Mais non pas la Loi qui vient d’être faite, ou du moins il faut le moins possible être gouverné par cette loi-là. La Loi qui vient d’être faite, c’est une volonté qui peut être, elle aussi, capricieuse, passionnée et éphémère. […] Tout pouvoir, en démocratie, vient du peuple. […] Voudrait-il que trois millions de citoyens vinssent donner leurs voix à Westminster ? […] Voltaire est tellement partisan du roi-pape qu’il en vient à être partisan du Pape-roi.
D’où vient cette croyance à la jalousie des dieux ? […] Ne dirait-on pas qu’ils viennent d’inventer le roman du peuple ? […] Sébillot viendra tout à l’heure. » Et c’est tout le chapitre XII. […] Il montre les siècles à venir incertains entre la vie pastorale et le machinisme. […] Pierre Hamp n’est pas venu tout droit de l’école au métier de littérature.
L’auteur de Madame de Montmorency, qui vient si heureusement de rappeler l’attention sur cette figure de noble et sainte veuve, et de nous la montrer à genoux en prière devant un tombeau, M. […] C’est ainsi qu’on en vint aux grands remèdes sans presque se douter de la difficulté, ou du moins en la voyant tout entière d’un seul côté, dans l’obstacle qu’opposaient les privilégiés et la Cour.
Les images les plus riantes, les plus folâtres, viennent à tout moment et se lèvent à tous les coins, derrière chaque pilier du cloître, ce qui faisait dire l’autre jour à un plaisant que c’était une vraie tentation de saint Antoine, tant il y a de diables et de jolis diables ! […] s’il venait un vrai poëte dramatique, combien il trouverait la place libre et le public disposé !
Puis sont venus les massacres de Crète et l’agitation de la Grèce. […] Nos défaillances et nos désordres intérieurs viennent peut-être, en grande partie, de notre diminution européenne.
Si l’enfant vient au monde, le mari ne saura jamais si c’est son enfant ou celui de « l’autre », puisque la femme l’ignore la première (conséquence effroyable du « partage », et qui suffirait à le condamner). […] (Meurtriers pleins de gentillesse et de fantaisie quelquefois : on m’en a signalé un qui invite de temps en temps une de ses faciles amies à venir le voir « opérer » dans sa clinique, et qui lui offre, pour divertissement, le spectacle des pauvres filles endormies dont il taille les chairs secrètes.)
Mais qu’un homme, un grand écrivain, si l’on veut, vienne préciser ce qui était nuageux, condenser ce qui était éparpillé, mettre en pleine lumière ce qui était encore enveloppé d’ombre, exposer brillamment ces besoins que beaucoup sentaient sans en avoir la conscience bien nette, alors on lui sait gré d’avoir « dit le secret de tout le monde », d’avoir exprimé tout haut ce que tant d’autres pensaient tout bas, d’avoir donné une voix à des aspirations jusque-là presque muettes. […] C’est seulement après sa mort qu’il est réhabilité, remis à son rang ; c’est du fond du tombeau que sa voix se fait écouter et vient éveiller dans les âmes un écho tardif.
Il ne faut pas croire au reste, que cette obscurité vienne du fond des matieres ; un esprit sage ne doit pas les traiter, quand il n’est pas capable de les éclaircir, & l’esprit net & méthodique sait rendre tout sensible : c’est ainsi que Bacon, Mallebranche, l’Auteur des Mondes, M. l’Abbé Condillac, ont trouvé moyen de mettre leurs idées à la portée de tout lecteur. […] &, pour parler avec plus de vérité, la Philosophie n’est-elle pas déjà venue au point de se décrier par ses propres Ouvrages ?
Maintenant, vienne le poète ! […] Le jour viendra peut-être de le publier tel qu’il a été conçu par l’auteur, en indiquant et en discutant les modifications que la scène lui a fait subir.
À mon retour, en 1837, il me vint à l’esprit qu’on pourrait peut-être faire avancer cette question en accumulant, pour les méditer, les observations de toutes sortes qui pourraient avoir quelque rapport à sa solution. […] Quatre chapitres qui viennent ensuite résoudront les difficultés les plus graves et les plus apparentes de la théorie : c’est d’abord la difficulté des transitions, c’est-à-dire comment il se peut qu’un être rudimentaire ou un organe simple se soit changé en un être d’un développement élevé et parfait ou en un organe ingénieusement construit ; secondement, l’instinct ou les facultés mentales des animaux ; troisièmement, l’hybridité ou la stérilité des croisements entre espèces et la fécondité des variétés croisées ; quatrièmement, l’insuffisance des documents géologiques.
Aussi esquisserons-nous avec rapidité, une fois encore, les étapes où se forma cette merveilleuse sensibilité que la mort vient d’anéantir. […] Renan en qui venait précisément de se jouer cette crise.
Et puis, on l’a blâmé tant de fois, notre régime discrétionnaire, notre arbitraire administratif, nous avons entendu une si riche collection d’hommes de tous les partis venir tour à tour dénoncer le Code pénal de 1810, aggravé par la loi de 1834 et par la jurisprudence, que je ne vois pas qu’il y ait un mot à ajouter. […] » Le mal est ancien, héréditaire, il date de l’ancienne monarchie ; mais ce sont les législateurs modernes qui l’ont institué à demeure, par système, et qui, pour l’entretenir, l’étendre, l’empirer au-delà de toute mesure, ont employé la précision, la rigueur, l’universalité, la contrainte impérative et les plus savantes combinaisons de la loi4 » ∾ Vous venez d’entendre Taine par-delà le tombeau.
Elles sont à la gauloise, sans cérémonie aucune, à des amis avec qui il pense tout haut et à qui il raconte ses affaires, celles de la Faculté, les nouvelles de la ville, les curiosités du monde savant, les livres qui s’impriment, les meurtres et assassinats qui se commettent, les exécutions, les faits de tout genre tels qu’ils le frappent et qu’ils lui arrivent : « Vous voyez que je n’y mets aucun soin de style et d’ornement, dit-il, et que je n’y emploie ni Phœbus ni Balzac. » Le premier mot qui lui vient, français ou latin, est celui qu’il écrit ; c’est souvent un gros mot, et quelquefois un bon mot ; mais cela vibre toujours et a de l’accent. […] Ne lui parlez pas trop de Descartes, de ces génies qui viennent faire table rase et renouveler les méthodes du monde. […] Il est sorti de ce monde sans avoir jamais voulu savoir ce qu’il y était venu faire. […] Mais il est évident, à qui le lit jusqu’au bout, que ses prédilections et ses souvenirs le reportent plus naturellement à l’âge des Grotius et des Saumaise ; et dans la dernière lettre imprimée qu’on a de lui (janvier 1672), on lit : Je viens d’apprendre du jeune Vanderlinden que M. […] Je viens aussi d’apprendre par des lettres de Bruxelles que M.
