Le roman d’aujourd’hui leur doit un renouveau d’exactitude, un rajeunissement pittoresque, une attention plus soutenue et plus éclairée dans la peinture des milieux, ainsi que le souci d’un cadre élargi et précisé, souci presque inconnu jusqu’à Madame Bovary.
— Assemblage de pièces de métal pour soutenir ou contenir un ouvrage de maçonnerie, de charpente, etc.
On croit qu’une tragédie de M. de Jouy ferait du bien, et l’on est tenté de soutenir que, dans un pays où l’on écrit et où l’on admire de telles poésies, il n’est pas possible que La Fontaine ait existé !
que de faire parler et agir avec toutes les raisons et toutes les noblesses les soldats de cette Royauté détestée, que Victor Hugo ne déteste peut-être plus… et les soutiens de cette religion bête qu’un homme d’autant de génie que lui, parbleu !
Peut-être gagnerons-nous d’ailleurs à ce contact soutenu quelque chose de plus souple qu’une définition théorique, — une connaissance pratique et intime, comme celle qui naît d’une longue camaraderie.
Cette crudité de style et cette violence de vérité ne sont que les effets de la passion ; voici la passion pure : Prenez l’affaire la plus mince, une querelle de préséance, une picoterie, une question de pliant et de fauteuil, tout au plus digne de la comtesse d’Escarbagnas : elle s’agrandit, elle devient un monstre, elle prend tout le cœur et l’esprit ; on y voit le suprême bonheur de toute une vie, la joie délicieuse avalée à longs traits et savourée jusqu’au fond de la coupe, le superbe triomphe, digne objet des efforts les plus soutenus, les mieux combinés et les plus grands ; on pense assister à quelque victoire romaine, signalée par l’anéantissement d’un peuple entier, et il s’agit tout simplement d’une mortification infligée à un Parlement et à un président.
Or, nous savons très bien qu’en littérature comme dans la vie réelle, le rôle de Chérubin est le plus difficile de tous à soutenir longtemps ; Figaro, dans l’œuvre de Beaumarchais, respire, agit et parle pendant trois longs drames ; le joli page ne paraît que dans quelques scènes, et puis Beaumarchais le tue comme on tue un enfant précoce qui s’est fait homme dix années avant les autres. […] Il est clair, il est fécond, il est habile, il est vrai, il est pénétrant, il est adroit avec tant de réserve pour le tremblement de terre, et tant de respect pour le Prométhée enchaîné, sans que pourtant, par respect même, il veuille jamais soutenir, comme ont fait tant d’historiens romains, que les lois aimaient mieux être abolies par César que défendues par Vitellius. […] » La justice et le bon sens, que soutient un beau langage, tels sont les premiers mérites de l’histoire ; ajoutez une âme libre, et une parfaite connaissance des choses que l’historien raconte. […] que d’assauts il eût soutenus ! […] Legouvé écrivant le Mérite des Femmes et la Mort d’Abel ; Delille bravant avec le courage d’un homme qui a peur les proscriptions de son époque ; ainsi, la vieille Comédie-Française jetée en prison tout entière pour être restée dévouée aux gentilshommes de la chambre, ses protecteurs et ses soutiens naturels, ce sont là autant de faits qui honorent la littérature de cc siècle.
Soutenus, au contraire, par l’idée qu’ils expriment, les poètes nouveaux peuvent donner plus d’ampleur à leurs œuvres, et la variété sans cesse renouvelée de leur rythme les autorise à de plus longs et riches développements : aux « épiceries » des Parnassiens, ils ont substitué de profonds et généreux poèmes. […] » Il est possible, d’ailleurs, qu’il ait un peu abusé de ces délicates trouvailles : la langue qu’il écrit, déconcertante de propos délibéré, — exige une attention minutieuse et soutenue, et peut lasser. […] Parmi les poèmes de Tel qu’en songe, d’intense méditation et de réflexion douloureuse, tête-à-tête singulier de Narcisse avec sa propre image, la Gardienne se distingue par un plus complet dédoublement de personnalité ; c’est tout un drame qui se déroule, dont les personnages, bien qu’« emblématiques », agissent et se meuvent… Sur une colline, au seuil d’un manoir délabré que le crépuscule environne, le Maître arrive, chevalier las que ses frères d’armes soutiennent.
