VI Mais, malgré les dispositions équitables, équilibrées, et je dirai même heureuses de ma nature, je le dirai avec la sincérité et avec l’audace de Job, tout pesé, tout balancé, tout calculé, tout pensé et tout repensé, en dernier résultat, la vie humaine (si on soustrait Dieu, c’est-à-dire l’infini) est le supplice le plus divinement ou le plus infernalement combiné pour faire rendre, dans un espace de temps donné, à une créature pensante, la plus grande masse de souffrances physiques ou morales, de gémissements, de désespoir, de cris, d’imprécations, de blasphèmes, qui puisse être contenue dans un corps de chair et dans une âme de… Nous ne savons pas même le nom de cette essence par qui nous sommes !
Il suffit que chacun puisse se dire à lui-même les affirmations premières de la conscience soit empiriques, soit morales : ce n’est que par un travail ultérieur qu’on les comparera en vue de les exprimer « analogiquement ». […] Bradley, ce qui lui fait horreur, ce n’est pas le dessein de produire un effet moral, " c’est de faire appel, pour cela, à la raison raisonnante.
Et monde intérieur ne signifie pas ici monde moral. […] Dans le Paradis Perdu ou dans la grande épopée dont Lamartine a écrit le premier et le dernier épisode, l’accent est mis sur un drame moral, sur la chute et la rédemption.
Il avait été chercher des paysages et des couleurs, il a trouvé de l’humanité, il a senti que sa seule et vraie vocation était là. « Mon genre d’observation est surtout moral. […] Les illusions intérieures, le piétinement amoureux et les faillites sentimentales de Frédéric sont accordés avec des courbes politiques et morales analogues à celles de la première Éducation. […] Au moral comme au physique, elle s’avance dans une santé admirable.
Il énumère leurs promiscuités, leurs manies ; quelques mésaventures de sa charité personnelle le convainquent, de plus en plus, que ces êtres sont surtout malheureux de par les maladies morales et intellectuelles, déshabitude du travail, inclinaison à l’ivrognerie, à l’union grossière des sexes ; d’où vient ce mal ? […] À côté des jeunes écrivains, ardents, qui stigmatisent le temps présent et promettent des âges d’or, voici des critiques à mi-voix qui, universitairement, dénoncent les périls de l’art, et somment les écrivains de vouer leur plume au développement des saines morales. […] En se servant même du sévère critère de Poe et, d’après lui, de Baudelaire, en retranchant de la poésie ceux qui cédèrent, un temps, au désir de promulguer des lois morales, on n’atteindrait que des parties d’œuvres et, pour abandonner quelques esprits, on ne toucherait à rien d’essentiel ni parmi le romantisme, ni parmi les écoles suivantes.
Je n’admets pas qu’il soit moral d’essayer sur les malades dans les hôpitaux des remèdes plus ou moins dangereux ou actifs, sans qu’on les ait préalablement expérimentés sur des chiens ; car je prouverai plus loin que tout ce que l’on obtient chez les animaux peut parfaitement être concluant pour l’homme quand on sait bien expérimenter. Donc, s’il est immoral de faire sur un homme une expérience dès qu’elle est dangereuse pour lui, quoique le résultat puisse être utile aux autres, il est essentiellement moral de faire sur un animal des expériences, quoique douloureuses et dangereuses pour lui, dès qu’elles peuvent être utiles pour l’homme.
Ce Joseph Delorme, sans être lui tout à fait quant aux circonstances biographiques, était assez fidèlement son image au moral.
Au fond de tous les événements moraux, on devine un événement infinitésimal, imperceptible à la conscience, dont les degrés et les complications constituent le reste, sensations, images et idées.
Nous avons fabriqué ainsi l’idée d’un certain caractère moral, et, de fait, à l’occasion, de bien loin, nous accommodons à ce modèle notre caractère effectif. — Ainsi naissent les œuvres d’industrie, d’art et de vertu, pour combler ou diminuer l’intervalle qui sépare les choses et nos conceptions.
Elle eut enfin ce mouvement de plaisir vague, inexplicable, qui enveloppe l’être moral, comme un nuage envelopperait l’être physique.
