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2160. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Le voilà enfin le Christ véritable, le pâle Crucifié, exténué et décharné par l’agonie, dont le sang, à chaque minute, tombe en gouttes plus rares, à mesure que les palpitations plus faibles annoncent le déchirement suprême d’une vie qui s’en va. […] Ils montèrent donc à travers les régions de l’air, se parlant doucement à mesure qu’ils allaient, étant réconfortés parce qu’ils avaient traversé sans accident la rivière et parce qu’ils avaient de si glorieux compagnons pour les conduire. […] Ceux-ci les entourèrent de chaque côté ; quelques-uns allaient devant, quelques-uns derrière, quelques-uns à main droite, quelques-uns à main gauche, continuellement sonnant, à mesure qu’ils montaient, avec de hautes notes mélodieuses, en sorte que la vue, pour ceux qui pouvaient l’avoir, était comme si le ciel lui-même fût descendu à leur rencontre427… Et à ce moment ces deux hommes étaient, pour ainsi dire, déjà dans le ciel avant d’y être entrés, étant comme engloutis par la contemplation des anges et par le ravissement de leurs notes mélodieuses.

2161. (1927) André Gide pp. 8-126

Les servants de l’intellectualité pure, dont je suis à mon modeste rang, n’y prêtent attention que dans la mesure où elle touche aux intérêts de l’esprit. […] Et puis en voilà assez, et la mesure est comble.

2162. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Une commission, dont Newton était membre, vérifia les pièces fabriquées, les trouva bonnes, et plusieurs juges compétents pensent aujourd’hui que la mesure était loyale autant qu’utile au pays. […] C’est pourquoi on voyait souvent plusieurs centaines de leurs prêtres attachés les uns aux autres en façon de chaîne circulaire, chacun tenant un soufflet qu’il appliquait à la culotte de son voisin, expédient par lequel ils se gonflaient les uns les autres jusqu’à prendre la forme et la grosseur d’un tonneau, et pour cette raison ils appelaient ordinairement leurs corps d’une façon très-exacte « les vaisseaux du Seigneur. » Et afin de rendre la chose plus complète, comme le souffle de la vie de l’homme est dans ses narines, ils faisaient passer les rots les plus choisis, les plus édifiants et les plus vivifiants par cet orifice, pour leur en donner la teinture, à mesure qu’ils passaient1007.

2163. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

L’enfant devient homme, époux et père ; il voit s’élever autour de lui des berceaux et des tombes ; et, à mesure, son cœur s’atrophie et se resserre, ou se désole et se lamente amèrement ; car plus sa pensée devient grave, plus l’isolement se fait sentir, plus la misère de l’homme réduit à ses propres forces dans la solitude de cette société devient pénible et affreuse. […] on en est arrivé à croire qu’il est utile à une nation, et même qu’il serait utile au genre humain tout entier d’employer un système uniforme de poids et de mesures, et en même temps à ne pas sentir qu’il y ait besoin pour une nation, que dis-je ?

2164. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Espinosa, le maître de ballets, arpente le devant du théâtre, en claquant la mesure dans ses mains. […] À mesure que l’individu sort de la plèbe et s’en distingue, il a un plus grand besoin de plaisirs personnels et faits pour lui seul.

2165. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Mais voilà que, sur nos espérances, tombent ainsi que des gouttes d’eau glacées, des paroles de Thierry, nous disant qu’il n’a pas trouvé tout le concours qu’il espérait dans Got, que Got appartient trop à Laya, auquel il est reconnaissant outre mesure de son succès dans Le Duc Job, et que venant de jouer un rôle de vieux, il veut jouer un rôle jeune : — tout cela confidemment et discrètement dit, comme des choses dont on ne laisse passer que la moitié, et qui font redouter ce qu’on ne dit pas. […] » Et le travail reprend, sérieux, acharné, coupé de dépêches télégraphiques jaunes, que la princesse déchire à mesure et roule en boulettes.

2166. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Et, ne vous y trompez pas, — nous prenons la mesure de l’homme, — ce ne fut pas seulement son temps qui empêcha Diderot d’être un grand romancier, ce fut aussi sa propre nature, ce fut le manque de génie, — le manque du génie qu’il eût fallu pour être un romancier. […] Dans les chapitres précédents nous avons, si on se le rappelle, cherché à prendre la mesure exacte du métaphysicien, du moraliste, de l’historien, du romancier, de l’homme de raisonnement et de fantaisie, si prodigieusement exagérés dans Diderot.

