Introduction L’histoire de l’évolution de la vie, si incomplète qu’elle soit encore, nous laisse déjà entrevoir comment l’intelligence s’est constituée par un progrès ininterrompu, le long d’une ligne qui monte, à travers la série des Vertébrés, jusqu’à l’homme.
Il ajoutait d’ailleurs, dans un sentiment très judicieux : L’Académie, en vous adoptant si jeune, non seulement s’assure une plus longue jouissance de vos talents, mais elle donne en votre personne un exemple propre à réveiller dans notre jeune noblesse le goût des belles-lettres, qui semble s’y éteindre peu à peu ; c’est ce qui nous fait craindre pour l’avenir un temps où la noblesse ne se distinguera plus du commun des hommes que par une férocité martiale. […] Le temps est si précieux, que j’ai cru ne pouvoir pas me trop hâter dans ce travail ; mais la crise violente et l’excès de fermentation qu’il y a ici m’ont heureusement fourni des moyens de prompte instruction, qui, dans un temps plus tranquille, auraient demandé de plus longues recherches. […] N’y voyons nous-mêmes que ce qu’il y cherchait avant tout : c’était un écheveau facile qu’il se donnait à dévider chaque jour, ne sachant lequel de celui-là ou de l’autre serait le plus court ou le plus long.
Elle accompagnait souvent Mme la Princesse aux Carmélites du faubourg Saint-Jacques ; elle y passait de longues heures, qui se peignirent d’un cercle idéal en son imagination d’azur, et qui se retrouvèrent tout au vif dans la suite après que le tourbillon fut dissipé. […] Un jour, à Moulins, au milieu d’une lecture de piété, « il se tira (c’est elle-même qui parle) comme un rideau de devant les yeux de mon esprit : tous les charmes de la vérité rassemblés sous un seul objet se présentèrent devant moi ; la foi, qui avoit demeuré comme morte et ensevelie sous mes passions, se renouvela ; je me trouvai comme une personne qui, après un long sommeil où elle a songé qu’elle étoit grande, heureuse, honorée et estimée de tout le monde, se réveille tout d’un coup, et se trouve chargée de chaînes, percée de plaies, abattue de langueur et renfermée dans une prison obscure. » Après dix mois de séjour à Moulins, elle fut rejointe par le duc de Longueville, qui l’emmena avec toutes sortes d’égards dans son gouvernement de Normandie. […] Effrayée, elle s’arrête, elle ne peut que s’écrier à Dieu, face contre terre, à travers de longs silences : Sana me et sanabor.
Ces temps ont été courts, bien qu’ils aient pu paraître longs à ceux qui avaient à les traverser. […] La discussion a été fort longue, mais les gens raisonnables ont eu, comme de coutume, le dessous. […] J’ai eu cette thèse sous les yeux ; je n’en suis pas du tout juge ; mais si j’avais eu, littérairement, à donner mon avis, j’aurais dit qu’elle est trop longue.
C’est une chaîne abrupte et boisée de montagnes habitées par des pasteurs ; elles s’avancent comme un long cap entre le golfe de Gaëte, le golfe de Naples et le golfe de Salerne, à peine séparé de Sorrente par un haut promontoire, en approchant de San-Germano, d’Itri, de Fondi, de Gaëte et de Naples. Le Tasse, soit qu’il craignît d’être reconnu par des émissaires du duc de Ferrare lancés à sa poursuite, soit plutôt que, par suite de sa maladie mentale, il voulût éprouver sa sœur elle-même avant de se découvrir à elle, changea ses habits de gentilhomme, usés et déchirés par la longue route, contre les habits d’un berger des Abruzzes. […] Non, répondit-il, elle appartient à mon père ; Dieu veuille lui accorder une longue vie !
Nous connaissons de longue date cette raison-là. […] Le beau lui déplaît, comme une sorte de royauté devenue légitime par la longue obéissance des esprits. […] La Fontaine avait dit : On peut goûter la joie en diverses façons, Au sein de ses amis répandre mille choses, Et, recherchant de tout les effets et les causes, A table, an bord d’un bois, le long d’un clair ruisseau, Raisonner avec eux sur le bon, sur le beau ; et il ajoute : Pourvu que ce dernier se traite à la légère.
* * * — Le vieux Giraud confessait qu’il prenait en grippe ceux qui lui écrivaient de trop longues lettres. […] Mardi 8 août Ernest Picard, après une longue absence — il a été très malade — a fait sa réapparition à notre dernier dîner de Brébant. […] Dans une longue causerie avec lui, sous les marronniers du jardin, un rayon de soleil lui arrivant en pleine figure, il me sembla tout à coup voir un vieillard sous l’apparente jeunesse de sa figure.
Ainsi va le monde de l’intelligence ; les esprits divers sont comme les glaces d’une longue galerie qui se répètent l’une l’autre sans fin, sans cesse. […] Ses plus grands philosophes ne dédaignèrent pas de se livrer sur ce sujet à de longues et savantes recherches. […] Quelquefois on s’impatiente de ses lenteurs, mais il a tant de finesse dans son analyse, tant de conscience dans sa discussion, qu’on s’intéresse malgré soi-même à ces longues et microscopiques recherches.
… Les pièces de ce volume, filles des quarts d’heure qui ont sonné à de longs intervalles, ont été écrites à peu près aux époques où M. […] il pouvait suivre les transmigrations diverses des âmes avec les longs et purs regards d’une fantaisie rêveuse et la caresse d’imagination que les poètes font à la Chimère. […] Hugo est le seul qui prouve encore par de longues œuvres qu’il n’a pas renoncé à la poésie, cette grande Abandonnée du temps.
et pourtant ils y viennent tous allonger des dents déjà longues. […] Il a traversé une République et l’Empire, et il est toujours le même jeune bourgeois, comme il l’était au Globe, pédant, pincé, spécialiste, économiste, réformiste, avocat, ambitieux sur toutes ses roulettes, jouant la froideur anglaise pour se faire une physionomie politique, n’écrivant plus de Satire Ménippée comme les vieux bourgeois du xvie siècle, qui s’amusaient, eux, en haïssant, mais de longs journaux doctrinaires. […] Et le mot y est tout au long, écrit par lui sans horreur : « Le genre canaille — dit-il, en parlant de sa Germinie Lacerteux, qu’il met respectueusement derrière l’Assommoir, — est épuisé à l’heure qu’il est ».
Son enfance dut être longue ; ses premiers pas furent bien chancelans. […] Il allait commencer un long & dur exposé du fait. […] Avouez, toutefois, que vos scenes paraissent longues, même dans la psalmodie de Lully. […] Il faisait sentir le ridicule des longs Romans, & faisait regretter la briéveté des siens. […] Bernard, ni tant d’autres morceaux délicieux qu’il serait trop long de citer.
3° Enfin, et puisqu’il n’y a pas moins de trente ans aujourd’hui que le livre de l’Origine des Espèces a paru, ne faudra-t-il pas que nous examinions ce que la doctrine est devenue dans ce long intervalle de temps ? […] L’histoire en est longue et triste, mais intéressante, 5° En vain Voltaire, avec sa fécondité d’invention, essaye de rendre à la tragédie racinienne un peu de souffle et de vie ; on dirait qu’il ne la comprend plus ; et, en tout cas, ce qu’il en admire, c’est ce qu’elle a de plus contraire à sa vraie perfection. […] J’entends par là que, pas plus en littérature qu’ailleurs, le premier venu n’a le droit de se prononcer sur la valeur des œuvres, ni, quoi que l’on en dise, de juger de l’art sans une longue et laborieuse éducation de son goût. […] Et enfin, expressive de toute une époque, l’œuvre peut être représentative de tout un long moment de l’histoire de l’art ou de celle des idées, comme par exemple l’Essai sur les Mœurs ou comme l’Histoire naturelle de Buffon. […] Ma curiosité, mon désir de tout voir, de tout regarder de près, mon extrême plaisir à trouver le vrai relatif de chaque chose et de chaque organisation, m’entraînaient à cette série d’expériences, qui n’ont été pour moi qu’un long cours de physiologie morale.
Il ne faut pas que nos guerres religieuses, assez nombreuses et assez longues, nous fassent illusion sur ceci. […] Le Français peut donc livrer et soutenir une longue guerre sans avoir jamais eu un motif vrai de l’entreprendre, et être soutenu lui-même pendant cette longue lutte acharnée par une idée qu’en vérité il n’a jamais eue, et qui, à le bien prendre, n’existait pas. […] Le Français n’est pas l’homme des œuvres de longue haleine et des entreprises à long terme. […] Je ne retracerai pas les longs démêlés, si dramatiques, entre le pape et l’empereur jusqu’en 1813. […] C’est elle qui fait comprendre toute une longue période de notre histoire qui resterait incompréhensible.
Il semble qu’il ait besoin de loisirs et de longs efforts pour produire. […] S’il n’y a pas de roman, il y a un long monologue plein d’esprit et de verve, puisque c’est M. […] De gros drames, des épopées, de longs romans, jamais, jamais ! […] Au lieu de ce long et triste combat dont souffrirait l’existence entière, que nous montre-t-on ? […] Comme on va, le mariage civil terminé au son du piano, passer à la salle à manger, entre un long monsieur en longue lévite noire hermétiquement boutonnée et cravaté de blanc : « Quel est ce monsieur ?
Nous ne parlerons pas des retranchements qu’on faisait dans cette pièce, autrefois et avant que tous les théâtres l’eussent abandonnée, ma vénération pour Molière m’a ordonné de la retoucher, la décence me défend d’entrer dans de plus longs détails. […] cette lettre ordinairement lue, ou plutôt récitée avec trop de volubilité, paraît longue et insignifiante. […] Ce mouvement subit de générosité, fût-il involontaire, peint, mieux qu’un long discours, un amant tout entier aux intérêts de son cœur ; et je félicite le comédien qui l’imagina. […] Si je ne craignais d’être trop long, je réclamerais tous les vers de précaution, de sentiment, de situation qui mutuellement se font ressortir, tous ceux qui renferment une pensée philosophique, et que l’on retranche impitoyablement. […] Je dirais même qu’il est impossible de remplacer Préville dans ce rôle, si je ne l’avais pas vu jouer par son élève Du…, à qui je reprocherai cependant de n’être pas constamment persuadé qu’on le reçoit mufti ; et s’il voulait être sincère, il conviendrait que certain jour, en parlant bas à son voisin, il lui disait : comme cette cérémonie est longue.
Plus le discours était long, plus l’orateur éprouvait le besoin de se dégarnir. […] s’écria C… — Toi si paresseux, tu ferais ce long voyage ? […] Ce qui m’inquiétait surtout, c’est que j’étais à la veille d’un de ces dimanches anglais durant lesquels le tour du cadran semble plus long à faire que le tour du monde. […] Un homard vivant, passant ses longues pinces au travers du grillage de Scott, m’a invité à aller le manger. […] Je fais ma malle, — ce ne sera ni long ni lourd.
Les plantes à épines, quelquefois très longues, ne font-elles point penser aux animaux à cornes, à griffes ? […] Les plantes qui fleurissent longtemps sont bonnes pour les longues maladies. […] Il est probable qu’elle sera longue. […] Son livre n’est pas long, car le sujet n’a pas de littérature. […] Elle est longue.
C’est ainsi que se fortifie le sentiment que l’homme a pour l’ordre, & il tient alors à ce qui est beau & grand par des nœuds invincibles ; la palette du Poëte ne sauroit être chargée de couleurs trop brillantes, parce qu’il doit graver dans l’esprit un long souvenir de la beauté de la vertu, & de la laideur attachée au vice. […] Les Poètes Tragiques ne seront pas les derniers à jeter de longues clameurs, parce que, esclaves des préjugés reçus, tremblans devant le regard des périodistes, ils s’abaissent jusqu’à recevoir la forme sous laquelle ils doivent leur plaire. […] L’astrologue, ayant bien examiné la conjonction des astres, déclara fort innocemment, que le Roi mourroit, à coup sur, d’un long bâillement ; ce qui, selon la traduction des mots Persans, équivaut à mourir d’ennui. […] Le Poète, la tête nue, & dans la posture des criminels, environné de tous les Ordres de l’Etat, lut sa Pièce, & dès la seconde scène, voilà que tous les fronts sévères & rembrunis se dérident ; & progressivement de longs éclats de rire, qu’on vouloit vainement étouffer, se font entendre, & percent de différens côtés. […] Unités de lieu & de tems, observées selon toutes les règles sacrées ; conversations longues & froides, suivant l’usage du pays.
Le père Rapin louait au long Molière dans ses Réflexions sur la Poétique, et ne le chicanait que sur la négligence de ses dénoûments ; Bouhours lui fit une épitaphe en vers français agréables et judicieux. […] Mais Molière avait probablement, dans ses longues séances chez le barbier-chirurgien, une intention, plus directement applicable à son art que l’ancien secrétaire florentin, lequel cherchait surtout, il le dit, à narguer la fortune et à tromper l’ennui de la disgrâce. […] Rien d’étonnant, au reste, que cette fine et mystique nature de Fénelon, dans sa blanche robe de lin, dans sa simple tunique, un peu longue, un peu traînante (en fait de style), n’ait pas entendu ces admirables plis mouvants, étoffés, du manteau du grand comique. […] A partir de la Princesse d’Élide, où l’infidélité de sa femme commença de lui apparaître, sa vie domestique ne fut plus qu’un long tourment. […] Aussi se chargeoit-il toujours des rôles les plus longs et les plus difficiles. » Tous les contemporains, De Visé, Segrais, sont unanimes sur ce succès prodigieux obtenu par Molière dès qu’il consentait à déposer la couronne tragique de laurier pour laquelle il avait un faible17.
A Annecy, aux Charmettes, des larmes, des caresses, des pardons effaçaient vite les chagrins survenus au cours de ces longues journées faciles et mollement exaltées. […] L’absente jeunesse de Senancour n’a été qu’un long abandon à l’imagination et il la sensibilité. […] Il a vécu cette histoire de son héros, ces longues années humiliées de retours et de fuites, ces cris de lassitude brutaux, outrageants, suivis de serments exaspérés et de reprises factices. […] Et son livre est une longue plainte. […] La revue des monuments les plus significatifs de cette psychologie anarchiste serait longue.
Il dit toujours, à satiété : « Les deux chambres et la liberté de la presse. » La formule est sèche, longue, lourde et embarrasse toujours la phrase. […] Il y a une raison qui enseigne à l’homme à prévoir et à vouloir, c’est-à-dire à avoir des volontés prolongées et constantes, de longs desseins et de longues patiences, et à mettre son orgueil dans ces efforts soutenus. […] Puis on rencontre un jour un être qui, par un seul trait, ressemble à ce modèle idéal ; par exemple, il a des moustaches longues, ou elle a des boucles blondes. […] » c’est un pleutre ; mais il a des moustaches longues ; « comme elle est douce ! […] Jeanne aime Pierre, ils ne nous en disent pas plus long ; et ils nous racontent les aventures de Pierre et Jeanne.
Mais, à mesure qu’on s’élève dans la série animale, on voit la forme même du corps dessiner un certain nombre de directions bien déterminées, le long desquelles cheminera l’énergie. […] Chez les premiers, le corps est formé d’une série plus ou moins longue d’anneaux juxtaposés ; l’activité motrice se répartit alors entre un nombre variable, parfois considérable, d’appendices dont chacun a sa spécialité. […] Mais point n’était besoin d’entrer dans d’aussi longs détails sur le mécanisme du travail intellectuel : il suffirait d’en considérer les résultats. […] L’histoire de l’hygiène et de la pédagogie en dirait long à cet égard. […] L’impression que nous avons n’est pas toujours celle que nous donnerait une complexité croissante obtenue par des éléments ajoutés successivement les uns aux autres, ou une série ascendante de dispositifs rangés, pour ainsi dire, le long d’une échelle.
On s’en aperçoit, car, à partir de ce moment, son histoire se prolonge peu ; elle ne fait que languir : il y a une longue digression sur la Russie qui en interrompt le fil. […] Et quant à ceux auxquels il est accordé de revêtir leur pensée d’une expression d’éclat et d’imprimer il leur œuvre un cachet d’imagination et de grandeur, ne croyez pas, en général, qu’ils y soient arrivés du premier coup et sans une longue et opiniâtre conquête au-dedans.
Saint-Simon, présent à de telles paroles, et qui avec son œil de lynx lisait dans tous les plis de cet amour-propre avantageux et content de soi, content de se déployer au soleil, ne se sentait pas de colère : « Je laisse à penser, écrit-il, en une circonstance pareille, comment ce mot fut reçu venant d’un compagnon de sa sorte, élevé et comblé au point où il se trouvait. » Je doute cependant que l’éloquent duc et pair ait éclaté devant Villars, mais il rentrait chez lui outré, grinçant des dents, la tête fumante, et il couchait sur le papier toutes ses indignations contre cet homme « le plus complètement et le plus constamment heureux de tous les millions d’hommes nés sous le long règne de Louis XIV », et qui prétendait se donner comme heureux en effet sans doute, mais comme n’ayant pas atteint à toute sa fortune. […] Villars, qui connaissait l’électeur de longue main, croyait que le meilleur parti à prendre avec lui était celui de la hauteur pour lui imposer et fixer les incertitudes d’un esprit peu solide, assez beau en paroles, mais qui n’avait nulle résolution arrêtée, surtout en matière de guerre.
Qu’on s’imagine sur la tête d’un homme l’effet de cinq années d’un exil aggravé par la misère et suivi d’une longue et dure prison. […] Vieilli avant l’âge, sans en être devenu plus fort contre les vices de sa jeunesse, le cœur encore mal guéri de l’amour dont il avait tant souffert, sans ressource, sans espoir, dénoncé au mépris public par son passé et par sa prison récente ; — dans de pareilles circonstances, croyant en avoir fini avec la vie, et comme s’il eût déjà été étendu sur son lit de mort, il dicta le poème qui porte le titre de Grand Testament… Le Petit Testament contenait les adieux et les legs de Villon à ses amis en 1456 : Le Grand Testament renferme aussi une longue suite de legs satiriques ; mais ces legs, au lieu de constituer le fond même du poème, comme ils constituent celui du Petit Testament, n’en sont en réalité que le prétexte et que la partie accessoire.
Quelques strophes nobles et fières de Malherbe promettaient, faisaient pressentir et désirer une œuvre entière et de longue haleine : elle n’était pas venue. […] Quand il a fini, elle plaide au long contre lui devant lui-même : « Je ne t’accuse point, je pleure mes malheurs… Je me dois, par ta mort, montrer digne de toi… » Lui-même il accepte son arrêt, il se met à genoux et lui tend la tête.
Les œuvres et productions de l’esprit, quand elles n’éclatent point au théâtre par de grandes et vivantes créations, quand elles se tiennent plus près de la pensée et dans les régions intermédiaires, sont d’une appréciation infiniment plus discrète et plus voilée, plus incertaine et plus douteuse aussi dans ses nuances, et elles exigent, pour être senties convenablement, des esprits plus avertis de longue main et plus préparés. […] Je nie que pour les grandes œuvres du passé, Homère, Dante, Shakespeare, je nie absolument qu’on les puisse bien comprendre, et par conséquent bien goûter, sans des études fort longues et où la méthode a sa grande part.
Jomini était de la suite de l’Empereur à son entrée triomphale à Berlin, le 28 octobre de cette année (1806), et il aimait à rappeler ce souvenir, non par vanterie, mais par manière de leçon, et en présence surtout des anniversaires et des contrastes étonnants auxquels il lui fut donné d’assister dans sa longue vie. […] repartit l’Empereur, vous voyez des Russes partout. » — « Je ne puis pas dire que ce sont des Français, Sire, quand j’ai bien vu des Russes avec leurs longues capotes. » — C’était bien, en effet, une des colonnes russes qui avaient renversé le corps d’Augereau et qui en poursuivaient les débris. — Napoléon appelle un autre officier, le colonel Lamarche, et l’envoie vérifier ce rapport.
Et d’abord il garda l’anonyme, — un anonyme assez transparent, il est vrai, — mais enfin il n’attacha point son nom au titre de l’ouvrage ; puis surtout il imagina de mettre toute cette relation sur le compte et dans la bouche de Napoléon lui-même, qui serait censé plaider sa cause aux Champs Élysées au tribunal de César, d’Alexandre et de Frédéric… Une fiction surannée, dira-t-on, imitée et réchauffée de Lucien et de Fontenelle, ou encore une manière de Dialogue de Sylla et d’Eucrate, un dialogue ou plutôt un monologue agrandi, démesuré et poussé jusqu’à quatre gros volumes, un bien long discours de 2,186 pages et bien invraisemblable assurément. […] Qu’ai-je voulu, qu’ai-je cherché à mon tour dans ce long travail qui s’est étendu sous ma plume au-delà de ce que je présumais d’abord ?
Je donne au long un seul de ces chapitres affectueux : un des derniers jours d’octobre. […] Une distance assez longue les sépare de mon habitation ; des chemins toujours difficiles et souvent impraticables, qu’il faut reprendre le soir après de rudes fatigues.
Dans sa longue et prodigieuse pratique, dans son association passagère et ses mariages d’esprit avec tant d’auteurs, il est arrivé à connaître à fond le tempérament dramatique et le faible d’un chacun. […] Six semaines d’un voyage en calèche à travers la Belgique ou le long du Rhin, glaces ouvertes, lui suffisent d’ordinaire pour son plus long chef-d’œuvre, pour la pièce en cinq actes et sans collaborateurs.
Mais sous cette coupe un peu longue et ces manches qui dépassent, prenez garde, l’ongle s’est montré, non pas du tout un ongle de pédant, il a la finesse. […] J’ai cru trouver ainsi un moyen de circonscrire et de détacher de nos longues annales une des époques les plus fécondes en événements et en résultats.
MADAME DE PONTIVY248 Non, il n’est pas vrai que l’amour n’ait qu’un temps plus ou moins limité à régner dans les cœurs ; qu’après une saison d’éclat et d’ivresse, son déclin soit inévitable ; que cinq années, comme on l’a dit, soit le terme le plus long assigné par la nature à la passion que rien n’entrave et qui meurt ensuite d’elle-même. […] Mais lorsqu’on en vint à la durée de l’amour, même fidèle, Mme du Deffand, de son esprit railleur, éclata, et dit que la plus longue éternité, quand éternité il y avait, en était de cinq ans.
Ce ne sont guère que deux cents vers : mais, comme dira Boileau, cela vaut de longs poèmes, et l’on donnerait pour ces deux cents vers-là bien des Enfances Garin et des Huon de Bordeaux. […] L’un d’eux nous conte, avec une décision crue de style, la « ribole » de trois commères parisiennes qui, après une longue séance au cabaret, sont ramassées dans le ruisseau, ivres, noires de boue : on les croit mortes, et on les jette au charnier des Innocents où elles se réveillent le lendemain, la face couverte de terre, des vers dans les cheveux80.
Tout au plus ne réussissons-nous pas à nous défendre d’un certain trouble, en voyant notre impuissance d’en savoir plus long sur les dispositions sensibles, les nuances d’âme du plus paradoxal de nos écrivains contemporains, d’un auteur aimable et, apparemment, non moins normal, qui nous a présenté l’œuvre la plus originale, la plus déconcertante à la fois, la plus inattendue et la plus agréable, qui nous a tenu, avec cordialité, les propos les plus désolants, et qui, en nous secouant du plus ample désespoir, a eu aussi bien l’air de se mettre en peine pour nous en démontrer la logique que celui de tenir à nous en inspirer le mépris raisonné. […] Elle est en butte à plusieurs catégories de séducteurs : le visionnaire d’abord, qui la peut déconcerter et conquérir par surprise ; l’imaginatif pur, dont le capricieux esprit indiscipliné en soupçonne plus long sur la réalité que n’en saurait la réalité elle-même, tant il a refait les mêmes voyages par tous les chemins praticables, tant il s’est rendu supérieur dans le jeu des rapprochements, des souvenirs et des rapports, et, en un mot, s’est ménagé de points de repère et d’entrecroisement ; l’intellectuel qui conçoit mathématiquement, par voie de déductions, et qui tisse un ouvrage de subtilité rare, à force de persévérance et de repliement sur soi ; enfin, le professionnel, que représentent d’ailleurs la généralité des hommes, — puisque être, c’est penser, — lequel voit et pense.
Ce serait une longue et intéressante étude que celle des rapports de la pensée française avec les lois ou coutumes qui en ont régi la publication depuis le temps où l’on avait la langue percée d’un fer rouge pour un blasphème et où l’on était brûlé sur un bûcher pour une hérésie jusqu’au moment où le livre a conquis une franchise presque absolue. […] On n’attend pas de moi, je pense, que je conte ici le long duel qui s’est engagé entre nos gouvernements successifs et la presse jalouse de sa pleine liberté.
« Les jansénistes, disait Voltaire, ont la phrase longue ». […] Elles ont de superbes élans en avant, suivis non seulement de piétinements sur place, mais de longs retours en arrière.
Les lamentations des Suppliantes ont la monotonie d’un long psaume de deuil. […] Un long silence se fit sur elles ; il ne fut plus question de ces fantômes rebutés.
Mais, à force d’esprit, d’agrément et d’adresse, elle répara tout, et la longue éclipse fut comme non avenue. […] Dans sa petite maison du Luxembourg, qui est isolée et champêtre, et où l’on n’arrive que par un détour comme dans un village, elle se montre presque comme une fermière retirée au lendemain des grandeurs de Versailles : C’est un délice que de se lever matin ; je regarde par ma fenêtre tout mon empire, et je m’enorgueillis de voir sous mes lois douze poules, un coq, huit poussins, une cave que je traduis en laiterie, une vache qui paît à l’entrée du grand jardin, par une tolérance qui ne sera pas de longue durée.
Les Révolutions de France et de Brabant (1789-1791) ne sont qu’une longue et continuelle insulte à tous les pouvoirs publics qu’essaya d’instituer, ou de conserver en les régénérant, la première Constitution ; ce n’est qu’une diffamation le plus souvent calomnieuse de tous les hommes qui furent alors en vue, et que Camille Desmoulins ne louait et n’exaltait un moment que pour les ravaler ensuite et les avilir. […] Il dit : Voyez comme on nous traite, voyez ce qu’on dit de nous. Cette naïveté de conscience m’a paru plus plaisante que rien de ce que j’avais vu de lui jusqu’à ce jour, et vous-même, si vous l’avez lu, vous n’aurez pu sans doute vous empêcher de rire comme moi, qu’un homme, trouvant dans un livre où personne n’est nommé une grande quantité d’auteurs qui, d’après leurs écrits, d’après des faits, d’après une longue suite de preuves, sont traités de perturbateurs séditieux, de brouillons faméliques, d’hommes de sang, aille se reconnaître à un tel portrait, et déclarer hautement qu’il voit bien que c’est de lui qu’on a voulu parler.
Lebrun, l’auteur de Marie Stuart, et notre confrère à l’Académie, n’est pas né à Provins, mais il en est depuis de longues années par les habitudes et par les liens de famille. […] et même, Triste, j’ai tant besoin d’un confident qui m’aime, Me parle avec douceur et me trompe, qu’avant De clore au jour mes yeux battus d’un si long vent, Je veux faire à tes bords un saint pèlerinage, Revoir tous les buissons si chers à mon jeune âge, Dormir encore au bruit de tes roseaux chanteurs, Et causer d’avenir avec tes flots menteurs.
Sa figure longue et un peu droite s’animait d’une fraîcheur éclatante, et s’adoucissait de ses yeux bleus pleins de candeur. […] Mais ces défauts se rachètent ici plus aisément qu’ailleurs : le sujet l’inspire ; c’est élevé, c’est ingénieux ; et quand elle en vient à la considération du mariage dans la vieillesse, à ce dernier but de consolation et quelquefois encore de bonheur dans cet âge déshérité, elle a de belles et fortes paroles : « Le bonheur ou le malheur de la vieillesse n’est souvent que l’extrait de notre vie passée. » Et montrant, d’après son expérience de cœur et son idéal, le dernier bonheur de deux époux Qui s’aiment jusqu’au bout malgré l’effort des ans, elle nous trace l’image et nous livre le secret de sa propre destinée ; il faut lire toute cette page vraiment charmante : Deux époux attachés l’un à l’autre marquent les époques de leur longue vie par des gages de vertus et d’affections mutuelles ; ils se fortifient du temps passé, et s’en font un rempart contre les attaques du temps présent.
Navarre, receveur des tailles à Soissons, était, nous dit un homme non amoureux (Grosley), la plus brillante partie de sa famille ; elle visait au grand, à l’extraordinaire, et se fit aimer du maréchal de Saxe : « La beauté, les grâces, les talents, un esprit délicat, un cœur tendre, l’appelaient à cette brillante conquête… Sa conversation était délicieuse70. » Marmontel nous la montre de plus imprévue, capricieuse, avec plus d’éclat encore que de beauté : « Vêtue en Polonaise, de la manière la plus galante, deux longues tresses flottaient sur ses épaules ; et sur sa tête des fleurs jonquille, mêlées parmi ses cheveux, relevaient merveilleusement l’éclat de ce beau teint de brune qu’animaient de leurs feux deux yeux étincelants. » C’est cette amazone, cette belle guerrière qui, sacrifiant l’illustre maréchal au jeune poète, enleva un matin Marmontel à ses sociétés de Paris et le transporta d’un coup de baguette dans sa solitude d’Avenay, où elle le garda plusieurs mois enfermé au milieu des vignes de Champagne comme dans une île de Calypso. […] En perdant le privilège du Mercure, Marmontel ressentit ce coup d’aiguillon qui de temps en temps nous est bon et nécessaire ; il retrouva sa liberté et son temps pour les longs ouvrages, et il se rapprocha de l’Académie.
Une figure aimable, une tournure élégante, un port de tête assuré, soutenu d’une facilité rare d’élocution, d’une originalité fine et d’une urbanité piquante, lui valurent la faveur des salons et cette première attention du monde que le talent attend quelquefois de longues années sans l’obtenir. […] Le ciel à ses yeux se déchire, et Dieu enfin lui apparaît : Il me faut, comme à l’univers, s’écrie-t-il, un Dieu qui me sauve du chaos et de l’anarchie de mes idées… Son idée délivre notre esprit de ses longs tourments, et notre cœur de sa vaste solitude.
Il est survenu dans le cours de ce travail, que préparait M. de Cosnac, un incident assez curieux : il a appris qu’il existait un manuscrit de ces Mémoires autre que celui dont il se croyait l’unique possesseur, et d’une rédaction différente, et que ce second manuscrit avait été trouvé à Die par M. le docteur Long. […] Cosnac n’a point d’amour en dehors de son ambition, et, dans le cours de cette longue vie dont il nous a laissé une confession si entière et si diversifiée, on n’entrevoit point de faiblesses galantes.
Bernardin le montre tel qu’il était en ces années 1772-1776, dans leurs longues promenades et leurs conversations familières sur tous sujets. […] J’ai sous les yeux une longue lettre de M.
Après le second déjeuner et une longue fumerie ; du papier couvert d’écriture imbécile, du travail qui n’aboutit pas, des enragements contre soi-même, de lâches envies d’abandonner la chose. […] * * * — J’assistais, ce soir, dans cette lumière de l’électricité, qui met des lueurs de catafalque sur les choses, à la sortie d’un magasin de deuil, où de longues et de noires filles chlorotiques se disaient au revoir, dans des embrassements éplorés.
Sans ce frein, je les regarderai comme des animaux féroces qui, à la vérité, ne me mangeront pas quand ils sortiront d’un long repas, et qu’ils digéreront doucement sur un canapé avec leurs maîtresses, mais qui certainement me mangeront, s’ils me rencontrent sous leurs griffes quand ils auront faim, et qui, après m’avoir mangé, ne croiront pas seulement avoir fait une mauvaise action. » (Tom. […] Une autre idylle, intitulée le Malade, trop longue pour être citée, est pleine des beautés les plus touchantes.
., que c’est le fruit de longues méditations d’un grammairien de profession ; mais d’un grammairien de goût aussi familiarisé avec nos Académiciens, que versé dans la lecture de nos meilleurs écrivains. […] Plusieurs observent, en prononçant, les breves & les longues, mais sans trop savoir pourquoi, n’étant guidés que par l’habitude.
Mais l’appréciation de la fable du Dante exigerait de trop longs développements pour que je puisse m’y livrer. […] Toutes ces vicissitudes des langues, qu’il serait long de suivre, et trop difficile d’expliquer, devaient amener graduellement l’âge de l’émancipation de la pensée.
Ces longues luttes, l’occupation de toute sa vie, n’ont pas cependant durci cette main trop grasse et trop molle, qui souvent (nous ne le nions pas) frappa juste, mais ne frappa jamais bien fort. […] Mais, chez nous, chez nous qui vivons dans l’intimité de notre propre littérature, pour qu’on se croie le droit de toiser les hommes et les œuvres, il faut, si on n’est pas un maître, en savoir pourtant un peu plus long que le premier venu littéraire, il faut une personnalité.
L’histoire de la propriété est l’histoire des longs efforts de l’individu pour posséder enfin en propre. — Mais le gouvernement n’est pas réservé à une classe ; les décisions qui intéressent le peuple sont prises directement par l’assemblée du peuple. — Remarquons que là où de pareilles assemblées se rencontrent en effet, elles n’ont nullement la signification de nos assemblées électorales. […] Et là elle s’est montrée à deux reprises, séparées d’ailleurs par une longue éclipse : nous l’apercevons une première fois, comme s’éveillant à peine, dans le monde gréco-romain, — une seconde fois, plus vivante et vraiment agissante, dans le monde moderne occidental.
Si, depuis cet éclat du génie de l’Espagne égal à la grandeur même de sa politique, il y eut de longues stérilités, ce n’est pas à dire que le fond de la race ait changé et qu’elle n’ait pas pour les arts une puissance originale, dont les traits se retrouvent jusque dans le génie maniéré de Gongora. […] Après la perte de cet époux et dans un long deuil, ce cœur, qui s’était refusé longtemps à l’amour et ne l’avait souffert que près d’un tombeau, s’est dévoué tout entier à la religion.
Ç’a été le sujet d’un long parallèle, dans lequel tous les avantages, toutes les vertus, toutes les piétés ont été libéralement reconnus ou octroyés au démocrate américain ; quant à l’européen, il a été si maltraité que j’aurais vraiment envie de dire quelque chose en sa faveur et à sa décharge, si c’était le moment et le lieu.
. — Une longue suite de rois illégitimes en France. — Le petit roi Jean 1er. — Scepticisme historique. — Badauds comme des Byzantins. — Propos de table de Luther. — Poetœ minores.
-B. fait un long article sur moi.
Victor Hugo allait se rapprocher encore de son critique et loger lui-même rue Notre-Dame des Champs. » Dans ces récits faits en courant et à si longue distance, la mémoire, si on ne la contrôle de près, a bien de la peine à ne pas être involontairement infidèle.
Cette manière de traduire en architecture le plan du poëte, toute singulière qu’elle peut paraître, le fait mieux comprendre que ne le pourrait une plus longue analyse.
Bug-Jargal, en effet, n’est qu’un récit fait au bivouac par un jeune capitaine ; or, ce récit est rempli de dialogues à la Walter Scott, dont le capitaine fait fort patiemment les frais ; on y trouve même de longues pièces officielles, mais elles ont tellement frappé le capitaine qu’il assure les avoir retenues mot pour mot.
Tout cela est bien long pour dire qu’ayant parlé l’autre fois de quelque ouvrage assez peu grave, nous avons à donner aujourd’hui un mot sur une œuvre de patriotisme et de piété, et pour demander pardon d’être la même plume qui passe d’un Casanova au Livre des Pèlerins polonais.
Gerfaut, le héros du roman, est aussi un des héros du jour, un écrivain à la mode, un dramaturge applaudi, un romancier qu’on s’arrache ; à trente ans, après bien des efforts et de longues sueurs, il a gagné, lui aussi, son bâton de maréchal ; il est aujourd’hui, comme dit spirituellement l’auteur, un de ces jeunes maréchaux de la littérature française dont Chateaubriand semble le connétable.
En Allemagne, de longues guerres et la fédération des états prolongeaient l’esprit féodal, et n’offraient point de centre où toutes les lumières et tous les intérêts pussent se réunir.
Paul Bourget, ce serait trop long.
Longue description coupée de fragments de dialogue extrêmement familiers.
Quoique les productions sans nombre que nos théâtres voient éclore chaque année, n’offrent pas, en général, les conditions d’une longue durée, qui sait pourtant si les éléments comiques qu’elles renferment sont destinés à périr à jamais ?
Figés en des poses d’extase, Les cheveux longs et les yeux blancs Immobiles comme en des rangs Que le regard d’un chef écrase.
Question complexe, longue à démêler.
C’est ainsi que l’engouement pour Rome et la Grèce ne pouvait donner à des Français du xviii e siècle, produits d’une longue hérédité chrétienne, les sentiments et les conceptions d’un Grec ou d’un Romain.
Il allait clore cette trop longue note, lorsque son libraire, au moment d’envoyer l’ouvrage aux journaux, est venu lui demander pour eux quelques petits articles de complaisance sur son propre ouvrage, ajoutant, pour dissiper tous les scrupules de l’auteur, que son écriture ne serait pas compromise, et qu’il les recopierait lui-même.
Il serait trop long de les énumérer tous.
Cela diminue la curiosité, d’autant plus qu’il y revient à la fin de la fable, et même d’une manière trop longue et peu piquante.
L’auteur y établit les principes généraux de la science des mœurs, et finit par les contrats, les actes de mariage, les promesses verbales, les promesses écrites, le serment et le reste de ces engagements que nous prenons si légèrement et qui ont des suites si longues et si fâcheuses.
Que cette longue tresse qu’elle relève d’une main sur ses épaules, et qui tourne plusieurs fois autour de son bras, est belle !
Je ne parle point des tragedies ni même des comedies à longue robe qui, par la gravité qu’elles gardent, tiennent le milieu entre les comedies plaisantes et la tragedie.
Qu’on demande à nos navigateurs si les vieux pilotes qui n’ont que leur expérience, et si l’on veut leur routine pour tout sçavoir, ne devinent pas mieux dans un voïage de long cours en quel lieu peut être le vaisseau que les mathematiciens nouveaux à la mer, mais qui durant dix ans ont étudié dans leur cabinet toutes les sciences dont s’aide la navigation.
C’est ce que nous rapporterons plus au long dans la suite.
Ainsi je crois que dans l’execution des dialogues la basse continuë ne faisoit que jouer de temps en temps quelques notes longues qui se faisoient entendre aux endroits où l’acteur devoit prendre des tons dans lesquels il étoit difficile d’entrer avec justesse.
Tout le temps qu’il vécut, il ne cessa d’être cet infatigable prometteur de mariage dont il faisait sa séduction, promettant du même coup le divorce, puisqu’il était marié, et que pour se donner il était bien obligé de se reprendre… Capefigue, qui ne se charge de nous raconter dans son livre sur Gabrielle d’Estrées que le plus long et le plus scandaleux adultère de cet homme d’adultères, nous a fait le compte de ces promesses de mariages menteuses, appeaux de cet oiseleur, qui durent certainement mettre plus bas que tous ses autres actes, dans l’opinion de ses contemporains, le don Juan royal chez lequel rien n’était sincère, si ce n’est les convoitises et les intérêts.
Il a placé tout au long le mot « défection » jusque dans le titre de son ouvrage.
Il les a écrits, ou plutôt il les a gravés, de 1830 à 1848, avec la patience de l’amour et sa longue caresse.
Entraîné, comme notre siècle, vers la prose, qui est l’action dans la pensée écrite, comme la poésie en est la contemplation ou le rêve, nous n’avions pas eu, du reste, depuis que nous écrivons ce bulletin56, beaucoup de chefs-d’œuvre à sacrifier à cet amour sévère de la prose, qui est la préférence réfléchie des longues civilisations.
Ou encore (dans Muezzin) : Vous pensiez aux jours de courte durée, Qui laissent en nous si longs souvenirs ; À l’espoir qui passe en robe dorée.
Tous ces Cicérons ou ces Plines modernes dont nous venons de parler, ou étaient, ou avaient la prétention d’être orateurs, et leurs éloges étaient de longs panégyriques prononcés dans des assemblées, et débités avec pompe pour honorer les morts et quelquefois ennuyer les vivants.