Le portrait qu’il a fait de lui-même dans l’Épître à ses Vers ne peut être plus ressemblant. » Marais écrivait chaque fois, en le quittant, la substance des entretiens qu’il venait d’avoir avec lui, les jugements, les pensées qu’il avait recueillis de sa bouche : ce serait, si l’on avait le tout, la matière d’un Bolæana bien supérieur à celui de Monchesnay. […] Zangiacomi, de la Cour de cassation, dit en entrant au nouveau traducteur : « Sur quinze que nous sommes dans notre Chambre, ce matin nous nous sommes trouvés onze qui avions acheté votre Horace pour le relire. » Cela vient originairement de Boileau, qui a remis en vogue les Satires et Épîtres. […] Il faut connaître l’homme pour bien traiter cette matière-là. » Que l’on rapproche cette parole de Boileau, qui est la sagesse même, de la réponse que fit le duc de Bourgogne aux Comédiens qui venaient lui demander sa protection et la continuation des bontés qu’avait eues pour eux feu Monseigneur son père : « Pour ma protection, non ; mais, comme votre métier est devenu en quelque sorte nécessaire en France, consentez à y a être tolérés. » Après quoi il leur tourna le dos, et, moyennant cette tolérance de mépris, les théâtres furent rouverts. […] Son succès, longtemps contenu comme tant d’autres choses, n’en éclata que mieux sous la Régence ; c’était, en son genre, un des signes manifestes de la réaction contre Louis XIV ; et lorsque le danois Holberg, qui allait être le disciple de Molière dans le Nord, vint à Paris, où il séjourna pendant une partie des années 1715-1716, il put noter, comme un fait mémorable, qu’à la Bibliothèque Mazarine, la première en date de nos bibliothèques publiques, « l’empressement des étudiants à demander le Dictionnaire de Bayle était tel qu’il fallait arriver longtemps avant l’ouverture des portes, jouer des coudes et lutter de vitesse pour obtenir le précieux volume6. » On faisait queue pour le lire, dans ce même lieu où l’on fait queue maintenant pour entrer aux séances de l’Académie. […] Quand on vient comme moi de relire tant de pages que le temps a déjà fanées et qu’on sort de tous ces noms qui circulaient alors et qui signifiaient quelque chose, Basnage, l’abbé Le Clerc, Sorbière, Bouhier lui-même, Bayle, une tristesse vous prend, et je suis frappé de ceci : c’est qu’il n’en est pas un seul dont j’osasse conseiller aujourd’hui à mes propres lecteurs la lecture immédiate et pour un agrément mêlé d’instruction ; car tout cela est passé, bon pour les doctes et les curieux seulement, pour ceux qui n’ont rien de mieux à faire que de vivre dans les loisirs et les recherches du cabinet.
Mais, quelles que soient la sévérité et l’exigence qu’apportent les nouveaux venus dans la recension des textes et dans l’épluchure des moindres scolies, il me semble que tous sont encore virgiliens, en ce sens qu’ils ne se mangent pas trop entre eux et qu’ils ne font pas comme les homérisants qui, quand ils s’en mêlent, ont de vraies querelles à mort, des colères d’Achille et d’Ajax. […] Eugène Benoist, qui dans la Collection d’éditions savantes entreprise par la maison Hachette, vient d’ouvrir la marche et de l’inaugurer dignement par Virgile, est un ancien élève de l’École normale, hier encore simple professeur au lycée de Marseille, tout récemment chargé du Cours de littérature ancienne à la Faculté des lettres de Nancy en remplacement de M. […] Les mêmes effets doivent se reproduire sur toute la côte italienne ; et Virgile, composant les Géorgiques à Naples, voyait certainement se former dans le golfe les tempêtes qui venaient fondre sur les campagnes voisines. » Il est deux façons de commentateurs : ceux qui se resserrent, qui écrivent sur une marge étroite et y font tenir le plus de choses dans le moins de mots. […] L’un de ceux qui succombent est cet Æolus auquel le poète fait une si touchante apostrophe, et qui vient mourir là dans les champs de Laurente, si loin de son berceau, de la maison paternelle qui était à Lyrnèse au pied de l’Ida : Te quoque Laurentes viderunt, Æole, campi Oppetere…………….. […] Pour peu qu’on prenne la peine de suivre et de refaire par soi-même, devant son Homère et son Virgile ouverts en regard, le petit travail délicat que je viens de décrire, on arrivera, comme moi, à rendre parfaitement compte de ce procédé accompli de la poésie studieuse et réfléchie du tendre Virgile : deux ou trois couleurs qui viennent se fondre en un seul rayon, deux ou trois sucs divers qui ne font qu’un seul et même miel.
Dès les premiers jours de 1831, sous la rubrique assez énigmatique de Plik et Plok, un nouveau venu se glissait, un peu en pirate d’abord ; mais qu’importe ? […] Il s’enchante insensiblement près d’elle ; tous deux s’entendent sans se le dire ; puis vient l’aveu : ils vont s’épouser. […] Arthur vient à Paris ; il connaissait déjà la haute compagnie de Londres, et du premier jour il n’a rien d’emprunté ni de neuf dans notre monde élégant. […] » J’en viens aux romans historiques de l’auteur. — Au moment même où, dans la préface de Latréaumont, M. […] Il a raison ; mais encore, comme le cadre de ce règne est partout à l’entour, il vient un moment où l’épisode sauvage y va heurter ; si loin qu’on soit du centre, la révolte, avant d’expirer, passe à une certaine heure sous un brillant balcon, et sur ce balcon sont trois hommes du pur grand siècle, Bâville, Villars et Fléchier.
Que s’il nous trouve un peu osé de venir rattacher si familièrement ses vues à sa personne et à ses motifs, il se rappellera que nous sommes plutôt pour la littérature réelle et particulière que pour la littérature monumentale. […] Venir reprocher outre mesure aux poëtes de la décadence ce qui tient à la date de leur venue, s’en prévaloir exorbitamment contre eux pour les déclarer chétifs et médiocres, non-seulement d’œuvres, mais aussi d’esprit et de talent (et M. […] Nisard est venu aux idées et au système qu’il professe, nous croyons avoir mieux fait que de discuter ce système. […] Qu’au moins un jour arrive où l’œuvre de Carrel recueillie vienne rendre sur lui et sur sa vraie forme de pensée, pour qui la voudra étudier de près, un durable et authentique témoignage !
Le petit Racine en vint rapidement à lire tous les auteurs grecs dans le texte ; il en faisait des extraits, les annotait de sa main, les apprenait par cœur. […] Il quitta Port-Royal après trois ans de séjour, et vint faire sa logique au collège d’Harcourt à Paris. […] Les uns disaient que Taxile n’était point assez honnête homme ; les autres, qu’il ne méritait point sa perte ; les uns, qu’Alexandre n’était point assez amoureux ; les autres, qu’il ne venait sur la scène que pour parler d’amour. […] Britannicus, Phèdre, Athalie, tragédie romaine, grecque et biblique, ce sont là les trois grands titres dramatiques de Racine et sous lesquels viennent se ranger ses autres chefs-d’œuvre. […] C’est l’épanchement le plus pur, la plainte la plus enchanteresse de cette âme tendre qui ne savait assister à la prise d’habit d’une novice sans se noyer dans les larmes, et dont madame de Maintenon écrivait : « Racine, qui veut pleurer, viendra à la profession de la sœur Lalie. » Vers ce même temps, il composa pour Saint-Cyr quatre cantiques spirituels qui sont au nombre de ses plus beaux ouvrages.
Si, par exception, le bout central conservé après l’amputation vient à s’ébranler, elle naîtra, quoiqu’il n’y ait plus d’orteil, et l’amputé portera le même jugement que s’il avait encore sa jambe. — Ces exemples nous montrent fort nettement en quoi consiste l’apparence. […] Prenons le cas des images qui nous viennent au moment où finit la veille et où commence le sommeil3. […] Quand le sommeil est venu tout à fait, l’hallucination, qui est au maximum, compose ce que nous appelons nos rêves. — Quand le sommeil, au lieu d’être naturel, est artificiel, le travail hallucinatoire devient plus visible encore. […] Cet officier, qui servait dans l’expédition de Louisburgh en 1758, avait l’habitude de jouer (to act) ses rêves, et l’on pouvait en diriger le cours en murmurant à son oreille, surtout si cela venait d’une voix qui lui fût familière. […] Examinons tour à tour les mots et les images qui composent nos pensées ordinaires. — À l’état normal, nous pensons tout bas par des mots mentalement entendus ou lus ou prononcés, et ce qui est en nous, c’est l’image de tels sons, de telles lettres ou de telles sensations musculaires et tactiles du gosier, de la langue et des lèvres. — Or il suffit que ces images, surtout les premières, viennent à s’exagérer, pour que le malade ait des hallucinations de l’ouïe et croie entendre des voix. — « Au milieu de ma fièvre, dit Mme C…8, j’aperçus une araignée, qui, au moyen de son fil, s’élançait du plafond sur mon lit.