2167. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

La mesure des deux génies se trouve dans l’Œdipe même : les premiers actes de la pièce française sont aux derniers ce que Voltaire est à Sophocle. […] « Je n’ai jamais, continue Jean-Jacques, ouï faire en particulier de cette scène l’éloge dont elle me paraît digne ; mais je n’en connais pas une au Théâtre-Français où la main d’un grand maître soit plus sensiblement empreinte, et où le sacré caractère de la vertu l’emporte plus sensiblement sur l’élévation du génie. » Rien de plus prodigue qu’un avare quand par hasard il se met en dépense : Rousseau, chagrin et atrabilaire, Rousseau, très économe d’éloges, passe ici toute mesure et se jette dans de flatteuses hyperboles. […] Dans cette lettre, on le gronde très sérieusement d’avoir flatté, outre mesure, Maffei et sa Mérope ; on fait une satire amère de la pièce italienne ; on en cite avec malice les endroits les plus choquants pour nos mœurs ; on verse le ridicule à pleines mains sur des naïvetés que la langue et les mœurs du pays rendent très excusables ; et l’on conclut de tout cela que le poète français n’a pas pu tirer un grand parti de cet amas d’absurdités, qu’il ne doit presque rien à Maffei, et qu’il lui a fait en le pillant beaucoup d’honneur. […] Quand le public abusé luttait contre les mesures du gouvernement, et opposait à sa prudente sévérité à l’égard de Voltaire, des applaudissements factieux, le public ne savait pas qu’il préparait la ruine de la monarchie ; et personne alors n’y songeait et ne la désirait, pas même les philosophes. […] Athalie lutte contre le grand-prêtre et contre Dieu ; elle lève une armée, et marche contre le temple à la tête de ses Tyriens : il s’en faut bien que Sémiramis prenne des mesures aussi énergiques ; elle ne fait pas des actes de vigueur, et ne sait faire que des actes de contrition : tel est l’excès de sa sensibilité, que, pour conjurer la colère céleste, elle se met sous la protection d’un militaire bien fait, et dans la fleur de l’âge ; la vieille veuve de Ninus ne voit rien de mieux pour détourner la foudre que de se remarier avec un jeune homme : le remède est doux, mais il ne lui réussit pas, et Ninus est furieux du choix d’un tel amant.

2168. (1884) La légende du Parnasse contemporain

L’ivresse devint irrémédiable et s’accrut de jour en jour à mesure qu’il entrait plus intimement dans la connaissance des chefs-d’œuvre. […] Chose singulière, à mesure que sa vie se prolongeait dans ce siècle, on eût dit que son esprit s’en retournait vers le siècle précédent. […] Deux orchestres, l’un à mi-voix, L’autre en reprises plus vibrantes, Jouaient deux danses à la fois Sur des mesures différentes. […] C’est peut-être à ce trouble un peu crépusculaire où se disperse parfois l’inspiration de Léon Dierx qu’il faut attribuer, dans certaine mesure, l’espèce d’indifférence qu’ont trop longtemps témoigné à ce poète les gens épris avant tout du tangible et de l’immédiat.

2169. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

C’est lui qui, pour s’épargner la dépense du rouge de théâtre, a inventé de se serrer le cou outre mesure, pour se faire monter le sang à la tête. […] Si l’on en croit les statisticiens et la foule qui encombre incessamment tous les lieux publics où l’on débite de la boisson, la population de Londres est une éponge qui absorbe quotidiennement une quantité de liquide suffisante pour mettre à flot le Great-Britain, navire du port de dix mille billards. — Cependant il s’en faut que les conséquences naturelles de cette absorbtion prodigieuse aient été prévues dans une juste mesure. […] Il m’apprit alors que c’était une mesure de précaution adoptée par tous les commerçants de Londres. — À la fin de la journée, chacun d’eux, dans la crainte d’être volé, ne conserve chez lui que la somme indispensable à ses besoins, et envoie sa recette du jour passer la nuit à la banque de son quartier, d’où il la retire chaque matin. […] Augier s’éleva singulièrement dans la portion du public qui mesure plutôt une œuvre à sa valeur qu’à son succès. — Une chose importante au théâtre, aussi bien qu’ailleurs, c’est de savoir arriver à temps. — La science de l’à-propos est le talent de ceux qui n’en ont pas. — Des œuvres dont le principal ou l’unique mérite était d’arriver juste à la minute précise où le public désire voir formuler au théâtre des idées qui sont dans l’air ont réussi avec éclat, — tandis que d’autres recevaient un accueil douteux, parce qu’elles se présentaient en avance ou en retard.

