/ 2155
1992. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Baliveau, qui boit bien, qui mange bien, qui digère bien, qui dort bien ; c’est lui qui prend son café le matin, qui fait la police au marché, qui pérore dans sa petite famille, qui arrondit sa fortune, qui prêche à ses enfans la fortune, qui vend à temps son avoine et son bled, qui garde dans son cellier ses vins, jusqu’à ce que la gelée des vignes en ait amené la cherté ; qui sait placer sûrement ses fonds, qui se vante de n’avoir jamais été envelopé dans aucune faillite, qui vit ignoré, et pour qui le bonheur inutilement envié d’Horace, le bonheur de mourir ignoré, fut fait. […] — De tout temps et partout le mal engendra le bien, le bien inspira le mieux, le mieux produisit l’excellent ; à l’excellent succéda le bizarre, dont la famille fut innombrable.

1993. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Çà et là sont introduits de vulgaires détails de famille, sans beaucoup d’égard pour les proportions. […] Il introduit le portrait vigoureux et réaliste et il traite la pure vie de famille beaucoup plus fréquemment que ne le fait l’art grec. […] « Elisabeth d’abord, puis Jacques, ensuite Cromwell, repeuplèrent l’Irlande, en introduisant des Anglais, des Écossais, des Huguenots, des Flamands, des dizaines de mille de familles de vigoureux et sérieux protestants, qui apportèrent avec eux leurs industries. […] L’honnête contribuable et sa florissante famille se sont certainement égayés maintes fois du front en forme de dôme du philosophe ; ils ont ri de l’étrange perspective du paysage qui s’étend au-dessous de lui. […] A propos du Récit sur la maison des Wolfings et toutes les familles de la Marche.

1994. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Et je me suis rappelé un petit fait, terriblement éloquent, dont j’ai été presque témoin et qu’il faut que je vous conte : Dernièrement une dame de ma connaissance, qui a une petite fille de santé chétive et trop délicate pour suivre des cours au dehors, fait mettre cet avis dans le Figaro : « On demande institutrice pour donner leçons de français dans une famille ». […] Puis, les parents, jadis, en voulaient pour leur argent ; ils s’occupaient du progrès des enfants, ils s’en informaient auprès du maître ; c’était quelquefois ennuyeux pour lui ; mais cela le stimulait, le tenait en haleine, et souvent aussi cela établissait entre lui et les familles des relations agréables et cordiales. […] Et je songeais avec un peu d’étonnement que ce pays élyséen était pourtant celui des contes de Maupassant, le pays de Maît’Omont ou de Maît’Hauchecorne, et que, par des champs semblables à ceux-là, Emma Bovary, il y a quelque quarante ans, courait à ses rendez-vous chez Rodolphe de la Huchette… Puis, voici Étretat, entre les deux portes de sa falaise, qui donnent l’impression, même par les plus lourdes chaleurs, qu’on est rafraîchi par un courant d’air ; Étretat avec sa plage de galets, où l’eau est si limpide, d’un vert délicat et tout pénétré de lumière ; station bonne enfant, jadis chère aux « artisses » et aux hommes de lettres, et où s’avoisinent aujourd’hui, sans se mêler, deux sociétés bien tranchées : ici la bande parisienne, un peu bohème, et qui s’amuse ; là, des familles de pasteurs protestants comme s’il en pleuvait. […] Il faut ou que la noble famille ait pris la peine de le dicter à quelque reporter, ou qu’elle l’ait communiqué elle-même aux feuilles publiques.

