Or, comme il ne me plaît pas de rompre, il ne me reste que le dernier parti à prendre. […] Au moment où elle se croyait remise en possession, la voilà jouée sous main par les lus daveugles mouvements ; et il ne lui reste alors d’autre ressource, pour se venger des tours qu’on lui joue chez elle et des affronts journaliers qu’elle subit, que de s’en railler et de se railler de tout, avec légèreté et bonne grâce, s’il se peut, avec un sourire d’ironie universelle : triste rôle, qui fut celui que l’histoire attribue à ce Gaston d’Orléans, à la fois spectateur, complice et fin railleur de toutes les intrigues qui se brisaient et se renouaient sans cesse autour de lui. […] Au reste, il ne s’agit point, dans tout ceci, de blâmer ou de louer ; je suis moins disposé et moins autorisé que personne à ce genre de morale qui condamne, je crois très-suffisant pour mon compte de me tenir à celle qui observe et qui montre. […] Dispositions politiques des étudiants. — Études sérieuses. — Vie sociale assez douce. » Or c’est dans ce court intervalle de retraite, de douceur inespérée et de sagesse (sauf un reste de roulette), qu’il écrivait à Fauriel la lettre suivante, où se confirment les mêmes impressions : « Au Hardenberg, près Gottingue, ce 10 septembre 1811.
Bien qu’un peu raisonneuse, elle reste autant naïve qu’il est possible de l’être aujourd’hui, et, ce qui rachète tout d’ailleurs, elle aime comme il faut aimer. […] Au reste, je loue de grand cœur l’historien véridique de nous avoir montré Mlle de Liron un peu grasse, puisqu’elle l’était sans nul doute au commencement de cette aventure ; mais je voudrais qu’il se fût trompé en nous le rappelant vers la fin, et lors d’une saignée au pied qu’on lui pratique avec difficulté dans sa dernière maladie. […] J’imagine, pour accorder mon désir avec l’exactitude bien reconnue du narrateur, qu’ayant su par un témoin que la saignée au pied avait été difficile, il aura attribué cette difficulté à un reste d’embonpoint, tandis que la saignée au pied est quelquefois lente et pénible, même sans cette circonstance. […] Il nous reste, pour rendre un complet hommage à Mlle de Liron, à dire quelques mots des deux opuscules touchants, desquels nous avons souvent rapproché son aventure.
Tant que dure la vie, reste l’espoir. […] Ceci est un trait notable du caractère parisien curieux, gouailleur et naïf ; c’est peut-être quelque reste atavique d’une inclination, jadis normale, aux temps de vie plus chatoyante ; c’est surtout badauderie. […] Encore dans trente ans, il subsistera, de par la force acquise de l’habitude et l’influence gardée de la corporation, un reste de forme théâtrale. […] … Cependant que se meurt notre théâtre, notre littérature, reste forte.
Tant que dure la vie, reste l’espoir. […] Ceci est un trait notable du caractère parisien curieux, gouailleur et naïf ; c’est peut-être quelque reste atavique d’une inclination, jadis normale, aux temps de vie plus chatoyante ; c’est surtout badauderie. […] Encore dans trente ans, il subsistera, de par la force acquise de l’habitude et l’influence gardée de la corporation, un reste de forme théâtrale. […] J’attends les arrière-héritiers de Fiorentino et de Saint-Victor, pour savourer l’art avec lequel ils rendront compte, en leurs cinq cents lignes hebdomadaires, des productions véreuses d’un art enterré… VI … Cependant que se meurt notre théâtre, notre littérature reste forte.
Vesta reste l’aïeule immémoriale et auguste de l’Olympe romain. […] Le foyer, dans le monde antique, reste la pierre angulaire de toutes les cités. […] Il y en a toujours un en dehors qui se meut sur la terre, tandis que l’autre reste en dedans, attendant l’heure du départ. » — Prométhée, le sage de la famille, n’avait point pris part à l’assaut de l’Olympe ; mais il s’était déclaré le patron des hommes haïs par Zeus, à son avènement, comme une race suspecte de titanisme, capable elle aussi de révolte, peut-être, un jour, de rivalité. […] Les habitants du pays disaient que c’étaient les restes de la boue sacrée dont Prométhée avait fait les hommes.
La renommée du capitaine reste intacte, l’honneur du drapeau est sauf ; mais les ambulances sont pleines, et le Te Deum pourrait se chanter sur l’air du De Profundis. […] Cette fois Jane comprend enfin qu’elle a introduit dans son existence un animal stupide et farouche qui va la ravager, s’il reste un seul jour de plus. […] Nous arrivons à une scène hardie comme une opération essayée pour la première fois : elle pouvait, du coup, tuer la pièce ; la pièce n’en est point morte, mais elle en reste blessée. […] Mais l’ensemble reste sain et pur.
Ce qui reste, c’est l’ensemble des mœurs, c’est le fond du tableau, et rien ne paraît plus vrai ni plus vivant. […] Supprimez cette invention du tuteur, et tout le reste est vrai. […] Au reste, s’il y perd comme caractère, il n’y perd pas comme esprit. […] « Continuez vos ouvrages, lui écrivait l’abbé Galiani ; c’est une preuve d’attachement à la vie que de composer des livres. » Avec un corps détruit et une santé en ruine, elle eut l’art de vivre ainsi jusqu’à la fin, de disputer pied à pied les restes de sa pénible existence, et d’en tirer parti pour ce qui l’entourait, avec affection et avec grâce.
Or, dans Fontenelle, cette partie d’esprit pur et de bel esprit sans aucun reste de chaleur composa tout l’homme. […] Dans ce singulier ouvrage, et qui reste agréable et encore utile malgré tout, il fit entrer les vérités de Copernic dans une enveloppe à la Scudéry ; mais ici le mauvais goût a beau faire, la vérité l’emporte et prend le dessus. […] Ce grand esprit, atteint en ceci d’un reste de superstition, recule devant la vérité de Copernic et laisse indécise la balance. […] Dans son Histoire des oracles, si bien appréciée par Bayle (1687), il combat ce reste d’idée du Moyen Âge, encore ancrée dans bien des esprits, que les anciens oracles païens étaient rendus par des démons.
Le mot est dur, mais, une fois lâché, il reste vrai. […] Tout cela reste juste et incontestable. […] Au reste, cette légère et plutôt heureuse infidélité de l’excellent traducteur a été pour beaucoup dans son charme et dans sa gloire. […] Il reste quelque incertitude sur la date précise du départ d’Amyot pour Rome ; il se pourrait qu’il fût parti un peu ayant la mort de François Ier ; ce sont des détails peu importants, et que ses meilleurs biographes ne me paraissent pas avoir éclaircis.
