Vendredi 16 février Ce soir, au milieu de paroles vides et baveuses, un homme politique dit, que les seules salles à manger à Paris, où mangeaient des hommes d’État de l’étranger, et dont les maîtres de maison avaient tiré une force et une puissance extraordinaires : c’étaient les salles à manger de Girardin et de Gambetta. […] Et il avait ce talent, dit Spuller, de faire avaler cette politique à la fois papaline et libre penseuse de l’Empereur, et son discours faisait dire à des malandrins comme moi : « Non, il n’est pas changé, il est toujours avec nous », et faisait dire en même temps au parti impérialiste catholique : « Billault, il défend les grands principes moraux ! […] Tous hommes politiques, et rien que des hommes politiques. […] Je dis au ménage, ce que je crois, c’est qu’il n’y a pas au fond vraiment de question politique, mais que ça va être seulement une question de chic pour les clubs, de venir chuter la pièce, et qu’on doit s’attendre à cinq ou six représentations cahotées, après quoi, la pièce marchera.
certes, il faut que nous soyons de bien bons enfants en littérature, si nous sommes en politique de mauvais garçons ; il faut que nos besoins d’originalité ne soient pas bien grands, à nous autres éreintés de l’époque actuelle, pour que nous soyons si aisément satisfaits de la répétition des mêmes idées, des mêmes sentiments, du même langage et presque des mêmes mots, des mêmes tableaux et de la même manière de peindre, et que nous en jouissions avec autant de pâmoison de plaisir et de furie d’enthousiasme que si tout cela était inconnu, inattendu, virginal, et tombé, pour la première fois, du ciel ou du génie d’un homme. […] Il n’est pas besoin d’être un observateur, ou un penseur, ou un esprit politique de premier ordre, pour savoir qu’en Franco il y a une sentimentalité niaise dans laquelle flotte la majorité des esprits comme dans leur atmosphère naturelle. […] Hugo va plus loin que toutes les politiques anciennes et modernes. […] Un Pape s’arrachant au Vatican, foulant aux pieds ses deux couronnes, pauvre de plus avec les pauvres, comme si, Pape, il ne pouvait pas plus pour eux que s’il était l’un d’eux, aucune politique n’avait osé encore une conclusion de ce radicalisme absolu. […] Je ne suis point républicain et je ne crois à l’égalité pas plus en littérature qu’en politique, je n’ai donc point traité le poète, en Victor Hugo, comme j’en eusse traité un autre se permettant de parler comme lui.
Comment la littérature en Angleterre a son emploi dans la politique et la religion. — Poëmes politiques de Dryden : Absalon et Achitophel, la Médaille. […] L’excès de la sottise en poésie, comme l’excès de l’injustice en politique, amène et prédit les révolutions. […] Personne, devant Cymbeline ou As you like it, n’est politique ou historien ; on ne prend point au sérieux ces courses d’armées, ces avénements de princes ; on assiste à une fantasmagorie. […] En somme ce n’est qu’un arlequin dépaysé, auquel le hasard a jeté une simarre de soie brodée, et qui lâche à tant par heure des pantalonnades politiques. […] Les grands sujets étaient livrés aux discussions violentes ; la politique et la religion, comme deux arènes, appelaient à l’audace et à la bataille tous les talents et toutes les passions.
La politique par abstractions lui est odieuse. […] Il aime peu la liberté politique. […] Tout autant que ses passions d’homme privé, ses passions d’homme politique, et même de croyant, ont ce caractère. […] Sa carrière politique eut le même caractère que sa carrière littéraire. […] Avant sa crise politique, il avait publié trois volumes de vers : Jocelyn en 1836, la Chute d’un ange en 1338, les Recueillements politiques en 1839.
Mais l’Avis aux Français offre un ensemble assez développé pour nous permettre de caractériser les vues politiques d’André Chénier. […] Mais il y a dans les Odes et Ballades autre chose à étudier que les sentiments politiques de l’auteur pendant une période de dix années. […] Je n’hésite donc pas à placer les odes que l’auteur appelle politiques fort au-dessous du cinquième livre, car ces odes n’ont rien d’original, ni de personnel. […] Si toutes les pièces du recueil politique qu’il nous avait promis devaient ressembler à cette ode, nous sommes loin de le regretter. […] J’ai négligé à dessein tout ce qui se rapporte à la politique extérieure de Philippe, et en particulier à ses relations avec l’Angleterre.
Cette indifférence fondamentale sur les dieux, sur les vertus stoïques, sur les formes politiques, fait partie de son charme ; il est léger comme un cœur vide de fortes convictions ; il joue autour des fibres les plus molles du cœur, il ne les brise jamais. […] Il professe la vanité de la politique et de la philosophie ; une seule chose est réelle : jouir de la vie. […] Vous savez que Virgile, simple paysan dépouillé de son petit champ en Lombardie par les prétoriens d’Octave, n’avait contre Auguste aucune des animosités politiques que le décorum d’un officier de Brutus devait garder contre le vainqueur de la république. […] Quiconque a lu cette ode vraiment pindarique ne peut refuser à Horace les ailes de Pindare, si le voluptueux Romain avait voulu livrer plus souvent ses ailes légères au souffle du lyrisme politique ou du lyrisme sacré. […] XVI De cette ode politique il s’élève jusqu’au ciel dans une ode religieuse adressée aux Romains pour les menacer de l’expiation de l’impiété du siècle.
Une telle conception d’économie politique est devenue très arriérée, mais le cercle des opinions humaines y ramènera peut-être un jour. […] Je compris l’effet que fit Lakanal quand il revint d’Amérique en 1833 et qu’il apparut à ses confrères de l’Académie des sciences morales et politiques comme un fantôme… Je compris Daunou et son obstination à voir dans M. […] Je laissai ainsi bifurquer mon premier amour, comme plus tard je laissai bifurquer ma politique, de la façon la plus maladroite. […] Plus une solution politique fut chétive, plus elle me parut dès lors avoir de chances pour réussir dans le monde des réalités. […] L’Allemagne a conquis l’hégémonie du monde en reniant hautement les principes de moralité politique qu’elle avait autrefois si éloquemment prêchés.
Car cet ancien dîner littéraire de Magny, est devenu un dîner tout politique, et un dîner que les ministres, qu’on n’y voit presque jamais, honorent de leur présence, quand ils sont sous la remise. […] Il est gai, bon enfant, aimable, et vraiment, il faut l’avouer, parmi les hommes politiques, il est le seul qui soit doué d’un charme social, charme dans lequel disparaît, par moments, le commun de sa personne. […] » C’est Gambetta qui entre dans le salon rouge de Brébant, et tout en parlant d’un homme politique en vue, va s’asseoir au bout de la table. […] * * * — Ces grands hommes politiques, quand ils se font littérateurs, font vraiment d’assez piètres découvertes. […] Dimanche 26 novembre Pensée dédiée aux hommes politiques.
Clemenceau, bien que ce petit livre soit avant tout un acte politique. […] Toujours celles de l’ordre politique ou militaire : Miltiade, Cimon, Thémistocle. […] La politique et les dissensions religieuses s’en mêlaient. […] Il entre peut-être dans ce système de conservation politique et religieuse un peu de mépris, comme l’insinue Alain. […] La politique de Spinoza convient à tout son système et s’en déduit avec sa logique habituelle.
