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1287. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre II. Des Époux. — Ulysse et Pénélope. »

Mais ces fautes, si ce sont des fautes, ne conduisent qu’à des réflexions qui nous remplissent de plus en plus d’une profonde estime pour ces laborieux hellénistes du siècle Lefebvre et des Pétau.

1288. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

— Opposé à ce géant de la mortification et de la logique, à ce regard profond et noir de Bourdaloue, Nicole n’a plus qu’une maigreur sans imposante.

1289. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Gabriel Ferry »

Ses romans, qui n’attestent ni profondes études sur la nature humaine ni intuitions nouvelles sur les passions ou les caractères, défient l’analyse et la désespèrent.

1290. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

Puis, le culte terminé, le prisonnier dûment raccompagné, les indifférents partis, nous avons rompu le pain dans une assiette, versé le vin dans un gros verre, et sans liturgie, avec le seul récit de saint Matthieu, nous, avons commémoré le plus grand don de l’histoire, nous unissant à nos parents dans l’espérance, à nos amis dans l’amitié profonde, à nos ancêtres dans la foi. »‌ Mais, le plus souvent, les soldats calvinistes, trop isolés pour rien organiser, entrèrent dans la chapelle catholique.

1291. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

C’est encore de « légères meurtrissures » devenues « des blessures fines et profondes » qu’il s’agit dans les Solitudes. […] Sully-Prudhomme s’est fait une place à part dans le cœur des amoureux de belles poésies, une place intime, au coin le plus profond et le plus chaud. […] Les secrets du dehors sont-ils écrits sur ce qui se manifeste aux yeux, ou bien renfermés au plus profond de nous62 ? […] Notez que je ne conteste point la vérité de cette philosophie (ce n’est pas mon affaire) : j’en constate la profonde tristesse, rien, rien, il n’y a rien que des phénomènes. […] Au siècle suivant, la « philosophie » et la « sensibilité » y font leur entrée, et aussi un libertinage plus profond et plus raffiné.

1292. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Il a fait sur la multiplication des filous et des voleurs des recherches ingénieuses et profondes, et plusieurs de ses idées à ce sujet ont été adoptées par les hommes d’état. […] Mais arrivé à ces hautes régions, d’où l’œil découvre les empires et les peuples comme les navires dans le port, on sentirait en soi-même un profond contentement. […] Il prouve, par d’irrésistibles arguments, la vérité littérale de son dire, et dix minutes après, il vous rejette dans le même doute, et plus profond encore. […] L’impression éprouvée, sincère et profonde, se grave lentement dans la pensée du lecteur. […] Mais aussi n’y a-t-il pas gagné une paix profonde et sereine ?

1293. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Ce n’est pas cela qui convient aux masses profondes. […] Avec cela, aucun puritanisme, aucun jansénisme, aucun rigorisme ; simplicité élégante dans une piété profonde et perpétuelle. […] Une des causes, si l’on veut, mais la plus profonde ? […] lui dit-elle avec un profond étonnement. […] Mais il n’en faut pas être en doute à cette heure : Gréard était d’une sensibilité profonde.

1294. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Mais il y avait, en matière de critiques, des raisons plus profondes. […] Ils ont même dit beaucoup de mots, tantôt éclatants et tantôt profonds, ils se sont expliqués puissamment sur les grandes questions esthétiques et littéraires. […] Et il ne s’agit pas seulement ici du génie individuel (rare dans le monde littéraire) mais du génie profond et vivant d’un genre, d’une époque, d’une religion. […] Et de l’œuvre critique de ce grand artiste qu’est Anatole France, de la Vie Littéraire, la note qui demeure la plus profonde, n’est-ce pas ses méditations sur les livres ? […] L’élan profond de la critique se confond avec l’élan profond du romantisme français, mais du romantisme dans son plein sens européen : sympathie avec toutes les formes religieuses, historiques, ethniques, esthétiques, tentative pour les revivre dans leur mouvement original, pour en extraire non plus des signes extérieurs, conventionnels, pratiques, mais des phrases musicales qui en donneraient l’essence.

1295. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Il ne ménage jamais les expressions. » Gandar avait un profond sentiment de reconnaissance pour M.  […] malgré mon profond amour pour la vallée de la Moselle, je donnerais peut-être notre belle promenade pour celle de Corfou. […] « Ne semble-t-il pas qu’en changeant chaque soir d’idée, de spectacle, de patrie, qu’en emportant chaque jour quelque chose à des objets, à des êtres auxquels nous laissons aussi une partie de ce que nous sommes, nous devrions désapprendre et les affections profondes et les grandes pensées qui inspirent toute une vie ? […] Cette manière de sentir intime et profonde qu’on vient de voir se révéler était bien en accord avec la sévérité des devoirs futurs qu’il acceptait à l’avance. […] Commençant par saint Augustin et Boëce et la vive influence qu’ils avaient exercée sur Dante et Pétrarque, il aurait marqué le caractère propre de ce sentiment chez ces deux poètes ; il aurait montré chez Shakespeare et Molière l’art profond sous lequel se voile sans jamais s’étaler, sans jamais nuire à l’action, leur personnalité discrète.

1296. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Lisez cette description d’un orage ; les images semblent prises au daguerréotype, à la lumière éblouissante des éclairs : « L’œil, aussi rapide qu’eux, apercevait dans chacune de leurs flammes une multitude d’objets qu’en cinquante fois, autant de temps il n’eût point vus au grand jour : des cloches dans leurs clochers avec la corde et la roue qui les faisaient mouvoir ; des nids délabrés d’oiseaux dans les recoins et dans les corniches ; des figures pleines d’effroi sous la bâche des voitures qui passaient, emportées par leur attelage effarouché, avec un fracas que couvrait le tonnerre ; des herses et des charrues abandonnées dans les champs ; des lieues et puis encore des lieues de pays coupé de haies, avec la bordure lointaine d’arbres aussi visible que l’épouvantail perché dans le champ de fèves à trois pas d’eux ; une minute de clarté limpide, ardente, tremblotante, qui montrait tout ; puis une teinte rouge dans la lumière jaune, puis du bleu, puis un éclat si intense, qu’on ne voyait plus que de la lumière : puis la plus épaisse et la plus profonde obscurité1333. » Une imagination aussi lucide et aussi énergique doit animer sans effort les objets inanimés. […] Il ne sentira pas que le bleu et le rouge, la ligne droite et la ligne courbe, suffisent pour composer des concerts immenses qui, parmi tant d’expressions diverses, gardent une sérénité grandiose, et ouvrent au plus profond de l’âme une source de santé et de bonheur. […] Quand l’esprit, avec une attention profonde, pénètre les détails minutieux d’une image précise, la joie et la douleur le secouent tout entier. […] Quand vous finissez Mauprat, votre émotion n’est pas la sympathie pure ; vous ressentez encore une admiration profonde pour la grandeur et la générosité de l’amour. […] Ces douleurs enfantines sont aussi profondes que des chagrins d’homme.

