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1733. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Elle trouvait plus court et plus commode de suivre sa pente originelle, de fermer les yeux sur l’homme réel, de rentrer dans son magasin de notions courantes, d’en tirer la notion de l’homme en général, et de bâtir là-dessus dans les espaces  Par cet aveuglement naturel et définitif, elle cesse de voir les racines antiques et vivantes des institutions contemporaines ; ne les voyant plus, elle nie qu’il y en ait.

1734. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Quand on opère sur les choses réelles, on n’est pas tenté de planer dans le monde imaginaire ; par cela seul qu’on est à l’ouvrage sur la terre solide, on répugne aux promenades aériennes dans l’espace vide.

1735. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Mais, répondrons-nous aux sophistes, indépendamment de ce que cette volonté, supposée unanime, n’est jamais unanime, qu’il y a toujours majorité et minorité, et que la supposition d’une volonté unanime, là où il y a majorité et minorité, est toujours la tyrannie de la volonté la plus nombreuse sur la volonté la moins nombreuse ; Indépendamment encore de ce que le moyen de constater cette majorité n’existe pas, ou n’existe que fictivement ; Indépendamment enfin de ce que le droit de vouloir, en cette matière si ardue et si métaphysique de législation, suppose la capacité réelle de vouloir et même de comprendre, capacité qui n’existe pas au même degré dans les citoyens ; Indépendamment de ce que ce droit de vouloir, juste en matière sociale, suppose un désintéressement égal à la capacité dans le législateur, et que ce désintéressement n’existe pas dans celui dont la volonté intéressée va faire la loi ; Indépendamment de tout cela, disons-nous, si la souveraineté n’était que la volonté générale, cette volonté générale, modifiée tous les jours et à toute heure par les nouveaux venus à la vie et par les partants pour la mort, nécessiterait donc tous les jours et à toute seconde de leur existence une nouvelle constatation de la volonté générale, tellement que cette souveraineté, à peine proclamée, cesserait aussitôt d’être ; que la souveraineté recommencerait et cesserait d’être en même temps, à tous les clignements d’yeux des hommes associés, et qu’en étant toujours en problème la souveraineté cesserait toujours d’être en réalité ?

1736. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Puis le besoin de venir en aide à mon pays, ce grand misérable, m’enlevait le loisir nécessaire à mon œuvre ; puis les calamités réelles de la misère relative m’atteignaient en me forçant à un travail de manœuvre arriéré pour que d’autres ne souffrissent pas par ma faute ; je fermais dans mon cœur la source de larmes sympathiques, et je travaillais saignant, comme je saigne encore, sous le fouet de la nécessité.

1737. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

On reconnaît avec douleur, dans cette incohérence d’idées absurdes et d’expressions tronquées, tous les symptômes d’un égarement d’esprit trop réel.

1738. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Il y a là un art singulier de traduire les idées abstraites en actes, en gestes, en accents, en un mot une réelle force d’imagination dramatique.

1739. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Une Babel immense peuplée de créatures monstrueuses ou étranges et sans vitalité réelle.

1740. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Quoi de plus semblable d’ailleurs à la vie que cette maturité de l’événement, qui fait que, dès les premières scènes, le spectateur connaît tous ceux qui doivent y figurer, et qu’avant d’avoir pu penser qu’il y a là un habile homme dont la fable ingénieuse va le transporter du réel dans l’imaginaire, il est saisi dès le lever de la toile de ces images frappantes de la vie, et prend parti dans la lutte qui va s’engager ?

1741. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Sa joie, en ce moment, étoit suspecte sans doute ; mais on la prit pour réelle, & l’on s’enhardit à le traiter selon son goût.

1742. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Il y a une réelle joie dans la découverte qu’ils ont faite de leur sexe et du sexe féminin !

1743. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Saint-Simon est un poète épique ; le pour, le contre, les partis mitoyens, l’inextricable entrelacement et les prolongations infinies des conséquences, il a tout embrassé, mesuré, sondé, prévu, discuté ; le plan exact du labyrinthe est tout entier dans sa tête, sans que le moindre petit sentier réel ou imaginaire ait échappé à sa vision.

