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2245. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

En l’absence du roi, parti pour la guerre de Flandre, le premier président du Parlement, Lamoignon, opposa son veto formel à une nouvelle représentation ; l’archevêque de Paris fit un mandement qui défendait « à toutes personnes de voir représenter, lire ou entendre réciter la comédie de l’Imposteur, soit publiquement, soit en particulier, sous peine d’excommunication » ; et le Tartuffe ne put être mis en liberté qu’en février 1659, à la faveur de l’apaisement des querelles religieuses, et de la réconciliation momentanée des diverses opinions de l’Église de France. […] Au moment où il mettait sur la scène les philosophes Pancrace et Marphurius, l’Université de Paris allait obtenir la confirmation d’un arrêt du Parlement prononçant peine de mort contre les hérétiques qui oseraient attaquer les doctrines d’Aristote.

2246. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Harley945. » Un autre jour, ayant trouvé que Saint-John, le secrétaire d’État, lui faisait froide mine, il l’en tança rudement. « Je l’avertis que je ne voulais pas être traité comme un écolier, que tous les grands ministres qui m’honoraient de leur familiarité devaient, s’ils entendaient ou voyaient quelque chose à mon désavantage, me le faire savoir en termes clairs, et ne point me donner la peine de le deviner par le changement ou la froideur de leur contenance ou de leurs manières ; que c’était là une chose que je supporterais à peine d’une tête couronnée, mais que je ne trouvais pas que la faveur d’un sujet valût ce prix ; que j’avais l’intention de faire la même déclaration à milord garde des sceaux et à M.  […] Deux sons semblables au bout de deux lignes égales ont toujours consolé les plus cuisantes peines ; la vieille Muse, après trois mille ans, est une jeune et divine nourrice, et son chant berce les nations maladives qu’elle visite encore, comme les jeunes races florissantes où elle a paru.

2247. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

J’ai été l’ami intime pendant toute sa vie d’un artiste célèbre, j’ai recueilli toutes ses confidences, j’ai été son collaborateur le plus étroit ; je n’aurai cependant pas le droit de divulguer ses lettres si (au cas où il n’a pas fait de testament, et c’est une précaution souvent impossible en cas de mort fortuite, ou à laquelle l’artiste ne prend simplement pas la peine de songer) un petit-fils ou un beau-fils, ou un parent éloigné, qui ne l’a pas connu mais qui tient à profiter de sa gloire, s’y oppose, même sans motif. […] Mais des délégués de l’Institut, de la Sorbonne, des sociétés savantes compétentes, ne devraient-ils pas prendre officiellement des copies de tout ce qui en vaudrait la peine, lesquelles seraient déposées à la Bibliothèque nationale ?

2248. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Comme son domestique avait peine à le faire uriner, il aurait dit en grommelant : « L’animal ne va plus !  […] Il a peine à nous donner sa chaude poignée de main d’autrefois.

2249. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Ceux dont il aparté auront toujours au moins leur profil dans l’histoire littéraire ; de ceux sur lesquels il s’est tu, nous aurons toujours quelque peine à nous figurer les traits. […] Il n’est pas de grand écrivain sans une grande sensibilité ; capables de joies très vives, ils le sont aussi de peines excessives. Or, la peine, qui est dépressive, laisse dans la vie des traces plus profondes que la joie. […] A peine est-elle encore un danger. […] Plus un être est parfait, plus il doit ressentir vivement la peine et le plaisir, disait Dante. » Le loisir, en effet, si utile aux hommes supérieurs, est fatal au peuple.

2250. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Qu’il n’ait pas été quelquefois entraîné ainsi au-delà du but et n’ait pas un peu trop disséminé ses recherches, au point d’avoir peine ensuite à les resserrer et à les ressaisir dans son récit, je n’essaierai nullement de le nier ; mais il n’a pas moins poussé sa trace originale et vive, il n’a laissé à la paresse de ses successeurs aucune excuse ; et il ne sera plus permis après lui de faire les notices écourtées et sèches que quand on le voudra bien.

2251. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Je n’ai négligé ni soins ni peines pour les obtenir.

2252. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Vue générale de l’intérieur de Saint-Pierre « On pousse avec peine une grosse portière de cuir, et nous voici dans Saint-Pierre.