Gourville, en un mot, c’est le type le plus complet et le plus parfait de l’homme d’affaires ; il y a, par-ci par-là, un reste de subalterne en lui ; il y a du galant homme aussi, et même des commencements de l’homme d’État. […] Gourville s’en alla donc avec des pouvoirs secrets ; il trouva moyen d’entrer dans la ville sous prétexte de retirer les meubles de M. de La Rochefoucauld : un reste de maître d’hôtel revenait à point pour cacher l’ambassadeur. […] Gourville l’en délivra ; il lui procura, ainsi qu’à M. le Duc, son fils, tout l’état honorable d’une grande existence, et de l’argent de reste pour leurs fantaisies d’embellissements. […] On conçoit au reste très bien qu’un ministre fît toujours entrer Gourville ; car avec lui on faisait entrer un esprit à idées et à expédients : il était bon à entendre sur n’importe quel sujet, qu’il s’agît de la marque d’or et d’argent, ou de la conversion des protestants.
La pièce reste précieuse, d’ailleurs, par les nombreuses particularités qu’elle renferme et auxquelles il ne manque que d’avoir été employées dans un esprit un peu plus doux et plus fraternel2. […] Bien qu’il se prononce dans un sens plutôt favorable aux croisés et à l’inspiration religieuse qui les a poussés, l’auteur ne dissimule rien des désordres ni des brigandages ; il reste tout philosophique dans son mode d’examen et d’explication. […] S’il reste philosophique, c’est à la manière de Robertson plutôt qu’à celle de Montesquieu. […] Michaud n’a jamais le cri, il reste dans ses nuances ; il dit ce qu’il sent, il confesse ce qu’il est, et les émotions rêveuses ou pieuses qu’il exprime nous arrivent dans une sorte de douceur et de modération d’autant plus persuasives.
Son secrétaire et sa fille lui faisaient les lectures qu’il ne pouvait plus faire lui-même : « Je suis accablé de lassitude, écrivait-il (31 mars 1747) ; je compte de me reposer le reste de mes jours. » L’idée d’ajouter à son ouvrage une digression sur l’origine et les révolutions des lois civiles en France, ce qui forme les quatre derniers livres de L’Esprit des lois, ne lui vint que tout à la fin : J’ai pensé me tuer depuis trois mois, disait-il (28 mars 1748), afin d’achever un morceau que je veux y mettre, qui sera un livre de l’origine et des révolutions de nos lois civiles de France. […] Tout cela dit, il reste l’œuvre de génie : des chapitres comme ceux d’Alexandre et de Charlemagne consolent de tout. […] Il disait un jour à Suard jeune et à d’autres qui l’écoutaient : « Je suis fini, moi ; j’ai brûlé toutes mes cartouches ; toutes mes bougies sont éteintes. » — Il écrivait vers le même temps cette pensée d’une mélancolie haute et sereine : J’avais conçu le dessein de donner plus d’étendue et de profondeur à quelques endroits de mon Esprit, j’en suis devenu incapable ; mes lectures m’ont affaibli les yeux, et il me semble que ce qui me reste encore de lumière n’est que l’aurore du jour où ils se fermeront pour jamais. […] Il avait la bonhomie de croire qu’il avait négligé de faire la fortune de son nom et l’illustration de sa maison : « J’avoue, disait-il, que j’ai trop de vanité pour souhaiter que mes enfants fassent un jour une grande fortune ; ce ne serait qu’à force de raison qu’ils pourraient soutenir l’idée de moi ; ils auraient besoin de toute leur vertu pour m’avouer. » Ainsi il croyait, par exemple, que si l’un de ses enfants devenait ministre, chancelier, ou quelque chose de tel, ce serait un embarras à un personnage si considérable que d’avoir un père ou un aïeul comme lui qui n’aurait fait que des livres, Ceci même est un excès de modestie ou un reste de préjugé qu’on a peine à comprendre.
Il fait au cœur et à l’esprit, — plus au cœur qu’à l’esprit encore, — une impression profonde qui y reste et qu’on y retrouvera, quand les livres à tapage seront oubliés. […] Aimez Dieu et gardez ses commandements, dit le précepte, et le reste vous sera donné comme par surcroît. […] et elle a le reste, — le reste auquel elle ne tient peut-être que pour Dieu, pour le service de Dieu encore !
En ce qui touche au reste de l’Europe, on n’en parle pas, parce qu’il faut s’en faire, parce que, partout ailleurs qu’en Allemagne, ces prétentions rencontreraient un démenti trop cruellement éclatant pour qu’on osât seulement les y exposer. […] Il y a là, comme partout, des écrivains à fantaisie et à système, plus capables d’admirer le passé que de dire ce qui conviendrait au présent ; mais l’Allemagne n’est pas plus catholique que jamais et que le reste de l’Europe. […] Après avoir dit ce que les prétentions de l’école ultramontaine voulaient faire du livre de Hurter, et montré combien ces prétentions étaient vaines, il nous reste à examiner l’ouvrage en lui-même. […] En effet, si une tache sanglante reste sur son nom, c’est que sa modération, pour le coup criminelle, n’a pas osé l’effacer.
De tant d’objections élevées par tant de penseurs les uns contre les autres, que reste-t-il ? […] Il en connaîtrait tout juste ce qui est exprimable en gestes, attitudes et mouvements du corps, ce que l’état d’âme contient d’action en voie d’accomplissement, ou simplement naissante : le reste lui échapperait. […] Mais si elles n’adhèrent au corps que par une partie d’elles-mêmes, il est permis de conjecturer, pour le reste, un empiétement réciproque. […] Car, sans doute, si l’on eût dépensé de ce côté la somme de travail, de talent et de génie qui a été consacrée aux sciences de la matière, la connaissance de l’esprit eût pu être poussée très loin ; mais quelque chose lui eût toujours manqué, qui est d’un prix inestimable et sans quoi le reste perd beaucoup de sa valeur . la précision, la rigueur, le souci de la preuve, l’habitude de distinguer entre ce qui est simplement possible ou probable et ce qui est certain.
Il avait un besoin passionné de connaître la destinée de l’homme ; il établit comme axiome que tout être a une destinée, et de là dérive le reste. […] Non-seulement nous remarquons ici, comme dans le cas précédent, que le transport des fardeaux est l’effet principal et ordinaire de la machine ; mais nous jugeons qu’il est sa cause ; un savant mécanicien s’est proposé ce but ; et le but a déterminé la quantité du fer, la disposition des roues, l’établissement des pistons, l’épaisseur de la chaudière, le choix du combustible, et le reste. […] Il ne remarquait pas que les axiomes du naturaliste aboutissent à des vérités redoutables qu’on n’ose aborder tant qu’on garde les restes de ses premières croyances, et qui l’auraient déchiré si elles l’avaient atteint. […] Homme intérieur, dévoué aux théories élevées et prouvées, arraché au christianisme par la logique, il a été égaré par des restes d’inclinations religieuses et par l’habitude de l’abstraction vague.