Mais l’idée est beaucoup plus claire dans la Coupe et les Lèvres et surtout se déroule en épisodes d’un intérêt autrement lié et soutenu. […] Il lui faudrait, pour résister, un courage proprement héroïque, soutenu d’une foi religieuse qui lui manque absolument. […] La vérité extérieure de ces personnages est soutenue d’une psychologie délicate, quelquefois profonde sous un air de nonchalance. […] Le chef-d’œuvre, il l’a manqué cette fois encore : mais les qualités morales par lesquelles il mériterait de le faire transparaissent pourtant dans son ouvrage et, çà et là, le soutiennent. […] La Diane sanglante de Tauris peut sembler vénérable aux âmes pieuses, mais non la Vénus des carrefours soutenue du ruffian Mercure.
Je ne serais que trop porté à lui donner raison, puisque ceci, — qu’il faut autre chose que la surprise pour provoquer l’hilarité, — est précisément ce que j’avais soutenu ; mais la loyauté m’oblige à dire que les exemples accumulés par M. […] Le théâtre de George Sand Pendant les loisirs que m’a faits cette semaine, absolument vide de premières représentations et où, du reste, la chaleur antithéâtrale a fait enfin son apparition tardive — ne se retrouvera-t-il personne pour soutenir, comme le bon Sarcey, que les salles de théâtre sont des asiles frais et charmants pendant les ardeurs de l’été ? […] Elle a plu par l’honnêteté et la générosité de ses sentiments, inquiété un peu par l’inconsistance des caractères et l’invraisemblance des incidents, s’est soutenue en somme par l’adresse de la facture matérielle. Elle s’est soutenue aussi par le talent des acteurs, qui, souvent, a été admirable.
Au contraire, la prophétie est un état violent qui ne soutient pas. […] C’est ce sentiment du devoir qui les réunit, les inspira et les soutint, qui fit leur discipline, leur courage et leur audace, qui souleva jusqu’à l’héroïsme antique Hutchinson, Milton et Cromwell, qui provoqua toutes les actions décisives, toutes les résolutions grandioses, tous les succès extraordinaires, la déclaration de la guerre, le jugement du roi, la purgation du Parlement, l’humiliation de l’Europe, la protection du protestantisme, la domination des mers.
D’autres ont et avouent la tendance à tout simplifier, n’observent et ne comparent les faits que pour en extraire des résumés et des quintessences ; ils ont scrupule et comme pudeur à raconter des mécanismes si souvent décrits : ils établissent des portraits d’âmes, ne gardant de l’anatomie physique que la seule matérialité nécessaire à soutenir le jeu des couleurs. […] Mais l’essentiel de jadis est devenu l’accessoire, et un accessoire de plus en plus méprisé : très rares sont à l’heure actuelle les écrivains assez ingénieux ou assez forts pour se soutenir en un genre aussi démoli, pour éperonner encore avec assez d’autorité la cavalerie fatiguée des sentimentalités et des adultères.
Si insensée que doive paraître cette confidence, j’ai, pendant des années, été soutenu dans cette dure carrière par l’image des littérateurs imaginaires dans lesquels Balzac a incarné sa propre énergie : le Valentin de la Peau de chagrin, le Daniel d’Arthez des Illusions perdues. […] À ce terme de genre substituons celui d’espèce, et disons que, dans cette lutte pour l’existence que les espèces littéraires soutiennent les unes contre les autres comme les espèces animales, le roman avait conquis, dès le milieu du dix-neuvième siècle, non pas certes le rang dominateur qu’il occupe aujourd’hui, mais déjà une place de tout premier plan. […] Barbey d’Aurevilly a dû, pour soutenir sa vieillesse, faire de la copie jusqu’à sa dernière année. […] Il en a trouvé une, à laquelle il s’était attaché passionnément, qu’il a développée, soutenue, défendue avec une ardeur jamais lassée. […] Au fort de la guerre, en avril 1917, et tout près de sa fin, il se traçait ce programme : « Huit jours de lecture ; huit jours de méditation sans écrire ; huit jours de notations brèves ; huit jours de méditations écrites ; quinze jours d’œuvres soutenues… » Les noms de maîtres à étudier suivaient, parmi lesquels je relève ceux du Dante, de Musset, de Baudelaire, de Pascal, de Vigny, de Balzac, et, pour finir, celui du Vinci.
Enfin, on ne saura jamais si cet homme mystérieux soutenait un rôle (très noble et très innocent, d’ailleurs), ou s’il fut sincère, ni dans quelle mesure il le fut et ce qui se mêlait de gageure à sa sincérité ou de candeur à sa comédie. […] Croyez que pour la soutenir ainsi, il fallait de l’héroïsme, tout simplement. […] Le ton se soutient.
