C’est afin d’obéir à cette nécessité logique, que je crois devoir vous indiquer, dès ce moment, la série des considérations fondamentales qui ont donné naissance à ce nouveau cours, et qui seront d’ailleurs spécialement développées, dans la suite, avec toute l’extension que réclame la haute importance de chacune d’elles. […] Sans parler de la durée matérielle d’une entreprise semblable, il est clair qu’une pareille prétention serait insoutenable de ma part, et je crois pouvoir ajouter de la part de qui que ce soit, dans l’état actuel de l’éducation humaine. […] On croyait, il y a encore peu de temps, avoir expliqué la vision, en disant que l’action lumineuse des corps détermine sur la rétine des tableaux représentatifs des formes et des couleurs extérieures. […] En effet, les divisions que nous établissons entre nos sciences, sans être arbitraires, comme quelques-uns le croient, sont essentiellement artificielles. […] Ce n’est pas aux lecteurs de cet ouvrage que je croirai jamais devoir prouver que les idées gouvernent et bouleversent le monde, ou, en d’autres termes, que tout le mécanisme social repose finalement sur des opinions.
Smith, qui a traité de la formation des langues, n’hésite point à croire que l’adjectif a dû précéder le substantif. […] Cependant je le crois un des génies les plus investigateurs qui aient jamais paru. Au reste, l’invention d’une langue lorsque déjà il en existe, ne prouve rien ; et je sais qu’il en est dans l’Inde qu’on croit avoir été inventées. […] Degérando croit qu’il suffit que l’homme ait été doué de la faculté de la parole pour qu’il ait pu s’élever successivement et graduellement à l’invention du langage. […] Ce savant et laborieux archéologue croit avoir trouvé que l’institution du langage remontait au signe, et que la parole sortait de la puissance même du signe.
On ne le croit pas. […] Tout esprit successif est enclin à croire à la réalité des métaphores. […] Le plagiaire est ignorant et croit tout le monde ignorant ; ou bien il sait, et alors la vanité lui fait croire qu’il est seul à savoir. […] Si le symbolisme avait été aussi étroitement lié au vers libre que le croit M. […] Je crois qu’il faut distinguer.
L’Étoile nous l’apprend, sous la date du 19 mai 161019 : sa mère, au début de sa régence, avait cru signaler merveilleusement son pouvoir en lui faisant, donner le fouet pour n’avoir pas voulu prier Dieu. […] Les historiens ont-ils pu croire un tel fait sans conséquence, un tel outrage sans ressentiment ? […] On l’en contrerait, je crois, plus juste, en l’attribuant à l’esprit du moment, au dégoût généralement répandu pour l’incontinence, l’horreur des scandales, à la profonde appréhension (les conséquences que la vie et la mort de Henri IV avaient répandues dans les âmes délicates. […] Il y a lieu de croire cependant qu’on y reçut Madeleine de Scudéry, âgée de treize ans seulement, en 1620, mais qui était du même âge que Julie de Rambouillet, et avait assez d’esprit pour être sa compagne. […] Il ne faut pas en croire Les Visionnaires de Desmarets.
Dans le fait, le 4 de mars, dans le moment que l’Europe le croyait le plus occupé des plaisirs du carnaval, il se trouve à la tête des armées de Flandre, commandées par les maréchaux d’Humières et de Luxembourg. […] Vous croirez bien, vous qui me connaissez, que l’on ne s’en défait pas aussi aisément. Quand nous aurons vu le roi, je vous écrirai le jour que M. du Maine et moi partirons, etc. » La même lettre, dans l’édition de Nancy, renferme ces mots : « Ne vous croyez point mal à la cour, nous nous y soutiendrons. » Ce que madame de Maintenon attendait du roi était un accueil bienveillant, pas autre chose. […] Comment le croire aussi éclairé et aussi élevé qu’il était piquant, lorsqu’on la voit confondre les empressements du roi voluptueux, au moment d’un retour après une longue absence, avec un de ces retours de tendresse et d’affection qui attestent les douces et vives sympathies des âmes délicates et des intelligences élevées ? […] « Les avis d’une amie aimable, lui disait-elle, persuadent plus que ceux d’une sœur sévère. » Elle ajoutait : « Croyez-moi, ma belle demoiselle, car vous ne cesserez jamais de l’être, les intrigues de la cour sont bien moins agréables que le commerce de l’esprit.
Croiroit-on que l’homme de tous les âges, de toutes les Nations, le Poëte de la Nature, le Génie peut-être le plus original qui ait paru dans le Monde Littéraire, ait trouvé dans notre Siecle des détracteurs ? Croiroit-on que, parmi ses détracteurs, le plus acharné soit précisément celui qui en eût dû le mieux sentir tout le mérite, M. de Voltaire ? […] Mais quand on le voit, dans différentes Brochures, réduire tantôt à trente les bonnes Fables de l’Esope François, tantôt à une cinquantaine, & en dernier lieu * lui en accorder, comme par grace, quatre-vingt ; quand on lui entend dire que ce Poëte n’a rien inventé, qu’il n’a qu’un style, qu’il écrivoit un Opéra du même style dont il parloit de Jeanot Lapin & de Rominagrobis ; que son génie n’étoit nullement propre à la Poésie sublime, & que tout cela pouvoit excuser Boileau de n’avoir pas fait mention de lui, & de ne l’avoir jamais compté parmi ceux qui fai soienthonneur au Siecle de Louis XIV ** : il est impossible de ne pas croire que, dans une critique aussi peu judicieuse, il n’a eu d’autre objet que de s’égayer par des paradoxes. […] Content de ses douceurs, errant parmi les bois, Il regarde à ses pieds les favoris des Rois ; Il lit au front de ceux qu’un vain luxe environne, Que la Fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne. […] Le dédale des cœurs en ses détours n’enserre Rien qui ne soit d’abord éclairé par les Dieux : Tout ce que l’homme fait, il le fait à leurs yeux, Même les actions que dans l’ombre il croit faire.
nous excusons facilement bien des genres d’illusion dans un homme, et l’illusion de la jeunesse, et l’illusion de l’admiration pour l’être supérieur qui fascine jusqu’au point de faire croire qu’on est digne d’en écrire la vie, et l’illusion même du plus mince talent, dont les premières révélations portent dans l’âme un trouble qui ne manque pas de grâce quoique demain cela doive être de la vanité ; mais à laquelle de ces illusions innocentes devons-nous l’histoire d’Émile Bégin ? […] Croyez-le ! […] Il y démontre jusqu’à l’évidence, et par l’esprit même de ces institutions, qu’elles ne furent point la fantaisie d’un homme phénoménal, qui ne se croyait que la vaine durée d’un phénomène, mais qu’elles étaient plutôt l’expression des besoins d’un peuple et la modification nécessaire de son passé. […] Quand il tomba, on la crut manquée. On la crut vaine.
Pour celles de Pascal, la Haine se chargeait de leur gloire, et elle leur en coulait une dans un tel bronze qu’aujourd’hui même nous ne conseillerions point à la Critique, si elle ne voulait pas se voir jeter dans sa propre fournaise, de toucher à ce livre accepté comme un chef-d’œuvre, quoiqu’il soit vrai pourtant de dire que le comique en a vieilli et qu’on n’y trouve jamais que la même ironie, ramenée et répétée… le croira-t-on ? […] Ainsi, plus tard, au xixe siècle, n’avons-nous pas vu l’étrange fortune de ce petit roman d’Adolphe, si horriblement sec de fond et de forme, et dont personne n’eût parlé peut-être si l’auteur, plus roué qu’on ne croit, n’eût intéressé la fatuité humaine à la réussite de son ouvrage ; car tout homme, en disant que ce livre est vrai, ne semble-t-il pas révéler qu’il a connu le friand tourment d’une Ellénore ? […] À en croire les Mémoires de Saint-Simon et de Duclos, c’était même un assez pauvre homme, officier général, il est vrai, mais qui n’avait pour toute poésie (car c’en est une !) […] Eh bien, le livre où vous croyez trouver ces choses, il est là, dans vos mains, et vous n’y voyez rien de plus qu’une femme qui pleure en se regardant pleurer, comme dans toutes les romances ! […] Nous n’y croyons pas.
