C’est elle qui, de l’homme augmentant les besoins, Multip ie avec eux ses travaux & ses soins ; Qui, lui faisant haïr le repos & la joie, Aux avares soucis livre son ame en proie ; Qui lui fait de la Gloire ensanglanter l’Autel, Et courir à la mort, pour se rendre immortel.
En continuant le genre pour lequel il semble né, le Fabuliste en écartera ce qui le dépare ; & ses talens, perfectionnés par ce moyen, n’auront même plus besoin de l’indulgence, qu’ils sont en droit d’obtenir aujourd’hui par le mérite qui les annonce.
Il est clair que dans nos sociétés, qui ressemblent à de vastes Scythies, au milieu desquelles les cours, les grandes villes, les universités représentent des espèces de colonies grecques, un tel mode de sélection amènerait des résultats absurdes ; il n’est pas besoin de s’y arrêter. […] Ce peuple est essentiellement monarchique ; il n’a nul besoin d’égalité ; il a des vertus, mais des vertus de classes. […] Si la révolution de la fin du dernier siècle doit un jour être considérée comme le point de départ d’une France nouvelle, il est possible que la maison Bonaparte devienne la dynastie de cette nouvelle France ; car Napoléon Ier sauva la révolution d’un naufrage inévitable, et personnifia très bien les besoins nouveaux. […] M. de Savigny a montré qu’une société a besoin d’un gouvernement venant du dehors, d’au-delà, d’avant elle, que le pouvoir social n’émane pas tout entier de la société, qu’il y a un droit philosophique et historique (divin, si l’on veut ) qui s’impose à la nation. […] Notre système d’instruction a besoin de réformes radicales ; presque tout ce que le premier empire a fait à cet égard est mauvais.
Jouir est une science, et l’exercice des cinq sens veut une initiation particulière, qui ne se fait que par la bonne volonté et le besoin. Or vous avez besoin d’art. […] Le paysage de fantaisie a eu chez nous peu d’enthousiastes, soit qu’il fût un fruit peu français, soit que l’école eût avant tout besoin de se retremper dans les sources purement naturelles. […] Il est évident que ces gens-là se sont fait la morale à l’endroit des besoins naturels et qu’ils ont créé leur tempérament, au lieu que la plupart des hommes subissent le leur. […] Presque toutes ses œuvres ont le don particulier de l’unité, qui est un des besoins de la mémoire.
C’est pourquoi ils semblent vivre plus que les autres hommes ; ils n’ont pas besoin d’avoir appris, ils devinent. […] Il n’a pas besoin de chercher les idées bizarres, les incohérences apparentes, les exagérations, le déluge de sarcasmes qu’il entasse. […] Quel besoin ont des coquins comme moi de ramper entre ciel et terre ? […] Est-il besoin d’aller si droit et si vite ? […] Le besoin de chanter devient si pressant, qu’un instant après les chansons naissent d’elles-mêmes.
Mon premier désir, ou mon premier besoin, en descendant de voiture, fut de connaître si cc jour était jour d’opéra. […] Je n’ai donc pas besoin de vous rappeler que M. […] Il est si myope, que si son domestique ne le prévenait pas quand il a les mains sales, il ne reconnaîtrait pas le besoin de les laver. […] Quand il n’a plus besoin d’eux, il les brise. […] Il porte de longs cheveux d’un blond indécis, qui auraient quelque peu besoin du fer, ou mieux encore des ciseaux.
Elle éprouvait le besoin d’avoir son poète. […] Ces remarques, qui lui ont été surtout inspirées par les Harmonies, ont besoin, je crois, d’être complétées. […] Ce flot épandu se ramasse, au besoin, dans un jet rapide et net. […] Le besoin d’accomplir un premier sacrifice induit Jocelyn à devenir, professionnellement, « l’homme de sacrifice ». […] Ô siècles, vos besoins, ce sont vos prophéties !
Pauvre esprit humain, je le répète ; que tu as besoin de lumières ! […] Elle n’a pas besoin d’être ornée ; elle est belle, parce qu’elle est une & vivante, qu’elle ne veut point séduire, & qu’elle se félicite de ne point exister pour qui ne l’apperçoit pas. […] Qu’ai-je besoin d’entendre sa voix par la bouche de tel Monarque ? […] Que de besoins l’homme a à satisfaire ! […] Le goût avoit présidé à la construction de chaque vers, & ils étoient si bien moulés sur les bons modèles, qu’en cas de besoin on les y retrouveroit presque tous.
Son Au pays du mufle, « qui n’a pas besoin d’être recommandé aux lettrés », ainsi que l’a dit le préfacier, M.
Les uns et les autres sentaient le besoin de s’affranchir de formules surannées et de réformer la prosodie, mais les Décadents n’entendaient pas faire table rase du passé.
. — L’homme a éprouvé de tout temps le besoin d’idéaliser ou de parodier sa propre existence, de la répéter par le rêve du spectacle et de la fiction.
Quand la première saison est passée, quand le front se penche, quand on sent le besoin de faire autre chose que des histoires curieuses pour effrayer les vieilles femmes et les petits enfants, quand on a usé au frottement de la vie les aspérités de sa jeunesse, on reconnaît que toute invention, toute création, toute divination de l’art doit avoir pour base l’étude, l’observation, le recueillement, la science, la mesure, la comparaison, la méditation sérieuse, le dessin attentif et continuel de chaque chose d’après nature, la critique consciencieuse de soi-même ; et l’inspiration qui se dégage selon ces nouvelles conditions, loin d’y rien perdre, y gagne un plus large souffle et de plus fortes ailes.