. — Venez me voir, Marsile, aussitôt que vous le pourrez, et n’oubliez pas d’apporter avec vous le livre de votre divin Platon sur le souverain bien. — Je présume que vous l’aurez déjà traduit en latin, comme vous me l’aviez promis ; car il n’y a pas d’occupation à laquelle je me dévoue avec autant d’ardeur qu’à celle qui peut me découvrir la route du vrai bonheur. Venez donc, et ne manquez pas d’apporter avec vous la lyre d’Orphée. » Quels que fussent les progrès de Côme dans la doctrine de son philosophe favori, il y a lieu de croire qu’il appliquait à la vie active et réelle les préceptes et les principes qui étaient pour les subtils dialecticiens de son siècle une source si abondante de disputes interminables. […] Landino, un des interlocuteurs, raconte ainsi cette entrevue sous le titre de Conversations aux Camaldules : Dans l’introduction de cet ouvrage, Landino nous apprend qu’étant parti de sa maison de Cosentina, avec son frère Pierre, pour aller à un monastère dans le bois de Camaldoli, il y trouva Laurent et Julien de Médicis, qui venaient d’arriver, avec Alamanni Rinuccini, et Pierre et Donato Acciajuoli, tous hommes d’un savoir et d’une éloquence distingués, et qui s’étaient singulièrement appliqués à l’étude de la philosophie. […] Viens-tu apprendre à priser davantage les délices, la pompe et la splendeur de la ville, en comparaison de notre pauvreté ? […] Laurent l’invita en conséquence à venir le prendre dans son palais pour l’accompagner avec sa suite.
Le jeune premier du drame romantique vient tout droit de ses poèmes. […] Nulle préoccupation étrangère au drame sentimental de sa propre existence ne vient modifier ou compliquer son théâtre. […] Mais le style est solide dans son prosaïsme, la pensée concentrée, ramassée en couplets vigoureux, en vers d’une belle venue. […] Dumas y vint, après que sa fièvre de 1830 fut calmée, lorsqu’il fut rendu à son naturel de bon enfant qui aimait à conter des histoires, et à son tempérament d’homme de théâtre, apte à faire jouer tous les trucs qui tirent le rire et les larmes. […] Après le Caprice (1847) vinrent (je ne cite que les principales pièces) : Il ne faut jurer de rien, le Chandelier, et André del Sarto, en 1848 ; les Caprices de Marianne, en 1851 ; Fantasio (1866) n’a jamais réussi ; On ne badine pas avec l’amour (1861) est resté au répertoire de la Comédie-Frauçiase ; Barberine a été jouée en 1882.
Ceux qui virent tout de mauvais œil estiment que du temps probablement vient d’être perdu. […] Faut-il s’arrêter là et d’où ai-je le sentiment que je suis venu relativement à un sujet beaucoup plus vaste peut-être à moi-même inconnu, que telle rénovation de rites et de rimes ; pour y atteindre, sinon le traiter. […] Dégénérescence, le titre, Entartung, cela vient d’Allemagne, est l’ouvrage, soyons explicite, de M. […] Le motif traité d’ensemble (au lieu de scinder et offrir sciemment une fraction), j’eusse évité, encore, de gréciser avec le nom très haut de Platon ; sans intention, moi, que d’un moderne venu directement exprimer comme l’arcane léger, dont le vêt, en public, son habit noir. […] La littérature, d’accord avec la faim, consiste à supprimer le Monsieur qui reste en l’écrivant, celui-ci que vient-il faire, au vu des siens, quotidiennement ?
Ces deux lignes coïncident et n’en forment qu’une seule si l’impulsion venue du milieu circonstantiel agit dans le même sens que l’impulsion héréditaire. Mais dans tous les cas envisagés par Flaubert, cette convergence ne se produit jamais, et il arrive toujours qu’à quelque moment l’impulsion venue du dehors, et qui se trouve la plus forte, agit dans un sens différent de celui que commandait l’impulsion héréditaire. […] Une même ignorance, une même inconsistance, une même absence de réaction individuelle semblent les destiner à obéir à la suggestion du milieu extérieur à défaut d’une auto-suggestion venue du dedans. […] La haine du réel est à, vrai dire si forte chez Bovary, qu’elle pourrait la contraindra à répudier son propre rêve, s’il venait, par impossible, à prendre lui-même la forme d’une réalité. […] À posséder les résultats du labeur accompli au cours d’une longue civilisation par le génie de ses meilleurs représentants, quelques-uns des plus médiocres parmi les derniers venus prennent le change sur leur propre valeur ; ils se gonflent, comme d’un mérite individuel, des conquêtes intellectuelles dues à l’élite de l’espèce et dont ils bénéficient en vertu d’un privilège commun à toute l’Humanité.
Sans doute c’est là un des effets et une des tendances de la démocratie, c’est surtout un de ses écueils ; mais la démocratie a une racine plus noble et plus pure, elle ne vient pas seulement du désir de partager les biens de la terre : elle vient du désir plus élevé de faire respecter sa personne et ses droits ; l’amour de l’égalité dans ce qu’il a de meilleur n’est autre chose que le respect de soi-même et la défense de sa dignité. Nous sommes loin de soutenir que la passion de l’égalité n’ait pas d’autres principes que celui qu’on vient d’indiquer : les uns légitimes, mais inférieurs, comme l’amour du bien-être, d’autres plus bas encore et tout à fait illégitimes, comme l’envie et les appétits brutaux ; mais si l’on prend les aristocraties par leurs grands côtés, il faut prendre aussi les démocraties par ce qu’elles ont de grand. […] Au lieu de rapporter ces faits à leurs vraies causes, qui peuvent sans doute être combattues et jusqu’à un certain point vaincues, mais très-lentement, très-difficilement, grâce aux efforts persévérants de chaque classe, à la concorde de toutes, à un régime de paix et de liberté, combien n’est-il pas plus aisé de faire croire à l’ignorance que le mal vient des privilèges du capital et de la propriété ! […] On aurait voulu qu’il nous apprît si, suivant lui, le mal dont les symptômes viennent d’être esquissés n’est qu’à la surface de notre société, ou s’il a déjà pénétré au fond ; si ce malentendu redoutable n’est que le résultat de certaines prédications violentes, ou s’il tient à la nature des choses.
Par bonheur les puissances surnaturelles viennent en aide à ces déshérités pour la cessation de leurs peines et le triomphe de la justice31 à moins que ce triomphe ne se voie assuré par reflet d’un hasard, apparent ou réel. […] Je note, pour en finir avec cette longue comparaison entre contes allemands et contes indigènes, l’analogie qui existe entre la puérile explication de l’origine du soleil (D’où vient le soleil) et celle du conte de Grimm (Der Mond) relative à la lune. […] D’où vient le soleil et (contes des Gow) Sanou Mandigné chez les éléphants. […] 5° L’étrange loyauté des adversaires de Samba qui vient dans leur camp la veille de la bataille et qu’ils traitent avec le plus grand respect des droits de l’hospitalité, par égard pour la bravoure confiante qu’il manifeste ainsi envers eux. […] Dans Namara Soundiéta, celui-ci menace le chef qui lui refuse un terrain où enterrer sa mère, de détruire ses villages (balles et poudre), de tuer quiconque accepterait le prix de la concession (un couteau) de démolir ses cases où les volailles viendront prendre leurs ébats (poules et pintades) et de mettre ses villages en tel état que les arachides et le coton y pousseront sans être cultivés ni récoltés.
Un lecteur, quelque peu familiarisé par la solitude (bien mieux que par les livres) à ces vastes contemplations, peut déjà deviner où j’en veux venir ; — et, pour trancher court aux ambages et aux hésitations du style par une question presque équivalente à une formule, — je le demande à tout homme de bonne foi, pourvu qu’il ait un peu pensé et un peu voyagé, — que ferait, que dirait un Winckelmann moderne (nous en sommes pleins, la nation en regorge, les paresseux en raffolent), que dirait-il en face d’un produit chinois, produit étrange, bizarre, contourné dans sa forme, intense par sa couleur, et quelquefois délicat jusqu’à l’évanouissement ? […] Et toujours un produit spontané, inattendu, de la vitalité universelle venait donner un démenti à ma science enfantine et vieillotte, fille déplorable de l’utopie. […] Il ne promet aux siècles à venir que ses propres œuvres. […] Alors, comme je le faisais entrevoir tout à l’heure, la vitalité se déplace, elle va visiter d’autres territoires et d’autres races ; et il ne faut pas croire que les nouveaux venus héritent intégralement des anciens, et qu’ils reçoivent d’eux une doctrine toute faite. […] Qu’est-il venu dire en ce monde ?