1297. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Joies pures, joies profondes ! […] Jamais conversion religieuse ne fut, dans ses mobiles profonds, plus pitoyable aux hommes, plus soucieuse des souffrants, plus « populaire ». […] Le nouveau converti eut quelques mois de profonde angoisse : il regrettait ce qu’il voulait quitter. […] Veuillot a parlé du peuple, en maints endroits, avec la plus profonde tendresse, et de la dignité des pauvres avec la grâce de saint François d’Assise. […] S’il doit à l’intransigeance même de sa foi des vues profondes sur l’histoire contemporaine et des clairvoyances terribles sur les personnes, il lui arrive aussi de se tromper fâcheusement sur elles, de nous surfaire leur perversité, et de perdre, pour ainsi parler, la notion du vrai humain.

1298. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Bref, les Transatlantiques sont pleins de fragments de comédie sérieuse et quelquefois profonde. […] Lavedan, c’est d’avoir rendu leur néant prodigieusement amusant et gai, et d’avoir, dans leur vide profond, fait craquer et pétiller de fugitifs et fantasques feux d’artifice. […] C’est aussi bête que cela ; et c’est pour cette raison que l’Affranchie a finalement déconcerté la foule, en dépit du talent de l’auteur, qui n’a pas diminué ; en dépit du rôle adorable de Juliette, sœur de la petite Alice Doré de Sapho, mais moins « brebis » ; en dépit du five o’clock de perruches du deuxième acte, et des mots charmants, et des mots profonds, et de la psychologie pénétrante et souple, et de la grâce partout répandue. […] On amène l’enfant sur un brancard orné de feuillages et de fleurs, sorte de pavois rustique, et Barras lui baise respectueusement la main et l’assure de son dévouement profond, quoique éventuel… Voilà bien de la variété, bien de l’agrément, bien de l’esprit, bien de l’ingéniosité, et, semble-t-il, tout ce qu’il faut pour plaire. […] Et pour Lia, ses coreligionnaires ne devraient pas oublier que, l’ayant voulue sérieuse et exquise, je l’ai faite protestante, afin de lui pouvoir prêter une vie morale plus attentive, plus profonde, plus consciente.

1299. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Egmont est mieux peint que le duc d’Albe ; il est plus vrai… C’est un caractère à la Goetz de Berlichingen, un de ces caractères à fleur de peau très saisissable à l’œil de Gœthe, conformé pour ne voir les choses et les hommes que par dehors, mais qui, dans les pénombres profondes de la nature humaine et dans le clair obscur de la vie, n’y voit plus. […] Or le poète ou l’auteur comique est tenu, avant tout, même avant d’être profond, ce qu’il faudrait qu’il fût aussi, d’être spirituel et gai, les deux choses les plus antipathiques, les plus impossibles à l’essence de Gœthe, assez infatué de soi pour se croire un Aristophane, mais qui ne pouvait l’être qu’en plomb, comme son écritoire… Il a laissé à peu près un volume de comédies, dans lesquelles on trouve les très pâles giroflées de deux à trois pastorales, plates berquinades de Céladon pédant, fadeurs et fadaises qu’il imagina être du Florian pondu en se jouant, comme si, tout Florianet qu’il fût, Florian n’avait pas de l’esprit et de la grâce ! […] Cherchez-y les yeux du grand poète : soit les profonds de Beethoven, ce sourd qui écoute son âme ; soit les rêveurs de lord Byron ; soit les trous d’ombre de Milton, l’aveugle, plus beaux que des yeux, et par lesquels passait sa pensée ! […] Quoiqu’il s’y fût inspiré en matière d’art de Winckelmann, comme en art dramatique il s’inspira plus tard de Shakespeare, il s’y montra pourtant critique plus dextre, plus pénétrant, plus personnel qu’il ne devait jamais être, le critique littéraire, dans Gœthe, n’étant digne que de la plus profonde pitié. […] Dans un jour de fatuité insensée, ne s’est-il pas comparé, lui, le tiré à quatre épingles, à cet orageux artiste, profond, enflammé, vagabond, d’Albert Dürer, à ce magnifique bohème qui, en Italie, échangeait des tableaux superbes contre des perroquets, et, pour s’épargner des pourboires, improvisait des portraits, qui sont des chefs-d’œuvre, avec les têtes des domestiques qui lui apportaient des assiettes de fruits !

1300. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Elle ne se rend pas compte du travail profond qui s’accomplit obscurément en elle. […] C’était de ne pas rêver pour l’élan mystique une propagation générale immédiate, évidemment impossible, mais de le communiquer, encore que déjà affaibli, à un petit nombre de privilégiés qui formeraient ensemble une société spirituelle ; les sociétés de ce genre pourraient essaimer ; chacune d’elles, par ceux de ses membres qui seraient exceptionnellement doués, donnerait naissance à une ou plusieurs autres ; ainsi se conserverait, ainsi se continuerait l’élan jusqu’au jour où un changement profond des conditions matérielles imposées à l’humanité par la nature permettrait, du côté spirituel, une transformation radicale. […] Il n’est pas douteux que le christianisme ait été une transformation profonde du judaïsme. […] Nous voulons seulement dire que, si les ressemblances extérieures entre mystiques chrétiens peuvent tenir à une communauté de tradition et d’enseignement, leur accord profond est signe d’une identité d’intuition qui s’expliquerait le plus simplement par l’existence réelle de l’Être avec lequel ils se croient en communication. […] En vain nous ferions observer que dans la série animale cette souffrance est loin d’être ce que l’on pense : sans aller jusqu’à la théorie cartésienne des bêtes-machines, on petit présumer que la douleur est singulièrement réduite chez des êtres qui n’ont pas une mémoire active, qui ne prolongent pas leur passé dans leur présent et qui ne sont pas complètement des personnes ; leur conscience est de nature somnambulique ; ni leurs plaisirs ni leurs douleurs n’ont les résonances profondes et durables des nôtres : comptons-nous comme des douleurs réelles celles que nous avons éprouvées en rêve ?