1995. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

En tous cas, ceux-ci admirent beaucoup Teniersa sur parole ; mais je ne sache pas un versificateur, ni peut-être un littérateur, qui ait jamais rien compris à la Famille de Van Ostade. « Ce noir avec ce blanc fait mal, disent-ils, je ne sais pas ce que vous trouvez de beau là-dedans ; allez voir sainte Scholastique de Le Sueurb. » Donc cette tradition s’est amassée dans tous les écrits sur l’art ; trois cents ans d’une éducation artistique artificielle ont frappé l’école contemporaine d’impuissance ; les gens qui ont reculé devant leur propre époque, et qui s’imaginent qu’ils comprennent mieux le passé qu’ils n’ont pas vu, que le présent ou ils vivent et se meuvent, ces gens-là ne peuvent être absous de leur inintelligence ; aussi Courbet a-t-il justement mérité d’être appelé vaillant. […] J’entrevois, sans savoir au juste, jusqu’où on pourrait aller et quels détails pourraient me solliciter plus spécialement, des séries vastes sur les gens du monde, les prêtres, les soldats, les paysans, les ouvriers, les juges, les marchands ; en reprenant ces séries de toutes les façons, par exemple en ouvrant une suite de scènes de mariage, de baptême, de communion, ou bien d’intérieurs de famille ; des naissances, des successions, etc., surtout des scènes qui se passent souvent et qui expriment bien la vie générale d’un pays. […] voilà où est la coquinerie, vous habillez cette idée, vous la couvrez en parlant de poésie, des âmes prosaïques, des grandes divisions opposées aux détails sans importance, de l’idéal, en déclarant que quand on fait un portrait il ne faut pas cette ressemblance vulgaire qui plaît aux amis, à la famille, il faut plus. […] Nous ne le savons pas, parce que les familles le cachent ; mais je suis sûr qu’elles ont eu soin d’enlever à ces parents au cerveau troublé, l’administration de leurs biens, leur laissant seulement la littérature par laquelle elles ne jugeaient pas pouvoir être engagées ou compromises.

1996. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Cette seule circonstance pouvoit rendre aux soldats, l’idée du retour insupportable ; comment soûtenir la vûë d’une famille qui les attendoit couverts de gloire, et qui les verra deshonorez. […] J’y remarque que cette princesse au milieu des plaintes touchantes qu’elle fait à son époux, rappelle les malheurs de sa famille d’un ton beaucoup trop historique. […] Ce n’est plus qu’une crainte tendre des malheurs de sa famille et de la captivité d’Andromaque, et de plus il prie les dieux de détourner ces maux. […] Et puisqu’Achille même pleure en se plaignant à sa mere de l’injustice d’Agamemnon, Hector ne peut-il pas pleurer : en prévoyant vivement comme il fait les malheurs prochains de sa famille, et la captivité affreuse de sa femme.

1997. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Littré dans un Avis aux pères de famille.

1998. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

À présent, la dame et sa famille sont capables de conduire l’affaire sans trop d’embarras ; ils savent seulement qu’elle est dans l’ancien ou dans le nouvel état, et se gouvernent en conséquence. » — Cette double vie se rencontre souvent chez les somnambules64.

1999. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Quant à Richard III, il dort, et la royale famille que ses attentats ont exterminée, l’environne ; il n’y a là personne qui prétende ne pas la voir, et c’est une invraisemblance de moins : toujours est-il bien dur à des spectateurs raisonnables d’être ainsi condamnés à voir face à face dix personnes depuis longtemps enterrées, et à les entendre haranguer tour à tour, et fort verbeusement, leur assassin ; car ces ombres-là ne sont point laconiques, et il faut que le coupable roi de la Grande-Bretagne ait le sommeil bien profond pour que leurs invectives ne le réveillent point.

2000. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

La famille doit nous inculper les bons sentiments.

2001. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

On le voit par la place considérable qu’on y donne à l’amour de la patrie, comme séparée et distincte des autres patries ; et par là je n’entends pas cette passion sérieuse, vitale, qui fait la force des nations, comme l’esprit de famille fait celle des individus.

2002. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Balzac vivait encore, que déjà, sous la plume d’une mère, d’une femme de génie, des lettres de famille, qui ne voulaient être rien de plus, allaient faire oublier les exercices épistolaires de Balzac et de Voiture.

2003. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

C’était une lecture de père de famille, dans le temps des conseils minutieux et réitérés, où le fabuliste était complice des réprimandes, et le docteur de la morale domestique.

2004. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Mais le service intime du héros est célébré par les femmes de la famille qui viennent, dans l’ordre de leur parenté et de leur douleur, lui chanter les derniers adieux. — Andromaque « aux bras blancs » parle la première, en tenant dans ses mains la tête de l’époux : — « Ô homme !

2005. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Les libraires Foulon et Baudouin, qui traitèrent des œuvres d’André Chénier avec la famille, dirent qu’ils connaissaient un jeune littérateur qui saurait prendre tous les soins nécessaires à une première édition ; ce jeune littérateur, âgé de trente-quatre ans déjà, était M. de Latouche.

