Feuillet n’a fait qu’une exception, c’est en faveur du peintre Fabrice. Mais on sait assez que la profession de peintre ne déroge pas. […] On s’est défié de ce peintre des sentiments factices : on n’a pas cru qu’il pût être en même temps un peintre de la passion toute simple et toute pure. […] Cela encore n’est point rare dans la vie des peintres ; cela même est fréquent, ordinaire, régulier. […] Les peintres ont coutume de chercher un ensemble, quelque chose qui se compose.
Marillac est une des plus gaies figures que romancier de nos jours ait rencontrées : artiste avant tout, ayant pour le bourgeois le mépris du grognard de l’empire pour le pékin ; peintre, chanteur de salon, dramaturge en second ou en tiers, bousingot s’il n’y prend garde, jeune-france d’atelier sur toutes les coutures, en un mot vraie lune de Gerfaut : chaque grand homme de nos jours a son Marillac près de lui.
« Aristote ne pouvait être à la fois Aristote et un poète tragique ; Newton ne pouvait être un peintre de portrait, même de troisième ordre. » « On pourrait donner d’autres exemples.
Ce sculpteur, ce peintre et ce romancier sont, en quelque sorte, dans ce temps, les extraordinaires descendants de cette race traditionnelle à laquelle ont appartenu Rabelais, Puget, Poussin, Denis Diderot, Balzac !
Cela rappelle un peu le peintre qui mettait au bas de ses figures, d’un coq, par exemple, ceci est un coq.
Le fameux Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage semble un conseil de Boileau adressé à Balzac : il est d’une exécution facile pour un poète qui laisse un volume à la postérité ; mais qu’on pense à cette recommandation prise au pied de la lettre et appliquée aux deux ou trois cent mille pages de l’œuvre du peintre de la Comédie humaine.
Leconte de Lisle, son génie de peintre, de paysages et d’animaux, et son impassibilité. […] À propos de ce peintre il y a, dans À rebours, quelques-unes des plus belles pages que M. […] Jean Dolent n’est pas peintre lui-même, avec les dons qu’il a, tout spécialement appropriés à l’intelligence de la Beauté picturale, c’est parce que « le peintre ne voit qu’en soi » et qu’il convient « que, parmi ceux qui regardent, plusieurs regardent et voient ». […] Les Romantiques séduits par le pittoresque, et les Naturalistes, par l’aspect extérieur des choses, auraient naturellement choisi la peinture : et il est remarquable, en effet, que le mouvement naturaliste fut inauguré par deux peintres, Courbet et Manet. […] Carrière est un poëte par l’intensité même de sa vision de peintre, y insisterai-je ?
L’amour des arts plastiques, le culte des grands peintres a inspiré à Baudelaire des vers superbes et très purs. […] Et la montagne, la côte, la forêt, la lande ont aussi leurs peintres, leurs poètes, leurs conteurs. […] Leur pensée morale est, comme leur art de peintre, sans perspective et sans horizon. […] C’est à un peintre, et à un peintre obscur, Bergeret, qu’il demanda ces compositions dont il avait réglé lui-même toute l’ordonnance. […] Ces grands Italiens, poètes, peintres, philosophes, vivaient et mouraient tous dans cette pensée.
Cette année, que le peintre Grasset avait illustrée du fameux calendrier de la Belle Jardinière, est l’année de la mort de Verlaine. […] Le sens très vif qu’il a de la poésie contenue dans les choses fait de lui un peintre incomparable de paysages et de natures mortes. […] Ainsi l’on retrouve parfois dans les grandes toiles d’un peintre, tel motif qui figurait dans ses dessins ou ses pochades. […] Ses meilleures pages rendent un son si véridique qu’il déchire : une main chirurgienne a recueilli ces larmes et ce sang, un œil de peintre a fixé ces gestes et ces décors changeants. […] Ce n’est point par hasard qu’il a désiré voir un de ses ouvrages illustré par le peintre Marquet.
Mais de Visé l’attaque dans ses Nouvelles Nouvelles, 3e série : il se défend par la Critique de l’École des femmes (1er juin 1663) : de Visé riposte par Zélinde ; Boursault intervient avec le Portrait du peintre, joué à l’Hôtel de Bourgogne ; sur l’ordre du roi, Molière répond par l’Impromptu de Versailles (octobre 1663), auquel Jacob de Montfleury oppose l’Impromptu de l’Hôtel de Condé, et de Visé (aidé peut-être de de Villiers) la Vengeance des marquis. […] Pendant ces cinq années de lutte, Molière avait produit d’autres œuvres : Don Juan (fevr. 1665), qui donna lieu aux Observations du sieur de Rochemont (attr. à Barbier d’Aucour, janséniste) et fut sans doute interdit par l’autorité ; l’Amour médecin, comédie-ballet (1665) ; le Misanthrope (4 juin 1666) ; le Médecin malgré lui (1666): à la cour, dans le ballet des Muses (2 déc. 1666-16 févr. 1667), Mélicerte, comédie pastorale héroïque, et le Sicilien ou l’Amour peintre, Amphitryon (1668) ; Georges Dandin (juil. 1668 à Versailles ; nov. à Paris) ; l’Avare (sept. 166S). […] Il eût été un peintre délicat des sentiments fins et modérés.
Rogelio de Egusquiza (1845-1915) est un peintre basque. […] Il décide de devenir un peintre wagnérien et il réalise deux portraits de Wagner en 1883. […] On ne s’étonnera donc pas de trouver ici des remarques du peintre sur l’éclairage de la scène.
