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973. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Du reste, qu’importe le talent quand il s’agit de morale et de vérité ! […] On peut constater par le livre que voici, et qui est le testament de Chasles, que ce voluptueux esprit, amoureux de toutes les idées comme il l’aurait été des onze mille vierges, et pour qui la morale n’avait jamais été une préoccupation ni bien ardente, ni bien profonde, on peut constater qu’il s’est fait tout à coup moraliste in extremis et qu’il est mort raidement philanthrope, comme un chien ; car les chiens, avec leur singulier amour des hommes, sont des philanthropes, et c’est même les seuls auxquels je crois ! […] quaker sans être chrétien, sans être le chrétien armé de la croix qui est le seul être ayant le droit de prêcher l’amour aux hommes et la puissance de s’en faire écouter, — Philarète Chasles, qui n’est point saint Paul, qui n’est pas saint Jean, pour nous répéter de nous aimer les uns les autres, mais un professeur de morale indépendante et d’instruction obligatoire attendri, ne voit plus la beauté, — cette entité par elle-même ! 

974. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Les « sciences », l’histoire, la morale, la métaphysique, que professent ses maîtres ne sont qu’amusette et tromperie, car cet enseignement ne doit, à aucun prix, révéler la vérité sur quoi que ce soit. […] Il atrophie, déforme et paralyse, pour que ses élèves soient en mesure de capter le monde, non point par la pitié, mais par la singulière autorité morale que semble leur conférer une existence hors nature. […] L’un des plus grands bienfaits du protestantisme est d’avoir rétabli le mariage du prêtre, parce qu’il a reconnu par là que la condition première de la supériorité morale est de vivre normalement.

975. (1887) George Sand

Là s’est révélée une lacune qu’il serait inutile de ne pas signaler dans la nature morale de Mme Sand, tant elle s’y trahit manifestement d’elle-même. […] Après bien des essais différents de morale applicable à sa vie, elle avait fini par se faire à elle-même une morale qui tenait dans cette règle unique : Être bon. Chacun se fait une morale selon son cœur. […] Cette idée, qui résume en effet la morale sociale, avait pris chez elle une importance et une sorte de royauté intellectuelle : le devoir de sortir de soi. […] Ce qui importe, c’est l’exactitude de la peinture morale qu’elle nous a donnée, quel que soit l’exemplaire vivant où elle en a pris les traits.

976. (1911) Nos directions

Contre ses détracteurs qui en retiennent les « principes négatifs : liberté et facilité », Ghéon exalte la discipline et la morale que suppose au contraire le vers libre, en rappelant que Vielé-Griffin le définissait comme « une conquête morale ». […] Certains y liraient les plus graves pensées aristocratiques de Nietzsche : morale des maîtres, morale des esclaves ; les maîtres perdus par orgueil et par dégénérescence des instincts supérieurs ; les esclaves dans la pire subordination s’élevant à un affinement spirituel redoutable. […] Candaule est au sommet de la culture : culture sensuelle, intellectuelle et morale. […] Et qu’on m’entende bien, je n’ai pas à défendre ici la morale ou la religion offensée. […] Chez Racine, la morale s’appelle « bienséance » et ses héros, quand ils se sacrifient — oh !

977. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Et sa morale ? « Ce que nous appelons la morale ?  […] Un philosophe paradoxal a bien prétendu découvrir une morale sans obligation ni sanction. […] C’est proprement l’application de la méthode scientifique à la vie morale et sociale. […] Énergie morale, enfin, qui lui faisait n’admettre dans la vie aucune mesquinerie, aucun compromis.

978. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — [Note.] » pp. 444-445

En un mot, dans cette manière de voir qui serait volontiers la mienne, la passion amoureuse de Léopold Robert serait moins un cause active de sa mort qu’une forme qu’aurait affectée et revêtue sa maladie morale.

979. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XX » pp. 84-86

… » Cette exaltation et cette glorification de lui-même vont continuant sur ce ton : « Le sentiment de la vie morale, qui seul révèle les causes, éclaira, dans mes livres et dans mes cours, les temps de la Renaissance.

980. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cladel, Léon (1834-1892) »

Le lecteur est instruit de l’ancienne grandeur morale de Pipabs, et ce même lecteur souffrira lui-même du martyre de cet ancien brave, minaudant, gambadant, rampant, déclamant, marivaudant, pour obtenir de ses jeunes bourreaux… quoi ?

981. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponchon, Raoul (1848-1937) »

Il n’est dans ses vers ni évidemment préoccupé de théories esthétiques, ni agité de passions politiques, ni mû par des principes de morale… ou de contraire, je me hâte de le dire pour rassurer tout le monde.

982. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 58-61

Sans Prêtres, sans Temple, sans morale publique, quel zele pouvoient-ils avoir pour défendre l'Etat » ?

983. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 162-165

La Morale, la Méthaphysique, l'Histoire, la Tragédie, n'ont point effrayé sa plume, ou, pour mieux dire, il a traité tous ces genres avec les derniers excès du mauvais goût.

984. (1824) Préface d’Adolphe

On se relève de cette victoire, à laquelle les indifférents et les amis applaudissent, ayant frappé de mort une portion de son âme, bravé la sympathie, abusé de la faiblesse, outragé la morale en la prenant pour prétexte de la dureté ; et l’on survit à sa meilleure nature, honteux ou perverti parce triste succès.

985. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

La philosophie, témoin de ces jeux et de leurs effets, voulut les rendre utiles, en tournant leur vivacité licencieuse au profit de la raison et de la morale publique. […] L’animadversion personnelle, je l’avoue, l’emporta plus loin qu’il ne devait aller : ce fut alors que l’intervention des magistrats-censeurs devint propice à la morale autant qu’au bon goût. […] On ne le vit point immoler le bon sens et la saine morale à l’envie d’exciter le rire ; il n’en souleva les éclats que contre les fripons, les meilleurs, et les imbéciles. […] Au sujet de ce vœu, l’auteur crée une fiction frappante, vive et morale. […] Sans la morale, tout ne serait-il pas contagion pour le cœur ?

986. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Terrible secousse morale dont tous ne sont pas encore remis ! […] Un dénouement qui venge la morale ? […] Vainement la morale gémissait ; on laissait gémir la morale pour ne regarder que l’art qui rayonnait. […] Sagesse du monde, morale des salons, maximes reçues, honnêteté courante, tolérance de l’opinion, M.  […] Voulez-vous voir en regard ce que conseillent l’honnêteté du monde et la morale courante ?

987. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Cela lui servit en politique et en morale, aussi bien qu’en philologie. […] Quant à ses idées sur la morale, elles sont naïves. […] Notre morale, la chrétienne, serait-elle donc la morale absolue ? […] Resterait à prouver la réalité de la loi morale, comme on prouve la réalité de la loi de la pesanteur. […] Morale en action. — Desfontaines.

988. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Trois partis s’offraient à elle : déclarer la déchéance et proclamer le gouvernement républicain ; proclamer la suspension temporaire de la royauté, et gouverner en son nom, pendant son éclipse morale ; enfin restaurer à l’instant la royauté. […] En morale, il n’y a pas de partis, il n’y a qu’une conscience. […] « Louis XVI, dégradé de la royauté, désarmé et prisonnier, coupable peut-être dans la lettre, était-il coupable dans l’esprit, si l’on considère la contrainte morale et physique de sa déplorable situation ? […] Ainsi Louis XVI avait convoqué les états généraux ; et voulant trop tard circonscrire le droit de délibération, l’insurrection morale du serment du Jeu de Paume lui avait forcé la main.

989. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Cette religion évangélique purement morale, dans laquelle le prêtre n’est plus qu’un officier de bonnes mœurs et un agent de bienfaisance ; où l’on espère passionnément en l’autre vie, même quand on n’en est pas très sûr, mais parce que c’est une croyance utile et salutaire ; où le curé en cheveux blancs, qui ne sait que donner et pardonner, ressemble à un bon père de famille souriant selon la maxime que « l’air gracieux et serein doit être la parure de l’homme vertueux » ; cette religion du curé de Mélanie et à la Boissy-d’Anglas, religion de tolérance, de doute autant que de foi, et où l’arbitre du dogme ne trouve à dire à son contradicteur dans la dispute que cette parole calmante : « Je ne suis pas encore de votre avis », comme s’il ne désespérait pas de pouvoir changer d’avis un jour ; ce théisme doucement rationalisé et sensibilisé, à ravir un Bernardin de Saint-Pierre et à attendrir un Marmontel, n’est pas du tout la religion de Fénelon, comme on l’a souvent appelé, mais c’est bien la religion de l’abbé de Saint-Pierre. Il n’a cessé de broder là-dessus de petits sermons de morale théophilanthropique.

990. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Elle donne la meilleure et la plus profonde réponse à cette question souvent débattue : si les grands poètes qui nous émeuvent et rendent de tels sons au monde ont en partage ce qu’ils expriment ; si les grands talents ont quelque chose d’indépendant de la conviction et de la pratique morale ; si les œuvres ressemblent nécessairement à l’homme ; si Bernardin de Saint-Pierre était effectivement tendre et évangélique ; quelle était la moralité de Byron et de tant d’autres, etc., etc. ? […] Ce qu’André Chénier avait exprimé sous une forme morale et philosophique, M.

991. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Shakespeare, égalé quelquefois depuis par des auteurs anglais et allemands, est l’écrivain qui a peint le premier la douleur morale au plus haut degré ; l’amertume de souffrance dont il donne l’idée pourrait presque passer pour une invention, si la nature ne s’y reconnaissait pas. […] La folie, telle qu’elle est peinte dans Shakespeare, est le plus beau tableau du naufrage de la nature morale, quand la tempête de la vie surpasse ses forces.

992. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Il y a aussi dans Palissy un observateur sans illusions comme sans amertume, qui, par sa chimie morale, isole les éléments simples des âmes, et ces principes constitutifs qui sont les passions égoïstes : il y a même en lui un poète sensible aux impressions de la nature, aux formes des choses, et qui mêle aimablement dans son amour de la campagne un profond sentiment d’intime moralité et de paix domestique. […] Le hasard d’une chute de cheval qui l’immobilise, en fait un écrivain : il raconte ce qu’il a vu, entendu, sans critique, sans probité d’historien, avec une sécurité d’indifférence morale qui garantit sa véracité.

993. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

. — La Morale du joujou, compte rendu du Salon de 1859 (1859). — Les Fleurs du mal, édition augmentée de beaucoup de poèmes, et diminuée des pièces : Lesbos, Femmes damnées, Le Léthé, À celle qui est trop gaie, Les Bijoux, Les Métamorphoses du Vampire (1861). — Les Paradis artificiels (1861). — Histoires extraordinaires ; Nouvelles histoires extraordinaires ; Aventures d’Arthur Gordon Pym ; Eureka ; Histoires grotesques et sérieuses ; œuvres traduites d’Edgar Poe, par Charles Baudelaire (1875). — Œuvres posthumes et Correspondance, rassemblées par M.  […] Indirectement et à travers eux, un peu des singularités psychologiques que j’ai essayé de fixer ici pénètre jusqu’à un plus vaste public ; et n’est-ce pas de pénétrations pareilles qu’est composé ce je ne sais quoi dont nous disons : l’atmosphère morale d’une époque ?

994. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

L’antinomie psychologique est l’antinomie fondamentale Les autres antinomies que nous allons maintenant passer en revue : antinomies esthétique, pédagogique, économique, politique, juridique, sociale et morale ne sont qu’une extension, une application et une dépendance de cette antinomie primordiale. […] Guyau semble le faire dans le passage suivant : « De même que le moi, en somme, est, pour la psychologie contemporaine, une illusion, qu’il n’y a pas de personnalité séparée, que nous sommes composés d’une infinité d’êtres et de petites consciences ou états de conscience, ainsi l’égoïsme, pourrait-on dire, est une illusion. » (Esquisse d’une morale sans obligation.)

995. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

On s’accorde assez à reconnaître, en théorie du moins, que la moyenne des Français se distingue de la moyenne des Espagnols ou des Allemands par la taille, la complexion, le visage, la constitution physique ou morale ; même dans la pratique, à qui de nous n’est-il pas arrivé, en présence d’un inconnu, de dire au premier abord, sans qu’il ait eu besoin d’ouvrir la bouche : « Cet homme est Italien ! […] Je sens qu’il doit me revenir quelque chose. » On sait qu’il médita un grand ouvrage qui aurait eu pour titre : la Morale sensitive.

996. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Les auteurs dramatiques ont même inventé une expression : Ce n’est pas du théâtre pour dire « voilà une pièce littéraire, originale, morale, qui ne fera pas d’argent », et une autre expression, « C’est du théâtre » pour dire « voilà une pièce banale, faite avec des ficelles qui ont déjà servi et dont on est sûr, évocatrice d’émotions mille fois soulevées, d’une morale sans élévation, d’une gaieté vulgaire, d’une langue prétentieuse ou peu sûre, mais cette pièce ira à la centième ».

997. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

En effet, la contrainte est aisée à constater quand elle se traduit au dehors par quelque réaction directe de la société, comme c’est le cas pour le droit, la morale, les croyances, les usages, les modes même. […] Une simple maxime morale est, assurément, plus malléable ; mais elle a des formes bien plus rigides qu’un simple usage professionnel ou qu’une mode.

998. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

Chaque peuple a sa physionomie, sa constitution spéciale, son droit, sa morale, son organisation économique qui ne conviennent qu’à lui, et toute généralisation est à peu près impossible. […] Toutefois il est vraisemblable que, en général, la distance entre les sociétés composantes ne saurait être très grande ; autrement, il ne pourrait y avoir entre elles aucune communauté morale.

999. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Puisque vous ouvrez votre Revue à des esprits très divers, vous croyez apparemment que deux hommes peuvent être également estimables sans professer les mêmes opinions, pourvu qu’ils s’accordent sur les grands principes qui sont le fondement de toute morale et de toute société humaine ? […] De même, tonnez tant qu’il vous plaira contre un spectacle qui m’attire ; je priserai peut-être votre éloquence, mais je rejetterai votre morale.