Leur éloquence est le débat de leur assemblée publique, où ils portent la rudesse de leurs mœurs violentes et où les brutalités du geste et du poing fermé suppléent à ces belles violences morales que les grands orateurs de l’Europe antique ou moderne exercent à l’aide de la persuasion et de la logique sur les hommes d’élite rassemblés pour chercher, en commun, la raison et le droit des choses.
Mais, écrivant pour la comédie, il n’a pas voulu rendre la vérité triste pour la rendre plus forte : il a donné pour amants aux jeunes filles d’honnêtes jeunes gens qui respectent ce qu’ils aiment ; et c’est encore un trait charmant de vérité qu’elles aient conservé, malgré leurs précepteurs, un sens moral qui rend leurs tromperies innocentes par la pudeur qu’elles savent y garder, et par le mariage qui est au bout.
S’il était besoin de le démontrer, je renverrais à ce cri de colère où éclate la rancune de Lamartine vieillissant75 : « Tout était organisé contre la résurrection du sentiment moral et poétique ; c’était une ligue universelle des études mathématiques contre la pensée et la poésie.
Cherchons donc, plutôt, à nous expliquer par quelle particularité de son caractère personnel, et par quel effort moral de ce caractère, le grand musicien a pu concentrer son génie dans cette action extraordinaire que nous révèle son œuvre artistique.
L’appui de l’Association à l’entreprise de Bayreuth est, d’abord, un appui moral, considérable : mais il sera, aussi, un appui matériel.
corrompre la Belgique, ce pays, où après dîner chez des bourgeois, vos honnêtes amphitryons ne trouvent rien de plus moral, que de vous emmener passer la soirée au b… Dimanche 18 mai Je suis dans un tel état de nervosité, que les articles, qui parlent — en bien ou en mal de moi, il m’est impossible d’y apporter l’attention tranquille, l’épellement reposé, qu’il faut pour lire, j’en perçois en gros l’éloge ou l’injure, mais je ne les ai pas vraiment lus.
Ainsi il aura, pour le mouvement moral d’une personne, qui se retire d’une combinaison, dont on l’entretient, la formule : « Vous êtes dans de la fumée de tabac, n’est-ce pas… et vous cherchez à respirer au dehors ?
Nous n’y entrons pas ; mais, en laissant de côté la théologie du prêtre, et ne considérant ici que la profession sacerdotale dans ses rapports avec le monde, nous devons reconnaître les supériorités morales et les privilèges inhérents à cette profession pour l’homme de génie et de vertu qui s’y consacre.
La liberté parlementaire, qui ennoblit l’obéissance, les industries, qui honorent et multiplient le travail, la légalité, les arts, les lettres, la religion, toutes ces puissances morales étaient leur seul moyen de gouvernement.
Historien, philosophe, homme de lettres et général d’armée, il nous a laissé la Retraite des dix mille qu’il avait commandés, l’Education de Cyrus et quelques autres ouvrages moraux.
Quand, après avoir mis une moitié de son être moral dans l’engrenage de cette logique révolutionnaire qui ne lâche plus ceux qu’elle a pris, on met l’autre moitié restante dans la gueule de la bête populaire, à tout crin ou peignée, à laquelle il faut son morceau de mensonge ou sa ration de paradoxes à dévorer tous les matins, l’homme rongé par les deux côtés tombe en lambeaux sous la double force qui le tue ; c’est son talent aujourd’hui, c’est son cœur demain, après-demain c’est son caractère, et il disparaît bientôt tout entier.
Déjà nous avaient apparu ces sages de la haute antiquité, ces physiciens spiritualistes de la Grèce ancienne, qu’Aristote nomme théologiens, et qui, tels que les fabuleux Orphée, Linus, Musée, et plus réellement Parménide, Empédocle, célébraient en vers leurs dogmes sur la formation du monde, leurs ravissements d’amour au spectacle de la nature, et les recommandations morales qu’ils adressaient à l’homme.