Le titre d’homme de 89, dont La Fayette nous offre la personnification équestre et en relief, reste lui-même le plus honorable, non-seulement en politique, mais en tous les genres et dans toutes les carrières. […] Il ne me reste donc pour espérer qu’un je ne sais quoi dont vous n’aurez pas de peine à faire rien du tout. » Pourtant l’aimable cousine (comme il appelle sa tante) ne se tient pas pour convaincue, et, du fond de son Holstein, elle le moralise toujours. […] Je croyais bien l’aimer, avoir besoin d’elle ; mais ce n’est qu’en la perdant que j’ai pu démêler ce qui reste de moi pour la suite d’une vie qui avait paru livrée à tant de distractions, et pour laquelle néanmoins il n’y a plus ni bonheur, ni bien-être possible. […] En la faisant bien comprendre dans son ensemble, il reste un point auquel il réussit difficilement à nous accoutumer : c’est lorsqu’aux Cent-Jours, et Bonaparte arrivant sur Paris, La Fayette, qui s’est rendu à une conférence chez M. […] oui, disait Sieyès, faites ; oui, pour qu’on vous tire aussi un coup de pistolet comme céla. » L’ambassade de Berlin acheva son reste de républicanisme.
Par suite de ce trébuchement du Saint Siège, tout le reste à la fois chavirait. « Quoi de plus naturel ? […] Un espoir nous reste-t-il ouvert ? […] André Gide, malgré quelques erreurs et même quelques négligences, reste un des premiers écrivains de ce temps. […] Sa critique de l’esthétique wagnérienne reste bien sommaire. […] Aussi le christianisme du Vicaire savoyard reste-t-il prodigieusement latitudinaire.
Tout le reste est mensonge et attrape-nigauds. […] Mme Sand arrive avec un air de somnambule, et reste endormie tout le déjeuner… Après le déjeuner, on va dans le jardin. […] Un jour elle finit un roman à une heure du matin… et elle en recommence un autre, dans la nuit… La copie est une fonction chez Mme Sand… Au reste on est très bien chez elle. […] ” s’écrie de Vigny… Avec cela un reste de militaire. […] Sa mère, née en 1794, et qui garde la vitalité des gens de ce temps, sous ses traits de vieille femme, montre les restes d’une beauté passée, alliée à une sévère dignité.
Il a, au reste, des amis très-bien disposés et très-dévoués au sein du Château, dans la personne même de la reine, si pieuse, et tout autour d’elle : l’atmosphère intime des Tuileries est plutôt propice à certaines concessions et serait capable de les inspirer. […] L'article est joli, méchant ; au reste, elle a de quoi rendre : griffes contre griffes ; combat de chatte et de matou.
Par malheur, il n’en est point absolument ainsi ; ce qu’on recueille dans de gros volumes n’est pas sauvé par là même, et ce qui reste dans des feuilles éparses n’est pas tellement perdu que cela ne pèse encore après vous pour surcharger au besoin votre démarche littéraire, et, plus tard, voire mémoire (si mémoire il y a), de mille réminiscences traînantes et confuses… Il convient donc de ne répondre littérairement que de ce qu’on a admis, et, sans avoir à désavouer le reste, de le rejeter au fond.
Mais d’ordinaire tant de causes nous échappent dans les événements humains ; et de celles que nous entrevoyons, un si grand nombre sont inappréciables de leur nature, que leur liaison avec les effets reste nécessairement indéterminée ; que d’un fait à un autre on ne peut assigner souvent d’autre rapport que celui d’être venu avant ou après, et qu’alors ce qu’a de mieux à faire l’historien est de s’en tenir scrupuleusement à l’empirisme d’une narration authentique. […] Qu’elle les ait, en effet, parcourues sans entraves ; que de la majorité dans le sein de laquelle elle s’était formée, elle ait, en s’altérant, passé au service des diverses minorités factieuses qui l’interprétèrent à leur façon et la maintinrent dominante ; que ces minorités, sortant l’une de l’autre et s’épurant sans cesse, en soient venues à tyranniser horriblement l’immense majorité subjuguée : c’est ce qu’expliquent de reste les besoins militaires de plus en plus impérieux de ces dernières périodes, besoins de détresse qui s’accordaient merveilleusement avec les passions furieuses du pouvoir, qui les eussent sollicitées si elles n’avaient été déjà flagrantes, et qui les firent tolérer tant qu’elles les servirent.
Cette partie de son œuvre, qui semblait caduque, m’attire aujourd’hui tout autant comme le reste. […] Il se peut que ses romans, mal compris, soient pour quelque chose dans les erreurs de Mme Bovary ; mais alors c’est aussi grâce à eux qu’il lui reste assez de noblesse d’âme pour chercher un refuge dans la mort.
Au reste, la partie rétrospective de l’exposition Bodinier nous fait très bien sentir qu’ils n’ont rien à eux, pas même leur tête. […] Ils se donnent si bien à nous tout entiers qu’après leur mort il ne reste rien d’eux, absolument rien, et qu’il n’en peut rien rester, et que leurs portraits même ne peuvent pas être leurs portraits !
Mais, au reste, certaines particularités de la destinée littéraire de M. […] Renan reste absolument original.
Viagère, elle reste douteuse, puisqu’elle n’est vraiment la gloire que lorsque le temps l’a consacrée ; et d’ailleurs nous voyons que la « notoriété » de très grands artistes est surpassée, de leur vivant, par celle de simples histrions. […] Au reste, le naturalisme a deux grandes ennemies : la douleur et la mort.
. — Il reste qu’avec son inaptitude artistique, son incompréhension, son ignorance, sauf de Dickens, sa sensibilité souvent feuilletonnière, M. […] Reste M.
On croit voir les ruines de Palmyre, restes superbes du génie et du temps, au pied desquelles l’Arabe du désert a bâti sa misérable hutte. […] Si Dieu ne lui a pas permis d’exécuter son dessein, c’est qu’apparemment il n’est pas bon que certains doutes sur la foi soient éclaircis, afin qu’il reste matière à ces tentations et à ces épreuves, qui font les saints et les martyrs.
Plus jaloux de préparer des regrets après ma mort, que d’obtenir des éloges de mon vivant, je m’étais dit : « Quand le peu que j’ai fait et le peu qui me reste à faire périraient avec moi, qu’est-ce que le genre humain y perdrait ? […] Au reste, mon ami, peut-être n’ai-je rien fait de ce que vous attendiez de moi.
Aucun jeune nom inconnu, l’espoir de ce qui nous reste de xixe siècle à vivre, n’a jailli de l’obscurité et brillé, je ne dis pas comme une étoile, — je ne suis pas si ambitieux, — mais simplement comme une de ces bulles de lumière dont le destin est de tout à l’heure s’évanouir ! […] Que sont, en comparaison, et le dernier volume de l’Histoire de Thiers, cette glace sans tain, comme il l’a lui-méme appelée, et les Nouveaux Éloges de Mignet, et l’Italie des italiens de madame Colet, et tout le reste de la liste si vite épuisée des livres d’histoire de cette année ?
