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1929. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Ils se nomment et s’annoncent eux-mêmes, comme les personnages de nos peintures primitives par les phylactères qui pendent de leurs bouches — « Ceux que vous voyez ici, ce sont les Fidèles.

1930. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

* * * — Ces jours-ci, on a fait la vente d’un nommé Arnauldet, frère d’un employé que j’ai connu au cabinet des Estampes.

1931. (1772) Éloge de Racine pp. -

Il y a quarante ans que le successeur et le véritable rival de Racine a nommé Athalie le chef-d’oeuvre de la scène.

1932. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Il parlait peu, on ne le nommait pas ; il paraissait vivre dans une intime familiarité avec les deux dames, comme un frère ou un parent arrivé de quelque voyage lointain, et qui reprenait naturellement sa place dans la maison.

1933. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

En attendant, notons ceci : dans ce livre, où la société monarchique est jugée, contrairement à la méthode de l’auteur, les philosophes qu’on pourrait nommer les révolutionnaires d’avant la Révolution ne sont que décrits, avec admiration, il est vrai.

1934. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Il y a quelque chose de pire, en ces matières, que le « mot propre », qui est ici le mot honteux : c’est la périphrase, car la périphrase décrit par ses effets ce que le mot propre se contente de nommer ; et le mot propre, c’est toujours très sommaire et très court ; mais la périphrase se peut prolonger et diversifier à l’infini ; elle insiste, caresse, pénètre et se colle, elle nous donne le temps d’être émus. […] Mais, pris de pitié pour « la dame en noir », il lui a permis de continuer à écrire à André : « J’ai dit à cette dame d’adresser ses lettres à mon nom, en ayant bien soin de ne pas te nommer une seule fois dedans et de faire une petite croix sur l’enveloppe. » Le malheur veut qu’une des lettres de la dame en noir soit surprise par son mari avant d’être envoyée. […] A deux ou trois reprises, il nous découvre sa plaie, qui est l’envie, et il la nomme par son nom. […] Comme Paul et Béatrice étaient toujours réunis dans sa pensée en qualité de frère et de sœur et que, toutes les fois qu’il songeait à eux, il les nommait en lui-même « ses enfants », il n’a pas pris garde que, dans la réalité, Paul était pour Béatrice « un jeune homme », que Béatrice était pour Paul « une jeune fille », et l’idée ne lui est pas venue qu’ils pussent éprouver l’un pour l’autre d’autres sentiments que ceux de frère et de sœur. […] D’un geste découragé, Jacques laisse Margot retenir à dîner, pour garnir la table, la nommée Nini, une ancienne « camarade », une fleur de trottoir… Le passé continue à corrompre le présent.

1935. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Clovis Hugues si je lui nommais le témoin, la prisonnière dont il s’agit n’a souffert aucun outrage des « femelles de la bonne société », mais que c’est une horrible mégère, coiffée d’une marmotte qui, passant entre les soldats qui faisaient la haie sur le passage des communards, a eu la lâcheté de venir secouer par les épaules la pauvre fille qui portait un vêtement militaire. […] Elle se nommait Alice. […] … Vous me diriez à l’instant même, avec la bonté, avec la compassion que je lis dans vos yeux : « Contez-moi vos objections contre la religion, et je vais essayer de les résoudre. » Je ne saurais que vous répondre… Mes objections se nomment légion… elles sont sans nombre comme les étoiles du ciel… elles nous arrivent de toutes parts, des quatre coins de l’horizon, comme sur l’aile des vents, et elles ne laissent en nous, en passant, que ruines et ténèbres… Voilà ce que j’ai éprouvé, moi comme bien d’autres, et cela a été aussi involontaire que cela est irréparable. […] Peuple, lequel des deux veux-tu que je délivre : Barrabas, ou Jésus nommé Christ ? Barrabas, ou Jésus nommé Christ ?

1936. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

L’homme se retire du réel dans l’idéal comme le peuple de la cité sur le Mont Sacré, et il appelle sacré ce lieu, seulement parce qu’il s’y retire ; mais il n’y a aucune raison de le nommer ainsi et il n’est sacré que comme un tombeau. […] Écoutez-les parler de justice, c’est-à-dire d’envie et de vengeance : « C’est précisément ce que nous appelons justice quand le monde se remplit des orages de notre vengeance. » — Ainsi parlent entre elles les tarentules. — « Nous voulons exercer notre vengeance sur tous ceux qui ne sont pas à notre mesure et les couvrir de nos outrages. » — « C’est ce que se jurent en leurs cœurs les tarentules. » — « Et encore : volonté d’égalité, c’est ainsi que nous nommons dorénavant la vertu et nous voulons élever nos cris contre tout ce qui est puissant »… « C’est une mauvaise race ; ils ont sur le visage les traits du bourreau et du ratier. […] Songez à ceci : à peine connaissons-nous et pouvons-nous nommer par des noms nos instincts les plus grossiers ; quant à « leur force, leur flux et leur reflux, leur jeu réciproque, et aux lois de leur nutrition, c’est chose qui nous est complètement inconnue ». […] Mais remarquez deux choses : d’abord l’esprit chrétien, le véritable esprit chrétien, reste toujours dans le clergé populaire, dans le clergé-peuple, dans ce clergé qui autrefois nommait les évêques, dans ce clergé qui autrefois avait le droit de se marier, dans ce petit — grand par le nombre — dans ce petit clergé dépossédé qui est la démocratie de l’Église et qui n’aimera jamais beaucoup Rome, et qui n’aimera jamais beaucoup les puissants, soit au temporel, soit au spirituel, et qui n’aimera jamais les artistes, et qui parlera, contre les puissants de ce monde, le langage démagogique et socialiste aux temps de troubles et de licence, c’est-à-dire au temps où il pourra parler, et que l’on trouvera, à la veille de la Révolution française prêt à la faire, et, en effet, contribuant très puissamment à ses premières approches et à ses premières victoires. […] Par exemple Sterne : « Comment, dans un livre pour les esprits libres, ne nommerais-je pas Sterne, lui que Goethe a vénéré comme l’esprit le plus libre de son siècle ?