Il faut bien le dire, le niveau moral, si peu élevé durant tout le siècle, s’était encore abaissé à ce point que la conduite de Térésa, achetant la vie au prix de son honneur, ne provoqua chez personne ces haines vigoureuses Que doit donner le vice aux âmes vertueuses. […] C’est l’œuvre la moins littéraire de notre poète, mais c’est une de celles qui ont eu le plus de résultats moraux. […] Pour décharger sa tête de ce fardeau, le Commandeur, homme du dix-huitième siècle, Doña Blanca, l’épouse coupable, la grande passionnée, âpre et fière dans sa chute, qui sait pleurer et mourir si elle n’a pas su vivre, éprouvent les tortures morales les plus affreuses et expient, l’un par des années de tourment, l’autre par des mois d’angoisses, le souvenir qui les ronge. […] Pour juger Coligny, il part de ce principe que ne pas accepter le Credo catholique est un crime, crime moral, intellectuel, pour lequel il ne réclame, je le reconnais volontiers, nulle pendaison, nul bûcher, mais enfin, crime — alors qu’on doit ÿ voir plutôt un malheur, une cause de pitié. […] Infligeant à tous les réformés de tous les temps la même injure, elle répète une phrase honteuse de Rohrbacher, les accusant en bloc et en détail de prêcher l’utilité et la justice de l’assassinat, accusation impudente, qui frelate, inconsciemment peut-être, mais pas moins criminellement pour cela, les vraies doctrines morales du protestantisme, les seules qui soient des doctrines dans cette religion qui n’est qu’une morale.
La reconnaissance et l’ingratitude appartiennent aux phénomènes qui se manifestent à chaque moment dans l’ordre moral, et sur lesquels les hommes ne peuvent jamais s’entendre. […] Si nous relevons ces taches, qui restent à la charge du caractère de Goethe bien plus qu’elles ne ternissent son ouvrage, ce n’est point certes pour le médiocre plaisir de constater les faiblesses morales d’un grand écrivain : c’est parce que, selon la théorie même de notre auteur, théorie plus vraie pour lui que pour aucun autre, il existe un rapport constant, un lien indissoluble entre l’homme et son œuvre ; nous ne pouvons donc comprendre celle-ci que si nous savons à peu près à quoi nous en tenir sur celui-là. […] Le problème est de ceux qu’il est impossible de trancher : je reconnais volontiers que les apparences ne donnent point raison aux avocats de la nouvelle Charlotte ; que l’âge de Goethe, son ardeur, ses habitudes d’esprit, la facilité de ses mœurs, la nature de ses écrits sont autant d’arguments qui contredisent la légende de son platonisme ; que Mme de Stein, mère de sept enfants et de sept ans son aînée, témoigna, en recevant ses premières déclarations, d’une grande légèreté ; que les tendances morales du siècle en général, celles de la cour de Weimar en particulier, n’enfermaient point une liaison comme la leur dans des « limites » très rigoureuses. […] Cette action est tout entière dans l’analyse des souffrances morales de Tasse — non point telles qu’elles furent dans la réalité historique, mais telles que Goethe se plaît à se les figurer. […] Vous ne pouvez pas penser tout ce que je pense, car vous n’avez aucune idée de l’importance qu’avaient dans ma jeunesse Voltaire et ses grands contemporains, et de leur domination dans le monde moral.
Gardez-vous d’attacher à cette phrase les concomitants spirituels et moraux qu’elle impliquerait chez un Romain Rolland ; prenez-la au contraire dans l’acception quasi-scientifique où l’entendrait « un botaniste des esprits » comme Sainte-Beuve, tel qu’il apparaît dans le Lundi sur Fontenelle par exemple, ce Fontenelle cher à Lytton Strachey qui offre avec lui plus d´une affinité. […] On voit assez l’importance incalculable de ce stade nouveau : ce n’est plus seulement l’événement, c’est la passion cette fois et sous toutes ses formes qui cesse d’être un ultime ; elle perd sa finalité, et elle la perd non plus du tout comme naguère au bénéfice de quelque chose soit de plus haut, soit de plus désintéressé, soit de plus consistant qu’elle, mais au bénéfice de cette région que Jaloux nous décrit « étale et sereine », qui l’est en effet, qui est aussi dans un certain sens la région des lois et des idées-mères, mais de laquelle la valeur tragique à proprement parler — qu’elle soit celle d’un Polyeucte, d’une Phèdre, ou d’un Zarathoustra — se trouve exclue, parce que qui dit valeur tragique, dit valeur de résistance, et qui dit valeur de résistance postule que subsistent des valeurs morales, — ou, au besoin, immorales. […] Sans introduire ici Proust (au sujet duquel il nous reste tant à débrouiller), il est certain que le Nietzsche de la période médiane, celui de 1876 à 1882 — le plus entièrement satisfaisant peut-être pour l’esprit, sinon le plus grand par la valeur tragique et lyrique, — a su se tenir et œuvrer avec quelle maîtrise sur cette donnée de la pensée contre soi-même ; il est certain aussi que notre ami, remontant sa propre pente — et la remontant toujours avec une si héroïque loyauté —, nous offre un spectacle intellectuel et non moins moral de l’ordre le plus rare, le plus inoubliable.