Le dessus de cette cheminée, manteau Louis XV qu’un plâtre peint en marbre noir non veiné simule assez, soutient tout un monde : l’Ariane, de Pradier, flanquée de deux vases de verre opalisé, en toute saison fleuris, et d’autres petits vases craquelés et granulés également fleuris, tasses à café, à thé, baguiers, cendriers, deux lampes énormes, en porcelaine, jamais usitées, de pur décor, aux deux extrémités. […] Elle soutint que jamais il n’y avait eu — au contraire — le plus léger dissentiment entre elle et Raizonville, que les sergots faisaient erreur. […] Shakespeare et Racineb Il s’est trouvé quelques jeunes gens, gardiens vigilants de ce qu’il leur plaît de baptiser ma réputation, pour affirmer, en toute bonne foi, mais témérairement, qu’au cours d’un bavardage intime au café, j’avais soutenu contre mon maître et ami Auguste Vacquerie, qu’il fallait préférer Racine à Shakespeare.
Dans l’ode suivante, une des plus décemment amoureuses de toutes ses poésies légères, il redescend avec la souplesse d’un dieu dans les prairies de l’Anio, pour y placer un dialogue digne de Théocrite entre deux amants ; c’est lui-même qu’il met en scène avec Lydie, car nul autre que lui ne pouvait soutenir en vers avec Lydie un si gracieux dialogue.
Lui seul peut aussi vous inspirer un véritable attrait, non de quelques instants, mais constant et soutenu, pour des œuvres et des occupations qui seraient, en effet, bien appropriées à la bonté de votre cœur, et qui rempliraient d’une manière douce et utile beaucoup de vos moments.
Alors il tient l’inspiration qu’il lui faut pour soutenir son imagination et pour être par surcroît l’idole d’un peuple pendant trente ans.
Mais, au fond, c’est l’armée qui les a portés où ils sont et qui les pousse en avant : c’est l’armée qui les soutient et leur donne la confiance ; c’est l’armée qui en eux se devance elle-même, et la conquête n’est faite que quand le grand corps, dans sa marche plus lente mais plus assurée, vient creuser de ses millions de pas le sentier qu’ils ont à peine effleuré et camper avec ses lourdes masses sur le sol où ils avaient d’abord paru en téméraires aventuriers.
Soutiens mon ferme propos, ô Salutaire ; aide-moi, ô toi qui sauves !
Et cette chronique, qu’on a dit avoir d’avance tant soutenu notre pièce, commençait à lui faire la méchante et basse guerre des cancans calomnieux, des citations falsifiées, et des dénonciations anonymes.
Cette thèse de Lettres épistémologiquement novatrice, soutenue à la Sorbonne, attaque la psychologie spiritualiste, et expose une théorie de l’hérédité inspirée de Lamarck (hérédité des caractères acquis) et de Spencer (évolutionnisme et progressisme), que Ribot a beaucoup lu à l’époque de sa Psychologie anglaise contemporaine (1870).
« Le jeune homme et la jeune femme sortent les derniers de la maison en glissant la clef par la chatière sous la porte ; l’homme tient à la main ses lourds outils de travail, le pic, la pioche ; sa hache brille sur ses épaules ; la femme porte un long berceau de bois blanc dans lequel dort son nourrisson en équilibre sur sa tête ; elle le soutient d’une main, et elle conduit de l’autre main un enfant qui commence à marcher et qui trébuche sur les pierres.
Et cela tient, il faut en convenir, à ce que dès nos premiers essais, dès nos premières démarches dans la vie, nous constations les terribles lacunes de l’éducation que nous venions de recevoir, et dont la principale était le retard que l’enseignement avait alors sur les mœurs, ce qui fait que nous ne connaissions rien de la société ; que nous ignorions les conditions de la lutte que nous allions soutenir ; et qu’en regardant les armes qu’on nous avait mises entre les mains, nous sentions qu’elles étaient puériles et que le combat était par trop inégal.
On pourrait d’abord soutenir que la fausse reconnaissance naît de l’identification de la perception actuelle avec une perception antérieure qui lui ressemblait réellement par son contenu, ou tout au moins par sa nuance affective.
Mais on peut aller plus loin, et soutenir qu’il y a des défauts dont nous rions tout en les sachant graves : par exemple l’avarice d’Harpagon.