2253. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Le second avait pour objet de convaincre les partis intérieurs de la nécessité d’une conciliation dans la liberté mutuelle et légale sous peine d’éterniser l’anarchie et de recréer la tyrannie.

2254. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Je m’imaginais pourtant avoir bien dissimulé mon secret ; mais ma sœur, accoutumée à lire dans les replis de mon âme, le devina sans peine.

2255. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Condamné pour ce fait à être pendu, par jugement de la prévôté, il appela au Parlement qui commua la peine en bannissement.

2256. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Nous ne quittons pas le coin de notre feu, mais, de ce coin, nous nous plions sans peine à toutes les façons de sentir des diverses races, et des plus lointaines.

2257. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Tous vos bals n’étaient pas dansés encore, je crois, et, quoi que vous en disiez, vous n’y preniez point de peine ».

2258. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Des hommes graves, des spécialistes, des savants, peuvent se borner à lire, parce qu’ils lisent des choses qui en valent la peine.

2259. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

L’hérédité du châtiment abolie, la chaîne brisée entre le destin du père et le sort du fils ; la responsabilité qui enveloppait aveuglément toute une race pour le forfait d’un des siens, restreinte à la personne du coupable ; la peine du talion, quelquefois inique quand elle égalise, toujours atroce quand elle excède, définitivement supprimée ; l’expiation rituelle qui implique le repentir, remplaçant l’expiation du sang ; le motif ajouté à la faute dans les considérations du jugement porté, et l’allégeant lorsqu’il l’atténue, de son poids mortel ; tels sont les effets de l’arrêt d’Athènes inspiré par la raison de Pallas.

2260. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

le mal, qui commence la souffrance par lui, car être le mal c’est pire que le faire, les peines, les douleurs, les larmes, les cris, les rumeurs ; dans l’ombre, le problème muet, l’immense silence, d’un sens inexprimable et terrible.

2261. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Songez que ces mêmes paroles que vous venez de prononcer et que nous insérerons dans nos registres, plus vous aurez pris de peine à les peser et à les choisir, plus elles vous condamneraient un jour si vos actions s’y trouvaient contraires, si vous ne preniez à tâche de joindre la pureté des mœurs et de la doctrine, la pureté du cœur et de l’esprit, à la pureté de style et du langage, qui ne sont rien, à bien prendre, sans l’autre. » Voilà le ton de M. de La Chambre parlant à La Fontaine.

2262. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

» Je vous dirai que je n’en sais rien ; que, peut-être, la fable avant La Fontaine, c’est-à-dire telle que Boileau en pouvait parler, puisqu’il ne parlait pas d’actualité, n’était rien du tout ou si peu de chose qu’en réalité elle ne valait guère la peine d’être nommée, pas plus, à la vérité, que le triolet, le rondeau, et il n’a sans doute pas considéré la fable comme vraiment un genre poétique, ni par son importance puisque, jusqu’à La Fontaine exclusivement, elle n’en avait pas, ni par sa forme ; et s’il a parlé du rondeau et du triolet, et du sonnet, c’est que ce sont des formes de versification, des formes, au point de vue de la versification, tout à fait intéressantes, tout à fait curieuses qu’il ne faut pas, au moins, avoir l’air d’ignorer.

2263. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

« Cela en vaut la peine, — dit Felicia, — vous allez voir danser la Cremnitz… » « C’était charmant et féerique.

2264. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Assurément, si un livre semblable avait paru à la date de la langue qui s’y trouve parlée, il aurait fait le même mal que ceux de Boccace, de Marguerite de Valois, de Rabelais et de tant d’autres rieurs, charmants et coupables, et il partagerait la même condamnation et la même peine devant l’Histoire.

2265. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Analysez votre effort quand vous évoquez avec peine un souvenir simple.