Tout dépend des conditions physiques et morales dans lesquelles nous nous trouvons et de ce que nous avons d’énergie disponible : il est des cas où rien ne peut nous plaire plus que l’activité allant même jusqu’au maximum d’effort ; d’autres où nous préférerons le repos, la léthargie et le rêve. […] Dans de telles dispositions physiques et morales, les images surgissent d’elles-mêmes, et prennent le charme de la mélodie qui accompagne leur évocation. […] Si par excellence l’émotion exprimée est de celles qui sont universellement sympathiques, c’est-à-dire que tout homme est disposé à partager, l’expression pathétique de l’œuvre s’amplifie encore du sentiment de cet unisson moral.
Les lois morales sont communes à tous les êtres raisonnables : je puis concevoir, dit à peu près Kant, des êtres raisonnables qui n’aient pas les mêmes mathématiques que nous ; je ne puis en concevoir qui, ayant reçu un bienfait, devraient ne pas en être reconnaissants. […] Socrate a pu éprouver souvent, au cours de ses soixante-dix ans de vie, l’état de satisfaction physique au-dessus duquel ne s’élève pas le pourceau, mais la réciproque n’est pas vraie, et le pourceau ne saurait connaître les satisfactions intellectuelles et morales d’un Socrate. […] Nous savons que les plaisirs de l’esprit, à condition qu’ils ne soient pas exclusifs et qu’ils en comportent d’autres comme la note fondamentale comporte ses harmoniques, l’emportent sur les autres plaisirs ; nous les cultivons de préférence, nous accroissons la délicatesse du goût avec lequel nous les éprouvons ; et nous maintenons tant bien que mal ce plan de notre vie à côté des autres plans qui l’accompagnent, ou le recouvrent, ou le bousculent : plan professionnel, plan moral, plan religieux.
& pour le nom monstrum, qui est en quelque sorte la dénomination commune des crimes stuprum, furtum, mendacium, &c. parce qu’on ne doit effectivement les envisager qu’avec l’horreur qui est dûe aux monstres, & que ce sont de vrais monstres dans l’ordre moral.
Grâce à elle, en effet, la curiosité se détache de ce que la représentation avait jusqu’alors de plus extérieur et comme de dispersé, pour se ramasser toute comme en un point moral. […] Il a donc fait ainsi de Chimène et de Rodrigue ce que l’on appelle des personnes morales, c’est-à-dire qui agissent en toute occasion dans la plénitude entière du sentiment de leur responsabilité. […] Et quand enfin en 1688 pour les demoiselles de Saint-Cyr, Mme de Maintenon lui demandera quelque sujet de pièce, plus moral, ou d’une vivacité d’émotion moins communicative et moins contagieuse qu’Andromaque, lequel Racine ira-t-il choisir, parmi tant d’autres que lui offrait la Bible ? […] Mais ce qui est vrai du physique l’est encore bien plus du moral, où ce ne sont pas, Messieurs, cinq ou six traits seulement, mais une infinité de traits qui s’entrecroisent « en mille manières différentes », comme dit La Bruyère, et qui forment ainsi tout autant de combinaisons nouvelles, — et de complétions, et d’états, et de conditions. […] Il allait s’efforcer aussi de « moraliser » le théâtre ; et il faut convenir qu’après tout, — n’y ayant rien de moins « moral » que le théâtre de Regnard, si ce n’est celui de Dancourt, — l’entreprise, assurément, ne partait pas d’un mauvais naturel.
