C’est ce qui paroît sur-tout par ses Lettres Helviennes ou Provinciales philosophiques ; espece de correspondance littéraire & critique, entre un Chevalier bel-esprit, & une Baronne qui désire d’être initiée dans les mysteres de la Philosophie moderne.
Nous répéterons d’abord, d’après une foule de Critiques, que cet Ouvrage n’a été pour lui qu’un enfant adoptif dont Bacon & Chambers ne l’avoient pas fait légataire.
On doit penser qu’un pareil Ouvrage étoit fait pour s’attirer des critiques ; aussi ne manqua-t-on pas de s’élever contre plusieurs des opinions de l’Auteur.
Il y a une création contemporaine de la Révolution qui a généralement échappé à toute critique, c’est, dans le Calendrier républicain, les noms des mois de l’année.
Il est vrai que les défauts qui resultent de cet embarras ne sont remarquez que par un petit nombre de personnes assez instruites pour les connoître ; mais il arrive que, pour faire valoir leur érudition, elles exagerent souvent l’importance des défauts, et il ne se trouve que trop de gens qui se plaisent à repeter leur critique.
Ceux qui ont lû la critique du cid n’en ont pas moins de plaisir à voir cette tragedie.
La Chambre de 1815, qui a été l’objet de tant d’éloges et de tant de critiques, eut cela de remarquable qu’elle représentait très bien le mouvement des opinions françaises, qu’elle représentait très bien aussi cet état d’anxiété, de trouble, d’incertitude, résultat nécessaire de la lutte des mœurs et des opinions.
La critique et l’histoire. […] Sa critique. — Ses préoccupations morales. — Comparaison de la critique en France et en Angleterre. — Pourquoi il est religieux. — Liaison de la religion et du libéralisme en Angleterre. — Libéralisme de Macaulay. — Essai sur l’Église et l’État. […] Si j’osais employer, comme Macaulay, des comparaisons religieuses, je dirais que sa critique ressemble au jugement dernier, où la diversité des talents, des caractères, des rangs, des emplois, disparaîtra devant la considération de la vertu et du vice, et où il n’y aura plus d’artistes, mais un juge entre des justes et des pécheurs. La critique en France a des allures plus libres ; elle est moins asservie à la morale, et ressemble plus à l’art. […] Nous avons jugé les hommes à la volée, sur l’impression du moment, sur une action détachée, sur un document isolé, et nous les avons affublés de vices ou de vertus, de sottise ou de génie, sans contrôler par la logique ni par la critique les décisions aventureuses où notre précipitation nous avait emportés.
Telles sont les critiques à faire aux tendances générales de l’évolutionnisme. […] Voilà pourquoi Kant, dans sa critique du Jugement, a fait du sublime une idée à part, bien distincte de celle du beau. […] La théorie d’ailleurs est soumise à un certain nombre d’autres critiques fort importantes. […] En un mot, elle critiquera l’esprit et se décidera d’après cette critique. […] La critique du témoignage constituera donc une grande part des sciences historiques.
Les Marionnettes et les comédiens. — De la critique aux premiers temps du théâtre Autrefois, remontons seulement aux premiers jours du grand règne autour duquel nous tournons sans nous lasser, la comédie à peine était inventée, et elle allait fort bien sans la critique. En ce temps-là peu ou point de critique ; on s’arrêtait devant ce grand titre : Comédiens du roi ! […] Quel grand critique en toutes les choses, où il pouvait placer un peu de son âme, un peu de son cœur ! […] — Figurez-vous La Critique de l’École des femmes au quatrième acte de L’École des femmes ! […] Les Grenouilles ne sont guère plus amusantes qu’un bon feuilleton de bonne critique, et (modestie à part) !
Si l’on a une façon particulière d’entendre la critique des livres et de regarder le spectacle des choses, ce n’est point par des préfaces qu’on la révèle au public. […] Ces critiques, si justifiées qu’elles puissent être, sont bien moroses. […] Autre sera le point de vue du critique qui considérera ce mécanisme d’une façon désintéressée, et non plus dans le jeu de son action d’ensemble. […] Des critiques allemands et même français proclament Frédéric Nietzche le premier écrivain de l’Allemagne contemporaine. […] Il n’a pas osé rédiger un commentaire critique ; il a confié ce soin à un de ses amis, philosophe, expert en folklore, M.
Que l’on éprouve cette critique sur les principaux romans de cette seconde période. […] Et malgré tout, en dépit des plus justes critiques, il est difficile de ne pas subir le charme. […] Un maître de la critique, M. […] C’est le roman qui tient alors la place qu’occupaient autrefois les livres de controverse dans les siècles anciens ou les grandes questions de critique et de rénovation sociale au dernier siècle. […] Je sais par expérience que les avis les plus sincères peuvent retarder l’élan et faire dévier l’individualité… Elle sait écrire, elle apprécie bien, elle est très capable de faire de la bonne critique.
Cousin donne le billet que j’avais déjà publié, en y mettant les quelques mots assez insignifiants que j’avais remplacés par des points, et il continue) » : La Rochefoucauld prit au mot Mme de Sablé ; il usa très librement de son article, il supprima les critiques, garda les éloges, et le fit mettre dans le Journal des savants ainsi amendé et pur de toute prévention à l’impartialité.
Tout s’est passé dans les convenances académiques exactes, et c’est à peine si, en un petit nombre de passages, la parole de l’honorable récipiendaire donne lieu à des remarques qui sont encore plus des questions qu’on peut lui adresser que des critiques.
Un critique (que nous croyons M.
Elles cessent du moins dans les occasions critiques.
Eugène Lintilhac Le Paria (1829), dont les chœurs sont fort beaux et annoncent la poésie des Poèmes antiques d’Alfred de Vigny ; Marino Faliero (30 mai 1829), dont les audaces sont antérieures à celles d’Hernani, et en sont toutes voisines, puisque le poète s’y affranchit de l’unité de lieu et admet le mélange du comique dans le dialogue… ; Louis XI, d’un effet si sûr à la scène ; les Enfants d’Édouard, si adroitement découpés dans Shakespeare… [Précis historique et critique de la littérature française (1895).]
. — La Critique (Georges Bans). — L’Enclos (F.
Voltaire, dans son Commentaire sur Corneille, a relevé comme grossier, un mot employé par l’auteur dans une épigramme contre Scudéry, qui à la suite de quelques débats à l’occasion de la critique du Cid, l’avait appelé en duel.
Puisque Virgile et Racine reviennent si souvent dans notre critique, tâchons de nous faire une idée juste de leur talent et de leur génie.
Et ce travail, que nous avons vu se poursuivre, ce travail critique de la libre pensée appliqué à l’histoire, a tellement mordu sur nous tous, esprits contemporains, que nous ne lisons plus aujourd’hui nos anciens historiographes déconsidérés et que nous ignorons profondément les mérites de ces hommes, à qui nous serons obligés d’aller redemander quelque jour la vraie trame de l’histoire, disparue sous les festons dont on l’a brodée et les couleurs menteuses dont on l’a peinte.
Les catholiques redoutent l’esprit germanique, sa philosophie et sa critique biblique.
Il y a, malgré tout, une part de vérité dans la malveillance de ma critique. […] Si je faisais de la critique un métier, je dirais que Musset n’est pas un « bon sujet » pour la critique. […] Qu’un critique soit totalement dépourvu de beauté plastique, cela ne regarde personne. […] Car celui-là ne serait qu’un critique, c’est-à-dire peu de chose. […] Elle apparaissait dans ce rôle, dit un critique du temps, “désœuvrée et grelottante”.
Aussi les critiques les plus hazardeux n’ont jamais avancé, que je sçache, qu’il y eût de la faute d’Homere ; on s’est contenté de dire que son siecle étoit grossier, et que par là, la peinture en étoit devenue desagréable à des siecles plus délicats. […] Ils reprochent toujours aux critiques, et quelquefois avec raison, l’injustice qu’ils ont de vouloir ramener tout au goût de leur siecle : mais souvent aussi, c’est un pur abus que ce reproche. […] Chacun peut jouir impunément de ses préventions, quand on ne lit que pour son plaisir : ce n’est que quand on juge, qu’on est obligé d’y regarder de plus près, afin de ne tomber, ni dans les louanges exagérées, ni dans les critiques injustes, également honteuses à la raison. […] C’est sur tout le choix de l’âne que les critiques ont attaqué. […] Ils donnent seulement lieu à de bonnes critiques qui ont aussi leurs succès.
Vinet ne voudrait lui en reconnaître, et que c’est par là qu’il justifie en plein ce nom de philosophe que l’ingénieux critique lui accorde si expressément. […] Courant ainsi d’avance, ces pensées excitaient des contradictions, des critiques. […] Hérodote ou plutôt quelque ancien grammairien et critique comme nous-même.
Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) I Continuons encore pendant quelques pages cette critique sincère de l’Histoire des Girondins. […] On a vu au commencement de ce commentaire combien le critique a été trompé, et combien sont réelles et attestées mes enquêtes personnelles auprès du curé de Bessancourt.
J’imagine un temps, encore lointain, où, toutes les littératures ayant parcouru leur cycle naturel, le critique, accablé sous la masse énorme des choses écrites, serait obligé de ne retenir que les œuvres clairement caractéristiques des différents génies nationaux aux diverses époques : il me semble que l’œuvre de Racine aurait alors une autre importance et un autre intérêt que celle de son grand rival. […] Après avoir entendu « romantisme » au sens d’« originalité », il entend de nouveau, sans le dire, « originalité » au sens de « romantisme » ; et il semble que cette confusion, volontaire ou non, joue à sa critique plus d’un méchant tour. […] Mais, puisque l’ingénieux critique était en train, il aurait bien pu soutenir que Bajazet est tout aussi Turc que les autres.
Le dix-huitième siècle, dans sa critique littéraire, a ce défaut, abominable à mes yeux, de vouloir que l’on soit toujours guindé. […] Vous savez que les gens de génie ont quelquefois le flair critique, encore que ce soit assez rare. […] La critique universitaire, d’autre part, fut absolument favorable à La Fontaine, pendant tout le dix-neuvième siècle.
Il semble bien cette fois que l’on n’ait plus rien à désirer, et voilà pourtant que, dans la Revue critique (librairie de Franck) du 9 février 1867, je lis un article de M. […] Nous autres, critiques si pressés, nous devons trembler pour nos fautes.
Arrêtons-nous un instant et repassons, après tant d’autres critiques, sur cette figure originale de causeur mordant, peu lu aujourd’hui à titre d’auteur, et qui a été justement considérable dans le xviiie siècle. […] À ce portrait où perce discrètement la critique et qu’il jugeait trop flatteur, Duclos en a opposé un de lui par lui-même qui est d’un sentiment bien véridique, au moins en tout ce qui touche à l’esprit, et où il y a des aveux : Je me crois de l’esprit, et j’en ai la réputation ; il me semble que mes ouvrages le prouvent.
[NdA] Un critique spirituel du Journal des débats, M. […] Tel je me représente Chapelle, qu’on ne mettrait pas à son rang si l’on voulait le classer d’après ses vers. » — Le spirituel critique parle là de Chapelle comme il ferait d’un M. de Tréville, d’un M.
Mais ce n’était pas seulement Walpole qui jugeait ainsi le poème des Saisons, c’était Grimm, c’était Diderot qui, sous le couvert de Grimm, avait tout un article critique développé, où il disait à bout portant, et pour ses correspondants d’Allemagne, tout ce qui était à dire. […] » Il me semble qu’on ne peut demander à la critique d’une époque rien de plus net et de plus formel que ces jugements : elle ne saurait aller plus loin sans faire elle-même office et acte de poésie.
Revenant à Dangeau et à son journal, qui a été le point de départ de tout ce développement et de cette petite chronique rétrospective, je ne veux pourtant point fermer les volumes sans payer, avec mes remerciements et mes éloges, mon tribut de critique aux excellents éditeurs. […] « L’abbé de Caumartin, sifflé, soufflé, pressé, poussé, excité, remué, agité, tourmenté, persécuté par je ne sais quel esprit malin à moi inconnu jusqu’ici, a fait contre moi un discours à l’Académie, critique, caustique, satirique, comique, allégorique, hyperbolique, emphatique, ironique, fanatique, fantastique, extatique, excentrique.
Je veux lui en faire une querelle ; sans un peu de querelle la critique ne vit pas. […] je m’en vais. » Il en est ainsi de la critique : elle tourne court et s’en va quand elle est d’accord avec l’auteur.
Issu d’une ancienne famille noble, assez peu aisée, qui vivait dans le Midi au château du Cayla, du côté d’Alby ; élevé dans une maison religieuse à Toulouse, puis au collège Stanislas, abrité quelque temps à La Chesnarye en Bretagne, dans le petit monde de M. de Lamennais au moment critique et alors que ce grand et violent esprit couvait déjà « sa séparation » d’avec l’Église, revenu bientôt à Paris et se livrant à la littérature, il mourut avant d’avoir rien publié de remarqué ni d’important. […] Il faut bien le dire, car l’art aussi est sévère, scrupuleux, inexorable, et la critique, qui est son humble servante, ne connaît pas, quand on la presse de trop près, les ménagements timorés et les rétractations de pure complaisance.
Du premier jour, Fontenelle a donné la mesure de critique qu’il convient d’apporter dans un tel sujet. […] Le bon goût seul, ajoute le pieux et affectueux critique, eût dû en introduire quelque chose à la place des puérilités dont l’auteur n’a pas cru pouvoir se dispenser. » Il est vrai que Fontenelle est à cent lieues du Psalmiste et qu’il s’est gardé du Cœli enarrant gloriam Dei comme d’un lieu commun.
MADAME DE SÉVIGNÉ Les critiques, et particulièrement les étrangers, qui, dans ces derniers temps, ont jugé avec le plus de sévérité nos deux siècles littéraires, se sont accordés à reconnaître que ce qui y dominait, ce qui s’y réfléchissait en mille façons, ce qui leur donnait le plus d’éclat et d’ornement, c’était l’esprit de conversation et de société, l’entente du monde et des hommes, l’intelligence vive et déliée des convenances et des ridicules, l’ingénieuse délicatesse des sentiments, la grâce, le piquant, la politesse achevée du langage. […] Vous savez que c’est un des plus honnêtes garçons qu’on puisse voir, et propre aux galères comme à prendre la lune avec les dents. » Le style de Mme de Sévigné a été si souvent et si spirituellement jugé, analysé, admiré, qu’il serait difficile aujourd’hui de trouver un éloge à la fois nouveau et convenable à lui appliquer ; et, d’autre part, nous ne nous sentons disposé nullement à rajeunir le lieu-commun par des chicanes et des critiques.
Un critique, ou quelque chose d’approchant, ne lui avait-il pas déclaré net qu’il était impossible de s’intéresser à des personnages qui étaient tous comtes ou marquis ? » Ce quelque chose d’approchant d’un critique avait tort.
D’ailleurs, il a publié des livres d’histoire qui ont été lus, jugés, épluchés par les rédacteurs de la Revue historique, de la Revue critique et du Journal des savants, et ni M. […] Et voilà que je ne tiens plus du tout à mes critiques.
D’autre part le besoin de croire est très grand et n’est pas combattu par l’esprit critique qui n’a pas encore fait son apparition. […] L’esprit critique est de plus en plus répandu, de plus en plus exigeant en fait de preuves.
Votre critique d’aujourd’hui est juste comme la lumière. […] En morale comme en critique, le classique estime ou blâme.
Ils comprennent l’exposé, la critique des opérations de Kléber et de Menou, jusqu’à évacuation de la colonie. On y lit également le précis et la critique des événements militaires survenus en Europe pendant les années 98 et 99.
Je voudrais aujourd’hui concilier tout ce que je dois à ces souvenirs et aux sentiments de respect que je lui ai voués, avec l’indépendance du critique, — au moins du critique littéraire ; car ici, en parlant de ces hommes qu’il y aurait lieu d’étudier sous tant d’autres aspects, je ne suis et ne veux être que cela.
La vraie critique à Paris se fait en causant : c’est en allant au scrutin de toutes les opinions, et en dépouillant ce scrutin avec intelligence, que le critique composerait son résultat le plus complet et le plus juste.
S’il est quelques lecteurs (comme j’en crois connaître) qui voudraient me voir la réprouver plus souvent et plus vertement, je leur ferai remarquer que je réussis bien mieux si je les provoque à la condamner eux-mêmes, que si je prenais les devants et paraissais vouloir leur imposer un jugement en toute rencontre, ce qui, à la longue, fatigue et choque toujours chez un critique. Le lecteur aime assez à se croire plus sévère que le critique ; je lui laisse ce plaisir-là.
Quelque éloge que donnent les bons juges à sa bataille de Leuthen, et à quelques-unes de ses grandes manœuvres et de ses opérations, ils ont encore plus de critiques à faire en mainte et mainte occasion. « Il a été grand surtout dans les moments les plus critiques, a dit Napoléon ; c’est le plus bel éloge que l’on puisse faire de son caractère. » Ce caractère moral est ce qui ressort encore chez Frédéric à travers le guerrier, et qui demeure bien au-dessus ; ç’a été une âme d’une forte trempe et un grand esprit qui s’est appliqué à la guerre parce qu’il le fallait, plutôt que ce n’était un guerrier-né.
On ne peut que gagner et s’honorer en s’approchant, même en toute liberté d’examen et de critique, d’un personnage tel que d’Aguesseau. […] Il me faut pourtant y faire une remarque critique sur une phrase souvent citée, et qui a fort étonné de la part d’une plume aussi correcte que celle de d’Aguesseau.
Il y eut donc pour Mme Scarron un moment critique après la mort de son mari, mais tous ses amis s’empressèrent à la servir et y parvinrent. […] C’est son œuvre à elle, son travail propre et chéri, presque maternel : « Rien ne m’est plus cher que mes enfants de Saint-Cyr ; j’en aime tout, jusqu’à leur poussière. » C’est toujours une si belle chose qu’une fondation destinée à élever dans des principes réguliers et purs la jeunesse pauvre, qu’on hésite à y apporter de la critique, même la plus respectueuse.
Le président Bouhier, qui prolongeait les grandes études du xvie siècle jusque dans le xviiie , érudit, critique, antiquaire, créateur, de vastes collections et possesseur libéral de la plus belle bibliothèque, continuait la race des magistrats illustres qui unissaient l’amour de leur état au culte de l’Antiquité. […] Dans cette course rapide et ce séjour de dix mois à travers l’Italie, il y a certes des côtés qu’il n’a fait qu’entrevoir en courant, et où d’autres talents trouveront matière à conquête ; la Campagne romaine, par exemple, les collines d’alentour, Tibur, la Villa Adriana, sont des lieux dont Chateaubriand un jour évoquera le génie attristé et nous peindra les mélancoliques splendeurs : de Brosses reste le premier critique pénétrant, fin, gai et de grand coup d’œil, qui a bien vu dans ses contradictions et ses merveilles ce monde d’Italie.
Cela vaut encore mieux que la critique ou l’éloge d’un tableau. […] Voici mes critiques et mes éloges.
Un pareil travail critique serait à faire sur tous ces petits livres à la fois personnels et d’une personnalité poussée au type et à l’idéal, qui ont tant ému et occupé les lecteurs contemporains, — sur René et aussi sur l’Adolphe de Benjamin Constant.
— On pourrait, somme toute, présenter ainsi la critique du livre de Lamennais.
Je dirai de plus que le caractère de mes relations avec M. de Chateaubriand a été tout à fait méconnu et défiguré à plaisir par des critiques, venus depuis et qui ne se sont pas rendu compte des vrais rapports naturels entre une ardente jeunesse qui s’élève et une gloire déclinante qui vieillit. — Je ne désirai jamais être présenté à M. de Chateaubriand : ce fut M.
Aussi personne jusqu’ici, ni critique, ni poète, n’a-t-il senti et expliqué à l’égal d’Hoffmann ce que c’est qu’un artiste.
D’autres travaux nombreux de critique, d’antiquaire et d’éditeur trouvèrent place dans les courts intervalles de ces productions ravissantes qui se succédaient de six mois en six mois : depuis la Jolie fille de Perth, qui mérite son titre, on avait remarqué un déclin rapide et les symptômes de l’épuisement.
Les critiques disent et le monde répète que l’argent n’a rien à faire à ceci… Rubens, Yan Dyck, Raphaël, Titien, Voltaire, Aristote, Montesquieu, Newton, Cuvier, ont-ils pu monumentaliser leurs œuvres sans les ressources d’une existence princière ?
Peut-être est-ce là le secret de l’influence immense qu’exercent les journaux et les critiques.
Etes-vous sûr qu’il ait beaucoup plus innové dans la poésie que Michelet dans l’histoire, Sainte-Beuve dans la critique, Balzac dans le roman, Dumas fils au théâtre ?
[Précis historique et critique de la littérature française (1895).]
Peu louangée actuellement, elle défrayera les propos de la critique future.
Égarés par la solennité voulue des tirades, par la monotonie des alexandrins blafards, par le pathos des imprécations, les critiques ont cru que c’était sérieux.
Les ouvrages de Louis Riccoboni dit Lelio, dans la première moitié du dix-huitième siècle, l’Histoire de l’ancien théâtre italien, publiée par les frères Parfait en 1753, celle de Des Boulmiers en 1769, les Annales d’Antoine d’Origny en 1788, les études de Cailhava d’Estandoux, faites précisément au même point de vue que le mien, constituent toute une série de travaux d’histoire et de critique littéraire, qui témoignent que c’est déjà d’ancienne date que l’attention s’est portée en France sur cette sorte d’invasion comique que je vais décrire à mon tour.
Ce n’est pas assez que la Critique soit exacte, saine, lumineuse ; il faut éviter un air de délectation qui prévient contre l’Auteur, & amuse plus qu’il ne persuade.
Je ne me venge de mes ennemis, qu’en m’éclairant par leur critique. » Un de ceux dont il fut le moins blessé, c’est Bathille.
Il faut entendre un badaud de l’Hélicon se plaindre de ce qu’on n’admire pas assez Ronsard, de ce que son talent n’est pas une égide contre tous les traits de la critique.
Des critiques judicieux ont observé qu’il y a deux hommes dans Voltaire : l’un plein de goût, de savoir, de raison ; l’autre qui pèche par les défauts contraires à ces qualités.
Ces sortes de critiques courent dans le monde, sur tout quand une piece est nouvelle, et souvent on les fait valoir contre un poëte encore plus qu’elles ne devroient valoir.
Pline l’historien n’a-t’il pas été justifié contre plusieurs accusations de cette nature que les critiques du seiziéme siecle avoient intentées contre lui ?
Les seconds, de toute leur vie, ne liront que leur journal, en en choisissant un où l’on ne fera jamais de critique littéraire ; de quoi il ne faut pas les blâmer, car on est bien plus sot en contrariant sa nature qu’en la suivant Voilà les trois catégories.
Le chapitre qui a si fort irrité ce jeune critique se réduit à une modeste démonstration que je crois très acceptable.
IV Car tel il fut, Voltaire, cet homme qu’on nous vante, et, comme l’a prouvé un des critiques du livre de Houssaye, qu’on ne lit déjà plus, même pour le vanter.
Qui sait d’ailleurs si, pour certains esprits et dans certains ordres d’études, — en philosophie, par exemple, et dans les hautes mathématiques, — l’assimilation et la critique ne demandent pas un plus grand effort de réflexion que la simple invention ? […] Or la critique, et surtout la simple assimilation, qu’est-ce autre chose que l’invention étroitement limitée et contenue dans ses démarches, l’invention guidée par un modèle rigide, l’invention en champ clos [ch. […] La lutte de l’attention contre l’action déprimante qu’exerce sur les idées l’habitude négative, contre les formules toutes faites, impersonnelles, légères de sens, contre les idées à la mode que répandent les phrases à la mode, cette lutte n’a pas lieu dans tous les esprits ; les esprits lourds, paresseux, dénués d’initiative, et les esprits légers, inconstants, superficiels, qui suivent la mode en esclaves insouciants, forment partout la grande majorité 303; partout les esprits actifs, les esprits réfléchis, les esprits critiques sont l’exception. […] Il est d’ailleurs à peu près impossible que la réflexion, chez l’esprit le mieux fait et le plus ouvert, s’exerce également dans toutes les directions ; la plupart des inventeurs des esprits critiques, des libres penseurs de toute nature ont chacun leur domaine propre, hors duquel la personnalité de l’esprit fait place à une docilité plus ou moins complète à l’égard des idées reçues. […] L’esprit critique s’en défend plus rigoureusement : elle est souvent la cause secrète des illusions qu’il cherche à dévoiler chez autrui ; il est donc conséquent avec lui-même lorsqu’il se refuse à l’employer.
Seul, Sarcey, parmi les critiques, après le prologue, avait reconnu la main du Supplice. […] D’ailleurs nombre de critiques, Sarcey en tête, se chargèrent de répondre pour moi, sans que j’aie rien raconté à aucun d’eux. […] Paul Staffer, à qui l’on doit d’excellents ouvrages de critique, vient d’en accroître le nombre d’un volume intitulé : Des réputations littéraires, essais de morale et d’histoire, Un des grands mérites de la critique de M. […] Richepin ; un critique lui souhaitait dernièrement plus de méditation, plus d’hésitation avant de lancer un ouvrage, pièce, roman ou poème ; moi je conseillerai à M. […] J’ai esquissé à grands traits ce livre qui commande l’intérêt, quelque critique qu’on en puisse faire d’ailleurs au point de vue des développements.
La seule chose que j’aie voulu noter ici, c’est la tendance morale de Mme de Staël, envisagée comme critique littéraire. […] Je ne puis partager, je l’avoue, ni les illusions de l’auteur, ni celle de ses critiques. […] En elles, nul sentiment qui ne brave la critique. […] Ce côté volontairement exagéré de la pseudo-biographie de Joseph Delorme ne pouvait échapper à la malice de la critique. […] Un critique M.
Mais, dépourvu d’esprit philosophique, il n’était pas capable de pénétrer la vraie nature de la comédie non plus que de la tragédie, et dans les puérils excès de sa réaction contre la critique française il se prit d’une admiration affectée pour les productions les plus médiocres, à tel point qu’il eut un jour l’effronterie175 de comparer publiquement à Aristophane un misérable farceur nommé Legrand. […] Montrer le cœur humain, créer, en Angleterre, des caractères individuels, en France, des types généraux, est devenu pour le poète la grande chose, et si l’on a quelquefois exagéré dans Corneille et dans Racine cette connaissance de l’homme et ce talent pour le peindre, il faut avoir l’impertinente suffisance ou le coup d’œil superficiel de certains petits critiques allemands, pour ne pas reconnaître en ce genre une rare supériorité chez Molière. […] Son Misanthrope échoue dans sa farouche indépendance et sa révolte ouverte contre la Société, non seulement parce que sa brusque franchise et son mépris des devoirs sociaux lui suscitent des embarras, mais surtout parce qu’il ne peut réussir à s’affranchir tout à fait des bonnes manières d’un homme du monde ; il les retient en dépit de ses maximes, et la scène où il enveloppe dans les formules embarrassées de la politesse la plus correcte, une rude critique littéraire, qui, finalement, rompt ses liens et éclate dans toute sa grossière brutalité, cette scène-là est une des plus profondes et des plus morales de la pièce. […] Car voici à quoi se réduit sa critique sur ce point important : Pour ce qui est de la comédie moderne, elle offre une différence que j’ai déjà indiquée en parlant de l’ancienne comédie attique.
Il s’enfonçait dans les rhéteurs, dans les critiques, dans les scoliastes, dans les grammairiens et les compilateurs de bas étage ; il ramassait des fragments épars ; il prenait des caractères, des plaisanteries, des délicatesses dans Athénée, dans Libanius, dans Philostrate. […] Le critique en lui nuit à l’artiste ; ses calculs littéraires lui ôtent l’invention spontanée ; il est trop écrivain et moraliste ; il n’est pas assez mime et acteur. […] Les autres l’interrompent à chaque phrase, lui mettent la main sur la bouche, et tour à tour, prenant le manteau, entament la critique des spectateurs et des auteurs. […] Il a eu beau s’encombrer de science, se charger de théories, se faire critique du théâtre et censeur du monde, remplir son âme d’indignation persévérante, se roidir dans une attitude militante et morose ; les songes divins ne l’ont point quitté, il est le frère de Shakspeare.
Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. […] On l’a raillé quelquefois de cette personnalité militaire qui lui fait confondre son rôle d’écrivain avec le rôle du grand capitaine dont il raconte ou dont il critique les exploits ; pourquoi l’accuser de ce qui fait un de ses premiers mérites : s’identifier avec le génie des batailles ? […] Le moment était critique, car si l’infanterie russe n’était pas arrêtée, elle allait aborder le cimetière, centre de la position, et Napoléon n’avait pour le défendre que les six bataillons à pied de la garde impériale. […] Thiers que nous ferions porter la véritable critique qui pèsera sur cette belle histoire ; c’est sur l’absence de philosophie politique qui marque et qui attriste ce long récit.
Il y revient en mainte occasion ; aux heures de mauvaise humeur et de dépit, et dans toute circonstance critique, il s’en autorise pour persévérer auprès du roi de Navarre et pour s’encourager dans la cause qu’il a embrassée. […] Un jour, il se trouve dans une situation très critique : voyageant dans le pays et passant à Nogent-sur-Seine, il rencontre les deux jeunes filles rivales, ses deux maîtresses, comme on disait honnêtement alors, logées dans la même hôtellerie que lui : à laquelle ira-t-il la première ?
Littérairement, il a parlé de Fontenelle avec étendue et prédilection ; de La Motte, il a dit à merveille : Il a traité de presque tous les genres de belles-lettres, tragédie, comédie, églogue, poème, fable, chanson, dissertation critique, etc. […] On sait que dans les dernières années de Louis XIV, à l’instant le plus critique de la guerre de la succession (1709), le duc d’Orléans noua en Espagne une intrigue politique restée assez obscure, et qu’un homme de sa confiance, Flotte, fut arrêté porteur de papiers.
Il était réellement sous le charme : il l’admirait, il la proclamait sublimée, il la trouvait belle ; il se plaît, dans ses lettres à Falkener, à donner son adresse chez elle, au château de Cirey : « Là, disait-il, vit une jeune dame, la marquise du Châtelet, à qui j’ai appris l’anglais, etc. » Trois choses pourtant me gâtent Cirey, a dit un fin observateur : — d’abord, cette manie de géométrie et de physique qui allait très peu à Voltaire, qui n’était chez lui qu’une imitation de la marquise, et par laquelle il se détournait de sa vocation vraie et des heureux domaines où il était maître ; — en second lieu ces scènes orageuses, ces querelles de ménage soudaines, rapides mais burlesques, dont nous sommes, bon gré mal gré, informés, et qui faisaient dire à un critique de nos jours qu’il n’aurait jamais cru que l’expression à couteaux tirés fût si près de n’être pas une métaphore ; — en troisième lieu, cette impossibilité pour Voltaire, même châtelain, même amoureux, même physicien et géomètre de rencontre, de n’être pas un homme de lettres depuis le bout des nerfs jusqu’à la moelle des os ; et dès lors ses démêlés avec les libraires, ses insomnies et ses agitations extraordinaires au sujet des copies de La Pucelle (voir là-dessus les lettres de Mme de Grafigny), ses fureurs et ses cris de possédé contre Desfontaines et les pamphlets de Paris. […] Les critiques allemands, au contraire, sont grands raisonneurs et se piquent de rattacher rigoureusement les effets aux causes.
Je ne reviendrais pas sur ce volume qui a paru il y a plus d’un an, qui a été accueilli assez favorablement par la critique, qui a appris à ceux qui l’ignoraient que La Beaumelle (ce La Beaumelle tant honni de Voltaire et resté en si mauvais renom comme éditeur) avait de l’esprit, de la plume et du tour ; mais dans lequel ce qu’on avait surtout remarqué c’étaient les quatre-vingt sept lettres du grand Frédéric à Maupertuis ; — je n’y reviendrais pas aujourd’hui, un peu tard, s’il n’y avait quelque chose de nouveau et d’essentiel à en dire, et si une obligeance amicale ne m’avait mis à même d’en porter un jugement bien fondé. […] Et La Harpe écrivait de La Beaumelle, vers 1774 : « Je l’ai entendu, il y a deux ans, avouer lui-même que son procédé était inexcusable, et qu’il avait eu les premiers torts avec M. de Voltaire. » — Voltaire outré répondit (1753) par son Supplément au Siècle de Louis XIV, ou réfutation des notes critiques qu’avait données La Beaumelle ; il lui prêta même et lui imputa, par une de ces confusions volontaires dont il ne se faisait pas faute, des notes qui n’étaient pas de lui, mais d’un continuateur, et la guerre à mort fut engagée.
Rathery qui, depuis bien des années, s’est appliqué à la littérature sérieuse et historique, et qui a fait preuve, dans maint travail critique, d’un rare esprit d’exactitude et de finesse, rend en ce moment un véritable service en publiant, au nom de la Société de l’histoire de France, les journaux et mémoires du marquis d’Argenson. […] Le Régent, qui avait bien de l’esprit et qui adorait les nouveautés, m’approuva ; les critiques me louèrent ensuite, et le soldat me bénit ; il s’en trouva bien, car il avait le pain aussi bon qu’il voulait ; il ne redoutait plus la friponnerie des munitionnaires ; le son allait pour la mouture, et il avait encore quelque chose pour boire.
Il est intéressant en effet de voir ce zèle dont se trouvent tout d’un coup saisis, après de longues années, certains critiques et biographes pour l’auteur qu’ils adoptent avec prédilection. […] Chargé en 1754 de recevoir D’Alembert à l’Académie, il trouva moyen, à propos de l’évêque de Vence qu’on remplaçait, de faire une critique des prélats de cour qui ne résidaient pas ; l’occasion était mal choisie, et l’on dit que, lorsqu’il alla ensuite à Versailles pour présenter au roi son discours, Louis XV, qui le crut esprit-fort, lui tourna le dos.
Joubert, qui n’a laissé que des Pensées et qui aurait pu laisser des œuvres, mais esprit essentiellement critique, trop indolent pour rédiger autre chose que des impressions ; M. de Bonald, ingénieux auteur d’écrits contre-révolutionnaires et religieux. […] Il écrivit avec légèreté une critique personnelle et amère de madame de Staël, qui lui en conserva rancune ; et, bien que la lettre de Chateaubriand fût très-faible, elle lui ébaucha sa réputation.
Les romantiques, en se dégageant des entraves classiques, se recommandèrent des audaces de la Pléiade et même des demi-révoltes de Corneille contre le joug que la critique de son temps lui imposait au nom d’Aristote. […] Si vous voyez la critique se prosterner devant Bossuet et traîner Voltaire dans la boue, grand symptôme de réaction cléricale.
Telle est l’histoire des Danaïdes, écrite et fixée par les mythographes : la critique moderne l’a liquéfiée en l’analysant. […] Les Grecs pourtant s’obstinaient à la vénérer, ils acceptaient comme une critique la parole du prêtre de Saïs à Solon : « Ô Grecs !
