Mme Jacques Fréhel, inégale encore à l’effort de composer un livre harmonieux et encore impuissante à faire vivre les personnages qui lui répugnent, est admirable dans la peinture de quelques êtres nobles, qu’elle fait passer malheureusement sur les marges de l’intrigue. […] Elle choquera les écoliers qu’on décore du nom de critiques parce qu’ils savent sur l’art de composer les raides naïvetés scolaires et que, hardiment, ils affirment leur inintelligence hargneuse en généralisations de bons élèves. […] Tout à l’heure « sur le tertre des chapelles vêtues de lierre », des bardes amis composaient ensemble des chants naïfs et surchargés d’images inattendues, « toiles de ciel et de verdure où chacun tissait sa fleur ».
Il est composé de deux styles disparates : d’un style alors amoureux de Janin, celui du frère cadet ; d’un style alors amoureux de Théophile Gautier, celui du frère aîné ; — et ces deux styles ne se sont point fondus, amalgamés en un style personnel, rejetant et l’excessif sautillement de Janin et la trop grosse matérialité de Gautier : un style dont Michelet voulait bien dire plus tard, qu’il donnait à voir, d’une manière toute spéciale, les objets d’art du xviiie siècle, un style peut-être trop ambitieux de choses impossibles, et auquel, dans une gronderie amicale, Sainte-Beuve reprochait de vouloir rendre l’âme des paysages, et de chercher à attraper le mouvement dans la couleur, un style enfin, tel quel, et qu’on peut juger diversement, mais un style arrivé à être bien un. […] Une épouvante nous a pris du double fond de son âme, de la faculté puissante, de la science, du génie consommé, que tout son être a du mensonge… * * * Ces notes, je les extrais de notre journal : Journal des Goncourt (Mémoires de la vie littéraire) ; elles sont l’embryon documentaire sur lequel, deux ans après, mon frère et moi composions Germinie Lacerteux, étudiée et montrée par nous en service chez notre vieille cousine, Mlle de Courmont, dont nous écrivions une biographie véridique à la façon d’une biographie d’histoire moderne. […] Oui, j’aurais l’ambition de composer mon roman, avec un rien de l’aide et de la confiance des femmes, qui me font l’honneur de me lire.
Parce que la nature ne crée pas quarante ou mille supériorités de la même taille d’esprit dans une nation ou dans un siècle, et que dans un corps, qu’il soit composé de mille ou qu’il soit composé de quarante esprits éminents, la supériorité culminante est toujours en minorité, et la médiocrité relative toujours en majorité. […] etc. » XXI Quand l’Europe, d’abord si passionnée sous l’Assemblée Constituante pour notre philosophie, notre littérature, notre langue, notre révolution, vit la France, saisie tout à coup comme d’une démence d’Oreste, immoler son roi innocent, sa reine étrangère, ses orateurs, ses philosophes, ses poètes, ses femmes, ses enfants, ses vieillards, et jusqu’à ces jeunes vierges traînées en groupe à l’échafaud, comme pour composer à la mort des bouquets de cadavres, l’Europe détourna la tête, elle retira son intérêt à une cause si belle mais si honteusement profanée ; elle crut à une démence de la nation ; elle la prit en pitié, puis en terreur, puis en horreur.
N’est-ce pas en France que tous les ouvrages contre la religion ont été composés, vendus et publiés, et souvent même imprimés ? […] IV, chap. 5] Voici ce que Montesquieu écrivait en 1752 à l’abbé de Guasco : « Huart veut faire une nouvelle édition des Lettres Persanes ; mais il y a quelques Juvenilia que je voudrais auparavant retoucher. » Sous ce passage on trouve cette note de l’éditeur : « Il a dit à quelques amis que s’il avait eu à donner actuellement ces Lettres, il en aurait omis quelques-unes dans lesquelles le feu de la jeunesse l’avait transporté ; qu’obligé par son père de passer toute la journée sur le Code, il s’en trouvait le soir si excédé, que pour s’amuser il se mettait à composer une Lettre Persane, et que cela coulait de sa plume sans étude. » (Œuvres de Montesquieu, tom. […] À cette friponnerie s’est jointe la rage de la dissertation et celle du paradoxe ; le tout compose une impertinence qui est d’un ennui mortel. » (Ibid.
Rien n’eût été plus simple que de constater tout de suite que l’expression équation ne change pas quand on fait subir la transformation de Lorentz aux termes qui la composent. […] Mille opérations diverses, accomplies par la pensée, le recomposeraient aussi bien idéalement, quoiqu’il ait été composé effectivement d’une certaine et unique manière. […] En y regardant de près, on verrait que la méthode de l’architecte est le seul moyen effectif de composer le tout, c’est-à-dire de le faire ; les autres, en dépit de l’apparence, ne sont que des moyens de le décomposer, c’est-à-dire, en somme, de le défaire ; il y en a donc autant qu’on voudra.