Je vois avec chagrin que les hommes de lettres font moins de cas de leur caractère moral que de leur talent littéraire. […] Mon ami, c’est ici le pays des grands phénomènes, tant au physique qu’au moral ; sans vouloir en trop dire de bien, soyez sûr que celui qui y apporte des talents et des mœurs y trouve une récompense très-convenable. […] Je vous ai envoyé un petit livret dont tous les paragraphes peuvent entrer dans le catéchisme moral que Sa Majesté Impériale désire. […] Vous avez reçu l’esquisse du petit catéchisme moral.
Faut-il chercher un sens moral, philosophique, à ce poème ?
Nous avons voulu dire simplement que, quand Delille donnait une séance au Lycée, celle séance était rétribuée, comme pareille chose se pratique tous les jours pour d’autres artistes estimables, chanteurs, acteurs ; il n’y a, en fait, aucun mal moral à cela.
Divorce moral des époux. — La galanterie.
. — Beaucoup de circonstances organiques ou morales, l’action du haschich46, du datura, de l’opium, le voisinage de l’apoplexie, diverses maladies inflammatoires, diverses altérations cérébrales, bref une quantité de causes plus ou moins éloignées ou prochaines peuvent ainsi fortifier telle image ou telle série d’images jusqu’à annuler la sensation spéciale répressive, et partant amener l’hallucination. — Mais, si dans tous ces cas l’illusion circonscrite par les réducteurs secondaires est à la fin détruite par le réducteur spécial, on rencontre un plus grand nombre de cas où le contraire arrive.
Si vous ne vous en souvenez pas, je vais m’en souvenir pour vous : écoutez, et reconnaissez vos impressions physiques et morales dans les miennes.
XV Il fut fasciné par Werther ; mais, par un phénomène moral très connu chez les grands artistes comme Goethe, pendant que le livre incendiait le monde l’auteur resta froid.
De grandes armées permanentes sont l’institution la plus fatale à la liberté et au pouvoir tout moral des lois.
Non moins que les précédents, il a contribué à porter le prestige intellectuel et moral de la France jusqu’aux extrêmes limites du monde civilisé… C’est aussi le siècle de la science, des plus grandes inventions et de la découverte du continent africain… Sans doute, le progrès ouvre bien des abîmes, comporte une énorme rançon, mais n’est-ce pas, comme le disait Jaurès, l’honneur de l’homme que de chercher à gravir les plus hautes cimes, au risque même d’y être foudroyé ?
C’est un premier trait du rhéteur, dans Massillon, que de négliger le dogme et les mystères, et de donner toute la place à l’enseignement moral.
Ce qui manque dans ce drame, c’est tout motif intérieur, moral.
L’élite intrépide a absorbé la troupe indécise, le choix moral a prévalu sur le chiffre brut.
Pour transporter dans le domaine intellectuel ce que Kant applique au domaine moral, nous dirons que chaque citoyen de la société humaine doit se faire en même temps législateur, c’est-à-dire promulguer dans sa pensée les lois de la commune logique136.
« L’on peut dire de René Ghil comme du grand précurseur romantique : Il a renouvelé l’imagination, la matière poétique Française… « Il est le poète épique et lyrique du Cosmisme, de l’Ecoulement des Choses, des grands Etres indivis, stellaires et telluriques, des Espèces, de l’Humanité, des Races, des Peuples, des Morales, des Systèmes, des Sociologies améliorantes.
Un homme admirable, après tout, ce Paul de Kock, pour avoir appris au public la révolution des légendes Pitt et Cobourg, pour avoir immortalisé poncivement tous ces types consacrés qui traînent dans les mémoires idiotes, toutes ces vieilles connaissances du préjugé populaire, tous ces personnages du drame salé de gros rires et de larmes bêtes : l’émigré hautain, le jeune républicain sentimental, platonique et honnête, la femme, adultère déesse de la liberté, le portier dénonciateur dont le caractère moral est une queue de renard à son bonnet… Oh !
Il me dit que chez eux, comme en Russie, on passe de l’hiver à l’été, sans transition ; il ajoute que cette privation de printemps a une grande influence sur le moral allemand, et que l’absence de cette jouissance indicible dans la vie allemande, doit beaucoup contribuer à la mélancolie locale.
morales vraies, dogmes faux.