Partout ailleurs ce sont plutôt de fidèles impressions de mœurs, des coins de société ou de politique, des anecdotes. […] Beugnot était tout à fait une utilité politique ; la Restauration le comprit trop peu et se priva trop aisément de lui. […] Cependant l’observateur, en lui, avait de quoi désennuyer le ministre d’État honoraire, en exerçant son mépris des hommes et sa critique des gouvernements : exclu de la scène, il ne cessait d’avoir l’œil dans les coulisses de la politique, et il se riait du jeu des acteurs.
Vers 1828, l’école nouvelle perçait avec vivacité, avec ensemble ; la politique sous M. de Martignac faisait trêve. […] L’orage politique vint à la traverse. Le ministère Polignac ajourna la littérature nouvelle, et, renvoyant les rêveurs à leur rêve, ramena les politiques à leur œuvre.
Le second moment a été sous la Restauration ; ici l’intérêt historique et politique dominait. […] On reviendra, si je ne me trompe, à ces femmes du xvie siècle, à ces contemporaines des trois Marguerite, et qui savaient si bien mener de front les affaires, la conversation et les plaisirs : « J’ai souvent entendu des femmes du premier rang parler, disserter avec aisance, avec élégance, des matières les plus graves, de morale, de politique, de physique. » C’est là le témoignage que déjà rendait aux femmes françaises un Allemand tout émerveillé, qui a écrit son itinéraire en latin, et à une date (1616) où l’hôtel Rambouillet ne pouvait avoir encore produit ses résultats253. […] Combien d’hommes politiques qui se croient de grands hommes, et qui s’agitent toute leur vie, n’en obtiendront pas tant !
Nous assisterons à l’évolution politique de V. […] Lœve-Veimars,Mélanges littéraires, politiques et morceaux inédits de Wieland, in-8. 1825. […] Hugo ne dit pas, comme les autres, la liberté de l’art, mais la liberté dans l’art, c’est-à-dire la liberté et l’art, être libre, à condition de respecter l’art : comme il dit la liberté dans l’ordre, pour l’union de la liberté et de l’ordre, son idéal politique à cette époque.
Rochefort et ce que nous savons forcément de ses habitudes et de ses goûts, ce qui dans sa vie privée est au grand jour et d’autre part ses opinions et son rôle politique : vous reconnaîtrez que, lorsque je parle d’un problème à résoudre, je ne l’invente point pas amour du mystérieux. […] Je m’étonne qu’on n’ait pas encore songé à envoyer au chevet des moribonds hostiles à l’ordre de choses actuel des conseillers d’État chargés de les convertir à la vraie politique, c’est-à-dire aux joies pures du pouvoir absolu. […] Une âme simple et qui connaîtrait seulement le rôle politique de M.
Les journaux à tirage trop faible pour exiger ce droit léonin relèguent en des colonnes de troisième page, bien après les informations politiques et tout juste avant les faits divers, des critiques qu’on ne va pas lire, et que rédigent des personnes n’ayant à ce rôle d’autre aptitude que leur bonne volonté. […] En attendant, les feuilles politiques à tirage faible continuent à publier des petits comptes rendus qui, d’ailleurs, ne déterminent aucun de leurs lecteurs à un achat quelconque, et qui sont griffonnés par n’importe qui. […] Paul Adam, outre l’abondante et luxuriante fresque de ses romans byzantins ou modernes, donne depuis quelques années aux journaux une Critique des mœurs et des articles de politique générale autant que l’idéologie pure, qui témoignent d’un esprit supérieurement armé pour l’essai critique ; sa lumineuse intelligence touche à toutes choses, c’est un incomparable associateur d’analogies, une conscience pour la critique comparée.
Comme il arrive toutes les fois qu’un peuple politique soumet une nation où la loi civile et la loi religieuse se confondent, les Romains étaient amenés à prêter à la loi juive une sorte d’appui officiel. […] , XV, 44) présente la mort de Jésus comme une exécution politique de Ponce Pilate. Mais, à l’époque où écrivai Tacite, la politique romaine envers les chrétiens était changée ; on les tenait pour coupables de ligue secrète contre l’État.
Un autre mot est venu au secours de la métaphysique politique : il n’est pas encore consacré ; il ne peut tarder à l’être, puisqu’il est devenu nécessaire : ce mot est assez mystérieux aussi ; mais, à mesure qu’on l’adoptera, il sera convenu qu’il ne l’est point, et qu’il présente un sens très clair : ce mot, ou plutôt cette locution, est une certaine raison publique. […] Cet état si nouveau dans la société sera soumis à un examen attentif ; et si nous ne pouvons l’expliquer, il aura toujours été utile de le faire remarquer, pour que désormais il entre comme élément de calcul dans toutes les théories politiques. […] Il faut donc éviter soigneusement de faire entrer ce fatal interrègne dans notre chronologie morale et politique : malgré l’importance dont il a été par ses suites et ses résultats, un si triste événement ne doit être considéré que comme récapitulation de faits antérieurs, et non point comme étant lui-même un fait nouveau.
Il coïncide avec le moment où entrent, sur la scène politique, les masses brachycéphales, qui se distinguent par leur amour de l’uniformité. […] Michel, « Leçon d’ouverture d’un cours d’histoire des Doctrines politiques », dans la Revue Bleue du 19 décembre 1896. […] Dareste, Études d’Histoire du Droit, p. 112. — Lyall, Études sur les mœurs religieuses et sociales d’Extrême-Orient, p. 238. — Tocqueville, Démocratie en Amérique, I, p. 299. — Seignobos, Histoire politique de l’Europe contemporaine, p. 599.
Octave, cruel sans passion, souillé de crimes et de perfidies dans la jeunesse, sans grandeur dans la victoire et portant même dans la politique moins de génie que d’astuce, fut célébré par les plus rares esprits de son temps et transformé par leurs louanges, au point d’avoir ébloui et en partie trompé le jugement de l’avenir. […] À l’appui de cette piété politique, nous avons encore un témoignage de Tite-Live, parlant de la victoire d’un général romain, Cossus. […] Une saine culture fortifie les âmes ; quand les mœurs manquent, les mieux nés se déshonorent par des fautes. » Ce ne sont pas cependant les odes politiques et religieuses d’Horace qui pour nous signalent le poëte que le monde lettré lira toujours.
Quelles causes, sinon les conditions sociales et politiques où ces états de sensibilité sont apparus ? […] Elle serait mauvaise, et cela sans aucun doute, si le roman social aboutissait au roman politique. […] Une école des Sciences politiques, c’est une pépinière. […] Je ne parle pas du politique. […] Comme il y a des lois de la nature politique, il y a des lois de la nature littéraire.
si ces « janissaires de l’Église catholique » — puisqu’on a cru les honorer en les nommant de ce, nom — en ont seuls su faire un moyen de politique, une arme de combat, un instrument de règne ? […] Ce serait aller trop loin peut-être ; et, quoique d’ailleurs ce grand homme ne manquât point de politique — pour un philosophe, — il ne faut point lui prêter de trop profonds calculs. […] De là leur inintelligence, que l’on leur a si souvent et si justement reprochée, de la religion d’abord, de la poésie, de l’histoire et de la politique. […] Et qui ne sait également que ce que Calvin a essayé de fonder à Genève, c’est une république de justes, où la loi civile et politique, expression de la morale chrétienne, fût fondée comme elle sur le dogme du péché originel et de la prédestination ? […] la loi politique dont un accord fictif ou réel des volontés ne soit l’origine, le principe, et la sanction ?