Les auteurs précédens abondent plus en passages qu’en réfléxions ; en voici un qui pense trop par lui-même pour avoir besoin de compiler ce que les anciens & les modernes ont pensé.
Le monde n’a pas besoin d’être éclairé sur le mérite de deux poëmes, comme sur le mérite de deux systêmes de philosophie.
Les jésuites, au contraire, connaissaient les hommes, leurs besoins et leurs faiblesses. […] Mais il avait besoin, par tempérament, d’un champ plus large que celui qui suffit aux querelles d’érudits. […] Il saura donc au besoin se faire théologien et interpréter le dogme de la prédestination selon Calvin ; mais tout à coup il s’impatiente, coupe court au prêche et syllogise : « L’homme n’est pas libre parce qu’il est prédestiné ; il n’est pas méritant parce qu’il n’est pas libre ; il n’a pas besoin d’être libre parce qu’il n’a aucun mérite à croire ; il faut qu’il soit prédestiné puisqu’il n’est pas libre ; et il est prédestiné, esclave et imméritant parce qu’il n’y a que Dieu. » Et voilà comment il s’amuse à rivaliser avec un implacable raisonneur. […] Quels besoins satisfaisait-il chez eux ? […] Elle n’a même point pour se défendre, au besoin pour réagir, une idée solide et saine de la vie.
Et nous touchons ici au besoin fondamental et à la grande difficulté de l’industrialisme, à la raison aussi de son échec actuel. […] Et séparée de l’État, l’Église a moralement grand besoin du peuple ! […] Le sabre du représentant est fait pour défendre les Droits de l’Homme, et ; au besoin pour les combattre. […] Soleil et sève, c’était, est-il besoin de le dire ? […] Il connaîtra son libéralisme comme précaire, et sera au besoin libéral contre lui.
Il a un rendez-vous d’affaires, et il a besoin de savoir l’heure ; sa montre, sur laquelle ses amis avaient longtemps réglé la leur, s’est tout à coup arrêtée. […] Toute la nation y est attentive, et pour le plus grand nombre qui vit du travail de chaque jour, le besoin de chaque jour l’y fait penser. […] Est-il besoin de dire qu’en nous parlant de ces choses, M. […] Je n’avais pas lu ce passage sans émotion, ni — est il besoin de le dire ? […] Qu’avons-nous besoin de poésie, d’art, d’esprit, d’œuvres fortes ou charmantes ?
C’est plus tard qu’il a senti « l’impérieux besoin d’avoir un style ». […] C’est dans ce petit réservoir qu’on trouvé à point nommé toutes les images dont on a besoin. […] Nous avons besoin de beaux vers et non de beaux sentiments. […] Étant plate (sauf le type houx), on n’a pas besoin de la déformer par projection pour l’appliquer sur un plan. […] Quand il en sera besoin, les féminins se formeront tout seuls, sans qu’ils soit besoin de réunir « une élite d’hommes et de femmes ».
Ai-je besoin de dire qu’elle me parut vraiment extraordinaire ? […] Car ce n’était, au fond, chez lui, qu’un besoin littéraire, une soif ardente de connaître, et la juvénile assurance qu’il allait, par la science, entrer dans le monde merveilleux de la vie. […] … souhaitai-je… Car la littérature ne perdra rien en vous perdant… et la politique a rudement besoin de vous, mon cher Reinach… — Je le sais ! […] … J’ai besoin, durant des mois et des mois, peut-être, d’endormir mes ennemis… Mes ennemis, dormez ! […] … Ai-je besoin de te dire que Luberlu est mort… Qu’est-ce qu’il ferait dans cette époque si triste et si sceptique ?
Où se porteront les sympathies du poète, est-il besoin de le dire ? […] Il la révèle même par ce besoin de se confesser. […] Ce besoin d’être aimé sera enfin satisfait. […] Du moment où elle l’aime, elle a besoin de son estime. […] Sa conscience en émoi a besoin d’être rassurée.
Mais Filon ne croit pas inopportun de rappeler que le roman n’a pas besoin d’être ennuyeux. […] La littérature a besoin de réalité ; elle a besoin d’idées, et d’idées pures ou philosophiques, et d’idées incarnées ou politiques. […] À la fin même, il écarte les personnages, n’ayant plus besoin d’eux, n’ayant plus besoin de ces porte-paroles : et il maudit tout seul la vie et la destinée, les gens et les idées. […] Paul Adam, ses lectures lui ont fourni les détails dont il avait besoin. […] Elle sourit : « Je n’ai besoin de rien », dit-elle.
La femme ne doit pas courir les églises quand son mari a besoin d’elle à la maison. […] Car Cléante et Clarice nous sont présentés, j’ai à peine besoin de le dire, comme des personnages excessivement vertueux. […] Il avait bien besoin de venir ! […] Je vous assure qu’à ce moment-là, personne ne songeait dans la salle qu’il fût besoin de défendre la poésie au théâtre. […] Le personnage de Marie sauverait la pièce à lui seul, si elle avait besoin d’être sauvée.
