Michelet appellerait la gloire de la conscience humaine, chaque orateur, surexcité par ces battements de main corrupteurs qui développent dans l’âme de l’homme, toujours si faible, l’horrible et cruelle maladie qu’on pourrait appeler la fringale des applaudissements, était obligé de forcer sa pensée et de la distendre jusqu’aux exagérations les plus monstrueuses pour obtenir des Tricoteuses, déjà blasées, les bravos, aumône de chaque jour !
Edgar Poe serait-il un Claudien, un énorme Claudien du xixe siècle, un de ces produits exubérants et corrompus d’une civilisation développée à outrance et qui en est arrivée à chercher la complexité comme la cherche la Barbarie, ou serait-il véritablement un grand poète, à originalité vraie, à personnalité indépendante, qui a révélé la beauté, une et multiple, sous des faces nouvelles que le monde ne connaissait pas ?
On est même tenté de plaider un peu pour eux sur le chef d’accusation développé par M. […] Parce que cette jeune et vigoureuse sève, qui florissait si magnifiquement dès qu’elle voyait jour à se développer, était refoulée et stérilisée sur les points essentiels par la force de compression religieuse, et parce que l’esprit qui s’agitait ne rencontrait pas la base solide et le puissant appui dont il avait besoin pour mûrir et pour vaincre toutes les résistances. […] L’homme s’affranchit, se développe par lui-même : il est son propre Prométhée. […] La Sorbonne a raison d’inculquer à ses étudiants le respect des faits, le souci de la précision, l’esprit critique et scientifique, qui, en aidant à comprendre, développe l’émotion esthétique ou tout au moins ne la diminue pas.
Au voyage de retour avec Ménélas se place l’épisode d’Égypte et la légende contée par Hérodote, développée par Euripide dans sa tragédie d’Hélène. […] Benda développe à ce propos un piquant marivaudage, que les lectrices préféreront probablement aux grandes théories et discussions qui précèdent. […] Tout dans leurs œuvres ne dépend pas exclusivement du moment, du milieu et de la race ; mais beaucoup de choses en dépendent ; et chacun, né dans un autre pays et un autre temps, se fût développé tout autrement et sensiblement adapté à cet autre milieu. […] On s’étonne pourtant un peu de son nationalisme frénétique, contrastant avec son humanitarisme qui devait se développer si largement et qui se manifeste déjà dans bien des passages de la Guerre et la Paix. […] Il veut dire sans doute que notre conception de l’espace se modifie et se développe, comme un organisme.
Comme un orateur venait de développer de nombreux arguments en faveur des femmes et terminait par cette phrase : « En résumé, messieurs, elle est bien petite la différence qui distingue l’homme de la femme. » Une voix forte, enthousiaste, convaincue, s’éleva dans la foule et cria : « Hurrah pour la petite différence ! […] On a voulu voir des similitudes entre l’idée développée par H. […] Une pareille donnée semblerait ne pouvoir être développée que dans un sens mystique ou philosophique ; elle l’est en effet, mais sans l’aridité qu’on pourrait croire inévitable, et c’est là qu’éclate l’éloquence poétique de M. […] Je ne puis que me résumer en disant que ce livre, un des plus développés qu’ait écrits M. […] pas qu’il avait dans le sang, de par ces « idiots et ces maniaques », un grain de folie qui fut d’abord l’originalité de son talent indiscutable, mais qui, développé, en a fait le pauvre dément que nous avons vu dans les brasseries de Bruxelles.
Préférant le Bonnard au Degas, Du Bos développe son propre point de vue : c’est avec « vigueur d’esprit » que Degas traduit la forme et crée une « émotion intellectuelle ». […] Rétablir ce contact, — je sais peu de tâches plus opportunes, plus urgentes, en un temps où la pensée et l’action ne frayent guère ensemble, où les deux ordres affectent de se développer dans une indifférence, une irresponsabilité réciproques foncières, — l’homme d’action innocent de toute velléité de pensée, et l’homme de pensée, lui, lorsqu’il ne se borne pas à une déploration hargneuse de tout ce qui se fait, mettant sa coquetterie — parlons franc : son snobisme — dans la complicité (tantôt sournoise et tantôt affichée, mais surtout théorique) qu’il accorde à n’importe quelle forme d’action pourvu qu’extrême. […] Les deux parties forment un tout indissoluble ; et s’il est évident, de par leur caractère même, que les pages du Journal — il en est peu d’aussi pures, partant d’aussi contagieuses parmi celles que suscita le besoin d’écrire pro rimedio animae suae — ont chance d’être plus immédiatement peut-être, plus universellement en tout cas « converties en sang et nourriture », il ne l’est pas moins qu’elles ne développeront toute la vertu de leur message qu’en ceux qui auront su s’approprier les substantiels et si divers apports des chapitres qui précèdent. […] Mais du moins il est plus courageux, plus digne d’un homme, c’est-à-dire, — car ici il faut traduire la pensée profonde de celui qui parle — c’est-à-dire il me laisse un rôle bien plus important, il me permet de me tenir debout, de développer toute ma taille ; il me consolide et me confirme à la place que l’opinion que j’ai de moi-même me faisait désirer d’occuperjh » ; et Rivière ajoute : « Il n’y a pas très loin à ce point de vue du déisme à l’athéisme. […] Non seulement Pascal emploie toujours les mots dans leur sens fort ; mais il se plaît aussi à les employer absolument, et la suppression de tout complément, qui chez d’autres laisse parfois le mot un peu en suspens, chez lui au contraire semble en développer le poids et la solidité.
