Beltrame Que les Fedeli soient revenus ou ne soient pas revenus à Paris après 1625, pendant les dix-huit années que régnèrent encore Louis XIII et Richelieu, la France ne fut pas privée de troupe italienne. […] Après Hardy étaient venus Théophile, Racan, Mairet et Gombault, puis Rotrou, Des Marets, Scudéry, Pierre Corneille, qui faisait représenter Mélite en 1629, Le Menteur en 1642, l’année même de la mort du cardinal-ministre.
Scaramouche étant resté absent l’espace de trois années, de 1667 à 1670, sa rentrée attira un tel concours de monde que, les jours où Molière jouait, la salle était déserte ; et ce n’est que Le Bourgeois gentilhomme qui ramena le public. […] Quoique les productions sans nombre que nos théâtres voient éclore chaque année, n’offrent pas, en général, les conditions d’une longue durée, qui sait pourtant si les éléments comiques qu’elles renferment sont destinés à périr à jamais ?
Les jeunes en province La littérature provinciale n’était pas jusqu’à ces dernières années la littérature de la province. […] Gossez inaugure la publication en fascicules des Provinces poétiques, anthologie complète de toute la production de ces dernières années.
Il faut même renouveller toutes les années l’habitude de supporter la corruption de l’air en commençant à le respirer dès les premiers jours de son altération. […] Les annales de Rome nous apprennent qu’en l’année quatre cent quatre-vingt de sa fondation, l’hyver y fut si violent que les arbres moururent.
I Les Mémoires du maréchal Marmont, duc de Raguse, ont été l’événement de l’année où ils parurent. […] Cette vie que l’auteur des Mémoires a, pendant des années, arrangée comme un piège pour y prendre l’absolution de la postérité, a suffi au franc historien pour déconcerter l’homme et son piège et rendre toute absolution impossible.
Jules Levallois L’Année d’un Ermite. […] Je sais bien que l’auteur de L’Année d’un Ermite n’est pas un négateur de Dieu à la manière insolente et nette des athées du temps.
Et cependant, nous le répétons, l’auteur des Quatre années de règne n’est pas un ennemi de l’Empire. […] En nous racontant ces quatre années de règne auxquelles il manque encore un historien, il aurait pu faire naître au moins un intérêt immense et écrire un livre vivant ; mais la plume du docteur ne sait rédiger que des consultations, et c’est une consultation qu’il nous a donnée.
— Depuis les années 1870 et 1871 qui ont beaucoup assombri mon caractère, mon esprit se reporte avec complaisance à la préparation à la mort. […] C’est à m’avancer dans cette soumission que j’emploierai les dernières années de ma vie.
Ce fut la même année et le même mois où j’entrai, aux mêmes conditions et au même titre, dans les gardes du corps. […] Treize éditions en peu d’années lui révélèrent son immense succès. […] « Déjà, depuis deux années, j’ai dit par la bouche de Stello ce que je vais répéter bientôt par celle de Chatterton, et quel bien ai-je fait ? […] Il y avait à Londres, peu d’années avant la révolution, un jeune homme d’une méchante nature, d’une profonde immoralité, et d’une immoralité naturelle qui s’appelle ingratitude ; il annonçait de plus un certain talent d’écrivain et de poète. […] N’est-ce pas en plaçant les produits de ma journée que j’ai nourri mon année ?
Année 1867, qu’est-ce que tu nous apporteras ? […] c’est vraiment bien malheureux qu’on n’ait pas de lui, jetée sur le papier, sa pensée de 1852 à 1860, en ces années, où nous avons rencontré chez lui la plus originale cervelle philosophique de ce siècle. […] » L’auteur dit : « L’amour c’est le printemps, ce n’est pas toute l’année. » Salve d’applaudissements. […] Il se vante de lui avoir fait obtenir cette année la médaille de sculpture, s’indignant qu’on n’ait pas décoré le modeleur du service… Le dîner est bon, très bon, mais sans rien de ce qui étonne un estomac. […] Un moment nous avons eu l’idée de faire une histoire du cerveau de Napoléon, idée qui nous a persécutés quelques années, mais qui a été abandonnée, sans qu’il y ait eu d’autre travail que des notes prises.
Un quart d’heure de recommandation vaut dix années de travail. […] L’année d’après, c’est le nouveau prix qu’il achètera. […] Je connais des auteurs qui refont chaque année l’ouvrage à la mode. […] A la fin de l’année, cela faisait le journal le plus curieux que j’aie jamais lu. […] Henri Fouquier gagna une fortune à publier plusieurs articles par jour, pendant des années.
Il y a quelques années qu’on pouvait se dire tristement : Est-ce donc le despotisme qui sera le moyen de solution ? […] Enfin, le siècle, jusqu’à ses dernières années, s’était écoulé d’un cours assez tranquille, sans déchirements, sans mouvements extraordinaires. […] Peu d’années après, les pourceaux d’Épicure s’autorisaient de son nom pour oublier la vertu dans la volupté. […] À peine, en effet, est-il expiré qu’on voit éclater tous les désordres qui fermentaient depuis quelques années. […] Déjà, trois années auparavant, il avait arraché M. de Besenval aux premières fureurs populaires.