Mais ce jeune solitaire avait un inextinguible besoin de tendresse. […] Il n’avait pas besoin de le signer pour qu’on sût qu’il en était l’auteur. […] Pour accomplir son œuvre, Voltaire a dépensé une somme incroyable d’esprit, d’invention, de verve comique, au besoin d’éloquence. […] Mais, même en un temps de surproduction littéraire, on n’en a pas besoin d’un plus lourd pour affirmer sa maîtrise et son originalité. […] Nous le voyons tous les jours, et nous n’avons pas besoin d’aller à Polytechnique pour le voir.
Je le ferais, au besoin, et il n’y manquerait que le talent. […] Il a besoin d’air et d’espace. […] Il n’y avait pas besoin de beaucoup d’instinct pour flairer un bavard. […] Est-il besoin de dire qu’il n’en fut pas aimé davantage ? […] Il y a dans l’homme un besoin infini d’aimer qui le divinise.
Longtemps après, Voltaire, qui avait besoin d’un parfait philosophe, le plaça parmi les Quakers, sur les bords de la Tamise. […] Un père vertueux, une mère pudique, suffisaient au besoin de son cœur : il n’aimait qu’eux, et il les aimait depuis son enfance. […] Ils ont encore besoin d’union et de courage ; les lettres seront longtemps orageuses. […] Lorsque l’homme sauvage, errant au milieu des bois, eut satisfait aux premiers besoins de la vie, il sentit un autre besoin dans son cœur, celui d’une puissance surnaturelle pour appuyer sa faiblesse. […] Sa pensée elle-même a besoin d’une douce union pour devenir féconde.
Le public n’a pas besoin de comprendre. […] Le public, certainement, n’a pas besoin de comprendre. […] Je n’ai pas besoin de dire que c’est du reste péché véniel. […] Vous n’avez pas besoin d’y être pour imaginer comme elle est froide. […] Je n’ai pas besoin de faire sentir que ceci est d’une importance extraordinaire.)
Retourner pour ainsi dire à l’état de petit enfant : avoir besoin d’etre nourri, avoir besoin… Ah ! […] Elle a l’instinct, le besoin du dévouement, avec un grand sens pratique, un peu amer. […] … J’ai besoin d’un être à qui tenir lieu de mère, et vos enfants ont besoin d’une mère. […] Ai-je besoin de vous dire qu’il est Gaulois ? […] Et je n’ai pas besoin de rappeler que cela se rencontre aussi chez Molière.
Ces visions de civilisé très compliqué, très analyste, hanté de besoins d’abstraction, sont-elles bien les traductions des tableaux qu’il étudie ? […] Lemaître conclura à la liberté du rythme, quand, plus familiarisé avec le nouveau vers, il en saisira lui-même la musique, sans qu’on ait besoin de la lui expliquer théoriquement. […] Une école nouvelle, de même qu’elle apporte une esthétique, contient une modification de la pensée même et des besoins de civilisation de l’époque qui la perçoit. […] Un jeune homme précoce, génial, instruit, qui songe à s’exprimer par l’art, ressentira presque toujours, aux premières heures de sa vie, un immense besoin d’originalité. […] Et les fleurs magiques bourdonnent, le besoin de fixer couvre tout.
Si l’on a bien appris, si l’on a bien vécu, c’est-à-dire comme un être actif et conscient, toutes les connaissances et toutes les émotions antérieures concourront insensiblement dans tout ce qu’on écrira, et, sans qu’on puisse marquer précisément l’empreinte d’aucune, elles se mêleront dans toutes nos pensées et dans toutes nos paroles, comme on ne saurait dire quelle leçon de gymnastique ou quel aliment entre tous a donné au corps la force dont il fait preuve un certain jour au besoin.
C’est un besoin, c’est une envie ; le voilà maître du trône et au comble de ses vœux, et alors il se passe dans son être quelque chose d’extraordinaire.
On sent en elle le besoin de vêtir chaque jour une âme nouvelle, le désir d’écarter la Réalité navrante et de s’évader chaque soir Vers les horizons bleus dépassés le matin.
Quant à la science sérieuse et philosophique, qui répond à un besoin de la nature humaine, les bouleversements sociaux ne sauraient l’atteindre, et peut-être la servent-ils en la portant à réfléchir sur elle-même, à se rendre compte de ses titres, à ne plus se contenter de jugement d’habitude sur lequel elle se reposait auparavant.
Plus loin, Dêdé éprouva de nouveau le besoin impérieux de se rafraîchir.
pour des raisons qui ne sont pas le mérite du livre ; mais il est douteux, pourtant, qu’avec le sens droit et les besoins logiques de ce pays, un ouvrage écrit avec le manque de suite de ces Cent dernières années pût même se soutenir.
On ne les trouvera pas tous dans ce cadre étroit d’un volume ; mais j’ai besoin de rappeler une conception sur laquelle la Critique s’est volontairement ou involontairement trompée.
On le retrouve plus au complet dans ses correspondances, peut-être aussi parce qu’on leur demande moins qu’à des livres proprement dits qui auraient eu besoin d’être plus composés. […] Il avait un besoin positif d’aimer. […] Mon cœur a besoin de sentiments, et je ne trouve ici que de l’esprit et de la bienveillance.
L’homme a besoin de se créer des idoles dans le passé, et il se prend à ce qu’il a sous la main : il lui suffit d’un prétexte. […] Rendez-leur leurs frères, car elles ont d’eux grandement besoin. […] Ayant besoin d’argent pour faire subsister son monde, il s’avise d’en emprunter à deux Juifs moyennant un stratagème.