2266. (1881) Le roman expérimental

Pendant qu’on acclamait le triomphe des lyriques, pendant que Victor Hugo était bruyamment sacré roi littéraire, tous deux mouraient à la peine, presque obscurément, au milieu du dédain et de la négation du public. […] Il y a pour cela des types tout faits qu’on introduit dans une action sans aucune peine. […] Il faut citer aussi l’épitaphe de Tristan, mort en 1665 et qui appartenait à Gaston d’Orléans : Ébloui de l’éclat de la splendeur mondaine, Je me flattais toujours d’une espérance vaine, Faisant le chien couchant auprès d’un grand seigneur, Je me vis toujours pauvre, et tâchai de paraître Je vécus dans la peine, espérant le bonheur, Et mourus sur un coffre, en attendant mon maître. […] Bref, le sujet me déplaisait, j’avais de la peine à accepter Jeoffrin. […] Et, dès qu’il touche à cette question du naturalisme, le voilà qui s’effare, qui perd pied, qui ne se donne même pas la peine d’étudier sérieusement la question sur des textes, tellement il a les préjugés courants, tellement il se laisse emporter par le besoin de pourfendre le monstre.

2267. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Le duc de Buckingham écrit une parodie de Dryden, le Rehearsal, et prend une peine infinie pour faire attraper au principal acteur le ton et les gestes de son ennemi. […] Vers le mois d’avril 1700, il essaya de sortir ; son pied foulé se gangrena ; on voulut tenter l’opération, mais il jugea que ce qui lui restait de santé et de bonheur n’en valait pas la peine.

2268. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

La doctrine des frontières naturelles et celle du droit des populations ne peuvent être invoquées par la même bouche, sous peine d’une évidente contradiction. […] Quant à la liberté des clubs, l’expérience a montre que cette liberté n’a aucun avantage sérieux, et qu’elle ne vaut pas la peine qu’on y fasse des sacrifices.

2269. (1925) Portraits et souvenirs

A peine arrivé, on l’emmena voir le pays. […] Ce sentiment me semble devoir être inhérent au professorat et en constituer une des plus lourdes peines. […] Bien plus, pour rendre ce service, il affrontait mille peines, s’exposait aux incommodités des saisons.

2270. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Puis, pour finir, vous déclarez que cette même pensée, responsable, à votre sens, de ses erreurs, il lui faut l’aiguiser, sous peine d’animalité, au lieu de la laisser mourir de sa belle mort, après tant de systèmes en ruine… Tout cela est contradictoire. […] Ou s’ils le comprennent, ils se lamentent, demandant : « Pourquoi se donner tant de peine ?  […] Vous voyez bien : vous ne voulez pas vous donner la peine de comprendre.

2271. (1911) Nos directions

On a peine à imaginer sur les planches la Jeune Fille Violaine, la Ville ou même l’éclatant Tête d’Or. […] J’aurais peu de peine à montrer que Laine représente l’esprit d’aventure et de fantaisie. […] A peine si, dans la Thébaïde, une rhétorique empruntée (à Corneille, à Rotrou) le submergera au passage. […] Est-ce la peine d’insister sur ce point ?

2272. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Lorsqu’il visitait, en 1771, Jean-Jacques dans son pauvre ménage de la rue Plâtrière, lorsqu’il avait tant de peine à lui faire accepter un petit présent de café, et qu’il s’avançait avec des alternatives de bon accueil et de bourrasque, dans la familiarité du grand homme méfiant et sauvage, Bernardin ne se doutait pas qu’il allait être pris très-prochainement lui-même d’une maladie misanthropique toute semblable, engendrée par les mêmes causes.

2273. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Là, sur la paille, languit la femme d’un homme riche de notre village ; elle vient d’accoucher, et j’ai eu bien de la peine à la sauver avec les bœufs de cette charrette.

2274. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Comment se fait-il que, dans l’intérieur même de l’Asie Mineure, jusqu’aux pieds du Taurus, les villages chrétiens soient mêlés aux villages turcs, de telle sorte que le voyageur a peine à savoir laquelle des deux populations domine l’autre en nombre, en autorité, en richesse, dans toutes ces parties de l’empire ?

2275. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Quelle plus vile profession de foi d’un matérialisme absolu, réduisant toute la sociabilité, même celle de l’amour, de la génération et du sang, à la grossière sensation de la peine, du plaisir, ou des besoins physiques dans le père, dans la mère, dans l’enfant, blasphème qui donne pour toute moralité à cette trinité sainte de la famille, quoi ?