Sa pompe funèbre, ajoute-t-il, a honoré le prince, son siècle, Rome et la tribune romaine ; et il n’a rien manqué au bonheur de sa vie, car il a été loué après sa mort par le plus éloquent des hommes43. » Un tel éloge, prononcé par Tacite, devait être intéressant ; mais nous ne l’avons plus : heureusement il nous reste de lui le chef-d’œuvre et le modèle de tous les éloges historiques, c’est sa vie d’Agricola. […] Les recherches des délateurs nous ont ôté jusqu’à la liberté de parler et d’entendre, et nous eussions perdu le souvenir même avec la voix, s’il était aussi facile à l’homme d’oublier que de se taire44. » Il se représente ensuite, au sortir du règne de Domitien, comme échappé aux chaînes et à la mort, survivant aux autres, et, pour ainsi dire, à lui-même, privé de quinze ans de sa vie, qui se sont écoulés dans l’inaction et le silence, mais voulant du moins employer les restes d’un talent faible et d’une voix presque éteinte, à transmettre à la postérité et l’esclavage passé, et la félicité présente de Rome.
Nous ne négligerons au reste aucune des réponses et des preuves qu’a données l’auteur à l’appui de ses savantes conjectures. […] En Italie, comme dans le reste de l’Europe latine, tous les actes se faisaient en latin. […] Que nous reste-t-il pour discuter ? Il nous reste l’état actuel de ces langues. […] Maintenant est parti son gentil cœur aimant, et reste pour notre malheur, déconfort et tristesse.
Sauf La Fontaine qui, je crois, est unique en cela comme dans le reste, les plus grands et les plus indépendants, Pascal, Descartes, Bossuet, La Bruyère, empruntent au régime établi leur conception première de la nature, de l’homme, de la société, du droit, du gouvernement386. […] Otez les surcharges ultérieures et divergentes ; il reste l’original, et cet extrait commun, par lequel toutes les copies concordent, est le déisme Même opération sur les lois civiles et politiques. […] On refuse d’admettre que la raison et la tradition puissent ensemble et d’accord défendre la même citadelle ; dès que l’une entre, il faut que l’autre sorte ; désormais un préjugé s’est établi contre le préjugé À la vérité, Voltaire « le patriarche » ne veut pas se départir de son Dieu rémunérateur et vengeur395 ; tolérons en lui ce reste de superstition en souvenir de ses grands services ; mais considérons en hommes le fantôme qu’il regarde avec des yeux d’enfant. […] La tragédie, qu’on dit morale, dépense en effusions fausses le peu de vertu qui nous reste encore. « Quand un homme est allé admirer de belles actions dans des fables, qu’a-t-on encore à exiger de lui ? […] Mais je le tiens pour un homme perdu, s’il a le malheur d’avoir l’âme honnête, une fille aimable et un puissant voisin. — Résumons en quatre mots le pacte social des deux états : Vous avez besoin de moi, car je suis riche et vous êtes pauvre : faisons donc un accord entre nous ; je permettrai que vous ayez l’honneur de me servir, à condition que vous me donnerez le peu qui vous reste pour la peine que je prends de vous commander.
reste ! […] Je reste auprès de toi. […] Tu m’assis par terre, tu m’embrassas ; moi je me défendais, et tu me dis avec douceur : “Regarde, notre maison est renversée ; reste avec nous, aide-moi à la reconstruire ; j’aiderai ton père à rebâtir la sienne.” […] Le jeune homme regarde encore longtemps cette poussière, puis il disparaît et reste là comme privé de sentiment. […] Elle s’incline doucement sur son épaule ; leurs poitrines, leurs joues se touchent, et lui reste là, immobile comme le marbre, enchaîné par son austère volonté.
« Ces roses de ces lèvres, comme les pommes de Tantale, s’avancent et se retirent ; l’Amour seul y reste avec son dard et ses torches pour vous blesser et vous consumer ! […] Il voulut, comme s’il se fût craint lui-même, s’enfermer pour le reste de sa vie dans le monastère des Franciscains de Ferrare. […] » Le reste de la lettre est un désordre si inextricable de mots et de pensées, qu’elle devient complètement inintelligible ; elle se termine par une invocation à Scipion de veiller à la sûreté du Tasse, et de faire intervenir le cardinal de Médicis pour obtenir qu’on lui rende la liberté. […] « Le Tasse étant maintenant rendu à une complète sécurité », dit son confident le plus intime de cette période de sa vie, le marquis Manso, « passa le reste de l’été dans la maison de sa sœur. […] Les murs du salon étaient tapissés en cuir doré ; le reste de l’ameublement annonçait une grande recherche ; au milieu était une table couverte de vases de porcelaine blancs comme la neige, pleins des fruits les plus variés et les plus beaux.
Cela est vrai au début des civilisations ; cela reste vrai de nos jours. […] Tantôt il leur attache ce nom qui leur reste : Les effrontés. […] Son poème s’intitule Lazare ; c’est le poème des misérables ; c’est la plainte des enfants, esclaves de la machine, privés d’air pur, de jeux, de sommeil ; c’est l’appel de détresse des femmes réduites à envier le sort de la vache, qui reste du moins à l’étable, oisive et paisible, lorsqu’elle a mis au monde un petit. […] On peut toutefois constater des restes de servitude économique. […] Celui qui gouverne, c’est le financier qui, du fond de la coulisse où il reste invisible, donne leur consigne aux rédacteurs, décide en quel sens on se prononcera, ce qu’on défendra ou attaquera.
… Mais de toute cette fantasmagorie, que reste-t-il après trois jours ? Ce qui reste d’une fusée d’artifice après qu’on l’a tirée. […] Et Wagner, sitôt cette question soulevée, y répond avec une certitude absolue : « Au contraire, la mélodie et sa forme comportent, grâce à ce procédé, une richesse de développement inépuisable et dont on ne pouvait, avant d’y avoir recours, se faire une idée. » Il l’affirmait, et l’on pouvait déjà s’en fier à lui ; mais l’audition de son œuvre apporte une telle preuve à l’appui de son affirmation qu’on reste confondu, non seulement du génie du compositeur, mais de la puissance et de la lucidité d’esprit de l’homme qui a conçu cette nouvelle « œuvre d’art », ainsi qu’il l’appelle. […] Déjà s’éloignent les dernières lumières ; ce que nous avons pensé, ce que nous avons cru voir, les souvenirs et les images des choses, les restes de l’illusion, l’auguste pressentiment des saintes ténèbres éteint tout cela en nous affranchissant du monde. […] Reste encore la musique de Struensée (1846) une des compositions unies, disons une des œuvres les moins vulgaires, de Meyerbeer.
Or, nous savons tous que Richard Wagner est une personnalité considérable que beaucoup de gens ont commis la méprise de vouloir imiter, attendu que c’est toujours par ses côtés personnels qu’on reste inimitable et incommunicable. […] Tant de gens ont écrit tant de choses à ce sujet, tant de littérateurs se sont mis à nous expliquer la musique, tant d’élégants mondains à nous dévoiler les profondeurs de la psychologie, qu’il reste peu à dire et que, pour devenir intéressant, il faudrait peut-être avouer, sans pudeur, ce qui se passe là-bas, là-bas, au fond du « moi ». […] Widor : « Paris capitulera, mais dans le sens biblique, devant un chef-d’œuvre. — Pour le reste, je me repose sur le Mont-Valérien, sur Boulanger, nos chasseurs d’Afrique et la mélinite. » M. […] Le reste est facile à interpréter. […] — Trois cent mille francs… — Il vous reste la ressource de partir avec votre troupe et votre matériel, soit à Bruxelles, soit à Londres, soit à Vienne.