Dans son charmant volume, savant et clair, Pour mieux connaître Homère, Michel Bréal résume les opinions que les « continuateurs de Wolf » ont énoncées, développées avec entrain. […] La crainte des dieux jaloux, plus ancienne que la Grèce, s’y est développée aux époques les plus tourmentées. […] Descharmes note ces mots : « Ils s’informaient des découvertes, lisaient les prospectus ; et, par cette curiosité, leur intelligence se développa. » Bouvard dit un jour : « La science est faite suivant les données fournies par un coin de l’étendue ; peut-être ne convient-elle pas à tout le reste qu’on ignore, qui est beaucoup plus grand et qu’on ne peut découvrir. » Ce n’est pas bête ; Flaubert ne dit pas que ce le soit ; Flaubert ne se moque pas de Bouvard qui résume ainsi une idée juste. […] On les calomnie, on les houspille de maintes manières : « Alors, une faculté pitoyable se développa dans leur esprit, celle de voir la bêtise et de ne plus la tolérer. […] Cette remarque, indiquée là en passant, nous la retrouverons, autrement développée, nourrie d’autres méditations, dans cette Mesure de la France, où elle devient reproche, anathème, — on le verra, — et l’une des explications de la paix indigne de la guerre.
Or, il n’y a point d’éloquence sans religion… Votre talent n’est qu’à demi développé ; la philosophie l’étouffe. […] C’est l’harmonie de la pensée elle-même, de la pensée qui se développe et se déroule avec la grâce facile et la démarche rythmique des êtres heureusement nés et bien faits. […] Un artisan des villes, une femme du peuple développe sans cesse, et aime entendre les gens qui savent développer. « Bien parler » dans le langage populaire ne signifie pas autre chose qu’avoir le génie du développement. Dans l’enseignement public, on apprend aux enfants à développer parce que c’est le seul art littéraire dont ils soient capables, et qu’il est bon de leur donner le maniement facile du vocabulaire.
Son domaine s’est agrandi de mille excursions heureuses à travers les littératures étrangères, où se sont développées deux facultés naturelles à l’esprit français : l’expansion et l’assimilation. […] Ils lui servent ordinairement de prétexte pour développer un trésor de connaissances supplémentaires qui jusqu’ici n’avaient pas paru bien nécessaires au talent d’un conteur. […] Et, pour prouver qu’elle ne balbutie pas et qu’elle sait ce qu’elle dit, le spectre développe son système. […] M. de Lamartine nous raconte comment le sentiment littéraire est né en lui, comment il s’est accru, développé, et a fini par le conquérir tout entier. […] Rien de plus intéressant et de plus instructif que de suivre, avec un pareil guide, ces deux progrès en sens contraire : l’unité de l’Église qui se développe et se dessine à mesure que se dissout et s’efface l’unité de l’Empire.
Mais le pessimisme complet ne peut se développer que dans certains organismes déprimés : ses manifestations extrêmes sont franchement pathologiques et liées à des maladies du cerveau. […] Ces vies se développent selon des courbes et des méandres infiniment variés. […] Riehet), une opération intellectuelle d’autant plus parfaite que l’intelligence est plus développée. […] Un peintre m’en donna cette raison, qui semble un peu confuse : étant complet par lui-même il n’a pas eu besoin que des disciples viennent développer une partie négligée de son génie.
S’il est vrai qu’un auteur n’est jamais mieux peint que dans ses ouvrages, par le but qu’il s’y proposa, par les amis, par les ennemis qu’ils lui firent ; c’est d’aujourd’hui que les temps, les lieux, les circonstances, tout va concourir à nous développer l’âme et le génie de Molière : aussi me garderai-je bien d’oublier l’un, pour ne m’occuper que de l’autre ; et c’est à la fin de cet ouvrage seulement, que le lecteur pourra se dire, je connais Molière. […] Molière, le père, l’instituteur de ses comédiens, en les associant à sa gloire, en leur confiant une pièce, leur a vraisemblablement indiqué, leur a développé, aux répétitions, aux premières représentations, tout ce qu’il avait voulu mettre dans les vers, dans les caractères, dans l’ensemble de son ouvrage. […] Il est des actrices qui, pour avoir dit : le petit chat est mort , et s’être plaintes Des puces qui les ont la nuit inquiétées, partent de là pour jouer le rôle en idiotes ; elles le sont tant que le cœur d’Agnès n’a point parlé ; mais une fois que les soins d’Horace, les contrariétés que leur fait éprouver Arnolphe, ont éclairé son âme, son esprit se développe insensiblement et par degré, jusqu’au point de forcer Arnolphe à s’écrier : Peste ! […] Les caractères accessoires. — Molière n’ayant pas donné à son Alceste des couleurs assez fortes, pour qu’il pût être l’unique objet d’une pièce en cinq actes, le met en opposition avec une prude, un bel esprit, quelques petits maîtres de cour, l’indulgent Philinte ; et surtout avec la coquette Célimène ; et ces divers caractères lui donnent occasion de développer le sien.