1937. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Quand le renard s’approche du corbeau pour lui voler son fromage, il débute en papelard, pieusement et avec précaution, en suivant les généalogies ; il lui nomme « son bon père, don Rohart qui si bien chantait  » ; il loue sa voix qui est « si claire et si épurge. » Au mieux du monde chantissiez, si vous vous gardissiez des noix. » Renard est un Scapin, un artiste en inventions, non pas un simple gourmand ; il aime la fourberie pour elle-même ; il jouit de sa supériorité, il prolonge la moquerie. […] Il y a une cour dans chaque comté où tous les francs tenanciers, petits ou grands, se réunissent pour délibérer des affaires municipales, rendre la justice, et nommer ceux qui répartiront l’impôt.

1938. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Et ce qu’il y a de plus frappant, c’est qu’il abandonne le vers dramatique et national, qui est sans rime, ainsi que le mélange de prose et de vers commun à tous les anciens poëtes, pour rimer toute sa tragédie à la française, croyant inventer ainsi un nouveau genre, qu’il nomme heroic play. […] On pense, en écoutant ces sanglots terribles, aux vétérans de Tacite, qui, au sortir des marais de la Germanie, la poitrine cicatrisée, la tête blanchie, les membres roidis par le service, baisaient les mains de Drusus, et lui mettaient les doigts dans leurs gencives, pour lui faire sentir leurs dents usées, tombées, incapables de mâcher le mauvais pain qu’on leur jetait. « Debout, debout, —  vous usez vos heures endormies — dans une indolence désespérée que vous appelez faussement philosophie. —  Douze légions vous attendent et ont hâte de vous nommer leur chef. —  À force de pénibles marches, en dépit de la chaleur et de la faim, —  je les ai conduites patientes — depuis la frontière des Parthes jusqu’au Nil. —  Cela vous fera bien de voir leurs faces brûlées du soleil, —  leurs joues cicatrisées, leurs mains entamées ; il y a de la vertu en eux. —  Ils vendront ces membres plus cher — que ces jolis soldats pomponnés là-bas ne voudront les acheter733. » — Et quand tout est perdu, quand les Égyptiens ont trahi, et qu’il ne s’agit plus que de bien finir : « Il reste encore — trois légions dans la ville.

1939. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

À huit ans, comme Dante, il devint amoureux d’une enfant nommée Mary Duff. « N’est-ce pas étrange, écrivait-il dix-sept ans plus tard, que j’aie été si entièrement, si éperdument épris de cette enfant à un âge où je ne pouvais point ressentir l’amour, ni savoir le sens de ce mot ? […] Celui qui meurt — ne peut pas mourir davantage. —  Je sentais les ténèbres venir et s’en aller, —  et je luttais pour m’éveiller ; mais je ne pouvais m’accrocher et gravir jusqu’à la vie. —  Je me sentais comme un naufragé à la mer sur une planche, —  quand toutes les vagues qui fondent sur lui — le soulèvent en même temps et l’engloutissent1282. » Les nommerai-je tous ?

1940. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

» Mais, voilà, je ne puis m’empêcher de me demander si ces effets n’auraient pas pu être obtenus par les moyens coutumiers, et si ce n’est que le seul talent de ces poètes qui me fait me plaire à ce qu’ils nomment le Vers Libre — et non la valeur de ce vers en lui-même. […] … avec modestie… Cette liberté de la rime, liberté que je voudrais voir poussée jusqu’au rythme, je l’ai nommée ésotériquement « le Règne de Dieu dans la Poésie », c’est-à-dire le règne de l’inspiration et de la grâce, opposé au règne de la règle impitoyable dont Banville fut le prophète.