Ce qui le prouve, c’est qu’Achille, qui fait tant de bruit pour l’enlèvement de Briséis, et dont la colère suffit pour remplir une Iliade, ne montre pas une fois dans tout ce poème un sentiment d’amour ; Ménélas, qui arme toute la Grèce contre Troie pour reconquérir Hélène, ne donne pas, dans tout le cours de cette longue guerre, le moindre signe d’amoureux tourment ou de jalousie.
Il ne s’est pas contenté des impressions sans profondeur du touriste ; il a fait de longs séjours en Angleterre, en Ecosse, en Italie, en Espagne. […] C’est ce qui arrive pour l’observateur qui, dans le raccourci de chaque vision, découvre tout le long travail que résume chaque moment d’un être ou d’une vie. […] Mais l’artiste comprend que, s’il accepte de faire ce long et ce pénible travail, c’est précisément afin de l’épargner au lecteur. […] Et moi aussi peut-être, mon habileté irait-elle jusqu’à copier quelqu’une des longues phrases de M. […] Une telle anecdote en dit long sur le caractère d’un homme… et elle lui fait honneur.
Cependant cette fille, qui vient de crier vengeance contre Rodrigue, lorsqu’elle le rencontre chez elle, au lieu de l’éviter avec horreur, s’engage avec cet assassin de son père dans une longue conversation amoureuse, et va jusqu’à lui dire qu’en demandant sa mort elle souhaite de ne rien obtenir. […] Le résultat fut une guerre qui eût été longue et meurtrière, si l’on n’eût trouvé le moyen de la terminer sur-le-champ par un combat singulier qui épargna bien du sang. […] Il confondit à dix-huit ans la longue expérience de Cicéron, l’oracle du sénat : réuni avec Antoine, il fut vainqueur à Philippes, parce qu’il devait l’être ; il avait une meilleure armée. […] Corneille, dans le Cours de littérature, n’occupe qu’une section : on passe rapidement ses chefs-d’œuvre en revue, comme n’étant pas dignes d’une plus longue discussion ; on décide, on tranche légèrement, on expédie en bref ce patriarche de notre théâtre. […] Si le nom n’est pas grand, du moins il est long : or, ce don Gregorio Mayans y Siscar ne fait rien au procès sur l’invention du sujet d’Héraclius ; il envoya seulement à Voltaire un exemplaire de l’Héraclius de Calderon, mais sans la date de la première représentation.
Nombre de phrases mauvaises, longues, confuses, qu’on trouve chez lui à la lecture, s’organisent spontanément dans la bouche du comédien : ce sont des phrases pour les oreilles, non pour les yeux. […] Mais dans Don Juan, le temps est de convention, au moins pour certaines scènes : afin d’en avoir l’équivalent réel, il faut diluer la brièveté rapide de l’action dans un temps plus long. […] Une des études où Molière s’est complu, c’est le ravage que fait le vice dans l’homme, puis hors de l’homme en qui il vit, les destructions ou altérations de sentiments naturels qui en résultent, les longues traînées de misère ou de mal qui le prolongent de tous côtés : et rien n’a donné plus de largeur ni plus de sérieuse portée à ses pièces.
L’Amérique du Nord, se dépouillant de ses forêts et de ses habitants sauvages, a fait entendre un long soupir, que Cooper a écouté et a su rendre ; l’Écosse a produit le génie observateur et pittoresque de Scott, qui, se trouvant tout formé et tout grandi, s’est ensuite transporté, quelquefois peu heureusement, hors de ses limites naturelles de temps et de pays. […] Ce sont avant tout des penseurs : ils n’ont pu se décider et se former que par de longues considérations, de profondes études de faits et de raisonnements ; changer, c’est une vie à refaire : aussi leur croyance survivra-t-elle même à la chute définitive du fantôme qui les avait illusionnés. […] Pourquoi fais-tu réveiller ta jeune Espagnole dans son tombeau par un affreux squelette, que tu nommes la Mort, et qui vient convier ce fantôme à la danse des fantômes, en lui passant dans les cheveux ses doigts longs et noueux de squelette ?
Ce fut après de longs combats. […] Là est son âme tout entière, et pour ainsi dire toute nue ; là se fait sentir le trouble de la chair et du sang ; là est ce long combat où, à travers les espérances d’une autre vie, jusque dans l’ardeur pour la mort qui doit les réaliser percent tant de fois la révolte de la nature et les inquiétudes de la raison. […] Il ne peut pas y avoir d’accord véritable entre deux sciences, dont l’une est poussée jusqu’à ses limites extrêmes, et dont l’autre est à peine étudiée au-delà de ses éléments ; et je suis surpris qu’on ait vu une conciliation sérieuse entre la foi et la philosophie, dans Bossuet, parce qu’il a donné à la philosophie quelques moments d’une vie tout entière dévouée à la foi ; dans Leibniz, parce qu’il a donné à la foi quelques heures de sa longue vie de savant.
Le grand public français, qui, depuis long temps, admire l’œuvre du Maître, est, enfin, parvenu à la comprendre. […] Robuste et créée pour les fortes besognes, prête aux plus rudes enfantements, belle d’ailleurs, elle se consumait dans une longue virginité. […] On se souvient qu’à la scène deuxième du premier acte des Meistersinger, David, l’apprenti d’Hans Sachs, énumère les tons et les modes qu’il faut connaître pour se faire recevoir dans la maîtrise de Nuremberg : « Le bref, le long, le traînard, la tortue, La plume d’or, l’écritoire d’argent, L’azuré, l’écarlate et le vert de laitue, L’aubépin parfumé, le plumage changeant, Le tendre, le badin et les roses fleuries, Le ton galant et le mode amoureux, Le romarin, la reine des prairies, Les arcs-en-ciel, le rossignol joyeux, Le mode anglais, la tige de canelle Les pommes d’or, la fleur de citrouille, La grenouille, le veau, le gai chardonneret, L’ivrogne qui chancelle, L’alouette des blés, le chien d’arrêt, Les plaintes de la tourterelle, La peau de l’ours, le pélican fidèle, Enfin le cordonnier modèle. » Ces appellations burlesques qu’on croirait inventées à plaisir par quelque parodiste en belle humeur, se retrouvent dans le livre de Wagenseil avec le nom de leurs ingénieux inventeurs.
C’est par le développement graduel de cette indépendance des esprits qu’il faut expliquer en art, la persistance de moins en moins longue des écoles et leur multiplication, le caractère de moins en moins nettement national des œuvres, à mesure que la civilisation à laquelle elles appartiennent se déploie, se diversifie et s’étend. […] Encore une fois, l’influence de l’habitat est probable, bien que très faible et longue à se faire sentir ; mais quant au mode par lequel elle opère, quant à la mesure dans laquelle elle se marque, nous ne savons rien et nous ne pouvons rien déduire de ce facteur inconnu à ces effets problématiques. […] La formule « comme par une force magnétique » trouvera de plus longs développements infra avec les concepts de suggestion et d’imitation, rattachés à la pensée sociologique de Gabriel Tarde.
« J’ai vu, écrit Riousse, ces longues tramées d’hommes qu’on envoyait à la boucherie ; aucune plainte ne sortait de leur bouche, ils marchaient silencieusement… ils ne savaient que mourir. […] La vie politique intense qu’on avait menée pendant des années avait habitué aux longues discussions, qui à elles seules ne pouvaient distinguer un roman d’entre les douzaines paraissant tous les mois. […] Livré à la risée publique sur leurs théâtres, on voyait dans toutes les parades de John Bull un Français maigre, en habit vert-pomme, chapeau sous le bras, jambes grêles, longue queue, air de danseur ou de perruquier affamé ; on le tirait par le nez et il mangeait des grenouilles.
Après le texte, venoit un long exorde qui rouloit le plus souvent sur un passage de l’Ecriture, & qui conduisoit le Prédicateur à ce qu’on appelle l’Ave Maria. […] Un plus long détail sur ce livre utile ne seroit pas de mon ressort. […] L’Académie françoise & plusieurs autres Sociétés littéraires ont donné un choix des discours qu’elles ont couronnés ; le détail en seroit trop long ; ces sortes de livres sont d’ailleurs fort communs.
Le silence même devient une des formes de la révolte… La pauvre duchesse de Guise n’en cherche pas si long. […] Francisque Sarcey n’aurait pas eu besoin de cinq cents lignes, — et beaucoup plus longues que les miennes, — pour nous le faire saisir. […] Elle n’apparaît qu’au bout d’une longue file de trinomes inutiles et d’équations superflues, à couvrir tout le tableau noir. […] Il se peut d’abord que la scène soit trop longue et que, en supposant qu’elle soit hardie (oh ! […] ces cheveux de la pécheresse, ces cheveux trop beaux, trop longs et trop lourds !
Vous devez aimer la paix comme un moyen de guerres nouvelles, et la courte paix plus que la longue. […] Qu’importe la vie longue ! […] Longue abstention des paysans. […] Il y a là un Nietzsche qui aurait été, si « la plus haute puissance » lui avait donné une plus longue vie. […] Mais je dis même qu’il y a des sentiments d’obligation si différents, si contraires, qu’on ne peut pas, même en y mettant un très long temps, les ramener à un fonds commun.
Et je travaillerai tant que le jour est long et le soir tu me reprocheras toutes les choses une par une. […] La scène se trouve décrite tout au long dans la Légende Dorée. […] Un accent obligé fut placé sur la rime, puis, dans les vers plus longs, sur la césure, celle-ci déplaçable d’abord, mais que, dès la Renaissance, on fixa… C’était un pis aller. […] Tout est permis, voilà leur esthétique : l’alexandrin juste ou faux, rimé ou non, le vers long, le vers court, la strophe analytique intermittente. […] Jules Romains enfin, le plus volontaire de tous, qui a mené à bien un poème aussi long et aussi construit que la Vie unanime 89, de quelle forme croyez-vous qu’il se sert ?
Il n’y eut plus, après ce long et détestable ministère, qu’une courte halte sous M. de Martignac, une halte en apparence triomphante, mais inquiétée au fond et compromise par le souvenir de tout ce qui avait précédé. […] Les grandes intelligences avaient devant elles de longues carrières où se développer. […] Quand M. de Rémusat se fut mis à étudier de près la scolastique et à lire au long les traités originaux, il a pu ainsi se dégoûter un moment de son premier Abélard et le trouver moins ressemblant que celui qu’il restaurait de point en point. […] Vitet : là encore le critique Savait d’original le secret du genre, et il en avait causé très au long Avec lui-même auparavant.
Si l’on me la vante comme une imitatrice beaucoup plus exacte de la vie réelle, oh n’aura pas besoin de longs développements, car je suis pleinement convaincu de la ressemblance et de la fidélité de ses copies. […] Je ne conseillerai pas au poète comique de se conduire en écolier révolté, et de briser les cadres qui lui sont imposés par une tradition de longue date et fondée sans doute en raison. […] Lorsqu’un médecin vous parle d’aider, de secourir, de soulager la nature, de lui ôter ce qui lui nuit, et lui donner ce qui lui manque, de la rétablir et de la remettre dans une pleine facilité de ses fonctions ; lorsqu’il vous parle de rectifier le sang, de tempérer les entrailles et le cerveau, de dégonfler la rate, de raccommoder la poitrine, de réparer le foie, de fortifier le cœur, de rétablir et conserver la chaleur naturelle, et d’avoir des secrets pour étendre la vie à de longues années, il vous dit justement le roman de la médecine. […] Mais ce n’est pas avec des sentences morales qu’il est possible d’égayer une comédie ; ce n’est pas avec de longs plaidoyers sur la corruption du monde que l’on peut animer un drame et le rendre vivant.
Après cette étude, il entreprit de longs et lointains voyages pour connaître la terre et les hommes. […] Que de choses nous sommes condamnés à voir et à souffrir dans le cours d’un long âge ! […] Ces soixante-dix années donnent vingt-cinq mille deux cents jours, sans compter les mois intercalaires ; et, si nous faisons une année sur deux plus longue d’un mois pour ramener les saisons aux époques convenables, nous aurons, pour soixante-dix années, trente-cinq mois intercalaires, et ces trente-cinq mois donneront mille cinquante jours. […] Les Péoniens du lac de Prasias se sont construit, au milieu de ce lac, un sol artificiel composé de planchers en bois, soutenus par de longs pilotis ; et cet emplacement ne communique à la terre que par une chaussée très-étroite et un seul pont.
Dîner chez Daudet, en tout petit comité de famille, et le soir, avec Alphonse, une longue et captivante causerie sur la fin de terre touchant au pôle, où il n’y a plus d’humanité, d’animalité, de végétation, où plus rien n’est que glace et nuit, — et sur l’effroi du silence, qui règne dans ce monde glacé. […] Dans le quartier de la coutellerie, je traverse une salle, où des hommes, couchés tout de leur long sur des planches, ressemblent à des noyés de la Morgue. […] Aujourd’hui, il me reste comme un souvenir de rêve de cette visite : le Flammarion avec sa tête de saint Jean-Baptiste, qu’offre dans un plat d’argent, la peinture italienne à Hérodiade, le monsieur qui a découvert la dernière planète, à la chevelure qui pourrait servir d’enseigne à la pommade du Lion, un jeune homme bancroche, qui nous est présenté par Flammarion, comme l’humain de toute la terre ayant la vue la plus longue. […] Elle est toute en blanc, avec une espèce de grande bavette flottante sur la poitrine, et sa robe à longue traîne, toute constellée de paillettes d’or, se contourne autour d’elle, dans un ondoiement gracieux.
Ferrero, qui est un long dialogue philosophique à la manière de Renan, un assez curieux personnage, sorte de Caliban en qui se concentre l’essence du béotisme moderne ou encore du futurisme moderne, ce qui est bien près d’être la même chose. […] Visages Réunis en volume, les Visages de Rouveyre semblent peut-être un peu moins cruels que lorsqu’ils défilent périodiquement le long d’une revue. […] Apollinaire risque de longs poèmes dénués de ces petits signes qu’on nous a habitués à croire indispensables et il prouve ainsi leur inutilité, au moins en poésie qui procède moins par analyse intellectuelle que par accumulation d’impressions. […] Je lis dans le récit d’un touriste qui raconte une excursion à Venise en automobile : « Admirable pont métallique… Il a bien un kilomètre de long.
Qu’il reste le grand orgue des cathédrales auquel préludent les bruyants carillons de la réclame, soit ; mais ne suis-je pas libre, tout en l’admirant, de lui préférer le sanglot long des violons, la plainte du violoncelle ou l’ironie subtile et fière du roseau pensant ? […] J’en aurai long à dire, mais il faut conclure : les vers de Musset ont enivré mes vingt ans. […] J’en compte un peu plus de trente (les nommer serait trop long) qui contribuèrent, du moins je l’imagine, à développer en moi un certain amour de la beauté et de l’harmonie. […] Des goûts comme des couleurs on ne discute pas… Et puis ce serait trop long à expliquer ; vingt-cinq lignes n’y suffiraient pas.
Ainsi nous lui livrons bataille à chaque seconde ; et, de même, quoique à de plus longs intervalles, quand nous prenons un repas, quand nous dormons, quand nous nous réchauffons, etc. […] Paul Bourget n’a pas échappé à cette « loi », comme il dirait : et la route qu’il a parcourue se trouve être d’autant plus longue qu’il est une des intelligences les plus actives de ce temps. […] Toutefois, dans ce long voyage, on peut avoir trouvé que, pour être égarée dans l’infini comme un troupeau dans les landes désertes, pour vaguer au hasard sous le soleil qui lui donne une illusion de lumière, la pauvre humanité n’en est pas moins quelque chose de grand et de beau. […] Mais c’est là un travail qui n’est pas de notre compétence, et qui exigerait de trop longs développements : nous nous contenterons donc de le rechercher dans son œuvre de critique littéraire, à laquelle il n’a consacré ni tout son talent ni tout son effort, et où il est pourtant tout entier. […] En sorte que beaucoup de ménages, établis sur les mêmes bases que celui de Posdnicheff, secoués par diverses tempêtes sans en être disloqués, arrivent cependant, d’une façon toute normale, au terme d’une longue carrière que le mari et la femme, en définitive, ont trouvée supportable.
En prêtant à ses personnages de longs récits, M.
Il lui en interprétait fort industrieusement les causes ; il lui en déduisait fort au long les conséquences ; et elle de nier, de rire, et de s’obstiner toujours à demeurer fidèle à son mari tout en leurrant ses amants.
de longs ennuis… Toi qui veilles sans cesse et jamais ne te couches, Tu nous es le soleil des nuits.
Comment les anciens auraient-ils pu la posséder, en effet, à l’égal de ceux que des siècles et des générations multipliés ont instruits par de nouveaux exemples, et qui peuvent contempler dans la longue histoire du passé, tant de crimes, tant de revers, tant de souffrances de plus !
Si l’on quitte la vie pour échapper aux peines du cœur, on désire laisser quelques regrets après soi ; si l’on est conduit au suicide par un profond dégoût de l’existence qui sert à juger la destinée humaine, il faut que des réflexions profondes, de longs retours sur soi, aient précédé cette résolution ; et la haine qu’éprouve l’homme criminel contre ses ennemis, le besoin qu’il a de leur nuire, lui feraient craindre de les laisser en repos par sa mort ; la fureur dont il est agité, loin de le dégoûter de la vie, fait qu’il s’acharne davantage à tout ce qui lui a coûté si cher.
Laissons-leur la curiosité, ce viatique des longues routes, dans la lecture comme dans le drame.
« De taille moyenne et assez spontanément épanoui, il porte, pas trop haut, une longue tête enfantine ; cheveux châtains s’avançant en pointe sur un front presque sacré et retombant, plats et faibles, partagés par une pure raie droite, celer deux mignonnes oreilles de jeune fille ; masque imberbe sans air glabre, d’une pâleur un peu artificielle mais jeune ; deux yeux bleu-gris partout étonnés et timides, tantôt frigides, tantôt réchauffés par les insomnies ; un nez sensuel ; une bouche ingénue, ordinairement aspirante, mais passant vite du mi-clos amoureux à l’équivoque rictus des gallinacés… Il ne s’habille que de noir et s’en va, s’en va, d’une allure traînarde et correcte, correcte et traînarde5. » Il dit encore : Mon père (un dur par timidité) Est mort avec un profil sévère ; J’avais presque pas connu ma mère, Et donc vers vingt ans je suis resté.
Si l’on veut après cela résumer les causes qui ont amené en France cette renaissance du sentiment de la nature, on arrive à cette formule : Cause essentielle : la longue et fatigante durée d’une civilisation trop exclusivement mondaine, durée qui engendre le désir de sensations opposées.
Voiture s’était fait remarquer, dès l’âge de quinze ans, par une longue épitre au roi, ouvrage de jeune homme, mais où, parmi les antithèses et les jeux de mots, on ne peut s’empêcher de reconnaître de l’esprit, du talent et surtout de l’élévation.
Heureusement cet obstacle ne devait pas être long.
Il a donné les Entretiens et il a publié le Civilisateur : « Déjà presque au terme de ma longue carrière, a-t-il écrit dans la préface de cet ouvrage, avant d’avoir perdu une seule note de ma voix, mon ambition serait de recevoir en bas, dans les rangs obscurs mais honorables du peuple, la naturalisation littéraire et poétique que j’ai reçue autrefois en haut, dans les rangs supérieurs et élégants de la société.
La preuve en est qu’on trouve dans les chansons de geste — voire le roman de Pépin et de Berte — de longues laisses monorimes ; je dis monorimes.
L’emploi qu’il faisoit des figures de rhétorique, son affectation à prodiguer l’antithèse & l’hyperbole, son attention ridicule à courir après l’esprit, ses grands mots, ses longues phrases, eussent gâté le plus beau génie.
On jugera de ce qu’il sçavoit faire en ce genre, par ce couplet contre Fontenelle, à sa réception à l’académie Françoise : Quand le novice académique Eut salué fort humblement, D’une Normande rhétorique, Il commença son compliment, Où sottement, De sa noblesse poëtique, Il fit un long dénombrement.
« Ma patience, disoit l’abbé Desfontaines, a eu un assez long cours.
Sa compagne, au contraire, laisse descendre, comme un voile d’or, ses longues tresses sur sa ceinture, où elles forment de capricieux anneaux : ainsi la vigne courbe ses tendres ceps autour d’un fragile appui ; symbole de la sujétion où est née notre mère ; sujétion à un sceptre bien léger ; obéissance accordée par Elle et reçue par Lui, plutôt qu’exigée ; empire cédé volontairement, et pourtant à regret, cédé avec un modeste orgueil, et je ne sais quels amoureux délais, pleins de craintes et de charmes !
Au reste, l’esprit de tout l’Évangile de saint Jean est renfermé dans cette maxime qu’il allait répétant dans sa vieillesse : cet apôtre, rempli de jours et de bonnes œuvres, ne pouvant plus faire de longs discours au nouveau peuple qu’il avait enfanté à Jésus-Christ, se contentait de lui dire : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres.
des esprits toujours en exploration, ardents aux longues lectures à travers les grands auteurs, curieux des investigations philosophiques, enflammés pour le grec, idolâtres des vers latins, en un mot ne faisant la part de l’utile que pour réserver plus sûrement et plus largement la part du Beau !
A la messe ou à vêpres aux Chartreux on voit sur deux longues files parallèles quarante à cinquante moines, mêmes stalles, même fonction, même vêtement, et cependant pas deux de ces moines qui se ressemblent ; ne cherchez pas d’autre contraste que celui qui les distingue.
Et les oiseaux et les nuances dont leur plumage est teint ; et les fleurs et leur velouté ; et les arbres et leurs différentes verdures ; et l’azur du ciel et la vapeur des eaux qui les ternit ; et les animaux et les longs poils et les taches variées de leur peau, et le feu dont leurs yeux étincellent.
Les auteurs de médecine anciens sont trop substantiels ou trop forts pour des étudiants ; chaque ligne est un résultat d’une longue pratique ; peu de spéculations, beaucoup de préceptes et de faits.
Cependant l’air, ou plutôt les âmes errantes de ses enfants caressaient son visage et agitaient sa longue barbe… ô les belles mœurs !
Il ne sçauroit concevoir tout le prix de l’ouvrage qu’après l’avoir vû plusieurs fois, ni lui donner la préeminence dont il est digne, qu’après avoir comparé durant un temps le plaisir qu’il lui fait, avec le plaisir que lui font ces ouvrages excellens qu’une longue approbation a consacrez.
Monsieur le chevalier d’Arvieux après avoir discouru fort au long dans le chapitre onziéme de sa rélation des moeurs et des coutumes des arabes, sur la docilité, ou s’il est permis de parler ainsi, sur la débonnaireté de leurs chevaux, et de l’humanité avec laquelle leurs maîtres les traitent, ajoute : un marchand de Marseille qui résidoit à Rama, étoit ainsi en societé pour une cavalle avec un arabe… etc. .
La plûpart étoient nez dans la condition d’esclave, et soumis par consequent dès l’enfance à faire un apprentissage aussi long et aussi rigoureux que leurs patrons le jugeoient à propos.
III Oui, se vanter — du fond de sa vieillesse de femme, — cet antre vide, — se vanter plus que d’avoir aimé, se vanter d’avoir été aimée, et avec les noms à l’appui, — tout au long, — des noms d’évêques, — de princes, — de littérateurs, — de savants, — de membres du Parlement d’Angleterre, couronnés enfin, tous ces noms, qui passent dans le grand défilé de la Revue des Morts, à minuit — par le nom d’un homme de génie, attaché, dans un ridicule immense, au pilori de ces Mémoires, cela ne devait-il pas suffire à l’inflammation de la tête d’une femme qui n’a jamais compris l’amour que comme Aspasie, et qui a toujours cherché son Périclès ?
les bohèmes en marche, — cette longue queue de la croisade de Gautier-sans-Argent, laquelle, hélas !
C’est un fou sans placidité, sans excuse majeure et touchante de sa folie, sans les longues et sereines intermittences de raison, d’esprit, de goût, de politesse et de grandes manières qui rendent le héros de Cervantes le plus aimable et le plus respectable des gentilshommes.
Eh bien, si nous l’avons cru un moment, l’illusion n’a pas été longue !
Lepelletier Saint-Fargeau était étendu tout de son long sur un matelas.
Selon la nature de la pièce qui se joue, les mouvements des acteurs en disent plus ou moins long : presque tout, s’il s’agit d’une pantomime ; presque rien, si c’est une fine comédie.
Les serviteurs furent aussi appelés clientes, et ces clientèles furent la première image des fiefs, comme nous le verrons plus au long.
À peine était-il né, et, rampant sur terre, avait-il jeté un faible cri, que dans son sein Calliope le reçut, et dépouilla pour la première fois le long deuil d’Orphée : Enfant, dit-elle, consacré désormais aux Muses, et bientôt supérieur aux poëtes antiques, ce ne sont ni les fleuves, ni les bêtes féroces, ni les forêts gétiques, que tu remueras de ta lyre ; mais les Sept Collines, le Tibre du dieu Mars, les chevaliers et le sénat vêtu de la pourpre, tu les entraîneras par l’éloquence de ton chant. » Le poëte alors rappelait ces premiers essais de Lucain qui lui valurent la jalousie de Néron, et ce poëme inachevé qui lui mérita la mort.
Mais l’entrée en matière est peut-être un peu longue : on nous présente avec luxe de détails le compère de la revue, un jeune sorbonnard qui va au château en question consulter des manuscrits précieux pour la préparation de sa thèse de doctorat. […] Projetant une longue absence, j’ai donc pris le parti de me séparer des livres acquis en un temps où j’étais moins sage, que je ne conservais que par faste… » Gide aurait aisément trouvé quelque officieux pour épousseter en son absence. […] Le fait est que des trois grands mystères, celui de la rédemption semble le plus mystérieux, mais la question valait mieux que cette boutade, d’ailleurs exceptionnelle dans les longs propos de ce vieillard à moitié gâteux et plus ennuyeux encore. […] André Gide prête à l’ouvrage un certain attrait, il faut avouer que ces histoires de famille et de collège n’ont pas grande portée en soi et paraissent un peu longues. […] N’est-ce pas Louÿs, également ami de jeunesse de Paul Valéry, qu’il avait rencontré à Montpellier dans un congrès d’étudiants, qui le décida à sortir de sa longue retraite et à écrire la Jeune Parque ?
Cette table est brune, longue, large et haute de trois pieds à l’œil : cela signifie qu’elle fait une petite tache dans le champ de la vision, en d’autres termes qu’elle produit une certaine sensation dans le nerf optique. […] S’il y a des définitions comme celles de la géométrie, qui semblent capables d’engendrer de longues suites de vérités neuves1480, c’est qu’outre l’explication d’un mot, elles contiennent l’affirmation d’une chose. […] « D’abord, nous avons des phénomènes analogues dans la moiteur qui couvre un métal froid ou une pierre lorsque nous soufflons dessus, qui apparaît en été sur les parois d’un verre d’eau fraîche qui sort du puits, qui se montre à l’intérieur des vitres quand la grêle ou une pluie soudaine refroidit l’air extérieur, qui coule sur nos murs lorsqu’après un long froid arrive un dégel tiède et humide. — Comparant tous ces cas, nous trouvons qu’ils contiennent tous le phénomène en question. […] So long as neither phenomenon had been actually witnessed, what reason was there for finding the one harder to be believed than the other ? […] “Now, here we have analogous phenomena in the moisture which bedews a cold metal or stone when we breathe upon it ; that which appears on a glass of water fresh from the well in hot weather ; that which appears on the inside of windows when sudden rain or hail chills the external air ; that which runs down our walls when, after a long frost, a warm moist thaw comes on.”
Nous l’avons dit ailleurs, dans ce long travail : il embourgeoisea Rabelais, Sterne et Voltaire, ces esprits de haute race, quand il voulut les imiter. […] Il y parle aussi, et beaucoup plus au long, de la vie qu’il mène éloigné d’elle et de la société qui l’entoure chez le baron d’Holbach ; et, comme cette société est très spirituelle et très brillante, il semble qu’on ait le droit de s’attendre à tout autre chose qu’à ce qu’on trouve en ces lettres, parfaitement indignes de tout homme qui n’aurait pas été Diderot mais qui aurait eu ne fût-ce qu’une étincelle de ce qui fait le génie de cette chose à part qu’on appelle la correspondance. […] Génin, qui n’est pas, lui, un monstrueux en philosophie, — qui n’en a guères qu’une toute petite, longue comme le pouce (la liberté de l’examen), se dévoua, pour l’honneur de cette philosophie, au travail monstre d’essuyer Diderot. […] Il faut se résumer pourtant, puisque nous touchons à présent au terme de cette longue étude sur Diderot. […] Partis des deux pôles opposés, ces deux condors, aux ailes trop longues pour un temps qui hait tous les aigles, rouleront dans la même chute, au fond du plus profond mépris, par la très singulière raison qu’ils avaient des ailes et que les hommes ne veulent plus que l’on ait des ailes.
Cette table est brune, longue, large et haute de trois pieds à l’œil : cela signifie qu’elle fait une petite tache dans le champ de la vision, en d’autres termes qu’elle produit une certaine sensation dans le nerf optique. […] S’il y a des définitions, comme celles de la géométrie, qui semblent capables d’engendrer de longues suites de vérités neuves9, c’est qu’outre l’explication d’un mot, elles contiennent l’affirmation d’une chose. […] D’abord, nous avons des phénomènes analogues dans la moiteur qui couvre un métal froid ou une pierre lorsque nous soufflons dessus, qui apparaît en été sur les parois d’un verre d’eau fraîche qui sort du puits, qui se montre à l’intérieur des vitres quand la grêle ou une pluie soudaine refroidit l’air extérieur, qui coule sur nos murs lorsqu’après un long froid arrive un dégel tiède et humide. — Comparant tous ces cas, nous trouvons qu’ils contiennent tous le phénomène en question. […] So long as neither phenomenon had been actually witnessed, what reason was there for finding the one harder to be believed than the other ? […] "Now, here we have analogous phenomena in the moisture which bedews a cold metal or stone when we breathe upon it ; that which appears on a glass of water fresh from the well in hot weather ; that which appears on the inside of windows when sudden rain or hail chills the external air ; that which runs down our walls when, after a long frost, a warm moist thaw comes on.”
À proprement parler, tous ces jugements qui ne reposent sur aucun fait, qui ne peuvent se justifier par aucune preuve, ne sont qu’une longue table de proscription. […] Je ne crois pas à la nécessité de reproduire, servilement, tel ou tel type consacré par une longue admiration. […] Parlerai-je d’une très longue pièce adressée à M. […] Arrivé au terme de cette longue analyse, je sens le besoin de résumer ma pensée. […] Le poète, pour calmer l’inquiétude de sa compagne qui s’effraie des longues rêveries de son enfant, essaie de lire dans l’avenir, et déroule devant la mère éplorée toutes les gloires réservées à son fils.
Même il prit passage sur le yacht que Mlle Barney avait loué et il fit à son bord un long et tranquille voyage sur la Seine. […] Précisément, la construction critique que, depuis, Bremond entreprit, Barrès la compare à ces Panathénées, à un « long et savant cortège » dont Bremond décore l’Église de France. […] Hermant. » Alors Xavier pria non sans douceur qu’on lui expliquât sa besogne et comment l’idée de ces soirées était venue à l’assemblée. « Beaucoup trop long, fit impérieusement Jacques Boulenger qui en était le président. […] suivez-le dans son Berry, une fine et longue pipe aux lèvres ! […] Il y en a trois, jusqu’ici, à ma connaissance ; cela promet, et je présume que l’offensive surréaliste, préparée de longue date, nous réserve encore d’autres surprises.
À je ne sais quels signes imperceptibles, l’écrivain le plus oublieux et le plus négligent de ses œuvres, une fois qu’elles sont lancées dans le torrent, les reconnaît cependant comme on reconnaît un vieil ami qui a fait un long voyage. […] Alors on se retrouve avec joie, et l’on s’embrasse, et l’on se dit, en fin de compte, que l’on a encore de longs jours à vivre pour s’aimer… Telle est, ou peu s’en faut, l’émotion de l’écrivain qui retrouve, après tant d’années, les premiers chapitres lombes de sa plume novice ; il hésite, il s’inquiète, il se demande si véritablement il est fâché ou s’il est joyeux de sa découverte ? […] Je comprends que ses défenseurs ne manqueront pas de dire qu’il a traité avec honneur la vraie probité, qu’il n’a attaqué qu’une vertu chagrine et qu’une hypocrisie détestable ; mais sans entrer dans cette longue discussion, je soutiens que Platon et les autres législateurs de l’antiquité païenne n’auraient jamais admis, dans leur république, un tel jeu sur la scène. […] À chaque pas que fait cet homme, en long ou en large de sa chambre, à chaque grain de sel qu’il met dans son œuf, l’infortuné sent en lui-même quelque chose qui se détraque ; son poumon perd le souffle, et son bras perd le mouvement ; sa jambe refuse de le porter, son cœur se déplace et passe de gauche à droite. […] Cela ne sera pas long, disait tout bas l’agonisant ; en effet, quand son dernier sarcasme fut lâché, quand encore une fois son public se fut amusé tout à l’aise, quand il eut reparu dans la mascarade finale, quand il eut dit : Juro !
Le vainqueur, en se faisant l’éducateur du vaincu, en l’initiant à une foule de connaissances et de pratiques longues à acquérir, lui fit franchir en quelques années plusieurs siècles d’évolution sociale. […] C’est en la longue assimilation que se consomma la déchéance. […] Et cette situation elles l’occupent en raison de leur long passé de culture et de civilisation, de la tradition dont elles reçurent le dépôt, et de leur « surchauffage » mental. […] Un milieu de civilisation intensive, d’affinement et de culture, tel que de longs siècles d’intellectualité, d’élégance et de sensibilité peuvent en produire, comporte de sérieux avantages. […] Même annihilés au point de vue des grands intérêts du monde, ils posséderont encore assez de motifs d’intérêt pour subsister, durant une période impossible à déterminer, mais qui pourrait être plus longue qu’on ne pense.
Il s’agit du Malade qu’on reçoit docteur, et à qui les assistants souhaitent une longue série de fléaux pour qu’il puisse gagner sa vie et prospérer. […] Au reste, pour le génie de Molière, ce long séjour en province n’a pas été un malheur. […] Elle en sait déjà presque plus long qu’Agnès qui, à seize ans, sait à peine lire, et a été élevée au village ; cependant, il serait infiniment plus facile de jouer au plus fin avec Célimène qu’avec Agnès. […] C’est un résultat abusif de l’autorité morale acquise de longue main sur lui, de la confiance qu’on lui inspire ; craignez et prenez garde qu’il n’ait une opinion qu’il n’aurait pas, qu’il ne fasse un choix qu’il ne ferait pas, s’il était moins mené et mieux éclairé. […] Est-ce, messieurs, à la frivolité de notre caractère qu’il faut attribuer ce long succès et cette perpétuité de la comédie parmi nous ?
Les principes de l’expérimentation appliquée aux êtres vivants ne pourront être dévoilés que par de longues études et un travail opiniâtre. […] Ces graines sont restées, pendant toute cette période si longue, aussi inertes que si elles eussent été définitivement mortes. […] Cependant on n’a jamais, à ma connaissance, fait l’expérience de les conserver pendant un très long espace de temps à l’état de vie latente. […] Chez les animaux à sang froid, les réserves sont faites dans certains cas à longue portée et se rapprochent par ce côté de celles des végétaux. […] Néanmoins, les recherches, les hypothèses s’accumulent, et un jour viendra où la lumière sortira de ce long et pénible travail.
Un jeune homme, lié depuis longues années avec une femme de quarante ans, — on sait la prédilection de M. de Balzac pour des maturités féminines, — épouse une belle et jeune personne de dix-huit. […] On comprend tout ce que ce retour périodique de l’orthographe tudesque ou auvergnate à toutes les pages d’un gros volume et à tous les volumes d’un long roman, doit ajouter à l’attendrissement et à l’intérêt du récit. […] En province surtout, où les longs loisirs amènent les longues rêveries, où les femmes, pourvu qu’elles aient quelque élégance de sentiments ou d’idées, quelque penchant ou quelque prétention poétique, sont si aisément portées à se croire incomprises, à chercher en dehors du cercle étroit de la vie commune une pâture à leurs romanesques songeries, madame de Mortsauf a été et peut être encore une patronne, un type auquel s’attachent les cœurs à la fois irrités et fiers de leurs secrètes blessures, prêts à voir un Félix de Vandenesse dans le premier parleur de poésie qui flattera leur chimère et leur orgueil. […] Rappelez-vous les fureurs d’Oreste ; ainsi est mort Voltaire : Furiis agitatus obiit. » Dans cette causerie trop longue et pourtant si incomplète, je n’ai rien dit de Rousseau. […] Détachée du sol et lui pesant davantage, tuméfiée d’abus et appauvrie de nerfs et de sang, occupant une grande place et n’ayant plus sa raison d’être, exceptionnelle et impuissante, privilégiée et désarmée, la noblesse appartenait d’avance au couteau révolutionnaire, et l’on eût dit que ce couteau s’était graissé et affilé, de longue date, pour frapper plus fort et plus vite.
Il se passa entre l’affermissement de la santé du véritable Hébal et son éclosion philosophique quinze années d’études, de rêveries, d’affections, une longue phase individuelle, depuis le livre du Sentiment jusqu’au poëme d’Antigone qui est à la limite et qui confine aux secondes perspectives. […] La résistance de la Revue à l’insertion de la lettre fut longue, et on ne consentit point à l’imprimer sans qu’elle eût été modifiée en quelques-uns de ses termes. […] Ballanche en colère contre les châteaux ; c’est au chapitre III de l’Essai qu’il en est question : « Ces noires tours couronnées de créneaux doivent tomber ; ces longs cloîtres silencieux doivent être transformés en prisons ou en vastes ateliers pour les manufactures, etc. » M.
Pourquoi mourir, puisqu’une vie longue et douce s’ouvrait encore devant lui ? […] Les offres d’Auguste et le danger de la cour, à laquelle il venait d’échapper, rendirent plus fréquents et plus longs ses séjours dans sa métairie de la Sabine ; il la décrit avec un charme toujours nouveau. […] Au même moment Auguste perdait dans Mécène la sûreté des conseils et les délices d’une longue amitié.
Mais, prématurément sensé, je croyais et je crois encore que, pour devenir législateur des sociétés humaines, il fallait un long et grave noviciat d’âge, d’études, de fréquentation des hommes, de pratique des affaires, de voyages parmi les peuples, les lois, les mœurs, les caractères des diverses contrées ; le spectacle des choses humaines parmi les hommes, en ordre ou en anarchie ; en un mot, une éducation complète et appropriée à l’auguste emploi que l’on se proposait de faire de sa sagesse, après l’avoir apprise ; j’y ajoutais encore la vertu, cette sagesse pratique sans laquelle il n’y a pas d’inspiration divine dans le législateur. […] Zoroastre avait été pontife d’un empire immense, foyer d’une théocratie à la fois divine et politique, qui résumait toutes les clartés du monde primitif ; ses lois n’étaient que des dogmes réformés par une longue expérience. […] On conçoit que des esprits sains, exercés par de longues années de vie publique, écrivent dans leur maturité des tables de la loi, des codes sociaux, des commentaires sur les gouvernements des nations, appropriés aux caractères, aux mœurs, aux traditions, aux âges, à la situation géographique des États, aux circonstances, même politiques, des peuples dont ils éclairent les pas dans la route de leur civilisation.
J’hésite à le dire, car, pour prévenir les objections que l’on peut ici m’adresser, il faudrait de longues explications et de nombreuses restrictions : la science profane, dans un système quelconque de révélation franchement admis, ne peut être qu’une dispute 29. […] Pourquoi la théologie est-elle d’un bout à l’autre une longue subtilité ? […] Il y a, je le sais, une génération d’égoïstes, qui a grandi à l’ombre d’une longue paix, génération sceptique, née sous les influences de Mercure, sans croyance ni amour, laquelle, au premier coup d’œil, a l’air de mener le monde.
Son drame — non pas toujours, mais quelquefois — évite la vivacité de l’action, s’attarde à de longs récits, s’étale en de vastes développements de caractères ou de passions, s’idéalise par la recherche des symboles jusqu’à devenir irréel, et n’en est pas moins poignant au point de vue du peuple pour lequel il a été conçu, n’en doit pas paraître moins admirable au critique loyal qui fait la part des nationalités. […] L’Adagio initial, très lent, — et, certes, le plus douloureux qu’aient « jamais » exprimé les sons, — me paraît pouvoir indiquer le Réveil, au matin du jour, « de ce jour qui, dans sa longue course, ne doit pas réaliser un seul de nos désirs, pas un seul. » Et c’est, aussi, une prière de repentir, une conférence avec Dieu, dans la foi au bien éternel. […] Joseph Dupont, en arrivant au pupitre, a été l’objet d’une longue ovation.