Je rappellerai seulement deux ou trois traits de cette lettre : « N’as-tu pas admiré, dans le discours de M. de Montesquiou, comme quoi les Français ont trop d’esprit pour avoir besoin de dire ce qu’ils pensent ? […] … « Heureux celui qui vit de ses revenus, qui n’éprouve d’autre besoin que celui de digérer et de dormir, et savoure toute vérité dans le pâté de Reims, que nul n’oserait censurer en sa présence ! […] Jamais je ne serais sorti de moi-même de mes éternelles irrésolutions ; mais Dieu m’avait préparé en ce pays le secours dont j’avais besoin ; sa Providence, par un enchaînement de grâces admirable, m’a conduit au terme où elle m’attendait ; pleine d’amour pour un enfant rebelle, pour le plus indigne des pécheurs, elle m’arrache à ma patrie, à ma famille, à mes amis, à ce fantôme de repos que je m’épuisais à poursuivre, et m’amène aux pieds de son ministre pour y confesser mes égarements et m’y déclarer ses volontés.
malheur à qui, avec les instincts infinis et le besoin de croire aux consolations éternelles, a senti trop amoureusement cet idéal d’humaine beauté, ce paganisme immortel qu’on appelle la Grèce ! […] Aujourd’hui presque partout, même quand l’apparence est de croyance honorable et philosophiquement avouable, le fond est de doute, et les grandes âmes elles-mêmes n’ont guère de retour ; elles ne croient pas en avoir besoin, et elles se dissipent. […] Si celui qui entreprendra un si grand ouvrage ne se sent pas assez fort pour ne point avoir besoin de conseil, le mélange sera à craindre, et par ce mélange une espèce de dégradation dans l’ouvrage… La simplicité en doit être le seul ornement.
Nous adressons ces chicanes de détail à M. de Balzac, parce que nous savons qu’elles ne sont pas perdues avec lui, et que, malgré toutes les incorrections par nous signalées, il soigne son style, corrige et remanie sans cesse, demande jusqu’à sept et huit épreuves aux imprimeurs, retouche et refond ses secondes et troisièmes éditions, et se sent possédé du louable besoin d’une perfection presque chimérique. […] Quoi qu’il en soit, c’est un besoin pour moi d’indiquer que, vers l’époque de sa mort, j’ai parlé de lui (Constitutionnel du 2 septembre 1852) sous un point de vue plus général et en embrassant de mon mieux l’ensemble de son œuvre, que je ne suis point cependant arrivé à admirer autant que je le voudrais. […] quand j’ai lu ces choses-là (certaines descriptions sales et minutieusement ignobles de Balzac), il me semble toujours que j’ai besoin de me laver les mains et de brosser mon habit, » 109.
Si vous avez besoin d’être désabusée, C’est d’une erreur plus fine et plus autorisée : Le partage des morts se fait peu souhaiter, Mais celui des vivants a de quoi vous tenter ; Si la gloire pour vous n’est rien après la vie, Tandis que vous vivez, elle vous fait envie. […] je n’aurai jamais d’autre besoin de vous ! […] Chez elle, dans ses élégies, plus de petits moutons ni de bergère Célimène ; il était moins besoin de travestissement : c’est de l’amour après Parny ; Bouflers a déjà chanté le cœur ; le positif enfin se découvre tout à nu.
Il n’avait besoin de se relire que pour la clarté et la netteté du sens : heureux critique ! […] Il y poussa l’anonyme jusqu’à avoir besoin d’être clandestin. […] L’occasion aidant, il n’était pas besoin de grande passion pour cela.
L’un était son médecin, l’autre l’était de M. d’Aiguillon ; et celui-ci avait engagé la maîtresse à déterminer le roi à ce choix, espérant se servir d’eux, suivant ses besoins, dans le cours de la maladie. […] Il faut qu’ils sachent que, comme nous sommes obligés malgré nous de leur donner des marques extérieures de respect et de soumission, nous jugeons à la rigueur leurs actions, et nous nous vengeons de leur autorité par le plus profond mépris, quand leur conduite n’a pas pour but notre bien et ne mérite pas notre admiration ; et, en vérité, il n’était pas besoin de rigueur pour juger le roi comme il l’était par tout son royaume. […] Telle était la position où se trouvaient dans ce moment les ennemis du tripot ; la connaissance qu’ils avaient du goût du roi pour les sacrements, de son idée sur l’efficacité d’un acte de contrition, et sur le besoin qu’il en avait, leur persuadait bien qu’on touchait au moment où son amour pour la religion, ou son envie de donner un bon exemple en ce genre, allaient lui faire demander son confesseur ; mais leur opinion, partagée par Mesdames, la leur rendait encore plus certaine.
Elles répondent à un besoin nouveau, à un état d’esprit que l’évolution sociale et politique développe de jour en jour davantage chez des générations que transporte moins la rudesse vigoureuse des chansons de geste. […] Il versait, disait-on, « le beau français à pleines mains », Au reste, c’était un adroit faiseur sans conviction, sans gravité, qui ne se faisait pas scrupule, au besoin, de fabriquer des contrefaçons de légendes arthuriennes, pourvues de noms de fantaisie vaguement celtiques et de la plus invraisemblable géographie. […] En même temps que l’image de cette vie plus « confortable », plus raffinée, plus luxueuse, dont ils sentaient le besoin, les hommes de la fin du xiie siècle trouvaient dans les romans de Chrétien les deux principes qui, selon l’idée au moins de leurs esprits et selon leur rêve intime, devaient être les principes directeurs de la vie aristocratique, l’honneur et l’amour : l’honneur, qui fait que l’individu consacre toutes ses énergies à décorer l’image qu’il offre de lui-même au public, l’amour qui, dépouillé de sa sauvage et anti-sociale exaltation, sera dominé, dirigé, employé par l’honneur de l’homme et la vanité de la femme.