Montesquieu, après la publication de L’Esprit des lois, écrivait à l’abbé de Guasco, qui était alors en Angleterre : « Dites à milord Chesterfield que rien ne me flatte tant que son approbation, mais que, puisqu’il me lit pour la troisième fois, il ne sera que plus en état de me dire ce qu’il y a à corriger et à rectifier dans mon ouvrage : rien ne m’instruirait mieux que ses observations et sa critique. » C’est Chesterfield qui, parlant un jour à Montesquieu de la promptitude des Français pour les révolutions et de leur impatience pour les lentes réformes, disait ce mot qui résume toute notre histoire : « Vous autres Français, vous savez faire des barricades, mais vous n’élèverez jamais de barrières. » Lord Chesterfield goûtait certes Voltaire ; il disait à propos du Siècle de Louis XIV : « Lord Bolingbroke m’avait appris comment on doit lire l’histoire, Voltaire m’apprend comment il faut l’écrire. » Mais en même temps, avec ce sens pratique qui n’abandonne guère les gens d’esprit de l’autre côté du détroit, il sentait les imprudences de Voltaire et les désapprouvait. […] qu’il y a loin d’une telle sagesse à cet âpre métier de critique, comme nous le faisons !
Mallet du Pan était un Genevois adonné de bonne heure aux études solides et aux considérations critiques, qui vint à Paris vers 1783 et y fut chargé par Panckoucke de rédiger la partie politique du Mercure. […] Mais moi dont, à travers tout, le métier est d’être critique et écrivain, je ne puis m’empêcher de dire : Ne remarquez-vous pas, chemin faisant, comme ce style de Mallet dans ses brusqueries est énergique et ferme, comme il grave la pensée ; et l’abbé de Pradt, qui appelait Mallet son maître, en le comptant parmi les trois ou quatre écrivains éclos de la Révolution française, n’avait-il pas raison ?
Ce sentiment est celui qui domine à la lecture, et qui triomphe de toutes les critiques et de toutes les restrictions qu’un esprit juste est en droit d’y apporter. […] Charles Dreyss, a publié les Mémoires de Louis XIV (2 volumes, 1860), avec une étude critique fort détaillée.
Sans trop serrer de près les questions qui se rattachaient aux deux époques critiques de la vie du maréchal, j’avais entendu causer quelques-uns de ses amis, et j’avais été frappé du degré de chaleur et d’affection que tous mettaient à le défendre et à continuer de l’aimer. […] Le coup d’œil de Marmont à Marengo, au moment le plus critique, le feu qu’il dirigea à propos sur la colonne autrichienne, et qui donna comme le signal à la charge soudaine de Kellermann, nous le montrent général d’artillerie consommé, et aussi résolu qu’ingénieux.
À part cette légère critique qui ne me vient à l’esprit que parce que ce sont des lettres, on se laisse aller agréablement à ce voyage, fait en toute bonne foi et sincérité. […] Michaud poète, j’ajouterai cette remarque que je dois à un critique moraliste de ma connaissance : « Il y a des hommes qui n’ont pas assez de poésie pour l’exprimer par le talent et pour en faire preuve dans leur jeunesse : et pourtant cette poésie n’est pas entièrement perdue pour eux.
Un ambassadeur de Perse en Moscovie écrira à Usbek sur les Tartares une demi-page, qui serait aussi bien un chapitre de L’Esprit des lois (lettre lxxxi) ; Rica, tout à côté, fera la critique la plus fine du babillage des Français et des diseurs de riens en société : puis Usbek dissertera sur Dieu et sur la justice dans une lettre fort belle et qui porte loin. […] [NdA] Voir dans les Études critiques, par M.
Fit-il bien de repousser dès cette première heure critique, par son accueil dédaigneux, les avances sincères de Mirabeau ? […] Necker redevient un écrivain et un dissertateur politique très distingué ; il analyse et il critique les diverses Constitutions qui se sont succédé en France, celles de 91, de 93, de l’an III, de l’an VIII ; il en relève aisément les vices ou les défauts : c’est alors qu’il propose et confectionne à loisir son idéal de monarchie tempérée et de gouvernement à l’anglaise, dont il s’était assez peu avisé dans le temps où il tenait le gouvernail.
Mais ces critiques, aujourd’hui faciles, ne doivent point fermer les yeux sur les mérites auxquels les contemporains furent sensibles, et Talma, dans le rôle de Montcassin, jouant en face de Mme Vanhove qui faisait Blanche et qu’il aimait réellement lui-même versait et faisait couler de vrais pleurs : Contarini. […] Le vieux Tissot qui, au milieu de ses abaissements, avait des jugements de critique, disait de lui : « Il aurait eu du talent s’il avait aimé la retraite. » 59.
En d’autres termes, nos moyens de sentir et de connaître ne sont peut-être pas tous les moyens de connaître réels ; la science même met en suspicion la valeur objective de nos sens, et la critique met en suspicion la valeur objective de nos catégories ou formes de pensée. […] Voir l’idée moderne du droit et la Critique des systèmes de morale contemporains.
Mais, pour le moment, nous, analyste et critique, qui n’oserions certes pas affirmer que notre intelligence est supérieure à celle de Virginie, constatons la crainte et la souffrance de l’ange immaculé devant la caricature. […] Il a cherché souvent à résoudre en œuvres artistiques les théories savantes qu’il avait émises didactiquement, ou jetées sous la forme de conversations inspirées et de dialogues critiques ; et c’est dans ces mêmes œuvres que je puiserai tout à l’heure les exemples les plus éclatants, quand j’en viendrai à donner une série d’applications des principes ci-dessus énoncés et à coller un échantillon sous chaque titre de catégorie.
La critique moderne a cherché cette date, pour en faire honneur à la Sicile ou à la Provence. […] À cette originalité première du Dante, à cet amour, à ce deuil, à ce culte de Béatrix, craindrons-nous d’ajouter une autre inspiration, qui dément toute une théorie de la critique moderne ?
Villemain est le critique progressif et évasif par excellence.
Avant de s’ajuster exactement aux différentes espèces d’idées, le langage est jeté à l’entour avec une ampleur qui lui donne l’aisance et la grâce ; mais quand le siècle d’analyse a passé sur la langue et l’a travaillée à son usage, on ne peut plus qu’admirer et regretter ce charme à jamais évanoui du grand âge littéraire ; on essayerait en vain d’y revenir à force d’art ; et la critique, qui sent tout ce qu’il a d’exquis, est dans l’impuissance de le définir sans l’altérer.
Et dans la critique littéraire, quand on a comparé ses auteurs aux aigles, aux lions, aux papillons, aux abeilles, aux prairies émaillées de fleurs, aux montagnes abruptes, aux clairs ruisseaux, aux torrents furieux, quelle idée a-t-on donné aux lecteurs de leur talent et de leurs œuvres ?
— Puis j’ajoutai timidement : Et la critique ?
La tolérance enfin, c’est bien un des noms de l’esprit critique : mais c’est aussi un des noms de la modestie et de la charité.
[La Critique (20 mars 1898).]
Et puis, c’est le seul qui ait compris ses devoirs de critique.
Milton, quoi qu’on en dise, est toujours Milton, un génie supérieur à tous ses critiques, l’homme le plus fait pour aggrandir les idées des autres hommes.
C’est le jugement de La Harpe, dont il faut toujours citer l’autorité en critique.
Voltaire a bien péché contre ces règles critiques (pourtant si douces !)
Tous les raisonnemens des critiques ne le persuaderont jamais qu’il ait tort de prendre pour des ouvrages excellens deux tragedies, qui depuis quatre-vingt ans font toujours pleurer les spectateurs.
Cependant le public si-tôt qu’il eut lû la pucelle revint de son préjugé, et il la méprisa même avant qu’aucun critique lui eut enseigné par quelle raison elle étoit méprisable.
Faguet pour un critique de premier ordre.
Une théorie de la vie qui ne s’accompagne pas d’une critique de la connaissance est obligée d’accepter, tels quels, les concepts que l’entendement met à sa disposition : elle ne peut qu’enfermer les faits, de gré ou de force, dans des cadres préexistants qu’elle considère comme définitifs.
Qu’est-ce qu’un cercle où la haute politique et la critique supérieure ne sont point admises ? […] Les étrangers n’y résistent pas ; ils n’ont rien de pareil chez eux ; Lord Chesterfield la propose en exemple. « Elle roule toujours, dit-il, sur quelques points d’histoire, de critique ou même de philosophie, qui conviennent mieux à des êtres raisonnables que nos dissertations anglaises sur le temps et sur le whist. » Rousseau, si grognon, avoue « qu’un article de morale ne serait pas mieux discuté dans une société de philosophes que dans celle d’une jolie femme de Paris ». […] « Le pouvoir absolu, dit l’une d’elles, est une maladie mortelle qui, en corrompant insensiblement les qualités morales, finit par détruire les États… Les actions des souverains sont soumises à la censure de leurs propres sujets comme à celle de l’univers… La France est détruite, si l’administration présente subsiste530. » — Lorsque, sous Louis XVI, une nouvelle administration avance et retire des velléités de réformes, leur critique demeure aussi ferme. « Enfance, faiblesse, inconséquence continuelle « écrit une autre531, nous changeons sans cesse et pour être plus mal que nous n’étions d’abord.
Sur l’influence de l’Espagne, Brunetière, Études critiques sur l’hist. de la litt. française, t. […] Brunetière, Études critiques, etc., t. […] Brunetière, Études critiques, etc., t.
Pascal a cherché la solution du problème de la révélation dans une critique historique et philologique des Écritures. […] Brunetière, Études critiques, t. […] Lévy, in-8, 1890 ; Droz, le Scepticisme de Pascal, 1886 ; Sully Prudhomme, Revue des Deux Mondes, 15 octobre et 14 novembre 1890 ; Brunelière, Études critiques, t.
Il n’y a pas d’indication plus sûre que celle des critiques. […] Celui qui croit la garder pour soi ne l’a pas trouvée ; c’en est quelque ombre dont il se leurre, et il n’y a pas de plus grande erreur en critique que de dire d’un écrivain qui n’est pas vrai, qu’il lui était libre de l’être, et qu’ayant dans une main la vérité, et le mensonge dans l’autre, il lui a plu de laisser échapper le mensonge et de retenir la vérité. […] Il y avoue que, s’il a choisi le livre de Sénèque pour le proposer comme un entretien qui pourrait être agréable à cette princesse, « il a eu seulement égard à la réputation de l’auteur et à la dignité de la matière, sans penser à la façon dont il la traite, laquelle ayant depuis été considérée, ajoute-t-il, je ne la trouve pas assez exacte pour être suivie25. » Ailleurs il dit : « Pendant que Sénèque s’étudie ici à orner son élocution, il n’est pas toujours assez exact dans l’expression de sa pensée26. » Et plus loin : « Il use de beaucoup de mots superflus. » Et encore, parlant de diverses définitions que donne Sénèque du souverain bien : « Leur diversité, dit-il, fait paraître que Sénèque n’a pas clairement entendu ce qu’il voulait dire : car, d’autant mieux on conçoit une chose, d’autant plus est-on déterminé à ne l’exprimer qu’en une seule façon27. » Ce jugement admirable est une critique indirecte de Montaigne, et accuse en général la façon de penser du seizième siècle, où l’on goûtait si fort cette inexactitude de Sénèque.
À cet article, nous avons noté que le Dante n’eut que lui seul pour défenseur de ses travaux et de sa personne, contre la triple persécution des injustes partis et de la critique perfide. […] Les critiques de Perrault et de La Motte, surchargés de vain savoir, nous ont donné déjà contre les errements de l’antiquité, ces leçons que renouvellent les détracteurs des belles-lettres françaises. […] Quel critique fâcheux s’aviserait de reprendre l’auteur sur ce point, et de nier la parfaite ressemblance de ses copies ? […] Ce n’est pas la seule fois que le génie eut raison contre la critique, et se dirigea mieux en s’écoutant lui-même. […] On excuse volontiers ce retour que l’Homère anglais fait sur lui-même, et la plus sévère critique ne peut le blâmer d’implorer une seconde fois l’assistance de sa déité consolatrice.
Mais comment voulez-vous que le public se mît en rapport avec les écrivains nouveaux, si la critique ne les lui indiquait pas ? […] C’est alors que nous méritâmes sans doute les railleries de la critique et du public, railleries oubliées maintenant que la bonne entente de la poésie et du journal, de la chronique et du conte poétique sont un fait accompli. […] Je crois que jamais aucun de nous n’a osé, dans la maison de Leconte de Lisle, formuler un éloge ou une critique sans avoir en soi la conviction de dire vrai. […] Après l’historiette, la critique. […] Mais il a tant de grâce et sait si bien faire sourire que la critique est vite désarmée.
Aussi le critique se trouve comme noyé dans cette abondance ; il doit choisir pour saisir l’ensemble, et se réduire à quelques-uns pour les embrasser tous. […] C’est le devoir du critique de montrer les défauts aussi bien que les mérites, et invariablement il accomplit son devoir avec la plus entière sincérité et la plus parfaite douceur. — Le sentiment de l’égalité et de la fraternité entre les auteurs m’a toujours frappé comme une des plus aimables qualités distinctives de cette classe. […] Si l’on préfère la bonté dévouée et les affections tendres, on prend en aversion l’arrogance et la dureté ; la cause de l’amour est aussi la cause de la haine, et le sarcasme, comme la sympathie, est la critique d’une forme sociale et d’un vice public. […] Les deux définitions sont contraires, et son portrait est la critique de son talent. […] Vous trouverez le même défaut dans leur critique toujours morale, jamais psychologique, occupée à mesurer exactement le degré d’honnêteté des hommes, ignorant le mécanisme de nos sentiments et de nos facultés ; vous trouverez le même défaut dans leur religion, qui n’est qu’une émotion ou une discipline, dans leur philosophie, vide de métaphysique, et si vous remontez à la source, selon la règle qui fait dériver les vices des vertus et les vertus des vices, vous verrez toutes ces faiblesses dériver de leur énergie native, de leur éducation pratique et de cette sorte d’instinct poétique religieux et sévère qui les a faits jadis protestants et puritains.
» Jeudi 17 mars Conversation avec Alfred Stevens, qui est un vrai magasin d’anecdotes, et ce qui est mieux, un extraordinaire garde-mots de toutes les phrases typiques des peintres de sa connaissance, dans le passé et dans le présent, — des phrases qui définissent mieux que vingt pages de critique, un moral, un caractère, un talent. […] Il y a des moments, où je me demande, si le grand art n’est pas inférieur à l’art industriel, quand celui-ci est arrivé à son summum de la perfection, et si, par exemple, un tableau de coloriste n’est pas inférieur à un flambé hors ligne, et si, si… mais, je ne veux pas pousser la comparaison plus loin, pour que mon ombre ne soit pas lapidée par les critiques d’art de la Revue des Deux Mondes, du xxe siècle. […] Plus de publication de livres, plus de critique dans les journaux, et, si par hasard il est parlé de votre personne, c’est fait sans application, sans passion, sans animosité… Dimanche 11 septembre À la suite d’une violente colique hépatique, j’étais dans mon lit, toute la journée de dimanche, et j’avais la fièvre, et ma pensée s’amusait de la fabrication à vide d’un article cocasse. […] Il trouve avec sa mauvaise foi habituelle, que mon théâtre — notez que je n’ai eu connaissance de Charles Demailly, qu’à la lecture faite aux acteurs, et que la critique que j’en ferais, c’est qu’elle est trop faite d’après les principes de Sarcey — il trouve donc que mon théâtre est le néant, et que ce n’est ni du théâtre ancien, ni du théâtre moderne. […] Nous causons de Charles Demailly, où elle était à la première, et après m’en avoir parlé en bien, elle me donne ces tristes détails sur l’influence de la critique. — Je vais voir, me dit-elle, une femme très intelligente, qui me reçoit avec cette phrase : « C’est drôle, Sarcey a éreinté la pièce, et j’ai passé hier une très amusante soirée au Gymnase !
C’est là-dessus, que, à la dernière reprise d’Œdipe roi, la critique s’était particulièrement extasiée. […] Car nous savons que cet ancêtre des critiques était d’une rare fatuité, et qu’il a été l’un des hommes les plus raillés de son siècle. […] Là-dessus quelqu’un me dit : « Singulière destinée de la critique ! […] C’est là une grande infirmité pour un critique. […] En revanche, vous ne pourriez retirer à ce siècle le roman, la poésie, l’histoire ni la critique sans le mutiler effroyablement.
Et toute la critique, en chœur, a remarqué que c’était de l’Ibsen avant l’ibsénisme. […] Cette gamine, paraît-il, suffoquait jadis la critique. […] Quelle bonne plaisanterie que la critique ! […] Sardou a contenté cette fois tout le monde et la critique, du moins je l’espère. […] Passons maintenant aux critiques, puisqu’il le faut.
Jules Lemaître trouve ici un triomphe à titre de critique littéraire et de critique dramatique. […] Les dénouements de Molière, que l’on critique à tort et à travers, ont ceci d’admirable que les caractères achèvent de s’y cristalliser. […] Le Bidois est une excellente page de critique littéraire, de nature à faire penser, à faire réfléchir, à faire regarder les choses selon différents aspects, enfin, une page de critique littéraire qui remplit brillamment tout son office. […] Le Bidois, un critique de premier mérite, que je montrais cette franchise brutale. […] La critique fut en général assez sévère.
Nous aurions tort d’avoir cette impression, surtout de formuler cette critique. […] Il les prend pour des longueurs ; la critique aussi ; et lui et elle les tournent à reproche à l’auteur ! […] Je n’ai pas besoin de dire que, malgré toutes mes critiques, c’est un ouvrage, non seulement qu’on est tenu d’avoir vu, mais qu’il faut voir. […] Je ne m’attacherai qu’à la partie critique, dans le sens général du mot, de cette très belle préface. […] — « Je vois Eliante et Alceste, aurait répliqué le critique.
Qu’elle soit dogmatique ou critique, qu’elle consente à la relativité de notre connaissance ou qu’elle prétende s’installer dans l’absolu, une philosophie est généralement l’œuvre d’une philosophe, une vision unique et globale du tout. […] A cette connaissance il superposera une critique de la faculté de connaître et aussi, le cas échéant, une métaphysique : quant à la connaissance même, dans sa matérialité, il la tient pour affaire de science et non pas de philosophie. […] La métaphysique ou la critique que le philosophe se réserve de faire, il va les recevoir toutes faites de la science positive, déjà contenues dans les descriptions et les analyses dont il a abandonné au savant tout le souci. […] Telle est l’idée directrice de la critique kantienne. […] Pourtant, c’est par la critique de cette idée qu’une théorie de la connaissance devrait commencer, car si le grand problème est de savoir pourquoi et comment la réalité se soumet à un ordre, c’est que l’absence de toute espèce d’ordre paraît possible ou concevable.
Il n’y aura bientôt plus en France ni de beaux parleurs ni d’auteurs comiques ou tragiques, ni musique, ni livres, ni palais bâtis, mais des critiques de tout et partout. […] Remarquez qu’il y a aujourd’hui plus de journaux critiques périodiques par mois qu’il n’y a de livres nouveaux ; la satire mâche à vide, mais mâche toujours.
Il lui envoie ses ouvrages en manuscrit, elle les lui renvoie avec notes, observations, avec admiration et conseils ; quand ils sont imprimés, elle l’avertit des critiques, elle lui propose des chapitres à ajouter ou de petites corrections à faire. […] La feuille en renom au xviiie siècle pour la rigidité de ses principes classiques, L’Année littéraire, avait parlé de son livre des Considérations sur les mœurs, et en assez bons termes ; Mme de Créqui n’en était pas très mécontente : Venons à la critique de L’Année littéraire, lui écrivait-elle ; elle est à quelques égards assez obligeante, et à d’autres détestable.
Les hommes qui ont été des instruments de salut en ces périodes critiques sont à bon droit proclamés providentiels ; et cette haute idée que l’on en conçoit est une couronne de leurs éminents services, en même temps qu’elle est faite pour rassurer les nations qui y voient le gage d’une protection divine au milieu des tempêtes. […] Nous autres critiques de profession, nous apprenons, dans ces discussions si nourries, à apprécier tant d’esprits solides, ingénieux et mûrs qui, pour s’être occupés pendant leur vie d’autre chose encore que des lettres, n’y reviennent jamais qu’avec plus de rectitude et de haut bon sens.
La critique qui, par un reste de préjugé ou de routine, se priverait de toute ouverture de ce côté, se retrancherait, de gaîté de cœur, bien des lumières et beaucoup de plaisir. […] Lui personnellement n’était que comme le concierge et le portier de ses curiosités et de ses merveilles dramatiques ; sa ménagerie, comme il la nommait, était des plus curieuses : celui qui la montrait était insupportable. » Critiques de profession, trouvez donc mieux que cela !
Dès que vint l’âge des grammairiens, des rhéteurs, des critiques, et, après la grande moisson faite, on dut songer en Grèce à rassembler un tel choix de jolies poésies, d’épigrammes ou inscriptions en vers, de petites pièces qui couraient risque de se perdre si on ne les rattachait par un fil. […] Les habiles critiques qui ont étudié et éclairé ses œuvres ont remarqué combien, en cela, il fut peu favorisé du sort, combien sa faculté poétique ne rencontra guère que de chétives occasions, et ils ont répondu pour lui, et à sa décharge, en alléguant l’exemple de Martial, à qui l’on demandait, sur des riens, des épigrammes pleines de feu : « Tu me demandes, ô Cæcilianus, des épigrammes toutes piquantes et toutes vives, et tu ne m’offres que des thèmes froids et morts.
Ma position devient de pins en plus critique et embarrassante. […] Jal, dans l’article Saint-André de son très-utile Dictionnaire critique de Biographie et d’Histoire (1867), essaye de tout remettre en question, ne veut voir dans ces passages des rapports de Villaret relatifs à Jean-Bon que de la courtoisie de langage, et ne peut, sur le fond du procès, se résoudre à dire oui, ni se décider non plus à dire non ; heureusement les hommes qui sauvèrent la France coûte que coûte en 93 étaient plus prompts à prendre un parti.
Le marquis de Valfons nous représente bien cet esprit de dénigrement et de critique qui se glisse au sein même des États-Majors, et qui n’est pas incompatible avec un certain dévouement. Villars avant Denain, durant les difficiles et méritoires campagnes de Flandre, était perpétuellement dénoncé à Versailles par des officiers de son armée, et chaque courrier du quartier général apportait de leur part contre lui et contre ses opérations des critiques et des objections sans nombre qui appelaient la méfiance et semaient l’alarme.
Ce que je puis dire, c’est que Jomini paraissait tenir beaucoup à ce Précis inédit, qui devait présenter la relation complète et dernière de ses propres années les plus critiques et les plus combattues. […] Je ne crois pas m’écarter de la pensée de Jomini en signalant deux ouvrages publiés sur ce sujet de la guerre de 1866, et dus l’un et l’autre à des écrivains militaires qui étaient de sa familiarité et de son école : le premier et de beaucoup le plus considérable, qui a pour titre : Guerre de la Prusse et de l’Italie contre l’Autriche et la Confédération germanique en 1866 : Relation historique et critique, par le colonel fédéral Lecomte (2 vol. 1868) ; — et l’autre écrit plus court et en forme de discussion, intitulé La Guerre de 1866, par le major belge Vandevelde (1 vol. de 211 pages, 1869).
Par là encore, il clôt l’âge romantique et remet la littérature sous la direction de la réflexion critique. […] Les Rougon-Macquart (1871-1893) : la Conquête de Plassan, la Curée, l’Assommoir (1877), Germinal (1885), la Débâcle (1892). — Édition : Charpentier, 38 vol. in-18 (20 vol. des Rougon-Macquart ; 10 vol. de Romans et nouvelles, dont Lourdes, 1894 ; 7 vol. de Critique ; 1 vol. de Théâtre). — À consulter, E.
Il ne peut faire de la critique. […] Mais mon embarras est grand, car j’ai sous les yeux une autre étude sur la bataille de Rocroy, écrite aussi par un homme du métier et d’après des documents authentiques, et j’y lis cette description d’un autre mouvement non moins décisif : … Mais, au moment où la situation était le plus critique, où le duc d’Anguien se démenait sur place contre l’infanterie wallonne (cela, c’est le mouvement de tout à l’heure), où la droite ennemie, dirigée par Melo, s’apprêtait pour un dernier effort, il se produisit dans les derniers rangs une oscillation étrange, suivie d’une vaste clameur, d’un cri général de Sauve qui peut !
Il est certain que la critique de ces premiers réformateurs fut, sur plusieurs points, aigre, inintelligente du spontané, trop orgueilleuse des faciles découvertes de la raison réfléchie. […] Il y avait des institutions faites tout d’une pièce, dont on ne discutait pas l’origine, des dogmes que l’on acceptait sans critique : le monde était une grande machine organisée de si longue main et avec si peu de réflexion, qu’on croyait que la machine venait d’être montée par Dieu même.
Il est presque banal de rappeler les aspects multiples de ce triomphe : le roman s’efforçant d’être impersonnel, documenté et de calquer le langage parlé ; le théâtre s’ingéniant à réduire au minimum la part de la convention et à porter au maximum l’exactitude de la mise en scène ; l’histoire se confinant dans les travaux d’érudition et dans les recherches minutieuses ; la critique se faisant scientifique, analytique, aussi impartiale qu’elle peut l’être ; la poésie même s’inspirant de la science ou de la vie familière. […] Pas plus que la gloire future de l’écrivain, la langue et le style ne se trouvent bien de ces perpétuelles improvisations ; en revanche, certains genres naissent ou prospèrent ; la polémique sur les affaires publiques prend une intensité et aussi une violence extrêmes ; la critique au jour le jour, le roman débité en tranches, la nouvelle, l’essai, en un mot l’exposé, le commentaire et la discussion de tout ce qui est actuel, susceptible d’être présenté en peu d’espace et compris sans effort, croissent et fleurissent avec énergie.
Quoi qu’il en soit, il est bon à entendre sur elle, et il fait sans s’en douter l’éloge de Mme de Lambert, en remarquant que, malgré toutes les critiques un peu rudes qu’il lui adressait, elle lui conserva toujours son amitié et son indulgence. […] Il lui fallut prendre désormais son parti de la louange et de la critique, et devenir auteur à ses risques et périls, avec tous les honneurs de la guerre.
Ce n’est pas aujourd’hui qu’un critique peut espérer découvrir quelque chose de nouveau sur Le Barbier de Séville. […] Bref, il est bien né, on ne l’oublie pas malgré ses fautes, et, si Beaumarchais avait songé à faire par lui une critique de son Figaro, il y aurait réussi.
Il en reste assez pour le biographe observateur et pour tout critique qui sait lire. […] Ici nous surprenons le germe de ce ton et de ces sentiments à la Jean-Jacques dont Bernardin de Saint-Pierre sera un nouvel exemple dans une période critique de sa vie, et qui constituèrent pour lui, comme pour le philosophe genevois, une vraie maladie de misanthrope.
La critique. […] La logique, la critique.
C’est un instant très critique. […] Il étoit écrit au livre du destin, chapitre des peintres et des roix, que trois bons peintres feraient un jour trois mauvais tableaux pour un bon roi ; et au chapitre suivant, des miscellanées fatales, qu’un littérateur pusillanime épargneroit à ce roi la critique de ces tableaux ; qu’un philosophe s’en offenseroit, et lui diroit quoi, vous n’avez pas de honte d’envoyer aux souverains la satire de l’évidence, et vous n’osez leur envoyer la satire d’un mauvais tableau.
. — Retour de la critique aux chefs-d’œuvre du XVIIe siècle 183 XLVII. — Opinion d’un gallican sur la brochure du Père Ravignan en faveur des jésuites. — Condamnation de Félix Pyat pour diffamation envers Jules Janin. — Élections de MM.
On sent ici chez le critique (et je n’ai pas à en rougir) quelque chose des doctrines qui circulaient dans l’air à ce lendemain de juillet 1830, comme un souffle ému de saint-simonisme, de socialisme, de sainte-alliance des peuples.
Lorsqu’il revint en 1822, le monde littéraire avait changé de face ; en philosophie, en critique, en poésie, tout s’essayait au renouvellement.
Mignet une critique que nous avons récemment épargnée à celui de M.
Se contentant de ses deux ou trois poètes favoris, il s’est peu inquiété d’en acquérir de nouveaux ; de sa part, les encouragements, et même eu dernier lieu les critiques, ont presque entièrement cessé.
La multitude s’avilissait par la flatterie imitatrice des mœurs du tyran ; et le petit nombre des hommes distingués, communiquant difficilement entre eux, ne pouvaient établir cette opinion critique, cette législation littéraire, qui trace une ligne positive entre l’esprit et la recherche, entre l’énergie et l’exagération.
Sans doute la chose a ses dangers : par cette incessante critique de soi-même, on risque de tuer en soi la spontanéité, de supprimer le premier mouvement, de détruire cette énergie primesautière, qui a tant de grâce.
Selon eux, les questions de génération, d’âge, de temps ne doivent pas intervenir en Littérature et n’auraient aucune valeur comme argument de critique.
Sur Bourget critique, il me faudrait un trop grand effort pour ajouter quelque chose à ce que j’ai dit ici même.
Il faut qu’ils soumettent à la critique toutes ces vues nouvelles que je viens d’esquisser devant vous et qu’ils n’abandonnent les principes qu’après avoir fait un effort loyal pour les sauver.
Bain a publié un livre : On the study of character including an estimate of phrenology, 1861, dans le but de raviver les études analytiques sur le caractère humain, a qui semblent avoir suivi le déclin de la phrénologie. » Après avoir passé en revue les très rares travaux consacrés à la science du caractère avant Gall (Théophraste, la Bruyère, Fourier), et après avoir consacré une moitié de l’ouvrage à la critique détaillée et impartiale des classifications phrénologiques, M.
Ici se présente une objection d’une autre espèce : — Sans contredit, dans le moment même le plus critique d’une crise politique, un pur ouvrage d’art peut apparaître à l’horizon ; mais toutes les passions, toutes les attentions, toutes les intelligences ne seront-elles pas trop absorbées par l’œuvre sociale qu’elles élaborent en commun, pour que le lever de cette sereine étoile de poésie fasse tourner les yeux à la foule ?
Brierre de Boismont, mine inépuisable de faits curieux, œuvre d’une psychologie ingénieuse, mais qui laisse quelquefois désirer une critique historique plus sévère ; la Folie lucide du docteur Trélat, l’un des livres qui, sans aucune théorie, donne le plus à réfléchir par la triste singularité des faits qui y sont révélés ; la Psychologie morbide de M.
Les départements continuaient à acclamer, sans critique, toutes les mauvaises pièces en tournée et à admirer les fonctionnaires de passage.
L’Histoire critique de la Philosophie, par M.
Enfin soit que les philosophes physiciens ou critiques posent mal leurs principes, soit qu’ils en tirent mal leurs conclusions, il leur arrive tous les jours de se tromper quoiqu’ils assurent que leur methode conduit infailliblement à la verité.
Même ce marbre dont nous parlions plus haut, ce marbre y est, et si nous avions une critique à faire, ce serait peut-être qu’il y est trop.
Si nous y avons vu de la critique contre l’Empire, nous y avons vu des éloges de bon aloi donnés au génie politique de l’Empereur.
Ces citations sont tirées de l’article de Taine sur Jean Reynaud (Essais de critique et d’histoire, éditions actuelles).
Dans ces premiers temps où l’esprit humain n’avait point tiré de l’art d’écrire, de celui de raisonner et de compter, la subtilité qu’il a aujourd’hui, où la multitude de mots abstraits que nous voyons dans les langues modernes, ne lui avait pas encore donné ses habitudes d’abstraction continuelle, il occupait toutes ses forces dans l’exercice de ces trois belles facultés qu’il doit à son union avec le corps, et qui toutes trois sont relatives à la première opération de l’esprit, l’invention ; il fallait trouver avant de juger, la topique devait précéder la critique, ainsi que nous l’avons dit page 163.
René Doumic, le distingué critique de la Revue des Deux Mondes, a faites à l’université Laval, à Montréal, au cours du mois dernier. Nous ne doutons pas de la faveur que doit assurer à ces pages le mérite d’une judicieuse et fine critique, d’une érudition sûre, d’un style d’une remarquable clarté et d’une rare précision. […] Dans un siècle d’histoire, de critique, d’informations précises, nous avons assisté au même travail de création légendaire qui s’était formée jadis autour des noms de Charlemagne et de Roland. […] Margot, la fille du peuple, l’ouvrière ou la grisette, est un très médiocre critique littéraire. […] Les critiques, eux, n’ont pas besoin d’être beaux.
Je n’ai pas la prétention de faire l’analyse et la critique raisonnée de ce livre. […] Je vis l’instant critique où ce silence allait s’interposer entre nous. […] Armand Silvestre, légitimement jaloux de ses prérogatives de critique, le soin et la joie de dire toute l’émotion où il m’a ravi. […] Œuvre de critique malicieuse et dénigrante ? […] Si j’étais critique, ou, à Dieu ne plaise, psychologue, j’appellerais cette imagination une imagination déductive.
Il est même impossible d’en parler et d’en faire la critique. […] Ils sont la recherche, ils sont la critique. […] Taine et toute la critique après lui ; et c’est même Guizot. […] M.Ferdinand Brunetière s’est converti à ma critique, qui est, comme vous savez, la critique impressionniste, et, naturellement, il m’y a dépassé du premier coup. […] C’est à cela que se réduit ma première critique.
XVII Voilà un beau livre en effet : un livre où la science et le poète, le technique et l’idéal, la plume et le ciseau, se tiennent, se complètent, s’interprètent l’un l’autre dans cette langue du beau qui est l’idiome connu de tous les arts de l’esprit ; langue sacrée que le génie parle en naissant, et que la vraie critique, à force d’étude, comprend et fait comprendre au vulgaire. […] Qu’on me pardonne de la relever telle qu’elle est, de cette page déchirée, pour justifier par l’impression naïve d’un ignorant tel que moi l’impression érudite et critique d’un adorateur tel que M. de Ronchaud, qui sait la langue de l’idéal. […] Je ne veux voir que ce que Dieu ou l’homme ont fait de beau ; la beauté présente, réelle, palpable, parlante à l’œil et à l’âme, et non la beauté de lieu et d’époque, la beauté historique ou critique, celle-là aux savants.
Lamartine est trop amateur, Vigny trop penseur, Musset trop indifférent : Hugo et Gautier sont les grands ouvriers de ce travail, Hugo surtout, mais Gautier aussi, et Sainte-Beuve à qui son sens critique faisait sentir la valeur de tous les détails de facture dans l’œuvre d’art. […] Sa critique littéraire ou artistique consiste à reproduire les œuvres par son procédé, et, sans les juger, à nous en communiquer l’impression. […] Il fit de 1836 à 1855 la critique d’art, puis la critique dramatique à la Presse ; d’où il passa au Moniteur universel, remplacé ensuite par le Journal officiel.