Tandis que les historiens anciens ne les voyaient et ne les représentaient que dans l’indépendance de leur action politique, ou bien que dans l’originalité de leur œuvre esthétique ou scientifique, les historiens modernes les voient et les représentent sous l’influence et la pression des idées et des choses de leur temps et de leur pays ; ils nous les montrent comme ne faisant qu’exprimer et personnifier les sentiments, les passions, les idées, les intérêts des peuples, des classes, des partis qui les inspirent, les poussent et les soutiennent sur la scène qu’ils occupent.
Au dire, toujours heureux, de Barrès, Roger Marx, apôtre de l’individualisme, « sans témérité, mais sans palinodie, soutient, défend, louange les tentatives obscures, mal comprises, étouffées parfois, dès qu’il croit y rencontrer une saveur spéciale. […] Lamartine règne, incontesté ; Chateaubriand peut passer pour déjà classique ; Vigny, descendu de sa tour d’ivoire, part en guerre ; Hugo est en pleine victoire, mais sa campagne n’est pas finie, il a encore bien des luttes à soutenir.
Puis une autre fois, en dépit de Despréaux et de sa Poétique, on allait à Lulli, et, à de certains endroits de l’opéra de Cadmus, on pleurait : « Je ne suis pas seule à ne les pouvoir soutenir, disait Mme de Sévigné ; l’âme de Mme de La Fayette en est tout alarmée. » Comme cette âme alarmée est bien la délicatesse même !
Répétée incessamment, chaque jour plus vive, entretenue par une passion maîtresse, par la vanité, par l’amour, par le scrupule religieux, soutenue par de fausses sensations mal interprétées, confirmée par un groupe d’explications appropriées, elle prend l’ascendant définitif, annule les souvenirs contradictoires ; n’étant plus niée, elle se trouve affirmative ; et le roman, qui d’abord avait été déclaré roman, semble une histoire vraie. — Ainsi notre idée de notre personne est un groupe d’éléments coordonnés dont les associations mutuelles, sans cesse attaquées, sans cesse triomphantes, se maintiennent pendant la veille et la raison, comme la composition d’un organe se maintient pendant la santé et la vie.
Nous allons examiner de quels éléments cet édifice mental se compose, comment il se construit par quel équilibre il se soutient, et à quelles conditions il correspond à l’édifice réel et naturel des choses.
L’homme demande tout à la fois à l’agneau ses entrailles pour faire résonner une harpe, à la baleine ses fanons pour soutenir le corset de la jeune vierge, au loup sa dent la plus meurtrière pour polir les ouvrages légers de l’art, à l’éléphant ses défenses pour façonner le jouet d’un enfant ; ses tables sont couvertes de cadavres !
Le danger passé, j’avais laissé à un conseil de guerre le soin d’examiner les papiers trouvés et de les envoyer au gouvernement s’il le jugeait utile. » « Moreau, interrogé sur la nature du complot auquel on lui avait proposé de s’associer, persistait à soutenir qu’il l’avait repoussé.
Le talent de M. de Chateaubriand était lyrique et non scénique ; son imagination le soutenait sur ses ailes dans des régions trop élevées de la pensée pour s’abattre en face d’un parterre et pour faire dialoguer des hommes d’os et de chair.
« Alors, Scipion, ta prudence, ton génie, ta grande âme, devront éclairer et soutenir ta patrie.
Mais non, les fruits mêmes doux et amers de la maternité ne lui resteront pas pour charmer sa vie, pour soulager sa misère, pour soutenir sa vieillesse.
« Soutenir, continue-t-il ensuite, que toutes ces choses sont précisément comme je vous les ai décrites, ne conviendrait pas à un homme de sens et de bonne foi ; mais ce qui est certain, c’est que l’âme est immortelle ; en tout cris c’est un hasard qu’il est beau de courir, c’est une espérance dont il faut s’enchanter soi-même.
Les femmes surtout, qui sont destinées à soutenir et à récompenser l’enthousiasme, tâcheront d’étouffer en elles les sentiments généreux, s’il doit en résulter, ou qu’elles soient enlevées aux objets de leur tendresse, ou qu’ils leur sacrifient leur existence en les suivant dans l’exil. » XXXVI On ne peut s’empêcher de s’étonner et cependant de s’émouvoir des angoisses de cette femme, à qui le monde est ouvert, que sa maison, son père, ses enfants, sa patrie attendent, et qui se cramponne aux portes de Paris, comme si la terre et la vie allaient lui échapper avec l’horizon brumeux de cette ville !