2170. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Restif a travaillé surtout pour les femmes, il les aimait, et pouvait dire comme notre romancier : « Ces garces-là ne se doutent pas du mal que je me donne pour leur faire plaisir. » Il a touché à tout, comme Balzac, mais il a manqué de mesure, il n’a pas su écrire, il n’a pas su rire, il n’a pas su effrayer, les moyens lui ont fait défaut presque toujours, c’est ce qui fait qu’il est resté en arrière et qu’il ne sortira pas de ce second plan, lui qui s’est tant épuisé pour faire croire à lui-même et à tous qu’il était au premier. […] Nous arriverons bientôt, du reste, à des poésies telles, qu’il ne sera pas nécessaire de les comparer à d’autres pour en montrer la faiblesse. — En poésie comme en prose il devrait y avoir des lois de raison et d’intelligence qui ne permettent pas de parler outre mesure, de faire des fautes de discours, de langage, de proportion, etc. […] Je ne veux pas dire que cette philosophie ait réussi outre mesure, mais elle a fait des ravages dans certains cerveaux et ne demande à cette heure qu’à profiter du calme où nous sommes pour se propager dans la foule. […] J’aurais prouvé, d’accord en cela avec la Genèse, que l’homme est la dernière créature du globe, et que les animaux nés avant lui sont arrivés avant lui à leur point de perfection ; j’aurais prouvé que l’éléphant et la fourmi sont d’autant plus supérieurs à l’homme qu’ils n’ont chez eux ni Bourse, ni petits journaux, ni rien qui ressemble à cet orgueil qui nous fait tous les jours défier le Créateur ; j’aurais prouvé que l’homme, à mesure qu’il vieillit, se rapproche de plus en plus de la brute, et je l’aurais prouvé longuement, catégoriquement, comme je ne puis pas le faire ici ; j’aurais prouvé enfin que le dernier progrès de l’humanité était le mutisme et la vie sauvage, et j’aurais eu certainement des arguments chez quelques écrivains qu’on traite de grands esprits, Rousseau entre autres, et chez quelques réformateurs que vous admirez, M.  […] « En deux mots, ajoute-t-il, je suis en mesure d’établir, par l’observation, le raisonnement, les faits, que la femme plus faible que l’homme, quant à la force musculaire, vous-même le reconnaissez, ne lui est pas moins inférieure quant à la puissance industrielle, artistique, philosophique et morale ; en sorte que si la condition de la femme dans la société doit être réglée, ainsi que vous le réclamez pour elle, par la même justice que la condition de l’homme, c’est fini d’elle : elle est esclave. » « À quoi j’ajoute aussitôt que c’est précisément le système que je repousse : le principe du droit pur, rigoureux, de ce droit terrible que le Romain comparait à une épée dégainée et qui régit entre eux les individus d’un même sexe, n’étant pas le même que celui qui gouverne les rapports entre individus de sexes différents. » « Quel est ce principe différent de la justice et qui cependant n’existerait pas sans la justice ; que tous les hommes sentent au fond de l’âme et dont vous autres femmes ne vous doutez seulement pas ?

2171. (1897) Aspects pp. -215

Et pour rythmer la pensée, je battrai la mesure aux chœurs des salamandres et des grillons qui grésillent et susurrent dans le brasier d’or rose… Mais écoute : un cri de clairon troue le silence ! […] Bientôt, par mesure de sûreté générale, d’Axa fut arrêté une première fois, la maison du journal saccagée et pillée par une bande d’argousins. […] Il ignore le rythme, la mesure et la science de la composition. […] Cela est regrettable jusqu’à un certain point car l’âpre dialecticien de Dieu et l’État et des Lettres contre le Patriotisme s’est prouvé en mesure de donner une œuvre philosophique de premier ordre. […] Celui-ci qui fait allusion à la mise à plat ventre de la Grrrande Nation devant des navigateurs kalmouks : « La France n’a plus la mesure d’une nation bien portante.

2172. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Ajoutez qu’à mesure qu’on s’éloigne de ces temps anciens et de ce régime aboli, il devient d’un intérêt historique sérieux d’en bien connaître les mœurs, les usages, les particularités, les excès ; de voir toute une province et des plus rudes, saisie au vif et prise sur le fait dans ses éléments les plus saillants et les plus heurtés, dans sa noblesse, son clergé, son tiers état et ses paysans, d’assister à l’enquête et à la justice, souvent bien expéditive, qu’on y fait au nom de l’autorité royale, treize ans seulement après les rébellions de la Fronde.

2173. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Es-tu comme le large glaive Dans les tombes de nos aïeux Qu’aucun bras vivant ne soulève Et qu’on mesure en vain des yeux ?

2174. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Je me disais qu’après une vie agitée et peut-être avant les orages et les mécomptes de cette vie, il serait doux d’avoir son tombeau sous ces orangers, d’y dormir ou d’y rêver, car l’homme est si essentiellement un être pensant qu’il ne peut croire au sommeil sans rêve, même de la tombe ; j’y écoutais mourir le sourd murmure de la grande ville qui s’assoupissait à mes pieds, semblable au bruit d’une mer qui diminue à mesure qu’on s’élève sur le promontoire ; j’y regardais les derniers rayons du soleil, dorant comme des phares les pans de murailles jaunies du Colisée.

2175. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Si tout cela me reste, qu’importe un peu plus ou un peu moins de mesures de terre sur une montagne !