1000. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Bien des esprits plus fanatiques que ce prêtre, transformé en observateur, n’en proclameront pas moins la supériorité de la Chine et croiront à la force de sa vie, parce qu’ils verront dans le livre même de Huc ces mouvements d’un peuple rusé, vénal, mercantile, actif, fripon, et par-dessus tout spirituel, qui survivent à la vraie vie éteinte, la vie morale, la vie de la conscience et du cœur. […] La Philosophie de Confucius, ce bâton flottant du fleuve Bleu ou Jaune, vue de près, fait pitié de trivialité morale.

1001. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Si les enfants tombaient quelque jour dans les idées ridiculement irréligieuses que j’ai eues quelquefois moi-même, fais-leur lire cette lettre et dis-leur que l’oncle Gaston qui, plein de vie, de force et de raison, est mort entre les mains d’un prêtre, était cependant un homme intrépide… » Comparez en beauté morale, et même en beauté dramatique, la mort de Raousset à celle de Lara, et vous verrez si la vérité historique n’est pas plus grande que l’invention du grand poète ! […] Comme la vie morale est au-dessus de la vie intellectuelle, les héros sont au-dessus des poètes, et Raousset était un héros.

1002. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Pour ceci, il fallait une force de vie morale sans laquelle la force de la vie intellectuelle défaillait et le triomphe du génie devenait impossible. Cette force de vie morale, le christianisme pouvait seul la créer… M. 

1003. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

  C’est ainsi que les premiers poètes théologiens inventèrent la première fable divine, la plus sublime de toutes celles qu’on imagina ; c’est ce Jupiter roi et père des hommes et des dieux, dont la main lance la foudre ; image si populaire, si capable d’émouvoir les esprits, et d’exercer sur eux une influence morale, que les inventeurs eux-mêmes crurent à sa réalité, la redoutèrent et l’honorèrent avec des rites affreux. […] Cependant sans religion les hommes ne seraient pas réunis en nations… Point de physique sans mathématique ; point de morale ni de politique sans métaphysique, c’est-à-dire sans démonstration de Dieu. — Il suppose le premier homme bon, parce qu’il n’était pas mauvais.

1004. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Il n’ignore aucun détail de ce qui concerne sa situation morale : il en a mesuré la pitoyable amertume : il en a deviné les causes profondes ; il en connaît les manifestations les plus diverses ; il en pressent les effets désastreux. […] D’autres artistes se sont faits les chanteurs de la nature ou de l’humanité, de la Beauté plastique ou de la Beauté morale, de l’amour terrestre ou de l’amour divin. […] D’autres douleurs s’ajoutèrent aux tristesses de sa solitude morale et de son ambition inassouvie. […] La préoccupation humanitaire et morale jouait un rôle tellement effacé dans la détermination de ses préférences d’artiste ! […] Il vécut ainsi dans une sorte de continence, sinon matérielle au moins morale, et il ne comprit l’amour, ses tortures ou ses voluptés, que par un concept de son imagination.

1005. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Déjà l’on pressentait, l’on attendait Racine, qui, en effet, réintroduisit au théâtre la morale commune ou, pour l’appeler d’un nom qui paraît plus noble, la morale universelle, — et cela sans jamais moraliser directement ni paraître même se préoccuper de la morale… Or il y a toujours eu, semble-t-il, une constante relation entre les mésaventures publiques de Corneille et les progrès de sa piété. […] Pas une nuance de torture amoureuse ou de désolation morale pour qui elle n’ait trouvé l’accent inattendu, et pourtant le seul vrai. […] … Je sais peu de choses aussi belles, au théâtre, que ce quatrième acte, où l’idée morale de l’œuvre éclate si dramatiquement. […] … Au fond, il s’agit de savoir s’il y a deux morales : la morale chrétienne et la morale politique (on dit qu’il y en a une troisième, qui serait la morale des affaires, mais qui tend de plus en plus à se confondre avec la seconde). […] Ils ont vu en moi une sorte d’outlaw, qui a sa morale particulière.

1006. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Dans ce dénouement s’affirme encore une fois la morale de la plupart des pièces contemporaines : morale de surface, inventée à l’usage des « satisfaits », auxquels la vraie, la haute morale paraît monstrueuse, et qui sont contents seulement si tout est pour le mieux dans le plus honteux des ménages. […] La logique, la vérité morale, le veulent ainsi. […] N’est-ce pas là un grave et magnifique sujet, pris dans les hauteurs de la morale ? Et voilà qu’ils ont déclaré que la morale était bafouée juste au moment où on la glorifiait ! […] Là est la haute portée morale, et aussi le dramatique de ce roman.