Toutes les écoles littéraires qui se succèdent ont, malgré la diversité des théories qu’elles soutiennent, des caractères communs.
Il y a donc ici substitution d’une somme d’effets à une autre ; d’où nous concluons que la sensation est elle-même une sommation, non d’impressions inconscientes (comme le soutient Taine), mais d’impressions conscientes, dont chacune est trop faible, à elle seule, pour se détacher sur le panorama intérieur.
» Il est bon toutefois d’être deux pour se soutenir contre de pareilles indifférences et de semblables dénis de succès, il est bon d’être deux pour se promettre de violer la Fortune, quand on la voit coqueter avec tant d’impuissants.
» Et ce pochard qui n’était soutenu, ni par la religion, ni par la lecture des moralistes, a eu la mort la plus stoïque du monde.
Chaque proposition ordinairement courte se compose des éléments syntactiques indispensable, est construite selon un type permanent, soutenue par une armature préétablie, dans laquelle s’encastrent successivement d’innombrables mots, signes d’innombrables idées, formulées d’une façon precise et belle, en une diction définitive.
« C’est lui que le ciel et la terre, soutenus par son esprit, frémissent du désir de voir, quand le soleil dans sa splendeur surgit à l’orient : à quel autre Dieu offrirons-nous l’holocauste ?
Quelques autorités très compétentes soutiennent que le Chien couchant est directement dérivé de l’Épagneul, par de lentes altérations.
Je sors à l’instant de l’exercice d’un jeune homme appelé Guéneau de Montbéliard16, qui a soutenu au collège d’Harcourt une thèse sur les calculs intégral et différentiel ; ce jeune homme n’a pas encore seize ans, et il a été assujetti à tous les autres exercices du collège.
Ces blocs, épars çà et là, n’étaient souvent soutenus que par les arbres placés immédiatement au-dessous, et sans lesquels ils auraient roulé dans les vallées ».
Guillemin, qui a certainement du mérite dans l’exécution, dépense trop de talent à soutenir une mauvaise cause ; — la cause de l’esprit en peinture
Si Tartuffe y abuse un peu (par habitude et pour soutenir son rôle) du vocabulaire de la dévotion, cela même peut le servir, et cela est piquant plutôt que ridicule ; c’est à la fois un peu bizarre et très éloquent, avec un léger ragoût, un peu inquiétant, de sacrilège. […] » et vous sentez bien qu’une âme un peu noble ne saurait soutenir cette pensée. […] La comédie de Barrière, peu serrée de composition, très vieillie en maint endroit, — gâtée par d’incroyables niaiseries, — et en même temps soutenue d’un grand souffle comique et pleine d’une âpre vérité, est, tout compte fait, une fort belle œuvre ; mais il me semble qu’elle l’est un peu autrement que l’auteur ne l’a voulu et pour des raisons auxquelles, peut-être, il n’avait pas songé. […] C’est une plaisanterie qui peut se soutenir à la rigueur. […] de ne pas apporter une attention trop soutenue à ce que fait son corps, et de pouvoir se créer une vie morale profondément séparée de l’autre, qui va son train comme elle peut.
C’est le même droit que réclame Chatterton : « J’en ai le droit, de mourir… Je le jure devant vous, et je le soutiendrai devant Dieu27. » Et quand il en a usé, il entonne cet hymne à la mort : « Ô mort, ange de délivrance, que tu es douce ! […] La double thèse qu’il y soutient est celle-ci : que l’amour est incompatible avec le mariage ; et que, dans le mariage, la femme, dégradée de sa personnalité et devenue une chose, est sacrifiée au but social de la fécondité de la famille. […] Non, elle a trouvé des sectateurs ; elle a été soutenue par d’autres que par l’auteur de Jacques, et notamment par un de nos plus illustres romanciers. […] Lucrèce Borgia et le fou Triboulet ont servi de modèle au Vautrin du roman et du drame135, cet ignoble forçat en qui triomphent si insolemment le vice doublé d’astuce, le crime soutenu par l’audace, et qui nourrit dans cette effrayante dépravation un inexplicable sentiment de dévouement, d’amour quasi-paternel pour un jeune homme dont il a fait son fils d’adoption. […] Ce qu’on peut soutenir du moins sans paradoxe, c’est que la lecture assidue des romans, en habituant l’esprit à vivre dans un monde imaginaire, lui inspire le dégoût de la vie réelle et de ses devoirs, et lui en fait dédaigner jusqu’aux joies modestes et saines ; c’est qu’en faisant voir sous des couleurs le plus souvent mensongères la société, les hommes, le monde où nous devons vivre, elle développe les idées les plus fausses, les illusions et les espérances les plus folles ; c’est qu’enfin elle énerve la volonté en surexcitant outre mesure les puissances sensibles de notre nature, et rend l’âme pareille à ces malades dont la sensibilité physique est tellement exaltée que tout ce qui les touche les blesse, et que tout contact leur est une douleur.
