Celui-ci rappelle le Conrad de Byron et le Cleveland de Walter Scott.
Aucune des règles que je rappelais n’est observée aujourd’hui dans la toilette féminine.
Quand on embrasse, de quelque courbe de sa rive, la Loire étalée et bleue comme un lac, avec ses prairies, ses peupliers, ses îlots blonds, son ciel léger, la douceur épandue dans l’air, et, non loin, quelque château ciselé comme un bijou, qui nous rappelle la vieille France, ce qu’elle a été et ce qu’elle a fait dans le monde, l’impression est si charmante, si enveloppante, qu’on se sent tout envahi de tendresse pour cette terre maternelle, si belle sous la lumière et si imprégnée de souvenirs.
Du Bellay et lança, en 1885, un manifeste qui rappelle quelque peu la Deffense et illustration de la langue françoise, de 1549.
Pour répondre à cette question, il faut se rappeler qu’un individu n’a d’action sur la masse d’un peuple que si on lui reconnaît une certaine supériorité.
Elle avait trente-cinq ans en 1676, et, comme disent les Mémoires de Madame, une grosse vilaine taille , qui rappelait ses huit enfants, et elle dansait et se paraît comme une femme de dix-huit.
Tout en admirant la littérature de Louis XIV si bien adaptée à sa monarchie, elle saura bien avoir sa littérature propre, et personnelle, et nationale, cette France actuelle, cette France du dix-neuvième siècle à qui Mirabeau a fait sa liberté et Napoléon sa puissance9. » Qu’on pardonne à l’auteur de ce drame de se citer ici lui-même ; ses paroles ont si peu le don de se graver dans les esprits, qu’il aurait souvent besoin de les rappeler.
Je me rappelle de mauvais tableaux et de très-bons dessins de celui-ci.
On se rappelle cet Examen de conscience philosophique où l’illustre vieillard revise les principes qui l’ont commandé dans les crises principales de son existence et déclare s’y tenir.
Nous avons rappelé la distinction qu’il faut maintenir entre les jugements qui constatent et les jugements qui apprécient.
Il était à Naples après les fêtes de Pâques 1824, lorsque des lettres de son père, qui trouvait l’absence de son fils trop prolongée, vinrent le rappeler instamment. […] Et des autres rédacteurs du Globe, auxquels on aurait pu penser pour cette députation idéale que j’imagine et qu’il me plaît de rêver par les figures qu’elle me rappelle et qu’elle ressuscite, M. […] Ampère sans doute pouvait faire théoriquement profession de républicanisme, mais c’était un pur républicain de salon qui n’avait jamais, il faut bien le savoir, écrit dans sa vie un seul article politique, comme nous tous avions fait plus ou moins : lui, il s’était toujours abstenu ; je le répète, ni sous la Restauration, ni durant les dix-huit années de Louis-Philippe, Ampère n’avait jamais imprimé une seule ligne de politique, ce qui n’empêchait pas qu’il ne fût fort vif en causant et fort sincère, qu’il ne tînt même à faire acte de présence au National du temps de Carrel les jours d’émotion ou d’émeute, sauf à regarder brusquement à sa montre et à se rappeler qu’il n’avait plus que juste le temps de courir à l’École normale faire une conférence sur Gongora ou le cavalier Marini. […] Kergorlay a été rappelé par une dépêche télégraphique, et j’ai naturellement offert de ramener Mme de Tocqueville. […] » — Il comparait Fauriel, qui craignait toujours d’être trop vif dans l’expression et d’outre-passer la vérité, à un homme qui fait un dessin à la mine de plomb : « Et quand il a fini, il craint que ce ne soit encore trop vif, et pour plus de précaution, il passe sa manche dessus. » Ceci me rappelle à moi-même un mot que m’écrivait M. de Rémusat après la lecture de mes articles sur Fauriel : « Il est original, me disait-il, par son défaut absolu d’effet et de saillie.
Un soir ce curé aperçoit un gentilhomme nouveau débarqué, va droit à lui, et, sans saluer, lui demande : « Dites-moi, monsieur, vous rappelez-vous un jour de beau temps dans ce monde ? » L’autre, étonné, répond, après quelques instants, qu’il se rappelle beaucoup de pareils jours. « C’est plus que je ne puis dire : je ne me rappelle aucun temps qui n’ait été trop chaud ou trop froid, trop humide ou trop sec ; mais, avec tout cela, le seigneur Dieu s’arrange pour qu’à la fin de l’an tout soit très-bien. » Sur ce sarcasme, il tourne les talons et sort : c’était Swift. — Un autre jour, chez le comte de Burlington, en quittant la table, il dit à la maîtresse de la maison : « Lady Burlington, j’apprends que vous chantez. […] Il faut enfin que la passion de bien prouver se joigne à l’art de bien prouver, que l’orateur annonce sa preuve, qu’il la rappelle, qu’il la présente sous toutes ses faces, qu’il veuille pénétrer dans les esprits, qu’il les poursuive avec insistance dans toutes leurs fuites, mais en même temps qu’il traite ses auditeurs en hommes dignes de comprendre et d’appliquer les vérités générales, et que son discours ait la vivacité, la noblesse, la politesse et l’ardeur qui conviennent à de tels sujets et à de tels esprits. […] Il faut calculer les faits qu’ils savent, les idées qu’ils ont reçues, les intérêts qui les pressent, ne rappeler que ces faits, ne partir que de ces idées, n’inquiéter que ces intérêts. […] Je ne me rappelle pas une seule ligne de lui qui indique un sentiment vrai de la nature ; il n’apercevait dans les forêts que des bûches et dans les champs que des sacs de grain.