Soyons raisonnables ; il me semble que cela vaut bien quelques opéra qui sont des ouvrages très-modestes, & presque moraux en comparaison de ceux que je cite.
ce moment est court, le paradoxe littéraire, conséquence du paradoxe moral, l’emporte, et le poète retombe de l’amour dans l’ironie.
Ma physionomie en fut modifiée ; la légèreté un peu évaporée de l’enfance y fit place à une gravité tendre et douce, à cette concentration méditative du regard et des traits qui donne l’unité et le sens moral au visage.
« et moral » ajoutait Breton.
On conçoit donc que l’oubli consécutif à un choc, physique ou moral, comprenne les événements immédiatement antérieurs, — phénomène bien difficile à expliquer dans toutes les autres conceptions de la mémoire.
Adolphe va en être mieux connu ; ses origines morales vont s’en éclairer, hélas ! […] Si des inquiétudes morales sur presque tous les objets sans exception ne me tuaient pas, et surtout si je n’éprouvais, à un point affreux que je n’avoue qu’à peine à moi-même, loin de l’avouer aux autres, de sorte que je n’ai pas même la consolation de me plaindre, une défiance presque universelle, je crois que ma santé et mes forces reviendraient.
Après avoir affaibli, tant qu’il a pu l’affaiblir, le féroce caractère de Don Juan, Thomas Corneille devient tout d’un coup grave, sentencieux, moral, et il s’écrie, dans son épouvante, par la bouche de Sganarelle : …… Je veux me rendre ermite. […] C’est alors que la France comprit combien elle devait de reconnaissance aux deux maîtresses de Louis XIV ; aussi ne furent-elles jamais insultées, que je sache, ni dans les histoires, ni dans les salons, ni dans les livres, ni au théâtre, et le duc de Saint-Simon lui-même en parle avec toute la considération que peut avoir un grand seigneur pour des faiblesses si permises ; il était réservé au théâtre de l’Ambigu-Comique d’être plus sévère et plus moral que le xviie siècle et le siècle suivant, et de faire justice de La Maintenon, de La Vallière et de La Montespan.
Elle nous montre l’interdépendance du physique et du moral, la nécessité d’un certain substratum cérébral pour l’état psychologique, rien de plus. […] L’avènement des sciences morales, le progrès de la psychologie, l’importance croissante de l’embryologie parmi les sciences biologiques, tout cela devait suggérer l’idée d’une réalité qui dure intérieurement, qui est la durée même.
Nous ferons successivement paraître, avec le même soin et la même fidélité, les autres volumes dont voici les titres : Récits moraux et tragiques ; Mélanges et propos littéraires ; Le VIIe Livre des Stances, déjà connu, mais qui n’a pas encore été réuni à ses œuvres complètes ; nous y ajouterons des fragments d’Ajax et quelques vers inédits. […] Il ouvrit l’exemplaire des Confessions qu’il portait toujours sur lui, et il tomba sur ces paroles : Les hommes s’en vont admirer la hauteur des montagnes, les grandes agitations de la mer, le vaste cours des fleuves, la circonférence de l’Océan, les évolutions des astres et ils s’oublient eux-mêmes… Mon Secret est un dialogue moral dans la manière des anciens, avec quelques vestiges de ces allégories en vogue durant le Moyen Âge, de ces allégories semi-païennes, semi-chrétiennes, dont la Renaissance garda le goût assez tard. […] Cependant, le véritable génie de ce grand poète ne se découvre entièrement que dans ses Odes sublimes, et dans ses compositions morales, d’une gravité inspirée.
Barbier n’est pas le nôtre ; nous avons toujours séparé, nous séparerons toujours les lois morales et les lois poétiques ; mais quelle que soit la mutuelle indépendance du devoir et de la poésie, la poésie, en méconnaissant le domaine du devoir, méconnaît son propre domaine ; dès qu’elle abandonne la région des sentiments pour la région des sens, le théâtre idéal pour le théâtre matériel, elle se condamne à la médiocrité ; dès qu’elle préfère les luttes musculaires aux luttes de la conscience, elle oublie sa mission et n’est plus qu’un exercice indigne d’occuper les esprits élevés. […] Or, le conseil du législateur athénien n’est pas moins utile dans l’ordre littéraire que dans l’ordre moral ou politique. […] L’histoire et la philosophie se prêtent aussi bien que la poésie à toutes les grâces de la langue ; mais l’histoire et la philosophie proprement dites sont représentées à l’Académie des inscriptions et à l’Académie des sciences morales.