1941. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Des manières de dire, d’une préciosité encore rude, y sont curieuses ; ainsi en ce passage un peu technique où il est enseigné à l’enfant que les mots ont avec les choses qu’ils dénomment des rapports de surface, d’aspect, et non d’essence : Les mots ne disent point en même temps l’Essence et la mesure : et   c’est pourquoi, dedans les roses qu’ils te nomment de loin, la nature des Choses demeure vierge de tes doigts et de ton vain esprit… et tout le motif des roses, et ses rappels, et la page de l’Amphore, et : indulgentes longtemps rêvent les vierges, qu’aime un midi de lumière et d’antiques rameaux… Ce dernier volume est donc une indication du poème dont serait capable M.  […] Flaubert devait beaucoup à Chateaubriand ; il serait difficile de nommer le maître des Goncourt. […] N’ayant vu jamais les paysages d’idées que de loin, dans un brouillard d’aurore ou de crépuscule, il n’est pas nomenclateur : il ne sait pas comment se nomment les arbres ; il ne sait pas comment s’appellent les hommes ; et dans le troupeau des idées il ne fait que cette distinction : il y a des brebis blanches et des brebis noires.

1942. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

J’ai vu naître moi-même cette fantaisie royaliste, et non cette politique sérieuse, dans le cabinet d’un ministre des affaires étrangères des Bourbons que je ne nommerai pas ; mais je dois attester que cette fantaisie diplomatique, que les historiens de cette époque prennent aujourd’hui au sérieux, n’alla jamais plus loin que la porte de ce cabinet, et qu’elle ne fut jamais qu’un sujet de conversation entre des diplomates français étourdis et impatients des tracasseries de l’Autriche contre nous, forfanterie de cabinets, politique désespérée qu’on jette au vent comme une menace, mais qui ne retombe que sur ceux qui ont rêvé l’absurde ou imaginé l’impossible.

1943. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Les théogonies indienne, persane, égyptienne, biblique même, qui toutes présentent au commencement une sorte de matière confuse et inorganique, nommée chaos, sur laquelle Dieu opère, en apparaissant, la forme, la vie, l’ordre, la lumière, la beauté, ont donné l’exemple de cette erreur.

1944. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

« — J’insiste, continua le conventionnel ; vous m’avez nommé Louis XVII, entendons-nous.

1945. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Quel ne fut pas son étonnement quand ce même Sismondi, si implacable quelques mois auparavant contre le tyran du monde, semblable à Benjamin Constant, son compatriote et son modèle, passa soudainement aux pieds de l’exilé vaincu de l’île d’Elbe, se fit nommer au conseil d’État pour que son ami Benjamin Constant ne fût pas seul dans l’apostasie de sa haine, et écrivit à la comtesse des lettres embarrassées et inexplicables pour expliquer cette politique sans convenance et sans transition !

1946. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Fr. de Maynard, né à Toulouse en 1582, secrétaire des commandements de Marguerite de Valois, fut nommé en 1618 président au présidial d’Aurillac, suivit en Italie (1634) l’ambassadeur M. de Noailles avec qui il se brouilla, et qui le mil dans la disgrâce de Richelieu.

1947. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Le désordre et l’injustice économiques commencent par enfanter des romans à thèse, des pièces et des histoires à tendance, des pamphlets et des satires, toute une littérature d’action et de combat, bref ce qu’on a nommé de nos jours un « art social ».

1948. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Plus tard arriva un sourd murmure qu’il y avait quelque part un nommé Wagner, un fou qui bouleversait la mélodie et violentait toutes les règles de l’art ; qu’il avait écrit une brochure scandaleuse contre Mendelssohn et Meyerbeer, les deux dieux de la musique : c’était très amusant et nous nous tordions.

1949. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Cependant, comme j’ai nommé Auber, je voudrais, afin de ne pas être par trop incomplet, indiquer encore une Réminiscence dramatique au second acte d’HAYDEE (1847), où le traître Malipiéri révèle devant le malheureux Lorédan sa connaissance du fameux Secret, en fredonnant l’air de la grande scène du premier acte : « Ah !

1950. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Selon la généalogie habituellement adoptée par les poètes et leurs commentateurs, le père — ou l’aïeul — de Titurel se serait nommé Périllus ; Titurel aurait vécu très vieux, après avoir eu un fils, Frimutelle, le premier roi indigne ; le fils de Frimutelle, Amfortas ou Anfortas, renouvelant le même péché, est guéri par son neveu Perceval ou Parsifal.

1951. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Vendredi 3 octobre Hier, j’ai reçu un livre d’un jeune homme, nommé Huysmans : l’Histoire d’une fille, avec une lettre qui me disait le livre arrêté par la censure.

1952. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

. — Dans l’intérieur de l’état, c’est la même chose ; la loi du besoin y règne seule ; c’est l’intérêt de la réciprocité qui fonde l’apparence de ce qu’on nomme la justice.

1953. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Marcel Boulangerax, qui fait à la fois l’écolâtre et le dandy, nomme Le miroir des Lettres « la critique chez la portière ».

1954. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Et son épée, il la nomme muettement Claymore.

1955. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Le livre de Proudhon intitulé : La Pornocratie, s’appelle aussi : Les Femmes dans les temps modernes, et il est bien nommé !