2176. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Les pauvres prisonniers et prisonnières, tout réjouis, se pressaient à leurs grilles, écoutaient les larmes aux yeux et me remerciaient, à mesure que je passais devant leur lucarne, de leur donner ainsi un souvenir de leur jour de fête.

2177. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Necker, son père, était un de ces hommes de bruit et de vent que l’engouement de leur époque enfle jusqu’aux proportions d’un grand homme, qui passent la moitié de leur vie à surexciter les espérances de leurs contemporains et l’autre moitié à les détromper de leur fausse supériorité ; routinier en finances, banquier plutôt qu’administrateur du trésor public, novateur en paroles, stérile en mesures, pompeux en éloquence, vide en idées, boursoufflé en style, obscur en chiffres, nul en politique, soulevant témérairement toutes les questions sans avoir le génie d’en résoudre aucune, les laissant retomber de tout leur poids, tantôt sur le peuple, tantôt sur le roi, et ne sauvant jamais que sa propre popularité du naufrage.

2178. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

On voit, dans la suite de la vie de Michel-Ange, que ce tombeau, conçu, commencé, interrompu, repris, abandonné, presque achevé, jamais fini, fut l’œuvre capitale et favorite du grand artiste, le rêve, le réveil, l’espoir et le désespoir de sa vie, poëme de marbre dont les vicissitudes du sort déchiraient les pages à mesure qu’il les avait composées et qu’il s’efforçait de les réunir.

2179. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Ceci nous donne à la fois la mesure de la conscience morale et de l’intelligence historique de Froissart.

2180. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Il n’a pas son pareil pour connaître les milieux où se meuvent les caractères, et les facilités ou les obstacles que leur jeu y rencontre : il est plus étonnant encore de perspicacité quand il sonde les âmes, mesure les esprits, et déduit les prolongements extérieurs de leur intime originalité qui viennent neutraliser ou fortifier la brutale action des choses.

2181. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

En somme, on voit dans quelle mesure ces étrangers nous ont rendu service.

2182. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Je préfère Pierre Leroux, tout égaré qu’il est, à ces prétendus philosophes qui voudraient refaire l’humanité sur l’étroite mesure de leur scolastique et avoir raison avec de la politique des instincts divins du cœur de l’homme.

2183. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

L’habitude du travail en famille, la réunion de la mère de famille et de ses filles autour d’une taille de travail est le seul moyen d’enseigner les usages du monde où les jeunes personnes sont destinées à vivre, le seul moyen de donner à leur esprit le développement convenable, à leur langage la facilité et la mesure appropriées à leur condition.

2184. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

On creuse ses profondeurs et on mesure ses hauteurs ; ses sources, cachées comme celles du Nil, tentent les voyages de la pensée et les explorations de la conjecture.

2185. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Aux brebis tondues Dieu mesure le vent ; mesurons les larmes aux brebis galeuses.

2186. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Il me semblait que les blés croissaient à mesure que j’avançais ; j’aperçus des plantes d’une autre espèce, et au troisième jour je vis des forêts où il croissait des chênes66.

2187. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

L’immense diffère du grand, en ce qu’il exclut, si bon lui semble, la dimension, en ce qu’« il passe la mesure », comme on dit vulgairement, et en ce qu’il peut, sans perdre la beauté, perdre la proportion.

2188. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

C’est le mode de versification que suit l’école actuelle qui a repris aussi à nos anciens poètes cette richesse élégante de rimes, trop négligée dans le dernier siècle ; car la rime est le trait caractéristique de notre poésie, il faut qu’elle soit une parure, pour n’avoir pas l’air d’une chaîne, et des vers rimés à peu près, sont comme des vers qui auraient presque la mesure.

2189. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Malgré les vexations de détail qui s’ajoutent toujours à une mesure tyrannique et dictée par la haine, les Pères de la Compagnie de Jésus ne fléchirent pas dans l’obéissance et dans le respect.

2190. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Gustave Flaubert a travaillée ou te sa vie avec une vigueur d’application qui, moralement, l’honore, mais il n’a rien produit dans la mesure de son application, et, chose plus déplorable encore !