« Je ne viens pas du ciel qui abaisse un regard de compassion sur la terre. Je viens des entrailles de la terre qui, par tous ses jaillissements printaniers, ouvre des yeux avides vers le ciel, — vers ce ciel que j’augmenterai, que j’enrichirai de toute ma croissance, quand mon instinct sublimé y versera le triomphe de ses effluves42 ». […] Un autre exemple : Je marche sur la route ; un homme qui vient vers moi m’arrête et me touchant le bras, me dit : « Vous ne passerez pas par ce chemin. » Naturellement, mon premier acte est de m’opposer à cette volonté extérieure et de dire : « Je prendrai le chemin qu’il me plaira de prendre. » Aucun de nous, à moins d’être timide de tempérament ou trop faible de nature, ne pourrait agir autrement. […] Nous venons d’entendre Carpenter nous parler de l’« autorité intérieure » et déclarer que les formes extérieures du gouvernement actuel n’étaient que « les parodies, les substituts provisoires du gouvernement et de l’ordre intérieur ». […] Nous sentons clairement, irrésistiblement, sans nulle hésitation, sans nulle obscurité, que le Dieu qui trônait dans l’azur céleste, monstrueuse image de l’absolue monarchie, s’est effacé comme un mauvais rêve, comme un hallucinant cauchemar, d’où les premiers rayons du jour viennent nous arracher.
Viennent les deuils ! Viennent les catastrophes ! […] Il était venu une première fois à Paris flairer les grandes affaires. […] Le souffle vient du large, alerte et robuste. […] Cette bonté, qu’il dispense aux autres, ne vient pas directement de lui.
Elles ne purent venir le rejoindre qu’un an plus tard. […] D’où lui venaient ces rares et séduisantes qualités ? Venaient-elles de sa race ? […] Il venait tout d’abord du sérieux de son caractère. […] La pauvreté vint.
La mélancolie vient, on prend en dégoût les autres et soi-même. […] Plantez-vous une heure durant, vers le matin, au débarcadère d’un chemin de fer, et considérez les hommes au-dessus de trente ans qui viennent à Londres pour leurs affaires : les traits sont tirés, les visages pâles, les yeux fixes, préoccupés, la bouche ouverte et comme contractée ; l’homme est fatigué, usé et roidi par l’excès du travail ; il court sans regarder autour de lui. […] Quand un industriel ou un marchand a gagné quelques millions, sa première pensée est d’acquérir une terre ; au bout de deux ou trois générations, sa famille a pris racine et participe au gouvernement du pays : de cette façon les meilleurs plants de la grande forêt populaire viennent recruter la pépinière aristocratique. […] La colère, le sang ne leur montent pas aux yeux d’abord comme chez les nations méridionales ; un long intervalle sépare toujours l’idée de l’action, et les raisonnements sages, le calcul répété viennent remplir cet intervalle. Entrez dans un meeting, considérez ces gens de toute condition, ces dames qui viennent pour la trentième fois entendre la même dissertation, ornée de chiffres, sur l’éducation, sur le coton, sur les salaires.
Le cardinal premier ministre, Consalvi, y venait tous les soirs prendre le vent de l’Europe ; il s’y délassait, dans des entretiens aussi libres que fins, des soucis du gouvernement pontifical entièrement remis à ses soins. […] — Qu’est-ce que ce cap de marbre sur lequel viennent écumer et bleuir là-bas les rayons du soleil et l’azur du ciel ? […] Puisse cette auberge se soutenir et prospérer pour la consolation et le bien-être des voyageurs à venir ! […] Gropius vint obligeamment se mettre à notre disposition pour nous montrer et nous commenter Athènes. […] Je vois d’ici les mille chemins qui descendaient de ces montagnes, tracés sur les flancs de l’Hymette, dans toutes les sinuosités des gorges et des vallées, qui viennent toutes, comme des lits de torrents, déboucher sur Athènes.
Mais si l’individu et la société sont, par nature, en harmonie, ceux qui troublent le nouvel ordre social ou qui retardent sa venue s’opposent par là à la libre action de l’individu. […] Les circonstances qui nous font citoyen d’un pays, membre d’une famille, qui nous font naître catholique ou musulman, riche ou pauvre, vigoureux ou faible, enfin notre choix même sur un certain nombre de points, viendront ensuite compléter, préciser et développer ce premier système d’obligations. […] Quand l’instinct social exalte l’individu, c’est pour que celui-ci lutte contre la société actuelle et vienne ensuite se soumettre à lui pour la construction de la cité future. […] La pression qu’il exerce sur nous est tout à fait analogue à toutes les influences contraignantes qui nous viennent du dehors. […] Et le premier venu peut donner des ordres à qui bon lui semble, mais on rit de lui si ses ordres ne sont point écoutés.
Les Italiotes de la Grande Grèce et les Ioniens n’habitaient-ils pas une côte analogue, et pourtant les uns sont devenus les Athéniens, tandis que les autres étaient des barbares, quand les Grecs sont venus les coloniser. […] Ce sont là autant de présomptions favorables ; mais la preuve des théories que nous venons d’exposer est ailleurs ; elle est dans le cours même de l’histoire générale des lettres et des arts, dont on ne peut venir à bout, sans leur aide, d’expliquer les anomalies et les grands traits. […] Aucun motif tiré soit de l’hérédité, soit de l’ascendant du milieu, ne peut faire que dans une nation restée politiquement et socialement intacte, un artiste ou plusieurs en viennent à essayer d’imiter les productions d’artistes étrangers. […] À titre de symptôme d’une époque, rappelons, entre autres choses, que l’Essai sur l’inégalité des races humaines (1853-1855) de Gobineau, mort en 1882, venait d’être republié en 1884. […] Rappelons que Binet et Féré venaient tout juste de publier leur livre sur le « magnétisme animal » (Alcan, 1887), relançant le débat sur cette vieille question qui a traversé tout le xixe siècle.
L’énergie de son style vient en partie de la profondeur de ses idées & de la force de son ame. […] L’auteur du Cid est venu le premier, à la vérité. […] D’où vient cela ? […] Enfin Malherbe vint. […] Après lui vinrent St.
Chapitre III : L’histoire On a vu comment la physiologie et une certaine psychologie expérimentale en viennent soit à supprimer les caractères essentiels des phénomènes psychiques, soit à les altérer en ramenant ces phénomènes à leurs conditions organiques et à leurs lois morales. […] Toute œuvre esthétique, comme toute institution politique, est l’expression d’une idée, laquelle vient elle-même d’une idée plus générale, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on arrive à l’idée première, à l’élément simple, comme diraient les chimistes, qui constitue le fond de l’être historique. […] Nous ne lui savons que deux adeptes bien connus qui l’aient professée, non dans une improvisation rapide, mais dans des œuvres laborieusement méditées, l’éminent jurisconsulte que la mort vient d’enlever à la présidence du Sénat, et le prince auteur d’une récente Histoire de César. Se seraient-ils souvenus que Victor Cousin avait eu le malheur de dire un jour, à propos de César, que toute démocratie veut un maître, ou n’est-ce point plutôt de la science allemande que leur est venue la théorie des hommes providentiels ? […] Pourquoi venir jeter sa destinée individuelle dans le courant de passions, de préjugés, d’instincts, de nécessités, qui doivent tout entraîner ?
Il vint, et ce fut l’auteur de Gil Blas. […] En réalité, on se plaint qu’il ait fait la lumière et qu’il soit venu dire : « Non ! […] Je me laisse aller comme je suis venu ; je ne combats rien… Dirai-je ceci en passant ? […] Les François de Sales et les Bérulle, de tous côtés, viennent à leur aide. […] Edgar Zévort vient d’écrire un assez bon Montesquieu.
C’est au milieu de ce quatrième acte, que sa belle maîtresse vient à lui préférer un jeune Anglais, parent de ce sir John Bikcrstaff qui n’a que trois millions de rente. […] Que l’on vienne nous dire dans le salon où nous rions et plaisantons avec des femmes aimables, que le feu est à la maison ; à l’instant nous n’aurons plus cette attention légère qu’il faut pour les bons mots et les plaisirs de l’esprit. […] Les gens sages se disaient : Pourquoi venir à un théâtre dont l’on ne sait pas le langage ? […] Un courrier de Vienne venu en six jours lui dit qu’on va le transposter à Sainte-Hélène, et tombe de fatigue à ses pieds. […] Comme je lisais cette liste de son impuissance, plusieurs honnêtes voyageurs la copiaient pour faire venir les ouvrages qu’elle indique.