Il a le sens de la scène, l’instinct des combinaisons qui font effet : cet art très particulier du théâtre, qui n’a rien de commun avec la littérature, qui n’a besoin ni de la poésie ni du style pour valoir, aucun romantique ne l’a possédé comme Dumas. […] Le drame de passion rejetait le vêtement littéraire, et s’en allait chercher les scènes populaires, où le public n’a pas besoin de style. […] Le théâtre, pour lui, est un art qui se suffit ; il n’y a pas besoin de pensée, ni de poésie, ni de style : il suffit que la pièce soit bien construite.
Ai-je donc tant besoin de m’excuser ? […] — Oui, je sais que la poésie n’est que sentiment, couleur et musique, et qu’elle n’a presque pas besoin de pensée. […] Car, sans doute, si nous avions senti le besoin d’apprendre au monde que Marat fut fait de charité et de cruauté, nous aurions pu, en prenant notre temps, trouver cinq ou six images pour le dire ; mais lui !
Quels, l’encouragement, prix, où affectera le revenu aussi bien, en l’absence de besoins, à diverses célébrations littéraires ; le mécanisme (personnellement, je le connais), puis chiffrer l’infimité de la taxe applicable même aux publications scolaires : besogne, le point admis, partagée entre la Presse et le Parlement. […] Le vers, aux occasions, fulmine, rareté (quoiqu’ait été l’instant vu que tout, mesuré, l’est) : comme la Littérature, malgré le besoin, propre à vous et à nous, de la perpétuer dans chaque âge, représente un produit singulier. […] Il importe que dans tout concours de la multitude quelque part vers l’intérêt, l’amusement, ou la commodité, de rares amateurs, respectueux du motif commun en tant que façon d’y montrer de l’indifférence, instituent par cet air à côté, une minorité ; attendu, quelle divergence que creuse le conflit furieux des citoyens, tous, sous l’œil souverain, font une unanimité — d’accord, au moins, que ce à propos de quoi on s’entre-dévore, compte : or, posé le besoin d’exception, comme de sel !
Il a besoin d’être bercé. […] dit encore Mme de Noailles, Pour se bercer de l’illusion de l’amour, ils n’ont plus besoin de sortir d’eux-mêmes. […] Ce n’est pas la foi qui le pousse à étouffer ses désirs et à se mutiler, c’est, au contraire, l’écœurement du plaisir et le besoin de se « purifier dans l’air supérieur » qui le fera tout à l’heure retrouver les vestiges de la foi perdue et s’y cramponner avec l’énergie du désespoir : Je suis le plus méchant des mauvais serviteurs Ô Jésus, qui prêchais la sagesse aux docteurs !
Ce qui prouve combien cette Foi est nécessaire, c’est le besoin que nous avons d’être fixés ; car notre esprit n’est pas destiné à se nourrir de doutes & d’incertitude ; c’est le besoin d’une Morale fixe & invariable, d’une Morale qui agisse sur l’esprit & sur le cœur. […] L’Homme, abandonné à la Nature, a la Philosophie, à lui-même, est nécessairement égoïste, endurci, & devient bientôt inutile & même à charge à la société, par l’abus qu’il fait de ses facultés : l’Homme religieux au contraire s’occupe de tous les besoins de ses semblables, & multiplie ses sacrifices & ses privations, pour les soulager.
Robespierre de même, au 8 Thermidor, s’écriait à la tribune de la Convention : « J’ai besoin d’épancher mon cœur. » Règle littéraire, n’employons jamais le mot de cœur que là où il vient naturellement et nécessairement, quand nous le voyons ainsi prodigué et étalé par de tels hommes. […] Toutes les fois que Robespierre a besoin d’un rapporteur impassible, sophistique, aux lèvres d’airain et au front de marbre, pour épurer la Convention et envoyer à l’échafaud, sous couleur de bien public, d’anciens amis et complices, il met en avant Saint-Just, qui s’acquitte de cette tâche comme d’un sacerdoce. […] Un jour, Saint-Just vint froidement proposer un moyen de terminer la lutte de la Révolution contre les nobles suspects et détenus : Il y a mille ans, dit-il, que la noblesse opprime le peuple français par des exactions et des vexations féodales de tout genre : la féodalité et la noblesse n’existent plus ; vous avez besoin de faire réparer les routes des départements frontières pour le passage de l’artillerie, des convois, des transports de nos armées : ordonnez que les nobles détenus iront par corvée travailler tous les jours à la réparation des grandes routes.
Certes, il n’est pas besoin que nous le déclarions ici, nous ne sommes pas de ceux qui réclamaient les têtes des quatre ministres. […] Il ne fut plus question d’abolir le supplice capital ; et une fois qu’on n’eut plus besoin d’elle, l’utopie redevint utopie, la théorie, théorie, la poésie, poésie. […] Du reste, c’est un monsieur qui a des prétentions au style et aux lettres, qui est beau parleur ou croit l’être, qui récite au besoin un vers latin ou deux avant de conclure à la mort, qui cherche à faire de l’effet, qui intéresse son amour-propre, ô misère !