Nous ne pouvons en ce moment nous rappeler un seul exemple où cette règle ait été transgressée avec un heureux effet, excepté l’exemple de la Boucle de cheveux. […] Il remarque que pour1370 leur faire comprendre une tempête, le seul moyen est de leur rappeler tel orage qu’ils ont vu de leurs yeux, entendu de leurs oreilles, dont leur mémoire est encore pleine, et qui, par contre-coup, bruisse encore dans tous leurs sens. […] Il s’efforce très-souvent d’être comique, et pourtant nous ne nous rappelons pas une seule occasion où il ait réussi à être autre chose que bizarrement et étourdiment insipide. […] Les mathématiques deviennent, entre les mains des Anglais, un excellent moyen de raillerie, et l’on se rappelle comment le spirituel doyen, comparant par des chiffres la générosité romaine et la générosité anglaise, accablait Marlborough sous une addition. […] Me suffit-il, pour comprendre l’action de Marlborough ou de Jacques, de me rappeler une disposition ou qualité qui l’explique ?
Rappelez-vous cette fameuse tabatière — car la gloire est quelquefois grotesque, pour dégriser d’elle ceux qui l’aiment trop, — sur laquelle trois philosophes étaient représentés, comme trois rois sur une médaille, avec cette inscription prudhommesque : « au flambeau du genre humain ! […] Diderot aurait trop rappelé Cousin à Sainte-Beuve, Cousin qu’il admirait respectueusement, mais à distance, craintif comme un lièvre devant ce bombardant philosophe. […] Ce bijou de dialogue rappelle, par l’esprit, la vivacité, l’étincellement, cet autre bijou : le Dialogue de l’esprit fort et d’un capucin, par le prince de Ligne, qui, lui, a sur Diderot l’avantage du christianisme, et qui soufflette avec tant de grâce les idées impies avec lesquelles Diderot se donne des airs et a l’impertinence de badiner. […] Je ne parle pas du Neveu de Rameau, qui n’est qu’une figure mise debout, dans un dialogue de deux personnes, avec cette verve qu’avait parfois Diderot, cet esprit sanguin et nerveux, — nerveux jusqu’à la danse de Saint-Guy et sanguin jusqu’à l’apoplexie, — ni des Bijoux indiscrets, cette polissonnerie sans esprit qui rappelle le Sopha, cette autre polissonnerie, et qui met Diderot au-dessous même du fils Crébillon. […] Dans les chapitres précédents nous avons, si on se le rappelle, cherché à prendre la mesure exacte du métaphysicien, du moraliste, de l’historien, du romancier, de l’homme de raisonnement et de fantaisie, si prodigieusement exagérés dans Diderot.
La religion ne cesse de nous y rappeler. […] C’est Malherbe qui rappelle ensuite que « la mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ». […] Et, en effet, rappelez-vous les vers d’amour qui peuvent chanter dans vos mémoires : ils ne sont pas de Victor Hugo. […] Rappelez-vous cette pièce fameuse : la Tristesse d’Olympio, qu’on a souvent rapprochée du Lac de Lamartine et du Souvenir d’Alfred de Musset. […] Rappelez-vous une autre pièce de Victor Hugo, celle qui est intitulée : À l’Arc de triomphe de l’Étoile.
Rien de singulier, lien qui étonne ; mais une harmonie calme et sévère, qui rappelle la grande manière des poètes et des peintres de l’Italie. […] Le Campo Santo, qui forme la première partie du Pianto, rappelle en plusieurs endroits l’énergie virile des Ïambes. […] Le dialogue de Salvator et du pécheur, sur la liberté déchue, rappelle, en effet, d’une façon frappante, les chants alternés des pâtres siciliens. […] La marquise a promis à son mari mourant de rester veuve pendant deux ans ; et ce serment, qui retarde le mariage d’Auguste et de Louise, donne à Latréaumont le temps de rappeler à son neveu, au chevalier des Préaux, la promesse imprudente qu’il a reçue. […] Le langage de ce poète, qui appartient à toutes les générations, sans rappeler en rien le langage du tragique grec, n’est cependant ni moins puissant, ni moins logique.
Arnault d’être court sur un sel sujet, qui lui prescrivait pourtant de ne pas omettre quelques noms rayés en même temps que le sien et restés jusqu’ici absents, lui interdisait-elle donc, à lui naguère proscrit, de sortir un moment du cadre étroit de cette enceinte, de se rappeler à l’esprit ce qu te passe autour de nous, ce qui s’y accomplit d’arbitraire, ce qui y règne de violent et d’inusité ?
La conserver et l’accroître et affirmer que nous le devons — l’affirmer par un acte de foi (car vous vous rappelez que tout est vain), c’est là proprement la vertu… Ici il faudrait tout citer.
Jamais une idée ingrate ou maussade, de ces idées qui peuvent faire soupçonner immédiatement d’insensibilité et d’égoïsme celui qui les exprime, ou rappeler que la réalité n’est pas du tout simple ou que l’homme, même du peuple, n’est pas toujours un très aimable animal.
Pourquoi ne pas tout dire, ne pas rappeler ce que chacun sait ?
Paul Fort me rappelle le romantique Aloysius Bertrand dont le livre unique de poèmes en prose est aujourd’hui tombé dans un très injuste oubli.
Haraucourt, hautain et résolu, brandissait, d’une voix impérative, des morceaux de l’Âme nue qui rappelaient Corneille par l’écorce, et Tolstoï par la sève, tant ils débordaient de généreuse pitié.
On citait beaucoup de cas de crucifiés qui, détachés à temps, avaient été rappelés à la vie par des cures énergiques 1198.
Il s’appuye de celle de Henri IV, qui reçut la discipline sur les épaules, des cardinaux d’Ossat & du Perron ; formalité bien vaine, mais raison plus étrange encore pour vouloir qu’on admettre un usage quelquefois criminel & suggéré par la débauche ; un usage qui peut être remplacé par tant d’autres plus dignes d’un vrai pénitent ; un usage qui peut être remplacé par tant d’autre plus dignes d’un vrai pénitent ; un usage enfin que la religion ne prescrit pas, & qui rappelle ces prêtres de Baal, qui se déchiroient à coups de lancettes, ou ces insensés Brammins qui passent la plus grande partie de leur vie, nuds dans leurs cellules, occupés à s’enfoncer des clous dans les bras & dans les cuisses, en l’honneur de leur dieu Brama.