. — Pourquoi elle ne se compose que de textes reliés par un commentaire. — Sa nouveauté et sa valeur. — Comment il faut considérer Cromwell et les puritains. — Importance du puritanisme dans la civilisation moderne. — Carlyle l’admire sans restriction. […] Sur la houle sauvage du chaos, dans l’air de plomb, il n’y a que des flamboiements brusques d’éclairs révolutionnaires ; puis rien que les ténèbres, avec les phosphorescences de la philanthropie, ce vain météore ; çà et là un luminaire ecclésiastique qui se balance encore, suspendu à ses vieilles attaches vacillantes, prétendant être encore une lune ou un soleil, — quoique visiblement ce ne soit plus qu’une lanterne chinoise, composée surtout de papier, avec un bout de chandelle qui meurt mal-proprement dans son cœur. » Figurez-vous un volume, vingt volumes composés de tableaux pareils, reliés par des exclamations et des apostrophes ; l’histoire même, son Histoire de la Révolution française, ressemble à un délire. […] Il a composé sur les écrivains allemands une longue série d’articles critiques. […] Nous savons que nous sommes à peu près au milieu de l’un des courants partiels qui le composent. […] Il va jusqu’à excuser la rhétorique de Johnson, parce que Johnson fut loyal et sincère ; il ne distingue pas en lui l’homme littéraire de l’homme pratique ; il cesse de voir le déclamateur classique, étrange composé de Scaliger, de Boileau, et de La Harpe, enharnaché majestueusement dans la défroque cicéronienne, pour ne regarder que l’homme religieux et convaincu.
Les métaphores y sont fraîches, et les objets les plus simples du monde en composent l’ornement. […] Vous pourrez composer, si bon vous semble, une petite fable critique sur vos mésaventures, avec ce titre et ce sous-titre que je vous propose fort humblement : L’Oie puffiste, ou l’Oie qui s’est revêtue de la peau de la fouine et de la peau de la taupe. […] Désormais, en dehors des corps constitués et des rouages d’État, il existe donc une puissance sociale et intellectuelle, composée de toutes les intelligences de la nation, dont le grand rôle est de préserver contre certaines tentatives rétrogrades les acquisitions de l’espèce humaine. […] Mais si l’école Romane n’a pas réussi, si même elle n’a plus, aujourd’hui, aucune raison d’exister, il y aurait une iniquité évidente à nier les qualités, le talent et les charmes des auteurs qui la composèrent. […] Ce recueil se compose de deux parties bien distinctes entre elles par la forme et aussi par l’inspiration.
Et jamais de portrait artistique, ni où on sente au moins l’artiste poindre ; point de portrait composé, arrangé, ramené à un trait principal et subordonné à lui. […] Il faut encore noter un grand goût de Marot pour le rythme impair, je ne dis pas le vers impair, qu’il n’aime pas, mais la stance composée d’un nombre impair de vers. […] Son récit va d’une allure juste, qui n’est ni hâtive ni lente, d’un ton gai, d’un tour aisé, d’un mouvement qui tantôt se précipite et s’apaise ; il semble se faire tout seul ; sans aucune intervention d’auteur qui pense, prévoit et compose. […] Le christianisme se compose de cinq ou six grandes vérités. […] Plus tard encore, pour y faire entrer soit Grévin, soi Garnier, en respectant toujours le nombre sept, on supprima Daurat, ou un autre ; mais la vraie Pléiade primitive est composée des noms cités plus haut.
Le moyen de s’imaginer que des sauvages de l’Orient, tels que les Chinois, eussent écrit des annales, composé des poésies, approfondi la morale et la religion avant que les Grecs, maîtres et docteurs de l’Europe moderne, eussent seulement appris à lire ! […] Il descendait même d’une race qui avait donné des rois à un des royaumes dont se composait alors la fédération monarchique de l’empire chinois, encore mal aggloméré en seul gouvernement. […] « Le dernier jour de son deuil accompli », écrit le père Amyot, qui traduit les chroniques du temps, « il chercha à se distraire entièrement en essayant de jouer quelques airs qu’il avait composés sur son kin. […] Le père ou le souverain, comme dans les familles à demi émancipées, remet une partie de son autorité à des conseils de famille composés des sujets les plus sages et les plus distingués par leur intelligence et par leur vertu.
On le revêtit d’un vêtement composé de plusieurs pièces, pour signifier les diverses fonctions ou magistratures qu’il avait exercées, comme poète, comme philosophe, comme historien, comme homme d’État. […] La composition en est confuse, comme celle de tout recueil composé de débris rejoints ensemble ; un chapitre n’y tient pas nécessairement à l’autre par un enchaînement logique. […] Le premier et le plus ordinaire de ces malheurs est la désunion qui se glisse chez tous ceux qui composent la famille du souverain. […] Les savants qui ont composé cette Encyclopédie littéraire n’ont aucun système et ne tiennent à aucune opinion.
On écoutait les vers de lord Byron, apportés de Ravennes ou de Venise par la mémoire des derniers arrivés de l’Adriatique ; quelquefois on me demandait quelques-unes de mes propres Méditations, composées la veille au bord des cascatelles de Tibur. […] XXV Ce fut en 1817 que Léopold Robert se sentit assez maître de sa main et de sa couleur pour composer son premier grand tableau ; ce tableau, comme toutes les ébauches qui l’avaient précédé, c’était l’Italie. […] Mon état me coûte beaucoup ; je suis forcé d’avoir toujours des modèles pour mes tableaux, car je suis résolu de ne pas faire un seul trait sans ce secours, qui ne peut jamais tromper… Je fais aussi des excursions dans les montagnes les plus sauvages, et j’y trouve des sujets et des modèles tout nouveaux pour ce nouveau genre de peinture. » « Cependant, ajoute-t-il dans la lettre suivante en parlant de son tableau de Corinne, ce tableau commence à me peser ; j’ai peur de m’être fourvoyé en acceptant de le composer ; j’ai choisi un sujet trop difficile à rendre, et d’ailleurs je m’aperçois qu’une Corinne est trop relevée pour moi, qui n’ai jamais fait que des contadines (des paysannes). » « Cette figure de Corinne est ingrate à faire, poursuit-il quelque temps après ; on ne sait quel caractère lui donner, ni quel costume. » XXXI On voit que, dans la lutte entre la nature et la convention, la nature en lui triomphe et qu’elle triomphe de lui. […] XXXIII De quoi se compose-t-il, ce groupe ?