1744. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

On a répondu que ce fait n’était pas péremptoire ; qu’aujourd’hui même un Italien et un Espagnol pourraient se comprendre, malgré le divorce bien réel des deux langues ; que cette facilité devait être plus grande à une époque où les idiomes vulgaires étaient plus près de leur source commune, le latin. […] La chancellerie des empereurs d’Allemagne, à Bamberg, à Mayence, avait des hommes presque inconnus de l’histoire, et qui, sur la querelle de l’Empire et du sacerdoce, sur l’indépendance des princes, sur les droits réels ou prétendus des rois d’Allemagne en Italie, raisonnent avec une subtilité diplomatique, une précision, une clarté, une science de langage tout à fait remarquable ; et cela, dans la barbarie des onzième et douzième siècles. C’est seulement dans ces débats réels que le talent se retrouve. […] Voilà quelle était la disposition du moyen âge, et comment les esprits, frappés d’abord par le spectacle réel de grands événements et de grands hommes, avaient créé des fictions qui étaient devenues la vérité elle-même, et remplaçaient pour eux le monde de la nature et de l’histoire. […] Cependant la chevalerie est un événement réel de l’histoire, une grande institution du moyen âge.

1745. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Et moi je veux savoir son nom, sa vie réelle, son histoire vraie, et qui sera touchante par cela seul qu’elle sera vraie. […] Et il ajouta avec colère : — Des conspirations chimériques pour en cacher de réelles. […] Il explique lui-même à Jésus l’état heureux où l’avait mis sa découverte : Je comprenais, dit-il, comment le monde, que j’avais cru réel, n’était que l’œuvre de ma volonté. […] Et si j’avais senti jusque-là le monde soi-disant réel avec plus d’intensité que le monde de mes rêves, j’y étais uniquement amené par une habitude grossière. […] Les faits, tels qu’ils nous apparaissent, sont le produit de notre pensée : rien, absolument rien, ne nous démontre qu’ils soient réels et hors de nous.

1746. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Dans le Naturalisme et ses dérivés prendront place, outre les romans physiologiques ou pathologiques proprement dits, tous ceux où la psychologie s’allie à la physiologie, tous ceux qui ont été faits avec des documents humains, tous les romans d’observation d’après les types réels et existants. […] Au contraire ; l’auteur a voulu, tout en nous initiant aux mœurs de la dernière classe des ouvriers de Paris, prêcher contre l’ivresse qui les décime chaque jour, et nous montrer des types réels, qui ne ressemblent en rien aux ouvriers de convention d’Eugène Sue. […] Peu de bruit, peu de fracas font les infortunes réelles ; « je n’aime pas les malades qui mangent leur douleur », disait Velpeau. […] Mario Uchard est une œuvre qui, sous un aspect fantaisiste, cache un plaidoyer philosophique, je n’ose pas dire moral, malgré sa forme d’une légèreté plus apparente que réelle. […] Les comédiens s’y peignent les pieds avec du noir pour imiter les bottes, et cirent des bottes réelles pendant l’entracte à la porte du spectacle.

1747. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

La comédie romanesque est hors de sa portée ; il ne peut saisir que le monde réel, et dans ce monde l’enveloppe palpable et grossière. […] Ce qu’il y a de bien réel en tout cela, c’est la sensualité, non pas ardente, mais leste et gaie ; il y a telle pièce sur une chute qu’un abbé de cour sous Louis XV eût pu écrire : « Ne rougissez pas, belle, ne prenez pas l’air sévère ; que pouvait faire l’amant, hélas ! […] Et le talent des écrivains est propre à la peinture de ces deux groupes : ils ont la grande faculté anglaise, qui est la connaissance du détail précis et des sentiments réels ; ils voient les gestes, les alentours, les habits, ils entendent les sons de voix ; ils osent les montrer ; ils ont hérité bien peu, de bien loin, et malgré eux, mais enfin ils ont hérité de Shakspeare ; ils manient franchement, et sans l’adoucir, le gros rouge cru qui seul peut rendre la figure de leurs brutes.

1748. (1932) Les idées politiques de la France

Concevons-le comme un plafond du Parlement réel, un plafond posé là-haut par le peintre immanent au génie de la France. […] La fonction tenue dans le socialisme par une idéologie révolutionnaire est tenue dans le communisme par une révolution réelle. […] Tandis que chacune de ces idées se dresse de l’intérieur dans son exigence et son monopole, l’esprit libéral, nécessaire au critique politique, la prend et la comprend du dehors dans la société réelle qu’elle forme avec les autres.