2006. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Si, par exemple, on constatait qu’un enfant qui appartient à une famille de marins, mais qui n’a jamais vu la mer aux sombres reflets, qui même n’en a jamais entendu parler, manifeste le sentiment de reconnaissance au moment où il la contemple pour la première fois, nous pourrions conclure à peu près sûrement qu’il y a là quelque chose comme un souvenir des événements antérieurs à la naissance.

2007. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Ici je rappelle que le mot : « Musset des familles » est de mon frère, un joli baptême vraiment du talent du romancier, avant la publication de Monsieur de Camors.

2008. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Quant à l’hérédité dans les familles, elle est incontestable, mais souvent encore insaisissable27.

2009. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Ce qui fait que tant d’esprits, sans aucune prévention hostile contre le christianisme, et même animés pour cette grande religion de cet amour respectueux que l’on a pour la foi de sa famille et la foi de son enfance, résistent cependant, et résistent invinciblement au dogme chrétien, c’est qu’ils croient avoir dans leur âme une idée de justice supérieure à celle qu’on leur propose.

2010. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Baillet n’étant guéres propre pour l’usage journalier, nous citerons ici celles qui sont lues ordinairement dans les familles chrétiennes.

2011. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Intérêt spécial de la forme calme Avant de rattacher la parole intérieure dans sa totalité aux faits psychiques qui font partie de la même famille, quelques observations sont nécessaires sur la distinction et la dénomination des variétés que nous avons reconnues en elle.

2012. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

La république de Platon Ne serait rien que l’apprentie De cette famille amphibie.

2013. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Le portrait de famille qu’il a fait graver en tête de son livre doit, du reste, être ressemblant.

2014. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

La famille du Dr Pusey, normande, comme le nom de Bouverie l’indique, était établie dans le comté de Berk depuis la conquête.

2015. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Au milieu de cette nature touchante et pleine de chastes ivresses, se dessèchent d’un amour aussi foudroyant que mal récompensé, de jeunes vierges que des brigands musqués enlèvent à l’amour de la famille, ou que des adolescents, transportés des plus pures intentions arrachent à une mort certaine.

2016. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Il s’en faut que le peuple soit tout épais, tout grossier ; qu’il n’exprime une idée qu’après avoir juré, comme on le supposerait d’après certains livres ; qu’on ne puisse assister à une réunion de famille ouvrière sans découvrir une tare nouvelle chez des gens déjà soupçonnés.

2017. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Quelle que soit leur origine, leur fin, leur organisation, qu’elles soient famille, armée ou club, les sociétés ont ce caractère commun qu’il existe entre leurs éléments plus ou moins de ressemblances ou de différences.

2018. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Ils croyoient qu’à force de méditations, certaines filles Druidesses avoient pénétré dans les secrets de la Nature ; que par le bien qu’elles avoient fait dans le monde elles avoient mérité de ne point mourir ; qu’elles habitoient au fond des puits, au bord des torrents, ou dans les cavernes ; qu’elles avoient le pouvoir d’accorder aux hommes le don de se métamorphoser en loups & en toutes sortes d’animaux, & que leur haine ou leur amitié décidoit du bonheur ou du malheur des familles.

2019. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

N’est-ce pas une autre singularité, que, deux siècles après, quand la prédiction du poëte était en effet accomplie, Horace, qui, n’aimant avec passion qu’Homère, Sophocle, Platon et toute leur famille, n’ignorait cependant aucun de ces poëtes alexandrins imités par Catulle et Virgile, ait construit une belle ode sur cette origine troyenne de Rome et ce devoir de venger Troie, sans la relever cependant ?

2020. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Les dépouilles des vaincus, partagées entre les familles de l’Etat & le Trésor public, n’eurent pas plutôt formé un patrimoine aux particuliers, & assuré un fonds à la République, qu’il fallut des Loix. […] Rapportons-nous-en au compte qu’en rendoit, pour l’instruction de sa famille, un des Ancêtres(*) du premier Président de Mêmes.