Ils créaient à eux deux l’individualité, cette force inconnue dont se composent, au bout d’un certain temps, toutes les forces collectives d’un pays, force qu’on commence par railler et qu’on finit par subir. […] Nous n’étions qu’un cénacle composé de sept ou huit personnes. […] La fortune de notre mère, celle de notre aïeule maternelle qui vint vivre avec sa fille dès qu’elle fut veuve, les émoluments et les rentes viagères de mon père composaient une grande existence à notre famille. […] Il y compose ses meilleurs volumes.
Le recueil intitulé la Lyre et l’Épée le transporta ; il eut l’idée de s’enrôler à la suite dans le même genre, et il composa à son tour un petit poème sur la vie de soldat. […] Son tempérament moral était composé, par moitiés égales, de réflexion froide pour les choses et d’enthousiasme ardent pour les lettres, les arts et même pour les sciences. […] Toute la maison du poète-philosophe se composait alors de son fils et de sa belle-fille, femme aimable, instruite, douce, qui gouvernait le ménage et qui répandait sur la vie de Goethe la douce sérénité de son âme. […] Il dit que les dernières époques de sa vie ne peuvent pas avoir la même abondance de détails que sa jeunesse, racontée dans Vérité et Poésie. « Je composerai le récit de ces dernières années sous forme d’Annales ; il s’agit moins de raconter ma vie que de montrer sur quoi s’est exercée mon activité.
Déjà, au point de vue physiologique, l’individu porte en lui-même une société : nous sommes plusieurs en un, un en plusieurs, puisque notre organisme est composé d’une multitude d’organismes. […] L’évolution des êtres vivants, les lois nécessaires de la vie individuelle et collective, avec la sélection naturelle qui en résulte, supposent elles-mêmes des organismes composés de cellules vivantes, composées à leur tour de molécules, où se trouvent en puissance la sensation et l’appétition. […] Sommes-nous tout au moins un composé de quelque chose de réel, quoi que ce soit d’ailleurs, matière ou esprit, hydrogène, oxygène, azote, carbone, — ou sensation, émotion, volonté ?
dit-il, je ne sais pas, mais enivre-toi, c’est ma seule réponse. » Prenant alors sur le tapis un des bouquets des mille fleurs diverses dont ses esclaves avaient paré la table de nacre du festin et couronné les jarres, il le donna à respirer à son ami : « Réponds à ton tour, lui dit-il, et analyse si tu peux, dans l’odeur enivrante qu’exhale ce bouquet, chacun des mille parfums dont ce parfum innommé se compose ; dis-moi ce qui est santé et ce qui est poison dans l’invisible haleine de toutes ces fleurs ? […] Musset fait aussi son rêve : seulement au lieu de le composer d’amour et de larmes, il le compose de libertinage, de rire et de sang. […] Il s’était enivré lui-même du philtre qu’il avait composé pour endormir et pour tuer l’âme de Juana.
Une fois qu’on s’en est bien rendu compte, qu’on aille contempler des assises de conglomérat d’une puissance de plusieurs mille pieds, qui, bien que formées plus vite peut-être que beaucoup d’autres dépôts, ne sont cependant composées que de cailloux brisés ou arrondis qui, portant chacun la trace des siècles qui les ont usés ou polis, prouvent avec quelle lenteur la masse entière s’est accumulée. […] Les changements fréquents et d’importance considérable qu’on peut constater dans la composition minéralogique des formations successives impliquent en général des changements non moins grands dans la géographie de terres environnantes auxquelles les particules de sédiment qui les composent ont dû être empruntées. […] Lorsque, par exemple, nous voyons encore assez fréquemment qu’une même formation est composée de couches différentes par leur composition minéralogique, ne nous est-il pas permis de supposer que l’accumulation en a été souvent interrompue, et qu’un changement dans les courants marins, ou dans la nature du sédiment déposé, a résulté de changements géographiques lentement effectués133 ? […] De sorte que, si de telles espèces subissaient une certaine somme de modifications pendant une période géologique quelconque, une coupe de chacun des étages successifs qui la composent ne montrerait pas tous les degrés intermédiaires d’organisation que, selon ma théorie, elles devraient avoir revêtus, mais des changements de forme quelquefois soudains, bien que peut-être peu considérables.
Il est incontestable que l’esprit s’oppose d’abord à la matière comme une unité pure à une multiplicité essentiellement divisible, que de plus nos perceptions se composent de qualités hétérogènes alors que l’univers perçu semble devoir se résoudre en changements homogènes et calculables. […] Telle est en effet la marche régulière de la pensée philosophique : nous partons de ce que nous croyons être l’expérience, nous essayons des divers arrangements possibles entre les fragments qui la composent apparemment, et, devant la fragilité reconnue de toutes nos constructions, nous finissons par renoncer à construire. — Mais il y aurait une dernière entreprise à tenter. […] Si la ligne AB symbolise la durée écoulée du mouvement accompli de A en B, elle ne peut aucunement, immobile, représenter le mouvement s’accomplissant, la durée s’écoulant ; et de ce que cette ligne est divisible en parties, et de ce qu’elle se termine par des points, on ne doit conclure ni que la durée correspondante se compose de parties séparées ni qu’elle soit limitée par des instants. […] Un lieu ne se distinguerait absolument d’un autre lieu que par sa qualité, ou par son rapport à l’ensemble de l’espace : de sorte que l’espace deviendrait, dans cette hypothèse, ou composé de parties hétérogènes ou fini.