1749. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

On a vû des souverains qui ayant une gloire réelle, ont encore aimé la vaine gloire, en recherchant trop les loüanges, en aimant trop l’appareil de la représentation. […] Il n’en est pas de même dans les Arts ; comme ils ont des beautés réelles, il y a un bon goût qui les discerne, & un mauvais goût qui les ignore ; & on corrige souvent le défaut d’esprit qui donne un goût de travers. […] La différence entre eux & nous n’est pas qu’ils eussent des images, & que nous n’en ayons point ; qu’ils aient fait des prieres devant des images, & que nous n’en faisions point : la différence est que leurs images figuroient des êtres fantastiques dans une religion fausse, & que les nôtres figurent des êtres réels dans une religion véritable.

1750. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Il professe la vanité de la politique et de la philosophie ; une seule chose est réelle : jouir de la vie.

1751. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Ni Dante ni Machiavel, les deux esprits sérieusement politiques et réels de l’Italie actuelle, n’y songeaient seulement pas ; l’un invoquait dans des vers immortels l’empereur germain d’Occident, le conjurant de venir, de réprimer l’Italie papale à Rome, et de remettre la selle et la bride à la cavale indomptée ; l’autre conseillait au pape Léon X et à son successeur de concentrer l’Italie anarchique par les armes et par la politique sous ses lois, et de conquérir l’empire pour en faire le règne de Dieu.

1752. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Mais cette circonstance même prouverait plutôt qu’il n’y a là aucune transmission réelle d’un fait, aucun fondement vraiment historique, et que c’est tout simplement l’identité de la conception humaine, qui partout a conduit les hommes à une explication semblable d’un phénomène identique.

1753. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Dans cette pièce admirable, ils déterminent leurs fonctions par l’idée même qu’ils se font de la langue française, « laquelle, disent-ils, plus parfaite déjà que pas une des langues vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusqu’ici de l’élocution, qui n’était pas, à la vérité, toute l’éloquence, mais qui en faisait une fort bonne et fort considérable partie. » Il ne s’agit donc pour eux que de l’empêcher de manquer à cette grande destinée, de l’épurer et non de la créer, et, comme ils le disent avec une naïveté énergique, de « la nettoyer des ordures qu’elle avait contractées, ou dans la bouche du peuple, ou dans la foule du palais et dans les impuretés de la chicane, ou par les mauvais usages des courtisans ignorants, ou par l’abus de ceux qui la corrompent en écrivant, ou par les mauvais prédicateurs53. » Ils se tiennent dans les bornes d’une institution réelle et pratique, n’outrant rien, ne s’exagérant pas leur autorité, n’entreprenant ni sur la liberté ni sur l’originalité des esprits.

1754. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Ma mère, qui par un côté était Gasconne (mon grand-père du côté maternel était de Bordeaux), racontait ces vieilles histoires avec esprit et finesse, glissant avec art entre le réel et le fictif, d’une façon qui impliquait qu’au fond tout cela n’était vrai qu’en idée.

1755. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Cette commission choisirait le cadavre, s’assurerait que la mort est bien réelle, désignerait la salle où devrait se faire l’expérience, réglerait tout le système de précautions nécessaire pour ne laisser prise à aucun doute.

1756. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Et quand, dans cet acte, nous jetions cette poésie soupirante d’un jeune cœur qui s’ouvre au milieu de tous les bruits d’esprit, de tous les engueulements drolatiques, de toutes les folies cocasses d’une nuit d’Opéra, — pas si réelle qu’on a bien voulu le dire, — nous croyions très sincèrement faire de la fantaisie, — oui, de la fantaisie moderne, s’entend ; car il n’y a pas à recommencer au xixe  siècle, n’est-ce pas, la fantaisie shakespearienne ?

1757. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

cria-t-il, « il n’y a qu’une infortune réelle, celle de manquer de pain.

1758. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

C’est là la littérature des événements, aussi réelle et aussi nécessaire à la grandeur des nations que celle de la parole.

1759. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Mais si c’est par une crainte réelle que cette belle fille imprime aujourd’hui à ses sourcils une contraction si délicieuse, ne se ressouviendra-t-elle pas de la leçon, et ne la mettra-t-elle pas plus tard en pratique, lorsque, sans aucun motif de crainte, elle feindra cependant l’effroi pour déployer dans son regard toutes les ressources de la séduction.

1760. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

que serait-ce si on la sanglotait en sanglots réels ?

