élite qui est parfois une coterie.
j’étais beaucoup plus fort que lui, me dit-il, mais l’épée me grise… ça m’arrive même à la salle d’armes… Je me suis jeté sur son épée… le foie est touché… S’il n’y a pas de péritonite… Il n’achève pas sa phrase, mais tout affaibli qu’il est par la perte de son sang, on sent dans le noir de son œil, la volonté de se rebattre un jour.
La mort qui vient est, elle aussi, une puissance qui s’empare de vous, doucement : c’est encore une volupté de se sentir aller sans résistance, sans volonté.
Et ces êtres qui présentent à la vie la carapace de leur stupidité, rubiconds et point méchants, oppriment, grâce à d’obcènes accoup-plements, ces admirables femmes, Mme Bovary, supérieure par la volonté, Mme Arnoux supérieure par les sentiments, qui, avilies ou contenues, subissent le long martyre d’une vie de tous côtés cruellement fermée.
L’explication s’en trouve : en partie, dans la persistance et la continuité de la tradition latine ; en partie dans l’effort de nos légistes pour faire triompher sur l’esprit germanique ou féodal l’esprit du droit romain ; et enfin dans l’encouragement que nos rois donnent à un effort qui fait les affaires de leur plus noble ambition, puisque aussi bien il fait celles de l’unification des volontés et de la formation de la patrie française.
L’influence des circonstances extérieures a été souvent surmontée et vaincue, ici par la volonté de certains individus d’élite en ce qui les regardait eux-mêmes, là, pour les masses, par les gouvernemens et les institutions.
« Mais toutes choses sont contenues dans sa volonté.
Lequel d’entre nous ne serait pas un peu fonctionnaire public, si le désarmement vis-à-vis de l’autorité constituait la fonction, et qui peut se vanter d’exercer son état, quelque indépendant qu’il paraisse, malgré la volonté bien arrêtée de tel ou tel ministre ? […] À ce propos, un étranger m’exprimait son étonnement de voir que, dans un pays ou le suffrage universel est la base même du pouvoir, toute adhésion individuelle accordée d’une façon un peu éclatante au gouvernement attirait des désagréments à celui qui la donnait. « Comment se fait-il, me disait-il, que, tout en proclamant politiquement que votre gouvernement est l’émanation directe de la volonté de la majorité, socialement vous paraissiez ne comprendre l’indépendance que dans l’opposition ? […] Heureux déjà celui qui n’a point perdu la croyance dans le bien, la persévérance dans la volonté, l’amour du travail. » La donnée, on le voit, quoique simple, est suffisamment dramatique. […] Pour l’observateur le moins clairvoyant, des symptômes nombreux annoncent, pour une époque qui peut être très rapprochée, un grand mouvement chez le peuple russe ; on se demande avec inquiétude si ce colosse débonnaire, sans traditions, sans croyances, sans espérances politiques définies, pourra jamais formuler une volonté nationale.
Quand je me porte bien, je ne connais pas cette maladie, et il me semble qu’avec autant d’esprit et de philosophie que vous en avez, n’étant assujetti à la volonté de personne, étant libre en un mot, vous devriez vous suffire à vous-même. […] C’est qu’en tout temps et par tous pays, les aristocraties sont la création de leur volonté, si je puis ainsi dire ; et qu’habituées, par l’hérédité comme par l’éducation, à mettre leur honneur dans l’orgueil de cette volonté, la dernière chose qu’elles perdent, c’est le sentiment ou l’illusion de leur liberté. […] L’analyse n’est pas un dissolvant ou un poison de la volonté ; et l’étude attentive de la vie peut bien avoir pour effet d’en rendre la complexité plus difficile à reproduire, elle n’en fait pas évanouir la réalité. […] Renan ce que vient faire ici Iahvé, « cette créature d’un esprit si borné » ; qui d’ailleurs n’existe point ; et dont la volonté, pour avoir un objet, devrait cependant commencer par avoir un support dans sa personne.