Naïf comme ces pâtres de Norvège qui se plaisaient jadis à entendre autour de la flamme du pin résineux le récit des Scaldes inspirés, il laisse aux histoires primitives leur charme d’enfance ingénue ; mais, penseur et critique, il sait, sans nuire à sa propre émotion ni à celle des autres, montrer la loi nécessaire des événements dans la suite en apparence désordonnée des circonstances, et il contraint l’humanité vieillie à s’aimer, à se haïr, à se plaindre, à se reconnaître en un mot, dans les contes qui l’ont bercée. […] Le premier veillait à la pureté de la langue, pour laquelle la Bible de Luther servait de règle et de modèle, le deuxième examinait si le chanteur observait les lois de la tablature, le troisième inscrivait les rimes, pour constater qu’elles se succédaient conformément aux principes de l’école et le quatrième était chargé d’exercer sa critique sur la mélodie du chant proposé. […] Citons, parmi nos critiques, MM.
On peut en discuter d’une façon tout individuelle, selon le goût, établir les relations entre les tendances de l’artiste et celles du critique, apprécier, approuver, dénigrer, sans que rien de supérieur intervienne dans ce débat aux opinions particulières de celui qui le suscite. […] Pour tous ceux qui considèrent l’œuvre comme un agrégat naturel, dont l’origine et les propriétés, pareilles à celles d’une fleur ou d’un cristal, sont soumises aux conditions de force, de temps et d’espace qui régissent tout mode de la matière, cette sorte de critique est la seule légitime. […] Il s’adresse à la fois au poète et au critique, au public musical et au public littéraire.
Une première critique qu’on peut faire de ces définitions c’est qu’elles confondent deux choses fort différentes, les phénomènes psychologiques et leur substratum ; ou, comme dirait Kant, les phénomènes et les noumènes. […] Samuel Bailey, a fait une critique vive et quelquefois piquante de la phraséologie inexacte qui est inhérente à la méthode des facultés, qui les érige en entités distinctes de l’homme lui-même. […] Une critique des « opérations imaginaires », dont M.
Il y a des graces & de la force dans plusieurs de ses discours, mais il faut convenir, avec un excellent critique, que ces graces ont quelquefois un air d’affectation, & que sa force n’est souvent qu’un ton déclamateur. […] Les jeunes Jurisconsultes y trouveront des modèles pour tous les genres d’affaires dont ils peuvent être chargés, des points d’histoire éclaircis par une judicieuse critique, des questions de droit traitées avec grace, des procédures même débrouillées avec tant de netteté, que le lecteur oublie souvent qu’on l’entretient de chicane. […] Si on peut lui reprocher de légers défauts (& pourquoi ne hazarderions-nous pas une critique qui ne le touche plus, & qui ne pourroit effleurer sa gloire ?)
Et Démocrite, et Société, et Platon, et Cicéron, et MarcAurèle l’étaient aussi, et, d’après la réflexion du critique, il est à présumer qu’il ne l’est pas. […] Si l’épitaphe que le critique destine à Sénèque ne lui convenait pas, nous lui trouverions encore une place. […] on perd de vue le caractère violent du fils, l’ambition et la puissance de la mère, la haine que tous les citoyens portaient à l’un, le vif intérêt qu’ils avaient pris au péril de l’autre, et la politique de princes moins féroces qui ont sacrifié leur propre sang à leur sécurité dans des circonstances moins critiques. […] « L’esprit de Sénèque est en contradiction avec son caractère. » Je ne ferai pas ce reproche aux critiques ; je suis trèsdisposé à leur croire le caractère de leur esprit et l’esprit de leur caractère. […] II remarque d’abord qu’il est rare qu’on critique les anciens historiens, parce qu’il est indifférent à tout le monde de voir un historien louer plus ou moins les Carthaginois ou les Romains ; mais il insinue que la position où il se trouve est très-critique
Jeudi 26 janvier Au fond, je pense avec une certaine ironie, du haut de quel mépris, la critique dramatique d’ordinaire, si facile à la louange de n’importe quoi de pas original, a traité la pièce de l’homme assis sur quarante volumes, un peu en avant de tout ce qui avait été fait ou écrit avant lui. […] Enfin j’aurais voulu lui faire proclamer à nouveau — lui, qui a été le seul défenseur des tentatives révolutionnaires au théâtre, que tout ce qui est permis aux étrangers ne l’est pas à nous, de par notre critique actuelle, qui nous défend un théâtre élevé, littéraire, philosophique, original, un théâtre qui dépasse le goût et l’intelligence d’un Sarcey, un théâtre autre, que celui renfermé dans les aventures bourgeoises du ménage d’aujourd’hui. […] Ce jeune Daudet est incontestablement le premier critique de l’heure présente. […] Samedi 12 août Hennique vient de son Laonnais, nous demander à Daudet et à moi, nos observations, nos critiques sur Les Deux Patries.
L’artiste est sans doute libre de mentir, pourvu qu’on ne s’en aperçoive pas ; mais de nos jours où, chez tout lecteur, on éveille l’esprit critique, le mensonge devient, aussitôt visible et enlève leur force aux représentations évoquées. […] Ruskin, le célèbre critique anglais, sépare entièrement la vie physiologique de la vie intérieure ; non sans raison d’ailleurs, il refuse à un détail anatomique parfaitement rendu le pouvoir de produire l’émotion. « Une larme, par exemple, peut être, dit-il, très bien reproduite avec son éclat et avec la mimique qui l’accompagne sans nous toucher comme un signe de souffrance. » Soit, mais n’oublions pas que le physique et le moral sont intimement liés, que, si un détail physiologique d’une parfaite exactitude ne nous touche pas, c’est qu’il n’est pas suffisamment fondu avec l’ensemble ; qu’enfin, si le peintre avait parfaitement reproduit à nos yeux tous les caractères physiologiques de l’émotion, il ne pourrait manquer d’exciter l’émotion, parce qu’alors il aurait rendu aussi avec la même exactitude la vie intérieure du personnage. […] Un récent critique a soutenu, à propos de Rousseau, qu’il fallait attribuer la plus grande part de son influence sur notre génération à ce qu’il y a de malsain, de déséquilibré dans son génie, c’est-à-dire à sa folie même. […] Les critiques classiques ne voient en cela qu’un procédé blâmable : c’est qu’ils ne font point des distinctions nécessaires.
« Vous vous plaignez que les événements (de mon sujet) ne sont pas variés, répondait Flaubert à un critique, qu’en savez-vous ? […] Renard, dans une excellente étude sur le réalisme contemporain, avait remarqué, après d’autres critiques, que le réalisme arrive à peupler le monde d’hallucinés, d’hystériques, de maniaques, qu’au sortir de mainte lecture on est tenté de répéter le mot fameux : « Il y a des maisons où les hommes enferment les fous pour faire croire que les autres ne le sont pas75. » Zola a répondu : « Vous nous avez trop enfermés dans le bas, le grossier, le populaire. […] De la critique, p. 300. […] On voit par cet exemple combien la composition est essentielle au roman, malgré ce qu’en ont dit certains Critiques : « Le roman est le plus libre des genres et souffre toutes les formes.
Dans ses Entretiens sur le Fils naturel (1757) et dans sa Poésie dramatique (1758), il critique le théâtre de Racine au nom du naturel. […] L’éminent critique dit encore avec raison : « tout symbole suppose une idée sans le support de laquelle il n’est qu’un conte de nourrice ; et toute symbolique implique ou exige, à vrai dire, une métaphysique, j’entends une certaine conception des rapports de l’homme avec la nature ambiante ou, si vous l’aimez mieux, avec l’inconnaissable48 ». […] Il est à regretter que l’auteur de la Critique de la raison pure et que celui de la Wissenschaftslehre n’aient pas su franchir l’abîme ; tout de même ils comprirent l’énorme faille qui coupe en deux l’esprit humain. […] La critique, comme l’esprit, souffle où elle veut.
Je ne me suis pas dérobé à l’obligation de la soumettre à l’analyse critique. […] Les types et les costumes se fixeront d’eux-mêmes, sans qu’il soit besoin d’un travail critique réfléchi. […] Mais ce n’est là qu’une critique peu importante. […] Sans doute, c’est précisément cette possibilité qui constitue la critique du système. Mais ici, je ne critique pas, j’analyse et j’expose les théories d’une école, en cherchant au contraire à les montrer dans leur jour le plus favorable.
Que si l’auteur à tout cela répond que de telles discussions sont plutôt l’affaire du critique que du voyageur, j’y consens, et j’en viens à examiner ce qu’il a fait plutôt que ce qu’il aurait pu faire.
On y verrait le grand et chaleureux amateur qui, le premier, a fondé la critique d’art en France, dans le négligé flottant de son costume, le cou nu, le front inspiré et annonçant du geste cette conquête nouvelle que l’imagination et la science du critique sauront se faire dans le monde de l’art.
Les tons en littérature sont d’autant plus beaux qu’ils sont plus vrais et plus purs ; à l’érudit, au critique appartiennent l’universalité et l’intelligence des formes les plus diverses ; au contraire, une note étrangère ne pourra qu’inquiéter et troubler le poète original et créateur.
La première, le vers « bien frappé », le vers proverbe, le vers qu’on répète, le vers que les critiques enchâssent dans la monture en chrysocale de leurs articles et qui suffirait volontiers, selon eux, à jauger un poète.
Bailey est avec Reid ou n’en diffère que par des nuances : « Je diffère, dit-il274, de l’École Écossaise, en ce qu’elle admet une croyance irrésistible en un monde extérieur, et que moi j’admets une connaissance. » La critique qu’il fait de Berkeley ne me paraît pas entrer dans le vif de la question : celle de Kant est inexacte.
Jusqu’à ces derniers temps, les critiques incompréhensifs et les fabricants de prosodie considéraient l’assonance à l’intérieur du vers comme une discordance, et dans tous les cas comme un grave défaut.
Le ton, l’emphase, les gestes, les mouvemens, avec lesquels il s’exprimoit là-dessus, l’amour-propre qu’il laissoit percer, & la critique dont ses ouvrages sont réellement susceptibles, étoient une nouvelle matière à satyres, à vaudevilles, & faisoient durer la comédie.
Nous ne savons pas si le lecteur est frappé comme nous ; mais nous trouvons dans cette scène de la Genèse quelque chose de si extraordinaire et de si grand, qu’elle se dérobe à toutes les explications du critique ; l’admiration manque de termes, et l’art rentre dans le néant.
Quant au second style général des saintes lettres, à savoir la poésie sacrée, une foule de critiques s’étant exercés sur ce sujet, il serait superflu de nous y arrêter.
Or quiconque se voue à l’étude zélée des maîtres fait abdication d’un esprit de critique envieuse et d’un orgueil trop fréquent chez les hommes ; il se détache en quelque sorte de lui-même pour se livrer à plus grand que lui.
Il ne suffit pas de sçavoir bien écrire pour faire des critiques judicieuses des poësies des anciens et des étrangers, il faudroit encore avoir connoissance des choses dont ils ont parlé.
Mais les beautés supérieures d’un écrivain font oublier les critiques les plus justes ; et voilà par quelle raison, pour le dire en passant, les Aristarques et les Zoïles de l’antiquité ont également disparu ; perspective assez peu consolante pour leurs successeurs.
C’est sous ce titre de Pays bleu, rêveur comme les lointains, que Louis Wihl lança deux poèmes humouristiques (Les Dieux scandinaves et La Reine de Madagascar), qu’il est aussi impossible à la Critique de toucher pour en donner une idée qu’on ne touche à la bulle de savon sans la détruire… Certes !
De choix et de réflexion, il préfère, par exemple, le latin barbare du Moyen Âge au latin du siècle d’Auguste, et met Lucain au-dessus de Virgile, qu’il déshonorerait de sa critique si un génie comme Virgile pouvait être jamais déshonoré.
Au critique de profession qui, jugeant du dehors, peut voir ce que je ne vois pas, de me contredire ou de me reprendre. Je dis ce que je sais, ce que j’ai vu, et, parmi d’autres, certaines choses que le critique est peut-être moins bien placé pour savoir et voir. […] C’est un des devoirs du critique ; il se trompe souvent : il suffit de lire Sainte-Beuve pour s’en assurer, qui a méconnu tant de valeurs sûres, lui toujours infaillible dès qu’il jouit d’un certain recul. […] Je vous ai prévenu en commençant que je ne parlerais pas en critique mais en auteur, en producteur et même en entrepreneur de spectacles. […] Il s’agissait de proposer notre effort en exemple et aux scènes d’amateurs, et aux critiques, et au grand public.
Elle permet d’appeler à Bryn Mawr, chaque année, un savant, ou un artiste, ou un critique, ou un professeur, qui peut venir de quelque endroit que ce soit de l’Amérique, ou du globe. […] Déjà l’Université de Chicago a prolongé idéalement mon séjour chez elle, en faisant publier par ses Presses des Études critiques sur Manon Lescaut, qui ont transporté l’héroïne de l’abbé Prévost non plus à la Nouvelle Orléans pour y mourir, mais dans l’Illinois pour y revivre. […] Il allait vantant ses œuvres à tout venant ; il écrivait aux critiques pour leur demander de l’aider à faire connaître au public français les œuvres de ce génie ; il se remettait à l’anglais pour le traduire ; il écrivait sa biographie passionnée. […] Si l’esprit critique demeure en eux, ou s’il vient à réapparaître inopportunément, leur rêve s’écroule, comme s’écroulent les palais enchantés de Lamia et comme s’évanouit la tendre Lamia elle-même. […] Parrhasiana, ou pensées diverses sur des matières de critique, d’histoire, de morale ou de politique, avec la défense de divers ouvrages de M.L.C.
Après la cérémonie et au déjeuner qui termine la fête, au dessert, il improvise en l’honneur du général des couplets qui jappellent les refrains patriotiques d’Émile Debraux : « Critique, mon ami, critique, dit-il avec bonne grâce à son frère en les lui envoyant. […] Les critiques très discrètes qu’on entrevoit permettent seulement de distinguer et de nuancer ces figures, que les bulletins avaient l’habitude d’offrir sous un jour trop uniforme.
La hideuse description de sa folie, vantée comme un prodige de force poétique par les critiques italiens et même français, est selon nous une plaisanterie déplacée, plus propre à contrister le rire sur les lèvres qu’à le provoquer ; ce qui dégoûte cesse de charmer. […] c’est bien cela, s’écria la charmante enfant, en applaudissant à ma critique ; il me semblait à chaque instant que le poète, en se moquant de lui et de moi, me jetait de l’eau tiède et de l’eau glacée dans le cœur ! […] — Vous le voyez, dis-je à la comtesse, voilà la critique de la nature ; c’est aussi la mienne, c’est aussi la vôtre, j’en suis sûr. » Elle fit un signe d’assentiment. « Mais ce n’est pas la mienne, dit avec une certaine supériorité de ton le professeur : ce que vous appelez un défaut, vous autres jeunes cœurs et jeunes esprits, c’est précisément la qualité exquise et véritablement philosophique de l’Arioste.
C’était un mince petit volume d’une magnifique impression, édité à cinq ou six cents exemplaires, et qui paraissait plus fait pour être offert par un auteur timide à un petit nombre d’amis d’élite et de femmes de goût, qu’à être lancé à grand nombre dans le rapide courant de la publicité anonyme ; je n’avais pas même permis à M. de Genoude et au duc de Rohan, mes amis, qui s’en occupaient à mon défaut, d’y mettre mon nom. « Si cela réussit, leur disais-je, on saura bien le découvrir, et si cela échoue, l’insaisissable anonyme ne donnera qu’une ombre sans corps à saisir à la critique. » III Le volume ne fut mis en vente que la veille de mon départ de Paris. […] Fidèle à ce principe, M. de Lamartine n’a jamais répondu aux critiques littéraires que par le silence ; mais il repousse avec raison des opinions et des sentiments que l’erreur seule peut lui imputer. […] XL Voilà cependant de quel fondement des critiques italiens et quelques personnes mal informées ont voulu conclure les opinions et les sentiments de M. de Lamartine sur l’Italie.
Le succès du livre fut immense, le bruit s’accrut de toutes les critiques acharnées dont les hommes de lettres complaisants du gouvernement nouveau s’efforcèrent de dénigrer le livre et l’auteur : on l’accusa de corrompre les mœurs que le consulat voulait épurer par sa police plus que par ses exemples. […] LXV Cette critique créatrice de madame de Staël, appliquée avec une merveilleuse éloquence aux grandes œuvres philosophiques, lyriques ou dramatiques des grands écrivains du Nord, procédait par l’admiration au lieu de procéder par le dénigrement. […] XLVI La poésie intime et domestique des Allemands, la seule épopée possible de nos jours, parce que les lumières ont fait évanouir de l’esprit humain les prodiges, cette poésie du mensonge, n’inspire pas moins bien madame de Staël dans sa critique de Woss, le précurseur de Gœthe dans son poëme d’Hermann et Dorothée.
Son drame — non pas toujours, mais quelquefois — évite la vivacité de l’action, s’attarde à de longs récits, s’étale en de vastes développements de caractères ou de passions, s’idéalise par la recherche des symboles jusqu’à devenir irréel, et n’en est pas moins poignant au point de vue du peuple pour lequel il a été conçu, n’en doit pas paraître moins admirable au critique loyal qui fait la part des nationalités. […] » Ce fut, toujours, non seulement pour la critique, mais encore pour les sentiments les moins prévenus, une pierre d’achoppement, de voir ici le Maître, tout à coup, sortir en une certaine mesure, de la musique, s’élancer hors du cercle enchanté que lui-même s’était tracé, pour faire appel, ainsi, à des moyens de représentation pleinement différents de la conception musicale. […] Wyzewa s’en fait l’écho sans aucune lecture critique ou mise en perspective.
Forster, Heilbronn, 1883 ; — la Chanson d’Aliscans, édition Guessard et Montaiglon, Paris, 1870 ; — la Chanson de Renaud de Montauban [Les Quatre Fils Aymon], édition Michelant, 1862, Stuttgart ; [Cf. un article de Taine dans ses Essais de critique et d’histoire] ; — la Chanson de Girart de Roussillon, édition ou traduction P. […] VI. — La Farce de Pathelin 1º Les Sources. — Petit de Julleville, La Comédie et les mœurs au Moyen Âge, Paris, 1887 ; — Littré, Histoire de la langue française, Paris ; — Lenient, La Satire en France au Moyen Âge ; — Ernest Renan, « La Farce de Pathelin », dans ses Essais de critique et de morale. […] Bijvanck, Essai critique sur les œuvres de François Villon, Leyde, 1883 ; — Œuvres de François Villon, publiées par M.
Le roi travaille à faire des troupes pour fortifier le côté de la Sarre, et avant la fin de septembre il y aura au moins douze bataillons d’augmentation, et vers le 1er novembre encore huit autres ; il n’y a de dangereux que le moment critique dans, lequel vous êtes. […] Informé des critiques de Versailles, tant celles des courtisans que de quelques officiers généraux, il crut devoir se justifier auprès du ministre d’avoir pris Kehl trop cavalièrement, sans avoir observé toutes les formes.
Un critique éminent et bienveillant, M. […] Elle lisait aussi Pascal, dont les Pensées occupaient fort en ces années la critique littéraire.
Le critique, quand il s’agit de M. de Chateaubriand, n’en est plus un ; il se borne à rassembler les fleurs du chemin et à en remplir sa corbeille ; c’était l’office, dans les fêtes antiques, de ce qu’on appelait le canéphore ; et même en cette histoire de cloître, si l’on nous passe l’image, c’est ainsi que nous ferons. […] Chardon de La Rochette, dans ses Mélanges de Critique et de Philologie, en cite une qui est piquante en effet, mise en regard de l’avenir : « Qu’est-ce que tu peux souhaiter, ô chantre Anacréon ?
Le premier devoir, en effet, la première vérité à observer en ces sortes d’études, c’est la mesure et la nuance de ton, la discrétion de détails, le sentiment toujours attentif et un peu mitigé, qui règnent dans le commerce du critique avec les contemporains qu’il honore et qu’il admire. […] Cette idée-là, légèrement vaniteuse, mais pas du tout chimérique, me rend courage pour ces essais, et me réconcilie avec les avantages incomplets, actuellement réalisables, que le critique et biographe attentif peut tirer de sa position près des vivants modèles.
Daunou, qui en rendit compte dans le Journal des Savants (mai 1822), reconnaissait que les vues par lesquelles l’auteur avait étendu son sujet et en avait éclairci les préliminaires « supposaient une étude profonde de l’histoire de France ; » il trouvait que l’ouvrage « se recommandait moins par l’exactitude rigoureuse des détails que par l’importance et la justesse des considérations générales ; » mais il insistait sur cette importance des résultats généraux, et notait « la profondeur et quelquefois la hardiesse des pensées, la précision et souvent l’énergie du style. » Nous aimons à reproduire les propres paroles du plus scrupuleux des critiques, de celui qui, en rédigeant ses jugements, en pesait le plus chaque mot. […] Toutes les critiques à faire pour le détail rentreraient dans celle-là et en découleraient.
Érudition, critique, bon sens, exposition presque exacte des dogmes et des institutions, vues philosophiques sur l’enchaînement des faits et sur le cours général des choses, il n’y manque rien, si ce n’est des âmes. […] Molière, les Femmes savantes et la Critique de l’Ecole des femmes.
Si Dieu s’était déclaré l’auteur de ces livres ou de ces chants, l’historien de ses propres mystères, le poète de ses propres œuvres, quel serait donc l’insecte assez superbe, assez insensé et assez sacrilège pour se poser en critique du Créateur de la pensée et de la parole ? […] L’imagination, plus impressionnable, jouait, dans ce monde antique, un plus grand rôle que dans les temps modernes ; la critique n’y existait pas.
Toutes les sources sont mises à contribution, sans critique, avec un égal respect, et un non moins égal sans-gêne : Bible, Évangiles canoniques, Évangiles apocryphes, actes de martyrs, vies de saints ; c’est un vaste et confus ensemble qui va de la création jusqu’à saint Dominique et saint Louis. […] Jacob, Jouaust, 1876 ; Recueil Fournier, etc. — À consulter : Renan, Essais de morale et de critique ; Petit de Julleville, Répertoire, etc., p. 191.
Prenons bien garde que la critique historique est la dernière née, et que la critique philosophique pendant deux ou trois siècles a fait son œuvre sans elle et même parfois contre elle.
Mais n’eussent-ils pas écrit de lettres, il n’en faudrait pas moins indiquer ici qu’ils vécurent et travaillèrent : car leur œuvre, étrangère à la littérature, et même souvent à la langue française, a préparé le merveilleux développement de la critique, de l’histoire, de l’archéologie, de toutes ces sciences où la littérature de notre siècle a trouvé quelques-uns de ses plus certains chefs-d’œuvre. […] I-III. — A consulter : Taine, Essais de critique.
La nature n’engendre le génie immédiat et complet, il répondrait au type de l’homme et ne serait aucun ; mais pratiquement, occultement touche d’un pouce indemne, et presque l’abolit, telle faculté, chez celui, à qui elle propose une munificence contraire : ce sont là des arts pieux ou de maternelles perpétrations conjurant une clairvoyance de critique et de juge exempte non de tendresse. […] On a le tort critique, selon moi, dans les salles de rédaction, d’y voir un genre à part.
Puis, tout à côté, parlant des journalistes du temps, il fait presque un éloge de Marat, dans lequel il ne voit guère qu’un Scythe ou un paysan du Danube dans la grande Babylone, et dont il dit pour toute critique : « il eut une âme pleine de sens, mais trop inquièt. ». […] De ce qu’on a un talent polémique remarquable, ou même redoutable, et qui a fait ses preuves dans les circonstances déterminées, de ce qu’on a des coups de force et de vigueur précise dans la lutte, on ne possède pas pour cela les qualités complexes qui font l’historien et le critique.
Les Muses, en effet, s’essayent, et alors elles font des poèmes, des fantaisies mythologiques, qui, tout naturellement, se tournent moitié en satire, moitié en petits poèmes critiques, d’une originalité composite tout à fait piquante qui répond précisément à la question et au désir du dieu : il nous faut du nouveau. […] Il a toujours, (même dans ses fables), une telle préoccupation, je ne dirai pas critique, mais de théorie littéraire, que ses idées littéraires, que ses doctrines littéraires le suivent partout.
Étudiez le mécanisme de votre pensée, discutez votre connaissance et critiquez votre critique : quand vous serez assurés de la valeur de l’instrument, vous verrez à vous en servir. » Hélas ! […] Mais supposons même que le métaphysicien ne lâche pas ainsi la philosophie pour la critique, la fin pour les moyens, la proie pour l’ombre.
Le progrès seul de la critique en a détruit ou déplacé les bases. […] L’érudition critique peut rapprocher et finement approfondir ce qui nous reste de notions appréciables sur les diverses formes de pouvoir théocratique établies chez les différents peuples.
Le résumé de ce qui s’est dit à ce sujet dans plusieurs séances formerait assurément la critique littéraire la plus complète de la pièce, et l’auteur n’aurait pas à s’en plaindre puisque son ouvrage en est sorti triomphant.
Je ne saurais mieux définir le sentiment de profonde affection et comme de piété que je portais alors jusque dans la critique littéraire, qu’en rappelant un passage de mon roman de Volupté, où Amaury s’écrie (chap. xxi) : « … Dans les Lettres mêmes, il est ainsi des âmes tendres, des âmes secondes, qui épousent une âme illustre et s’asservissent à une gloire : Wolff, a dit quelqu’un, fut le prêtre de Leibnitz.
Dans cette mêlée injurieuse des temps, combien est-il de ces anciens poëtes, Panyasis que les critiques plaçaient très-haut à la suite d’Homère, Varius qu’on ne séparait pas de Virgile, Philétas que Théocrite désespérait jamais d’égaler, Euphorion avec son Gallus, combien, et des meilleurs et des plus charmants, qui ont ainsi succombé sans retour, et n’ont laissé qu’un nom que les érudits seuls remuent encore parfois aujourd’hui !
Lacretelle, après avoir dépouillé une vaste et touchante correspondance, il (le duc de Liancourt) rédigeait ses Mémoires282, les soumettait à ma critique, à ma révision.
» Pour mêler quelques critiques aux éloges qui sont dus à M.
Albert Mockel, et celui-ci laisse peu à glaner aux critiques venant après lui.
Tel est le point de vue original de cet écrivain, tel que chacun peut le vérifier dans son œuvre : dans ses chroniques et ses critiques ; dans ses romans : Mal éclos, histoire d’un répétiteur, — Une belle journée, poème des adultères ratés, roman en trois cents pages dont l’action dure six heures, petit chef-d’œuvre de psychologie bourgeoise, — la Saignée, intéressante évocation des laideurs secondaires du Siège de Paris ; dans son théâtre : mise en drame de Renée Mauperin, — La Pêche, une ironique pochade, — Les Résignés, sa maîtresse œuvre, d’une valeur suprascénique, un oratorio philosophique.
Si l’on cherche un point d’arrêt naturel, un moment critique qui marque un changement grave dans les mœurs et la marche de la nation, force est de pousser jusqu’en 1715.
La critique scientifique, pp. 116 et 127.
Est-ce en les voyant se déchirer, se calomnier, se décrier les uns les autres, intriguer dans les Sociétés, pour persécuter leurs rivaux ou prôner leurs admirateurs & leurs disciples ; employer, pour se faire une réputation, un temps & des soins qui seroient plus utilement consacrés à perfectionner leurs Ouvrages ; se révolter contre les Critiques, & négliger des avis utiles ; repaître leur vanité de suffrages mendiés, sans s’occuper à en mériter de plus justes & de plus solides ; substituer à l’élévation des sentimens qui devroient être leur partage, les bassesses de l’artifice & de la flatterie, pour donner des appuis à leur vanité ?
Notre critique est la recherche et la contemplation du beau ; nous ne citerons que les belles choses : les mauvaises n’ont pas besoin d’être jetées à l’oubli, elles meurent d’elles-mêmes.
J’avais eu l’attention d’adoucir l’amertume de ma critique en écartant de son chevalet quelques personnes qui l’entouraient.
Je ne dis point pour cela qu’il faille prendre à mauvais augure la critique d’un jeune homme qui remarque des défauts dans les ouvrages des grands maîtres : il y en a véritablement, car ils étoient des hommes.
Les critiques modernes ont donc entendu cantus comme s’il signifioit toujours un chant musical, quoique dans plusieurs endroits il veuille dire seulement un chant en general, une recitation assujetie à suivre une melodie écrite en notes : ils ont entendu canere comme s’il signifioit toujours ce que nous appellons proprement chanter.
… C’est là une question que lui seul et l’avenir résoudront, mais ces facultés sont si visibles en cette séduisante production qu’il a appelée le Marquis de Grignan, et qui est bien autre chose que la biographie de ce pauvre homme, qu’il était impossible à la Critique de ne pas les voir et de ne pas les signaler… 56.
I Si ce livre de Rome et la Judée eût été le début littéraire de son auteur, qu’est-ce que la critique en aurait dit ?
IV La Critique qui examine les livres dans les journaux a été jusqu’à ce jour infiniment discrète sur le compte de M.
la Critique ne marchanderait plus, et l’auteur du Couvre-feu en aurait !
Dans un temps où la langue serait forte, la Critique punirait peut-être le poète de cette impiété et de cette profanation, mais nous ne sommes plus au temps du grand Corneille où l’on disait Brute et Cassie, et où ce qui doit changer le moins, même les noms propres, devenaient français sous les plumes fières… À présent nous n’avons plus, il est vrai, cette insolence d’orgueil, et ce n’est pas seulement à l’expression étrangère que nous allons tendre des mains mendiantes, c’est à l’inspiration elle-même !
Déjà la Critique bienveillante, qui s’enferre quelquefois elle-même sur sa propre bienveillance, a appelé M. de Laprade « le poète des sommets », et en effet, si ce n’est pas encore le titre officiel, c’est le titre mérité de l’auteur des Idylles héroïques, qui devraient bien plutôt s’appeler les Idylles grimpantes : mais peut-être y a-t-il ici héroïsme à grimper.
Que n’ai-je les vertus de l’ancienne magie Pour connaître où tu vis quand tu me fais mourir Mais, après tout, et malgré la mélancolie de la touche du poète, ces deux poèmes ne donnent pas la valeur réelle, et que la Critique doive mettre le plus en relief, du livre et du talent de M.
Qu’est-ce que cela lui fait, à ce violent accumulé, à ce tenace combattant pour la cause qui a perdu ses conspirateurs, qu’est-ce que cela lui fait de n’être pas romancier et que la Critique le lui reproche ?
il est impossible de moins se surfaire et de mieux apprécier son livre tout en l’expliquant… Seulement, la Critique littéraire, qui voit les facultés où elles sont et qui lit les feuillets des livres qui n’ont jamais été écrits, regrette que des intelligences faites pour mieux se contentent de brûler le pavé et ne rapportent au logis, sur des peuples qu’on a regardés du dehors au dedans, au lieu de les regarder du dedans au dehors, rien de plus que des impressions personnelles, fussent-elles aussi vivantes que peuvent l’être ces impressions !
Quelques critiques ont pensé que ce panégyrique n’avait été écrit qu’après la défaite du tyran Eugène.
Il se critique, se réfute, se condamne, se gourmande et se raille avec beaucoup de bonne grâce et un air de charmante franchise. […] Il critique la critique de l’abbé Morellet, etc… Bref, il ne nous laisse pas grand’chose à dire… Mais qu’importe, s’il nous laisse quelque chose à sentir ? […] Au Journal des Débats, Hoffmann fit, des Martyrs, une critique où il y a beaucoup de bon sens, et quelques sottises. Chateaubriand ressentit très vivement cette critique, et répondit par un long Examen des Martyrs et par des Remarques sur chaque livre du poème. […] Une histoire de la littérature, à moins d’être écrite à coups de fiches, ce qui n’a aucun intérêt, est surtout l’histoire de l’esprit du critique qui a pu l’écrire.
Elle prétendait même ajouter à ses critiques deux ou trois petites bagatelles . […] Certes, pendant sa vie, et immédiatement après sa mort, Marceline occupa et les amis des beaux vers et la critique sérieuse. […] un critique dit gravement : « On est étonné de la ressemblance du plan de Latini et de celui de Dante. » Un autre critique affirme : « Dante a imité Latini. » Puis viennent ceux qui s’indignent du soupçon. […] D’autres critiques assimilaient l’épopée grecque aux animaux et aux plantes et la qualifiaient de production organique. […] Ainsi, selon le critique, avec Champfleury les commencements sont durs, et l’on finit par se sentir ému.
Les aspects de la maison, ceux de la campagne sont évoqués avec un détail que beaucoup de critiques ont reproché à l’artiste. […] L’autorité centrale ne pouvait pas tenir contre une critique incessante et multipliée sur tous les points. […] Un critique peu bienveillant m’a reproché un jour ce qu’il appelait ma manie médicante. […] Nous aurions eu là des pages de critique bien neuves. […] L’identification des peintures anciennes passionnera toujours les critiques d’art.
Ses lectures sont d’un homme instruit et d’un esprit critique, qui songe peu à se divertir où à s’enflammer, mais qui apprend et qui juge : Virgile, Ovide, Horace, Juvénal, Perse, voilà ses auteurs favoris ; il en traduit plusieurs, il a leurs noms sans cesse sous la plume ; il discute leurs opinions et leur mérite, il se nourrit de cette raison que les habitudes oratoires ont imprimée dans toutes les œuvres de l’esprit romain. […] Leur langue affaiblie s’est trop raffinée, et, comme l’or pur, elle plie à tous les chocs ; notre vigoureux anglais n’obéit pas encore à l’art, mais il est plus propre aux pensées viriles, et son alliage l’a fortifié707. » Qu’on raille tant qu’on voudra Fletcher et Shakspeare, « il y a dans leur style une imagination plus mâle et un plus grand souffle que dans aucun des Français708. » Quoique excessive, cette critique est bonne, et c’est parce qu’elle est bonne que je me défie des œuvres qu’elle va produire. […] S’il avait institué la critique et le bon style, cette critique n’avait trouvé place qu’en des traités pédantesques ou des préfaces décousues ; ce bon style restait dépaysé dans des tragédies enflées, dispersé en des traductions multipliées, égaré en des pièces d’occasion, en des odes de commande, en des poëmes de parti, ne rencontrant que de loin en loin un souffle capable de l’employer et un sujet capable de le soutenir. […] Cette critique montre, en abrégé, tout le bon sens et toute la liberté d’esprit de Dryden, mais en même temps toute la grossièreté de son éducation et de son temps.
Pour les critiques d’origine universitaire, je soupçonne que si nous leur causons tant de déplaisir, c’est qu’ils n’entendent plus le classique. […] Charles Morice, dont l’ouvrage de sûre critique, la Littérature de tout à l’heure (après une étude fort attachante, « Question d’Esthétique »), fit grand bruit dans le monde littéraire, voilà bien cinq ou six ans. […] Cependant son sens critique, son inquiète activité, et — disons le mot — son indécision, aussi le portèrent à exagérer, avec sa forme, ses tendances ; et le poète étrange qu’il était, transparent dans ses mots, trouble dans son concept, avec des enveloppements et des dérobements d’idées, sorte de beau ténébreux élégiaque, céda le pas au journaliste, au fureteur d’actualités au chroniqueur d’émotions furtives ; et c’est ainsi que, vainement, nous attendons, chaque année, le volume de vers de ce poète, vraiment poète, sinon dans la réalisation, du moins, dans le vouloir. […] Alfred Bruneau, le savant et probe critique musical, l’auteur justement applaudi des Lieds de France et de l’Attaque du Moulin, qui — l’un des premiers — tenta la prose musicale, le drame lyrique humain et moderne. […] Les « Confessions littéraires » comprennent, en effet, une longue série d’autres chapitres — études critiques, citations ou interviews — consacrés à Max Nordau, Jules Lemaître, Armand Silvestre, Laurent Tailhade, Verlaine, Richepin, Dierx, A.