C’est, en effet, un cycle épique qui se développe autour de nous et qui se déroule en spirales sans nombre ; un cycle pareil à ce que fut, pour les gens du xie et du xiie siècle, le cycle carolingien. […] Frédéric Masson, après Albert Sorel, Ernest Denis et Gross-Hoffinger, nous explique les causes profondes : François éprouve contre la Révolution et la France cette sorte d’horreur religieuse que doivent lui inspirer à la fois un cerveau peu développé, une éducation religieuse très stricte et le sentiment de sa majesté outragée. […] Cette œuvre de bienfaisance est tellement nécessaire que les meilleurs d’entre nous s’y emploient, s’y développent ou s’y transfigurent. […] Kumé, candidat, se lève au dessert et développe son programme, dont voici l’article essentiel, imprimé en lettres rutilantes sur ses affiches électorales : « Le peu que j’ai de cœur rouge appartient à la patrie !
Levallois, non sans faire remarquer que lui-même, dans ce qu’il a dit de Mme de Verdelin, a rendu ma tâche bien facile : je n’aurai qu’à développer son jugement.
Non ; ce qui nous intéresse surtout, c’est d’apprendre qu’Aristophane ne développe pas d’intrigues, ne peint pas de caractères ; que son comique est une gaieté sans frein et une fantaisie sans bornes, animant, poétisant le tableau des mœurs publiques ; qu’il est tantôt lyrique et tantôt bas, à la fois cynique et charmant, tel enfin que Voltaire a pu l’appeler un bouffon indigne de présenter ses farces à la foire , et que Platon a pu dire : les Grâces choisissant un tombeau trouvèrent l’âme d’Aristophane .
Là aussi la monarchie a produit la cour, qui a produit la société polie ; mais la jolie plante ne s’est développée qu’à demi.
Toute idée l’intéresse ; il la développe curieusement ; il l’explique.
Nous allons retrouver son amour d’abord naissant, puis couvé, puis développé, dans ses ouvres.
II La littérature allemande a toutes les qualités et tous les défauts de ce caractère national des Germains ; elle est lente et contemplative comme cette race ; elle a mis treize cents ans à se développer en littérature digne d’être étudiée, et, malgré ces treize cents ans de vieillesse, elle a encore aujourd’hui les balbutiements, la naïveté, disons le mot, la puérilité d’une première enfance.
La science des langues orientales, dans lesquelles les Allemands ont été nos précurseurs et nos maîtres, développe de plus en plus chez nous cet attrait vers l’Orient ; que sera-ce quand nos communications qui s’ouvrent seulement avec la Chine, cette école lettrée de quatre cents millions d’hommes, nous auront initiés dans la philosophie et dans la littérature de ce mystérieux sanctuaire du dernier Orient ?
« Ces raisons, que Cacault développa avec autant d’éloquence que de franchise et de bonne foi, me parurent, à première vue, avoir un très grand poids.
Le nid, que je n’eus pas de peine à découvrir, était collé contre la partie inférieure du roc, et présentait les mêmes particularités de forme et de structure que le précédent ; mais il était plus petit, et les œufs, au nombre de six, renfermaient des fœtus déjà bien développés.
Il n’a jamais consenti à les développer.
Les enfants de Morven t’environnent : toujours ils protégèrent le faible : viens dans notre vaisseau, fille plus belle que cette lune qui brille à son couchant ; viens, nous dirigeons notre course vers les rochers de Berrathon, vers les murs retentissants de Finthormo. » Elle nous suivit : sa démarche développait toutes ses grâces.
Il faut chercher la part du tour d’imagination particulier à cette époque, et la part de ce bon sens, commun à toutes les époques de notre histoire, et qui, d’un siècle à l’autre, se développe et se perfectionne, en demeurant le même.
Il regrette que la forme du journal ne lui permette pas de développer l’esthétique de la chose… Il se réserve de faire cela, quelque jour, dans une revue.
Le progrès pour elle est-il de se rapprocher de la brute ou de développer peu à peu ses circonvolutions cérébrales embryonnaires ?
Ce qui y est déjà, c’est-à-dire l’éternel nouveau-né de l’esprit humain, la raison : la raison un peu plus développée dans les choses divines, la raison un peu plus expliquée dans les choses humaines, la raison un peu plus associée à la loi dans la politique, en un mot, une révélation par le sens commun.
VI Voilà ce que je pensais de Job avant l’heure où une étude plus sérieuse, plus philosophique et plus développée, devait redoubler mon étonnement et mon enthousiasme pour ce drame unique.
Au contraire, si le rôle le plus humble de l’esprit est de lier les moments successifs de la durée des choses, si c’est dans cette opération qu’il prend contact avec la matière et par elle aussi qu’il s’en distingue d’abord, on conçoit une infinité de degrés entre la matière et l’esprit pleinement développé, l’esprit capable d’action non seulement indéterminée, mais raisonnable et réfléchie.
Tout esprit profondément sensible et bien doué pour les arts (il ne faut pas confondre la sensibilité de l’imagination avec celle du cœur) sentira comme moi que tout art doit se suffire à lui-même et en même temps rester dans les limites providentielles ; cependant l’homme garde ce privilège de pouvoir toujours développer de grands talents dans un genre faux ou en violant la constitution naturelle de l’art. […] Mais ils peuvent amuser longtemps, et développer dans le cerveau de l’enfant le goût des effets merveilleux et surprenants. […] Dès le principe, une considération m’avait vivement frappé : c’est que dans la partie voluptueuse et orgiaque de l’ouverture de Tannhäuser, l’artiste avait mis autant de force, développé autant d’énergie que dans la peinture de la mysticité qui caractérise l’ouverture de Lohengrin. […] Jamais peut-être il ne l’avait si bien joué ; enfin, sur le même théâtre, il vient de créer Favilla, où il a développé des qualités d’un ordre inaccoutumé, auxquelles on était loin de s’attendre, mais qu’avaient pu deviner ceux qui avaient fait de lui une étude particulière.