Si son père se portait bien et n’avait pas besoin de son aide, elle s’occupait soit à lire, soit à écrire, soit à travailler, ce qu’elle aimait beaucoup (fée par les mains comme elle l’était par l’âme !) […] Est-il besoin de nommer la sœur d’Eugénie ? […] Elle ne sentit jamais le besoin d’avoir une société autour d’elle sur les degrés d’un Capitole ou sur le pic d’un cap Misène, pour épancher la poésie contenue dans son sein.
N’est-ce pas de quoi faire pitié, ce désir légitime de savoir qui n’est pas satisfait, ce besoin de culture populaire sans cesse renaissant et sans cesse trompé, ce champ immense et fertile où l’on ne jette que des graines folles ? […] Et il ajoute, pour que nous continuions d’observer Cosette et d’être heureux avec elle, ce couplet demeuré célèbre : « La poupée est un des plus impérieux besoins et en même temps un des plus charmants instincts de l’enfance féminine. […] Tandis que nous écrivons, par une sorte d’instinct théâtral et de tradition, des chapitres qui gravitent tous autour d’une scène principale, un peu comme les actes d’une pièce dramatique ; tandis que nous faisons un livre très un et très serré, destiné à être lu sans arrêt, eux, ils écrivent une sorte de journal intime ; ils superposent les détails, sagement, posément, avec l’amour de l’heure présente qui ne connaît pas l’avenir, sans la même hâte vers le but, et ils songent aux misses qui parcourront vingt pages avant une course à cheval, au chasseur de renard qui revient au logis et qui a besoin d’une petite dose de lecture pour calmer la fièvre de ses veines, au commerçant de la Cité, à l’ouvrier anglais, libres avant le coucher du soleil, et qui prendront le livre et le poseront bientôt sur le coin du dressoir, heureux d’avoir trouvé l’occasion d’une larme ou d’un sourire qui n’étaient pas permis dans le travail du jour.
En combattant La Rochefoucauld, il est à la fois plein d’onction et d’émotion ; il s’arme de tous les souvenirs d’enfance, de toutes les traditions héréditaires, du besoin de croire et d’espérer qui revient et s’augmente avec l’âge. Il estime que depuis le christianisme, l’homme reconnu infirme et malade, éclairé sur ses misères, a plus besoin de consolations, de secours divin ; qu’insulter à l’humanité depuis le christianisme, la railler ou la mépriser, si l’on ne va aussitôt jusqu’au remède, est chose plus grave qu’auparavant, et qui tire plus à conséquence.
La langue poétique elle-même avait besoin alors d’être refrappée, d’être retrempée ; elle est fluette, mince et atteinte de sécheresse. […] On lisait à l’Académie ces quatre vers qui peignent si bien un profond besoin d’apaisement : Calme des sens, paisible Indifférence, Léger sommeil d’un cœur tranquillisé, Descends du ciel ; éprouve ta puissance Sur un amant trop longtemps abusé !
Doué non pas simplement d’une extrême ardeur personnelle de connaître et de savoir, mais de l’amour dû vrai et de « cette grande curiosité » qui porte avec elle son idée dominante, et qui se règle aussi sur le besoin actuel et précis de l’œuvre humaine à chaque époque, il s’est dit de bonne heure que ce qu’il désirait le plus de savoir, d’autres le désiraient également ; et il s’est assigné, pour rendez-vous et pour terme éloigné, mais certain, au milieu même de la variété et de la dispersion apparente de ses travaux, l’Histoire des origines du christianisme. […] Les événements, d’ordinaire, se chargent de cette simplification ; l’humanité elle-même y pourvoit, au besoin, par des sacrifices.
Mais dans le bourg d’Aignay, comme ailleurs, les luttes commencèrent : l’étendue et la hauteur du théâtre n’y font rien ; c’étaient sous d’autres noms les mêmes hommes, les mêmes passions et les mêmes mobiles, les mêmes défections d’amitié, les mêmes arriérés de haine, les mêmes envies d’humilier, les mêmes besoins d’arriver à son tour, que sur la scène principale et centrale ; et Frochot eut à déployer les mêmes qualités de modération et de fermeté dont il aurait eu à faire preuve, s’il avait été de la Législative ou de la Convention. — Louis XIV demandait un jour au cardinal de Janson, aussi bon négociateur qu’habile courtisan, où il en avait tant appris : « Sire, répondit le cardinal, c’est en courant la nuit avec une lanterne sourde, tandis que j’étais évêque de Digne, pour faire les consuls d’Aix. » Et Lisola, le célèbre diplomate franc-comtois, disait qu’il s’était très bien trouvé, dans les grandes affaires, des subtilités qu’il avait apprises « dans le ménage municipal de Besançon. » Une seule maison quelquefois suffit à qui veut observer les variétés des passions humaines : un seul bourg peut suffire, en un temps d’agitation populaire, pour soulever et faire sortir toutes les variétés d’ambitions et de haines, et pour exercer d’autre part toutes les vertus civiques ; Frochot eut de quoi en faire de plus en plus l’apprentissage : il s’honora par toute sa conduite durant ces temps calamiteux ; il y montra une fermeté qui tenait encore chez lui au premier mouvement et à l’impulsion du sang dans la jeunesse. […] Frochot est zélé, dévoué, tout entier à son œuvre d’exécution et d’obéissance intelligente, animé d’un sentiment personnel d’humanité dans les réformes qui tiennent à l’assistance publique, au régime des prisons, paternel et plein de sollicitude pour les établissements d’instruction publique avant la création de l’Université, bienveillant pour les personnes, attentif aux talents naissants ; en un mot, doué de vertus, mais, on l’entrevoit, un peu faible : le nerf, on le pressent, le jour où il en aura besoin, est ce qui lui manquera.