On ne peut nier cependant que cet ouvrage ne vienne d’un homme de beaucoup d’esprit & d’un écrivain très-élégant. […] Les historiens qui vinrent après n’ont pas le même mérite. […] Venons aux modernes. […] Venons à présent aux histoires particuliéres. […] Venons à présent aux Mémoires publiés sur l’histoire du dernier regne.
— Ils avaient besoin de ce procédé pour en venir à leurs conclusions et fins. […] Et voilà qu’un doigt obscur vient y tracer sensiblement pour tous la corde du tissu et vous tire à vue d’œil par la ficelle.
Tel est l’effet magique de ces petits chefs-d’œuvre venus à leur moment : ils sont comme un miroir où chacun se reconnaît et apprend, pour ainsi dire, à se nommer ; on se fût cherché sans cela vaguement, bien longtemps encore, sans se bien comprendre ; mais voilà qu’on se regarde à l’improviste dans un autre, dans le grand artiste de la génération dont on est, et l’on s’écrie tout à coup : C’est moi, c’est bien moi ! […] Le Dernier Abencerage ne viendrait qu’après : il est, avant tout, d’une grande distinction d’élégance.
… Il y avait une pauvre femme renversée, la tête très basse, le ventre ouvert ; elle râlait continuellement… un moment elle est devenue toute bleue… tous les linges étaient couverts de sang… il en avait sauté sur le front des aides… on lui a enlevé un énorme morceau de chair. » Le chirurgien, au contraire, dirait plus techniquement : « Je viens d’opérer un fibrome qui m’a donné pas mal de tracas. […] Elle se complète au moment où la notion du traitement à tenter vient s’y juxtaposer.
On a trop répété le mot de Vauvenargues : « Les grandes pensées viennent du cœur ». […] Si une passion est contrariée, mille idées, regrets du passé, espérances et craintes de l’avenir, délibérations et projets, viennent le soutenir et comme donner un corps au sentiment vague et flottant de sa nature.
La Solidarité Discours prononcé à la distribution des prix du lycée Charlemagne, le 31 juillet 1894 Messieurs et jeunes camarades, Vous venez d’entendre un excellent discours. […] de première classe), vous aurez maintes occasions d’être secourables aux pauvres gens, de faire payer pour eux les riches, de réparer ainsi, dans une petite mesure, l’inégalité des conditions et d’appliquer pour votre compte l’impôt progressif sur le revenu Notaires (car il y en a ici qui seront notaires), vous pourrez être, un peu, les directeurs de conscience de vos clients et insinuer quelque souci du juste dans les contrats dont vous aurez le dépôt Avocats ou avoués, vous pourrez souvent par des interprétations d’une généreuse habileté, substituer les commandements de l’équité naturelle, ou même de la pitié, aux prescriptions littérales de la loi, qui est impersonnelle, et qui ne prévoit pas les exceptions Professeurs, vous formerez les cœurs autant que les esprits ; vous… enfin vous ferez comme vous avez vu faire dans cette maison Artistes ou écrivains, vous vous rappellerez le mot de La Bruyère, que « l’homme de lettres est trivial (vous savez dans quel sens il l’entend) comme la borne au coin des places » ; vous ne fermerez pas sur vous la porte de votre « tour d’ivoire », et vous songerez aussi que tout ce que vous exprimez, soit par des moyens plastiques, soit par le discours, a son retentissement, bon ou mauvais, chez d’autres hommes et que vous en êtes responsables Hommes de négoce ou de finance, vous serez exactement probes ; vous ne penserez pas qu’il y ait deux morales, ni qu’il vous soit permis de subordonner votre probité à des hasards, de jouer avec ce que vous n’avez pas, d’être honnête à pile ou face Industriels, vous pardonnerez beaucoup à l’aveuglement, aux illusions brutales des souffrants ; vous ne fuirez pas leur contact, vous les contraindrez de croire à votre bonne volonté, tant vos actes la feront éclater à leurs yeux ; vous vous résignerez à mettre trente ou quarante ans à faire fortune et à ne pas la faire si grosse : car c’est là qu’il en faudra venir Hommes politiques, j’allais dire que vous ferez à peu près le contraire de presque tous vos prédécesseurs, mais ce serait une épigramme trop aisée.
Voici quelques petites choses que je viens d’apprendre touchant la chirurgie. […] Il est temps que l’on sache que le premier venu ne peut s’improviser chirurgien. » * * * C’est un spectacle très prenant que celui d’une grande opération chirurgicale, surtout dans les cas où, le diagnostic n’ayant pu être entièrement établi, un peu d’aléa et d’aventure achève de la dramatiser.
Le marquis d’Urfé, né à Marseille, était un homme de qualité, d’origine allemande, dont la famille habitait le Forez : il était allié de la maison de Savoie, et vivait à la cour de Turin où il était bien venu. […] Il sembla, comme on voit, que d’Urfé fût venu au monde pour reproduire les délices de l’amour platonique et dégoûter des grossièretés de l’amour physique.
D’où vient donc La Fontaine n’applique-t-il cette réflexion qu’à l’Apologue actuel ? […] La morale dans la bouche de celui qui vient d’être châtié, fait ici un effet d’autant meilleur que le trait est saillant et l’épigramme excellente.
Mais d’où vient que mon cœur frémit d’un saint effroi ? […] Le Seigneur a détruit la reine des cités ; Ses prêtres sont captifs, ses rois sont rejetés : Dieu ne veut plus qu’on vienne à ses solennités.
Le pèlerin arrive à son village : la première personne qui vient au-devant de lui, c’est sa femme relevée de couches, c’est son fils retrouvé, c’est son père rajeuni. […] La philosophie peut remplir ses pages de paroles magnifiques, mais nous doutons que les infortunés viennent jamais suspendre leurs vêtements à son temple.
Ces hommes nez plus industrieux que laborieux, et qui veulent toujours subsister d’un travail qui ne soit point pénible, ne pouvant plus vivre des profits du théatre qui les avoit nourris jusqu’alors, ou moururent de faim ou changerent de métier, et les personnes du même caractere qui vinrent après eux exercerent leurs talens dans d’autres professions. […] D’ailleurs, ce fut l’évêque qui fit cesser le desordre. " il n’y a pas encore long-temps, c’est la traduction du latin, que les danseurs osoient venir exercer leur art dans ce lieu si respectable, et jusques sur le tombeau de notre saint martyr.
Elle pensait sans doute, et avec raison, que rien n’était d’une importance sociale plus profonde que d’écrire l’histoire, et qu’il en fallait défendre le droit par une institution contre les atteintes du premier venu, qui se délivre à lui-même mandat et brevet d’historien. […] En un mot que la mémoire de nos grands hommes ne soit pas la proie banale de l’ignorant ou du mauvais qui vient jeter dessus son jour, sa passion, son manque de principes, son ignorance ou sa haine !
D’où vient-il ? […] La nature vient à lui, demeure en lui et se fait douloureuse sous sa plume. […] Les uns ont des habiletés de style et de talent : lui a des sentiments qui viennent du fond de l’âme. […] Montenard, un nom qui vient naturellement sous la plume à propos de Jean Aicard. […] La verve vient peu à peu, par concentration et par volonté, non au hasard et par fantaisie.
Elles viennent offrir des fruits mûrs aux mourants ! […] Un vers chez Fort ne vient pas seul, il traîne avec lui sa strophe entière. […] Les « jeunes » sont venus continuer, en l’aérant, notre, tradition infiniment perfectible. […] Venu sous un ciel de feu pour savoir la fin de ses désirs errants, Loïc de Coëdigo n’y trouve qu’une déception âpre. […] De là vient que tout poème s’adresse d’abord aux sens et, par les sens au cœur, puis à l’intelligence.