Cela me rappelle une farce dans laquelle Arlequin est représenté, couchant dans la 108 rue.
Du tombeau, quand tu veux, tu sais nous rappeler ; Tu frappes et guéris, tu perds et ressuscites.
On retrouve ici quelques traces du culte touchant des lares, et l’on se rappelle la fille de Laban, emportant ses Dieux paternels.
Les problèmes relatifs à la grammaire préhistorique lui rappellent la formation des espèces végétales et animales. […] Rappelle-toi la promenade que tu as faite l’autre jour avec moi dans la forêt. […] Mieux vaut rappeler l’âpre et vaillant labeur dont ces outrances hardies sont le résultat. […] Rappelez-vous Des Esseintes et ses prodigieuses dissertations sur la décadence latine. […] Depuis lors, une nostalgie a rappelé vers les Flandres brumeuses l’âme mécontente et douce de M.
Votre nom a le privilège de rappeler tout ensemble les meilleures traditions de la presse et de l’enseignement public. […] Elle a dicté à La Rochefoucauld cette pensée que je ne suis point fâché de rappeler à M. […] Pas une circonstance, pas un tableau, pas une formule, pas une définition n’est là qui ne nous rappelle la matière. […] Quelle idylle plus gracieuse que le moment où le père Rouault se rappelle ses noces ! […] Harpagon, — car il faut bien se résigner à se rappeler sans cesse Molière à propos de Regnard, — Harpagon étouffe quand il maudit Cléante.
Elle avait eu, pendant le séjour de File d’Elbe, l’occasion de rendre service à l’Empereur dans une circonstance singulière que rappelle M. […] Par ses prestigieuses et naïves évocations du passé, il rappelle les trouvères de notre moyen-âge, à moins que ce ne soit le vieil Homère lui-même. […] Est-il besoin de rappeler à un lettré tel que lui ce passage de La Bruyère : « Vous voulez me dire qu’il fait froid ; que ne disiez-vous : il fait froid ? […] Rappelle-moi au souvenir de M. […] Il est curieux d’en rappeler l’histoire.
Chacun se rappelait les bannissements, les confiscations, les supplices, la loi violée systématiquement et sans relâche, la liberté du sujet assiégée par un complot soutenu, l’idolâtrie épiscopale imposée aux consciences chrétiennes, les prédicateurs fidèles chassés dans les déserts de l’Amérique ou livrés au bourreau et au pilori457. […] Il y a telle phrase qui, par la beauté virile et l’enthousiasme, rappelle le ton de la République. « Je ne puis louer, dit-il, une vertu fugitive et cloîtrée, inexercée et inanimée, qui ne sort jamais de sa retraite, ni ne regarde en face son adversaire, mais s’esquive de la carrière où, dans la chaleur et la poussière, les coureurs se disputent la guirlande immortelle473. » Mais il n’est platonicien que par la richesse et l’exaltation. […] Il y a tel passage qui, par sa familiarité amère, rappelle Swift, et le dépasse de toute la hauteur de l’imagination et du génie. « Un homme dont la foi est vraie peut être hérétique, s’il croit les choses seulement parce que son pasteur les dit. […] » Ce Dieu n’est qu’un maître d’école qui, prévoyant le solécisme de son élève, lui rappelle d’avance la règle de la grammaire, pour avoir le plaisir de le gronder sans discussion. […] À ce titre, ce style et ces idées sont des monuments d’histoire ; ils concentrent, rappellent ou devancent le passé et l’avenir, et dans l’enceinte d’une seule œuvre, on découvre les événements et les sentiments de plusieurs siècles et d’une nation.
Ernest d’Hervilly le rappelait en vain à la raison. […] J’attends sans même conseiller, — mais non sans donner mon avis prudent, réservé, après avoir, comme on a bien voulu me le rappeler, poussé mon cri d’alarme contre la Rime abusive. […] Ils ont été, avec Bressant et Maubant, rappelés à deux fois par le public enivré. […] Car Tragaldabas a été sa dernière préoccupation, et l’on se rappelle que tout à fait à la veille de sa mort il venait de retirer sa comédie du Théâtre Français pour la donner à Sarah Bernarhdt. […] Les six vers cités plus haut sont de Baudelaire, faut-il le rappeler aux lecteurs de cette revue ?
La cuirasse toute chargée d’histoire et d’allégories, bardant l’empereur de bas-reliefs, dont la saillie d’art rappelle le casque du centurion de Pompéi, et dont les couleurs effacées, délavées, font songer au rose pâle des vieux ivoires. […] Elle rappelle tout ce qu’elle a fait pour eux. […] Et involontairement, pendant qu’il parlait, nous pensions comme un seul article d’une plume amère et vraie, un coup d’épingle de sincère honnête homme dégonflerait ce ballon de blague d’un martyr à trente mille francs de traitement, — un article où l’on rappellerait que, seul parmi, les lettrés, ce Sainte-Beuve a été l’écrivain qui, en 1852, pendant la terreur blanche de l’écriture littéraire, lors de notre poursuite en police correctionnelle, lors de la poursuite de Flaubert, en ce temps du silence, de la servitude universelle, a été, on peut le dire, le souteneur autorisé du régime. Et ce serait amusant de rappeler que c’est l’émargement qui a été son illumination et sa conversion à la liberté, et que son courage ne lui est venu qu’avec son traitement d’inamovible et ces palmes de sénateur, gagnées à servir avec de la mauvaise foi de prêtre, toutes les viles rancunes du 2 décembre. […] Pendant ce, Soulié lit le Cadio de Mme Sand dans la Revue des Deux Mondes, le prince Gabrielli, qu’on appelle ici le prince Charmant, brunit les duretés d’une eau-forte, représentant le profil de sa femme, qui, dans la berceuse, paressant, et inoccupée, et joliment boulotte, rappelle la Doudou de Byron.