2191. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Les breves sont prononcées dans le moins de tems qu’il est possible ; aussi dit-on qu’elles n’ont qu’un tems, c’est-à-dire, une mesure, un battement ; au lieu que les longues en ont deux ; & voilà pourquoi les Anciens doubloient souvent dans l’écriture les voyelles longues, ce que nos Peres ont imité en écrivant aage, &c. […] « Les Anciens, dit-il, ont voulu qu’il y eût dans la prose même des intervalles, des séparations du nombre & de la mesure comme dans les vers ; & par ces intervalles, cette mesure, ce nombre, ils ne veulent pas parler ici de ce qui est déjà établi pour la facilité de la respiration & pour soulager la poitrine de l’Orateur, ni des notes ou signes des copistes : mais ils veulent parler de cette maniere de prononcer qui donne de l’ame & du sentiment aux mots & aux phrases, par une sorte de modulation pathétique  ». […] Par arsis & thesis, on entend communément la division proportionnelle d’un pié métrique, faite par la main ou le pié de celui qui bat la mesure. […] Le tems que l’on employe à hausser la main est appellé arsis, & la partie du tems qui est mesuré en baissant la main, est appellée thesis ; ces mesures étoient fort connues & fort en usage chez les Anciens. […] C’est le son obscur de l’e muet de l’article simple le, & le changement assez commun en notre langue de l en u, comme mal, maux ; cheval, chevaux : altus, haut ; alnus, aulne (arbre) alna, aune (mesure) alter, autre, qui ont fait dire au au lieu de à le, ou de al.

2192. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Toute mesure, comme la loi du 31 mai 1851, ayant pour but de priver des citoyens d’un droit qu’ils ont exercé depuis vingt-trois ans serait un acte blâmable. […] Un tel morcellement a failli se faire au mois de mars dernier ; il se ferait le jour où la France serait mise encore plus bas qu’elle ne l’a été par la guerre de 1870 et par la Commune ; il ne se fera jamais par mesure légale.

2193. (1886) Le naturalisme

Je pense aussi que les lettres, à mesure qu’elles avancent, expriment la couleur avec plus de brio et de force, en détaillent mieux les nuances et les délicates transitions, et que l’étude de la couleur se complique de même que l’étude de la musique s’est compliquée depuis les maîtres italiens jusqu’à aujourd’hui. […] Certes oui, ceux-là nous donneront des listes d’objets, si, comme il est probable, le sort leur refuse le privilège d’interpréter le langage de l’aspect des choses, et le don de l’opportunité et de la mesure artistique. […] Les noirs, les terres de Sienne, les bitumes dont Fernan ne fit, lui-même, usage qu’avec une extrême mesure, manquent complètement.

2194. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Je n’ai pas oublié que madame Geoffrin, dans son bon sens bourgeois aiguisé de malice, disait de lui : « Il est manqué de partout, guerrier manqué, ambassadeur manqué, homme dJaffaires manqué, et auteur manqué. » — « Non, reprenait Horace Walpole qui cite le mot, il n’est pas homme de naissance manqué. » — « Non, dirai-je à mon tour plus fermement encore après cette épreuve où on le verra en 93, il n’est pas un homme comme il faut manqué, puisqu’il sut rester tel, si convenable, si décent, si souriant, et prêt à devenir laborieux dans la mesure de ses forces, à demander à sa plume une ressource honnête, à l’heure de l’adversité extrême. » Nivernais, en son beau moment et avant que le siècle tournât décidément au sérieux, avait ses admirateurs et son école mondaine.

2195. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Le Pastor fido, de Guarini, fut peu de temps après la plus heureuse imitation de l’Aminta du Tasse ; mais le Tasse lui-même ne parut pas attacher à cette œuvre de sa jeunesse l’importance qui s’y attacha dans le goût du temps ; il aspirait avant tout à la gloire épique, ce sommet de l’art selon son siècle ; il ne voulut pas donner la mesure de son génie dans un monument inférieur à l’épopée.

2196. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Il ne tient aucun compte de l’argent, et il a dépensé sans mesure ce qu’il comptait gagner par cet ouvrage, qui, au contraire, achève de le ruiner.

2197. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Sa détention d’abord royale s’était resserrée de plus en plus à mesure qu’elle changeait de résidence.

2198. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Si nous dépouillons le morceau de sa grandiose poésie, et que nous en cherchions le sens précis, nous remarquerons avec étonnement que Pascal, au temps même où la science faisait ses premiers pas, lorsque le premier emploi des méthodes et des instruments remplissait d’orgueil et d’espérance, mesure avec sûreté le domaine de la science et la puissance de la science.

2199. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Mais plus de mesure dans l’attaque, l’art de s’y faire des auxiliaires, plus de vérités de détail parmi les mêmes erreurs, des idées justes sur les arts écrites dans une prose aisée, l’honneur d’avoir travaillé sous Colbert aux merveilles de Versailles, des contes où le précieux même n’est pas sans grâce, tout cela, sans rendre la cause meilleure, diminue le ridicule de l’avocat.

2200. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Telle était aussi la mesure intellectuelle de M. 

2201. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Il faudra noter, principalement, l’individualisme impérieux dont la littérature française se pénètre de plus en plus, à mesure que tous les genres donnent un peu l’impression d’être épuisés et que chacun, néanmoins, poursuit une originalité trop souvent fuyante ou inaccessible.