On a vu comment sa diplomatie a sauvé les immunités du clergé, comment elle l’a racheté de la capitation et des vingtièmes, comment elle a changé sa part d’impôt en un « don gratuit », comment chaque année elle applique ce don au remboursement des capitaux empruntés pour son rachat, par quel art délicat elle est parvenue, non seulement à n’en rien verser dans le Trésor, mais encore à soutirer chaque année du Trésor environ 1 500 000 livres ; c’est tant mieux pour l’Église, mais tant pis pour le peuple. — Maintenant parcourez la file des in-folios où se suivent de cinq ans en cinq ans les rapports des agents, hommes habiles et qui se préparent ainsi aux plus hauts emplois de l’Église, les abbés de Boisgelin, de Périgord, de Barrai, de Montesquiou ; à chaque instant, grâce à leurs sollicitations auprès des juges et du Conseil, grâce à l’autorité que donne à leurs plaintes le mécontentement de l’ordre puissant que l’on sent derrière eux, quelque affaire ecclésiastique est décidée dans le sens ecclésiastique ; quelque droit féodal est maintenu en faveur d’un chapitre ou d’un évêque ; quelque réclamation du public est rejetée102. […] Le capitaine des chasses, à Fontainebleau, vend à son profit chaque année pour 20 000 francs de lapins. « Dans chaque voyage aux maisons de campagne du roi, les dames d’atour, sur les frais de déplacement, gagnent 80 pour 100 ; on dit que le café au lait avec un pain à chacune de ces dames coûte 2 000 francs par an, et ainsi du reste. » — « Mme de Tallard s’est fait 115 000 livres de rente dans sa place de gouvernante des enfants de France, parce que, à chaque enfant, ses appointements augmentent de 35 000 livres. » Le duc de Penthièvre, en qualité de grand-amiral, perçoit sur tous les navires « qui entrent dans les ports et embouchures de France » un droit d’ancrage, dont le produit annuel est de 91 484 francs. […] L’autre, n’ayant que des devoirs à remplir sans espoir et presque sans revenu…, ne peut se recruter que dans les derniers rangs de la société civile, et les parasites qui dépouillent les travailleurs affectent de les subjuguer et de les avilir de plus en plus » « Je plains, disait Voltaire, le sort d’un curé de campagne obligé de disputer une gerbe de blé à son malheureux paroissien, de plaider contre lui, d’exiger la dîme des pois et des lentilles, de consumer sa misérable vie en querelles continuelles… Je plains encore davantage le curé à portion congrue à qui des moines, nommés gros décimateurs, osent donner un salaire de quarante ducats pour aller faire, pendant toute l’année, à deux ou trois milles de sa maison, le jour, la nuit, au soleil, à la pluie, dans les neiges, au milieu des glaces, les fonctions les plus pénibles et les plus désagréables. » — Depuis trente ans, on a tâché d’assurer et de relever un peu leur salaire ; en cas d’insuffisance, le bénéficier, collateur ou décimateur de la paroisse, doit y ajouter jusqu’à ce que le curé ait 500 livres (1768), puis 700 livres (1785), le vicaire 200 livres (1768), puis 250 (1778), et à la fin 350 (1785). […] Selon d’Argenson134, en 1751, il a dans ses écuries 4 000 chevaux, et l’on assure que sa seule maison ou personne « a coûté cette année 68 millions », près du quart du revenu public.
Ce petit monde de convention, qu’on trouverait bien fade maintenant, nous charmait par ses couleurs pastorales, tellement que quelques années après je fis un pèlerinage à la maison de Gesner dans une pittoresque vallée de Zurich, comme j’en fis un aux Charmettes de J. […] VII Après plusieurs années d’un deuil inconsolable, Clotilde chercha quelque diversion dans la poésie : elle entreprit deux grands poëmes dont il ne reste que des fragments. […] Elle eut le malheur de le perdre peu d’années après. […] écrivait-elle peu d’années avant la Révolution, pourquoi me flatterais-je d’un tel espoir, tandis qu’un mal affreux me dévore (elle était attaquée d’un cancer au sein) et me ravit jusques au calme du sommeil ? […] » Lisez encore ce chant d’amour aux quatre saisons de l’année.
Si le goût s’appuie sur le sentiment et la raison, deux choses qui semblent immuables, comment se fait-il que le goût change, non-seulement de siècle en siècle, de pays à pays, mais encore d’année en année, de ville à ville ! […] Nous en avons eu la preuve, il y a peu d’années, au collège de France. […] Permettez-moi maintenant de joindre à ces observations, peut-être trop longues, le récit de ce qui s’est passé, il y a quelques années, dans un château voisin de la capitale. […] Ces Matinées se composeront, pour la première année, de quatre cours ou enseignements distincts.
Année 1855 Janvier 1855 Je retrouve une maîtresse de ma dernière année de collège, que j’ai beaucoup désirée et un peu aimée. […] Le cabinet de lecture, où il allait chercher le plus généralement des romans d’Anne Radcliffe, était situé dans la maison, d’où devait partir, à bien des années de là, la machine infernale de Fieschi, et la bossue qui le tenait, avait pour commis un certain garçon, que Gavarni retrouva plus tard jouant les Amours dans les gloires des Funambules, et plus tard encore, libraire et éditeur de plusieurs séries de ses dessins. […] Dans le va et le vient des gens, une petite fille d’une douzaine d’années, au ventre énorme, promenait une toute petite chienne, pleine comme elle. […] Maintenant qu’il n’y a plus de sauvages en Europe, ce sont les ouvriers qui feront cet ouvrage-là dans une cinquantaine d’années.
Cette figure mêlée de métonymie et de synecdoque, tertia messis erat, c’était la troisième moisson, fut, sans aucun doute, employée d’abord naturellement et par nécessité ; il fallait plus de mille ans pour que le terme astronomique année pût être inventé. […] Pour dire tant d’années, on disait tant d’épis, ce qui est encore plus particulier que moissons. […] Cette phrase proverbiale, vivre les années de Nestor, signifiait, vivre autant que le monde. […] Par exemple, trois épis, ou l’action de couper trois fois des épis, pour signifier trois années. — Platon et Jamblique ont dit que cette langue, dont les expressions portaient avec elles leur sens naturel, s’était parlée autrefois. […] Ils portaient avec eux leur signification ; ainsi trois épis, ou le geste de couper trois fois des épis, signifiait naturellement trois années ; d’où il vint que caractère et nom s’employèrent indifféremment l’un pour l’autre, et que les mots nom et nature eurent la même signification, comme nous l’avons dit plus haut.Ces armoiries, ces armes et emblèmes des familles, furent employés au moyen âge, lorsque les nations, redevenues muettes, perdirent l’usage du langage vulgaire.
Ce sont les « années d’apprentissage » de William Shakespeare. […] Après quelques années de cet exercice il s’aperçut qu’il ne croyait plus à la divinité du Christ. […] Les années passent. […] Les années passent encore. […] je t’ai dû les meilleures heures de ma vie depuis des années.
Il y a une quinzaine d’années, j’ai vu vendre à Clermont de vieilles robes de paysannes auvergnates. […] Schnoudi mourut dans sa cent dix-neuvième année, le 2 juillet 451. […] Depuis quelques années, il va cherchant la fleur d’or des légendes. […] Mais l’année suivante il était avocat. […] Après dix années d’épreuves, Scolastica mourut.