Burke surtout écrivait avec le fer rouge de l’invective contre nos barbaries une série de harangues qui rappelaient les philippiques d’un nouveau Cicéron contre les bourreaux d’une autre Rome. […] Des bulletins emphatiques, des ordres du jour d’une brièveté soldatesque, des harangues officielles de M. de Fontanes qui rappelaient les prosternements d’éloquence de Cicéron courtisan devant César, enfin quelques poésies de collège, sans âme, sans virilité dans l’accent, efféminèrent et aplatirent la langue comme le despotisme effémine les cœurs et aplatit les idées. […] XIII La restauration des Bourbons m’avait rappelé à Paris. […] Je fus frappé et attiré par sa noble figure de gentilhomme de campagne qui me rappelait celle de mon père. […] XXXVII L’homme de lettres qui me le rappelle davantage, que j’aime bien plus et que j’estime autant que je l’aime (on sera bien surpris de trouver son nom après celui de M. de Talleyrand), c’est le grand poète Béranger.
Nous remarquons d’abord les Oiseaux, chanson touchante adressée à son protecteur, le poète Arnault, partant pour l’exil : elle rappelle la fidélité de La Fontaine à Fouquet. […] il la rappela en toute hâte après l’avoir décréditée : trois inconséquences étranges dont nous lui avons souvent demandé compte dans nos conversations seul à seul aux pieds des chênes du bois de Boulogne. […] Cette lettre de Béranger sur les Girondins me rappela tout à coup une lettre de M. de Talleyrand sur les Méditations poétiques, lettre plus étonnante encore et plus littérairement prophétique. […] Béranger, au costume près, rappelait complètement l’extérieur et la rondeur d’un de ces hommes noirs des champs, nichés comme l’hirondelle sous le clocher. […] « Rappeler Charles X, vous ne le pouviez pas : c’était vous déclarer vaincus ; relever une dynastie napoléonienne, vous ne le pouviez pas : vous n’aviez pas sous la main le rejeton, et l’Europe à ce moment aurait vu dans le rétablissement d’un Napoléon une déclaration de guerre au genre humain à peine pacifié.
Ces vers français de Fléchier qui rappellent ceux de d’Urfé, de l’ancien évêque Bertaut, ou encore ceux de Godeau, évêque de Vence, sont ce que j’appelle des vers élégants et polis d’avant Despréaux. […] » mais chaque soir Mme de Caumartin et d’autres personnes de ce cercle intime le lui rappelaient ; en écrivant il n’était que leur secrétaire. […] Il y a des portraits piquants, d’un demi-comique achevé, et qui, pour la finesse du trait, rappellent ceux d’Hamilton.
Je trouve, dans des papiers et des notes d’un temps un peu postérieur, l’expression et le regret de son bonheur si complet d’alors, auprès d’une mère qu’elle ne devait pas longtemps posséder : « Il me semble la voir encore (écrivait-elle pour son fils) dans cette petite maison que vous vous rappellerez peut-être. […] On se rappelle, dans les Mémoires de Silvio Pellico, le touchant roman ébauché avec cette Madeleine repentie, dont il n’entend que la voix et les cantiques à travers le mur ; mais le roman reste, pour ainsi dire, dans l’air, à l’état de fil de la Vierge, et flotte en pur rêve. […] Ces humbles prières de Mme de Rémusat en rappellent d’autres, également pénétrantes, de Mme de Duras.
Quoi qu’il en soit de ces meilleures veines entremêlées et persistantes, et de quelques honorables exceptions qui retardent sur le siècle, telles que la Chronique rimée de Du Guesclin et le Combat des Trente, ce fragment épique du plus rude et du plus grand caractère, ce poème d’honneur qui nous rappelle le ton de la Chanson de Roland, la décadence durant tout le xiv e siècle se continue et, qui pis est, elle s’ignore, elle s’applaudit, elle foisonne et se diversifie à plaisir en toute sorte de subtilités et de fausses gentillesses. […] Pour mesurer toute l’étendue de la chute depuis le haut moyen âge jusqu’au dernier tiers du xve siècle, on n’a qu’à se rappeler le point de départ, cette noble figure du Lohérain Bégon le balafré, debout, adossé à son arbre et le pied sur son sanglier tué, entouré de ses chiens, défendant sa vie contre de misérables forestiers ; et, comme pendant, cet autre Lorrain manqué, le bon René, se promenant à Aix dans sa cheminée pour se réchauffer au soleil, — dans sa cheminée, c’est-à-dire sur un étroit parapet exposé au midi et abrité de tous les autres côtés (aprici senes). — Voilà le contraste, et il ne saurait être plus frappant, entre la force adulte et virile de ce puissant régime féodal et son extrême caducité et sénilité. […] J’ai souvent regretté qu’une Poétique large et moderne, tenant compte de tout dans le passé, ne définissant que ce qui est possible et laissant le reste au génie, ne fût pas venue à temps consacrer quelques préceptes, poser quelques interdictions, rappeler les vrais et immortels exemples.
Il me suffira de rappeler que les principaux débats engagés dans les Chambres de la Restauration ont porté sur la liberté des cultes et toutes les questions particulières qui y tenaient, sur les biens nationaux et l’indemnité des émigrés, sur la liberté de la presse, sur l’organisation du système électoral, sur les majorats, sur la guerre d’Espagne, sur toutes sortes d’applications ou d’interprétations de la Charte, et, au fond, toujours sur la question de savoir qui l’emporterait, de la Révolution, ou de l’« absolutisme ». […] Après un rude hiver et trois mois de fâcheux temps, pendant lesquels on n’a pu faire charrois ni labours, l’année s’ouvre enfin, les travaux reprennent leur cours. » Ses paysans, ses vignerons, amoureux de la terre, laborieux, rudes et simples, ont une sorte de grâce robuste qui évoque l’image des laboureurs attiques de la Paix : et lui-même s’est composé son personnage à demi idéal de vigneron tourangeau, tracassier, processif et bonhomme, d’une façon qui rappelle le talent des logo-graphes athéniens à dessiner les figures de leurs clients. […] Il avait une rare puissance de raisonnement, une clarté et une précision de termes qui rappelaient les maîtres du xviie siècle, une plénitude de développement qui saisissait les esprits ; et parfois son austère parole était illuminée de sobres images.