La bonne philosophie ne me permet de supposer dans les choses que ce que j’y aperçois distinctement ; mais je n’aperçois distinctement d’autres facultés dans l’esprit que celles de vouloir et de penser, et je ne conçois non plus que la pensée et la volonté puissent agir sur les êtres matériels ou sur le néant, que le néant et les êtres matériels sur les êtres spirituels. […] Est-ce qu’on cesse d’être méchant à volonté ? […] Je jugeais de votre cour par la nôtre, où le déplacement, la mauvaise volonté d’un commis suffisent pour embarrasser, retarder, faire échouer les projets les plus importants. […] J’ai fixé ma page à ma volonté.
La Notice est parfaite, simple, grave et sentie ; mais l’éditeur, astreint à des volontés particulières rigides, et les respectant avec scrupule, a fait entrer dans le recueil trop de matière, et sur des sujets dès longtemps éteints ; il n’a pas tout mis, il aurait dû retrancher plus encore, couper, tailler, sacrifier sans merci dans l’intérêt du mort et pour dégager la statue.
Il découvrira que cette loi essentielle du genre est violée ; qu’Arnolphe n’est comique qu’objectivement et pour autrui, qu’il se prend lui-même trop au sérieux, qu’il met à poursuivre son but une âpreté de volonté tout à fait incompatible avec la gaieté comique, et que, par suite, quand finalement il échoue, loin de pouvoir rire, comme les autres, libre et satisfait, il reste l’objet piteux et déconfit d’un rire étranger306.
Un peu plus tard, Beaumarchais, lisant chez la maréchale de Richelieu son Mariage de Figaro, non expurgé, bien plus vert et bien plus cru qu’aujourd’hui, a pour auditeurs des évêques et des archevêques, et ceux-ci, dit-il, « après s’en être infiniment amusés, m’ont fait l’honneur de m’assurer qu’ils publieraient qu’il n’y avait pas un seul mot dont les bonnes mœurs pussent être blessées285 » : c’est ainsi que la pièce passa, contre la raison d’État, contre la volonté du roi, par la complicité de tous, même des plus intéressés à la supprimer. « Il y a quelque chose de plus fou que ma pièce, disait l’auteur lui-même, c’est son succès. » L’attrait était trop fort ; des gens de plaisir ne pouvaient renoncer à la comédie la plus gaie du siècle ; ils vinrent applaudir leur propre satire ; bien mieux, ils la jouèrent eux-mêmes Quand un goût est régnant, il aboutit, comme une grande passion, à des extrémités qui sont des folies ; à tout prix, il lui faut la jouissance offerte.
Deux fois sire Bedivere part pour faire la volonté du roi : deux fois il s’arrête et revient dire faussement au roi qu’il a jeté l’épée ; car ses yeux sont éblouis par la merveilleuse broderie de diamants qui fleuronnent et luisent autour de la poignée.
« De pensée en pensée, de colline en colline, l’amour me conduit loin de tous les sentiers frayés sans que je puisse y trouver la paix de l’âme, etc. » Aussi revint-il encore sur ses pas, cette fois comme rappelé par un attrait supérieur à sa volonté.
Il n’y a certainement qu’un usurpateur de génie qui ait la main assez ferme et même assez dure pour rétablir… Laissez faire Napoléon… Ou la maison de Bourbon est usée et condamnée par un de ces jugements de la Providence dont il est impossible de se rendre raison, et, dans ce cas, il est bon qu’une race nouvelle commence une succession légitime, etc. » On voit avec quelle souplesse de logique le fidèle de l’ancien régime se convertit aux volontés de la Providence et les justifie même contre son propre dogme.
Il ne négligeait pas cependant les fonctions plus graves qu’il remplissait comme administrateur à Ferrare ou dans les provinces ; c’était un de ces esprits multiples, mais précis, qui disposent à volonté de leurs facultés diverses, et qui savent tantôt se servir de leur imagination, tantôt la dompter pour la réduire à son rôle dans la vie : le charme, l’ornement ou l’amusement de l’existence.