Émile Augier, les peintres, les sculpteurs d’avenir et de talent. […] Quand j’entreprenais la réhabilitation des peintres du xviiie siècle, — mon ami Burty l’a imprimé, — la bibliographie des revues d’art graves rougissait de mentionner seulement les noms de ces peintres de notre pays.
À ce point de vue, les tisseurs de Kachemyr sont les plus grands peintres modernes. […] Je me trompe : ils l’apprendront en contemplant un portrait fait par un très grand peintre. […] Ceux-là ont sagement quitté la palette, pour prendre la chambre noire, ils ont abandonné le vermillon et le brun de Madère pour l’azotate d’argent et l’hyposulfite de soude ; je n’y vois pas grand mal ; de mauvais peintres qu’ils étaient, ils sont devenus de bons photographes ; tout le monde y a gagné.
Qu’on se figure un peintre auquel on ne donnerait pour représenter les monuments, les plantes, les animaux et l’homme, que deux ou trois couleurs, un peintre de grisailles par exemple, que pourrait-il produire de complet à côté d’un autre peintre, d’un talent égal, qui jouirait de toutes les richesses de la palette ! […] Hugo s’adapte aux profondes harmonies de la nature ; sculpteur, il découpe dans ses strophes la forme inoubliable des choses ; peintre, il les illumine de leur couleur propre. […] Victor Hugo est un grand peintre en poésie et c’est là précisément son grand talent et son grand défaut. […] La contemplation du poète, est comme le tableau du peintre : elle fait penser. […] Lemercier se montra aussi excellent peintre de caractères et hardi dramaturge dans Charlemagne, Clovis, Frédégonde et Brunehaut, Louis IX en Égypte, la Démence de Charles VI et surtout dans Richard III.
Loti est le peintre de la souffrance amoureuse et des impitoyables séparations. […] Invinciblement ces pages évocatrices appellent l’illustration du grand peintre de la vraie couleur provençale. […] Chateaubriand, en effet, est avant tout un peintre réaliste, un évocateur matériel. […] Bien plus : collectionnez tout cela d’avance, ayez vos cartons et vos croquis comme un peintre. […] Les peintres avec leur palette et leur brosse ne font-ils pas de même ?
Car Ingres par son dessin est le plus sensuel des peintres. […] * * * Il n’est peut-être pas de plus grand peintre que Cézanne. […] Un beau peintre, savant et sensible, se trouve paralysé par sa clairvoyance. […] C’est pourquoi elle sera poussée tout entière dans un sens ; c’est pourquoi le peintre ne lui consacrera qu’une partie de ses moyens […] Mais nous nous placerons devant l’ensemble des créatures, comme un critique devant le produit d’un poète, goûtant pleinement la chose, examinant par quels moyens il a obtenu ses effets, comme un peintre clignant des yeux devant l’œuvre d’un peintre, comme un ingénieur devant le travail d’un castor59 ».
Un peintre oserait-il lutter avec ce verbe ? […] Il voulut que le peintre Benois47 débanalisât le décor. […] Et j’imagine que le peintre s’étonne de ce que le geste du maître de ballet qui les mêle, crée avec ces couleurs des rapports et des chatoiements imprévus. […] Va-t-il directement épouser la légende, quand tant de peintres l’ont déjà retracée, dont les tableaux tapissent sa mémoire ? […] Peintre proche du fauvisme, Léon Valtat (1869-1952) a réalisé avec Toulouse-Lautrec un décor pour le Théâtre de l’Œuvre, en 1984.
Homère les décrit en peintre équestre et les chante en poète convaincu de l’intelligence, du cœur, de l’héroïsme des animaux, avec tous les détails de leur race, de leur éducation, de leur nourriture, de leur attelage aux chars de guerre. […] XIII Ces scènes, les unes publiques, les autres domestiques, de ce sixième chant ; ces amours voluptueuses dans la chambre d’Hélène ; ces amours chastes dans le palais d’Andromaque ; ces adieux sur la tour de la porte Scées ; ce cœur d’épouse qui fléchit sous ses alarmes ; ce cœur d’époux qui s’affermit tout en s’attendrissant sous le sentiment de son devoir ; cette habileté instinctive de la mère, qui se fait suivre par la nourrice et par l’enfant pour doubler sa puissance d’amante par le prestige de sa maternité ; ce dialogue, dont chaque mot est pris dans les instincts les plus vrais, les plus délicats et les plus saints de la nature ; cette passion légitimée par la chaste union des deux époux ; cette éloquence qui coule sans vaines figures et sans fausse déclamation des deux cœurs ; cet épisode puéril et attendrissant à la fois de l’enfant effrayé du panache et se replongeant dans le sein de la nourrice en se détournant des bras de son père ; ce père qui berce l’enfant de ces mêmes bras forts qui vont tout à l’heure lancer le javelot d’airain contre Achille ; le pressentiment sinistre de cette épouse, qui se rappelle tout à coup et comme involontairement que c’est ce même Achille qui a tué jadis son père et ses sept frères ; enfin jusqu’à ces ormeaux plantés autour de la tombe de ce père d’Andromaque qui s’élancent tout à coup de son souvenir comme des flèches de cyprès dans un ciel serein ; puis les larmes mal contenues qui voilent les yeux ; puis le départ en sanglotant, et ce visage qui se retourne tout en pleurs pour apercevoir une dernière fois celui qui emporte son âme ; puis ce retour dans sa maison vide de son mari, mais pleine de femmes indifférentes, et cette présence d’Andromaque, seule avec l’enfant et la nourrice, excitant, par la compassion qu’elle inspire, sans parler, plus de sanglots que la chute et l’incendie d’Ilion n’en feront bientôt éclater sur la colline des Figuiers, ce sont là autant de coups de pinceau qui égalent le peintre à la nature et qui font du poète plus qu’un homme, un interprète véritablement divin entre la nature humaine et le cœur humain ! […] Homère n’aurait chanté que ce bouclier qu’il serait le premier des sculpteurs, des peintres, des pasteurs, des armuriers, des politiques, des philosophes et des poètes. […] Homère n’a-t-il pas su, comme un peintre divin, rattacher par des épisodes rapides et par des coups d’œil naturels, tantôt en arrière, tantôt à côté, tantôt en avant de son sujet, le monde moral et le monde physique tout entier à ce petit coin de sable de la plage de Troie où s’agite le sort de la Troade et de la Grèce ?