Vous vous rappelez, car les gens frivoles s’en sont assez moqués, que, dans Denise et ailleurs, M. […] Et je ne rappellerai pas que cette formule : « la religion de la souffrance humaine », est probablement de leur invention. […] « L’inquiétude du mystère », mais elle est jusque dans la petite âme sensuelle et triste d’Emma Bovary. « L’inquiétude du mystère », elle est dans l’âme simple et lourde de Charles Bovary quand il dit : « C’est la faute de la fatalité ». — Et, si ce n’est l’inquiétude du mystère, c’est donc la résignation à ne pas le comprendre en somme, un sentiment consécutif à cette inquiétude, et non moins humain, et non moins navrant qui pénètre la dernière conversation, à petites phrases brèves et mornes, de Frédéric et de Deslauriers, quand ils se rappellent leur vie, et comment ils l’ont manquée, et que cela leur est presque indifférent parce qu’ils la mesurent, sans le dire, à quelque chose qu’ils ne sauraient nommer ; et quand, s’étant remémoré une anecdote honteuse et naïve de leur enfance, ils disent tranquillement et désespérément : « C’est peut-être ce que nous avons eu de meilleur » ; de meilleur, puisqu’ils n’ont eu que le rêve, et que ce rêve était le premier.
Les deux caractères précédents ne sont que les résultats de celui-ci, que l’on comprendra mieux si l’on se rappelle qu’un accord n’est pas toujours « plaqué », mais peut être écrit par harpèges ou par batteries et se résoudre en un trait. […] Peut-être les réflexions ici formulées l’ont-elles été déjà, et souvent : on se rappelle le sonnet de Baudelaire, Correspondances. […] Et sa définition, dans tous les dictionnaires peut-être, — sauf Littré, — on se la rappelle aussi : « l’art de combiner les sons d’une manière agréable à l’oreille ».
Les faits connus ne pourront être coordonnés de manière à former de véritables théories spéciales des différents êtres de l’univers, que lorsque la distinction fondamentale rappelée ci-dessus sera plus profondément sentie et plus régulièrement organisée, et que, par suite, les savants particulièrement livres à l’étude des sciences naturelles proprement dites auront reconnu la nécessité de fonder leurs recherches sur une connaissance approfondie de toutes les sciences fondamentales, condition qui est encore aujourd’hui fort loin d’être convenablement remplie. […] (1) Abordant maintenant d’une manière directe cette grande question, rappelons-nous d’abord que, pour obtenir une classification naturelle et positive des sciences fondamentales, c’est dans la comparaison des divers ordres de phénomènes dont elles ont pour objet de découvrir les lois que nous devons en chercher le principe. […] Je n’ai pas besoin de rappeler l’importance de ce résultat, que le lecteur doit se rendre éminemment familier, pour en faire dans toute l’étendue de ce cours une application continuelle.
Je n’ai pas besoin de vous rappeler le Berger et la Mer, par exemple. […] Je n’ai pas besoin de vous rappeler, dans la fable des Lapins, cette peinture du crépuscule du matin qui est si charmante et qui, comme vous le savez, chez La Fontaine, était un thème qu’il a traité à plusieurs reprises…. […] Je citerai Nisard, qui, il faut lui en faire honneur, s’est aperçu, pour ce qui est des contemporains, d’une chose très vraie : c’est qu’un grand poète contemporain, Alfred de Musset, rappelait souvent La Fontaine et lui ressemblait.
Alphonse Daudet I12 J’ai souvent déjà parlé du poète des Amoureuses, qui rappelle Thomas Moore par le talent, la beauté du visage et l’exiguïté de la stature, ce Thomas Moore qui se nommait lui-même Little Moore (le petit Moore). […] Il y a, si vous vous les rappelez, en ses Amoureuses, bien des poésies amertumées dans leur rhythme léger, bien des roses avec la cantharide mortelle nichée au fond de leurs cœurs de roses ; il y a, dans ces soupirs si vite jetés, la modulation de plus d’une angoisse. […] Il y a dans ce roman que je lui reproche, mais avec tant de tendresse pour un talent qui pourrait m’enchanter toujours, des scènes amenées par le choix du sujet auquel il s’est livré et qui rappelleraient Dickens et Paul de Kock, s’il n’était pas Alphonse Daudet, le conteur inexprimablement personnel.
Rosny se charge de la rappeler en plus d’une circonstance à ses coreligionnaires turbulents, aux Bouillon, aux La Trémoille. […] Lui qui croyait aux pronostics, il dut se rappeler un horoscope qui avait été tiré à la naissance de Louis XIII devant Henri IV, et qui portait : « Désolations menacent vos anciennes assistances ; vos ménagements seront déménagés. » Le pronostic se réalisait, et toute l’œuvre de Henri IV s’écroulait ou du moins allait rester près de quinze ans interrompue et pendante.
Rappelez-vous ce que vous leur avez entendu dire de vous dans leurs tentes ou au bivouac après la bataille. […] Ne quittez jamais le plus beau des métiers… Il se présente souvent des occasions où la Cour se rappelle d’avoir oublié, négligé ou mal jugé le mérite, et où un bon bras, dirigé par une bonne tête, est recherché pour rendre encore service à son maître.
La mère de Duclos, sans le savoir avec précision, sent bien qu’il se dissipe à Paris et qu’il n’y suit pas son cours de droit en jeune homme studieux ; elle le rappelle à Dinan et le presse sur le choix d’un état. […] Un jour que Boindin, très raisonnable dans le tête-à-tête, mais paradoxal en public, en était venu, dans je ne sais quelle discussion, à soutenir comme vraisemblable la pluralité des dieux, Duclos tout d’un coup se mit à rire, et comme Boindin, lancé en pleine éloquence, lui en demandait la raison, Duclos pour toute réponse lui dit que c’était qu’en soutenant cette pluralité des dieux, il lui avait rappelé l’avare qui est plus prodigue qu’un autre quand une fois il se met en frais : « Il n’est chère que de vilain ».