Il est très vrai que, lus de suite, sans avertissement, sans qu’on se dise l’âge, le lieu, les circonstances dans lesquelles ils ont été composés, quelques-uns de ces discours de Bossuet peuvent rebuter ou surprendre des esprits qui aiment à s’appuyer sur la continuité plus égale et plus exacte de Bourdaloue et de Massillon. […] Il y a un fait qui se peut vérifier : dans cette suite des sermons de Bossuet qui ont été rangés, non pas dans l’ordre chronologique où il les a composés, mais selon l’ordre de l’année chrétienne, en commençant par la Toussaint et l’Avent et en finissant par-delà la Pentecôte, voulez-vous à coup sûr mettre la main sur un des plus beaux et des plus irréprochables, prenez l’un quelconque de ceux dont il est dit : « Prêché devant le roi ».
Mais Bailly avait sa prédilection ; il tenait pour Sedaine, l’auteur d’opéras-comiques, qui écrivait comme un maçon, mais qui composait comme un architecte. […] Cette disposition ne produit pas les emportements de la folle gaieté, mais une douceur égale qui cependant peut devenir gaieté pour quelques moments ; et de tout cet ensemble se forme, se compose un air de dignité qui n’appartient qu’à la vertu et que les dignités mêmes ne donnent pas.
Cela est d’autant plus remarquable que ce livre fut composé par l’auteur encore très jeune et au sortir des écoles ; après l’avoir laissé dormir quelques années, il se décida à le faire imprimer et à dire hautement son avis, qui était celui de beaucoup de gens, au risque seulement de déplaire à ceux (car il y en avait) « qui prenaient Charron pour Socrate et l’Apologie de Raimond Sebond pour l’Évangile. » — À cela près, disait-il, je ne laisse pas d’estimer Charron, et de croire qu’il doit être estimé savant, et encore plus judicieux ; que son livre De la sagesse est fort bon en gros, et qu’il y a fort peu de savants hommes en France qui n’aient profité de sa lecture. […] Ce témoignage moins connu que d’autres a cela de particulier qu’il porte précisément sur le charme de la manière de Montaigne, en ce qu’elle a de plus opposé à la méthode de Charron : « Dans mon innocente et fortunée solitude, écrivait Jean de Muller (1784-1785), je travaille dix ou onze heures par jour à mon livre (sa grande histoire helvétique) ; vient ensuite une heure donnée à la correspondance, le reste à la société ; ma société du matin, c’est Moïse ou Paul, celle du soir Cicéron, Métastase et Montaigne ; parfois, quand l’horizon se trouble, vient un certain ami bien cher qui ne me quitte guère, nommé Horace ; il me dit : « Deme supercilio nubem… » Et à son frère, dans une lettre du 4 décembre 1788 : « Je te conseille de composer souvent ; cela est indispensable à un esprit comme le tien ; écris tes pensées sur les choses, les livres, les hommes ; qu’il sorte de là une collection à la Montaigne.
Les pièces de vers que Santeul composa pour glorifier les états de Bourgogne et leur zèle à fournir des subsides au roi durant la guerre, lui valurent de leur part une sorte de récompense nationale, c’est-à-dire un cadeau de plusieurs feuillettes de vin de Bourgogne. […] Je défie tous les Scaramouches de mieux copier les personnages qui composèrent cette assemblée ; ce n’était plus Santeul, c’était une vingtaine de visages, d’airs et de tons, tous différents les uns des autres.
Un autre ouvrage : De l’intérêt des princes et États de la chrétienté, dédié au cardinal de Richelieu, paraît n’avoir été composé qu’en 1634, dans un séjour de quelques mois à Paris. […] L’armée des impériaux, composée de 6000 hommes, fut mise en déroute ; beaucoup se noyèrent : il y eut mille prisonniers.
Madame Bovary est un livre avant tout, un livre composé, médité, où tout se tient, où rien n’est laissé au hasard de la plume, et dans lequel l’auteur ou mieux l’artiste a fait d’un bout à l’autre ce qu’il a voulu. […] Le tableau de cette fameuse journée compose le troisième grand morceau d’ensemble de l’ouvrage ; il est achevé dans son genre.
Si j’en compose encore aujourd’hui, ce n’est plus Que le cri du moment, qu’une note où je laisse S’échapper quelquefois ma joie et ma tristesse, Un morceau qui me plaît d’un auteur que je lis, Et que d’une autre langue en passant je traduis, Doux reflet dont mon âme un instant se colore… Nous devions cependant à cette nature élevée et modeste, qui n’a fait que passer dans le champ de la muse et qui s’en retire, un souvenir et un hommage. […] Il a intitulé son recueil la Flûte de Pan 37, parce que les pièces diverses qui le composent sont liées ensemble, bien qu’inégales de ton et de sujet, et que le lien commun est « la croyance à la vie dans les choses », c’est-à-dire au grand Pan.
Je ne sais si elle tourne autour d’un soleil, ou si seulement elle roule sur elle-même, mais assurément elle tourne ; les vingt ou trente tourbillons, grands ou petits, qui la composent, n’ont jamais été plus actifs et plus agités. […] Guéroult n’a point de parti pris absolu, et il est de ceux qui, tout en désirant le plus, comprennent qu’on puisse faire halte en deçà : « Nous ne comprenons, dit-il, rien d’absolu dans une société progressive par nature et composée d’un ensemble de rapports nécessairement variable.