2276. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Si je pouvais encore aller sans fatigue à la ville, je t’épargnerais la peine de venir ; nous irions te voir : mais maintenant c’est à toi de venir ici plus souvent.

2277. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Mais voilà un homme qui a commis une faute plutôt qu’un crime, à bonne intention, et qui devrait être fier de son innocence foncière et des cinq ans de peine infligés à sa bonne action ; le voilà qui, après s’être nourri dix-neuf ans de son venin, s’échappe de ses fers et rentre dans le monde de la liberté.

2278. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Mais à peine avait-il écrit ces lignes impies qu’il rougissait de les avoir écrites et qu’il s’en vengeait en écrivant d’une main plus ferme les pages les plus solides de pensée et les plus magnifiques d’expression sur l’existence de Dieu dans ses œuvres, sur la conscience, ce code vivant de la morale une et éternelle, sur la moralité ou sur l’immoralité des actes humains, moralité ou immoralité qui suppose une peine ou une rémunération finale, et par conséquent une immortalité.

2279. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Comment prendrait-il de la peine pour convaincre ses lecteurs de son doute ?

2280. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

., dite cette fois en sanglotant par le cor anglais, et planant au-dessus d’un susurrement mystérieux en trémolo des cordes au moment où, vers la fin du second acte, le futur Roi-Prophète s’échappe pour écouter à la porte de la chambrette de sa mère, qui « dans son sommeil murmure une prière pour le fils ingrat ; une perle, fut-elle enfouie dans un fumier, vaut bien la peine qu’on la mette en lumière !

2281. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Lamoureux, car c’est à lui, à son initiative, à ses persévérants efforts que nous devons cette glorieuse soirée wagnérienne ; il a réalisé la plus artistique entreprise de ces derniers temps ; depuis cinq années qu’il est à la peine, ce n’est point trop qu’il soit aujourd’hui à l’honneur.

2282. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Elles te régalaient, pour honoraires, de tourtes, de gâteaux, de pains frais, dignes fruits de tes peines. » La bande de ces charlatans bachiques se mêle bientôt à celles des bateleurs eunuques de Cybèle, moines mendiants de la fin païenne, qui couraient les foires et les marchés, au bruit des cymbales et des triangles, colportant, sur un âne, le fétiche de la Déesse, et se tailladant les bras avec des couteaux, pour attirer les chalands.

2283. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

A peine le gentilhomme, brisé, énervé, vaincu, rougissant de lui-même, a-t-il murmuré son acquiescement à cette paix honteuse, que la jeune femme se jette dans ses bras avec un vaillant enthousiasme : « Et maintenant, va te battre ! 

2284. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Une très belle œuvre dont le sourire parfois un peu bruyant ne saurait dissimuler la peine et l’angoisse profondes.

2285. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Quand donc on annonça La Légende des siècles, nous crûmes ne trouver, dans les deux formidables volumes dont on parlait, rien autre chose que les convulsions d’après la mort de ce vigoureux organisme de poète qui devait, tant il était robuste, avoir terriblement de peine à mourir !

2286. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Je devine sans peine tout ce qu’il sera.

2287. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Sur la peine que coûtaient à Mallarmé ses vers rares, sur l’infini scrupule dont il l’aggravait, se pose cette coupole de rêve, tout l’espoir et tout le désir qui allègent comme des ailes indéfinies de vapeur l’idée de sa poésie, et que l’Après-Midi d’un Faune nous fait surprendre à l’horizon de ses roseaux. […] Le poète, le soir, à son feu qui s’éteint, dans sa chambre obscure, mystère de peine, de froid, d’attente. […] Ce qui ne valait pas la peine d’être tû aux trois quarts, il le disait. […] Le goût de Mallarmé laisse au lecteur ami le soin et le plaisir de cette besogne, et à l’autre lecteur il épargne même lu peine de la tenter. […] Incompétence en autre matière que l’absolu : rien qui vaille la peine d’être écrit, sinon l’essence.