L’auteur, dans ce second chapitre, fait parler en un dialogue le médecin philosophe Bernier et Ninon de Lenclos : « J’avais besoin d’une femme d’esprit qui n’eût pas conservé cette retenue et cette dissimulation que les mœurs imposent à son sexe ; il me fallait une femme qui eût beaucoup pensé, beaucoup vu, et qui osât tout dire. » Et, en effet, il s’y dit froidement beaucoup de choses qui rappellent la conversation des dîners de Mlle Quinault. […] Cowper voit dans cette disposition et dans ce vœu universel un cri de la conscience qui, longtemps méconnue, mais non abolie, rappelle toute créature humaine à son origine et à sa fin, et l’avertit de sortir du tourbillon des villes, de cette atmosphère qui débilite et qui enflamme, pour revenir là où il y a des traces encore visibles, des vestiges parlants d’un précédent bonheur, et « où les montagnes, les rivières, les forêts, les champs et les bois, tout rend présent à la pensée le pouvoir et l’amour de Celui qui les a faits. » Et dans une description minutieuse et vivement distincte, où il entre un peu trop d’anatomie, mais aussi de jolis traits de pinceau, il donne idée de la manière d’interpréter et d’épeler la création, et il montre qu’ainsi étudié, compris et consacré, tout ce qui existe, loin d’être un jeu d’enfant ou un aliment de passion, ne doit plus se considérer que comme une suite d’échelons par où l’âme s’élève et arrive à voir clairement « que la terre est faite pour l’homme, et l’homme lui-même pour Dieu. » Tout cela est grave et solennel sans doute, il faut s’y accoutumer avec le poète : Cowper, c’est à bien des égards le Milton de la vie privée.
Ce qui est singulier, ce n’est pas qu’on ait fait une telle déclaration, qui a dû ressembler à beaucoup d’autres, et qui roule sur un éternel lieu commun de morale facile ; mais c’est que trente ans après on prenne la peine de se la rappeler en propres termes, et de l’enregistrer comme mémorable au milieu des remarques philosophiques ou politiques qu’on tire de ses lectures. […] Il nous rappelle le ton des pères et aïeux de Mirabeau.
Elle ne rappelle nullement, d’ailleurs, le sens et l’intention métaphysique qu’on lui prête : c’est un joli nom de femme que Psyché, comme qui dirait mon cœur, mon âme, mon amour. […] Chez les modernes, il s’est développé avec ampleur et puissance dès la première formation d’une société polie ; il a été l’un des grands instruments de l’éducation au Moyen-Âge : qu’on se rappelle les longs romans si célébrés et si lus de la Table-Ronde.
Cette haine si provoquée, qui avait puissamment contribué et coopéré à la ruine de la Restauration, lui survécut quelque temps, et on en vit trop la preuve dans des journées de désordre et de pillage qui en rappelaient d’autres de la pire époque : on avait rebroussé par-delà 1800. […] D’autres, simples assistants et hommes de désir, se plaisaient à voir le catholicisme s’essayer à des interprétations compatibles peut-être avec les progrès de la science et avec ceux de l’humanité ; ils prenaient goût à de hauts entretiens qui rappelaient ceux des philosophes ou des chrétiens alexandrins.
Chargé au nom des évêques de France de complimenter le cardinal Chigi qui était venu donner satisfaction pour l’insulte faite à l’ambassadeur de France par les gardes corses, et le roi désirant que dans sa harangue il fût dit quelque chose qui rappelât la cause de cette ambassade extraordinaire, M. de Harlay sut y mettre tant d’art et de bonne grâce qu’il remplit l’ordre du roi et qu’il ne fut point désagréable au cardinal. […] Sa parole avait des charmes, des facilités qui rappelaient, par de singuliers contrastes, à qui était tenté de s’en souvenir, l’éloquence de Retz, mais d’un Retz soumis, adouci, métamorphosé et tout à la Cour.
Il y a bien un peu de caprice dans le nombre, et de purs baptêmes de fantaisie, comme ce chevalier Desgrieux avec son rhumatisme qui le fait marcher de côté ; mais, en général, il faut qu’on retrouve le monument sous la ruine, que jusque sous le décrépit on devine celui qui a été beau et conquérant, et la manière particulière dont il l’a été ; que la parodie, en un mot, rappelle la chanson. […] Quand on lui rappelait le temps passé, et qu’on lui demandait s’il ne regrettait pas l’emploi de sa fortune, il répondait en souriant et de l’air d’un chat qui vient de boire du lait : « Ah !
Mais de même que je me rappelais tout à l’heure Virgile en le lisant, je ne puis m’empêcher encore de me reporter à cette autre parole d’Andromaque dans Euripide, laquelle, au plus fort de ses douleurs et de ses alarmes maternelles, s’écrie : « … Oui, cela est vrai pour tous les hommes : leurs enfants, c’est leur âme même, et celui qui, pour n’en avoir pas l’expérience, dit le contraire, celui-là souffre moins, mais il est heureux sans bonheur. […] Ayant vu, quelques années après, tomber également dans un duel mortel son collaborateur de La Presse, Dujarier, il prononça sur sa tombe, le 14 mars 1845, des paroles qui méritent d’être rappelées et qui témoignent d’un sentiment profond : « Si j’élève ici la voix, disait-il, ce n’est pas seulement pour exprimer de vains regrets et rendre un pieux hommage aux rares qualités que m’avaient fait reconnaître et honorer en lui des relations dont chacune était une épreuve journalière et décisive… Mais, placé entre la tombe qui est sous mes yeux et celle qui demeure ouverte et cachée dans mon cœur, je sens que j’ai un devoir impérieux à remplir, devoir trop douloureux pour n’être pas solennel !