IX On répond : Mais la perfectibilité indéfinie donnera à l’homme une durée de vie plus longue. […] L’aurore se levait au loin sur une longue lisière de forêts monotones et sombres que j’apercevais en m’éveillant par ma fenêtre ouverte, à cause de la chaleur d’été. […] À mesure que la route devient plus longue, plus pénible et plus glaciale, le héros est abandonné de lassitude par ceux qui l’ont le plus aimé sur terre, qui ont d’abord tenté de le suivre, mais qui, rebutés de ses infortunes, retournent en arrière, ou succombent à ses pieds sur les sommets de glace et de neige dans son ascension.
Ce n’est qu’après de longs siècles de grossières ébauches théâtrales pareilles à celles de Thespis en Grèce, ou de nos mystères en France, que s’élèvent des théâtres permanents dignes de la majesté du trône ou du peuple. […] L’autre, Mazarin, le plus doux, le plus temporiseur et le plus habile de tous les politiques qui aient jamais manié les fils compliqués d’une régence de royaume pendant une longue minorité, avait rejeté loin de lui la hache sanglante de Richelieu son maître. […] Ils allaient commencer leur lecture, lorsque Mme de Montespan, qui n’était point attendue, entra, et après quelques compliments au roi, en fit de si longs à Mme de Maintenon, que, pour les interrompre, le roi lui dit de s’asseoir, “n’étant pas juste, ajouta-t-il, qu’on lise sans vous un ouvrage que vous avez vous-même commandé”.
L’épopée ne cesse pas d’exister ; et les Chansons qui forment le « cycle de la Croisade », sont un témoignage assuré de la longue survivance du genre. […] Car nous connaissons assez mal cette longue période qui s’est étendue de l’avènement, des premiers Valois jusqu’à l’époque de la pleine Renaissance. […] Comment leur origine explique leur succès par leur nouveauté. — Longue influence des Romans de la Table-Ronde ; — leur diffusion à l’étranger ; — la compilation de Rusticien de Pise, 1270 ; — traductions, continuations, imitations italiennes, allemandes, néerlandaises, anglaises, espagnoles et portugaises. — Le Parsifal de Wolfram d’Eschenbach, et Tristan et Iseult de Gottfried de Strasbourg. — Pénétration réciproque du Cycle d’Arthur et du Cycle de la Croisade. — On met en prose les plus anciens Romans de la Table-Ronde ; — on en compose directement en prose, tels que Merlin, le Grand Saint Graal, etc. ; — ils deviennent sous cette nouvelle forme les sources d’inspiration des Amadis ; — et rattachent ainsi, par eux, le « roman » moderne et la littérature classique à la littérature et au roman du Moyen Âge.
On y voit l’histoire de ce qui s’est passé, pendant cette longue période, dans toutes les provinces du royaume de France ; ce qui est arrivé de considérable en Angleterre, en Écosse, en Irlande, en Flandre : une infinité de particularités touchant les affaires des papes de Rome et d’Avignon, touchant celles d’Espagne, de Portugal, d’Allemagne, d’Italie et quelquefois même de pays plus lointains, tels que Hongrie, Turquie, et des pays d’outre-mer. […] Le plan des Anglais est très bien exposé ; ils n’ont qu’une bataille, un corps de troupes, mais bien ordonné, le long d’un chemin fortifié de haies et de buissons, les archers défendant la haie, et cette haie n’offrant qu’une étroite entrée pour quatre hommes de front au plus.
Lassay raconte au long cette tracasserie ; il s’en plaignit à Mme de Maintenon brouillée alors avec Mme de La Fayette, et en laquelle il cherchera désormais un appui en cour et une patronne en toute circonstance. […] [NdA] Je donnerai ici tout ce morceau, qui est le compte rendu définitif d’une longue et aride expérience.
Faut-il que les raisons de cour, les protections, certains emplois déjà occupés, le grand âge, de longs mais froids services… Il s’embrouille dans sa phrase (ce qui lui arrive quelquefois quand les phrases sont longues), et il ne l’achève pas ; mais il suit très bien sa pensée, et il veut dire ce qu’il redit souvent encore ailleurs en des termes que je résume ainsi : « Les hommes à la guerre sont rares ; avec mes défauts, je crois en être un ; essayez de moi. » Villars, à la tête d’un détachement considérable et par le fait général en chef, investi de la confiance du roi, ne songe qu’à la justifier.
Il eut à essuyer, dans le cours de sa longue carrière, plus d’une attaque vigoureuse, à commencer par celles des Racine, des Despréaux et des La Bruyère : il s’en tira moyennant prudence, patience, dignité, et par la force d’un vrai mérite. […] Mais parlez-moi des nouvellistes et de ces hommes de détail pour n’avoir pas la vue longue.
C’est que trente ans, en effet, sont un long intervalle, même dans la vie des nations : la constitution de l’atmosphère morale a le temps de s’y modifier. […] Il s’en faut bien que, dans le cours de ma longue vie, j’aie épuisé les classiques anciens et modernes : plus avant on pénètre dans cette mine et plus on y découvre.
Il fut long avant de céder à son propre désir. […] C’est après une incubation plus ou moins longue qu’au moment souvent où il n’y vise guère, la nuit surtout, dans quelque court réveil, un mot, inaperçu jusque-là, prend flamme et détermine la vie.
Non pas que, durant le cours de sa longue et laborieuse carrière, il ait jamais positivement obtenu ce quelque chose qui, à un moment déterminé, éclate de la plénitude d’un disque éblouissant, et qu’on appelle la gloire ; plutôt que la gloire, il eut de la célébrité diffuse, et posséda les honneurs du talent, sans monter jusqu’au génie. […] La littérature anglaise y est jugée fort au long dans la personne des plus célèbres écrivains ; on y lit des notices détaillées sur Roscommon, Rochester, Dennys, Wicherley, Savage ; des analyses intelligentes et copieuses de Shakspeare ; une traduction du Marc-Antoine de Dryden, et d’une comédie de Steele.
Cette absence de Paris est sans doute cause que Bayle paraît à la fois en avance et en retard sur son siècle, en retard d’au moins cinquante ans par son langage, sa façon de parler, sinon provinciale, du moins gauloise, par plus d’une phrase longue, interminable, à la latine, à la manière du xvie siècle, à peu près impossible à bien ponctuer127 ; en avance par son dégagement d’esprit et son peu de préoccupation pour les formes régulières et les doctrines que le xviie siècle remit en honneur après la grande anarchie du xvie . […] Le mot vif, qui chez Bayle ne se fait jamais longtemps attendre, rachète de reste cette phrase longue que Voltaire reprochait aux jansénistes, qu’avait en effet le grand Arnauld, mais que le Père Maimbourg n’avait pas moins.
Quand on a voulu donner une idée de la vie à venir, on a dit que l’esprit de l’homme retournerait dans le sein de son Créateur ; c’était peindre quelque chose de l’émotion qu’on éprouve, lorsque après les longs égarements des passions, on entend tout à coup cette magnifique langue de la vertu, de la fierté, de la pitié, et qu’on trouve encore que son âme entière y est sensible. […] « J’ai fait cent fois réflexion en écrivant, qu’il est impossible, dans un long ouvrage, de donner toujours le même sens aux mêmes mots.
Les estampes431 représentent dans une chaumière délabrée deux enfants, l’un de cinq ans, l’autre de trois, auprès de leur grand’mère infirme, l’un lui soulevant la tête, l’autre lui donnant à boire ; le père et la mère qui rentrent voient ce spectacle touchant, et « ces bonnes gens se trouvent alors si heureux d’avoir de tels enfants qu’ils oublient qu’ils sont pauvres » « Ô mon père432, s’écrie un jeune pâtre des Pyrénées, recevez ce chien fidèle qui m’obéit depuis sept ans ; qu’à l’avenir il vous suive et vous défende ; il ne m’aura jamais plus utilement servi. » — Il serait trop long de suivre dans la littérature de la fin du siècle, depuis Marmontel jusqu’à Bernardin de Saint-Pierre, depuis Florian jusqu’à Berquin et Bitaubé, la répétition interminable de ces douceurs et de ces fadeurs L’illusion gagne jusqu’aux hommes d’État. « Sire, dit Turgot en présentant au roi un plan d’éducation politique433, j’ose vous répondre que dans dix ans votre nation ne sera plus reconnaissable, et que, par les lumières, les bonnes mœurs, par le zèle éclairé pour votre service et pour celui de la patrie, elle sera au-dessus des autres peuples. […] Formées par un lent et délicat tissage, à travers un long appareil de signes, parmi les tiraillements de l’orgueil, de l’enthousiasme et de l’entêtement dogmatique, combien de chances pour que, dans la meilleure tête, ces idées correspondent mal aux choses !
Le marquis de Mirabeau décrit « la fête votive du Mont-Dore, les sauvages descendant en torrents de la montagne650, le curé avec étole et surplis, la justice en perruque, la maréchaussée, le sabre à la main, gardant la place avant de permettre aux musettes de commencer ; la danse interrompue un quart d’heure après par la bataille ; les cris et les sifflements des enfants, des débiles et autres assistants, les agaçant comme fait la canaille quand les chiens se battent ; des hommes affreux, ou plutôt des bêtes fauves, couverts de sayons de grosse laine, avec de larges ceintures de cuir piquées de clous de cuivre, d’une taille gigantesque rehaussée par de hauts sabots, s’élevant encore pour regarder le combat, trépignant avec progression, se frottant les flancs avec les coudes, la figure hâve et couverte de longs cheveux gras, le haut du visage pâlissant et le bas se déchirant pour ébaucher un rire cruel et une sorte d’impatience féroce Et ces gens-là payent la taille ! […] Mais en pratique, par nécessité et routine, on le traite, selon le précepte du cardinal de Richelieu, comme une bête de somme à qui l’on mesure l’avoine, de peur qu’il ne soit trop fort et regimbe, « comme un mulet qui, étant accoutumé à la charge, se gâte plus par un long repos que par le travail ».
C’était chose longue et coûteuse que la préparation d’un mystère : tantôt le clergé, tantôt un prince, tantôt la ville, et tantôt des confréries ou des corporations en faisaient les frais ; il se formait des associations temporaires, à seule fin de jouer un mystère, comme celle qui entreprit à Valenciennes de jouer la Passion en 1547 ; les frais étaient communs et l’on partageait les bénéfices. […] Les bourreaux, de mine truculente, aux noms pittoresques, Humebrouet ou Claquedent, sont de facétieux compères, évidemment sympathiques à l’assistance, même quand ils torturent les saints ou le Christ : on ne trouve jamais leurs rôles trop longs.
Dans ce style si vif, si éclairé, la phrase est étonnamment inorganique : si longue, si chargée d’incidents et de parenthèses, d’une construction si peu nette, qu’à vrai dire il n’y manque pas une cadence, mais, dans la force du mot, une forme 237. […] Nous apprenons ainsi (je vous fais grâce de ses ascendants) qu’il était né à onze mois, fut mis en nourrice au village, apprit le latin avant le français, était éveillé en son enfance au son des instruments, reçut les verges deux fois, joua des comédies latines au collège de Guyenne ; qu’il était de taille au-dessus de la moyenne, assez peu porté aux exercices du corps et à tous les jeux qui demandent de l’application physique, qu’il avait la voix haute et forte, un bon estomac, de bonnes dents, dont il perdit une passé cinquante ans, qu’il aimait le poisson, les viandes salées, le rôti peu cuit, le vin rouge ou blanc indifféremment, et trempé d’eau ; qu’il était sujet au mal de mer, et ne pouvait aller ni en voiture, ni en litière sans être malade, mais en revanche faisait de longues traites à cheval, même en pleine crise de coliques néphrétiques ; qu’il ne prenait pas de remèdes, sauf des eaux minérales, et qu’il gémissait sans brailler, quand la gravelle le tenait.
Il est certain que la civilisation ne s’improvise pas, qu’elle exige une longue discipline et que c’est rendre un mauvais service aux races incultes que de les émanciper du premier coup. […] Nous avons perdu le long espoir et les vastes pensées.
Voisinage et éloignement ne signifient dans leur bouche rien de plus que temps court ou temps long, que le plus ou moins grand nombre des sentiments intermédiaires, entre le premier et le dernier des sentiments éprouvés. » En somme, l’idée d’espace est au fond une idée de temps, et la notion d’étendue ou de distance est celle d’un mouvement des muscles, continué pendant une durée plus ou moins longue.
Il y eut un long silence ; le commandant était venu se placer devant le front du bataillon. — « Jean de Thommeray ! […] Fourchambault hasarde bien de temps en temps, quelques remontrances, mais il est bon jusqu’à la faiblesse, maté par une longue habitude de sujétion conjugale ; il laisse faire et il laisse aller.
Il serait trop long d’essayer à faire comprendre pourquoi son père, le marquis de Mirabeau, envoyait ainsi, de château fort en château fort, son fils déjà marié, père de famille lui-même, capitaine de dragons, et qui s’était distingué dans la guerre de Corse. […] Peut-être me préparé-je de longs et cruels repentirs.
La ligne honorable d’André Chénier s’y dessine déjà tout entière : Lorsqu’une grande nation, dit-il en commençant, après avoir vieilli dans l’erreur et l’insouciance, lasse enfin de malheurs et d’oppression, se réveille de cette longue léthargie, et, par une insurrection juste et légitime, rentre dans tous ses droits et renverse l’ordre de choses qui les violait tous, elle ne peut en un instant se trouver établie et calme dans le nouvel état qui doit succéder à l’ancien. […] Il fait voir d’abord, au lendemain d’une révolution et d’un changement si universel, la politique s’emparant de tous les esprits, chacun prétendant concourir à la chose publique autrement que par une « docilité raisonnée », chacun voulant à son tour « porter le drapeau », et une foule de nouveaux venus taxant de tiédeur ceux qui, depuis de longues années, imbus et nourris d’idées de liberté, se sont trouvés prêts d’avance à ce qui arrive, et qui demeurent modérés et fermes.
Parmi les découvertes de tout ordre qui tour à tour ont procuré aux hommes la satisfaction de quelque désir, il n’en est pas qui ait entraîné un long contentement de leur part. […] Il est possible d’imaginer après cela à quels déplacements de la sensibilité il faut conclure, lorsque l’on fait entrer en ligne de compte les transformations de l’organisme enregistrées et transmises par de longues hérédités, au cours des siècles de l’histoire et de la préhistoire.
Il est plus briqueté, plus coloré à la Jordans que jamais, et une mèche de ses longs cheveux de la nuque, remontée sur son crâne dénudé, fait penser à son ascendance de Peau-Rouge. […] Il déroule lentement un long rouleau de papier, dont il tire, avec toutes sortes de précautions, trois flèches japonaises, et il me confesse qu’il tire de l’arc, et commence une dissertation sur la différence de l’arc du nord et l’arc japonais, dont le lancement se fait tout en bas, pour obtenir, suppose-t-il, une hausse.
qui voudra le faire taire doit lui remplir la bouche 7 » ; lorsque Richelieu, ennemi des grands, mais né parmi eux, écrivait de son côté : « Si les peuples étaient trop à leur aise, il serait impossible de les contenir dans les règles de leur devoir… il faut les comparer aux mulets, qui, étant accoutumés à la charge, se gâtent par un long repos plus que par le travail », lorsque ces écrivains laissaient échapper ces outrageantes paroles, ne trahissaient-ils pas par là les sentiments secrets de leur caste ? […] « Il n’y a pas de pouvoir sur la terre, dit-il, qui puisse empêcher que l’égalité croissante des conditions ne porte l’esprit humain vers la recherche de l’utile, et ne dispose chaque citoyen à se resserrer en lui-même. » Il y a en effet bien des raisons, et trop longues à énumérer, pour qu’il en soit ainsi ; je ne sais cependant s’il faut dire : « La doctrine de l’intérêt bien entendu me semble la mieux appropriée aux besoins des hommes de notre temps.
Telles sont une infinité de comparaisons longues & par conséquent languissantes, des scènes dont l’excessive prolixité fatigue ; beaucoup de jeux de mots reprouvés dans notre langue. […] Il est difficile dans un ouvrage aussi ferré que celui-ci d’entrer dans un long détail sur tous les fruits du Parnasse Britannique.
Le passage vaut que je vous le lise tout entier, et du reste il n’est pas long, et il a son importance. […] Plus tard, ceux que La Fontaine a étudiés, ce serait long à énumérer, mais c’est très facile à résumer : il a étudié tout, à très peu près tout.
Nous avons dit comment le digne ouvrier français respecte en lui-même une qualité de bon travailleur, une aptitude à créer qui est le résultat d’une longue sélection le fruit de sa propre vie et des vies de ses aïeux. […] Il va pour la première fois en permission et à son retour écrit sur son carnet : 25 septembre 1915. — … Je serais chef de quelque chose, je ramasserais tous ceux qui trouvent que c’est long, qui veulent signer la paix, et les amènerais ici à coups de trique.
Si, au lieu d’un pédagogue, je prends un homme du monde, un intelligent, et si je le transporte dans une contrée lointaine, je suis sûr que, si les étonnements du débarquement sont grands, si l’accoutumance est plus ou moins longue, plus ou moins laborieuse, la sympathie sera tôt ou tard si vive, si pénétrante, qu’elle créera en lui un monde nouveau d’idées, monde qui fera partie intégrante de lui-même, et qui l’accompagnera, sous la forme de souvenirs, jusqu’à la mort. […] * L’Exposition des peintres anglais est très-belle, très-singulièrement belle, et digne d’une longue et patiente étude.
Pour lui l’homme, au cours des longs siècles chrétiens, a subi une entorse violente du cerveau, alors que « vivre » équivalait à « végéter ». « Détournons nos regards du funeste passé ! […] Mais à côté de cet attachement, nous admettons mille patries, partout où nous nous augmentons, partout où nous sommes heureux, partout où règnent la justice et la beauté, mille patries parce que nous avons mille vies, incessamment diverses, sans cesse renouvelées, parce que nous nous adaptons à tous les milieux ; partout où nous trouvons de la bonté, de l’intelligence, de la simplicité, nous sommes chez nous ; partout où des cœurs fraternels s’approchent du nôtre, partout où nous sommes entourés de compagnons et d’amis, nous disons : « Je suis au milieu des miens. » Si ma patrie m’est inclémente et qu’une autre patrie m’attire, que m’importent les longs siècles d’histoire ?
J’appelle « contemporains » deux flux qui sont pour ma conscience un ou deux indifféremment, ma conscience les percevant ensemble comme un écoulement unique s’il lui plaît de donner un acte indivisé d’attention, les distinguant au contraire tout du long si elle préfère partager son attention entre eux, faisant même l’un et l’autre à la fois si elle décide de partager son attention et pourtant de ne pas la couper en deux. […] Mais nous devons fermer cette trop longue parenthèse.
Vous trouverez d’abord Homère et Virgile qui viendront vous en faire les honneurs et vous dire avec un souris malicieux que la joie qu’ils ont de vous voir est intéressée, puisque, par quelques années d’une plus longue vie, leur gloire aurait été entièrement effacée.
Il vécut à la cour d’Antiochus le Grand en Syrie, et fut commis par ce prince à la garde de la riche bibliothèque des Séleucides ; il écrivit toutes sortes de longs poëmes épiques dont on a seulement les titres, des épigrammes, des élégies qui furent célèbres par leur accent de tendresse.
Durant son long règne énervé, il a accumulé comme à plaisir, pour les léguer à sa race, tous les malheurs.
Ce serait pour nous une trop longue, quoique bien agréable tâche, de rechercher dans ces volumes et d’extraire tout ce qu’ils renferment d’idées et de sentiments par rapport à l’amour, à l’amitié, à la haute morale et à la profonde connaissance du cœur ; au spiritualisme panthéistique, véritable doctrine de notre philosophe ; à l’art, soit comme théorie, soit comme critique, soit enfin comme production et style.
Ce projet presque chevaleresque, joint aux difficultés politiques qu’opposa Moreau, explique le long retard par où périt cette conjuration, la plus forte assurément qu’ait essuyée la fortune de Bonaparte.
Dites que l’art de nos jours est sans but, sans foi en lui-même, sans suite et sans longue haleine en ses entreprises ; et l’on vous objectera, parmi nos poëtes, le plus célèbre et le plus opiniâtre exemple, toute une vie donnée à la restauration de l’art.
Il hait Louis XIV et « ce long règne de vile bourgeoisie », il hait Richelieu et Mazarin, tous les ouvriers de la monarchie absolue.
Leur disgrâce physique, leur éducation, leurs groupements, leurs métiers et leurs misères se développent au long de ces cinq cents pages.
Cette route était en général évitée par les pèlerins juifs, qui aimaient mieux dans leurs voyages faire le long détour de la Pérée que de s’exposer aux avanies des Samaritains ou de leur demander quelque chose.
Rien de fatigant comme de l’entendre zézayer, en phrases longues et filandreuses — j’en ai compté une de soixante-quatre lignes — la fable sentimentalo-bébête.
Quittez le long espoir et les vastes pensées.
J’ai suivi cette longue enfilade de bustes, cherchant toujours inutilement quelque chose à louer.
Bonne ou mauvaise, une métaphore trop longue est toujours choquante ; c’est tout ce qu’on peut dire.
Eh bien, notre joie n’a pas été longue !
Magnier a été plus long, et il devait l’être, sur le livre immense dont la beauté intellectuelle a créé au profit de la personne morale du Dante une si grandiose illusion ; c’est là que le jeune critique a ramassé tout son effort pour être juge, et il a jugé le livre.
Léon de Wailly commence par un écrit, le plus long de tous les écrits composant ce volume, qui porte ce titre, horriblement modeste : Instructions aux Domestiques.
Seulement, rien n’est jamais long dans un poète, pas même le mépris, cette chose infinie.
…..Tu sièges auprès de tes ÉGAUX ANTIQUES, Sous tes longs cheveux roux, dans ton ciel chaste et bleu… Voilà ce qu’il est comme chrétien et il n’est pas plus comme philosophe.
Dans les deux autres nouvelles, qui sont les plus longues et les plus développées du volume, La Famille Percier et Le Mariage de Caroline, on la trouve encore, mais mêlée à beaucoup de choses qui ne sont pas elle et qu’on ne lui préfère pas, quoique parfois ces choses soient excellentes.
Le sien, qu’il appelle une promenade, avec une modestie bien légère, — car une promenade de deux volumes in-8°, de quatre cents pages19, fait l’effet d’une assez longue route, — le sien nous apprend-il sur l’Amérique des choses intimes et profondes jusque-là inaperçues ou mal observées ?
On sait que dans tous les ouvrages de Platon, c’est Socrate qui mène l’homme à la vérité ; Socrate en même temps conserve son caractère et son génie ; partout il garde sa manière de raisonner, ses inductions, ses interrogations, ces espèces de pièges et de longs détours dans lesquels il enveloppait ses adversaires, pour les amener malgré eux à une vérité qu’ils combattaient.
Par exemple, au milieu de son discours, il fait un long commentaire sur la lettre que Gratien lui a écrite, sur chaque mot dont il s’est servi, sur la robe qu’il lui a envoyée, enfin sur ce qu’en le nommant consul, il l’a nommé le premier et non pas le second.
Nous montrons dans les fables l’histoire civile des premiers peuples, lesquels se trouvent avoir été partout naturellement poètes. 2º Même accord avec les locutions héroïques, qui s’expliqueront dans toute la vérité du sens, dans toute la propriété de l’expression ; 3º et avec les étymologies des langues indigènes, qui nous donnent l’histoire des choses exprimées par les mots, en examinant d’abord leur sens propre et originaire, et en suivant le progrès naturel du sens figuré, conformément à l’ordre des idées dans lequel se développe l’histoire des langues (axiomes 64, 65). 4º Nous trouvons encore expliqué par le même système le vocabulaire mental des choses relatives à la société 40, qui, prises dans leur substance, ont été perçues d’une manière uniforme par le sens de toutes les nations, et qui dans leurs modifications diverses, ont été diversement exprimées par les langues. 5º Nous séparons le vrai du faux en tout ce que nous ont conservé les traditions vulgaires pendant une longue suite de siècles.
Plusieurs héros de la foi sont célébrés dans ses hymnes puissantes sur les contemporains, mais longues et parfois étranges pour nous.
Elle trouva enfin sa forme propre, après de longues indécisions et des tâtonnements successifs, par l’établissement des règles. […] Cette liste est longue, et elle est loin d’être complète. […] Il aurait pu produire à longs intervalles des œuvres fortes, comme cet unique chef d’œuvre de Turcaret, avec ce dialogue serré où tout porte. […] Et puis, comme il est à peu près aussi long d’analyser une mauvaise pièce qu’une bonne, tout se trouve ainsi sur le même plan. […] Elle n’a point de dessous profonds, et n’est pas matière à de longues rêveries.
L’Angleterre ne fut point oubliée, & il y eut de longues dissertations sur son nouveau commerce établi entre elle & la France. […] Pour moi, qui sais que les souverains ont les bras plus longs que les frontieres ? […] D’ailleurs, comment discourir plus long-temps en plein air, notre séance n’avoit été que trop longue ; mais c’est à la mode à Paris d’agiter les plus grandes questions en se promenant. […] Il y aura des intervalles, & un long repos. […] Ce fut le sujet d’une longue conversation avec quatre personnes de ma connoissance, qu’une promenade au Jardin des Tuileries offrit à ma vue.
*** Pourtant voilà de longues années qu’on lui sert, au public, ce même repas d’indigestes fadeurs et de mensonges empoisonnés. […] — Comme c’est long dans ces baraques, disait-il en hochant la tête. […] Il est long et cruel, le martyrologe des artistes : les larmes et le sang l’ont rougi à plus d’une page. […] Nous sommes encore condamnés à de longs adultères et à d’innombrables : « Dis-moi que tu m’aimes. » Et la plume qui doit écrire le livre rêvé par M. […] par les années, trop longue et trop lourde par les luttes où, toujours, il se débattit.
Semblable spectacle nous est donné tout au long de l’histoire littéraire. […] Voilà l’éducation héréditaire qui leur a permis de supporter sans faiblir cette longue, cette interminable guerre des tranchées qui paraissait si peu conforme au caractère de la race. […] Que devaient faire d’autre ses successeurs dans leur longue lutte contre la maison d’Autriche ? […] Mais connaître suppose de longues et patientes recherches. […] Là-bas, un Français est étendu de son long, le visage contre la terre.
L’immense variété des croyances auxquelles nous avons affaire est donc le résultat d’une longue prolifération. […] Franchissez les étapes d’une longue évolution : vous aurez les dieux protecteurs de la cité, qui doivent assurer la victoire aux combattants. […] C’est à peu près ce qu’elle me parut durer ; d’autres crurent l’intervalle plus long. […] Disposons alors toutes les acceptions de notre mot le long d’une échelle, comme les nuances du spectre ou les notes de la gamme : nous trouverons dans la région moyenne, à égale distance des deux extrêmes, l’adoration de dieux auxquels on s’adresse par la prière. […] Ces fonctions agricoles ont dû caractériser quelques-uns des plus anciens dieux, encore qu’on les ait perdues de vue lorsque l’évolution du dieu eut fait de lui une personnalité complexe, chargée d’une longue histoire.
Pendant une longue suite de siècles la plupart des hommes ont cru fermement à l’immortalité personnelle des âmes. […] Mais les choix n’ont toute leur utilité et toute leur excellence qu’autant qu’ils découpent et détachent, dans les ouvrages trop longs, autour des parties vives, la masse inerte des choses mortes. […] La poésie légère, étrangère par définition aux longues entreprises, et en général toute la poésie lyrique, offrent des exemples particulièrement nombreux d’immortalité conquise ou, si l’on veut, escamotée par une piécette, un distique, un seul vers. […] L’intervalle entre la mort d’un auteur et sa résurrection glorieuse peut être beaucoup plus long. […] L’œuvre grandit, je t’étends toujours et la rends de plus en plus distincte ; et la composition finit par être tout entière achevée dans ma tête, bien qu’elle soit longue.
… Cela était tout au long dans Lelia ; cela n’était déjà plus neuf en 1830. […] Ils ont une vie concrète extrêmement minutieuse et qui se développe en de longues et lentes conversations sinueuses et familières. […] L’auteur est bien, ici, le fils de son père, et cela fait plaisir. — Et Ryons ne prévoit pas seulement les événements, mais les mouvements des âmes, et cela, à longue échéance. […] Il donne l’idée mélancolique d’un grand diable de moulin à vent qui ferait virer ses longs bras pour ne rien moudre, et dont la généreuse gesticulation paraîtrait sans objet. […] Mais que ce récit est long !
Mais s’il en est ainsi de la première moitié du mot, il en sera de même du mot précédent, qui fait corps avec elle pour le son et pour le sens ; il en sera de même du commencement de la phrase, et de la phrase antérieure, et de tout le discours que nous aurions pu faire très long, indéfiniment long si nous l’avions voulu. […] Mais nous avons ouvert une trop longue parenthèse. […] Installée sur l’universelle mobilité, disions-nous, la conscience contracte dans une vision quasi instantanée une histoire immensément longue qui se déroule en dehors d’elle. […] C’est grâce à elle que prennent place dans un seul et même temps les changements plus ou moins longs auxquels nous assistons en nous et dans le monde extérieur. […] Pendant ce long intervalle, M.
Ce qui n’eût été qu’un jeu pour Albert Thibaudet nous a demandé une assez longue application. […] Il méprisait la plume « Cette triste accoucheuse de l’esprit, avec son long bec effilé et criard ». […] Ami et guide de Chateaubriand, avec une vocation irrésistible vers le scrupule et le silence, il transporterait volontiers sur la presse à imprimer, laminoir de la pensée, le décri qui concerne chez Rivarol le long bec de la plume. […] L’élégie lamartinienne continue la plaintive élégie, en longs habits de deuil, et il y a une suite Parny-Lamartine que double une suite Éléonore-Elvire. […] Une longue poésie chrysalide aboutit à une poésie ailée.
Livet, M. le baron de Boyer de Sainte-Suzanne autorisait, dans les termes les plus gracieux, la reproduction de quatre longues lettres relatives au séjour et au retour de Russie. […] Il n’est pas possible que je vous en écrive, cela serait trop long. […] 8° Que, quoique la maladie de sa mère eût été dispendieuse et longue, il se trouve plus de bien à sa mort qu’il n’y en avait à la mort du mari. […] Il y a dans le commencement de cette longue phrase je ne sais quoi d’incorrect et d’entortillé ; mais je n’ai pas le temps de m’expliquer plus nettement. […] Le jour est bien long pour celui qui n’a rien à faire ; et l’année bien longue pour celui qui a beaucoup fait.
Au reste, le combat ne devait pas être long. […] Il est trop long. […] Mais, dit-on, ce spectacle, composé d’une seule pièce, serait monotone et paraîtrait long. […] On a pu remarquer que dans cette course un peu longue à travers tant de questions diverses, l’auteur s’est généralement abstenu d’étayer son opinion personnelle sur des textes, des citations, des autorités.
La parole intérieure a l’apparence d’un son, et ce son est celui que nous nommons parole ou langage : il se compose de deux sortes d’éléments, des voyelles et des articulations ; ces voyelles et ces articulations sont groupées en syllabes, les syllabes peuvent se grouper en mots, les mots se groupent en phrases ; une syllabe est un ensemble de voyelles et d’articulations simultanées ou qui se succèdent avec une continuité parfaite, sans le moindre intervalle de silence ; des syllabes, soit distinguées par l’intonation, soit séparées par un intervalle de silence extrêmement court, forment un mot ; des intervalles plus longs séparent les mots d’une même phrase, de plus longs encore les membres de phrase et les phrases ; les phrases sont, en outre, marquées par des intonations : chaque phrase a son chant propre et sa note finale ; enfin l’intensité du son varie dans le discours, mais entre des limites sensiblement fixes. […] Depuis de longues années, nous ne la remarquons pas ; elle a dû, dès lors, en vertu des lois de l’habitude, descendre progressivement tous les degrés de la conscience ; elle ne peut en posséder aujourd’hui qu’un degré infinitésimal, inappréciable, subjectivement identique à zéro143. […] C’est à elle aussi que font allusion ces expressions fréquentes dans les romans ou les autobiographies : « pensa-t-il… ; — se disait-il… ; — je me disais… ; — il se dit en lui-même… » Si de courts apartés, si de longues méditations sont naturellement désignés dans le langage par le verbe se dire, si cette locution est le synonyme reçu de penser en silence, ce n’est pas seulement par métaphore162 et parce que la pensée pourrait être dite extérieurement163, c’est aussi parce que la pensée est réellement dite en nous.
Ma curiosité, mon désir de tout voir, de tout regarder de près, mon extrême plaisir à trouver le vrai relatif de chaque chose et de chaque organisation m’entraînaient à cette série d’expériences, qui n’ont été pour moi qu’un long Cours de physiologie morale.
Voici le texte de ce qui a été dit à ce sujet, par l’école de Saint-Simon, dans le volume d’exposition qu’elle a publié cette année : « La loi du développement de l’humanité, révélée au génie de Saint-Simon et vérifiée par lui sur une longue série historique, nous montre deux états distincts et alternatifs : l’un, que nous appelons état organique, où tous les faits de l’activité humaine sont classés, prévus, ordonnés par une théorie générale, où le but de l’action sociale est nettement défini ; l’autre, que nous nommons état critique, où toute communion de pensée, toute action d’ensemble, toute coordination a cessé, et où la société ne présente plus qu’une agglomération d’individus isolés et luttant les uns contre les autres. » (Vol.
pour lui dire qu’elle ne l’aime pas, rien de plus scabreux, on le comprend, qu’une telle scène ; Geffroy, qui représente Alvise, l’entame très bien ; le gentilhomme impatient, relancé dans ses ruses, est obligé d’entendre au long la doléance, la sentence de l’honneur outragé.
On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !
Les longs développements seraient en tout temps aussi beaucoup moins tolérés en France qu’en Angleterre.
La religion ouvre une longue carrière à l’espérance, et trace une route précise à la volonté, sous ces deux rapports elle soulage la pensée.
Mais cet avantage que Goethe perd un moment, il le retrouve le moment d’après, quand, par exemple, la lecture d’un chœur de Sophocle ou d’une ode de Pindare fait couler à longs traits dans tous ses sens et dans son âme une émotion, une félicité, que jamais ne goûta madame de Staël.
de deux amis qui se revoient après une longue absence.
La Bruyère, dans la préface qui précède son discours de réception à l’Académie française, s’élève contre ces gens « qui, au lieu de prendre pour eux les divers traits semés dans un ouvrage, s’appliquent à découvrir lesquels et donnent au public de longues listes ou clefs des originaux auxquels ils ont jugé à propos de les appliquer.
Qui de Savoie arrivent tous les ans, Et dont la main légérement essuie Ces longs canaux engorgés par la suie.
La petite bimbeloterie fabriquée de deux morceaux de bambou représentait des jeux d’enfants gravés en noir sur le jaune fauve du bois, des jeux d’enfants n’ayant rien de bien remarquable, mais le bibelot avait pour moi l’intérêt d’un objet usuel, ancien, et j’étais confirmé dans cette supposition par une longue inscription gravée sous le petit seau, et par un raccommodage, — un de ces raccommodages naïfs et francs, ainsi qu’on a l’habitude de les faire, là-bas, aux objets d’une certaine valeur.
Souhaitons longue haleine à tous ces pauvres Sisyphes essoufflés, qui vont roulant et roulant sans cesse leur pierre au haut d’une butte ; Palus inamabilis undâ Alligat, et novies Styx interfusa coercet.
. — On sent que la royauté absolue a passé pendant de longues années sur ces nobles têtes, courbant l’une, brisant l’autre.
La nouvelle puissance de l’opinion, qui sort en effet d’un tel état de choses, et dont nous avons déjà parlé, cette puissance de l’opinion peut, au reste, fort bien être considérée comme une sorte de parole vivante, qui se renouvelle continuellement sans passer par les longs canaux des traditions.
Nous savions bien qu’il n’y avait pas d’escarboucle, mais seulement long comme ça d’acier qui reluise nous aurait charmés.
Saliat, enterré, était vivant, bien vivant, très vivant , comme dit si gaiement Béranger ; et c’était Larcher qui était le cadavre, un cadavre comme il y en a beaucoup, qui marchent la terre du Seigneur et qui s’y prélassent, au lieu d’être tranquillement et tout de leur long, à tout jamais, couchés sous elle !
C’est la même gravité monacale, la même indifférence de tout, excepté de l’autorité et de la justice, la même prudence supérieure, et, dans la manière de gouverner comme dans la manière de porter sa robe, la même rigidité dans l’ampleur, investi d’une plus longue faveur, Ximénès monta lentement tous les degrés de sa fortune, s’asseyant à chaque marche de son élévation dans cette attitude monumentale qui n’eut sa véritable perspective que quand il fut arrivé au faite.
Elle n’aurait pas destiné sa fille à un pays qui, de corruption, ressemblait alors à une Tour de la Peste, si elle ne l’avait dressée de longue main, non pour un sacrifice, mais pour une victoire !
Elle n’aurait pas destiné sa fille à un pays qui, de corruption, ressemblait alors à une Tour de la Peste, si elle ne l’avait dressée de longue main, non pour un sacrifice, mais pour une victoire.
À le juger dans la longue biographie que Μ.
J’ose penser… que, si les temps avaient été moins critiques, moins irritants, on n’aurait pas cru pouvoir consciencieusement me condamner à mort ni à de longues années d’une affreuse captivité.
Je viens de lire cette longue méditation cartésienne, faite les yeux fermés et les mains jointes avec les airs de recueillement d’un philosophe en oraison, dans l’in-pace de la conscience, dans le silence profond de la petite Trappe psychologique que tout philosophe porte en soi, pour y faire des retraites édifiantes de temps en temps et s’y nettoyer l’entendement, et, je l’avoue, je n’y ai rien trouvé qui m’éclairât d’un jour inconnu et fécond la personnalité divine que nous autres catholiques nous savons éclairer du jour surnaturel de la foi.
Le relief lui manque, et jamais chez lui l’imagination ne nous venge par un écart, plus ou moins burlesque, des longs développements, très consciencieusement ennuyeux.
II En effet, depuis Aristote jusqu’à saint Thomas d’Aquin et depuis saint Thomas d’Aquin jusqu’à Kant, que nous prenons pour une date et non pour le grand homme qu’on dit, cherchez par quels noms et quelles œuvres l’auteur du Tableau des progrès de la philosophie politique a comblé le vide d’un si long espace, mais l’a comblé sans le remplir !
J’ose penser… que, si les temps avaient été moins critiques, moins irritants, on n’aurait pas cru pouvoir consciencieusement me condamner à mort ni à de longues années d’une affreuse captivité.
Chastel passe de cette merveilleuse histoire, qui met toutes les notions du progrès en arrière de nous et non pas en avant, aux applications contemporaines, et c’est alors que le rationaliste moderne, ce double-fond du protestant, commence de montrer cette longue oreille que la dépouille lumineuse de ces lions de sainteté et de doctrine, les Chrysostôme, les Basile, les Pacôme, ne saurait entièrement cacher.
Il en est une entre autres trop longue, et trop arabesque pour qu’on puisse la citer dans tous les enroulements de sa fantaisie.
Et sur ce que, cependant, l’idée de mariage revenait quelquefois entre eux et était remise sur le tapis pour l’époque qui suivrait l’établissement de ses filles, elle se prémunissait à l’avance et ne se refusait pas ce genre de plaisanterie dont Rousseau a parlé, et qui semble lui avoir dicté son dernier mot sur le « saint du faubourg Saint-Jacques », ainsi qu’elle appelait Margency : « Il a, disait-elle, l’imagination chaude et le cœur froid… Il y a dix ans, je n’avais à craindre que la rivalité de Mme d’Épinav, et elle me faisait moins de peur que celle de sainte Thérèse et de tant d’autres avec qui je n’ai pas l’avantage d’être dans une société intime. » — « Je l’aime assez, disait-elle encore, pour le préférer à tous les plaisirs, mais je ne puis adopter les siens ; je bâille en y pensant. » Ame revenue, détachée, désabusée, redisant dans sa note habituelle : « Mon cher voisin, quoi que je fasse, je suis née pour la peine ; les miennes ne font que changer d’objet » ; ou encore, en ses meilleurs instants : « J’ai éprouvé tant d’ennuis depuis que j’existe, que ce qui m’arrive de bonheur à présent me touche à peine » ; elle continua, tant qu’il lui fut permis, de s’occuper activement de Rousseau, et elle ne fut contente que lorsqu’elle eut trouvé le moyen, au milieu de toutes ses gênes et de ses assujettissements, de l’aller visiter à Motiers-Travers et de lui donner la marque la plus positive d’amitié, un voyage long, pénible, pour passer deux fois vingt-quatre heures auprès de lui. […] Plus d’un contre-temps retarda ce projet formé de longue main, et il fallut y mettre bien de la volonté et de la suite pour que tout enfin pût s’ajuster. […] À force d’attentions et de soins, elle avait enfin surmonté ma longue répugnance, et mon cœur, vaincu par ses caresses, lui rendait toute l’amitié qu’elle m’avait si longtemps témoignée.