Grosclaude13 ne sont, sans doute, que des bouffonneries improvisées sur les événements, grands ou petits, de la politique, du théâtre, de la littérature et de la rue. […] C’est un ineffable mélange de la langue de la politique et de celle du journalisme, de l’administration et de la science, dans ce qu’elles ont de plus solennellement inepte.
Le livre sacré pour les nations antiques était le dépositaire de tous les souvenirs nationaux ; chacun devait y recourir pour y trouver sa généalogie, la raison de tous les actes de la vie civile, politique, religieuse. […] L’éducation philologique ne saurait consister à apprendre la langue moderne, l’éducation morale et politique, à se nourrir exclusivement des idées et des institutions actuelles ; il faut remonter à la source et se mettre d’abord sur la voie du passé, pour arriver par la même route que l’humanité à la pleine intelligence du présent.
Le Journal de Verdun commencé depuis plus de soixante ans, débute par des annonces de livres nouveaux, donne quelques morceaux de poésie ; mais les nouvelles politiques en occupent la plus grande partie ; & il en est un recueil qui servira à l’histoire. […] Il peut tenir lieu des Gazettes mêmes ; car la derniere partie est un Journal politique très-bien fait.
Et Beaumarchais, avec les deux chefs-d’œuvre de légèreté dont il orna le théâtre, et le troisième (ses Mémoires), dont il orna la littérature, eut tout son génie en gaîté, dans la plus vraie et la plus vive acception du mot, — et ni la satire politique qu’il aiguisait, de toutes les satires la plus cruelle, ni le craquement d’un monde qui s’en venait bas et dont il précipita, lui aussi ! […] Le Traité du Prince et L’Esprit des Lois, dépassés, jugés, presque méprisés, dans leur fond, à cette heure, grâce à notre éducation et à notre expérience politiques, sont encore vivants par leur forme, qui, si elle n’est pas immortelle, mettra du moins plus de temps à mourir… Et s’il en est ainsi pour les œuvres de Machiavel et de Montesquieu, qui eurent leur jour de nouveauté et de profondeur dans la pensée, à plus forte raison pour un livre inférieur à ceux-là, pour un recueil, écrit au jour le jour, d’observations piquantes, — je le veux bien !
L’Allemagne rebondissait de la philosophie à la politique, et c’est alors que Louis Wihl, qui n’était connu encore que par des travaux de science et de philologie, comme poète, se révéla. […] Encore une fois, l’Allemagne préoccupée de révolutions, l’Allemagne troublée et inattentive à tout ce qui n’était pas la nuée d’Ixion de sa politique, ne prit pas garde aux rares qualités d’une poésie comme elle n’en avait pas encore, et Louis Wihl fut obligé d’attendre sa gloire.
III Césara, le héros du roman que Paul Meurice soude à toute cette étincelante philosophie, est donc un Chevalier de l’Esprit, mais dans l’ordre et l’action politiques. […] Quand, sorti de chez sa maîtresse pour rentrer chez sa femme, il y trouve des enfants qui, tout à l’heure, par le fait du roman, vont le mettre au supplice (sa fille en voulant épouser le fils d’un ennemi politique, son fils en jugeant et en réprouvant sa conduite quand il accepte le ministère), ce père, qui aurait pu être sublime dans ce déchirement de Laocoon, dévoré non plus par des serpents, mais par ses propres enfants, a perdu le bénéfice et l’auguste caractère de la paternité, et tous les sophismes de l’auteur n’ont pas le pouvoir de les restituer à cette paternité souillée.
Auguste qui, pendant une partie de sa vie, fut le plus vil des meurtriers, et pendant l’autre, le plus politique des princes, eut, comme presque tous les Romains célèbres de ce temps, le mérite de l’éloquence. […] Après lui vient ce Tibère, d’une politique sombre et d’une cruauté réfléchie ; fourbe dans sa haine et tyran dans ses caprices ; aussi ennemi du courage que de la bassesse17 ; craignant de commander à des hommes, et s’indignant de ne trouver que des esclaves ; bourreau de sa famille, de ses amis, de ses sujets ; aussi redoutable par ses favoris que par lui-même.
Vous entendez bien que cette maison paternelle représente les conservatismes et les traditionalismes politiques et religieux. […] En tout cas, elles n’étaient pas d’ordre politique. […] » Ce n’est pas la mienne, et ce n’est pas pour des raisons politiques que je n’apprécie pas beaucoup, par exemple, le style de M. […] Royauté et République ne sont pas, selon moi, des idoles ni des vérités premières ; la politique est le domaine de la contingence. […] Mais la politique est le champ des praticiens, des hommes d’action, et me paraît, de ce chef, un peu subalterne.
Ne peut-il pas lui arriver d’avoir des idées politiques qui ne sont pas celles de la majorité dans son pays et qu’il est obligé de cacher pour ne pas subir les tracasseries de son gouvernement ? […] Tous les trafics d’argent, tous les dessous louches de la politique, que chacun connaît mais sur lesquels chacun (par crainte ou par honte) fait le silence, y étaient rapportés avec une cynique candeur. […] Cette espèce de confession politique a été surnommée « Le Rubicon ». […] L’importante reste la même dans des questions d’un ordre différent, moins immédiatement sensibles, mais dont justement notre société matérialiste, passionnée uniquement de politique, préoccupée d’héritages ou de partages de propriétés foncières, ne veut pas tenir compte. […] Mais il dictait ses Lundis à un secrétaire qui tenait une plume, non à une sténo-dactylo : cette aide expéditive, qu’on ignorait de son temps, ne s’adapte bien qu’à la correspondance politique ou commerciale.
De morale politique, point. […] Il n’a pas un jugement dégagé de l’agenouillement devant la politique à la façon du nôtre et qui lui permette de juger un Pasquier dans son inanité, un Thiers dans son insuffisance, un Guizot dans sa profondeur vide. […] Canning l’a très bien dit : “La liberté civile c’est la liberté civique…” C’est la vie politique qu’il faudrait donner à la France… Mais voilà qu’on se retire, qu’on capitule dans la vie privée ! […] Toute discussion politique revient à ceci : Je suis meilleur que vous ! […] Le gilet rouge aurait indiqué une nuance politique républicaine, et il n’y avait rien de ça.
comme il a percé à jour, comme il nous a révélé le secret des fortunes politiques ! […] Ce n’est pas de sa part pruderie littéraire, c’est tout simplement couardise politique. […] Passerat et d’Aubigné avaient précédé Fénelon et Voltaire dans la satire politique. […] Hugo eût pris pour thème des questions politiques et sociales sans se résigner au souci de les étudier. […] Robespierre est un Dupuytren politique.
Cela, à ce qu’il semble, tient bien à leur constitution même, en dehors de tout système politique. […] Vous parlez de politique et de sociologie ? […] Le politique se demandera sans cesse : « Suis-je dans la stricte moralité ? […] La morale du savant, de l’artiste et du politique, en tant que savant, artiste et politique, c’est de n’être pas immoral, ce n’est point du tout de se mettre au service de la moralité et de produire de la moralité dans le monde. […] Est-ce l’art, la science, la politique qui ont fait les civilisations, qui ont fait l’humanité ?