1956. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Ces faits : la naissance de Borgia, de vieille race royale aragonaise et dont l’élévation ecclésiastique vint de ce qu’il était le neveu du vaillant pape Calixte III ; ses premières fonctions, qui furent militaires ; son mariage avec Julia Farnèse, qui mourut après quelques années ; la légitimité, contestée et prouvée incontestable, de ses enfants ; le rétablissement dans son titre pur de belle-mère de celle-là que les historiens ont appelée, sans le comprendre, du nom familier et intime de Vanozza, et dont ils ont fait la maîtresse d’Alexandre VI jusque dans ses dernières années parce que cette belle-mère, gendre respectueux, il n’avait jamais cessé de la visiter ; les longues années sous plusieurs papes qui le conservèrent chancelier de l’Église, le firent évêque et l’envoyèrent, comme légat, en Aragon, représenter le Saint-Siège ; ses mœurs si accusées, mais garanties par la considération des papes — presque tous des grands hommes — sous lesquels il vécut, et par sa popularité dans le collège des Cardinaux, où jamais une voix ne s’éleva contre lui, mais où toutes, moins deux, s’élevèrent pour lui quand il fut nommé pape : tous ces faits sont racontés ici avec un détail dans lequel nous ne pouvons entrer, mais qui confond, par sa netteté et par son poids, quand on songe à tout ce qu’on a fait de cette simple et imposante histoire !

1957. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Le roi confère gravement, longuement, comme d’une affaire d’État, du rang des bâtards ; et pour établir ce rang, voici ce qu’on imagine : « Il faut donner à M. le duc du Maine « le bonnet comme aux princes du sang qui depuis longtemps ne l’est plus aux pairs, mais lui faire prêter le même serment des pairs, sans aucune différence de la forme ni du cérémonial, pour en laisser une entière à l’avantage des princes du sang qui n’en prêtent point ; et pareillement le faire entrer et sortir de séance tout comme les pairs, au lieu que les princes du sang traversent le parquet ; l’appeler par son nom comme les autres pairs, en lui demandant son avis, mais avec le bonnet à la main un peu moins baissé que pour les princes du sang qui ne sont que regardés sans être nommés ; enfin le faire recevoir et conduire en carrosse par un seul huissier à chaque fois qu’il viendra au Parlement, à la différence des princes du sang qui le sont par deux, et des pairs dont aucun n’est reçu par un huissier au carrosse que le jour de sa réception, et qui, sortant de la séance deux à deux, sont conduits par un huissier jusqu’à la sortie de la grande salle seulement. » N’allons pas plus loin : de 1689, on aperçoit 1789.

1958. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Évidemment par cette opération bien connue qu’on nomme l’abstraction. […] C’est quelque chose qui m’inspire à toute heure, pourvu que je l’écoute, et je ne me trompe jamais qu’en ne l’écoutant pas… Cette règle intérieure est ce que je nomme ma raison… » — Chap. […] La vraie unité absolue doit donc être quelque chose d’absolument indéterminé, qui n’est pas, à proprement parler, qui ne peut même se nommer, l’innommable, comme dit Plotin. […] Trois facultés entrent dans cette faculté complexe qui se nomme le goût : l’imagination, le sentiment, la raison. […] Il y a des arts sans noblesse, dont le but est l’utilité pratique et matérielle ; on les nomme des métiers.

1959. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Lorsqu’on demande aux Anglais, surtout à ceux qui n’ont pas quarante ans, quels sont chez eux les hommes qui pensent, ils nomment d’abord Carlyle ; mais en même temps ils vous conseillent de ne pas le lire, en vous avertissant que vous n’y entendrez rien du tout. […] Leur moyen universel de subsistance est la racine nommée pomme de terre, qu’ils cuisent avec le feu.

1960. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Il se console des trahisons présentes, en invoquant les grandes dames fabuleuses qui passent, richement parées, dans les parages de son imagination : Pour couronner ta tête, je voudrais Des fleurs que personne ne nomma jamais, Lavande, marjolaine, hélianthème Et la rose que le luth vanta, Et le lis sans tache que Perdita Souhaitait pour le prince de Bohême ; L’œillet, la primevère, les iris Et tous les trésors de Chloris : Gerbe serait pauvre et défaite      Pour couronner sa tête. […] Il lui faudrait la reine Cléopâtre, Il lui faudrait Hélie et Mélusine, Et celle-là nommée Aglaure, et celle Que le Soudan emporte en sa nacelle.

1961. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Religion, histoire, fantaisie (suite) L’esprit français épigrammatique, combiné avec un élément de pédanterie, destiné à relever d’un peu de sérieux sa légèreté naturelle, devait engendrer une école que Théophile Gautier, dans sa bénignité, appelle poliment l’école néo-grecque, et que je nommerai, si vous le voulez bien, l’école des pointus. […] Et au coin de cette allée fleurie qui mène à la sépulture de ceux qui vous sont encore chers, la figure prodigieuse du Deuil, prostrée, échevelée, noyée dans le ruisseau de ses larmes, écrasant de sa lourde désolation les restes poudreux d’un homme illustre, vous enseigne que richesse, gloire, patrie même, sont de pure frivolités, devant ce je ne sais quoi que personne n’a nommé ni défini, que l’homme n’exprime que par des adverbes mystérieux, tels que : Peut-être, Jamais, Toujours !