Et cependant rien ne peut lasser ta volonté, décourager tes efforts.
Je ne savais pas, j’étais inexpérimenté ; l’illusion, ce mirage des belles âmes, me possédait ; maintenant le temps a fait son œuvre, et il ne me reste de ces saintes erreurs que celle qu’il faut nourrir toujours, bien qu’elle m’ait souvent trompé : l’amour du mieux pour l’humanité. » III M. de Las-Cases à Sainte-Hélène, auprès de Napoléon, le capitaine Medwin, auprès de lord Byron en Italie et en Angleterre, furent chacun un de ces échos providentiels que le hasard ou la volonté place à côté de ces grands hommes pour répercuter à l’avenir leurs confidences fausses ou vraies, intéressées ou désintéressées, selon qu’ils voulaient parler à leur chevet ou parler, comme on dit, par la fenêtre.
On se donnait à volonté ce tour d’esprit.
Leur volonté n’en a peut-être pas tout le mérite.
Il avait pris, tour à tour, à la volonté des gens, les nobles traits d’Alceste, la mine d’aigrefin de Mascarille, le visage refrogné de Sganarelle, l’air ingrat et les mains crochues d’Harpagon.
Il a souffert pour les fautes de sa volonté et souffert pour des torts involontaires.
25 octobre Tous ces jours-ci de l’ennui, du gris dans l’âme, un dégoût des choses et des gens, un découragement de la volonté, un malaise de la vie.
Est-ce que la volonté ne serait pas un fluide aimanté qui, par son intensité, deviendrait une force inconnue et magnétique ayant le pouvoir de l’attirement des choses et des faits ?
Comme on le reconnaît par ces exemples, il n’y a guère chez Tolstoï de descriptions pures ; la nature n’est pour lui que le théâtre des actions humaines, un milieu montré dans la mesure où il modifie et détermine les sensations, les volontés et conditionne les actes.
Cette coterie littéraire, toute-puissante et comme inviolable dans l’opinion, rappelait assez l’école dogmatique qui a prévalu depuis trente ans parmi nous en politique et même en littérature, par une volonté tenace et bien disciplinée plus que par une véritable supériorité de génie.
Une lampe où brûlait l’ardente volonté, Et que rien, après moi, ne reste sur le sable, Où l’ombre de mon corps se promène ici-bas ?
Une autre considération mérite qu’on s’y arrête : parmi des animaux et des plantes qui peuvent se propager rapidement et qui ne se meuvent pas à volonté, il y a quelque raison de soupçonner, comme nous l’avons déjà vu, que les variétés sont d’abord locales, que ces variétés locales ne se répandent que lentement et ne supplantent leur souche mère que lorsqu’elles se sont considérablement modifiées et perfectionnées.
L’énergie, la vivacité, l’involontaire spontanéité de son talent, le sauvèrent et du conseil et de sa propre volonté.
S’il faut, pour que ma volonté se manifeste sur un point donné de l’espace, que ma conscience franchisse un à un ces intermédiaires ou ces obstacles dont l’ensemble constitue ce qu’on appelle la distance dans l’espace, en revanche il lui est utile, pour éclairer cette action, de sauter par-dessus l’intervalle de temps qui sépare la situation actuelle d’une situation antérieure analogue ; et comme elle s’y transporte ainsi d’un seul bond, toute la partie intermédiaire du passé échappe à ses prises.
Il y a, à coup sûr, une doctrine supérieure à celle de Vigny, c’est celle qui consiste, au lieu d’un stoïcisme farouche, à nous donner la confiance dans une volonté suprême et la résignation à ses ordres : mais cette doctrine-là, c’est celle qu’enseigne la religion, et comme philosophie humaine, purement humaine, je crois qu’il y en a peu qui montrent autant de vigueur, autant de noblesse que celle que Vigny a exprimée dans ses Destinées. […] Les classiques, de même qu’ils ne portaient pas leur barbe, généralement ne portaient pas non plus de cheveux — ce n’était pas mauvaise volonté, mais c’était pour une autre cause ; — les romantiques avaient des crinières mérovingiennes.