Il fallait des passions et non des principes à la démocratie ; elle avait trouvé un jeune homme de talent, elle lui dit : « Fais mon portrait, mais flatte-moi, et défigure mes ennemis, je te nommerai peintre du peuple. » Du côté opposé, les historiens de la Révolution dans le parti royaliste, religieux, aristocratique, n’avaient écrit sous le nom d’histoire que le martyrologe des victimes de 1791 à 1794 ; ils avaient barbouillé de sang tous les principes les plus saints et les plus innocents de la philosophie révolutionnaire du dix-huitième siècle. […] Le second mobile qui me sollicitait intérieurement à écrire cette histoire à la fois dramatique et critique de la Révolution française, était, je l’avoue, un mobile humain, une ambition d’artiste, une soif de gloire d’écrivain toute semblable à la pensée d’un peintre qui entreprend une page historique ou un portrait, et qui n’a pas pour objet seulement de faire ressemblant, mais de faire beau, afin que dans le tableau ou dans le portrait on ne voie pas uniquement l’intérêt du sujet, mais qu’on voie aussi le génie du pinceau et la gloire du peintre. […] « Quand j’aurai chanté en moi-même et pour quelques âmes musicales comme la mienne, qui évaporent ainsi le trop-plein de leur calice avant l’heure des grands soleils, je passerai ma plume rêveuse à d’autres plus jeunes et plus véritablement doués que moi ; je chercherai dans les événements passés ou contemporains un sujet d’histoire, le plus vaste, le plus philosophique, le plus dramatique, le plus tragique de tous les sujets que je pourrai trouver dans le temps, et j’écrirai en prose, plus solide et plus usuelle, cette histoire, dans le style qui se rapprochera le plus, selon mes forces, du style métallique, nerveux, profond, pittoresque, palpitant de sensibilité, plein de sens, éclatant d’images, palpable de relief, sobre mais chaud de couleurs, jamais déclamatoire et toujours pensé ; autant dire, si je le peux, dans le style de Tacite ; de Tacite, ce philosophe, ce poète, ce sculpteur, ce peintre, cet homme d’État des historiens, homme plus grand que l’homme, toujours au niveau de ce qu’il raconte, toujours supérieur à ce qu’il juge, porte-voix de la Providence qui n’affaiblit pas l’accent de la conscience dont il est l’organe, qui ne laisse aucune vertu au-dessus de son admiration, aucun forfait au-dessous de sa colère ; Tacite, le grand justicier du monde romain, qui supplée seul la vengeance des dieux, quand cette justice dort !
Lamartine lui-même, qui est un piano à vendre ou à louer, l’a en horreur… Il n’y a que quelques peintres qui ont ce goût-là. » … « En musique, ils en sont maintenant à un gluckisme assommant, ce sont des choses larges, lentes, lentes, ça retourne au plain-chant… Ce Gounod est un pur âne1. […] À propos de cette lumière, de cette espèce de gloire entourant la Mercier, et la faisant nager dans un rayonnement, je me demandais, — cela me rappelle tellement les effets de Rembrandt ; — je me demandais si Rembrandt usait de la bête d’habitude de faire poser ses modèles dans un atelier éclairé par la lumière du nord, ainsi que tous nos peintres. […] La toile se lève sur la scène, où le peintre Puvis de Chavannes a peint d’assez cocasses décors — une scène où il y a juste la place pour un soufflet et un coup de pied dans le derrière. […] Pendant le dîner, nous avons l’agacement d’entendre le fin causeur, le fin connaisseur ès lettres, parler art, à tort à travers, louanger Eugène Delacroix comme peintre philosophique, s’étendre sur l’expression de la tête d’Hamlet dans son tableau « Hamlet au cimetière », tirade que coupe presque brutalement Gavarni par cette phrase : « L’expression !
Il ressemble, en effet, dans tous les détails de cette pièce, à un peintre de vitraux. […] C’était un vieux peintre de beaucoup d’esprit et de talent, lequel gouvernait un musée : « Voyez-vous, — disait-il, tout pâle d’émotion, tremblant, chevrotant, mais sublime, parce qu’il était ému et vrai, — voyez-vous cette vieille main ? […] Du reste, si le peintre manque aux Mémoires de Gœthe, le fond des mémoires manque au peintre.