2021. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

XI Il était d’une ancienne famille, alliée à de grandes maisons, ami de Sidney et de Raleigh, les deux chevaliers les plus accomplis du siècle, chevalier lui-même, du moins de cœur, ayant trouvé dans sa parenté, dans ses amitiés, dans ses études et dans sa vie toutes les circonstances qui pouvaient l’élever jusqu’à la poésie idéale. […] Solitaire et indépendant dans son château, affranchi de tous les liens que la société, la famille, le travail, imposent d’ordinaire aux actions humaines, l’homme féodal avait tenté toutes les aventures ; mais il avait encore moins fait qu’imaginé ; l’audace de ses actions avait été surpassée par la folie de ses rêves ; faute d’un emploi utile et d’une règle acceptée, sa tête avait travaillé du côté du déraisonnable et de l’impossible, et la persécution de l’ennui avait agrandi chez lui, outre mesure, le besoin d’excitation. […] Figurez-vous le remue-ménage qu’une telle disposition produit dans la tête humaine, combien l’ordre régulier des idées s’en trouve dérangé, comme chaque objet, avec le pêle-mêle infini de ses formes, de ses propriétés, de ses appendices, va désormais s’accrocher par cent attaches imprévues aux autres, et amener devant l’esprit une file et une famille ; quel relief en prendra le langage, quels mots familiers, pittoresques, saugrenus y éclateront coup sur coup ; comme la verve, l’imprévu, l’originalité, les inégalités de l’invention y feront saillie. […] Voyez la peinture de cet état de choses dans les lettres de la famille Paston, publiées par John Fen.

2022. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Et quand une nouveauté valable trou e grâce auprès de ce bon sens aiguisé qui la dépouille et la châtie, quand une idée véritablement neuve fait son avénement dans un esprit éminent de cette famille, oh !

2023. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

La fête même de cette réception était dirigée dans son ensemble par Maurice Sève, ancien conseiller-échevin et poëte distingué du temps ; les Sève tiraient leur origine d’une ancienne famille piémontaise.

2024. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Une grande timidité, beaucoup de réserve, une sorte de sauvagerie ; une douceur habituelle qu’interrompait parfois quelque chose de nerveux, de pétulant, de fugitif ; le commerce très-agréable et assez prompt, l’intimité très-difficile et jamais absolue ; une répugnance marquée à vous entretenir de lui-même, de sa propre vie, de ses propres sensations, à remonter en causant et à se complaire familièrement dans ses souvenirs, comme si, lui, il n’avait pas de souvenirs, comme s’il n’avait jamais été apprivoisé au sein de la famille, comme s’il n’y avait rien eu d’aimé et de choyé, de doré et de fleuri dans son enfance ; une ardeur inquiète, déjà fatiguée, se manifestant par du mouvement plutôt que par des rayons ; l’instinct voyageur à un haut degré ; l’humeur libre, franche, indépendante, élancée, un peu fauve, comme qui dirait d’un chamois ou d’un oiseau73 ; mais avec cela un cœur d’homme ouvert à l’attendrissement et capable au besoin de stoïcisme : un front pudique comme celui d’une jeune fille, et d’abord rougissant aisément ; l’adoration du beau, de l’honnête ; l’indignation généreuse contre le mal ; sa narine s’enflant alors et sa lèvre se relevant, pleine de dédain ; puis un coup d’œil rapide et sûr, une parole droite et concise, un nerf philosophique très-perfectionné : tel nous apparaît Farcy au sortir de l’École normale ; il avait donc, du sein de sa vie monotone, beaucoup senti déjà et beaucoup vu ; il s’était donné à lui-même, à côté de l’éducation classique qu’il avait reçue, une éducation morale plus intérieure et toute solitaire.

2025. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Les dames de la Vie heureuse ne sont pas insensibles au sentiment de la famille, aux amitiés, aux relations, etc… et se sont bien déshonorées en 1912.

2026. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Celui qui leva l’étendard de la révolte était un jeune homme de vingt-cinq ans, Joachim du Bellay, de cette illustre et docte famille dont un des membres, Guillaume de Langey, avait été l’ami et le protecteur de Rabelais.

2027. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Boulanger, notre grand peintre national qui a exposé au dernier salon cette prodigieuse famille infirme de la Place Jussieu, M. 

2028. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Gross, le représentant de la famille Wagner.

2029. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Colonne s’est remis aux petites séances de famille, avec accompagnement de violon.

2030. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

On a de même les deux Herschell, les deux Colman, la famille Kemble, les Coleridge.