Que diraient nos reines florentines, si elles étaient condamnées à voir ce que, d’année en année, deviennent, sous la main de nos embellisseurs, les palais du Luxembourg, du Louvre et des Tuileries ? […] Vers la fin de l’année 1299, on le nomma prieur de la République. […] Les guelfes, lassés eux-mêmes de leurs rigueurs, voulurent, après seize années, rappeler quelques bannis. […] Qui pourrait dire ce qu’eussent été pour le chantre du Paradis ces années, retranchées par la mort, qui mirent au front de Gœthe la sérénité ? […] À quelques années près.
Dans les quelques années qu’il a pu donner au développement et à l’expression de ses pensées, il n’a rien négligé pour atteindre la perfection. […] Mais il y a dans les Odes et Ballades autre chose à étudier que les sentiments politiques de l’auteur pendant une période de dix années. […] Les Voix intérieures, publiées l’année dernière, ressemblent à un arrêt prononcé par M. […] Ainsi, les premières années de l’adolescence de M. […] Las de la vie qu’il mène depuis quelques années, trop faible pour changer de conduite, trop fier pour avouer sa pauvreté à ses compagnons de plaisir, il a résolu de se tuer.
Un autre portrait le représente plus âgé de quelques années, mais gardant encore ses belles boucles blondes. […] Les six années écoulées depuis sa sortie du collège avaient été des années légères. […] Les événements de ces longues années sont quelques petits voyages et beaucoup de passions pour rire. […] Les dernières années de Musset ont été pénibles malgré les joies, vivement goûtées, du succès grandissant. […] Encore quelques années, et les générations qui lui ont été asservies auront achevé de disparaître.
Ce goût acheva de se passionner plus encore, quelques années après, devant les œuvres plus grandioses de Michel-Ange à Florence. […] C’est à pareil jour qu’il revint l’année dernière de ses voyages sans but à travers le monde, dont il ne rapporte jamais, dans sa valise, que des pierres cassées, des dessins à la plume ou des écritures à lignes inégales qui font chanter ou pleurer ceux qui les lisent. […] XXIV Rentrant après les orages de l’année dans la coquille de ton foyer, ô heureux mortel ! […] Il y a des années où il faut s’absenter de sa patrie : heureux qui peut la fuir et l’oublier sans manquer à aucun devoir public ou privé ! […] Avec un tel homme, les jours valent des années pour un voyageur ignorant comme moi.
Il lui venait par moments un attendrissement étrange qu’il combattait et auquel il opposait l’endurcissement de ses vingt dernières années. […] « Il tourna la tête, et vit venir par le sentier un petit Savoyard d’une dizaine d’années qui chantait, sa vielle au flanc et sa boîte à marmotte sur le dos. […] Chaque année du siècle porte ses nécessités avec sa date : Louis XVIII et la charte valaient un peu mieux que le comité de salut public et la guillotine en permanence ! […] Cet homme rude et illettré s’était-il bien nettement rendu compte de la succession d’idées par laquelle il était, degré à degré, monté et descendu jusqu’aux lugubres aspects qui étaient depuis tant d’années déjà l’horizon intérieur de son esprit ? […] « D’année en année, cette âme s’était desséchée de plus en plus, lentement, mais fatalement.
Encore, à la mort de Bonpland, Humboldt s’était considéré comme un ami qui prend congé pour un temps très court de son compagnon, et l’on raconte de lui des conversations qu’il tint dans de petites réunions d’amis, où il désignait, avec une sorte de pressentiment prophétique, l’année 1859 comme devant être la dernière de sa vie. […] « Par les vicissitudes de ma vie et une ardeur d’instruction dirigée sur des objets très variés, je me suis trouvé engagé à m’occuper, en apparence presque exclusivement et pendant plusieurs années, de sciences spéciales, de botanique, de géologie, de chimie, de positions astronomiques et de magnétisme terrestre. […] À l’exception de quelques fragments de l’introduction du Cosmos, tout a été écrit dans les années 1843 et 1844. […] Ce qui montre encore dans la tradition dont il s’agit le caractère manifeste de la fiction, c’est qu’elle prétend expliquer un phénomène en dehors de toute expérience, celui de la première origine de l’espèce humaine, d’une manière conforme à l’expérience de nos jours ; la manière, par exemple, dont, à une époque où le genre humain tout entier comptait déjà des milliers d’années d’existence, une île déserte ou un vallon isolé dans les montagnes peut avoir été peuplé. […] Paul et Virginie m’a accompagné dans les contrées dont s’inspira Bernardin de Saint-Pierre ; je l’ai relu pendant bien des années avec mon compagnon et mon ami M.
Il nous faut maintenant remonter aux origines, c’est-à-dire à l’année 1552, où Jodelle fait représenter, à la suite de sa Cléopâtre captive, une comédie intitulée Eugène, ou la Rencontre, et même un peu au-delà, aux premières traductions de Térence ou de l’Arioste372. […] Né près du peuple, absent de Paris pendant douze années, il est resté à l’écart du travail que faisait la société polie sur la langue ; et quand il revient, en 1638, il garde son franc et ferme style nourri d’archaïsmes, de locutions italiennes ou espagnoles, de façons de parler et de métaphores populaires ou provinciales, un style substantiel et savoureux, plus chaud que fin, plus coloré que pur, brusque en son allure et assez indépendant des règles savantes ou du bel usage. […] Tout au plus, dans les dernières années, trouva-t-on que décidément il revenait trop souvent à la peinture des mœurs bourgeoises, au lieu de présenter les mœurs de cour : il n’y avait pas assez de marquis dans ses dernières pièces ! […] Plus tard, dans les vingt années qui suivent la mort de Molière, c’est Baron395 qui, dans son Homme à bonnes fortunes, donne le plus considérable document sur les mœurs françaises, sur cette égoïste sécheresse qu’il sera du bel air désormais de porter dans l’amour : il dessine un don Juan au petit pied, sans ampleur et sans scélératesse, précurseur des méchants et des jolis hommes du xviiie siècle. […] La comédie se relève dans les vingt-cinq dernières années du règne de Louis XIV : elle finit brillamment avec Regnard, Dancourt et Lesage.
Du temps des troubles de la Ligue et dans les premières années de Henri IV, il en fut de même : on comptait de ces hommes de sagesse et de conseil, et auprès de Henri IV et dans les rangs opposés, car, en temps de révolution, les hommes ne choisissent guère les partis où ils entrent, ils y sont jetés. […] Il commençait ce rôle de conseiller écouté, et non suivi, qu’il tiendra durant bien des années auprès de ce prince. […] Le président Jeannin, envoyé à Madrid sur la fin de l’année 1590, revint en août 1591 avec une réponse précise à cette question jusque-là douteuse.