Il ne tient qu’aux poètes d’oser y faire d’abondantes moissons, s’ils ne trouvent ailleurs que les restes des imaginations souveraines et des fantaisies superbes qui ont épuisé le champ pour plusieurs générations. […] Sa langue si pure, si habile, si nuancée, quand il reste dans les sujets antiques ou dans ceux qui n’ont pas d’âge, ceux que fournit le cœur humain, éternel dans ses douleurs, dans ses passions et ses joies, cette même langue s’embarrasse et se trouble dès qu’elle touche à des idées scientifiques ou à des pensées modernes que le vers français n’était peut-être pas encore en état de soutenir et d’exprimer. […] Tout cela est l’œuvre de l’âme se sentant elle-même, prenant conscience de sa liberté, un monde où viennent expirer les lois qui régissent le reste de l’univers : Espace intérieur, inviolable empire Qu’un refus du vouloir barre même au Destin. […] Le culte du sonnet, appliqué à de pareils sujets, est un reste du vieil homme, un souvenir du parnassien dans M. […] Cette révélation de la conscience, non expliquée, reste un mystère.
Et, en effet, quelques conversations en style de rapin, une affectation d’indépendance qui ressemble à la casquette que les jeunes filles se plantent sur l’oreille pour monter à cheval, la gaminerie d’allures que la bêtise et la lâcheté des hommes adorent, tout cela, dans le personnage de Renée, reste à la surface de la vie, et cela devait aller jusqu’au fond, la déformer et la débrailler. […] Il y a les détails du métier cherchés, appris, notés, sous la dictée des clowns ou des acrobates avec qui on s’est mis en rapport en vue d’un livre à faire et de son exhibition immédiate ; manière facile d’acquérir une érudition qui reste indigérée, et plus superficielle encore que facile de pénétrer des mœurs qu’il s’agirait de bien comprendre pour les exprimer. […] On reste sur ce derrière. […] Par une dernière délicatesse d’un talent qui fut parfois délicieusement féminin, par un reste en lui du xviiie siècle, le galantin M. de Goncourt ne quête que les femmes. […] La question est de savoir si le Talent — cet ogre du cœur qui mange le nôtre dans nos poitrines au point qu’il n’en reste bientôt plus rien — n’est pas plus tyrannique, plus absolu et plus féroce, en ces natures de grandes comédiennes, qu’en quelques artistes que ce soit, et n’exalte pas des vanités que les hommes ne connaissent pas à ce degré de délirante ivresse, et qui l’emporte sur tous les autres enivrements de la vie ?
La porte de l’établissement reste alors fermée. […] Ils veulent que je reste poète. […] Pour le reste, non. […] La victoire reste au plus jeune. […] on ne s’en aperçoit guère ; on croit qu’un mot reste stationnaire, “beau” reste “beau” et “bon” reste “bon”, à jamais.
Toute la question reste de savoir combien de temps se fera attendre la lassitude. […] Ce sont histoires sensuelles contées en un style dru, qui, en dépit des rimes, reste très voisin de la prose. […] Rien ne nous reste que le regret, le regret de toutes les choses en allées et qui ne reviendront plus. […] Et chacun de nous ne reste-t-il pas toujours fort semblable à lui-même ? […] Que leur reste-t-il des premiers enseignements reçus dans les années d’enfance ?
En 1789, trois sortes de personnes, les ecclésiastiques, les nobles et le roi, avaient dans l’État la place éminente avec tous les avantages qu’elle comporte, autorité, biens, honneurs, ou, tout au moins, privilèges, exemptions, grâces, pensions, préférences et le reste. […] Enfin il est maître absolu et le déclare19. — Ainsi des biens, des exemptions d’impôt, des agréments d’amour-propre, quelques restes de juridiction ou d’autorité locale, voilà ce qui reste à ses anciens rivaux ; en échange, ils ont ses préférences et ses grâces. — Telle est en abrégé l’histoire des privilégiés, clergé, noblesse et roi ; il faut se la rappeler pour comprendre leur situation au moment de leur chute ; ayant fait la France, ils en jouissent.
. — Choix et succession des idées Ces premiers points étant acquis, le travail qui reste à faire consiste principalement à régler le nombre, la subordination et les proportions réciproques des parties que l’œuvre doit comprendre, à choisir parmi toutes les idées que la réflexion a suggérées celles qui doivent y être reçues, à déterminer enfin l’ordre dans lequel elles seront employées. […] Au reste, les idées que vous abandonnerez ainsi ne seront pas toutes perdues. […] Quand la matière est ample, et l’ouvrage étendu, il peut être utile de remettre de temps à autre sous les yeux du lecteur les résultats acquis, de lui faire mesurer le chemin déjà parcouru et celui qui reste à faire.
Au reste, c’est une substitution générale des genres anciens et italiens aux genres du xve siècle que la Pléiade a tentée et opérée en effet. […] 4° On ne craindrait pas de mêler au langage courtisan les meilleurs mots de tous dialectes et patois français, « principalement ceux du langage wallon et picard, lequel nous reste par tant de siècles l’exemple naïf de la langue française ». […] Sous Henri III, il fut de cette Académie du Palais que le roi tenta d’établir : mais le poète de la cour est Desportes ; la gloire de Ronsard ne pâlit pas cependant, et reste entière dans les provinces et à l’étranger.
Bonhomme au reste, obligeant, généreux, tout plein de bons sentiments, bon fils, bon frère, bon père, bon mari même, à la fidélité près, bon ami, chaud de cœur, enthousiaste, toujours prêt à se donner et se dévouer : à condition seulement qu’il puisse s’épancher librement, toujours heureux de se mettre en avant, d’être d’une négociation, d’une affaire où il y ait à brûler de l’activité, à évaporer de la pensée en paroles. […] Non : car d’abord, chez Diderot, le choc n’est pas une émotion quelconque, un fait de son expérience, c’est le choc d’une pensée qui a essayé de se traduire par la parole ou l’art ; puis le détachement de la cause extérieure et de sa pensée interne ne se fait pas ; son œuvre, si vaste qu’elle soit, reste, si je puis dire, épinglée en marge du livre d’autrui ; Diderot est un étourdissant commentateur, plus intéressant souvent que son texte. […] Il reste que les Salons de Diderot sont en leur temps une œuvre considérable.
Mais il peut arriver aussi que le choix du « chef-d’œuvre » unique auquel reste attaché le nom d’un poète ait été arbitraire et maladroit et que la pièce trop connue fasse tort à d’autres qu’elle dispense de lire et qui valent quelquefois mieux. […] les voilà trois sur l’escarpolette » : le père, la mère et l’enfant. 4e tableau : « Ils sont deux sur l’escarpolette » : l’enfant est mort. 5e tableau : « Il n’en reste qu’un sur l’escarpolette » : le père est mort à son tour. […] Au reste, il a bien tort de creuser un tel abîme entre le joli et le beau ; car le joli n’est déjà pas si laid, et c’est peut-être le beau dans le tout petit, à moins que ce ne soit la coquetterie du tout petit dans le beau.