1301. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

C’est d’une connoissance profonde de leurs objets, que les Arts tirent leurs regles, & les auteurs leur fécondité. […] Plus les personnages sont difficiles à séduire par leur caractere & leur situation, plus la dissimulation doit être profonde, plus par conséquent la nuance de fausseté est difficile à ménager. […] Cependant sa conclusion n’est pas toûjours également heureuse ; le plus souvent profonde, lumineuse, intéressante, & amenée par un chemin de fleurs ; mais quelquefois aussi commune, fausse ou mal déduite. […] celle qu’auroit suivie la nature elle-même, si elle eût formé ce composé ; & cette supposition demande une étude profonde & réfléchie, un oeil juste & bien exercé à saisir les rapports & à balancer les masses. […] Un homme profond est impénétrable à un homme qui n’est que fin ; car celui-ci ne combine que les superficies : mais l’homme profond est quelquefois surpris par l’homme fin ; sa vûe hardie, vaste & rapide, dédaigne ou néglige d’appercevoir les petits moyens : c’est Hercule qui court, & qu’un insecte pique au talon.

1302. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Et je regarde avec bonheur ma blessure qui est laide et profonde. […] Rien de plus idéalement tropical que ce décor profond. […] La vérité est qu’elle prit ce météore pour un astre et ce songeur silencieux pour un homme profond. […] C’est un sentiment profond de la nature qui donne de tels accents et qui fait que le lecteur croit voir le tableau que le poète a tracé. […] C’est non seulement aux savants lettrés, c’est à tous ceux qui ont dans le cœur le sentiment du beau et que l’art peut émouvoir que s’adresse ce livre de grand goût et de profonde érudition.

1303. (1899) Arabesques pp. 1-223

Leurs méandres m’ont conduit, au plus profond des bois, en un retrait où l’on se sent tellement heureux qu’on ne s’en aperçoit même pas. […] Si je lève les yeux, j’aperçois un coin de ciel d’un bleu tellement profond qu’il m’intimide. […] Ce furent des instants de lucidité profonde, grâce auxquels je me sentais meilleur et plus fort, — confirmé dans l’idéal que j’ai conçu. […] Ce solitaire, noir et chauve, était trop visiblement le fils des profondes entrailles du globe. […] Et c’est seulement lorsqu’on s’est rendu compte des raisons profondes pour lesquelles il passionne, qu’on peut risquer une esquisse de cette figure attrayante autant que répulsive.

1304. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLV » pp. 176-182

Laprade, dont la Revue indépendante a publié plusieurs pièces recueillies dans le volume que nous indiquons, a de l’élévation surtout, de l’harmonie, une langue en général pure, une forme large, brillante et sonore ; sa poésie respire un sentiment vrai et profond de la nature : il y mêle peut-être un peu trop de sacerdotal et d’hiérophante.

1305. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

Mais le cours des destinées humaines est tel, et l’ironie des événements, l’indifférence du sort est si parfaite en soi et si profonde que, de cette révolution essentiellement mauvaise dans son principe, est sorti, après quelque temps, un nouvel état de choses paisible, animé et assez reflorissant pour qu’à dix-sept ans de distance, et en nous relisant aujourd’hui, cet excès de plaintes nous étonne un peu nous-même et amène sur nos lèvres un triste sourire (1864).

1306. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

L’impression fut profonde parmi les troupes.

1307. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

Mignet, en caractérisant ce journal, a dit que l’auteur y parle de la liberté avec le sens profond de Machiavel, et des hommes avec l’esprit de Voltaire.

1308. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

A part ce que l’écrivain allemand a de plus vif dans la manière, et aussi de plus sautillant, de plus décousu, c’est bien chez lui la même espèce d’opinions démocratiques, la même curiosité active et honnête, la même promptitude à juger, quelque chose de rapide dans le discernement, et de moins profond qu’on ne désirerait.

1309. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

Un secret et profond sentiment de vanité burlesque unit ici les tourmenteurs qui furent victimes l’an passé, et les victimes qui seront bourreaux l’année prochaine.

1310. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jammes, Francis (1868-1938) »

On ne sait pourquoi tout d’abord, on ne sait pourquoi ensuite, mais il reste de tout ce qu’il écrit une impression profonde et qu’on n’oublie plus.

1311. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rollinat, Maurice (1846-1903) »

C’est un musicien d’originalité étrange, aussi un très sincère et intuitif peintre de la nature, des plaines profondes où l’œil s’hallucine d’infini, des maisons tristes aux tristes hôtes, des banalités inquiétantes d’une ferme ou d’une métairie, du petit monde bourbeux et féroce d’une mare, des grenouilles, des crapauds.

1312. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

que l’écart est profond entre l’idéal et la réalité !

1313. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

Pénétrez dans ces forêts américaines aussi vieilles que le monde : quel profond silence dans ces retraites, quand les vents reposent !

1314. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

On sent que son catholicisme n’est pas un simple effet de coloris, mais une réflexion de son esprit devant l’Histoire, qui va donner à un talent jusqu’ici plus étincelant que profond la dernière main : la Profondeur.

1315. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — I »

Voici, par exemple, deux ou trois préceptes que j’ai relevés ; ce n’est pas très profond, mais c’est pratique et de bon aloi.‌

1316. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Ce genre de supposition, en ne le forçant pas, a son avantage : c’est comme pour un tableau que l’on comprend mieux quand on s’en éloigne à différents points de vue, ou quand on le fait déplacer, monter, baisser peu à peu, jusqu’à ce qu’on ait atteint la vraie, la profonde perspective. […] La partie profonde de son âme était (pour me servir d’une expression de Valérie) comme ces sources dont le bruit se perd dans l’activité et dans les autres bruits du jour, et qui ne reprennent le dessus qu’aux approches du soir. […] Marmier, qui a écrit sur Mme de Krüdner un morceau senti204, a très-bien remarqué dans Valérie nombre de pensées déjà profondes et religieuses, qui font entrevoir la femme d’avenir sous le voile des premières élégances ; j’en veux citer aussi quelques traits qui sont des présages : « Son corps délicat est une fleur que le plus léger souffle fait incliner, et son âme forte et courageuse braverait la mort pour la vertu et pour l’amour. » « ….