Paul Albert n’a pas dû appuyer sur les poètes et peintres à la Juvénal, ces effrontés qui prêchent la pudeur d’un ton à faire reculer même des hommes.
Sainte-Beuve M. de Vigny n’a pas été seulement dans Stello et dans Chatterton le plus fin, le plus délié, le plus émouvant monographe et peintre de cette incurable maladie de l’artiste aux époques comme la nôtre, il a été et il est poète ; il a commencé par être poète pur, enthousiaste, confiant, poète d’une poésie blonde et ingénue.
Un rieur, entendant dire que le portrait étoit si ressemblant, qu’il ne lui manquoit que la parole, répondit : Ce n’est point un défaut du peintre, c’est une des propriétés de son original.
On eut l’indignité de substituer aux vers les plus heureux des vers plats & ridicules ; jalousie horrible, partage des ames noires & lâches ; mais jalousie renouvellée depuis en différentes occasions par des écrivains obscurs & forcenés ; jalousie semblable à celle de ces peintres scélérats, dont les mains odieuses défigurèrent les plus beaux morceaux de le Sueur.
L’auteur y est poète et grand poète, c’est-à-dire grand peintre, comme sans dessein et en suivant le mouvement de son sujet.
J’ai un masque qui trompe l’artiste, soit qu’il y ait trop de choses fondues ensemble, soit que les impressions de mon âme se succédant très-rapidement et se peignant toutes sur mon visage, l’œil du peintre ne me retrouvant pas le même d’un instant à l’autre, sa tâche devienne beaucoup plus difficile qu’il ne la croyait.
C’est quand il pense et sent d’après lui-même, quand il est le peintre, et non l’écolier d’Épicure.
Mais ce qui est certain, c’est qu’une telle recherche amènerait infailliblement pour conclusion qu’en réalité il y a beaucoup moins de grands historiens que de grands hommes, et qu’en Histoire, comme dans les arts, c’est bien plus le peintre que le modèle qu’il est difficile de trouver.
Ce qu’il a écrit, il ne l’a pas tracé en vue des beautés essentielles à cette histoire trop ignorée et qui devraient tenter un peintre.
Le pays où Homère chanta, où Orphée institua des mystères, où l’architecture éleva des temples dont nous allons encore admirer les ruines, où le ciseau de Phidias semblait faire descendre la divinité sur le marbre ; ce pays où l’air, la terre et les eaux avaient, aux yeux des habitants, quelque chose de divin, et où chaque loi de la nature était représentée par une divinité, dut produire un grand nombre d’hymnes en l’honneur des dieux qu’on adorait ; mais la plupart de ces hymnes furent défigurées par des fables et des contes de fées, faites pour les poètes et les peintres : elles amusaient le peuple et révoltaient les sages.
Dès qu’il s’agissait du prince, le peintre, le sculpteur, l’architecte, faisaient un dieu : l’orateur ou le poète qui n’eût fait qu’un homme, eût paru faible ou coupable.
Fielding et Richardson, ces romanciers dans la plus complète acception du mot, en Angleterre, quand, en France, nous n’avions encore que des larves de romanciers, — les têtards du genre, — Fielding et Richardson, ces observateurs et ces peintres de l’âme humaine et de la vie sociale, ne se préoccupaient que de leurs œuvres et de la force d’impression qu’elles pouvaient avoir, non pas seulement sur les âmes de leur temps, mais sur les âmes de tous les temps. […] Dans ses romans, comme dans ses autres livres, il ne s’oublie jamais, ni lui ni sa prêcherie… Peintre qui crevait sa peinture pour passer sa tête par le trou de sa toile, afin qu’on le vît bien et qu’on l’entendît bien toujours. […] Il est en principe ce que le peintre Hogarth est en acte ; mais son peintre, ce n’est pas le puritain et cruel Hogarth, c’est Greuze, le vertueux et sentimental Greuze. […] Pour lui, l’important, c’est de trouver un grand sujet et une grande idée, et toujours, dans tous ses Salons, c’est au point de vue de l’idée qu’il discute le tableau qu’il a sous les yeux, ou qu’il l’invente quand le sujet abordé par le peintre lui semble manquer d’idéalité ou de grandeur.
Des descriptions Homere a toujours passé pour un grand peintre : et en effet, il y a plusieurs morceaux dans ses ouvrages, qui ne font pas beaucoup rabattre des louanges qu’on lui a prodiguées sur ce talent. […] Quoique l’imitation et le choix soient nécessaires au poëte, comme au peintre, le mérite du choix caractérise davantage le poëte, et le mérite de l’imitation caractérise davantage le peintre. Que le poëte choisisse un objet inutile ou desagreable ; il ne me causera que de l’ennui ou du dégoût : au lieu, qu’en blâmant un pareil choix dans le peintre, je puis encore admirer dans son ouvrage, la ressemblance parfaite avec les objets qu’il aura choisis. Par exemple, pour ne point sortir d’Homere, quand il me peint Achille occupé à préparer lui-même le repas qu’il veut donner aux ambassadeurs d’Agamemnon ; quand il me le représente dans les fonctions d’un cuisinier, je suis blessé du desagrément de l’image, sans sçavoir gré d’ailleurs au poëte d’une imitation aisée, qui ne consiste que dans la propriété des termes ; au lieu que le tableau d’Achille en cet état, tout ridicule qu’il seroit pour le choix, pourroit néanmoins être admirable, par la vérité du dessein et des couleurs, où il est si difficile et si rare que les peintres atteignent. […] Le premier traducteur n’a que le mérite de ces artisans grossiers qui ne sçavent qu’étendre du plâtre sur un visage, pour en tirer une ressemblance exacte, mais toûjours insipide ; et le second ressemble à un peintre habile, qui en copiant les traits d’un homme sçait encore donner de l’ame à la ressemblance, et réveille ainsi par une imitation vive, dans ceux qui ne voient que l’image, toute l’idée que l’original pourroit leur donner.