Il ne me reste qu’à noter quelques impressions, un peu à l’aventure, en feuilletant cette séduisante anthologie féminine. […] Je crois la voir donner la main à Mme Dacier, cette autre Clorinde de la naïve érudition d’antan Mlle de Montpensier est une héroïne de Corneille, très fière, très bizarre et très pure, sans nul sentiment du ridicule, préservée des souillures par le romanesque et par un immense orgueil de race ; qui nous raconte, tête haute, l’interminable histoire de ses mariages manqués ; touchante enfin dans son inaltérable et superbe ingénuité quand nous la voyons, à quarante-deux ans, aimer le jeune et beau Lauzun (telle Mandane aimant un officier du grand Cyrus) et lui faire la cour, et le vouloir, et le prendre, et le perdre Le sourire discret de la prudente et loyale Mme de Motteville nous accueille au passage Mais voici Mme de Sévigné, cette grosse blonde à la grande bouche et au nez tout rond, cette éternelle réjouie, d’esprit si net et si robuste, de tant de bon sens sous sa préciosité ou parmi les vigoureuses pétarades de son imagination, femme trop bien portante seulement, d’un équilibre trop imperturbable et mère un peu trop bavarde et trop extasiée devant sa désagréable fille (à moins que l’étrange emportement de cette affection n’ait été la rançon de sa belle santé morale et de son calme sur tout le reste) A côté d’elle, son amie Mme de La Fayette, moins épanouie, moins débordante, plus fine, plus réfléchie, d’esprit plus libre, d’orthodoxie déjà plus douteuse, qui, tout en se jouant, crée le roman vrai, et dont le fauteuil de malade, flanqué assidûment de La Rochefoucauld vieilli, fait déjà un peu songer au fauteuil d’aveugle de Mme du Deffand Et voyez-vous, tout près, la mine circonspecte de Mme de Maintenon, cette femme si sage, si sensée et l’on peut dire, je crois, de tant de vertu, et dont on ne saura jamais pourquoi elle est à ce point antipathique, à moins que ce ne soit simplement parce que le triomphe de la vertu adroite et ambitieuse et qui se glisse par des voies non pas injustes ni déloyales, mais cependant obliques et cachées, nous paraît une sorte d’offense à la vertu naïve et malchanceuse : type suprême, infiniment distingué et déplaisant, de la gouvernante avisée qui s’impose au veuf opulent, ou de l’institutrice bien élevée qui se fait épouser par le fils de la maison ! […] Je ne sais si, mal comprise, vous êtes pour quelque chose dans les erreurs d’Emma Bovary ; mais alors c’est donc par vous qu’il lui reste assez de noblesse d’âme pour chercher un refuge dans la mort.
Vous avez une bonne douzaine de chroniqueurs, jeunes ou vieux, chez qui vous retrouverez le même échauffement artificiel, le même désir vulgaire d’étonner, la même outrance facile, le même claquement de cravache, au reste le même vide et souvent la même insuffisance de style et, par endroits, de syntaxe. […] Celui-là est facile à « discerner », s’il reste malaisé à définir. […] Ce qui en reste s’est étrangement gâté : s’il n’est brutal et plat, il est maladif et pervers.
Il ne reste plus aujourd’hui en Analyse que des nombres entiers ou des systèmes finis ou infinis de nombres entiers, reliés entre eux par un réseau de relations d’égalité ou d’inégalité. […] disent les philosophes, il reste encore à montrer que l’objet qui répond à cette définition est bien le même que l’intuition vous a fait connaître ; ou bien encore que tel objet réel et concret dont vous croyiez reconnaître immédiatement la conformité avec votre idée intuitive, répond bien à votre définition nouvelle. […] Quand la matière organique a disparu, il ne reste qu’une frêle et élégante dentelle.
Les restes de plusieurs anciennes synagogues existent encore en Galilée 383. […] Le lac, l’horizon, les arbustes, les fleurs, voilà donc tout ce qui reste du petit canton de trois ou quatre lieues où Jésus fonda son œuvre divine. […] Il est vrai que Tell-Hum, qu’on identifie d’ordinaire avec Capharnahum, offre des restes d’assez beaux monuments.
Au reste, La Bruyère nous apprend ce que c’était dans ce temps-là qu’un directeur, et la correspondance de madame de Maintenon avec le sien nous apprend ce que c’était que Gobelin. […] Un directeur était, au reste, autre chose qu’un confesseur, et La Bruyère pense « que si certaines femmes pouvaient dire à leur confesseur, avec leurs autres faiblesses, celle qu’elles ont pour leur directeur, peut-être il leur serait donné pour pénitence d’y renoncer. » Ceci ne se peut appliquer à madame de Maintenon ; il lui fallait un sol docile à ses instructions, et qui eut l’air de la mener, et toutefois la menât comme elle voulait aller ; et Gobelin était cet homme-là. […] Il me reste toujours assez de peine dans les cas particuliers, etc. »
Bien qu’il soit assez difficile d’émettre un jugement favorable sur l’une ou l’autre des deux parties, on reste convaincu après lecture que Furetière n’eut pas seulement pour lui l’esprit et la verve, et qu’il eut quelque raison d’exciper de sa bonne foi. […] Dans l’impossibilité de vider la question de moralité entre Furetière et ses accusateurs, que nous reste-t-il à juger, à nous postérité ? […] et, excepté quelques intéressés de l’Académie, tout le reste lui donnait les mains.
Seulement, avec ou sans nom d’éditeur, il n’en reste pas moins incroyable qu’un livre sur Madame Récamier ne soit pas plus intéressant que ces deux volumes ! […] Si encore on voyait le pied, qui était joli, on se consolerait peut-être, mais le pied n’est plus ; la grâce, la beauté, la figure de la femme qui faisait croire qu’elle était spirituelle à tous les hommes qu’elle grisait avec un sourire, ont disparu, et il reste ça pour en donner l’idée. […] Il n’y a d’intérêts qui tiennent ici que deux seuls intérêts pour que la chose reste morale : c’est l’intérêt de réputation de celui qui a écrit les lettres, et l’intérêt de jouissance intellectuelle de celui qui les lira.
Cet esprit charmant, qui reste charmant jusqu’au bout, est ici sorti de toutes les routes vulgaires. […] Le spectacle reste dans le fauteuil et n’en peut pas bouger. […] Son monsieur Adam et sa madame Ève sont bien du xixe siècle, mais du xixe siècle dans ce qui lui reste encore d’élevé, d’élégant, de poétique et d’amoureux… Ce n’est pas bien gros, cela… mais enfin ce que cela est a suffi pour faire faire à Ange Bénigne un livre d’une saveur exquise dans sa gaîté mélancolique et son comique nuancé et fin.