On lui offrait des sacrifices ; or, l’essence de tout sacrifice était d’entretenir et de ranimer ce feu sacré, de nourrir et de développer le corps du dieu. […] Cette famille indivisible, qui se développait à travers les âges, perpétuant de siècle en siècle son culte et son nom, c’était véritablement lagens antique. […] Dans les grandes sociétés la famille se démembre et s’amoindrit, mais en l’absence de toute autre société elle s’étend, elle se développe, elle se ramifie sans se diviser. […] Le rocher des Cécropides, où s’était peu à peu développé le culte d’Athéné, et qui avait fini par adopter le nom de sa divinité principale, acquit la suprématie sur les onze autres États. […] De ces souvenirs et de ces traditions si précises qu’Athènes conservait religieusement, il nous semble qu’il ressort deux vérités également manifestes : l’une est que la cité a été une confédération de groupes constitués avant elle ; l’autre est que la société ne s’est développée qu’autant que la religion s’élargissait.
La connaissance de cette rédaction est précieuse en ce qu’elle nous le révèle, à cette époque d’entière indépendance, essentiellement tel, au fond, qu’il se développera plus tard dans ses rôles publics et officiels ; avec tous ses principes, ses sentiments, ses aversions même ; journaliste louant déjà Washington124 dans le sens où, orateur, il le célébrera devant le premier Consul ; attaquant déjà madame de Staël, avant qu’on le puisse soupçonner par là de vouloir complaire à quelqu’un. […] M. de Fontanes, qui s’en tenait aux anciens, s’irritait surtout qu’on en vînt à causer comme de la prose le beau vers racinien un peu chanté. — Souvent, dans ces conversations du soir, l’Empereur indiquait à Fontanes et développait à plaisir d’étonnants canevas de tragédies historiques ; le poëte en sortait tout rempli.
Une fois qu’on a saisi la faculté maîtresse, on voit l’artiste tout entier se développer comme une fleur. […] Si Racine ou Corneille avaient fait une psychologie, ils auraient dit avec Descartes : L’homme est une âme incorporelle, servie par des organes, douée de raison et de volonté, habitant des palais ou des portiques, faite pour la conversation et la société, dont l’action harmonieuse et idéale se développe par des discours et des répliques dans un monde construit par la logique en dehors du temps et du lieu.
Cette poétique du doute si hardiment développée, et développée à haute voix, en plein théâtre, nous causait une espèce d’épouvante dont nous n’avions jamais eu la pensée !
Il tient à ne pas aliéner sa clairvoyance et à la conserver intacte, ce qui semble lui être aisé, car Balzac, je le répète, s’il l’intéresse par son génie, ne le fascine pas par le spectacle des conditions dans lesquelles ce génie s’est développé. […] Crise bizarre qui transforma cet aristocrate d’idées et de goûts qu’était foncièrement Baudelaire en un énergumène que nous décrit dans ses notes son camarade Le Vavasseur et dont les mains » sentaient la poudre », proclamant « l’apothéose de la banqueroute sociale » ; crise bizarre d’où il rapporta une horreur sincère de la démocratie, mais qui était peut-être aussi un premier avertissement physiologique et où l’on peut voir les premières traces de cette nervosité maladive qui se développa peu à peu chez le poète sous l’influence du travail, des soucis, des excitants spirituels et végétaux et qui, aggravée volontairement par la sorte d’orgueil qu’il en tirait, contribua à donner à son imagination et à sa pensée certaines de leurs teintes les plus sombres, à les imprégner de cette noire mélancolie, de ce pessimisme douloureux où il consuma son cœur et sa vie et qui étendirent leur nuage sulfureux et pesant sur la vue que Baudelaire eut de la nature de l’homme et de l’ensemble de l’univers. […] Elle s’est développée en une unité tranquille qui impose le respect.
Est-elle en face d’une œuvre d’autrefois : elle cherche à en déterminer la nature, à en expliquer la genèse, à en démêler les effets, elle en fait comprendre et goûter l’auteur, en le replaçant dans le milieu où il s’est développé, en le rattachant au grand arbre dont il n’est qu’une fleur. […] Ganderax le regrette ; mais il ne s’associe pas au déchaînement de ses confrères en critique ; il a trouvé dans le Maître de forges la lutte de deux âmes habilement développée ; il n’en demande pas davantage pour lui pardonner ses cinq cents représentations ; il ose le qualifier de « drame d’ordre supérieur », et il se fait bravement l’avocat du malheureux triomphateur. […] Il arrive même que d’un article à l’autre un trait d’union s’établit ; l’auteur reprend et développe telle idée qui lui est chère ; on dirait un professeur qui revient sur une démonstration qu’il veut graver dans l’esprit de ses élèves.