M. de Noirmont est un personnage bien vrai, et qui nous rappelle plus d’un profil connu : « Né avant 89, d’une ancienne maison, mais abandonné à lui-même dès l’enfance, libre par conséquent de préjugés traditionnels, il a assisté avec indifférence, presque avec joie, à la chute de la vieille société. […] Herman, en présence du baron Fritz, ce beau-frère entiché de sa noblesse et des vieux préjugés germaniques, maintient lui-même le rôle du noble moderne converti aux idées du siècle : il répond à l’accusation banale d’être un déserteur de sa caste et de n’avoir ni foi ni principes : « Croyez plutôt, dit-il en parlant des Biron, des Custine, des La Fayette, qu’il a fallu une foi bien ferme à ces déserteurs qui, dans la solitude de leur conscience, se sont voués à la haine de ceux qu’ils abandonnaient, à la méfiance de ceux qu’ils voulaient servir, sans autre espoir que la justice tardive de la postérité. » Mais ce commencement de discussion entre Herman et Fritz est arrêté à temps par un-geste d’Emma qui n’entend pas que ses deux adorateurs, comme elle dit, combattent sur ce terrain, et qui les rappelle à l’ordre.
S’il fallait que le major ou major général, pour avoir action, fût tellement en rapport d’esprit et de bonne intelligence avec son chef, comme M. de La Feuillade était colonel du régiment des gardes, il s’ensuit de son refus qu’il jugeait que Catinat, devenu son major, ne serait point du tout à l’unisson avec lui ; et pour peu qu’on y songe et qu’on se rappelle le caractère connu de M. de La Feuillade, rien ne paraît alors plus naturel que ce refus de prendre Catinat pour son canal habituel et son porte-voix. […] Catinat, le probe, l’homme de la régie et du devoir, l’ennemi des passe-droits et des exactions, était son contraire ; on le savait de reste, mais on aurait pu l’oublier : le propos cité nous le rappelle.
« Je m’en vais renoncer aux habitants des planètes, s’écrie à un moment la trop vive marquise à qui il vient de rappeler la non-certitude absolue des preuves ; car je ne sais plus en quel rang les mettre dans mon esprit, ces habitants ; ils ne sont pas tout à fait certains, ils sont plus que vraisemblables ; cela m’embarrasse trop. » — « Ah ! […] Le véritable antidote (s’il y en avait) à toutes les fièvres et les exaltations nées et à naître dans les cerveaux humains à propos des astres, devrait être la dernière page de l’Exposition du Système du Monde, que je demande la permission de rappeler.
Il faut se rappeler où l’on en était sur Louis XIV à la veille de la publication de Saint-Simon, et où l’on en a été le lendemain. […] Par lui nous atteignons et nous avons réellement assisté aux spectacles de la Cour de Louis XIV ; nous connaissons les personnes, nous les avons vues, nous nous les rappelons.
Qu’on se rappelle la visite de Mme de Chaulnes aux Rochers. […] Tant qu’elle se borne à rire des Etats, des gentilshommes campagnards et de leurs galas étourdissants, et de leur enthousiasme à tout voter entre midi et une heure, et de toutes les autres folies du prochain de Bretagne après dîner, cela est bien, cela est d’une solide et légitime plaisanterie, cela rappelle en certains endroits la touche de Molière : mais, du moment qu’il y a eu de petites tranchées en Bretagne, et à Rennes une colique pierreuse, c’est-à-dire que le gouverneur, M. de Chaulnes, voulant dissiper le peuple par sa présence, a été repoussé chez lui a coups de pierres ; du moment que M. de Forbin arrive avec six mille hommes de troupes contre les mutins, et que ces pauvres diables, du plus loin qu’ils aperçoivent les troupes royales, se débandent par les champs, se jettent à genoux, en criant Meà culpà (car c’est le seul mot de français qu’ils sachent) ; quand, pour châtier Rennes, on transfère son parlement à Vannes, qu’on prend à l’aventure vingt-cinq ou trente hommes pour les pendre, qu’on chasse et qu’on bannit toute une grande rue, femmes accouchées, vieillards, enfants, avec défense de les recueillir, sous peine de mort ; quand on roue, qu’on écartèle, et qu’à force d’avoir écartelé et roué l’on se relâche, et qu’on pend : au milieu de ces horreurs exercées contre des innocents ou pauvres égarés, on souffre de voir Mme de Sévigné se jouer presque comme à l’ordinaire ; on lui voudrait une indignation brûlante, amère, généreuse ; surtout on voudrait effacer de ses lettres des lignes comme celles-ci : « Les mutins de Rennes se sont sauvés il y a longtemps : ainsi les bons pâtiront pour les méchants : mais je trouve tout fort bon, pourvu que les quatre mille hommes de guerre qui sont à Rennes, sous MM. de Forbin et de Vins, ne m’empêchent point de me promener dans mes bois, qui sont d’une hauteur et d’une beauté merveilleuses ; » et ailleurs : « On a pris soixante bourgeois ; on commence demain à pendre.
Ce nom même de Rothelin, si gracieux et aimable à prononcer, rappelle une branche descendante du preux Dunois. […] est tout effroi Pour son Edmond que son amour rappelle ; Se dérobant, il est allé fidèle Mêler sa vie aux périls de son roi.
« On rappelait un mot de lui, honnête pour la république, dangereux pour lui-même : Je choisis mes soldats, je ne les achète pas. […] Pison rappelait par ses vertus l’antique république.
Bien longtemps avant que le jour blanchît les montagnes de Lucques, je lavai sur mon visage la trace de mes larmes, je peignai mes blonds cheveux et je me regardai au miroir à la lueur de ma lampe, pour que ce jour-là, du moins, je fusse un peu belle pour l’amour de mon mari ; puis je mis ma chemise blanche de femme ornée d’une gorgère de dentelle sous ma veste d’homme, dont je laissai passer la broderie entre les boutons de mon gilet, afin que quelque chose au moins rappelât en moi la femme et m’embellît aux yeux de mon fiancé. […] Nous nous assîmes sur le bord de son lit, la main dans la main, puis il m’embrassa pour la première fois, sans que je fisse de résistance, et la nuit de nos noces commença par ces mots cachés au fond du cœur, qu’on ne dit qu’une fois et qu’on se rappelle toute sa vie.