Soutenir qu’envers le premier terme de la définition de Buffon les Goncourt ne se soient pas acquittés est parfaitement inexact ; on pense bien quand l’acte mental est adéquat à la fin qu’il se propose, et le fait de réclamer sans cesse d’un artiste qu’il pense davantage traduit le plus souvent une méconnaissance totale du rôle de la pensée dans l’art, — du plan où cette pensée est appelée à intervenir ; il n’en est pas moins vrai que c’est sur le second et plus encore sur le troisième terme de la définition que porte chez les Goncourt l’accent. […] Il est impossible de composer une œuvre si l’on n’est soutenu ou stimulé par l’assurance que ce que l’on écrit rencontrera de la sympathie. […] Oui, je le reconnais ; et il est exact de soutenir avec certains critiques qu’à cet égard l’œuvre de Browning n’a pas rempli par la suite les promesses de son Paracelse ; mais c’est peut-être en partie à cause même de cette absence du sentiment de l’unité que nous ne pouvons nous passer de Browning, aujourd’hui qu’en tous domaines la notion d’unité est remise à l’étude. […] Mais si cet essai — surgissant au moment d’une crise déterminée de mon histoire intérieure — m’aida à triompher de difficultés longtemps tenues par moi pour insolubles, c’est à cause de son assimilation de l’homme qui doute « à ces malades dont l’infirmité est de ne pouvoir pas s’en tenir à ce qu’on leur demande, à la question que l’on traite ; ils cèdent, il s’en vont de côté, ils dérivent tout de suite, ne parvenant pas à soutenir le tête-à-tête et la fixité.
Non seulement les rêveries qu’elle nous suggère, et qui sont en harmonie avec elle, lui donnent plus de charme ; mais elles soutiennent son intérêt ; elles nous préservent du désœuvrement mental où nous laisserait la simple vision. […] Une des attitudes que l’art représente le plus volontiers est celle de la méditation ; ce n’est pas seulement parce qu’elle est noble et calme, et qu’elle peut être longtemps soutenue ; c’est surtout pour son effet poétique. […] Je me demande même comment cette étrange hypothèse a jamais pu être soutenue ; car enfin on devrait se douter de la façon dont les écrivains composent ; on les voit au travail ; on sait quel a été le labeur des grands romanciers et des grands poètes.
Là, des événements soutiennent l’action : successivement frappent à la porte l’homme avec l’eau, l’homme avec le linge, l’homme avec le cercueil ; ici, rien ne se passe : à côté de la chambre où la mère agonise, les enfants et le père échangent des propos d’une parfaite banalité et l’atmosphère si impressionnante doit infiniment moins à la forme plastique du drame qu’à la vie intérieure des personnages. […] Nullement effarouché par les jeunes écrivains qui venaient de révolutionner la vie littéraire, il essayait de se composer, sur les hommes et les livres, une opinion à lui, inspirée de principes larges, soutenue par des idées générales, sans daigner se soumettre aux doctes édits de messieurs les pédants à lunettes. […] Mais je le rapproche de Maurice Wilmotte, car il soutient avec lui le bon combat pour la culture française.
Et le roman se termine par un jugement de Dieu, devant un tribunal où, en champ clos, les deux femmes, soutenues par le cadet, combattent et tuent l’assassin, à la suite de quoi le valeureux frère est fait samouraï par un daïmio. […] Le titre de ce volume, toujours gravé en ces belles grosses lettres ornementales de la Chine qui ont l’air de morceaux de jade sculpté, et dans un cadre que soutiennent sur leurs cous deux petits Japonais à la figure rieuse sous les houppes de leur front et de leurs tempes, et c’est un charmant frontispice. […] Pin à l’étendue des branches couvrant un terrain immense, branches que soutient une forêt de tuteurs. […] Et ce mode de dessin, adopté par Hokousaï, vient à la suite d’une discussion avec un ami du peintre, qui soutenait que la physionomie d’un être humain ne pouvait être reproduite qu’avec le dessin de ses yeux et de sa bouche : discussion dans laquelle Hokousaï se fit fort de rendre l’expression, la vie d’un visage, en ne les y dessinant pas23.