On l’a vu s’acoquiner jusqu’à la jupe de madame Sand, avec qui, je crois, il a fait Cadio et Les Messieurs de Bois-Doré. Et je dis, moi : je crois… mais le monde n’en sait rien. […] Son livre, qui n’est, du reste, que le commencement d’une série de romans à publier sous ce titre : Les Chevaliers de l’Esprit, n’est point, comme on pourrait le croire, une œuvre d’art et de nature humaine désintéressée : c’est un livre d’apostolat et de propagande. […] Mais des Chevaliers de l’Esprit, il n’y en a eu que dans la tête de Meurice, que voilà obligé de nous apprendre ce qu’il entend par là dans l’introduction de son livre ; et, ce qu’il entend, le croiriez-vous ? […] (car ils rêvent de Shakespeare, de la divinité de Shakespeare, tous ces poétereaux romantiques qui ne croient pas à la divinité de N.
« Notre empereur, dit-il, est d’autant plus grand, qu’il croit n’être qu’un citoyen comme nous. […] Que les bienfaits du prince soutiennent ceux que la confiance de ses vertus a fait naître ; négliger le peuple pour les grands, c’est croire que la tête peut subsister en affamant le corps ; c’est hâter la chute de l’État30. […] « Vos prédécesseurs aimaient mieux voir autour d’eux le spectacle des vices que des vertus ; d’abord parce qu’on désire que les autres soient ce qu’on est soi-même ; ensuite parce qu’ils croyaient trouver plus de soumission à l’esclavage, dans ceux qui ne méritaient en effet que d’être esclaves34. […] « Prince, pour juger des hommes, rapportez-vous-en à la renommée ; c’est elle qu’il faut croire, et non pas quelques hommes : car quelques hommes peuvent et séduire, et être séduits, mais personne n’a trompé un peuple entier, et un peuple entier n’a jamais trompé personne37. […] Il importe encore plus, je crois, d’être bon citoyen, qu’excellent orateur ; et s’il est utile de ne pas corrompre le goût, il vaut encore mieux ne pas corrompre les hommes et les princes.
Il crut, et il nous fît croire, à force de talent, que la Renaissance fut une monstrueuse goguette. […] Elle croyait monter. […] Je crois qu’il se porte bien. […] Vous croyez ? […] Notre auteur croit qu’il faut en rabattre.
Certains littérateurs croient trouver là une voie nouvelle et s’y dirigent à tâtons. […] Décidément, pensait Daudet, il croit qu’il est mon Roumestan ! […] Je croyais avoir fait autre chose ! […] Je m’arrête ; on croirait que j’invente. […] Il croyait tomber dans la fissure vertigineuse d’une montagne ouverte par des éruptions anciennes.
Son Homme de bien, en trois actes, dont bien des scènes sont agréablement versifiées, n’a rempli qu’imparfaitement l’attente du public et, nous le croyons aussi, l’espoir de l’auteur lui-même. […] On est tenté de croire que c’est le premier caractère que M. […] S’inquiète-t-on bien d’être en règle avec sa conscience, de se croire en sûreté de ce côté-là ? […] Les jeunes gens du jour ont ce travers commun D’affubler leur candeur d’un vêtement d’emprunt, De faire les lurons à qui rien n’en impose, Et dont l’œil voit d’abord le fond de toute chose ; De ne pas sembler neufs sottement occupés, Ils mettent de l’orgueil à se croire trompés, Perdant ainsi, pour feindre un peu d’expérience, La douceur d’être jeune et d’avoir confiance !
Je crois qu’il seroit inutile d’exposer dequel poids est ici l’autorité de Tite-Live, et de faire voir que tous les raisonnemens possibles ne doivent pas balancer un moment sa déposition, il n’y aura personne qui ne sente bien cette verité. […] On fera refléxion que ces endroits d’une piece dramatique que les anciens appelloient des cantiques, sont ordinairement les endroits les plus passionnez, parce que l’acteur qui se croit dans une entiere liberté, y donne l’effort à ses sentimens les plus secrets et les plus impétueux qu’il contraint ou qu’il déguise dans les autres scénes. […] Mais d’autant qu’il est impossible que bien des gens ne la trouvent pas étrange, je crois à propos de rapporter encore quelques passages des auteurs anciens, qui disent la même chose que Tite-Live. […] Suivant les apparences, on choisissoit un chanteur dont la voix approchât, autant qu’il étoit possible, de la voix du comédien, et l’on peut croire qu’il n’étoit plus possible de reconnoître les deux voix et de les distinguer quand elles avoient passé par le masque.
L’auteur des Œuvres et des Hommes n’a jamais eu à subir comme les orateurs de métier la tyrannie toujours abaissante d’un auditoire, qu’ils croient mener et qui les domine, même les plus fiers ! […] Il ne croit qu’à la Critique personnelle, irrévérente et indiscrète, qui ne s’arrête pas à faire de l’esthétique, frivole ou imbécile, à la porte de la conscience de l’écrivain dont elle examine l’œuvre, mais qui y pénètre et quelquefois le fouet à la main, pour voir ce qu’il y a dedans… Il ne pense pas qu’il y ait plus à se vanter, d’être impersonnel que d’être incolore, — deux qualités aussi vivantes l’une que l’autre et qu’en littérature, il faut renvoyer aux Albinos ! […] Il a cru mieux faire et attirer sur son œuvre un intérêt plus grand, en commençant la publication qu’il prépare par l’examen des livres les plus actuels, quitte à se replier plus tard sur les plus anciens, les éditions nouvelles offrant une occasion toute naturelle d’en parler. […] On se croit bien obligé de dire cela à ceux qui s’étonneraient de voir aujourd’hui, dans ce premier volume consacré aux Philosophes du xixe siècle, M.
Paul Valéry ne sont pas les dangereux novateurs que parfois l’on semble croire. […] Je crois donc qu’il faut renoncer à tout expliquer par cette assimilation paresseuse. […] On l’a cru, il l’a cru peut-être, car tout homme est pervers. Pour moi, je ne le crois pas, ou ne le crois qu’à moitié. […] Plus leur poésie est prose, plus ils la croient poésie.
Mes fleurs tombaient et je croyais les sentir remplacées par des fruits d’intelligence. […] On se croit capable de ce qu’on rêve, et ce que je rêvais n’était-il pas en effet le plus beau drame historique des temps connus ? […] On croit voir les Gracques, les Marins et les Sylla aboutir aux Césars. […] Je crois que la jeune fille de l’entrepreneur Duplay, hôte de Robespierre, avait eu la pensée de devenir l’épouse du jeune et beau proconsul, fanatique séide de ce Mahomet d’entresol, quand la révolution que Robespierre croyait accomplir serait enfin close par cette bergerie plébéienne et sentimentale que Saint-Just et son maître croyaient établir à la place des inégalités nivelées et des échafauds abolis. […] Je ne crois plus que Danton ait voulu les massacres de septembre.
C’est possible ; mais j’ai toujours cru que la peinture n’était pas un défaut dans ces tableaux écrits qu’on appelle la grande histoire. […] Tantôt il veut acheter les applaudissements des tribunes et croit que la nation lui sera vendue avec eux. […] Accueillie avec enivrement par une cour orgueilleuse et une nation ardente, elle avait dû croire à l’éternité de ces sentiments. […] On affecta de croire que j’avais voulu par ce mot donner un caractère d’impudicité à la conduite de la reine. […] Elle est hardie, mais je la crois plus vraie en 1791 que la timide circonspection des Girondins.