2031. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Parce qu’il ne réussissait pas à la cour, il aima la campagne ; parée que l’amour le fuyait, il aima la famille ; parce qu’il ne pouvait être un brillant capitaine, il fut un poète.

2032. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Le verbe bouger est d’une autre famille : il est né du latin bullicare, pendant que bullire donnait bouillir.

2033. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Hugo s’en tient aux mots ; de là, l’air de famille de ses créatures similaires, et leur psychologie écourtée, qui se borne à assigner à chaque type les tendances convenables et conventionnelles, à rendre les vieillards vénérables elles mères tendres, les traîtres fourbes et les amantes éprises, sans nuance, sans complications et sans individualité, sans rien de ces contradictions abruptes et de ces hésitations frémissantes que présente tout être vivant.

2034. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

À mes yeux un gouvernement est un père de famille, il ne doit permettre à ses enfants que les jeux qui ne peuvent leur nuire, et il montrera encore plus de sollicitude pour eux, si, tout en les amusant, il parvient à les instruire.

2035. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Il n’était nullement difficile d’en prendre la mesure avec sang-froid, et pour notre part nous la prîmes un des premiers… Ce n’était pas, en effet, un de ces talents qui semblent tomber du ciel, tant ils sont inattendus : nous en connaissions la famille… L’idée du livre, qui valait mieux que le livre, était heureuse, et pour le moment très-nouvelle.

2036. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Vie de campagnard et de solitaire, mais non pas d’Éliacin, car ses solitudes sont coupées, tous les hivers, de « bordées » provinciales de fils de famille. […] Ils honorent la famille et les ombres des parents morts ; et la tribu se gouverne par des lois assez douces, qu’appliquent sagement des Conseils de vieillards : mais elle est défiante, terrible contre les étrangers, et contre ceux de ses membres qui ne partagent pas ses craintes haineuses. […] Respecte ton père… Allie-toi à une seule femme et qui ne soit pas de ta famille, afin que la tendresse humaine s’étende… Ne vous séparez pas en tribus, en nations… Possédez, aimez et cultivez la terre ; elle est inépuisable à transformer par l’homme ses éléments en pensée… Chaque fois qu’un homme naîtra, vous lui donnerez une part de terre… Ne bâtissez point de villes, habitez les campagnes… N’amassez pas d’avance… Vivez en paix avec les animaux, n’imposez point de mors à leur bouche ; ceux qui sont cruels s’adouciront… N’élevez pas au-dessus de vous de juge ni de roi, ils se feraient tyrans… N’ayez ni loi ni tribunal pour punir. » Oui, c’est un rêve ; mais c’est le grand rêve humain ; je dirai presque le seul.

2037. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Il tenait d’ailleurs à sa vraie patrie et au vieux fonds boulonais par les qualités sagaces, avisées, modérées, lucides et circonscrites à la fois, et, dans l’expression si distinguée que ces qualités prirent en sa personne, on aurait pu reconnaître encore, plus qu’il n’aurait cru, quelques formes de l’esprit natal, l’air de famille d’un pays qui n’avait pas eu jusqu’à lui son représentant littéraire, où Voisenon, par bonheur, ne fit que passer, où Charron, hôte plus digne, fut convié une fois, où Le Sage est venu mourir98. […] Impatienté des objections de Daunou, il le fit taire en lui disant : « Vous, Daunou, je ne vous aime pas ; » et il se reprit, en disant : « Au reste, je n’aime personne… excepté ma femme et ma famille. » — « Et moi, répliqua Daunou, j’aime la république. » (Voir, sur l’opposition de Daunou au Consul dans les années du Tribunat, le Journal et Souvenirs de Stanislas Girardin, t. 

2038. (1904) Zangwill pp. 7-90

Les titres de chaque famille humaine à des mentions plus ou moins honorables dans l’histoire du progrès sont à peu près déterminés. » Je copie cette citation, pour ne pas découper mon exemplaire ; nous sommes épouvantés, aujourd’hui, de cette assurance, et de cette limitation ; quelles expressions d’audace et de limitation théocratique : on voit le bout des sciences historiques : dans un siècle, l’humanité saura à peu près ce qu’elle peut savoir sur son passé ; et alors il sera temps de s’arrêter ; … l’histoire des religions est éclaircie dans ses branches les plus importantes ; … le processus de la civilisation est reconnu dans ses lois générales ; l’inégalité des races est constatée ; les titres de chaque famille humaine à des mentions plus ou moins honorables dans l’histoire du progrès sont à peu près déterminés.