Son glaive, brillant de clous d’or, est renfermé dans un fourreau d’argent, que soutient un baudrier tissu d’or. […] Les moments lui sont précieux, c’est pourquoi Phèdre, soutenue par ses femmes, s’affaisse sur le premier siège à gauche qui se trouve à sa portée. […] En effet, Phèdre sort de ses appartements et veut revoir la lumière du jour ; mais à peine a-t-elle fait quelques pas, soutenue par ses femmes, que ses forces l’abandonnent. […] Le mélodrame est un drame dont les situations pathétiques sont annoncées, soutenues et renforcées par la musique.
Un grand romancier l’avait déclaré plus véritablement poëte que lord Byron, et soutenait qu’on n’avait rien vu d’aussi parfait depuis Shakspeare.
Les poutres qui soutiennent le bâtiment (les muscles) sont plus qu’à demi pourries, et je ne sais plus où me retirer !
« Autant les Platon et les Aristote mettent d’apprêt et de tournure dans leurs maximes, autant ils s’échafaudent pour soutenir leurs principes, autant ils sont délicats dans le choix des détails, autant ce livre est simple, naturel et loyal.
« “Marchez donc, âme pieuse, marchez, et, quand vous croirez n’en pouvoir plus, redoublez votre ardeur et votre courage, car le Seigneur vous soutiendra.”
« Le 12 mai suivant, Alfieri était auprès d’elle, et à force de sollicitations, de servilités, de petites ruses courtisanesques (c’est lui-même qui parle ainsi), à force de saluer les Éminences jusqu’à terre, comme un candidat qui veut se pousser dans la prélature, à force de flatter et de se plier à tout, lui qui jusque-là n’avait jamais su baisser la tête, toléré enfin par les cardinaux, soutenu même par ces prestolets qui se mêlaient à tort et à travers des affaires de la comtesse, il finit par obtenir la grâce d’habiter la même ville que la gentilissima signora , celle qu’il appelle sans cesse la donna mia , l’amata donna. » Cependant, bien que l’amant vécût toute la matinée très retiré dans le palais Strozzi, auprès des Thermes de Dioclétien, faubourg isolé de Rome, il passait toutes ses soirées au palais de la Cancellaria, chez son amie.
Jusqu’en 1824, nous voyons durer le costume qui a été celui des contemporaines de Napoléon : des robes à taille remontée, à jupe courte ; des chaussures en forme de cothurnes, se rattachant à la jambe par des lacets ; une coiffure très haute se terminant par un chignon touffu, que soutiennent des fils de fer, et, par-dessus cet édifice compliqué, un turban (le turban des mamelucks), une espèce de baril de soie, comme on disait, ou bien un immense chapeau chargé de fleurs, ou encore une toque sur laquelle flotte un menaçant panache de plumes d’autruche.
Selon nous, une telle doctrine ne peut se soutenir exclusivement.
Il décrit le soulier de satin blanc, qui, pour chacune d’elles, est soutenu par un petit matelassage de soie dans les endroits où la danseuse sent qu’elle pèse et appuie davantage : matelassage qui indiquerait à un expert le nom de la danseuse.
Les médecins ne fument pas, et quelqu’un, en leur absence, soutenait au fumoir, qu’ils étaient les plus nuls des hommes !
Que l’on compare les procédés de notations de ses grands tableaux, d’analyse de ses grandes scènes, à ceux de nos romanciers naturalistes héritiers pour le style, des romantiques, on sera frappé du manque de force, de certitude, d’éclat, d’intérêt soutenu, d’épuisement du sujet, de la plupart des pages semées cependant de ramassements subits, qui synthétisent tout un ensemble.
II L’esprit humain n’a point une marche éternellement progressive et ascensionnelle, comme le soutient contre moi, hélas !
Il condense les eaux dans les nuées, et les nuées soutiennent leur propre poids, etc. » Puis, comme se repentant aussi d’avoir trop dégradé l’homme, il entonne l’hymne de ses grandeurs, il les énumère dans ses innombrables industries, dont l’énumération à cette époque atteste que le travail humain avait déjà transformé le globe.