Dimanche 10 février Nous finissons le siècle, dans des années méchantes, où la politique se fait à coups de dynamite, où les assassins avant de tuer, s’amusent de la peur de l’assassiné, où la jeune critique met la perspective du corbillard, pour l’éreinté dans ses articles, où l’image même a la férocité du dessin de Forain. […] Dimanche 24 février Daudet, aussitôt arrivé, me parle de l’importance qu’a prise le banquet, du bruit qu’il fait, des articles qu’il inspire, de la volte-face de la critique, devant la remise demandée par moi, disant que j’aurais publié un chef-d’œuvre, qu’il n’aurait pas amené la centième partie de ce tapage, et constatant avec moi, l’imbécillité des choses productrices du succès, à Paris. […] La critique de l’heure présente veut en faire un grand monsieur : non, Guys est un dessinateur rondouillard, et le plus sale enlumineur de la terre. […] le facile esprit de ces critiques, comme M.
Et, au bout de tout cela, quand on se demande quels sont enfin les résultats de cette débauche de critique, les fortes paroles de Bossuet sont encore celles qui reviennent invinciblement en mémoire : « Qu’on me dise s’il n’est pas constant que, de toutes les versions et de tout le texte quel qu’il soit, il en reviendra toujours les mêmes lois, les mêmes miracles, les mêmes prédictions, la même suite d’histoire, le même corps de doctrine et enfin la même substance ? […] « Quand on écrit sur les maîtres de Ninive, ou sur les Pharaons d’Égypte, on peut n’avoir qu’un intérêt historique ; mais le christianisme est une puissance tellement vivante et la question de ses origines implique de si fortes conséquences pour le présent le plus immédiat, qu’il faudrait plaindre l’imbécillité des critiques qui ne porteraient à ces questions qu’un intérêt purement historique. » Ces paroles sont de J. […] Et il a enfin de n’être pas seulement une « théologie » ou une « psychologie », mais une « sociologie » si je l’ose ainsi dire, et c’est là, sachons-le bien, à l’heure critique où nous sommes, son plus grand avantage. […] Ceci, pour ne rien dire de la critique orthodoxe ; c’est ce que les Scherer et les Renan ont clairement montré.
Quand voit-on naître les critiques et les grammairiens ? […] Le génie crée les beautés, la critique remarque les défauts ; il faut de l’imagination pour l’un, du jugement pour l’autre. […] Si je vous parle du clair de lune de Vernet dans les premiers jours de septembre, je pense bien qu’à ces mots vous vous rappellerez quelques traits principaux de ce tableau ; mais vous ne tarderez pas à vous dispenser de cette fatigue, et bientôt vous n’approuverez l’éloge ou la critique que j’en ferai que d’après la mémoire de la sensation que vous en aurez primitivement éprouvée, et ainsi de tous les morceaux de peinture du sallon, et de tous les objets de la nature. […] Vernet dit qu’il laisse au temps le soin de répondre à ce reproche, et de montrer à ses critiques combien ils jugent mal.
Le souffle de cette Histoire, dans toute son étendue, est le même, bien que dans les derniers volumes les réflexions, les regrets et les critiques s’y mêlent plus fréquemment : mais l’admiration, l’amour pour le héros, pour sa personne encore plus que pour son œuvre, subsiste.
Leurs écrits sont comme la musique des Écossais, qui composent des airs avec cinq notes, dont la parfaite harmonie éloigne toute critique, sans captiver profondément l’intérêt.
Ils ne peuvent pas se persuader que l’on avance dans une critique, quelque partiale qu’elle soit, précisément l’opposé de ce qui est.
Il ne doute pas de la réalité des faits portés dans l’Écriture, non plus qu’avant le xviiie siècle on ne doutera de la réalité des faits racontés par Tite-Live : l’exégèse de Calvin représente exactement la même époque de la critique que les raisonnements de Machiavel, de Bossuet, et même de Montesquieu sur Tite-Live.
Presque personne n’eut l’élémentaire bonne foi de reconnaître que son talent est beaucoup moins simple que ne l’ont déclaré des critiques ineptes ou malveillants.
À propos d’un récent procès où le parquet avait fait un triage parmi les délinquants, poursuivant les uns comme meneurs, abandonnant les autres comme « menu fretin » un critique émet les réflexions suivantes : « Avec la nouvelle théorie, le parquet sortant de son rôle de poursuivant, se fait juge.
Il envie tour à tour, car il sait comprendre tour à tour, l’âme simple qui vit de foi et d’amour, l’âme virile qui prend la vie comme un musculeux athlète, l’esprit pénétrant et critique qui savoure à loisir le charme de manier son instrument exact et sûr.
On peut analyser le rythme d’un morceau avec une précision, avec une minutie dont les critiques modernes ont donné des modèles.
Nous ne sommes pas de son sentiment, & nous allons établir nos raisons, ou plutôt combattre les siennes, sans craindre que ce Critique trouve mauvais que nous usions d’un droit dont il a usé lui-même à l’égard de plusieurs Ecrivains.
Celles que M. l’évêque du Puy, écrivain qui, à l’exemple de Bossuet & de Fénélon, joint à l’amour des sciences le goût de la littérature, donne dans son Essai critique sur l’état présent de la république des lettres, méritent de l’attention.
M. de Voltaire critique ce vers comme plat et trivial.
Si par hasard cette réflexion était juste, faudrait-il s’étonner que ce livre essuie tant de critiques ?
Mais quant aux autres, à ceux-là qu’on répudie aujourd’hui, je ne pense pas que l’avenir s’en soucie beaucoup, et l’avenir, en ce moment, commence, car, excepté moi, parmi les critiques contemporains, qui a songé à signaler cette réimpression des œuvres complètes de Gay, et à dire sur elle ce mot suprême après lequel on ne dit plus rien, et qui est à une renommée ce que le dernier clou, qu’on y plante, est à un cercueil ?
Vaublanc, qui n’exerça jamais d’action supérieure et unitaire sur les hommes et les choses de son temps ; Vaublanc qui, en 1830, étant à Saint-Cloud, en disponibilité, au service de cette Restauration qui était aveugle quand elle n’était pas ingrate, vit Charles X, parla à Charles X et n’entendit pas un mot de ce qui se brassait alors au conseil, Vaublanc n’est en définitive qu’un grand homme et qu’un grand ministre du cimetière de Gray, mais le critique — qui n’a pas le droit de rêver comme le poète, — ne l’invente ni ne le suppose ; il le trouve dans ce que Vaublanc a laissé.
C’est moins une histoire — comme le dit, du reste, son sous-titre, — qu’un Cours tout entier philosophique et critique de l’histoire moderne ; c’est une démonstration en sens contraire de tous les problèmes agités, à cette heure, par l’esprit révolutionnaire, et dont la solution dernière serait, sous le nom imposteur de progrès, de faire rétrograder la civilisation du monde… Après avoir, dans ses premières pages, comme donné le dictionnaire de la langue qu’il va parler en fixant l’origine et en déterminant la grandeur de la Monarchie française, en traitant de « la providence des dynasties inamovibles », de la propriété, du droit divin, dont il dit : « La primogéniture, le droit successif, la légitimité, le droit divin, ne sont qu’une même expression, une même vérité, une loi de raison », le métaphysicien politique aborde vaillamment l’Histoire.
Ventura avait pour la Critique l’intérêt d’un esprit de l’ordre le plus élevé qui, jusque-là, s’était illustré dans de très puissantes polémiques, mais que l’événement et le choix de l’Empereur mettaient en demeure de se montrer fécond et net dans sa fécondité et de dire enfin le mot suprême que, sur toutes les questions, le christianisme, s’il rencontre un homme de génie, n’a jamais manqué de prononcer !
Mais ces défauts, que j’explique, et que le devoir de la Critique était de signaler, n’empêcheront pas l’œuvre actuelle de Bouchor d’être ce qu’elle est, c’est à dire quelque chose d’un accent formidable, qui retentira dans le cœur de tous les nobles êtres qui ont encore le cœur poétique.
Certes, toute cette partie des œuvres de l’homme qui a écrit Stello, Grandeur et Servitude militaires, Cinq-Mars, Chatterton, La Maréchale d’Ancre, et traduit Othello et Shylock avec une précision qui est une création dans la langue, toute cette partie si considérable mérite d’être prise à part et jugée, en soi, par la Critique, et voilà pourquoi nous l’y mettons, à part, pour, dans d’autres volumes2, l’y retrouver.
à ce cruel moment, s’il naît dans le sang versé de son cœur, car c’est là toujours que les poètes naissent, une fragilité comme un poète élégiaque, une créature de bonté, de simplicité, de tendresse, doit-on s’étonner que son talent s’altère dans ce milieu qui pèse de toutes parts sur son inspiration première, et peut-on croire que cette fragilité inouïe puisse un jour, grâce aux conseils de la Critique, s’arracher à ce joug de l’Idéal abaissé ?
Seulement notre critique, à nous, n’aurait-elle que deux minutes à vivre, elle ferait, pendant ces deux minutes, sa pauvre justice éphémère et rendrait hommage à un homme de talent méconnu, parce que dans le débordement de paganisme et de matérialisme universel, il est resté purement et incorruptiblement un spiritualiste et un chrétien.
Duranty peut être le plus brave travailleur en vulgarité et même le plus puissant, et la Critique se laisser toucher par la peine qu’il se donne pour être profond à sa manière, que son roman, en lui-même, reste ce qu’il est, c’est-à-dire d’un effet manqué, comme composition littéraire ; mais la sorte d’intérêt qu’il excite ne peut ricocher du livre à l’auteur.
Il n’y a, de fait, que Balzac, dans ces contes inouïs qui ne sont pas pour les enfants et qui ont tout, excepté l’innocence ; il n’y a que Balzac qui ait parlé depuis Rabelais cette langue phénoménale que Feuillet rappelle en plus d’un endroit de son livre par la propriété pittoresque de l’expression, l’opulence des vocables, le mouvement ému, les contours renflés, la grâce du tour, et particulièrement ce coloris qui étend sur toutes choses ses clartés rougissantes et qui nous fait nous demander, à nous, vieux critiques, accoutumés au feu de la phrase quand elle en a : « Mais dans quel baquet de pourpre s’est-il plongé, ce diplomate, pour en être ressorti avec cet éclat et cette vie qu’un artiste de profession lui envierait ?
Des savants dans les langues, tels qu’Adrien Turnèbe, un des critiques les plus éclairés de son siècle, Guillaume Budé, qu’Érasme nommait le prodige de la France, et dont il eut la faiblesse ou l’orgueil d’être jaloux, qui passait pour écrire en grec à Paris comme on eût écrit à Athènes, et qui, malgré ce tort ou ce mérite, fut ambassadeur, maître des requêtes et prévôt des marchands ; Longueil, aussi éloquent en latin que les Bembe et les Sadolet, et mort à trente-deux ans, comme un voyageur tranquille qui annonce son départ à ses amis ; Robert et Henri Étienne, qui ne se bornaient pas, dans leur commerce, à trafiquer des pensées des hommes, mais qui instruisaient eux-mêmes leur siècle ; Muret exilé de France, et comblé d’honneurs en Italie ; Jules Scaliger, qui, descendu d’une famille de souverain, exerça la médecine, embrassa toutes les sciences, fut naturaliste, physicien, poète et orateur, et soutint plusieurs démêlés avec ce célèbre Cardan, tour à tour philosophe hardi et superstitieux imbécile ; Joseph Scaliger sort fils, qui fut distingué de son père, comme l’érudition l’est du génie ; et ce Ramus, condamne par arrêt du parlement, parce qu’il avait le courage et l’esprit de ne pas penser comme Aristote, et assassiné à la Saint-Barthélemi, parce qu’il était célèbre, et que ses ennemis ou ses rivaux ne l’étaient pas.
Lorsque Tennyson publia ses premiers poëmes, les critiques en dirent du mal. […] En somme, le monde n’apparaît ici que comme une pièce de théâtre, matière à critique et à raisonnements. Et croyez que la critique et les raisonnements se donnent carrière.
Ceux qui seront curieux de s’en convaincre n’ont qu’à jeter les yeux sur les notes qu’on a mises à la tête de chaque King dans la grande édition du palais ; ils verront avec surprise qu’on n’a jamais poussé si loin les recherches et la critique pour aucun livre profane. […] « “Nous ne sommes pas assez érudit, poursuit-il, pour prononcer entre le Chi-King, et les poètes d’Occident ; mais nous ne craignons pas de dire qu’il ne le cède qu’aux psaumes de David pour parler de la divinité, de la providence, de la vertu, etc., avec cette magnificence d’expression et cette élévation d’idées qui glacent les passions d’effroi, ravissent l’esprit et tirent l’âme de la sphère des sens.” » XIII S’élevant ensuite à la hauteur d’une critique supérieure aux ignorances et aux préjugés de secte, le savant disciple des jésuites parle des Kings, de leur antiquité, de leur authenticité, de leur caractère en ces termes : « De bons missionnaires qui avaient apporté en Chine plus d’imagination que de discernement, plus de vertu que de critique, décidaient sans façon que les Kings étaient des livres, sinon antérieurs au déluge, du moins de peu de temps après ; que ces livres n’avaient aucun rapport avec l’histoire de la Chine, qu’il fallait les entendre dans un sens purement mystique et figuré.
Il chercha fortune dans le journalisme littéraire ; ses critiques offensèrent des acteurs favoris du public ; il fut menacé ; il quitta Mannheim et se réfugia à Leipsick. […] pourvu qu’ils parviennent à les élever dans cette situation critique ! […] Les grands écrivains, les grands orateurs, les grands philosophes, les grands poètes, les grands critiques, où sont-ils ?
Cependant qu’étoit-ce qu’une critique de quelques vers foibles, de quelques mauvaises expressions, de quelques bévues réelles, & de quelques pensées fausses, en comparaison de tant de traits qu’il décocha sur toute la famille de Perrault ? […] Que d’art, que d’adresse dans ses réflexions sur la critique ! […] Tels sont les sentimens du plus grand nombre des critiques, &, en particulier, de celui qui porte cette décision sur Virgile : Mais il s’épuise avec Didon, Et rate à la fin Lavinie.
En d’autres termes, si la métaphysique n’est qu’une construction, il y a plusieurs métaphysiques également vraisemblables, qui se réfutent par conséquent les unes les autres, et le dernier mot restera à une philosophie critique, qui tient toute connaissance pour relative et le fond des choses pour inaccessible à l’esprit. […] Il y aurait dès lors place, entre le dogmatisme métaphysique d’un côté et la philosophie critique de l’autre, pour une doctrine qui verrait dans l’espace et le temps homogènes des principes de division et de solidification introduits dans le réel en vue de l’action, et non de la connaissance, qui attribuerait aux choses une durée réelle et une étendue réelle, et verrait enfin l’origine de toutes les difficultés non plus dans cette durée et cette étendue qui appartiennent effectivement aux choses et se manifestent immédiatement à notre esprit, mais dans l’espace et le temps homogènes que nous tendons au-dessous d’elles pour diviser le continu, fixer le devenir, et fournir à notre activité des points d’application. […] Mais il ne faut pas oublier que le point de vue de la Critique est tout autre que celui de la psychologie, et qu’il suffit à son objet que toutes nos sensations finissent par être localisées dans l’espace quand la perception a atteint sa forme définitive.
Il sort de l’invention, il s’assoit dans la critique. […] On s’érige en philosophe, en critique, même en érudit ; et on l’est en effet, au moins pour les dames. […] En effet, c’est la forme qu’ils prennent pour sujet dans presque toutes leurs poésies sérieuses ; ils sont critiques, ils posent des préceptes, ils font des arts poétiques. […] Sa première pièce, les Rivaux, plus tard sa Duègne et son Critique, en regorgent et ne renferment guère que cela. […] La scène est empruntée au Misanthrope et à la Critique de l’École des Femmes ; jugez de la transformation.
Critique . […] Les Orientaux employent presque toûjours le style figuré, même dans l’histoire : ces peuples connoissant peu la société, ont rarement eu le bon goût que la société donne, & que la critique éclairée épure. […] Le style très-familier admet encore, force gens, forces gibier, force fripons, force mauvais critiques. […] A l’imitation des gazettes politiques, on commença en France à imprimer des gazettes littéraires en 1665 ; car les premiers journaux ne furent en effet que de simples annonces des livres nouveaux imprimés en Europe ; bien-tôt après on y joignit une critique modérée qu’elle étoit. […] Autrefois dans le seizieme siecle, & bien avant dans le dix-septieme, les littérateurs s’occupoient beaucoup de la critique grammaticale des auteurs grecs & latins ; & c’est à leurs travaux que nous devons les dictionnaires, les éditions correctes, les commentaires des chefs-d’oeuvres de l’antiquité ; aujourd’hui cette critique est moins nécessaire, & l’esprit philosophique lui a succédé.
Notre sens critique était trop éveillé. […] À chaque instant les critiques d’art les rapprocheront dans leurs comparaisons. […] Nous avons résolument rompu avec cette critique étroite qui n’a souci que des qualités de métier. […] Attendons que l’esprit critique se soit engourdi en nous par une contemplation prolongée. […] Cette critique est parfois juste.
On s’arrêta peu à cette critique. […] Cette critique est outrée. […] Lamothe, qu’on a tant critiqué, a lui-même de quoi répondre avantageusement aux critiques. […] Mais si Racine est admirable par l’expression, il a essuyé plus d’une critique sur d’autres parties de son art. […] Il a plus de droit à notre reconnoissance que la critique n’en peut avoir sur ses ouvrages.
Éloge, critique, comme on voudra. […] Mais c’est ce grand mot de miséricorde qui agaçait le critique classique. […] Il a à la fois, à la même minute, la naïveté d’un bourgeois de 1425, sans quoi le monde où passait la Pucelle lui serait fermé, et la perspicacité critique d’un Ch. […] Jules Lemaître s’est distingué également, de 1880 à 1897, dans trois genres très différents et qui, à quelques yeux, paraissent presque s’exclure, c’est à savoir la nouvelle, le théâtre et la critique littéraire. […] Or, il a été dévoré toute sa vie du regret d’être critique.
En nul pays la critique verbale n’est plus attentivement pratiquée que chez nous par un Thurot, par un Tournier. […] Il y a des jours où je me suis laissé entraîner à la critique. […] Mais aussi notre auteur ne lui épargne pas toutes critiques. […] D’autre part, on aurait tort de méconnaître les vertus et l’efficacité de son opération critique. […] Ses détracteurs n’ont qu’à sourire ; et des critiques plus mesurés constatent qu’on s’est passé de lui.
Ceci n’est que l’ébauche d’une critique générale de l’œuvre sociale écrite au courant de la plume, et destinée à être revue et corrigée à loisir avant de permettre qu’on l’imprime. […] En entendant chez madame d’*** la lecture de ce rêve de démagogie, je ne doutai pas qu’il ne fût rejeté à l’unanimité par des hommes sortis d’un autre œuf que de celui de ce rêve ; je ne voulais pas en décourager trop vite l’auteur, et je me bornai à lui faire quelques critiques sommaires sur son système, en lui présentant le nombre innombrable d’exceptions que la société bien constituée pouvait opposer à cette comptabilité absurde des droits numériques de tous les hommes ; mais je n’insistai pas trop pour lui laisser l’illusion de son système.
Le public en saurait tort peu de gré au critique, en Allemagne particulièrement, où le lecteur est toujours plus patient que l’écrivain ne peut être obscur. […] Je sais que toutes ces libertés des autres littératures modernes ont leurs avantages : aussi n’en fais-je pas la critique.
Saint-Simon nie ou critique ; il n’admire pas. […] Un critique qui, après cette première impression de vérité et de vie, voudrait faire des réserves au nom du goût, trouverait à noter dans ces portraits plus d’une infraction aux règles de l’art et plus d’un effet illégitime.
Le but de ces lignes est, simplement, de faire un peu mieux connaître Parsifal, en rassemblant les données historiques et critiques précises qui se rapportent à ce drame, et qui sont propres à en éclairer la signification. […] Bl., 1878, 100), et le sommeil de Kundry, d’où elle se réveille sans force, est analogue à celui de Brunnhilde ; Klingsor, qui se mutile pour s’approcher du Gral et qui devient ainsi la cause efficiente du drame, est évidemment conçu d’après le prototype Alberich, qui « maudit l’amour » pour se saisir de l’Or du Rhin … Connaissant cette intention, on pourrait poursuivre ces analogies sans crainte d’aller trop loin : la lance, par exemple, qui a donné tant de mal aux savants critiques, parce qu’ils ne la retrouvaient pas (sous cette forme) dans les poèmes qui racontent les légendes de Parsifal et du Gral, cette lance que Parsifal conquiert par la chasteté on l’aurait trouvée, si on avait songé à la « sainte lance » de Wotan, taillée dans le bois de « l’arbre du monde » … Nous expliquerons la raison de cette intention poétique ; pour le moment, il nous suffît d’avoir établi par quelques indications précises, l’existence dans Parsifal d’une parenté, ou antithèse, voulue avec le Ring39.
16 juillet Après avoir lu du Poë, la révélation de quelque chose dont la critique n’a point l’air de se douter. […] 4 novembre Il y a longtemps que nous avons l’idée de faire un journal à nous deux : des Semaines critiques plus renseignées que celles du Directoire ; un Tableau de Paris de Mercier, où nous mêlerions un peu de l’indignation d’un père Duchêne à notre vision personnelle.
Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. […] Ce n’est pas pour des raisons de critique plus ou moins contestées entre les savants, c’est pour des raisons morales, c’est par respect pour le saint nom de la Divinité que nous nous refusons à cette théologie.
Ici la vieille critique avait parfaitement raison ; ici La Fontaine n’est qu’un satirique des hommes présentés sous le masque des animaux. […] Le lion est le roi qui ne souffre pas une observation, qui ne souffre pas un reproche, une critique, et qui envoie tel ou tel homme qui n’a pas su être courtisan faire le dégoûté chez Pluton.
Par là s’expliquent certaines critiques que les hommes d’action adressent parfois à cette idée : « Conception de théoriciens qui n’ont pas vécu, rêve d’umbratiles ! […] En un mot, historiens des croyances, critiques ; d’art, observateurs des mœurs aboutissent à deux thèses analogues à celles que nous trouvions, au début de ce chapitre, sous la plume des anthropologues : dans nos sociétés modernes tout s’unifie, en même temps que tout se diversifie150.
Je lance une idée, longuement méditée, et j’attends désormais les opinions de la critique, avant d’en dire davantage. […] J’ai posé des questions, critiques et négatives.
Mais chez l’auteur de Marie, tout cela est si habilement fondu, si intimement élaboré au sein d’une mélancolie personnelle et d’une originalité indigène, que la critique la plus pénétrante ne saurait démêler qu’une confuse réminiscence dans ce produit vivant d’un art achevé, et que si elle voulait marquer d’un nom ce fruit nouveau, elle serait contrainte d’y rattacher simplement le nom du poëte ; mais nous qui jugeons combien est sincère la modestie qui nous l’a caché81, nous ne prendrons pas sur nous de lui faire violence ; et pour conclure, nous nous bornerons à citer la plus touchante, à notre gré, des élégies que le nom de Marie décore : Partout des cris de mort et d’alarme !
Qui donc plus que Nodier a prodigué en littérature, même en critique, ces créations piquantes, imprévues, non point si passagères qu’on pourrait le croire ?
La délicatesse du point d’honneur pouvait inspirer aux hommes quelque répugnance à se soumettre eux-mêmes à tous les genres de critique que la publicité doit attirer : à plus forte raison pouvait-il leur déplaire de voir les êtres qu’ils étaient chargés de protéger, leurs femmes, leurs sœurs ou leurs filles, courir les hasards des jugements du public, ou lui donner seulement le droit de parler d’elles habituellement.
Pierre Veber a su nous donner presque un frisson en imaginant un dialogue de critiques surpris par l’arrêt de l’éclairage électrique en un couloir de théâtre.
Un philosophe critique eût dit à ses disciples : respectez l’opinion des autres, et croyez que personne n’a si complètement raison que son adversaire ait complètement tort.
Il faut se rappeler ici que la condition essentielle de la vraie critique est de comprendre la diversité des temps, et de se dépouiller des répugnances instinctives qui sont le fruit d’une éducation purement raisonnable.
Cependant, on voit par une multitude de lettres adressées par le duc de La Rochefoucauld à madame de Sablé, dans le temps qu’il complétait, corrigeait, soumettait à la critique les Maximes qu’il a publiées en 1665, que madame de Sablé les jugeait, et les modifiait très judicieusement ; on voit de plus qu’elle les soumettait au jugement d’autres femmes célèbres, de ses amies, notamment à la maréchale de Schomberg, Marie d’Hautefort, alors âgée d’environ 49 ans, anciennement l’objet de cette passion religieuse de Louis XIII, qui a été tant célébrée, et à son amie la comtesse de Maure ; qu’elle rédigeait elle-même des maximes, ou, pour parler plus exactement, des observations sur la société et sur le cœur humain, observations dont il paraît que le recueil de La Rochefoucauld renferme quelques-unes ; et enfin que cette dame avait de la fortune, une bonne maison, une excellente table, citée alors pour son élégante propreté ; qu’elle donnait des dîners dans la maison qu’elle occupait à Auteuil ; et que le duc de La Rochefoucauld allait souvent l’y voir.
On pourroit dire d'abord que c'est beaucoup pour une espece de Discours préliminaire ; mais on fait volontiers grace à cette exubérance de richesses, en faveur des jugemens, des analyses profondes, des justes critiques, des tableaux énergiques, de l'érudition choisie, & sur-tout du style moins maniéré & moins roide, qui regnent dans cette nouvelle Production.
Les bas-bleus sont de mon ressort, et ici je ne suis qu’un critique littéraire.
Les critiques du Correspondant, qui n’ont rien de surnaturel, eux, n’en ont-ils pas fait une Mme de Staël catholique, comme s’il était de la dignité du catholicisme, qui a ses Thérèse et ses Brigitte, d’avoir aussi sa Mme de Staël !
Seulement, nous croyons qu’alors, dans cette vaste galerie qui s’appelle l’histoire d’une société, il y aurait — si on recommençait de la construire sur nouveaux frais et de la peindre — deux frères mosaïstes qui feraient leur pan de lambris ou de plafond avec une distinction très rare, et que la Critique devrait apprécier.
Au milieu de la cacophonie d’un ouvrage où le récit croise la correspondance et la correspondance le dialogue, ce qui plane, ce qui domine et ce qui choque, c’est je ne sais quel ton cavalier dont le dessous et le vrai nom sont le sans-façon et l’impertinence historiques, — deux défauts et deux ridicules que la Critique ne peut laisser passer, du moins sans avertir !
La Critique pose donc ici un desideratum, qui est une vraie condamnation.
Mais c’est précisément à cause de cette froideur, que les bonnes gens prendraient peut-être pour de l’impartialité, c’est surtout à cause de son point de vue et de son sentiment, exclusivement modernes, que la Critique, qui ne relève d’aucune époque et qui tient à rester impersonnelle, doit avertir.
La Critique doit-elle donc s’arrêter à l’épiderme des choses ?
La Critique, si elle était sévère, pourrait donner une véritable nomenclature des oublis singuliers de Corne.
L’ancien critique, qui signait Old Nick, était au moins une plume âpre, ardente et mordante ; c’était un écrivain, et ce n’est plus qu’une mécanique à traduction faite à Manchester ou à Birmingham, dont la roue tourne, tourne, et aujourd’hui, en tournant, ne nous rapporte que ce que nous avions déjà vu !
L’ancien critique qui signait Old Nick était au moins une plume âpre, ardente et mordante ; c’était un écrivain ; et ce n’est plus qu’une mécanique à traduction faite à Manchester ou à Birmingham, dont la roue tourne, tourne, et, en tournant, ne nous rapporte que ce que nous avions déjà vu.
Et quand les systèmes de Schopenhauer et de Hartmann se cassent mutuellement la figure avec les soufflets de la contradiction, « cela rassure la critique », dit-il naïvement, comme s’il n’était pas très sûr de la sienne… C’est qu’il ne l’est pas.
Assurément, il n’y a pas à faire ici de critique littéraire ; ce serait même ridicule dans un sujet pareil.
il les a choisis ; la Critique n’a plus qu’à demander si ces biographies sont bien faites, si l’auteur y peint les hommes dont il s’occupe en portraitiste éclatant ou profond, et si, après les avoir peints, il les juge… Eh bien, pour mon compte, je ne le crois pas !
Le docteur Favrot ne se livre là-dessus à aucune espèce de critique.
Tout mettre à pied comme un postillon, — tout descendre, — tout incliner au niveau de tout, telle est la consigne donnée par les plus ignobles passions de nos cœurs ; telle la tendance des temps modernes dans la Critique et dans l’Histoire.
Seulement, n’est-ce pas là une raison de plus pour la Critique de glorifier ceux qui ont cette crânerie de prendre pour sujet de livre un prêtre, — qui préfèrent la beauté intrinsèque de leur œuvre à l’argent ou à la renommée qu’elle peut rapporter, et sont assez artistes pour avoir ce désintéressement et cette fierté ?
Sans aucun doute, dans ce jeu bizarre où l’auteur devient de bonne foi, et, comme l’acteur, se fascine soi-même, il y a (et la Critique doit l’y voir) un naturel de poëte dramatique qui, tiré de toutes ces données, sujets habituels des contes d’Edgar Poe : le somnambulisme, le magnétisme, la métempsycose, — le déplacement et la transposition de la vie, — aurait pu être formidable.
» Le vote des femmes a été jusqu’à ce jour dans notre pays l’objet de critiques dont ses partisans n’avaient pu triompher.
On passa dans les lettres, de l’invention à la critique, et de l’inspiration à la science.
J’essayerai d’en indiquer les causes ; je n’insiste en ce moment que sur le fait même, et pour en tirer une seule conséquence ; c’est que la critique littéraire a changé de terrain et ne saurait demeurer dans les limites où elle se renfermait jadis. […] Depuis deux siècles la critique s’est exercée à constater les limites de sa propriété véritable ; mais les faits manquent à cet examen, et les jugements littéraires ont été communément déterminés par le désir de faire prévaloir telle ou telle prévention. […] Avant les Henri VI, quelques-uns de ses biographes placent les Méprises et Peines d’amour perdues, les deux premiers ouvrages dont il n’ait à partager avec personne l’honneur ni les critiques. […] Son nom ne se trouve mêlé dans aucune querelle littéraire ; et sans les malignes allusions de l’envieux Ben-Johnson, à peine une critique s’associerait-elle aux éloges qui consacrent sa supériorité. […] Elles sont bien plus grandes de nos jours, et se dévoileraient bien plus complètement à l’esprit de critique qui accompagne aujourd’hui les plus hardis essais du génie.
Michelet a merveilleusement analysé tout cela, en l’exagérant un peu, comme les critiques philosophes, mais le fond est vrai et les couleurs authentiques. […] Chaque bourgeois y croyait trouver son voisin peint au naturel ; et il ne se lassait point d’aller voir ce portrait : le spectacle d’ailleurs, quoique outré et hors du vraisemblable, mais parfaitement bien exécuté, attirait les spectateurs ; et on laissait gronder les critiques sans faire attention à ce qu’ils disaient contre cette pièce. […] XXIX Est-il possible de mieux s’approprier les usages et les critiques du monde ? […] Molière a pris la peine de répondre lui-même, dans la Critique de l’École des femmes, à ceux qui l’accusaient de tourner, dans ce discours, la religion en ridicule. « Pour le discours moral, dit-il, que vous appelez un sermon, il est certain que de vrais dévots, qui l’ont ouï, n’ont pas trouvé qu’il choquât ce que vous dites, et sans doute que les paroles d’enfer et de chaudières bouillantes sont assez justifiées par l’extravagance d’Arnolphe et par l’innocence de celle à qui il parle. » 26.
Je m’élevais, avec une espèce de colère, contre ce mangement de l’esprit français, à l’heure actuelle, par l’esprit étranger, contre l’ironie présente du livre qui n’est plus de l’ironie à la Chamfort, mais de l’ironie à la Swift, contre cette critique devenue helvetienne, allemande, écossaise, contre cette religion des romans russes, des pièces danoises, déclarant qu’autrefois, si Corneille avait emprunté à l’Espagne, il a imposé le cachet français à ses emprunts, tandis qu’aujourd’hui les emprunts que nous faisons dans notre servile admiration : c’est une vraie dénaturalisation de notre littérature. […] Et ces emprunts nous amènent à parler de la roublardise de la jeunesse actuelle, qui dans l’âge de l’imitation, n’emprunte point comme ses innocents devanciers à ses vieux concitoyens, mais maintenant détrousse sournoisement les poètes hollandais, américains, inconnus, inexplorés ; et fait accepter ses plagiats comme des créations neuves, en l’absence de toute critique, savante, érudite, liseuse. […] Jeudi 2 juillet Dans la vie littéraire, il y a une chose délicate, c’est le contact avec les critiques éreinteurs : leur faire grise mine, ce n’est pas distingué, être aimable avec eux, ça a quelque chose de plat. […] On s’est assis sur la petite terrasse, et l’on cause de la mauvaiseté de la jeune critique à notre égard.
On ne juge pas de telles œuvres, on ne les critique pas.
Cette époque était vraiment critique pour l’historien qui avait à la peindre, comme elle le fut pour les partis qui la subirent.
Ce petit nombre de critiques excepté, l’on doit reconnaître que les Grecs ont dans leurs tragédies un goût parfait, une régularité remarquable.
Les esprits froids voudraient qu’on ne leur représentât que les aperçus de la raison, sans y joindre ces mouvements, ces regrets, ces égarements de la rêverie qui n’exciteront jamais leur intérêt ; je me résigne à leur critique.
Ce critique n’a jamais su que blâmer trop ou louer trop170.
Si l’on compense les critiques que cet enragé contradicteur adressait à Desportes par sa plus ordinaire pratique, on se persuadera qu’il ne reconnaît point une langue poétique plus noble que la langue épurée du bon usage : il distingue très sensément la langue commune des langues techniques, et pour la clarté, il se réduit à celle-là ; mais, de celle-là, tout est bon, et les trivialités énergiques de ses plus beaux vers nous démontrent que le principe unique de la noblesse du style réside pour lui dans la qualité de la pensée.
J’ai lu sans prendre de notes, et ne puis citer de mémoire un passage justificatif de cette critique, mais je le ferais au besoin.
Ce scrupule a été poussé si loin qu’on a vu des critiques de l’esprit le plus distingué rendre à dessein leur expression incomplète, plutôt que d’employer le mot de l’école, alors qu’il était le mot propre.