1007. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Avec le Scientisme, toute vie morale et religieuse était impossible. […] Olier flotte autour de ce monument, et la figure morale de M.  […] Ces phénomènes ont été enregistrés, à travers les siècles, par toutes les consciences préoccupées de vie morale. […] Ernest Psichari, dans son beau roman : l’Appel des armes, « l’Armée comporte en elle-même sa morale, sa loi, et sa mystique. » Avoir pratiqué cette morale, affirmé cette loi, senti cette mystique, c’est avoir défendu, en soi et autour de soi, un des éléments vitaux du pays. […] Il annonce qu’il défendra les travailleurs « d’après les maximes de la morale évangélique ».

1008. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

. — Ce rôle a été senti, applaudi, avec une intelligence morale que l’auditoire semblait retrouver après tant d’excès et de fatuités dramatiques dont on l’a rassasié jusqu’au dégoût.

1009. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIX » pp. 227-230

— Une impression morale très-pénible, ç'a été celle qu’a produite la note insérée au Moniteur et dans laquelle le roi Louis-Philippe, non content de ses millions, en redemande d’autres et raconte ses secrets de ménage, ses gênes domestiques.

1010. (1875) Premiers lundis. Tome III « Senac de Meilhan »

Il était amené non moins naturellement à citer le cardinal de Retz et à le mettre en regard de Tacite, en ayant soin toutefois de distinguer entre la valeur morale des deux personnages ; mais le rapprochement politique était des mieux indiqués.

1011. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 507-511

On a encore de cet Auteur plusieurs Ouvrages de Géométrie, de Philosophie, de Morale, de Politique, d’Histoire, de Critique, de Grammaire, de Poésie Grecque & Latine, dont la plupart sont estimés.

1012. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 343-347

Le peu d’ordre & de liaison qui y regnent, les contradictions qui y fourmillent, les saillies d’une imagination vive qui ne s’assujettit à rien, un cynisme qui brave tout & s’égaye aux dépens de tout, une licence qu’aucun objet n’arrête, & dont la Religion, la Morale & les Bienséances n’ont pu ralentir l’intrépidité, ont contribué, plus que tout le reste, à son mérite littéraire, parce qu’il est facile d’être neuf & piquant, quand on est hardi & caustique.

1013. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 368-371

C’est ce même amour de la Patrie qui lui a dicté tous les Discours qu’il a composés pour l’instruction de M. le Dauphin, aujourd’hui sur le Trône, tels que les Leçons * de Morale, de Politique & de Droit public, les Devoirs des Princes, réduits à un seul principe, &c.

1014. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre V. Suite du Père. — Lusignan. »

Voltaire lui-même ne se défend pas d’avoir cherché son succès dans la puissance de ce charme, puisqu’il écrit, en parlant de Zaïre : « Je tâcherai de jeter dans cet ouvrage tout ce que la religion chrétienne semble avoir de plus pathétique et de plus intéressant 17. » Un antique Croisé, chargé de malheur et de gloire, le vieux Lusignan, resté fidèle à sa religion au fond des cachots, supplie une jeune fille amoureuse d’écouter la voix du Dieu de ses pères : scène merveilleuse, dont le ressort gît tout entier dans la morale évangélique et dans les sentiments chrétiens : Mon Dieu !

1015. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre V. Beau côté de l’Histoire moderne. »

En donnant de nouvelles bases à la morale, l’Évangile a modifié le caractère des nations, et créé en Europe des hommes tout différents des anciens par les opinions, les gouvernements, les coutumes, les usages, les sciences et les arts.

1016. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Il veut que l’on combatte le spleen avec tous les moyens hygiéniques, de la morale, et une bonne méthode. […] Est-ce l’entrée dans la santé morale du succès ? […] Et mon interlocuteur appuie sur les incertitudes du critique, ses tergiversations de jugement, sa quête de l’opinion des autres, du jugement des petites dames, et parfois sur l’intimidation morale, produite par l’invasion de grands diables comme Turgan et Feydeau, tombés inopinément chez lui, et qui enlevèrent son article sur Fanny. […] Presque toute la société se rallie à cette théorie, en déclarant qu’un Mirabeau échappe aux règles de la petite probité bourgeoise : « Alors, Messieurs, nous écrions-nous, il n’y a plus de morale, de justice chez les historiens en histoire, si vous avez deux mesures, deux balances, l’une pour les hommes de génie, l’autre pour les pauvres diables. […] Puis, on cause de la santé des anciens, de l’équilibre du physique antique, de l’hygiène morale des temps modernes, des conditions physiologiques de l’existence dans une cinquantaine d’années.