La figure rigide reste composée de deux droites rectangulaires. […] Celui qui eût raisonné a priori, avant que l’expérience Michelson-Morley eût été effectivement réalisée, aurait dit : « Je dois supposer que la figure rigide reste ce qu’elle est, non seulement en ce que les deux lignes demeurent rectangulaires, mais encore en ce qu’elles sont toujours égales. […] Avec la ligne de lumière, qui est du temps mais qui reste sous-tendue par de l’espace, qui s’allonge par suite du mouvement du système et qui ramasse ainsi en chemin de l’espace avec lequel elle fait du temps, nous allons saisir in concreto, dans le Temps et l’Espace de tout le monde, le fait initial très simple qui se traduit par la conception d’un Espace-Temps à quatre dimensions dans la théorie de la Relativité.
Au reste, de toutes les nations modernes, les Italiens sont peut-être ceux qui ont rendu le plus d’hommage à leurs hommes illustres. […] Aujourd’hui, en Italie, la distinction des oraisons funèbres est réservée, comme dans le reste de l’Europe, à ceux qui ont eu des honneurs ou des places ; c’est un dernier hommage rendu au pouvoir. […] Au reste, ces éloges sont sans conséquence ; on n’en est ni plus grand ni plus petit pour les avoir faits ou reçus.
Ensuite Sésostris, avec une armée non moins nombreuse, s’en va subjuguer la Scythie, laquelle n’en reste pas moins inconnue jusqu’à ce qu’elle soit envahie par Darius. […] Elle reste si bien indépendante, qu’on y voit s’élever ensuite la première des quatre monarchies les plus célèbres, celle des Assyriens. […] Il nous en reste deux grands débris, aussi admirables que leurs pyramides.
Il n’en reste plus désormais, et tout chacal du reportage a eu son morceau du cadavre. […] Ce qui me reste à dire serait incompréhensible sans une citation. […] Puisqu’on lui a pris tout le reste, il exige qu’on lui laisse au moins cela. […] Notre époque n’est pas aux chefs-d’œuvre, on le sait de reste. […] Il reste un peu de ciel dans la neige.
» et l’on reste la bouche ouverte comme les petits enfants ; on est parfaitement heureux. […] Pourtant, par un reste de scrupule, j’ai mis un sou au pied du cerisier. […] Au reste, c’est toujours la même chose. […] Reste, Reste avec moi, cher hôte envoyé par les dieux. […] Vous goûterez la belle rareté des rimes en reste.
Comme toutes les puissances destinées à prendre l’empire, l’idée intérieure végète et absorbe à son profit le reste de leur être. […] Enfin, il passait le jour parmi ses livres, et le reste du temps il habitait de cœur dans un monde abstrait et sublime dont peu de femmes ont eu la clef, sa femme moins que toute autre. […] Indépendant dans la religion comme dans tout le reste, il se suffisait à lui-même ; ne trouvant dans aucune secte les marques de la véritable Église, il priait Dieu solitairement sans avoir besoin du secours d’autrui. […] et toi aussi, roi tout-puissant, rédempteur de ce reste perdu dont tu as pris la nature, ineffable et immortel amour ! […] Comme un Cromwell vaincu et banni, il reste admiré et obéi par ceux qu’il a précipités dans l’abîme.
Il reste schématique tant que nous nous en tenons à la conscience normale, telle que nous la trouvons aujourd’hui chez un honnête homme. […] On reste prudemment dans le vague. […] Dans le premier cas l’effet se disperse, dans le second il reste indivisé. […] Mais que le reste de la morale traduise un certain état émotionnel, qu’on ne cède plus ici à une pression mais à un attrait, beaucoup hésiteront à l’admettre. […] Pour obtenir un effet complet, il faudrait, il est vrai, entraîner avec soi le reste des hommes.
La plaine des parfums est d’abord délaissée, Il passe, ambitieux, de l’érable à l’alcée… Et le reste. […] Dans Dolorida, dans cette scène à l’espagnole d’une épouse amante qui se venge et qui verse à son infidèle un poison sûr dont elle s’est réservé le reste pour elle-même, la forme si dramatique est pourtant bien cherchée, bien compliquée, et le dernier vers, qui est tout un drame, a été préparé avec un art infini, mais un peu prétentieux. […] La malice et l’irritabilité du public avaient fait le reste. […] Les Destinées, moyennant détour, ressaisissent donc leur empire, et il reste douteux que, même sous la loi de grâce, l’homme soit plus libre et plus maître de soi qu’auparavant : Oh ! […] Il a dit quelque part encore ailleurs, dans ce volume : Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse !
. — Même en défalquant de ce trait ce que l’entraînement de la verve et la licence du paradoxe y ont mis d’énorme, il reste la marque d’un siècle où l’État n’était presque rien et la société presque tout. […] Même désordre dans les maisons qui entourent le trône. « Mme de Guémené doit 60 000 livres à son cordonnier, 16 000 à son colleur de papiers, et le reste à proportion. » Une autre, à qui le marquis de Mirabeau voit des chevaux de remise, répond en voyant son air étonné : « Ce n’est pas qu’il n’y en ait 70 dans nos écuries ; mais il n’y en a point qui ait pu aller aujourd’hui234 ». […] L’indécence qui est dans les choses n’est jamais dans les mots, et le langage des convenances s’impose, non seulement aux éclats de la passion, mais encore aux grossièretés de l’instinct Ainsi les sentiments les plus naturellement âpres ont perdu leurs pointes et leurs épines ; de leurs restes ornés et polis, on a fait des jouets de salon que des mains blanches lancent, se renvoient et laissent tomber comme un joli volant. […] À Paris, dans l’allée de gauche du Palais-Royal, toutes les après-midi, « la bonne compagnie en fort grande parure se réunit sous les grands arbres » ; le soir, « au sortir de l’Opéra, à huit heures et demie, on y revient, et l’on y reste souvent jusqu’à deux heures du matin ». […] Un d’eux qui revenait de Versailles dans son château parlait à sa femme de tout ce qui l’avait occupé ; chez nous, il lui dit un mot sur ses dessins à l’aquarelle, ou reste silencieux, pensif, à rêver à ce qu’il vient d’entendre au parlement.
Elles déposent auprès du héros les aliments, le breuvage ; et le divin Ulysse, après avoir supporté tant de maux, mangeait et buvait avidement, car depuis longtemps il était reste sans nourriture. […] Il n’est point d’autre que lui ; et tu verrais aisément tout le reste si tu l’avais vu lui-même ; mais auparavant je veux te montrer ici-bas, ô mon fils ! […] mon cher ami, dévoré du temps comme vous êtes, et préoccupé jusqu’à la mort de vos soucis, il vous reste encore de ce temps assez pour venir consoler un misérable, et assez de ces soucis pour en donner aux autres ? […] — Certainement, lui dis-je, en m’asseyant sur son fauteuil, en face de son petit feu de cendre, il me reste toujours du temps pour aimer ceux qui m’aiment, et des soucis pour oublier les miens en pensant aux soucis de mes amis ! […] — Non, lui dis-je, je sais très bien que je pouvais prendre la fortune avec la dictature et la garder ; mais il fallait pour cela cinq ou six têtes des leurs en tout pour intimider le reste.