Cousin, retarda la critique de cinquante ans.
Malgré ma prédilection pour le poëte grec, l’Amphitrite du poëte latin me paraît plus grande encore que sa Discorde, dont le grand critique ancien a dit qu’elle était moins la mesure de la déesse que celle de l’élévation du poëte.
Mais la critique d’Afer étoit peut-être une censure outrée.
Leur affliction est la meilleure critique du passé dont ils sont sortis.
c’est M. de Schlegel, — a commencé la réaction contre Molière, qu’il accuse nettement d’abaissement et de vulgarité, et il lui préfère, l’éminent critique !
Cette observation, que la Critique ne pouvait omettre quand il s’agissait d’un ouvrage qui commence avec le xviiie siècle, Ernest Moret l’a faite, comme nous, dans sa préface, et de la même plume il a pourtant écrit modestement au front de son livre : Quinze ans du règne de Louis XIV 15.
Sans doute un homme est ce qu’il est, et la critique, qui examine l’Histoire des soixante ans d’un point de vue exclusivement littéraire, n’a pas la prétention de carrer la tête de Castille et de la lui faire autre qu’il ne l’a, mais, fataliste, — par parti pris ou par cette adhésion de l’esprit à laquelle Malebranche, ce pauvre diable de génie qui faisait là une pauvre diablesse de définition, reconnaissait la vérité et aurait pu tout aussi bien reconnaître l’erreur, — mais, fataliste, puisqu’il l’est, pourquoi Hippolyte Castille n’a-t-il pas le style de sa pensée ?
L’auteur du Sixte-Quint et Henri IV, qui fait de la critique ici plus qu’il n’écrit l’histoire, ou, pour parler avec plus de précision, qui fait de l’histoire contre de l’histoire et répond personnellement à Poirson et à Michel ; l’auteur du Sixte-Quint, ancien rédacteur de l’Univers, n’a dans son livre ni flammes, ni dureté, ni morsure, ni amertume ulcérée… Il est doux comme un condamné à mort ; car il en est un au fond de sa pensée.
Ce n’est pas seulement un littérateur, c’est un savant ; mais c’est un savant dont l’esprit agile ne s’est point exclusivement cantonné dans les questions de critique ou d’histoire littéraire.
Dans ces conditions d’égoïsme, d’ambition et d’envie, quand on n’est pas au moins trempé comme un homme de Plutarque, on n’est rien… Si l’historien ou le critique interroge la vie de Carrel, qui fut courte, et ses œuvres, qui, grâce à MΜ.
Il faut que la Critique, en lui signalant ses facultés, lui apprenne quels sont ses devoirs.
Faute énorme, mortelle à la propagation des idées qu’un critique plus hégélien que je ne le suis ne pardonnerait point à M.
… Aux applaudissements de la foule, cette honte recherchée… Il n’y a plus de Religion d’État pour châtier, comme il le faudrait, les écrivains qui, sous prétexte de critique, se livrent aux abominables et révoltantes conclusions d’un livre comme cette nouvelle Vie de Jésus, sortie évidemment de l’autre, et qui a pour ambition de la surpasser.
Il ne pouvait pas être uniquement le pur imagier des temps convaincus, et il a écrit son histoire comme on écrit l’histoire en nos époques de critique et de décadence, où la grandeur religieuse devient de plus en plus incompréhensible.
J’avais envie d’épargner cette critique au grand âge de Guizot ; mais, lui, nous a-t-il épargné d’écrire un livre que nous ne lui demandions pas ?
A côté de son individualité, il y a celle de son traducteur, qui — en dehors de sa traduction — a fait œuvre d’histoire pour son propre compte et à sa manière, et cette manière est telle qu’elle mérite que la Critique s’y arrête, pour la bien caractériser.
Le talent est dans beaucoup d’entre elles ; mais ce talent est notre ennemi : la Critique ne doit que la justice.
Erckmann-Chatrian a rencontré dans la critique des ingénus qui l’ont vanté, comme s’il allait reculer les limites du conte bouffe ou du conte fantastique ; mais l’enthousiasme de ces gens-là déposait encore plus de l’ingénuité de leur ignorance que de leur sensation, car il n’est pas douteux que si M.
Le peuple des lecteurs, par curiosité ou par faiblesse, veut tout connaître de ceux qu’un rang élevé expose à ses regards, Le philosophe observe comment on voit les objets sur le trône ; l’historien cherche dans les écrits d’un roi l’histoire de ses pensées ; le critique qui analyse, étudie le rapport secret qui est, d’un côté, entre le caractère, les principes, le gouvernement d’un prince, et de l’autre, son imagination, son style et la manière de peindre ses idées.
Zoïle fut un critique passioné et jaloux : son nom se dit encore d’un home qui a les mêmes défauts ; Aristarque, au contraire, fut un critique judicieux : l’un et l’autre ont critiqué Homère : Zoïle l’a censuré avec aigreur et avec passion, mais Aristarque l’a critiqué avec un sage dicernement, qui l’a fait regarder come le modèle des critiques : on a dit de ceux qui l’ont imité qu’ils étoient des aristarques. […] Saumaise a été un fameux critique dans le dixseptième siècle : c’est ce qui a doné lieu à ce vers de Boileau, aux saumaises futurs préparer des tortures, c’est-à-dire, aux critiques, aux comentateurs à venir. […] Il est plus facile d’admirer, j’en conviens ; mais une critique sage, éclairée, exemte de passion et de fanatisme est bien plus utile. Ainsi l’on peut dire que chaque siècle a pu avoir ses critiques et son dictionaire néologique. […] Apelles aïant exposé, selon sa coutume, un tableau à la critique du public, un cordonier censura la chaussure d’une figure de ce tableau : Apelles réforma ce que le cordonier avoit blâmé : mais le lendemain le cordonier aïant trouvé à redire à une jambe, Apelles lui dit qu’un cordonier ne devoit juger que de la chaussure ; etc.
Un critique jaloux de toute vérité, ennemi de l’artifice, qui ne compte pas les renommées, qui les pèse, se méfierait plus que ne l’a fait M. […] Mais, d’autre part, l’accessit, le journal, la gloire, mettent la critique en éveil. […] Victor Hugo, à M. de Lamartine, à deux ou trois hommes éminents dans la poésie, dans la critique ou dans la littérature de ce siècle. […] Imprudent critique, il a osé dire que, dans le roman et dans le drame, et surtout dans l’amour et dans la vie, mieux valait avoir vingt ans que d’avoir trente ans. […] tes critiques !
Il avait assez de talent pour s’imposer à l’admiration de la critique ; il n’avait pas assez de génie pour l’humilier. […] Laurent Tailhade… Car, n’en déplaise à ce superbe poète, il n’est pas au-dessus de la critique. […] Enfin, de temps à autre, la critique s’occupe de son œuvre. […] Le critique croit d’abord à une mystification. […] On ne saurait le prendre en faute, il échappe à toute critique… Les autres figures du roman sont également suaves.
Pour cet effet, il donna ses Institutions dialectiques (*), & ses Remarques critiques sur Aristote. […] On trouve, dans ces mêmes observations, une critique vive des peintures indécentes dont l’Histoire du peuple de Dieu est pleine. […] Dupré qui l’avoit appellé un dénonciateur, un grand diseur de palabres, un fort mauvais critique, un pitoyable théologien. […] La princesse de Galles se contenta de montrer les Observations critiques au fameux curé de S. […] Cette critique s’étend sur tout ce qui a rapport à l’opéra François ; local, théâtre, décorations, lumières, orchestres, musique, poëme, acteurs & actrices, danseurs & danseuses sans nombre & sans fin.
Heureux si, dans ce travail respectueux et sincère, nous prouvons aux admirateurs, je dirai presque aux coreligionnaires de l’auguste et vertueux théoricien, que nous ne l’avons pas méconnu, et si en même temps nous maintenons devant le public impartial les droits désormais imprescriptibles du bon sens, de la libre critique et de l’humaine tolérance ! […] Une correspondance régulière s’était engagée, dans laquelle le consciencieux éditeur ne ménageait pas les objections, les critiques ; M. de Maistre s’y montrait bien souvent docile, et avec une remarquable facilité, dénué en effet de toute prétention littéraire proprement dite, comme un homme du monde dont ce n’était pas le métier. […] Telle est ma morale en ce genre de critique et de portraiture littéraire ; c’est ainsi que j’observe les mœurs de mon sujet. […] Il sait très-bien insister sur ce qu’il ne s’agit pas ici de procéder à la manière des critiques, de perdre son temps à louer ou à blâmer, mais qu’il importe de raconter, d’expliquer les choses elles-mêmes historiquement, avec intervention sobre de jugements. Il insiste encore sur ce qu’il ne s’agit pas seulement de compiler, de prendre chez les historiens et les critiques une matière toute digérée, mais de saisir par ordre les livres essentiels, les monuments principaux, chacun dans son moment, et alors, non pas en les lisant jusqu’au bout et tout entiers, mais en les dégustant, en sachant en saisir l’objet, le style, la méthode, d’évoquer par une sorte d’enchantement magique le génie littéraire d’un temps. — Et cela, il le conseille, non point pour la pure gloire des lettres, non pour le pur amour ardent qu’il leur porte (bien qu’il en soit dévoré), non par pure curiosité poussée à l’extrême (avis à nous autres, amateurs trop minutieux !)
À Paris, disait lord Chesterfield à son fils, recherchez la conversation polie ; « elle tourne sur quelque sujet de goût, quelques points d’histoire, de critique et même de philosophie, qui conviennent mieux à des êtres raisonnables que les dissertations anglaises sur le temps et sur le whist815. » En effet, nous nous sommes civilisés par la conversation ; les Anglais, point. […] Pour les ouvrir, il faut être critique de profession ou vouloir absolument faire son salut. […] Ils sont impuissants dans la critique et la philosophie. […] Ils verraient une disposition vicieuse dans la large indifférence du critique et du philosophe. […] Junius a écrit sous l’anonyme et les critiques n’ont pu encore démêler avec certitude son véritable nom. — Pour Sheridan, voyez tome II, p. 85, et tome III, p. 408. — Pour Burke, tome III, p. 88.
Le résultat de cette vaste époque effervescente à son lendemain et auprès des esprits rassis, judicieux, critiques, qui l’embrasseraient par la lecture, devait être naturellement le doute, au moins le doute moral, philosophique ; et de toutes parts le xvie siècle finissant l’engendra. […] Mais s’il eut à un moment ces velléités d’enthousiasme, comme semble l’attester son admiration de jeune homme pour Campanella, elles furent courtes chez lui ; il retomba vite à l’état de lecteur contemplatif et critique, notant et tirant la moralité de chaque chose, repassant tout bas les paroles des sages, et, pour vérité favorite, se donnant surtout le divertissement et le mépris de chaque erreur. […] On peut voir, si l’on veut, sur cette sotte et désagréable affaire, la Bibliothèque critique de Richard Simon, tome Ier, et aussi le tome Ier, des Ouvrages posthumes de Mabillon.
Une fois, aux répétitions d’Esther, on le surprend tamponnant avec son mouchoir les yeux d’une de ses innocentes et jolies interprètes, que ses critiques avaient fait pleurer. […] Par sa ductilité, par les creux qu’il enferme et l’art de l’ouvrier, il offre, dans les décorations qui en sont sorties, une sorte d’immensité… En retirant son souffle à lui, le Créateur pourrait en désenfler le volume et le détruire aisément… » Comme sa métaphysique, sa critique littéraire n’est que métaphores, comparaisons, allégories. […] Ce critique est surtout un historien et un dialecticien.
Énoncer de semblables plans, n’est-ce pas en faire la critique, en démontrer la bizarrerie ? […] La conception dite pessimiste du monde ne doit nous sembler ici justifiée qu’à condition que nous supposions qu’elle se fende sur la critique de l’homme historique ; et elle subirait certainement de nombreuses modifications, si nous connaissions l’homme préhistorique suffisamment pour conclure des éléments de sa nature primitive à la décadence dans laquelle il est tombé par la suite, décadence qui ne résultait pas nécessairement de sa nature même. […] Chamberlain, de ce que je ne méconnaîtrais aucune nuance du langage Wagnérien, j’ai tenté cette tâche… Ce premier fragment est une épreuve ; avant que continuer en commun l’énorme travail d’une littérale traduction de la Tétralogie, il importait que fût soumis à la critique Wagnérienne le système, et un exemple.
Une critique rigoureuse exigerait sans doute que la distinction établie fût restreinte ; mais cette restriction ne serait pas de nature à en diminuer la vérité générale. […] Cependant c’est là le fait important par excellence, le fait contre lequel, en un sens, les critiques de Leibniz et autres étaient dirigées, le fait sans lequel une assimilation d’expériences est tout à fait inexplicable146. » D’un autre côté si la doctrine des formes de la pensée est inacceptable, au sens transcendant de Leibniz et de Kant, elle contient cependant un fond de vrai ; elle n’a besoin que de subir une transformation physiologique. […] C’est plutôt chez les spectateurs de ces grands exploits de la raison que nous trouvons cette estime exagérée de sa puissance ; et dans les esprits de ces spectateurs, son usurpation est souvent en raison inverse du commerce avec la nature. » Nous n’insisterons pas sur la vive critique que l’auteur a faite de l’idéalisme sceptique de Hume, de Berkeley et de Kant : ce ne sont que les préambules de son argumentation où il justifie le réalisme de deux manières : négativement, positivement.
À quelque famille d’idées ou à quelque parti qu’on appartienne, si on respecte un peu en soi le sens critique, on conviendra, sans peine et sans exagération d’aucune sorte, que Granier de Cassagnac est un des premiers écrivains de ce temps. […] Granier de Cassagnac, créé spécialement pour la lutte, pour l’étreinte des hommes et des choses, pour le pétrissage des réalités, avait mieux à faire qu’à baguenauder avec cette carte risquée de l’à priori dans l’histoire, et la Critique aurait regretté de voir un tel homme introduire dans le ferme acier des facultés les plus positives, cette paille d’une chimère qui en fait tout à coup éclater la trempe. […] Et, franchement, quoi de plus curieux pour une critique qui pense et qui veut faire penser ?
Dès lors, elle ne s’arrête plus : chaque année, pendant quarante ans, elle donne un ou deux romans, des nouvelles, des récits biographiques ou critiques. […] Taine, Nouveaux essais de critique et d’histoire.
On lui reproche de manquer de critique, de s’appuyer sur des documents arbitrairement choisis et sans valeur sérieuse. « Il nous cite toujours, dit-on, les Mémoires de Bourrienne, qui sont en grande partie apocryphes, et ceux de Mme de Rémusat, qui sont d’une ennemie, d’une femme qui avait contre l’empereur des griefs personnels et des griefs féminins. […] Taine critique d’art, les deux parties de la phrase, qui ont l’air d’exprimer deux critiques analogues, se contredisent en réalité : car, si le dénombrement des cheveux d’un portrait indique bien un esprit myope et borné, tout au contraire l’explication d’un phénomène moral et religieux par une habitude d’alimentation serait plutôt d’un esprit philosophique et discursif à l’excès, capable d’embrasser de vastes ensembles de faits et de les ramener les uns dans les autres Enfin, le prince ne peut contenir son indignation contre cet « analyste perpétuel » qui « prend plaisir à déchiqueter sa victime jusqu’aux dernières fibres, sans un cri de l’âme, sans une aspiration vers l’idéal ».
Balzac, à côté d’éloges sincères, en fait des critiques assez vives ; Port-Royal le trouve impie, et l’attaque pour sa philosophie qui prétend se passer de religion. […] Derrière lui, pas de modèle qui fît loi ; autour de lui, pas de critique qui l’accusât de violer la tradition, et qui lui opposât quelque vocabulaire officiel ; mais une nation avide de gloire littéraire, et qui attendait sa langue de ses grands écrivains.
Les critiques autorisés aiment lui rendre justice, le nommant le père de la symphonie. […] Cette critique d’un illustre wagnérien n’est pourtant pas partagée par Wagner lui-même, qui consacra au compositeur français un texte intitulé Souvenirs sur Auber (tome IX de l’édition française des Œuvres en prose, p. 183-287).
J’expose cette impression plutôt comme un doute que comme une critique ; ceci dit, je n’ai plus qu’à louer, qu’à applaudir des deux mains, et qu’à me joindre à cette explosion d’enthousiasme qui a bombardé la comédie de M. […] Pour épuiser la critique sur une pièce qui mérite d’être étudiée et révisée à fond, j’avoue n’avoir jamais rien compris à l’épisode de madame de Lornan.
Et l’on voit, en examinant la marche de l’esprit humain, combien il est impossible de se défaire de la conscience d’une chose effective — an actuality — placée sous les apparences, et comment, de cette impossibilité, résulte notre indestructible croyance en l’existence de cette chose9. » Quelques critiques se sont étonnés de la « faiblesse de ces raisons », et pour ne rien dire de ceux qui n’ont vu qu’une « monstruosité » dans l’Inconnaissable du positivisme spencérien, on a prétendu le réduire à n’être que le nom dont nous nous servirions pour nous déguiser à nous-mêmes la profondeur de notre ignorance10. […] La vérité, c’est l’acquêt de l’expérience humaine, que d’ailleurs il faut bien se garder de confondre avec le « consentement universel. » Le consentement universel n’est souvent que l’erreur commune, et il n’est dans presque tous les cas que rencontre ou coïncidence fortuite, mais l’expérience, c’est le consentement universel passé pour ainsi dire au crible de la critique et de l’histoire ; — c’est le consentement universel dégagé des circonstances qui le déterminent, à peu près comme la loi d’un fait n’est sans doute que ce fait lui-même, dépouillé ou abstrait des conditions qui le particularisent ; — c’est le consentement universel, jugé, et tantôt confirmé, mais tantôt condamné, par ceux qui ont autorité pour le faire, et qui sont, en tout ordre de choses, les spécialistes de la chose.
Mon avis serait de leur donner à gouverner une province qui méritât d’être châtiée ; ils apprendraient par leur expérience, après qu’ils y auraient tout mis sens dessus dessous, qu’ils sont des ignorants, que la critique est aisée, mais l’art difficile ; et surtout qu’on s’expose à dire force sottises, quand on se mêle de parler de ce qu’on n’entend pas. […] n’est-ce pas d’eux que votre sage Addison, l’homme de votre nation qui avait le goût le plus sûr, a tiré souvent ses excellentes critiques ?
Thiers discute cette critique et la fait évanouir.
Thiers répondant à toutes les objections et aux critiques soulevées dans l’intervalle, les discutant et faisant la part de chacune, ne laisse rien à désirer.
Le groupe philosophique, poétique et critique, dont les travaux et les productions forment d’habitude ce qu’on pourrait appeler le fonds de la Revue, indépendamment des portions de voyages ou de science où les faits seuls sont admis, ce groupe a une marche commune, rapprochée, sinon concertée, et constitue librement une alliance naturelle.
Au lieu d’un public de courtisans, vous avez un public de critiques.
Enfin dans les deux descriptions j’apercevrai, non pas deux procédés seulement, ni deux arts, mais deux siècles et deux hommes : d’un côté, l’esprit lettré, l’orateur, qui raisonne sa sensation et ne conçoit rien que de triste hors des conditions du monde civilisé et de la vie de société ; de l’autre, le critique, l’artiste, capable de prendre tour à tour l’âme de tous les peuples, acceptant la sensation étrange et même illogique, habile à saisir la beauté dans les moins riants aspects de la nature, dans l’égalité monotone de la lumière.
le plaisant qui répliqua à l’instant : Ma foi, s’il m’en souvient, il ne m’en souvient guère, n’avait pas eu le temps de mesurer l’idée, et le public vit peut-être avant lui ce qu’il y avait d’esprit et de juste critique dans cette application.
L’humanisme, par les efforts de Budé, de Rabelais, de Turnèbe, de Lambin, de Cujas, de Ramus, des Estienne, abandonne chez nous l’imitation artistique pour l’examen critique : il devient la philologie ; Bembo est vaincu par Érasme.
On l’a souvent remarqué : la littérature a été prise, un peu après 1850, d’un grand désir d’exactitude et de vérité, et les poètes parnassiens obéissaient, sans s’en douter, au même sentiment que Dumas fils dans ses premières pièces, Flaubert dans son premier roman, Taine dans ses premières études critiques.
Malgré mes grands cheveux blancs qui me donnent l’air d’un académicien (à l’étranger), j’ai grand besoin de quelqu’un qui m’aime assez pour m’appeler son enfant… » Il lui demande, un jour, un article sur les Histoires extraordinaires de Poë ; Sainte-Beuve promet l’article, ne l’écrit point, et Baudelaire ne lui en veut pas L’affection de Baudelaire pour le grand critique datait de loin ; les Poésies de Joseph Delorme étaient déjà, au collège, un de ses livres de prédilection ; et à vingt ans, il envoyait des vers (dont quelques-uns assez beaux) à son poète favori… Et, en effet, les poésies de Sainte-Beuve, — si curieuses mais qui ne sont aujourd’hui connues et aimées que d’un petit nombre de lettrés, ressemblent déjà par endroits, sinon à des « fleurs du mal », du moins à des fleurs assez malades.
Il ne faut pas oublier non plus les Taches d’encre, rédigées par le seul Maurice Barrès, les Écrits pour l’Art de René Ghil, la Cravache de Georges Lecomte, ni Art et Critique de Jean Jullien18.
Si les retranchements de Marcion sont sans valeur critique, il n’en est pas de même de ses additions quand elles peuvent provenir, non d’un parti pris, mais de l’état des manuscrits dont il se servait.
Avec ce goût de la libre critique et cette parfaite loyauté qui lui sont propres, il se plaît à citer ses adversaires, à mettre en relief certaines objections et à dire même nettement celles qu’il regarde comme insolubles.
Doncieux en établissant, au moyen de versions et de variantes, un texte critique et, en somme, très vraisemblable, des chansons populaires.
On ne les trouvera acceptés dans aucune des pages de critique qu’il a pu avoir occasion d’écrire.
Ses bras admirables ; ses tons alternativement familiers, perçans & précipités ; ses gestes, peut-être désordonnés ; cet oubli d’elle-même auquel elle a recours, & qui, en certaines occasions, est le dernier effort du sentiment ; mille traits vraiment sublimes, mais gâtés, selon quelques critiques, par des petitesses, la caractérisent dans Rodogune, Cornélie, Athalie, Mérope, Sémiramis.
M. de Voltaire critique ces deux vers comme d’un style ignoble et bas.
Je m’en rapporte à vous, marquis de la Vallée de Josaphat, chevalier d’honneur de la Résurrection, illustre Montami, vous qui avez calculé géométriquement la place qu’il faudra à tout le monde au grand jour du jugement, et qui à l’exemple de Notre Seigneur entre les deux larrons, aurez la bonté de placer dans ce moment critique à votre droite Grimm l’hérétique, et à votre gauche Diderot le mécréant, afin de nous faire passer en paradis, comme les grands seigneurs font passer la contrebande dans leurs carrosses aux barrières de Paris, illustre Montami, je m’en rapporte à vous.
Besoin d’institutions nouvelles Nous sommes arrivés à un âge critique de l’esprit humain, à une époque de fin et de renouvellement.
Mme de Chandeneux a ceci de particulier et d’intéressant pour la Critique, qu’elle donne la mesure exacte du bas-bleu dans sa moyenne et dans sa pureté.
En France, on n’aime pas longtemps ce qui ennuie, et voilà le mot accablant, mais vrai, que la Critique est obligée de prononcer.
Le poète de la modération est exécuté avec une critique modérée, mais c’est toujours une exécution !
La biographie de Montesquieu par Louis Vian, qui se vante, comme d’être avocat, d’avoir été à l’École primaire de la critique de Sainte-Beuve (et il y a à peu près à se vanter de l’un comme de l’autre !)
I Je ne sache rien de plus intéressant, de plus animant pour la Critique que les inconnus.
Avec l’explication, qu’une Critique historique digne de ce nom aurait hasardée, d’un sacrifice à l’opinion blessée de l’Espagne et dans l’intérêt de sa race, non seulement l’abdication de Charles-Quint devient intelligible, mais encore l’homme qu’il fut à Yuste et qui resterait incompréhensible, si on n’avait pas cette explication !
Mais la Critique n’en doit pas moins louer l’écrivain d’avoir publié des pages si substantielles et si justes, qui éclairent un côté ignoré, quand il n’est pas faussé, de la grande politique de l’Église romaine.
Ils l’ont été avec acharnement et ils ont résisté à toutes les furies de la critique ; les petits serpents à têtes folles ont cassé leurs dents sur ces limes.
Dans son Asie centrale, dans son Voyage aux régions équinoxiales, dans son Atlas géographique et physique et son Examen critique de l’histoire de la géographie du nouveau continent aux xve et xvie siècles, dans ses Vues des Cordillières et ses Plantes équinoxiales, dans son Essai politique sur Cuba et son Tableau de la Nature, etc., même dans ses ouvrages d’observation particulièrement botanique, il ne fut jamais qu’un voyageur, parlant passionnément de ses voyages, et à ce point qu’on peut se demander ce qu’il aurait eu à nous dire s’il n’avait pas voyagé, et pensé s’il n’avait pas vu ?
Mais, dès qu’il s’en allume une, M. de Mouy, comme les bedeaux qui éteignent les cierges dans les églises, ne manque jamais de planter dessus l’éteignoir d’une observation, et, quelquefois, d’une petite critique… « Mon cher fils, mon cher Roi, mon cher Stanislas-Auguste, — écrit un jour Madame Geoffrin, — vous voilà trois personnes en une seule et vous êtes ma Trinité !
la division saint-simonienne du genre humain en époques organique et critique ?
Dans son Asie centrale, dans son Voyage aux régions équinoxiales, dans son Atlas géographique et physique, et son Examen critique de l’histoire de la géographie du Nouveau continent aux quinzième et seizième siècles, dans ses Vues des Cordillières et ses Plantes équinoxales, dans son Essai politique sur Cuba et son Tableau de la nature, etc., même dans ses ouvrages d’observation particulièrement botanique, il ne fut jamais qu’un voyageur, parlant passionnément de ses voyages, et à ce point qu’on peut se demander ce qu’il aurait eu à nous dire, s’il n’avait pas voyagé, et pensé, s’il n’avait pas vu ?
Il a créé l’éclectisme, mais cet éclectisme, insuffisant, ne l’abandonne-t-il pas pour un spiritualisme moins compromis, la seconde tente de ce Thabor qui n’en verra pas de troisième, malgré cette promesse fallacieuse d’une théodicée que Lerminier, le meilleur critique en ces matières, et l’uomo di sasso de Cousin, ne manque jamais l’occasion de lui rappeler de sa plume la plus cruellement respectueuse ?
… Là se pose pour la Critique une question plus profonde que la personnalité de madame Ackermann.
Après Descartes, ce point de vue a été de plus en plus limité et contesté, et le positivisme d’Auguste Comte a résumé les résultats de la critique en professant que le supérieur ne se ramène pas à l’inférieur, et qu’à mesure qu’on veut rendre compte d’une réalité plus élevée, il faut introduire des lois nouvelles douées d’une spécificité propre et irréductibles aux précédentes. […] Les lois mécaniques L’objet que nous nous sommes proposé est de soumettre à un examen critique la notion que nous avons des lois de la nature, dans l’espoir d’en tirer quelque conséquence, en ce qui concerne, et le rapport de ces lois à la réalité, et la situation de la personne humaine au sein de la nature. […] Le sens commun admet que l’âme peut produire les mouvements ; mais c’est là une pure apparence, qui tient difficilement devant la critique. […] Mais ces affirmations donnent prise à la critique. […] Cette critique, toutefois, n’est pas décisive.
Ces derniers (et je ne parle point du tout de la politique, mais de la littérature, de la poésie, de la critique) se trouvent nombreux de nos jours ; on pourrait croire que c’est une espèce nouvelle qui a pullulé. […] — Indépendamment des récits et de la correspondance qui représente sa vie politique de 89 à 92, on trouve à cet endroit de la publication divers morceaux critiques de la plume du général sur les mémoires ou histoires de la Révolution ; il y contrôle et y rectifie successivement certaines assertions de Sieyès, de Necker, de Ferrières, de Bouille, de Mounier, de madame Roland, ou même de M. […] Malgré la longueur, je n’ai pas voulu priver le lecteur de cette reproduction textuelle ; les citations découpées par la critique dessinent l’homme mieux que si l’on renvoyait au livre. La bonne critique n’est souvent qu’une bordure. — Et puis, en me livrant tout à l’heure à mon extrême analyse, je comptais bien en corriger à temps l’impression, en recouvrir la minutie un peu sévère, par l’effet de ce large morceau, devenu en tout nécessaire au complément de ma pensée et à la proportion de mon jugement.
Dans Roncevaux et la Reine Sibylle, un petit récit de voyage introduit l’étude critique d’une tradition, évoquée par le paysage même où elle s’est localisée. […] Le seul critique qui, jusqu’à ces derniers temps eût rapproché de la chanson allemande le récit d’Antoine de La Sale, Alfred de Reumont, croyait que c’était la légende allemande qui avait pénétré en Italie. […] Le même critique pense que Matthieu Paris n’a rapporté la légende contée par l’évêque arménien que « parce qu’elle différait du récit reçu dans les contrées soumises à l’Église latine ». […] On leur en a fabriqué quelques-unes à l’époque romantique, et entre autres un chant sur la bataille de Roncevaux, le prétendu Chant d’Altabiscar, qui a longtemps trompé les critiques. […] Un critique allemand, M.
Son esprit critique est nul. […] Qu’il invente ou qu’il choisisse, c’est le même sens Critique porté au plus haut point. […] Ses critiques n’en auront que plus de poids, étant plus désintéressées. […] Son travail est critique, disons-le, autant qu’il est possible en ces matières. […] Quand on n’a point de préoccupations métaphysiques, on ne s’occupe de ces questions qu’en passant et dans un esprit sévèrement critique.
Quelques critiques insistent avant tout et préférablement sur l’aspect idéal et pur de l’art grec, sur la beauté dont il donne le suprême exemple ; il est permis de ne pas moins insister sur la simplicité inséparable et la vérité qui en sont le fond et l’accompagnement, sur cette naïveté dans le sentiment et dans l’expression, qui se joint si bien à la grâce et qui ajoute aussi au pathétique et à la grandeur. […] xli. — Dans son Cours d’Etudes historiques (tome VI, page 98), au moment où il vient de nommer Horace et Virgile, Daunou ajoute : « Après de tels noms, je ne puis proférer ceux d’un Méléagre, d’un, etc., etc. » Je suis fâché de ce dédain pour Daunou : excellent critique dans le genre moyen, il ne sentait ni la délicatesse exquise chez Méléagre, ni la grandeur chez Napoléon.
Au milieu des divers rôles, si bien remplis, de critiques, d’historiens littéraires et de biographes, il m’a semblé que c’en était encore un à prendre et à garder que celui qui aurait pour devise : introduire le plus possible et fixer pour la première fois dans la littérature ce qui n’en était pas tout à fait auparavant, c’est-à-dire ce qui se tenait surtout dans la société et qui y a vécu. […] On ne se doute pas de toutes les peines et de toutes les ruses à bonne fin qu’il nous a fallu avoir, nous autres critique qui tenions à accroître sur quantité de points délicats et neufs l’histoire littéraire contemporaine ; qui avions besoin d’être bien informé, et qui ne voulions écrire sous la dictée de personne.
Les cycles sont factices : la critique littéraire doit briser ces cadres, où la médiocrité pullulante cache les chefs-d’œuvre. […] Brunetière, Études critiques sur l’Hist. de la litt. fr.
Ni les hommes ni les œuvres ne manquent : mais, si la matière est riche pour l’historien ou pour le philologue, elle est pauvre pour le critique, qui s’arrête seulement aux œuvres littéraires, c’est-à-dire aux idées, sentiments, expériences, rêves que l’art a revêtus d’éternité. […] Essai historique et critique sur les sermons français de Gerson, Paris. 1858.
Il déroulait de vastes tableaux qui captivaient l’imagination, historien plutôt que critique, et plus large que profond. […] M. et Mme Guizot, le Temps passé (Mélanges de critique), 1887, 2 vol. in-12. — A consulter : J.
Le rapport du rythme au geste et de ceux-ci à la mesure de la phrase n’est soumis qu’à la critique du poète lui-même, et cette critique ne cherchant sa raison que dans le tact-puisque l’artiste ne s’est véritablement imposé aucune règle — l’ouïe plus ou moins bonne et l’instinct de la beauté restent les seuls critères.
Mardi 23 avril Les critiques pourront dire tout ce qu’ils voudront, ils ne pourront pas nous empêcher, mon frère et moi, d’être les Saint Jean-Baptiste de la nervosité moderne. […] Mardi 7 mai Parmi les gens à imagination, je suis étonné, combien il leur manque le sens de l’art, la vue compréhensive des beautés plastiques, et parmi ceux qui ont cela, je suis étonné combien il leur manque l’invention, la création : ils ne sont que des critiques.
Charles Baudelaire, il y en aurait certainement assez pour fixer l’attention de la Critique et captiver les connaisseurs ; mais dans ce livre difficile à caractériser tout d’abord, et sur lequel notre devoir est d’empêcher toute confusion et toute méprise, il y a bien autre chose que du talent pour remuer les esprits et les passionner… M. […] Un critique le disait l’autre jour (M.
Taine, après avoir flâné longtemps dans la philosophie, la critique littéraire et l’art, aborde maintenant l’histoire politique. […] Seulement, il est très difficile à la Critique de donner une idée complète d’un genre d’histoire qui n’a pas d’analogue dans la littérature historique… Le livre de M.
« C’est alors — — dit un grand critique des temps modernes qui, quoique anglais et protestant, ne peut s’empêcher de l’admirer, — qu’elle forgea des instruments de domination et de propagation encore plus redoutables que ceux qu’elle possédait déjà. […] Elle est très grande, et, selon nous, trop grande pour que nous abaissions ces publications, importantes au point de vue d’une utilité plus haute que tout, jusqu’à une critique littéraire.
Mais, en attendant, la Critique, qui dès Salammbô avait prévu son épuisement définitif, peut écrire, de ses mains tranquilles, l’épitaphe de cet homme mort : « Ci-gît qui sut faire un livre, mais qui ne sut pas en faire deux ! […] Ce rapetissement, ou pour mieux dire ce rabougrissement de Flaubert, est si profondément incroyable que la Critique semble obligée, pour l’honneur de ce qu’elle avance, d’appuyer ses affirmations par des exemples, et ce n’est, certes !
Après les premières années de tâtonnement et de légère incertitude, on vit se dessiner, en tous sens, des tentatives nouvelles, — en histoire, en philosophie, en critique, en art.
Le hasard d’une chute de cheval qui l’immobilise, en fait un écrivain : il raconte ce qu’il a vu, entendu, sans critique, sans probité d’historien, avec une sécurité d’indifférence morale qui garantit sa véracité.
Mme du Deffand n’a jamais pu se défaire de sa lucidité cruelle, de son spirituel sang-froid d’intelligence, de son sec, conscient et critique langage.