1962. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Loin d’en être embarrassé, il y met son honneur, il se pare de ses imitations avec orgueil, avec reconnaissance16. » En constatant l’universelle imitation que les poètes ont faite d’Homère, Voltaire concluait : « Si ce père de la poésie voulait reprendre sur ses descendants tout ce qu’ils lui ont emprunté, que nous resterait-il de l’Énéide, de la Jérusalem, du Roland, de la Lusiade, de la Henriade et de tout ce qu’on ose nommer en ce genre ?  […] C’est ainsi que la tragédie grecque, cet océan majestueux et sublime, après avoir donné naissance à Racine et à Alfieri… engendra ces ramifications indécrottables de petites mares d’eau qui se dessèchent encore çà et là au soleil et qu’on nomme l’école de Campistron29. » Sainte-Beuve a fait ressortir les nombreuses et inconscientes imitations qui ont suivi l’exemple de Chateaubriand. « On ne trouverait pas, dit-il, une seule page, chez tous nos écrivains, qui n’ait son germe dans Chateaubriand. » Lamartine, dans son Cours familier de littérature, cite un passage de Sainte-Beuve, où l’illustre critique montre la ressemblance de certaines Méditations, L’Isolement, Le Crucifix, L’Homme, Le Passé, avec des passages célèbres de Chateaubriand30… Nous ne pouvons qu’indiquer sommairement l’excellence du procédé d’imitation et sa tradition constante en littérature. […] Écoutons l’orateur romain : Peut-on regarder la bonne foi comme ce qu’il y a de plus sacré dans la vie, et n’être pas ennemi d’un homme qui, nommé questeur, a osé dépouiller, abandonner, trahir, attaquer son consul, un consul qui lui avait communiqué ses secrets, livré sa caisse, confié tous ses intérêts ? […] Un jeune Lacédémonien, nommé Crantor, laissait d’abord tous les autres derrière lui. Un Crétois, nommé Polyclète, le suivait de près.

1963. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Je voudrais bien qu’on me la définisse une bonne fois, car on ne s’entend guère là-dessus, et, pour beaucoup de braves gens que je pourrais nommer, l’immoralité c’est tout ce qui est beau. […] Je le conjurai par cette brusque interrogation : — Dites-moi, cher monsieur, par suite de quelles extraordinaires complaisances, d’une part, de quelles extraordinaires humiliations, d’autre part, avez-vous été nommé de l’Académie française ? […] Je ne nommerai pas ces braves gens, car bien qu’ils soient tous illustres, ils n’ont, en réalité, pas de nom, ou ils ont le même nom monosyllabique et disgracieux que vous savez et qui équivaut à n’en avoir pas du tout. […] J’ai eu, un de ces soirs derniers, une bonne fortune rare, assez rare pour que je sois tenté d’en fixer le souvenir… J’ai rencontré un homme d’esprit libre et juste, qui se garde, dans ses jugements sur les choses et sur les gens, de toutes exagérations, dans un sens ou dans l’autre, et qui n’a réellement qu’une passion dans la vie : le bien public… Il se nomme W.

1964. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Le duc de Saint-Albans, aveugle, à quatre-vingts ans, allait au tripot, avec un domestique à côté de lui qui lui nommait chaque carte. […] VI Celui-ci est un de ces esprits puissants et limités qu’on nomme positifs, si fréquents en Angleterre, de la famille de Swift et de Bentham, efficaces et brutaux comme une machine d’acier. […] ne nommez plus le ciel.

1965. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Non ; ces accents supérieurs, qui sont l’immortelle poésie de Pindare, d’Homère, de Virgile, de Pétrarque, de Racine, de David, et de quelques lyriques spiritualistes de nos jours, que je nommerai peu parce qu’ils vivent et chantent encore au milieu de nous, ces sublimités de la poésie divine ou humaine ne sont pas à la portée de la main badine et épicurienne d’Horace.

1966. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Elle le traitait avec une prédilection qui aurait pu promettre une amitié de reine, si le futur cardinal, qui se nommait alors le prince de Léon, avait vu dans les plus belles femmes autre chose qu’une délectation du regard ; mais il était aussi réservé et aussi scrupuleux de cœur que de visage : ses relations avec madame Récamier à Rome et à Naples ne furent que de tendres égards de société qui ne s’élevèrent jamais jusqu’à la passion.

1967. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

« Il y avait de ces simulacres aux abords des temples, dans les portiques, dans les agoras ; les rues et les chemins étaient bordés de ces statues de forme quadrangulaire nommées Hermès, du nom de la divinité qu’elles représentaient et dont Pausanias attribue l’invention aux Athéniens.

1968. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Qui de nous, en y regardant d’un peu près, n’a surpris en soi, ou autour de soi, même chez les personnes qu’il pensait connaître le mieux, des phénomènes qui déroutent, des volontés ou des faiblesses qu’on ne s’explique pas entièrement, des effets dont les causes en partie se dérobent et qui font parler de la fatalité ou des nerfs, deux manières de nommer l’inconnu ?

1969. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

C’est cette sincérité d’un narrateur qui ne parle que de ce qu’il a vu, ou qui nomme et compte ses témoignages quand il raconte sur ouï-dire.

1970. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Sous le Consulat, quand le culte fut rétabli, le prêtre qu’elle avait caché au péril de sa vie fut nommé curé d’une paroisse près de Lannion.

1971. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Et parmi les prédécesseurs d’Hippocrate, son savant traducteur nomme les φυπολόγοι.