Le seuil, si je puis dire, se compose de brindilles très flexibles, de fortes tiges d’herbe et jeunes pousses, le reste étant feutré de la manière ordinaire. […] De tout le reste de la soirée je n’aperçus plus mon petit architecte ; mais, dès le lendemain, son ramage m’attira de bonne heure à la fenêtre, et je le vis, quittant sa perche accoutumée, reprendre avec une nouvelle ardeur son travail de la veille. […] Le reste des esclaves fut vendu, chacun en raison de sa propre valeur. […] Sur l’arbre opposé, l’aigle femelle reste en sentinelle. […] Le couple reste tête-à-tête.
De quel objet, extérieurement aperçu, peut-on dire qu’il se meut, de quel autre qu’il reste immobile ? […] Et, certes, la différence reste irréductible, comme nous l’avons montré nous-même autrefois, entre la qualité, d’une part, et la quantité pure de l’autre. […] Il ne reste plus alors qu’à parquer le mouvement dans l’espace, les qualités dans la conscience, et à établir entre ces deux séries parallèles, incapables par hypothèse de se rejoindre jamais, une mystérieuse correspondance. […] Et la distinction ne reste-t-elle pas tranchée, l’opposition irréductible, entre la matière proprement dite et le plus humble degré de liberté ou de mémoire ? […] Pendant qu’une portion déterminée de cette durée consciente ou absolue s’écoule, en effet, le même mobile parcourra, le long des deux corps, deux espaces doubles l’un de l’autre, sans qu’on puisse conclure de là qu’une durée est double d’elle-même, puisque la durée reste quelque chose d’indépendant de l’un et l’autre espace.
Il ne nous reste après cela qu’à souhaiter qu’une prochaine fois M. […] Il ne reste pas moins, aussi lui, comme MM. […] Il ne reste plus qu’à s’entendre sur le mot. […] Reste un dernier pas à faire. […] Ce n’est rien que cette valeur documentaire, si le reste ne s’y joint pas, mais ici le reste s’y joignait.
« Il reste, dit M. […] La servante Nicaise reste une servante peinte avec le même souci de vérité qu’une figure hollandaise. […] Et cependant, si l’art reste le même, cette troisième gerbe n’est pas faite du même blé que les deux autres. […] Son univers reste à sa portée. […] Mais le genre reste vigoureux et sain.
Tout le reste est emprunté. […] On devina mieux pour le reste : on dit qu’il aimerait la chasse passionnément ; que les princes, ses parents et ses voisins, auraient beaucoup d’envie et de jalousie contre lui, qu’ils lui susciteraient de fâcheuses affaires, qu’ils lui feraient la guerre ; qu’il serait plus heureux dans sa vieillesse que dans sa jeunesse, etc. […] Pour tout le reste, il lui est inférieur non seulement en mérite historique, mais l’oserai-je dire ? […] Le premier président de Mesmes ouvre la séance par un compliment au duc de Berry, qui oublie la réponse qu’il devait faire et qui reste court après avoir répété plusieurs fois : « Monsieur… Monsieur… » De là, à son retour à Versailles, une amère douleur du jeune prince qui s’en prend au duc de Beauvilliers, son gouverneur, et au roi, et qui accuse l’éducation qu’on lui a donnée : Ils n’ont songé, s’écrie-t-il, qu’à m’abêtir et à étouffer tout ce que je pouvais être.
D’Argenson, on le voit de reste, est un philosophe, mais il l’est à sa manière, comme il convient quand on l’est, et sans se laisser influencer par aucune école ni cabale. […] Y travaillant, l’entendant bien, il sert au prochain autant qu’il doit ; n’y nuisant pas, c’est beaucoup ; le mal ôté, le bien reste. » Ce système de bonheur, qui mènerait aisément à l’égoïsme, est vivifié chez lui par une nature active et une cordialité qui s’étend à l’entour. […] Son idéal habituel reste fort au-dessous de cet ordre de pensées. […] Il avait le culte de Louis XII, du bon roi René, et même du petit roi d’Yvetot. — En revanche, il disait : « Le prétendu grand Colbert est très petit et fut un ministre fort pernicieux, etc. » On voit le reste.
Il y serait venu, j’imagine, vers 1786, un peu avant son voyage d’Italie ; il aurait trouvé l’ancienne société française dans sa dernière fleur ; il aurait été un moment à la mode comme tous ces princes du Nord qui y passèrent, comme tous ces princes de l’esprit et de la pensée, Hume, Gibbon, Franklin ; on se serait mis à lire Werther et le reste comme on aurait pu, à la volée, pour lui en parler et le bien recevoir. […] Andrieux, ce goût qui, avec la meilleure volonté du monde, reste le plus opposé aux habitudes, aux lenteurs et à la bonne foi germaniques, et comme il savait spirituellement le définir, quand il disait : « Les Français sont dans une situation singulière avec la littérature allemande ; ils sont tout à fait dans la position de l’adroit renard qui ne peut rien tirer du vase à la longue encolure : avec la meilleure volonté, ils ne savent que faire de nos livres ; ce que nous avons travaillé avec art n’est pour eux qu’une matière brute qu’ils doivent remanier. […] Quand on a vécu dix ans auprès d’un vrai grand homme, on doit trouver le reste un peu terne et décoloré. […] Il lui donne quelques conseils sur les projets de voyage qu’Eckermann formait à ce moment, et lui recommande ce qui lui reste à voir de curiosités à Weimar : « Je ne pouvais me rassasier de regarder les traits puissants de ce visage bruni, riche en replis dont chacun avait son expression, et dans tous se lisait la loyauté, la solidité, avec tant de calme et de grandeur !
Trois personnages donc, trois députés marquèrent dès les premiers jours leur rang comme orateurs et comme chefs de la minorité dans cette Chambre de 1815, et chacun selon sa mesure et suivant son pas, ils marchèrent constamment d’intelligence et de concert : nous nous plairons aujourd’hui à les considérer, n’en déplaise aux mauvais restes vénéneux des passions de ce temps-là et à ces esprits louches que le regard de l’histoire offense42. […] Son visage même accusait cela ; ces sourcils proéminents, ce nez, ce menton… La nature l’avait ébauché à grands traits, et le rabot n’y avait point passé. — Hommes et choses, il n’aimait et n’appréciait que ce qui était à une certaine hauteur et ne connaissait pas même le reste : il avait le goût haut placé. — En l’approchant, on sentait tout d’abord une supériorité naturelle ; aussi tout le monde lui rendait. […] Royer-Collard n’eut donc, en variant, aucun tort ; sa conduite, dans les deux cas, fut sage ; sa parole seulement reste debout et se dresse à nos veux un peu excessive et absolue dans l’expression, comme c’était la condition et la forme de son talent : nous ne sommes pas assez casuiste pour le lui reprocher. […] On voudrait pouvoir étudier et dépeindre avec un détail aussi vivant son ami M. de Serre, celui qui alors professa aussi résolument cette même doctrine de la prédominance royale, et qui s’y ancra bientôt et s’y enchaîna avec les années : par malheur, il ne reste de cette puissante et large éloquence, dont M.