Ce courant avait sa source dans l’érudition bénédictine, qui nous a donné l’Antiquité figurée du Père Montfaucon : là comme dans les autres matières d’érudition, l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres recueillit l’héritage des Bénédictins et se substitua à eux pendant le xviiie siècle ; en elle fut le centre, d’elle partit la direction de recherches d’érudition critique, philologique, historique, archéologique, auxquelles notre siècle doit tant.
Par quel prodige, au milieu de ce siècle de critique et tout en subissant comme un autre les misères de ce siècle, dans ce pays de censure et d’académie, un homme de ce temps et de ce lieu a-t-il pu se ressouvenir de la vraie, pure, originelle et joyeuse nature humaine se dresser contre le flot de la routine implacable et non pas écrire ou parler, mais « chanter » comme un de ces bardes qui accompagnèrent au siège de Troie l’armée grecque pour l’exciter avant le combat et ensuite la reposer, — toutefois, en chantant, ne point sembler (pour ne blesser personne) faire autre chose qu’écrire ou parler comme tout le monde, et, avec une langue composée de vocables caducs, usés comme de vieilles médailles, sous des doigts immobiles depuis deux siècles, donner l’illusion bienfaisante d’un intarissable fleuve de pierreries nouvelles ?
Si des critiques soutiennent un jour que la Revue des Deux Mondes et Le journal des Débats me gâtèrent en m’apprenant à écrire, c’est-à-dire à me borner, à émousser sans cesse ma pensée, à surveiller mes défauts, ils aimeront peut-être ces pages, pour lesquelles on ne réclame qu’un mérite, celui de montrer, dans son naturel, atteint d’une forte encéphalite, un jeune homme vivant uniquement dans sa tête et croyant frénétiquement à la vérité.
Je n’ai aucune intention de me professer partisan de l’une ou de l’autre ; toutes deux ayant beaucoup fait pour l’humanité ; toutes deux devant être nécessairement connues de quiconque aborde les questions philosophiques, chacune ayant beaucoup profité des critiques de l’autre.
Et puisque, j’en suis aux remarques critiques sincères (et à qui les adresserait-on mieux qu’au noble talent qui est la sincérité même ?)
Tout poëte est un critique ; témoin cet excellent feuilleton de théâtre que Shakespeare met dans la bouche d’Hamlet.
Un jour, dans le trop bel été de 1829, un critique aujourd’hui oublié, à tort, car il n’était pas sans quelque talent, M.
L’idée de l’organisation s’empare de tous les esprits : aux siècles critiques, on oppose les siècles organiques ; à l’analyse, la synthèse.
Ce mot seul fait la critique de cet Apologue.
Mais vaincu, il l’est sans doute, et d’une manière qui ne laisse aucun subterfuge à la critique.
Voici la critique de M.
Quand les historiens qui auront parlé de la Ligue avant ou après lui (peu importe), mais comme lui, seront tous convaincus d’erreur, de mauvaise foi ou d’ignorance, quand leurs assertions, réduites à néant, sous le souffle d’une Critique puissante, ne feront plus nuée sur les faits, et ne cacheront plus le vrai des choses, l’influence de Voltaire déshonorée se retrouvera encore dans une foule de têtes, comme un tic incorrigible dont l’esprit français ne guérira pas, tant, cet esprit, il l’a détraqué !
Je l’ai dit : au point de vue de la Critique littéraire et de la construction de l’ensemble, c’est un livre mal fait ; il n’en faut plus parler.
C’est bien à cette conséquence que la Critique de la raison pure aboutit.
Cette nouvelle m’a laissé un peu froid et j’avoue que je la trouvai un peu prématurée, vu le peu de temps qui s’était écoulé entre l’heure de la naissance du livre et de sa déclaration à la mairie de la critique. […] Ceci pour dire que, cette fois encore, le public a raison et a devancé l’opinion de la critique. […] J’ai tenu à constater ces qualités chez un jeune avant d’en faire la moindre critique. […] Il importe peu que la critique parle le jour ou le lendemain d’un livre de Victor Hugo ; dès l’avant-veille de son apparition, la France qui lit en sait déjà les plus beaux morceaux par cœur. […] Que de gens superficiels, de ceux qui s’appellent gens du monde parce qu’ils ignorent absolument ce qui se passe dans le monde, que de critiques même prendraient ces vérités pour des plaisanteries et s’indigneraient contre le romancier ou le dramaturge qui les emploieraient dans son œuvre !
Le rôle de la critique, dans cette affaire, ne fut pas brillant. […] C’est qu’entre la Légende des siècles et les Trophées, la critique historique a fait sa besogne. […] Il se révèle là critique ingénieux et averti. […] Enfin, tandis que certains critiques veulent identifier le lyrisme et la poésie personnelle, on pourrait peut-être donner comme synonymes lyrisme et insincérité. […] Elle l’est moins que ne l’ont dit des critiques un peu las ; ils ont plus vite fait de déclarer inintelligibles des poèmes que de les comprendre.
Cette pièce renouvela tout l’étonnement qu’avait excité le Cid, et suscita la même admiration et les mêmes critiques. […] J’ai déjà touché à cette critique en parlant d’Andromaque. […] Il ne les prenait point pour des lois antérieures à la tragédie, mais pour des effets, pour des degrés de ressemblance avec la réalité, dont les poètes de l’antiquité avaient donné des exemples, et ses critiques la théorie.
On voit que, dans le style, les lois logiques énoncées par Boileau et Buffon, et les lois dynamiques énoncées par Spencer ne sont pas tout, ne sont même pas les principales : les lois biologiques, psychologiques et sociologiques, — presque entièrement négligées par les critiques littéraires, — ont autrement d’importance. […] Alfred Fouillée, Critique des systèmes de morale contemporains : la morale esthétique, p. 326. […] Alfred Fouillée, Critique des systèmes de morale contemporains.
Encore aujourd’hui, les critiques anglais, à son endroit, sont injustes. […] Un critique étranger peut être plus équitable, et louer librement la main puissante dont il n’a pas senti les coups. […] Cette forme oratoire, où Pope resserre sa pensée à la façon de La Bruyère, multiplie la force et l’élan des idées véhémentes ; comme un canal étroit et droit, elle les rassemble et les précipite sur leur pente ; il n’y a rien alors que leur assaut n’emporte, et c’est ainsi que lord Byron, du premier coup, à travers les critiques inquiètes, par-dessus les réputations jalouses, a percé jusqu’au public1265. […] Néanmoins c’est le Steinbach et la Jungfrau, et quelque chose d’autre encore, bien plus que Faust, qui m’ont fait écrire Manfred. » — « L’œuvre est si entièrement renouvelée, ajoutait Gœthe, que ce serait une tâche intéressante pour un critique de montrer non-seulement les altérations, mais leurs degrés. » Parlons-en donc tout à notre aise : il s’agit ici de l’idée dominante du siècle, exprimée de manière à manifester le contraste de deux maîtres et de deux nations.
Le roi jean, Charles VII, François 1er et même Louis XIV traversèrent des situations aussi critiques que celle de Napoléon III après la capitulation de Sedan ; ils ne furent pas pour cela renverses, ni même un moment ébranles. […] Celui qui hasardait quelque critique devenait vite un être à part et bientôt un homme dangereux. […] Joignez-y la science, la critique, l’étendue et la précision de l’esprit, toutes qualités que développe au plus haut degré l’éducation prussienne, et que notre éducation française oblitère ou ne développe pas ; joignez-y surtout les qualités morales et en particulier la qualité qui donne toujours la victoire à une race sur les peuples qui l’ont moins, la chasteté 5, et vous comprendrez que, pour quiconque a un peu de philosophie de l’histoire et a compris ce que c’est que la vertu des nations, pour quiconque a lu les deux beaux traités de Plutarque, De la vertu et de la fortune d’Alexandre. […] D’abord, il y faudrait une trentaine de sièges héréditaires, réservés aux survivants d’anciennes familles, dont les titres résisteraient à un travail historique et critique.
Un autre écrivain, un critique dont le silence s’est fait également sentir, M. […] Je veux voir ce qu’on dira et ce qu’on ne dira pas, car je m’attends plus au châtiment de l’obscurité qu’à l’honneur de la critique. […] Il ne m’en lisait rien, ne voulant pas, comme moi, s’exposer à la critique et à la raillerie. […] Vous sentez que vos critiques sur les phrases enchevêtrées me seraient un peu inutiles ; mais je vous enverrai des demi-feuilles bien serrées de mes Grecs actuels lorsqu’ils seront un peu plus avancés, et je vous demanderai les critiques les plus sévères : vous garderez les demi-feuilles, parce que vous aurez ainsi plus présent et plus net l’ensemble de tout l’ouvrage, et vous ne m’enverrez que les remarques.
Ayant donc fait choix d’un sujet de roman et ensuite d’un vigoureux effet à produire, je cherche s’il vaut mieux le mettre en lumière par les incidents ou par le ton, — ou par des incidents vulgaires et un ton particulier, — ou par des incidents singuliers et un ton ordinaire, — ou par une égale singularité de tons et d’incidents ; — et puis, je cherche autour de moi, ou plutôt en moi-même, les combinaisons d’événements ou de tons qui peuvent être les plus propres à créer l’effet en question. » Ayant ainsi expliqué le procédé général, Poë en montre une application dans la genèse de son poème Le Corbeau : « Mon dessein est de démontrer qu’aucun point de la composition ne peut être attribué au hasard ou à l’intuition, et que l’ouvrage a marché, pas à pas, vers sa solution avec la précision et la rigoureuse logique d’un problème mathématique. » Et, partant simplement de l’intention « de composer un poème qui satisfît à la fois le goût populaire et le goût critique », Poë se montre forcément amené à choisir les dimensions de son poème et l’impression à produire, l’usage du refrain, la nature de ce refrain et sa longueur — un mot unique. […] » « Je la regardai un moment sans répondre, émerveillé, je l’avoue, de voir une fille sans éducation arrivée d’instinct, par naturelle supériorité d’esprit, à la plus profonde critique, et lui prenant la main, je lui dis : « Vous avez raison, je coupe la scène. […] Ainsi, au moment où je commençais à écrire cet alinéa, je m’efforçais de trouver des exemples de cette déviation involontaire de la réflexion ; et justement je me mis à penser aux rapports de la critique et de l’inspiration que dans mon plan j’avais rejetés beaucoup plus loin ; ne pouvant me soustraire à cette obsession, je notai l’idée qui s’imposait à moi, à savoir qu’il était impossible de faire à la critique sa part, et que dans le travail de la composition il ne pouvait y avoir que deux méthodes de développement, l’une rapide et absolument irréfléchie, l’autre tout à fait réfléchie et très lente… Mais lorsque j’eus écrit quelques lignes sur ce sujet, j’éprouvai cette sensation particulière qui nous affecte lorsqu’une personne que nous ne voulons pas regarder s’approche de nous. Je sentais revenir les idées que j’avais essayé d’écarter ; ma pensée se retournait malgré moi vers mon premier sujet… Ainsi l’effort de réflexion que je portais sur l’idée de critique aboutissait à une idée relative aux distractions de l’intelligence, comme tout à l’heure en réfléchissant à ces distractions, je m’étais mis justement à penser à la critique… Je pourrais donner mille exemples de ce genre… Si j’analysais presque toutes les idées développées dans cet ouvrage, je pourrais montrer que chacune d’elles m’est venue au moment même où je réfléchissais à une autre ; en sorte que si mes réflexions avaient un effet, c’était bien rarement celui auquel je m’attendais. […] Pour le dire en passant, et pour montrer la déviation dans la critique et la routine qui s’ensuit, on reproche constamment à Scribe des phrases qu’il n’a pas écrites ou qui sont à peu près passables et on n’en relève jamais chez lui qui sont bien plus extraordinaires.
L’Allemagne était pleine d’hommes à sa hauteur en philosophie, en histoire, en science, en politique, en roman, en critique, en poésie ; il suffit de nommer les Herder, les Kant, les Jacobi, les Schlegel, les Winckelmann, les Klopstock, les Wieland, les Schiller, pour assigner au dix-huitième siècle allemand la même fécondité intellectuelle qu’au dix-huitième siècle français. […] Berlin l’était pour les sciences, Dresde l’était pour les arts, Leipsick pour la critique, Koenigsberg pour la philosophie ; Weimar désirait l’être pour la poésie.
Villemain, le dominateur de la France fut tellement blessé du bruit que faisait ce roman, qu’il en composa lui-même une critique insérée au Moniteur. » Cette critique amère et spirituelle, au jugement de M.
Un esprit nouveau est né, esprit de doute, de libre examen, de critique, de révolte contre l’autorité, l’esprit même du xviiie siècle. […] La critique a été presque supplantée par la bibliographie, c’est-à-dire que la réclame payée par l’éditeur et quelquefois par l’auteur a pris la place du jugement raisonné et désintéressé des ouvrages.
Je n’ai jamais compris, les respectant fort, les colères des critiques qui jugent, au nom de l’art, ces estimables denrées. […] Et si je n’étais pas engagé, par le souvenir de Wagner, à parler ici de l’art seul, je voudrais esquisser cette critique, enfin sérieuse et sans préjugés, je tiendrais compte de la notoriété commerciale, du prix que possèdent aujourd’hui, du prix probable que posséderont demain telles signatures.
Renouvier, vous y trouverez reproduite, presque dans les mêmes termes, la critique autrefois dirigée par Platon, dans son Théétète, contre Protagoras et Héraclite. […] Gratacap, Théorie de la mémoire, p. 100 ; Renouvier, Critique philosophique, 1875, II, p. 67 et suiv. ; Rabier, Psychologie, p. 263.
Sans doute, puisqu’il s’agit d’un roman à thèse, la composition n’est pas absolument pure de tout alliage, et bien qu’il soit facile de justifier individuellement chacun des coups de théâtre qui s’y succèdent, une critique pointilleuse pourrait trouver dans leur assemblage quelque chose de conventionnel. […] Henry Bordeaux a débuté par des études de critique psychologique et intuitive, où déjà se manifestait ce goût de la sensation et de la vie qui devait l’amener à l’œuvre de pure imagination.
La vraie critique, à son égard, ramène à cette conclusion, à cette consécration, et, après plus d’un circuit et d’un long tour, elle aboutit au même point que l’admiration la moins méditée. — Je n’ai rendu aujourd’hui que l’impression générale que laisse la lecture des mémoires de l’abbé Le Dieu ; il me reste à parler de son journal, qui donne une impression moins nette, moins agréable, mais qui en définitive ne permet pas de tirer un jugement différent, C’est ce qu’il n’est pas inutile de montrer.
La poésie pour lui est ailleurs : elle a quitté les déserts, elle s’est transportée et répandue en tous lieux, en tous sujets ; elle se retrouve sous forme détournée et animée dans l’histoire, dans l’érudition, dans la critique, dans l’art appliqué à tout, dans la reconstruction vivante du passé, dans la conception des langues et des origines humaines, dans les perspectives mêmes de la science et de la civilisation future : elle a diminué d’autant dans sa source première, individuelle ; celle-ci n’est plus qu’un torrent solitaire, une cascade monotone, quand tout le pays alentour, au loin, est arrosé, fécondé et vivifié d’une eau courante, souterraine, universelle.
A analyser rigoureusement le dernier recueil de Mme Tastu, on y peut faire plusieurs remarques critiques qu’un esprit aussi judicieux que le sien appréciera.
La correspondance de Voltaire nous montre en effet que Prevost, dans un de ces moments de gêne auxquels il était si sujet (juin 1740), prit sur lui de recourir à l’opulent poète, non sans lui faire, comme critique, des offres de service en retour.
En nous permettant, même en ce moment, cette libre critique, nous avons voulu témoigner l’entière sincérité de notre jugement et nous maintenir le droit de dire bien haut, comme nous nous plaisons à le faire, que l’histoire de Rosa et Gertrude est une des lectures les plus douces, les plus attachantes et les plus saines qui se puissent goûter.
Nous avons pu constater avec satisfaction, en touchant au terme de notre travail, que la nouvelle Table de la Revue des deux mondes, publiée cette année et plus complète que celle de 1857, ne mentionnait, au nom du critique des Lundis, qu’un seul article oublié par nous70.
Heureusement, je ne me suis pas ému de ces critiques.
Les critiques, qui suivent nécessairement les éloges, détruisent la sorte d’illusion à travers laquelle toutes les femmes ont besoin d’être vues.
C’est cette liberté qui le relève, et qui, en lui comme dans la race, ne peut être étouffée ni périr ; en vain nous naissons sujets ; nous restons critiques.
Joséphin Soulary, ouvrons sous les pas de l’innocent auteur « la fosse où vit la Critique glacée, le formica-leo ».
Elle jugera, & vos cris ne seront point entendus, & tous ces téméraires critiques disparoîtront, heureux si l’oubli ne les dérobe à l’opprobre.
Il ne peut être question d’antinomies au sens absolu qu’à propos de thèses et d’antithèses métaphysiques, telles que celles que Kant a mises aux prises, vainement d’ailleurs, dans sa Critique de la raison pure et qui ne sont que des couples de notions contradictoires érigées en absolus, chacune de son côté, par la vertu d’un artifice dialectique. — Pris au sens relatif, le mot antinomie signifie que deux choses sont dans un rapport tel que le développement de l’une se fait aux dépens du développement de l’autre, que la pleine affirmation de l’une contrarie la pleine affirmation de l’autre, que l’une tend à détruire ou du moins à amoindrir et à affaiblir l’autre.
Elles sont fines, sensées, raisonnables, pleines d’une délicate critique ; elles se lisent avec agrément aux heures de loisir, mais elles n’ont rien de ferme et d’original, rien qui sente l’humanité militante, rien qui approche des œuvres hardies de ces âges extraordinaires où tous les éléments de l’humanité en ébullition apparaissent tour à tour à la surface.
Les sectes flottantes entre le judaïsme, le christianisme, le baptisme et le sabisme, que l’on trouve dans la région au-delà du Jourdain durant les premiers siècles de notre ère 284, présentent à la critique, par suite de la confusion des notices qui nous en sont parvenues, le problème le plus singulier.
Mais la sincérité avec soi-même n’a pas beaucoup de sens chez les peuples orientaux, peu habitués aux délicatesses de l’esprit critique.
je vous le déclare, il n’en restera pas pierre sur pierre 948. » Il refusa de rien admirer, si ce n’est une pauvre veuve qui passait à ce moment-là, et jetait dans le tronc une petite obole : « Elle a donné plus que les autres, dit-il ; les autres ont donné de leur superflu ; elle, de son nécessaire 949. » Cette façon de regarder en critique tout ce qui se faisait à Jérusalem, de relever le pauvre qui donnait peu, de rabaisser le riche qui donnait beaucoup 950, de blâmer le clergé opulent qui ne faisait rien pour le bien du peuple, exaspéra naturellement la caste sacerdotale.
Aussi quand on lui parla de pauvres, il répondit assez vivement : « Vous aurez toujours des pauvres avec vous ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. » Et s’exaltant, il promit l’immortalité à la femme qui, en ce moment critique, lui donnait un gage d’amour 1050.
Pour épuiser la critique, un épisode fâcheux est celui du jeune poitrinaire qu’on a vu traverser, à pas lents, le prologue, comme le malade de Millevoye.
Malgré toutes les recherches de l’ingénieux auteur, ce sont encore des vues critiques plutôt que des faits nouveaux.
… II C’est donc le voyage plus que le voyageur contre lequel s’inscrit la Critique littéraire.
Gaston Deschamps, l’un des représentants les plus en vue de la critique académique et traditionnelle.
Un historien de la mécanique, Mach, en avait signalé l’insuffisance 13, et sa critique a certainement contribué à susciter les idées nouvelles.
La critique qu’on fait ici du caractère de Julien, a quelque rapport avec celle qui en a été faite dans un ouvrage très estimable, plein de connaissances, de vues et d’esprit, qui a paru depuis peu, et qui est intitulé : De la félicité publique.
Il naquit à Montevideo, en avril 1846, et mourut âgé de vingt-huit ans, ayant publié les Chants de Maldoror et des Poésies, recueil de pensées et de notes critiques d’une littérature moins exaspérée et même, çà et là, trop sage. […] Ce n’est pas, quoique l’apparence ait trompé les critiques, jeunes ou vieux, un roman historique, tel que Salammbô ou même Thaïs. […] La vie sociale d’un poète importe aussi peu au critique qu’à Polymnie elle-même, qui accueille en son cercle, indifféremment, le paysan Burns et le patricien Byron, Villon le coupeur de bourses et Frédéric II, le roi : l’armoriai de l’Art et celui d’Hozier ne se rédigent pas du même style. […] Les poètes sont enfin délivrés de telles affres ; tous les jours davantage il leur est permis d’avouer toute leur originalité ; loin de leur défendre de se mettre à nu, la critique les encourage à l’habit sommaire et franc du gymnosophiste : seulement quelques-uns le portent tatoué.
Ceux qui ont attaqué cet ouvrage auraient été bien embarrassés pour en faire un meilleur ; et il est d’ailleurs si aisé de faire d’un excellent dictionnaire une critique tout à la fois très vraie et très injuste ! […] Bien pénétrés de l’importance de cette vérité, les éditeurs de l’Encyclopédie après avoir déclaré qu’ils ne prétendaient point adopter tous les éloges qui pourraient y avoir été donnés par leurs collègues, soit à des gens de lettres, soit à d’autres, comme ils ne prétendaient pas non plus adopter les critiques, ni en général les opinions avancées ou soutenues ailleurs que dans leurs propres articles, puisque tout est libre dans cet ouvrage, excepté la satire, et que par cette raison chacun devant y répondre au public de ce qu’il avançait, de ce qu’il blâmait et de ce qu’il louait, ils s’étaient fait la loi de nommer leurs collègues sans aucun éloge. […] Ainsi, pour réussir après lui, s’il est possible, dans cette carrière épineuse, il faut nécessairement prendre un ton qui ne soit pas le sien ; il faut de plus, ce qui n’est pas le moins difficile, accoutumer le public à ce ton, et lui persuader qu’on peut être digne de lui plaire en se frayant une route différente de celle par laquelle il a coutume d’être conduit : car malheureusement le public, semblable aux critiques subalternes, juge d’abord un peu trop par imitation ; il demande des choses nouvelles, et se révolte quand on lui en présente. Il est vrai qu’il y a cette différence entre le public et les critiques subalternes, que celui-là revient bientôt, et que ceux-ci s’opiniâtrent.
Alexandre Dumas, comme M..Emile Zola, ont désarmé l’envie et même la critique, — rien qu’en durant. […] L’illustre critique eût continué, j’en suis sûr : — « Et cet Hémon, qu’on voit apparaître subitement vers le milieu du drame ? […] Mais ce n’est pas du théâtre. » Ces critiques si plausibles, que je prête généreusement à mon vénéré maître, qu’y pourrais-je bien opposer ? […] Et les critiques de l’école du bon sens le comparent à Icare, qui eut le vertige et se cassa les reins. […] Puis, un beau jour, le critique danois Brandès, dont une des spécialités est d’initier le pôle aux nouveautés françaises et qui paraît jouer, en Scandinavie, un rôle analogue à celui de la modiste dans nos villes de province, révéla à M.
L’un est (en philosophie) un critique acharné de sévérité absolue. […] Il a voulu être la matière et l’objet de l’exégète et de l’historien, la matière, l’objet, la victime de la critique historique. Il a voulu donner matière à l’exégète, à l’historien, au critique. Il s’est livré à l’exégète, à l’historien, au critique comme il s’est livré aux soldats, aux autres juges, aux autres tourbes. […] — Et on n’en a point encore publié de véritable édition critique.
Ainsi, n’ayant pas vécu de la vie humaine, ne s’étant point mêlée à l’homme et à la femme, et ayant cherché à tout deviner par les livres, cette génération a fait et devait faire surtout des critiques. […] Tous ces critiques s’écrient d’une seule voix qu’il y a eu un temps, un pays, une œuvre au commencement de l’humanité, où tout a été divinisé, et au-dessus de toute discussion et même de tout examen. […] Non, ce n’est pas l’applaudissement de tous qu’il a dans l’oreille et le cœur, non ce n’est pas l’acclamation universelle : c’est un on-dit, « que Girardin a blagué tout le temps », c’est le rapport de la maussaderie de la figure de tel critique ; enfin tout ce qu’il peut se forger de mauvais, d’hostile, de perfide dans les feuilletons du lundi.
Donnons de l’étendue du pouvoir reproducteur de l’imitation auditive d’autres exemples plus spécialement relatifs à la parole : Il arrive fréquemment que notre parole intérieure est l’imitation d’un dialogue, dans lequel, sans doute, nous sommes le principal interlocuteur, mais où notre voix, comme dans tout dialogue, est interrompue de temps à autre par l’approbation ou la critique d’une voix étrangère et amie [ch. […] Taine, Essais de critique et d’histoire, p. 43, à propos d’un passage de Stendhal où un tel mot apparaît en parole intérieure, durant une insomnie. [Taine, Essais de critique et d’histoire, Paris, Hachette, 2e éd., 1866, p. 43 : la phrase citée par Egger se situe dans l’étude de Taine sur Le Rouge et le Noir.
Cependant il faut l’avouer : quelque chose subsiste de la critique de Jules Romains et il y a certains défauts de méthode chez Freud dont il faut absolument que nous soyons avertis et que nous tenions compte avant de nous engager à sa suite. […] Le malade est plus ou moins hostile, plus ou moins critique, suivant que la chose que le médecin cherche à amener au jour lui est plus ou moins désagréable. […] Cela est important même au point de vue de la critique esthétique, en enseignant à rechercher dans l’œuvre, non pas, comme le font, avec trop de précision à mon sens, ceux qui ont appliqué jusqu’ici la psychanalyse à l’art, la petite histoire rentrée qui peut être à l’origine chez l’auteur, mais le courant de désir, l’entraînement d’où elle est née. […] Plus loin Swann procède de la même façon, suivant la même méthode que Proust compare lui-même à la méthode historique et à la critique des textes, pour découvrir — bien tardivement, il est vrai — les goûts pervers d’Odette. […] * * * Nous touchons ici — je vous avais bien prévenu que notre critique de sa conception de l’amour nous permettrait de nous élever graduellement, à un point de vue général sur l’œuvre de Proust, — nous touchons ici à une lacune, ou à une insuffisance de la psychologie de Proust, qu’on ne peut même pas songer un instant à lui reprocher, tant il était important qu’il l’acceptât pour atteindre tout ce qu’il a atteint, et qui n’était accessible qu’à ce prix, mais qu’il faut néanmoins que nous reconnaissions et que nous explorions avant d’en arriver à un jugement définitif sur son apport.
Bertin, ami de Chateaubriand, critique expérimenté des hommes et des choses, un des navigateurs les plus consommés sur la mer des opinions ; M. […] Sainte-Beuve, poète sensible et original alors, politique depuis, critique maintenant, supérieur toujours, qui aurait été le plus agréable des amis s’il n’avait pas eu les humeurs et les susceptibilités d’une sensitive ; Ballanche, enfin, que nous avons caractérisé plus haut, et le jeune disciple de Ballanche, Ampère, qui devait prendre sa place après la mort de son maître et se dévouer à la même Béatrice.
Il semble que c’est Danton qui parle ou Kléber qui rugit. » XXVI Ce n’est pas là de la critique littéraire seulement ; nous n’en faisons pas : ce livre a bien une autre portée que des phrases. C’est de la critique philosophique, sociale, morale, historique ; c’est le soulèvement du cœur français contre l’ignobilité du mot qu’on lui prête.
Il devait donc arriver que les âmes les plus frappées de la tristesse de cette Humanité livrée au hasard, et de cette incertitude de l’esprit humain en présence d’une science en apparence purement critique et négative, rechercheraient les solutions chrétiennes, et se rapprocheraient des hommes qui souffrirent les mêmes maux de l’âme dans une époque analogue de l’Humanité. […] Cette distinction, qu’une critique superficielle a faite quelquefois entre eux, n’a aucun fondement.
Il échappe, en principe, à toute critique, on ne discute pas avec le devoir : examiner un devoir, c’est se disposer à le trahir. […] Il n’aurait pas à redouter la critique, il chercherait moins à en imposer s’il imposait davantage, et il ne présenterait pas à l’individu comme un ordre intérieur et une révélation sacrée ce qu’il n’aurait qu’à montrer à l’esprit pour le lui faire volontairement accepter.
Je trouvais tout cela faible, inférieur moralement à ce que j’avais vu à Issy et à Saint-Sulpice ; cependant la supériorité de science et de critique d’hommes tels qu’Eugène Burnouf, l’incomparable vie qui s’exhalait de la conversation de M. […] J’y ai pris une sorte d’habitude de voir sous terre et de discerner des bruits que d’autres oreilles n’entendent pas, L’essence de la critique est de savoir comprendre des états très différents de celui où nous vivons.
III Si l’on veut soumettre à la critique la doctrine dont nous venons de parler, il y faut distinguer deux choses bien différentes, les expériences et les conclusions. […] Les vieilles écoles, les vieilles doctrines métaphysiques, peuvent être emportées par le courant de la science moderne ; la spéculation métaphysique peut changer de méthode ; le matérialisme et le spiritualisme des temps passés peuvent disparaître définitivement de la scène philosophique pour faire place à des idées plus complètes, à des théories plus positives : le problème métaphysique qui les a suscitées restera, non-seulement dans le domaine de l’imagination et du rêve, mais encore dans le domaine de la philosophie la plus sévère, quoi qu’en disent l’école critique de Kant et l’école positiviste de Comte.
Lorsqu’il publia le Siècle de Louis XIV, le président Hénault, auquel il avait demandé des critiques, crut pouvoir lui en adresser quelques-unes ; il lui reprochait sur quelques points le trop d’esprit.
Les croisés, au contraire, ont pour principe de ne jamais attaquer l’ennemi sans lui avoir porté un défi, c’est-à-dire une déclaration fière et franche : Quènes de Béthune et Villehardouin, entre autres, sont chargés dans une circonstance critique d’aller faire ce défi préalable à toute hostilité, et de le signifier en plein palais au jeune empereur Alexis, devenu traître et ingrat.
Dans tous les actes de modération ou de sage vigueur du duc de Mayenne aux instants critiques de la Ligue, il est facile de sentir l’influence du président.
Saint-Cyr, qui commandait la droite de l’armée, nous a laissé, dans ses intéressants mémoires où il fait preuve d’un sens critique si distingué mais si sévère, le tableau circonstancié et fidèle de tout ce qui se passa la veille de cette intempestive journée de Novi.
J’ai entrepris une tâche plus difficile qu’il ne semble et qui est peut-être prématurée ; j’essaye d’appliquer l’étude critique littéraire, le goût de la littérature pure et simple, cette curiosité libre et heureuse, bienveillante et innocente, à quelque chose et à quelqu’un qui n’est pas de cette nature-là, à un combattant énergique, ardent, tour à tour blessant et blessé, qui est encore tout palpitant, tout saignant et outrageux, étendu sur l’arène.
Cet écrivain si distingué, le premier des critiques de guerre proprement dits, qui avait produit son ouvrage de génie à vingt-six ans, et que la nature fit naître par une singulière rencontre dans le temps où elle venait d’enfanter le plus merveilleux des guerriers (comme si elle avait voulu cette fois qu’Aristarque fût le contemporain et le témoin de l’Iliade), Jomini a éclairé, en fait de guerre, tout ce qu’il a traité ; mais il n’en est pas moins vrai que la narration précise, détaillée, de ces trois campagnes pyrénéennes, l’histoire et la description de chacune des opérations qui les composent, écrite d’après les pièces et documents originaux, et vérifiée point par point sur les lieux, restait à faire, et M.
C’est ce qu’il n’a cessé de faire à l’occasion des nombreux écrits et témoignages originaux publiés en Angleterre sur Newton, et dont il s’était constitué dans le Journal des Savants le rapporteur très attentif, très fidèle, en même temps que le critique scrupuleux et sévère : on peut dire qu’en ce qui concerne Newton, il a été, pour la France, son historien de seconde main.
La Crise, qui me représente d’autres scènes pareilles, ayant même tendance, justifie ce qu’un bon juge du genre me disait en parlant de l’auteur : « Il met ses personnages dans des situations critiques d’où ils ne peuvent raisonnablement se tirer qu’avec une infraction et un faux pas : et il les en tire moyennant un petit moyen vertueux, bourgeois, un enfant qui accourt vers sa mère le jour de sa fête avec un gros bouquet à la main, ou tout autre expédient.
. — Je trouve un bon article critique sur le travail de M.
Paul Mesnard, qui s’en est chargé, et qui s’en acquitte en toute conscience, a mis en tête une Notice biographique puisée aux sources, la plus complète qu’on ait et, je dirai même, la seule vraiment critique jusqu’ici.
Laujon, dans cette carrière facile, — pas si facile qu’il semblerait, — se proposait pour maître et pour modèle, il le reconnaît, l’ingénieux Benserade, ce véritable inventeur des ballets modernes et qui, à toutes les critiques dont il se voyait l’objet en son temps de la part du rigide Despréaux, avait pour réponse : « J’ai du moins imaginé un plaisir. » Collé, d’une humeur moins douce que Laujon, et qui sur la fin n’avait de gaieté que dans ses œuvres, fut aussi appelé à Berny.
J’aurais entrepris à mes frais un écrit périodique destiné à relever toute erreur funeste par ses conséquences dans les livres nouveaux et dans les journaux, ainsi que toute injustice dans les critiques.
Comme Florian, comme Legouvé, comme Millevoye, comme bien des talents de cet ordre et de cette famille, Léonard ne put franchir cet âge critique pour l’homme sensible, pour le poëte aimable, et qui a besoin de la jeunesse.
L’émulation multiplie ses effets dans un grand nombre de petites sphères ; mais on ne juge pas, mais on ne critique pas avec sévérité, lorsque chaque ville veut avoir des hommes supérieurs dans son sein.
On les exploite toujours en Angleterre ; mais presque partout, notamment en France, les charlatans les ont mises en discrédit ; elles attendent encore que des expérimentateurs attitrés et doués de l’esprit critique veuillent bien les fouiller.
D’où vient cependant que ce caractère assez laid en somme s’est prêté aux idéalisations de la critique ?
Contre ces romantiques, bataillaient les critiques de l’école classique.
Malherbe a l’air de rompre en visière sur tous les points à Ronsard et à ses disciples ; par aversion de leur langue trop savante, il renvoie les poètes à l’école des crocheteurs du Port-au-Foin ; par réaction contre un lyrisme qui lui semble de verve et de versification trop lâches, il soumet la poésie à une discipline sévère qui en régente et le fond et la forme ; mais, ce faisant, il reprend à son compte en les aggravant des critiques qui avaient été dirigées avant lui contre l’abus du grec et du latin, témoin la fameuse rencontre de Pantagruel avec l’écolier limousin ; et, d’autre part, il consolide l’œuvre de la Pléiade, puisqu’il conserve l’emploi de la mythologie, les genres usités chez les anciens, l’imitation de l’antiquité.
Il a eu plus que jamais le suffrage des gens du monde, des jeunes femmes ; il a mis en colère des critiques grotesques et grossiers : rien n’a manqué à sa faveur.