Il n’est pas coupable ; il n’a pas su ce qu’il faisait, et le pêché est dans la volonté, non dans l’acte matériel. — Évidemment ; et voici que nous pressentons enfin la pensée de Sophocle. […] Je ne puis interrompre ni reprendre le drame à volonté, comme je fais d’an roman. […] Et vous acceptez le cadeau, par soumission à la volonté divine. […] Il est puéril et coupable, il n’est ni d’un philosophe ni d’un chrétien de se révolter contre les choses inévitables ; je me résigne. « Je supporte et je m’abstiens », — surtout je m’abstiens — suivant la maxime stoïcienne ; ou plutôt je me soumets, je pardonne, je suis doux, j’adore la volonté de Dieu.
Cette évolution est un travail humain et social sur lequel des volontés isolées ne peuvent rien. […] Elle avait rencontré en France de tels obstacles, de telles mauvaises volontés, qu’elle s’était vue forcée d’aller créer le rôle à Londres. […] Il a de la volonté et une véritable largeur de vol. […] Oui, j’aime ces choses, malgré leur folie, parce qu’elles sont la volonté d’un artiste, et que dans leur incohérence même on sent l’enfantement d’un esprit qui n’a rien de vulgaire. […] L’héroïne est diminuée, car elle n’est plus la seule volonté ; tout se trouve déplacé, c’est Octave Froment qui commet le crime, nous n’avons plus le beau cas de cette femme usant de la toute-puissance de son sexe.
Quand on arrive à ce degré d’amertume intense dans la douleur, il est évident que la crise ne saurait se prolonger au-delà d’un certain laps de temps : la capacité de souffrir est limitée pour l’homme ; d’une façon ou d’une autre, de par sa volonté personnelle ou de par les circonstances extérieures, il faut qu’il arrache son âme à cet état aigu qui rapidement lui deviendrait néfaste. […] Avec sa grande prétention de bannir la spontanéité irraisonnée du domaine de l’art, et de composer ses poésies comme un géomètre déduit ses théorèmes, par l’effet d’une volonté bien consciente, cet écrivain fut en réalité le plus soumis de tous aux caprices fantasques de ses multiples imaginations. […] Dix fois de suite l’expérience manqua : mais à la onzième, elle réussit beaucoup trop bien. — Un autre allumera un cigare à côté d’un tonneau de poudre, pour voir, pour savoir, pour tenter la destinée, pour se contraindre lui-même à faire preuve d’énergie, pour faire le joueur, pour connaître les plaisirs de l’anxiété, pour rien, par caprice, par désœuvrement… Un autre, timide à ce point qu’il baisse les yeux même devant les regards des hommes, à ce point qu’il lui faut rassembler toute sa pauvre volonté pour entrer dans un café ou passer devant le bureau d’un théâtre, où les contrôleurs lui paraissent investis de la majesté de Minos, d’Éaque et de Rhadamanthe, sautera brusquement au cou d’un vieillard qui passe à côté de lui et l’embrassera avec enthousiasme devant la foule étonnée.
Le grand point, le seul est d’être doué ; le reste ne vaut pas grand-chose et n’est que du talent, ce que n’importe qui peut acquérir avec une petite intelligence et une réelle volonté. […] Il faut avoir une volonté bien décidée de marcher ou en avant ou en arrière, ne pas s’arrêter ni rester sur place, beaucoup manœuvrer, tout faire vivement, attaques ou retraites. […] Rien ne peut rebuter le prince quand il sait avoir raison, et l’on retrouve la marque de cette volonté, en même temps que Tardent désir de servir sa patrie, jusque dans ces quelques lignes : Nous avons encore une grande conversation, le maréchal, de Salles et moi. […] Les intérêts qui s’y meuvent, exigent la stabilité du pouvoir exécutif dans son expression suprême : l’hérédité ; mais, sous la réserve des droits inaliénables, imprescriptibles, de « la Souveraineté du Peuple », dont la Constitution, directement émanée d’un acte de sa volonté, doit consacrer formellement l’exercice.