Après être allé quelques semaines voir sa maison et sa famille en Gascogne, avant la fin de l’année, Montluc retourne en Italie chercher de nouveaux hasards : dès les premiers moments, il s’y expose en soldat ; il va à cheval reconnaître une ville qu’on doit assiéger, à moins de cinquante pas et en plein jour. […] Dans les exploits de Montluc durant les années qui suivent et où il ne retrouve plus une occasion d’éclat égale à celle de Sienne, il apparaît un peu plus du capitaine d’aventure que d’un vrai chef et, comme disait M. de Guise, d’un lieutenant de roi. […] On se le figure bien en ce prieuré perdu, en quelque âpre gorge ou sur un rocher nu des Pyrénées, plongeant son regard tour à tour sur l’Espagne et la France, vieillard tout chenu et à la face meurtrie, dur envers lui-même, se mortifiant, expiant le sang versé ; et cette âme de colère, apaisée enfin, se fixant opiniâtrement à la méditation des années éternelles.
Ces sortes de journaux qui, à quelques années de distance, deviennent nécessaires aux contemporains eux-mêmes, s’ils veulent apporter de l’ordre et de la précision dans leurs souvenirs, augmentent de prix, au bout d’un siècle, pour la postérité qui y apprend quantité de choses qu’on ne sait plus, et que presque personne n’a songé à écrire. […] On peut aujourd’hui, grâce aux mémoires de d’Argenson, aux mémoires (malheureusement si mal donnés) du président Hénault, grâce surtout à ce journal quotidien de la Cour rédigé par M. de Luynes, écrire de la première moitié du règne de Louis XV une histoire précise, qui n’eût pas été possible il y a quelques années. […] J’ai vu aussi cet usage, et il n’y a pas grand nombre d’années qu’il est supprimé.
Né à Pont-de-Vaux en 1769, l’année même de la naissance de Napoléon, Joubert était fils d’un juge-mage du pays. […] Cette lettre à Cervoni finit par un retour et un regret sur le passé : Incertitude, dégoût, fatigues, tel est le sort du militaire actuel ; il est bien différent de celui de nos premières années, où nous guerroyions en chantant. […] Sans doute un homme, un guerrier mort à trente ans n’a pas donné sa mesure : il ne l’a pas donnée pour tous ses talents et ses mérites, pour tout ce qui s’acquiert par l’expérience ; mais comme génie, comme jet naturel, il s’est montré dans sa force d’essor, dans sa portée et sa visée première, s’il est à l’œuvre depuis déjà cinq ou six années.
Elleseurent les honneurs des prix-Montyon de cette année, et obtinrent de la bouche du plus éloquent des académiciens2 ces éloges délicats qui, même sobrement donnés, sont un à-compte de gloire, et qui, cette fois, s’épanchèrent plus abondamment que de coutume. […] M. de Laprade, professeur de Faculté à Lyon depuis plusieurs années, fut donc élu, sans que l’on songeât à faire une difficulté de cette non-résidence à laquelle l’oblige sa chaire. […] Dans une édition de ses Poèmes évangéliques, publiée l’année dernière, il a ajouté une préface qui se termine par une conclusion très-peu évangélique, où, à propos du matérialisme croissant et de l’abaissement des intelligences (ne serait-il pas temps de trouver un autre refrain ?)
Il y a là, dans la jolie vallée de Bièvre, tout un coin, un foyer d’action, qui mériterait sa place dans la chronique poétique des dernières années. […] Ces vers qui, en somme, rendent plusieurs des qualités éminentes de la poésie moderne et n’en ont que les défauts modérés ; ces vers qui, bien que venus tard, se rattachent au beau moment de l’école, à son berceau même, et nous reportent à bien des années en deçà, nous sont une occasion peut-être assez naturelle d’en repasser d’un coup d’œil toute la carrière. […] Quant aux personnes, je fais trois groupes de poëtes parmi ceux de ce temps, c’est-à-dire parmi ceux des vingt dernières années.
Si, lors du mouvement symboliste, à peine terminé depuis trois ans après avoir occupé douze années, lors de cette confuse aspiration de la jeunesse française vers une réunion de tous les arts sous l’influence de Wagner et de l’internationalisme, un critique de haut sens moral s’était levé pour arrêter les polémiques inutiles et substituer la logique aux dédains des critiques et aux saillies des nouveaux venus, il aurait précisé l’un des plus curieux mouvements intellectuels du siècle, et peut-être développé deux ou trois conséquences fécondes de cette crise pleine d’intentions et de promesses ; il y avait là un rôle considérable et bienfaisant à remplir, le rôle de Heine dans le second romantisme allemand, après Schlegel et Tieck, le rôle de Baudelaire, de Gautier et de Nerval, en 1840, le rôle de Taine dans les débuts du rationalisme, le rôle de William Morris dans les tentatives de socialisation d’art qui suivirent le préraphaélisme, le rôle professoral de César Franck dans l’école symphonique après Wagner ; ce rôle, personne ne se présenta pour le tenir, et si le symbolisme a avorté, s’est restreint à un dilettantisme de chapelle alors qu’il était parti pour une bien plus grande tentative, c’est à cause des obstinées plaisanteries des critiques superficiels, à cause du manque d’intelligence logique dans l’école, autant et plus qu’à cause des défauts eux-mêmes des symbolistes. Il est certain que l’homme sur la tombe duquel on pourra inscrire : « Il ne fit rien, sinon dire chaque lundi durant trente années que tel livre valait et que tel autre ne valait rien », il est certain que cet homme ne vaut même pas qu’on s’en irrite de son vivant. […] Paul Adam, outre l’abondante et luxuriante fresque de ses romans byzantins ou modernes, donne depuis quelques années aux journaux une Critique des mœurs et des articles de politique générale autant que l’idéologie pure, qui témoignent d’un esprit supérieurement armé pour l’essai critique ; sa lumineuse intelligence touche à toutes choses, c’est un incomparable associateur d’analogies, une conscience pour la critique comparée.