Edmond Scherer s’était déjà moqué de ces sots diffamateurs, qui, ne sachant rien, ne peuvent admettre que personne en sache plus long qu’eux, surtout lorsque l’homme informé contredit leurs opinions préconçues. […] Paul J’ai une longue habitude de n’être pas de leur avis. […] Nous savions bien aussi, par une longue expérience, que dans un même pays tout le monde ne peut s’accorder en tout, mais nous pensions qu’entre compatriotes les divergences sont moins graves et plus supportables.
Sa maigreur, sa pâleur, ses évanouissements fréquents, l’insomnie, la voix brisée par l’effort pour répondre à l’avidité et aux applaudissements de la foule, son exténuation précoce, qui, pour une gloire du barreau et des lettres trop tôt cueillie, menaçait une vie avide d’une plus haute et plus longue gloire, peut-être aussi les conseils que lui donnèrent ses amis d’échapper à l’attention de Sylla, qu’une si puissante renommée pouvait offusquer dans un jeune favori du peuple, et que Cicéron avait légèrement blessé en défendant un de ses proscrits que personne n’avait osé défendre ; toutes ces causes, et plus encore la passion d’étudier la Grèce en Grèce même, décidèrent Cicéron à quitter Rome et le barreau, et à visiter Athènes. […] Mais la précipitation avec laquelle il avait quitté Rome et Tusculum aux premières rumeurs de sa proscription ne lui avaient pas permis d’emporter l’or ou l’argent nécessaire pour une longue expatriation. […] Mais Fulvie, femme d’Antoine, ne se contenta pas de cette vengeance ; elle se fit apporter la tête de l’orateur, la reçut dans ses mains, la plaça sur ses genoux, la souffleta, lui arracha la langue des lèvres, la perça d’une longue épingle d’or qui retenait les cheveux des dames romaines, et prolongea, comme les Furies, dont elle était l’image, le supplice au-delà de la mort : honte éternelle de son sexe et du peuple romain !
Je m’efforcerai donc d’être impartial dans l’appréciation résumée que je vais en présenter avant de clore cette longue préface. […] L’esprit humain les a en quelque sorte éprouvées pendant de longs siècles, puisque d’Aristote à Galilée c’est le Péripatétisme seul qui lui a suffi. […] L’esprit grec est à son apogée avant Philippe et Alexandre ; et la Grèce, qui est sur le point de perdre sa liberté, va commencer cette longue décadence qui, de chute en chute, durera encore plus de mille ans, et toujours au grand profit de l’intelligence humaine.
Et que pouvaient savoir de l’homme vivant et sentant ces durs personnages en robe longue des parlements, de Port-Royal, de l’Oratoire, coupant l’homme en deux parties, le corps, l’âme, sans lieu ni passage entre les deux, se défendant par là d’étudier la vie dans sa parfaite naïveté 126 ? […] Le sens critique ne s’inocule pas en une heure celui qui ne l’a point cultivé par une longue éducation scientifique et intellectuelle trouvera toujours des arguments à opposer aux plus délicates inductions. […] Les résultats de la critique ne se prouvent pas, ils s’aperçoivent ; ils exigent pour être compris un long exercice et toute une culture de finesse.
De 1848 à 1885, Hugo se comporte en « républicain honnête et modéré » et l’on peut défier ses adversaires de découvrir pendant ces longues années, un seul jour de défaillance. […] Dès qu’il se convainquit que l’existence de l’empire était assurée pour un long temps, il éteignit ses foudres justiciardes et concentra toute son activité à son commerce d’adjectifs et de phrases rimées et rythmées. […] VI On se souviendra de la débauche d’hyperboles de la presse parisienne, qui dura dix longues journées.
Quand, les yeux fermés, nous promenons la main le long d’une surface, le frottement de nos doigts contre cette surface et surtout le jeu varié de nos articulations nous procurent une série de sensations, qui ne se distinguent que par leurs qualités, et qui présentent un certain ordre dans le temps. […] Bref, lorsque le déplacement de mon doigt le long d’une surface ou d’une ligne me procurera une série de sensations de qualités diverses, il arrivera de deux choses l’une : ou je me figurerai ces sensations dans la durée seulement, mais elles se succéderont alors de telle manière que je ne puisse, à un moment donné, me représenter plusieurs d’entre elles comme simultanées et pourtant distinctes ; — ou bien je discernerai un ordre de succession, mais c’est qu’alors j’ai la faculté, non seulement de percevoir une succession de termes, mais encore de les aligner ensemble après les avoir distingués ; en un mot, j’ai déjà l’idée d’espace. […] Pourtant, si je me reporte, au bout d’un assez long temps, à l’impression que j’éprouvai pendant les premières années, je m’étonne du changement singulier, inexplicable et surtout inexprimable, qui s’est accompli en elle.
Or le passé immédiat, en tant que perçu, est, comme nous verrons, sensation, puisque toute sensation traduit une très longue succession d’ébranlements élémentaires ; et l’avenir immédiat, en tant que se déterminant, est action ou mouvement. […] Nous revenons ainsi, par un long détour, à notre point de départ. […] Un missionnaire, après avoir prêché un long sermon à des sauvages de l’Afrique, vit l’un deux le répéter textuellement, avec les mêmes gestes, d’un bout à l’autre 83.
Plutôt que de considérer les animaux et les fleurs comme les symboles baroques d’une doctrine de souffrance et de mort, aime-les pour eux-mêmes, étudie-les : leurs formes, leurs fonctions, leur beauté t’en apprendront plus long sur l’univers que les catéchismes et les missels. […] Avantages de l’ennui Après de longues courses, après des stations méditatives devant des paysages violents, on éprouve le besoin de classer les sensations et les images que l’intellect enregistra. […] La ville est toute trouble, il semble, dans le soir Traversé d’un grand vent de fièvre aventurière Sur la foule entassée au long des boulevards Où ses flots réunis coulent en fleuve noir. […] Au bout d’un laps de temps, plus ou moins long, si le milieu leur est favorable, elles forment de nouvelles espèces très différentes de celle qui les produisit. […] Le Moniteur signale de « longs éclats de rire à droite ».
Quand cette faculté de vision rétrospective est très développée, quand les images reparaissent après un temps très long sans s’effacer ni s’altérer d’une manière sensible, on a ce que l’on appelle la mémoire pittoresque. […] Ce n’est pas lui que l’on verra confiné dans le jour artificiel et froid de l’atelier, devant un modèle engourdi par les longues séances de pose. […] Ils représentent une somme considérable de découvertes de détail, un long et patient travail d’invention. […] Dans certains bas-reliefs assyriens on voit une longue file de personnages, tous pareils, représentés dans une même attitude ; et cette répétition rythmique de figures semblables est d’un excellent effet décoratif. […] À ce régime elles s’atrophieront définitivement, ou tout à coup, réagissant contre cette longue compression, s’échapperont en inventions désordonnées.
Étant donnés l’extrême supériorité intellectuelle de l’homme et le temps déjà très long depuis lequel il existe, ce qu’il a fait dans quelques régions très clairsemées devrait être partout. […] Ce que proposait Lamennais était cela aussi, mais c’était le retour à une primitive Église plus éloignée et la répudiation d’une tradition plus longue ; et cela proposé à qui ? […] Lamennais avait passé de longues années dans le premier état d’esprit : condamné par Rome, et n’acceptant pas sa condamnation, il se réveilla brusquement dans le second. […] Il dépasse Vico dans l’art de trouver des lumières et de longues avenues là où il n’y a probablement que des cas fortuits et insignifiants. […] La science, même hypothétique, par son objet leur donne une assiette solide, ayant toujours, du reste, des proportions assez vastes, ouvrant d’assez longues perspectives pour donner à leur pensée tout son essor.
. — Je mets, disait la mère racontant cela depuis à Bettine, je mets une pelisse fourrée de velours cramoisi qui avait une longue queue et des agrafes d’or, et je monte en voiture avec mes amis. […] Poley, anciennement attachée à la légation de Prusse, qui appartient à l’Allemagne par la langue et à la France par un long séjour, à traduit cette correspondance comme il est à souhaiter qu’on fasse toujours pour ces sortes d’ouvrages : ce qui importe en effet, c’est bien moins d’éviter quelques incorrections de style que de conserver la parfaite exactitude et le caractère de l’original : et c’est à quoi M.
Raynouard est homme d’affaires ; ses rapports sont consciencieux, un peu longs, un peu lourds, non exempts par endroits d’une certaine déclamation. […] Enfin, l’Empereur ayant créé, le 22 décembre 1860, le grand prix biennal de 20,000 francs pour être attribué tour à tour, à partir de 1861, « à l’œuvre ou à la découverte la plus propre à honorer ou à servir le pays, qui se sera produite pendant les dix dernières années dans l’ordre spécial des travaux que représente chacune des cinq Académies de l’Institut impérial de France », l’Académie française a eu, la première, à en faire l’application, et après de longs débats intérieurs ou bien des noms célèbres furent contradictoirement discutés et agités, sans qu’on pût se fixer sur aucun, elle en vint à proposer l’Histoire du Consulat et de l’Empire par M.
A voir la fatale et croissante préoccupation qu’inspirent aux survenants ces figures gigantesques, trop souvent salies de boue ou livides de sang en même temps qu’éclairées du tonnerre, à voir la logique intrépide des doctrines qui s’y rattachent et qui servent tout aussitôt d’occasion ou de prétexte à des craintes et à des répressions contraires, on peut juger que le mal, les moyens violents, iniques, inhumains, même en supposant qu’ils aient durant le moment de crise une apparence d’utilité immédiate, laissent ensuite, ne fût-ce que sur les imaginations frappées des neveux, de longues traces funestes, contagieuses, soit en des imitations théoriques exagérées, soit en des craintes étroites et pusillanimes. […] Celle-ci avait écrit beaucoup et de longue main, dans ses loisirs solitaires, sur toutes sortes de sujets ; elle arriva à la publicité, prête et mûre ; ses pages, tracées à la hâte et d’un jet, attestent une plume déjà très-exercée, un esprit qui savait embrasser et exprimer à l’aise un grand nombre de rapports.
La gloire soudaine qui lui vint ne l’éblouit pas ; il y avait songé de longue main, l’avait retournée en tous sens, et savait fort bien qu’il aurait pu ne point l’avoir et ne pas valoir moins pour cela. […] Fontenelle (Cyclias) ouvrit le xviiie siècle, en étant discret à bon droit sur La Bruyère qui l’avait blessé ; Fontenelle, en demeurant dans le salon cinquante ans de plus que les autres, eut ainsi un long dernier mot sur bien des ennemis de sa jeunesse.
Je dis que l’esprit de cette loi sur la presse a paru bien long et bien lent à se faire comprendre, jusque dans les sphères appartenant ou attenant au Gouvernement même. […] Elle est restée comme étouffée dans les parois de cette Chambre, ou renfermée encore, enterrée dans les longs suppléments du Moniteur, sans que les premiers Paris des journaux, sans que quelques-uns de ces entrefilets incisifs qu’on parcourt d’un clin d’œil et qui indiquent les points intéressants, y aient frayé la route à de nombreux lecteurs.
» — Lui, encore provincial, a la bonhomie de défiler tout au long ses nom, prénoms et qualités. — « Eh bien, dit l’autre, c’est très bien fait à vous d’être tout cela ; moi, je suis le comte de Chabannes et je suis très pressé. » Sur quoi, « riant démesurément », il remonte en voiture. « Ah ! […] » — Mettons fin « à ce crime social, à ce long parricide qu’une classe s’honore de commettre journellement contre les autres… Ne demandez plus quelle place enfin les privilégiés doivent occuper dans l’ordre social ; c’est demander quelle place on veut assigner dans le corps d’un malade à l’humeur maligne qui le mine et le tourmente, … à la maladie affreuse qui dévore sa chair vive ». — La conséquence sort d’elle-même : extirpons l’ulcère, ou tout au moins balayons la vermine.
Je n’en ai jamais su plus long sur sa naissance. […] XIII Un long emprisonnement et un procès mémorable, où l’illustre avocat et député M.
Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. […] Paul Bourde, leur consacre, dans Le Temps du 6 août, une longue étude.
La principale porte sur la harangue du sieur d’Aubray, prévôt des marchands, qu’on a trouvée trop longue et trop sérieuse au prix des précédentes, qui sont courtes et burlesques. […] Tout cela, sans doute, trop peu proportionné, trop long, d’Aubray l’avoue lui-même en finissant, quelquefois trébuchant de l’éloquence dans la déclamation, ou mêlé d’un certain mauvais goût, déjà moins pardonnable après Montaigne, mais vif, nerveux, abondant en raisons solides ; premier manifeste et première image durable du parti de la modération dans notre pays.
Pourquoi donc ces longues dissertations sur l’harmonie, sur la période et sur toutes les qualités du style ? […] Toutes ses illusions étaient perdues, qu’il en nourrissait peut-être une encore : c’était qu’on adopterait enfin cette Constitution modèle qu’il avait de longue main élaborée, qui devait rompre le flot de la démocratie en le divisant, et triompher des passions des hommes en les balançant et les contrepesant l’une par l’autre.
On connaît des exemples frappants de cette reconnaissance, qui se produit parfois après de longues années. […] Ribot, nous trouvons dans nos actes journaliers des séries organiques complexes dont le commencement et la fin sont fixes, et dont les termes, différents les uns des autres, se succèdent dans un ordre constant ; par exemple : monter ou descendre un escalier dont nous avons un long usage.
Cependant après dîner, tout-à-coup interrompant ses nœuds, et comme sortant d’une longue rêvasserie, l’Altesse me jette : « De Goncourt, est-ce que vous pouvez être poursuivi ? […] Vendredi 28 décembre Hier, chez Bing, le marchand de japonaiseries, je voyais une longue femme, très pâle, empaquetée dans un water-proof interminable, tout remuer, tout déplacer, et de temps en temps, mettre un objet par terre en disant : « Ce sera pour ma sœur. » Je ne reconnaissais pas la femme, mais j’avais le sentiment que c’était une femme connue de moi et du public.
Illusion qui ne sera pas longue, car le temps sait arracher l’oripeau. […] » Quoiqu’un peu long, nous avons cité entièrement ce morceau curieux qui a la prétention de clore à la Bossuet le livre léger et idyllique de M.
Quand un homme qu’on pourrait appeler le dernier des prophètes, écrivait, au commencement du siècle : « Il faut nous tenir prêts pour un événement immense dans l’ordre divin, vers lequel nous marchons avec une vitesse accélérée qui doit frapper tous les observateurs », il montrait une fois de plus cette longue prévision qui est à la créature humaine ce que la prescience est à Dieu, et qui part d’une inspiration plus profonde que le génie. […] Quand nous avons vu récemment se produire, au sein des Chambres britanniques, une si bonne et si enthousiaste disposition vers le Saint-Père, les hommes d’État, les hommes à vue longue, avaient-ils l’instinct de la situation que leur créerait immédiatement une entente profonde avec Rome ?
Il en est qui se traduisent par ce que nous appelons des sensations, d’autres par des souvenirs ; il en est, sans aucun doute, qui correspondent à tous les faits intellectuels, sensibles et volontaires : la conscience s’y surajoute comme une phosphorescence ; elle est semblable à la trace lumineuse qui suit et dessine le mouvement de l’allumette qu’on frotte, dans l’obscurité, le long d’un mur. […] Les examiner tous est impossible ; approfondir tels ou tels d’entre eux serait encore trop long.
Entendons-nous bien : ce ne serait pas d’avoir eu dans sa longue vie quelques amis attachés et fidèles qu’on pourrait raisonnablement lui faire un crime : le triste et le fâcheux, ç’a été la succession et le renouvellement à l’infini, c’est la liste et la kyrielle.
Bénédict, qui a fait atteler la carriole, rentre s’asseoir nonchalamment et raille toute cette scène d’un long sourire.
Marie, la gentille brune aux dents blanches, aux yeux bleus et clairs, l’habitante du Moustoir, qui tous les dimanches arrivait à l’église du bourg, qui passait des jours entiers au pont Kerlo, avec son amoureux de douze ans, à regarder l’eau qui coule, et les poissons variés, et dans l’air ces nombreuses phalènes dont Nodier sait les mystères ; Marie, qui sauvait la vie à l’alerte demoiselle abattue sur sa main ; qui l’hiver suivant avait les fièvres et grandissait si fort, et mûrissait si vite, qu’après ces six longs mois elle avait oublié les jeux d’enfant et les alertes demoiselles, et les poissons du pont Kerlo, et les distractions à l’office pour son amoureux de douze ans, et qu’elle se mariait avec quelque honnête métayer de l’endroit : cette Marie que le sensible poëte n’a jamais oubliée depuis ; qu’il a revue deux ou trois fois au plus peut-être ; à qui, en dernier lieu, il a acheté à la foire du bourg une bague de cuivre qu’elle porte sans mystère aux yeux de l’époux sans soupçons ; dont l’image, comme une bénédiction secrète, l’a suivi au sein de Paris et du monde ; dont le souvenir et la célébration silencieuse l’ont rafraîchi dans l’amertume ; dont il demandait naguère au conscrit Daniel, dans une élégie qui fait pleurer, une parole, un reflet, un débris, quelque chose qu’elle eût dit ou qu’elle eût touché, une feuille de sa porte, fût-elle sèche déjà : cette Marie belle encore, l’honneur modeste de la vallée inconnue qu’arrosent l’Été et le Laita, ne lira jamais ce livre qu’elle a dicté, et ne saura même jamais qu’il existe, car elle ne connaît que la langue du pays, et d’ailleurs elle ne le croirait pas.
Le roman suit dans la vie d’un homme la trace de causes multiples, extérieures ou intimes, immédiates ou lointaines, et fait voir dans les passions, les vices et les misères de l’individu les effets que doit donner, dans un certain milieu, un tempérament préparé de longue date par des ancêtres, qui furent eux-mêmes le produit fatal de la combinaison d’autres tempéraments avec d’autres milieux.
Les nobles essaient de ressaisir le pouvoir, d’envelopper la royauté, et de la séparer, non seulement du peuple, ce qui est fait de longue date, mais de la bourgeoisie.
La réflexion n’amène qu’au doute, et si les auteurs de la Révolution française, par exemple, eussent dû être préalablement convaincus par des méditations suffisamment longues, tous fussent arrivés à la vieillesse sans rien faire.
« La possession de madame de La Vallière commençait, dit Bussy, à lui donner du dégoût, malheur inséparable des longues possessions.
Ainsi elle n’est pas la conséquence déduite selon des procédés dialectiques, plus ou moins arbitraires, et dans une intention préméditée, d’une longue suite de raisons abstraites.
Le public dont il s’agit ici est donc borné aux personnes qui lisent, qui connoissent les spectacles, qui voient et qui entendent parler de tableaux, ou qui ont acquis de quelque maniere que ce soit, ce discernement qu’on appelle goût de comparaison, et dont je parlerai tantôt plus au long.
Comme celui qu’il a si grandement haï, chez qui il y eut deux physionomies : — celle du Consul, aux longs cheveux, et celle de l’Empereur, la médaille césarienne, — Joseph de Maistre n’eut pas deux temps de physionomie.
La griffe n’est point en lui, mais des facultés, rondes comme des pattes : le bon sens, mais qui ne devient jamais le grand sens ; la justesse du coup d’œil, qui voit bien ce qu’elle voit, mais qui n’en voit pas long… Esprit honnête, qui a beaucoup mangé, m’a-t-on dit, à la mangeoire du Correspondant.
Tout le monde sait que Villon est l’auteur d’un grand nombre de ballades, parmi lesquelles les deux fameuses : Les Dames du temps jadis et L’Honneur français, et de deux poèmes d’assez longue haleine : Le Petit Testament ou les Legs et Le Grand Testament, qui est vraiment une épopée personnelle.
Journaliste qui défendit pendant toute une vie, qui fut longue, la Religion, la Royauté, la Morale dont on ne voulait plus, dans la démence universelle, on lui coupa, on lui hacha son journal avec les ciseaux d’une censure qui a déshonoré Malesherbes, lequel tenait, pour le compte des encyclopédistes, et faisait aller ces ciseaux, tombés depuis et lavés dans son sang, heureusement pour sa gloire !
Obligé, par le sujet même de son livre, de parler d’hommes qui n’eurent jamais nulle part, à l’exception de quatre ou cinq d’entre eux peut-être, ce haut pavé historique qui agit tant et tout d’abord sur l’imagination du lecteur, il n’a pas, selon nous, assez contenu son récit entre ces quelques hommes vraiment dignes du regard de l’histoire, et il est tombé dans les infiniment petits d’une longue suite de biographies.
Les suites des fautes commises sont longues, et leur résultat quelquefois incommensurable… Les royautés européennes, filles du Christianisme, qui avaient pour strict devoir de charité et de politique chrétienne de voler, dans l’atroce péril qui la menaçait, au secours de la Royauté française, quelles que fussent l’incapacité et les fautes personnelles de Louis XVI (il ne s’agissait pas de cela pour elles !)
Ce fils d’un placide ministre protestant qui fut le plus audacieux des marins et peut-être de toutes les âmes qui aient été créées impassibles, était faible de corps jusqu’à l’infirmité, et les portraits que nous avons de lui avec ses cheveux longs et plats, les plans de ses joues vieillies avant l’âge, et son air de simple ecclésiastique de campagne, disent à qui sait que c’est là Nelson, toute la profondeur du cratère qu’il y avait en cet homme d’apparence si peu volcanique.
Je suis allé à son livre qui m’a pipé avec son titre, et je l’ai ouvert par respect pour une grosseur qui témoignait de longues études.
Oddoul, avec une longue préface métaphysico-sentimentale qui a d’énormes prétentions à l’analyse et à la profondeur.
Le supplice, pour être long, n’en est que plus affreux.
Ce fils d’un placide ministre protestant, qui fut le plus audacieux des marins et peut-être de toutes les âmes qui aient été créées impassibles, était faible de corps jusqu’à l’infirmité, et les portraits que nous avons de lui, avec ses cheveux longs et plats, les plans de ses joues vieillies avant l’âge, et son air de simple ecclésiastique de campagne, disent, à qui sait que c’est là Nelson, toute la profondeur du cratère qu’il y avait en cet homme d’apparence si peu volcanique.
L’imagination a peut-être tort… Les cheveux soulevés sont retenus dans le cercle d’un ruban ; le visage est long et maigre.
Oddoul, avec une longue préface métaphysico-sentimentale qui a d’énormes prétentions à l’analyse et à la profondeur.
Il n’en est que mieux à genoux sur sa dalle d’y traîner cette robe à longs plis… Ici donc, et pour la première fois, voici une traduction qui ajoute à la valeur de l’original.
Ayant que de ses deux moitiés Ce vers que je commence ait atteint la dernière, Peut-être, en ces murs effrayés, Le messager de mort, noir recruteur des ombres, Remplira de mon nom les longs corridors sombres… ………………………………… …………………………………
Il y a, si vous vous le rappelez, dans cette gravure, une femme qui rêve et pleure, avec de longues anglaises défrisées, lesquelles semblent pleurer comme elle.
Il partagea l’ivresse d’un temps qui avait goûté et qui but à longs traits à la double source des littératures retrouvées et des mythologies de l’Antiquité, et littérairement, oui !
Eh bien, cette dernière affection d’une mère, qui ne lui manqua jamais et qui lui survécut, ne l’arrêta point dans la consommation de ce long suicide par l’alcool qu’il accomplit sur sa personne.
Pindare, après une longue vie de triomphes, entre les fêtes sacrées et les jeux guerriers de la Grèce, s’éteignit, sans rival dans son art.
La Rochefoucauld, dans une page célèbre, la plus longue qu’il ait écrite, le prétend et m’a bien l’air de le prouver. […] CLXXXVI Tout individu, à côté de l’époque dont il est contemporain, et en tant qu’il s’en détache pour la considérer, me fait l’effet d’être sur un petit rivage le long d’un grand fleuve. […] Ce ne fut pas plus long que cela. — Notez qu’ayant affaire à tout homme de mérite et qui se serait présenté autrement, K…, après l’observation faite, aurait tâché de le contenter. […] C’est ainsi que dans le numéro du 19 août 1830, vingt jours après la révolution, nous insérâmes dans Le Globe une pièce de vers de Victor Hugo ; et dans les volumes de Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, l’auteur a cru devoir citer tout au long l’article du journal qui venait à propos en aide au poète et garantissait le libéralisme de ses sentiments auprès des générations modernes. […] D. : — Un homme qui, depuis cinquante ans, professe, disserte, expose, rapporte à satiété, inonde toutes les chaires et les tribunes, colporte dès le matin ses répétitions de lectures à domicile ; toujours affairé, toujours ruisselant, ou du moins exsudant en tout temps, en toute saison, une légère moiteur oratoire ; également prêt sur tout sujet, un robinet toujours ouvert, usé, sempiternel et monotone ; coulant et collant ; d’une opiniâtre fadeur, soit qu’il approuve et qu’il loue, soit qu’il regimbe et se lamente ; qui parle de tout, se raccroche à tout, généralise et banalise à propos de tout sans savoir une seule chose vraiment bien et la posséder à fond ; — sans poids réel, sans autorité de ton ou de figure ; une mine de vieux, jeune homme à longs cheveux gris, un vieux cadet qui n’a jamais été un maître. — “Est-il possible, me disait un jour M.
Mais cette langue-là n’est pas à l’usage de la jeunesse ; elle demande, avec une rare justesse d’esprit et un sincère amour de la vérité et des hommes, de longs efforts, le commerce du monde, et un art qui sait effacer sa trace. […] Pour dernier exemple, supposez d’un côté un écrivain qui en deux ou trois coups de crayon trace une analyse de l’intelligence agréable et simple mais sans profondeur, et de l’autre un philosophe qui s’engage dans un long travail pour arriver à la décomposition la plus rigoureuse de la faculté de connaître, et vous déroule une longue chaîne de principes et de conséquences, lisez le Traité des sensations et la Critique de la raison pure, et, même à part le vrai et le faux, au seul point de vue du beau, comparez vos impressions. […] Même en mathématiques, ce qui est beau ce n’est pas un principe abstrait, c’est ce principe traînant avec soi toute une longue chaîne de conséquences. […] Que ces deux jeunes vierges, un peu longues peut-être, sont belles et pures ! […] Il suppose, avec une longue expérience de la vie, un coup d’œil sûr, capable de discerner, toutes les conséquences des actions, une tête assez forte et assez vaste pour embrasser et peser leurs chances diverses.
Il atteint son sommet dans le long monologue où Boris repasse toutes ses pensées et où les cris de terreur, à l’idée du juge d’en haut, alternent sans violence avec des inflexions de tendresse paternelle, d’une émotion et d’une suavité indicibles. […] En 1884, après une longue disparition, elle fut reprise. […] Il a vécu une très longue vie, et c’est ainsi qu’après avoir traversé l’époque de sa propre génération avec laquelle il s’entendait, du moins quant aux fondements et aux normes du style musical, il en a traversé deux autres, qui avaient pris des directions bien différentes et hostiles, on peut le dire, à ses principes : l’époque wagnérienne française et l’époque impressionniste, dominée par Debussy. […] Pendant ce long intervalle, j’ai connu et aimé de nobles musiques anciennes, et particulièrement des musiques de la vieille France, Rameau, Grétry, les maîtres du XVIIIe siècle, trop longtemps négligés, puis ramenés à la lumière par de pieux soins. […] Voici de longues années que Mme Lekeu a rejoint cet enfant adoré, qui fut, lui aussi, un enfant sublime.
Cette Lanza leggiéra piota molt che dipel maculato cra caperta, comme dit le Dante au long nez pendant. […] J’ai fait une longue conversation avec le prince Ouroussoff ; tout à coup le prince me dit : Voici les Ganz. — Tu te rappelles que j’ai donné le nom de Ganz aux deux princes allemands. […] Est-ce que je sais ce que vous êtes ; vous avez l’air d’un honnête homme, vous ne l’êtes peut-être pas… C’est long, un mariage, ça dure longtemps… Je ne crois pas à votre amour, qui est peut-être vrai… Je voudrais m’en assurer… Comprenez-vous, il faudrait attendre. […] — C’est trop long. […] Nous allons d’abord liquider les rengaines, si vous voulez, ce sera un peu long car vous m’en comblez, savez-vous ?
Une petite épée ornée d’un nœud de rubans et d’une dragonne, parce que j’étais colonel à 18 ans, m’eût battu dans les jambes, et j’aurais caché mes mains ornées de manchettes de longues dentelles dans un gros manchon de renard bleu. […] À présent que je me suis expliqué fort au long, il me semble que je puis dire avec l’espoir d’être compris de tout le monde et l’assurance de n’être pas travesti même par le célèbre M. […] En attendant, et je crois que j’attendrai long temps, recevez l’assurance des sentiments les plus distingués, etc., etc. […] » Ici il s’interrompt pour observer avec sa longue vue une frégate à pavillon blanc qui s’éloigne.
Et, en la mémoire vague de mes yeux, je revoyais sur un long corps, une figure maigre, au grand nez décharné, aux étroits petits favoris en côtelettes, aux vifs et spirituels yeux noirs : les pruneaux de M. de Goncourt, ainsi qu’on les appelait ; aux cheveux coupés en brosse, et où les sept coups de sabre, que le jeune lieutenant recevait au combat de Pordenone, avaient laissé comme des sillons, sous des épis révoltés : — une figure, où à travers le tiraillement et la fatigue de traits, jeunes encore, survivait la batailleuse énergie de ces physionomies guerrières, jetées dans une brutale esquisse, par la brosse du peintre Gros, sur une toile au fond non recouvert. […] — Oh non, monsieur, la récréation me paraîtrait moins longue ! […] Et il arrive qu’après la lecture, Koning l’emmène, et demeure, un long temps, j’en suis persuadé, à la frictionner moralement. […] Il aurait trouvé beaucoup de belles choses à Saint-Pétersbourg, où il a été ambassadeur pendant de longues années, avant d’être envoyé en France.
L’on comprendra mieux ce qu’alors coûtait à l’homme le plaisir particulier de la lecture, d’autant plus que les moindres des manuscrits réclamaient la peine persévérante de plusieurs frères pendant des semaines, de longs mois et même des années. […] Ils étaient sériés et confiés à des spécialistes qu’une longue pratique avait rendu experts. […] Des professionnels laïques les secondaient, mais le livre est chose longue à faire et la meilleure foi du monde n’y suffit pas toujours. […] Il est le rédacteur en chef des Pages modernes où il consacre un long article à Ryner, repris ensuite en plaquette : « La résurrection du stoïcisme.
Je ne sais si cette manière d’essayer des stradivarius en les brisant et en les rajustant est tout à fait conforme aux règles du métier ; un luthier en sait là-dessus plus long que moi ; c’est dans tous les cas une belle fable à l’Amphion.
Je pourrais vous en dire long un jour là-dessus. » — Et je le quittai en lui touchant la main.
Celui-ci insiste pour que, dans le cahier, on couche par écrit et tout au long ses griefs locaux et personnels, sa réclamation contre les impôts et redevances, sa requête pour délivrer ses chiens du billot, sa volonté d’avoir un fusil contre les loups796.
Il condamnait la rime d’un a long avec un a bref.
Aurais-tu besoin que j’écrivisse la démonstration tout au long ?
L’Armature est longue, mais surtout elle est compliquée.
La Jérusalem délivrée, le Parais perdu, la Henriade, fatiguent, dégoûtent même dans une longue lecture par la monotonie de la versification.
Il y a six vingt ans que les chants qui se composoient en France, n’étoient, géneralement parlant, qu’une suite de notes longues, et ce que les musiciens appellent quelquefois du gros fa.
L’amour-propre est le sentiment auquel nous tenons le plus, et que nous sommes le plus empressés à satisfaire ; le plaisir qu’il nous fait éprouver n’est pas, comme beaucoup d’autres, l’effet d’une impression subite et violente, mais il est plus continu, plus uniforme et plus durable, et se laisse goûter à plus longs traits.
Le récit de la sœur, est ce qu’il y a de moins long, en ce livre ; de moins ému, de moins inspiré et, disons-le, de moins beau et de moins céleste dans l’ordre de l’émotion sacrée et de la foi.
C’est, en effet, un frappant contraste avec la manière de Sismondi que le dernier volume de cette longue histoire.
Nous avons bien des histoires de France, dues à des plumes de notre temps plus ou moins habiles, et dans lesquelles le xviiie siècle est traversé et jugé, en passant, comme les autres siècles qui forment la longue vie de la monarchie et de la société françaises.
Mais notre campagnard relevant sa moustache Et son feutre, à longs poils, ombragé d’un panache, Mais on n’en était pas très sûr.
Paulin et Littré, menacent d’être longues, ils ne trouveront ni dans l’écrivain ni dans l’homme l’ascendant d’un dominateur.
… N’est-ce pas plutôt un long article de journal, ou peut-être une mosaïque d’articles déjà publiés ?
» Benjamin Constant s’est bien mis à genoux devant Madame Récamier, mais il ne s’en est relevé… que pour prendre la fuite, et elle a vécu tranquillement toute sa vie qui a été longue.
Il nous est impossible d’aller plus loin… À notre sens, Champfleury tire de son travail en l’honneur d’Hoffmann des conclusions entièrement contraires à la vérité de cet homme, qui a été exagéré comme tout ce qui nous est venu de l’Allemagne depuis de longues années, et qui passera, quoiqu’il soit un conteur et un fantastique, tout autant que s’il était un philosophe.
C’est un ricaneur perpétuel qui fait joujou des plus grosses questions, s’imaginant les rouler avec la plus gracieuse facilité du bout de l’ongle long qu’il porte au petit doigt, Clitandre de la philosophie !
Telle est, sauf les développements, qui sont très lumineux et dont on ne peut donner ici la longue chaîne logique, la grande démonstration faite par M.
Tous deux concentrent en un bloc puissant la réflexion qui a pris toute leur vie, et leur vie a été longue !
Aussi se demande-t-il, en vrai psychologue et en observateur profond, ce que dut gagner l’esprit de Bossuet dans ces longues heures passées au chœur, dans les loisirs vigilants de la Contemplation et de la Prière ; et il se répond comme se répondrait Sainte-Beuve, le grand critique des influences : qu’il y apprenait la mélancolie.
Une de ces rallonges, et même la plus longue, est M.
et tout est fresque de cette beauté dans cette longue description, dans cette empreinte levée si ardemment de l’Espagne du xvie siècle… L’évocateur de cette Espagne perdue et retrouvée ajoute encore, quelques pages plus bas : « Les danseuses d’Andalousie n’avaient point dégénéré depuis le temps de Martial et de Pline où elles emplissaient de leur folie lascive les festins consulaires et les voies impures de Suburra.
Elle est trop longue pour être citée tout entière, mais elle a toutes ses strophes dans ce goût, ce mouvement et ce rythme charmant : J’appris à chanter en allant à l’école, Les enfants joyeux aiment tant les chansons !
Mais, dans le roman je vois trop mademoiselle Plessy dans le rôle de la marquise de Penarvan ; j’entends trop la voix de Samson dans la voix de l’abbé Pyrmil, caricature longue, dont l’habile acteur fera une caricature courte.
Voici l’historique anatomique et physiologique des glandes salivaires, qui, bien que nous l’ayons abrégé autant que possible, est encore assez long. […] C’est le long conduit qui, chez le chien, sort de la glande sublinguale, et va, à ce qu’il croyait, se jeter dans le conduit de Wharton. […] La réduction en fut très longue et très difficile, à cause des efforts constants que l’animal faisait en se débattant. […] Par l’obstacle au retour du sang veineux, ces organes deviennent rapidement turgides et violacés, et la recherche du conduit pancréatique fut par cela seul rendue plus longue et plus difficile. […] La sécrétion du pancréas peut présenter les caractères que nous venons d’indiquer pendant un temps plus ou moins long.
Ce n’est pas long ! […] Telle nouvelle à la main vaut, par le tour, nos vieux contes, et affirme bien mieux un écrivain que tel article de Revue si long et si vanté. […] Voilà de longues années que l’Allemagne nous enseigne vainement le culte des grands poètes. […] L’auteur nous laisse sur cette pensée que jamais le drame de l’amour, même de l’amour physique, ne sortira de cette longue exposition. […] Et que fîtes-vous, plume volage, le temps de cette longue absence ?
Manquant de place, et déjà bien long, je ne puis plus que juger en gros et brièvement, et conclure ensuite. […] Il s’est aussi reposé en Dieu, après de longues fatigues, et encore en l’amitié d’un poète dont il cache le nom sous des initiales, mais que l’on devine à la chaleur de son admiration : c’est M. […] Il n’y a guère d’exemples, dans les poètes, tant anciens que modernes, d’une verve si nourrie, et d’une tenue si longue. […] Pourquoi, quand l’amant donne un baiser de flamme, un baiser long (style de conte), pourquoi semblent-elles si désappointées de ne pas l’avoir reçu sur leurs lèvres ? […] Il me reste, monsieur et ami, à vous remercier d’avoir ouvert si obligeamment à mes longues complaintes le recueil que vous dirigez dans un noble esprit de libéralisme littéraire.
On pourrait donc altérer arbitrairement la division que nous avons adoptée d’après le texte anglais ; peut-être, d’après cette observation de Johnson, Letourneur s’était-il cru autorisé à renvoyer deux ou trois scènes à la fin, comme oiseuses ou trop longues ; nous les avons scrupuleusement rétablies. […] — Vraiment, dit la première d’entre elles, nous te promettons de plus grands biens qu’à lui, car il régnera en effet, mais avec une fin malheureuse, et il ne laissera aucune postérité pour lui succéder ; tandis qu’au contraire toi, à la vérité, ne régneras pas du tout, mais de toi sortiront ceux qui gouverneront l’Écosse par une longue suite de postérité non interrompue. » Aussitôt elles disparurent. […] Macbeth en fut informé, « car les rois, dit la chronique, ont des yeux aussi perçants que le lynx et des oreilles aussi longues que Midas », et Macbeth tenait chez tous les nobles de son royaume des espions à ses gages. […] C’était « une robe (a gowne, probablement un long manteau) de satin bleu remplie de petits trous en façon d’œillets, et à chaque trou pendait à un fil de soie l’aiguille avec laquelle il avait été cousu ». […] Quant aux discours un peu longs, il les a plus ou moins retouchés, et la plupart même lui appartiennent entièrement, comme ceux de Henri en faveur de Glocester, ceux de Marguerite à son mari, une grande partie de la défense de Glocester, des monologues d’York, et presque tout le rôle du jeune Clifford.
Cette nation, si fière de ses prérogatives, parut n’ambitionner rien tant que de se maintenir dans cette longue possession, où elle prétend être du sceptre philosophique. […] Un membre de l’académie royale des belles-lettres de Nancy, dans un discours long & raisonné, donna encore l’apologie des sciences. […] La maison devoit avoir de grandes salles pour les leçons publiques ; des logemens commodes pour les professeurs ; une cour de dix-huit toises de long & de douze de large, ornée d’une fontaine ; un vaisseau de toute la longueur du bâtiment, pour y placer la bibliothèque royale. […] On lui dessina une espèce de froc, joint à un long capuce en pointe. […] Elle fit taire sur le champ le général des cordeliers, qui ne cessoit de bavarder sur cette longue barbe & ce capuchon pointu.