Qu’on veuille bien nous comprendre, ni plus ni moins : il y avait tout au fond de la pensée de Fauriel en politique comme un certain coin réservé, nous n’entendons pas autre chose. […] se mettre pour toute politique à la place des autres (on était à la veille du Consulat à vie), c’est toujours à recommencer. […] Ce journal, qui ne subsista guère plus d’une année, et que les circonstances politiques interrompirent, est indispensable pour la connaissance précise de ce que projetait la jeune école par delà les monts. […] Il fait assez bon marché en Charlemagne des vues générales d’administration et de politique, et ne paraît l’apprécier, en définitive, que comme un grand caractère et une volonté énergique appliqués avec intelligence à des cas journaliers de gouvernement. […] Les événements politiques apportèrent de grands retards à cette publication.
Les moindres mouvements politiques de la France avaient fait paraître, même dans les temps de barbarie, des personnages illustres et des caractères imposants. […] Il fut élevé parmi tous ces réformateurs qui attaquaient les opinions politiques, après avoir ébranlé les opinions religieuses. […] Il marquait la fin de sa vie par toutes les vertus domestiques et patriarcales, après l’avoir illustrée par toutes les vertus guerrières et politiques. […] Quant à la partie politique, elle est empruntée d’un livre intitulé political Justice, par l’Anglais Godwin. […] Le Grec ne porte qu’une idée politique et locale, où l’Hébreu attache un sentiment moral et universel.
Sans les vraies pensées politiques, les grands mots à la tribune ne sont que de l’enflure. […] Ce genre s’abstient des développements politiques et raisonnés, et ne vit que par les sentiments et par les faits. […] Ses successeurs, jaloux de traiter la politique après lui, eurent tous l’infériorité ordinaire aux imitateurs. […] quelle profondeur de politique ! […] À cet exemple, rapporté par le philosophe, je puis joindre un exemple semblable, dont je fus témoin au commencement de notre révolution politique.
Laclos, l’homme noir du Palais-Royal, enfoncé dans ses intrigues de politique, ne donne pas de suite à son atroce chef-d’œuvre. […] Ce politique désabusé a demandé à l’histoire religieuse un alibi et une consolation. […] C’est l’exemple projetant sa lumière à la fois dans le monde moral, et dans le monde politique. […] Si nous voulons, la tempête finie, établir une paix durable, c’est cette politique de petits États qu’il nous faut reprendre. […] Tout est changé, à l’extérieur comme à l’intérieur, des données sociales et politiques parmi lesquelles vécut l’Empereur.
Il l’était en politique, fermement ; il l’était en religion ; sa plus belle ode est sur la paix, à moins que ce ne soit celle-ci très belliqueuse, où il félicite le roi d’aller écraser une révolte politique et une hérésie religieuse. […] Un épisode politique amusant, à la traverse. […] Et sur les choses de politique on était divisé, chacun, également patriote, voyant dans la solution politique qu’il préférait le seul instrument de salut et le relèvement pour le pays. […] Or dans un salon de bonne compagnie on ne dit jamais un mot de politique. […] Il suffira pour cela qu’il partage ou croie partager mes opinions politiques.
« Les troubles politiques qui ont désolé d’Italie ont forcé ses plus nobles enfants à fuir loin d’elle. […] Ainsi, en religion comme en politique, il est guidé par le même esprit libéral. […] Mais sur tous les points essentiels de la politique, à l’égard de toutes les grandes questions sociales, je n’ai point varié et je ne varierai jamais. J’étais en 1831 partisan du progrès modéré là où il était possible : je n’ai jamais un seul instant cessé d’approuver la politique de Casimir Perier. […] Mais sache que je suis toujours fauteur de ta politique, et que je me range sous ta bannière.
Mahaffy montre un degré de partialité politique et de cécité littéraire vraiment extraordinaire. […] Froude, et ce qui est certainement pour bien d’autres, le vrai idéal de la science politique. […] Ce n’est pas une simple thèse politique. […] Il est pour Ouida l’idéal du véritable homme politique, car apparemment Ouida s’est mise à étudier la politique anglaise. Elle a consacré une bonne partie de son livre à des thèses politiques.
Veut-on avoir l’abrégé de sa politique et son opinion sur sa patrie ? […] Il dépasse partout l’histoire politique et officielle. […] Ainsi les Français du dix-huitième siècle ont élargi et publié les idées libérales que les Anglais avaient appliquées ou proposées en religion et en politique. […] Libre aux métaphysiciens d’aligner des déductions et des formules, ou aux politiques d’exposer des situations et des constitutions. […] » Voilà ce qui a soulevé la révolution, et non la taxe des vaisseaux ou toute autre vexation politique : « Vous pouvez me prendre ma bourse, mais non anéantir mon âme.
De là pour les vraies supériorités humaines, poétiques, philosophiques, politiques et religieuses, cet acharnement de leurs ennemis qui ne pardonnent qu’à la mort. […] La moralité de ses œuvres lui importe peu ; au contraire, même une certaine originalité paradoxale, qui scandalise un peu les idées routinières en philosophie, en politique, en religion, ne lui déplaît pas ; c’est le sel du génie, c’est le sceau de sa supériorité sur le commun des hommes ; il se moque des larmes et du sang qu’il a fait couler par la contagion de son roman de Werther. […] En politique, il commence par suivre son jeune souverain dans sa première campagne de Prusse en Champagne contre Dumouriez ; il soumet ainsi son libéralisme organique aux lois et aux rigueurs de son patriotisme. […] Cette entrevue flatteuse caresse et enivre le poète ; son impartiale philosophie cède quelque chose à l’enthousiasme vrai ou politique pour le conquérant, protecteur de son prince et de son pays. […] Fénelon était aussi politique, mais moins pratique ; il transportait ses rêves dans la réalité ; son chef-d’œuvre n’est qu’une utopie ; il n’a rien à comparer à Goethe.
L’ambition littéraire ne pense pas comme l’ambition politique. […] La plus lourde balourdise des temps modernes, si ce n’en est pas la plus odieuse coquinerie, c’est de donner à croire que les Jésuites sont des hommes politiques qui se préoccupent de bien autre chose que du salut des âmes et du leur. Des hommes politiques ! […] Ils ont la politique de la prière. Ils sont des hommes politiques à l’autel.
Tissot, je n’y pus faire que deux leçons, ayant été empêché par une sorte d’émeute, née des passions et préventions politiques. […] Mais ses incursions dans la politique furent courtes, et il se tint ou revint le plus possible dans sa ligne littéraire. […] Cette leçon d’ouverture, qui fut suivie d’une seconde, fut troublée par des manifestations tenant à la politique, et le cours en resta là. […] l’on était vraiment patriote en ce temps-là, plus qu’aujourd’hui, et l’on sentait autrement les outrages politiques ! […] Mais leur tempérament à tous deux était trop virgilien pour n’être pas éloignés l’un et l’autre de tous excès et de tout crime, comme la politique entraînait alors les partis à en commettre. — Et en venant, un jour des dernières années, à parler de la plus récente de ces commotions politiques, où la terreur, qui n’était cette fois ni rouge ni blanche (puisque c’est ainsi qu’on désigne les deux autres), s’est de nouveau répandue sur la France, il me dit textuellement : « J’ai été pour le 2 avec tous les hommes de bon sens qui avaient besoin de s’appuyer sur quelque chose de solide et de stable ; mais je n’étais pas pour le 3… » Et il avait longtemps ignoré les journées du 3 et du 4, dans le grand silence qui se fit alors. — De même, et par un mot analogue, Mme de Staël avait réprouvé autrefois les déportations dont le 18 fructidor, qu’elle avait appuyé, avait donné le signal.