Et puis ce bruit s’apaise, et l’âme qui s’endort Nage dans l’infini, sans aile, sans effort, Sans soutenir son vol sur aucune pensée, Mais immobile et morte, et vaguement bercée, Avec ce sentiment qu’on éprouve en rêvant Qu’un tourbillon d’été vous porte, et que, le vent Vous prêtant un moment ses impalpables ailes, Vous planez dans l’éther tout semé d’étincelles, Et vous vous réchauffez, sous des rayons plus doux, Au foyer des soleils qui s’approchent de vous : Ainsi la nuit en vain sonne l’heure après l’heure, Et, quand on vient fermer la divine demeure, Quand sur les gonds sacrés les lourds battants d’airain Tournent en ébranlant le caveau souterrain, Je m’éloigne à pas lents, et ma main froide essuie La goutte tiède encor de la céleste pluie !
Quelques-uns vont jusqu’à soutenir qu’une loi du progrès est tout simplement impossible.
À côté de lui, les pieds soutenus par l’indispensable tabouret, est assise sa maîtresse, grande drôlesse à qui il ne manque presque rien (ce presque rien, c’est presque tout, c’est la distinction) pour ressembler à une grande dame. […] Que dirons-nous du récit de Tannhäuser, de son voyage à Rome, où la beauté littéraire est si admirablement complétée et soutenue par la mélopée, que les deux éléments ne font plus qu’un inséparable tout ? […] Avouons tout de suite la raison principale, dominante : l’opéra de Wagner est un ouvrage sérieux, demandant une attention soutenue ; on conçoit tout ce que cette condition implique de chances défavorables dans un pays où l’ancienne tragédie réussissait surtout par les facilités qu’elle offrait à la distraction. […] Certes, c’est une grande chose que la vertu, et aucun écrivain, jusqu’à présent, à moins d’être fou, ne s’est avisé de soutenir que les créations de l’art devaient contrecarrer les grandes lois morales. […] L’un des plus orgueilleux soutiens de l’honnêteté bourgeoise, l’un des chevaliers du bon sens, M.
Le jeune homme s’y mit comme il put, non sans frasques et escapades ; s’il en faut croire la tradition, il était un des bons buveurs de l’endroit, disposé à soutenir la réputation de sa bourgade dans la bataille des pots. […] Il ne s’épanche point en conversations légères, en prose agile et bondissante ; il éclate en larges odes rimées, parées de métaphores magnifiques, soutenues d’accents passionnés, telles que la chaude nuit, chargée de parfums et scintillante d’étoiles, en inspire à un poëte et à un amant.
Il ne faut pas admettre dans un édifice aucune partie destinée au seul ornement ; mais visant toujours aux belles proportions, on doit tourner en ornement toutes les parties nécessaires à soutenir un édifice. » Sans insister sur une brève phrase qui contient en trente mots toute la théorie de l’architecture et peut-être de l’art tout entier, on fera remarquer que les comparaisons de Fénelon sont toujours tirées de ses souvenirs visuels. […] La préciosité n’est pas désagréable quand elle est soutenue Mme de Sévigné pare ses sentiments dès le matin, comme elle se pare elle-même ; elle leur passe l’habit de cour. […] Et si on dit que le lierre garde de la chute un arbre aux racines desséchées, je le veux bien ; le style est aussi une force, mais sa valeur est d’autant plus vite diminuée qu’elle s’exténue à préserver de l’anéantissement, la fragilité qu’elle embrasse et qu’elle soutient.
Il a soutenu d’aimables paradoxes, et très appuyés de documents, sur la chasteté de Molière et sur la vertu d’Armande Béjart, mais où l’on sentait un fin sourire de Gascon. […] viens soutenir mon courage ; viens remplir mon cœur de ces élans généreux, de ces sublimes sentiments que tu as tant de fois placés dans ma bouche… » (Placer des élans dans une bouche ? […] Mais cette réputation de « gentillesse », ne croyez pas qu’il soit si facile de la soutenir ; car non seulement il faut la mériter, mais il faut encore y consentir ; il faut y mettre de la modestie : il faut se résigner à voir vos contemporains hésiter, quelquefois avec malice, sur la part qui revient, dans le succès de vos œuvres, à votre talent et sur celle qui revient à votre vertu. […] Mais cet intérêt d’attente serait insuffisant à soutenir un acte entier. […] Mais ce Jacquemin souffre de son mensonge, et en même temps, il se croit obligé de le soutenir par pitié, pour ne pas briser le cœur d’un vieillard.