Voici les premières : quand dans une société a dominé longtemps la tendance en une direction donnée, quand l’art, pendant une série d’années, s’est complu à montrer de préférence une face du monde, il est naturel, comme nous le disions plus haut, qu’on soit las de voir toujours la même chose, de marcher toujours du même côté. […] En 1715, Louis XIV meurt, et la littérature officielle de ses dernières années, littérature dévote, guindée, retenue, fait place à un dévergondage d’athéisme, d’impudeur, de cynisme, de nudité. […] Il existe à la fois dans une société des tendances d’inégale puissance, ou, ce qui revient au même, d’inégale durée : il en est qui agissent pendant des siècles ; il en est qui durent trente ou quarante ans ; il en est qui ne dépassent point une quinzaine d’années ; il en est qui sont restreintes aux limites d’une ou deux saisons.
Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. […] Ce récit s’intitule : Pages de la vingtième année. […] S’adressant au lac chéri qu’il revenait seul revoir après une année, le poète, encore ému, s’écriait : Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ; Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes Sur ses pieds adorés !
La mère n’en conseille pas encore la lecture à sa fille ; le mari le fait lire à sa jeune femme dès la première année de mariage. […] ô légères années ! […] Depuis quelques années, son talent s’est produit sous une forme nouvelle aux yeux du public, et il a triomphé d’une épreuve assez hasardeuse.
Monsieur Calliachy Candiot, mort vers l’année 1708, professeur en belles lettres dans l’université de Padoüe, prétend que l’art des pantomimes fut plus ancien qu’Auguste, mais il prouve mal son opinion. […] Dès les premieres années du regne de Tibere, le sénat fut obligé de faire un reglement pour défendre aux sénateurs de fréquenter les écoles des pantomimes, et aux chevaliers romains de leur faire cortege dans les ruës. […] Quelques années après il fallut chasser de Rome les pantomimes.
Que de lecteurs, et surtout de lectrices, jugent, d’après la seule couverture et les quelques mots quelle porte, un ouvrage qui coûta des années de peine à son auteur ! […] Royou, en 1819, une Histoire de France depuis Pharamond jusqu’à la vingt-cinquième année du règne de Louis XVIII. […] Et l’on acquiert une exacte notion de la vanité des hommes à voir un nommé Morin publier en 1662 les Pensées de Morin, tout comme ces Messieurs de Port-Royal allaient, après la mort de leur grand ami, survenue cette même année, imprimer les Pensées de Pascal.
J’ai lu Hégel, tous les jours, pendant une année entière, en province ; il est probable que je ne retrouverai jamais des impressions égales à celles qu’il m’a données. […] Chaque bluet meurt dans l’année, non par accident, mais en vertu de sa constitution, et par une nécessité intérieure ; il en produit d’autres qui le remplacent, et ainsi de suite. […] Chaque année sa définition devient plus claire.
C’est ainsi que ce mont Albain, où, selon la plaisanterie d’Horace159, les Muses avaient dicté de vieilles prédictions dont il trouvait le style fort barbare, voyait chaque année le retour de fêtes religieuses favorables du moins à l’inspiration poétique. […] Mais tu ne croiras pas, avant d’avoir inondé ces plaines de ton sang, et jusqu’à ce que ce fleuve apporte des milliers de tes morts dans la vaste mer, à l’extrémité de la terre fertile, et que ta chair serve de pâture aux poissons, aux oiseaux, et aux bêtes féroces qui habitent ces terres. » Puis, de cette réminiscence homérique appliquée si tragiquement aux blessures récentes de Rome, la même prédiction, le même texte mystérieux, passait à d’autres révélations plus consolantes : « Romains, disait-il, si vous voulez chasser l’ennemi et ce chancre dévorant qui vous est venu de loin, il faut, c’est mon avis, consacrer des jeux qui, chaque année, se renouvellent pieusement pour Apollon, le peuple en acquittant une partie et les citoyens le reste, chacun pour soi. […] La meilleure postérité de Priam, à tes yeux, c’est une autre que moi : ma douleur, c’est que je sois importune et eux utiles, que je gêne et qu’ils plaisent. » Bientôt, d’une douleur en apparence résignée, la jeune fille, emportée par sa terreur prophétique, s’élève à ce langage : « La voici, la voici la torche enveloppée de flamme er et de sang : elle resta cachée, longues années.
S’il lui parle de leur jeunesse tour à tour studieuse et gaie, ce n’est pas pour se plaindre de la fuite des années. […] Il est donc permis de dire que Giusti, par le silence de ses dernières années, s’est condamné à une mort anticipée. […] Je ne veux pas m’arrêter à discuter le témoignage des biographes, sur les années passées à Genève par M. […] Malheureusement, dans l’espace de six années, le fonds de son érudition ne s’était pas accru. […] Il n’y a pas une de ses paroles qui ne s’applique, avec une précision mathématique, aux œuvres écrites pour la scène française, dans les dernières années de la restauration et dans les premières années de la royauté nouvelle.
” Et l’autre répondait : “J’ai moins d’années à vivre : frappe au cœur, et n’y pense plus !” […] Les dernières trente années ont changé tout cela. […] C’est qu’il est déjà fort ancien, vieux d’une quarantaine d’années. […] L’œuvre est remarquable : une des plus vigoureuses, des plus fortes qui aient paru dans ces dernières années. […] C’est la Bonifas qui prend le gouvernement de la ville, c’est elle qui, durant quatre longues années, tient tête aux Allemands.
Il s’y ennuie et, la seconde année, il s’en échappe. […] Depuis plusieurs années, Lamartine était fort répandu dans les salons aristocratiques. […] Tous ces souvenirs ont été rédigés de longues années après les événements. […] … Et puis, au bout de quelques années, ils s’aiment plus paisiblement. […] Si c’est là que l’humanité doit en venir, elle n’aura rien gagné du tout à peiner durant des milliers et des milliers d’années.
Comme je comprends que Liège ait voulu célébrer, il y a quelques années, le jubilé de M. […] Seulement, dans ce même pays, voilà que, vers 1880 et les années suivantes, un important mouvement littéraire naît et se développe ! […] Fritz Lutens, mort jeune il y a plusieurs années, s’était engagé dans la même voie. […] Déjà cette année, un écrivain belge n’obtint-il pas le prix Nobel ? […] Rapport du Secrétaire perpétuel de l’Académie sur les concours de l’année 1908.
Il dirait volontiers comme le Tasse dans ce sonnet à Mme Lucrèce, duchesse d’Urbin : « Negli anni acerbi tuoi, etc. » En vos années d’âpre verdeur, vous ressembliez à la rose purpurine qui n’ouvre son sein ni aux tièdes rayons ni au Zéphyre, mais qui dans sa robe verte se cache vierge encore et toute honteuse ; Ou plutôt vous paraissez (car aucune chose mortelle ne peut se comparer à vous) comme une céleste Aurore qui emperle les campagnes et dore les monts, brillante dans un ciel serein, et tout humide de rosée : Aujourd’hui la saison moins verte ne vous a rien ôté ; et, fussiez-vous même en négligé, la beauté de première jeunesse, tout ornée d’atours, ne saurait vous vaincre ou vous égaler. […] Dans les dernières années, M.