1317. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Platon dit quelque part aux Grecs : « La terre est petite. » « Platon laisse voir un sentiment profond de la grandeur du monde, lorsqu’il indique en ces termes, dans le Phédon, les bornes étroites de la mer Méditerranée. […] Dans l’Arabie méridionale, en pénétrant à l’intérieur des terres, l’azur profond de la voûte céleste et la grande sécheresse de l’air doivent aider à reconnaître les nuages magellaniques. […] « Le libre et mâle langage de Copernic, témoignage d’une conviction profonde, contredit assez cette vieille assertion, qu’il aurait donné le système auquel est attaché son nom immortel, comme une hypothèse propre à faciliter les calculs de l’astronomie mathématique, mais qui pouvait bien être sans fondement.

1318. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Il a des émotions plus vives et plus profondes, des désirs plus véhéments et plus effrénés, des volontés plus impétueuses et plus tenaces que les nôtres. […] Mais cet amour du cavalier pour son cheval peut être profond. […] Bien que l’action se passe dans des régions ultra-terrestres, c’est bien un drame de la terre ; et, quoiqu’il ait pour titre : le Bonheur, c’est un drame d’une mélancolie profonde.

1319. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Le poète, moins que tout autre, peut se défendre contre l’action qu’exercent sur lui l’aspect des lieux et le spectacle des événements ; car son âme en reçoit une impression plus vive et plus profonde. […] Et jamais la nature seule n’aurait pu obtenir un plus beau triomphe que cette profonde émotion qui ne permettait pas de respirer. […] Le poète (et c’est là notre commune histoire) Caressait du regard son nombreux auditoire ; Et ce regard disait à tous en même temps : « Vous avez trop d’esprit pour n’être pas contents… Lorsque dans un salon une lecture assemble Gens du monde et savants, étonnés d’être ensemble, Chacun se tait d’abord, et, les yeux au plafond, On attend et l’on garde un silence profond.

1320. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Chant est le mot qui convient à ces choses à la fois si profondes et si légères133. […] Lui aussi a senti, comme Pierre Lebrun136, Pour l’eau bleue et profonde un indicible amour. […] Observateur moins profond, Alexandre Dumas conte avec plus de vivacité, dialogue avec plus de verve et de naturel, écrit dans une meilleure langue.

1321. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

L’extravagance et la bizarrerie paraissent, en ce temps de profonde ignorance et de complète inculture, les signes d’un haut esprit. […] c’est qu’ayant à dire des choses fortes et profondes, fines et délicates, ils ne trouvaient pas toujours de suite le moyen d’exprimer toute cette délicatesse, toute cette force qu’ils ressentaient. […] Mais le système, en somme, importe peu ; la philosophie, si contestable soit-elle, n’empêche pas l’action profonde d’une œuvre.

1322. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Gura ; c’est une bien intéressante œuvre, ce drame si simple, où, plus qu’en Tannhaeuser et Lohengrin, l’émotion est sincère et profonde. […] Mais Beethoven a compris encore une vérité plus profonde. […] Tous les moyens de la plus savante musique employés à recréer, suivant leurs nuances profondes, ces cinq émotions.

1323. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Il aime cette femme si indigne d’un sentiment sérieux et profond, au point de donner sa démission pour rester près d’elle, quand son régiment part pour le Mexique. […] Comment envisager, dans ce profond abîme, Mon forfait, vos vertus, ce bras, et ma victime ? […] Augier l’honneur d’une tentative qui atteste en lui un respect profond de son art, et le public lui en tiendra compte, à la première revanche qu’il attend de son grand talent.

1324. (1897) Aspects pp. -215

Devant plusieurs de tes tableaux j’ai senti la profonde vérité de cette phrase. […] L’influence, plus superficielle que profonde, de M.  […] Son profond amour de la vie le soutenait ; il travaillait, infatigable et probe. […] Il n’a jamais vu le bourg du coteau où gronde l’éclat profond des bois. […] Un homme aux yeux si profonds qu’ils étaient vides, se tenait accroupi contre le piédestal.

1325. (1774) Correspondance générale

Je suis avec un profond respect, monsieur, etc. […] Je suis, avec un profond respect, etc. […] Je suis, avec un profond respect, monsieur, etc., etc. […] Je suis avec un profond respect, etc. […] Celui que je vous offre, madame, est aussi sincère que profond.

1326. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Le plus élégant de nos écrivains était en même temps un des plus complets et le plus profond de nos érudits. […] L’épaule ronde et divinement blanche sort lumineuse de cette noirceur profonde, et la nuque ondule jusqu’aux tresses tordues sous le peigne d’or. […] Cet art nous laboure au plus profond de l’âme et fait jaillir, en nous, de nouveau, les sources que l’on croyait taries. […] Sur les tranquilles solitudes Plane un vague et profond ennui. […] Le bouddhisme, par son profond sentiment des fantasmagories illusoires dont la fuite échappe à nos prises, se prête complaisamment à la virtuosité des artistes littéraires.

1327. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

. —  Il y a longtemps que je me serais tué — si le plaisir délicieux n’avait pas vaincu le profond désespoir. —  N’ai-je pas évoqué l’aveugle Homère pour me chanter — les amours de Pâris et la mort d’Œnone ? […] Il veut voir dans le héros, non-seulement le héros, mais l’individu avec sa façon de marcher, de boire, de jurer, de se moucher, avec le timbre de sa voix, avec sa maigreur ou sa graisse59, et plonge ainsi, à chaque regard, jusque dans le dessous des choses comme par une profonde percée de mineur. […] —  Dans quelle ombre, dans quel profond puits d’obscurité vit cette pauvre humanité craintive ! […] Ainsi appuyées sur l’innocence et la conscience, on les voit porter dans l’amour un sentiment profond et honnête, mettre bas la coquetterie, la vanité et les manéges, ne pas mentir, ne pas minauder. […] Il n’est que profond et triste ; la source de la vie est tarie, voilà tout ; elle ne vit plus, parce qu’elle ne peut plus vivre ; tout s’en va par degrés, la santé, la raison, puis l’âme ; au dernier moment, elle délire, et on la voit venir échevelée, les yeux tout grands ouverts, avec des paroles entrecoupées.