1972. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Il nomme les Bretons formant deux types ethnologiques différenciés par la chevelure et la forme du crâne ; des colons romains en nombre inconnu ; des peuplades d’Angles, de Jutes, de Saxons, de Kymris, de Danois, de Norses, des Scots et des Pictes, enfin des Normands, qui eux-mêmes, d’après Augustin Thierry, comprenaient des éléments ethniques pris dans tout l’ouest de la France.

1973. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Les Rêveries sur la nature primitive de l’homme, de Senancour, publiées quelques années avant René, bien qu’imprégnées de mélancolie et surchargées de divagations métaphysiques, passèrent inaperçues, selon l’observation de Sainte-Beuve, qui ajoute que, « le monde de René était véritablement découvert par celui qui n’a pas eu l’honneur de le nommer ».

1974. (1914) Boulevard et coulisses

Un soir de première représentation, le directeur du théâtre de la Porte-Saint-Martin, qui était un homme nommé Derembourg, reçut publiquement des gifles du colonel Lisbonne, le membre de la Commune.

1975. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Nous devons seulement trouver à intervalles très longs, si on les mesure au nombre des années, mais relativement assez courts au point de vue géologique, des formes étroitement alliées, ou, comme les ont nommées quelques auteurs, des espèces représentatives.

1976. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Les espèces et groupes d’espèces, qu’on nomme aberrants, et qu’on pourrait appeler des fossiles vivants, nous aideront à ressusciter le portrait des anciennes formes de la vie.

1977. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Quand ceux que j’ai nommés se levèrent semblables à des prêtres de régénération, les vieilles murailles du monument littéraire s’ébranlèrent à leur voix, et tombèrent comme les remparts de Jéricho au bruit des trompettes israélites.

1978. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Aussi, pour que ne s’affadisse pas, au moins dans l’âme des poètes, le sel indispensable de l’humour, paraissent à point nommé les enfants terribles de la poésie : La Fontaine, après le trop solennel Malherbe ; Musset, après les mages romantiques ; Verlaine, Laforgue et Francis Jammes, après le pontifiant Leconte de Lisle ; Apollinaire après l’heureux et dangereux triomphe des symbolistes. […] « (la prisonnière, II, 76.) » rapprochez de ces lignes ce que Proust nous dit sur la beauté dénuée de signification de la fille de Minos et de Pasiphaé (p. 193)… « ces vers d’autant plus beaux qu’ils ne signifiaient rien du tout… (du côté de chez Swann, p. 89.) » ; et sur ces impressions… pour ainsi dire « sine materia… », ces motifs à peine discernables, connus seulement par le plaisir particulier qu’ils donnent, « impossibles à décrire », à se rappeler, à nommer, « ineffables… (p. 194.) » ; et enfin sur les ressources uniques de l’art, qui seul nous fait connaître tout le résidu réel que nous sommes obligés de garder pour nous-mêmes, et que la causerie ne peut transmettre…, « cet ineffable qui différencie qualitativement ce que chacun a senti et qu’il est obligé de laisser au seuil des phrases », où il ne peut communiquer avec autrui qu’en se limitant à des points extérieurs communs à tous et sans intérêt… « (la prisonnière, II, p. 75.) » comment ne raccorderait-on pas ces passages à nos citations de Bergson et aux déclarations de tant de poètes, critiques, philosophes qui sentent profondément, poétiquement, par là même mystiquement ?

1979. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Analyse de la pièce Voilà donc qui est entendu : je ne sais rien de L’École des femmes ; si ce n’est que c’est une vieille pièce et d’un nommé Molière. […] Un bon bourgeois de Paris, le seigneur Arnolphe, qui revient de la campagne où il a passé une huitaine de jours, a rencontré sur le seuil de sa maison un compère à lui, le bonhomme Chrysale, et lui fait part de son mariage prochain avec une jeune fillette nommée Agnès. […] Il se nomme Arnolphe, et Arnolphe était, chez nos pères, le patron des maris malheureux. […] Que l’amour veut partout naître sans dépendance, Que jamais par la force on entra dans un cœur, Et que toute âme est libre à nommer son vainqueur ; Aussi ne trouverais-je aucun sujet de plainte Si pour moi votre bouche avait parlé sans feinte, Et rejeté mes vœux dès le premier abord ; Mon cœur n’aurait eu droit de s’en prendre qu’au sort. […] Les Fourberies de Scapin appartiennent à ce genre de bouffonneries nommées commedia dell’arte, dont le scénario était affiché dans la coulisse, mais dont chaque artiste improvisait le dialogue.

1980. (1902) Propos littéraires. Première série

Carnot ; M. le président Peloux, « petit avoué normand, qui à la suite d’une fâcheuse affaire de terrains, avait dû vendre son étude, et avait été nommé juge à l’époque où la République épura la magistrature » ; le vieux président honoraire M.  […] Ses premiers écrits, ceux que je viens de ne pas nommer, étaient illisibles, ne barguignons pas sur les mots ; les autres nous ont révélé un écrivain qui savait de plus en plus se dépouiller, s’alléger, qui se faisait précis et direct, et qui disait enfin ce qu’il voulait dire. […] Croyant assister au panorama de l’univers, je n’assiste qu’au tableau mouvant de mon être intérieur. « C’est moi-même ébloui que j’ai nommé le ciel », comme a dit M.  […] Qui, diantre, s’occupe en Europe, en France, à Paris et même rue Montmartre, du nommé Portalis ? […] En 1875, il fut nommé professeur de littérature au lycée Charlemagne.