Les détails et les preuves viendront plus tard. […] Celle qui vient des hommes est la plus facile à montrer, mais n’est pas la seule. […] D’où viendrait-il, sinon de l’énergie dépensée pour produire les actions d’arrêt ? […] D’où vient ce sentiment d’effort et quelle en est la signification ? […] L’idée, avec ses incessantes répétitions et son intensité, en vint à avoir une force de projection qui l’égalait à la réalité.
Il viendra ou ne viendra pas ; il viendra nombreux ou restreint ; il viendra aujourd’hui, demain, ou dans dix ans, ou dans un siècle. […] Le premier venu pouvait y entrer — et chacun y trouvait son compte ; car la poésie était de la fête et parfois la musique aussi. […] Nous possédons des mélodrames adroits de Dumas père ; c’est tout : le maître qu’on attend ne viendra pas. […] Un véritable malfaiteur viendra lui disputer la place : Dumas fils justement. […] Le temps peut donc venir — et il n’est pas si lointain qu’on le pense — où un art fleurira d’accord avec son milieu, à l’occasion des grandes fêtes de l’Église.
Les uns savants, les autres propriétaires ; — un jour radieux viendra où les savants seront propriétaires, et les propriétaires savants. […] Raoul Rochette, c’est s’exposer à recevoir un démenti du premier venu, s’il est plus savant que M. […] Le style et le sentiment dans la couleur viennent du choix, et le choix vient du tempérament. […] Elle doit venir à l’insu de l’artiste. […] L’élément particulier de chaque beauté vient des passions, et comme nous avons nos passions particulières, nous avons notre beauté.
Mme Talon la mère était venue pour tenir le ménage de son fils, et le président de Novion brillait galamment au milieu de Mmes ses filles. […] Durant quatre mois pleins, depuis le 25 septembre 1665, jour d’arrivée à Clermont, jusqu’au 4 février suivant, jour du départ, la maison de M. de Caumartin fut un centre de réunion et pour MM. des Grands Jours, et pour les principaux de la ville, et même pour ceux de la noblesse qui se rassurèrent à la fin jusqu’à venir affronter la vue des terribles juges. […] Lorsque des personnes de qualité, d’esprit et de fort bonnes mœurs, qui ne craignaient point la plus sévère justice, et qui s’étaient acquis la bienveillance des peuples, venaient à Clermont, ces bonnes gens les assuraient de leur protection, et leur présentaient des attestations de vie et mœurs, croyant que c’était unes dépendance nécessaire, et qu’ils étaient devenus seigneurs, par privilège, de leurs seigneurs mêmes. […] Ce récit, en style de procès-verbal, vient contrôler utilement l’élégante chronique de Fléchier, et il la confirme de tout point. « Il en prouve, suivant moi, l’authenticité de la manière la plus évidente. » C’est la conclusion d’un magistrat exact et consciencieux, M. […] Tous les honneurs et les succès lui venaient à la fois.
« Je dis aux superbes : N’élevez pas si haut votre front ; car ce n’est ni de l’orient, ni de l’occident, ni du septentrion, ni du désert que vient la fortune. […] « Je lève mes yeux vers les montagnes d’où me viendra ton secours ! […] C’est sur quelques-uns de ces rochers surpendus près de l’eau courante ; c’est dans quelques-unes de ces grottes sonores, rafraîchies par l’haleine et par le murmure des eaux ; c’est au pied de quelques-uns de ces térébinthes, aïeux du térébinthe qui me couvre, que le poète sacré venait sans doute attendre le souffle qui l’inspirait si mélodieusement. […] En prêtant plus attentivement l’oreille je distinguai la récitation cadencée des psaumes du poète, qui sortait du couvent des moines latins de Terre-Sainte, et qui, de terrasse en terrasse, venait mourir au tombeau du harpiste de Dieu. […] Les Persans, les Arabes, les califes, les croisés, les sultans s’en sont arraché les morceaux ; les pèlerins n’y viennent plus adorer que la poussière, et le vent l’emporte au désert ou à la plage de la grande mer avec le même mépris qu’il emporte le brin de paille du nid de l’hirondelle, quand la nichée a pris son vol en automne vers d’autres climats !
L’objection est puérile, si elle vient d’esprits qui ne croient pas à la possession des peuples par les dynasties. […] « Mais il vint un moment, et ce moment fut celui de la fuite du roi, sortant du royaume, protestant contre la volonté nationale, et allant chercher l’appui de l’armée et l’intervention étrangère, où l’Assemblée rentrait dans le droit rigoureux de disposer du pouvoir déserté. […] Elle avait appris en frémissant d’indignation, mais sans pâlir, le massacre de Suleau dans la cour des Feuillants, les cris de rage des assassins, les fusillades des bataillons aux portes de l’Assemblée, les assauts tumultueux du peuple pour forcer l’entrée du couloir et venir l’immoler elle-même. […] Il y a des événements qui sortent du ciel, comme des bouches de volcan, sans avoir été allumés par aucune main, ou qui sortent du ciel comme des météores, sans que personne puisse dire d’où ils viennent, ce qu’ils vont frapper et où ils vont s’éteindre. […] Le corps du roi n’était pas encore refroidi sur l’échafaud que le peuple doutait de l’acte qu’il venait d’accomplir, et se demandait, avec une anxiété voisine du remords, si le sang qu’il venait de répandre était une tache sur la gloire de la France ou le sceau de la liberté.
Henri Lavedan, d’où vient-elle donc ? […] Venu immédiatement après Gyp, il a coloré et corsé le langage de Gyp. […] Toutefois, venu à Paris, il continue de gaspiller ses jours et les présents des fées : mais une femme — sa femme — le recueille, l’apaise à la fois et le fortifie, et, en apportant à ce tzigane l’ordre et la paix du foyer, le fait capable de tâches sérieuses et de beaux livres. […] Il y a chez lui trop de choses : des nerfs, de l’ironie, du pessimisme même et de la férocité, mais aussi de la gaîté, du comique, de la tendresse, le goût de pleurer… Pour les bonnes gens, voyez-vous, (et pour les autres aussi), Daudet possède un don qui domine tout : le « charme » ; et c’est à ce mot simple et mystérieux qu’il faut toujours en venir quand on parle de lui. […] Bref, la République, pour se tirer galamment d’affaire, n’eut qu’à dire à son hôte : « Sire, je vous présente mes aïeux ; et, ce que vous pouvez voir en moi-même d’agréable et d’élégant, c’est à eux que je le dois. » Il me semble donc que, pendant ces heures uniques, nul, même parmi le peuple ombrageux des faubourgs, ne put haïr complètement ce passé de la France, qui venait si gracieusement à notre aide.
Je pense, comme les catholiques, que nos sociétés, fondées sur un pacte supposé, notre loi athée sont des anomalies provisoires et que, jusqu’à ce qu’on en vienne à dire : Notre sainte constitution, la stabilité ne sera pas conquise. […] Docteurs noirs et scolastiques, soigneux seulement de votre Incarnation et de votre Présence réelle, le temps est venu où l’on n’adorera le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem, mais en esprit et en vérité 205. […] Il répugne de passer sa vie comme la brute, de naître, de contracter mariage, de mourir sans que quelque cérémonie religieuse vienne consacrer ces actes saints. […] un jour viendra où ils devront subir la loi commune et traverser la vilaine période de l’impiété. […] Le temps des petits hommes et des petites choses est passé ; le temps des saints est venu.