1017. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Toute classe, tout corps social fabrique à l’usage de ses membres une morale spéciale. La morale du commerçant, l’autorise à vendre sa marchandise dix et vingt fois au-dessus de sa valeur, s’il le peut ; celle du juge d’instruction l’incite à user de la ruse et du mensonge pour forcer le prévenu à s’accuser ; celle de l’agent de mœurs l’oblige à faire violer médicalement les femmes qu’il soupçonne de travailler avec leur sexe ; celle du rentier le dispense d’obéir au commandement biblique : — « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front… » La mort établit à sa façon une égalité ; la grosse et la petite vérole en créent d’autres ; les inégalités sociales ont mis au monde deux égalités de belle venue : l’égalité du ciel, qui pour les chrétiens compense les inégalités de la société et l’égalité civile, cette très sublime conquête de la Révolution sert aux mêmes usages. […] Cependant, le pair de France de la monarchie orléaniste, qui faisait porter à sa mère le poids de son royalisme, eût pu expliquer son orléanisme par son amour de la morale et leur dire : « Moi, l’homme toujours fidèle au devoir j’ai dû obéir aux commandements d’une morale plus haute que la reconnaissance : j’ai obéi aux injonctions de la morale pratique : pas d’argent, pas de suisse, ni de poète. » Mais les anciens patrons de l’écrivain dépassent toute mesure, quand pour nuire à l’écoulement de sa marchandise parmi les gens pieux, ils le calomnient et l’appellent un impie.

1018. (1926) L’esprit contre la raison

D’ailleurs, si nul ne peut même songer à en vouloir aux beaux animaux de sang assez riche, de chair assez confusément opulente pour opposer une tête et un corps en toute spontanéité victorieux des pièges sentimentaux et des méchancetés de l’intelligence, quel moyen d’accepter les calembredaines et syllogismes truqués des anémiques, sots et pédants qui, à grand fracas, se réclament de civilisationl, parlent avec ostentation de vie morale et, en fait, se contentent d’user de principes à double fond pour composer un bonheur dont la source n’a point jailli de ce morceau d’eux-mêmes où il eût été, sinon héroïque, du moins décent qu’ils tentassent de la faire sourdre. […] Toute poésie, toute vie intellectuelle, morale, est une révolution, car toujours il s’agit pour l’être de briser les chaînes qui le rivent au rocher conventionnelax. […] C’est au milieu de considérations bien particulières au cours de la résolution d’un problème poétique, à l’heure, il est vrai, où la trame morale de ce problème se laisse apercevoir, qu’André Breton, en 1919, en s’appliquant à saisir le mécanisme du rêve, retrouve au seuil du sommeil le seuil et la nature de l’inspiration. […] La morale qui se dégage pour eux de cette exploration, c’est le bluff du génie. […] Les mots dont se sert Crevel sont autant d’allusions au début de l’essai de Valéry dans lequel lescatastrophes de l’actualité sont interprétées comme la sanction d’une défaillance, de la morale publique ou de la lucidité: « « Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques.

1019. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Pourquoi donc la vérité (et par vérité j’entends les vérités les plus essentielles à la vie morale), pourquoi, dis-je, ces vérités nécessaires lui auraient-elles manqué ? […] En morale, le fait n’est point le droit : il ne l’engendre ni ne l’explique. […] L’histoire est donc belle, morale, scientifique. […] Il en est de même en morale pour les caractères. […] Votre activité morale, pour peu qu’elle sorte des limites de la conscience et produise des actes extérieurs, rencontre l’État qui la juge et la cite à son tribunal.

1020. (1888) Poètes et romanciers

Il y rapporte son existence entière ; il veut en faire dépendre la vie morale du siècle et la civilisation de l’avenir. […] Un morcellement s’opère dans la sagesse primitive ; le roi se distingue du prêtre, le philosophe du poète, la science morale de la science physique. […] demande le mari épouvanté. — Ça, répond le docteur, c’est une maladie morale que peut gagner la meilleure des femmes, lorsqu’elle touche au seuil de la maturité. […] Il y a dans ces épisodes et dans quelques autres une certaine teinte de puérilité dont l’art le plus savant préserve malaisément cette étude biographique et morale du berceau. […] De même, sans diminuer la grandeur morale de Sibylle, je demanderais qu’elle se manifestât par un peu moins de miracles.

1021. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

J’achevais de le lire mercredi matin, tandis que se faisait aux faubourgs populeux cette descente anniversaire qui, d’un seul flot, refoule notre humanité perfectible aux beaux jours de l’antique Sardanapale, et je me disais, en entendant ces échos lointains : « N’est-ce donc pas une débauche aussi que tant de grâce, de sensibilité, d’esprit fin et d’observation morale, s’employant et s’affichant uniquement pour mettre du noir sur du blanc, comme on dit, et pour vider l’écritoire ?

1022. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 56-59

Ce dernier Ouvrage est écrit avec cette précieuse simplicité, qui n’exclut ni l’élévation des pensées, ni la noblesse des expressions, & il donne à l’Auteur le droit de figurer dans la classe très-peu nombreuse des Ecrivains qui sont demeurés invinciblement attachés aux vrais principes de la morale & du goût.