Quant aux moyens plus… propres et plus élégants de venir en aide aux jeunes écrivains, je crois qu’il n’y en a qu’un. […] Il sera, je crois, toujours raisonnable de penser qu’un écrivain ne mérite pas qu’on le récompense de bien écrire… si l’on ne récompense pas un maçon de bien maçonner. […] Voilà mon sentiment sincère, et — je crois bien — celui de tous ceux qui voient dans l’Art autre chose qu’un outil d’arrivisme. […] Je crois que d’ici peu, les prix ne serviront de rien auprès des lecteurs, et qu’on y renoncera. […] Vraiment le plus pressant de nos devoirs est encore de dire aux jeunes : « Vous avez choisi cette carrière, vous la croyez séduisante.
On croyait à une escarmouche de plume, à un feuilleton de combat des Débats, sur n’importe quel thème, à un spirituel engagement de l’écrivain orléaniste avec le nouveau César. […] À deux heures, Simon arrive : « Voici, c’est fait… » Elle ne veut pas de brancard pour partir : « Je croirais être morte ! […] J’ai cru voir au Cirque l’esclave qui recevait les corps des gladiateurs, — et lui aussi reçoit les tués de ce grand cirque : la société. […] Non, je ne puis le croire ! […] Je crois aussi qu’il ne faut pas s’attarder dans la littérature d’imagination, au-delà de certaines années, et qu’il est sage de prématurément choisir son heure pour en sortir.
Elles sont, au contraire, comme un voile qui s’interpose entre les choses et nous et qui nous les masque d’autant mieux qu’on le croit plus transparent. […] Quand on croit savoir en quoi consiste l’essence de la matière, on se met aussitôt à la recherche de la pierre philosophale. […] Cette idée, les uns croient que l’homme la trouve toute faite en lui dès sa naissance ; d’autres, au contraire, qu’elle se forme plus ou moins lentement au cours de l’histoire. […] D’emblée, il croit pouvoir énumérer les principaux agents à l’aide desquels elle a lieu et les passer en revue. […] Bien loin d’admettre que ces sentiments relèvent de la science, c’est à eux que l’on croit devoir s’adresser pour faire la science des choses auxquelles ils se rapportent.
Quinet a toujours cru pouvoir beaucoup. […] Lui, il a toujours cru qu’il l’avait. […] C’est un Allemand, né en France, dont l’érudition est allemande, la science allemande et qui a la naïveté allemande de croire nous donner des poèmes épiques en français.
Préface de la seconde édition Le bon accueil fait à la première édition de cet ouvrage, depuis longtemps épuisée, me permettait de croire qu’une seconde était nécessaire. […] L’invitation de mes honorables éditeurs, derrière lesquels j’ai cru voir le public, a vaincu mes scrupules. […] Qu’il me soit permis d’ajouter que je ne crois pas avoir fait tort à la littérature de mon pays, en l’admirant comme l’héritière des deux littératures universelles, et en lui reconnaissant pour trait distinctif, pour titre d’hoirie, la supériorité de la raison.
C’est qu’il ne croit pas à l’immortalité en effet, c’est qu’il ne croit qu’à la poussière et à la cendre. […] Il est vrai que ce morceau me prépare bien de l’ouvrage, car je crois le Canada tout aussi policé que cette Pomérellie. […] Tels sont encore la plupart des axiomes de morale, lesquels reçoivent une caution plus forte aux yeux de ceux qui croient à une religion. […] Ce temps est encore très éloigné, les peuples ne sont pas encore induits par les raisonnements ; mais je crois qu’on peut, avec un œil observateur, entrevoir le germe que ces nouveautés préparent. […] Il se peut que je me trompe, mais je le crois rempli du désir et du zèle à faire le bien ; mais n’ayant pas de génie et de connaissances, il ne sait comment s’y prendre.
Il a cru que cela tenait à une absence de hautes croyances dont il s’est plu à s’attribuer l’honneur. […] Il en croira, par exemple, M. […] Je crois que la vie y gagne et que la grandeur vraie n’y périt pas. […] Crois-tu qu’elle ne se retremperait pas éternellement à cette source funeste ? […] Dans quel siècle l’auteur croit-il donc vivre ?
J’ai cru et je crois encore payer une dette délicate, remplir un devoir de politesse et d’honneur comme de justice, envers des personnes rares, si brillantes à leur heure, si fêtées et méritant de l’être, mais dont la mémoire, pour peu qu’on néglige d’en recueillir avec quelque précision les témoignages et les traits distinctifs, se dissipe de loin, s’efface peu à peu et s’évanouit. […] Croira-t-on que ce jeune enfant ait tiré à dessein sur son précepteur le coup de pistolet ou de fusil qui le tua par mégarde à la chasse ? […] Il ne faudrait pas croire, sur la foi d’amis un peu trop complaisants, qu’il n’eût pas eu dans le principe de grandes visées, et un peu démesurées peut-être. […] Ce serait juger trop vite que de croire Mme de Boufflers déraisonnable et légère parce qu’elle soutenait quelquefois en causant des thèses un peu étranges. […] Je trouve que l’opinion générale de tous ceux qui se croient le mieux informés est qu’une résolution sera prise en votre faveur, et que cette résolution probablement aura son effet.
Tout le reste, que nous y ajoutons de notre cru, n’est qu’invention et surcharge, pure broderie. […] mais qu’aimait-il donc ce gai compère, si cru dans son humeur, si ferme et si rond dans son bon sens, si exclusif dans ses jugements ? […] Je vous ai dit à l’oreille le secret de sa vanité : servez-vous continuellement de ce secret que je crois infaillible pour votre avancement. […] Bonhomme a cru devoir nous donner des fragments de ces Commentaires à la suite de la Correspondance. […] Là où l’on a cru voir de l’amertume chez Collé critique, il n’y a que de l’antipathie, ce qui est fort différent.
M. de Cayrol a vécu quelque temps en Picardie, il est membre et a été chancelier de l’Académie du département de la Somme ; il n’en a pas fallu davantage pour enflammer chez lui une prédisposition qu’on peut croire préexistante et comme innée. […] Ceux qui ont tant parlé de goût au nom des classiques, dont ils se croyaient les seuls défenseurs, ont eu souvent ce tort et commis cette petite inconséquence. […] Le pauvre poëte défunt pourrait revenir et, devant ce tombeau refleuri, se croire encore à son heure de triomphe et de fête. […] Je ne le crois pas, et pourtant je vais refeuilleter sa vie et ses ouvrages avec M. de Cayrol, me bornant à toucher quelques traits çà et là. […] C’est le poëte des Grâces, et il a prouvé qu’il pouvait être autre chose, de moins parfait à la vérité, mais qu’on croyait incompatible avec tant d’agréments et de légèreté.
Il sera disposé à croire que, pour avoir la véritable clef de cette érudition, il faut être du Midi. […] Raynouard n’était pas si loin de l’à-propos qu’on le croirait quand on l’a vu un peu agreste et rustique de forme, venant tard, de loin, marchant un peu lourdement et avec des souliers un peu gros. […] Cela n’aboutit pas, mais le début fut brillant, et l’on crut voir se lever un étendard. […] C’est que le succès prolongé au théâtre n’appartient point à tel ou tel genre qu’on croit neuf, mais au talent seul qui anime et fertilise les genres et les sujets. […] On vient de voir que, si c’était là une hardiesse, Raynouard crut devoir aussitôt la racheter par la plus énorme louange : mieux valait rester tout d’abord dans la justesse.