Et au-delà de ces contes où l’angoisse paraît exaltée hors de mesure, de névrose eu névrose, viennent des êtres plus mystérieusement désorganisés, puissants d’intelligence, atteints des maladies profondes de la volonté, monstrueux et fêlés par l’énorme développement de quelque groupe cérébral normalement infime. […] Nous entrons dans l’éther astral où s’échangent les douces paroles de Monos et d’Una, d’Oinos et d’Agathos, d’où descendent le démon de Silence, la fée de l’Ile, d’où vint le fantôme informe et indéfini qui, par un temps de pestilence, contrista les sept buveurs de Ptolémaïs. […] Dans Lénore, dans Ulalume, se lève la plainte pour une amante perdue, la soudaine angoisse d’un inconsolé, qui vient à passer, par une nuit scintillante d’automne, devant le seuil du caveau clos depuis un an sur une dépouille chère. […] Wilson, qu’à l’île de Tsalal, les matelots de la Jane Guy trouvent des femmes « obligeantes en toutes choses », que dans Marie Roget, il faille fouiller le dessous d’une femme galante, et dans le Crime de la rue Morgue, entrevoir le cadavre d’une jeune fille brutalement lacérée, pas un mot équivoque, pas une allusion aux réalités de la chair, un rauque éclat de voix ou un afflux de sang ne vient altérer le calme glacial de ces œuvres et de toutes. […] Cet être, issu du mariage d’une comédienne et d’un gentillâtre que sa famille renia, ayant pour frère aîné un demi-fou et pour sœur puinée une idiote, laissé orphelin à trois ans, adopté par une famille riche et passant sa jeunesse dans ces orgueilleux états du Sud, où se recrutèrent les esclavagistes, élevé sans affection dans l’attente d’une grande fortune, dissolu, endetté, désavoué par un père adoptif, ayant mené à deux reprises pendant deux ans une vie d’aventures et de vagabondages inconnus, fut ramassé mourant de faim à Baltimore, par un vieux journaliste que ses premiers essais avaient étonné, Il vient ici une éclaircie de quelques années.
C’est une difficulté contre laquelle sont venus échouer nécessairement tous les classificateurs, sans qu’aucun l’ait aperçue distinctement. […] (5) On concevra d’autant mieux la difficulté de construire ces doctrines intermédiaires que je viens d’indiquer, si l’on considère que chaque art dépend non seulement d’une certaine science correspondante, mais à la fois de plusieurs, tellement que les arts les plus importants empruntent des secours directs à presque toutes les diverses sciences principales. […] Une première contemplation de l’ensemble des phénomènes naturels nous porte à les diviser d’abord, conformément au principe que nous venons d’établir, en deux grandes classes principales, la première comprenant tous les phénomènes des corps bruts, la seconde tous ceux des corps organisés. […] Mais quoique la classification ci-dessus proposée remplisse entièrement cette condition, ce qu’il serait superflu de prouver, il n’en faudrait pas conclure que les habitudes généralement établies aujourd’hui par expérience chez les savants rendraient inutile le travail encyclopédique que nous venons d’exécuter. […] La loi générale qui domine toute cette histoire, et que j’ai exposée dans la leçon précédente, ne peut être convenablement entendue, si on ne la combine point dans l’application avec la formule encyclopédique que nous venons d’établir.
Quant à l’Épopée, la Henriade de Voltaire est venue faire prendre à la France sa place épique bien loin derrière toutes les autres nations : car ce sont précisément la conception et le ton épiques qui manquent à cette épopée, même dans les passages les plus justement cités par les rhétoriques de collège. […] De là vient que les grands musiciens et surtout les grands peintres, enfin tous les artistes distingués sont bien plus sensibles à la poésie, et par conséquent, en sont bien meilleurs juges que les hommes de lettres proprement dits. […] Nous venons à une époque où le besoin de vérité en tout, est universellement senti, et en cela les poètes actuels sont plus heureux que leurs prédécesseurs. […] Aucun amour-propre, aucun intérêt hors de l’art ne nous a dirigés ; nous n’avons d’autre ambition que de faire connaître le grand poète anglais au public français ; si nos ouvrages sont applaudis, c’est Shakespeare qu’on applaudira ; si Shakespeare n’est pas compris, ce sera la faute de ses interprètes ; d’autres plus habiles ou plus heureux viendront, et nous serons les premiers à servir et à proclamer leur triomphe. […] Viennent ensuite des ballades de mon invention et des poésies de tout genre et de toute dimension, depuis l’ode jusqu’au rondeau, depuis l’élégie jusqu’au sonnet ; c’est pourquoi j’ai appelé le tout : Études françaises et étrangères.
C’est avec le noir animal de sa Bovary que Flaubert a fait ses femelles de L’Éducation sentimentale, et c’est ce connu, c’est ce manque de nouveauté, dans les personnages comme dans la manière, c’est cette répétition affaiblie, comme toute répétition, des mêmes formes et du même fond d’idées, — si idées il y a, — qui sera l’empêchement dirimant du grand succès annoncé, mais qui ne viendra pas, et qui déjà, comme vous voyez, se fait attendre ! […] Le livre, tel que le voilà venu, est tellement incompréhensible qu’on n’en aperçoit ni l’idée première, ni même l’intention. […] … Pour ceux qui savent quelque chose de l’histoire des premiers siècles de l’Église, quel marmouset sera le saint Antoine de Flaubert, berné par ses tentations comme Sancho Pança par les muletiers qui le font sauter dans sa couverture, à côté du majestueux patriarche des Solitaires, l’ami du grand Athanase, au souffle inspiré, qui, du fond du désert, s’en vint et plana sur le concile de Nicée, et dont la pauvre sandale de roseaux entrelacés pesa aussi lourdement sur le démon terrassé que la bottine d’or de l’Archange ! […] Et si, un jour, on a cru voir la crinière du lionceau pointer autour de la tête de ce nouveau venu en littérature qui publia Madame Bovary, elle ne poussa bientôt plus, et le lion qu’on avait cru voir dans Flaubert, et qui s’est détiré opiniâtrement toute sa vie pour sortir de sa gaine, n’en est point sorti, et même ses efforts pour en sortir l’y ont enfoncé davantage ! […] Il les a eus, enfin, autant que Préault, le sculpteur, qui ne les a pas sculptés — caricatures en marbre — par respect de son ciseau, mais qui les a coupés pendant tout le temps qu’il vécut avec des épigrammes plus acérées que son ciseau, et qui a dit d’eux ce mot que n’aurait pas trouvé Flaubert : « Quand la Sociale viendra, nous en aurons, chacun de nous, une trentaine dans notre écurie !
Eh bien, que l’on compare, si on l’ose, ce traité du gentilhomme, ce rituel mondain de l’aristocratie anglaise, avec le traité de Balzac, et on verra si l’abîme qui sépare ces deux livres vient uniquement du mouvement des temps et de la différence des époques, mais s’il ne tient pas plutôt au fond même des notions de l’écrivain ! […] Au moment où Balzac écrivait son Traité de la vie élégante, un homme qui n’est pas son égal, à coup sûr, mais qui n’a pas non plus d’égaux, Stendhal, venait, dans son Rouge et Noir, de révéler des facultés puissantes d’observation créatrice et un style de génie ; car il ne ressemble au style de personne. […] C’est nous, les derniers venus d’ici-bas, qui avons blanchi sous le faix de la science et des sensations de la vie, c’est nous qui pouvons posséder dans toute sa force et sa plénitude cette vertu de bonhomie, inhérente à tous les talents, qui nous prend le plus à la poitrine et qui rend humain l’idéal ! […] C’est par Rabelais que lui était venu son commencement de renommée. […] Il se grandit pour faire plus de place à la mort qui vient.
Daru lorsque sa charge fut complète et après que l’Empereur eut pris en lui toute confiance, il suffit de remarquer qu’il cumulait une triple administration : 1º l’intendance générale de la maison de l’Empereur et des domaines privés de la Couronne ; 2º l’intendance générale de ses armées qui prirent à dater de 1805 un développement de plus en plus considérable, croissant comme les projets mêmes et les plans du maître, tellement que partant de l’effectif d’Austerlitz, qui était de cent à cent vingt mille hommes, les armées en vinrent à s’élever en 1812 au chiffre de six cent mille ; 3º à cette double administration M. […] Daru fut nommé ministre secrétaire d’État, ce qui fit trêve quelque temps dans son intendance générale des armées ; mais il en reprit de fait les fonctions pendant la dernière partie de la campagne de 1812 ; et au mois de novembre 1813, devant l’imminence du danger, il quitta la secrétairerie d’État et devint ministre directeur de l’administration de la Guerre, position moindre ; mais était-ce descendre, et l’idée en venait-elle seulement à M. […] Roger, qui, à la recommandation de ses puissants amis, venait d’être nommé membre du Corps législatif, était de ceux qui tenaient M. […] au moment où je vais commencer une scène, une danseuse vient me demander un pantalon, des souliers brodés ou une jupe de crêpe, quoique nos règlements proscrivent le crêpe ; un chanteur me fait dire qu’il est enrhumé, et il faut aller le flatter ou le menacer, si je ne veux pas que Paris manque d’opéra.