2202. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

On en appelloit à la physique, pour démontrer que ces deux genres ne sçauroient exister ensemble ; que l’effet propre à chacun doit être arrêté, ou du moins affoibli par l’autre ; qu’on est mal disposé à rire quand on a pleuré, & à pleurer quand on a ri ; que notre ame n’étant affectée différemment que par dégrés, doit l’être beaucoup moins à mesure qu’elle passe continuellement des larmes à la joie, & de la joie aux larmes ; que le spectateur, dans l’impossibilité de se livrer longtemps à rien de touchant ou de risible, doit rester suspendu entre deux mouvemens alternatifs & opposés.

2203. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Il ne pouvait pas ne pas l’être et, précisément, les défauts dont on lui tient rigueur, et que nous signalerons (surtout son manque de mesure), témoignent en faveur de l’intensité lyrique de ses dons.

2204. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Quant à la laideur, il l’admet dans une sage mesure, comme moment (élément) de la beauté complexe.

2205. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Car, de même que l’idée exclusivement politique a fait du tort au livre de Forneron, qui, sous ce titre de l’Histoire des Guise et de leur époque, aurait pu être complet et grand, de même, la politique fit tort à la grandeur des Guise, et nous avons avec le livre de Forneron la mesure du tort qu’elle lui a fait. « À chacun son tour ! 

2206. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Il résulte du récit, discuté à mesure qu’il se développe, du nouvel historien d’Alexandre, que pendant toute sa vie de cardinal ce singulier Héliogabale ne commit qu’une seule faute, dont le reprit paternellement Pie II (le grand Piccolomini), et cette faute énorme fut d’être demeuré un peu trop longtemps à un bal où des femmes dansaient sans leurs maris.

2207. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Ainsi, les questions, les objections se pressent, à mesure qu’on lit ces deux gros volumes, dont je n’ai pu ébaucher qu’une légère esquisse. […] Les femmes, même les plus distinguées, ne peuvent résister à cet instinct d’imitation qui est le fond de leur nature… Mais, à mesure qu’on avance dans cette lecture, la personnalité de l’auteur se dégage, en dépit des leçons apprises et des diplômes conquis. […] Touffu, mal composé, trop poussé au noir, souvent crispé par une synthèse violente qui veut attribuer à la bureaucratie tous les maux dont nous souffrons, il manque de proportions, de mesure, parfois de justesse. […] Pareillement, quelques-uns de nos romanciers se sont amusés à faire grimacer, outre mesure, les petits et les faibles, afin de secouer d’un gros rire le ventre des mandarins et des satisfaits. […] À mesure que l’on regarde, les unes après les autres, les statues de type archaïque, on voit peu à peu, — comme si la vie animait insensiblement ces membres morts — le mouvement succéder à la torpeur, les yeux s’ouvrir et vivre, le sourire s’éveiller… Oh !

2208. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

À mesure que les deux gouvernements se connaissent mieux, ils s’apprécient davantage, et c’est pour moi, je l’avoue, un véritable sujet d’orgueil et de satisfaction de songer que les préjugés qui divisaient les deux pays sont presque entièrement effacés4. » Ainsi, le bon sens de Victor Jacquemont devançait les événements, et du premier coup frappait juste sur leurs résultats les plus cachés. […] Capricieuse, fantasque, aujourd’hui philosophe, lisant du grec ou livrée à des méditations esthétiques, demain rieuse emportée, se roulant sur les tapis ; aimant « les beaux chiens, les beaux chevaux, les belles pipes, les beaux hommes » ; abandonnée à l’intimité d’une soubrette et d’un page libertin ; sans frein dans ses goûts, sans mesure dans ses plaisirs, ouvrant son salon à des femmes décriées, et la nuit, déguisée, se glissant sous le toit d’un étudiant allemand, qu’importe ?

2209. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Cela les amusait outre mesure, d’imposer au public des œuvres insipides dont ils étaient toute la renommée et qui les suivaient dans leur retraite. […] Non pas qu’il soit très beau ou très bien fait, son buste est trop long pour ses membres, ses membres sont trop courts pour son buste, son ventre est rebondi outre mesure, et laisse tomber le vêtement nécessaire sur ses genoux ; en fin de compte, personne mieux que Molé, ne sait porter le chapeau, l’épée et l’habit de cour. […] Casimir Delavigne, vous trouverez que la profession la plus exaltée et la plus admirée, admirée au-delà de toute mesure… sur le théâtre, est justement la profession du comédien ! […] — Elle est au ciel, elle touche aux enfers ; elle pleure, elle prie, elle maudit ; elle implore, elle blasphème, elle crie, elle s’apaise ; elle est vivante outre mesure… elle est morte ! […] Par exemple savez-vous rien de plus amusant que Le Joueur, ces deux passions, le jeu et l’amour, qui sont aux prises, celle-ci renversant celle-là, le gain plaidant contre Angélique, Angélique moins belle à mesure que son amant a gagné, et ce portrait mis en gage entre les mains de madame La Ressource, et cette honnête commère amenant un dénouement sensé, juste, gai, excellent ; voilà de la comédie !