Une nuit, un coup de canon vint donner contre l’endroit où il était appuyé, et le couvrit de terre : « On crut que j’étais tué, mais j’en fus quitte pour la peur. » Ainsi Gourville n’est pas une nature héroïque ; il a même de légères ironies sur les braves et sur les terreurs paniques dont ils ne sont pas exempts. […] À la bataille de Seneffe, étant à côté du prince de Condé, il reçoit une balle dans sa culotte, et il croit prudent de se mettre à couvert dans une grange, d’où sortent à l’instant deux braves jeunes officiers qui s’y étaient mis, et qui n’y veulent plus rester dès qu’on les y voit. […] Il fit part de son envie à divers officiers et seigneurs du lieu, au marquis de Sillery, gouverneur, à M. de La Mothe, lieutenant de roi et homme fort entendu : Je leur dis que je croyais que l’on pourrait prendre M. […] Ce qu’on croit mieux savoir, et ce qui tire moins à conséquence, c’est que, gaillard et fin comme il était, fort grand et bel homme en son temps, il avait été bien avec Ninon. […] Je le crois tout à fait ; je crois que l’étude morale des caractères en est encore à l’état de la botanique avant Jussieu.
Il faut citer ; on ne me croirait pas : « Ni La Bruyère, — dit doctoralement M. […] » Et vous croyez qu’il va s’arrêter là, cet emporté de M. […] Assurément, je n’ai jamais cru au Prophète inventé par M. […] Cette littérature, qui se croit très libre, est esclave du lecteur qu’elle méprise. […] — embourgeoisé les Saints, ce qui est pis, je crois, que de les encanailler.
Moi aussi je crois. […] Qui le croirait. […] Je le crois aussi. […] C’est à n’y pas croire. […] Je vous crois, mon ami.
Et d’abord, comme premier élément, je rappellerai cette sorte de désaccord entre le moral de l’armée et ses chefs, le soldat ayant la disposition à se croire trahi et perdu, du moment qu’il ne voyait pas Napoléon. […] Ney, à peine arrivé et immédiatement mis à la tête de son corps d’armée, crut avoir, besoin de quelques heures pour se reconnaître, pour prendre idée des troupes qu’il commandait : la lenteur à attaquer dans la soirée du 15 pouvait se réparer aisément le lendemain. […] Il crut à un danger extrême de Ney, et conjurer un désastre lui parut plus important que de décider ou de compléter une victoire. […] Ses soldats, eux, qui y croyaient toujours, se voyant promenés incessamment d’une canonnade à l’autre, frémissaient de se sentir inutiles. […] Le journal s’appelait, je crois, la France.
comme pour se rassurer dans les ténèbres et se fortifier contre lui-même ; vainement il montre de loin à son amie, dans le ciel sombre, la double étoile de l’Âme immortelle et de l’Éternité de Dieu ; vainement il fait agenouiller sa petite fille aînée devant le Père des hommes, et lui joint ses petites mains pour prier, et lui pose sur sa lèvre d’enfant le psaume enflammé du prophète : ni la Prière pour Tous si sublime, ni l’Aumône si chrétienne, ne peuvent couvrir l’amère réalité ; le poëte ne croit plus. […] Il est donc à errer dans ce monde, à interroger tous les vents, toutes les étoiles, à se pencher du haut des cimes, à redemander le mot de la création au mugissement des grands fleuves ou des forêts échevelées ; il croit la nature meilleure pour cela que l’homme, et il trouve au monstrueux Océan une harmonie qui lui semble comme une lyre au prix de la voix des générations vivantes. […] Ce n’est plus croire à la rédemption que de parler ainsi ; c’est voir l’univers et l’humanité comme avant la venue, comme avant Job, comme en ces jours sans soleil où l’esprit était porté sur les eaux. […] On les croit indestructibles, on les laisse sommeiller en soi comme suffisamment assises, et un matin on se réveille, les cherchant en vain dans son âme : elles s’y sont affaissées comme une île volcanique sous l’Océan. […] Nier, douter ou croire ?
Ainsi, le comte de Caylus, dès qu’il eut mis le nez dans les fabliaux, saisi d’un bel enthousiasme, crut y découvrir tout La Fontaine et tout Molière, et se plaignit amèrement du silence obstiné que ces illustres plagiaires avaient gardé sur leurs victimes. […] Nous persisterons donc à croire, jusqu’à démonstration positive du contraire, qu’en matière de poëmes et de romans d’une pareille date, l’aimable conteur était d’une ignorance précisément égale à celle de Marot, de Rabelais, de Passerat, de Regnier et de Voiture ; on pourra même trouver que ces derniers le dispensaient assez naturellement des autres. […] J’avoue qu’a priori cette dernière opinion me répugne ; et, sans être de ceux qui croient à la suffisance absolue de l’instinct en poésie, je crois bien moins encore à l’efficacité de vingt années de veilles, quand il s’agit d’une fable ou d’un conte, dût la fable être celle de la Laitière et du Pot au lait, et le conte celui de la Courtisane amoureuse. […] Son ami, trop humble pour se croire son rival, en continuant de cheminer dans les voies tracées, se contentait d’être le dernier et le plus parfait de nos vieux poëtes. […] Que Boileau n’ait pas rougi d’avancer (comme Monchesnay et Louis Racine l’assurent) que ce style n’appartient pas en propre à La Fontaine, et n’est qu’un emprunt de Marot et de Rabelais, nous répugnons à le croire ; ou, s’il l’a dit en un instant d’humeur, il ne le pensait pas.
Mais je crois qu’en examinant ce qui est particulièrement nécessaire à l’émulation philosophique, on verra pourquoi l’esprit révolutionnaire, pendant qu’il agit, est tout à fait décourageant pour la pensée, comment l’ancien régime abaissait en protégeant, et par quels moyens la république pourrait porter au dernier terme la noble ambition des hommes vers les progrès de la raison. […] Mais, dira-t-on, ce qu’on doit craindre avant tout dans une république, c’est l’enthousiasme pour un homme ; et loin de désirer cette parfaite réunion que vous croyez presque nécessaire, nous recherchons, au contraire, ces instruments de succès qui font des discours, des décrets ou des conquêtes, comme on exercerait une profession exclusive, sans avoir une idée de plus que celles de leur métier. […] On croit assurer davantage l’indépendance d’un peuple, en s’efforçant de l’intéresser uniquement à des principes abstraits ; mais la multitude ne saisit les idées que par les événements ; elle exerce sa justice par des haines et des affections : il faut la dépraver pour l’empêcher d’aimer ; et c’est par l’estime de ses magistrats qu’elle arrive à l’amour de son gouvernement. […] Ce respect balança les destinées, et César ne put se croire le maître que quand cet homme n’exista plus. […] Après avoir examiné les divers principes de l’émulation parmi les hommes, je crois utile de considérer quelle influence les femmes peuvent avoir sur les lumières.
Don Juan s’éloigne avec la jeune fille ; Arlequin ajoute, en les voyant partir : “Pauvre malheureuse, que je le plains de croire aux promesses de mon maître ! […] Don Juan n’en croit rien ; il va la répéter lui-même, et demeure interdit lorsque le commandeur ajoute un oui à son inclination de tête. […] Arlequin donne un soufflet à un autre serviteur qu’il croit coupable du tour qu’on vient de lui jouer. […] — Arrête et ne jure plus ; j’aime mieux te croire sur parole. » Arlequin fait encore une infinité de facéties. […] En introduisant la statue dans la salle du banquet, Don Juan lui dit : “Si j’avais pu croire que tu fusses venu souper, ô convié !