… Celui-là sera le peintre, le vrai peintre, qui saura arracher à la vie actuelle son côté épique, et nous faire voir et comprendre combien nous sommes grands et poétiques dans nos cravates et nos bottes vernies90. » Se douterait-on que l’homme à qui l’on doit ces professions de foi moderniste est le même qui, parlant de son idéal avait dit : Ce ne seront jamais ces beautés de vignettes, Produits avariés, nés d’un siècle vaurien, Ces pieds à brodequins, ces doigts à castagnettes, Qui sauront satisfaire un cœur comme le mien91. […] Le seul effort intellectuel auquel fut astreint l’artiste, consistait à savoir construire une phrase, s’il était écrivain, ou à connaître le maniement des couleurs, s’il était peintre ; la faculté qu’entre toutes il lui fallait tâcher de développer en lui, c’était une sensitivité très intense, très juste et très prompte qui lui permît de ne perdre aucun détail du monde extérieur. […] Dès lors, répudiant comme vulgaire tout ce qui leur paraissait rentrer dans la règle établie, dans le type équilibré des époques classiques, ce fut vers les modernes, vers les écrivains et peintres du xviiie siècle, ou vers les primitifs de la Renaissance italienne et les exotiques de l’Extrême-Orient que se porta leur admiration illimitée : ce fut auprès d’eux qu’ils cherchèrent des inspirateurs. […] Si l’auteur de Germinal a voulu exprimer que tout écrivain, tout peintre, tout sculpteur, doit se soucier de donner à ceux qui le lisent ou qui le regardent l’impression de l’exacte vérité ; s’il estime et s’il affirme que le succès est proportionnel au résultat acquis en ce sens, l’axiome, sauf exceptions rares, renferme une telle évidence que nul esprit sensé ne songera jamais à le révoquer en doute. […] Si l’on taxe d’exagérés le souci de la rime et l’importance qui lui est attribuée, il répondra que, par elle seule : Le poète suscite dans l’esprit, du lecteur les images ou les idées… De même, au moyen d’une touche juste, le peintre suscite dans la pensée du spectateur l’idée du feuillage du hêtre ou du feuillage du chêne : cependant vous pouvez vous approcher du tableau et le scruter attentivement ; le peintre n’a représenté en effet ni le contour ni la structure des feuilles de hêtre ou de chêne317.
Nous ne louerons jamais assez le peintre, le marin, le stratège, le diplomate, qui a tracé ce magnifique tableau d’histoire. […] Les tentatives toutes avortées pour réunir les escadres françaises, espagnoles, hollandaises, dans la Manche, afin de protéger le passage de ses bateaux plats d’un bord à l’autre ; des revues impériales de l’armée de terre et des flottilles passées sur les hauteurs et dans les eaux de Boulogne ; des distributions solennelles de décorations à l’armée, des négociations avec le pape pour amener ce pontife à Paris et pour obtenir de sa faiblesse le couronnement du nouveau Charlemagne ; le spectacle de la réaction religieuse qui précipite les vieillards, les femmes, les enfants, les populations des campagnes au pied du vicaire vénéré du Christ ; la cérémonie du sacre renouvelée des antiques monarchies et des antiques sacerdoces ; toute cette audacieuse amende honorable du pouvoir, des soldats, et du peuple de la Révolution au passé, tout ce changement de décoration à vue sur le théâtre du monde enfin, sont admirablement reproduits par l’historien ; la réflexion seule manque au peintre, ici comme partout. […] Thiers, et achevons dans le prochain entretien la lecture d’un livre où l’on blâme quelquefois, mais où l’on marche toujours sans lassitude d’admiration en admiration pour le tableau et pour le peintre, et, bien que le livre soit long, l’admiration est toujours courte.
La comédie est bien plus près de la peinture que la tragédie ; ce sont deux arts où il est besoin d’yeux : l’homme se manifeste au peintre par les couleurs et par la forme, au poète comique par les mœurs. […] Dans les pièces de sa seconde manière, les portraits de ce grand peintre, comme les tableaux qui veulent être vus de loin, sont çà et là empâtés. […] L’imitation est aussi innocente de plagiat dans les pages du poète que sur la toile du peintre ; tout ce qui rend la nature y est fait de génie.
Cette question, facile à résoudre, lorsqu’il s’agit d’un peintre ou d’un poète, est, au contraire, presque insoluble, au propos d’un musicien. […] Les prédécesseurs de Beethoven nous montraient un tableau que la lumière du jour, passant au travers de la toile, semblait éclairer : et, cependant, le dessin, la couleur n’y étaient point comparables aux œuvres du peintre ; et c’était, en somme, un art inférieur, et méprisé, comme tel, des vrais connaisseurs, et un Pseudo-Art, seulement ; et cela était fait pour égayer les fêtes aux tables des princes, pour distraire des sociétés frivoles ; et l’adresse du virtuose était la lumière la meilleure à éclairer ce tableau. […] Peut-on concevoir un peintre aveugle ?