Mille affinités morales semblent le rattacher à l’Islam. […] Viaud, non que je prétende comparer le chef-d’œuvre du romancier anglais à la relation du marin français ; mais si son naufrage ne vaut ni comme conséquences littéraires ni comme enseignement moral celui de Robinson, il ne mérite pas moins qu’on en rapporte en abrégé les circonstances principales. […] C’est ainsi qu’en constatant, par exemple, que la liberté et la licence régnaient souverainement à Venise, vous n’y remarquez guère d’inconvénients, puisque ce relâchement des morales publiques et privées fait justement de Venise la plus tranquille des villes.
Il est impossible, je crois, d’expliquer, avec un plus vif sentiment de la réalité, tout le mécanisme moral des personnages d’une fiction, ni de mieux mettre au jour l’âme cachée et toujours jeûne d’un chef-d’œuvre ancien. […] Elle fait songer aux dissertations amoureuses et morales de la Clélie ou du Grand Cyrus, aux portraits de La Bruyère et des grands sermonnaires. […] Doucet ait eu, à réussir comme il a fait, un mérite moral autant que littéraire. […] Vous vous les rappelez, ces mots si vrais et presque effrayants, mais dont la signification semble échapper à ceux qui les prononcent, ces énormités morales que des gens d’excellente éducation et qui ne sont point des coquins débitent d’un air tranquille ; qui vous ouvrent des jours subits jusque dans les dernières profondeurs de la sottise et de l’hypocrisie humaine, et qui font qu’on rentre en soi-même avec effarement, qu’on se demande si on ne les dirait pas, ces mots-là, et qu’on n’est plus bien sûr d’être un honnête homme. « Résistez, Clotilde, résistez, dit Lafont. […] Vous imiterez, autant qu’il vous sera possible, la langue de Molière et le tour de son dialogue. » Et je tâchais d’exciter sur ce dénouement optimiste et moral les huit bancs somnolents (il y en avait huit) où s’alignaient les boules rases ou chevelues, les tuniques fatiguées des internes, les vestons et les cravates à pois des externes riches, les tailles dégingandées, les mains rouges, et les bonnes têtes pas jolies, aux traits ébauchés et comme transitoires, des adolescents en plein âge ingrat.
Si le bombardement n’a d’effet utile que sur le moral de l’assiégé, et si l’on ne recourt à ce moyen barbare que pour épouvanter l’imagination, il me paraît que les Prussiens perdent leur poudre à ce jeu sanglant. […] À ce point de vue, Molière est moral et très moral.
Pierre-Paul-Jacques Beuvron, membre de l’Institut (section des sciences morales et politiques), auteur des Mythologies comparées (6 vol. in-8º) et d’un Essai sur la cellule primordiale (1 vol. in-8º avec planches), ouvrages qui se sont vendus difficilement en France, mais qui ont obtenu un débit considérable en Allemagne et en Angleterre, était bien certainement une créature angélique égarée sur la terre. […] Mario Uchard est une œuvre qui, sous un aspect fantaisiste, cache un plaidoyer philosophique, je n’ose pas dire moral, malgré sa forme d’une légèreté plus apparente que réelle. […] À toutes les fatigues morales et physiques, il joignait l’habitude de se droguer à la manière anglaise, ce qui était encore plus dangereux peut-être que le reste.
Il y a une Providence ; les désordres physiques et moraux n’en contredisent pas la notion : ce que nous regardons comme des maux n’est tel que dans notre imagination ; quand ils seraient ce qu’ils nous paraissent, nous ne pourrions nous en prendre aux dieux, qui ont placé sous nos mains tant de moyens pour nous en délivrer. « Si vous souffrez, c’est que vous voulez souffrir : vous échapperez à la mauvaise fortune quand il vous plaira ; mourez. » Ce traité est dédié au même Lucilius à qui les Lettres sont adressées ; c’est la solution d’une grande difficulté. […] Sénèque, le même dans ses livres sur la physique que dans ses ouvrages moraux, vous offrira des idées ingénieuses et fines, des élans hardis et lumineux, toujours voisin de la vérité, qu’il touche ou qu’il côtoie, lorsqu’il marche sans autre guide que son génie. » XCVI.