1761. (1914) Boulevard et coulisses

Sans être profonde, cette influence est réelle ; et on doit y avoir d’autant plus garde qu’elle s’exerce avec autrement de force dans le mal que dans le bien.

1762. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Une fois qu’il est bien constaté que la faune de chaque période est, dans son ensemble, à peu près intermédiaire en caractères entre les faunes antérieures et postérieures, ce n’est pas une objection réelle à la vérité de cette loi générale que de lui opposer quelques genres qui semblent faire exception.

1763. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Notre première édition portait : « Pourtant l’on m’a assuré qu’une grenouille vit sur les montagnes de la Nouvelle-Zélande, et je suppose que cette exception, si elle est réelle, peut s’expliquer par l’action glaciaire.

1764. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Ces exagérations pourtant, en ce qu’elles ont de trop réel, nous les poursuivrons aussi, nous les dénoncerons dans la tournure même de son talent, dans l’absolu de son caractère ; nous en mettrons, s’il se peut, à nu la racine. […] Bolingbroke parle d’un écrit de Pope et du bien qui peut en résulter pour le genre humain : « J’ai pensé quelquefois, dit-il, que si les prédicateurs, les bourreaux, et les auteurs qui écrivent sur la morale, arrêtent ou même retardent un peu les progrès du vice, ils font tout ce dont la nature humaine est capable ; une réformation réelle ne saurait être produite par des moyens ordinaires : elle en exige qui puissent servir à la fois de châtiments et de leçons ; c’est par des calamités nationales qu’une corruption nationale doit se guérir. » 198.

1765. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Le monde corporel et ses lois ne leur semblent qu’un fantôme et une figure ; ils ne voient plus rien de réel que la justice, elle est le tout de l’homme comme de la nature. […] Nous avons toujours souhaité dériver du passé tout ce que nous possédons, comme un héritage légué par nos ancêtres876. » Nos titres ne flottent pas en l’air dans l’imagination des philosophes ; ils sont consignés dans la Grande Charte. « Nous réclamons nos franchises, non comme les droits des hommes, mais comme les droits des hommes de l’Angleterre. » Nous méprisons ce verbiage abstrait, qui vide l’homme de toute équité et de tout respect pour le gonfler de présomption et de théories. « Nous n’avons pas été préparés et troussés, comme des oiseaux empaillés dans un muséum, pour être remplis de loques, de paille et de misérables chiffons de papier sali à propos des droits de l’homme877. » Notre constitution n’est pas un contrat fictif de la fabrique de votre Rousseau, bon pour être violé tous les trois mois, mais un contrat réel par lequel roi, nobles, peuple, Église, chacun tient les autres et se sent tenu.

1766. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Cet ouvrage, à l’heure qu’il est, a eu jusqu’à cinq éditions, toutes réelles, chacune des quatre dernières formant un volume in-1216.

1767. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Ampère était de ceux-ci, de ceux que l’épreuve tourmente, et, quoique sa foi fût réelle et qu’en définitive elle triomphât, elle ne resta ni sans éclipses ni sans vicissitudes.

1768. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Au fond, personne ne se trompait sur sa valeur : on savait bien que c’était un esprit médiocre, incapable de grandes combinaisons et entièrement dépourvu de génie politique ; mais on s’appuyait sur ses qualités réelles de général sage, prudent et vigoureux, pour en faire un capitaine supérieur et capable de tenir tête au vainqueur de l’Italie et de l’Égypte.

1769. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

et plus réels, de la comtesse Léna et de sa fille.

1770. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« Or la raison ne vous dit-elle pas assez que tous ces objets qui existent dans votre âme, ou de fougueux désirs, ou de vains transports de joie, ne sont pas de vrais biens, et que ceux qui vous consternent ou qui vous épouvantent ne sont pas de vrais maux ; mais que les divers excès ou de tristesse ou de joie sont également l’effet des préjugés qui vous aveuglent, préjugés dont le temps a bien la force à lui seul d’arrêter l’impression : car, quoi qu’il arrive, nul changement réel dans l’objet ; cependant, à mesure que le temps l’éloigne, l’impression s’affaiblit dans les personnes les moins sensées, et par conséquent, à l’égard du sage, cette impression ne doit pas même commencer. » VIII Sa théorie des passions n’est pas moins sévère ; son rigorisme n’admet pas même la sainte colère qui possède en apparence l’orateur indigné dans ses accès d’éloquence.