Mais un si long progrès ne se résume pas en quelques pages, aussi vais-je me borner à élucider la notion même de poésie pure. […] Mieux encore qu’un long et beau contresens, son article est la réaction spontanée, massive, invincible de tout son être ; l’arrêt brusque et plein d’horreur sur le seuil d’un monde qui n’est pas le sien et dont il ne veut à aucun prix. […] (je mets entre crochets les phrases contestables qu’il serait trop long de discuter.) […] Ainsi, dans ces ordres, ou infime, ou sublime, « il n’y a pas eu inspiration… » mais la résultante d’une longue opération de l’esprit. […] Pour moi, j’ai pris — et, justement au cours d’une longue conversation avec Paul Valéry — la résolution énergique de ne plus jamais employer ce mot de « primaires », et de travailler à le proscrire.
Nul n’osera dire qu’on peut tout supporter dans ce monde, nul n’osera se confier assez dans ses forces pour en répondre ; il est bien peu d’êtres doués de quelques facultés supérieures, que le désespoir n’ait atteint plus d’une fois, et la vie ne semble souvent qu’un long naufrage, dont les débris sont l’amitié, la gloire et l’amour. […] Un professeur Suédois, nommé Robeck, a écrit un long ouvrage sur le Suicide, et s’est tué après l’avoir composé ; il dit dans ce livre qu’il faut encourager le mépris de la vie jusqu’à l’homicide de soi-même. […] Il est certain que le bonheur, dans l’acception que lui donnent les passions, que les jouissances de l’amour-propre du moins n’existent guère plus pour les vieillards, mais il en est qui par le développement de la dignité morale, semblent nous annoncer l’approche d’une autre vie comme dans les longs jours du nord le crépuscule du soir se confond avec l’aurore du matin suivant.
Ces concerts innotés des éléments sont en général précédés d’un long et complet silence, comme pour faire faire en même temps silence dans les sens et dans les pensées de l’homme. […] Il serait trop long de vous écrire tout ce qui s’est dit et fait. […] » XIII L’indignation d’avoir échoué, la honte de reparaître à Salzbourg sans avoir cueilli cette palme de l’art à Vienne, le désir de faire respirer à l’enfant l’atmosphère musicale de l’Italie, cette terre du chant, quelques secours de l’empereur pour soutenir la famille errante dans ce long voyage, font franchir les Alpes aux deux Mozart.
Je fis jouer mes pièces de canon sans relâche pendant un mois entier que nous fûmes assiégés, et il m’arriva des choses dignes d’être racontées ; mais j’en laisserai une partie pour n’être pas long, et ne pas trop m’éloigner de mon sujet principal. » IX Le pape, ébloui de ses services, vint plusieurs fois le visiter à son poste. […] J’y tenais cinq compagnons excellents, et ma boutique était brillante d’or, d’argent et de riches pierreries : j’avais un superbe chien à poil long, que le duc Alexandre m’avait donné, et qui, outre qu’il était bon chasseur, était d’une garde sûre pour ma maison. […] « Le seul malaise que j’éprouvasse venait de mes ongles, qui étaient devenus si longs que je ne pouvais ni me vêtir ni me toucher sans me blesser.
« On ne peut refuser non plus de tenir compte de cette longue suite de temps et d’années, où, certes, un tel système, s’il était bon, ne serait pas resté inconnu. […] Dès qu’un citoyen semblait s’élever au-dessus de tous les autres par sa richesse, par la foule de ses partisans, ou par tout autre avantage politique, l’ostracisme venait le frapper d’un exil plus ou moins long. […] Nous qui, dans une vie déjà longue, avons pu compter dix à douze révolutions d’empires, et qui avons même attaché involontairement notre nom à la dernière de ces convulsions sociales pour la modérer en la conseillant, il nous est impossible de ne pas nous élever à la plus haute admiration en lisant ce beau livre.
Long travail substantiel, historique, critique et philosophique. […] Le mérite de l’auteur n’est pas moindre dans la suite, au long de l’œuvre, et sa version française, d’une précision si animée et d’une si exacte élégance, devrait servir de modèle à tous ceux qui entreprennent de traduire les ouvrages des écrivains étrangers. […] 3° Dans un long post-scriptum, M. de Wolzogen réfute quelques-unes des affirmations de M. de Letamendi.
Arrivé au ruisseau après une longue course, l’animal voit comme par derrière une série idéale d’impressions de plus en plus affaiblies, indistinctes et incomplètes, répondant à sa course ; la perception du ruisseau est en pleine actualité et complète ; d’autre part, une seconde série idéale s’ouvre en avant, dont le premier terme, l’appétit de boire, monte en intensité au lieu de décroître. […] Avec des intervalles de temps plus longs encore, nous nous réglons sur nos expirations et nos inspirations. […] Il est bien vrai qu’il reste dans mon imagination un cadre en apparence vide, une sorte de longue allée déserte, le long de laquelle je conçois que tout va se ranger ; mais c’est là encore le dernier résidu de l’intuition sensible : regardez-y de près, vous y découvrirez une conscience vague de sensations, d’appétitions, de vie et surtout de mouvement.
Enfin, dans cette vie active, occupée, en plein bruit poétique, elle n’avait qu’une seule crainte, c’était d’être prise, à la fin de ses jours, par une de ces longues agonies qui font de votre cœur un lambeau, et de la femme la plus charmante un lugubre objet de pitié et de dégoût. […] À quelques pas plus loin, un poulain familier Frotte son poil bourru le long d’un vieux pailler, Et des chèvres, debout contre une claire-voie, Montrent leurs front cornus et leur barbe de soie. […] Afin que leur joie eût un long souvenir dans l’âme des pauvres gens, le roi et la reine avaient constitué une pension de douze cents livres sur la tête de chaque enfant, venu au monde le même jour que la princesse royale, et cette pension de douze cents livres, qui avait été la fortune de son enfance et de sa jeunesse, mademoiselle Mars l’a touchée jusqu’à la fin de ses jours.
N’y est-il pas sacrifié souvent au tour et à la périphrase, ce brut mot à mot qui n’en va pas chercher si long et qui nous en dit tout de suite bien plus ? […] Dans le long pèlerinage que nous avons à faire avec lui dans les œuvres de Shakespeare, nous aurons bien à revenir sur les beautés que contiennent les pièces publiées dans ce volume-ci. […] Lorsque à la fin du drame de Shakespeare, dont les acteurs sont des armées et qui finit par le mariage de Henri d’Angleterre et de Catherine de France, le poète nous fait assister à cette longue scène d’amour, une des plus touchantes et en même temps une des plus piquantes qu’il ait écrites, n’est-ce pas Hai, notre ancien Hai, que j’entends, quand il se vante à sa maîtresse, avec tant de rondeur, de verve et de bonhomie, d’être, sinon « le compagnon des meilleurs rois, au moins le roi des bons compagnons » !
La volonté motrice de cet enchaînement de crimes n’est autre, au dix-septième comme au seizième siècle, que celle de l’Église, de ce clergé de France, tout plein du ressentiment d’avoir été contenu depuis Richelieu, inquiet de cette longue trêve durant laquelle les protestants s’étaient accrus en nombre et en valeur, avide de voir s’ouvrir à nouveau l’ère des massacres. […] À ce moment, dans toutes les provinces, le haut et bas clergé se servirent des dragons pour assouvir leur longue rancune contre ces « hérétiques » insolents qui avaient l’audace de se montrer honnêtes, loyaux, intelligents et austères, sans pour cela fréquenter les « sacrements. » « Dans plusieurs bourgades, dit encore le même auteur, les curés suivaient les dragons dans les rues en criant : « Courage, messieurs ; c’est l’intention du roi que ces chiens de huguenots soient pillés et saccagés. » S’agit-il de la part effective que prit Bossuet aux persécutions de toutes sortes dirigées contre les protestants ? […] Pour une Saint-Barthélemy, vous avez la longue, l’immense révolution religieuse qu’on appelle Révocation de l’édit de Nantes, cette cruelle comédie de la conversion forcée, puis la tragédie inouïe d’une proscription organisée par tous les moyens bureaucratiques et militaires d’un gouvernement moderne !
Il serait trop long de suivre Vico dans les applications ingénieuses qu’il a faites de ses principes. […] Un de ses enfants fut atteint d’une maladie longue et cruelle. […] Les principaux sont Muzio Gaëta, archevêque de Bari ; un prédicateur célèbre, Michelangelo, capucin ; Nicoló Concina, de l’ordre des Prêcheurs, professeur de philosophie et de droit naturel, à Padoue, qui enseignait plusieurs parties de la doctrine de Vico ; Tommaso Marin Alfani, du même ordre, qui assure avoir été comme ressuscité après une longue maladie, par la lecture d’un nouvel ouvrage de Vico ; le duc de Laurenzano, auteur d’un ouvrage sur le bon usage des passions humaines ; enfin l’abbé Antonio Conti, noble vénitien, auteur d’une tragédie de César, et qui était lié avec Leibnitz et Newton.
Villemain, dans le domaine infini de sa connaissance littéraire, mena à sa suite et à côté de lui cette rapide jeunesse, ouvrant pour elle dans la belle forêt trois ou quatre longues perspectives, là même où les routes royales des grands siècles manquaient ; mais ces perspectives, si heureusement ouvertes par lui et qui suffisent à marquer son glorieux passage, se refermeraient derrière, si de nouveaux venus ne travaillaient à les tenir libres, à les limiter et à les paver pour ainsi dire : c’est l’heure maintenant de ne plus traverser la forêt, comme Élisabeth à Windsor, comme François Ier en chasse brillante dans celle de Fontainebleau, mais de s’y établir en ingénieurs, hélas ! […] On nous a rappelé qu’il avait été absent de Paris six ans consécutifs et non pas dix ; qu’après un voyage dans le Midi en 1811, il était revenu à Paris en 1812, avait publié dans le courant de cette année son Éloge de Montaigne, et n’était reparti pour son long séjour en province qu’en 1815.
Tête nue, ou tout au plus couverte d’un chapeau de paille qu’elle jetait volontiers, cheveux toujours blonds, séparés et pendant sur les épaules, avec une boucle quelquefois qu’elle ramenait et rattachait au milieu du front, en robe sombre, à taille longue, élégante encore par la manière dont elle la portait, et nouée d’un simple cordon, telle à cette époque on la voyait, telle, dans cette plaine, elle arriva dès l’aurore, telle debout, au moment de la prière, elle parut comme un Pierre l’Ermite au front des troupes prosternées. […] On rapporte (et c’était déjà dans ces années de conversion) qu’un homme distingué qui venait souvent chez elle, épris des charmes de sa fille qui lui ressemblait avec jeunesse, s’ouvrit et parla à la mère, un jour, de l’émotion qu’il découvrait en lui depuis quelque temps, des espérances qu’il n’osait former ; et Mme de Krüdner, à ce discours assez long et assez embarrassé, avait tantôt répondu oui et tantôt gardé le silence ; mais tout d’un coup, à la fin, quand le nom de sa fille fut prononcé, elle s’évanouit : elle avait cru qu’il s’était agi d’elle-même. — Au reste, pour bien entendre, selon la mesure qui convient, ce reste de facilité romanesque chez Mme de Krüdner au début de sa conversion, et aussi la décence toujours conservée au milieu de ses inconséquences du monde, il faut ne pas oublier ce mélange particulier en elle de la légèreté et de la pureté livonienne qui explique tout.
La lumière qu’ils ont autrefois répandue dans le Nord leur revient du Nord comme un reflet répercuté de leur propre et primitive splendeur ; de longues servitudes n’ont fait que les affamer de plus d’indépendance de sol et de liberté d’esprit : c’est une grande race dans de petits peuples, mais ces petits peuples forment de nouveau une grande race. […] Si vous avez besoin d’une épée en attendant que la vôtre ait repris la trempe de vos temps héroïques, l’épée de la France est plus longue que celle de la maison de Savoie.
Le roman romantique avait été préparé de longue date. […] Il ne se perd pas en longues analyses : il se place entre Balzac et Stendhal : comme le premier, il indique le dedans par le dehors, mais il indique avec précision des états de conscience perceptibles seulement au second.
Vraiment on lui prête une âme trop basse, des rancunes trop viles, trop féroces et trop longues. […] Taine « arrive à cet extraordinaire paradoxe d’écrire, sur Napoléon, de longues pages, sans qu’il soit fait même une allusion à son génie militaire ?
Les retraites jalouses où Lamennais se dérobe, même à ses amis, pendant de longs mois passés dans des méditations opiniâtres, ne me persuadent pas qu’il est un penseur. […] S’il s’y trouve des paroles d’admiration passionnée pour les hommes, grands entre tous, auxquels la Providence confère la tutelle des sociétés que leurs fautes et celles de leurs gouvernements ont menées aux abîmes, toute la partie politique du livre n’est qu’un long enseignement des moyens de ne pas rendre cette tutelle nécessaire.
Ses citations en sont une preuve : comparez les citations si fines, si éclairantes de Sainte-Beuve, les plus longues ont une demi-page à peine ; elles vous expliquent tout un auteur et une époque. […] Mais, chez beaucoup, cette manie des longues descriptions vient soit d’une impuissance à sentir, soit d’une ignorance de la langue.
Leur cœur de fièvre ne leur permet pas un long repos. […] J’ai peur qu’on me trouve long.
Selon le docteur Luys, qui s’est trop contenté de cette explication, la mémoire serait une sorte de phosphorescence cérébrale, analogue à la propriété qu’ont les vibrations lumineuses de pouvoir être emmagasinées sur une feuille de papier et de persister ainsi, à l’état de vibrations silencieuses, pendant un temps plus ou moins long, pour reparaître à l’appel d’une substance révélatrice. […] A la longue, je sens un afflux plus grand du sang dans la gencive, et même des battements.
A la longue, les actes destinés à satisfaire l’appétit sont devenus plus complexes, et en même temps habituels. […] Dans la collection je prends la raison la plus vraisemblable et, si l’on est surpris de me rencontrer, je réponds avec la plus grande sincérité : « On étouffait dans la maison ; j’ai voulu voir mes roses. » Encore bien moins l’hypnotisée sait-elle d’où lui vient l’idée d’aller trouver son docteur tel jour à telle heure précise ; cependant, en vertu d’une suggestion à longue échéance, elle y va et elle découvre à cette démarche les raisons les plus plausibles : — Il y a longtemps que je ne vous ai vu ; j’ai voulu vous demander de vos nouvelles, vous donner des miennes, vous consulter. — La suggestion hynoptique ne peut exciter à un acte sans susciter la tendance à expliquer cet acte par des raisons ; l’initiative du sujet trouve ensuite telles raisons déterminées.
Comme il serait trop long de les analyser, et que d’ailleurs cela intéresserait fort peu le lecteur, je me contenterai de vous prouver, par quelques raisonnements généraux, combien vous connaissez peu le théâtre. […] Je n’entrerai pas dans de plus longs détails à ce sujet.
Comme ils ont affaire à des peuples dont le génie s’est manifesté sur un théâtre plus ou moins vaste et à travers une durée plus ou moins longue, ils sont moins exposés à se tromper sur l’existence et la nature de caractères psychologiques qui se sont produits au grand jour de l’histoire. […] « Dans cet état, dit Jouffroy, dont le caractère est la beauté, les capacités sont tellement rompues à l’obéissance par l’effet d’une longue et sévère discipline, qu’elles plient sans résistance à tous les ordres de la volonté, et jouent sous sa main avec la même facilité que les touches d’un instrument sous les doigts d’un musicien habile.
Elle a les amitiés longues, sûres, fidèles.
La belle journée de récompense et d’honneur pour le général Friant fut à Witebsk, dans cette pause utile qu’y fit l’empereur en août 1812, et qui, par malheur, ne fut pas un temps d’arrêt assez long.
En ces longs jours de juin, ne l’oublions pas, la nuit ne commence que vers neuf heures, et l’on avait toute latitude pour opérer.
Le mal conduit au mal et punit son auteur ; Ajoute à cette horrible et longue inquiétude D’un avenir cruel l’affreuse incertitude.
Aristarque pour les poëmes homériques, Tieck pour Shakspeare, ont été, dans l’antiquité et de nos jours, des modèles de cette sagacité érudite appliquée de longue main aux chefs-d’œuvre de la poésie : vestigia semper adora !
C’est à Riom qu’il s’arrête d’abord, c’est là qu’à propos d’une beauté, merveille de cette ville et de la province, il se fait au long raconter par une personne de qualité du pays tout un petit roman des amours de cette belle45, lequel ne tient pas moins de trente pages, et qui pourrait être vraiment de madame de La Fayette elle-même.
Les lettres confidentielles et admiratives de Ginguené, de Garat et de Maury, qui roulent sur cette grande affaire, et que cite au long le biographe, restent curieuses et montrent à quel point les jugements venus de près, de la part même de ceux qui semblent le plus compétents, sont sujets à illusion.
Milton, vieux, aveugle et sans gloire, se faisant lire Homère ou la Bible par la douce voix de ses filles, ne se croyait pas seul, et conversait de longues heures avec les antiques génies.
Si La Fayette eût attaqué franchement le club des jacobins, il n’eût pas éprouvé plus de résistance que ces jeunes gens exaltés, et il eût épargné au monde une longue suite d’horreurs. » Jusqu’à présent, on s’imaginait en France connaître passablement l’Assemblée constituante, l’esprit qui l’avait animée, et les partis divers qui s’y étaient combattus.
Il serait bien long et bien fastidieux de rétablir ici dans leurs termes nos propres idées si souvent exposées et pourtant si mal comprises ; il est à la fois plus simple et plus utile d’attaquer à notre tour la question traitée pat M.
Le siècle va vite ; il se hâte ; je ne sais s’il arrivera bientôt à l’une de ces vallées immenses, à l’un de ces plateaux dominants, où la société s’assoit et s’installe pour une longue halte ; je ne sais même si jamais la société s’assoit, se pose réellement, et si toutes les stations que nous croyons découvrir dans le passé de l’histoire, ne sont pas des effets plus ou moins illusoires de la perspective, de pures apparences qui se construisent ainsi et jouent à nos yeux dans le lointain.
de la simplicité, de la piété, de l’humilité : « Je me jure à moi-même de prendre désormais les règles suivantes pour règles éternelles de ma vie ; « Faire tous les matins ma prière à Dieu, réservoir de toute force et de toute justice, à mon père, à Mariette et à Poë comme intercesseurs : les prier de me communiquer la force nécessaire pour accomplir tous mes devoirs, et d’octroyer à ma mère une vie assez longue pour jouir de ma transformation ; travailler toute la journée, ou du moins tant que mes forces me le permettront ; me fier à Dieu, c’est-à-dire à la justice même, pour la réussite de mes projets ; faire, tous les soirs, une nouvelle prière, pour demander à Dieu la vie et la force pour ma mère et pour moi ; faire, de tout ce que je gagnerai, quatre parts : une pour la vie courante, une pour mes créanciers, une pour mes amis, et une pour ma mère ; obéir aux principes de la plus stricte sobriété, dont le premier est la suppression de tous les excitants, quels qu’ils soient. » Plus je me rapproche de l’homme et plus je reviens de mes préventions contre l’artiste.
Cette troupe demeura à Paris pendant trois années : long espace de temps, car les troupes italiennes avaient le caractère essentiellement ambulatoire.
C’est dire qu’il arrive, par un plus long détour, à peu près à la même conclusion que l’individualisme stirnérien : à un pyrrhonisme sentimental comme à un pyrrhonisme intellectuel, à un isolement misanthropique et antisocial dont les motifs, l’expression et le degré d’âpreté varient avec les différents individus, suivant que leur sensibilité était plus ou moins vive et a été plus ou moins douloureusement éprouvée au contact des réalités sociales.
Il se servait d’une mule, monture en Orient si bonne et si sûre, et dont le grand œil noir, ombragé de longs cils, a beaucoup de douceur.
Jean, qui justement nous a conservé l’incident de la synagogue de Capharnahum, ne parle pas d’un tel acte, quoiqu’il raconte la dernière Cène fort au long.
La fermeté tranchante du duc de Montausier pouvait n’être pas déplacée dans un homme de sa profession et surtout de son caractère ; mais la longue expérience de Bossuet et sa profonde connaissance du cœur humain lui avaient appris que la douceur, la patience et les exhortations évangéliques sont les véritables armes a un évêque pour combattre les passions et qu’elles servent plus souvent à en triompher que ces décisions brusques et absolues qui obtiennent rarement un si heureux succès.
Blasés par l’habitude héréditaire de longs siècles sur les alternatives régulières qui flétrissent et renouvellent la nature, nous pouvons à peine comprendre les sensations d’une race encore neuve, à la vue des phénomènes que ramène le cours des saisons.
On est long à venir ouvrir ; à la fin, un domestique apparaît et nous conduit à un petit atelier dans le jardin, éclairé par le haut et tout souriant.
La portion du public qui veut bien suivre ses travaux avec quelque intérêt a lu peut-être le livre intitulé le Rhin, et sait par conséquent que ce voyage d’un passant obscur ne fut autre chose qu’une longue et fantasque promenade d’antiquaire et de rêveur.
L’étape ne se fournit point, les conséquences sont longues à venir, une génération est en retard, la besogne du siècle languit.
Ils ont ensemble de longues conversations ; ils suivent la marche de la tragédie.
vous avez oublié, Dans cette longue kirielle, De placer le mot d’amitié.
Jules Falret qui dans la médecine mentale soutient dignement le nom paternel, que les lésions les plus légères des membranes ou de la surface du cerveau sont accompagnées des troubles les plus marqués des fonctions intellectuelles, motrices et sensitives, tandis que les lésions les plus considérables peuvent exister pendant de longues années dans l’encéphale sans déterminer de perturbation notable des fonctions cérébrales, quelquefois même sans donner lieu à aucun symptôme appréciable… Comment comprendre en outre l’intermittence fréquente des symptômes coïncidant avec la constance des lésions34 ?
Ce livre est même plus gros, plus long, plus lourd, et à plus grandes prétentions que le premier, Mme Gustave Haller n’est plus une jolie femme, qui a voulu changer de succès et qui a jeté, avec une grâce impertinente, au nez du public, un petit livre auquel elle ne pense déjà plus.
Si je n’avais vu que le talent dans Mme de Chandeneux, je ne lui aurais peut-être pas consacré un si long chapitre.
Par sa constitution donc comme par ses victoires, l’Armée se préparait de longue main à reprendre le rang et l’autorité qu’elle doit avoir dans un pays comme la France.
Byron, l’homme des longues galeries solitaires et qui a salé sa poésie de tout le sel de l’Océan.
— s’écrie-t-il quelque part, — cela est long, cela est rare, cela cause un plaisir extrême !
Ernest Hello, à chacune de ses publications, a été signalé et salué par moi comme un de ces esprits qui, dans un temps donné, — hélas, toujours trop long !
Quoi qu’il en soit, après Fénelon, contre lequel le cœur lui a manqué un peu, Lerminier retrouve toute l’indépendance de sa pensée ; et, suivant l’erreur qui tombe, d’esprit en esprit, toujours plus bas et toujours plus large, de Fénelon en Montesquieu, de Montesquieu en Mably, de Mably en Barthélemy, de Barthélemy en Saint-Just et en Robespierre, et de ces derniers en toute cette plèbe de démocrates timbrés encore de République, il dresse admirablement le compte de cette longue lignée d’adorateurs de la Grèce, qui l’aiment, il est vrai, à la manière grecque, avec un bandeau sur les yeux, et qui ont cru, soit dans leurs livres, soit dans leurs essais d’organisation politique, qu’on pouvait détremper et pétrir les cendres des civilisations consumées pour en faire le ciment des institutions des peuples vivants !
À ce cœur qui palpite au fond se rattache tout un long fragment du règne de Richelieu, qui acheva de tourner vers Dieu ce cœur déchiré, en lui arrachant son idole et en la jetant à l’échafaud.
C’est la légende de la Papesse, avec sa longue mascarade en moine, ses amours et ses pèlerinages, ses habitations et ses succès de galanterie dans les monastères d’hommes, sa cellule partagée avec un jeune compagnon un peu plus moine qu’elle ; puis la tiare escroquée, la grossesse tardive du fait du camérier, et l’accouchement, en pleine procession, sous les yeux de Rome, qui se tordait peut-être de rire, comme toute la Grèce !
Ce long et terrible morceau d’histoire que les esprits assez élevés pour se trouver naturellement au-dessus de l’intérêt de curiosité individuelle qui s’attache à Voltaire regarderont comme le morceau capital du livre que nous annonçons, prépare merveilleusement la biographie de cet homme qui domina son temps aussi bien par le genre de ses vices que par le genre de son génie, et qui n’aurait pas exercé une si colossale influence sur ce temps-là et sur le nôtre, s’il n’avait pas surpassé le premier en lui ressemblant et marqué le second à son image.
C’était le commencement de cette ère nouvelle, — qui allait faire son temps, comme la Féodalité, vieillie et affaiblie, avait fait le sien, — l’aurore de cette longue journée d’Histoire dont le midi, éclatant et meurtrier, fut Louis XI et Richelieu, et le soleil couchant, Louis XIV… Saint Louis, le précurseur de ces trois grands hommes, qui ne furent que sa petite monnaie, tombée quelquefois dans du sang ; Saint Louis, qui ne fut pas seulement un Roi, mais le Roi, trouva la Royauté toute faite dans les idées et les besoins de son siècle, et il l’incarna dans sa personne.
Le fanatisme religieux s’était usé en ces longues guerres, et si on les avait prolongées, il se serait usé bien davantage.
Il nous apprend que ce peuple, vanté pour ses vertus par des philosophes qui n’en avaient pas, fut peut-être autant que les Richelieu, les de Gesvres et les d’Épernon, tous ces abominables pourrisseurs du Roi, dans les vices de ce jeune souverain qui commença son règne de débauche par la timidité avec les femmes, comme Néron commença le sien par la clémence… Dans ce temps, qui ne fut pas long, il est vrai, d’une sagesse qui n’était que de l’embarras rougissant et honteux, le peuple tout entier de la France d’alors s’impatientait et se moquait de cette sagesse.
Et, pourtant, ce n’est pas assez ; j’aurais voulu connaître aussi le grand peuple obscur, oublié, qui a donné sa vie dans ces longues guerres… » Oui !
I Ce n’est là qu’une biographie et cela est long comme une histoire !
Forgues, dont l’Introduction n’est qu’une longue plaidoirie : — Pourquoi toujours laver ce linge, s’il est si blanc ?
Horace Walpole était le premier épistolier de l’Angleterre, non pas seulement par le talent, mais par l’emploi de son talent… Il a écrit pendant quarante-cinq ans à la même personne, en coupes réglées, et il a dit de lui : « Ma vie n’a été qu’une longue lettre. » Certainement, vous pensez — n’est-ce pas ?
— mais longs et comme mi-fermés avec une grâce pleine de morbidesse.
Ses longues dissertations dialoguées, que ne brise jamais le moindre mot spirituel, manquent profondément de vie, d’animation, de passion enthousiaste ou convaincue, et elles nous versent dans les veines je ne sais quelle torpeur mortelle.
C’est ainsi que vécut Buffon, c’est ainsi qu’entre la société et la nature, mais plus loin de l’une que de l’autre, il atteignit cette vieillesse qui devait être longue et qui lui alla mieux que la jeunesse, tant ce grand esprit d’ordre et de paix majestueuse paraissait plus grand dans le rassoiement de sa puissance par ces dernières années voisines de la mort, qu’au temps de la virilité !
Or, dans cette longue période, il le montre partout admis par l’autorité religieuse, qui n’avait qu’à dire un seul mot pour le supprimer.
Ce serait trop long et il faut s’arrêter.
Comte le philosophe, le grave, celui qui n’amuse pas, mais qui croit éclairer, est aussi un escamoteur, et son système de philosophie n’est qu’une longue suite de tours d’escamotages.
Génie au bras long, il embrassa tout en France, de Malebranche et de Bossuet à Cousin, et il a ramassé dans le vaste cercle de son axiome toute l’Europe pensante, depuis Berkeley et Spinosa jusqu’à Kant, Fichte et Hégel !
Dans l’introduction qui précède son ouvrage, par exemple, et dans laquelle il trace rapidement le chemin qu’a déjà parcouru la papauté, il glorifie Grégoire VII d’avoir posé avec un si grand caractère et une si longue prévoyance la question des investitures, qui n’était, en définitive, que la question pour laquelle on combattait hier encore, la question, sous une autre forme, de la séparation du spirituel et du temporel, de l’Église et de l’État.
Leur histoire n’est pas longue et peut s’écrire en quelques mots.
… Assurément, quand on parcourt l’inventaire d’hommes et de choses que nous venons de traverser d’un regard, et qui forme la philosophie française au xixe siècle, il faut bien avouer qu’un philosophe un peu carré de base n’a pas besoin de l’être beaucoup du sommet pour se faire à bon marché une très belle gloire, à plus forte raison quand il a les facultés de grande volée que l’abbé Gratry a montrées en ces deux volumes qui ne sont, nous le répétons, que les prodromes d’un système intégral arrêté et creusé depuis de longues années dans la pensée de son auteur.
Les personnages nécessaires et importants de ce long récit ne seraient pas nombreux, si, dans cette mêlée historique et panthéistique, tous les êtres ne devenaient pas personnages ; si tous les peuples de la terre, les oiseaux des airs, les fleurs des champs, ne parlaient pas et ne jouaient pas leur bout de rôle, au gré du poète.
Il y a dans le recueil des poésies plus longues, d’un déroulement plus large, d’une passion plus irritée, où le poète est plus Spartacus contre Dieu, plus insolent et plus blasphématoire, plus digne du fer rouge que le doux Saint Louis faisait enfoncer dans la langue des blasphémateurs.
« Après tout, — reprend Limayrac, — cette mauvaise fortune du livre de l’Amour n’est qu’apparente ; car, lorsqu’il aura conquis la popularité qui ne peut lui faire défaut et qui aura été longue à venir seulement, il ne l’aura pas achetée par des concessions, et il sera populaire en conservant sa qualité superfine. » Pour notre compte, nous ne savons pas si un esprit superfin comme Stendhal-Beyle, de cette saveur et de ce haut goût, sera jamais populaire, mais ce que nous savons, c’est qu’il a résolu le problème le plus difficile dans les lettres, comme dans les arts, comme dans la politique, et qui consiste à exercer une grande puissance sans avoir une grande popularité.
Albéric Second, qui me fait l’effet d’être un très habile constructeur de romans, quant aux faits qu’il ramène très bien à ses fins, Albéric Second, qui a peut-être dans l’esprit, sans qu’il en ait conscience, ses Trois Mousquetaires, s’amuse et s’attarde, au lieu d’attaquer quelque long sujet de récit, à un roman de chronique, fait avec des événements de chronique, et il est si naturellement et si habituellement chroniqueur qu’il n’écrit même pas en italique, dans son roman, une foule de locutions qu’on ne comprendra peut-être que dans dix ans, à cent cinquante lieues de Paris.
Eugène Poitou, a publié sur le plus grand romancier du xixe siècle un long travail, qui peut-être sera un livre demain.
Pourquoi, en effet, consacrerait-elle à les examiner un temps relativement plus long que celui que l’auteur a mis à les faire ?
Colomba et la Chronique de Charles IX, qui sont ses œuvres les plus longues, ne dépassent pas un volume.
Cet art, outre une imagination très vive et prompte à s’enflammer, supposait encore en eux des études très longues ; il supposait une étude raisonnée de la langue et de tous ses signes, l’étude approfondie de tous les écrivains, et surtout de ceux qui avaient dans le style, le plus de fécondité et de souplesse ; la lecture assidue des poètes, parce que les poètes ébranlent plus fortement l’imagination, et qu’ils pouvaient servir à couvrir le petit nombre des idées par l’éclat des images ; le choix particulier de quelque grand orateur avec qui leur talent et leur âme avaient quelque rapport ; une mémoire prompte, et qui avait la disposition rapide de toutes ses richesses pour servir leur imagination ; l’exercice habituel de la parole, d’où devait naître l’habitude de lier rapidement des idées ; des méditations profondes sur tous les genres de sentiments et de passions ; beaucoup d’idées générales sur les vertus et les vices, et peut-être des morceaux d’éclat et prémédités, une étude réfléchie de l’histoire et de tous les grands événements, que l’éloquence pouvait ramener ; des formules d’exorde toutes prêtes et convenables aux lieux, aux temps, à l’âge de l’orateur ; peut-être un art technique de classer leurs idées sur tous les objets, pour les retrouver à chaque instant et sur le premier ordre ; peut-être un art de méditer et de prévoir d’avance tous les sujets possibles, par des divisions générales ou de situations, ou de passions, ou d’objets politiques, ou d’objets de morale, ou d’objets religieux, ou d’objets d’éloge et de censure ; peut-être enfin la facilité d’exciter en eux, par l’habitude, une espèce de sensibilité factice et rapide, en prononçant avec action des mots qui leur rappelaient des sentiments déjà éprouvés, à peu près comme les grands acteurs qui, hors du théâtre, froids et tranquilles, en prononçant certains sons, peuvent tout à coup frémir, s’indigner, s’attendrir, verser et arracher des larmes : et ne sait-on pas que l’action même et le progrès du discours entraîne l’orateur, l’échauffe, le pousse, et, par un mécanisme involontaire, lui communique une sensibilité qu’il n’avait point d’abord.
Il est vrai qu’il ne faut point abuser de ce droit. » On a dit, il y a longtemps, que Bossuet était inégal ; mais on n’a point dit assez combien il est long et froid, et vide d’idées dans quelques parties de ses discours.
Un assez long silence a réparé l’abus que nous fîmes de la parole, c’était le sommeil succédant au délire de la fièvre ; mais ce sommeil ne put être celui de la mort, le retour de la santé en a marqué le terme. […] À partir de ce moment où toute production de sa pensée lui fut interdite et où ce fut chose conclue et décidée, l’existence de Mme de Staël a Coppet et à Genève ne fut plus qu’un long tourment. […] La fuite de Mme de Staël, qui, s’échappant de Coppet le 23 mai 1812, traversa la Suisse, puis l’Autriche et la Galicie pour gagner Moscou, Pétersbourg, et se rendre par ce long circuit jusqu’en Suède, interrompit nécessairement sa correspondance avec Camille Jordan. […] Il fut lent, selon sa propre expression, à « s’ébranler du sein d’une longue retraite qu’embellissaient pour lui toutes les affections domestiques. » Ce ne fut qu’après l’ordonnance du 5 septembre qu’il fit sa rentrée dans la carrière politique, en 1816.
Tantôt l’auteur procède par apostrophes ; tantôt il se complaît dans les longues descriptions, et semble oublier le sujet auquel se rattachent toutes ses pensées. […] Il se croit vengé, il savoure à longs traits sa joie cruelle, il apostrophe le cadavre qu’il a payé, et qui doit expier le déshonneur de sa fille. […] N’a-t-il pas dû s’accoutumer de longue main aux débauches de son maître, comme à l’air qu’il respire ? […] Il ne faut pas avoir usé ses yeux dans de longues veilles pour connaître le sens et la valeur de ces noms. […] Je m’arrête ici : je ne veux pas poursuivre plus loin l’analyse déjà trop longue peut-être d’un livre que M.
Ces expériences analytiques se démontrent particulièrement bien chez les animaux à sang froid à cause de la persistance plus longue des propriétés élémentaires des tissus après l’arrêt de la circulation artérielle. […] Cela n’est point aussi long qu’on pourrait le penser, et en moins d’une demi-journée j’ai pu sauver des chiens de moyenne taille qui avaient été piqués avec une flèche empoisonnée. […] Ces recherches sont longues et entourées de difficultés innombrables ; mais les phénomènes de la vie ont leur déterminisme absolu, comme tous les phénomènes naturels. […] Un intervalle de repos très-court sépare la contraction des oreillettes de la contraction des ventricules, puis un intervalle un peu plus long succède à la contraction du ventricule. […] Le cerveau apparaissait dans une étendue de trois pouces de long sur six de large.
On en appelle au témoignage de ceux qui ont de la vie une expérience plus longue et on constate que de coutume leur déposition est moins accablante. […] Puis c’est le long séjour à l’hôpital, les nuits d’angoisse passées aux prises avec la mort, la guérison, la lente convalescence. […] Après de longues hésitations, il se décide à faire retraite à la Trappe. […] Ajoutez que les médecins traînent toujours après eux le ridicule que Molière a attaché à leurs longues robes et à leurs bonnets pointus. […] Tel de ses romans n’est qu’une longue enquête psychologique.
les petites mauves, lorsqu’elles ont comme péri dans le jardin, et le vert persil, et le frais fenouil tout velu, revivent par la suite et repoussent à l’autre année ; mais nous autres hommes, les grands, les puissants ou les génies, une fois que nous sommes morts, insensibles dans le creux de la terre, nous dormons à jamais le long, l’interminable, l’inéveillable sommeil. » — Ce passage fait souvenir de l’ode d’Horace : Diffugere nives, dans laquelle le poëte exprime la mobilité des saisons, le printemps qui renaît et qui sollicite à jouir de l’heure rapide, car l’hiver n’est jamais loin : « Mais, ajoute-t-il en s’attristant également de la supériorité de la nature sur l’homme, les lunes légères ne tardent guère à réparer leurs pertes dans le ciel, tandis que nous, une fois descendus là où l’on rejoint le pieux Énée, le puissant Tullus et Ancus, nous ne sommes que poussière et ombre. » La pensée d’Horace est belle, elle est philosophique et d’une mélancolie réfléchie ; mais je ne sais quoi de plus vif et de plus pénétrant respire dans la plainte de Moschus. […] Et cette mère, qui a trop chéri autrefois sa langue babillarde, terrifiée maintenant, figée dans sa chair, est devenue comme une pierre. » La plus célèbre, la plus longue des pièces de Méléagre, et que nous avons réservée jusqu’ici, est son idylle sur le printemps ; on y saisit comme l’anneau d’or qui le rattache à Théocrite et à Bion.
On lui a montré sur les murs d’une chambre des oiseaux peints, rouges et bleus, longs de deux pouces, et on lui a dit une seule fois en les lui montrant : « Voici des kokos. » Elle a été tout de suite sensible à la ressemblance ; pendant une demi-journée, son plus vif plaisir a été de se faire porter tout le long des murs de la chambre, en disant avec enthousiasme à chaque nouvel oiseau : koko ! […] Ce frottement, qui ôte à chaque son imitatif sa spécialité, marche tout à fait parallèlement à la généralisation de nos impressions, et nous n’avons pas d’autre moyen de comprendre comment, après une longue lutte, les vagues imitations phonétiques d’impressions spéciales devinrent les représentations phonétiques définies de concepts généraux.
Le roi entendit de tous côtés la voix de ces hommes instruits par une longue expérience des rites du sacrifice, de ceux qui possèdent les principes de la morale et la science des facultés de l’âme, de ceux qui sont habiles à concilier les textes qui ne s’accordent pas ensemble, ou qui connaissent tous les devoirs particuliers de la religion ; mortels dont l’esprit tendait à soustraire leur âme à la nécessité de la renaissance dans ce monde. […] Le mot Dieu étant en possession du respect de l’humanité, ce mot ayant pour lui une longue prescription et ayant été employé dans les belles poésies, ce serait dérouter l’humanité que de le supprimer.
Pour se faire une idée des ruelles et des alcôves, il faut savoir que dans le xviie siècle, et longtemps encore dans le xviiie , les lits ne se rangeaient pas comme aujourd’hui, le long d’une des laces de l’appartement. […] Il n’importe ; votre vertu n’est point farouche, et jamais personne n’a mieux accordé Dieu et le monde que vous ne faites. » Le 26 juillet 1671, madame de Sévigné écrit à sa fille : « Hier, comme j’étais toute seule dans ma chambre avec un livre précieusement à la main… » Le 21 octobre suivant, elle écrit à sa fille : « L’honnêteté et la préciosité de mon long veuvage… » La langue, le bon sens et madame de Sévigné s’accordent très bien à consentir que précieuse soit entendu par la bonne compagnie comme signifiant qui a du prix, du mérite, de la valeur, et par opposition aux femmes communes, sans valeur et sans mérite, de toutes les conditions.
Je ne cite presque jamais, mais, ici, il faut citer : « … Un matin… je vis arriver chez moi, pendant que je déjeunais, un vieil homme en habit râpé, cagneux, crotté, l’échine basse, grelottant sur ses longues jambes comme un échassier déplumé. […] Les bras de ce géant sont si longs, qu’ils ont embrassé le xixe siècle comme l’Océan embrasse la Terre, et que rien de ce siècle ne reste à personne.
Les actes originaux de l’entreprise d’Amboise avaient été déposés entre les mains du père de d’Aubigné ; le seing de L’Hôpital, sa signature y était tout du long à côté de celle de d’Andelot et des autres principaux réformés.