Auguste Dorchain a su la développer dans une pièce intitulée : les Etoiles éteintes, et qui me paraît un pur chef-d’œuvre de belle imagination et d’émotion triste et tendre. […] Il a pour lui le sentiment que devait avoir un homme épris de vie naturelle pour le plus incurablement artificiel des genres littéraires, un apôtre de la démocratie pour un divertissement de riches et d’oisifs, et un apôtre de la conscience pour des représentations de la vie éminemment propres à développer la sensualité et à propager les maximes d’une morale facile et lâche. […] Car si, en dépit du rude travail auquel il soumet ses lecteurs, en dépit même du fréquent ridicule de sa forme, les personnages ou, pour mieux dire, le monde qu’il a créé persiste à vivre dans notre esprit et y demeure ou y devient plus tragique et plus grand que dans les romans même où il s’agite ; si nous savons tous ce que c’est que Grandet, Goriot, Hulot, Crevel, Brideau, Biroteau, Pons, Mme Marneffe ou Rubempré ; s’ils sont encore aussi réels pour nous que des hommes de chair et d’os ; si les inventions de Balzac continuent pour ainsi dire à se développer et à fructifier en nous, longtemps, bien longtemps après que nous avons fermé son livre, c’est donc qu’il y avait su infuser une étincelle de vie d’une belle et durable vigueur ; et, si l’impression d’une première lecture de la Comédie humaine a chez nous des prolongements et des retentissements tels, qu’une seconde lecture ne pourrait plus que la diminuer, cela veut simplement dire que la puissance de suggestion était infiniment supérieure, chez Balzac, à la puissance d’expression. […] Il a montré plus de franchise, de loyauté, de dédain des vaines hypocrisies qu’aucun des étonnants moralistes qui ont développé avant lui cette thèse éminemment contemporaine. […] Et ainsi cette pièce ne vaut pas seulement par le drame qui s’y développe : elle a, par surcroît, l’intérêt d’une sorte d’expérience littéraire.
Zola enregistre aussi les doctrines de ceux qui veulent renverser le système social actuel, dont tout doit disparaître pour suivre le mouvement indiqué par le socialiste Sigismond Dusch, physionomie étrange d’un réformateur qui, tout en mourant d’épuisement, développe ses théories entre deux quintes. — « Nous n’avons pas besoin, dit Sigismond, de rien démolir, vous vous démolissez bien vous-mêmes ; vous travaillez pour nous, sans vous en douter. […] … La scène se développe et c’est par la puissance de la vérité qu’elle vient se graver dans l’esprit, où pour beaucoup elle réveillera bien de doux et cruels souvenirs. […] Non, dès que l’homme et la femme, plus ou moins, si peu que ce soit, touchent au théâtre, un furieux amour de l’art s’installe en eux et s’y développe et les tient et ne les lâche plus. […] Le Verre d’eau de Scribe ou « aux petits effets les grandes causes », puis Salammbô reconstituant Carthage, peuvent servir à développer cette thèse que je ne fais qu’indiquer.
L’« idylle tragique » se noue parmi les joueurs cosmopolites du tripot de Monte-Carlo, se développe sous les palmiers d’un hôtel de premier ordre, court, sur la « côte d’azur », jusqu’à Gênes, flotte, en yacht américain, aux environs de Cannes, s’égare sur les pelouses d’un golf-club et autour d’innombrables five o’clock, erre de villa en villa et de casino en casino, se fixe en des jardins de roses, roule en sleeping-car, s’attarde en des smoking-rooms, se complaît au milieu des gentilshommes pauvres, des commerçants riches, des archiducs toqués et des rois noceurs qui bariolent si étrangement de leurs costumes, de leurs ambitions, de leurs misères, de leurs splendeurs et de leurs ennuis nos deux départements-auberges : les Alpes-Maritimes et le Var. […] Mais, grâce à cette très belle génération d’érudits, un jour viendra, un jour prochain, où, les grandes œuvres de notre adolescence nationale étant enfin datées, localisées, restituées en leur intégrité et leur splendeur premières, le tableau du moyen âge pourra se développer avec la belle ordonnance, la logique et l’eurythmie de nos siècles classiques. […] L’enseignement de l’École des chartes développa et affina ses qualités natives.
Au reste, quel que soit le profit de cet exercice, après qu’on a vu le poète marcher de toute son allure et développer toutes ses proportions, on se sent froid pour ces études de métier, où il emprisonne son inspiration dans des vers dissyllabiques ou monosyllabiques, et mutile volontairement le poète au profit du versificateur. […] Tels autres ont gaspillé dans de méchants contes, dans des romans qui ne sont que des contes délayés, un instinct dramatique que le travail consciencieux aurait pu mûrir et développer pour la scène. […] L’imagination fut donc la première faculté qui s’éveilla en lui, et cette sorte de première éducation toute sensuelle ne contribua pas peu à développer en lui cette tendance à matérialiser les pensées même les plus abstraites, et à transporter dans le monde des idées toutes les couleurs, du monde matériel. […] Il avait au plus haut degré le genre de talent qui réussit dans ces sortes de concours ; une certaine facilité à développer les lieux communs, et beaucoup d’imagination, deux choses qui n’attendent pas les années, et qui peuvent donner un air de profond penseur à un enfant qui n’a que la mémoire heureuse et vive de ce qu’il a lu et entendu. […] Tout ce personnel-là n’est pas radicalement faux et impossible, et nous sortirions de la vérité à le prétendre ; mais ce que nous n’hésitons pas à dire, c’est qu’aucun des sentiments que le poète met dans la bouche de ses personnages ne sort de la vraie source d’où les tire l’art des grands poètes ; c’est que les choses de sensibilité n’y viennent pas du cœur, ni les choses passionnées d’une âme qui peut pâtir un moment des douleurs qu’elle prête à des êtres imaginaires, ni le rire d’un sentiment vif et profond du ridicule, ni les larmes de l’ébranlement physique que donne à un homme honnête et bon la pensée de malheurs même inventés, ni les choses raisonnables de cet instinct, développé par la réflexion et l’expérience, qu’on appelle la raison.