Elle fut un arrêt dans son développement ; tout porte à croire qu’il avait, quand il descendit vers le Jourdain, des idées supérieures à celles de Jean, et que ce fut par une sorte de concession qu’il inclina un moment vers le baptisme. […] Dans son accès de volonté, héroïque, il se croit tout-puissant. […] Colomb a découvert l’Amérique en partant d’idées fort erronées ; Newton croyait sa folle explication de l’Apocalypse aussi certaine que son système du monde. […] Continuons d’admirer la « morale de l’Évangile » ; supprimons dans nos instructions religieuses la chimère qui en fut l’âme ; mais ne croyons pas qu’avec les simples idées de bonheur ou de moralité individuelle on remue le monde. […] Le monde ne le croira pas ; le monde le tuera.
Ce livre, où des pourpres d’incendie cachent mal l’ignominie du maquerellage et l’ignominie du sadisme, a produit un miracle que j’aurais cru impossible : il m’a rendu un instant Adolphe sympathique. […] Un être sans consistance, comme Emma Bovary, comme Bouvard, comme Pécuchet, n’intéresse pas longtemps les hommes et, si l’auteur a l’air de croire que de telles absences d’âmes nient toute l’âme, il ne prouve que son propre vide intérieur. […] Le plaisant, c’est que Matilde Serao s’oublie assez souvent à croire, elle aussi, à la supériorité de Lucie Altimare, et qu’il lui arrive de la proclamer une figure « grande et haute ». […] Parce qu’elle est malheureuse, elle se croit punie, elle se croit criminelle. […] Parfois il croit que Suzanne, pour anesthésier une souffrance trop grande, s’est enivrée de foi mais que, ses enfants vivants, le temps ni les circonstances n’auraient rien pu contre elle.
Nous avons déjà signalé le principe que nous croyons appelé à dominer la psychologie : ubiquité de la conscience et de la volonté sous des formes plus ou moins rudimentaires, mais qui enveloppent toutes un germe de discernement, un germe de bien-être ou de malaise, enfin un germe de préférence, par conséquent le processus fondamental dont l’idée-force est la forme la plus haute. […] N’est-il donc pas naturel de croire avec Pflüger que, dans les lobes optiques, dans le cervelet et dans la moelle épinière de l’animal décapité, il y a encore des sensations, avec des réactions motrices appropriées ? […] L’automatisme n’est donc pas primitif, comme on l’a cru longtemps, mais dérivé : il est de la conscience paralysée. […] Beaucoup de faits qu’on prétendait naguère inconscients ne tarderont pas à s’expliquer, croyons-nous, par l’association d’états de conscience faibles et indistincts avec d’autres états de conscience plus forts et plus distincts. […] C’est là une nouvelle loi que la psychologie n’a pas encore suffisamment étudiée et qui, croyons-nous, prendra par la suite une importance croissante.
Une jeune fille qu’on croyait morte à la suite de cette maladie, — son père pleurant au pied de son lit, — rejette soudain le drap qu’elle avait sur la tête, se soulève dans une attitude de prière, montrant un visage à la beauté surnaturelle qui fait croire à un miracle, et après un petit discours de consolation adressé à son père, se recouche et repose le drap sur sa tête, en disant : « Je puis dormir maintenant. » * * * — J’ai connu un amant qui disait à sa maîtresse se plaignant d’avoir perdu une fausse dent de 200 francs : « Si tu la faisais afficher ? […] Il croyait par exemple que les gens qui font regarder la lune, mettent dans les lorgnettes des choses qui font mal aux yeux, etc., etc. […] Là arrivent, tous les soirs, — car la bière vient du Grand Balcon, et la femme a le don capiteux de produire autour d’elle une certaine excitation de l’esprit et de mettre les imaginations en verve, — là arrivent le peintre Hafner, le plus bredouilleur des Alsaciens ; Valentin, le dessinateur de L’Illustration ; Deshayes, le petit maître aux tonalités grises, et le blond coloriste Voillemot, avec sa tignasse d’Apollon roussi, et Galetti, et le tout jeune Servin, et d’autres, et d’autres, et c’est toute la soirée un tapage et une débauche de paroles, que de temps en temps, solennellement, le maître de la maison réprime par un « Où te crois-tu ! […] C’est, croyons-nous, le premier journal littéraire quotidien, depuis la fondation du monde. […] » Gavarni nous dit aujourd’hui qu’il croit avoir trouvé une force motrice qui pourra, un jour, se débiter chez les épiciers, et dont on pourra demander pour deux sous.
C’en fut assez pour lui faire croire qu’il n’avoit rien avancé que de juste. […] On crut alors la dispute tombée. […] L’abbé crut qu’il seroit, à son tour, cité par le père du théâtre françois. […] Elle croit qu’on l’a volée, qu’on veut lui ravir l’honneur de sa carte. […] Des marchands, logés dans une chambre voisine, ayant entendu la conversation, crurent que c’étoit la mort de quelque grand prince, appellé Masard, dont on complotoit la perte.
Kœnig, ainsi que d’autres mathématiciens, a écrit contre cette assertion étrange ; & il a cité, entr’autres choses, un fragment d’une lettre de Léibnitz, où ce grand homme disoit avoir remarqué que, dans les modifications du mouvement, l’action devient ordinairement un maximum, ou un minimum.M. de Maupertuis crut qu’en produisant ce fragment, on vouloit lui enlever la gloire de sa prétendue découverte, quoique Léibnitz eut dit précisément le contraire de ce qu’il avance. […] M. de Voltaire, qui s’intéressoit à la gloire de l’académie, crut qu’elle alloit directement contre ses droits, qu’elle s’avilissoit & oublioit le plus beau partage des gens de lettres, la liberté & l’égalité. […] Dès son arrivée en Prusse, M. de Voltaire crut avoir des raisons de se plaindre. […] Cette illustre princesse est la même qu’ont immortalisé ses vertus & l’ode philosophique, qu’après sa mort le poëte a cru devoir lui adresser. […] « Je crois que c’est un rêve : je crois que tout cela s’est passé du temps de Syracuse, &c.
Elle était plus encore… elle était la faiblesse, cette forte femme, la faiblesse contre la souffrance, contre la vie, contre elle-même, contre tout, et elle est même morte de cette faiblesse, tant elle était femme et n’était que femme, cette femme sur laquelle tout le monde s’est trompé, même Napoléon qui la crut à tort un Napoléon femelle, un bronze contre son bronze ! […] Je crois que je pourrais écrire : le génie même de l’Expression. […] Ce n’est pas Mme Sand qui jamais nous aurait fait croire au génie absolu de Gœthe, sur lequel Henri Heine, qui l’adora, a fini par marcher et cracher comme le matelot de Candide sur le crucifix au Japon, et sur lequel d’autres marcheront, après Heine. […] Cette femme, qui ne crut jamais à l’orgueilleuse indépendance de la femme, a fait dans ses livres la plus belle apothéose qu’il y ait de la fidélité conjugale et du mariage. […] Et quel meilleur exemple à donner, du reste, aux insolences des femmes de ce temps, qui se croient des forces et qui, mettant des talons à leurs amours-propres comme elles en mettent à leurs bottines, veulent se jucher jusqu’au front des hommes, et les égaler en hauteur !
Allez, croyez-le : pendant encore bien des années, comme le dirait Stendhal, les femmes tiquées d’écrire se grimeront devant leur glaces en Eugénie de Guérin, et se diront à chaque petite mine artistement exécutée : « Suis-je assez Eugénie comme cela ! […] Je ne chercherai point ; Quelque habiles que soient à costumer des poupées les petites filles grandies qu’on nomme des femmes, elles ne costument point d’abstraction ; et sous leur plume, je ne crois, moi, comme un beau diable, qu’à des portraits ! […] Et ne croyez pas que je ris ! Ne croyez pas que je vous fais là une phrase vaine ! […] L’auriez-vous cru ?