Devenu évêque, et absent depuis bien des années, il s’est empressé de se déclarer un peu vite et un peu à l’étourdie vraiment (si un tel mot est permis à l’égard de ces graves personnages) contre une institution qu’il ne connaissait pas encore. […] elles commencent, dans ces études qui ont fait l’occupation de toute notre vie, par où nous-mêmes à grand’peine nous finissons ; elles ont pour leur point de départ le résultat dernier des plus doctes recherches ; elles sont au courant, et mieux qu’au courant, dès leur première année, de ce qui a tant coûté aux autres à gagner et à conquérir !
Mais, les années s’accumulant et aucun obstacle n’irritant plus son amour, hormis quelques contrariétés d’absence, il dut s’établir entre sa maîtresse et lui une intimité paisible et solide, une espèce de ménage en correspondance dans lequel les jeux d’espièglerie convenue et mille traits familiers de pointe galante ou grivoise effleuraient à peine à la surface cette constante et profonde affection. […] Je lui dis que c’était une des plus puissantes affections de l’homme. « Un cœur paternel, repris-je ; non, il n’y a que ceux qui ont été pères qui sachent ce que c’est ; c’est un secret heureusement ignoré même des enfants. » Puis continuant, j’ajoutai : « Les premières années que je passai à Paris avaient été fort peu réglées ; ma conduite suffisait de reste pour irriter mon père, sans qu’il fût besoin de la lui exagérer.
Réalisme et idéalisme se succèdent dans la vie d’une nation comme de grandes vagues qui durent à peu près le même nombre d’années. […] Le calcul des probabilités indique, à un ou deux près, le nombre des morts et des mariages qui se produiront en un pays dans l’espace d’une année ; il ne saurait apprendre si telle personne désignée se mariera ou mourra durant ces douze mois.
Les écrits du temps n’indiquent pas les femmes qui faisaient partie de la société dans cette deuxième période, à la fin de laquelle la marquise avait atteint sa trente-cinquième année, et sa fille sa treizième. […] M. le Prince disait de lui : « Si Voiture était de notre condition, on ne le pourrait souffrir. » Je remarque que nous n’avons rien dit encore que de vague et de banal concernant la personne sur qui pèse aujourd’hui le ridicule de la préciosité de mœurs et de langage ; parlons un moment de ses premières années et des premières apparences de son caractère.
Lui aussi il eut le désir d’écrire une bible ; les dernières années de sa vie, il les consacra au peuple. […] Par son étude de l’univers, par sa patience obstinée à en reproduire des péripéties, par l’attention qu’il a prêtée pendant trente années de sa vie aux phénomènes extérieurs, ce grand et rigoureux esprit était plus préparé qu’un autre à la création d’une sagesse pratique, assisse sur des réalités, conforme à notre évolution et appropriée aux besoins des races nouvelles.
J’entends déjà vos réclamations « prolonger pendant les vacances les soucis de l’année scolaire, c’était pure folie. » J’accepte ce mot comme un éloge à l’adresse des écoliers d’autrefois, « dulce est desipere in loco », a dit Horace. « La folie est charmante à son heure. » Je dirai plus. […] Tels sont les périls que vous serez obligés d’affronter demain ou dans quelques années, c’est-à-dire encore demain.
C’est que c’est là et pendant ces sept pénibles et cruelles années qu’on prend le maniéré dans le dessin. […] Après la séance de dessin un habile anatomiste expliquera à mon élève l’écorché, et lui fera l’application de ses leçons sur le nu animé et vivant ; et il ne dessinera d’après l’écorché que douze fois au plus dans une année.
L’opera des bamboches, de l’invention de la grille, et qui fut établi à Paris vers l’année mil six cens soixante et quatorze, attira tout le monde durant deux hyvers, et ce spectacle étoit un opera ordinaire, avec la difference, que la partie de l’action s’executoit par une grande marionnette, qui faisoit sur le théatre les gestes convenables aux récits que chantoit un musicien, dont la voix sortoit par une ouverture ménagée dans le plancher de la scéne. […] Suivant le récit de Ciceron, ceux qui joüoient des tragédies s’exerçoient des années entieres avant que de monter sur le théatre.
Alexandre Dumas fils, si on se le rappelle, n’est enfin sorti, après combien d’efforts et d’années ? […] Pour qui se rappelle Antony, il est évident que Pierre Clémenceau est de la même race, avec les différences de tempérament et d’années qui séparent Alexandre Dumas père d’Alexandre Dumas fils.
Dans ce livre de vers qu’il a appelés Les Hirondelles, pour exprimer la fidélité au retour de la même pensée, il a été positivement le Voyant d’une patrie qui n’est plus, et, en pleine Allemagne du xixe siècle, il a repris le chant, interrompu par plusieurs milliers d’années, des Hébreux exilés sur les bords des fleuves de Babylone ; seulement les exilés, à Babylone, avaient connu ce qu’ils chantaient et pressé sur leur cœur ce qu’on n’emporte point à la semelle de ses souliers ; tandis que lui, Wihl, l’exilé séculaire, à distance, dans le temps et dans l’espace, de cette patrie tuée et dont il n’a pas même vu le cadavre, a ajouté à la nostalgie fiévreuse de l’exil ce qui l’aurait diminuée s’il avait été moins poète : — l’envenimement de dix-huit siècles. […] Errant en Europe, venu en France, il se mêla un peu au journalisme, qui nous prend tous et qui nous dévore ; mais il retira son pied de ce gouffre, et dans la solitude d’une ville de province, où il donne noblement des leçons pour vivre, il put, quelques années après Les Hirondelles (1860), ces oiseaux bleus, publier son Pays bleu (1865), — une œuvre de tout autre aspect de génie, et qui, après le Juif, nous donnait l’Allemand.
Estimons-nous donc heureux d’avoir eu l’année 1846 dans le lot de notre existence ; car l’année 1846 a donné aux sincères enthousiastes des beaux-arts la jouissance de dix tableaux de David et onze de Ingres.