Il fut distrait un moment de ce loisir dans sa solitude par l’arrivée de son ancien ami politique, Rienzi, à Avignon. […] Le grand poète Manzoni, de notre temps, a épousé une fille de cette même maison de Beccaria, célèbre à tant de titres parmi les philosophes, les politiques et les poètes. […] La politique l’avait rendu à la poésie, la poésie reportait son cœur à Laure, son imagination à Vaucluse ; il composa à San-Colomban des vers et des lettres pleines de sa mélancolie. […] Pétrarque avait passe alors de la poésie à la politique. […] Le récit du long entretien de l’empereur et de Pétrarque prouve que l’empereur était aussi lettré que Pétrarque était politique.
Jusqu’alors elle s’était assez peu mêlée de politique : Miossens avait pourtant tâché de l’initier. […] Quand elle se crut une personne politique, elle n’était pas fâchée qu’on l’estimât moins sincère, s’imaginant passer pour plus habile. […] M. de La Rochefoucauld, pour la guider dans la politique, n’y était pas assez ferme lui-même : « Il y eut toujours du je ne sais quoi, dit Retz, en tout M. de La Rochefoucauld. » Et dans une page merveilleuse où l’ancien ennemi s’efface et ne semble plus qu’un malin ami133, il développe ce je ne sais quoi par l’idée de quelque chose d’irrésolu, d’insuffisant, d’incomplet dans l’action au milieu de tant de grandes qualités : « Il n’a jamais été guerrier, quoiqu’il fût très-soldat. […] Encore une fois, il commença par pratiquer le roman, du temps de Mme de Chevreuse ; sous la Fronde, il essaya l’histoire, la politique, et la manqua. […] Avec ses diverses qualités essayées de guerrier, de politique, de courtisan, il n’était dans aucune tout entier ; il y avait toujours un coin essentiel de sa nature qui se dérobait et qui déplaçait l’équilibre.
Un instant, il nous montre la victoire d’un devoir incontestable (Horace), puis d’un devoir plus douteux (Polyeucte) sur la passion ; mais bientôt cela ne lui suffit plus : ce qu’il exalte, c’est le triomphe de la volonté toute seule, ou tout au plus de la volonté appliquée à quelque devoir extraordinaire, inquiétant, atroce, et dans la conception duquel se retrouvent, avec la naïve et excessive estime des « grandeurs de chair » (Pascal), les idées de l’Astrée et de la Clélie sur la femme et les doctrines du XVIe siècle sur la séparation de la morale politique et de l’autre morale. […] Non, mais un peu par politique et surtout par orgueil, pour jouir de sa volonté et parce que l’effort en est illustre aux yeux de l’univers : cela est dit vingt fois dans la pièce. […] Parce que Mithridate est à la fois un grand guerrier, un grand politique et un vieillard amoureux, jaloux, cruel, astucieux, et « qui plaide le faux pour savoir le vrai » dans des scènes « tragi-comiques51 ». […] Quand j’irais, comme Voltaire un jour, jusqu’à préférer secrètement la vieille Athalie, cette Elisabeth, cette Catherine, cette terrible femme qui porte si fièrement ses vengeances politiques et qui a, du reste, des retours de faiblesse féminine et presque de tendresse, je n’en serais peut-être pas moins subjugué par la grande allure de Joad, par sa foi absolue, par son impérieux et héroïque dévouement à cette foi. […] D’ailleurs il s’agit ici de crimes surtout politiques, et la tradition n’en était point encore perdue.
Je lui voudrais un esprit plus profond et plus politique. […] Est-ce par quelques vers politiques que lui fait débiter Voltaire ? […] Il n’était point incapable de politique ni d’affaires ; il avait beaucoup de cet esprit qu’il a si bien défini : Esprit, raison qui finement s’exprime. […] Aussi admirai-je Tibère, outre que la politique du temps50, qui s’insinuait dans nos collèges et nous y divisait en partis, donnait à tout le mal que Chénier dit du vieux tyran de Caprée le piquant de l’à-propos. […] Je n’ai rien retrouvé en moi de ce qui m’avait fait goûter ce vernis de politique révolutionnaire, d’antiquité romaine fraîchement apprise, répandu sur une pièce que Chénier, appelé à un poste dans l’instruction publique, écrivit, dit-on, pour faire preuve de latinité.
En politique, Gui Patin a plus que des échappées : il semble dans un état d’opposition et de fronde continuelle, il blâme tout ; cela commence sous Richelieu et ne cesse pas un instant sous Mazarin. […] Il ne parle jamais de cet habile ministre sans une litanie d’injures ; il n’entend rien à son génie de négociations, ni à ses talents de cabinet ; il lui refuse même d’être un fin politique : Mazarin pour lui n’est qu’un coupeur de bourses, ni plus ni moins. […] La politique de Gui Patin n’est pas plus longue que cela : c’est celle de la Fronde honnête, parlementaire, et surtout bourgeoise, qui n’a jamais regardé dans sa propre coulisse et qui a borné à sa rue son horizon. […] Sur ce chapitre de Jules César, Gui Patin, après la Fronde, bien que si peu guéri, eût sans doute pensé différemment : On a imprimé en Hollande, écrivait-il en 1659, un livret intitulé : Traité politique, etc., que tuer un tyran n’est pas un meurtre ; on dit qu’il est traduit de l’anglais ; mais le livre a premièrement été fait en français par un gentilhomme de Nevers, nommé M. de Marigny, qui est un bel esprit.
La vérité est qu’entièrement étrangère à la politique et à tout ce qui en approchait, Mme Valmore avait le cœur libéral, populaire, voué à tous les opprimés, à tous les vaincus ; qu’elle était vraiment patriote, comme on disait en ce temps-là ; qu’elle avait été malade six semaines du désastre de Waterloo ; qu’elle devait tressaillir en 1830 et depuis, à toute grande explosion nationale ou populaire : journées de Juillet, Pologne et Varsovie, insurrection de Lyon de 1834, à laquelle elle assista, Février 1848 (je m’arrête). […] Il n’y a pas d’économie politique qui prévaille contre ce fait inexorable. […] Il est impossible que la Vierge, qui a présidé à notre naissance dans la rue Notre-Dame, l’ait oublié : oui, Félix, c’est impossible, Elle aime en toi le fils du père des pauvres, et te donne aujourd’hui pour protecteur ceux qui les jugent et se consacrent à eux… « … Mais la politique empoisonne les esprits. — Moi qui pleurais de joie et de respect en traversant enfin Genève, patrie de notre grand-père paternel, on m’y a poursuivie avec ma petite famille en criant contre nous : “À bas les Français !” […] Il a été vraiment disciple de Jésus, plus que ses intolérants collègues, les B… (un cardinal-archevêque) et les D… (un membre de l’Institut, sénateur), en louant avec tant de sympathie et de délicatesse cette femme si humble par le rang, si grande par la tendresse et par la pitié. — C’est, avec une autre application, le même esprit qui l’a inspiré lorsqu’il a flétri, dans Talleyrand, les vénalités du Temple politique… » — Un mot encore qui résume en un sentiment général l’impression laissée par la lecture de ce second article, et qui répond à un scrupule de la fin.