La critique du savoir découvre deux limites : ce qui est au-delà de notre atteinte, et ce qui est trop près de nous pour être posé devant nous : « parce qu’on ne peut voir ses yeux, ce n’est pas une raison pour dire qu’on n’a pas d’yeux » ; de même l’activité de la pensée ne peut se voir elle-même comme un objet.
Heureusement ce dernier ne la lut point ; il mourut comme elle étoit encore sous presse : mais, né sensible à l’excès à la critique, on dit qu’il seroit mort à la lecture.
La Révolution française, la pensée allemande, et surtout le travail original de nombreux savants, critiques et patriotes italiens ont transformé l’esprit général ; il y a maintenant en Italie une grande espérance, héroïque et joyeuse chez les uns, douloureuse chez les autres par contraste avec la réalité de la domination étrangère.
Les forces qui gouvernent l’homme sont semblables à celles qui gouvernent la nature ; les nécessités qui règlent les états successifs de sa pensée sont égales à celles qui règlent les états successifs de la température ; la critique imite la physique, et n’a autre objet que les définir et de les mesurer.
Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. […] Si la première loi de l’histoire est d’être véridique, la première loi de la critique est d’être arbitre entre les événements et l’historien.
Ce mot de haute comédie n’appartient pas seulement à la langue de la critique ; il est populaire. […] Chez les autres, l’une ou l’autre de ces facultés a dominé, et tel s’est attiré des critiques pour s’être laissé trop aller à la tendresse, tel autre parce que la raison y paraît trop en forme ou que l’imagination n’y est pas assez réglée.
Il est un humoriste ; c’est ce que les Anglais répondent à toutes les critiques que nous adressons au dernier de leurs conteurs, et c’est ce qu’il s’agit de comprendre si l’on veut expliquer tout Dickens, déterminer la nature singulière de son art, de son esprit, et analyser ainsi complètement, en un type extrême, une propriété mal connue de l’âme chez toute une catégorie d’êtres plus émotifs que raisonneurs. […] Enfin l’émotion a pour principale propriété d’annuler la réflexion, la critique, le retour sur soi, c’est-à-dire d’être crue juste et légitime (Bain, loc.
La littérature morale de l’Inde se compose, selon le même critique, de formules et de maximes qui, sous une forme brève et sentencieuse, renferment les préceptes moraux les plus épurés. […] Cette poésie morale de l’Inde », ajoute le critique, « aurait pour nous quelque chose d’analogue aux Pensées de Pascal : une grande expérience de la vie se manifeste dans ces résumés de la sagesse de l’Inde ; cette sagesse a quelquefois des sourires de vieillard sur les lèvres ; elle n’a jamais d’ironie. » XXI Les lois étaient écrites ainsi en langage rythmé, pour favoriser l’exercice de la mémoire.
Nous sommes étonné que tant de critiques éminents, qui ont écrit des volumes sur cette question, ne se soient point fait la réponse que le simple bon sens suggérerait à un enfant réfléchi sur cette matière : L’Europe moderne n’a point de poème épique et n’en aura jamais. […] Il est convenu en effet, dans tous les siècles et chez tous les peuples, que le poème épique se compose non seulement de ce qui est dans la nature, mais de ce qui est au-dessus de la nature, ou du surnaturel, de ce que les critiques appellent le merveilleux.
Mais c’est comme on porte sa main sur les vases sacrés que j’aventure cette critique, en tremblant. à une autre heure du jour, à une autre lumière, dans une autre exposition, peut-être ferais-je amende honorable au peintre. […] C’est alors que les critiques, les petits esprits, les admirateurs du temps passé jettent les hauts cris et prétendent que tout est perdu.
Je dois dire avec reconnaissance, au nom des critiques de Paris absents qui se sont autrefois occupés de l’abbé Prévost, qu’ils n’y furent point oubliés.
Il me semble, à lire ces éloges qu’ont donnés au grand mécanicien Watt les meilleurs critiques littéraires de son pays, qu’il y avait là occasion tout naturellement de montrer par cet exemple qu’aucune incompatibilité absolue n’existe entre les dons du génie industriel et les qualités de culture classique excellente.
Il y a eu dans sa vie un moment critique où ce penchant et cette vocation particulière qu’il se sentait pour la direction intérieure et pour les mystères délicats de la piété l’ont abusé et légèrement enivré.
On sait que ce fut d’après son examen et son rapport au Conseil privé que la seconde édition du livre De la sagesse de Charron, l’édition de Paris (1604), pût être mise en vente, moyennant quelques corrections qu’il y fit, et se débiter librement : « Ce ne sont des livres pour le commun du monde, disait-il à l’adresse de ceux qui en parlaient en critiques, mais il n’appartient qu’aux plus forts et relevés esprits d’en faire jugement ; ce sont vraiment livres d’État. » Pendant son séjour en Hollande, il avait tout fait pour se rendre utile à notre compatriote le célèbre et docte Scaliger (M. de L’Escalle, comme il l’appelait), qui vivait à Leyde et touchait à la fin de sa carrière.
Poujoulat écrit dans toute la confiance et la sécurité des convictions françaises, qui ne soupçonnent pas assez la nature et la force des objections mises en avant par une science critique plus indépendante, plus étendue.
Il avait pour principe que « la critique amère elle-même est une arme absolument inutile pour la conviction, et qui est presque toujours plus dangereuse pour celui qui s’en sert que pour ceux contre lesquels elle est dirigée ».
Henri Martin, doyen de la faculté de Rennes, qui s’occupe avec une critique profonde de l’histoire des sciences de l’Antiquité, nous y aidera : La dernière moitié du xviiie siècle, dit M.
Dorat a accordé une place honorable dans son journal du mois d’octobre dernier, également reconnaissant de ses éloges et de ses critiques, s’empresse à lui adresser quelques pièces fugitives qu’il soumet à sa censure.
. — Celui qui l’a lu (j’entends toujours lu à la source), dans tout ce monde du xviiie siècle, ce n’est ni d’Alembert, ni Duclos, ni Marmontel, ni même le critique La Harpe, dont ce serait pourtant le devoir et le métier ; ce n’est pas même Fontanes, d’un goût si pur, mais paresseux.
Le moment de l’éveil de sa volonté est un moment critique qu’il faut suivre avec attention.
Albert Blanc, joint et entremêlé à cette première publication des lettres diplomatiques de De Maistre, a été accepté et loué dans les journaux plutôt que discuté, il y a eu une critique qui a institué cette discussion à sa manière : c’est M.
Streckeisen-Moultou, qui nous promet de tirer de ses papiers de famille d’autres pièces intéressantes encore concernant Rousseau, a droit à nos remerciments ; qu’il me permette cependant une critique que je ne puis passer sous silence, et qui peut être utile pour l’avenir.
Il y eut même un jour où il lui dit (assure-t-on), — c’était vers 1845, — à un moment critique où on voulait le lui ôter comme ministre et où le vote de la Chambre avait hésité : « Monsieur Guizot, collez-vous à moi. » Mais, tout en appréciant avec estime le talent de l’homme qui le servait avec tant d’éclat, il ne partageait pas sa confiance ni cette intrépidité monarchique si absolue sur une base que lui-même sentait si étroite et si vacillante : « Vous avez mille fois raison, lui répétait-il souvent dans les dernières années ; c’est au fond des esprits qu’il faut combattre l’esprit révolutionnaire, car c’est là qu’il règne ; mais, pour chasser les démons, il faudrait un prophète. » Ce prince était donc, somme toute, un homme d’esprit, et bonne tête, tant qu’il ne faiblit pas. — « Cette bonne tête, ou plutôt cette bonne caboche , » disait de lui un de ses anciens ministres qui se reprenait, comme si le premier mot était un peu trop noble pour le sujet.
Je ne ferai ici ni la critique ni l’éloge de cette manière historique, la plus éloignée, je l’avoue, de mes goûts et de mes habitudes : qu’il me suffise de dire que M.
« J’entends dire que M. le Dauphin fait beaucoup mieux » ; c’est le plus grand éloge que Fénelon lui donne dans l’intimité ; mais il ajoute (et chaque mot, à le bien comprendre, est significatif) : « La religion, qui lui attire des critiques, est le seul appui solide pour le soutenir.
Cependant, quand les dames avaient ordre d’y venir en habits d’homme, j’y venais avec des habits superbes, brodés sur toutesles coutures ; ou d’un goût fort recherché, et cela passait alors sans critique : au contraire cela plaisait à l’Impératrice, je ne-sais pas trop pourquoi (on vient de voir au contraire qu’elle soupçonne bien pourquoi).
M. de Pontmartin vient de même d’introduire toute une révolution dans sa manière : de critique aristocratique, de défenseur des hautes doctrines de la société, de chevalier avoué du trône et de l’autel, il s’est fait pamphlétaire satirique, auteur de Guêpes, diseur de vérités et de malices à tout prix ; les lauriers d’Alphonse Karr l’ont empêché de dormir.
On lit dans son Journal à cette date : « Le poëte sans fortune est le plus malheureux des hommes : la courtisane ne livre que son corps, libre de garder au fond du cœur les sentiments qui lui restent ; l’autre, au contraire, doit, pour vivre, livrer ses soupirs, ses émotions, les pensées qui lui sont chères, et jusqu’aux plus secrètes profondeurs de son âme, et cela à un public libre de noircir le tout de la plus injurieuse critique ou du mépris le plus insultant. » — C’est le Journal d’où sont tirées ces paroles si senties, qu’il serait curieux de connaître : on nous le doit.
Deux légères fautes qu’il avait commises dans les derniers temps y avaient été peu senties : l’une, c’était d’avoir composé et publié un poëme français, Hélène, qui ne donnait pas sa mesure, qui semblait pourtant la donner, et qui pouvait faire dire à ses critiques d’ici qu’il n’avait de talent qu’en patois et grâce à son patois ; l’autre faute, c’était d’avoir adressé un Poëme-Épître à M.
Depuis que la critique est née et a grandi, qu’elle envahit tout, qu’elle renchérit sur tout, elle n’aime guère les œuvres de poésie entourées d’une parfaite lumière et définitives ; elle n’en a que faire.
Or, cette assuétude, plusieurs des plus aigus critiques et « voyants » la doivent à des études médicales techniques et universitaires.
que de retours satisfaisants dans la critique d’un autre !
Renouvier, Essais de critique générale, 3e essai, 25, exposition des idées de Boscovich, Ampère, Poisson et Cauchy.
Puis on a la bonne fortune d’avoir dans les œuvres de Du Vair les monuments d’une éloquence réelle221 qui pendant six années, des barricades à l’entrée du Roi, dans les plus critiques circonstances, fut une arme au service de l’ordre et du droit : on voit alors le genre oratoire vivre véritablement, adapté à son milieu, et faisant son office.
Pour le premier Tartuffe, le bedeau, la brute, méchant, mais stupide, dénué d’esprit critique et incapable de se connaître lui-même, on peut admettre à la rigueur qu’il ait la foi, — la foi d’un abominable charbonnier.
Actuellement elle ne songerait certes pas davantage à faire un praticable comme on dit au théâtre, pour inviter à prendre place parmi ses élus un noble esprit aussi vigoureux, aussi libéré, aussi clair que celui de Remy de Gourmont, un esthète et romancier aussi sain que Joséphin Péladan, un poète et critique tel que Paul Claudel, un prodigieux penseur comme André Suarès… Cela, avouons-le, est dans la norme.
Leur vie privée a donné souvent prise aux critiques cinglantes de la bourgeoisie.
Dans une amusante folie intitulée Arlequin empereur dans la Lune, œuvre du même Nolant de Fatouville, qui fut le principal fournisseur du théâtre italien de 1682 à 1687, la fantaisie est aussi ramenée à la critique très directe de nos mœurs.
Depuis lors, laissant la forme de critique et de dissertation, M.
Toute cette littérature plus ou moins exaltée, et dans le goût de Mme Cottin, qui s’agitait autour de la jeunesse de Madame Royale, ne l’atteignit évidemment en rien, et le récit qu’elle a tracé en 1795 des événements du Temple serait la critique de tous ces autres récits et de ces faux tableaux d’alentour, si on pouvait songer seulement à les rapprocher.
Votre faible a été, de tout temps, de vous croire privilégiés, ne vous y fiez pas trop ; vous êtes hommes aussi, vous êtes dans une époque critique ; ne vous fixez pas dans le dépit.
Fontanes, plus sérieux, et qui préludait à son rôle de critique et d’arbitre du goût, saluait Barthélemy par une épître qui commence en ces mots : D’Athène et de Paris la bonne compagnie A formé dès longtemps votre goût et vos mœurs… Le succès enfin, sauf quelques protestations isolées, fut soudain et universel ; les Français savaient un gré infini à l’auteur d’avoir continuellement pensé à eux quand il peignait les Athéniens, et ils applaudissaient avec transport à une ressemblance si aimable.
Charles Morice qui par les rares vers donnés et à travers des articles critiques, paraît là primer.
Venons d’abord aux critiques.
Nullement ; il critique toujours alternativement Hume et Descartes, le point de vue empirique et sceptique et le point de vue ontologique.
Il y a une infinité de tableaux de genre qui défient notre critique ; quel est le tableau de bataille qui pût supporter le regard du roi de Prusse ?
Ma critique n’est point fondée sur ce qu’il n’y eut jamais de sirenes et de néreïdes, mais sur ce qu’il n’y en avoit plus, pour ainsi dire, dans les tems où arriva l’évenement qui donne lieu à cette discussion.
Enfin l’esprit humain a, ainsi que l’homme, ses âges et ses temps critiques.
Cette belle classification des témoignages, cette critique de la capacité des témoins, ce renvoi exact aux bonnes éditions et à la page précise, cette méthode de jurisconsulte et de savant, suffit-elle pour vous convaincre ?
Nous avons dit les critiques qu’on peut élever contre l’œuvre de M. […] Les critiques modernes ont à diverses reprises découvert dans Don Quichotte bien des symboles ingénieux et bien des significations profondes. […] L’intelligence merveilleusement compréhensive et conciliatrice que Goethe a déployée dans le Wilhelm Meister fait de cette œuvre une mine inépuisable d’explications arbitraires et d’hypothèses fantasques pour la critique imaginative. […] La première moitié du xviiie siècle fut cette époque critique pour le protestantisme luthérien. […] Toutes ces critiques sont parfaitement justes, mais Sterne a un mérite qui rachète amplement ses défauts : on peut dire qu’il a découvert d’instinct une branche très importante des sciences morales, encore peu cultivée, mais qui le deviendra de plus en plus à mesure que la société deviendra plus raffinée et plus compliquée : l’entomologie morale.
Scribe à un critique qui lui reprochait d’en trop dépenser ; n’est pas toujours né écrivain qui croit l’être ; l’honnêteté et le talent qui sont obligés de plaider pour eux-mêmes seront toujours suspects. […] Mais la critique est chose facile, et un livre de M. […] Comme Bossuet, il a combattu Molière, et il nous a donné la plus forte et la meilleure critique du Tartuffe. […] Quant à Gustave Planche, un des premiers habitués et bientôt le critique en titre, je ne le cite que pour mémoire. […] Sainte-Beuve, malgré ses torts, malgré ses vices, vivra autant que la littérature française, — ce qui n’est peut-être pas beaucoup dire. — Gustave Planche, en dépit de son autorité morale, qui consistait uniquement à n’être pas vénal (jamais critique ne fut plus partial), est mort tout entier le jour où il a cessé de faire peur.
Au demeurant, toutes vos critiques sont justes. […] Il est naturel qu’il regarde l’artiste avec un œil jaloux, et l’ouvrage d’un œil critique ; qu’il examine, qu’il censure, qu’il inquiète, et qu’il suscite des difficultés et des arguments ; il est tout simple que Sa Majesté Impériale et vous, monsieur, qui êtes son ministre, interposiez votre autorité, et disiez les mots graves qui font taire. […] Tout cela est mal, et je vous proteste qu’à la place de l’abbé Galiani, je ne serais affligé de cette critique que parce que je me serais peut-être flatté d’un ton et d’un procédé plus honnêtes. […] Le seul parti que la critique pourrait tirer de son travail, ce serait d’en faire une bonne lettre qu’il enverrait à celui qu’il appelait à Paris son ami. […] À juger du fond de cette affaire par la lecture de votre Mémoire, le seul que je connaisse et que je veuille connaître, je vois bien de quoi m’adresser une bonne ou mauvaise critique, mais non de quoi vous faire un procès.
Tout homme à idées est un critique, aucun critique n’est fondateur ou restaurateur religieux. […] Montesquieu lui-même, qui est surtout un critique sociologue, ne s’en croit pas moins obligé à donner, en tête de son Esprit des lois, une petite métaphysique sommaire, que, du reste, il ne semble pas entendre très clairement. […] Il en est par son manque de sens critique, par son aptitude admirable à ne voir qu’un côté des choses, ou, s’il en voit deux, ce qui lui arrive, à se ramener sans peine à n’en regarder qu’un. […] Et, aussi, comme il satisfait plus pleinement la raison pure, à condition, du moins, que la critique sommeille ! […] Elle était un fait : elle s’est à peine aperçu et de son professeur et de son critique.
Jules Levallois, ce critique consciencieux et élevé, qui a de plus enrichi les volumes d’une Introduction d’une cinquantaine de pages, écrite d’un style ferme et pleine de vues étudiées et originales. […] Plaisir désintéressé de la curiosité critique !
Si nous parcourions les différents pays de l’Europe, nous trouverions partout le même phénomène du caprice des critiques. […] Un jeune poète étranger avec quinze beaux chevaux dans ses écuries, ami ou amant d’une jeune et belle reine et affectant une horreur de la royauté qui commençait à poindre alors, ne pouvait pas trouver des critiques bien sévères dans un genre inusité encore en Toscane.
Barthélemy Saint-Hilaire est ici un sublime critique de son auteur. […] Mais je ne voudrais pas trop insister sur cette critique, et il est bien possible qu’il n’y ait là qu’une différence de mots.
Je savais seulement qu’il existait un jeune écrivain du nom de Balzac ; qu’il annonçait une originalité saine ; qu’il lutterait bientôt avec l’abbé Prévost, l’auteur des Mémoires d’un homme de qualité, du Doyen de Killerine et de Manon Lescaut, ce roman de mauvais aloi dont les critiques du moment réchauffaient la verve suspecte. […] « Que leurs critiques ne te préoccupent pas trop ; elles sont de bons pronostics : on ne discute pas la médiocrité !
Aussi, tandis que la leur apparaît surtout comme analytique, critique, négative, destructive, la sienne fait l’effet d’être synthétique, poétique, positive, constructive. […] Brunetière, Études critiques, t.
Critique des théories de Kant et de Schopenhauer. — Le moteur de l’évolution physiologique est-il la peine ? […] Critiques des théories de Kant et Schopenhauer.
Critiques et louanges m’abîment et me louent sans comprendre un mot de mon talent. […] Permettez-moi de vous dire que je ne me serais jamais attendu de votre part à de pareils procédés de critique.
Et mon interlocuteur appuie sur les incertitudes du critique, ses tergiversations de jugement, sa quête de l’opinion des autres, du jugement des petites dames, et parfois sur l’intimidation morale, produite par l’invasion de grands diables comme Turgan et Feydeau, tombés inopinément chez lui, et qui enlevèrent son article sur Fanny. […] la postérité, ce sont les gens qui ont connu un homme, qui en parlent, qui le racontent… — Oui, quand il est mort et encore tout chaud », dis-je au critique qui vient de proclamer que la postérité, c’est lui !
* * * — Un critique juge toujours un peu avec le public : il accepte l’opinion plutôt qu’il ne la donne. […] Un moment qu’échappé au sommeil, il se trouve à côté de Saint-Victor, le critique de la Liberté lui dit, avec la crispation lui venant, dans le salon de la princesse, à la vue de notre bande d’intimes : — Eh bien !
Dans ce conflit de sentiments, appliqué à plaire à une catégorie d’êtres qu’il méprise et qu’il redoute, contraint dans ce but de plier à ses vues et de gagner à son talent des éditeurs, des directeurs de journaux, des critiques et des échotiers, l’artiste, l’idéaliste de tout à l’heure est forcé à plus d’expédients, de ruses, de compromissions, d’activité et de souplesse que n’en prodigue le plus déluré commis-voyageur. […] Taine dans la critique ; George Sand dans le roman idéaliste ; Delacroix et Berlioz dans la peinture et la musique ; tous ceux qui se réclament des romantiques autrement que par des similitudes de forme, ont fait prévaloir dans leurs œuvres l’indice sentimental que nous avons essayé de caractériser et aujourd’hui encore ceux des jeunes écrivains qui vont conquérir le public procèdent de la morale sinon de l’esthétique des génies de 1830.
II Quant à nous, en face de ces deux volumes de poésie d’Alfred de Musset, notre rôle de critique est bien différent du rôle d’Hafiz et de son ami en face du festin et des danseuses de Perse. […] Après ces deux entretiens, purement épisodiques, nous allons reprendre l’examen critique et philosophique du Dante.
Il dira encore, en faisant la critique de notre manière de traduire les anciens et des jugements qu’on en a portés à l’aveugle : C’est à la source qu’il faut aller.
Madame, souvent crédule, regardant ailleurs, mêlant les choses, peu critique dans ses jugements, voit bien pourtant ce qu’elle voit, et elle le rend avec une force, une violence, qui, pour être peu conforme au goût français, ne se grave pas moins dans la mémoire.
La critique n’est pas souvent appelée à l’honneur insigne de faire l’office d’introducteur en de semblables fêtes.
Mais il me pardonnera de ne pas entrer avec lui dans des discussions qui ne seraient que secondaires : je loue trop l’esprit général de son livre et aussi j’approuve trop l’ensemble de l’exécution, pour vouloir instituer une critique en forme sur quelques parties.
C’est là qu’il recevait Boileau et Racine lorsque ceux-ci faisaient quelque voyage de ce côté à la suite du roi ; et, à l’époque de la mort de La Fontaine, Boileau rappelait à Maucroix le souvenir de ces visites dans une lettre touchante et plus sensible qu’on ne l’attendrait du sévère critique : … Le loisir que je me suis trouvé aujourd’hui à Auteuil m’a comme transporté à Reims, où je me suis imaginé que je vous entretenais dans votre jardin, et que je vous revoyais encore, comme autrefois, avec tous ces chers amis que nous avons perdus, et qui ont disparu velut somnium surgentis.
Celui-ci fait là à Raphaël un reproche qui rappelle certaines critiques adressées de nos jours à Racine pour avoir, dans Esther et même dans Athalie, adouci un peu trop et diminué les types juifs : un ton général d’harmonie, un esprit d’humanité et de christianisme qui brille sur l’ensemble, leur a fait sacrifier peut-être, au poète comme au peintre, certains traits crus et saillants.
C’est tout en vaquant à cette charge publique de prédication que l’auteur trouva le temps de répondre, dans une seconde édition (1593), aux critiques que les Protestants avaient faites de son livre.
Elle songea donc, dans le moment critique et décisif, après la perte de la bataille de Kolin, à profiter du zèle de Voltaire et de son désir de réparer ses torts envers Frédéric ; Elle s’ouvrit à lui par lettres vers le mois d’août 1757.
Il existe un témoignage naïf des illusions qu’on se faisait dans ce parti d’Orléans, à l’un des moments les plus critiques de la Révolution, au lendemain du 10 août.
Je dois faire un aveu qui n’est pas à l’honneur de l’esprit critique, je ne parle que du mien.
C’est par le manque d’attention, en effet, que les poëtes de nos jours souffrent et qu’ils périssent : c’est l’attention qu’ils récla ment avant tout de la critique.
Foucault pourtant se permet encore, çà et là, de bien étranges choses ; il soutient la réputation terrible qu’il s’est faite, et, si quelquefois il critique en paroles, il n’est jamais homme à adoucir dans l’exécution les ordres qu’il reçoit.
Nous avons tous, — nous surtout poètes critiques, — connu de près ces deux frères.
Jomini écrit ainsi le nom (Histoire critique et militaire des Guerres de la Révolution, tome V, page 284) ; Jean-Bon, dans ses comptes rendus des opérations, écrit également Vanstabel : M.
« Les individus s’exercent à la tolérance, comme les enfants à la marche, par l’effort de chaque jour et en s’exposant d’abord à tomber. » Je ne sais pas de plus belle page de moralité sociale à méditer, qu’on soit prêtre ou fidèle, ministre ou dépositaire du pouvoir à quelque degré, juge, militaire, — car les militaires eux-mêmes devraient s’accoutumer à être discutés dans ce futur régime, et M. de Turenne en personne, s’il revenait, n’échapperait point à la critique.
Dans notre situation critique, je suis fâchée d’alarmer à si juste titre votre tendresse, mais l’occasion est pressante.
Somme toute, et quoi qu’il en soit de ces critiques de détail, le premier il a permis aux lecteurs curieux et patients de se faire une vaste idée, une idée continue (j’y insiste) du génie et de la force complexe de son héros.
Or voici ce qui ressort pour moi le plus clairement de cette longue étude multipliée, qui a mis successivement en relief tant de moments et ravivé ou réhabilité avec plus ou moins de critique tant de figures ; voici l’aperçu et le résumé total, après qu’on a rabattu les exagérations et réduit les partis de chaque historien.
Le devoir de la critique dans tout sujet est avant tout de l’envisager sans parti pris, de se tenir exempte de préventions, fussent-elles des mieux fondées, et de ne pas sacrifier davantage à celles de ses lecteurs.
Sur ce terrain critique et didactique, il laisse bien loin derrière lui Boileau et le prosaïsme ordinaire de ses axiomes.
Beaumarchais est alors dans une situation critique : il sort à peine du For-l’Évéque ; l’arrêt d’appel dans l’affaire La Blache la condamné ; ce n’est pas la ruine, c’est l’infamie, puisqu’il ne peut perdre son procès sans être reconnu pour faussaire.
La pièce ne réussit qu’à demi ; il n’en restera qu’une admirable chanson : Y avait un’ fois un pauv’ gas… Le poète, furieux et de plus en plus fier de sa virilité, traite les critiques de chapons dans un apologue oriental Puis le roi de Bohême épanche sa fantaisie naïve et fougueuse dans un drame qui est un conte des Mille et une Nuits : Nana-Sahib.
Ils sont légion : Retz et la Rochefoucauld, deux adversaires politiques, deux rivaux de gloire littéraire ; Scarron, Molière, Boileau, trois maîtres, à des degrés divers, du comique et de la satire ; Mme de Sévigné, la reine du style épistolaire ; Cyrano de Bergerac, malgré son nom de ; consonance gasconne ; Bachaumont et son ami Chapelle, le bon buveur, qui doit son surnom au village de la Chapelle, devenu aujourd’hui un faubourg de Paris agrandi ; Patru, Chapelain, Conrart, les petits grands hommes de l’Académie naissante ; d’Aubignac, un auteur de pièces sifflées qui se venge en se faisant le législateur du Parnasse ; le galant abbé Cotin, ce martyr de la critique littéraire, d’autres encore, sans compter les peintres Lesueur et Lebrun, attestent la fécondité alors décuplée de la grande ville.
Je comprends qu’on ose beaucoup dans un livre : le roman même, qui tient de l’histoire et de la critique, a des libertés presque égales.
On a là d’avance, dans Commynes, la critique de ce mot de Louis XIV : « L’État, c’est moi », et de cet autre mot d’un courtisan à Louis XV enfant : « Tout cela est à vous ».
Je tâcherai de faire en lui les deux parts avec sincérité et avec la circonspection qui convient dans ces matières mixtes, où le critique littérateur n’est juge qu’à demi.
dans ses confrontations il lui fait dire blanc et noir, il la met en colère et il l’apaise ; quand elle ne sait plus que dire, ni comment débrouiller ses contradictions, elle met le tout, le plus ingénument du monde, sur le compte de certaine indisposition critique qu’elle avait ce jour-là ; quand il l’a poussée trop à bout, elle le menace d’un soufflet ; quand il lui dit une galanterie, et qu’elle ne paraît que dix-huit ans au lieu de trente, elle sourit malgré elle, ne le trouve plus si impertinent et va jusqu’à lui demander la main pour la reconduire à son carrosse.
Au théâtre, nous l’avons mainte fois applaudi, et nous avons joui avec tout le public de ses productions gracieuses : hors de là, dans la politique ou dans la critique littéraire, nous ne nous sommes jamais accoutumé à le considérer comme un de nos pères, et nous doutons fort qu’il daignât nous reconnaître lui-même pour être de la maison.
Un peuple léger, frondeur, impatient, sans prévoyance de ce que peut produire une démarche inconsidérée ; un peuple passionné, toujours disposé à vivre dans le présent, et à ne pas tenir compte des circonstances antérieures qui ont pu influer sur la conduite des hommes soumis à son éloge ou à sa critique ; un peuple enfin qui, avec un sentiment très vif de la justice, peut être si souvent entraîné à l’injustice par la violence et la spontanéité de ses passions, ou même par l’ascendant de ses caprices ; qui, avec le tact le plus exquis de la mesure et des convenances, est trop souvent jeté hors de toute mesure et de toute convenance par je ne sais quel besoin de plaisanterie, je ne sais quel attrait de frivolité : un tel peuple devrait plus qu’aucun autre être contenu dans les voies de la décence et de la modération, car il est toujours près d’en sortir.
Les Destinées, quand elles parurent, frappèrent l’attention par un accent qui fit réfléchir les critiques de nature humaine.
Un critique a remarqué qu’involontairement sous sa plume le mot mélancolique revenait sans cesse.
Les plantes lunaires influencent diversement les femmes dans leurs moments critiques. […] Les poètes, toutefois, y firent meilleur accueil que les artistes : ils reconnurent un des leurs, tandis que les peintres méconnaissaient une critique dont les arguments étaient d’ordre poétique plutôt que d’ordre technique. […] » Demeurons donc dans l’état critique. […] Dans les deux hypothèses, la filiation demeure également obscure, et, je le répète, il serait peut-être sage, jusqu’à nouvel ordre, de considérer séparément l’homme et l’œuvre, de ne pas mêler, comme on le fait trop souvent maintenant, la physiologie et la critique littéraire. […] Un critique innommable note quelques-unes des fougueuses incorrections de Verhaeren, quelques unes « entre cent autres ».
Plusieurs critiques ont supérieurement parlé de Bourdaloue ; M.
Il serait facile encore de montrer que nous autres critiques et journalistes (il y en avait déjà), nous sommes atteints et notés en passant par Bourdaloue ; les satiriques de profession, tous censeurs qui érigent de leur autorité privée « un tribunal où l’on décide souverainement du mérite des hommes », sont repris par lui.
C’est un malheur en tout cas pour un homme d’esprit et de talent de prendre ainsi à contresens l’époque dont il est contemporain, et le règne dont il serait un serviteur naturel et distingué ; on le juge, on le critique ce règne qui nous déplaît, mais à la longue on s’y aigrit, ou, si l’on est doux, on s’y relâche et l’on se démoralise.
Le travail critique de ces cinq années, qui se trouve recueilli dans ces onze volumes, et dans lequel je crois avoir fait preuve quelquefois de fermeté véridique, n’a pas été étranger à ces démonstrations malveillantes et à cette légère avanie.
Le Régent, qui avait bien de l’esprit et qui adorait les nouveautés, m’approuva ; les critiques me louèrent ensuite, et le soldat me bénit : il s’en trouva bien, car il avait le pain aussi bon qu’il voulait, il ne redoutait plus la friponnerie du munitionnaire ; le son allait pour la mouture, et il avait encore quelque chose pour boire.
Lapaume, a trouvé à redire à quelques-unes de ces traductions, et il a publié à ce sujet un bon article critique intitulé : Un mot de plus sur Montaigne 24.
Puis je me suis mis à songer, non sans tristesse, à ce qu’il a fallu d’efforts, de bégayements, pour amener et rendre possible sur notre scène cette reproduction à peu près fidèle ; je repassais dans mon esprit et ces anciens combats et ces discussions si animées, si ferventes, dont rien ne peut rendre l’idée aujourd’hui ; ces-études graduelles qui faisaient l’éducation de la jeunesse lettrée, et par où l’on se flattait de marcher bientôt à une pleine et originale conquête ; je me redisais les noms de ces anciens critiques si méritants, si modestes et presque oubliés, de ces précepteurs du public qui, tandis que les brillants Villemain plaidaient de leur côté dans leur chaire, eux, expliquaient dans leurs articles et serraient de près leur auteur, le commentaient, pied à pied avec détail ; les Desclozeaux, les Magnin nous parlant dans le Globe, dès 1826 ou 1828, de ces pièces admirables dont bientôt nous pûmes juger nous-mêmes sous l’impression du jeu de Kean, de Macready, de miss Smithson, et nous en parlant si bien, dans une note si juste, si précise à la fois et si sentie.
Il est curieux, en le lisant, de voir à quel point la pensée de s’enquérir du fond, l’idée de critique et d’examen est loin de son esprit ; il ne se pose pas un seul instant cette question philosophique et morale de la vérité, de la certitude, la question de Pascal ; Louis Legendre est un rhétoricien ecclésiastique ; il veut faire son chemin par son talent, et il le fera : « Quand je vins à Paris, dit-il, j’avais beaucoup de pièces faites, néanmoins j’étais résolu non seulement d’y retoucher, mais de les refaire entièrement quand j’aurais entendu ceux des prédicateurs qui avaient le plus de réputation.
Pour comprendre un tableau et se bien représenter le genre de talent qui l’a conçu et exécuté, on n’est pas un peintre ; pour comprendre l’idée et l’exécution d’une action de guerre, on n’est pas un général : on reste un critique ; l’essentiel est de l’être avec le plus d’ouverture autour de soi et le plus d’étendue qu’on le peut.
En les indiquant sans les nommer, Vaugelas les salue encore avec respect et les appelle nos maîtres ; car il est toujours poli jusque dans sa contradiction et dans la critique qu’il fait des personnes et des auteurs.
Il y a quelques mois (le 15 décembre dernier) la Revue des Deux Mondes insérait cette comédie ou étude dramatique qui a été lue avec intérêt, dont se sont occupés quelques critiques compétents et qui m’a laissé un agréable souvenir.
Ces esprits prévenus, en s’avisant de contester contre toute évidence l’authenticité des Mémoires de Mme Roland, n’avaient persuadé personne et n’avaient réussi qu’à faire douter d’eux-mêmes et de leur sens critique.
Mais il est un point que j’ai à cœur moi-même de maintenir, nonobstant les critiques que j’ai été ou que je serai amené à faire à l’occasion des passages réintroduits dans le texte ou des lettres retrouvées : c’est la grâce de la femme chez Mme Roland.
Je ferai tout ce qu’il me dira, et on verra ce qui en résultera. » Vouloir et ne pas vouloir, s’abandonner et ne pas se confier, retirer au moral ce qu’on accorde en fait, triste rôle, rôle de perdition à certains moments critiques et aux heures où toute résolution est décisive !
On peut même dire que pour un grand nombre d’esprits, et de bons esprits, la question d’authenticité ou de non-authenticité qui a été soulevée pour une partie de ces lettres n’est plus douteuse et qu’elle a été tranchée par les derniers travaux venus d’Allemagne, ainsi que par les critiques français qui s’en sont faits chez nous les introducteurs et dont quelques-uns y ont ajouté.