2288. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Loin d’être achevée, la science de la vie se présentera donc à nous avec ses imperfections ; nous nous préoccuperons sans cesse, non de ce qui est fait, mais de ce qui reste à faire ; et cette direction progressive est d’autant plus importante, vous le comprenez sans, peine, que la science dont nous nous occupons ici est plus éloignée de son entier développement. […] En physiologie, en effet, les phénomènes sont tellement complexes, et pour décider une question il faut avoir présents à l’esprit une telle masse de faits, que nous comprenons sans peine le trouble et l’hésitation qui saisissent l’esprit du public, quand on vient devant lui contester les faits les mieux établis par des raisonnements dont il ne saisit pas, au premier abord, le peu de valeur réelle. […] Il lui répugne, dit-il, d’admettre que l’économie animale se donne la peine de fabriquer une substance pour la détruire aussitôt. […] On ne comprend pas de pareilles objections, quand des expériences aussi simples et aussi faciles à faire n’ont même pas été vérifiées, et certes, elles en valaient la peine, quand on se permet d’en tirer de telles conclusions.

2289. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Georges Rency a publiée en préambule de son roman Madeleine, et vous serez sans trop de peine convaincus de ce que j’avance. […] Mais leur peine devait être amère, en pensant que cet homme qu’ils aimaient tant, ne laissait rien qui lui survécût, ni progéniture poétique, ni dynastie intellectuelle qui continuât sa tradition.

2290. (1925) Dissociations

Si elles préfèrent (mais à quoi bon choisir) se livrer à la confection des corsages de lingerie, ce sera le même prix, mais beaucoup de travaux analogues rapportent moins encore, cinquante centimes pour dix et quelquefois douze heures de peine ! […] La peine devient plus lourde, que les autres voient et qu’ils peuvent commenter.

2291. (1896) Le livre des masques

Le talent d’un écrivain n’est souvent que la faculté terrible de redire en phrases qui semblent belles les éternelles clameurs de la médiocre humanité ; des génies même, et gigantesques, comme Victor Hugo ou Adam de Saint-Victor furent destinés à proférer d’admirables musiques dont la grandeur est de recéler l’immense vacuité des déserts ; leur âme est pareille à l’âme informe et docile des sables et des foules ; ils aiment, ils songent, ils veulent les amours, les songes, les désirs de tous les hommes et de toutes les bêtes ; poètes, ils crient magnifiquement ce qui ne vaut pas la peine d’être pensé. […] Quant à ce qu’il y a d’exquis en Ronsard, comme ce peu a passé dans la tradition et dans les mémoires, l’École romane le doit négliger sous peine d’avoir perdu bientôt ce qui seul fait son originalité.

2292. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

— À regarder attentivement ces fleurs artificielles, on croit sans peine ce que me disait un homme qui a vu M.  […] » ———— Ce que je déplore dans les lois rigoureuses édictées contre la presse, ce n’est pas tant les peines qu’elles infligent aux écrivains que la timidité à laquelle elles façonnent les esprits. […] Être exécrable ou bon lui coûte même peine.

2293. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

LE ROI Aidez-moi… J’ai un peu de peine à marcher… Je suis un pauvre petit vieux… Les jambes ne vont plus… Mais la tête est solide… (S’appuyant sur la nourrice.) […] Je ne voudrais pas décourager M. de Bonnières, et moins encore lui causer de la peine ; mais je crains bien que ses livres, de plus en plus courts et improbables, même étayés du préventif et psychologique enthousiasme de M.  […] Il faut que ceux qui ont quelque chose à dire et à faire supportent toujours la peine de nos timidités intellectuelles et de nos lâchetés morales. […] Même, dans ce temps, où l’on est décidé à violer toutes les pudeurs, à répudier toutes les générosités, à effacer de notre vie sociale les nobles coutumes que nous avions héritées des ancêtres jusqu’à en faire un crime de cet admirable droit d’asile, resté intact et respecté des brutes humaines aux époques les plus farouches et les plus sanguinaires de l’histoire, comment frapper d’une peine quelconque la pensée qui ne s’exprime pas ?