I S’il y a, comme je le crois, du génie dans M. […] temps désespérant et désespéré que celui où l’esprit humain, qui se croit entier, a fini par se mutiler de sa propre main et s’est émasculé de la plus grande de ses facultés, — la faculté religieuse. […] Il n’a ni la tristesse du comique Molière, qui fait rire les cœurs désespérés comme le sien ; ni l’ironie froide de La Rochefoucauld contre l’égoïsme humain, la seule chose à laquelle il croie et veuille nous faire croire ; ni la misanthropie féroce de Chamfort, dont la bouche saigne des morsures qu’elle fait. […] Seulement, l’auteur des Plateaux de la balance ne croirait pas pour si peu avoir fait la sienne. […] Et ne croyez pas que la sagacité de sa critique en soit diminuée !
Le matérialisme du xviiie siècle, ce matérialisme qui, dans une société bien faite, serait mort frappé d’un tel mépris que le galvanisme même en aurait été impossible, croyez-vous qu’il n’existe plus parmi nous ? […] vous pouvez nous en croire, le livre de M. Nicolardot qui n’a pas, lui, au cœur, l’indignation sainte de M. de Maistre, et dans sa main le pinceau de feu de ce coloriste inspiré, ce livre froid, méthodique, dur comme le fait qui s’y entasse en grêle coupante, réconciliera certainement les admirateurs de Voltaire avec le foudroyant portrait des Soirées de Saint-Pétersbourg, car il y a pis pour l’honneur de Voltaire que ce supplice en effigie auquel de Maistre l’a cloué, et ce sont les pages bien autrement impitoyables, où on le retrouve descendu, culbuté de son piédestal dans la vie, dans cette vie d’un moment qui passe et qu’on croit oubliée, cette vie qui tombe comme une escarre de notre immortalité historique, quand nous sommes immortels, et que voici ressuscitée et ramenée tout à coup sous le regard, dans ce qu’elle eut de plus chétif, de plus obscur et de plus honteux ! […] À ce déchiquètement moral de la vie d’un homme qui, lui aussi, déchiqueta pendant soixante ans tant de réputations au gré de ses passions et de ses caprices, on croirait à cette espèce de haine qui dit œil pour œil et dent pour dent, et on se tromperait. […] Les voltairiens, qui croient bien à l’esprit de Voltaire, ne croient pas tout à fait autant à son caractère, à sa conscience, à son être moral enfin !
J’ai toujours cru que Madame de Staël était trop passionnée et trop entraînée par la fureur de la conversation pour passer son temps à écrire des lettres. […] L’aurait-on pu croire ? […] C’est quelquefois l’homme qui est Célimène… « Je crois, parce que cela est absurde », disait saint Augustin. […] L’âme de cette femme brûle sans flamber, elle se déchire sans faire de bruit, et tout ce que je connais de plus cruel, le sourire de la résignation, retrouvée toujours quand elle croit l’avoir perdue, revient bientôt planer au-dessus de toutes ses douleurs et de toutes ses agitations ! […] … Je ne le crois point.
On aurait pu écrire : « Collationné par le bonhomme Job », et on l’aurait cru… Jamais l’admiration au regard enflammé et à l’enthousiasme aux grandes ailes, n’a mis plus de lunettes et n’est devenue plus cul-de-plomb pour chercher et voir de près les infiniment petits d’un ensemble assez beau pour les faire oublier. […] Les Anciens, plus profonds qu’on ne croit dans leur naïveté, disaient heureux ceux qui meurent jeunes. […] il était plusieurs par le génie, mais ces imbéciles d’Allemands ont cru qu’il était plusieurs en réalité. […] Justement, les faiseurs et les poursuivants de biographie, tous ces gens qui veulent attacher des notices aux talons des poètes, ces rêveurs qui nous font rêver et qui se révèlent par leurs chants, avaient cru reconnaître les femmes que l’ardent élégiaque a aimées dans ses vers et en avaient écrit les noms. […] Il avait pris à Chénier, à ce Grec charmant et mélodieux, devenu, de Grec, tout à coup, Français, pathétique et méduséen, non seulement sa forme iambique, mais jusqu’à cette langue inouïe d’un cynisme ardent qui se purifie dans sa flamme ; et, le croira-t-on ?
On alla jusqu’à croire à une abdication en pleine force. […] certainement quelqu’un de fort diminué, mais pourtant d’existant encore… Stendhal manquant, je ne crois pas du tout que M. […] Je ne crois pas M. Mérimée capable de remuer les masses d’une grande composition et d’en ériger l’ordonnance, et il ne le croit peut-être pas plus que moi, car il ne l’a jamais tenté. […] Mérimée, ni la science des faits et du pays, ni la connaissance de la langue russe, ni l’occasion de l’imitation qui lui est si chère, ni le talent qui se roidit pour être plus ferme, et qui croit se muscler en se faisant maigrir.
Le croiriez-vous ? […] Je le croirais. […] Il y a, je crois, ici plus d’imitation que de rencontre accidentelle. […] Vous croiriez que la terre est de musc ; elle en exhale le parfum et la saveur. […] Vient-elle des Arabes, comme on l’a cru ?
Je crois même qu’une femme qui aime son mari est encore plus heureuse qu’un mari qui aime sa femme. […] et je n’y crois plus. […] « Vous croyez être donc aimé d’elle ? […] « La critique, c’est de l’opposition », a dit, je crois, M. de Rémusat. […] Au lieu de critiquer l’espèce d’argot qui a conscience de lui-même et qui se croit drôle, M.
Rabelais, outre la poésie, où il passait pour exceller, s’occupait aussi de théologie, mais, à ce qu’on peut croire, sans vocation particulière, et seulement comme d’une des branches de la science universelle. […] Que croire encore de l’anecdote de son entrevue à Paris avec le chancelier Duprat, auprès duquel il aurait été envoyé par la faculté de Montpellier, pour quelques difficultés de privilège ? […] On dirait ces oracles que le peuple, en certains pays, croit voir sortir de la bouché des fous. […] Cette langue merveilleuse ne se guinde pas pour exprimer de hautes pensées ; et, de même qu’elle ne s’étonne point quand elle devient éloquente, elle ne croit pas déroger quand elle exprime des idées familières. […] Je croirais à ce calcul s’il n’y avait d’embrouillés et de confus que les endroits où la vérité pouvait être périlleuse à dire.
Car quel est le lâche qui ne se croie pas simplement prudent ? […] Beaucoup d’âmes simples le croyaient. […] C’est le pédant qui se croit encore devant ses écoliers en régentant ses complices. « Vous êtes trop de chiens à ronger un os », leur crie-t-il. […] D’autres lui reprochaient d’employer des mots du cru de Gascogne. […] Les mêmes hommes qui ne croyaient pas qu’un poète pût être supérieur à Ronsard, imaginaient un prosateur plus parfait que Montaigne.
Eloquence, art de dire ce qui doit être dit, de persuader ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut croire ; ainsi l’entendait tout le monde. […] On crut voir dans ces lettres l’image même de l’éloquence. […] C’est cette sagesse elle-même s’exprimant en français ; l’érudition y est si bien fondue dans la pensée originale, que Balzac put croire qu’il inventait ce qu’il s’était approprié. […] Mais que pouvait-il sortir, sinon d’ingénieuses déclamations de cette solitude où Balzac se croyait en vue à tout le monde parce qu’il ne voyait personne ? […] Il faut, en outre, tenir compte à Voiture d’une vanité plus commode, et de n’avoir pas cru que les lettres qu’on arrachait à sa paresse occupassent la moitié du monde.