1023. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 230-234

viennent réclamer, à l’aide de sa plume, la gloire de nous avoir appris tout ce que nous savons en matiere d’Astronomie, de Physique, d’Anatomie, de Chirurgie, de Médecine, de Mathématique, d’Optique, de Métaphysique, de Morale, &c.

1024. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 497-500

L’Elégie, dont le sujet principal est le combat de la Raison contre l’Amour, offre sur-tout de très-beaux Vers, beaucoup de morale, & des sentimens bien rendus.

1025. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Préface »

L’âme et la liberté morale sont d’un autre ordre, et quand même il s’en approcherait sans cesse par une sorte d’asymptote indéfinie, il ne les atteindra jamais.

1026. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Il était né d’une famille où le courage, la noblesse morale, le sentiment des arts s’étaient assemblés pour murmurer les plus belles et les plus éloquentes paroles autour de son berceau. […] Il y a appris la respectability et il y a étudié la tirade morale. […] Voilà de la vertu et de la morale anglaises, et chaque famille, le soir, pourra la lire en guise de Bible à ses enfants. […] N’est-ce pas un signe de l’imagination éteinte, de la prose commencée, du génie pratique qui naît et remplace la métaphysique par la morale ? […] Le hasard d’un trône conservé, puis rétabli, le porte avant la révolution dans la poésie païenne et morale, après la révolution dans la poésie chrétienne et morale.

1027. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Enfin, il y a dans l’œuvre de Victor Hugo un certain nombre de développements de lieux communs de morale. […] Il y en a une qui est plus grave, plus terrible que la souffrance physique : c’est la souffrance morale. […] C’est là la conclusion morale du système philosophique d’Alfred de Vigny. […] Victor Hugo choisit pour chaque époque l’idée morale que, il lui semble, cette époque a apportée au monde. […] C’est ainsi que nous avons, d’époque en époque, une histoire tout à la fois morale et pittoresque de l’humanité.

1028. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Mais quand l’homme neuf et désarmé se trouve livré à la nature, elle l’enveloppe, elle le façonne, elle le moule, et l’argile morale, toute molle et flexible encore, se plie et se pétrit sous la pression physique contre laquelle son passé ne lui fournit point d’appui. […] Dans une enceinte si resserrée, tout est net pour l’esprit ; la patrie morale n’a rien de gigantesque, d’abstrait et de vague comme chez nous ; les sens peuvent l’embrasser ; elle se confond avec la patrie physique ; toutes deux sont fixées dans l’esprit du citoyen par des contours précis. […] On demeure un idolâtre sec et borné, si, au-delà de la figure personnelle, on n’entrevoit pas dans une sorte de lumière la puissance physique ou morale dont la figure est le symbole. […] Le soleil dans Homère, est un autre dieu qu’Apollon, et la personne morale se confond en lui avec la lumière physique. […] La Géométrie d’Euclide, la Théorie du syllogisme d’Aristote, la Morale des stoïciens.

1029. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La doctrine symboliste » pp. 115-119

Le symbole étant défini : une figure, une image, qui exprime une chose purement morale.

1030. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 127-131

Le comble de l’excellence de sa Philosophie morale, est de ne jamais franchir les bornes.

1031. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

Un tel Discours ne peut être que le fruit de l'érudition la plus étendue, d'une connoissance réfléchie de l'Histoire, de la Politique, de la Morale, & de la Religion.

1032. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 100-104

Robé n'a-t-il pas bonne grace de nous accuser de poltronnerie & de lâcheté, lorsque le courage avec lequel nous avons défendu les principes du Goût, de la Morale, & de la Religion, contre une Secte d'autant plus dangereuse qu'elle est plus puissante, a fait l'étonnement de quiconque connoît les intrigues & le fanatisme persécuteur de la plupart de ceux qui la composent ?

1033. (1893) Thème à variations. Notes sur un art futur (L’Académie française) pp. 10-13

Il faut donc admirer la beauté aux grandes lignes calmes et nobles, ainsi que de symbole de la grandeur morale ; mais non la gentillesse fardée.

1034. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre premier. Du Christianisme dans la manière d’écrire l’histoire. »

Si le christianisme a fait faire tant de progrès aux idées philosophiques, il doit être nécessairement favorable au génie de l’histoire, puisque celle-ci n’est qu’une branche de la philosophie morale et politique.

1035. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre IV. Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. Observations sur la comédie et la tragédie » pp. 264-267

La nouvelle comédie peignit les mœurs des âges civilisés, dont les philosophes de l’école de Socrate avaient déjà fait l’objet de leurs méditations ; éclairés par les maximes dans lesquelles cette philosophie avait résumé toute la morale, Ménandre et les autres comiques grecs purent se former des caractères idéaux, propres à frapper l’attention du vulgaire, si docile aux exemples, tandis qu’il est si incapable de profiter des maximes.