La conception de l’aphasie qui était alors classique, universellement admise et tenue pour intangible, est fort battue en brèche depuis quelques années, surtout pour des raisons d’ordre anatomique, mais en partie aussi pour des raisons psychologiques du même genre que celles que nous exposions dès cette époque 2. […] Pierre Janet a faite des névroses l’a conduit dans ces dernières années, par de tout autres chemins, par l’examen des formes « psychasthéniques » de la maladie, à user de ces considérations de « tension » psychologique et d’« attention à la réalité » qu’on qualifia d’abord de vues métaphysiques 3.
C’est l’histoire d’une anarchie littéraire que nous allons étudier cette année. […] Ç’a été son moyen d’échapper à la conscription aux dernières années de l’Empire. […] Il faudra attendre quelque trentaine d’années sans doute pour lui en trouver un. […] Il a paru il y a quelques années un petit roman intitulé : La Sonate à Kreutzer. […] Je le trouverai peut-être très intelligent l’année prochaine.
En quelques années, elle a touché à tous les sujets : roman, critique, histoire, histoire littéraire, hagiologie, critique scientifique. […] Elles furent classiques durant la Révolution et les premières années de l’Empire, jusqu’à ce que vinssent Mme de Staël et Chateaubriand. […] Durant la première, — les années de jeunesse, — Flaubert avait un esprit délié, une imagination féconde ; il apprenait sans effort et travaillait facilement. […] Il s’engagea à lui en livrer, chaque année, deux qu’il lui paierait par une solde de cinq cents francs par mois : la propriété du livre était pour dix années aliénée en faveur de l’éditeur, y compris les droits de traduction et de publication en feuilletons. […] Ce qui est certain, c’est qu’il est dans la plénitude de ses facultés, et que jamais son imagination ne parut aussi fraîche que durant ces dernières années.
Il est depuis plusieurs années sous-conservateur à la bibliothèque du Musée Carnavalet. […] que j’attends cette année, l’année prochaine, dans cinq ans, mais qui viendra… hue ! […] L’enquête que vous faites en ce moment eût été aussi opportune l’année passée, le serait non moins l’an prochain. […] C’est de l’ouvrage à l’année. […] Oui, je pense qu’ils gâchent leur temps, leur jeunesse à faire des choses qu’ils brûleront dans quelques années.
Delacroix, en 1845, je crois (comme les années s’écoulent, rapides et voraces !) […] Il date maintenant de quelques années. […] Rappelons-nous les dernières années de la monarchie. […] Il y avait tant d’années que nous attendions un peu de poésie forte et vraie ! […] J’ai un ami qui m’a plusieurs années tympanisé les oreilles de Berquin.
L’Ode à Marie de Médicis est de l’année 1600, et le poète approchait de la cinquantaine. […] Suivons donc le développement de l’idée dans son œuvre ; et voyons-la, non pas assurément d’informe ni de vague, mais pourtant de flottante ou de trop générale encore, devenir d’année en année plus précise ou plus particulière, et, en se particularisant, s’élargir, s’enrichir, s’approfondir. […] Bayle a paru quelques années trop tôt pour sa gloire. […] Car, dès à présent, on ne saurait trop le dire et les preuves maintenant, d’année en année, vont s’en accumuler. […] D’année en année, les éditions s’en succèdent, et on traduit le livre en latin, en anglais, en allemand, en espagnol.
La dernière année vraiment féconde de sa vie littéraire a été l’année 1835, qui vit, presque en même temps, paraître Chatterton et Servitude et grandeur militaires. […] Ils y auront vu de quelle source troublée s’épanche l’inspiration de ces dernières années. […] Ses vingt-sept dernières années ne seront racontées que par ses lettres. […] Elle perfectionne, d’année en année, l’image adorée. […] Durant un intervalle de quelques années, pendant lequel M.
Havard a consacré quinze années de sa vie à ce grand répertoire du mobilier, quinze années bien employées. […] L’année suivante, M. […] Quelques années plus tard, sa politique triomphait à Rome. […] Lhermitte a exposés cette année au Champ-de-Mars. […] Cette année, M.
Il remonte aux années qui suivent 1830, quand se forment les deux partis nommés partis de la résistance et parti du mouvement. […] Les dix années d’après-guerre font ici un été de la Saint-Martin capitaliste avant le rude hiver d’aujourd’hui. […] La gratuité, qui gagne chaque année une classe de plus, n’est pas une fin, c’est un moyen. […] Bremond appellerait une nouvelle retraite de la mystique) l’année où j’écris ce livre marque les deux centenaires. […] est posé pour les radicaux et passionnera dans peu d’années leurs congrès.
Le Clavecin est publié en 1932, année de la fameuse « affaire Aragon » qui témoigne des rapports conflictuels entre le groupe surréaliste et le parti communiste. L’année précédente, Aragon avait publié « Front rouge », un poème militant écrit à la gloire de l’URSS qui vaudra à son auteur d’être inculpé en janvier 1932. […] Claude Courtot, qui a rejoint le groupe surréaliste tardivement, dans les années soixante, reprendra la métaphore en l’appliquant à Crevel lui-même. […] Mais, un jour, égaré dans les couloirs, j’entendis de tels glapissements, que je poussai la porte qui se trouvait, comme par hasard, être celle de la salle où mon bon maître (ainsi doit-on dire, n’est-ce pas, quand on évoque les belles années de jeunesse et les leçons qui valurent à ces années d’être belles) se livrait à d’infinies variations sur l’a de Montmartre. […] Par la faute de son chenapan de fils, il avait, d’ailleurs, vite succombé à la douleur de voir, après quarante années de pain polka, la valse des écus.
C’était pendant les premières années du consulat. […] Qui de nous, fervent catholique pendant quelques rapides années de sa première jeunesse, n’a ressenti ce vide affreux que laisse dans le cœur la perte de ces illusions sacrées ? […] si la foi vous avait manqué, vous alliez donc périr dans cette fange où vous avez traîné vos plus belles années ! […] De plus, Jacquemont avait choisi pour ce voyage la saison la plus dangereuse de l’année. […] qu’il sera charmant, écrivait-il à son frère, quelque temps avant la fatale excursion dans l’île Salsette, de nous retrouver tous ensemble après tant d’années d’absence et pour moi d’isolement !