Lorsqu’il eut communiqué son idée à ses confrères, ils dirent qu’elle étoit absurde & nouvelle ; & lorsqu’ils ne purent s’empêcher d’applaudir & de la recevoir, ils prétendirent qu’elle étoit très-ancienne Les uns voulurent en donner tout l’honneur à des philosophes ou à des médecins Grecs ; d’autres à de sages Chinois ; quelques-uns à Salomon ; d’autres à un moderne Italien, Fra-Paolo Sarpio, qui ne communiqua son secret qu’à un ami, lequel ami, craignant l’inquisition, n’eut garde de le révéler, & se contenta de le développer dans un écrit, mis après sa mort dans la bibliothèque de saint Marc, & gardé très-mystérieusement. […] quiddités, horreur du vuide, formes substantielles, étudia la nature, en développa les causes & les effets. […] Elle repasse sur chaque point qui l’a scandalisée, le combat & développe des principes admirables.
Il réitère et développe cette pensée avec une rare énergie au chapitre IV de ses Coups d’État : « … Ses plus belles parties (de la populace) sont d’être inconstante et variable, approuver et improuver quelque chose en même temps, courir toujours d’un contraire à l’autre, croire de léger, se mutiner promptement, toujours gronder et murmurer ; bref, tout ce qu’elle pense n’est que vanité, tout ce qu’elle dit est faux et absurde, ce qu’elle improuve est bon, ce qu’elle approuve mauvais, ce qu’elle loue infâme, et tout ce qu’elle fait et entreprend n’est que pure folie. » Ce sont de telles manières de voir, avec leur accompagnement politique et religieux, qui faisaient dire plaisamment à Guy Patin que son ami Naudé était un grand puritain ; il entendait par là fort épuré des idées ordinaires.
Lisez dans l’Almanach les titres des offices, et vous verrez se développer devant vous une fête de Gargantua, la solennelle hiérarchie des cuisines, grands officiers de la bouche, maîtres d’hôtel, contrôleurs, contrôleurs-élèves, commis, gentilshommes panetiers, échansons et tranchants, écuyers et huissiers de cuisine, chefs, aides et maîtres-queux, enfants de cuisine et galopins ordinaires, coureurs de vins et hâteurs de rôts, potagers, verduriers, lavandiers, pâtissiers, serdeaux, porte-tables, gardes-vaisselle, sommiers des broches, maître d’hôtel de la table du premier maître d’hôtel, toute une procession de dos amples et galonnés, de ventres majestueux et rebondis, de figures sérieuses qui, devant les casseroles, autour des buffets, officient avec ordre et conviction Encore un pas et nous entrons dans le sanctuaire, l’appartement du roi.
Les manœuvres alors se développent, les charges se croisent, les péripéties de la mêlée se nouent et se dénouent sur mille champs de carnage à la fois.
Jamais elle ne peut être comparable en éclat à la grandeur de l’action où se développent largement d’énergiques facultés ; mais elle sera longtemps la seule à laquelle puisse prétendre l’homme armé, car il est armé presque inutilement aujourd’hui.
« S’il se développe en raison de son origine, il deviendra un homme hardi, puissant et très-noble, fort et bien fait.
Mais quand leur fureur, au comble, vint à développer toutes leurs forces, alors la colline ébranlée par leurs efforts trembla au haut de sa cime.
Il dit que la prison est supportable trois mois, mais que, passé ce terme, il se développe chez le prisonnier un besoin de sortir qui s’accentue tous les jours, et il déclare que le travail est impossible en prison : le travail ne pouvant s’obtenir que dans une séquestration volontaire et non forcée.
. — Dans Le Drame de la jeunesse, où il reprit l’idée d’Aimée (l’influence des livres et du théâtre sur la pensée et la moralité modernes, l’altération du naturel par les réminiscences littéraires, la pose, la comédie éternelle jouée entre nous et Dieu, et qui nous empêche d’avoir l’originalité même de nos vices et de nos douleurs), il poussa au comble du suraigu cette ironie15 qui est le caractère de son esprit et le symptôme de sa force, et qui pourrait faire de Paul Féval, s’il la développait dans des sujets de cœur, un romancier d’un comique amer de la plus poignante originalité.
Il possède en lui quelque chose d’énorme, une faculté extraordinaire, développée à son maximum, une puissance qu’il est impossible de lui contester.
Vico n’a point laissé d’école ; aucun philosophe italien n’a saisi son esprit dans tout le siècle dernier ; mais un assez grand nombre d’écrivains ont développé quelques-unes de ses idées.
Cette réponse-à-tout d’une religion immuable coupait par trop court aux ardentes aspirations des Poëtes vers une Foi plus calmante et plus comblante, plus haute, peut-être, plus large à coup sûr, et plus douce que le Catholicisme ainsi réduit et bastionné, plus proche aussi de l’Absolu, à ces intuitions, à ces espérances, à ces élans, à tous ces rêves qui, jamais perdus, en dernière analyse, pour la Vérité, sont gagnés toujours pour la Beauté et constituent la meilleure patrie où se soit développé le génie : — patrie qu’un Credo plus jeune, sûr d’un plus long avenir, eût gardée flottante autour de soi, loin de la déclarer anathème. […] Les Révélations, ayant pour interprète le génie humain, ne durent qu’autant qu’elles lui font l’atmosphère qui lui est essentielle pour vivre et pour se développer. […] Il n’a pas foi en ces religions qu’il célèbre et qui toutes ne font, depuis les premiers jours, qu’une seule et même Religion qui se développe avec l’humanité : il s’attarde aux erreurs successives qui, chacune à son heure, étaient des vérités.