2294. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

La Chambre des communes, tout à l’heure reine, encore pleine de presbytériens, de rebelles et de vainqueurs, vota « que ni elle ni le peuple d’Angleterre ne pouvaient être exempts du crime horrible de rébellion et de sa juste peine, s’ils ne s’appliquaient formellement la grâce et le pardon accordés par Sa Majesté dans la déclaration de Breda. » Puis tous ces héros allèrent en corps se jeter avec contrition aux pieds sacrés de leur monarque. […] » — Il a raison, car l’œuvre lui a coûté de la peine ; il n’en fera pas une seconde. […] On connaît la lettre d’Agnès dans Molière : « Je veux vous écrire, et je suis bien en peine par où je m’y prendrai.

2295. (1932) Les idées politiques de la France

Et l’on montrerait sans peine que la France est le pays de l’Europe le plus héréditaire qui soit. […] André Siegfried a rencontré, au cours de son étude sur le terrain, ce type du radical proconsulaire ; il n’a pas eu de peine à montrer qu’il était à peine besoin de gratter le radical proconsulaire pour trouver le radical consulaire. […] Il vaudrait la peine que la question fût posée devant l’opinion publique.

2296. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Le ruisseau ajoute encore à la peine qui pèse à ta paresse : si les pluies tombent, il te faut, par des digues sans cesse relevées, endiguer ses ondes, pour préserver de l’inondation le pré qu’il désaltère, etc., etc.

2297. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Le livre de Paul et Virginie, dont on aurait peine à trouver le pendant dans une autre littérature, est simplement le tableau d’une île située dans la mer des tropiques, où, tantôt à couvert sous un ciel clément, tantôt menacées par la lutte des éléments en fureur, deux figures gracieuses se détachent du milieu des plantes qui couvrent le sol de la forêt, comme d’un riche tapis de fleurs.

2298. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Mais dans sa haute et généreuse intelligence, ce service s’élargit, de façon que son état de prêtre ne lui crée jamais une dispense, lui impose souvent une aggravation de peine et d’effort.

2299. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Hugo, traînent pendant longtemps des lambeaux de langage classique, des oripeaux d’élégance banale ; tous, même le maître, ont peine à dépouiller ce vêtement suranné, fripé, qui se colle à leur pensée735.

2300. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Et toutesfois entre mes amers gousts, je treuve un assouagement et une sustance à merveilles grande en une herbe appelée memoire, qui est celle seule qui me fait oublier peines, travaux, miseres et afflictions, et prendre plume, et empleyer ancre, papier et temps, tant pour moy desennuyer comme pour accomplir et achever (si Dieu plaist) mon emprise, espérant que les lisans et oyans suppléeront mes fautes, agréeront mon bon vouloir, et prendront plaisir et délectation d’ouyr et sçavoir plusieurs belles, nobles et solennelles choses advenues de mon temps, et dont je parle, par veoir, non pas par ouyr dire. » Olivier de la Marche écrivait ces touchantes et nobles paroles en 1491.

2301. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Le dernier surtout, par l’élégance précoce et la pureté originale de son style, lui avait inspiré une sorte de culte ; il se décidait avec peine à tenir pour bonne une phrase qui n’eût pas été employée dans l’Histoire romaine de Coeffeteau.

2302. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Est-ce la peine vraiment, dans un si pauvre système, de se passionner pour le beau et le vrai, d’y sacrifier son repos et son bonheur ?

2303. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Kundry profite de ce moment, enlace doucement le cou de l’orphelin et lui promet la fin de ses peines par la révélation de l’amour qui donne le bonheur avec la connaissance.

2304. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Je le crois sans peine, et en cela il ressemblait à une quantité d’autres Allemands, savants en us ou en os, dont nos philosophes ne laissent pas de compulser et de citer sans cesse les gloses érudites.

2305. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Nous causons : un homme qui assiste à notre entretien n’y prend part que d’un air distrait, il place quelques mots avec effort, il sourit d’un air forcé : j’en conclus qu’il est en proie à quelque peine cachée.

2306. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Il semble que dans les organes rudimentaires et dans les homologies de structure, la nature ait pris la peine de nous révéler son plan de modification, et que volontairement nous nous refusions à le comprendre.

2307. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Ceux mêmes d’entre nous qui résistent le plus à cette tendance, qui croient apercevoir dans la pensée autre chose qu’un jeu d’images, ont de la peine à se persuader que le souvenir d’une perception se distingue radicalement de cette perception même : le souvenir devrait en tout cas, leur semble-t-il, être exprimable en termes de perception, s’obtenir par quelque opération effectuée sur l’image.