Je me trompe : vieux, presque aveugle, au-dessus du besoin grâce aux bienfaits du Gouvernement37, il s’était logé dans les combles du Palais-Royal, pour y trouver le calme nécessaire à la correction de ses odes ; c’était là sa tour de Montbar. […] C’est qu’avec beaucoup d’imagination il est naturellement peu coloriste, et qu’il a besoin, pour arriver à une expression vivante, d’évoquer, comme par un soubresaut galvanique, les êtres de l’ancienne mythologie.
Il rappelle aux supérieurs de la Congrégation leur faiblesse dans l’affaire de la Constitution Unigenitus : « Vous avez reçu si respectueusement la Constitution, que je ne saurois douter que vous ne receviez de même un bref qui vient de la même source. » Il ne craint pas de montrer le bout de l’escopette, de laisser entrevoir au besoin, si on l’y force, toute une série de Provinciales nouvelles, déjà en embuscade, et prêtes à faire feu sur les rangs de la Congrégation : « Il est injuste, dit-il, que les Jésuites en fournissent toujours la matière. » Prevost a du faible pour les Jésuites, quoiqu’il les ait deux fois quittés. […] La note précédente fournirait d’ailleurs une nouvelle preuve, s’il en était besoin, de l’absurdité d’une anecdote qui courut dans le temps.
Avoir vécu, dès l’enfance et durant la jeunesse, de la vie de famille, de la vie de devoir, de la vie naturelle ; avoir eu des années pénibles et contrariées sans doute, comme il en est dans toute existence humaine, mais avoir souffert sans les irritations factices et les sèches amertumes ; puis s’être assis de bonne heure dans la félicité domestique à côté d’une compagne qui ne vous quittera plus, et qui partagera même vos courses hardies et vos généreux plaisirs à travers l’immense nature ; ne pas se douter qu’on est artiste, ou du moins se résigner en se disant qu’on ne peut pas l’être, qu’on ne l’est plus ; mais le soir, et les devoirs remplis, dans le cercle du foyer, entouré d’enfants et d’écoliers joyeux, laisser aller son crayon comme au hasard, au gré de l’observation du moment ou du souvenir ; les amuser tous, s’amuser avec eux ; se sentir l’esprit toujours dispos, toujours en verve ; lancer mille saillies originales comme d’une source perpétuelle ; n’avoir jamais besoin de solitude pour s’appliquer à cette chose qu’on appelle un art ; et, après des années ainsi passées, apprendre un matin que ces cahiers échappés de vos mains et qu’on croyait perdus sont allés réjouir la vieillesse de Goëthe, qu’il en réclame d’autres de vous, et qu’aussi, en lisant quelques-unes de vos pages, l’humble Xavier de Maistre se fait votre parrain et vous désigne pour son héritier : voilà quelle fut la première, la plus grande moitié de l’existence de Topffer. […] il m’écrivait à moi-même ces lignes aimables et familières, dans lesquelles il s’exagérait beaucoup trop sans doute la nature du service dont il parlait ; mais, même à ce titre, elles me sont précieuses, elles m’honorent, elles me vengeraient au besoin de certains reproches qu’on me fait parfois de m’aller prendre d’abord à des talents moins en vue ; elles le peignent enfin dans sa modestie sincère et dans sa façon allègre de porter ses maux : « Bonjour, … monsieur, vous ne me reconnaissez point !
« Il prenait d’ailleurs plaisir à conter toutes ses angoisses devant le moindre mouvement à faire, le transport de sa chaise à son lit, le plus petit choc prenant tout le suraigu douloureux d’une opération chirurgicale, et ses terreurs, chaque soir, devant la nuit qui venait, et le besoin impérieux, apeuré, qu’il avait de ce tic-tac d’une pendule. »47 La neurasthénie à forme cérébrale, pour être d’allure moins suppliciante, est tout aussi féconde. […] État actuel. — Habitus extérieur : « Grêle jeune homme de 30 ans, anémique et nerveux, aux joues caves, aux yeux d’un bleu froid d’acier, au nez éventé et pourtant droit, aux mains sèches et fluettes. » Signes généraux : Il entreprend assez facilement une œuvre, mais la fatigue vient vite avec des étourdissements, un besoin de s’appuyer ou de s’asseoir s’il est debout.
Pour faire cet office, il n’a pas besoin d’ancêtres, ne lui faut que du cœur, il est lui-même un ancêtre ; on est trop heureux du salut présent qu’il apporte pour le chicaner sur son titre. — Enfin, après tant de siècles, voici dans chaque canton des bras armés, une troupe sédentaire, capable de résister à l’invasion nomade ; on ne sera plus en proie à l’étranger ; au bout d’un siècle, cette Europe que saccageaient des flottilles de barques à deux voiles, va jeter deux cent mille hommes armés sur l’Asie, et désormais, au Nord, au Midi, en face des Musulmans, en face des païens, au lieu d’être conquise, elle conquiert. […] Chacun y naît avec son grade héréditaire, son poste local, sa solde en biens-fonds, avec la certitude de n’être jamais abandonné par son chef, avec l’obligation de se faire tuer au besoin pour son chef.