À franchement parler, je comprends qu’avec la meilleure volonté du monde M. […] Comment, ayant bien plus de volonté que de génie, M. […] Certes, et l’on ne saurait trop le redire, il a fait preuve d’une vigueur et d’une opiniâtreté d’observation peu communes, d’une faculté de déduction très sûre, d’une incroyable volonté d’intelligence. […] Dans Candide comme dans l’Ingénu (admirables histoires qu’il n’est dans ma puissance ni dans ma volonté d’amoindrir), ce ne sont pas les hommes qui s’agitent ; ce sont des abstractions qui glissent, impalpables, insaisissables au regard : Candide et l’Ingénu assistent à la vie et ne vivent pas eux-mêmes.
Il avait gardé de son séjour en Allemagne un goût particulier pour certains écrivains, comme Hartmann et Schopenhauer, qu’il connaissait bien, non seulement le Schopenhauer essayiste, élève de Chamfort, mais le personnel et sombre théoricien de la volonté dans le monde. […] Elle nous racontait encore ce soir-là une visite qu’elle fit dans un hôpital pendant l’épidémie cholérique de 1884, et ses efforts pour braver le fléau au milieu des bonnes sœurs sublimes. « Pourquoi, me disais-je, ma pitié et ma volonté ne me donneraient-elles pas contre la peur de la mort le courage que ces saintes filles puisent dans leur foi ? […] Loti se vengea le lendemain d’une façon éclatante, il parvint, avec la complicité des domestiques, à accrocher au ciel de lit de Mme Adam un tampon de drap qu’on pouvait tirer à volonté avec une ficelle rejoignant la chambre du second étage où il couchait.
La critique du Cid, par l’Académie-Française, n’est cependant pas un ouvrage méprisable, quoique ce soit un monument de son esclavage ; ce corps, placé entre le peuple et le ministre, entre l’opinion publique et la volonté d’un maître, ne pouvait se dissimuler l’embarras de sa position ; s’il était dangereux de mécontenter le despote, il était honteux de trahir, aux yeux de la nation, la cause des lettres : il fallait ménager l’amour-propre du cardinal et le goût de la multitude, combiner adroitement les doses de l’éloge et du blâme, pour satisfaire Richelieu sans offenser Paris. […] Il ne faut sans doute persécuter personne pour les opinions religieuses, tant qu’elles ne sont point manifestées et ne troublent point l’ordre public : la loi ne peut avoir d’empire sur les consciences ; elle n’a droit que sur les actes extérieurs : les théologiens n’ont jamais pu soutenir le contraire sans outrager et contredire l’Évangile ; mais il n’est pas moins vrai qu’il est très heureux pour une république que tous les citoyens soient réunis par le même culte comme par la même constitution, qu’ils aient tous le même dieu comme le même chef, que leur morale soit sanctionnée par les mêmes dogmes, et qu’ils soient tous persuadés que leur religion n’est pas une mode, un usage du pays, mais l’expression de la volonté divine, mais une loi universelle et sacrée, émanée du ciel pour le bonheur et le salut de la terre. […] Pauline se fait un titre de sa déférence aux volontés de son père, pour lui demander la grâce de Polyeucte : Au nom de cette aveugle et prompte obéissance Que j’ai toujours rendue aux lois de la naissance, Si vous avez pu tout, sur moi, sur mon amour, etc. […] Corneille nous découvre l’intérieur de cette cour faible et lâche ; il nous montre ce misérable esclave couronné, recevant à genoux les ordres du sénat, obéissant aux volontés de sa femme, tremblant devant un fils qui le brave.
Impatient de tout voir, et avec la meilleure volonté d’admirer, il court çà et là.
Mais sa femme a d’autres goûts, un caractère à elle, de la volonté.