De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis I Un des plus étranges phénomènes du monde politique, c’est cette monarchie spiritualiste fondée, sans le secours des armes, au centre de l’Italie, dans le quatorzième siècle, par la famille des Médicis. […] II En dehors de ces États mal assis, Rome, enrichie par ses alliances pontificales et fortifiée par ses alliances temporelles, tenait d’une main habile la balance de la politique italienne ; elle croissait en force et en ascendant sur le monde. […] Rome aurait voulu les englober ; la puissance et la politique des papes les menaçaient ou les caressaient à l’envi ; mais le nerf républicain de Florence contenait les Romains des papes, et la fière indépendance des Toscans subsistait sous la déférence ecclésiastique. […] Florence ne pouvait se maintenir et s’élever que par la politique et la littérature.
Non moins allégoriques, mais parfois plus vivantes, et du moins plus intéressantes par leurs sujets, animées par quelques éclats de sentiment sincère et de malice spirituelle, sont les moralités politiques : celles surtout où le sentiment patriotique et populaire s’exhale en vives satires. […] Il en fit ses alliés, les confidents de sa politique, chargés de guider et de préparer l’opinion publique. […] Cette politique donna un moment d’éclat au genre, du reste assez obscur, de la sottie. […] VII, p. 238 ; les Moralités politiques, Bull, de la Soc. du Protest, fr., t.
Dans un autre poème (Garin le Loherain), la femme du roi Pépin voulant se mêler de lui donner un conseil politique, le roi lui assène un coup en plein visage, et, comme sa main est gantée de fer, la pauvre reine s’en va, toute saignante, méditer ce rappel au silence et à la modestie. […] Elles font varier la politique au gré de leurs coups de tête et de leurs coups de cœur. […] Bientôt Corneille, mêlant de plus en plus l’amour et la politique, outre encore les volontés tyranniques de ses héroïnes. […] Elles ont en pareille occurrence bien d’autres choses à faire qu’à s’occuper de vers, de grammaire, de questions d’art ; puis, comme elles prisent et encouragent avant tout les qualités fortes et masculines, elles s’intéressent plus aux hommes d’épée et aux politiques qu’aux hommes de lettres, et, si par hasard elles agissent sur ces derniers, le résultat de leur action est peu visible, parce qu’elles les portent à développer en eux ce qu’il y a de moins féminin.
Elle, naturellement obligeante et bonne, elle dut s’armer contre les inimitiés et les perfidies, prendre l’offensive pour ne pas être renversée ; elle fut amenée par nécessité à la politique et à se faire ministre d’État. […] C’est alors qu’on vit le système politique de l’Europe bouleversé, les anciennes alliances de la France interverties, et toute une série de grands événements s’engageant à la merci des inclinations, des antipathies et du bon sens trop fragile et trop personnel d’une aimable femme. […] qu’est-il resté de cette femme qui nous a épuisés d’hommes et d’argent, laissés sans honneur et sans énergie, et qui a bouleversé le système politique de l’Europe ? […] Comme maîtresse et amie du prince, comme protectrice des arts, son esprit se trouva tout à fait au niveau de son rôle et de son rang : comme politique, elle fléchit, elle fit mal, mais pas plus mal peut-être que toute autre favorite en sa place n’eût fait à cette époque, où manquait chez nous un véritable homme d’État.
S’il a un bon patron, quitte à le contredire à part soi pour la politique, il vit en bons termes avec lui, et réciproquement le patron avec l’ouvrier. […] J’ai lu dans les Entretiens des non-combattants (mai-juin 1916, 21, rue Visconti) les carnets où Albert Thierry, instituteur syndicaliste et le plus violemment sincère des syndicalistes, crayonnait comme un testament ses suprêmes pensées de politique et de morale et recherchait quelle justice doit être réalisée dans le monde pour que la paix définitive s’établisse. […] Les Français d’après l’an xv, dit-il, qui se sont tenus un an par la main depuis la mer du Nord jusqu’au Rhin, quels que fussent d’ailleurs leurs intérêts économiques, leur opinion politique, leur croyance, leur idéal, n’entendent plus se brimer ni se tourmenter les uns les autres : la vieille haine française, qui avait sa noblesse, la lègue à une tendresse française que ni la France ni l’univers n’ont encore connue. […] A ce degré, une opinion politique est une foi. « Il a joué son salut, nous dit Paul Desjardins, sur une promesse unique : savoir, que la vraie vie spirituelle qui seule explique le monde et contente l’homme, est fille, non des loisirs élégants comme les sociétés aristocratiques l’ont cru, mais du normal labeur ».
En politique aussi, quelque peu partisan que l’on soit de la théorie sacrée et du droit divin, tel que Bossuet l’institue et le renouvelle, on serait presque fâché que cette doctrine n’eût pas trouvé un si simple, si mâle, si sincère organe, et si naturellement convaincu. […] Poujoulat, dans une suite de Lettres adressées à un homme politique étranger, s’attache à montrer que Bossuet n’est pas seulement grand dans les ouvrages célèbres qu’on lit ordinairement de lui, mais qu’il est le même homme et le même génie dans toute l’habitude de sa pensée et dans l’ensemble de ses productions. […] Avoir vu, ne fût-ce qu’un jour, Richelieu tout-puissant dans la pourpre, et bientôt après voir la Fronde, la guerre civile déchaînée et l’anarchie, ce fut pour Bossuet un cours abrégé de politique dont il tira la juste leçon : mieux vaut certes un maître que mille maîtres, et mieux vaut encore que le maître puisse être le roi lui-même que le ministre.
Il vécut donc avec les bergers, avec les paysans ; et lorsque les Esquisses de l’état naturel, civil et politique de la Suisse, présentées dans une suite de lettres, par William Coxe, parurent en anglais et obtinrent du succès, Ramond se trouva en mesure à l’instant de les traduire en les perfectionnant, en y ajoutant nombre de chapitres originaux qui les complétaient et en faisaient un ouvrage tout nouveau. […] Je lui parlai de cette étonnante conformité, il me fit cette modeste et remarquable réponse : « Il ne manquerait rien à ma gloire si je ressemblais en tout à M. de Voltaire ; mais peut-être serait-il plus heureux s’il me ressemblait davantage. » — Bodmer fit présent à Ramond du recueil de ses Tragédies historiques et politiques, dont la lecture lui prouva que le genre dans lequel le président Hénault avait échoué n’en était pas moins, dit-il, un genre excellent. Aussi le vit-on bientôt s’y exercer lui-même par un drame intitulé La Guerre d’Alsace (1780), et en tête duquel il invoquait comme autorités et comme précédents les tragédies historiques de Shakespeare, les tragédies politiques de Bodmer, et surtout le Goetz de Berlichingen de Goethe.