1036. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

La morale du monde n’y trouvait rien à redire. […] La morale d’Euripide s’accorde ici avec celle des chrétiens et des simples honnêtes gens : il faut bien du dostoïevskisme pour ne pas le voir. […] Je ne suis même pas assuré que ces contes soient tous d’une morale très saine. […] De l’Évangile, Tolstoï ne garde que la morale, mais il en fait une idole. […] La bougeotte morale a toujours été chez M. 

1037. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Voici la morale. […] Aussi, comme elles pratiquent bien le cumul du cœur, la polyandrie morale — passez-moi le mot — si chère aux Parisiennes ! […] La morale, telle qu’il la prodigue, la morale sans honnêteté, court risque d’être ennuyeuse sans être salutaire ; c’est quelque chose qui ressemble à un sermon irréligieux ou à une médecine malsaine. […] C’est là la morale de mon histoire : puisse-t-elle servir à mes lecteurs ! […] Ô mort morale !

1038. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Cette morale chrétienne me semble infiniment douce et infiniment sage. […] Qu’elle est auguste cette lente édification de la morale ! […] Brochard, une doctrine morale, une règle de vie. […] Jules Lemaître n’a point de doctrine, mais il a une philosophie morale. […] Il faut une préparation morale pour goûter la poésie.

1039. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il n’apporte aucune vue d’ensemble ni en morale, ni en psychologie. […] Nous ne sommes point ici dans la vie pratique et morale, mais dans la vie imaginaire et idéale. […] De sa morale, en effet, naît sa politique. […] Une situation semblable a produit les mœurs, les sentiments, les vertus et la morale du moyen âge. […] Ici reparaît la pensée morale qui est le fond de la doctrine.

1040. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

« À l’interprétation morale et finaliste du monde, il a substitué une interprétation esthétique. » C’est la délivrance. […] La décentralisation administrative aurait partout de bons effets : la décentralisation littéraire et morale est moins généralement indiquée. […] On peut saper le fondement métaphysique de la morale et rester le plus honnête homme du monde. […] Il prouve que la philosophie de la nécessité n’exclut aucunement la notion de santé physique et morale. […] Moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher et la réalité rugueuse à étreindre.

1041. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

On commence à connoître que quelques traits de Morale & de Littérature, dont les uns sont communs & les autres hasardés ; que des pensées & des réflexions détachées ; que des lambeaux de traduction secs & froids ; que des Eloges écrits d’un style plus imposant & plus maniéré, que solide & vigoureux ; que des Essais sans dessein, sans méthode, sans profondeur, sans vûes, sont de foibles titres pour une célébrité durable.

1042. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Archiloque, et Lycambe. » pp. 7-11

Les maximes pernicieuses, la morale infame que préchoit le poëte, & qu’il avoit soin d’accompagner d’une diction véhémente, énergique, achevèrent de le décrier.

1043. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre III. Des Philosophes chrétiens. — Métaphysiciens. »

Une chose n’est bonne, une chose n’est positive qu’autant qu’elle renferme une intention morale ; or, toute métaphysique qui n’est pas théologie, comme celle des anciens et des chrétiens, toute métaphysique qui creuse un abîme entre l’homme et Dieu, qui prétend que le dernier n’étant que ténèbres, on ne doit pas s’en occuper : cette métaphysique est futile et dangereuse, parce qu’elle manque de but.

1044. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Les étrangers n’y résistent pas ; ils n’ont rien de pareil chez eux ; Lord Chesterfield la propose en exemple. « Elle roule toujours, dit-il, sur quelques points d’histoire, de critique ou même de philosophie, qui conviennent mieux à des êtres raisonnables que nos dissertations anglaises sur le temps et sur le whist. » Rousseau, si grognon, avoue « qu’un article de morale ne serait pas mieux discuté dans une société de philosophes que dans celle d’une jolie femme de Paris ». […] C’est là que j’ai entendu Roux et Darcet exposer leur théorie de la terre, Marmontel les excellents principes qu’il a rassemblés dans les Éléments de la Littérature, Raynal nous dire à livres, sous et deniers, le commerce des Espagnols à la Vera-Cruz et de l’Angleterre dans ses colonies », Diderot improviser sur les arts, la morale, la métaphysique, avec cette fougue incomparable, cette surabondance d’expression, ce débordement d’images et de logique, ces trouvailles de style, cette mimique qui n’appartenaient qu’à lui, et dont trois ou quatre seulement de ses écrits nous ont conservé l’image affaiblie. […] À proprement parler, c’est la bête noire ; quiconque lui lance un trait est le bien venu. — Autre chaîne, la morale des sexes. […] La noblesse de Mantes et Meulan affirme que « les principes de la politique sont aussi absolus que ceux de la morale, puisque les uns et les autres ont pour base commune la raison ».

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