Quel est celui qui, lorsqu’un grand intérêt l’anime, ne prête pas en tremblant l’oreille à ce qu’il croit la voix de la destinée ? […] J’ai donc cru devoir conserver dans le caractère de Wallstein une superstition qu’il avait en commun avec presque tous les hommes remarquables de son siècle. […] Mais en France je ne crois pas que ce caractère eût obtenu l’approbation du public. […] On prévoit même que s’il la refuse elle ne se croira pas coupable de lui résister : son amour l’occupe et l’absorbe tout entière ; elle n’existe que pour le sentiment qui remplit toute son âme. Elle est si loin de considérer comme une faute sa fuite de la maison paternelle, lorsqu’elle apprend que celui qu’elle aime a été tué, qu’elle croit au contraire accomplir un devoir.
La tortue en est un… chélonien, je crois, et M. […] (Jusqu’ici, le bon sens croyait le contraire.) […] Renan, qui l’aurait cru ? […] Renan ne l’a pas dissous et je ne crois pas qu’il le dissolve. […] Renan, son historien, qui a cru surnaturellement à leur naturelle sincérité.
L’effort est moins aisé que l’on ne pourrait croire, car son nom nous arrive chargé des mille défroques de la sottise, de la flatterie et de l’erreur. […] Il est indéniable qu’il ait été fécondé par la science, mais je crois qu’il faut distinguer plusieurs méthodes de fécondation. […] Je ne le crois pas. […] S’il y a une excuse possible à de tels écarts, c’est que nous avons rêvé d’élargir l’humanité et que nous l’avons mise jusque dans les pierres des chemins. » Je n’ai jamais pu croire que la griserie du grand air eût diminué un écrivain, ni que donner une voix aux choses de la nature fût une petitesse pour un romancier : je crois même que cette communion avec la vie universelle est la condition des grandes œuvres. […] Il n’est pas vrai, que j’aie voulu corrompre et décourager les esprits, et, si cette opinion me laisse indifférent à cette heure, c’est que je ne crois pas à sa durée.
Je crois bien ! […] Je crois fermement que, pour M. […] Elle croyait être vouée. […] À qui croire ? […] Comme tous ceux qui ne croient plus à rien, ils étaient, du matin au soir, sur le point de croire à tout.
Je le crois sans peine. […] Croyez que M. […] Je crois bien que le délicat M. […] Je ne crois pas. […] On peut croire que M.
On a cru d’abord le mal plus grand qu’il n’est, heureusement ! […] Mais je crois que M. *** me cherche sourdement une place : quel terrible homme ! […] … « Je crois Louis Lambert un beau livre ! […] Il croit tenir la richesse ; on la lui dérobe. […] On souriait, mais on l’écoutait, et on devait finir par le croire.
« — Le temps était très couvert, l’air immobile, très silencieux et très lourd. » « — Et avez-vous cru Goethe sur parole ? « — Oui, je crus ce qu’il disait, car ses prédictions étaient toujours vérifiées par les faits. […] — J’ai cru, répondis-je, que c’était le passage où Lotte envoie les pistolets à Werther, sans dire un mot à Albert, sans lui communiquer ses pressentiments et ses craintes. […] Aucune injustice ne me trouvera plus muette, quand même on devrait me décrier en m’appelant démocrate. » Je croyais que cette manière de penser était tout à fait digne de respect. […] « Je crois que l’on trouvera ici avec plaisir le récit que Goethe a donné lui-même de cette conversation de 1808.
On se trompe beaucoup si on croit que les vers rimés sont la règle dans Tristan ; je ne crois pas exagérer en disant que deux tiers du poème ne sont point rimés. […] Je crois avoir suffisamment indiqué ses perfections. […] Je ne le crois pas. […] Je crois que nous sommes encore loin de la connaître assez bien pour pouvoir en distinguer les défauts avec la précision utile. […] Jusque maintenant, croyons-nous, cette explication ne trouvera pas de contradicteurs.
Fénelon ne croit donc pas tout ce qu’il rapporte, mais il juge de son devoir d’en informer le jeune prince, pour qu’il avise à conjurer ces faux bruits et à détruire ces préventions injurieuses de l’opinion, de laquelle, après tout, dépendent même les grands de la terre. […] Ses idées et ses plans divers demanderaient une longue explication, dont le dernier mot et la conclusion seraient, je crois, un doute. […] En inculquant cette maxime au duc de Bourgogne et en la lui gravant au cœur, il ne croyait d’ailleurs pas faire acte de réforme positive, et encore moins de philosophie ou de démocratie, comme nous dirions ; il ne faisait que remonter à la religion de saint Louis. […] Fénelon croit sans effort à tout ce qu’il y a de spirituel en nous ; sa piété a des ailes. […] Il perd le duc de Beauvilliers : Pour moi qui étais privé de le voir depuis tant d’années, écrit-il à la duchesse sa veuve, je lui parle, je lui ouvre mon cœur, je crois le trouver devant Dieu ; et, quoique je l’aie pleuré amèrement, je ne puis croire que je l’aie perdu, qu’il y a de réalité dans cette société intime !
Il aimait assez, dans son premier ordre, à prendre les choses et les êtres par rang de taille, si l’on peut dire, et de grandeur physique ; c’est ainsi qu’il croit convenable de commencer l’histoire des oiseaux par celle de l’autruche qui est comme l’éléphant du genre. […] J’ai souvent, pour m’instruire, causé de Buffon avec des savants qui l’étaient dans la science même qu’il a illustrée, et j’ai cru remarquer des différences dans la manière dont plusieurs l’appréciaient. […] Foisset, d’après la tradition locale et d’après les nombreuses lettres qui lui ont passé sous les yeux, croit avoir le droit d’être moins favorable à la sensibilité et au cœur de Buffon : Je sens bien que je ne saurais vous persuader, me faisait l’honneur de m’écrire M. […] Je demande pardon de parler littérature, cette fois encore, devant des savants : mais ce style prophétique n’est point à l’usage de Cuvier, ni, je crois, de Buffon ; et je m’étonne aussi de cette conclusion, tout à l’avantage du nouvel auteur : Voilà, dit-il en terminant son énumération des titres de Buffon, voilà où est pour moi sa gloire : car là sont les preuves de son génie. […] » Je ne sais ce que penserait aujourd’hui Buffon des diverses théories en lutte dans l’histoire naturelle ; je crois qu’il est téméraire de le vouloir supposer, et de l’honorer non par rapport à lui-même, mais par rapport à soi.
C’est-à-dire que, de ces hommes plus sages, les uns rient, et les autres pleurent : les uns se moquent et prennent tout par le ridicule, les autres penchent du côté de la plainte ou de la crainte, n’osent parler que bas et à demi-bouche ; ils déguisent leur langage ; ils mêlent et étouffent leur pensée ; ils ne parlent pas sec, distinctement, clairement : Je viens après eux et au-dessous d’eux, ajoute Charron ; mais je dis de bonne foi ce que j’en pense et en crois, clairement et nettement. […] Qui agit par ce ressort, agit selon Dieu… » Charron ici, comme en quelques autres endroits, se trouve en contradiction avec son premier scepticisme fondamental, et moyennant cette lumière naturelle qui luit en chacun et qu’il semble reconnaître, il est plus voisin des platoniciens qu’il ne croit. […] La véritable est celle qui ne s’applique point extérieurement et machinalement à l’esprit, qui ne lui impose pas des formes une fois trouvées, et par lesquelles on se croit dispensé du ressort intérieur et de l’invention naturelle. […] À propos de certaines locutions de la langue française, à l’article faire croire ou faire accroire, Scipion Du Pleix, dans sa polémique contre les novateurs, disait : « Il me souvient que René Charron, Parisien (que j’ai connu familièrement en ma jeunesse, lui étant théologal à Condom), homme plus signalé par la pureté de son style que par celle de sa croyance, rejetait et condamnait ce verbe accroire et disait toujours faire croire. […] Enfin, pour mieux séparer encore Charron de Montaigne, dans l’impression que font aujourd’hui leurs écrits, je ne crois pouvoir mieux faire que de donner le témoignage d’un illustre étranger sur Montaigne, Jean de Muller.