Et le peintre, mêmement, percevra ses majeures sensations picturalement ; tel, le musicien sera supérieurement musicien. […] Notons ici ce phénomène possible — et fréquent — en nos modernités, un même homme qui aurait un esprit de peintre et de littérateur, de littérateur et de musicien. […] Car ces deux faits sont : un artiste né peintre, fait littérateur par les circonstances, et tourmenté dans ses littératures du besoin de sensations picturales, et torturant les mots pour leur exprimer des concrétions ; encore, un artiste charmé uniquement des difficiles technicités, et s’usant à ce que les mots sonnent musicalement, comme des musiques, pour les sentimentalités imprécisées ; et, s’il existe un art définissable des noms de « décadence » et « déliquescence », que ce soit celui-là.
Il faut au poète dramatique, pour émouvoir de toute sa puissance le cœur humain, un théâtre, une scène, des décorations, des musiciens, des peintres, des acteurs, des costumes, des gestes, des paroles, des larmes feintes, des déclamations, des cris simulés, du sang imaginaire, mille moyens étrangers à la poésie elle-même. […] Les grands comiques peuvent avoir le génie de l’infirmité humaine ; ils peuvent être de grands peintres, ils ne sont jamais des poètes, si ce n’est par hasard dans l’expression. […] Ici le poète devient le plus sublime des peintres ; la palette humaine n’a en Europe ni dessins ni couleurs comparables à la description du monde végétal au milieu duquel erre Damayanti sur les pentes de l’Himalaya, au milieu des glaciers, des torrents, des volcans, des rochers, des arbres d’une nature vierge et primitive.
Voyager à Rome pour les peintres, voyager à Rome et à Athènes pour les littérateurs ; celui qui a un peu de tact, discernera bientôt l’écrivain moderne qui s’est familiarisé avec les Anciens, de l’écrivain qui n’a point eu de commerce avec eux. […] Salluste affecte des mots surannés ; il est rapide et serré, grand peintre ; ses exordes sont des selles à tous chevaux. Cornélius Népos a écrit les vies des grands capitaines romains et étrangers ; il est digne du siècle d’Auguste, s’il n’en est pas ; le superstitieux, abondant, large et majestueux Tite-Live, l’histoire ecclésiastique et civile de l’Empire ; Velleius Paterculus, des morceaux d’histoires diverses et d’histoire romaine d’un style ingénieux, élégant, mais quelquefois obscur et raboteux ; Valère Maxime,, auteur de mauvais goût, barbare et pointu, des dits et faits mémorables ; le philosophe Sénèque, grand moraliste, mais d’une lecture tardive ; Pomponius Mêla, de la chorographie, et Columelle de l’économie rustique, tous deux purs et corrects ; Quinte-Curce, courant après les qualités d’un bon écrivain, des guerres d’Alexandre ; Pline le naturaliste, subtil, ingénieux, sublime quelquefois, toujours serré, souvent obscur, de tout, de trop de choses pour ne pas fourmiller d’erreurs ; Tacite, le hardi, éloquent, très-éloquent, le sublime peintre Tacite, mais un peu détracteur de la nature humaine, toujours obscur par sa brièveté et son sens profond, des annales de l’Empire et des vies des premiers empereurs ; quand il loue, ne rabattez rien de son éloge ; c’est là qu’un souverain se perfectionnera dans l’art que Tacite appelle les forfaits de la domination75 et que nous appelons la raison d’Etal.
J’ai fait mettre sur le manteau de la cheminée un beau tableau d’un crucifix qu’un peintre que j’avais fait tailler (de la pierre) me donna l’an 1627. […] Il a vu Spon en 1642, et, des années après, il pourrait, s’il était peintre, tracer son portrait tel qu’il était alors : « Je pense si souvent à vous que je vous vois à toute heure. » Dans les interruptions de la Fronde, il attend les lettres de Spon aussi impatiemment que les créanciers du roi d’Espagne attendent les galions.
C’est là une grande prédisposition pour l’historien en tant que narrateur et peintre, et, s’il peut joindre à cette faculté première et indispensable une réflexion plus secrète, la recherche des causes, ce sera tant mieux, et il s’élèvera alors à toute la hauteur de sa mission, quoiqu’il y ait toujours un peu à craindre qu’avec cette qualité de plus, avec ce fonds philosophique, le tableau du premier plan ne perde quelque chose de sa sincérité et de sa fraîcheur, et que la représentation des événements qu’on est jaloux d’expliquer ne conserve pas la même netteté involontaire, la même franchise. […] Pour nous, la fidélité de Froissart est celle d’un peintre, sinon d’un historien.
La méritant si peu, je ne la regrette pas plus que je ne l’avais souhaitée et demandée. » Son oncle Constant Desbordes, le peintre, lui écrivait en septembre, pour l’avertir qu’on était fort surpris au ministère de la maison du roi qu’elle ne se fût point présentée ou quelqu’un de sa part, car il y avait neuf mois que cette pension datant de janvier avait commencé de courir ; il avait dû déjà la gronder auparavant de paraître se soucier trop peu d’une faveur, « qui, disait-il, n’a rien que d’honorable ». […] Félix, souviens-toi bien : il est impossible que cette bonne grand-mère, et papa, et mon oncle Constant (le peintre), ne descendent pas de cette ligne dont les traits sont si différents de la race vraie Flandre. » C’est miracle qu’elle puisse étudier à travers une vie si tiraillée, si morcelée.