1771. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

« — Examinons donc, reprend Socrate, si cette immortalité est vraisemblable, ou si elle ne l’est pas. » Il se livre ici à une longue argumentation, plus sophistique que réelle, pour prouver, à la façon des sophistes, que toute chose naît de son contraire : le jour de la nuit, la veille du sommeil, la vie de la mort, la mort de la vie.

1772. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Mais elles sont cependant et effectivement des fragments très réels et très véridiques des Mémoires du cardinal-ministre ; il n’y a aucune supercherie, il y a seulement lacune ; ce ne sont pas tous les Mémoires, ce sont les documents originaux, préparés par le ministre lui-même, pour la rédaction de ses Mémoires.

1773. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

XXIX « Quelques tribuns voulaient établir dans leur assemblée une opposition analogue à celle d’Angleterre et prendre au sérieux la Constitution, comme si les droits qu’elle paraissait assurer avaient eu rien de réel, et que la division prétendue des corps de l’État n’eût pas été une simple affaire d’étiquette, une distinction entre les diverses antichambres du consul dans lesquelles des magistrats de différents noms pouvaient se tenir.

1774. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Victor de Laprade, spectateur écœuré de cet avachissement littéraire, le flétrit en ces termes70 : Le réel avant tout… Fi du vieil idéal !

1775. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Elles ont évoqué chez moi, tout vivant et tout réel, le souvenir de ma blonde petite sœur Lili.

1776. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

L’atelier de la rue de Vaugirard renferme une humanité toute réelle, l’atelier de l’Île des Cygnes est comme le domicile d’une humanité poétique, tirée du Dante, d’Hugo.

1777. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Un profond silence régnait dans la foule ; chacun se recueillait dans l’attente d’un drame déjà aussi réel qu’un événement.

1778. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Il y a surtout dans ces volumes une conversation réelle ou imaginaire sur les plus graves sujets de la philosophie traduits en comique et assaisonnés du rire inextinguible d’Homère.

1779. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Les fabriques sont de la touche la plus vraie ; la couleur de chaque objet est ce qu’elle doit être, soit réelle, soit locale.

1780. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Decamps aime prendre la nature sur le fait, par son côté fantastique et réel à la fois — dans son aspect le plus subit et le plus inattendu.

1781. (1739) Vie de Molière

La fortune qu’il fit par le succès de ses ouvrages le mit en état de n’avoir rien de plus à souhaiter : ce qu’il retirait du théâtre, avec ce qu’il avait placé, allait à trente mille livres de rente ; somme qui, en ce temps-là, faisait presque le double de la valeur réelle de pareille somme d’aujourd’hui.

1782. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

La présence réelle dans le Saint-Sacrement m’était aussi sensible que la présence de ma mère à mes côtés. […] Joubert, que Chateaubriand allait connaître, et qui avait eu, lui aussi, sa période d’incroyance, écrivait : « La Révolution a chassé mon esprit du monde réel en le rendant trop horrible. » Et encore : « La religion est la poésie du cœur ; elle a des enchantements utiles aux mœurs. » (Il écrivait cela après le Génie du christianisme, mais il le pensait depuis le commencement de la Révolution.) […] et la présence réelle de Dieu dans le pain consacré ». […] Lorsque, à tout bout de champ, il nous énumère les personnages de ses romans, qu’il appelle ses fils et ses filles, nous sommes tentés de les juger assez pâles et convenus : mais les êtres réels, les hommes de son temps, ceux qu’il a rencontrés dans la vie, il les peindra de la façon la plus âpre, la plus passionnée, la plus brutale ou la plus aiguë ; et ce médiocre « créateur d’âmes » (à mon avis) fera d’étonnants portraits de ses contemporains. […] Il reconnaît en lui un frère de rêve qui a mal tourné : … À peine a-t-il mis l’Italie sous ses pieds qu’il paraît en Égypte ; épisode romanesque dont il agrandit sa vie réelle.