1328. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Maximilien-Paul-Émile Littré, né à Paris le 1er février 1801, fut élevé par des parents d’une moralité forte, sévère et profonde ; il reçut une éducation domestique qui eut sur lui la plus grande influence et qui le marqua à jamais. […] Certes, la pensée est profonde, et elle appartient bien à une âme retirée et tranquille comme celle du poète romain. […] Il n’est jamais plus satisfait que quand il peut revêtir sa propre pensée de l’expression de quelque ancien sage ; et, par exemple, il tire à lui et détourne ici à son objet, en l’accommodant quelque peu, ce beau mot du philosophe Charron traitant de Dieu même : « Le plus expédient est que l’âme s’élève par-dessus tout comme en un vide vague et infini, avec un silence profond et chaste et une admiration toute pleine de craintive humilité. […] Il existait une scission profonde entre les érudits qui s’occupaient de l’Antiquité et ceux qui commençaient à se soucier du moyen âge, et les premiers professaient un superbe dédain pour les seconds : il semblait que les uns possédassent seuls les trésors et les temples ; les autres n’inventoriaient que de vieux papiers.

1329. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Cette nouvelle perte, ajoutée à celle de son père, fit sur Mozart une impression profonde dont il a consigné le témoignage sur un album, de la manière suivante : “Aujourd’hui, 2 septembre 1787, j’ai eu le malheur de perdre, par une mort imprévue, cet homme honorable, mon meilleur et mon plus cher ami, le sauveur de ma vie. […] Il excelle dans tous les genres, il étend sa domination sur tout le vaste empire de l’art, depuis la canzonetta jusqu’au poème dramatique, depuis la sonate jusqu’à la symphonie : son imagination, aussi variée que profonde, aussi tendre que sublime, exprime tous les sentiments de la nature humaine, depuis le demi-sourire jusqu’à la grâce, et les transports de l’amour jusqu’aux sombres terreurs de l’âme religieuse ; car il ne faut pas oublier que c’est la même plume qui a écrit le Mariage de Figaro et la messe de Requiem. […] La joyeuse fanfare, placée à la septième mesure de l’allégro, résonna comme les cris de plaisir d’un criminel ; je crus voir des démons menaçants sortir de la nuit profonde ; puis des figures animées par la gaieté danser avec ivresse sur la mince surface d’un abîme sans fond. […] Si l’on considère le poème de Don Juan sans y chercher une pensée plus profonde, si l’on ne s’attache qu’au drame, on doit à peine comprendre que Mozart ait pensé et composé sur un thème si léger une telle musique.

1330. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Seulement, Aristote a poussé beaucoup plus loin les déductions sévères de la science ; et il a substitué un système profond et solide à des vues restées un peu indécises, toutes grandes qu’elles étaient. […] Aristote ajoute sur le moteur premier deux autres considérations non moins profondes et non moins vraies, par lesquelles il achève sa Physique, ou plutôt la théorie du mouvement. […] Une loi suppose de toute nécessité un législateur qui l’a faite ; l’obéissance suppose nécessairement l’empire ; et la raison n’a pas de route plus assurée, si elle en a de plus profondes, pour arriver à Dieu, le connaître et l’aimer. […] « On a vu dans Platon quelle était sa doctrine psychologique, et la démarcation profonde qu’il établissait entre l’âme et le corps ; il faudrait dire plutôt, l’intervalle infranchissable qu’il met entre les deux principes dont l’homme est composé, comme l’attestent hautement le témoignage de la conscience et la voix du genre humain.

1331. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Quelles œuvres profondes laisseront le scepticisme et l’insensibilité des écoles nouvelles ? […] Il y a des œuvres plus profondes, plus parlantes à mesure que nous les interrogeons et que nous maintenons dessus notre regard attentif. […] Loin de moi l’intention d’approuver toujours cet accent et cette allure, mais je consentirais à ne jamais pénétrer dans ledit « salon » si l’on y exigeait que je renonce à entendre certaines vérités profondes qui ne sauraient être exprimées dans son atmosphère sereine. […] D’autre part, si l’on se mettait à discuter, il faudrait d’abord savoir si la classification des grandes époques par « siècles » correspond à une réalité profonde ; et, cette discussion nous entraînerait loin.

1332. (1909) De la poésie scientifique

Mais c’est, en ces poèmes, dès lors, un tempérament rude et puissant qui, s’il cherche encore sa voie, s’exprime aussi en visions robustes de nature, comme sacrées d’on ne sait quel total émoi mystique — venu d’atavismes profonds. […] Car, du secours d’une méditation profonde dont l’intensité vibratoire éveille d’onde en onde d’autres vibrations associées, tout à coup accrues en diverses localisations du cerveau  soudain, par la seule énergie coordinatrice, les résultantes se sont précipitées, produisant comme ce coup d’éclairs dont toute notre cérébralité retentit ! […] Pour la première fois depuis les épopées cosmiques du Mexique et de l’Asie et le livre de Lucrèce, la Poésie revient à un plan de spéculations envisageant (maintenant avec la profonde émotion de certitudes scientifiques et leurs hypothèses) la destinée de l’homme en union avec le destin universel. […] Son originalité profonde a reporté le sentiment poétique sur l’universalité des faits, groupés dans l’ensemble harmonieux des lois du savoir humain.

1333. (1894) Textes critiques

Rappelons pourtant la grève profonde, peinte de la falaise assis, jambes pendantes, le sable couleur de paupières que l’eau découvre de son couvercle à coulisses ; les champs bretons, marqueterie, habits rapiécés dont l’éloignement repasse le velours à côtes, une maison blanche dans un sentier, au toit rouge, dent et gencive sens dessus dessous. […] Mais il y a des Whistler, du violet et argent de sa Mer profonde au brun et or du Portrait de Lady E… — La vieille Dame Hongroise, parchemin de bois vivant de Rippl-Ronai ; — des Aman-Jean : sa Béatrice surtout et le portrait de M.  […] Augier, Dumas fils, Labiche, etc., que nous avons eu le malheur de lire, avec un ennui profond, et dont il est vraisemblable que la génération jeune, après les avoir peut-être lus, n’a gardé aucun souvenir. […] D’ailleurs, la foule, qui s’exclame avec un dédain simulé : « Dans tout cela, pas un mot d’esprit », comprend bien moins encore une phrase profonde.