Mais cette sévérité, fruit amer de l’expérience humaine, n’admet pas nécessairement la fraude et n’exclut pas la justice ; et j’aime à penser toujours, malgré la rareté du fait, que la volonté ferme du bien, une sagacité pénétrante jointe à l’absence de toute imposture, une équité inexorable, seraient encore les voies les plus sûres de gouverner, de tenir le pouvoir, — de le tenir, il est vrai, non pas de le gagner ni de l’obtenir.
L’administration, c’est la méthode du gouvernement, c’est cette syntaxe des lois, c’est ce mécanisme admirable des rouages intérieurs à l’aide desquels la volonté et l’action du pouvoir se transmettent avec régularité de la tête aux membres, pour imprimer à chaque chose éparse ou à chaque individu isolé l’unité et la force de l’ensemble.
Mais que votre volonté soit faite !
Sa profession religieuse de la constance de Dieu dans ses volontés y est admirable : c’est la même pensée qui me tomba de la main en écrivant à vingt ans à Byron : Celui qui peut créer dédaigne de détruire !
« — Que le pays te soit confié et aussi mon petit enfant, répondit le Roi, et protège bien les femmes: telle est ma volonté.
Jamais d’ailleurs, ministère n’eut moins d’influence sur le souverain que cette administration Tory qui, à force d’avoir accusé les Whigs, d’enchaîner la volonté royale, se trouvait à son tour les mains liées devant les caprices de la reine.
Nous ne pensons pas non plus que la conquête universelle, que la civilisation subordonnée à l’armée, qu’une volonté sans réplique à ses décrets, qu’un concordat rétablissant légalement un sacerdoce d’État sur les consciences, que la résurrection des noblesses, des baronnies du moyen âge, des majorats, des substitutions, des principautés, des féodalités recrépies de gloire, nous ne pensons pas que tant d’autres institutions du premier empire fussent des articles du programme philosophique et républicain de Béranger et de ses amis politiques de 1814.
Mais la sélection méthodique de l’homme nous montre ces deux éléments de variations comme bien distincts, les conditions de vie à l’état domestique causant la variabilité, et la volonté de l’homme, qu’elle agisse, soit consciemment, soit inconsciemment, accumulant les variations dans une certaine direction déterminée.
Les signes en sont évidents, éclatants : quand le mouvement se produit, qu’un muscle se contracte, quand la volonté et la sensibilité se manifestent, quand la pensée s’exerce, quand la glande sécrète, la substance du muscle, des nerfs, du cerveau, du tissu glandulaire se désorganise, se détruit et se consume.
Et en effet, avec la meilleure volonté du monde, cette régularité de structure, cette beauté d’analogie, cette simplicité de moyens que l’on rencontre à l’origine des langues et que l’on est convenu de décorer du nom de perfection, il est bien difficile au philologue de ne pas étendre insensiblement l’admiration qu’elles lui inspirent aux œuvres elles-mêmes qui sont, en vertu de la chronologie, les monuments ou plutôt les modèles de cette perfection. […] ici l’âne de Balaam prenant sa part du dialogue, et là Darius, roi des Perses, annonçant sa volonté dans ces termes : Ego mando Et remando Ne sit spretum Hoc decretum Hoc decretum Ohé ! […] Mais si vous cherchez pourquoi cette grande, ample et majestueuse phrase du xviie siècle est devenue la phrase vive, rapide et court vêtue du xviiie siècle, vous verrez qu’il faut ici tracer l’histoire de deux âges du génie français ; que cette transformation du stylé est le témoignage en quelque sorte extérieur d’une transformation intérieure de l’esprit national ; qu’on ne peut véritablement l’expliquer et la comprendre que si l’on a d’abord étudié le changement qui, d’un siècle à l’autre, s’est accompli dans les idées, dans les sentiments, dans les mœurs, dans la constitution même de la famille, de la société, de l’État ; et qu’enfin, si Voltaire écrit autrement que Bossuet, ce n’est pas seulement qu’il soit Voltaire, c’est que de l’un à l’autre tout a changé, c’est qu’il faut parler à des auditoires différents un langage différent, c’est que cette différence a été mise entre les auditoires par des événements dont les délibérations et les volontés des hommes ont été les principaux instruments. […] Ou, plus généralement, de quel droit faisons-nous sortir du plan de Pascal, à volonté pour ainsi dire, telle ou telle pensée qu’il nous plaît ? […] Mais je ne croirai pas aisément que l’on m’ait expliqué pourquoi le décor de Macbeth ou du Roi Lear changeait trente fois en cinq actes, parce que l’on aura constaté qu’il y suffisait d’un écriteau portant à volonté l’inscription ; « Ceci représente un palais », ou : « Ceci représente une forêt132 ».