1981. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Mon cabinet de livres ouvre immédiatement sur cette espèce de belvédère, que vous nommerez, si vous voulez, un grand balcon ; c’est là qu’assis dans un fauteuil antique j’attends paisiblement le moment du sommeil.

1982. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Mais tous les témoins n’étaient pas dans le secret des royalistes ; tous n’étaient pas préparés à revenir sur leurs premières dépositions, et il restait un nommé Roland, autrefois employé dans l’armée, qui répétait avec douleur, mais avec une persistance que rien ne pouvait ébranler, ce qu’il avait avancé dès le premier jour.

1983. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Nous avons nommé la musique une Révélation du rêve rêvant l’essence du monde ; et Shakespeare nous semble, maintenant, vivre, dans la Veille, le Rêve de Beethoven.

1984. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Nous nous nommons.

1985. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Généralisation sur les causes : L’on remarquera que cette altération du langage qui produisit chez Flaubert de si belles et maladives fleurs, est analogue si l’on abstrait de ses développements ultimes, à celle qui cause chez tout un groupe d’écrivains nommés par excellence les « artistes », ce qu’on appelle encore par excellence, le « style ».

1986. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Ils se hâtèrent d’éloigner le jeune Racine de la scène de ses premiers succès, de peur qu’il ne prît goût à ces vaines gloires, et de l’envoyer chez un de ses oncles, chanoine à Uzès, nommé le père Sionin.

1987. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Elle est fille d’un membre du Conseil des Anciens, nommé Des Herbiers.

1988. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Planche, un paysan du Danube dont l’éloquence impérative et savante s’est tue au grand regret des sains esprits, la critique des journaux, tantôt niaise, tantôt furieuse, jamais indépendante , a, par ses mensonges et ses camaraderies effrontées, dégoûté le bourgeois de ces utiles guide-ânes qu’on nomme comptes rendus de Salons1.

1989. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Quand Phèdre nomme son aïeul le Soleil, quand Aricie nomme son aïeule la Terre, nous nous rappelons soudain nos lointaines origines, et que la Terre et le Soleil sont en effet nos aïeux, que nous tenons « à Cybèle par le fond mystérieux de notre être, et que nos passions ne sont en somme que la transformation dernière de forces éternelles et fatales et comme leur affleurement d’une minute à la surface de ce monde de phénomènes. […] Meilhac et Halévy, déjà nommés. […] Il y avait autrefois, dans une ville de l’Inde, un fakir très saint, nommé Valmiki, qui, dès son adolescence, s’était appliqué à dompter sa chair par les macérations afin d’entrer vivant dans la paix du Nirvâna.

1990. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Mais elle vous paraîtra d’ailleurs bien plus grande et importante encore — c’est la place que je veux dire, — si vous vous rappelez quel fut dans toutes ces affaires littéraires, le porte-voix de ses intentions, le secrétaire habituel de ses opinions, et le continuateur enfin, jusque sous Colbert, de ses doctrines : j’ai nommé Chapelain. […] Nous ne leur parlerons pas de nous, mais d’eux-mêmes ; et puisqu’enfin ce qui fait le lien des sociétés humaines, c’est la raison, nous n’imiterons de la nature entière que ce que tous les hommes consentiront à nommer avec nous des noms de nature et de naturel. […] Je me contenterai d’avoir nommé le dernier ; sur lui, comme sur quelques autres encore plus obscurs, si vous êtes curieux de plus de détails, je vous renverrai à l’excellent livre d’Hippolyte Rigault ; — et je n’insisterai que sur Fontenelle et sur les Perrault. […] Je vous en nommerais plus d’un, encore aujourd’hui même, si j’en avais le temps, parmi nos modernes, à nous, et de pédantismes, dont la morgue est faite de l’énormité de leur ignorance ; qui n’ont pas, comme nous, pour les rappeler à la modestie, la connaissance, le respect, l’admiration des maîtres ; et qui ne savent pas enfin que, plut ils sont contents d’eux-mêmes, plus ils ont de titres à ce nom de pédants… Vous le leur apprendrez quand vous les rencontrerez sur votre route. […] Pour l’homme sans doute, on ne pourra jamais faire exactement comme pour les animaux ou pour les plantes ; l’homme moral est plus complexe ; il a ce qu’on nomme liberté et qui, dans tous les cas, suppose une grande mobilité de combinaisons possibles.