On en « présente » chaque année une centaine, hommes et femmes143, cela fait en tout deux ou trois mille : voilà la société du roi, les dames qui lui font la révérence, les seigneurs qui montent dans ses carrosses ; leurs hôtels sont tout près ou à portée pour remplir à toute heure son antichambre ou son salon. […] Il faut au roi une garde, infanterie, cavalerie, gardes du corps, gardes françaises, gardes suisses, Cent-Suisses, chevau-légers de la garde, gendarmes de la garde, gardes de la porte, 9 050 hommes150, coûtant chaque année 7 681 000 livres. […] Naturellement aussi il répare et renouvelle ses ameublements ; en 1778, qui est une année moyenne, cela lui coûte 1 936 853 livres. […] J’estime qu’à son lever, à son coucher, dans ses promenades, à sa chasse, à son jeu, le roi a toujours autour de lui, outre les gens de service, quarante ou cinquante seigneurs au moins, plus souvent une centaine, et autant de dames ; à Fontainebleau, en 1756, quoiqu’il n’y eût « cette année-là ni fêtes ni ballets, on comptait cent six dames ». […] On a compté que telle année Louis XV ne coucha que cinquante-deux nuits à Versailles, et l’ambassadeur d’Autriche dit très bien que « son genre de vie ne lui laisse pas une heure dans la journée à s’occuper des affaires sérieuses » Quant à Louis XVI, on a vu qu’il dégage quelques heures dans la matinée ; mais la machine est montée et l’entraîne.
Il le chercha, et il le trouva dans notre civilisation française de la dernière année de nos révolutions. […] Je pourrais ajouter ici ce qui a échappé à M. de Vigny, c’est que l’armée forte et dictatoriale de la France lui est aussi énergiquement commandée, depuis quelques années, pour les garanties intérieures de la société industrielle au dedans, que par ses ennemis au dehors. […] Je me mis à calculer que, de 1797 à 1815, où nous étions, dix-huit années s’étaient ainsi passées pour cet homme. — Je demeurai longtemps en silence à côté de lui, cherchant à me rendre compte de ce caractère et de cette destinée. […] Elle était souffrante et infirme depuis plusieurs années ; il ne quittait ni sa maison ni son chevet, dans la rue des Écuries-d’Artois, où il est mort lui-même. […] L’année dernière, il n’était pas courtisan, mais il pouvait aspirer tout bas à un rôle historique.
Celle-ci accoucha pendant la nuit de la Toussaint de l’année 1500. […] « Pendant l’année que je restai avec lui, mes progrès furent si rapides, et je fis de si beaux ouvrages, que je voulus me mettre en état d’en faire encore de plus beaux. […] Je crus être en paradis cette année entière que je passai à Pise, où il ne me vint jamais en fantaisie d’en jouer une seule fois. […] Michel-Ange, que ses années devaient rendre plus sage, les convie à une véritable orgie, qui donne une idée des mœurs licencieuses de l’époque. […] Cet homme était le premier de son état ; mais il aimait le plaisir et la joie : c’était le plus vieux par les années, et le plus jeune par la gaieté.
« Dès le commencement du siège de Paris par les armées allemandes, vers la fin de l’année 1870, j’appris que les auteurs dramatiques allemands se mettaient à exploiter sur nos scènes populaires les embarras de nos ennemis. […] La traduction vulgarisatrice sera dans quelques années achevée : Tristan, les Maîtres, la Tétralogie, Parsifal seront des poèmes français, que liront les Français, qui seront chantés en les théâtres français, et par lesquels largement sera répandue dans le public français la gloire Wagnérienne. […] MUNICH. — Depuis quelques années, le théâtre de Munich consacre les mois d’août ou de septembre à des Cycles Wagnèriens, qui attirent toujours un assez grand nombre de Français. Cette année, l’Anneau du Nibelung a été joué, en entier et sans coupures, les 8, 9, 11 et 13 septembre. […] Une Capitulation fut écrite à Tribschen à l’automne 1870, et terminée en décembre de la même année mais il faut attendre 1873 pour qu’elle soit publiée dans les Œuvres complètes du compositeur avec la préface ici présentée.
C’est là que le solitaire s’était caché pendant ces dernières années, comme l’hirondelle sous les corniches des vieilles demeures. […] Encore une fois, si on nous avait dit dans les jeunes années : « Vous aimerez un jour cet homme ; vous l’aimerez, non seulement d’attrait, mais d’estime ; vous l’aimerez passionnément d’une de ces passions tardives et réfléchies de l’âge mûr qui ne meurent plus qu’avec nous », nous aurions dit : Non, jamais ! […] Or le petit-fils du tailleur étudia pendant ce nombre d’années chez un précepteur ecclésiastique, logé dans les environs de la Bastille. […] Fournier, nous a restauré hier une de ces ébauches dans le Courrier de Paris ; nous ne la connaissions pas ; elle gisait enfouie dans les éphémérides poétiques des premières années de l’Empire. […] Mais j’avoue que j’ai hâte d’arriver au Béranger de soixante ; car je n’ai pas connu d’homme qui ait été aussi élaboré, aussi perfectionné moralement par les années que ce vieillard.
Il y a eu de nos jours, et dans un intervalle de peu d’années, trois belles morts, trois morts généreuses, égales à tout ce qu’on peut admirer en ce genre dans le passé, et qui laissent ceux qui ont succombé dans une attitude historique suprême, plus grands qu’il ne leur avait été donné de paraître jusque-là dans leur vie ; la mort de M. […] La correspondance du maréchal publiée par sa famille nous permet de pénétrer dans toute sa vie militaire des dernières années. […] La manière dont Saint-Arnaud, et, je le crois, la plupart des officiers d’Afrique, envisageaient la politique de France pendant ces huit ou dix dernières années du règne de Louis-Philippe, était commandée par leur position et leur intérêt : des champs de bataille ou des assemblées publiques, ces deux champs de gloire pour les hommes, comme disait déjà le vieil Homère, ils préféraient naturellement le premier et étaient portés à mépriser le second. […] La paix, qu’il achète à tout prix, le renversera plus vite qu’une guerre, quelque malheureuse qu’elle eût été. » Ce qu’écrivait là Saint-Arnaud, bien d’autres de ses compagnons d’armes, qui, depuis 1848, ont suivi une autre ligne que lui, ont dû le dire comme lui dans les dix années qui précédèrent. […] À la Chambre, dans les premières années où il y siégeait, ses collègues disaient de lui, non sans sourire : « Il n’y a plus qu’un homme en France qui croit à la gloire, c’est le général Bugeaud. » Il avait raison d’y croire.