On le malmène, il est vrai ; on le veut chasser des bréviaires où ses hymnes avaient obtenu une place depuis cent cinquante ans ; je crois même qu’il est déjà chassé de presque tous ces livres diocésains ; mais n’importe, de façon ou d’autre, cela fait du bruit, quelque bruit autour de son nom. […] Dans la seconde moitié du xviie siècle on se croyait dans un grand siècle, et on avait raison ; on se croyait dans un siècle régulateur et digne de servir à jamais de modèle aux autres époques, et en cela on s’attribuait un peu plus qu’on ne devait. […] … Ce second du Périer, et qui se croyait le plus célèbre, avait été l’un des maîtres de Santeul pour les vers latins, et en même temps il était son rival, son antagoniste et son antipathique, celui à qui il se comparait volontiers et à qui il se préférait sans cesse. […] Ce malheureux démon de gloire poétique, qu’on avait cru un moment exorcisé, le possédait et l’agitait de plus belle : « Les autres font leur salut dans l’église, disait-il ; mais moi c’est le contraire : pour faire le mien il faut que j’en sorte, de peur d’entendre mes hymnes avec trop d’orgueil. » Il les envoyait cependant à M. de Rancé et aurait voulu qu’on les chantât à la Trappe. […] Un chrétien de Port-Royal, loin d’être un commencement de déiste, est un redoublement de chrétien ; loin de douter de la divinité de Jésus-Christ, il y croirait, s’il était possible, deux fois plus qu’un chrétien ordinaire.
Par exemple, dans une lettre à M. de Montalembert, au moment de la crise de déchirement avec M. de Lamennais : « Je le crois, disait-elle, le grand homme eut fléchi devant un enfant tendre et pieux, car il me semble bien que c’est à la seule tendresse que peut céder M. de Lamennais, et, comme Clorinde, si son bras est fort, son cœur est faible. […] Elle se fait, croyez-le bien, les objections ; elle se rend bien compte que, pour lui donner raison, il faut commencer par tourner le dos à la nature et se placer « dans la partie la plus providentielle des desseins de Dieu. » Aussi tous ceux qui feront ce chemin sous sa conduite et en fils dociles passeront-ils légèrement sur ses défauts pour se récrier à tout moment sur la beauté des points de vue. […] L’éditeur a cru devoir en agir autrement, et il y a bien de l’inégalité d’intérêt dans les branches publiées jusqu’ici. […] Le pauvre bonhomme ne savait plus que faire et la cherchait toujours machinalement. » — M. de Falloux, ayant lu cette anecdote, a cru de son devoir d’en contester l’authenticité ; il a fait une espèce d’enquête auprès du valet de chambre du général Swetchine : je n’ai pas entrepris moi-même de contre-enquête ; mais le fait m’a été raconté à deux reprises, et a eu pour témoin une femme du monde. […] Je le crois bien qu’elles ne lui appartiennent pas : elles sont de moi-même, — oui, de moi indigne, — qui dans un article sur les Lettres de l’abbé de Rancé, publiées par M.
Je croyais les avoir convaincus, et ici, pendant onze mois, croiriez-vous que je n’ai pu leur parler une seule fois ? […] Depuis lors, j’en ai reçu d’autres, mais au sujet desquelles je n’ai pas cru utile d’importuner Votre Seigneurie, parce qu’à peu de chose près, elles disaient ce que contenaient les précédentes, parlant de la crainte qu’inspirent les Jacobins, leur nombre et leur influence ; du danger, s’ils l’emportent, de voir se renouveler les scènes révolutionnaires à l’intérieur, et leurs efforts employés à exciter des commotions au dehors. […] Il est positif que, depuis son retour, l’Empereur a rappelé toutes ses vieilles bandes, qu’elles arrivent de tous les coins de la France, amenant avec elles des jeunes gens que leur exaltation a électrisés ; que l’Empereur a aujourd’hui tout équipés 250,000 hommes de troupes, dont chaque soldat croit valoir quatre hommes ; qu’à la fin de ce mois, il aura 50,000 hommes de plus, et à la fin de mai, 400,000 encore ; ils sont là, on les équipe. […] Ne croyez pas les émigrés : ils se flattent et se trompent depuis vingt ans. […] Que Mme de Staël, au fond et dans son for intérieur, ait cru ou non alors à cette possibilité, elle pouvait honorablement affecter devant l’étranger plus d’espérance même qu’elle n’en nourrissait au dedans..
Je crois, Monsieur, que je n’ai pas besoin de vous le recommander. […] Il est touchant de voir cette plume immortelle descendre à tant de soins familiers sans croire s’abaisser. […] C’est par où il débute, dans un temps qu’il se croyait appelé au parti de la retraite religieuse chez les Oratoriens. […] M. de Maurepas crut arranger la chose, moyennant pension. […] Je crois comprendre autant qu’un autre les douceurs de la stabilité littéraire, et je ne les contesterai pas.
Il était des amis de mon père et des miens, homme d’un esprit doux, aimable dans la société, orné de plusieurs connaissances et ayant du goût pour les lettres comme pour ceux qui les cultivent ; mais, soit par un dévouement trop ordinaire aux intendants pour les ordres de la Cour, soit parce qu’il croyait, comme bien d’autres, qu’il ne restait plus dans le parti protestant qu’une opiniâtreté qu’il fallait vaincre ou plutôt écraser par le poids de l’autorité, il eut le malheur de donner au reste du royaume un exemple qui n’y fut que trop suivi et dont le succès surpassa d’abord les espérances même de ceux qui le faisaient agir. […] Il est très-probable qu’il n’en souffla mot ; la probité de Louis XIV, on aime à le croire, n’aurait point consenti à une telle supercherie envers ses sujets. […] Croira qui voudra qu’il a tenu la main, comme il en prenait l’engagement, à ce qu’il n’y eut aucune violence : « Le 18 avril 1685, j’ai demandé à M. de Louvois des ordres en blanc pour faire loger une ou plusieurs compagnies dans les villes remplies de religionnaires, étant certain que la seule approche des troupes produira un grand nombre de conversions ; que je tiendrai si bien la main à ce que les soldats ne fassent aucune violence, que je me rendrai responsable des plaintes qu’il en pourrait recevoir. […] On lui avait tant dit et répété dans les mois précédents : Tout est fait, tout est quasi fait, qu’il le crut. […] « Ce pauvre prince, nous dit Foucault parlant du roi Jacques et ne revenant pas de ses airs riants, croit que ses sujets l’aiment encore. » Illusion et forme de consolation propre à ces vieux souverains déchus !
Rousseau, revenant plus tard sur cette époque de sa vie et ressassant ses souvenirs, croyait voir à travers ces légèretés de Deleyre les trames et les noirceurs de Diderot. […] Il croyait à l’île de Tinian ou à Salente, en attendant Boston et Philadelphie. […] J’ai pourtant chéri la vertu : je ne crois pas avoir fait de mal à personne, pas même à mes ennemis ; j’ai toujours cherché les gens de bien et fui les méchants. […] Deleyre lui-même, toujours agité de je ne sais quel trouble inconnu, dévoré, comme par émulation, du mal de Rousseau, ne nous rappelle pas moins, tout incrédule qu’il est, l’état du pieux et tendre William Cowper ; il s’accuse sans cesse et se croit rejeté du bonheur. […] Nous la méconnaissons parce qu’elle est celle de la nature et que le chef-d’œuvre de la raison, comme du génie, n’est que de voir ce qui est sous nos yeux. » On croirait entendre un Montaigne chrétien.