2308. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Qui ne sait la peine qu’eut la science à obtenir d’opérer sur le cadavre humain ?

2309. (1842) Discours sur l’esprit positif

Ce grand résultat ne pourrait être suffisamment obtenu si cet enseignement continu restait destiné à une seule classe quelconque, même très étendue : on doit, sous peine d’avortement, y avoir toujours en vue l’entière universalité des intelligences. […] Après y avoir d’abord cherché le fondement universel de toute sagesse humaine, ils y viendront puiser ensuite, comme dans les beaux-arts, une douce diversion habituelle à l’ensemble de leurs peines journalières.

2310. (1922) Gustave Flaubert

« Je fais du grec et du latin, comme tu sais, ni plus, ni moins. » Nous le croirons sans peine. […] Peine perdue. […] Et par aucun soleil mon œil n’est altéré, clamera Maxime dans les Chants modernes, non modernes au point de ne copier à peu près ces vers d’un ancien du romantisme, Théophile Gautier : Je suis jeune, le sang dans mes peines abonde, Mes cheveux sont de jais, et mes regards de feu, Et sans gravier ni toux ma poitrine profonde Aspire à pleins poumons l’air libre, l’air de Dieu. […] Car je trouve souvent bien inutile la peine que je me donne42. » Il est en pleine transformation. […] Nous avons le sentiment de la fatalité quand nous sentons que ce n’était pas la peine de vivre, puisque nous en revenons exactement au point fixé pour nous avant que nous eussions vécu, lorsque nous voyons que le chemin où nous avions cru aller à la découverte suivait en réalité la forme du cercle où nous étions enfermés.

2311. (1881) Le naturalisme au théatre

On peut chercher à leur dérober leur secret ; peine inutile, le travail, qui mène à tout, ne mène pas à la science du théâtre. […] En attendant, si un grand théâtre s’ouvrait, il aurait toutes les peines du monde à réunir une troupe convenable. […] La génération des artistes romantiques a si bien disparu, qu’on éprouve toutes les peines du monde à remonter les pièces de 1810 ; et encore les vieux amateurs crient-ils à la profanation. […] Ernest Blum porte la peine du milieu romantique dans lequel il vit.

2312. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

C’est égal nous en triompherons, mais cela ne sera pas sans peine.

2313. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

. — Je te requiers en conséquence, sous les peines portées en l’article 13 du titre 7 de la loi ci-dessus, de payer sous huit jours, entre les mains du citoyen Marsan, nommé à cet effet par les commissaires distributeurs, le montant de ta cotisation ; cette somme te sera remboursée aussitôt l’arrivée des fonds destinés à cet objet. — Salut et Fraternité.

2314. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

L’homme, jeté au milieu de cet univers, sans savoir d’où il vient, où il va, pourquoi il souffre, pourquoi même il existe, quelle récompense ou quelle peine recevront les longues agitations de sa vie : assiégé des contradictions de ses semblables, qui lui disent, les uns qu’il y a un Dieu, auteur profond et conséquent de toutes choses, les autres qu’il n’y en a pas ; ceux-ci, qu’il y a un bien, un mal, qui doivent servir de règle à sa conduite ; ceux-là, qu’il n’y a ni bien ni mal, que ce sont là les inventions intéressées des grands de la terre ; l’homme, au milieu de ces contradictions, éprouve le besoin impérieux, irrésistible, de se faire sur tous ces objets une croyance arrêtée.

2315. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Elle lui raconte ses peines ; l’histoire est naïve autant que pathétique : « Je suis Isabelle, fille de l’infortuné roi de Gallicie, ou plutôt je fus fille de ce roi, car je ne suis plus maintenant que fille de la douleur, de l’infortune et des larmes !

2316. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Mercredi 29 octobre Hier, à ce qu’il paraît, à la suite d’une paraphrase de son professeur sur Schopenhauer, le jeune Daudet a eu, le soir, une attaque de sensibilité, une crise de larmes, demandant à son père et a sa mère : « si vraiment, la vie était comme ça…, ça valait la peine de vivre ! 

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