2210. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Si Gaston Paris avait vécu davantage, il est probable que cette série se serait continuée, et aurait facilement rempli la mesure d’un volume comme celui-ci. […] Charles avait sans doute pris, pour protéger la chapelle et le passage, des mesures qui furent abandonnées dans l’anarchie des xe et xie  siècles ; la fondation de Sanche de la Rosa fut la première tentative qu’on fit pour ramener quelque sécurité dans cette région. […] Mais le froid augmente à mesure que nous nous élevons, et les nuages sont si bas que nous n’apercevons pas, même près du but, les cimes du Vettore et de la Sibilla dont hier, à Spolète, nous voyions étinceler au soleil les plaques de neige. […] Nous remarquons dans cette rapsodie deux traits qui font aujourd’hui partie inhérente de la figure du Juif Errant, et qui, si nous ne nous trompons, sont déjà dans le Volksbuch : l’un, qu’il marche toujours, l’autre, qu’il a dans sa poche cinq sous, qui se renouvellent à mesure qu’il les dépense.

2211. (1900) La culture des idées

Il ne faut pas mêler l’idée de gloire à l’idée de beauté ; la première est tout à fait dépendante des révolutions de la mode et du goût ; la seconde est absolue, dans la mesure où le sont les sensations humaines ; l’une dépend des mœurs, l’autre dépend de la loi. […] Albalat donne de fort amusantes listes de clichés, mais sa critique est parfois sans mesure. […] Si l’on néglige les accidents — quoique mémorables — ce principe est demeuré très puissant et si bien compris, à mesure que l’instruction se répand, qu’il suffit à un critique de le faire intervenir pour qu’un lecteur honteux rejette l’œuvre nouvelle qui le rafraîchissait. […] L’inutilité de ces mesures me les ferait accepter volontiers.

2212. (1893) Alfred de Musset

À mesure qu’il avançait dans sa lecture, il a aperçu « quelques beautés ; puis ces beautés ont grandi, puis elles ont dominé les défauts », et le critique n’a plus été sensible qu’à la franchise de l’inspiration, à la force de l’exécution, au sentiment et au mouvement qui manquent à tant d’autres poètes. […] Il y a enfin les babioles, les marivaudages, les riens insignifiants, et il y a « Dupont et Durand » (15 juillet 1838), si remarquable par la frappe du vers, et qu’il faut comparer aux « Plaideurs » et aux vers réalistes de Boileau pour bien comprendre dans quel sens et quelle mesure Musset avait les instincts classiques. […] Musset n’avait pas perdu son temps lorsqu’il passait les nuits à valser — pas toujours en mesure, m’affirme une de ses valseuses — et à babiller avec ses danseuses.

2213. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Pour ne pas avoir l’air d’éluder le jugement littéraire, même en telle matière où la question morale et sociale domine tout, nous dirons une bonne fois que n’avoir lu la Bible, comme le fit Parny, que pour en tirer des parodies plus ou moins indécentes, c’était se juger soi-même et (religion à part) donner, comme poëte, la mesure de son élévation, la limite de son essor.

2214. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Jean Valjean voyait-il distinctement après leur formation, et avait-il vu distinctement à mesure qu’ils se formaient, tous les éléments dont se composait sa misère morale ?

2215. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

XII Remarquez comme l’ambition devient frénésie et comme le fourbe devient scélérat à mesure qu’il boit plus de sang.

2216. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Considéré par Philippe le Hardi, en rébellion déclarée contre Philippe le Bel, que ses mesures fiscales avaient rendu odieux à la noblesse, il se rapprocha de Louis le Hutin, et ce fut à la prière de la reine, femme de ce prince, qu’il dicta ses mémoires, étant plus que nonagénaire.

2217. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Il n’est pas impossible de concevoir quelles tendances, en règle générale, il faudrait encourager, quelles autres il faudrait réprimer, et dans quelle mesure ces deux opérations seraient à pratiquer.

2218. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

La littérature va dévorant ses formes à mesure qu’elle les épuise ; elle doit toujours être contemporaine à la nation.

2219. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Laissant de côté tout ce qui appartient au tableau des temps apostoliques, nous rechercherons seulement dans quelle mesure les données fournies par les évangiles peuvent être employées dans une histoire dressée selon des principes rationnels 14 ?

2220. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

« Chaque chant de maître ou Bar a sa mesure régulière… Un Bar comprend le plus souvent différentes strophes… Une strophe se compose ordinairement de deux Stollen qui se chantent sur la même mélodie.

2221. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Il nous reste à faire un appel à nos ennemis mêmes, à ceux qui aiment la liberté et qui doivent avoir quelques regrets devant leur victoire, devant l’interdiction de notre pièce par mesure administrative.