1991. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

C’est par milliers que l’on compte à Paris les gens qui attendent d’être nommés quelque chose1. […] Mort la veille de cette république de 48 qu’il avait pressentie et qu’il était capable de désirer en haine de l’« usurpateur », Chateaubriand ne mentionne nulle part dans ses Mémoires le mouvement romantique qui tenait une si grande place dans les préoccupations du temps ; nulle part il ne nomme ce Victor Hugo qu’il avait lui-même baptisé d’une appellation si glorieuse. […] Du milieu de ce chaos s’élève un mugissement confus formé par le fracas des vents, le gémissement îles arbres, le hurlement des bêtes féroces, le bourdonnement de l’incendie et la chute répétée du tonnerre qui siffle en s’éteignant dans les eaux. » Vous pouvez nommer Flaubert rien qu’en lisant ces lignes sur Atala morte : « Ses lèvres, comme un bouton de rose cueilli depuis le malin, semblaient languir et sourire. […] Parfois il répétait sur un air antique quelques vers d’un vieux poète nommé Job. […] Elle n’a nommé cette fois ni un savant, ni un mathématicien, ni un financier : elle a choisi un véritable artiste, un prosateur qui est un très grand poète, un littérateur qui a mis dans ses livres la sincérité d’une confession.

1992. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

. — La Dame — c’est-à-dire l’être supérieur et charmant, principe de sécurité inébranlable, objet de foi profonde, source d’énergie dans l’effort et de consolation dans la peine, de qui toute noblesse émane et toute douceur, et que les lèvres puissent nommer sans blasphème de ce beau nom d’ange ! […] Il nommait « écrivains d’images » ceux qui, à la suite de Chateaubriand, s’efforçaient de se façonner un style tout en formes et en couleurs. […] Mais nommer avec des mots certaines choses secrètes de l’amour, c’est les flétrir, et Tourguéniev a toujours reculé devant cette flétrissure. […] Et puisque j’ai nommé ce dernier ouvrage, quels sont presque tous les chefs-d’œuvre du roman français avant Balzac ? […] Zola et Daudet, j’ai nommé Guy de Maupassant.

1993. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

La Californie n’était pas découverte ; il existait à peine quelques lieues de voies ferrées dont on ne soupçonnait guère l’avenir, et qu’on regardait comme des espèces de glissoires devant succéder aux montagnes russes, tombées en désuétude ; le public ignorait, pour ainsi dire, ce qu’on nomme aujourd’hui « les affaires », et les banquiers seuls jouaient à la Bourse. […] Nous nommerons parmi ses pièces les plus remarquables : l’Univers et la Maison, la Bataille de Toulouse, Guzman le Brave ; mais nous ne voulons pas faire dans ces lignes écrites à la hâte le catalogue de son œuvre considérable, éparpillée d’ailleurs à tous les vents de la publicité. […] On pouvait entendre parler français sur ce boulevard qu’on appelait alors le boulevard de Gand, et qu’on nomme aujourd’hui boulevard des Italiens. […] Dans le roman, ils ont essayé de rendre, avec une minutie et une clairvoyance implacables, la réalité étendue sur leur table comme un sujet anatomique, avec une plume acérée comme un scalpel ; il suffit de nommer Sœur Philomène, Germinie Lacerteux, Manette Salomon, Renée Mauperin, où se trouve ce type, si neuf et si actuel, de la jeune fille tintamarresque, et leur dernier ouvrage, Madame Gervaisais, où l’étude d’une âme lentement absorbée par le catholicisme se mêle à de magnifiques descriptions de Rome, mordues comme des eaux-fortes de Piranèse.

1994. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Qu’ils renoncent à la définir, ou, s’ils ne peuvent consommer ce sacrifice si cher à leur amour effréné des théories, qu’ils s’en tiennent aux bonnes vieilles définitions de Platon et d’Aristote ; qu’ils nomment la poésie une création, d’après l’étymologie du mot, ou une imitation belle, d’après un caractère incontestable de toute œuvre d’art304 : ils ne seront plus précis, ils ne seront plus originaux, mais ils deviendront vrais ; ils nous édifieront moins par leur imagination, autant par leur science, et davantage par leur justice.

1995. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

On sermonne la vieille Mme du Deffand, qui est trop vive et qu’on nomme « la petite fille » ; la jeune duchesse, tendre et sensée, est « sa grand’maman ».

1996. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Recueilli dans le palais d’un patricien de Venise, amateur et protecteur des lettres, le poète raconte l’empire exercé sur ce vieillard par une jeune fille nommée Térésa qui finit par épouser le patricien.

1997. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

« Du souverain au sujet, « Du père aux enfants, « De l’époux à l’épouse et à la pratique des cinq vertus capitales qu’il suffit de vous nommer pour faire naître en vous l’idée de leur excellence et l’obligation de les accomplir.

1998. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Son âme n’était pas responsable de sa main ; la nature ne l’avait pas doué ou il n’avait pas exercé en lui la force nécessaire à ces grands hommes, destinés à lutter avec ce qu’on nomme l’idéal ; l’idéal fait plus de victimes qu’on ne pense : c’est la maladie des grandes imaginations qui ont un faible cœur.

1999. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Moi, que tu nommes ta mignonne, tu me courbes aujourd’hui sous le joug comme si j’étais un poulain qu’on peut dresser au labour !

2000. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Je n’étais pas triste dans mes fêtes, quand mes guerriers vivaient. » XIII Le dernier des chants originaux d’Ossian est celui intitulé Berrathon, et on le nomme, en Écosse, le Dernier Hymne d’Ossian.

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