Je ne vois pas qu’aucun de ses héros, qu’aucune de ses héroïnes soit placée dans une condition qui dépasse l’ordinaire ; je ne vois pas qu’aucun ni qu’aucune aient des vertus ou des vices qui ne soient nos qualités moyennes ou nos défauts ordinaires ; je ne vois pas enfin que personne d’eux prenne des résolutions qui ne soient à l’entière volonté des plus ordinaires d’entre nous. […] Ce n’est ni une charge ni une commission, c’est une pure marque de confiance, dont il n’existe ni provisions ni brevet, et que je tiens uniquement de sa volonté.
Salvadori Ruffini, qui doit être, — ou je me trompe fort, — un pseudonyme sournois de Nestor Roqueplan : « Trois rôles, tous trois différents en caractère, en beauté, en détails ; trois passions, sublimes, puissantes, plus élevées l’une que l’autre ; trois femmes d’une physionomie, d’une volonté et de passions diverses ; trois représentations également grandes de génie. […] Quand je me borne à constater un fait, loin de moi la pensée d’en conclure que ce soit pour Roger un insuccès ni un malheur c’est un accident dont l’artiste a finalement triomphe par le suprême effort de sa volonté et de son savoir-faire.
Non : la volonté, la conscience, la foi, l’idée de combat et d’effort se trouvant amorties, annulées par votre indifférence, l’âme n’ayant plus rien à faire de son empire et de soi-même cédera peu à peu et s’affaissera devant tout ce qui l’affaiblit, l’égare, la déprave ou la souille ; et, comme tout cela c’est la matière sous des noms plus ou moins grossiers ou plus ou moins superbes, le matérialisme que vous chassez de l’art par une porte y rentrera par l’autre : vous ne voulez pas qu’il domine les parties inférieures et techniques de la littérature, l’expression, le style, la phrase, la mise en scène, la forme, le jeu des caractères et des personnages, et vous lui abandonnez les parties supérieures et idéales, la pensée, la direction morale, les sources mêmes de l’inspiration. […] Puisque les vieux peuples ont besoin de contes comme les enfants, puisque la civilisation, l’oisiveté et la frivolité mondaines ont leurs exigences, puisqu’en un mot il faut des romans, il est peut-être moins sage de les déporter en masse que d’amnistier ceux où se révèlent des intentions droites, une imagination chaste, et une ferme volonté de ne flatter jamais ni les mauvaises passions, ni les idées agressives, ni les préjugés vulgaires, ni les rêves excessifs, ni les aspirations chimériques. […] Treize hommes, doués de cette force presque surhumaine que le roman moderne aime tant à prêter à ses héros, forment une espèce de conjuration mystérieuse, de carbonarisme mondain, qui leur assure un pouvoir sans bornes et leur permet de jouer à volonté le rôle de la Providence et du gouvernement. […] Il ne peut y avoir, en effet, ni religion vraie ni politique stable sans autorité morale, et ce n’est pas cette autorité que proclame le célèbre écrivain ; c’est une main de fer telle qu’il la faut pour dompter une société matérialiste ; c’est une puissance implacable, à qui peu importe de persuader ou d’éclairer les âmes, pourvu qu’elle maîtrise les volontés et les corps. […] Toujours aussi il y aura des Eusèbe de Nicomédie ou de Césarée, des esprits souples, insinuants, courtisans, habiles à capter la confiance du maître, à faire plier l’orthodoxie à ses volontés ou à ses caprices, à profiter du penchant de la toute-puissance pour cette vérité élastique qui la dispense de la vérité intraitable.