C’est ainsi qu’au temps où se composait la Nouvelle Héloïse, lui parlant du prochain mariage d’une jeune fille, il la montrait dans sa pudeur, se désolant à l’approche d’un époux : « C’est, disait-il, une eau pure qui commence à se troubler au premier souffle du vent. » Et il ajoutait, comme pour le piquer au jeu : « Dites de belles choses là-dessus. » Rousseau, en effet, répondant à l’appel, s’emparait de cette pensée et de cette image virginale, et l’employait dans la Nouvelle Héloïse à l’occasion du mariage de Claire (deuxième partie, lettre XV) : « Et, en vérité, elle est si belle, disait-il, que j’aurais cru la gâter en y changeant autre chose que quelques termes. » Il aurait même mieux fait de n’y pas changer un seul mot. […] Il explique lui-même, au reste, ses contradictions intérieures, les éléments divers et contraires qui s’agitent, qui se heurtent en lui, et desquels se compose son essence ; et voulant rassurer son ami, il se dépeint et se développe soudainement à nos yeux dans un magnifique portrait : « (5 février 1784).
La première édition du roman était composée de ces feuillets réunis ; l’édition régulière suivit aussitôt (1838). […] Une trentaine de volumes pour le moins, qui composent l’œuvre de Théophile Gautier, sont devant moi.
On avait là, par le seul hasard des noms, tous les genres de diversité et de contraste dans la mesure qui est faite pour composer le piquant et l’intérêt. […] Étienne devait à son bonheur même d’avoir des envieux et des ennemis : le bruit se répandit que la pièce des Deux Gendres n’était pas de lui, ou du moins qu’il avait eu pour la composer des secours tout particuliers, une ancienne comédie en vers.
Il se compose ainsi un immense vocabulaire, fortement bariolé et médiocrement homogène. […] Il est le seul qui, depuis Lamartine et Hugo, ait composé des odes dignes de ce nom et qui n’ait pas perdu haleine avant la fin ; et en même temps ce rhétoricien a su écrire de merveilleuses chansons assonancées et qui ressemblent, à force d’art, à des chansons populaires.
La société d’éléments organiques et psychiques qui compose l’individu a aussi ses troubles, ses insurrections, ses coalitions, ses incohérences. […] Puisque l’homme s’est habitué à ne pouvoir vivre qu’en société, il devait naître en lui, et dans les groupes qu’il compose, une sorte d’instinct social, d’âme collective, trop faible pour lutter avec un succès continu contre les désirs égoïstes, mais qui pourrait compenser sa faiblesse par la ruse.
Si tel est le but de la science, si elle a pour objet d’enseigner à l’homme sa fin et sa loi, de lui faire saisir le vrai sens de la vie, de composer, avec l’art, la poésie et la vertu, le divin idéal qui seul donne du prix à l’existence humaine, peut-elle avoir de sérieux détracteurs ? […] L’homme, en effet, n’est pas pour moi un composé de deux substances, c’est une unité, une individualité résultante, un grand phénomène persistant, une pensée prolongée.
De même que le fait le plus simple de la connaissance humaine s’appliquant à un objet complexe se compose de trois actes : 1° vue générale et confuse du tout ; 2° vue distincte et analytique des parties ; 3° recomposition synthétique du tout avec la connaissance que l’on a des parties ; de même l’esprit humain, dans sa marche, traverse trois états qu’on peut désigner sous les trois noms de syncrétisme, d’analyse, de synthèse, et qui correspondent à ces trois phases de la connaissance. […] L’histoire de l’être ne sera complète qu’au moment où la multiplicité sera toute convertie en unité et où, de tout ce qui est, sortira une résultante unique qui sera Dieu, comme dans l’homme l’âme est la résultante de tous les éléments qui le composent.
Il essaie de renouveler sa manière de composer phrases, chapitres et volumes et, grenouille qui veut imiter le bœuf, il s’applique à faire du Balzac. […] Mais, si le roman d’aventures est mal composé, ce collier dénoué d’épisodes n’est pas tout le livre.
Suivant moi, à part les cours tout à fait supérieurs et savants, tels que je me figure ceux du Collège de France ou des Facultés, les leçons de littérature, pour être utiles et remplir leur véritable objet, doivent se composer en grande partie de lectures, d’extraits abondants, faits avec choix, et plus ou moins commentés. […] C’est sur ce public, dont les huit neuvièmes se composaient d’ouvriers, que le lecteur a eu à exercer son action insensible, morale, affectueuse, et il y a complètement réussi.
Il avait de plus écrit en vingt livres l’histoire des Guerres de Germanie, ce qui ne l’empêcha point de composer ensuite des livres de rhétorique et même de grammaire sur les difficultés du langage. […] Pour moi, les lettres de Pline, quoique recueillies, composées et refaites à loisir, comme a fait depuis Balzac, comme on nous dit que Courier, de nos jours, recomposait les siennes, restent une lecture d’une douceur infinie et d’un grand charme.
On sortait de la langue du xvie siècle : que cette prose de Rabelais, de Montaigne, de d’Aubigné et de tant d’autres, fût en partie très regrettable et préférable même à celle qu’on essayait de former, ce n’était pas la question, puisque la société n’en voulait plus et prétendait, depuis Malherbe, s’en composer une moderne, plus choisie et toute réformée à son usage. […] Un choix de Patru, comme je l’entends, serait court : il se composerait de cette lettre à Maucroix, de celle sur la reine Christine, de deux pages sur d’Urfé, et de son agréable Notice sur d’Ablancourt.
Pellisson, qui avait été premier commis de Fouquet, et qu’on avait arrêté en même temps que lui, composa à la Bastille et fit paraître, durant le cours du procès, des Mémoires et Discours au roi, dans lesquels il alléguait en faveur du surintendant tout ce qui se pouvait dire de plus ingénieux, de plus élégant, de plus éloquent même, sous la forme académique alors en usage. […] » Enfermé à Pignerol, il se livra, dit-on, à la contemplation des choses spirituelles, et l’on dit même qu’il composa quelques traités de morale.