Mesnard et en voyant un magistrat éminent et un homme politique aussi distingué profiter de quelques moments de loisir pour traduire Dante comme autrefois l’on traduisait Horace, ma première pensée a été de me dire qu’il avait dû se passer en France toute une révolution littéraire, et qu’un grand travail s’était fait dans les portions les plus sérieuses de la culture intellectuelle et du goût. […] Le poème de Dante, c’est l’expression de l’histoire de son temps prise au sens le plus étendu, l’expression non seulement des passions, des haines politiques, des luttes, mais encore de la science, des croyances et des imaginations d’alors. […] Il avait déjà commencé ce poème avant les événements politiques qui le mirent à la tête des affaires de son pays, et qui bientôt le firent bannir de Florence à l’âge de trente-sept ans (1302), pour errer près de vingt ans encore (1321) sans y rentrer jamais.
Son père, qui avait poussé assez loin sa fortune, jusqu’à être lieutenant général et ambassadeur, avait eu à souffrir des revirements politiques du temps et des suites de la Fronde. […] Un jour qu’un homme d’État, un homme politique comme nous dirions, s’étonnait un peu malignement qu’un guerrier sût tant de vers de comédie : « J’en ai joué moins que vous, répliqua-t-il gaiement, mais j’en sais davantage. » Supposez que le mot est dit au cardinal Dubois ou à quelqu’un de tel, il devient très joli et des plus piquants. […] Villars débuta auprès de Louis XIV par être un des pages de la grande écurie : « Avec une figure avantageuse, une physionomie noble, et de la vivacité qui relevait encore un extérieur prévenant par lui-même, il se fit bientôt connaître et distinguer du roi parmi ses camarades. » À un moment il aurait pu suivre à l’armée son cousin germain le maréchal de Bellefonds ; mais, pressentant la disgrâce de ce général et guidé par son étoile, il se détermina « à se tenir le plus près du roi qu’il lui serait possible. » S’attacher au roi, lui persuader qu’il ne dépendait et ne voulait dépendre que de lui, ce fut toute sa politique au dedans.
Je n’ai pas à caractériser ici le dessein général et la pensée politique qui peut inspirer cet écrivain patriote, je ne cherche que le côté historique ; et quand il n’y aurait que les Mémoires authentiques où l’Impératrice Catherine a raconté les premières années de sa jeunesse et de sa vie si contrainte et si intriguée avant d’atteindre à l’empire, qui donc parmi les lecteurs sérieux et les observateurs de la nature humaine pourrait y rester indifférent ? […] Sa mère quitte la Russie après la célébration du mariage : quoiqu’elle ait bien peu à se louer de cette mère tracassière et mesquine, Catherine nous dit « que son départ l’affligea sincèrement, et qu’elle pleura beaucoup. » Elle pleure de même son père dont elle apprend la mort (1746), jusqu’à ce qu’elle soit obligée, au bout de huit jours, de cacher ses larmes, l’Impératrice lui ayant signifié par ordre « d’en finir, et que son père, pour le tant pleurer, n’était pas un roi. » Elle nous dit que, cette même année, à l’entrée du grand carême, elle se sentait des dispositions réelles à la dévotion, dont la politique seule lui eût conseillé les minutieuses pratiques. […] Elle ne ressemblait pas à Frédéric qui se passait de lecture allemande et ne lisait que des ouvrages français ; elle en lisait aussi en russe et trouvait à cette langue adoptive, qu’elle s’appliquait à parler et à prononcer en perfection, « bien de la richesse et des expressions fortes. » Les Annales de Tacite qu’elle lut en 1754 seulement, c’est-à-dire à l’âge de vingt-cinq ans, opérèrent, dans sa tête une singulière révolution, « à laquelle peut-être la disposition chagrine de mon esprit à cette époque, nous dit-elle, ne contribua pas peu : je commençais à voir plus de choses en noir, et à chercher des causes plus profondes et plus calquées sur les intérêts divers, dans les choses qui se présentaient à ma vue. » Elle était alors dans des épreuves et des crises de cœur et de politique d’où elle sortit haute et fière, avec l’âme d’un homme et le caractère d’un empereur déjà.
Puis, quand la doctrine fut sortie de dessous terre et eut levé en mille endroits à la fois, comment devint-elle en peu d’années un ferment et une matière politique, un danger ou une ressource, une force avec laquelle il fallut compter et qui, non sans se modifier elle-même quelque peu dans le sens social, s’imposa enfin aux Empereurs eux-mêmes ? […] L’arbre du christianisme et particulièrement de la Catholicité, planté au centre sur l’une des collines de Rome, et qui semblait hériter dès lors d’une première éternité, s’accrut entre tous, s’étendit dans tous les sens et domina : les ouragans même, les bouleversements politiques qui semblaient devoir l’ébranler et le renverser, le fortifièrent, et la barbarie le consolida. […] Mais le christianisme en soi, dans son essence, dans sa valeur morale intrinsèque, ne dépend pas de formes plus ou moins historiques ou politiques, qui se sont souvent modifiées et qui peuvent se modifier encore ; et sans sortir des Évangiles mêmes, en les relisant, en reportant surtout sa pensée, comme je l’ai fait aujourd’hui, sur les discours de Jésus, sur cet incomparable Sermon de la montagne, le premier et le plus beau de tous, on est amené à dire avec un des amis de Pascal : « Quand il n’y aurait point de prophéties pour Jésus-Christ, et qu’il serait sans miracles, il y a quelque chose de si divin dans sa doctrine et dans sa vie, qu’il en faut au moins être charmé ; et que comme il n’y a ni véritable vertu, ni droiture de cœur sans l’amour de Jésus-Christ, il n’y a non plus ni hauteur d’intelligence, ni délicatesse de sentiment sans l’admiration de Jésus-Christ. » Cette conclusion, dont se contentaient d’honnêtes gens au xviie siècle, paraîtra peut-être encore suffisante aujourd’hui.
Les nations, comme les hommes, n’ont que d’illustres moments ; aux jours de gloire et de grandeur morale qui méritent et obtiennent le triomphe, succèdent des journées monotones que le bon sens et une juste politique pratique doivent, sous peine de déchet, occuper tout entières et remplir. […] Musset nous présageait, à vingt ans de là, cet autre enfant charmant et cruel qui devait aller sur place observer et étudier la Grèce, qui l’a si bien peinte, mais si malignement et tout en gaieté, dans ses mœurs, dans sa politique, dans ses finances, dans sa police, dans sa pauvre royauté. […] Grenier, qui nous fournit tous ces traits d’un parfait signalement, nous a tracé, d’après ses souvenirs de 1847, la rencontre qu’il fit d’un brigand ou du moins d’un berger très suspect et sans moutons ; c’est un très-joli croquis à détacher d’entre ses pages politiques, c’est une eau-forte : « Je chassais, dit-il, aux abords du golfe d’Éleusis, à gauche de la grand’route de Daphni.
Son sujet, dans sa simplicité même, est double : il s’agit de présenter et de fixer dans la mémoire deux suites, celle de la Religion et celle des Empires : « Et comme la Religion et le Gouvernement politique sont les deux points sur lesquels roulent les choses humaines, voir ce qui regarde ces choses renfermé dans un abrégé et en découvrir par ce moyen tout l’ordre et toute la suite, c’est comprendre dans sa pensée tout ce qu’il y a de grand parmi les hommes et tenir, pour ainsi dire, le fil de toutes les affaires de l’univers. » Jamais prétention plus haute ne fut plus magnifiquement et plus simplement exprimée : c’est celle, ni plus ni moins, d’un vicaire de Dieu dans l’histoire. […] La troisième partie enfin, qui revient sur la plupart des grands faits humains, sera principalement politique. […] « Ces deux choses roulent ensemble dans ce grand mouvement des siècles où elles ont, pour ainsi dire, un même cours » ; mais pour les bien entendre, il est mieux de les détacher, de séparer la partie sacrée de la partie politique.