Gœthe, dans ses Mémoires, à propos d’une très belle lettre d’Ulrich de Hutten qu’il cite, développe exactement la même pensée. […] Littré, c’est la combinaison du savoir humain avec la morale sociale, afin que tout ce que l’humanité acquiert de vrai s’applique à développer tout ce qu’elle a de bon. » Seulement M. […] On a remarqué avec justesse que dans la savante construction des trois cantiques où se développe l’action de la Comédie, dans cette symétrie presque incroyable des trois royaumes où Dante a distribué presque également en trente-trois chants quatorze mille deux cent trente vers, il a donné à l’Enfer un caractère plus particulièrement architectural et sculptural, au Purgatoire un aspect plus pittoresque, et que, au Paradis enfin, il semble avoir voulu nous faire entendre les vibrations éthérées, la musique des sphères. […] C’est dans ces vingt-six années refusées à Dante que Gœthe, étouffant de sa propre main les explosions d’un tempérament toujours jeune et les flammes menaçantes des tardives amours, développe dans la calme atmosphère de ses romans philosophiques tout l’ensemble de ses idées sur les rapports de l’homme avec la nature, avec son semblable, avec son Dieu.
Cette méthode, Émile Hennequin l’expliquait et la développait en un livre de doctrine qui paraissait quelques jours avant sa mort : La Critique scientifique, livre savant où l’on peut mesurer toute l’étendue de ce rare et haut esprit. […] Du fond ténébreux de l’Histoire, du fond de ces silencieux espaces où dorment les siècles morts, j’aurais dû entendre des voix, des voix lointaines et attendries qui me disaient : « Nous sommes les Rois, les Empereurs et les Conquérants, et ce bonheur dont tu jouis, c’est nous qui l’avons conçu, préparé, développé, transmis. […] Voyez comment, depuis Diogène le Chien, sous l’influence de l’intelligence pure sans cesse aux écoutes de la vie, se développe l’esprit de M.
… Des réalités humaines, des réalisations sociales, voilà à quoi ils tendent… Ils ne chantent plus l’ivresse de la mort, du non-être, du non-créer ; ils veulent vivre, ardemment, sainement, totalement… Ils ne s’hypnotisent pas à regarder leur nombril, point central du néant… Bien au contraire, ils communiquent leur ferveur et leur foi à tout ce qui les entoure… ils se groupent, non pas seulement dans les cafés de Montmartre et dans les brasseries du Quartier Latin ; ils conquièrent les provinces, les villes, y organisent des centres d’action, d’éducation morale ; ils créent des journaux, des revues, des représentations théâtrales, des foyers de pensée… Ne vous y trompez pas… C’est tout un mouvement qui commence, qui ne peut que se développer et grandir, et dont le résultat sera fécond. […] C’est bien toujours le même Maeterlinck, épris d’inconnu et qui aime à descendre dans les profondeurs inexplorées de l’âme, mais un Maeterlinck développé, agrandi, mûri par la vie et par tout ce que la vie peut apporter à une imagination vive, tendre et ardente, comme la sienne, et à un aussi grand cœur que le sien, de joies et de douleurs encore inéprouvées. […] … Je n’ai point fait un livre sur la guerre, j’ai, dans un chapitre où sont contés avec douleur les navrements d’une armée vaincue, développé la psychologie de mon héros, qui est une âme tendre, un esprit inquiet et rêveur.
Un autre encore, plus expansif, constate que « la poitrine de la femme est infiniment plus développée que celle de l’homme », il ajoute, pour ne pas paraître excessif : « on le sait ». […] Mais je ne crois pas risquer un paradoxe en disant que son talent bénéficia de ses souffrances, qu’elles développèrent en lui le sens de l’analyse psychologique. » Après cet avertissement, l’auteur est suffisamment connu et les scènes qu’il décrit d’après le vif n’en sont que plus saisissantes. […] Et justement le grand mérite d’Octave Feuillet, la raison de la persistance d’intérêt qui accompagne toutes ses productions, c’est la volonté de ne rien écrire sans s’être assuré de la solidité de sa thèse ; son talent, c’est de la développer simplement, sans jamais l’imposer, en plaidant avec une éloquente habileté le pour et le contre. […] Et maintenant analysons : Sous le titre : Joconde Berthier, se développe une histoire d’amour comme tous ceux qui savent observer en ont vu se traîner autour d’eux, bien heureux quand ils n’en étaient ni les comparses ni les héros.
À vrai dire, un poète n’eût pu se développer dans l’air que respirait la jeune muse des salons. […] Madame de Valvèdre surtout ne joue guère le rôle que l’auteur lui assigne-et qu’il développe pour elle sous forme de commentaire. […] À toutes les époques nous voyons l’art se développer parallèlement, quoique souvent inégalement, dans toutes ses branches ; aussi l’homme qui, dans le domaine de l’art plastique, représente Dante, ce n’est pas Michel-Ange, c’est Giotto, son compatriote et son contemporain ; et cela devait être. […] On le fait parce qu’on compte que ce vice continuera à fleurir et à se développer.