Maison blanche, où la vigne Tordait en longue ligne Son feuillage qui boit Les pleurs du toit !
Je commence à douter que cette histoire de vos amours que vous me racontez si au long, sans considérer que je n’ai point d’oreilles pour entendre ce discours, ne soit une énigme tirée des paraboles de l’Évangile où l’on fait si souvent des noces, particulièrement une où il n’y a que les vierges qui soient appelées.
Et l’on daignait de plus vous amnistier, et reconnaître que vous en étiez venus avec le temps au même point que les émigrés, bien que par le chemin le plus long, tandis que ceux-ci avaient suivi la ligne droite.
. — « Il faut encore que tu donnes un coup de collier, me dit Bonaparte, et nous nous reposerons ensuite. » Je l’ai vivement donné ce coup de collier… On sourit involontairement : on songe à cette longue série de coups de collier, depuis Montenotte, depuis Castiglione jusqu’à Moscou, jusqu’à Montmirail.
Je ne ferai que passer aussi devant vous, couple conjugal qui unissez vos deux voix31 ; qui, après avoir perdu un enfant, votre unique amour, l’avez pleuré dans un long sanglot, et qui, cette fois, inconsolés encore, mais dans un deuil apaisé, avez songé à lui en composant des chants gradués pour les divers âges, continuant ainsi en idée, d’une manière touchante, à vous occuper, dans la personne des autres, de celui qui n’a pas assez vécu pour vous.
Dutrey, m’écrivait : « … Ce n’est pas sans une vive émotion que j’ai retrouvé, dans ce que vous dites de lui, l’expression si fidèle des souvenirs que m’a laissés notre longue amitié.
Plus tard, il y a un moment où tout d’un coup, à propos d’une grande promenade nocturne, nous découvrons que Mme Pierson, pour ces longues courses, prend une blouse bleue et des habits d’homme.
Au reste, quelque temps après, Rancé pris pour juge reçut la Relation manuscrite de son ami ; il la lut sans dégoût, et il lui en écrivit agréablement et assez au long, non sans y insinuer quelques conseils qui ont probablement été suivis : « J’ai lu avec plaisir, disait-il, les marques de votre estime et de votre amitié ; vous m’y faites, à la vérité, jouer un personnage que je ne mérite point, et on auroit peine à m’y reconnoître.
Soyons assez sages pour nous persuader que nous avons fait un agréable songe, et ne nous plaignons pas du destin ; car jamais songe délicieux n’a été aussi long.
Quand nous aurions achevé ensemble ce tour du globe, cette chronologie des choses humaines, dans ma chambre de vingt pieds carrés, parcourue lentement en une année de stations devant ces cartes, et que les volumes de l’histoire lue sur place joncheraient à nos pieds le plancher de notre école, semblable à un navire qui aurait fait la circumnavigation du globe et du temps, j’appellerais un à un mes petits géographes, compagnons de notre navigation sur place ; je leur demanderais d’être à leur tour les pilotes de notre longue et universelle expédition sur tant de mers, de côtes, de fleuves, de montagnes, de terres inconnues ; de nous dire où nous en sommes de cet itinéraire géographique entrepris ensemble et accompli en une année d’études aussi variées qu’intéressantes.
Un amoureux qui a en effet des entretiens secrets avec Hédelmone donne de la jalousie à Othello : l’action est réduite à une rivalité d’amour, et l’intrigue est un long quiproquo, comme dans Zaïre.
Tantôt le sens emporte une longue suite d’alexandrins, tantôt très peu, jamais des nombres égaux, ou liés par des rapports simples et sensibles ; toujours il désarticule le vers, s’arrêtant partout ailleurs qu’à l’hémistiche, sur la troisième, sur la quatrième, sur la neuvième, sur la dixième syllabe, se terminant parfois à l’intérieur du vers.
L’extension de la propriété littéraire, telle que l’entend la jurisprudence des tribunaux français, telle surtout que la désire imprudemment, et contre le véritable intérêt de la littérature, un certain nombre de gens de lettres, voilà ce qui menace de resserrer à l’excès notre droit de citation et interdire à nos études pour de très longues années l’usage des sources manuscrites.
Charles Asselineau Le livre dont je vais parler (les Odelettes) n’a pas soixante pages ; c’est un recueil de douze à quinze pièces de poésie, dont la plus longue n’excède pas quatre-vingt vers.
En tête du volume, il y a une lettre de Francesco Andreini, comico Geloso detto il capitano Spavento, dans laquelle il fait l’éloge de son compagnon, « qui ne dérogea pas à la noblesse de sa naissance en s’adonnant au noble exercice de la comédie » ; il rappelle le succès que ces pièces ont eu pendant de longues années, et promet une seconde série non inférieure à la première ; mais il ne paraît pas que celle-ci ait jamais vu le jour.
Paul Adam, — auquel, cette longue parenthèse close, je suis heureux de revenir.)
III La première difficulté a été remarquée depuis longtemps ; elle a fait l’objet de longues discussions et on peut dire que la question est tranchée.
Ce long travail, par lequel la classe bourgeoise s’est enrichie durant tout le Moyen Âge, est en apparence quelque chose d’assez profane.
Ribot et Paulhan, Il faudrait une longue étude spéciale pour les critiquer et les compléter.
Mais si vous venez à mieux connaître cet homme ; que son commerce, son esprit, son cœur, ses relations, soient pour vous la cause d’autant de plaisirs, et qu’ils soient répétés pendant de longues années, il se produira une affection solide, résultant d’une masse de sentiments d’affection résultant eux-mêmes d’une masse de sentiments de plaisirs.
« Herbart, dit-il, eut le mérite, durant la longue période où l’Allemagne était perdue dans les rêves de l’idéalisme, de maintenir toutes ses spéculations sur une base réelle, et de ne jamais noyer les faits de conscience dans les phrases et formes purement dialectiques.
D’un geste analytique il divise et délimite : c’est ainsi qu’il distingue la perception de la sensation ; mais, pour distinguer les formes objectives en lesquelles il imagine les causes de son propre changement, pour préciser les modifications où il prend conscience de lui-même, pour les différencier les unes des autres, il modère cette force de dissociation qu’il a tout d’abord déchaînée et contraint, par un geste contraire, quelques parties de cette substance, qui va se désagrégeant, à s’associer selon des combinaisons variables, d’une durée plus ou moins longue, d’une solidité plus ou moins grande, selon qu’il les comprime avec plus ou moins de force.
Cet ami, qui, depuis leur jeunesse à tous les deux, veut bien s’associer de cœur à tout ce qu’il fait, à tout ce qu’il entreprend et à tout ce qu’il rêve, réclame de longues lettres de son ami absent, et ces lettres, l’ami absent les écrit.
En second lieu la poësie du stile dont nous avons encore parlé fort au long dans cette premiere partie, et qui décide presque entierement du succès d’un poëme, est si défigurée dans la meilleure traduction, qu’elle n’y est presque plus reconnoissable.
Cet auteur, en parlant de l’architecture du théatre, entre dans un détail long et méthodique sur la forme de ces vases, qui n’étoient apparemment autre chose que des plaques d’airain rondes et un peu concaves, ainsi que sur les endroits où il falloit les placer, afin que la voix des acteurs trouvât à propos des échos consonans.
C’est un problème trop complexe pour pouvoir être traité ainsi, comme en passant ; il suppose, au contraire, tout un ensemble de longues et spéciales recherches.
Cette économie des desseins de la Providence, dévoilée avec la prévision d’un prophète ; cette pensée divine gouvernant les hommes depuis le commencement jusqu’à la fin ; toutes les annales des peuples, renfermées dans le cadre magnifique d’une imposante unité ; ces royaumes de la terre, qui relèvent de Dieu ; ces trônes des rois, qui ne sont que de la poussière ; et ensuite ces grandes vicissitudes dans les rangs les plus élevés de la société ; ces leçons terribles données aux nations, et aux chefs des nations ; ces royales douleurs ; ces gémissements dans les palais des maîtres du monde ; ces derniers soupirs de héros, plus grands sur le lit de mort du chrétien, qu’au milieu des triomphes du champ de bataille ; enfin l’illustre orateur, interprète de tant d’éclatantes misères, osant parler de ses propres amertumes, osant montrer ses cheveux blancs, signe vénérable d’une longue carrière honorée par de si nobles travaux, et laissant tomber du haut de la chaire de vérité des larmes plus éloquentes encore que ses discours : tel est le Bossuet de nos habitudes classiques, de notre admiration traditionnelle.
nous verrons bien, — comme dit le Misanthrope, — mais toute expérience peut être longue !
Le livre que voici donne une opinion de plus sur Byron, mais ne change pas, par un fait nouveau, mais ne modifie pas d’un iota, d’un atome, d’un atome d’atome, l’opinion faite de longue main sur Byron, Historiquement, biographiquement, littérairement, tout ce qui est dit ici a été dit ailleurs sur le grand poëte anglais, dont la vie ressemble à ces fragments sublimes interrompus du Giaour, plaques de lumière et d’ombre ; et sa destinée est peut-être de rester mystérieuse, comme celle de ces Sphinx de l’Action, — Lara et le Corsaire, — ces Mystères vivants qu’il a chantés !
En l’absence de William Shakespeare, trépassé il y a trois siècles, Beaumont-Vassy avait pensé à nous ressusciter le galbe imposant de cet halluciné sublime dans je ne sais quel drame, — ou plutôt dans je ne sais quelle scène historique de longue haleine comme ont imaginé d’en écrire les hommes qui ne savent pas remuer puissamment l’échiquier du théâtre, où les conceptions de la pensée se carrent et se cubent sous l’empire des plus difficiles combinaisons.
Huc avait obtenu d’un des principaux mandarins de l’empire, Kichan, ambassadeur chinois à Lha-ssa, d’être traité dans chaque ville avec bienveillance pendant tout le temps que durerait sa longue odyssée depuis Ta-tsien-Lou jusqu’à Canton.
Quand vous le voyez passer, ce singulier directeur d’une revue littéraire, vous diriez quelque chose comme un scieur de long… et la physionomie n’est pas trompeuse !
Car c’est lui, c’est Voltaire, et lui plus que personne, qui est la cause de la longue erreur dont nous nous plaignons.
Ils n’en ont pas cherché si long !
Les premiers hommes qui abandonnaient la vie vagabonde occupèrent des terres et y restèrent longtemps ; ils en devinrent seigneurs par droit d’occupation et de longue possession.
Que dans le rang, pied contre pied, le bouclier s’appuyant au bouclier, l’aigrette à l’aigrette, le casque même au casque et les poitrines s’entrechoquant, il combatte l’ennemi, la poignée du glaive ou la longue lance à la main !
Leur vie de tous les jours, si animée qu’elle soit d’ailleurs, n’exclut pas de longues et fréquentes solitudes. […] Cette polémique, menée avec aigreur par les deux partis, ne fut pas de longue durée. […] C’est à coup sûr le fruit de longues méditations. […] Ils ne regrettent, pour compléter leur érudition, ni les études courageuses, ni les longues méditations. […] Il y a dans une œuvre de longue haleine, une perspective poétique dont il faut tenir compte.
L’entreprise en serait peut-être moins facile, et de plus longue haleine qu’on ne le croit. […] Molinier, grâce à une longue et laborieuse étude, qui ont le mieux connu le texte de Pascal. […] Les Contes des fées, de Charles Perrault, — Histoires ou Contes du temps passé, avec des moralités, Paris, 1697 ; Claude Barbin, — n’ont de même un aussi long article dans le livre de M. […] Si l’Académie française n’avance pas plus rapidement dans un travail très long, très pénible, et surtout très méticuleux, il y en a une bonne raison, très simple, mais très forte c’est qu’elle y est incompétente. […] Et la différence leur importe à tous deux, puisque, autant que la carrière de l’un a été longue, régulière, et sûre, autant celle de l’autre a été brève, aventureuse, et brusque.
« Il passait cependant pour un bonhomme, nous dit Condorcet, parce qu’il était paresseux, et que, n’ayant aucune dignité dans le caractère, il n’offensait pas l’amour-propre des gens du monde. » Le lendemain donc, le dîner a lieu ; en voici la relation et le bulletin tout au long, car c’est une victoire, et Piron entonne son propre Te Deum : « Chantez tous ma gloire et commencez ainsi le psaume : Je chante le vainqueur du vainqueur de la terre, Binbin qui mit à bas l’invincible Voltaire. […] Je tenais déjà son épitaphe, et la voici ; elle n’est pas longue : Ci-gît le glorieux à côté de la gloire ! […] On dit que, près de rendre le dernier soupir, il se réveilla comme d’un long sommeil et tint ce propos : « Voltaire, tant que j’ai vécu, n’a presque pas osé m’attaquer ; mais je le connais ; le drôle est assez lâche pour m’insulter après ma mort, comme il l’a fait à l’égard de Crébillon, mon illustre compatriote.
Les Troyens, au contraire, sont comme de nombreuses brebis qui, dans l’étable d’un homme opulent, pendant qu’on trait de leurs mamelles le lait éclatant de blancheur, poussent de longs bêlements en entendant les cris de leurs agneaux séparés des mères, etc. » Je passe la bataille, semblable à toutes les batailles, mais diversifiée au cinquième chant par des épisodes et des attendrissements de poète qui mêlent à propos les larmes au sang, l’humanité à la fureur, la pitié à la gloire. […] On sent l’ennui, ce poison presque inévitable des longues épopées. […] Hector, à la tête des Troyens, se précipite impétueux sur les Grecs, « semblable à la pierre arrondie, détachée du rocher natal, que le torrent roule sur sa pente, lorsque, grossi par une longue pluie, il a défoncé les appuis de cette énorme pierre ; elle roule en bondissant, et ses bonds font retentir la forêt ; elle court avec impétuosité jusqu’à ce qu’elle arrive à la plaine ; alors elle cesse de rouler, malgré son élan rapide ; tel est Hector, etc. ».
Dans la réalité, les grandes scènes d’une vie humaine sont préparées de longue main par cette vie même : l’individu des heures sublimes peut se révéler dans les moindres actes : il se fait pressentir à tout le moins, car celui qui sera capable ne fût-ce que d’un élan, et dût-il avoir besoin de toute une vie pour le préparer, n’est pas absolument semblable à celui qui ne renferme rien en soi. […] La forme la moins compliquée du roman psychologique est celle qui ne s’occupe que d’un seul personnage, suit sa vie tout au long et marque le développement de son caractère. […] L’instinct génésique, comme il l’appelle, deviendrait, à l’en croire, la préoccupation incessante du genre humain ; voilà, par exemple, des mineurs harassés, épuisés, assommés par de longues heures de travail au fond d’une mine, qui, une fois rentrés chez eux, n’ont qu’une idée en tête : l’idée génésique.
« — Quel est ce long corps sec qui se géantifie ? […] Mais de si hardis tableaux posés sous un vaste cadre sont faits pour être vus de loin par un peuple entier, et peut-être par la postérité ; des formes moins articulées se prononceraient mal ou s’effaceraient à une longue distance. […] « Ils sont partis ; et j’ai peu d’espérance « De les revoir, malgré tous nos efforts : « Pour un long temps, selon toute apparence, « Térence et Plaute et Molière sont morts. […] Alceste annonce qu’il vient contraindre la coquette Célimène à décider de son choix entre ses rivaux et lui : la scène entière s’écoule en une longue suite de traits médisants et de portraits originaux, dont le retranchement ne nuirait pas à l’effet total de l’ouvrage. […] Là Molière approfondit son sujet dans un long et plaisant monologue qui m’offre encore l’occasion de distinguer le burlesque faux du vrai comique.
— Agamemnon (à part) : Heureuse du moins de ne pas m’entendre… Rentrez, Iphigénie, allez rejoindre vos compagnes Au moment d’une séparation si longue, viens, ma fille, viens que je te serre entre mes bras. […] Je puis choisir, dit-on, ou beaucoup d’ans sans gloire, Ou peu de jours suivis d’une longue mémoire. […] Voilà, selon moi, la seule explication plausible de cette longue disgrâce d’Athalie. […] Si on en était quitte avec Boursault pour une mauvaise fable, encore passe ; mais il faut essuyer des moralités plus longues que la fable : c’est ce qui désole. Quelques scènes, prises séparément, ont du mérite ; toutes sont trop longues : le bavardage est le défaut de cet auteur, qui était bonhomme, qui avait de l’esprit et du naturel, mais qui manquait de goût.
Dans les longues promenades que ce profond connaisseur de toutes les gloires françaises me faisait faire dans les rues de Paris de la rive gauche, m’expliquant l’histoire de chaque maison et de ses propriétaires au xviie siècle, il me disait souvent ce mot : « Mon ami, on ne comprend pas encore quel crime a été la révolution de février ; le dernier terme de cette révolution sera peut-être le démembrement de la France. » Le coup d’état du 2 décembre nous froissa profondément. […] La conscience française est courte et vive ; la conscience allemande est longue, tenace et profonde. […] Ou bien va-t-elle entrer dans une phase entièrement nouvelle de ses longues et mystérieuses destinées ? […] Le système prussien n’est possible qu’avec des nobles de campagne, chefs-nés de leur village, toujours en contact avec leurs hommes, les formant de longue main, les réunissant en un clin d’œil.
Une beauté tout à fait gozzolienne, cette Mme de la Gandara, avec ses beaux yeux songeurs au grand blanc, l’ovale long de sa figure, les lignes pures de son nez, de sa bouche, la délicatesse extatique de sa physionomie, ses blonds cheveux lui tombant le long de la figure, en ondes dépeignées, comme les cheveux d’une Geneviève de Brabant, enfin avec ce caractère d’une tête, où la nature s’associe au coquet effort de se rapprocher des primitifs, et qui lui donne dans de la jeune vie, le charme archaïque d’une tête idéale d’un vieux musée. […] Vendredi 27 juillet Longue promenade en voiture dans la forêt de Sénart, en tête à tête avec Daudet. […] Samedi 4 août Les jeunes gens, élevés à la campagne, et passant des heures à contempler le paysage, ou à regarder le bouchon flottant d’une ligne, gagnent à ce trop long contact avec la nature, un lazzaronisme, une torpeur, une paresse de l’esprit, qui les empêchent de faire quelque chose dans la vie. […] C’est un porte-éventail, une longue planchette d’un bois joliment veiné, sur lequel court en relief une plante grimpante, aux feuilles découpées dans de la nacre, de l’écaille, dans une pierre bleuâtre semblable à la turquoise ; c’est un rouleau (pour dépêches) de trois pieds de hauteur, sur lequel serpente une tige de coloquinte aux gourdes vertes, et dont le haut et le bas ont l’entour d’une large bande burgautée.
C’était cependant une entreprise digne du respect que nous portons à Molière, de remplacer les vers de Thomas Corneille par la prose de Molière, qui devait ainsi rentrer dans tous ses droits ; mais la mémoire des comédiens, ce singulier mécanisme que les plus habiles physiologistes n’ont pu expliquer, fut longue à se prêter à cette révolution. […] Quant à monter dignement l’âne de Sancho Pança, ce Pégase aux longues oreilles, que pas un poète n’a osé monter depuis Cervantès, et qui eût brisé le cou à Rabelais lui-même, vous pouvez bien croire que Molière le monta d’emblée ; ainsi monté, l’orgueilleux baudet hennit de plaisir en sentant sur sa croupe un double poids, comme qui eût dit Sancho Pança portant en croupe son maître Don Quichotte. […] À peine si Don Juan, revoyant Elvire dans ses longs habits de deuil, trouve en lui-même quelques petits restes d’un feu éteint. — Ce festin des morts et de ceux qui doivent mourir, est d’un effet terrible. […] Les Fêtes de Versailles. — Lulli, Molière et Quinault. — L’Amour médecin. — Le Bourgeois gentilhomme. — Anniversaire de la naissance de Molière Ces divertissements, ces ballets, ces fêtes, ces cadeaux, ces longues sérénades apportées d’Italie, la Seine traversée par des barques chargées de fleurs et de mélodies, et toute semblable à l’Arno qui coule à Florence, ce récit galant que nous fait le magnifique Menteur de Corneille, splendidè mendax , ces couplets satiriques et ces chansons à boire, ces menuets, ces sarabandes et ces chaconnes, qui donc anime soudain ces fêtes de la poésie et de la jeunesse, au plus beau moment de Louis XIV et de son règne ? […] Quand donc mademoiselle de La Vallière a pris le voile ; « quand elle fit cette action25, comme elle a fait toutes les autres, c’est-à-dire d’une façon charmante », M. de Montespan s’avance sur le devant du théâtre, et il remplit l’office du clown anglais en récitant, à propos de mademoiselle de La Vallière, qui vient d’entrer aux Carmélites, une longue plaisanterie industrielle, dont voici quelques passages : « À dire vrai, Messieurs, il y a eu de singuliers changements depuis que Louis et sa gloire ont disparu de la scène des vivants.
D’ailleurs, par tempérament et par suite d’une longue hérédité, il est monarchique. […] Vous allez voir si ces vers ne sont pas déjà singulièrement descriptifs : Cette ville Aux longs cris, Qui profile Son front gris, Des toits frêles, Cent tourelles, Clochers grêles, C’est Paris ! […] Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort a voulu t’appeler, Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler. » Je n’ai pas besoin de vous montrer ce qu’il y a de noblesse dans ce stoïcisme farouche. […] Et notamment, on apercevait au balcon, sous des cheveux rutilants, qui sortaient d’un chapeau de feutre à larges bords plats, un jeune homme à la face pâle et dont la longue barbe descendait sur un pourpoint cramoisi. […] Elle se reconnaît à ceci d’abord, c’est que d’habitude les recueils de vers sont publiés dans un format connu et qui a quelque chose d’humain : l’in-douze, l’in-octavo, l’in-seize ou l’in-trente-deux, mais les recueils décadents sont publiés en plaquettes de formats tout à fait inouïs ; il y en a de carrés, il y en a de longs, il y en a d’ovales, il y en a de toutes sortes de formes.
Quand, à la clarté de la lampe, durant les longues nuits d’hiver, ou bien, filant leurs quenouilles à côté du berceau, l’aïeule ou la nourrice racontent dans un langage simple et incorrect d’effroyables légendes ou des apologues moraux, elles sont… qui le dirait ? […] Les longs cheveux, les traits fins, expressifs, plutôt décharnés, les costumes fantaisistes, les yeux flamboyants, le port altier et songeur à la fois sont des traits communs à l’espèce. […] Consacre-t-on de longs articles à l’examen des romans si populaires et si amusants de Verne ? […] Pour la nation anglaise, le roman est devenu un article de première nécessité et de consommation quotidienne, comme le bifteck qui répare ses forces, comme le charbon dont la chaleur tempère ses journées glaciales et réjouit ses longues nuits. […] Quoique je n’aime pas à me citer moi-même, je dois rappeler ici ce que j’ai dit de Galdos, il y a trois ans, dans une étude assez longue que je consacrais à ses œuvres dans la Revue Européenne.
Le règne d’Élisabeth et celui de son successeur suffirent à peine à dépenser ce goût d’aisance et de repos qu’avaient amassé de longues agitations ; et l’ardeur religieuse dont l’explosion vint ensuite révéler les forces nouvelles qu’avait recouvrées la société pendant le loisir de ces deux règnes couvait alors obscurément au sein des masses, sans donner encore naissance à aucun mouvement général et décisif. […] Tout fut simple chez ce peuple ; la société n’y fut point livrée à un état plein de lutte et d’incohérence ; sa destinée ne s’écoula point dans de longues ténèbres, au milieu des contrastes, en proie à un malaise obscur et profond. […] Les nations se sont formées, non plus d’hommes libres et d’esclaves, mais d’un mélange confus de classes diverses, compliquées, toujours en lutte et en travail ; chaos violent que la civilisation, après de si longs efforts, n’a pas encore réussi à débrouiller complètement. […] Quelquefois même de longs espaces de temps sont nécessaires pour que la révolution qu’a commencée un homme supérieur accomplisse son cours et ramène vers lui le monde. […] De même, entre deux événements évidemment séparés par un intervalle assez long pour que nous n’aimions pas à le voir disparaître sans y prendre quelque part, Shakespeare place une scène qui peut appartenir également à la première ou à la seconde époque, et il nous fait passer de l’une à l’autre sans nous choquer par son intime connexion avec ce qui la précède ou ce qui la suit.
Tout homme que je rencontre, et encore plus toute femme, croirait manquer au plus indispensable des devoirs, si elle ne m’adressait un long et ingénieux discours à ma gloire. » Présenté à Versailles, le futur Louis XVI âgé de dix ans, le futur Louis XVIII âgé de huit ans et le futur Charles X âgé de quatre ans, lui récitent chacun un compliment sur son livre Je n’ai pas besoin de conter le retour de Voltaire, son triomphe, l’Académie en corps venant le recevoir, sa voiture arrêtée par la foule, les rues comblées, les fenêtres, les escaliers et les balcons chargés d’admirateurs, au théâtre une salle enivrée qui ne cesse de l’applaudir, au dehors un peuple entier qui le reconduit avec des vivats, dans ses salons une affluence aussi continue que chez le roi, de grands seigneurs pressés contre la porte et tendant l’oreille pour saisir un de ses mots, de grandes dames debout sur la pointe du pied épiant son moindre geste501. « Pour concevoir ce que j’éprouvais, dit un des assistants, il faudrait être dans l’atmosphère où je vivais : c’était celle de l’enthousiasme. » — « Je lui ai parlé », ce seul mot faisait alors du premier venu un personnage. […] Le sacrifice est voté par acclamation ; ils viennent d’eux-mêmes l’offrir au Tiers-état et il faut voir dans les procès-verbaux manuscrits leur accent généreux et sympathique. « L’ordre de la noblesse du bailliage de Tours, dit le marquis de Lusignan545, considérant que ses membres sont hommes et citoyens avant que d’être nobles, ne peut se dédommager, d’une manière plus conforme à l’esprit de justice et de patriotisme qui l’anime, du long silence auquel l’abus du pouvoir ministériel l’avait condamné, qu’en déclarant à ses concitoyens qu’elle n’entend plus jouir à l’avenir d’aucun des privilèges pécuniaires que l’usage lui avait conservés, et qu’elle fait par acclamation le vœu solennel de supporter dans une parfaite égalité, et chacun en proportion de sa fortune, les impôts et contributions générales qui seront consenties par la nation. » — « Je vous le répète, dit le comte de Buzançais au Tiers-état du Berry, nous sommes tous frères, nous voulons partager vos charges… Nous désirons ne porter qu’un seul vœu aux états et, par là, montrer l’union et l’harmonie qui doivent y régner.
Mme de Staël n’avait point attendu le voyage long et incertain de M. de Sabran, elle avait donné ordre à son libraire de vous expédier cet ouvrage au moment où il paraîtrait. […] Ses traits correspondant à cette majesté du corps, un front haut et droit, un œil vaste, encaissé profondément dans une arcade creuse et sévère ; un nez droit bien dessiné, surmontant une bouche dédaigneuse ; un tour de visage maigre et dur ; des cheveux touffus et longs, couleur de feu, comme ceux d’un Apollon des Alpes, qu’il rejetait en arrière, tantôt enfermés dans un ruban, tantôt flottant et épars sur le collet de son habit : cheveux rouges qu’on ne rencontre jamais en Italie, mais qui sont le signe des races étrangères et la marque naturelle de l’homme du Nord, l’Anglais, l’Allobroge, le Piémontais teint de Savoyard.
Dieu soit béni, cependant, pour le secours qu’il nous prépare encore dans cet instant ; nos paroles seront incertaines, nos yeux ne verront plus la lumière, nos réflexions qui s’enchaînaient avec clarté, erreront, isolées, sur de confuses traces ; mais l’enthousiasme ne nous abandonnera pas, ses ailes brillantes planeront sur notre lit funèbre, il soulèvera les voiles de la mort, il nous rappellera ces moments où, pleins d’énergie, nous avions senti que notre cœur était impérissable, et nos derniers soupirs seront peut-être comme une noble pensée qui remonte vers le ciel. » Tel est ce livre, le résumé vivant de la pensée d’un grand esprit, que l’étude approche de la sainteté, l’explosion éclatante d’une âme chargée par une longue vie et prête à s’évanouir dans sa lumière. […] On avait devant les yeux non pas l’historien, mais la victime de dix années d’exil, la personne qui avait soutenu au prix de tant de douleurs, un long défi contre le pouvoir absolu, avait compté en désespérant chacun de ses victorieux progrès, avait souffert ses rigueurs croissantes, les avait pressenties plus dures encore, et s’était enfin délivrée du mal par une fuite hardie, semant sur sa route de Genève à Londres, en passant par la Russie et la Suisse, la protestation contre la conquête universelle et le serment d’une résistance à vie.
À un autre titre encore, ils se rappellent sans se ressembler : c’est par la vaste et longue influence qu’ils exercèrent sur leur pays et sur le monde. […] Peu de temps après son installation aux Délices, il acheta en toute propriété la terre de Ferney, qui a donné son nom à son long exil loin de Paris.
Il y a beaucoup de sens et d’esprit dans ces conversations un peu longues, qui, publiées à part, devinrent comme le manuel de la bonne société. […] Garasse, il fut condamné à être brûlé en 1623, puis, après un long procès, vit sa peine commuée en bannissement (1625), et alla mourir à Chantilly chez le duc de Montmorency son protecteur. — Édition : par Alleaume, Bibl.
Il serait long de l’expliquer : mais j’ai déjà fait remarquer que toutes les doctrines qui ont demandé le plus à la volonté humaine ont posé en principe l’impuissance de la volonté ; elles ont ôté le libre arbitre et livré le monde à la fatalité. […] Ce farouche théologien était un lettré délicat ; la longue lettre qu’à soixante-dix-huit ans, exilé, errant, aveugle, il dicta pour défendre Boileau devant Perrault fait grand honneur à son esprit.
Si j’ai plus souvent relu les Contemplations, c’est que, pendant les heures longues d’une veillée de mars au chevet d’une enfant adorée, les fenêtres ouvrant sur une nuit étoilée, j’ai reçu des Contemplations le soulagement à la plus déchirante parmi les douleurs humaines. […] Francisque Sarcey Le chemin est long de Boileau à Victor Hugo ; j’ai mis pour ma part vingt-cinq ans à le faire ; ce sont vingt-cinq ans bien employés.
De longs monologues, des chœurs, une vaine application de toutes les règles de ce grand art ; rien n’y manque de tout ce qui peut s’emprunter. […] Mais il faut joindre à de longues recherches une grande force de réflexion, pour trouver un sujet où les situations naissent des caractères.
» La liste est longue et incomplète. […] Les genres peu lucratifs, l’histoire, la philosophie ont été durant de longs intervalles délaissés, négligés.
Son chant assez long reproduit à un demi-ton plus bas le motif de l’ouverture que nous avons désigné du nom de mélopée. […] Un étroit cercle d’or, plus semblable encore à une auréole qu’à une diadème, entoure sa tête blonde ; ses longues tresses retombent sous un voile léger le long des plis du satin blanc, sur lequel des passementeries d’argent découpent le pittoresque corsage des robes de cette époque.
Il suffit, pour s’en convaincre, de passer en revue la longue théorie des écrivains qui ont été en proie à l’inquiétude dont cette forme littéraire générale est la furtive expression. […] Jean Grave et de son école, — que par un penchant secret et irrésistible vers les humbles à qui l’existence est dure, vers l’étude de leurs joies fugitives et de leurs longues souffrances.
Ecrire quatre pages sur les mathématiques en les qualifiant de jeunes vierges n’est pas la preuve d’une insignifiante personnalité, envoyer Dieu écorcher un adolescent dans un « lupanar » et faire raconter cette « atrocité » par un cheveu oublié ne serait peut-être pas venu à l’esprit de Leconte de Lisle, mais n’importe quel gilet-rouge français, avant 1830, avait employé Satan à arracher les yeux d’un nombre long de pâles jeunes filles, et écouté leur âme bianchissime lamenter cette abusive exophtalmie, Lautréamont, le premier, raya Satan et âme, et écrivit au-dessus Dieu et cheveu. […] L’art n’est autre chose que l’économie, et dans chaque tableau se trouve contenue l’idée du cadre ; qui veut dessiner une girafe, doit la dessiner avec un cou long ; s’il se croit assez libre pour dessiner une girafe avec un cou court il se prive par cela même de la liberté de dessiner la girafe.
Il est érudit, il sait, beaucoup, il a beaucoup lu et dévoré ; mais tout cela est à une fin déterminée d’avance ; il tire à lui les textes et les détourne ; ses étymologies sont dérisoires et sentent le calembour. « Il a de l’érudition, il n’a point de science : on ferait une longue liste de ses bévues. » M.
Le règne de Louis XIV avait trop duré : la dernière partie de ce règne produisit un bon nombre d’esprits, très sensibles aux défauts, aux abus et aux excès d’un si long régime, qui passèrent à une politique tout opposée et rêvèrent une amélioration sociale moyennant la paix, par de bonnes lois, par des réformes dans l’État et par toutes sortes de procédés et d’ingrédients philantrophiques.
Soustrait à toute inspection, à tout contrôle officiel, le régime intellectuel des grands séminaires est celui de la liberté la plus complète : rien ou presque rien n’étant demandé à l’élève comme devoir rigoureux, il reste en pleine possession de lui-même ; qu’on joigne à cela une solitude absolue, de longues heures de méditation et de silence, la constante préoccupation d’un but supérieur à toutes les considérations personnelles, et on comprendra quel admirable milieu de pareilles maisons doivent former pour développer les facultés réfléchies.
On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !
L’essentiel, le seul point que nous tenions à constater, et que le public peut-être voudra bien reconnaître avec nous, est celui-ci : Somme toute, et à travers les nombreux incidents d’une course déjà longue, la Revue a fait de constants et d’heureux efforts pour se fortifier, pour s’améliorer, et, depuis bien des années déjà, pour réparer par l’importance des travaux en haute politique, en critique philosophique et littéraire, en relations de voyages, en études et informations sérieuses de toutes sortes, ce qu’elle perdait peu à peu en caprice et en fantaisie, ce qu’elle ne perdait pas seule et ce que les premiers talents eux-mêmes, le plus souvent fatigués en même temps que renchéris, ne produisaient plus qu’assez imparfaitement.
Leur plus long règne est d’une aurore ; Mais le temps rajeunit encore L’antique laurier des neuf Sœurs.
Puisqu’on se donnait le temps de discuter si au long et de remanier sur quelques points le sénatus-consulte, j’aurais aimé qu’on tînt plus compte de l’amendement de M. de Sartiges et de la première partie du plan proposé par M. le président Bonjean, qui, l’un et l’autre, tendaient à ménager et à résoudre les conflits possibles entre le Corps législatif et le Sénat.
Les Grecs honoraient les morts ; les dogmes de leur religion ordonnaient expressément de veiller sur la pompe des funérailles ; mais la mélancolie, les regrets sensibles et durables ne sont point dans leur nature ; c’est dans le cœur des femmes qu’habitent les longs souvenirs.
Il faut soutenir chaque absurdité dont est formée la longue chaîne qui conduit à la résolution coupable ; et le caractère resterait, s’il est possible, plus intact encore après des actions blâmables que la colère aurait inspirées, qu’après ces discours dans lesquels la bassesse ou la cruauté se distillent goutte à goutte avec une sorte d’art que l’on s’efforce de rendre ingénieux.
Les jouissances de la gloire, éparses dans le cours de la destinée, époques dans un grand nombre d’années, accoutument, dans tous les temps, à de longs intervalles de bonheur ; mais la possession des places et des honneurs, étant un avantage habituel, leur perte doit se ressentir à tous les moments de la vie.
L’envie, qui cherche à s’honorer du nom de défiance, détruit l’émulation, éloigne les lumières, ne peut supporter la réunion du pouvoir et de la vertu, cherche à les diviser pour les opposer l’un à l’autre, et crée la puissance du crime, comme la seule qui dégrade celui qui la possède ; mais quand de longs malheurs ont abattu les passions, quand on a tellement besoin de lois, qu’on ne considère plus les hommes que sous le rapport du pouvoir légal qui leur est confié, il est possible que la vanité, alors qu’elle est l’esprit général d’une nation, serve au maintien des institutions libres.
. — D’autre part, parmi les chefs de guerre aux longs cheveux, à côté des rois vêtus de fourrures, l’évêque mitré et l’abbé au front tondu siègent aux assemblées ; ils sont les seuls qui tiennent la plume, qui sachent discourir.
Si nous cherchons son sens, nous ne trouvons qu’un nom, celui du chiffre inférieur auquel on ajoute l’unité ; la même chose arrive à celui-ci, et ainsi de suite ; c’est seulement à la fin de ce long retour en arrière, qu’ayant descendu trente, cinquante, cent, mille, dix mille marches, nous touchons de nouveau notre expérience. — Et cependant ce nom remplace une expérience, une autre expérience que nous n’avons pas faite, que nous ne pouvons pas faire, qui est au-dessus de l’homme, mais qui en soi est possible, et qu’un esprit plus compréhensif pourrait faire. 36 désigne la qualité commune à tous les groupes de trente-six individus, qualité qui, présente devant nous, n’excite point en nous de tendance précise, et qu’un esprit capable de maintenir ensemble devant soi trente-six objets ou faits à l’état distinct pourrait seul éprouver. — Par cet artifice, nous atteignons au même effet qu’une créature douée d’une mémoire et d’une imagination indéfiniment plus nettes et plus vastes que les nôtres.
Ce n’est pas assez pour lui de les décrire tout au long.
Cette liste n’est pas longue : mais qui se serait assimilé la substance de ces ouvrages aurait la tête déjà bien meublée.
Tout tient à tout : il faut savoir couper le fil, plus ou moins long, selon la nécessité du moment.
Mais la transition de Marot à Ronsard se fait surtout par l’école lyonnaise : Despériers s’y rattache, et par ses longs séjours à Lyon, et par ses vers dont la médiocre qualité laisse pourtant apercevoir quelque profondeur sérieuse de sentiment et certain effort d’invention rythmique.
Il donne ses études sur les individus pour une « série d’expériences » qui forment « un long cours de physiologie morale ».
Un jour le poète, étant mort, va, suivi de son chien, frapper à la porte du Paradis ; et, comme saint Pierre ne veut pas laisser entrer le fidèle animal et que saint Roch lui-même, invoqué, fait le cafard et se récuse, le poète et son chien errent à l’aventure dans la région où sont les ombres des bêtes… Et cela est un rêve, et cela s’appelle Dans les limbes, et il est difficile d’imaginer un badinage plus soigné et plus long.
C’est une succession, souvent longue, de passions fort différentes, qui alimentent la vie et la renouvellent. » Autrement dit, un amour, c’est une vie.
Cette longue phrase lyrique, qu’aucun poète n’a su conduire mieux que lui, mais qui était souvent molle et traînante dans les Méditations, se déroule ici avec une ampleur, une force, une couleur inouïes, et avec de soudaines vivacités, des caprices de rythme et d’accent, des traits de vigueur surprenants dans la nonchalance majestueuse de l’ensemble, qui en font le plus varié, le plus élégant et le plus magnifique de tous les chants.
Elle fut publiée pour la première fois en 1579, et jouit d’une longue réputation.
J’ai traité de ceci plus au long dans le Journal Asiatique, nov.
Enfin, poussant les témoignages de son culte à des excès jusque-là inconnus, elle se prosterna et essuya avec ses longs cheveux les pieds de son maître 1049.
Elle offre des dons sans mesure aux plus longues distances de temps et de lieux, dans des pays où vous n’irez jamais, dans des temps que vous ne verrez point, et ne vous assure pas un verre d’eau pour le moment où vous aurez soif : et cependant on a foi dans ses promesses.
Il a celle de son temps dans le badinage ; il sait la dose de l’esprit français à cette date : Quels que soient leurs ornements, dit-il, Dans un récit de longue haleine Les vers sont toujours ennuyants.
En effet, depuis quatorze ans qu’il écrit, il n’est pas un de ses ouvrages qui n’ait eu l’honneur malheureux d’être choisi pour champ de bataille à son apparition, et qui n’ait disparu d’abord pendant un temps plus ou moins long sous la poussière, la fumée et le bruit.
Nous nous sommes expliqué déjà sur ce point, et nous nous expliquerons encore plus au long tout à l’heure, mais, disons-le dès à présent, ce que Shakespeare a fait est fait une fois pour toutes.
Disons seulement que ces premiers détails ne donnent que l’idée la plus grossière de l’extrême complexité de l’organisation cérébrale : l’encéphale est un des organes les plus compliqués du corps humain, et la dissection en est très longue et très difficile6.