2039. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Comme Boileau et Voltaire il appartenait à une bonne et quelque peu vieille famille de bourgeoisie parisienne, de fonctionnaires. […] Il eut une vie de famille, un intérieur probablement heureux. […] « Apart mon chemin de la maison (c’est 89 maintenant rue de Rome) aux divers endroits où j’ai dû la dîme de mes minutes, lycée Condorcet, Janson de Sailly, enfin collège Rollin, je vague peu, préférant à tout, dans un appartement défendu par la famille, le séjour parmi quelques meubles anciens et chers et la feuille de papier souvent blanche27. » En ces termes il donnait des notes que Verlaine lui demandait sur sa vie. […] Hors des deux derniers, qui se partagent tout le monde de l’art, l’effort de Mallarmé fut de discerner et de caractériser le beau essentiel Gloire du long désir, Idées ; Tout en moi s’exaltait de voir La famille des iridées Surgir à ce nouveau devoir.

2040. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Puis elle devint Mme William Mitchel, fut longtemps absorbée par les devoirs de famille et par je ne sais quelles occupations officielles, inutiles et lucratives. […] Ce succès me comble d’une joie d’autant plus vive que l’aimable garçon, malgré son surnom, n’est nullement égoïste : Sans-Souci se soucie beaucoup des malheurs de sa famille, et des défaites de la France. […] Un protestant, qui demande la main d’une catholique, s’étonne de voir la bien-aimée ignorer à quelle religion il appartient : « Pourtant, s’écrie-t-il, j’en ai informé Mme de l’Espinet. » Et treize lignes plus loin, il dit de la même Mme de l’Espinet : « Elle le sait pourtant… A moins qu’elle n’ait confondu deux branches de ma famille. » Cette suite dans les idées et cette puissance d’attention grandit singulièrement ma confiance en les fameuses découvertes archéologiques du couple Dieulafoy. […] Pas de famille, pas d’intérieur… » J’avais l’intention cruelle de répéter jusqu’à la fin l’éloquente période ; un bâillement irrésistible — et dont je vous demande bien pardon, mesdames et messieurs — m’a heureusement interrompu.

2041. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Esprit Fléchier, né en juin 1632 à Pernes, dans le Comtat-Venaissin, d’une honnête famille, mais appauvrie et réduite au petit commerce, annonça d’abord les dispositions d’un sujet parfait.

2042. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Ulysse est de cette famille ; mais, suivant la très-juste remarque de Charles Nodier, un moment continuateur de Geoffroy au feuilleton des Débats.

2043. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

(D’après les manuscrits et papiers de sa famille.)

2044. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Il faisait voir l’aurore à des gens qui ne s’étaient jamais levés qu’à midi, le paysage à des yeux qui ne s’étaient encore arrêtés que sur des salons et des palais, le jardin naturel à des hommes qui ne s’étaient jamais promenés qu’entre des charmilles tondues et des plates-bandes rectilignes, la campagne, la solitude, la famille, le peuple, les plaisirs affectueux et simples à des citadins lassés par la sécheresse du monde, par l’excès et les complications du luxe, par la comédie uniforme que, sous cent bougies, ils jouaient tous les soirs chez eux ou chez autrui488.

2045. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

CXXXVI Il nous dit alors en peu de mots que le bruit des coups de feu de la veille dans les châtaigniers, du massacre de notre troupeau, de mes blessures aux deux bras, de la mort du brigadier des sbires et de l’emprisonnement de Hyeronimo, était monté jusqu’aux Camaldules, de bouche en bouche, par les chevriers de San Stefano ; qu’à cette nouvelle, il avait bien pensé que nous avions besoin de consolation ; qu’il avait demandé au supérieur la permission de venir à notre aide et de prendre dans sa besace ce qui était nécessaire à une pauvre famille privée du seul soutien capable de pourvoir à ses nécessités.

2046. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

CCXLII Le lendemain du jour où le père Hilario nous avait déposés dans la niche obscure, sous l’escalier du couvent de Lucques, près de la prison où l’on servait la soupe des pauvres, il vint nous reprendre avec une permission du juge pour aller revoir tant que nous voudrions le condamné à mort dans sa prison parce que nous étions sa seule famille ; le bargello avait l’ordre de nous ouvrir la porte à toute heure du jour, pourvu que le confesseur de l’homicide, frère Hilario, fût avec nous.