Le caractère de Fédora, de cette Femme sans cœur, indique pourtant le peintre déjà initié à demi. […] Cette figure de Mme Claës, où les hésitations magnétiques et les projections fluides des regards sont prodiguées, de même que le sont dans le portrait de Balthazar les idées dévorantes distillées par un front chauve, m’a bien fait concevoir le genre de portraits de Vanloo et des autres peintres chez qui des détails charmants et pleins de finesse s’allient à une flamboyante et détestable manière, à une manière sans précision, sans fermeté, sans chasteté. « Les personnes contrefaites qui ont de l’esprit ou une belle âme, dit M. de Balzac à propos de son héroïne peu régulière, apportent à leur toilette un goût exquis.
De peintres et de sculpteurs, cette génération n’en compte guère et ne s’en inquiète pas ; pour tout musicien, elle a le mélodieux Rameau. […] Il ressuscite avec ampleur, après Louis XIV, après cette précieuse élaboration de goût et de sentiments, ce que d’Urfé et mademoiselle de Scudery avaient prématurément déployé ; et bien que chez lui il se mêle encore trop de convention, de fadeur et de chimère, il atteint souvent et fait pénétrer aux routes secrètes de la vraie nature humaine ; il tient dans la série des peintres du cœur et des moralistes aimables une place d’où il ne pourrait disparaître sans qu’on aperçût un grand vide.
Ce n’est pas un acrobate qui fait ses tours : c’est un peintre qui lutte contre son modèle, pour l’exprimer tout entier sur sa toile. […] mais voyez Shakespeare ; voyez nos peintres qui font encore des Sainte Famille, nos sculpteurs qui font encore des Diane.
Lui aussi avait son « maître si maître », le grand peintre des décadences, Tacite. […] Pour qui connaît les grands écrivains du dix-septième siècle, ce qui reste dans l’esprit comme dernier souvenir, c’est comme un portrait général de l’homme, auquel tous ces grands peintres ont travaillé.
À cette même tranchée devant Mardyck, au moment où il fallait en déloger les ennemis, Bussy, qui est entré par un côté, se rencontre tête à tête avec le duc d’Enghien, qui montait de l’autre, faisant main basse sur tout ce qui se présentait à lui : Je ne songe point, dit-il, à l’état où je trouvai ce prince, qu’il ne me semble voir un de ces tableaux où le peintre a fait un effort d’imagination pour bien représenter un Mars dans la chaleur du combat. […] Le portrait que Bussy a tracé de Mme de Sévigné dans ce vilain livre, est à la fois ressemblant et calomnieux ; c’est le chef-d’œuvre d’un peintre malicieux et caustique qui donne à chacun des traits qu’il observe et qu’il accuse, je ne sais quelle expression particulière qui noircit le tout et le dénature.
Tous les exemples peuvent être réduits à ceux-là, et je fais alors comme un peintre qui, voulant représenter la figure d’un ami absent, retouche son dessin jusqu’à ce qu’il ait trouvé l’expression du visage qu’il reconnaît aussitôt. » (Législation primitive, chap. […] Le peintre compare son dessin à l’image intérieure qui est présente à son esprit ; sans cette image, comment reconnaîtrait-il ?
D’autres ont aimé la nature autant que l’aime cet enfant, et Maurice de Guérin, quand il venait de son beau Midi, a senti comme ce petit Provençal le ciel du Nord, mais que faisaient-ils, ces grands peintres, de leur enivrement agreste ? […] Acceptation du sacrifice, sentiment d’une haute présence à côté d’eux, les voilà le plus souvent, et s’il fallait une image pour les symboliser, je n’en vois pas de plus vraie que celle qui sort d’une phrase que Bernard Lavergne, le treizième enfant du peintre verrier Claudius Lavergne, écrit à sa famille : « … Ce soir, départ pour la tranchée.
Je suis sûr que les artistes qui vivaient au moyen âge, Dante quand il écrivait sa Divine Comédie, les auteurs de nos poèmes nationaux et de ceux des nations voisines, les bâtisseurs d’églises, d’hôtels de ville, de maisons corporatives, les sculpteurs, les peintres, les musiciens, avaient présente à l’esprit cette idée fraternelle, et dédiaient en secret leur œuvre à tout le peuple chrétien. […] Remarquez d’ailleurs, qu’en peinture également, toutes nos préférences s’attachent aux peintres de la vie d’intérieur… Une vieille fille qui file près d’une fenêtre, d’où tombe un rayon de soleil ; une porte s’entrouvrant sur une chambre qu’on devine paisible ; la perspective d’une rue calme et déserte, retiennent longtemps notre attention et nous suggèrent mille pensées.
La prétendue incapacité était fondée sur le défaut corporel : « Le sieur de Pons a un corps bossu et contrefait ; il est moins homme que nain ; la singularité de son extérieur frappe de surprise et peut scandaliser les faibles. » — Je ne sais, répliquait l’abbé de Pons dans un factum plein de convenance, si l’amour-propre m’a fasciné les yeux, mais il me paraît que mon peintre n’a pas flatté son modèle, et que je puis à présent me montrer avec confiance.
Je le reproduis ici pour montrer que nous n’étions pas seulement attentifs alors aux poëtes, aux peintres, aux artistes, mais aussi aux politiques de notre âge et de notre génération, et que nous avions les yeux ouverts de plus d’un côté.