Ceux-là, au contraire, Bourget, par exemple, ont voulu considérer ces appétits comme le ferait un savant d’une plante qu’il étudierait, en considérant toutes ses racines, la terre où elle pousse et l’atmosphère où elle se développe. […] Sous l’œil des Barbares montre la difficulté qu’a un jeune homme à se connaître, à se développer et à se défendre. […] Albert Aurier a vingt-six ans environ, de très haute taille, le dos un peu voûté comme par une gêne d’être si grand, une tête très développée, aux traits doux et fins, il a l’expression mélancolique et sereine d’une figure de vitrail, que complètent, dans la rue, comme d’un nimbe, ses longs cheveux et les larges bords plats de son chapeau, toujours incliné en arrière. […] elle est bien développée chez moi cette horreur des critiques littéraires !
: c’est là le texte que nous avons à développer et à démontrer pleinement, sincèrement, et tout va nous le confirmer en effet.
La formation de cette armée en divisions détachées, complètes en toutes armes et agissant en corps séparés, y avait développé au plus haut point le talent des généraux divisionnaires.
En éloquence politique, je suis arrivé trop tard aux tribunes dites parlementaires, pour développer les forces réelles de l’éloquence raisonnée et passionnée que je sentais véritablement rugir en moi comme des lions muselés entre les barreaux d’une ménagerie.
C’est ce côté que je n’avais qu’atteint et touché dans Joseph Delorme, qui se trouve développé dans les Consolations.
Cela est développé, avec la plus sombre éloquence, dans cet admirable dialogue : l’Esclave Vindex.
Le sujet ne se développe pas, et l’esprit de l’auteur s’épuise.
* * * — Je m’aperçois tristement que la littérature, l’observation, au lieu d’émousser en moi la sensibilité, l’a étendue, raffinée, développée, mise à nu.
S’il y a un microbe de la chose, ce qui est possible après tout, c’est un microbe fantasque, qui se développe dans les courants d’air, dans les souliers humides et de là saute subrepticement dans les fosses nasales.
Maintenant voici une page souvent citée de Leconte de Lisle, où les vers, quelque beaux qu’ils puissent être, se développent avec une désespérante monotonie et n’acquièrent du mouvement que dans les réminiscences mêmes de Musset : Plus de charbon ardent sur la lèvre prophète !
Moyen dangereux, car la mécanique, en se développant, pourra se retourner contre la mystique : même, c’est en réaction apparente contre celle-ci que la mécanique se développera le plus complètement.
Mallarmé avait tenu, avant tout, à se réserver une parfaite indépendance intellectuelle, en vue de développer, hors de toute intrusion matérielle, l’étrange et beau don poétique qui était l’apanage de son singulier génie. […] Barrès ne se contenta pas, comme il arrive souvent, de développer ses dons.
On dira que, sauf deux ou trois exceptions, il n’y a pas eu d’exemple de femmes ayant fourni à l’art des personnalités considérables d’artistes comparables aux artistes hommes, oui, mais les hommes reçoivent dans une des plus magnifiques écoles du monde une éducation intelligente et grandiose ; pendant tout le jour ils sont entourés des beautés de l’Art, leur yeux ne reposent que sur lignes pures et couleurs éclatantes, ils respirent une atmosphère propre à ouvrir leur âme à l’inspiration et à développer les ailes de leur imagination qui doivent les porter vers le génie. […] C’est aux gens éclairés, aux artistes, aux disciples de l’art, qui ne voient que lignes pures et couleurs éclatantes, qui respirent une atmosphère propre à ouvrir l’âme à l’inspiration, à ce qui est puissant et beau, et à développer les ailes de l’imagination qui doivent porter vers le génie, c’est aux amis du progrès et de la justice qu’il faut faire appel.
Ce fut après un examen qui lui fournit les moyens de développer l’étendue de son savoir et de ses connaissances variées, que Geoffroy l’emporta sur tous ses compétiteurs. […] Fontenelle a pris plaisir à développer l’artifice merveilleux de son oncle, et l’on a lieu de se plaindre que Voltaire, son commentateur, n’ait pas insisté davantage sur l’admirable économie de ces trois actes. […] Corneille, au reste, a prévu l’objection ; il s’est justifié lui-même et je n’ai fait que développer son apologie.
Mais ceci n’est encore que secondaire : il l’est parce qu’il est une religion qui se développe, qui se transforme, qui à des dogmes anciens ajoute des dogmes nouveaux, tout au moins à des idées anciennes, des idées nouvelles, qui mêle sans cesse de la pensée humaine à la pensée divine ; une religion où, comme dans le paganisme, l’imagination se permet de travailler sur le fond primitif et d’y ajouter. […] C’était l’essence même de la religion nouvelle, à savoir ce qui, à l’ordinaire, s’aperçoive moins d’abord, mais les langes du berceau écartés, se développe, s’accroît et domine, d’une marche précipitée et invincible.
Les facultés intellectuelles, si riches dans cette nature, se développèrent avec une puissance tyrannique. […] Elle souffrait depuis longtemps d’une maladie de foie que le chagrin avait développée. […] Il lui a fallu, pour se développer, une époque d’absolue liberté intellectuelle. […] Pâris, un événement d’une grande importance, un fait capital, qui détruisit toute harmonie dans la production littéraire de cette époque : il sépara la nation en deux et fut doublement funeste, en soustrayant à la culture de la littérature nationale les esprits les plus distingués et les plus instruits, en les emprisonnant dans une langue morte, étrangère au génie moderne, où une littérature immense et consacrée leur imposait ses idées et ses formes, et où il leur était à peu près impossible de développer quelque originalité. » Dédaignés des gens instruits, les écrits en langue vulgaire ne s’adressaient guère qu’aux ignorants.