2222. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

L’impatience du public était si vive, que Rosa ou la Fille mendiante, de Mme Bennett, se traduisait à Paris à mesure que les feuilles de l’original s’imprimaient à Londres (Décade, 20 brumaire an VI).

2223. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

En vieillissant, les poésies s’efféminent : au lieu de Job vous avez Sénèque, au lieu d’Homère vous avez le Tasse ; cette recherche, cette parure, cette effémination de la poésie, à mesure que la civilisation se raffine, ne sont pas moins sensibles dans les poètes indiens que dans ceux de nos jours.

2224. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Rien de semblable chez lui aux habiletés, ni aux atermoiements de l’homme d’État, calculateur avisé, qui s’arrête à mi-chemin, qui tâtonne, les yeux appliqués sur les événements, qui mesure le possible et use de la logique pour la pratique. […] Comblons la mesure ; joignons, comme il le fait, les perspectives du ciel aux visions des ténèbres : le pamphlet devient un hymne. « Quand je rappelle à mon esprit, dit-il, comment enfin, après tant de siècles pendant lesquels le large et sombre cortége de l’Erreur avait presque balayé toutes les étoiles hors du firmament de l’Église, la brillante et bienheureuse Réforme lança son rayon à travers la noire nuit épaissie de l’ignorance et de la tyrannie antichrétiennes, il me semble qu’une joie souveraine et vivifiante doit entrer à flots dans la poitrine de celui qui lit ou qui écoute ; et que la suave odeur de l’Évangile ramené baigne son âme de tous les parfums du ciel483. » Surchargées d’ornements, prolongées à l’infini, ces périodes sont des chœurs triomphants d’alleluias angéliques chantés par des voix profondes au son de dix mille harpes d’or.

2225. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Il n’y a dans le coeur humain qu’une certaine mesure de sensibilité. […] Mais on a deux poids et deux mesures pour les anciens et pour les modernes : on condamne franchement Quinault, parce qu’il est de notre siécle ; et le préjugé de l’antiquité fait qu’on n’ose sentir la faute d’Homere.

2226. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Près de Fontainebleau et de Melun, à Bois-le-Roi, les trois quarts du territoire restent en friche ; presque toutes les maisons de Brolle sont en ruines, on n’y voit plus que des pignons demi-écroulés ; aux Coutilles et à Chapelle-Rablay, cinq fermes sont abandonnées ; à Arbonne, quantité de champs sont délaissés ; à Villiers et à Dame-Marie, où il y avait quatre corps de ferme et nombre de cultures particulières, huit cents arpents demeurent incultes  Chose étrange, à mesure que le siècle va s’adoucissant, le régime de la chasse empire ; les officiers de la capitainerie font du zèle, parce qu’ils travaillent sous les yeux et pour les « plaisirs » du maître.

2227. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Il n’est pas nécessaire de dire avec quelle mesure nous discuterons ces deux faux actes du premier Consul, ces deux faux jugements de son historien.

2228. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Le premier de ces ridicules, c’est d’écrire, pour l’éducation universelle d’un peuple qui ne vit que de travail et de pauvreté, un livre qui suppose dans la famille et dans l’enfant qu’on élève une opulence de Sybarite ou des délicatesses de Lucullus, des palais, des jardins, des serviteurs de toutes sortes, des gouverneurs mercenaires attachés par des salaires sans mesure aux pas de chaque enfant, des voyages lointains à grands frais avec le luxe d’un fils de prince, voyages d’Alcibiade avec un Socrate à droite et un Platon à gauche de l’élève.

2229. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Il faut une certaine mesure de vertu dans une âme, pour que cette âme puisse s’élever à une véritable philosophie.

2230. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Mille pensées confuses naissaient dans son âme et y croissaient à mesure que croissaient au dehors les rayons du soleil.

2231. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

J’ai été le témoin confidentiel, dans des circonstances difficiles, de la mesure, de la sagesse, de l’équilibre de son gouvernement et de l’impassibilité de son courage.

2232. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Il s’était voué de bonne heure à ce rôle de l’espérance et de l’activité dans les causes en apparence perdues ; il avait conspiré avec les flatteurs de la haute émigration en Suisse, en Russie, en Angleterre ; il s’était lié avec M. de Blacas, homme plus sérieux, mais moins aimable que lui ; Louis XVIII l’aimait pour sa légèreté, il tenait tête à ce monarque en matière classique et épigrammatique ; il avait écrit en 1814 des brochures royalistes qui lui avaient fait un nom d’homme d’État de demi-jour, à l’époque où une brochure paraissait un événement ; il n’était point ennemi des transactions avec la révolution pacifiée ; il savait se proportionner aux choses et aux hommes ; il n’avait aucun préjugé, grande avance pour faire sa place et sa fortune ; mais il la mangeait à mesure qu’il la faisait.

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