Par exemple, en rapprochant la courbe qui exprime la marche du suicide pendant une période de temps suffisamment longue, des variations que présente le même phénomène suivant les provinces, les classes, les habitats ruraux ou urbains, les sexes, les âges, l’état civil, etc., on peut arriver, même sans étendre ses recherches au-delà d’un seul pays, à établir de véritables lois, quoiqu’il soit toujours préférable de confirmer ces résultats par d’autres observations faites sur d’autres peuples de la même espèce.
J’écrivis, le cœur serré, un long et triste ouvrage de morale, où je croyais pu moins avoir prêché la vertu la plus pure.
Certains critiques l’ont représenté comme une longue allégorie dont la clef serait perdue pour nous.
Les Russes ont un esprit facile et souple ; leur langue est, après l’italien, la langue la plus douce de l’Europe ; et si une législation nouvelle élevant les esprits, fait disparaître enfin les longues traces du despotisme et de la servitude ; si elle donne au corps même de la nation une sorte d’activité qui n’a été jusqu’à présent que dans les souverains et la noblesse ; si de grands succès continuent à frapper, à réveiller les imaginations, et que l’idée de la gloire nationale fasse naître pour les particuliers l’idée d’une gloire personnelle, alors le génie qu’on y a vu plus d’une fois sur le trône, descendra peu à peu sur l’empire ; et les arts même d’imagination, transplantés dans ces climats, pourront peut-être y prendre racine, et être un jour cultivés avec succès, 82.
Le philosophe qui les dédaignait ainsi était lui-même un Grec d’Asie, conservant quelque chose de la mollesse élégante que le voisinage de la Lydie et l’heureuse ressemblance avec ce climat donnaient aux habitants du rivage ionien, « dans ces villes où », dit-il lui-même, « lorsqu’elles n’avaient pas encore subi la hideuse tyrannie, ou allait par milliers à l’assemblée publique, avec des robes artistement travaillées, et une parure de longs cheveux liés et parfumée d’encens ».
Les Athéniens étaient très touchés de voir la vieille Hécube couchée tout de son long ventre à terre sur le théâtre ; peut-être les Français seraient-ils tentés de rire de cette attitude. […] Ceci pendant je n’ai consulté que mon cœur ; il me conduit seul, il a toujours inspiré mes actions et mes paroles : il se trompe quelquefois, vous le savez ; mais ce n’est pas après des épreuves si longues. […] Souvent de lui-même il remaniait son esquisse ; il changeait des actes entiers ; il faisait de nouvelles tirades ; ce travail était bien plus long que celui de la première composition ; enfin, lorsqu’il avait satisfait son conseil privé et lui-même, il s’occupait de la représentation, et c’était là une source de combinaisons profondes. […] L’espèce d’intérêt que l’on trouve dans la tragédie de Tancrède, coûte fort cher : il faut acheter au prix d’un long ennui quelques moments agréables. […] Voltaire nous apprend que l’Œdipe de Sophocle lui fournissait à peine la matière de deux actes et plus de trente ans après, lorsqu’une longue expérience devait avoir mûri son jugement, il entreprend de délayer en cinq actes, sans aucun mélange étranger, l’Électre de Sophocle, sujet moins abondant et moins heureux que celui d’Œdipe.
Ils n’abordent leurs recherches délicates, mais relativement bien plus simples que celles de la physiologie, qu’après de longs exercices préalables dans leurs laboratoires. […] Ce serait même une manière de reconnaître si un individu ou un animal ont succombé à la suite d’une longue maladie, ou sont morts subitement. […] Ce temps devra être conséquemment plus long chez un animal en digestion que chez un animal à jeun. […] Le sucre, en effet, ne disparaît du foie qu’à la suite d’une longue abstinence, quand la mort est prochaine, et que l’animal a perdu les 4 dixièmes de son poids, et que son retour à la vie est désormais impossible. […] Au milieu de la lame et dans l’axe de l’instrument, la tige se prolonge par une petite pointe très aiguë, longue de 1 millimètre environ.
S’ils restent religieux par certains instincts, ou par certaines réminiscences héréditaires, ils vont à Dieu par d’autres voies, plus longues peut-être et certainement plus incertaines, mais non plus par celles-là. […] Sortir de soi, et douter de soi, c’est douter, et le chemin est si long pour revenir, qu’on risque de rester en voyage. […] Par l’histoire trop longue déjà, quoique si courte ; par la géographie, par ces mondes nouveaux découverts et ces peuples étranges ajoutés à la notion générale qu’on avait des choses ; par l’histoire naturelle et de nouveaux mystères révélés ou annoncés par elle, l’idée du monde petit dans la main de Dieu, était peu à peu effacée des esprits. […] Il n’y a pas si longtemps qu’Edgar Quinet, au cours d’un long ouvrage sur la Révolution française, avait sans cesse le regard sur elle, la nommant dès la première page, toujours préoccupé de la réfuter, et comme gêné de son souvenir. […] Ce sont les pleurs, les plaintes timides, les anéantissements dans la douleur, et surtout les longs silences de la voix et des yeux qui sont les armes, et redoutables, de pareilles femmes dans ce duel qui est l’amour.
Toutefois, il l’accomplira, cet inutile dessein, parce qu’il n’a plus aucune autre raison d’agir ni de ’ vivre, parce qu’il faut, pour son « honneur », que sa longue flétrissure aboutisse du moins à un geste noble et remarquable ; et surtout parce qu’il hait Alexandre, non plus comme le tyran de sa patrie, mais comme la cause de ses souillures, de ses hontes et de la mort de son âme. […] Là, non seulement la mondanité vagabonde des deux amis et leurs élégantes mœurs, favorables aux longues séparations, mais encore (je continue à ne parler que du drame) le clinquant et l’artificiel de la grande dame exotique par qui sont bouleversés ces deux gentlemen, ce qui nous est un indice de leur propre qualité d’âme, ne nous permettent pas de croire assez fermement à ce que représentent Pierre et Olivier. […] Tels sont, exactement résumés, les événements antérieurs au lever du rideau, et que nous apprenons peu à peu au cours des longues conversations qui remplissent les deux premiers actes. […] Quelle déception d’apprendre qu’il n’y avait rien à expliquer, que la femme aux rats n’est en effet qu’une femme qui noie les rats, que la tour de Solness n’est qu’une bâtisse, que l’étranger n’est qu’un brave capitaine au long cours, que ce canard et ce grenier sont tout naïvement un grenier et un canard ! […] Déroulède n’a pas seulement su jeter quelquefois de belles paroles parmi de trop longs discours : il me semble qu’il a conçu le personnage de Hoche d’une façon assez forte et originale.
Il est long et il aime passionnément à être long. […] La complaisance avec laquelle il parle d’Alcibiade si souvent, indique qu’il l’avait pendant un assez long temps pris pour modèle. […] Les chemins seulement seront plus longs et l’échelle aura un plus grand nombre de degrés ; mais aussi les chemins seront plus agréables à parcourir et l’échelle à la fois plus vertigineuse et plus aérienne et en plein azur ; car jamais Platon n’est plus brillant que quand la difficulté du sujet l’inspire et met en mouvement et en exaltation son imagination prestigieuse en la mettant comme au défi. […] Nous y sommes revenus par un long détour ; mais rien n’était plus utile que ce détour ; car par lui nous avons appris à reconnaître une chose, c’est qu’on peut accepter la théorie de la force, pleinement, quand on est partisan de la théorie de la justice, et c’est qu’il y a identité entre ces deux doctrines quand on va au fond des choses. […] Et s’il existe un parti qui ne soit que juste et qui, ne recherchant que le bien de la patrie, se confonde avec la patrie même, il est très fort, ne dites pas non, parce que, tant que la cité est saine elle revient toujours à lui, après des écarts plus ou moins longs, et il est comme l’axe même de la vie politique de cette cité.
elles se promènent le long d’une haie et ne font pas attention à moi. » Ici, nous aurions une hallucination réciproque. […] C’est ce qui paraît avoir eu lieu pour la dame américaine de Mac-Nish, qui, après un long sommeil, entrait dans une phase d’existence où elle se rappelait les phases analogues sans soupçonner les phases intercalées ; elle ne se rappelait ces dernières qu’une fois revenue à son premier état. […] Delbœuf, en attachant mon esprit sur cette idée que la sécrétion salivaire ne se produirait pas, j’ai pu la suspendre pendant un temps relativement assez long. » Ce fait n’est pas plus surprenant que celui des pleurs à volonté chez certaines femmes.
Hugo, après un si long séjour chez le peuple des mots, ait retrouvé dans son cœur quelques traces des sentiments qu’il avait oubliés. […] La fuite de Marianna et ses longues rêveries au bord de la mer composent un tableau d’une mélancolie touchante. […] Quand il a passé la journée près d’une jeune fille calme et pure, dont le cœur ne s’est pas encore ouvert à la passion, dont la beauté sereine, le caractère angélique, le regard limpide, le sourire presque divin, lui promettent une longue suite d’années heureuses, il trouve, en rentrant chez lui, une lettre qui lui rappelle que sa chaîne n’est pas brisée. […] Sa joie n’est pas de longue durée. […] Je sais bien que toutes ces qualités, envisagées d’une façon générale, ne sont pas moins nécessaires dans une tragédie romaine que dans une tragédie empruntée à l’histoire du moyen âge ; mais l’expérience a montré que la foule, toutes les fois qu’il s’agit d’un sujet consacré par une longue tradition, s’attache plus à la forme qu’au fond, et fait bon marché du mouvement et de la vie, pourvu que les vers soient harmonieux, pourvu que la période ait du nombre, que les images soient habilement assorties.
Les dernières années de Parny ne furent point oisives, et, dans sa retraite, il continua de se vouer à des compositions d’assez longue haleine. […] « Je te saisis, je t’atteignis enfin, ô Plaisir ; le long retard m’avait rendu comme insensé : je ne craignais pas dans ma fougue de déchirer les franges de ta tunique légère, d’arracher les fleurs de ta tète et de tes mains ; mais tout renaissait vite et se réparait comme sur la personne d’un Dieu.
Cette longue résidence de Machiavel auprès de César Borgia fut pour le secrétaire florentin l’école de la diplomatie la plus consommée et la plus perverse. […] On l’interrogeait avec respect sur sa longue expérience des idées et des choses.
Quoique nous ayons ailleurs traité tout au long le problème166, nous ne pouvons-nous dispenser de revenir sur une question qui n’est pas épuisée, ne fût-ce que pour dissiper certains malentendus et répondre, directement ou indirectement, à des objections dont nous avions jusqu’ici différé l’examen. […] En d’autres termes, la possibilité des contraires peut former une série de plus en plus longue jusqu’au point qui exclut toute possibilité des contraires.
Le médecin avait la conviction, que toute la rêvasserie de ces longs dimanches, était un travail d’imagination érotique, à la recherche de tout le possible et l’impossible dans la caresse, que peut rêver une ignorante des choses d’amour. […] Lundi 21 août En chemin de fer, j’ai en face de moi une nourrice alsacienne ; au long front étroit, aux yeux toujours abaissés et lobés de rondes paupières, à la bouche infiniment petite avec de grosses lèvres, à la mignonnesse excessive des traits, dans des largeurs et un carré de visage rudimentaire.
On a assez au long quelques-unes de ces conversations de Duclos.
Toute cette première partie de la carrière parlementaire et politique de Jeannin est pour nous d’un intérêt secondaire, et a été éclipsée par la seconde moitié, dans laquelle il appartient non plus à sa province, mais aux affaires de la France et de l’Europe : il n’y arriva cependant que formé par ce long apprentissage.
Lorry qui l’accusaient de trop efféminer la science et d’amollir le caractère de la profession en vue du succès : Mais s’il ne devait cet accueil, remarquait-il, qu’aux impressions d’une âme douce et compatissante, à cette pénétration, à cette sagacité particulières qui font deviner aux uns ce que les autres n’apprennent que par de longs discours, à cet art d’interroger la nature sans soulever le voile de la décence et sans alarmer la pudeur, combien ces considérations ajouteraient à notre estime pour M.
Bossuet toutefois, d’après le journal de l’abbé Le Dieu, ne nous paraît point avoir été sans des prévisions plus sérieuses et plus longues.
Pour moi, qui suis de ceux à qui la Société des gens de lettres avait fait l’honneur de les appeler dans son sein pour participer à ce jugement, je puis dire en mon nom et en celui des hommes de lettres ainsi conviés que j’ai été frappé et touché avant tout d’une chose, du sentiment d’équité générale et bienveillante qui a présidé à ce long examen.
C’est un neutre indulgent et parfois sympathique ; et quant à ces traités particuliers sur le libre arbitre et sur d’autres sujets où il a paru imiter le style et suivre les sentiments de Pascal, il nous en donne la clef un peu plus loin dans cette lettre même (10 octobre 1739) ; car, après un assez long développement et qui vise à l’éloquence, sur les combats du remords et de la foi au lit d’un mourant, il ajoute : J’aurais pu dire tout cela dans quatre lignes, et peut-être plus clairement ; mais j’aime quelquefois à joindre de grands mots, et à me perdre dans une période ; cela me paraît plaisant.
L’amour supplée aux longs souvenirs par une sorte de magie. » Mais il ne nous indique aucun de ces détails qui lui ont paru si charmants, ou il ne les indique que d’une façon très générale ; il aime mieux s’écrier : « L’amour n’est qu’un point lumineux, et néanmoins il semble s’emparer du temps, etc. » — Un jour il écrit à Ellénore, pour lui donner idée de ce qu’il souffre pendant les heures qu’il vit séparé d’elle : « … J’erre au hasard courbé sous le fardeau d’une existence que je ne sais comment supporter.
Votre domaine à vous est aussi l’intimité des sentiments ; mais, croyez-moi, vous avez à vos ordres le génie de la musique, des fleurs, des longues rêveries et de l’élégance.
Si lui, le plus sensé et le plus pratique des esprits, le roi administrateur par excellence, il est sobre, dans ses Histoires, de longs raisonnements et de grandes considérations, même de guerre, c’est qu’il savait à combien peu tiennent souvent les plus grandes choses.
Veuillot, non pas seulement le journaliste de verve et d’assaut, l’observateur et le portraitiste à bâtons rompus, mais l’homme des longues tactiques, le stratégiste qui a pu se tromper à son point de vue, et qui, je crois, s’est trompé en effet, mais qui avait un plan suivi, étendu et plus raisonné qu’on ne serait tenté de le lui reconnaître.
La vraie et juste disposition à leur égard est un premier fonds de respect, et tout au moins beaucoup de sérieux, de circonspection, d’attention, une patiente et longue étude de la société, de la langue, un grand compte à tenir des jugements des Anciens les uns sur les autres, ce qui nous est un avertissement de ne pas aller à l’étourdie, de ne pas procéder à leur égard avec un esprit tout neuf en partant de nos idées d’aujourd’hui.
Chacun appelait alors Dagobert le vieux général : il l’était de services et d’aspect ; il avait de longs cheveux blancs et semblait un vieillard très avancé en âge, au point qu’on lui a généralement donné soixante-quinze ans.
Il a lui-même raconté, dans quelques pages d’une simplicité un peu cherchée (Une anecdote relative à Laplace), l’origine de ses relations avec le grand géomètre et comment, sur un point de mathématiques, il trouva lui-même des solutions dont Laplace, qui les avait obtenues de longue main, voulut lui laisser tout le mérite devant l’Institut.
C’est entre les hommes du même âge et de la même heure, ou à peu près, que le talent volontiers se choisit pour le reste de sa carrière ou pour la plus longue moitié, ses compagnons, ses témoins, ses émules, ses rivaux aussi et ses adversaires.
» — « Belles, droites et longues. » — « Quelle robe a-t-il ?
Sans revenir sur des ouvrages si connus, si bien jugés de tous, et dont chacun demanderait une analyse à part, je prendrai pour sujet de quelques-unes de mes remarques la Petite Comtesse, qui est un récit entre les deux, ni trop court, ni trop long, et qui par là même est plus commode.
Il n’est pas invitant de s’aller engager dans un long combat, dans une joute inégale, non seulement avec la certitude d’être finalement vaincu, mais de plus avec l’assurance qu’on sera déclaré inférieur à tous les moments du duel.
Duveyrier : « C’est une grande consolation, Messieurs, de pouvoir se dire que tout est prêt pour franchir la plus longue étape que dans la voie du progrès l’humanité ait encore eue devant elle.
Il y eut des figures longues.
Un des épisodes de cette vie de Berny, et qui nous en apprend long sur les mœurs du temps et du lieu, est celui du petit comte de Billy.
Il n’est pas moins vrai que le jeune abbé malgré lui, fier et délicat comme il était, dut ressentir avec amertume l’injustice des siens : quoique d’un rang si distingué, il entrait dans le monde sous l’impression d’un passe-droit cruel dont il eut à dévorer l’affront ; il se dit tout bas qu’il saurait se venger du sort et fixer hautement sa place, armé de cette force qu’il portait en lui-même, et qui déjà devenait à cette heure la première des puissances, — l’esprit si la théologie avait pu être en passant une bonne école de dialectique, il faut convenir encore que cette nécessité où il se vit aussitôt de remplir des fonctions sacrées, sans être plus croyant que l’abbé de Gondi ; que cette longue habitude imposée durant les belles années de la jeunesse d’exercer un ministère révéré et de célébrer les divins mystères avec l’âme la moins ecclésiastique qui fût jamais, était la plus propre à rompre cette âme à l’une ou l’autre de ces deux choses également funestes, l’hypocrisie ou le scandale.
« Elles devenaient longues, j’en supprime la plus grande partie.
On vit de longues séries complètes de Mémoires sur le xviiie siècle et sur la Révolution française ; M.
Ces expressions vous raniment, vous transportent, vous persuadent un moment que vous allez vous élever au-dessus de tous les égards factices, de toutes les formes commandées, et qu’après une longue contrainte, le premier ami que vous retrouverez, c’est votre propre caractère, c’est vous-même.
Elle est singulière, cette tête si connue : longue, maigre jadis, au front proéminent, aux pommettes saillantes, aux yeux enfoncés, aux lèvres serrées, au nez un peu court et comme arrêté d’un coup de ciseau qui a trop mordu : tête tourmentée et bizarre, pleine de protubérances et de méplats, surmontée d’un toupet comme on en voit flamboyer sous le lustre des cirques, et où il y a, en effet, du Méphisto et du clown, et peut-être aussi du chevalier de la triste figure.
La troupe italienne ne fit pas cette fois un long séjour à Paris ; elle partit à la fin de l’année 1647 ou au commencement de 1648.
Les sciences physiques offrent une foule d’exemples de découvertes d’abord isolées, qui restèrent de longues années presque insignifiantes et n’acquirent de l’importance que longtemps après, par l’accession de faits nouveaux.
Jésus refusa avec une juste fierté d’entrer dans de longues explications.
Aussi, malgré cette longue énumération de détails et d’exemples, l’esprit garde de cette lecture une impression nette, parce qu’il a toujours un fil qui le guide.
Avec un mari qui n’est pour elle qu’un père, et qui, dans sa philosophie indulgente, lui permettrait beaucoup, avec des opinions et des doctrines positives comme celles qu’elle s’est formées, on est réduit à reconnaître que Julie ne peut être protégée dans ses longs tête-à-tête avec son jeune ami (et elle en convient) que par son mal même et par la singularité de sa nature.
Et encore (10 octobre 1791) : « La reine, avec de l’esprit et un courage éprouvé, laisse cependant échapper toutes les occasions qui se présentent de s’emparer des rênes du gouvernement, et d’entourer le roi de gens fidèles, dévoués à la servir et à sauver l’État avec elle et par elle. » En effet, on ne revient pas d’une si longue et si habituelle légèreté en un jour ; ce n’eût pas été trop du génie d’une Catherine de Russie pour lutter contre les dangers si imprévus à celle qui n’avait jamais ouvert un livre d’histoire en sa vie, et qui avait rêvé une royauté de loisir et de village à Trianon : c’est assez que cette frivolité passée n’ait en rien entamé ni abaissé le cœur, et qu’il se soit trouvé dans l’épreuve aussi généreux, aussi fier, aussi royal et aussi pleinement doué qu’il pouvait l’être en sortant des mains de la nature.
Sa paix faite et son pardon obtenu, après un assez long séjour à sa seigneurie de Commercy en Lorraine, il eut la permission de reparaître à Fontainebleau et à Paris en 1664.
L’académicien Dubois mit à la tête de sa traduction une longue préface, qui étoit le développement de son systême.
Nous traiterons plus au long de ce dernier choix dans la suite.
Les uns l’en jugent plus méprisable, la dénonçant comme un concept a priori, rêve de philosophe, « chimère de Rousseau » ; les autres, plus admirable, rappelant qu’il est le résultat précieux des longs efforts spéculatifs des plus hauts représentants de l’humanité46. — Ainsi la thèse idéologique satisfait dès l’abord à des préférences diverses.
. — Au moment où la France s’acheminait vers une longue décadence (d’ailleurs utile et nécessaire à d’autres points de vue), l’Italie, débarrassée de certaines contingences par son malheur même, créait Pétrarque, marchait à la Renaissance, et se préparait par là une gloire nouvelle et des raisons nouvelles de servitude.
La meilleure postérité de Priam, à tes yeux, c’est une autre que moi : ma douleur, c’est que je sois importune et eux utiles, que je gêne et qu’ils plaisent. » Bientôt, d’une douleur en apparence résignée, la jeune fille, emportée par sa terreur prophétique, s’élève à ce langage : « La voici, la voici la torche enveloppée de flamme er et de sang : elle resta cachée, longues années.
. — Charme puissant et longue durée de cette poésie.
C’est à la philosophie à éclairer l’espèce humaine et à bannir de dessus la terre les longues erreurs qui l’ont dominée. […] Dans son long séjour en Russie, ce noble esprit, si vif, si continuellement aiguisé par le travail et l’étude, n’a presque jamais été averti, n’a presque jamais rencontré personne en conversation qui lui dît Holà ! […] C’est le premier ouvrage de lui qui s’échappa de son portefeuille après son long silence ; il le publia à Saint-Pétersbourg dans les premiers mois de 1814206. […] L’histoire de son influence posthume serait assez longue, assez compliquée, et, ce me semble, fastidieuse à faire aujourd’hui.
Le génie a été défini une longue patience. […] La morale courante n’est pas abolie ; mais elle se présente comme un moment le long d’un progrès. […] Longue serait la parenthèse qu’il faudrait ouvrir si l’on voulait faire la part des deux forces, l’une sociale et l’autre supra-sociale, l’une d’impulsion et l’autre d’attraction, qui donnent leur efficace aux mobiles moraux. […] Tout au plus devrions-nous dire qu’une fois celle-ci posée, celles-là peuvent être considérées comme autant de stations le long d’une route qui, tracée rétrospectivement par nous, conduirait à elle.
Sully Prudhomme n’a ni l’ampleur aisée, ni l’harmonie, ni la longue haleine de celle de Lamartine… Mais comme l’accent en est plus déchirant ! […] Ses vues, quand elles sont profondes, sont courtes, mais, quand elles sont plus longues ou plus larges, elles sont vagues. […] Cependant, s’il y avait un genre qui pût se flatter d’une longue carrière, un genre dont on eût cru volontiers la fortune inépuisable, il semble que ce fût le roman. […] Mais ne parlons pas de « règles », si ce mot offusque quelqu’un, et puisque d’ailleurs il ne peut servir qu’à perpétuer un long malentendu. […] Baron, à la fin d’une longue dispute, étant sur le point d’en venir aux mains, le gérant s’avise d’éteindre brusquement le gaz et de les plonger, avec leur querelle, dans une profonde obscurité.
Le têtard, qui n’est pas carnivore, ayant besoin d’un très long canal pour digérer sa pâture, a l’intestin dix fois plus long que le corps ; changé en grenouille carnivore, son intestin n’a plus que deux fois la distance de la bouche à l’anus. […] L’une, mentionnée plus haut114, et exposée tout au long par Cuvier, est la propriété d’être utile, ce qui emporte, pour l’organe, l’obligation d’accorder ses caractères avec ceux de tous les autres organes associés, de manière à opérer tel effet total et final, c’est-à-dire à rendre possible tel genre de vie, carnivore, frugivore, insectivore, dans l’eau, dans l’air ou sur la terre, en présence de telles proies et de tels ennemis, bref dans tel milieu ; nous avons indiqué les suites infinies de cette propriété de tout organe ; elles sont si nombreuses et si certaines que les anatomistes ont reconstruit des animaux fossiles d’après quelques-uns de leurs fragments.
Une manie amuse un moment, mais ne fournit pas un long drame. […] Elle fait des tableaux couvrir les nudités ; Mais elle a de l’amour pour les réalités. » Pour moi, contre chacun je pris votre défense, Et leur assurai fort que c’était médisance ; Mais tous les sentiments combattirent le mien, Et leur conclusion fut que vous feriez bien De prendre moins de soin des actions des autres, Et de vous mettre un peu plus en peine des vôtres ; Qu’on doit se regarder soi-même un fort long temps Avant que de songer à condamner les gens ; Qu’il faut mettre le poids d’une vie exemplaire Dans les corrections qu’aux autres on veut faire ; Et qu’encor vaut-il mieux s’en remettre, au besoin, À ceux à qui le ciel en a commis le soin. […] J’ai vu une mère de famille, en rentrant dans sa maison après un assez long voyage, se dérober aux empressements de son mari et de trois filles charmantes, pour prodiguer ses caresses à un chien favori, vilain animal dont elle faisait ses délices.
Quelle que soit donc, en France, l’inconnue celtique, voici quelques éléments plus sûrs : une colonisation romaine intense, d’où une vie intellectuelle qui égalait celle de la métropole et qui dura d’une façon plus constante à travers tout le moyen âge ; une résistance matérielle moins prolongée à l’invasion des barbares, d’où une assimilation réciproque plus rapide et plus harmonieuse ; à la différence de l’Italie, aucun passé de gloire qui pesât sur l’avenir, attirât sans cesse de nouveaux conquérants et prolongeât l’anarchie ; un pays tout à l’ouest du continent, adossé à la mer en bonne partie, qui n’était point une route à passer, une plaine à traverser, mais qui, une fois conquis, put travailler à un nouvel équilibre ; un pays de grandeur moyenne, non point plat comme l’Allemagne ou démesurément allongé comme l’Italie, mais compact, admirablement varié par ses fleuves et ses montagnes, où les provinces semblaient se faire d’elles-mêmes, éléments futurs d’une plus grande unité ; non point isolé comme l’Espagne et l’Angleterre, mais de contact facile ; un sol fertile ; un climat tempéré, ni la grisaille des longs brouillards, ni la voluptueuse lassitude des cieux ardents. […] L’esprit français, dépourvu de lyrisme et d’imagination, réaliste dans sa logique et équilibré, doué au plus haut point de cette sociabilité que Brunetière a si bien analysée, s’adressant donc au public et voulant être compris de lui, soucieux de précision plus que de beauté, artiste intellectuel plus que sentimental pour qui un sonnet peut valoir un long poème, l’esprit français grâce à ses défauts et à ses qualités peut comprendre à la rigueur, mais ne saurait créer l’épopée de Dante, le drame de Shakespeare, le Faust de Gœthe. […] Le lecteur français m’oppose sans doute Victor Hugo ; j’admire Hugo, de plus en plus, mais ne saurais le mettre ici, pour des raisons trop longues à dire.
C’est à ce point de vue seulement qu’on le considère ; partant, vingt tas de pierres le long d’une route font, en ce sens, vingt unités au même titre que vingt monades. […] Je fabrique d’avance une longue série de moules distincts, échelonnés d’après leur ampleur croissante ; elle fabrique ou a fabriqué avec ses diverses argiles ce qu’il faut pour les remplir ; et le contenu s’ajuste au contenant, d’abord parce que les éléments mentaux de l’un sont calqués sur les éléments réels de l’autre, ensuite parce que la structure artificielle du contenant se trouve d’accord avec la structure naturelle du contenu.
Il fallut envoyer de Rome à Urbino la litière du Palais pontifical, — on n’en trouva pas d’autre, — car il était impossible que mon infortuné frère pût faire ce long trajet sans être porté sur un lit. […] L’archevêque de Bologne s’offre au choix, il le mérite par ses vertus ; mais il a déserté le parti Mattei dans le commencement, ce parti ne le lui pardonne pas et lui refuse son concours par vengeance ; de longs jours s’écoulent, on désespère de s’entendre.
La mélodie s’élève d’abord comme le frêle, long et mince calice d’une fleur monopétale, pour s’épanouir ensuite, de même qu’elles, en un élégant évasement, une large harmonie, sur laquelle se dessinent de fermes arrêtes, dans un tissu d’une si impalpable délicatesse, que la fine gaze paraît ourdie et renflée par les souffles d’en haut ; graduellement ces arrêtes se fondent ; elles disparaissent d’une manière insensible dans un vague amoindrissement, jusqu’à ce qu’elles se métamorphosent en insaisissables parfums qui nous pénètrent, comme des senteurs venues de la demeure des justes. […] Eh bien, tout le monde sait qu’après un long développement purement intellectuel, pendant lequel l’homme a travaillé sans relâche à se construire un monde artificiel, il a fini par en sentir la sécheresse et la fausseté.
Le pauvre petit vieillard, ensuairé dans sa longue redingote tachée du ruban d’une croix, avance vers moi sa tête, où deux yeux sortent, fixes et saillants, morts et terribles comme ceux d’un soldat, auquel on enfoncerait une baïonnette dans le ventre. […] Il a de longs et rares cheveux blancs, la figure osseuse et décharnée, les yeux tout caves et au fond une petite lueur.
N’est-il pas puéril en effet, n’est-ce pas un peu jeu d’enfant, que cette condition arbitraire et humiliante de la prosodie des peuples consiste à faire marcher l’expression de sa pensée sur des syllabes tour à tour brèves et longues, comme une danseuse de ballets qui fait deux petits pas, puis un grand, sur ses planches ? […] » Après une longue angoisse d’incertitude, il se décide enfin à abandonner Damayanti pendant son sommeil.
C’était un très gros volume, composé à la manière de l’école de Wolf, avec une grande régularité, mais avec un tel luxe de divisions et de subdivisions, que la pensée fondamentale se perdait dans le circuit de ses longs développemens. […] La Critique de la Raison pure (Critik der reinen Vernunft) est précédée de deux préfaces (Vorrede), l’une de l’édition de 1781, l’autre de l’édition de 1787, ainsi que d’une longue introduction (Einleitung).
En agissant ainsi, il porte simplement la peine de la conception historique qu’il s’est faite, si toutefois il s’en est fait une, si tant est qu’il soit autre chose que ce qu’il a été, d’organisation spontanée et viciée, depuis qu’il descend jusqu’à nous la longue chaîne des siècles et des événements. […] Les uns l’ont traité brutalement de despote, faisant du despotisme pour l’apaisement de son âme orgueilleuse, et les autres le lui ont pardonné, parce que, clairvoyant ou aveugle, ce despotisme préparait, de longue main, les affaires de la liberté.
Eh bien, cette dernière affection d’une mère qui ne lui manqua jamais et qui lui survécut, ne l’arrêta point dans la consommation de ce long suicide par l’alcool qu’il accomplit sur sa personne. […] Son pays, en effet, fut pour la moitié, sinon pour le tout, dans son long martyre, et c’était là inévitable.
Au-dedans, vous avez à surmonter le goût d’une vie délicate, un esprit hautain et dédaigneux, avec une longue habitude de dissipation.
Celui qu’une longue expérience a formé, l’emporte sans doute par la précision des idées ; il a rassemblé plus de faits, et la vérité lui est mieux connue : on y parvient plus difficilement avec l’autre, mais on la désire plus vivement, et il sait mieux la faire aimer.
Gandar discute au long le projet de La Franciade, ce poème épique inachevé dont on n’a que les quatre premiers livres, et qui expira faute d’encouragement et aussi de verve.
Je comprends que lorsqu’on a à écrire, non pas seulement quelques pages, mais des volumes tout entiers, et à fournir un long cours de récit, on ne se laisse pas trop aller à ces bonnes fortunes qui tentent, que l’on choisisse de préférence un ton simple, uni, qu’on s’y conforme et qu’on y fasse rentrer le plus possible toutes choses, au risque même de sacrifier et d’éteindre quelques détails émouvants.
Quelques années s’écoulèrent : Maurice, dit encore sa sœur, était enfant imaginatif et rêveur : il passait de longs temps à considérer l’horizon, à se tenir sous les arbres.
Sur Mme de Genlis, dont elle parle au long dans deux lettres qui ne sont pas adressées à M. de Meilhan, elle développe les raisons de son antipathie et nous explique ses sévérités.
Tous deux se perdirent par une indiscrétion et pour avoir eu l’esprit plus satirique qu’il ne convenait ; leur fortune militaire fut brisée, et ils en furent l’un et l’autre pour un long exil, auquel Bussy ne put jamais se faire, tandis que Saint-Évremond porta jusqu’au bout le sien avec constance, dédaignant même à la fin d’en revenir quand il ne tenait qu’à lui.
Cousin, par ses expositions éloquentes et lucides, par les publications multipliées qu’il a faites avec tant de zèle, comme aussi par celles qu’il provoque sans cesse de la part même des survenants qui ne sont pas de son école, par toute son impulsion enfin, aura rendu dans sa longue carrière les plus éminents services à l’histoire de la philosophie, c’est-à-dire à ce qui dure plus que telle ou telle philosophie particulière. — Inventeur ou non en philosophie, il en est du moins le grand bibliothécaire.
Ses fréquents voyages, ses longs séjours à Paris et ses assiduités à l’hôtel de Nevers n’expliquent qu’en partie cette négligence.
On n’entend rien : pas un être vivant, sauf quelques moineaux qui vont se réfugier en piaulant dans les sapins, qui étendent leurs longs bras chargés de neige.
À défaut d’une grande originalité, Turretin eut donc de l’à-propos, de la sagesse pratique, de la persuasion, une influence salutaire, et il contribua à fixer pour un long temps cette température religieuse et morale dans laquelle on respira désormais plus librement, et qui permettait d’être à la fois, dans une certaine mesure, chrétien, philosophe, géomètre et physicien, homme d’expérience, d’examen, de doute respectueux et de foi.
a pris cela au sérieux et a relevé le gant ; il n’a pas craint de faire dans les Débats un long article intitulé : Le roi Louis-Philippe et M.
Premièrement, M. de Pontmartin dédie dans une longue préface son livre à M.
À peine embarqué sur le Northumberland qui devait le transporter de la rade anglaise à Sainte-Hélène, Napoléon qui, de ses derniers compagnons de fortune, n’avait pu garder avec lui que le grand maréchal Bertrand, les généraux Montholon, Gourgaud et M. de Las Cases (sans compter son fidèle valet de chambre Marchand), Napoléon passait de longues heures, dans cette traversée qui fut de plus de deux mois (8 août-17 octobre), en plein air, sur le pont du vaisseau, — tantôt immobile, à cheval sur un canon qui était à l’avant du bâtiment et que les marins anglais eurent bientôt baptisé le canon de l’Empereur, regardant le ciel et les flots, se voyant aller à la tombe et décliner au plus profond de l’Océan comme un astre qui change d’hémisphère ; tantôt se levant, interpellant ses fidèles compagnons et se parlant comme à lui seul, s’interrogeant sur tant d’événements prodigieux desquels lui-même se surprenait étonné après coup, et que sa pensée, pour la première fois oisive dans le présent, roulait en tumulte.
Je sais qu’il y a en tout ceci bien du jeu, que l’art est une chose fort différente de la nature, que ce qui s’appelle roman en particulier est fait pour plaire et amuser à tout prix, et le plus souvent moyennant illusion : je ne voudrais pourtant pas qu’on y mentît par trop, qu’on y donnât des idées par trop fausses et chimériques. et j’ai présent à l’esprit en ce moment la boutade d’un moraliste un peu misanthrope, qui écrivait pour lui seul après la lecture de quelqu’un de ces romans à la Sibylle ou à la Scudéry : « Quand je me reporte en idée aux débuts de l’espèce humaine sur cette terre, à cette longue vie sauvage dans les forêts, à ces siècles de misère et de dureté de l’âge de pierre qui précéda l’âge de bronze et l’âge même de fer ; quand je vois, avant l’arrivée même des Celtes, les habitants des Gaules, nos ancêtres les plus anciens, rabougris, affamés et anthropophages à leurs jours de fête le long des fleuves, dans le creux des rochers ou dans les rares clairières ; — puis, quand je me transporte à l’autre extrémité de la civilisation raffinée, dans le salon de l’hôtel de Rambouillet ou des précieuses spiritualistes de nos jours, chez Mme de Longneville ou chez Mme de…, où l’on parle comme si l’on était descendu de la race des anges, je me dis : L’humanité n’est qu’une parvenue qui rougit de ses origines et qui les renie.
« Sublime miroir de pensées sincères, montre-moi en corps et en âme tel que je suis : — cheveux maintenant rares au front, et tout roux ; — longue taille, et la tête penchée vers la terre ; — un buste fin sur deux jambes minces ; — peau blanche, yeux d’azur, l’air noble ; — nez juste, belles lèvres et dents parfaites ; — plus pâle de visage qu’un roi sur le trône ; — tantôt dur, amer, tantôt pitoyable et doux ; — courroucé toujours, et méchant jamais ; — l’esprit et le cœur en lutte perpétuelle ; — le plus souvent triste, et par moments très gai ; — tantôt m’estimant Achille, et tantôt Thersite. — Homme, es-tu grand ou vil ?
Et c’est aussi ce qui rend plus merveilleux de voir que les ouvrages de Périclès aient été faits pour un si long temps et si vite : car, en ce qui est de la beauté, chacun était dès lors et tout d’abord comme antique, et, pour la fleur, aujourd’hui encore ils sont aussi frais et paraissent aussi jeunes que jamais : tellement il y fleurit je ne sais quel éclat de nouveauté qui en préserve la vue des atteintes du temps, ces ouvrages ayant en eux-mêmes un souffle d’éternelle fraîcheur et une âme secrète qui ne vieillit pas !
Son Napoléon, tel qu’il l’avait conçu et qu’il l’avait vérifié par une longue étude, était d’un seul jet, et le Consulat, l’Empire, envisagés par lui dans leur continuité, offraient moins de déviations et d’écarts qu’on n’en suppose d’ordinaire.
Dans les jours de la Grèce antique, On te mêlait aux noirs cyprès ; Des Anciens le deuil poétique Par toi disait les longs regrets ; L’âme d’Achille consolée A son belliqueux mausolée Vit les Thessaliens venir, Parés de ta fleur solennelle : Leur deuil voulut montrer en elle L’éternité du souvenir.
Il fit valoir sa piété, sa patience dans sa longue maladie, son amitié pour la maison, la reconnaissance de la maison pour lui.
Le lendemain même de cette victoire, le maréchal d’Estrées est remplacé par Richelieu, dont l’intrigue menée de longue main aboutit à contre-temps.
La gravure qui est en tête et qui représente le poète mourant couché dans un lit à longs rideaux, entouré de ses amis vêtus encore à la mode de 1811, et lui-même, dans cette chambre à coucher d’un ameublement moderne, tenant à la main sa lyre, — une vraie lyre (barbiton) ; — la vignette du titre où une femme, une muse en costume d’Empire, apprend l’art de pincer du luth à un petit Amour à la Prudhon ; les bouts-rimés et les quatrains qui s’entremêlent dans le volume aux pièces sérieuses, tout cela retarde et montre que le nouveau goût qui va naître et qui signalera proprement l’ère de la Restauration n’en est encore qu’à de vagues et craintifs essais.
Un jour qu’il avait à dîner quelques amis à Épagnette, près d’Abbeville, une discussion s’engagea pour savoir si le clocher qu’on apercevait dans le lointain était celui du Pont-Rémi ou de Long, deux prochains villages.
De longs et unanimes applaudissements ont accueilli l’actrice, qui s’était tournée vers M. le Dauphin.
Ceci est bien vague : mais il serait aventureux de préciser l’hypothèse, et la chose demanderait un trop long éclaircissement.
Le charme est aussi dans le timbre ; on sent que ce métal est vivant, qu’une âme vibre dans ces sonorités unies comme de longues vagues.
Il a laissé dans le rôle un long souvenir de succès… « Avec des regards lubriques, des gestes à l’avenant, il forçait Elmire, en plein théâtre, à subir des grossièretés qu’il serait répugnant d’indiquer.