L’Académie avait des séances orageuses : c’était un jour de triomphe pour les modernes, quand on recevait Fontenelle ; mais les anciens avaient leur revanche, quand ils faisaient entrer La Bruyère : tous ces incidents du débat sont connus, et il suffit de les rappeler. […] Rappelez-vous encore ce « Vous n’avez pas failli, Messieurs », que Boileau lisait dans son Démosthène, au fameux endroit du serment par les morts de Marathon.
Mais la source immédiate du drame, c’était la variation de l’office du jour, les prières ou le récit qui rappelaient l’acte divin, le saint, ou le martyr, dont l’office du jour consacrait particulièrement la mémoire ; c’était l’Evangile, les Actes des apôtres, ces délicieux poèmes de la religion naissante, que l’usage de l’Église découpait pour servir à l’éducation du peuple selon l’ordre de l’année chrétienne. […] Il ne faut pas finir cette étude des origines du théâtre comique, sans rappeler que certaines œuvres qui n’ont aucun rapport avec le théâtre, contiennent cependant des germes précieux.
C’est dans ces pièces philosophiques et dans la sentimentale féerie d’Arlequin poli par l’amour (1720) que l’on sent combien Marivaux à sa façon est vraiment poète : il y a en lui une poésie d’une espèce rare, une poésie fantaisiste, ingénieuse, alambiquée, brillante, qui rappelle avec moins de puissance et plus de délicatesse la Tempête ou Comme il vous plaira de Shakespeare. […] D’autre part, la description morale, les couplets, les vers rappellent à chaque instant les Epitres de Boileau.
(Et je profite de l’occasion pour rappeler aux profanes qu’il y a des chapitres pleins de grâce dans la Vie de saint Dominique et un grand charme de poésie, de tendresse, de piété un tant soit peu rêveuse et romanesque, dans la Vie de Marie Madeleine, dont les religieuses interdisent la lecture aux petites couventines et que M. […] On se rappelle une scène semblable dans un mélo d’il y a trois ou quatre ans.
Sa vie fut simple, et je ne la rappelle ici que pour ceux qui aiment à bien savoir de quel homme on parle quand on a affaire à un auteur. […] C’est un humoriste indulgent, qui rappelle quelquefois Sterne, ou plutôt Charles Lamb.
Simonide le disait mieux dans des vers dont voici le sens : « La santé est le premier des biens pour l’homme mortel ; le second, c’est d’être beau de nature ; le troisième, c’est d’être riche sans fraude ; et le quatrième, c’est d’être dans la fleur de jeunesse entre amis. » Ces traités où la théorie s’évertue à démontrer les machines et les industries de détail du bonheur, et à inventer à grande peine ce qui naît de soi-même dans la saison, me rappellent encore un joli mot de d’Alembert, et qui ne sent pas trop le géomètre : « La philosophie s’est donné bien de la peine, dit-il, pour faire des traités de la vieillesse et de l’amitié, parce que la nature fait toute seule les traités de la jeunesse et de l’amour. » Il est pourtant des endroits bien sentis dans le traité de Mme du Châtelet : elle y parle dignement de l’étude, qui, « de toutes les passions, est celle qui contribue le plus à notre bonheur ; car c’est celle de toutes qui le fait le moins dépendre des autres ». […] J’en avais ôté Richelieu, Saint-Lambert m’en a chassé ; cela est dans l’ordre ; un clou chasse l’autre : ainsi vont les choses de ce monde. » Mme du Châtelet avait à peine fermé les yeux, que Voltaire écrivait à Mme Du Deffand, avant toute autre personne, pour lui annoncer cette mort : « C’est à la sensibilité de votre cœur que j’ai recours dans le désespoir où je suis. » Rappelons-nous le portrait satirique ; en vérité, l’ami au désespoir s’adressait bien !
On ne peut s’empêcher de se rappeler le fameux : « Qui te l’a dit ? […] je n’y prenais plus de plaisir ; il me rappelait nos lectures, voilà tout ; mais plus d’ivresse.
Il a des défauts sans doute, quelques pointes et jeux de mots, des comparaisons trop recherchées, des ressouvenirs de César, de Pompée et de Scipion, qui reviennent trop souvent, des thèses de parti-pris qui rappellent les déclamations des anciens. […] Si l’on voulait s’égayer, il faudrait rappeler l’histoire de cette fameuse puce que, pendant la tenue des Grands Jours de Poitiers (1579), Pasquier aperçut, un matin qu’il la visitait, sur le sein de la belle Mlle Des Roches, et qui fournit matière à tout un volume de vers plus ou moins anacréontiques, grecs, latins et français, gentillesse et récréation des graves sénateurs.
Manceau, dans ses vers faciles, animés d’une douce gaieté et d’une piété riante, a quelque chose d’un Gresset resté au séminaire, et rappelle quelquefois aussi le ton de sentiment du poète catholique breton, M. […] — Je me rappelle qu’un jour, comme je mettais en avant le nom de M. de Laprade pour la chaire de poésie latine au Collège de France, M.
Sayous ne nous retrace pas avec moins de finesse et de vérité l’aspect naturel du pays en Savoie, ces frais paysages jetés dans un cadre grandiose, cette espèce d’irrégularité et de négligence domestique, et ce laisser-aller rural que peut voir avec regret l’économiste ou l’agronome, mais qui plaît au peintre et qui l’inspire insensiblement : « L’imagination, dit-il, est plus indulgente : elle sourit à ce spectacle qui a sa grâce, et l’artiste jouit en reconnaissant un instinct de l’art et comme un goût de nature dans ce confus arrangement qui semble avoir été abandonné au hasard. » Nous connaissions déjà, depuis les peintures de Jean-Jacques Rousseau, ce charme des vallons et des vergers de Savoie, si frais et si riants au pied des monts de neige ; mais, avant d’en venir à saint François de Sales, il était bon de nous le rappeler. […] En lisant ces recommandations morales de saint François de Sales, une comparaison m’est venue involontairement dans l’esprit : je me suis rappelé cet autre exercice et ce cours de vertus que s’était proposé Franklin à une époque de sa jeunesse.