Si je voulais chercher quelques traces ou indices du talent de Veyrat à cet âge de vingt-deux ans, je les trouverais plutôt dans ses Italiennes, poésies politiques dont il ne se donnait que comme l’éditeur52. […] Le proscrit ulcéré y avait épuisé tout ce que la rage politique peut vomir de menaces ou de pronostics sinistres. […] Italiennes, poésies politiques de Camille Sant-Héléna, publiées par J.
Après eux, Ducis, Thomas, Parny, Colardeau, Roucher, Delille, Bernardin de Saint-Pierre, Marmontel, Florian, tout le troupeau des orateurs, des écrivains et des politiques, le misanthrope Chamfort, le raisonneur Laharpe, le ministre Necker, les faiseurs de petits vers, les imitateurs de Gessner et de Young, les Berquin, les Bitaubé, tous bien peignés, bien attifés, un mouchoir brodé dans la main pour essuyer leurs larmes, vont conduire l’églogue universelle jusqu’au plus fort de la Révolution. […] Si clairvoyants dans le monde, leurs yeux sont obtus en politique. […] (Exemple mémorable de niaiserie politique.)
Il fut question de mon discours, dans lequel chacun cherchait une profession de foi politique qui devait décider de la ligne de ma vie. […] me dit-il à la fin de sa conversation ; votre destinée politique dépend de ce que vous allez dire ; nous ne vous pardonnerons jamais si vous vous déclarez contre nous. — Je ne me déclarerai que contre les exagérés des deux partis, lui dis-je. […] Le duc de Montmorency I Le duc Mathieu de Montmorency, le plus grand nom de France, avait eu pour premier maître en révolution et en religion politique l’abbé Sieyès.
Il sera impossible que la littérature ne se ressente pas du renouvellement qui semble se faire dans l’ordre social, politique et moral. Deux grands faits politiques et sociaux se sont produits : d’abord, le triomphe certain de la République sur les vieilles formes monarchiques et sur les dynasties héréditaires. Il en est résulté, comme je l’ai déjà indiqué, une séparation du libéralisme et de la démocratie, et la prépondérance des problèmes sociaux sur les questions politiques.
Il ne faut chercher La Rochefoucauld ni dans son rôle de frondeur, nouant des intrigues politiques, sans avoir rien de l’intrigant ; politique par amour ; brave sans véritable ardeur militaire ; exposant sa vie par point d’honneur ; agité plutôt qu’actif ; ni dans son début malheureux, lorsque s’essayant à la guerre civile par le complot, il se jette à vingt ans dans la ridicule échauffourée qui s’appela la Journée des Dupes. […] Les Maximes, en face de la Fronde, c’est le portrait en face de l’original ; mais si l’on regarde au-delà de ce « mélange d’écharpes bleues, de dames, de cuirasses, de violons98 », que de traits communs à toutes les époques d’agitation politique !
Ainsi Monsieur, ce père de la branche des d’Orléans, et, en général, un père si faible et si peu digne, avait cela déjà de ses successeurs, d’aimer à tenir sa cour au Palais-Royal et à être bien vu à Paris, à y faire un peu concurrence au roi ; si nul qu’il fût, la vanité chez lui devançait et devinait la politique. […] Cette pensée, je m’assure, vous paraîtra visionnaire d’abord, voyant ceux de qui dépendent ces sortes de grâces, si éloignés de vous en faire ; mais, pour vous éclaircir cette énigme, sachez que, parmi une infinité d’affaires qui se traitent entre la France et l’Angleterre, cette dernière en aura dans quelque temps, à Rome, d’une telle conséquence et pour lesquelles on sera si aise d’obliger le roi mon frère, que je suis assurée qu’on ne lui refusera rien ; et j’ai pris mes avances auprès de lui pour qu’il demandât, sans nommer pour qui, un chapeau de cardinal, lequel il m’a promis, et ce sera pour vous ; ainsi vous pouvez compter là-dessus… Ce chapeau de cardinal, qu’elle montre ainsi à l’improviste prêt à tomber sur un homme en disgrâce, fait un singulier effet, et on reste convaincu encore, même après avoir lu, qu’il y avait là-dedans un peu de vision et de fantaisie, comme les femmes qui ont le plus d’esprit en mêlent volontiers à leur politique. […] L’autopsie officielle, en partie exigée par la politique, sembla le constater, et on insista fort sur les lésions profondes de constitution, que recouvrait cette enveloppe gracieuse.
et la discussion politique s’enflammait de toutes parts ; mais, au milieu de ce souffle croissant et de ce vent impétueux qui s’élevait, et qui n’était pas encore une tempête, on recevait à l’Académie le chevalier de Boufflers, l’abbé Delille récitait dans les séances publiques des fragments applaudis du poème de L’Imagination, et le jeune Anacharsis surtout entrait à toutes voiles dans le port d’Athènes. […] L’abbé Barthélemy, en introduisant et en faisant parler constamment un personnage du passé, se retranchait la ressource des considérations modernes et vraiment politiques ; mais, eût-il parlé en son propre nom, il se les fût également interdites : elles n’entraient pas dans la nature de son esprit. […] Barthélemy n’a point de ces vues d’ensemble comme politique et comme philosophe ; il n’en a point davantage comme peintre.
C’est parce qu’ils connaissent bien ce mécanisme, que les partis politiques, quelle que soit la pensée qu’ils représentent, apportent une telle passion à s’emparer des sources de l’enseignement. […] Chateaubriand, qui ne restera dans la mémoire des hommes que pour avoir écrit quelques phrases d’une sonorité, d’une construction et d’un rythme parfaits, adéquates aux sentiments de mélancolie passionnée qu’il y exprima, Chateaubriand estimait en lui le politique et l’homme d’État qui portait ombrage au premier consul. […] Victor Hugo, le maître des constructions verbales, le rhéteur génial du rythme et du mot, offre un spectacle plus pénible par l’importance qu’il attache à la médiocrité de sa pensée philosophique ou politique.
Évite surtout, quand tu prends en main la plume du politique, les phrases de ce genre : « Dans les légations ce sont les mêmes personnes qui administrent les revenus et les sacrements » (Question romaine), bien que je ne me dissimule pas l’irrésistible influence de cette phrase sur les destinées futures de l’Italie centrale. […] Si nos ennemis politiques triomphent, chose inadmissible, l’habit ne serait pas perdu : on ajouterait quelques palmes vertes, et tout serait dit… Mais nous avons bien le temps. […] Sa perruque à marteaux s’agita comme une chevelure romantique et secoua un nuage de poudre à l’entour de sa tête… Il donna violemment du poing contre un guéridon marqueté, en lâchant un juron formidable, — le même qu’affectionnait Ajax quand il causait politique avec Achille ; — du coup, le tabac d’Espagne qui parfumait la boîte d’écaille illustrée par Boucher se répandit sur le parquet.