Et, quand tu pries, ne fais pas de longs discours comme les païens, qui s’imaginent devoir être exaucés à force de paroles.
Une longue exposition de doctrines bien dépassées depuis l’époque où écrivit l’auteur, serait inutile ici.
À la bravoure et à l’amour de la gloire, naturels aux Français, ils joignaient un grand respect pour la discipline, et une confiance sans bornes en leur chef, premiers éléments du succès… Les soldats d’aujourd’hui marchent dignement sur les traces de leurs devanciers ; et le courage, la patience, l’énergie qu’ils ne cessent de montrer dans la longue et pénible guerre d’Afrique, prouvent que toujours et partout ils répondront aux besoins et aux exigences de la patrie.
Feuillet près de son lit ; ce bon religieux voulait lui parler et se perdait en longs discours.
Maurepas, qui fut exilé vingt-cinq ans dans sa terre, après avoir été ministre et avant de le redevenir, avait passé ce long intervalle avec une légèreté de grand air, qui faisait illusion, même à Montesquieu : « J’arrive de Pontchartrain avec Mme d’Aiguillon, où j’ai passé huit jours très agréables, écrivait-il ; le maître de la maison a une gaieté et une fécondité qui n’a point de pareille.
Le mérite de Franklin dans cette longue et à jamais mémorable affaire, fut de ne jamais devancer l’esprit de ses compatriotes, mais, à cette distance, de le deviner et de le servir toujours dans la juste mesure où il convenait.
Mon avis qui est en ceci sans conséquence, est qu’elle étend la lumière des parties larges par l’opposition des ombres et des lumières des petites parties longues et étroites.
Aussi l’histoire de la sociologie n’est-elle qu’un long effort en vue de préciser ce sentiment, de l’approfondir, de développer toutes les conséquences qu’il implique.
C’est à la lecture que l’on ne peut plus prendre la fausse monnaie pour la bonne, et des sonorités plus ou moins savantes pour une idée ou un sentiment. « Certains poètes sont sujets, dans le dramatique, à de longues suites de vers pompeux qui semblent fort élevés et remplis de grands sentiments.
Et, si Balzac n’est pas un écrivain complet, peut-être cela tient-il à ce qu’il n’était pas sensible, autant qu’il l’eût fallu, à la grâce intime, à l’harmonie, au discret balancement des phrases. » Je crois cependant avoir assez insisté sur le rôle de l’harmonie dans le style ; j’en ai fait une qualité importante de la prose et j’ai même écrit un long chapitre sur l’harmonie des mots et des phrases.
Qui prolongea, par exemple, le séjour des rois pasteurs dans les plaines de Sennaar, si ce n’est la Providence de Dieu, qui voulait que le plus bel ouvrage de la création fût soumis à de longues et paisibles observations, pour qu’elles servissent ensuite à inspirer les Galilée et les Newton ?
Ils savaient également qu’ils contractaient, par là même, l’obligation de soigner notre longue et pénible enfance ; et c’est de cette double considération que Fénelon faisait dériver la source du pouvoir paternel.
Il les disait, ces Fleurs du mal, avec cette voix douce et mystificatrice qui hérissait le crin des bourgeois quand il les distillait suavement dans leurs longues oreilles épouvantées.
Mais j’aurais demandé de plus longues lueurs.
Au verger, plein de lys et d’ombelles, au verger où poussent dans l’herbe humide les agarics, les bolets roses, les panais aux thyrses longs, les fenouils, l’angélique, l’anis, la ciguë couronnée de fleurs blanches.
Cette phrase a quinze lignes, et n’est point longue.
Cousin que les propositions nécessaires et les idées des objets infinis se tirent par abstraction ou analyse des notions et des jugements acquis par l’expérience. » Pourquoi cette longue discussion ?
Ces pages de la République ont excité beaucoup d’étonnements et de longs commentaires, il me semble que la solution est simple. […] C’est net, et tout l’ouvrage est un long hymne d’admiration et d’amour. […] Il avait formé une longue parenthèse, après laquelle le monde affranchi reprenait sa vie normale interrompue pendant dix siècles. […] Après l’équipée de Francfort, et une longue rancune, assez justifiée, de Voltaire, la correspondance reprit, mais ils ne se revirent jamais. […] Il serait long d’expliquer comment le dédain de M.
Nous avons vu, alignées le long d’un mur, cataloguées, numérotées, ces toiles où se déroule la radieuse théorie des saisons. […] Nulle femme — trop longue pour plus d’idéal — ne s’y érige sous couleur de symbole. […] Ces promenades motivent de longues descriptions parfois très intenses et dignes du grand paysagiste qu’est M. […] Menacé du conseil de guerre, il tue un sergent et un caporal, aimant mieux mourir vengé que d’agoniser de longues années dans les bagnes militaires d’Afrique. […] Mais heureusement, durant toute cette longue servitude, pas une minute l’homme intérieur ne fléchit en lui.
Ce Gascon de Gautier de Costes de La Calprenède, — son nom mérite qu’on l’imprime tout au long, — et ce Normand de Scudéri, qui n’est d’ailleurs en ceci que le prête-nom de sa sœur Madeleine, écrivent leurs Ibrahim et leurs Cassandre, leurs Cléopâtre et leurs Artamène, vrais romans d’aventures, qui passionnent autour d’eux toutes les imaginations, tandis qu’avec les Scarron, les d’Assouci, les Saint-Amant le burlesque s’engendre, pour ainsi parler, du picaresque. […] Mais il resterait à montrer comment ou pourquoi la France s’est trouvée investie de cette « prérogative » ; et, sans entreprendre ici cette recherche un peu longue, n’est-il pas permis de penser que le caractère de notre littérature, celui de la civilisation française du temps de Louis XIV, et l’influence enfin de Louis XIV lui-même ne sont pas tant à ce point de vue même des effets que des causes ? […] C’est le ton de l’Académie de Petapa. » Seulement, comme autrefois celles de La Bruyère et de Molière, les plaisanteries du bon romancier font long feu. […] De Julie d’Angennes, duchesse de Montausier [1607, † 1671]. — Que personne plus qu’elle n’a contribué à rendre l’hôtel de Rambouillet ridicule ; — et qu’en tout cas, les témoignages contemporains ne signalent rien en elle que d’assez déplaisant. — Le trop d’hommages l’a gâtée ; — ses soupirants ou ses « mourants » ont encouragé chez elle trop de prétentions à l’esprit ; — il semblé qu’elle ait été beaucoup plus entichée que sa mère de la dignité de sa naissance et de la hauteur de son rang ; — et enfin la longue attente qu’elle a imposée à Montausier ne laisse pas d’avoir jeté sur tous les deux quelque chose d’un peu comique. […] Sermon sur la Bonté et la Rigueur de Dieu ; — Premier sermon pour le Vendredi Saint ; — Panégyrique de saint Gorgon ; — Panégyrique des saints Anges gardiens]. — Les Sermons de cette manière sont plus longs ; — plus embarrassés de dissertations ; — moins habilement composés ; — d’un réalisme de termes quelquefois excessif ; — mais par cela même plus « colorés ». — Le chef-d’œuvre de cette première manière est le Panégyrique de saint Paul, 1657, — où d’ailleurs on peut voir aussi bien l’annonce de la seconde manière. — Celle-ci est surtout « philosophique et morale » ; quoique non pas du tout pour cela « laïque » ; — et d’ailleurs pourvu qu’on ne prenne pas ces distinctions au pied de la lettre [Cf.
Son inquiétude le promène à Lyon, à Lausanne, à Neuchâtel, à Paris ; et toujours quand son imprudence ou sa légèreté l’ont mis sur le pavé, sa pensée se retourne vers la « maman », qui a transporté son domicile à Chambéry : les grands chemins pourtant, les longues marches, les libres horizons, les gîtes incertains, les soupers de rencontre, les nuits à la belle étoile le ravissent, l’enivrent, emplissent son âme d’ineffaçables sensations. […] Il va cependant en ce temps-là lire ses Confessions chez la comtesse d’Egmont ; mais ses bons jours, clairs et riants comme ceux de sa jeunesse, ce sont ses longues promenades, ses herborisations dans la banlieue, au bois de Boulogne.
Notre littérature traduit, au long des siècles, notre effort de renouvellement et de progrès. L’histoire de notre civilisation n’est pas celle de l’établissement d’un dogme, mais une longue et anxieuse recherche du mieux, sous de multiples formes.
Comparés à ces grands changements que prépare de longue main la nature des choses et qu’accomplissent les vrais grands hommes, ces événements semblent des effets sans cause. […] Je n’y vois que le grand style du dix-septième siècle se continuant dans le dix-huitième, le tour noble et tranquille, une phrase abondante et longue qui ne craint pas qu’on la laisse en chemin, une logique pressante sans être précipitée, l’image qui n’est que la plus parfaite justesse de l’expression.
Il s’en fallait que tout le monde en fût dupe : les longs sermons de la Suissesse sont un mot du temps. Aujourd’hui ces sermons paraissent encore plus longs ; le coloris de l’innocence a passé, et les tableaux voluptueux restent.
La philosophie à notre manière suppose une longue culture et des habitudes d’esprit dont très peu sont capables. […] Croyez-vous que ce misérable n’eût pas été, comme vous, honnête et bon, s’il avait été comme vous cultivé par une longue éducation et amélioré par les salutaires influences de la famille ?
Longue attente, dans ce roulement de voitures du boulevard Saint-Germain, dans ce bruit et cette trépidation de la vie parisienne, pendant laquelle vous vous demandez, si bientôt quelques mots, quelques paroles de l’homme qui est derrière la porte, ne vont pas, tout à coup, éveiller chez vous l’idée du silence éternel. […] Mercredi 2 novembre Le vieux Larousse, cet ouvrier ébéniste, qui a l’air de sortir d’un roman de Mme Sand, me parlait de la difficulté d’avoir des bois qui ne jouent plus, disant que le bois reste toujours vivant, et qu’il lui faut, par un long et fort chauffage, chasser du corps cette sève, qui persiste sous son apparente mort.
On ne conçoit pas comment un homme d’esprit, sans entendre un seul mot de grec, a pu former le projet de mettre l’Iliade en notre langue ; comment, dans l’idée de réduire ce poëme, d’en retrancher le gigantesque, le puérile & le superflu, il l’a rendu plus long & plus chargé d’inutilités ; comment, d’un corps plein d’embonpoint & de vie, il n’en a fait qu’un squelette aride & désagréable. […] Mais que peuvent les plus longs raisonnemens contre le sentiment ?
Cicéron après Aristote déclare nettement que la philosophie est progressive et que « les choses les plus récentes sont d’ordinaire les plus précises et les plus certaines. » Sénèque trace un éloquent tableau des progrès de l’astronomie, et croit pour l’avenir à des conquêtes plus merveilleuses encore ; il proclame que la nature aura toujours de nouveaux secrets à nous livrer, qu’elle ne révèle ses mystères que graduellement et dans une longue suite de générations humaines, que nous nous figurons être initiés à la vérité, et ne sommes encore qu’au seuil du temple, qu’un jour enfin reculeront les bornes de la terre et se déploieront, par-delà l’extrême Thulé, les vastes étendues d’un nouveau monde. […] Les prêtresses de Carie ont du poil au menton, et quand il devient plus long, c’est un fâcheux présage.
Maurice Waleffe pour ne compter que les ouvrages où subsiste un souci d’art, la liste est longue des romans qui se souviennent d’Aphrodite. […] Reconstitutions et pastiches nous entraînent par-delà les âges, de Sparte (L’Amant légal du comte A. du Bois) à Mitylène (Sapho de Nonce Casanova) avec de longs détours dans la légende.
Ce morceau, un de ces points de vue qui plaisent à la pensée du xixe siècle, lequel, comme tous les fatigués, aime à se retourner et à regarder de loin les longs espaces par lesquels il est venu jusqu’à cette borne du temps, dit éloquemment comment Audin aurait entendu l’histoire générale, s’il s’y était adonné. […] Nous avons dû lui consacrer un chapitre plus long qu’à personne, car il s’agissait, non d’un livre, mais des œuvres complètes de toute une vie, et d’une vie méconnue par la Gloire, cette vieille aveugle, comme la Fortune et comme l’Amour !
Percevoir consiste donc, en somme, à condenser des périodes énormes d’une existence infiniment diluée en quelques moments plus différenciés d’une vie plus intense, et à résumer ainsi une très longue histoire. […] Nous revenons ainsi, par un long détour, aux conclusions que nous avions dégagées dans le premier chapitre de ce livre.
Il a dit encore de lui-même dans une ballade, qu’au bruit du vin qu’il entend verser de la bouteille, qu’au fumet des viandes appétissantes qu’il voit servir sur les tables, son esprit se renouvelle, et qu’il se renouvelle encore à voir chaque fleur en sa saison, et les chambres éblouissantes de lumières pendant les longues veilles, comme aussi à trouver bon lit après la fatigue, sans oublier la friande collation arrosée de clairet, que l’on fait pour mieux dormir.
Cette considération, qui le fuyait et qu’il ne rattrapera point, était précisément ce qui lui tenait le plus à cœur : vers la fin, il la regagna petit à petit et en détail moyennant les longues années qu’il vécut, mais jamais à temps ni avec éclat, et sur le pied qu’il aurait souhaité.
Bossuet a dit quelque part dans un de ses sermons : « S’il n’était mieux séant à la dignité de cette chaire de supposer comme indubitables les maximes de l’Évangile que de les prouver par raisonnement, avec quelle facilité pourrais-je vous faire voir, etc. » Là où Bossuet eût souffert de s’abaisser et de s’astreindre à une trop longue preuve et à une argumentation suivie, Bourdaloue, qui n’avait pas les mêmes impatiences de génie, était sans doute un ouvrier apostolique plus efficace à la longue et plus approprié dans sa constance.
Ma mère pense quitter Rome au printemps prochain : l’isolement où nous nous trouverons, mon frère et moi, ne sera pas assez long, j’espère, pour nous faire faire des retours trop sérieux sur les moments heureux que nous passons actuellement.
Ayant quitté Paris après ses premiers succès dans la chaire, il fut attaché successivement par ses fonctions à diverses églises du Midi, et ne resta pas moins de dix-sept ou dix-huit ans sans revenir dans la capitale ; toutefois, après une si longue absence, il avait dessein d’y revenir, mais pour s’y ensevelir dans la retraite : il avait fait vœu de se faire Chartreux, et ce n’était point une ferveur de jeune homme, puisqu’alors Charron n’avait pas moins de quarante-sept à quarante-huit ans.
Il aime tout de la Hollande, même ce qu’elle a d’un peu triste, même ses difficultés et cette longue guerre qu’elle achève de soutenir contre la puissante Espagne pour son établissement et son indépendance.
qu’avant de se décider à écrire sur quelque portion de ce beau siècle, on devrait bien s’y être préparé de longue main, et, pour cela, dès la jeunesse, dès l’enfance, avoir insensiblement reçu une première couche générale de connaissance classique française, de bon et juste langage, comme du temps de Fontanes et de la jeunesse de M.
Il peut suffire à sa justification auprès des races futures que quelques-uns de ses essors et de ses coups d’œil aient une longue portée.
Faire des chansons, voilà mon métier… » Et quelque temps après, quand ces folies et ces fureurs amènent la répression, mais aux dépens des journaux qu’on censure, il y voit un nouvel à-propos, une occasion qui lui est offerte de plus belle : « La presse est esclave, il nous faut des chansons. » — C’en est donc fait, arrière les longs poëmes !
Thiers, de l’appeler « un Marco Saint-Hilaire éloquent. » Il a essayé, depuis, de réparer cela et de recouvrir ce mot malencontreux par de longs et vastes articles sur l’Histoire de L’Empire.
J’ai même entendu dire, à cette époque, que quelques démarches avaient été faites pour la rappeler. » Mais de ce que Mme de Staël n’est pas restée à Paris dans les Cent-Jours, s’ensuit-il, comme prétend l’établir dans une longue et assez âpre discussion l’auteur de Coppet et Weimar, que M.
Imaginez-vous Antonius Musa, ce médecin d’Auguste, qui le sauva en une maladie grave et qui obtint les honneurs d’une statue, nous ayant transmis les observations les plus précises, les plus intimes, sur les misères de santé que ne cessa d’éprouver dans sa longue vie ce grand empereur valétudinaire !
Gœthe avait assisté dans sa longue vie à bien des développements, à bien des mouvements et des agitations au sein de cette littérature allemande où il régnait : sa domination n’avait pas été toujours incontestée ; il y avait eu des essais de révolte ou du moins d’indépendance.
Édélestand du Méril est un savant qui passe tant et de si longues heures solitaires dans son cabinet, et qui a tellement fui la popularité et le bruit, qu’on l’a pris au mot en France : il est plus apprécié en Europe que dans son pays.
On peut tout dire, on ne peut exagérer les sentiments de fureur et de frénésie qui transportèrent les hautes classes de la société blanche à l’occasion des procès de La Bédoyère, de Ney, de celui de M. de Lavalette avant et après son évasion ; on n’a pas exagéré non plus les horreurs qui sillonnèrent le Midi et qui y firent comme un long cordon d’assassinats depuis Avignon, Nîmes, Uzès, Montpellier, Toulouse, toutes villes en proie à l’émeute et où l’on suit à la trace le sang de Brune, des généraux La Garde, Ramel, et de tant d’autres, jusqu’à Bordeaux où l’on immolait les frères Faucher.
Les lettres sont semées de ces jolis paysages si gais, si français, des environs de Marly ou de Versailles, et qu’il nous rend d’un pinceau familier et vrai : « J’espère, mon cher Deleyre, que vous avez encore présent à la pensée tout ce que nous nous sommes dit dans notre longue promenade aux environs de Marly.
Cette vue avait la grandeur et l’aspect de la mer : des chaînes de montagnes, sur lesquelles l’éloignement passait son niveau, se déroulaient avec des ondulations d’une douceur infinie, comme de longues houles d’azur.
Mais, pour avoir raisonné d’Homère tout au long avec Wolf, l’œuvre homérique n’en demeure pas moins à nos yeux le plus admirable produit de la poésie humaine ; Théocrite, pour avoir eu des précurseurs dans son genre, et pour n’être pas un inventeur et un créateur, absolument parlant, n’en reste pas moins la plus charmante et la plus fraîche des flûtes pastorales.
Il s’est donc attaché à notre grand tragique, et il s’est complu à démontrer en lui une âme et une intelligence essentiellement historique, pleine de prévisions et de divinations : non qu’il ait jamais supposé que le vieux poète, en s’attaquant successivement aux divers points de l’histoire romaine pendant une si longue série de siècles, depuis Horace et la fondation de la République jusqu’à l’Empire d’Orient et aux invasions d’Attila, ait eu l’idée préconçue d’écrire un cours régulier d’histoire ; mais le critique était dans son droit et dans le vrai en faisant remarquer toutefois le singulier enchaînement qu’offre en ce sens l’œuvre dramatique de Corneille, et en relevant dans chacune de ses pièces historiques, même dans celles qu’on relit le moins et qu’on est dans l’habitude de dédaigner le plus, des passages étonnants, des pensées et des tirades dignes d’un esprit politique, véritablement romain.
Cependant l’accord entre le gouvernement provisoire et le journal conservateur ne fut pas long et ne pouvait l’être.
Je ne prétends pas dénigrer Louis XV, ni ajouter au mal qu’on a dit de lui ; j’ai lu bien des Portraits de ce roi : je n’en connais point de plus juste que celui qu’a tracé un homme qui l’aimait assez et qui le voyait tous les jours, Le Roy, lieutenant des chasses de Versailles ; on peut s’y fier : c’est un philosophe qui parle et qui, pendant de longues années de service, n’a cessé devoir de près son objet.
Si redoutables que nous fussions, c’était une tâche bien longue, bien dangereuse, que celle de les réduire toutes les deux.
J’espère que ce que vous désirez réussira (le mariage) ; le roi vous en dira plus long que moi.
Voilà ce que je me hasarderais à penser de la politique de conservation, en idée du salut du pays, si toutefois je m’étais accoutumé d’assez longue main à concevoir le salut et l’honneur du pays sous ces sortes d’aspects.
Que si l’on nous demande maintenant ce que nous prétendons conclure de ce long parallèle que nous aurions pu prolonger encore ; lequel d’André Chénier ou de Regnier nous préférons, lequel mérite la palme, à notre gré ; nous laisserons au lecteur le soin de décider ces questions et autres pareilles, si bon lui semble.
La verve injurieuse de Démosthène, l’éloquence imposante de Cicéron, les moyens que Démosthène emploie pour agiter les passions dont il a besoin, les raisonnements dont Cicéron se sert pour repousser celles qu’il veut combattre, ses longs développements, les rapides mouvements de l’orateur grec, la multitude d’arguments que Cicéron croit nécessaires, les coups répétés que Démosthène veut porter, tout a rapport au gouvernement et au caractère des deux peuples.
Jusqu’à deux ans et demi, tous les objets longs, creux et minces, un étui, un tube à cigares, une trompette étaient pour lui des zizi, et il ne s’approchait d’eux qu’avec défiance.
Bien assuré par un privilège du roi, il se découvre dans son troisième livre, merveilleux de verve, mais dont l’ample satire évite lestement les actualités dangereuses : c’est, sur le thème gaulois du mariage, une débauche érudite d’idées, un jaillissement étrange de vie dans ce défilé de personnages et ce cliquetis de dialogue ; et parmi tout cela la traditionnelle raillerie des moines, une attaque enveloppée contre le célibat monastique, une longue parodie des lenteurs de la justice.
Lesage fait défiler sous nos yeux un long cortège d’originaux, ridicules ou odieux.
L’éloquence de Robespierre est une prédication, un long enseignement de vertu, un catéchisme verbeux de religion civile, où la théologie édifiante s’entremêle d’aigres diatribes contre les méchants et les impies.
« L’un a la colère noble, le courage magnanime, le naturel sensible ; il méprise les insultes ; il pardonne à de petits ennemis des libertés offensantes ; l’autre, trop long de corps, trop bas sur ses jambes, n’a que les caractères de la basse méchanceté et de la cruauté insatiable. » Une science plus exacte les a reconnus tous les deux également capables d’attachement et de reconnaissance.
La France s’était crue guérie de ses longues agitations passées.
Vous êtes au théâtre : on joue un drame intéressant et l’on en est à une scène capitale, la réconciliation du héros et de l’héroïne après de longs et affligeants malentendus.
Il faut la voir entrer, la tête haute, dans ce salon bruyamment hostile, et le fendre d’un long sillage, et démêler, en passant, d’un mot furtif, d’un geste imperceptible, les deux ou trois intrigues dont elle tient les fils.
À propos du papyrus, par exemple, cette plante qui croît en Égypte, il nous parle au long de la fabrication du papier, des différentes qualités qu’il offrait pour la finesse, ou la solidité, de celui qui, plus mince, s’employait dans la correspondance épistolaire, de celui qui servait pour les ouvrages, du papier Auguste, du papier Livie, du papier Claude (sous l’Empire3 n’avions-nous pas le papier Grand-Aigle ?)
Elle est maigre, comme il convient à son âge ; sa bouche fort vermeille, les lèvres grosses, les dents blanches, longues et mal rangées ; les mains bien faites, mais de la couleur de son âge.
La conversation y fut longue.
Son honneur à lui, c’est de n’avoir jamais, même aux moments les plus désespérés et les plus amers, cédé d’un point sur les conditions qu’il jugeait essentielles au rétablissement de la monarchie en France : « Il est aussi impossible de refaire l’Ancien Régime, pensait-il, que de bâtir Saint-Pierre de Rome avec la poussière des chemins. » Consulté de Vérone par Louis XVIII, et d’Édimbourg par le comte d’Artois, dans leurs projets excentriques de restauration, il ne cesse de leur redire : « Il faut écouter l’intérieur si l’on veut entreprendre quelque chose de solide… Ce n’est pas à nous à diriger l’intérieur, c’est lui qui doit nous diriger. » Dans une note écrite pour Louis XVIII en juillet 1795, Mallet du Pan lui pose les vrais termes de la question, que ce roi ne paraissait pas comprendre entièrement alors, et qu’il fallut une plus longue adversité pour lui expliquer et lui démontrer : La grande pluralité des Français ayant participé à la Révolution par des erreurs de conduite ou par des erreurs d’opinion, écrivait Mallet, il n’est que trop vrai qu’elle ne se rendra jamais à discrétion à l’ancienne autorité et à ses dépositaires ; il suffit de descendre dans le cœur humain pour se convaincre de cette vérité.
Le père Bouhours, l’un de ses admirateurs et de ses disciples, et qui l’assista dans ses derniers moments, a dit : Les malheurs d’autrui le touchaient plus que les siens propres, et sa charité envers les pauvres, qu’il ne pouvait voir sans les soulager, lors même qu’il n’était pas trop en état de le faire, lui a peut-être obtenu du ciel la grâce d’une longue maladie, pendant laquelle il s’est tourné tout à fait vers Dieu ; car, après avoir vécu en honnête homme et un peu en philosophe, il est mort en bon chrétien dans la participation des sacrements de l’Église et avec les sentiments d’une sincère pénitence.
En relisant attentivement sa longue polémique comme je viens de le faire, il m’a semblé quelquefois que Carrel ne faisait que se tromper de seize ou de dix-sept ans, que cette chute qu’il prévoyait et qu’il présageait dès 1831 à la dynastie de Juillet, n’avait fait que retarder, et que sa politique, reprise par d’autres, et cheminant imperceptiblement sous cette prospérité apparente de l’adversaire, avait triomphé après coup, et avait eu raison en définitive.
Grand, bien fait et d’une belle taille s’il s’était mieux tenu, avec une figure à longs traits expressifs et fortement marqués, laquelle exprimait la bonhomie, et qui aux clairvoyants eût permis, par éclairs, de deviner de la force ou de la grandeur, il se laissa aller, durant cette première partie de sa vie en province, au hasard des compagnies et des camaraderies qu’il rencontrait.
C’est ce qu’il me paraît absolument impossible de découvrir, c’est du moins ce qui demanderait des observations si longues et si délicates, que je ne crois pas que la science puisse encore rien avancer de sérieux sur un pareil sujet.
Moi, je voudrais que la société vît ces périls comme un homme ferme qui sait que ces périls existent, qu’il faut s’y soumettre pour obtenir le but qu’il se propose, qui s’y expose sans peine et sans regret, comme à une condition de son entreprise, et ne les craint que quand il ne les aperçoit pas dans tout leur jour. » Dans une lettre de la même époque à un autre de ses amis, trop longue pour être citée, il exprime encore avec plus de précision la vraie pensée du livre de la Démocratie.
Je suis forcé, ici, d’être un peu long.
Nous ne sommes point inhabiles au sérieux, mais notre esprit a trop de vivacité, il a trop vite fait le tour d’un objet quelconque pour qu’il ait besoin de se livrer à un long examen.
[Suit une longue dissertation sur le grotesque]… Nous voici parvenus à la sommité poétique des temps modernes.
Le têtard, qui n’est pas Carnivore, ayant besoin d’un très-long canal pour digérer sa pâture, a l’intestin dix fois long comme le corps ; changé en grenouille carnivore, son intestin raccourci n’a plus que deux fois la distance de la bouche à l’anus.
Bien des commotions, sans doute, et d’innombrables changements ont eu lieu dans cet espace de temps si long ; les mœurs, les lois, les croyances, se sont modifiées sans cesse : mais toutes ces évolutions s’accomplirent dans le sein du même ordre social et religieux ; et, pendant qu’elles s’accomplissaient, le système lui-même, dans son essence, restait immuable et vivait toujours de la même vie. […] Chaque homme n’a-t-il pas le droit de dire à cette société, qui, prise collectivement, n’est sur toute chose qu’une négation, un néant, et dont l’anarchie est telle, au moral comme au physique, que tout homme qui y naît y puise nécessairement le germe d’une anarchie qui dévore ensuite son cœur et fait de sa vie un long supplice : « Ou reconnaissez l’antique religion, ou résumez votre science, vos lumières, votre philosophie, et donnez à chacun de vos citoyens des principes qui puissent le guider. […] Croyez-vous que la longue série de nos malheurs n’ait d’autre but que de fournir des récits à l’histoire, et n’ait pas un sens providentiel pour nos âmes ?
Durant les longues nuits du dortoir, ces spectres avaient agité leur sommeil, enflammé leur cœur de haine et d’amour, de jalousie et de dévouement. […] Après ces longues courses, dont il retraça les émotions dans ses Souvenirs d’Orient, etc., un besoin de villégiature bourgeoise le prit, mais alors il ne put éviter l’ennui, l’ennui, ce désespoir de toute heure. […] Depuis 1830, la littérature, après de longues épilepsies romantiques, s’est mise, spécialement dans les mains de Mme Sand et de M. […] Pénétrés de ccs quelques vérités, qui ont le tort, j’en conviens, d’être fort peu idéalistes, posez-vous sans crainte, si vous avez du talent, avec votre plume ou votre pinceau devant vos contemporains, et soyez sûrs que vous en tirerez des œuvres bien autrement saines pour l’esprit et pour le cœur des jeunes et des vieux, que toutes ces drogues nauséabondes, que toutes ses grandes passions fainéantes, que tous ces ferments de convoitise à l’adresse de la richesse et de la beauté, qui nous font souvent perdre notre jeunesse en rêves idéalistes impossibles, pour nous laisser retomber si lamentablement plus tard sur les longues épines de la réalité.
Cette irrégularité serait sans importance dans une pièce de longue haleine ; mais dans une pièce aussi courte, je crois sage de l’éviter. […] Pour ne pas faillir comme ceux qui n’ont pas attendu l’heure de l’enfantement, il s’est imposé une trop longue attente. […] Au lieu d’entrer de plain-pied dans l’action qu’il veut raconter, il a cru devoir se condamner à une longue exposition. […] Cette notice, démesurément longue, puisqu’elle est inutile, ne dispensera pas les lecteurs qui voudront connaître Henri de Rohan d’étudier attentivement les guerres de religion du règne de Louis XIII. […] Une fois pénétré de ces vérités prétendues dont se compose la morale mondaine, il avait devant lui une route longue et facile.
Les trois cents Spartiates de la publicité militante, plus heureux que les compagnons de Léonidas, survivent à leur redoutable ennemi et peuvent enfin se reposer d’avoir eu tant d’esprit contre ce catholique terrifiant qui donna de si longues inquiétudes aux boutiquiers austères de la Libre Pensée et de l’Antichristianisme. […] La formule royale apparut incarnée en cet homme médiocre, dans l’équilibre superbe d’un très long règne, magnifiquement pondérée par toutes les formules subalternes de l’obéissance et du respect de douze siècles accumulés en piédestal sous les quatre pieds de son trône d’or. […] La plus longue partie de son misérable pamphlet, intitulée : le Rôdeur, est une interminable et horripilante dissertation sur la prostitution dans tous les siècles et sur l’impuissance comme résultat du scepticisme, à propos de Sainte-Beuve. […] L’un de mes plus longs articles au Chat Noir et l’un de ceux que j’ai faits avec le plus d’amour a été un article sur Adolphe Willette, l’auteur de cette porcherie. […] ces croquis, c’étaient des ébauches d’infâmes priapées ; les lignes qu’il lut, — ces lignes d’une longue et fine écriture de femme !
Suard, ce portrait en charge, qui est d’ailleurs amusant : L’auteur de la grande et superbe Histoire de l’Empire romain avait à peine quatre pieds sept à huit pouces ; le tronc immense de son corps à gros ventre de Silène était posé sur cette espèce de jambes grêles qu’on appelle flûtes ; ses pieds assez en dedans pour que la pointe du droit pût embarrasser souvent la pointe du gauche, étaient assez longs et assez larges pour servir de socle à une statue de cinq pieds six pouces.
C’est dans la sérénité de cet Olympe intellectuel que Montesquieu, que Buffon, se recueillant durant de longues heures, contemplaient le but suprême, y dirigeaient leurs plans majestueux, et édifiaient avec lenteur leur monument.
On aurait beau nous faire là-dessus de longs discours ; on aurait beau nous redire tout ce qu’en ont dit les philosophes ; on aurait beau y procéder par voie de raisonnement et de démonstration, nous prendrions tout cela pour des subtilités encore plus vaines que la vanité même dont il s’agirait de nous persuader.
Il n’est ni long ni court, ni bas ni sublime, ni sérieux ni badin, il n’est ni sacerdotal par rapport à lui, ni épiscopal par rapport à moi, ni royal par rapport à Votre Majesté.
Les opéras, les chanteurs et cantatrices, qui sont un de ses plaisirs, ne lui suffisent pas : elle a besoin de conversation ; il y a des vides et des silences autour d’elle : « Nos entretiens me semblent comme la musique chinoise, ou il y a de longues pauses qui finissent par des tons discordants. » Cette conversation qui lui manque de près, elle la cherche au loin, et elle trouve heureusement dans son frère un correspondant qui a du temps pour tout.
Il est encore tout entier dans cette lettre à un jeune homme triste, souffrant, entravé dans ses goûts, et à qui il dit pour le consoler : « Ne vous laissez pas aller aux longues et secrètes douleurs : Dieu le défend à notre nature… J’ai connu tout cela, Monsieur, voilà pourquoi je me permets de vous en parler.
Il n’était pas homme à dire comme Auguste mourant après un aussi long règne et parodiant l’acteur comique dans le couplet final : « Si vous êtes contents de la pièce et de l’acteur, applaudissez !
Il s’en trouva une qui se chargea, à l’aide de ce que Bossuet appelle des moyens agréables, c’est-à-dire par son charme et ses artifices, « d’attaquer auprès de Louis XVIII les influences dangereuses, compromettantes pour le salut du trône, pour sa personne et pour le pays ; de détruire ces influences, et en même temps de les remplacer ; de faire accepter au roi les hommes qui auraient gagné la confiance de Monsieur ; enfin, de réconcilier les deux frères. » La personne choisie pour l’exécution de ce pieux dessein, et qui s’y prêta de toute son âme, y employait de longues séances chaque mercredi.
Elle est un peu longue, dira-t-on, cette impertinence ; mais la longueur même fait partie de la revanche, et le descriptif, en reparaissant, se devait à lui-même une réhabilitation complète et sur toutes les coutures.
Les réactions, ainsi motivées et préparées de longue main, seront terribles.
C’est cette proposition, votée à l’unanimité (je le répète) par sa Commission, que l’Académie, réunie en nombre, et après un long débat, a cru devoir repousser, en se fondant sur des principes d’orthodoxie philosophique qui lui semblaient enfreints et violés par le système de l’auteur.
franchement, si ami que je sois de la réalité, je regrette que Mme Roland n’ait pas obéi jusqu’à la fin au sentiment de répulsion instinctive qui lui avait fait ensevelir en elle ce triste détail, et qu’elle ait cru devoir consigner si au long un incident plus que désagréable ; pour l’excuser, pour m’expliquer cette franchise que personne au monde ne lui demandait à ce degré, j’ai besoin de me représenter l’autorité suprême et l’ascendant prestigieux que l’exemple de Rousseau avait pris sur elle et sur les personnes de sa génération.
J’admettrais même volontiers que ce qui était arrivé au duc de Noailles avec Saint-Simon, et dont les conséquences furent longues et dures, pût lui servir de leçon pour ne pas recommencer et s’y laisser reprendre.
Chatel lorsqu’il dit : « Le séjour de La Bruyère en Normandie dut être de bien courte durée, et pourtant il lui parut assez long pour exciter sa mauvaise humeur, au point de le faire manquer à la politesse et au bon goût, lui qui avait, avec un vif sentiment des convenances, le secret de ces deux qualités essentielles à l’homme de lettres : « La ville dégoûte de la province », écrit-il… « Les provinciaux et les sots sont toujours prêts « à se fâcher. » La Bruyère était dans son droit quand il faisait ses observations de moraliste, et c’est vraiment trop de susceptibilité que de venir défendre la province, uniquement parce que soi-même on l’habite.
Aussi, dès qu’on y entre soi-même avec quelque simplicité, ce long et lent récit prend un grand charme.
Jasmin, en étant de ce métier cher à Gil Blas et à Figaro, n’y déroge point par la tournure même de son esprit, de son talent ; c’est un Français du Midi, qui est de la pure et bonne race des Villon, des Marot, et dans la boutique de qui Molière aurait aimé à s’asseoir de longues heures, comme il faisait chez le barbier de Pézenas.
Gautier donne, sans le vouloir, raison à Malherbe qui aurait dit certainement à Théophile : « Votre pièce est de plus de moitié trop longue ; vous ne savez pas vous arrêter à temps ni effacer ; rien de trop : réduisez la muse aux règles du devoir. » Il y a plus : M.
Il serait peu généreux en toute autre circonstance de s’en souvenir et de venir rappeler des ouvrages de lui appartenant par leur nuance à la littérature la plus moderne, et qu’il semble avoir si parfaitement oubliés ; mais tout se tient, et il est des contre-coups bizarres à de longues distances.
Le ton qui y régnait était avant tout sérieux, celui de la discussion en général, de la discussion longue, suivie, politique ou littéraire, avec des a-parte psychologiques ; une certaine allure d’étude jusque dans l’entretien, et de prédication dans le délassement.
Elle était pleine de monde en deuil que les cloches, annonçant le supplice, et la prière des morts, avaient réveillé et rassemblé dès le matin ; un cordon de sbires les tenait à distance ; les pénitents, en longues files, m’entouraient et me suivaient : un petit enfant, à côté du père Hilario, marchait devant moi et tendait une bourse aux spectateurs pour les parents du meurtrier.
ne serait-ce pas que dans l’une la longue tradition de la pastourelle fournissait au poète de quoi étoffer ses personnages, et dans l’autre il avait tout à créer, tout à marquer de traits tirés de son invention propre ?
Dans ces longues séances aux bibliothèques qu’il a racontées, il préparait son Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands, qui parut en 1825.
Notre-Dame, énorme et mystérieuse, dort son sommeil de pierre et de longs souvenirs, dans son îlot, loin du Paris agité et grouillant.
Précieuses et pédantes [Paul Adam] Il y a l’encyclopédie Roret, il y a l’encyclopédie Zola, il y a l’encyclopédie Paul Adam… Zola a mis en romans lourdement longs tout le mécanisme moderne.
L’action s’engage avec verve : si la bataille doit faire long feu, les escarmouches étincellent.
Je trouve, racontée au long, une de ces conversations, qu’il tint à Ancône pendant la première campagne d’Italie, et je la trouve là où l’on s’y attendrait le moins, dans les notes d’un poème (La Chute de Napoléon) publié par M.
L’abbé Lacordaire est du siècle à un certain degré, je l’ai dit, et il le reconnaît avec une grâce touchante : Dieu nous avait préparé à cette tâche en permettant que nous vécussions d’assez longues années dans l’oubli de son amour, emporté sur ces mêmes voies qu’il nous destinait à reprendre un jour dans un sens opposé.
Guizot, après une longue interruption, s’y remet aujourd’hui, et il signale cette rentrée par le remarquable Discours qu’on peut lire.
Acceptez de cet accident la passion, la rapidité et le malheur ; je vous donnerai plus dans un jour qu’un autre dans de longues années.
ce qu’on appelle un enfant bien né ; il a un penchant au vice et à des vices bas ; il a des convoitises honteuses et cachées qui ne sentent pas le gentilhomme ; il a de ces longues timidités qui se retournent tout d’un coup en effronteries de polisson et de vaurien comme il s’appelle ; en un mot, il n’a pas cette sauvegarde de l’honneur, que M. de Chateaubriand eut, dès l’enfance, comme une sentinelle vigilante à côté de ses défauts.
Dans son récit, qu’il divise en chapitres, avec des titres distincts et plus longs que la chose, on ne trouve pas cette richesse, cette fertilité et cette suite de détails qu’il faudrait pour remplir le canevas, pour en couvrir la nudité.
Mme des Ursins s’appelait alors à Paris Mme de Bracciano, elle y venait quelquefois, y faisait d’assez longs séjours ; elle y donnait de petits bals, qui finissaient à dix heures du soir, pour les héritières à marier.
C’était lui qui avait dit de d’Antin ce mot décisif : « Voilà comme un vrai courtisan doit être, sans humeur et sans honneur. » Il semblait que d’Antin eût fait son temps, et il se disposait à pratiquer enfin sa morale de retraite : Je voyais, dit-il (dans les huit jours qui précédèrent la mort du roi), je voyais tout le monde courre au soleil levant ; les gens attachés de longue main à M. le duc d’Orléans épanouissaient leur visage.