Son Histoire des Moines d’occident, si éloquente qu’elle soit, montre d’ailleurs à quel point il sait se passer de critique.
Lafon a l’extrême obligeance de nous communiquer, vient à l’appui pour nous montrer que le poëte populaire entend peu la question comme la voudraient poser les critiques érudits, et qu’il n’est pas, comme il s’en vante presque, à la hauteur du système.
Nous autres critiques qui, à défaut d’ouvrages, nous faisons souvent des questions (car c’est notre devoir comme aussi notre plaisir), nous nous demandons, ou, pour parler plus simplement, Messieurs, je me suis demandé quelquefois : Que serait-il arrivé si un poëte dramatique éminent de cette école que vous m’accorderez la permission de ne pas définir, mais que j’appellerai franchement l’école classique, si, au moment du plus grand assaut contraire et jusqu’au plus fort d’un entraînement qu’on jugera comme on le voudra, mais qui certainement a eu lieu, si, dis-je, ce poëte dramatique, en possession jusque-là de la faveur publique, avait résisté plutôt que cédé, s’il n’en avait tiré occasion et motif que pour remonter davantage à ses sources à lui, et redoubler de netteté dans la couleur, de simplicité dans les moyens, d’unité dans l’action, attentif à creuser de plus en plus, pour nous les rendre grandioses, ennoblies et dans l’austère attitude tragique, les passions vraies de la nature humaine ; si ce poëte n’avait usé du changement d’alentour que pour se modifier, lui, en ce sens-là, en ce sens unique, de plus en plus classique (dans la franche acception du mot), je me le suis demandé souvent, que serait-il arrivé ?
Un critique ingénieux, et certes compétent en fait de délicatesse, M.
En histoire, en philosophie, en critique, il y eut aussi une formation essentielle à cette époque, y trouvant son progrès, son accroissement, sa culture.
VII Les peuples enfants veulent des récits merveilleux, mais sans critique, comme ceux d’Hérodote.
. : il montrait combien l’ignorance des sources, le manque de science et de critique, l’inintelligence de la vie du passé, le goût romanesque, la rhétorique, l’esprit philosophique, avaient partout déformé l’histoire : combien froides et fausses étaient toutes ces annales, où avortaient vite quelques bonnes intentions d’exactitude.
Le moment, pour la critique, d’embrasser ce puissant talent dans son cours, et de le pénétrer dans sa nature, n’est pas venu, selon moi ; il faut le laisser courir encore.
J’engage les curieux à relire le passage qui commence par ces mots : « Dites-moi pourquoi, détestant la vie, je redoute la mort… » et qui finit par ces mots : « J’avoue qu’un rêve vaudrait mieux. » Un critique anglais, au moment où les Lettres parurent à Londres, remarquait avec justesse que Mme Du Deffand semble avoir combiné dans la trempe de son esprit quelque chose des qualités des deux nations, le tour d’agrément et la légèreté de l’une avec la hardiesse et le jugement vigoureux de l’autre.
« Rousseau avait l’esprit voluptueux. » a dit un bon critique ; les femmes jouent chez lui un grand rôle ; absentes ou présentes, elles et leurs charmes, elles l’occupentc, l’inspirent et l’attendrissent, et il se mêle quelque chose d’elles à tout ce qu’il écrit : Comment, dit-il de Mme de Warens, en approchant pour la première fois d’une femme aimable, polie, éblouissante, d’une dame d’un état supérieur au mien, dont je n’avais jamais abordé la pareille…, comment me trouvai-je à l’instant aussi libre, aussi à mon aise que si j’eusse été parfaitement sûr de lui plaire ?
» Il a résumé toute sa théorie à cet égard dans ce mot si souvent cité, et qui, déjà dit par d’autres13, restera attaché à son nom, comme au nom de celui qui était le plus digne de le trouver et de le dire : « Les grandes pensées viennent du cœur. » Comme critique littéraire, et dans les jugements qu’il porte au début sur les écrivains qui ont été le sujet favori de ses lectures, Vauvenargues n’est pas sans inexpérience : sur Corneille, dont l’emphase lui répugne jusqu’à lui masquer même les hautes beautés, sur Molière dont il ne sent pas la puissance comique, Voltaire le redresse avec raison, avec une adresse de conseil délicate et encore flatteuse : Vauvenargues reprend ses avantages quand il parle de La Fontaine, de Pascal ou de Fénelon.
Il devait juger mieux de Polybe, chez qui le fond l’emporte ; un critique d’un vrai mérite (M.
Il s’amuse lui-même, dès qu’il a quitté Rulhière, à lui faire l’application de sa propre méthode, et à tirer sur lui un jugement dans lequel il entre un grain de critique et d’ironie.
Sautelet, qui avait pris le même parti et qui y persévérait, ayant recueilli en 1829 les Œuvres complètes de Paul-Louis Courier, demanda à Carrel une notice qui est un des bons morceaux de la littérature critique de cette époque.
Courier, qui n’a vu de la guerre que ce côté désastreux et cette lisière délabrée, juge par là de tout le reste : C’est là néanmoins l’histoire, écrit-il au docte critique Sainte-Croix, l’histoire dépouillée de ses ornements.
Tout le monde favorise la reine de ses vœux ; elle a tous les cœurs, elle a même bien des bras, et cependant elle va être vaincue en un clin d’œil : « Dieu le permit ainsi à mon avis, dit Richelieu, pour faire voir que le repos des États lui est en si grande recommandation qu’il prive souvent de succès les entreprises qui le pourraient troubler, quoique justes et légitimes. » Parlant du rôle de Richelieu en cet instant critique, quelques hommes du temps l’ont accusé d’avoir trahi les intérêts de la reine mère et des confédérés ; le duc de Rohan, ce grand fauteur de guerres civiles, l’accuse d’avoir exprès conseillé à la reine, dans une ville tout ouverte, cette défense tremblante.
Pendant que je suis en train de l’étudier et de chercher encore moins à le juger qu’à le définir, je rencontre, au chapitre des « Jugements téméraires », cette remarque qui s’applique à nous autres critiques moralistes, et qui est faite pour nous modérer dans nos conjectures.
Au point de vue de l’État, il peut y avoir quelquefois danger dans le sens de cette tolérance trop confiante et trop absolue : cela parut bien, du temps de Marguerite, à cette heure critique où la religion de l’État, et, partant, la constitution d’alors, faillit être renversée.
Mercredi 31 mars Je ne sais qui disait hier, que les hommes de lettres ayant une originalité sont rencoignés et renforcés dans leur originalité par la critique, qui fait d’eux des espèces de types exagérés, sur lesquels ils sont condamnés à se modeler aveuglément, tout le reste de leur vie — et il citait Mérimée.
Nous supposerons donc que tous les vers sur lesquels portera notre critique sont récités et non pas écrits.
le bizarre procédé de critique !
Cela ne l’empêcha pas de compter parmi ses plus solides amis Théophile Gautier, qui domina la critique dramatique précisément pendant la période de floraison d’Émile Augier.
Ils pourroient dire ce que Quintilien répond pour les poëtes latins aux critiques qui auroient voulu exiger des écrivains latins, qu’ils plussent autant que les écrivains grecs.
Une fois le moment critique passé, la trame sociale se relâche, le commerce intellectuel et sentimental se ralentit, les individus retombent à leur niveau ordinaire.
Je ne suis ici que critique ; mon unique but était de prouver que M.
Vous avez, comme tout le monde, une canne à la main, la critique : qu’elle vous suffise.
La philosophie du xviiie siècle est « toute critique ». […] Autrement dit, si Fourier avait commencé par sa critique et continué par sa réédification, il aurait suivi exactement la marche de Rousseau du Discours sur les arts au Contrat social. Sa critique de la civilisation est à peu près complète, et ne laisse rien subsister de ce que nous avons accoutumé d’appeler ainsi. […] Comte répétait que la liberté était une idée toute négative, et que l’erreur des hommes de 89 avait été de : « vouloir convertir les principes purement critiques en une sorte de conception organique ». […] C’est qu’aussi Quinet est un très bon théoricien religieux et très bon critique des choses religieuses ; et ce n’est que quand il veut faire rentrer toute l’histoire civile dans l’histoire religieuse qu’il est singulièrement hasardeux.
Byvanck a publié sur François Villon des études critiques dont nos villonistes font grand cas et qui témoignent d’une profonde connaissance de notre vieille langue et de notre vieille littérature. […] Et c’est une allusion à la publication récente du volume de Verlaine, Bonheur, où le poète critique les essais des jeunes. […] Il ne faut pas que le journaliste, qui en écrira la critique, hésite un seul instant sur la position qu’il prendra à son égard, et surtout il ne doit pas douter que le livre surpasse sa faculté de compréhension : si tel est le cas, le livre est perdu. […] Savez-vous que la critique est plus difficile que l’art, parce qu’on ne sait jamais à qui on parle et à quel niveau il faut se mettre, tandis que l’artiste n’a qu’à s’occuper de lui ? […] Lorsqu’il commença à appliquer la critique aux origines du christianisme, le public ne comprit rien à son véritable sentiment.
Chez nous, Mme de Sévigné l’a écrasé d’un mot, pour avoir osé critiquer Voiture : « Corbinelli, dit-elle59, abandonne le chevalier de Méré et son chien de style, et la ridicule critique qu’il fait, en collet-monté, d’un esprit libre, badin et charmant comme Voiture : tant pis pour ceux qui ne l’entendent pas ! […] Je soumets ces observations à la critique attentive des deux excellents biographes MM. de Monmerqué et Walckenaer, qui ont dès longtemps comme la haute main sur ce beau domaine de notre histoire littéraire.
Elle l’accueillit comme sa propre gloire et voulut le venger des critiques jalouses des Toscans et des Romains, exprimés avec mépris dans un jugement de l’Académie florentine de la Crusca, contre la Jérusalem. […] XIV M. de Chateaubriand l’a jugé avec plus de sévérité que nous, parce qu’il était peut-être plus critique et moins poète que le Tasse.
Mais, académiquement, vous êtes trop fier de votre néant, pour que je puisse vous répondre par des critiques. […] Le néant n’a pas de rival, et la critique ne mord pas sur rien.
Cependant après une pause, le frère, souvent mentionné pour son érudition, et très versé dans la critique, déclara qu’il avait trouvé dans un certain auteur, qu’il ne nommerait pas, que le mot de frange écrit dans le testament, signifiait aussi un manche à balai13 ; et que sans aucun doute c’était le sens de ce mot dans ce paragraphe. […] Il faut un aliment à la critique.
Critique philosophique, 6 décembre 1877, p. 300. […] C’est donc « au moyen de la sensibilité que des objets nous sont donnés, et elle seule nous fournit des intuitions » (Critique de la Raison pure, t. 1.
Ceux-là n’ont pas à se faire lentement, oreille par oreille, leur auditoire étroit et difficile, à conquérir, cœur par cœur, leur pénible renommée, à subir la critique et le dénigrement de leur siècle, pour jouir de cette renommée pendant quelques heures du soir de leur vie, et pour arriver bien vite, avec un nom déjà posthume, avant leur mort, à l’oubli définitif d’un froid tombeau. […] La critique historique, vraie, arrive avec le temps ; elle souffle sur toutes ces vérités de convention, inventées par les factions régnantes à leur usage, et elle plaint le grand poète qui leur a prêté un jour son génie.
On ne doit point au reste exiger des critiques une injustice aussi basse que la flatterie ; mais il est au moins permis de les exhorter à distinguer l’ouvrage et l’auteur. […] Je puis protester au moins de n’avoir voulu appliquer à aucun en particulier les réflexions critiques qu’on pourra trouver dans cet écrit ; si, contre mon intention, quelqu’un croyait s’y reconnaître, je n’aurais d’autre réponse à lui faire que celle de Protogène à Démétrius ; je ne puis croire que vous fassiez la guerre aux arts ; car une protection mal entendue, est une véritable guerre qu’on fait aux talents.
L’historien… Je cite encore : « Sa philosophie historique est tout aussi élémentaire, et osons le dire, ne supporte pas mieux l’examen… » Il nous semble en effet inutile d’insister sur la valeur d’une critique historique pour laquelle les hommes sont semblables à ces figures inertes que fait mouvoir sur un échiquier, qui serait le monde, la main d’un joueur, qui serait Dieu. […] N’est-il pas stupéfiant d’entendre dire à tel de ces critiques « membre du conseil supérieur de l’instruction publique » que « sa gloire si pure doit toujours rester une des religions de la France » ?
Le plus pénétrant des critiques de Fechner, M. […] JAMES, Le sentiment de l’effort (Critique philosophique, 1880, tome II).
Écoutons-le, écoutons l’homme qui a vu de plus près Louis XVI au dernier moment critique de la royauté et dans toute sa faiblesse : On a appelé anarchie, dit-il, la situation de la France en 1792 ; c’était tout autre chose.
Southey, poète et critique, avait publié en 1835 une ample biographie de Cowper en tête d’une édition des œuvres ; on réimprime le tout aujourd’hui.
Ce général, connu alors par sa belle conduite dans les îles et par ses exploits maritimes, et qui un jour, dans les circonstances les plus critiques, fera tout pour sauver Louis XVI, avait vu Frédéric à Berlin et aux revues de Silésie, et lui avait plu, avait gagné son estime.
Certes, si on lisait avec un peu d’attention et de critique, si l’on se donnait la peine de comparer et de raisonner à propos de lectures auxquelles on ne demande qu’une heure de distraction et de délassement, on arriverait à une conviction personnelle très motivée, et qui dispenserait (au moins pour soi, simple lecteur) de beaucoup d’autres recherches.
Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté Tomes iii et iv 45· Lundi, 30 mars 1857· J’ai précédemment parlé dans Le Moniteur 46 des deux premiers volumes de cet ouvrage : la lecture des deux derniers qui viennent de paraître, et qui complètent la publication du journal de Le Dieu, suggère quelques réflexions qu’il est impossible à la critique de dissimuler.
Mais vous ne pouvez certainement vous attendre qu’un si grand événement se passe sans critique : il conviendrait mal à mon amitié de vous flatter sur ce chapitre.
Elle voyagea l’année suivante en Hollande et prit la résolution de mettre son fils (car elle avait un fils de son mari) à l’Université de Leyde, pour y suivre ses études et les y faire meilleures qu’en France ; cette résolution fit beaucoup jaser et prêta à la critique.
Celle-ci, durant son séjour en Angleterre, ne vit pas seulement les gens du monde et de la haute société, elle voulut connaître les savants, et l’on a le récit de sa visite au grand critique d’alors, à la fois homme de goût et roi des cuistres, à cet original de Samuel Johnson ; je donne l’historiette telle qu’on la lit dans la Vie du célèbre docteur par son fidèle Boswell ; il la tenait lui-même de la bouche de M.
M. de Harlay, serviteur zélé du monarque, portait plus qu’aucun prélat de ce temps le poids et la responsabilité de la Déclaration du Clergé ; les critiques qu’elle souleva au premier moment lui attirèrent des injures personnelles, des libelles sans nombre.
Nous laissons à ceux qui ont plus de loisir que nous le soin de démêler le vrai du faux, là où un véritable esprit de critique n’a point encore passé.
) » Du même Jouy, il disait encore : « Pour lui, il ne sait jamais s’il a bien ou mal fait ; il écoute toutes les critiques et efface tout ce qu’on veut.
Dans ce rôle d’observateur et de critique, il était tout à fait à son avantage.
L’improvisation brillante du plus ingénieux de nos critiques se redisait, sans y songer, sa propre louange à elle-même.
Nous regrettons qu’une contradiction aussi directe, et partie d’un écrivain qui s’appuie à des autorités imposantes, nous oblige à pousser plus avant encore et à développer quelques-uns de nos motifs ; car, quoi que le critique ait pu dire, nous n’avions aucun parti pris à l’avance contre un esprit aussi charmant que celui de Benjamin Constant.
Il y a en critique, comme dans la vie, une fidélité à ses anciennes relations qui est utile et douce autant qu’obligée.
On est tenté de croire que le critique, lui du moins, n’a pas d’autre mesure ; mais cela ne lui est point possible, quand il le voudrait.
Duruy est surtout original en ceci, qu’à la scrupuleuse critique d’un savant moderne il joint constamment le souci moral d’un historien antique.
Quant au troisième, tout en faisant cas de sa doctrine, il le critique pour avoir dit que l’ordre de généralité décroissante est celui dans lequel se produisent historiquement les sciences.
Toutes ces critiques s’adressent aux caracteres et à la donnée de la pièce ; le talent n’est pas en cause ; on ne saurait lui reprocher que les excès qu’il commet.
Le critique ne doit point avoir de partialité et n’est d’aucune coterie.
Ce portrait de Fontenelle par La Bruyère est pour nous une grande leçon : il nous montre comment un peintre habile, un critique pénétrant, peut se tromper en disant vrai, mais en ne disant pas tout, et en ne devinant pas assez que, dans cette bizarre et complexe organisation humaine, un défaut, un travers et un ridicule des plus caractérisés n’est jamais incompatible avec une qualité supérieure.
Sans compter le plaisir désintéressé qu’il y a à revivre quelque temps en idée dans cette compagnie choisie, je répondrai avec une parole de Goethe, le grand critique de notre âge : Ce serait, dit-il en parlant de Mme de Tencin, une histoire intéressante que la sienne et celle des femmes célèbres qui présidèrent aux principales sociétés de Paris dans le xviiie siècle, telles que Mmes Geoffrin, Du Deffand, Mlle de Lespinasse, etc. ; on y puiserait des détails utiles à la connaissance soit du caractère et de l’esprit français en particulier, soit même de l’esprit humain en général, car ces particularités se rattacheraient à des temps également honorables à l’un et à l’autre.
C’est aux critiques nés de l’autre côté de la Loire de suivre plus en détail cette étude de la langue de Jasmin et des questions piquantes qui s’y rattachent.
Unis en 1802, compagnons d’armes dans le même combat, dans la même cause de la renaissance littéraire et religieuse, Chateaubriand salua du premier jour la Législation primitive dans deux articles de haute critique insérés au Mercure ; et on a vu comment Bonald, à cette époque, comparait la vérité glorifiée par Chateaubriand à une reine.
Lorsque les Mémoires de Mme de Motteville parurent pour la première fois en 1723, les journalistes et critiques du temps, en y louant le ton de sincérité, jugèrent qu’il y avait trop de détails minutieux, trop de petits faits.
Necker n’a pas laissé moins de quinze volumes d’Œuvres ; je ne conseille pas à tous d’en aborder la lecture ; c’est au critique de prendre ce soin, et, en lisant bien, de choisir ce qui peut définir l’homme, soit au moral, soit dans sa forme et son esprit littéraire ; car M.
Le critique anglais Vernon Lee a émis une théorie analogue dans son Euphorion.
Malone, critique et blanchisseur de Shakespeare, mit une couche de plâtre sur son visage et de sottise sur son œuvre.
Un jour, il y a trente-cinq ans, dans une discussion entre critiques et poètes sur les tragédies de Voltaire, l’auteur de ce livre jeta cette interruption : « Cette tragédie-là n’est point de la tragédie.
Doyen a été suffisamment vengé de ses critiques par le suffrage public et le témoignage honorable de son académie qui sur son tableau l’a nommé adjoint à professeur.
Là est le devoir pour la Critique.
Pour définir sa méthode et son état d’esprit, son culte ou sa culture du moi, il trouve une quantité d’expressions pleines d’esprit : « Réjouissez-vous, écrit-il à ses parents, mais non d’une joie de primitif, à la façon des Boches, d’une joie critique. » Un autre jour, voulant indiquer la monotonie des journées et des heures et son repos quasi-monastique d’esprit, il écrit : « Je jouis du sentiment de la continuité. » Et encore : « J’étais fait pour cette vie aventureuse… Je jouis de l’exercice voluptueux de ma volonté. » Son refrain dans cette dure vie ne varie pas un instant.
Au bout de nos réfutations comme au début de nos critiques, nous trouvons le même homme, entravé et puissant, exclu de la vérité et voisin de la vérité.
Eugène Marsan, attaché aujourd’hui à la Revue critique des Idées et des Livres, — Nouvelle librairie nationale, — 85, rue de Rennes, Paris sixième. […] Entendons-nous, je ne le plains pas seulement comme critique littéraire, comme historien littéraire, comme lecteur littéraire, ce qui n’a en effet qu’une importance relative. […] Emportés par le courant, tout occupés, tenus par l’astreinte et par le foisonnement de la vie nous ne nous sommes pas aperçus que c’est vers 1895, (nous avions vingt-cinq ans), que nous passâmes le point critique. 1894 ; 1895 ; 1898. […] Mais nous avions bien autre chose en tête, nous avions bien autre chose à faire, une folie nous dévorait, qu’à voir que nous passions par-dessus des points critiques. […] Aussi nos historiens de la littérature et nos critiques nous enseignaient-ils que c’était un mot emprunté au jargon du temps, au jargon amoureux.
En esthétique comme en métaphysique, la critique de Kant a devancé sur plus d’un point l’empirisme anglais. […] De nos jours, combien d’écrivains dont chacun connaît les noms, combien de romanciers ou de critiques, après avoir commencé par le vers, l’ont presque abandonné plus tard35 ? […] (Critique philosophique, 4e année, I, 304.) — Nous aurons à rechercher précisément s’il peut y avoir une vive émotion esthétique en dehors de toute vérité, de toute réalité, et même de toute utilité. […] Renouvier, Études esthétiques (Critique philos. […] Gurney critique avec raison certaines exagérations de théorie (The Power of Sound, 441).
La brièveté de nos louanges, comme l’étendue de nos critiques, est une preuve de notre estime et de son talent. […] Imaginons enfin qu’ils appliquent au livre tous les doutes de la critique et de la logique. […] Il n’est pas un écrivain du grand siècle qui ne puisse être renouvelé aux yeux du public par ce genre de critique ; c’est celle dont M. […] Il faut être observateur de profession, critique par exemple, ou bien encore homme d’affaires pour s’y trouver bien. […] Il nous est bien difficile de nous dégager de nos habitudes critiques et sceptiques pour comprendre ce qui se passe dans ces têtes bizarres.
Mais avant d’aller plus loin il importe de nous assurer que notre thèse jusqu’ici ne donne pas prise à la critique. […] L’attention des théoriciens et des critiques s’est en général portée trop exclusivement sur les effets pathétiques de la poésie. […] La volonté, l’intelligence, le goût critique interviennent donc de quelque manière, autant qu’il le faut pour stimuler et utiliser au mieux le travail spontané de l’imagination. […] Nulle critique ne saurait être plus grave, si celle-là était fondée. […] Je voudrais répondre à une critique qu’on lui a adressée.
Quand on l’a connu, il est évident qu’il n’aurait jamais consenti à assembler les notables, et encore moins les États généraux ; et que, si l’on suppose des circonstances critiques, il n’aurait pas balancé, pour le rétablissement de l’ordre, à prendre les plus violents partis et à y persévérer.
M. de Chateaubriand, par exemple, qu’il eut occasion de voir vers l’époque d’Atala et du Génie du christianisme, et à qui il adressa de belles observations critiques dans son Ministère de l’homme-esprit (observations que M. de Chateaubriand ne lut jamais), n’avait gardé de Saint-Martin qu’un souvenir inexact et infidèle ; il lui est arrivé de travestir étrangement, dans un passage des Mémoires, la rencontre qu’il eut avec lui ; et lorsqu’il eut été averti par moi-même que Saint-Martin avait parlé précisément de cette rencontre et en des termes bien différents, il ne répara qu’à demi une légèreté dont il ne s’apercevait pas au degré où elle saute aujourd’hui à tous les yeux.
En vain ces mêmes rivaux s’obstinent à l’assiéger avec des épigrammes injurieuses, des satires infâmes, des critiques insolentes, on ne peut réussir à lui faire démentir ce caractère de douceur, de modestie et de charité, vertus qui lui sont plus précieuses que la réputation de ses ouvrages.
Je doute cependant que tous liens de la sorte (comme il les appelle) finissent aussi misérablement que la liaison de son héros et de son héroïne. » C’est là encore la critique à faire du livre ; il est d’une tristesse misérable et d’exception ; Adolphe reste une anecdote particulière, admirablement analysée et racontée, mais le héros n’a pu arriver à être un type.
Le tour de sévérité caustique et critique que j’ai indiqué chez la maréchale était (il faut le croire, puisque tout le monde l’atteste), exempt de raideur et accompagné de tout agrément en sa personne.
Toutes ne sont pas d’égal prix, et quelques-unes même ne résisteraient pas à une discussion précise, à un examen critique rigoureux.
Et nous autres, critiques de profession, faisons les fiers et les entendus après cela !
Je ne sais pas d’exemple plus propre à marquer la difficulté de condition qui est faite dorénavant aux poètes modernes, condition la plus opposée à celle des poètes de l’Antiquité, lesquels, avant l’institution de la critique, avaient pour eux et en faveur de leurs créations les bruits, les fables, les erreurs répandues dans l’air, pourvu qu’elles fussent touchantes et de nature à exciter l’intérêt.
Certes, tu n’es pas fait pour manquer d’aucune, ni de rien de ce qui appartient à une âme forte et supérieure : ne te laisse donc pas entraîner par l’excès même du courage vers le but où mènerait aussi le désespoir. » D’après tous ces passages, on voit que s’il y a quelque emphase, elle est rachetée aussitôt par bien des mérites, par des délicatesses infinies dépensées, et que la Romaine en Mme Roland n’a pas absolument la roideur du bas-relief ; elle est touchante, elle est Française encore, elle est femme, et c’est par l’ensemble de ces qualités réunies que les quatre Lettres retrouvées restent, toutes critiques faites, une acquisition hors de prix pour la littérature.
Tepin a vu sa découverte partout accueillie, tant il y a complaisance, mollesse, absence de critique chez des esprits même qui passent pour sérieux.
Mais il n’avait pas su profiter de cette chance unique, il avait manqué à la belle mission qui lui était échue par le bénéfice du temps ; et après lui avoir représenté les contradictions flagrantes dans lesquelles le plaçait sa démarche, le ton et le caractère de ses anciens écrits qui juraient du tout au tout avec ce dernier acte, la palinodie qu’il semblait s’être réservée pour son chant du cygne, André Chénier lui traçait en regard le canevas de la véritable lettre qu’il aurait dû écrire, lettre sévère et digne, qui eût pu contenir un examen critique et judicieux de la Constitution, sans rien rétracter, sans rien démentir des principes.
Le bronze des Tuileries (moulé par Primatice pour François 1er) le représente tel qu’il fut trouvé, avant les restaurations. » — Ainsi parle la critique éclairée et réfléchie (la lettre, y a-t-il indiscrétion à le dire, est de M.
Cependant l’absence habituelle où Lamartine vécut loin de Paris et souvent hors de France, durant les dernières années de la Restauration, le silence prolongé qu’il garda après la publication de son Chant d’Harold, firent tomber les clameurs des critiques qui se rejetèrent sur d’autres poëtes plus présents : sa renommée acheva rapidement de mûrir.
Il ne pouvait s’empêcher presque chaque fois, dans ses articles très-peu critiques, de revenir à la poésie et aux souvenirs émus de ses jeunes années, aux principaux noms romantiques qui lui étaient restés chers : mon nom, à moi-même, y trouvait souvent son compte, et son amitié pour moi, à travers l’éloignement et l’absence, n’a jamais varié.
Il aurait souhaité voir cette pitié ennoblie par un sentiment plus doux et plus élevé, et la résignation chrétienne du Lépreux l’eût mille fois plus attendri que son désespoir. » — Ce discours dans la bouche de l’ami prendra de la valeur et deviendra plus curieux à remarquer, si l’on y croit reconnaître un écrivain bien illustre lui-même et qu’on a été accoutumé longtemps à considérer comme l’émule et presque l’égal du comte Joseph, plutôt que comme le critique et le correcteur du comte Xavier36.
Le comte de Ségur Les écrivains polygraphes sont quelquefois difficiles à classer ; s’ils se sont répandus sur une infinité de genres et de sujets, sur l’histoire, la politique du jour, la poésie légère, les essais de critique et les jeux du théâtre, on cherche leur centre, un point de vue dominant d’où l’on puisse les saisir d’un coup d’œil et les embrasser.
Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) I Le personnage vraiment historique, mais froid et déclamatoire, de madame Roland, m’apparaît sous un aspect plus juste à l’heure de sa mort.
Par deux fois il est amoureux, je dis follement amoureux, et ce n’est guère le fait d’un homme qui vit les yeux fixés sur le féroce testament de son père et que l’exercice de l’esprit critique, le détachement supérieur et le scepticisme transcendental auraient dû empêcher d’aimer de cette façon et à ce degré.
Molière a donc cette fois la véritable initiative, il aborde la critique des mœurs contemporaines, il y exerce son propre esprit d’observation, il est lui-même et doit fort peu aux autres.
Les syndicats n’y peuvent rien, ni les camaraderies de la critique.
Dumas, par sa nouvelle pièce, vient de lancer une sorte de défi au public ; la critique doit le relever avec lui.
La bonté de votre âme est pour les autres aussi bien que pour Dieu, car vous êtes commode, point critique, et si peu porté à juger mal, que je crois que votre bonté pourrait même quelquefois duper votre esprit.
Les esprits durs, rustiques, sauvages et fanatiques, sont exclus de l’urbanité ; le critique acariâtre, fût-il exact, n’y saurait prétendre.
Un de mes honorables confrères en critique m’a devancé dans le Journal des débats 10, en commençant à parler de Camille Desmoulins, mais il n’a pas encore dit son dernier mot.
la décence de sa conduite dans des circonstances si critiques ?
Cette dernière publication diplomatique mériterait un examen particulier, et elle appelle une critique impartiale.
Marmontel qu’il faut toujours citer quand il ne s’agit que de tableaux de société et de critique littéraire, et qui, dans cet ordre d’idées, nous offre le type excellent du talent secondaire le plus distingué, a jugé Mme Necker dans une page à laquelle il n’y a rien à ajouter ni à retrancher.
J’ai été à tant de batailles, de sièges et de combats, dont j’ai rapporté onze blessures, que j’en pourrais faire des relations et des critiques judicieuses pour l’instruction des gens de guerre.
Il n’y trouva que l’officier de service, et c’est en ce moment qu’il dut, en ces circonstances critiques, improviser toute une organisation avec des moyens épars que la plus souveraine imprévoyance semblait avoir pris d’avance à tâche d’affaiblir.
Fréret, esprit ferme, judicieux, sagace, le prince des critiques en histoire, veut rétablir sur des bases sûres ou probables l’antique chronologie, et il se trouve en présence de divers témoignages qu’il compare et qu’il discute.
Certains devraient se donner cette fonction d’annuler, par une critique impitoyable, le travail des imitateurs, grattage et lavage.
En critique littéraire, il distribua impartialement ses attaques entre les romantiques, les caudataires de Goethe, l’école de Ruckert, les partisans de l’ancienne littérature allemande, les hellénisans, les disciples de Victor Hugo et Victor Hugo lui-même.
S’il m’arrive d’un moment à l’autre de me contredire, c’est que d’un moment à l’autre j’ai été diversement affecté, également impartial quand je loue et que je me dédis d’un éloge, quand je blâme et que je me dépars de ma critique.
Voilà pourquoi quelques critiques ont pensé qu’il étoit comme impossible de faire un poëme épique françois de dix mille vers qui réussît.
Il s’est décoré, — non pas publiquement, il est lâche, — mais auprès de quelques niais, d’un nom qu’il a volé et d’une réputation qui appartient légitimement à un autre : Il laisse entendre qu’il fait la critique dramatique du Figaro , sous le pseudonyme de Jouvin.
Rodenbach d’avoir précisé en moi un sentiment que je possédais obscurément sans pouvoir le formuler, et de me fournir l’occasion d’une critique d’ensemble, en publiant ce suggestif volume : Les Vies encloses.
XI C’est dans ces traités ou dialogues sur la rhétorique, sur l’orateur, que l’esprit aussi critique que créateur de Cicéron donne sur les différents styles oratoires les préceptes qui gouverneront éternellement l’expression de la pensée humaine. […] Mais laissons un moment Cicéron orateur et critique, et voyons Cicéron écrivain et philosophe.
Après avoir été dans l’Apologie un biographe exact et précis, il n’a pas craint, malgré son pieux respect pour la mémoire de Socrate, de commencer cette légende dans le Banquet, dans le Théétète, et ailleurs ; son imitateur, l’auteur du Théagès, y a ajouté quelques traits ; puis sont venus les auteurs inconnus184 auxquels Cicéron, Diogène Laërce et Plutarque ont emprunté des anecdotes aussi puériles que merveilleuses ; bientôt l’interprétation prend des allures alexandrines, et tout esprit critique a disparu des intelligences avant que le merveilleux socratique ait été l’objet d’une exégèse scientifique185. […] Fouillée que des critiques de mots.
Donc, permettez-moi de nommer celui chez qui Victor Hugo lui-même a découvert « un frisson nouveau », celui qui dans sa prose d’artiste a deviné la suggestion d’Eugène Delacroix, la suprématie de Richard Wagner : ce critique-là sera mon poète ; et sans remords, je tiens à voter pour Baudelaire. […] Par l’universalité du lyrisme, — dans son œuvre poétique énorme : ses romans : Notre-Dame de Paris, Les Misérables, l’Homme qui rit ; sa critique : William Shakespeare ; ses drames : Les Burgraves, Hernani — il occupe le premier rang.
Ce n’en sont pas moins des fables, que des esprits critiques accepteront souvent en fait, comme nous l’avons vu, mais qu’en droit ils devraient rejeter. […] Ils le deviendront facilement, leur forme sera prédisposée à se remplir de cette matière, s’ils dessinent déjà des visions, des extases, suspendant la fonction critique de l’intelligence.
La critique n’est point née ; l’autorité pèse encore par toute la moitié de son poids sur les esprits les mieux affranchis et les plus téméraires. […] Montons plus loin et plus haut, à l’origine des choses, parmi les êtres éternels, jusqu’aux commencements de la pensée et de la vie, jusqu’aux combats de Dieu, dans ce monde inconnu où les sentiments et les êtres, élevés au-dessus de la portée de l’homme, échappent à son jugement et à sa critique pour commander sa vénération et sa terreur ; que le chant soutenu des vers solennels déploie les actions de ces vagues figures, nous éprouverons la même émotion que dans une cathédrale quand l’orgue prolonge ses roulements sous les arches, et qu’à travers l’illumination des cierges les nuages d’encens brouillent les formes colossales des piliers. […] C’est que son poëme, ayant supprimé l’illusion lyrique, laisse entrer l’examen critique.
Je voudrais, d’après cette méthode critique, analyser l’œuvre de quelques femmes poètes et montrer que, par leur poésie, elles créent en elles, et projettent devant elles, comme les méduses des grandes profondeurs, leur propre lumière. […] Mais comment discuter sérieusement ; les écrivains et les critiques honnêtes ne se placent pour juger une œuvre qu’au point de vue de la famille. […] » s’effraie le critique du Temps : « les moralistes anciens et modernes, Aristote, Platon, Marc-Aurèle, Spinoza, Puffendort, Nicole, E.