Dans ce monde de Fouquet, La Fontaine composa Le Songe de Vaux et des épîtres, ballades, sizains et dizains ; le surintendant lui avait donné une pension, sous cette clause gracieuse qu’il en acquitterait chaque quartier par une pièce de vers. […] Les Fables de La Fontaine, dans leur ensemble, parurent successivement en trois recueils : le premier recueil contenant les six premiers livres fut publié en 1668 ; le second recueil contenant les cinq livres suivants jusqu’au onzième inclusivement fut publié en 1678 ; le douzième et dernier livre, qu’on a appelé le chant du cygne, et où tout n’est pas d’égale force, fut composé presque en entier à l’intention du jeune duc de Bourgogne et ne fut recueilli qu’en 1694.
Nous étions pour lui un composé d’hommes du monde et d’êtres louches. […] Veules est un coin de terre charmant, et l’on y serait admirablement s’il n’y avait pas qu’une seule auberge, et, dans cette auberge, un aubergiste ayant inventé des plats de viande composés uniquement de gésiers et de pattes de canards… Nous passons là un mois, dans la mer, la verdure, la famine, les controverses grammaticales, et nous revenons un peu refroidis avec l’humanitaire Leroy, au sujet de l’homicide d’un petit crabe, écrasé par moi sur la plage.
Sans doute, l’homme de génie, quand il compose, ne pense plus à lui-même, c’est-à-dire à ses petits intérêts, à ses petites passions, à sa personne de tous les jours ; mais il pense à ce qu’il pense ; autrement, il ne serait qu’un écho sonore et inintelligent, et ce que saint Paul appelle admirablement symbalum sonans. […] Pourquoi ne composerait-il pas aussi bien dans une chaise de poste que dans la rue, que dans son cabinet, que dans son lit ?
Je réponds : Il y a sans doute une mélancolie de décadence et de faiblesse, mais il y a aussi une mélancolie éternelle, très-convenable au cœur humain, composée à la fois, comme l’a très-bien défini M. […] En soutenant qu’il n’y a pas de discipline absolue dans les beaux-arts, ou du moins que cette discipline ne se compose que de quelques principes très-généraux qui se plient à d’innombrables applications, veux-je dire que tout est également beau, que toutes les époques littéraires se valent, ou encore que toutes les beautés passent à leur tour, qu’elles ne charment que pendant un temps ou doivent céder la place à des beautés nouvelles, également mobiles, également périssables ?
Or, le caractère d’un peuple se compose éminemment de ses mœurs. […] Les grands intérêts, sans doute, seront protégés, mais nulle protection n’est possible pour les petits intérêts moraux dont se compose, chez nous, le bonheur de la cité.
Deux masques de cristal mis par deux jeunes gens d’esprit et de talent, comme s’ils composaient des poisons. Ils n’en composent pas cependant, mais la société dont ils écrivent l’histoire en est un quelquefois, et pour la peindre, il faut la respirer.
« Je souffre, disait-il, toutes les fois que je-suis obligé de traduire en paroles des phénomènes intérieurs ; les expressions de la langue suggèrent à l’esprit des images qui ressemblent si peu aux phénomènes que sent la conscience, que de telles descriptions font toujours pitié à ceux qui les donnent61. » Les grands romanciers donnent des descriptions aussi difficiles que celles des psychologues, et néanmoins très-claires ; c’est qu’ils les composent de petits faits62. […] Comment peindre le monde intérieur, qui est composé de faits, en évitant de marquer les faits ?
Tout à coup une ribambelle de paysans, composée surtout de femmes, envahit le théâtre en courant. […] Par conséquent ces sombres poèmes avaient été composés en pleine jeunesse. […] Lessing avait composé des pièces fort ridicules, et il se flattait de refaire les tragédies de Corneille mieux que lui. […] Je passais les nuits sous la lampe palladienne à composer les poèmes de mon premier recueil : les Syrtes. […] Tous ces êtres se moquent apparemment du beau site qui les environne et qu’ils composent cependant, de la même façon que l’arbre, la pierre et l’eau.
Leur unique désir a été d’être vrais et de donner plutôt au public des études sincèrement faites d’après nature, que des tableaux composés suivant les règles qui se sont établies. […] Jules Lemaître n’est ni un roman, ni un récit historique, ni une fantaisie, bien qu’il se compose d’un peu de tout cela. […] Tout de suite, et le plus naturellement du monde, il donna dans les extravagances extrêmes des plus jeunes écoles, de celles qui se composent d’un maître et quelquefois d’un disciple. […] Composé d’événements qu’elle apprécié ou auxquels elle s’est trouvé mêlée, ce livre plein d’ardeur et de feu nous rappelle de grandes scènes pour la plupart dramatiques, où son talent descriptif se trouve à l’aise. […] » Les cinq cents pages qui composent le livre de l’abbé Émile Petitot sont bourrées de récits incroyables s’ils n’étaient rapportés par le pieux missionnaire.
« La synthèse des composés organiques, écrivait récemment un savant distingué, M. Joannis, est presque complète, comme celle des composés minéraux. […] Le poète italien Casti ne pouvait composer ses vers qu’en manipulant des cartes, en faisant des patiences. […] Gluck faisait transporter son clavecin au milieu d’une prairie, buvait quelques bouteilles de Champagne et se mettait à composer. […] Même composé d’éléments d’égale valeur nutritive, un repas morose n’a pas le même retentissement dans l’organisme qu’un repas joyeux.