1334. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Et tout en disant cela, et toujours sans écouter la réponse de la duchesse de Berry, qui, piquée, fit une profonde révérence et sortit, Madame continuait d’écrire sa lettre en allemand, et sa plume ne cessait de courir sur le papier. […] Elle assiste en honnête femme au débordement du temps, à celui de sa famille, et elle exprime le dégoût profond qui lui en vient.

1335. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Mais chez Froissart ne cherchons point de système ni d’inspiration plus profonde : les Claverhouse pas plus que les de Maistre en théorie ne sauraient le revendiquer comme un des leurs. […] Nous trouverons en une occasion à le rapprocher naturellement de Saint-Simon ; mais ce dernier avait la curiosité interne, concentrée, profonde et amère : Froissart a la sienne ouverte, riante et comme à fleur de tête.

1336. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Lassay, en cet âge de vingt-six à vingt-sept ans, eut donc une peine aussi profonde que sa nature le comportait ; il eut un accès ardent de pénitence, une veine religieuse bien sincère. […] Lorsque le duc de Lorraine s’est porté du siège de Neuhaeusel qu’il est sur le point de prendre, au secours de Gran que les Turcs étaient près de forcer, on assiste à toute cette marche et à tous les accidents qui précédèrent la bataille ; la rapidité des Turcs, leur hardiesse à passer et repasser un ruisseau assez large et profond dont les bords sont escarpés, sous les yeux d’une armée ennemie de trente mille hommes, est bien rendue : « Il faut avouer que cette nation-là fait de belles diligences. » Pendant la bataille, les trois charges des Turcs, dont la première s’annonçait comme vive et dont la dernière est tout à fait molle, se dessinent aux yeux.

1337. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Cette république noble et marchande, dont l’origine se perd dans les plus anciens débris de l’Empire romain ; qui eut la première en Italie, en face et à côté de la nouvelle politique romaine, une politique à elle, profonde, suivie, consommée, indépendante ; qui eut ses épisodes de grandeur héroïque et de chevalerie maritime, bien qu’un intérêt de commerce fût toujours au fond ; qui, dans le cours de sa longue et séculaire décadence, sut trouver tant de degrés encore brillants et des temps d’arrêt si glorieux ; qui ne s’abaissa véritablement que depuis la fin du xviie  siècle ; ce gouvernement jaloux, mystérieux, si longtemps sage, de qui la continuelle terreur était tempérée par un carnaval non moins continuel, comme en France la monarchie absolue l’était par des chansons ; cette cité originale en tout, et qui le fut hier encore jusque dans l’insurrection dernière par laquelle, déjà si morte, elle essayait d’un réveil impossible ; cet ensemble d’institutions, d’intérêts, d’exploits et de prouesses, de conjurations, d’espionnages et de crimes ; tant de majesté, de splendeur et d’austère vigilance, se terminant en douceurs molles et en plaisirs, tout cela se suit et se comprend d’autant mieux dans le récit de M.  […] Dans l’épilogue qui termine le chant VIe et que je veux citer pour exemple du ton, l’auteur se représente comme ayant passé la nuit à méditer sur ces astres sans nombre et sur tout ce qu’ils soulèvent de mystères, jusqu’au moment où l’aube naissante les fait déjà pâlir et quand, à côté de lui, l’insecte s’éveille au premier rayon du soleil : Ainsi m’abandonnant à ces graves pensées, J’oubliais les clartés dans les Cieux effacées : Vénus avait pâli devant l’astre du jour Dont la terre en silence attendait le retour ; Avide explorateur durant la nuit obscure, J’assistais au réveil de toute la nature : L’horizon s’enflammait, le calice des fleurs Exhalait ses parfums, revêtait ses couleurs ; Deux insectes posés sur la coupe charmante S’enivraient de plaisir, et leur aile brillante Par ses doux battements renvoyait tous les feux De ce soleil nouveau qui se levait pour eux ; Et je disais : « Devant le Créateur des mondes « Rien n’est grand, n’est petit sous ces voûtes profondes, « Et dans cet univers, dans cette immensité « Où s’abîme l’esprit et l’œil épouvanté, « Des astres éternels à l’insecte éphémère « Tout n’est qu’attraction, feu, merveille, mystère. » Ce sont là des vers français qui me font l’effet de ce qu’étaient les bons vers latins du chancelier de L’Hôpital et de ces doctes hommes politiques du xvie  siècle s’occupant, se délassant avec gravité encore, dans leur maison des champs, comme faisait M. 

1338. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Mais il semble que les auteurs, dans leur préoccupation morale, aient vu Buffon plus chrétien finalement et en général plus religieux qu’on n’est accoutumé à se le représenter ; il y est parlé, en un endroit, « de sa profonde religion de cœur ». […] Le sentiment buffonien y est célébré dans un style, dans une langue qui ressemble le moins à celle de Buffon : en voici une phrase prise au hasard : « Au point de vue où nous apparaît notre immortel Buffon, si admirable et si profond à la fois, nous voyons ce génie sublime lancer l’esprit humain dans des généralisations inspirées par des divinations synthétiques… » Le respect seul m’empêche de multiplier ces citations.

1339. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Il a beaucoup d’expressions de cette sorte, fraîches ou fortes, et presque toujours vives, dont il nourrit et anime sa diction ; il dira, parlant des enfants : « Il faut leur grossir le cœur d’ingénuité, de franchise, d’amour, de vertu et d’honneur. » Il dira, parlant de la ditférence trop souvent profonde et de l’abîme qu’il y a, — qu’il y avait alors, — entre le sage et le savant : « Qui est fort savant n’est guère sage, et qui est sage n’est pas savant. […] D’autres esprits cependant prirent l’alarme ; ce procédé didactique mettait trop en lumière le désaccord de quelques opinions de l’auteur avec sa condition de prêtre et de théologien ; et comme l’a dit Voltaire : Montaigne, cet auteur charmant, Tour à tour profond et frivole, Dans son château paisiblement, Loin de tout frondeur malévole, Doutait de tout impunément, Et se moquait très librement Des bavards fourrés de l’école ; Mais quand son élève Charron, Plus retenu, plus méthodique, De sagesse donna leçon, Il fut près de périr, dit-on, Par la haine théologique.