Bourges, de s’attirer en même temps la haine des directeurs et la mauvaise volonté des secrétaires généraux. […] Aussi, quand on voit un homme de ce milieu emporté à la déroute, un jeune homme surtout, qui pourrait si bien faire comme les autres, se redresser et lutter victorieusement contre le courant qui entraîne autour de lui les choses et les êtres, pêle-mêle, celui-là, on doit le saluer doublement, car son mérite — à mérite égal — est plus grand que celui d’un simple bourgeois ou d’un homme du peuple, qui ont pour les porter au combat la volonté et l’ambition puissante de s’élever et d’arriver. […] Zola est une œuvre de volonté, celle de M.
Ainsi, les pires chimères viennent fondre sur Lamartine, écrivain et homme public « interposant un voile fallacieux et brillant entre sa pensée ou sa volonté et les réalités, brouillant l’une avec la vision vraie des choses et l’autre avec les conditions objectives de l’action ». […] Entre la jetée morne et les coteaux assombris et les caps estompés, la mer se rende et gagne avec de longs murmures le rivage où sont tirés les bateaux de pêche : la Heine-Blanche et le Père-Liban, la Volonté de Dieu, la Belle-Brise, le Saint-Louis, l’Éclaireur, le Vengeur, le Marceau et la Mouette, le Magellan. […] Tout le monde est plein de mauvaise volonté contre le ministère, contre la famille royale.
Toujours par l’initiative et la volonté de Chateaubriand, la beauté poétique du Christianisme et sa puissance inspiratrice, complètement ignorées par nos aïeux, se sont imposées à tous les écrivains illustres de notre âge. […] Louis Ratisbonne, exécuteur des volontés d’Alfred de Vigny, sous ce titre « Journal d’un poète » a rassemblé des fragments, des notes, mémoires d’une âme, qui ont formé une œuvre durable pleine d’idées suggestives et d’intéressantes esquisses. […] La volonté du Maître y a fait dominer le lyrisme philosophique.
Il y a en art et en littérature une part d’inspiration et une part de volonté. […] Généralement, pour la trouver, il faut la chercher laborieusement, et, bien qu’elle soit un mérite positif du rang le plus élevé, c’est moins l’esprit d’invention que l’esprit de négation qui nous fournit les moyens de l’atteindre. » Nous avions, dans nos premiers livres, essayé de démontrer qu’à force d’assimilation et de volonté, Taine était parvenu à modifier son style. […] On peut à la rigueur bâcler des articles de journaux ; mais la critique n’a d’autorité que si elle est honnêtement écrite, c’est-à-dire écrite avec netteté, en toute conscience, avec l’amour de la forme, le goût du travail, la volonté de dire quelque chose de nouveau.
Je ne sais si lui-même voulut porter dans l’Orient toute la force de sa volonté, s’il voulut consumer là tout l’empire qu’il avait sur l’âme des hommes. […] Il n’y a point de mal à vous de faire ma volonté, car vous êtes en ma prison. — Sire, puisque je ne puis m’y refuser, je le ferai sans retard.”
Duverney mourut, laissant un acte par lequel il déclarait Beaumarchais quitte de toutes dettes envers lui, reconnaissait lui devoir la somme de 15, 000 francs payable à sa volonté et s’obligeait à lui prêter, pendant huit ans, sans intérêt, une somme de 75, 000 francs. […] On trouve un moyen toujours sûr de lui plaire en suivant sa volonté ; elle est aussi la règle de nos devoirs et la source de nos plaisirs. […] Il était à craindre que cette volonté inflexible, résolue à suivre sa ligne tout droit sans faire aucune concession au goût, venant un jour à prévaloir sur les heureuses et libres inspirations de la nature, ne s’engageât irrévocablement dans une fausse direction. […] « La religion positive est en moi une chose de volonté et de raison plus que de sentiment, c’est un malheureux état.