Il était pianiste et il a même composé. […] Le drame naît de la musique parce que celle-ci est le cœur même de ce drame ; elle est l’expression générale de toutes les apparences dont se compose le drame. […] Nietzsche venait alors de publier chez Fritzsche, à Leipzig, l’Hymne à la vie pour chœur et orchestre, qu’il avait composé en 1882, à Naumbourg ; il demandait à M. […] Après tout, Nietzsche lui-même nous a invités à tenir compte, en ce qui le concerne, des circonstances pathologiques sous l’empire desquelles il composa ses ouvrages. […] La variété de ces combinaisons de sons musicaux est aussi infinie et inépuisable que celle des combinaisons de voyelles et de consonnes dont se compose le langage.
Que de vers rejetés avant de composer son premier livre qui renferme encore plus d’une épave d’adolescence ! […] Plus tard il nous dira avoir brûlé deux volumes d’élégies composées dans le goût de Bertin et de Parny. […] C’est « une sonate de poésie » nous dit-il, qu’il aurait composée en 1822 comme simple délassement littéraire. […] ses poèmes sont aussi bien composés que les petites nouvelles de Mérimée. […] Composer, savoir composer, nous représente une des qualités supérieures de l’écrivain.
Il se compose d’articles publiés dans la Revue Nationale sous le titre de Revue du mois. […] Des trois biographies dont il se compose, je préfère la première, celle de Michel-Ange, peut-être en raison de la difficulté vaincue. […] D’aucuns prétendent qu’on l’a retrouvé tout entier dans le Credo d’une messe composée en 1775 par un certain Holltzmann de Meersburg, maître de chapelle du comte palatin. Je n’ai pas besoin de vous dire mon opinion : je suis Français avant tout, et je tiens à croire que Rouget de Lisle a composé l’air et les paroles en quelques heures, après un bon souper. […] Nous nous vantons volontiers que si ion écrit dans tous les pays civilisés, on ne sait composer un livre qu’en France, et, jusqu’à un certain point, nous avons raison.
Benoît compose avec son indiscutable devoir ; et les scrupules qui vont l’empêcher de livrer Joze, tous ses scrupules ne sont, en somme, que son amour. […] Et c’est dans la fine et amoureuse compagnie de Pauline de Beaumont que Chateaubriand composa son apologie chrétienne. […] Au bout du compte, il a bien choisi et il a composé son recueil avec un goût très sûr, avec une heureuse prudence. […] André Lafon a composé de même ses romans. […] La Commission chargée en 1907 de publier les documents relatifs à l’histoire politique et diplomatique de la guerre et composée de MM.
Il composait, écrivait avec la même furie qu’il dépouillait et lisait. […] Il est donc hors de doute qu’il eut la ferveur et la foi ; mais deux passages du Traité, auxquels on ne s’est pas arrêté jusqu’ici, établissent nettement qu’il était catholique, au moment où il le composa. […] Souvent par leur âge même, ils ne sont que des écoliers, et c’est au sortir du collège, l’esprit tout gonflé d’enthousiasme et de souvenirs classiques, qu’ils composent leurs tragédies sans savoir ce que c’est que le théâtre. […] Les débris des travaux qu’il avait faits dans cette période, ont été se perdre dans l’immensité de L’Esprit des lois comme les débris de tous les travaux qu’à tous les moments et sous toutes les influences il a composés. […] Les portraits, ingénieusement composés pour les soubrettes (nous voilà bien loin de Martine !)
Anacréon n’a pas composé ses chansons avec une verve bien turbulente, ni dans un délire de bien longue haleine.
L’unité du corps féminin étant rompue, on ne l’embrasse plus aussi facilement d’un seul regard ; mais nos yeux sont tour à tour attirés sur les deux parties qui le composent et, dans chaque partie, sur les proéminences.
Mais on leur composera d’ingénieux magazines, pleins jusqu’aux bords de gaudriole et d’obscénité, ces petits cahiers qu’à Bruxelles on appelle les prohibés.
Le Centaure, composé ambigu du corps d’un cheval & de membres humains, bande avec effort un arc Thessalien, & lance ses fleches.
Il a composé outre cela deux Comédies, mais larmoyantes : l’une est, Le Pere de Famille, l’autre, Le Fils naturel.
Les sentiments les plus intellectuels sont composés d’émotions sensitives, les unes individuelles, les autres ancestrales ; ils enveloppent tous des harmonies ou des discordances de mouvements ; les discordances, par les interférences qu’elles produisent, provoquent un travail des nerfs trop faible ou trop grand, conséquemment pénible ; au contraire, l’harmonie dans le contraste, l’unité dans la multiplicité, favorisent l’activité sensorielle et les mouvements nerveux.
Je ne suis pas éloigné de songer qu’il serait plus utile de faire apprendre aux enfants les termes de métier que les racines grecques48 ; leur esprit s’exercerait mieux sur une matière plus assimilable, et si l’on joignait à cela des exercices sur les mots composés et les suffixes, peut-être prendraient-ils plus de goût et quelque respect pour une langue dont ils sentiraient la chaleur, les mouvements, les palpitations, la vie.
On ne peut guère pousser plus loin l’absorption ; les syllabes anglaises, surtout pour les deux noms propres, n’ont vraiment été qu’un prétexte sonore à composer des mots agréables.
Les poëmes qui composent ces deux volumes ne sont donc autre chose que des empreintes successives du profil humain, de date en date, depuis Ève, mère des hommes, jusqu’à la Révolution, mère des peuples ; empreintes prises, tantôt sur la barbarie, tantôt sur la civilisation, presque toujours sur le vif de l’histoire ; empreintes moulées sur le masque des siècles.