1783. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Or, nous savons très bien qu’en littérature comme dans la vie réelle, le rôle de Chérubin est le plus difficile de tous à soutenir longtemps ; Figaro, dans l’œuvre de Beaumarchais, respire, agit et parle pendant trois longs drames ; le joli page ne paraît que dans quelques scènes, et puis Beaumarchais le tue comme on tue un enfant précoce qui s’est fait homme dix années avant les autres. […] Pourtant voici celle-là qui, après les premiers succès et les encouragements d’un roi de France, meurt à vingt-cinq ans, pauvre, délaissée, accablée sous tous les ennuis de la rie réelle, pendant que l’autre, brillante, écoutée, — reine — dicte les lois de son esprit et de son caprice à quiconque la veut lire. […] À la leçon suivante, laissant là Shakspeare, et se plaçant dans un ordre d’idées encore plus élevé, le professeur, qui a déjà conseillé, comme un bon palliatif à ces vapeurs de l’amour-propre, les sentiments et les travaux de la vie réelle, indique un remède admirable : la foi et l’espérance. […] conseiller du roi en sa qualité de commissaire aux saisies réelles, c’est-à-dire qu’il était chargé de l’administration des biens que retenait dame Justice. […] Sa renommée n’était pas une de ces renommées bruyantes, avides d’éclat et toujours sur la défensive ; mais, pour être modeste et cachée, elle n’en était peut-être que plus réelle et plus sûre.

1784. (1897) Aspects pp. -215

cette canaille insidieuse lui dit : « Pour ceux qui ont converti et aboli la Volonté, c’est notre monde actuel, ce monde si réel avec ses soleils et toutes ses voies lactées qui est le Néant15. » Elle lui répond : « Imbécile, tu n’es qu’un fakir. […] C’est ainsi qu’Ibsen fut déclaré maniaque, insupportable et nébuleux ; c’est ainsi que la Mer, une des rares pièces jouées depuis quelques années qui ait une valeur d’art, succomba, malgré un succès réel, aux plaisanteries et aux menaces des peloteurs de fesses cabotines qui affichent la prétention de représenter l’esprit public… Prétention justifiée d’ailleurs car, comme l’a dit Gavarni : « Ce qu’on appelle l’esprit public, c’est la bêtise de chacun multipliée par la bêtise de tout le monde. » Le public se laissa faire, retourna docilement aux pornographies, aux niaiseries sentimentales et patriotiques qu’on lui donnait pour décisives. […] Ils croient qu’un décor et des accessoires aussi réels que possible contribuent à nous donner plus complètement l’illusion de la vie. […] L’émancipation du prolétariat ne sera réelle que quand il concentrera ses efforts pour la reprise de possession totale du bien commun.

1785. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Je me trouve ici en présence d’un embarras réel qui tient, s’il m’est permis de le dire, à la nature même de mon esprit : je n’ai pas à donner un avis ferme et de fond.

1786. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

L’article manque en latin, et c’est certainement une imperfection réelle ; mais il existe dans les langues romanes, chez qui c’est certainement aussi un perfectionnement. » Vous savez, messieurs, qu’à l’époque la plus brillante et la plus pure de la langue latine, Auguste était tellement préoccupé de la clarté et de la précision qu’il sentait bien que cette noble langue n’avait pas au même degré que la dignité ou la grâce, qu’il n’hésitait pas à ajouter des prépositions aux verbes, à répéter les conjonctions : « Præcipuamque curam duxit, sensum animi quam apertissime exprimere : quod quo facilius efficeret, aut necubi lectorem vel auditorem obturbaret ac moraretur, neque proepositiones verbis addere, neque conjunctioncs sœpius iterare dubitavit, quoe detractae afferunt aliquid obscuritatis, etsi gratiam augent34. » Les langues romanes, le vieux français en particulier, tout en défigurant à tant d’égards et en étant si prodigieusement loin de valoir la langue d’Auguste, s’acheminaient du moins à répondre, en fait de clarté et de précision, à la grande préoccupation d’Auguste.

1787. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Ma fortune, plus apparente que réelle, n’a jamais été très grande.

1788. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Ceci admis, le rôle du mal, caché sous la forme de Méphistophélès, devient vrai comme le monde réel et pittoresque comme l’incarnation de toute perversité.

1789. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

XXXII À ces hommes retentissants du passé ou de l’avenir se joignaient, comme un fond de tableau de cheminée, quelques hommes assidus, quotidiens, modestes, tels que le marquis de Vérac, le comte de Bellile ; ceux-là, personnages de conversation, et non de littérature, apportaient dans ce salon le plus facile des caractères, une amabilité réelle et désintéressée, ce qu’on appelle les hommes sans prétention.