2047. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Racine n’a qu’un mot très froid sur la mort de la Champmeslé ; mais il était alors marié, père de famille, déjà vieux.

2048. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Le théâtre, à Paris, est fréquenté par les étrangers, qui ne sont pas blasés sur les plaisirs faciles, par des jeunes gens, qui, n’ayant pas de famille, tuent leurs soirées dans les salles de spectacle, et par les personnes qui, ayant l’habitude de se coucher tard, se réfugient dans les endroits où il y a de la lumière et du bruit.

2049. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Sa famille me fit rendre, après sa mort, les lettres que je lui avais écrites ; je les ai toutes.

2050. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

La famille dans laquelle sa fille allait entrer ne veut plus de son nom mésallié.

2051. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Il aurait pu y ajouter cette franche déclaration de l’auteur d’Albertus : Et d’abord, j’en préviens les mères de famille, Ce que j’écris n’est pas pour les petites filles      Dont on coupe le pain en tartines.

2052. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Les détails de ces tueries y sont donnés par les familles elles-mêmes.

2053. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Parvenu dont la fortune et l’imbécillité du roi qu’il gouvernait furent tout le génie, plébéien qui se baigna dans le sang de la plus grande famille de la monarchie portugaise, comme si ce sang dans lequel il se plongea avait pu se mêler au sien et lui communiquer un peu de sa noblesse, Pombal, à qui les philosophes ont fait une renommée que la postérité ne ratifiera pas, fut de tous les hommes de gouvernement qui s’employèrent contre les Jésuites celui qui montra le plus de rage homicide et sacrilège.

2054. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Gœthe est le générateur de Flaubert, et avec lui — car tout n’est pas également de bonne maison dans les familles — Edgar Quinet, l’auteur d’Ahasvérus.

2055. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

La diversité des climats, la constitution politique des Etats ; les révolutions qui en changent la face ; l’état des sciences, des arts, du commerce ; la religion & le plus ou le moins d’attachement qu’on y a ; les prétentions opposées des nations, des provinces, des villes, des familles même : tout cela contribue à faire envisager les choses, ici sous un point de vûe, là sous un autre, aujourd’hui d’une façon, demain d’une maniere toute differente ; & c’est l’origine de la diversité des génies des langues. […] Cette influence du concours des circonstances est frappante, si l’on prend des termes de comparaison très-éloignés, ou par les lieux, ou par les tems, comme de l’orient à l’occident, ou du regne de Charlemagne à celui de Louis le bien-aimé : elle le sera moins, si les points sont plus voisins, comme d’Italie en France, ou du siecle de François I. à celui de Louis XIV : en un mot plus les termes comparés se rapprocheront, plus les différences paroîtront diminuer ; mais elles ne seront jamais totalement anéanties : elles demeureront encore sensibles entre deux nations contiguës, entre deux provinces limitrophes, entre deux villes voisines, entre deux quartiers d’une même ville, entre deux familles d’un même quartier : il y a plus, le même homme varie ses façons de parler d’âge en âge, de jour en jour. […] O) : & nous-mêmes nous disons en françois une famille obscure pour inconnue.

2056. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

« Maintenant, que Dieu ait pitié du fils qu’il m’a donné, auquel on reprochera plus tard que des gens de sa famille ont assassiné un homme. […] La famille de Worms s’y oppose et la retient à force de tendresses ; on lui charpente une belle maison de bois à côté de la cathédrale où repose la tombe de son mari.

2057. (1911) Nos directions

Et il peignit non des hommes, mais des « groupes d’hommes », famille, ferme, village, ville. […] Là, et là seulement surgit le romantisme, et c’est une curieuse contradiction entre la construction admirablement sensée, réfléchie, « classique » du drame, et la flambée artificielle de telle tirade — celle de la confession, entre toutes, où le souvenir pompeux de Hugo nous trouble au plus fort de l’émotion : On meurt debout dans ta famille. […] Une connaissance approfondie des littératures grecque et latine, la pratique courante de la prose et du vers français, fort commune en son temps et même dans sa famille milonaise : autant de moyens hérités ou acquis dont il use alors aisément. […] Mais en retour, nous oublierons et l’excès des sanctions académiques, et les monstrueux parallèles de ses thuriféraires éperdus (« l’Aiglon, mais c’est Hamlet », disait Mendès68), et cette agaçante réclame que l’on veut supposer subie, non recherchée par le poète, et son domaine de Cambo, et sa famille : toutes contingences sonores et proprement théâtrales elles aussi.