Elle sera composée de huit professeurs : 1° Un professeur de droit naturel ; 2° Un professeur en histoire de législation ; 3° Un professeur d’institutions du droit des gens ; 4° Un professeur des Institutes de Justinien ; 5° et 6° Deux professeurs du droit civil national ; 7° Un professeur du droit ecclésiastique en général et du même droit national ; 8° Un professeur de procédure civile et criminelle.
Homere fut un géometre auprès de lui, et l’on sçait le beau nom que le cardinal D’Est donna au ramas informe d’histoires mal tissues ensemble qui composent le Roland furieux.
Les génies qui demeurent ensevelis toute leur vie, je l’ai déja dit, sont des génies foibles ; ce sont de ces hommes qui n’auroient jamais songé à peindre ni à composer, si l’on ne leur avoit pas dit de travailler ; de ces hommes qui ne chercheroient jamais l’art d’eux-mêmes, mais ausquels il faut l’indiquer.
Sous le nom de gens du métier, je comprens ici, non-seulement les personnes qui composent ou qui peignent, mais encore un grand nombre de ceux qui écrivent sur les poëmes et sur les tableaux.
Un marquis tarte à la crème, deux caillettes, dont l’une n’est que la Bélise de Molière servilement copiée, et un type d’Henri Monnier, à présent commun comme la borne, voilà les épouvantables éléments dont se compose le cléricalisme qui fait trembler, et auquel Augier, cette tête de linotte dramatique, oppose, pour l’aplatir, Giboyer le vénal, monsieur son bâtard et la demoiselle Fernande, née de l’adultère… La critique, cette courtisane de tous les publics dont elle devrait être l’institutrice, a battu des mains comme un simple Gringalet du lustre, et fait ensuite, sur le tremplin du lieu commun, sa pirouette mélancolique en l’honneur des partis vaincus.
Ce n’était pas assez selon lui de plier son être sur l’idéal composé par nos aïeux ; il jugea qu’il était aussi de son devoir de restituer aux fils, en quelque mesure, les avantages qu’il avait reçus des pères.
» Ils n’admettent pas que le corps social soit un composé d’organes distincts et spéciaux, tous également naturels et nécessaires, chacun d’eux adapté par sa structure particulière à un emploi défini et restreint, chacun d’eux spontanément produit, formé, entretenu, renouvelé et stimulé par l’initiative, par les affinités réciproques, par le libre jeu de ses cellules.
Échappé au supplice, il se retira à Éphèse, où il composa son admirable tableau de la calomnie. […] Pour le perdre, ils l’accusèrent d’avoir composé des libèles diffamatoires contre le pape. […] Quels hommes que la plupart de ceux qui la composèrent ! […] Jansénius se mit à composer un très-gros & très-ennuyeux livre sur saint Augustin. […] Alexandre VII, qui l’avoit composé lui-même, & qui se flattoit de se voir obéi, s’indigna de ne pas l’être.
« L’oxydation des composés complexes, dit M. […] (n = 4, 5, 6) qui ont pour type la leucine et la leucéine ; 3° des composés tels que le pyrrol, la tyrosine, la tyro-leucine, l’acide glutamique. […] La chlorophylle blanche céderait à l’acide carbonique son hydrogène ; elle travaillerait ainsi à la synthèse de composés carbonés, et repasserait à l’état de chlorophylle verte. […] Cette conception, qui ferait dériver d’un composé unique, le protoplasma, tous les produits de l’organisme, est encore, elle aussi, une vue de l’esprit. […] Cependant nous reconnaissons qu’il existe dans les êtres vivants des phénomènes vitaux et des composés chimiques qui leur sont propres.
Mais écrire d’après La Beaumelle, serait-ce là ce que l’auteur de Madame Guyon appelle composer « d’après les écrits originaux » ? […] Il fait plus : il déclare qu’il soutiendra maintenant Mme Guyon jusqu’au bout, et, gagnant Bossuet de vitesse, il compose le livre des Maximes des Saints. […] La noblesse, l’honnêteté, la droiture de son génie n’admet pas que l’on emploie des vases souillés aux usages pieux, ni qu’en morale on compose, comme en médecine, des remèdes avec des poisons. […] Massillon compose par le dehors. […] Il parcourt donc de point en point l’histoire de Madeleine, telle à peu près, il faut bien le dire, qu’il lui plaît de la composer.
Ce livre n’est évidemment pas tel que Lemaître l’eût souhaité, la plupart des morceaux qui le composent ayant été par lui écartés jadis. […] Il a composé une très singulière comédie en douze pages, où on le reconnaît sous le personnage d’Eloi. […] N’aurait-il dû alors composer des romans de vérité toute neuve ? […] Les idées composent un idéal. […] Il a voulu lui composer la suite de son histoire.
Elle a, pour ainsi dire, sa part de collaboration dans les ouvrages que compose plus tard l’homme qu’elle a loué ou blâmé. […] Est-ce conscience vague qu’une société, si elle se composait tout entière de dilettantes voués à la pensée, à la rêverie et au doute, risquerait fort de ne pas être longtemps viable ? […] la pure doctrine d’Aristote, le jour où il composa Denise. […] Ses articles sont composés avec un soin et un art auxquels il n’y aurait rien à redire, s’ils se laissaient un peu moins voir. […] D’abord il a fait porter ses investigations sur la littérature, un champ qu’ils avaient peu exploré ; ensuite il a curieusement composé sa gerbe de cas notables et rares.