1790. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

V Nul ne peut nier que ceci ne soit le résumé parfaitement historique de l’institution de la papauté, et de son action séculaire pour rassembler autour d’un centre commun les débris de l’Italie, pour la défendre des barbares, pour la disputer à l’empire germanique et pour faire de ses membres épars une unité papale, au lieu d’une unité romaine : à ce titre, les historiens philosophes les moins chrétiens, tels que Gibbon, Sismondi, Ginguené, Voltaire lui-même, constatent les services réels rendus par la papauté à l’Italie dans le courant des siècles.

1791. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Malgré les théories plus chimériques que réelles de ce soi-disant progrès indéfini et continu, qui conduit les peuples, par des degrés toujours ascendants, à je ne sais quel apogée, indéfini aussi, de la nature humaine, l’histoire religieuse, l’histoire militaire, l’histoire politique, l’histoire littéraire, l’histoire artistique, ne nous montrent pas un seul peuple qui, après la perfection, ne soit tombé dans la décadence.

1792. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

III On ne peut lui reprocher que deux fautes : la vaine gloire dans la contemplation de lui-même, et des faiblesses réelles ou plutôt des indécisions regrettables, à la fin de sa vie, envers les tyrans de sa patrie.

1793. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Si, au contraire, il y a chez un peuple besoin réel d’une grande réforme, Dieu est avec elle, et elle réussit.

1794. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Mais il ne s’agit pas là d’une opposition créée artificiellement entre des caractères et des situations ; c’est la vie réelle observée et prise sur le fait.

1795. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Il dit des grands : « La nature toute seule a environné leur âme d’une garde d’honneur et de gloire. » Et quelques lignes plus haut : « Un sang plus pur s’élève plus aisément ; il en doit moins coûter de vaincre les passions à ceux qui sont nés pour remporter des victoires. » Il dit de leurs craintes : « Exempts de maux réels, ils s’en forment même de chimériques, et la feuille que le vent agite est comme la montagne qui va crouler sur eux. » Et ailleurs : « Voici ce qu’on découvrait de certains héros vus de près.

1796. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Cette liaison est si réelle que la vue seule d’un édifice, d’une chambre appelle l’idée de certaines œuvres et exclut celle de certaines autres.

1797. (1909) De la poésie scientifique

René Ghil a eu une réelle influence sur le Symbolisme, plus par ses théories « instrumentistes » que par son œuvre réalisée, et qu’il continue à réaliser méthodiquement » — Le Mercure, Mars 1905.

1798. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

* * * — L’excès du travail produit un hébétement tout doux, une tension de la tête qui ne lui permet pas de s’occuper de rien de désagréable, une distraction incroyable des petites piqûres de la vie, un désintéressement de l’existence réelle, une indifférence des choses les plus sérieuses telle, que les lettres d’affaires très pressées, sont remisées dans un tiroir, sans les ouvrir.

1799. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Il lui a demandé de se laisser mouler les deux mains dans la pose, pour en donner une plus réelle et vivante image.

1800. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

C’est le seul milieu, où un semblant de fantastique se mêle à la vie réelle.

1801. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Mais je passe toute la journée à relire sa maladie et sa mort, écrites, jour par jour, heure par heure, et cette relecture me décide à donner le morceau tout entier, dans le troisième volume de notre Journal, en dépit de la pudeur de convention commandée à la douleur, du cant littéraire infligé au désespoir : c’est vraiment une trop éloquente et une trop réelle monographie de la souffrance humaine.

1802. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Cependant qu’étoit-ce qu’une critique de quelques vers foibles, de quelques mauvaises expressions, de quelques bévues réelles, & de quelques pensées fausses, en comparaison de tant de traits qu’il décocha sur toute la famille de Perrault ?

1803. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Les algébristes raisonnent avec des abstractions, les hommes comme nous raisonnent ou sentent avec des êtres réels.

1804. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Aux yeux du philosophe, la forme, seule intelligible, est, dans l’individu, tout ce qu’il a de réel, et la matière s’évanouissant graduellement, la pensée ne se trouve plus en présence que d’elle-même dans un monde de formes et de fins.

1805. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Comme les plus hautes montagnes sont celles qui paraissent avoir subi la plus longue série de soulèvements, et que ce sont encore celles qui se sont le plus récemment soulevées ; que, du reste, ces soulèvements aient été réels ou qu’ils ne soient, au contraire, que le résultat de l’affaissement des plateaux et des plaines voisines, on peut toujours dire qu’en thèse générale les irrégularités de la surface du globe ont été constamment en augmentant, à travers toute la succession des âges géologiques.

/ 1874