2058. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Un noble proscrit de la famille des Hamilton, nommé Bothwell-Haugh, dont Murray avait laissé la femme expirer de misère au seuil de sa propre demeure donnée par le dictateur à un de ses partisans, jura de venger sa femme et sa patrie du même coup ; il ramassa une poignée de terre qui recouvrait le cercueil de sa femme, la porta sur lui dans sa ceinture comme une éternelle incitation à sa vengeance, se rendit déguisé dans une petite ville que Murray devait traverser en revenant à Édimbourg ; il y tua Murray d’un coup de feu tiré d’un balcon, et, remontant sur un cheval qui l’attendait sur les derrières de la maison, il échappa, par la rapidité de sa course, aux gardes du dictateur. « Moi seul, s’écria Murray en expirant, je pouvais sauver l’Église, le royaume et l’enfant ; l’anarchie va tout dévorer !

2059. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Un des plus fiers enfants de cette famille cornélienne, don Sanche, s’asseoit dans le conseil de la reine de Castille, du droit de son courage, et malgré l’étiquette qui l’interdit à un soldat de fortune.

2060. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Il demeurait donc bien convenu que, dans ces trois fameuses représentations, tout se passerait entre amis, en famille … On ignore trop ce que peuvent pour la gloire d’un seul grand homme deux cents amis dûment groupés et qui manoeuvrent sous l’infatigable direction de huit ou dix journalistes jouant du fifre et du tambour.

2061. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

3 juillet J’étais, ces jours-ci, avec Sophie Arnould et la Saint-Huberty ; j’étais avec la famille des jolis dessinateurs qui s’appellent les Saint-Aubin ; je travaillais dans les archives et le papier galant de l’ancienne Académie de musique ; je tournais et retournais dans mes cartons et ceux de Destailleurs ; ces dessins de grâce qu’on a plus refaits ; je me sentais heureux, et je me trouvais dans le temps et avec les gens que j’aime… mais je me suis juré de reprendre mon roman en juillet.

2062. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

J’imagine un poète darwiniste, nous décrivant, nous peignant la nature dans ses évolutions successives, la terre dans ses grandes époques, les types successifs montant lentement l’échelle des êtres, les dures lois de la sélection naturelle travaillant à l’ordre futur par l’immolation des faibles, l’humanité se dégageant peu à peu des étreintes de la vie animale, la tribu groupant les familles, la cité organisant les lois, l’humanité prenant conscience d’elle-même dans sa lutte avec les espèces animales qu’elle dompte et avec les forces de la nature qu’elle asservit, la civilisation chassant la barbarie, mais subissant des retours terribles de cette barbarie, comme par une sorte de loi d’atavisme qui réveille, nous dit-on, de temps en temps dans l’homme les instincts féroces des aïeux inconnus.

2063. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Mendès (Lieder) avaient tenté quelque chose d’approchant, l’un avec une richesse de vocabulaire, l’autre avec une virtuosité de syntaxe, qui espacent aisément les rivaux… « On trouve, d’ailleurs, des ancêtres aux méthodes les plus personnelles, et celle-ci serait mauvaise si elle était sans famille.

2064. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Mais nous ne nous doutions pas qu’aux travaux historiques et critiques signalés par nous en passant, contre la grosse balourdise des crimes des Borgia, il allait s’en ajouter un autre, définitif, sur le chef de la hideuse famille, sur le serpent générateur de toute cette nichée de serpents… Nous ne nous doutions pas qu’un livre sur Alexandre VI48 achèverait d’un dernier coup le monstre postiche devant lequel les imbécilles et les hypocrites vertueux se sont indignés ou ont tremblé depuis trois siècles avec une émotion si comédienne ou si dupe, et qu’il serait solennellement envoyé à Victor Hugo pour refaire son éducation sur cette question des Borgia, et lui montrer qu’il est plus honteux pour le génie que pour personne d’être, à ce point-là, mystifié.

/ 2155