Il n’est pas besoin de dire qu’il fut médiocre économe ; son administration se réduisit à un voyage qu’il faisait tous les ans à Château-Thierry pour vendre une pièce de terre dont il mangeait l’argent à Paris. […] Il n’avait pas besoin de se guinder pour y monter.
On a une grande facilité à admettre l’évidence des choses qu’on croit ou qu’on aime : on se persuade sans peine qu’elles n’ont pas besoin de preuve. […] Il faut savoir aussi discerner les vérités qui ne sont point évidentes par elles-mêmes, mais dont la démonstration est acquise et n’a pas besoin d’être refaite : on ne s’arrêtera pas à en recommencer la preuve.
L’originalité de la forme ou de la pensée a presque toujours besoin, pour s’achever, du recueillement d’un travail volontaire… Elle s’atténue et s’efface en se dispersant. […] Mais c’est là le contraire de l’entraînement d’un « tempérament », et la vanité, chose toute cérébrale, n’a rien à voir avec l’émotion primesautière de don Juan, quand son regard se croise avec celui d’une femme, qu’il voit désormais seule là où il s’est rencontré avec elle… Ne faisons pas à l’amoureux l’injure de mettre de la vanité dans ce besoin de plaire, de connaître et de posséder, que nous flairons en lui à première vue, odor d’amore.
Lefranc, que son indépendance désignait aussi à la vindicte des confrères, enviait la condition des journalistes politiques : ceux-là n’ont pas besoin de se mettre l’esprit à la torture pour faire accepter une critique, la bienveillance n’est pas un devoir pour eux. […] Il y a un intérêt d’histoire littéraire à préciser le genre du talent, et, au besoin, le tour particulier du gâtisme des écrivains aimés du public.
Ceux chez qui l’antinomie arrive à son point culminant de sensibilité douloureuse sont des âmes complexes et délicates, ayant à la fois un besoin profond d’idéal, des aspirations vers une sociabilité supérieure, et un vif sentiment de l’individualité, un esprit d’indépendance qui les prédispose à souffrir des contraintes, des tyrannies et des hypocrisies inséparables de toute vie sociale (Vigny par exemple). […] Je me heurte bel et bien à une force étrangère, extérieure à moi, et différente de moi et qui me fait très bien sentir son existence par les représailles qu’elle exerce au besoin contre moi.
Si Adolphe cédait naïvement au besoin d’aimer, il ne marquerait pas si haut le but de ses espérances ; il choisirait près de lui un cœur du même âge que le sien, un cœur épargné des passions, où son image pût se réfléchir à toute heure sans avoir à craindre une image rivale ; il comprendrait de lui-même, il devinerait cette vérité douloureuse, et qui n’est jamais impunément méconnue, c’est que l’avenir ne suffit pas à l’amour, et que le cœur le plus indulgent ne peut se défendre d’une jalousie acharnée contre le passé ; il ne s’exposerait pas à essuyer sur les lèvres de sa maîtresse les baisers d’une autre bouche ; il tremblerait de lire dans ses yeux une pensée qui retournerait en arrière et qui s’adresserait à un absent. […] Ils n’ont plus besoin de s’interroger pour deviner leur mutuelle pensée : ils se disent adieu dans chacun de leurs embrassements.
Il a bien fallu qu’ils devinassent le chemin qui y conduisait, et pour cela ils ont eu besoin d’un guide. […] Leur faiblesse a besoin d’un bâton plus solide et, malgré les exceptions dont nous venons de parler, il n’en est pas moins vrai que l’intuition sensible est en Mathématiques l’instrument le plus ordinaire de l’invention.
Une sorte de besoin amenait cette théologie, pour corriger l’extrême rigueur du vieux monothéisme, à placer auprès de Dieu un assesseur, auquel le Père éternel est censé déléguer le gouvernement de l’univers. […] Le besoin que Jésus avait de se donner du crédit et l’enthousiasme de ses disciples entassaient les notions contradictoires.
Le mot de « royaume de Dieu » exprime, d’un autre côté, avec un rare bonheur, le besoin qu’éprouve l’âme d’un supplément de destinée, d’une compensation à la vie actuelle. Ceux qui ne se plient pas à concevoir l’homme comme un composé de deux substances, et qui trouvent le dogme déiste de l’immortalité de l’âme en contradiction avec la physiologie, aiment à se reposer dans l’espérance d’une réparation finale, qui sous une forme inconnue satisfera aux besoins du cœur de l’homme.
Je pourrais lui répondre à mon tour que l’écrivain, pour se peindre, a besoin de plus de travail moral, de plus de réflexion et de préméditation que le peintre proprement dit, et que, du moment que le moral intervient, un autre ordre de délicatesse commence. […] C’est ainsi que je définirais au besoin son style de romancier.
J’eus besoin de toute mon autorité pour maintenir l’ordre dans la marche et pour empêcher chacun de quitter son rang. […] Combien ils sont peu nombreux ceux en qui un sentiment élevé d’honneur, de sympathie, de dévouement, une religion quelconque est inséparable jusqu’au bout du besoin de vivre inhérent à toute nature, et que cette religion n’abandonne qu’avec le dernier soupir !