Le principal défaut des artistes d’aujourd’hui, peintres ou poëtes, c’est de prendre l’intention pour le fait, de croire qu’il leur suffit d’avoir pensé une belle chose pour que cette chose paraisse belle ; au lieu de se donner la peine de réaliser l’idéal de leur conception, ils nous en jettent le fantôme.
Parmi cette foule de courtisans qui se livraient au torrent de chaque jour, et qui songeaient à profiter de ce qu’ils observaient sans le dire, il se rencontrait parfois des écrivains et des peintres, des moralistes et des hommes.
Le Chat d’Hoffmann semble tout à fait un cadre familier dérobé à la fantaisie de notre grand peintre, et M.
Quand Jules Favre, plaidant pour un critique sévère par lequel un peintre de portraits se prétendait diffamé, disait : « Voici un écrivain assis sur le banc des criminels pour avoir trouvé que le bras de Medina-Cœli n’était pas assez accusé, et que sa robe était trop belle », l’accusation ainsi énoncée était plus qu’à demi réfutée, et il enlevait à l’adversaire l’usage de tous ces lieux communs sur le respect dû aux personnes et sur les empiétements de la critique, qui pouvaient faire impression sur le tribunal.
Les sujets sont à tout le monde ; chaque écrivain qui veut se les approprie, sans croire voler ses devanciers, comme nos peintres peuvent faire des Sainte Famille après Raphaël, des Adoration des Mages après Rubens, comme nos sculpteurs réalisent après les Grecs les types de Diane et de Vénus.
Le peintre Olivier Bertin frise la cinquantaine ; son amie, la comtesse Anne de Guilleroy, a quelque quarante ans.
On souriait avec dédain à l’idée qu’on pût se permettre de dire : qu’une poésie est bien châtiée ; qu’un souris est fin, qu’un souris est amer ; qu’un mauvais poète est un bâtard d’Apollon ; que les peintres sont des poètes muets ; que le soleil est l’époux de la nature.
Il imagine un peintre qui cessa de peindre pour une raison noble et subtile : la couleur, pense ce pauvre homme, est dans l’univers en quantité limitée ; celle qu’on perd à fabriquer de l’artificiel, on la vole à la nature que nos larcins condamnent à créer une vie plus pâle.
le portrait du peintre Hallé . je ne me le rappelle pas.
Les jeunes auteurs de ces esquisses, peintres ou sculpteurs, sont obligés de conformer leurs tableaux ou bas-reliefs aux esquisses sur lesquelles ils ont été admis.
Dans ce grand sujet de Rome et la Judée, dans ce vis-à-vis énorme, mais si facile à la rhétorique et aux déclamations, du monde de l’ancien Testament aboli, de la Synagogue dispersée par l’épée romaine, et de la chaire de Saint-Pierre érigée debout, dans l’apocalypse d’un monde nouveau, il aurait fallu une touche si mâle et si ferme, il aurait fallu quelque reflet surnaturel de saint Paul et de saint Jean réunis, formant le rayon d’une inspiration plus que pittoresque et plus que littéraire, et, au lieu de cela, nous avons un peintre grêle de salon, — presque un feuilletoniste d’histoire, quelque chose comme un Pontmartin historique ; car Champagny, dans ce dernier livre, a beaucoup de Pontmartin !
On ne se demanda point si l’observateur l’emportait en lui sur le peintre, si le penseur était au-dessous ou au-dessus de l’écrivain.
III François Suleau est, en effet, une figure noyée dans l’ombre jusqu’ici, mais qui aujourd’hui a son peintre, son cadre et son rayon, qu’elle ne perdra plus.
Voir plus que cela dans l’auteur des Mémoires d’un chasseur, peintre de nature plus que de costume, c’est une erreur du genre de celle qui verrait dans Tristram Shandy et le Sentimental Journey des révélations politiques et sociales sur l’Angleterre et sur la France.
Victor Hugo comme un enlumineur à un peintre.
Ponsard, en supposant qu’on puisse employer ce terme de peinture en parlant d’un poète aussi peu peintre que l’auteur de Lucrèce ; mais si le résultat d’art est différent, le résultat d’impression est le même.
Malheureusement, s’il est toujours écrivain et peintre, Édouard Salvador est aussi presque toujours un penseur plus ingénieux que solide, qui touche de l’Histoire en artiste, au profit d’intérêts et d’idées que nous ne pouvons accepter dans l’éclat de leur prétention.
C’est en s’éloignant de son tableau que le peintre en saisit mieux l’ensemble, en voit mieux saillir les défauts. […] Toute femme d’un descendant d’Hulot procède ainsi, et le romancier, comme le peintre, qui cherche tous les prétextes pour montrer qu’il sait « faire du nu », n’a gardé d’éviter cette scène, qui est comme la cantilène obligée d’un ancien opéra. […] Certainement, l’auteur a pris à celui-ci un geste, à tel autre un regard, un tic, tout comme un peintre se sert de plusieurs modèles ; mais il n’a voulu faire aucun portrait. […] Mais le mariage ne l’attire pas autrement, et aux sollicitations du peintre elle répond invariablement : À quoi bon ? […] Mais, à partir de ce moment-là, elle fut souvent absente pendant deux ou trois heures, et le peintre se désola, sentant de nouveau se poser sur lui la griffe amère de la Solitude.