1340. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Acanthe, assis au pied d’un aulne, exhale donc ses regrets et maudit la poésie, qu’il accuse fort injustement de son malheur ; il allait de dépit briser ses chalumeaux, lorsque du lit profond de la Saône, qui coule devant lui, il voit sortir et apparaître un fantôme, une ombre vêtue à la romaine, celle du poète Maynard, l’auteur de deux ou trois belles odes et de quantité d’épigrammes oubliées. […] Sommeil profond, facile à provoquer ; Ni créanciers, ni, prêts à critiquer, Censeurs fâcheux ; — beauté tendre et sincère, Point inégale, et n’aspirant à plaire Qu’à moi tout seul : — Bellocq, si quelque jour Un beau miracle en ma faveur opère De ce souhait l’agréable chimère, Je t’abandonne et Paris et la Cour.

1341. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

. — Quand on me louait, je ne devais pas accepter ces éloges avec un contentement calme, comme un tribut qui m’était dû, on attendait de moi quelque phrase bien modeste, par laquelle j’aurais détourné la louange en proclamant avec beaucoup d’humilité l’indignité profonde de ma personne et de mes œuvres. […] Les jeunes poëtes m’ont occupé déjà toute cette semaine, et les fraîches impressions que je reçois de leurs œuvres me donnent comme une nouvelle vie. » — « On voyait », ajoute Eckermann, « que cet hommage de jeunes poëtes de France remplissait Gœthe de la joie la plus profonde. » Tout l’entretien à ce sujet, dans la soirée du 14 mars, est pour nous d’un extrême intérêt.

1342. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Il vient de parler des diverses hymnes et proses célèbres de la liturgie, le Dies iræ, le Vexilla, le Stabal, et il en a défini l’impression profonde avec largeur et vérité : « Je sais que beaucoup, dit-il, qui n’ont peut-être jamais mis le pied dans une église pour prier, qui n’ont jamais ressenti dans leur cœur la pieuse ferveur de la foi, riront de mon enthousiasme et de mon admiration ; mais je dois leur dire que depuis sept ans j’ai manqué peu de représentations au Théâtre-Italien, que j’ai suivi assidûment les concerts du Conservatoire, que Beethoven m’a donné la fièvre de plaisir, que Rossini m’a remué jusqu’au fond de l’âme, que Mme Malibran et Mlle Sontag ont été pour moi de bienfaisantes divinités ; que pendant près de deux ans je n’ai eu d’autre religion, d’autre espérance, d’autre bonheur, d’autre joie que la musique ; que, par conséquent, ils ne peuvent me regarder comme un trappiste qui ne connaît que ténèbres et matines ; mais il faut qu’ils sachent aussi que celui qui leur parle, et qui aujourd’hui est bien loin de la foi chrétienne, a été pendant cinq ans catholique fervent, qu’il s’est nourri de l’Évangile, de l’Imitation ; qu’élevé dans un séminaire, il y a entendu des chœurs de deux cents jeunes gens faire résonner sous une voûte retentissantel’In exitu. […] Le plus profond de nos moralistes, celui qui nous connaissait le mieux, a dit de l’homme en général ce qui est si vrai du Français en particulier : « Nous avons plus de force que de volonté. » Souhaitons que celle-ci ne nous fasse pas faute trop longtemps en bien des cas ; et, pour qu’elle soit efficace, il n’est rien de tel qu’un homme, une volonté déterminante et souveraine à la tête d’une nation.

1343. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

La consternation était générale et profonde ; aucun parent, aucun ami n’avait eu le courage d’assister les victimes. […] En admettant que quelques-uns des députés de 1815 se fussent livrés dans leur castel à ces réflexions profondes que leur prêtait si gratuitement M. 

1344. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Il se résigna, non sans ressentir des blessures profondes. […] Il s’écriait d’un accent déchirant : « Si je pouvais trouver à vivre loin d’une Cour, dans un pays de liberté, je m’y traînerais à quatre pattes, mes enfants sur le dos. » A d’autres jours, à des moments moins irrités et moins amers, mais non moins tristes, il disait en paroles d’un découragement profond : « Combien je donnerais des années qui me sont encore destinées pour en passer une ou deux avec vous, au moins à portée de vous voir quelquefois !

1345. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Il faut l’entendre nous raconter sa vie, et en prose d’abord ; car sa prose a du naturel et de la grâce : « C’est là que j’ai passé, dit-il, loin des distractions et des entraînements du monde, de 1808 à 1816 ou 17, bien des semaines ou des mois de la belle saison et de l’automne, quelquefois avec un ami, le plus souvent tout seul, et alors dans une solitude si profonde, si complète, que je demeurais des jours entiers sans faire usage de la voix. […] Pour toute compagnie, un chien, un beau lévrier ; pour toute distraction, quelques ruches d’abeilles, au bruit desquelles j’allais lire Aristée et les Géorgiques ; et, dans la profonde et large embrasure de croisée à banc de pierre dont j’avais fait mon cabinet d’étude et ma bibliothèque, quelques bons compagnons rangés sur des tablettes de sapin, au-dessus de la table à serge verte : Homère, Virgile, Corneille, Pétrarque, Montaigne ; ajouterai-je Ronsard, Ossian et même Clotilde de Surville ?

1346. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

C’est alors qu’il revint par Athènes, et qu’il y reçut une seconde sensation et impression aussi forte que celle qu’il avait éprouvée en Espagne : l’effet même, tel qu’il en juge aujourd’hui, lui paraît avoir été plus décisif et plus profond. […] C’est alors, dans une de ces heures de satisfaction et de naturel orgueil, qu’il put écrire ces vers qu’il a intitulés spirituellement Fatuité (le propre du poète est d’exprimer au vif chaque sentiment qui le traverse et qui fut vrai, ne fut-ce qu’un moment) : Je suis jeune, la pourpre en mes veines abonde ; Mes cheveux sont de jais et mes regards de feu, Et, sans gravier ni toux, ma poitrine profonde Aspire à pleins poumons l’air du ciel, l’air de Dieu.

1347. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Une chose les inquiétait beaucoup plus, c’est la connaissance qu’ils avaient de la défiance et de la profonde dissimulation de ce prince : on ne sait si elles lui étaient naturelles ou si elles lui avaient été de bonne heure inspirées parle cardinal, mais il en était venu à regarder la dissimulation comme une qualité qui lui était absolument nécessaire, et c’est à dissimuler que se bornait pour lui l’art de gouverner. » Ce lieutenant des chasses qui avait en lui, à Versailles, du Tacite et du Suétone, n’a pas fini, et il continue d’analyser son maître sur ce ton, intus et in cute. […] » Il était loin encore de cette profonde démission morale, mais il était déjà sur le chemin, au moment où cette épouse de vingt-deux ans lui fut donnée.