La morale ne viendra pas au bout toute sèche et toute directe : Une morale nue apporte de l’ennui. […] Le sol, la lumière, la végétation, les animaux, l’homme, sont autant de livres où la nature écrit en caractères différents la même pensée. » De même, en étudiant l’histoire, il est porté à voir dans les individus, et sans excepter les plus éminents, une production directe, un résultat à peu près fatal du siècle particulier où ils sont venus. […] La réflexion solitaire, si forte qu’on la suppose, est faible contre cette multitude d’idées qui de tous côtés, à toute heure, par les lectures, les conversations, viennent l’assiéger… Tels que des flots dans un grand fleuve, nous avons chacun un petit mouvement, et nous faisons un peu de bruit dans le large courant qui nous emporte ; mais nous allons avec les autres, et nous n’avançons que poussés par eux. […] Si l’on peut espérer d’en venir un jour à classer les talents par familles et sous de certains noms génériques qui répondent à des qualités principales, combien, pour cela, ne faut-il pas auparavant en observer avec patience et sans esprit de système, en reconnaître au complet, un à un, exemplaire par exemplaire, en recueillir d’analogues et en décrire !
Saint-Simon, qui n’avait pas eu le temps de connaître Louvois, ne lui en. voulait pas moins personnellement comme au grand niveleur qui avait mis au pas la noblesse dans les armées, qui l’avait réduite à l’égalité dans l’obéissance et la discipline, avait assujetti les plus grands seigneurs (sauf les seuls princes du sang) à débuter par porter le mousquet et à faire le service comme les plus simples gardes, puis, les grades venus, à ne tenir de leur naissance aucune prérogative et à ne figurer qu’à leur rang selon l’ordre du tableau. […] Il fallut, pour en venir là, arracher bien des choses à Colbert ; car les services civils et militaires étaient enchevêtrés, et le conflit se produisait à tout instant. […] Les premiers n’étaient pas toujours purs et nets ; les seconds avaient bon dos, on trichait à leurs dépens, et il se faisait bien des tours de passe-passe : « Assurément, disait Vauban, s’il y avait quelque bon tour dans la filouterie que le Diable ne sût pas, il pourrait le venir apprendre ici… Il n’y a pas une telle école au reste du monde. » Mais les officiers vont plus loin ; quelques-uns, et des plus coupables, pour se blanchir, osent se plaindre des gens qu’emploie Vauban, comme s’il ne surveillait pas son monde : on semble dire que lui-même interrogé ne pourra disconvenir de certains faits. […] Le spirituel général Haxo, qu’on peut citer dans un article où il vient d’être tant question de Vauban, aimait fort à contredire, et quand il n’y avait plus moyen : « Nous sommes d’accord, disait-il à son interlocuteur ; eh bien !
disait-il ; je crois que j’entends venir le roi » Louis XIV ne l’entendait jamais venir, car il l’était et le restait toujours. […] — Louis XIV en vient au grief le plus récent et qui l’a ulcéré. […] Les quatre places investies sont prises à point nommé, et l’on en vient à ce fameux passage du Rhin, poétiquement chanté par Boileau et très simplement raconté par Louis XIV.
Un ambassadeur vénitien écrivait peu après, en terminant une dépêche où il résumait tout le règne et le caractère de Charles-Quint : « Mais la fuite d’Inspruck, le mauvais succès de l’entreprise de Metz ont traversé le cours de cette gloire et sont venus remettre en mémoire les autres mauvais succès, comme ceux de Provence, d’Alger et de Castelnuovo ; la trêve désavantageuse conclue avec Sa Majesté très chrétienne, la renonciation aux États, le départ pour l’Espagne et l’entrée dans un monastère, tout cela lui a fait perdre presque toute sa réputation, je dis presque toute, parce qu’il lui en reste autant qu’il reste d’impulsion à une galère qui a été fortement poussée par les rames et le vent, et qui, l’un et l’autre cessant, fait pourtant encore un peu de chemin ; chacun concluant de là que c’est par le souffle favorable de la fortune qu’a été guidé l’immense navire des États, royaumes et pires de Sa Majesté. » Mais, patience ! il viendra, quelques années après, un sage appelé Montaigne qui remettra tout à sa place et à son rang dans l’estime, et qui ayant à développer cette idée, qu’un père sur l’âge, « atterré d’années et de maux, privé par sa faiblesse et faute de santé de la commune société des hommes, se fait tort et aux siens de couver inutilement un grand tas de richesses, et que c’est raison qu’il leur en laisse l’usage puisque la nature l’en prive », ajoutera pour illustrer sa pensée : « La plus belle des actions de l’empereur Charles cinquième fut celle-là, à l’imitation d’aucuns Anciens de son calibre, d’avoir su reconnoître que la raison nous commande assez de nous dépouiller, quand nos robes nous chargent et empêchent, et de nous coucher quand les jambes nous faillent : il résigna ses moyens, grandeur et puissance à son fils, lorsqu’il sentit défaillir en soi la fermeté et la force pour conduire les affaires avec la gloire qu’il y avoit acquise : Solve senescentem… » Mais entrons un peu plus avant dans les raisons qui persuadèrent à une de ces âmes d’ambitieux, si aisément immodérées, d’en agir si sensément et prudemment. […] Son plaisir comme son triomphe était de démêler des intérêts compliqués, de débrouiller des situations épineuses, de compenser et contrebalancer des influences, de ménager des mariages et alliances considérables, d’agiter enfin des desseins profonds dont rien ne se trahissait au dehors et ne venait déranger le dédain de sa lèvre ni obscurcir la calme sécurité de son front. […] L’enfant âgé de douze ou treize ans, portant alors le nom de Geronimo et passant pour le page de Quivada, vint quelquefois à Saint-Just dans les derniers mois de la vie de son glorieux père ; mais le vieil empereur le voyait sans faire semblant de le connaître.
Le jour où viendrait un critique qui aurait le profond sentiment historique et vital des lettres comme l’a M. […] Quand Ajax (dans Homère) s’efforce de lancer quelque énorme quartier de rocher, le vers aussi travaille et les mots marchent pesamment : autre chose, quand la légère Camille (chez Virgile) rase la plaine, vole sans les courber sur la tête des épis, ou effleure la cime des vagues. » De tels morceaux, on le conçoit, sont intraduisibles ; et quand Delille, avec sa grande habileté, imitant ce passage au quatrième livre de l’Homme des Champs, vient nous dire : Peignez en vers légers l’amant léger de Flore ; Qu’un doux ruisseau murmure en vers plus doux encore…, il manque tout d’abord à la précision et à la sobriété de Pope qui dit Zéphyr tout court et non pas l’amant de Flore. […] » On venait d’apprendre cette glorieuse nouvelle. […] Lors même qu’on en vint à tolérer tant bien que mal les diverses communions chrétiennes, il y avait les Juifs que l’on continuait de honnir, que l’on vexait en chaque rencontre ou que l’on flétrissait à plaisir dans l’opinion.
Quand on en venait au fait et au prendre, le succès pour lui ne répondait pas aux vues, et il ne retrouva jamais à la guerre de quoi couronner ou confirmer les exploits plus ou moins faciles de sa jeunesse. […] Les choses en vinrent au point que le duc de Noailles fut interpellé là-dessus en pleine galerie de Versailles par la duchesse de Saint-Simon indignée, qui le força d’avouer le vrai et lui en fit la leçon devant témoins. […] Ces soupçons, fruit d’une imagination échauffée et d’une haine recuite, n’avaient pu lui venir que longtemps après l’événement ; il s’est fait plus de tort à lui-même qu’à son ennemi, en ne se retenant pas de les exprimer. […] Anne-Paule-Dominique de Noailles, marquise de Montagu ; seconde édition ; 1 vol. in-18 (Dentu, Palais-Royal, et Douniol, rue de Tournon, 29). — Un fâcheux procès pourtant, qui a tout à coup initié le public à la composition de cette biographie, est venu non pas porter atteinte à l’authenticité de l’ensemble, mais faire suspecter la sincérité de quelques détails.