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871. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Sait-on d’où vient le nom de la partie des sciences philosophiques qu’on appelle la métaphysique ? […] Lorsque après Richardson fut venu le tour de Laurence Sterne, le mot Sentimental devint tyranniquement à la mode. […] Lorsque vinrent les Romantiques avec leur imagination échauffée, ce fut bien autre chose. […] Dix lignes d’explications seulement, vers la fin du dernier acte, venaient avertir du sens de la parabole. […] Un érudit allemand vient d’en commencer une bibliographie qui comprendra au moins deux volumes.

872. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

On voit assez bien par où il a pu lui venir. […] Brunetière est venu réagir. […] La fatigue vient. […] Il savait au surplus que son heure viendrait. […] Ce petit livre vient à son heure.

873. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Jouffroy.] » pp. 532-533

Les jours de congé venaient encore resserrer les liens de la camaraderie d’étude. […] L’abbé Jouffroy vint dans le même temps rendre visite à mon oncle, et lui lut dans toute la joie de son cœur une lettre du jeune normalien qui battait des deux mains à la chute du tyran. Il s’indignait même à la seule pensée de la résistance de Paris et faisait les plus belles phrases de rhétorique du monde sur le boulet qui viendrait éclater au milieu du musée et détruire les plus beaux chefs-d’œuvre de l’art, etc., etc.

874. (1875) Premiers lundis. Tome III « De l’audience accordée à M. Victor Hugo »

Victor Hugo venait plaider devant le monarque, avec la franchise de son âge, de ses opinions, et un sentiment profondément respectueux de son devoir, comme sujet. […] Et d’ailleurs, si le poète avait rappelé au roi qu’en l’état actuel des esprits, une pièce de théâtre, composée avec conscience et venue d’un certain côté littéraire, ne devait produire, par sa chute ou son succès, qu’un résultat bien étranger assurément à toute passion politique, le roi aurait bien pu, sans doute, à demi-voix et avec un sourire, prononcer ce terrible mot de romantisme ; mais il eût été facile de démontrer à sa bienveillante attention, que ces débats sont au fond bien moins frivoles, même sous le rapport politique, qu’on ne pourrait le penser. […] Puis, quand l’ancienne littérature est partout ; qu’elle occupe les places, les Commissions, les Académies ; que le gouvernement s’en rapporte à ses décisions en toute matière littéraire où il a besoin de s’éclairer ; quand, il y a quelques mois à peine, une pétition, signée de plusieurs auteurs classiques les plus influents, et tendant à obtenir pour eux le monopole du Théâtre-Français, est venue mourir au pied du trône ; n’y aurait-il pas, de la part du gouvernement du roi, peu de convenance et d’adresse à frapper d’interdiction la première œuvre dramatique composée depuis ce temps par un des hommes de la jeune littérature, une pièce avouée d’elle, réclamée par le public, et sur laquelle on veut bien fonder quelque espoir ?

875. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé aux funérailles de M. Stanislas Guyard, Professeur au Collège de France »

Stanislas Guyard, Professeur au Collège de France 9 septembre 1884 Quelle fatalité, Messieurs, que la mort soit venue prendre parmi nous le plus jeune, le plus désigné pour les grandes œuvres, le plus aimé ! […] Nous éprouvâmes tous une sensible joie, quand nous vîmes venir à notre Société asiatique ce jeune homme sérieux, ardent, consciencieux, ami passionné du vrai, ennemi de tout charlatanisme et de toute hypocrisie. […] L’espèce de providence inconsciente qui veille à la destinée des grandes âmes semble faire en sorte que la récompense ne leur vienne que tard et quand elle a perdu son attrait.

876. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Théâtre français. » pp. 30-34

………………………… ………………………… De moi n’est la chose venue : Sa promesse n’a pas tenue…. […] Après, vint Mercure, qui pria Orphée de continuer les doux airs de sa musique, l’assurant que, non seulement les bêtes farouches, mais les étoiles du ciel danseraient au son de sa voix. […] À l’instant, le crapaud tombe du visage de ce jeune homme, qui, suivant l’ordre du pape, vient se jeter aux pieds de son père et de sa mère pour leur demander pardon : et il l’obtient.

877. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

Aïssata qui les voyait venir de loin appela son frère en lui criant : « Voici des cavaliers qui viennent m’enlever ». […] Un jour, une vieille vint le trouver et lui dit : « Tu gaspilles tes guerriers sans résultat. […] Deux hommes viennent pour s’emparer de moi ! 

878. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

René Benjamin, nous voyons Balzac aller et venir. […] Cet antagonisme nécessaire à toute œuvre dramatique vient en dernier. […] « Viens !  […] La philologie et l’histoire ne vinrent qu’ensuite. […] Comment lui sont-ils venus ?

879. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Une place à l’Académie française étant venue à vaquer par la mort de Barbier d’Aucour, simple avocat et littérateur (septembre 1694), le roi témoigna qu’on lui ferait plaisir d’élire M. de Noyon. […] La moitié de son succès était déjà dans le discours qu’on venait d’entendre. […] Le 26 janvier 1695, M. de Noyon était invité à un Marly ; il n’y était jamais venu jusque-là. […] Quelque jugement que l’orateur de la compagnie porte en secret sur celui qu’il est chargé de recevoir, lui eût-il refusé son suffrage, eût-il traversé son élection, fût-il même son ennemi, il doit oublier tout, dès qu’il se trouve à la tête de la société respectable qui vient d’adopter le nouvel académicien. […] Les femmes, à cette date, ne venaient pas encore aux assemblées de l’Académie française.

880. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Mais pourtant, en ce qui est de Shakespeare, la bataille semble bien gagnée en effet ; on vient, on applaudit, on s’intéresse, on frémit de bon cœur, on ne se scandalise plus ; la bataille est gagnée, dis-je ; mais qui nous rendra l’heure brûlante et l’émotion du combat ? […] « Monsieur, après avoir mis Hamlet sur notre théâtre, je viens d’y mettre Roméo et Juliette. […] Mais cet honneur qui vient le saisir ne l’enivre pas ; il le sait et il le dira à merveille dans la première phrase, restée célèbre, de son discours de réception : « Il est des grands hommes à qui l’on succède et que personne ne remplace !  […] on le sait de reste. » Le nom et l’amitié de Thomas viennent sans cesse se mêler dans la pensée de Ducis à ces soins affectueux pour Deleyre. […] On vient d’en donner une édition nouvelle : Lettres sur les animaux par Georges Le Roy, précédées d’une Introduction par le docteur Robinet, (1862).

881. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

A ceux qui me reprochent de trop m’amuser au détail en de semblables sujets, je ne répondrai qu’en redoublant de soin pour laisser à ceux qui viendront après nous le plus de renseignements précis et le plus d’idées vivantes sur un passé déjà si enfui pour nous-mêmes et si lointain dans le souvenir. […] Mais j’ai vu en Angleterre d’admirables tableaux, etc. » Cet éloge de Charlet s’applique bien aux dessins de Gavarni, tant qu’il fut le chroniqueur malin et gracieux du monde élégant et de la jeunesse : une seconde manière viendra, que ne soupçonnait pas Charlet. […] Meyer, de la part du prince Albert, invitait Gavarni à venir à Windsor le 2 février : « Vous trouverez, lui disait-il, Son Altesse Royale toute prête à poser pour vous. » Gavarni eut l’audience, et il n’y donna pas suite. […] Dans celle-ci l’un des deux vient d’être étendu roide mort, tandis que le camarade qui a fait le coup tourne le dos et se dépêche d’allonger le pas. […] un de ces tracés géométriques inflexibles, une de ces courbes d’ingénieur qui n’obéissent qu’au compas, est venue prendre de biais le beau jardin et bouleverser tout le nid.

882. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Camille Rousset sur Louvois74 est venue raviver et satisfaire à la fois ce désir. […] Si votre nouveauté vient me faire brèche dans la tradition et me trouer la muraille, la faire sauter par places, j’examine, je fais la part de la nécessité, de la vérité neuve ; et quand vous croyez avoir tout gagné et n’avoir plus qu’à raser le reste, holà ! […] Quant à la défensive même, tant qu’il n’y avait pas de gelée, Saint-Ghislain était à l’abri d’une approche ; mais en temps de gelée, Catinat était autorisé à requérir des garnisons voisines jusqu’à mille mousquetaires, afin d’aider à casser la glace ; tout était prévu : « Vous pouvez même, dans le temps des fortes gelées, faire venir deux ou trois cents paysans des environs pour aider aux troupes à casser la glace. […] S’ils faisaient défaut, quelque historien à imagination ardente et prompt à la réaction pourrait venir un jour, qui traiterait ces premiers débuts à la légère et les sacrifierait d’un trait de plume, ennuyé d’entendre appeler Aristide le Juste. […] L’abbé d’Estrades, ambassadeur du roi à Turin, trouve moyen d’attirer Mattioli hors de cette ville, où il était imprudemment venu ; faisant semblant de croire à ses excuses et à ses mensonges, lui promettant le payement d’une somme que Catinat, disait-il, avait entre les mains, il l’emmène dans son carrosse vers une hôtellerie, à la frontière, sur le territoire français.

883. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Et puis, quand on a lu, qu’on a été saisi, choqué, attiré, secoué et repris de mainte manière et par bien des fibres, il vient un moment où la rébellion cesse, où l’on rend les armes et où, tout rempli des qualités évidentes d’un auteur honnête, hardi, piquant, pittoresque, cordial et généreux, on se plaît à ajouter ce trait qui vient le dernier et qui manquerait à tout éloge de femme, s’il ne le couronnait pas : « Elle doit être vraiment aimable !  […] Il semble que l’écho de la Lisette de Béranger et de tant de refrains égrillards ne soit jamais arrivé jusqu’à ces parages : ils sont venus expirer, ces refrains de guinguette, à la région élevée des pins et à ces monts sourcilleux qui font barrière. […] Les feuilles de la haie qui venaient à l’aventure, feuille d’églantier, feuille d’aubépine, feuille d’aune, feuille de saule, toutes étaient cirées, vernies, brillantes à faire fermer les yeux. […] Elles portent un voile à plis flottants qui descend le long des tempes et vient encadrer le visage ; la guimpe emprisonne les épaules et le cou ; la robe tombe droite jusqu’aux sandales. […] Un beau soleil vint embellir la plus jolie fête populaire que j’aie vue.

884. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Tout au plus, un jour, à l’issue d’une de ces avanies qu’il venait d’essuyer, se prit-il, en descendant l’escalier, à dire à son voisin : « Quel dommage qu’un aussi grand homme ait été si mal élevé !  […] Il n’est pas à croire que Talleyrand ait fait autre chose dans l’intervalle que voir venir, laisser faire, prendre patience : il n’était pas homme à devancer l’heure. […] Pour cela je ramasse une nouvelle, dont je ne mets qu’un fragment dans mon billet, ajoutant que je demandais la permission de venir achever de vive voix ce qui ne pouvait se confier au papier. […] » — Et ici le duc pouvait songer confusément la mort du duc d’Enghien. — « Je crois, monseigneur, que le moment est venu… » — « Monsieur, je vais expédier un courrier à Sa Majesté l’Empereur pour le consulter à cet égard. » — J’avais manqué le but. […] Jamais il n’aura d’entretien particulier avec moi ; il ne pourra plus dire qu’il m’a conseillé ou déconseillé une chose ou une autre… » — Ce jugement de Napoléon, tout à huis clos, où il n’entre aucun emportement, où Talleyrand ne vient que comme incident et par manière d’exemple, doit être la vérité.

885. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

L’ouvrage s’ouvre par une introduction majestueuse sur le xiiie  siècle, apogée du développement catholique : avant d’en venir à étudier et à démontrer la chapelle et la châsse de la sainte, le pèlerin croyant s’arrête devant l’Église tout entière pour la contempler. […] L’étude, qui vient à l’appui, a pu vérifier pour lui cette opinion, mais elle n’a pas contribué seule à la faire naître. […] Un poëte a dit : La Charité fervente est une mère pure (Raphaël quelque part sous ses traits la figure) ; Son œil regarde au loin, et les enfants venus Contre elle de tous points se serrent froids et nus. […] Clément Brentano, venu là comme curieux, y est resté comme croyant, et a passé des années à recueillir, presque sous la dictée de l’humble fille, les paroles et descriptions en bas allemand, qui ne tarissaient pas sur ses lèvres. […] Il vient d’Allemagne.

886. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Je suis charmé que le naturalisme soit venu : il a fait une besogne utile et peut-être nécessaire ; mais quelle horreur et quel ennui, Dieu juste ! […] viens ! viens !  […] « Et ils dirent à Félicien qu’Angélique l’avait oublié, et ils le prièrent de ne plus venir la voir. […] « Si malade qu’on crut qu’elle allait mourir, et que monseigneur eut pitié d’elle et vint lui-même lui donner l’extrême-onction.

887. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Ces deux îles jetées aux deux extrémités de la terre, L’une aux mers d’Annibal, l’autre aux mers de Vasco, ces deux îles que le poète décrit si sombres et si terribles, où Napoléon a pu naître et mourir, où son ombre revient régner dans les tempêtes, et où viendront, à l’appel de son ombre, tous les peuples de l’avenir, ces deux îles sont le symbole de la fortune de Napoléon. […] Si cet article n’était pas déjà trop étendu, nous essaierions d’exposer quelques conséquences qui, suivant nous, se déduisent assez naturellement des idées que nous venons d’émettre. […] Ces divergences de goût ne viendraient-elles pas en partie de ce que l’allégorisme rend nécessaire qu’on se familiarise avec le style des écoles diverses et de chaque poète en particulier ? Surtout ne trouverait-on pas là une des causes principales de l’obscurité que l’on a reprochée successivement à tant d’écrivains, et des luttes terribles qu’il leur a fallu soutenir avant qu’on en vînt à rendre justice à leurs plus belles productions ? Aussi, en Angleterre Wordsworth11, en France les critiques de la nouvelle école poétique, en sont-ils venus à professer que le poète ne peut pas être compris de tout le monde, mais qu’il doit se faire son public, ses adeptes, ses fidèles, presque comme s’il écrivait dans une langue inconnue.

888. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

De tout temps, même de bonne heure, il eut du tact ; le goût ne lui vint qu’ensuite. […] C’était là le fonds même ; les autres, qu’on pourrait citer, ne venaient qu’en passant. […] » La Bruyère, avant lui, avait senti cette même difficulté et se l’était avouée aussi en commençant : « Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes, et qui pensent. » M.  […] Vauvenargues, par ses Pensées et ses Caractères littéraires, est venu ensuite. […] [NdA] Le 6 décembre, il y avait eu, à l’Académie française, grande séance de réception pour M. de Noailles, qui venait remplacer et célébrer M. de Chateaubriand ; M. 

889. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Je n’ai pas la prétention de venir ici parler sur ce pied-là, ni de me donner les airs d’un juge en dernier ressort. […] Mais quand il vint à Paris pour la première fois, de 1788 à 1791, c’est-à-dire de vingt à vingt-trois ans, il ne l’avait pas encore démêlé nettement en lui, et il courait risque d’entrer dans les lettres par l’imitation. […] Cette lèpre de vanité traverse en tous sens ces Mémoires, et vient gâter et compromettre les parties élevées et nobles du talent. […] Mais bientôt une des deux choses vient barrer le plaisir : ou une imagination bizarre et sans goût, ou une énorme et puérile vanité. […] C’est de lui que viennent comme de leur source les beautés et les défauts que nous retrouvons partout autour de nous, et chez ceux même que nous admirons le plus : il a ouvert la double porte par où sont entrés en foule les bons et les mauvais songes.

890. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Avant d’en venir aux œuvres toutes sérieuses, nous rencontrons encore Rulhière causant, et cette fois causant avec Jean-Jacques Rousseau ou sur son compte. […] … Je t’atteste, Jean-Jacques, au nom de la vérité que tu portes dans ton sein, etc., etc. » Mais avant d’envoyer la lettre, tourmenté de perplexités, il avait jugé bon de la montrer à son voisin Rulhière, et c’est pour cela qu’il venait le réveiller à cette heure indue, à neuf heures du matin. […] La dernière fois qu’il est allé voir Jean-Jacques, celui-ci l’a reçu en grondant et s’est tenu tout le temps sur la défensive : Je sonne, il m’ouvre : — « Que venez-vous faire ici ? […] Cet écrit avait été demandé à Rulhière par le ministère pour venir en aide aux vues bienveillantes de Louis XVI en faveur des protestants ; il s’agissait de leur rendre simplement l’état civil. […] Un jour que la comtesse d’Egmont l’y était venue visiter, il mit cette inscription délicate au-dessous de la statue :      Églé parut sur cette rive ;      Une image de sa beauté Se réfléchit dans cette eau fugitive ; L’image a fui, l’Amour seul est resté.

891. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

» parce que naturellement il ne devait pas venir. […] Il est curieux de comparer cette différence qui tient à celle des humeurs et comme au tempérament des deux esprits : Tout ce que vous me représentez, madame (écrit la princesse des Ursins), depuis que l’officier des gardes vint annoncer la venue de M. de Chamillart qui conduisait M. de Silly dans votre petite chambre de Marly, pendant que vous soupiez dans votre cabinet, jusqu’à ce que Sa Majesté vînt dire elle-même à la porte cette grande nouvelle, me paraît si naturel, que je crois vous avoir vue jeter votre serviette par terre, courant pour entendre ce que l’on disait ; Mme de Dangeau voler pour aller écrire à monsieur son mari ; Mme d’Heudicourt marcher comme si elle avait eu de bonnes jambes, sans savoir presque ce qu’elle faisait ; M. de Marsan sauter sur un siège pour se faire voir, malgré sa goutte, avec la même facilité que l’eût pu faire un danseur de corde. […] La reine d’Espagne est enceinte : il faut faire venir une layette de Paris, il faut faire venir des nourrices de Biscaye. […] Or, un moment vient où la France désespère, où le ministère surtout incline pour une paix à tout prix, et où Mme de Maintenon accablée la prêche ou l’insinue. […] Mais, en avançant, le désaccord qui naît du fond des situations et des caractères est plus fort que le goût qui vient purement de l’esprit.

892. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

J’étais alors substitut à Tours ; on vint me chercher de Véretz au milieu de la nuit ; j’arrivai à l’aube… » Et j’entendis alors un récit vrai, simple, attachant, dramatique, qui me remit en mémoire cette singulière et originale figure, et qui me tente aujourd’hui de la retracer. Moi-même j’ai vu une seule fois Courier, et c’était environ trois semaines, si je ne me trompe, avant sa mort : il était à Paris, d’où il partait le lendemain, on l’avait invité à une soirée des rédacteurs du Globe ; il y vint ; on l’entourait, on l’écoutait. […] venez au secours de notre pauvre langue, qui reçoit tous les jours tant d’outrages. […] Est-il besoin de dire qu’il ne faisait aucun cas de la littérature de son temps, ni de celle de l’Empire, ni, je le crains bien, de celle qui vint depuis ? […] [NdA] Un scrupule me vient ; une dame, contemporaine de la jeunesse de Courier, assure qu’il avait fini pourtant par très bien danser.

893. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Mme de Coislin, une des femmes les plus considérables et les plus consommées de l’ancienne Cour, invitait l’auteur à la venir voir. […] Il s’estima heureux pourtant que la fin prochaine de l’École vînt le délivrer de cette charge de la parole publique, pour laquelle il était peu fait. […] Quand il vient à Paris pour les séances de l’Institut, Bernardin s’en trouve toujours moins heureux. […] Ces deux journaux, favorables à Bernardin de Saint-Pierre, dissimulent son échec du mieux qu’ils peuvent ; mais la conclusion, c’est que ce discours est venu une heure trop tard, et qu’il a paru rempli de réflexions intempestives, « surtout aux approches de l’heure où l’on dîne ». […] La comparaison de l’aigle qui ne vint qu’à la fin du discours après l’homélie philosophique, et qui, détachée aujourd’hui, produit tant d’effet, ne se trouve point particulièrement indiquée dans les extraits critiques que j’ai lus, et, si elle fut remarquée, je crains que ce n’ait été plutôt à titre d’image singulière et risquée, eu égard au goût du temps.

894. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Son monument à lui, sa restitution de l’histoire romaine selon Salluste, est venu plus d’un siècle trop tard, à la fin d’une époque empressée et rapide à laquelle suffisaient de reste les Considérations de Montesquieu. […] Cette thèse fit événement à l’Université ; le corps des professeurs, le doyen à leur tête, vint solennellement féliciter la mère du jeune licencié, et, le 13 février 1730, à peine âgé de vingt et un ans, de Brosses était assis sur le banc des conseillers au parlement de Bourgogne. […] Un homme riche, qui représente, a force cuisiniers, force services d’entrées et d’entremets, des fruits montés d’une manière élégante (dont l’usage, par parenthèse, nous vient d’Italie). […] Deux autres compatriotes sont encore venus les rejoindre, si bien que « depuis l’invasion des Barbares, disait en riant le cardinal Passionei, on n’avait jamais vu tant de Bourguignons à Rome ». […] Venu avant eux, il est plus naturel qu’eux.

895. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Il vint à Paris en 1602 pour y traiter des affaires spirituelles du pays de Gex, détaché depuis peu de la Savoie et réuni au royaume. […] En lisant ces recommandations morales de saint François de Sales, une comparaison m’est venue involontairement dans l’esprit : je me suis rappelé cet autre exercice et ce cours de vertus que s’était proposé Franklin à une époque de sa jeunesse. […] Dans tous les conseils qui suivent, on peut vérifier à quel point ce charmant esprit si élevé était en même temps net et positif ; il donne la règle à suivre même pour les bons désirs, qu’il ne faut point perdre, mais « qu’il faut savoir serrer en quelque coin du cœur jusqu’à ce que leur temps soit venu. » Dans ses avis aux gens mariés, aux femmes, dans ses prescriptions sur l’honnêteté du lit nuptial, il est hardi, original et pur. Il dit aux honnêtes femmes qui se plaisent aux coquetteries et aux légères attaques : « Quiconque vient louer votre beauté et votre grâce vous doit être suspect : car quiconque loue une marchandise qu’il ne peut acheter, il est pour l’ordinaire grandement tenté de la dérober. » On voit que, s’il n’interdit point absolument le bal et la danse, ce n’est point par relâchement. […] Un jour, si je venais à parler de la correspondance de Fénelon et de ses lettres spirituelles, ce serait l’occasion de revenir sur celles de saint François de Sales, et de chercher en quoi ces deux aimables et fins esprits se rapprochent et se ressemblent, tout en gardant chacun leurs avantages36.

896. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Là, dans cette allée et venue d’hommes et de femmes, dans ce mouvement, dans cette vie de la foule parisienne, sous les lumières du gaz, le noir soudain, que le jeune artiste a en lui, ce noir s’évanouit, et il est transporté, enthousiasmé, par la modernité du spectacle. […] Maupassant vient nous chercher, en voiture, à la gare de Rouen, et nous voici reçus par Flaubert, en chapeau calabrais, en veste ronde, avec son gros derrière dans son pantalon à plis, et sa bonne tête affectueuse. […] * * * — Dans cette vie de succulence, qui est, en cette maison, le dernier mot de la cuisine provinciale, et peut-être son chant du cygne, il me vient un doux hébétement, qui me rend incapable d’écrire une ligne. […] » Mercredi 14 décembre Zola vient aujourd’hui me voir. […] Et quand il vient à causer littérature, à causer de ce qu’il veut faire, il laisse échapper la crainte de n’en avoir pas le temps.

897. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

mon pauvre grand écrivain, votre Baudelaire à vous est venu ! […] Cela vint, je crois, à propos de V. Hugo, lequel était venu à propos de J. […] J’en viens, par une pente toute naturelle, à songer que Balzac, lui aussi, a consacré deux tableaux de son drame universel à la Bohême littéraire. […] Chacun se forge une définition à soi, un sens à son usage exclusif. — Je viens d’écrire : « Le style est le côté faible, etc. » Eh bien !

898. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

D’où vient cela ? […] Je gage qu’ils en sont venus aux mains. […] Lorsque le poète vint à ce passage, le roi le lui fit répéter. […] Scribe venait d’en sortir. […] Balzac venait souvent à l’étude.

899. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Il méprise l’opinion ou plutôt la néglige, et sait surtout que le bonheur vient du dedans. […] Puis vient une série de pièces en vers où respire un souffle à la fois antique et moderne. […] La brebis vient quand l’agneau l’appelle ; J’appelais le Seigneur, le Seigneur est venu. […] Qui diable sait si la gloire viendra ! […] « Monsieur, on m’assure à l’instant que je viens d’être nommé consul à Trieste.

900. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Une faculté extraordinaire, dont il ne savait pas l’objet, lui était venue. […] C’est avec un soulagement véritable qu’on voit venir la strophe : « Où sont nos lyres d’or ?  […] Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. […] Je viens à vous, Seigneur, Père auquel il faut croire. […] Les romantiques venaient à leur heure, ils conquéraient la liberté de la forme, ils forgeaient l’outil dont le siècle devait se servir.

901. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Quelques-uns viennent du passé très lointain et de pays confus, peut-être oubliés ; ils n’en sont pas moins proches de mon cœur. […] Faut-il définir par le mot brutal l’expression intime qui vient d’être formulée ? […] Et, de toutes parts, des poètes sont venus qui ont puisé à cette source, selon leur indigence. […] Elle me vient des confins du monde pour émouvoir mes solitaires songeries. […] Remy de Gourmont auquel nous empruntâmes notre question, et les poètes qui vinrent en si grand nombre nous donner leur opinion.

902. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Mais comment en sommes-nous venus là ? […] Mais les autres, d’où nous viennent-elles ? […] Mais d’où nous vient la faculté d’inventer ? […] D’où vient l’ordre du monde ? […] D’où vient cela ?

903. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

C’est contre Desmarets que Boileau, par une malheureuse application de sa doctrine, prohiba au troisième chant de son Art Poétique l’emploi de la religion chrétienne en poésie, et, juste au moment où Milton venait d’écrire son Paradis perdu (ce que, du reste, il ignorait), nia assurément la valeur poétique de Satan. […] Cependant le moment de la grande bataille n’était pas venu. […] Le Maistre est plus magnifique que Demosthène ; Pascal est au-dessus de Platon ; Despréaux vaut Horace et Juvénal, et « il y a dix fois plus d’invention dans Cyrus que dans l’Iliade. » Il y a six causes qui font les modernes supérieurs aux anciens dans la littérature : le seul fait d’être venus les derniers, la plus grande exactitude de leur psychologie, leur méthode plus parfaite de raisonnement, l’imprimerie, le christianisme, et enfin la protection du roi. […] À vrai dire, certains climats sont meilleurs que d’autres pour certaines productions, soit physiques, soit intellectuelles ; à vrai dire aussi, il y a des époques de recul, où les circonstances (guerres, etc.) étouffent les semences naturelles du génie : il naît une foule de Cicérons qui ne viennent pas à maturité.

904. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

L’abbé Testu m’y croit déjà ; mais dites-lui, s’il vous plaît, qu’il se contente de m’écrire de très froids billets et qu’il vous laisse faire des gazettes de tout ce qui vous viendra à la tête. […] Ce maître vient quelquefois chez moi, malgré moi, et s’en retourne désespéré, jamais rebuté. […] Mais il reste cette particularité que le roi avait décidément jeté des regards amoureux sur madame Scarron avant qu’elle et les enfants vinssent à Versailles et s’y établissent. […] Viendra un temps où vous préférerez le ciel à la terre ; vous êtes fait pour Dieu.

905. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

Telles femmes, pendant la révolution, ont donné des preuves multipliées d’héroïsme ; et leur vertu est venue depuis échouer contre un bal, une parure, une fête. […] Un esprit ordinaire n’aurait pas manqué de renverser le monde, au moment où Ève porte à sa bouche le fruit fatal ; Milton s’est contenté de faire pousser un soupir à la terre qui vient d’enfanter la mort : on est beaucoup plus surpris, parce que cela est beaucoup moins surprenant. […] Cependant Milton lutte ici sans trop de désavantage contre cette fameuse allégorie : ces premiers soupirs d’un cœur contrit, qui trouvent la route que tous les soupirs du monde doivent bientôt suivre ; ces humbles vœux qui viennent se mêler à l’encens qui fume devant le Saint des saints ; ces larmes pénitentes qui réjouissent les esprits célestes, ces larmes qui sont offertes à l’Éternel par le Rédempteur du genre humain, ces larmes qui touchent Dieu lui-même (tant a de puissance la première prière de l’homme repentant et malheureux !) […] Ce sentiment vient peut-être de l’intérêt qu’on prend à Hector.

906. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Il n’est venu qu’après eux. […] Lorsque ces poetes auront parlé de son entrevûe sur les bords du Weser avec son frere Flavius qui servoit dans les troupes romaines ; auront-ils pû lui faire finir le pour-parler avec décence et avec gravité quand tout le monde sçavoit que le géneral des germains et l’officier des romains en étoient venus aux injures en présence des armées des deux nations, et qu’ils en seroient venus aux coups, sans le fleuve qui les séparoit ? […] Après avoir reproché aux poëtes anciens d’avoir rempli leurs vers d’objets communs et d’images sans noblesse, on se croit encore fort moderé quand on veut bien rejetter la faute qu’ils n’ont pas commise, sur le siecle où ils ont vécu, et les plaindre d’être venus en des temps grossiers.

907. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Les pauvres — les autres — sont venus immédiatement prélever leurs droits. […] Du reste, c’est lui qui a annoncé la venue d’Eugène Delacroix et qui a dit : « Un peintre nous est né ! […] Voici venir l’aimable Prud’hon, que quelques-uns osent déjà préférer à Corrége ; Prud’hon, cet étonnant mélange, Prud’hon, ce poëte et ce peintre, qui, devant les David, rêvait la couleur ! […] L’occasion est venue et il en a superbement usé. — La place nous manque, et peut-être la langue, pour louer dignement la Stratonice, qui eût étonné Poussin, la grande Odalisque dont Raphaël eût été tourmenté, la petite Odalisque cette délicieuse et bizarre fantaisie qui n’a point de précédents dans l’art ancien, et les portraits de M. 

908. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Cette institution était conforme à l’esprit républicain ; mais quand le gouvernement vint à changer, quand le monde entier fut dans la main d’un empereur, et que cet empereur qui n’était presque jamais appelé au trône par droit de succession, craignant à chaque instant ou des rivaux ou des rebelles, eut l’intérêt funeste de tout écraser ; quand on vint à redouter les talents, quand la renommée fut un crime, et qu’il fallut cacher sa gloire, comme dans d’autres temps on cachait sa honte, on sent bien qu’alors il ne s’agissait pas de louer les citoyens : les grandes familles aimaient mieux la sûreté et l’oubli, que l’éclat et le danger. […] Après lui vient ce Tibère, d’une politique sombre et d’une cruauté réfléchie ; fourbe dans sa haine et tyran dans ses caprices ; aussi ennemi du courage que de la bassesse17 ; craignant de commander à des hommes, et s’indignant de ne trouver que des esclaves ; bourreau de sa famille, de ses amis, de ses sujets ; aussi redoutable par ses favoris que par lui-même. […] Enfin, il vint à parler de sa rare prudence et de sa profonde sagesse, c’est-à-dire, de la profonde sagesse d’un empereur qui n’avait ni une idée dans la tête, ni un sentiment dans le cœur ; qui ne sut jamais ni vouloir, ni aimer, ni haïr ; toujours prêt à obéir à qui daignait lui commander, jouet de ses courtisans, esclave de ses esclaves même, et si stupide qu’il inspirait encore plus de pitié que de mépris.

909. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Elle ne l’a pas trompé particulièrement dans sa relation de guerre et de dégoût contre un état de choses venu le dernier et déjà le plus attiédissant. […] À côté de cette haute figure, vient la mère de M. de Chateaubriand, fille d’une ancienne élève de Saint-Cyr, et sachant elle-même par cœur tout Cyrus. […] Il y avait dans la maison d’à côté trois vieilles filles nobles qui venaient chaque après-midi faire la partie de quadrille, averties de l’heure précise par un double coup de pincettes que mademoiselle de Boisteilleul frappait sur la plaque de la cheminée. […] Combourg ne vient que plus tard. […] Viennent les délices tant désirées ; elles n’ont qu’un jour, une heure à peine.

910. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Je pense à ce dernier paragraphe du livre de Gavarni, qu’un matin, à Trouville, il vint me lire, pendant que j’étais encore au lit. […] Des orgues sont venues jouer, et je me suis senti des larmes me venir dans les yeux, comme à une femme… Il m’a fallu l’entraîner contre la berge, et là, débonder tout mon chagrin, tandis qu’il me regardait, sans trop comprendre. […] * * * Je n’en revenais pas, je n’en croyais pas mes yeux, mes oreilles… Aujourd’hui tombant d’Italie, inopinément, Edouard Lefebvre de Béhaine est venu nous demander à déjeuner. […] Je le priai d’interrompre sa lecture, l’engageant à venir faire un tour de promenade au bois de Boulogne. […] Je regarde le grand dessin de femme de Vanloo, provenant de la vente Boilly, qu’il vint acheter avec moi, la dernière fois que nous mîmes les pieds aux Commissaires-Priseurs.

911. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Quand vint l’argumentation, le proctor fut obligé de lui mettre ses arguments en forme. […] Plus de mille pamphlets en quatre ans vinrent l’irriter encore, avec les noms de renégat, de traître et d’athée. […] « Contre cet écueil, il vient perpétuellement faire naufrage à nos yeux, toutes les fois qu’il se hasarde hors des bornes étroites de sa littérature. […] Enfin un successeur est venu s’établir aux environs, « disant dans ses prospectus qu’il habite dans la maison de feu M.  […] Swift suppose que son ennemi le libraire Curl vient d’être empoisonné, et il raconte son agonie.

912. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Avant tout, la superbe intraitable, le désir de plier autrui, l’esprit militant, le besoin de triomphe ; les sens ne viennent qu’ensuite. […] D’où vient cette idée de la femme si originale et si neuve ? […] » On siffle, et l’acteur, fort mal à l’aise, vient avertir l’auteur, qui buvait et fumait sa pipe. «  — Qu’est-ce qu’il y a ? […] Alors elle parle de tendresse et d’obéissance ; d’allégresse il saute par la chambre, et les larmes lui viennent aux yeux. […] L’historien Gibbon, le peintre Reynolds, l’acteur Garrick, l’orateur Burke, l’indianiste Jones, viennent à son club lui donner la réplique.

913. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Tel, on vient écouter M.  […] L’hiver ne vient pas pour lui. […] La mode était venue au poëte. […] Comptez-les, ces nouveaux venus. […] Qui sait ce qui viendra demain ?

914. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

On chercha à le détourner ; il était trop tard, le succès était venu. […] il vient ! […] Le jus de la vigne est du vin, d’où qu’il vienne ; mais que de nuances ! […] Il resterait à savoir de quel milieu viennent ces réponses. […] Ruminants : (dernier venu : Renne.)

915. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Dès les premiers temps, un grand éclat vint irriter à la fois et flatter sa passion glorieuse, et donner jour aux vanités de son cœur. […] Singlin) vienne demain ici. Afin qu’on n’ait pas l’inquiétude qu’il soit connu dans son quartier, il peut venir en chaise et renvoyer ses porteurs, et je lui donnerai les miens pour le reporter où il lui plaira. S’il lui plaît de venir dîner, on le mettra dans une chambre où personne ne le verra qui le conncisse, et il est mieux, ce me semble, qu’il vienne d’assez bonne heure, c’est-à-dire entre dix et onze heures au plus tard… J’ai bien envie que cela soit fait, car cette pauvre femme169 n’a pas de repos. […] Si grands que nous soyons ou que nous croyions être, il est plus d’une circonstance, et il viendra tôt ou tard un jour où l’on dira de nous : Ce pauvre homme !

916. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Je suis enivré de Soma. — La Prière est venue à moi comme la vache vers son nourrisson. […] Je suis enivré de Soma. — Orné par le sacrifice, je viens prendre l’holocauste que je porte aux dieux. […] C’est à ce sceptre verdoyant que tous les sorciers de l’antiquité et du moyen âge sont venus cueillir leurs baguettes. […] Les femmes d’Élis l’évoquaient ainsi aux fêtes du printemps : — « Viens, illustre ! dans ton auguste temple, accompagné des Grâces ; viens dans ton temple maritime, avec un pied de bœuf !

917. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

La plus élémentaire des sensations suppose une action exercée sur un organisme qui réagit et dont les mouvements propres se combinent avec les mouvements venus des objets extérieurs. […] Inutile de faire intervenir ici des « idées pures » ou des « actes purs » de l’intelligence : le premier animal venu sent fort bien ce qu’il y a de nouveau quand la dent d’un ennemi pénètre dans ses chairs, les meurtrit, les écrase. […] En ce cas, le résidu des sentiments antérieurs de contraste vient coïncider avec le sentiment actuel, l’augmente, lui donne un retentissement, le réfléchit sur lui-même. […] Quand aujourd’hui nous prononçons sur l’identité de deux sensations, nous ne faisons que nous apercevoir de la non-différence, de l’absence de changement entre les deux états extrêmes auxquels deux changements inverses sont venus aboutir. […] Or, la plupart des problèmes viennent d’impressions sensibles, soit vives, soit nouvelles ; c’est un intérêt qui nous fait penser.

918. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Des êtres viendront après elle qui aimeront sa poésie, l’aimeront elle-même dans l’œuvre qu’elle aura laissée. […] Qui viendrait nous troubler, nous qui sommes si loin Des hommes ? […] Le dédain vient si vite après la volupté ! […] D’où je viens ? […] « Je viens à vous, lui dit-elle encore, du fond de mon enfance.

919. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

« Les événements que je cherchais, a-t-il dit lui-même, ne me vinrent pas aussi grands qu’il me les eût fallu. […] disait Marie de Mantoue à la reine, voyez-vous quel orage vient du midi ?  […] Tant de talent, de grâces, joints à une bonne dose de coquetterie, ont enchanté cette âme si pure, et la poésie est venue déifier tout cela. […] La réponse ne vient pas. […] L’auteur vient à Paris.

920. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Ampère, mais plus hardis ou plus affermis que ces derniers, parce qu’ils venaient plus tard et sur un terrain mieux préparé, ont commencé à reconnaître et à établir assez positivement des lois. […] C’est qu’être plus voisin des choses et des hommes par la date, une fois qu’on vient à plus de cinquante ans de distance, cela ne signifie trop rien et que tout est également à rapprendre, à recommencer. […] Burguy a voulu venger Raynouard des injustes dédains par lesquels les nouveaux venus remercient trop souvent leurs devanciers en chaque carrière. […] Sismondi, qui s’occupait également des littératures du Midi, venu à Paris au commencement de l’année 1813, écrivait à un ami, le 26 de janvier : « Ce matin, j’ai fait une visite à M. et madame Guizot… M.  […] Ce que ces deux hommes de goût ont écrit sur la Chanson de Roland laisse peu à dire à ceux qui viennent après. — M. 

921. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

On fait venir sept maris, et les sept noces se célèbrent en un seul festin où les vins, dit le poëte, valaient mieux que ceux de Cana. […] D’où venait ce merveilleux ? […] Comme il se désespère, le dieu d’Amour vient mettre à son service une armée pour assiéger le château de Jalousie. […] Après la défense, vient le réquisitoire. […] Ennuyeux peut-être pour qui vient d’éditer Boileau, et d’y admirer, dans la perfection même de l’art d’écrire en vers, une image si pure de l’esprit français.

922. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

De la nature on en vint bientôt à la raison, qui n’est que la nature dans sa perfection. […] Le raisonnement ne vient qu’en son lieu, et semble moins un procédé qu’un mouvement de l’âme. […] La plus forte vient avant la plus faible, et la même se reproduit plusieurs fois sous des mots différents. […] L’autorité d’un moraliste lui vient du principe même de sa morale. […] Grand style, soit ; pourvu que cette grandeur ne soit pas creuse, et qu’elle lui vienne des vérités qui remplissent les mots.

923. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Une autre conception de la psychologie physiologique vient continuer encore ce caractère collectif de notre sensibilité : c’est la doctrine de l’évolution et des effets de l’hérédité accumulés dans l’individu. […] « A l’état normal, dit-il, les sentiments vont toujours à leur vrai but ; les erreurs ne viennent que de l’état maladif surajouté à la nature par la civilisation. […] Si telle faculté est en souffrance, une autre peut venir au secours de la première. […] Seule la douleur implique par elle-même et dans tous les cas un changement, parce qu’elle implique un état auquel vient s’opposer une résistance extérieure. […] De tels plaisirs peuvent venir même sans avoir été cherchés.

924. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Et personne de ceux qui viennent ici, ne s’aperçoit que cette maison est la plus inconfortable de Paris. […] Edmond et Jules de Goncourt, après Manette Salomon, vient nous voir. […] À la fin, comme les pièces mettaient une longue résistance à venir, nous avons laissé nos reçus. […] Venons au blasphème du petit parvenu politique, entré à quarante ans dans cette Académie, où Balzac n’a pas eu sa place. […] Le mépris vous en vient avec un sentiment de supériorité personnelle.

925. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Aujourd’hui de la mouche, sur laquelle je suis venu d’Auteuil, je regardais. […] Voillemot, pendant qu’il les peignait pour Billaut, était venu nous chercher, mon frère et moi, pour les admirer. […] Je ne sais quelle indifférence de mourant m’est venue, avant l’heure. […] Pendant les heures lentes du voyage, je pense qu’il y a, cette année, quarante ans que je viens, tous les automnes, passer un mois dans cette maison de famille. […] Et je ne pense pas sans tristesse à Flaubert, dont le tour va venir dans un mois.

926. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Ce roman venait directement du grand mouvement fédéraliste ou félibréen. […] Emmanuel Delbousquet n’a pas suivi la coutume des jeunes provinciaux qui viennent gâcher à Paris leur talent naturel, en écrivant des études de grande ville pour lesquelles l’expérience fait défaut, M.  […] La grande traîtresse est en effet venue s’asseoir au foyer de la petite Muse, la folle du logis qui dansait s’est couchée sous des linges blancs, fleur gisant dans la neige, et le poète n’est plus. […] Anatole France lui dédiait une des nouvelles de son dernier volume, Riquet, celle qui vient après Crainquebille. […] Le succès est venu à lui, — et c’est justice.

927. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

La Combe, son barnabite, que la prophétesse vint se fixer à Paris. […] Or d’où peut venir celle extrême difficulté ? […] Tout cela venait aboutir à Malesherbes. […] Mais alors, d’où vient la légende ? […] Et ne vient-il pas bien ajouter le dernier trait à la tartuferie de Diderot ?

928. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Qu’est-il venu faire à Vienne ? […] On vient d’en lire plus haut un extrait. […] Viens ! […] Viens ! […] Des doutes lui sont venus, mais son scepticisme s’est arrêté court.

929. (1774) Correspondance générale

Son moment vient, et la tombe se trouve ouverte. […] Il vient un temps où toutes les cendres sont mêlées. […] Et puis, moi philosophe, pourquoi ne venez-vous pas me voir ? Venez me voir. […] La négociation en question est venue tout au travers d’une autre beaucoup plus grave.

930. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

cette intelligence douloureuse du mauvais moment ou l’on vient ? […] Un domestique, un larbin plutôt, vient ouvrir. […] Venez, venez, me dit M.  […] Votre lettre est venue me chercher si loin ! […] que viens-tu faire ici ?

931. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Une servante vient les renseigner. […] D’où vient-elle ? […] Le duc vient d’etre repoussé par Olivia. […] Alors qu’est-elle venue faire ? […] Rappelez-vous, d’abord, d’où ils viennent.

932. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Par là-dessus un gros niais sourire m’est venu aux lèvres. […] En leur qualité de derniers venus et de disciples attardés, MM.  […] Cela ne l’empêche de bien accueillir ceux qui viennent à lui avec du courage, de la loyauté et de bonnes intentions. […] La nuit est venue, mais dans leur chair granitique circule le dernier rayon de l’astre disparu. […] Albéric Second débutait dans l’Artiste, où il vient remplacer un homme d’esprit et de savoir, M. 

933. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Quinton sont venus m’en démontrer la logique. […] L’art de filer la laine ou les fibres végétales est venu ensuite. […] Mais si cet ami ne venait pas, en aurions-nous moins pensé à lui ? […] Elle vient au-devant d’elle et lui envoie comme un salut la salure de ses vagues. […] Ce petit livre est de ceux qui viennent à propos.

934. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Viens vite, quoique le nouveau venu en ce monde ne paraisse pas avoir envie d’en sortir si tôt ; viens vite, car il y a longtemps que je ne t’ai vu, et j’ai une grosse envie de te voir. […] Il venait d’ôter sa couronne et de dépouiller son manteau de pourpre. […] M. le tsar a pu voir et apprécier, avant de venir chez nous. […] Il fait venir des chantres grecs, chargés d’apprendre la psalmodie au clergé russe. […] Le danger capital venait d’ailleurs.

935. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Il était urgent que la nouvelle de Friedland vînt remettre les choses dans l’ordre. […] D’où lui viennent donc ces idées ? […] Et de là viennent tant de surprises de la politique moderne. […] On ne vint pas à lui avec assez d’empressement. […] Cependant les publicistes chrétiens venaient à la rescousse des panégyristes profanes.

936. (1888) Études sur le XIXe siècle

Un secours inespéré vint leur rendre courage. […] dit Gurnemans à Parsifal dont la flèche vient d’abattre un cygne. […] D’où vient donc que chez Victor Hugo ils se suffisent à eux-mêmes ? […] Pour venir en France chercher une réputation dans les lettres ? […] J’accepte ton secours ; il me vient du ciel.

937. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Leur première idée est d’en venir aux injures, aux coups, de se satisfaire. […] —  Je suis résolu, Faust ne se repentira jamais… —  Viens, Méphistophélès, disputons encore — et raisonnons sur l’astrologie divine. —  Dis-moi, y a-t-il beaucoup de cieux au-dessus de la lune ? […] D’où vient que tout égoïsme, toute vanité, toute rancune, tout sentiment petit, personnel ou bas, disparaît à son approche ? […] Ne trompe pas celle qui t’aimera la première après moi. » — Enfin, une nymphe la guérit, et Périgot, désabusé, vient se mettre à genoux devant elle. […] la princesse n’est point jalouse : « Viens, vis avec moi, vis aussi librement que moi-même.

938. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Son neveu l’a tuée, et je viens la sauver. […] Thackeray vient en son propre nom attaquer le vice. […] Quel bon feu dans sa chambre lorsqu’elle vient vous rendre visite ! […] Et il est venu danser devant mon nez, le diable l’emporte. […] Nous venons écouter un homme pour entendre de lui des choses nouvelles.

939. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Vous en veniez au point… ? […] Si l’on vient pour me voir, je vais aux prisonniers Des aumônes que j’ai partager les deniers. […] Madame va venir dans cette salle basse, Et d’un mot d’entretien vous demande la grâce. […] Viendra-t-elle bientôt ? […] Viendra-t-elle bientôt ?

940. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Le duc de Mantoue, de la maison de Gonzague, qui n’avait pas cessé de s’intéresser à lui depuis le voyage qu’il avait fait autrefois à Mantoue avec son père, vint à Ferrare, et passa chaque jour plusieurs heures dans sa prison. […] Ses lettres du commencement de novembre débordent de joie et de félicitations qu’il s’adresse à lui-même, pour avoir accompli son projet de venir chercher la santé, le repos, la gloire à Rome. […] Le Tasse se persuada que ce refus humiliant venait des intrigues secrètes du duc de Ferrare, et même du duc de Mantoue auprès du Pontife. […] Si jamais un fidèle amant vient reposer sous votre ombre, sa pitié s’éveillera à la vue de mes tristes aventures ; il dira sans doute : Ah ! […] Au printemps de 1590, le grand-duc de Toscane l’invita à venir honorer sa cour et Florence de sa présence.

941. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Un savant article du baron d’Eckstein181 vint protester au nom des résultats et des procédés de l’école historique : il fut sévère. […] Non pas tout à fait Napoléon, il est vrai, mais Fouché le fit venir, et lui demanda ce qu’il voulait. — « Eh bien ! […] Le vers qui vient sans qu’on l’appelle, Voilà le vers qu’on se rappelle. […] La jeunesse, quand elle se prolonge, est toujours embarrassante à finir ; rien n’est pénible à démêler comme les confins des âges (Lucanus an Appulus, anceps) ; il faut souvent que quelque chose vienne du dehors et coupe court. […] Quiconque a pu beaucoup aimer, peut haïr avec excès, et mon temps est venu.

942. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

L’être vivant a donc, au fond de toutes ses perceptions, la perception essentielle de son organisme, et c’est sur ce fond de tableau sensitif, nullement intellectuel, que viendront se dessiner et se détacher les diverses sensations. […] n’avez-vous pas le sentiment d’un plus grand nombre de parties intéressées à la fois, le sentiment d’une coexistence ou simultanéité d’actions subies et formant une masse, quelque chose d’épandu, d’étalé dans tout l’organisme, quelque chose qui vient (dira plus tard l’être pensant) de partout à la fois ? […] Il faudra toujours en venir à reconnaître que, outre la sensation de couleur bleue, il y a encore un complexus de sensations particulier et distinctif qui varie selon la place des points bleus et qui nous force à mettre les uns à droite, les autres à gauche. […] On peut comparer à l’œil immobile recevant des impressions de couleur la sensation de température qui se produit quand, dans notre corps refroidi, nous sentons pénétrer une onde de chaleur venue d’un foyer qui rayonne : nous avons alors une sphère de chaleur sur un fond de froid, analogue à une sphère de lumière ou de couleur sur un fond obscur. […] L’attente est le désir de percevoir, de connaître ce qui va venir, et ce désir a pour objet primitif de savoir si ce qui va venir sera utile ou nuisible.

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