Deux volumes, publiés par Ranieri, contiennent les poésies, les œuvres morales au complet, augmentées de plusieurs dialogues et de pensées inédites, et quelques traductions.
Le résultat de cette vaste époque effervescente à son lendemain et auprès des esprits rassis, judicieux, critiques, qui l’embrasseraient par la lecture, devait être naturellement le doute, au moins le doute moral, philosophique ; et de toutes parts le xvie siècle finissant l’engendra.
Aspect physique et caractère moral de Versailles.
Je les considérais tous deux, l’un comme un grand galion espagnol, et l’autre comme un vaisseau de guerre anglais ; maître Jonson, comme le galion, était exhaussé en savoir, solide, mais lent dans ses évolutions ; Shakspeare, comme le vaisseau de guerre anglais, moindre pour la masse, mais plus léger voilier, pouvait tourner à toute marée, virer de bord, et tirer avantage de tous les vents par la promptitude de son esprit et de son invention. » Au physique et au moral, voilà tout Jonson, et ses portraits ne font qu’achever cette esquisse si juste et si vive : un personnage vigoureux, pesant et rude ; un large et long visage, déformé de bonne heure par le scorbut, une solide mâchoire, de vastes joues, les organes des passions animales aussi développés que ceux de l’intelligence, le regard dur d’un homme en colère, ou voisin de la colère ; ajoutez-y un corps d’athlète, et vers quarante ans, « une démarche lourde et disgracieuse, un ventre en forme de montagne109. » Voilà les dehors, le dedans y est conforme.
Cette fiction charmante, qui touche au caractère moral de la musique et à la constitution physique de l’échelle sonore, contient des vérités fondamentales qui ont été confirmées depuis par des expériences plus rigoureuses et entrevues dans l’antiquité par Pythagore.
Voici pourquoi : XI Le règne si moral de l’infortuné Louis XVI avait fait, par suite des mauvais conseils d’un vieux ministre, une grande faute de moralité et une offense mortelle à l’Angleterre : cette faute était d’avoir pris en main la cause de l’insurrection civile des colonies anglaises de l’Amérique du Nord contre la mère patrie ; c’était d’avoir pris en main cette cause en pleine paix, c’est-à-dire déloyalement et en contravention avec le droit des gens, politique indigne d’un roi honnête homme et d’une nation qui se respecte dans sa parole, politique qui déclare de bouche la paix à la nation britannique, et qui attise d’une main cachée la plus malfaisante des guerres, la guerre civile, la guerre d’insurrection, la guerre filiale contre la nation avec laquelle on simule la loyauté et la paix.
« J’avais désiré et j’ai obtenu que cet ensemble offrît l’aspect sévère et simple d’un tableau flamand, et j’ai pu ainsi faire sortir quelques vérités morales du sein d’une famille grave et honnête ; agiter une question sociale, et en faire découler les idées de ces lèvres qui doivent les trouver sans effort, les faisant naître du sentiment profond de leur position dans la vie.
Ce n’est point la vanité qui m’arrache ces tristes réflexions ; je les fais pour rendre grâce à Dieu, dont la puissante protection ne m’a jamais manqué, parce que je l’ai toujours imploré au milieu de mes angoisses. » Ce mélange de scélératesse et de dévotion sincère donne à ce temps un caractère de pittoresque moral qui n’éclate jamais mieux que dans ce naïf scélérat.
Nos défauts moraux ou physiques influent beaucoup sur notre humeur, et sont souvent la cause du tour particulier que prend notre caractère.
« Il en est nécessairement de même des vertus morales.
J’ai évité de le répandre sous cette forme, me défiant d’une traduction incomplète et imparfaite, et craignant de demander aux personnes qui veulent bien s’occuper de mes écrits un jugement prématurée Mais, peu de temps après, j’ai lu cet essai, sous sa première forme, à l’Académie des sciences morales et politiques ; il, y fut écouté avec une attention bienveillante qui m’encourage et dont je m’honore.