1348. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Si vous ne  l’avez pas lu,  lisez-le vite…  Il faut  absolument le  lire : c’est une des choses les plus remarquables qu’on ait publiées depuis longtemps ; des faits extrêmement curieux et presque  tout à  fait ignorés,  des réflexions  profondes et piquantes, un esprit original, voilà ce qui s’y trouve… Il serait à désirer que ce livre fût très répandu ; je n’en connais point de plus propre à dissiper une foule de préjugés très dangereux. » Et plus loin (car cela lui tient au cœur) : « Vous ne m’avez pas dit si vous avez lu l’admirable livre de Rubichon sur l’Influence du Clergé dans les Sociétés modernes. » (Juillet 1829.) […] la belle tolérance, et d’une espèce toute nouvelle, que celle qui a sa source non dans le mépris de tout, mais dans la foi profonde à quelque chose !

1349. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

« Cette disposition particulière, tout en divisant à l’infini le sol de la Grèce, rapproche presque à chaque pas la terre de la mer, les sommets les plus élevés des golfes les plus profonds, et étage, pour ainsi dire, tous les climats les uns au-dessus des autres. […] Zeller un peu sévère pour Auguste, non qu’il ne comprenne et ne définisse parfaitement la pensée de ce profond politique, mais il paraît le blâmer et croire qu’Auguste, en profitant pour lui de l’avertissement donné par la mort de César, a trop masqué l’idée nouvelle, n’a osé l’appliquer ouvertement et nettement, et n’a abouti sous sa forme mitigée qu’à un compromis fâcheux, « l’Empire républicain », quelque chose qui n’était ni aristocratie, ni démocratie, ni république, ni monarchie franche.

1350. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Mais, en écrivant à Marie-Antoinette, elle dissimule presque entièrement cette différence d’esprit et de vues, et elle la réduit à n’être, à un moment, qu’une altercation légère qui portait moins sur le fond de l’affaire que sur la forme ou les moyens, tandis que la dissidence était radicale et profonde. […] Et faites maintenant, profonds politiques, des plans d’avenir, des projets lointains !

1351. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Rien n’est plus triste, sans doute, que cette nécessité où l’on croit être de venir mettre successivement une barre rigoureuse à chacune de ses admirations les plus profondes, et de prononcer ce fatal : Tu n’iras pas plus loin, dans une louange chère au cœur et qu’on ne croyait pas pouvoir épuiser. […] Dès qu’on n’est plus inspiré par un sentiment souverain, impétueux, unique, qui décide et apporte avec lui l’expression ; dès qu’on flotte entre plusieurs sentiments, et qu’on peut choisir ; qu’on en est à redire les choses profondes, à exhaler le superflu des émotions nouvelles, il faut que le travail, l’art, ou, pour exiger le moins possible, un certain soin quelconque aide à l’exécution, et y ajoute, y retranche à l’extérieur par le goût ce que l’âme, tout directement et du premier coup, n’a pas imprimé.

1352. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Il y a des hommes qui, tout en suivant le mouvement général de leur siècle, n’en conservent pas moins une individualité profonde et indélébile : Molière en est le plus éclatant exemple. […] Nous conseillons aux curieux de comparer ce passage avec la fin de la deuxième épître d’André Chénier ; l’idée au fond est la même, mais on verra, en comparant l’une et l’autre expression, toute la différence profonde qui sépare un poëte artiste comme Chénier, d’avec un poëte d’instinct comme La Fontaine.

1353. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

S’il n’est pas psychologue profond et original, il est du moins observateur attentif des effets réels de la vie morale ; par là il est homme du xviie siècle plutôt que du xviiie . […] Diderot pense, déclame, argumente, s’abandonne à son imagination fougueuse et cynique, verse pêle-mêle les vues ingénieuses, profondes, fécondes, sur la littérature, la société, la morale, les effusions ardentes d’une sensibilité lyrique, les impiétés énormes et les obscénités froidement dégoûtantes.

1354. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

On voit bien qu’il l’atteint en ses sources profondes, en ses organes essentiels. […] Renan941 a le charme, la grâce, l’imagination, l’ironie, la souplesse délicieuse de l’intelligence, la richesse éblouissante des idées : peintre exquis de paysages, pénétrant analyseur d’âmes, penseur profond ; ce sont qualités et séductions que nul ne conteste à son œuvre.

1355. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Là-haut chante pour eux un mystère profond. […] « Un mystère profond chante-t-il » pour eux, là-haut ?

1356. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Les plus résistants, ceux qui ont échappé, par miracle, au Mal-né, à la contagion des écoles, aux épidémies des villes, ceux qui, par miracle, ont rapporté un corps sain de leur passage à travers les bouges des garnisons et des brasseries7 du quartier latin, n’en souffrent pas moins, au fond de l’âme, d’un désarroi profond. […] La scission devient de plus en plus profonde et le déchirement définitif se produira au Congrès de la Haye (1872).

1357. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Les plus profonds linguistes ont été étonnés de trouver, à l’origine et chez les peuples qu’on appelle enfants, des langues riches et compliquées. […] On a tort de reprocher à la science de se reposer ainsi dans la diversité ; mais la science aurait tort, de son côté, si elle ne faisait ses réserves et ne reconnaissait cette diversité provisoire comme devant disparaître un jour devant une investigation plus profonde de la nature.

1358. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Il n’avait pas lu ce qu’elle dit de Mithridate : « C’est une pièce charmante, on y est dans une continuelle admiration ; on la voit trente fois, et on la trouve plus belle la trentième que la première. » Il n’avait pas lu enfin ce qu’elle dit d’Esther, ni remarqué ce sentiment profond des beautés nouvelles que Racine avait puisées dans l’histoire sainte, ni le pressentiment qu’elle conçut d’une pièce du même genre encore plus parfaite, pressentiment qui fut réalisé par Athalie. […] Elle a senti le mérite du fabuliste mieux que n’a fait Boileau, qui n’en parle point dans sa poétique : elle l’apprécie en moraliste profond, en esprit délicat et fin, en écrivain habile, en poète du premier ordre.

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