« C’est drôle, dit un ami à son ami dans une des plus joyeuses comédie de Labiche, c’est drôle, quand on ne s’est pas vu pendant vingt-sept ans et demi, comme on n’a presque rien à se dire. » Les cœurs sont restés unis ; mais la vie a séparé les esprits : ils n’ont plus d’idées communes, partant plus de conversation.
Un autre ami secret, Nicodème 1207, que déjà nous avons vu plus d’une fois employer son influence en faveur de Jésus, se retrouva à ce moment. […] Mais telle était la trace qu’il avait laissée dans le cœur de ses disciples et de quelques amies dévouées que, durant des semaines encore, il fut pour eux vivant et consolateur.
** * Et puis permettez, madame, que je défende un endroit de cet écrit que mon ami M. […] Je vous supplie, mon amie, de la lui faire passer promptement et telle que la voilà.
Il était tout autre chose pour mon ami. […] On a incriminé Lamartine d’avoir abandonné ses amis naturels d’avoir « trahi » ses amis naturels, les modérés les « gens du National », la « République rose » les Arago, les Marie, les Dupont de l’Eure, les Garnier-Pagès. […] Elles sont trois, toutes amies ; elles sont dix. […] Il voit vieillir ses contemporains, ses amis, ses disciples, ses neveux, en vérité même ses fils. […] À un de mes bons amis je disais, il y a une vingtaine d’années : « Tu es un homme sûr.
Tandis que tout réussit à son ami, il semble un déshérité. […] Cet ami, qu’About ne nomme pas, on l’a reconnu : c’était Sarcey. […] Mais il ne peut ni sauver, ni seulement consoler son ami Cébès moribond. […] Belle-sœur et amie de Ludovic le More, duc de Milan, elle se rend néanmoins auprès de. […] Il a un ami, nommé Rodrigues, qui est misogyne, comme Euripide.
Mossop exécuta l’ordre de son ami. […] comme l’appelait en riant son amie, Mme d’Épinay. […] « Ma très chère amie ! […] Et maintenant tirons le rideau sur toute cette histoire, et n’en gardons que cette leçon : c’est que, quand des amis ont une querelle, il vaut toujours mieux qu’ils n’emploient pas d’intermédiaires, mais que l’ami s’adresse directement à son ami. […] Pardonnez à votre ami cette demande indiscrète.
Calabresi, le grand propriétaire du pays, a bien voulu, — toujours grâce aux soins vigilants de notre ami Rajna, — mettre à notre disposition. […] Notre ami, alpiniste aguerri, finit pourtant par décider un jeune homme à l’accompagner, et part à pied au milieu de la nuit. […] La dernière fois que cet homme extraordinaire vint voir son ami Antonio, la femme de celui-ci était gravement malade, et les médecins comme les parents et les amis engageaient Antonio à se résigner sans garder d’espoir. […] Mon ami Pio Rajna, dont je signalerai pus loin la chaleureuse collaboration, a fait dans ce sens des recherches aussi acharnées qu’infructueuses. […] N. 17509, f. 30 d, où me le signale mon ami Paul Meyer) [cf.
C’est la différence d’une nouvelle connaissance à un ancien ami. » — Eh bien, à chaque instant, chez les vrais écrivains, on goûte l’un ou l’autre plaisir : à chaque pas, on fait de nouvelles et charmantes connaissances, ou bien on rencontre d’anciens amis. […] Il désigne par ce nom un de ses amis qui lui avait, à ce qu’il dit, demandé des vers à mettre en musique ; du moins est-ce là le prétexte dont il se sert. […] La Rochefort, cousin germain et ami de cet abbé, était domestique du duc d’Orléans. […] Ceci est une nouvelle erreur, ou plutôt, pour dire le mot propre, une contre-vérité que notre très regretté maître et ami M. […] Sitôt qu’il l’aura trouvé inflexible, il exécutera sans pitié les ordres reçus, n’ayant plus affaire à un ami, mais à un rebelle.
Arbres de la forêt, hêtres souples et élancés, tandis que vous nous évoquez la peau douce de nos bien-aimées, nos amies adorent en secret votre élan viril et l’énormité de votre puissance. […] Les derniers recueils de Renée Vivien : Flambeaux éteints et Sillages, ne furent pas mis dans le commerce ; la poétesse, dédaigneuse de la gloire, ne voulait plus chanter que pour ses amies. […] Le désespoir qui est exprimé dans ces vers s’accentuera encore dans les derniers poèmes, qu’elle adressait à mesure qu’elle les composait, à son éditeur et son ami M. […] Elle ne put pardonner à la vie de lui avoir ravi une amie tendrement aimée. […] Sa douloureuse déception se rejette sur Pierre Valence, un autre ami, mais lui non plus ne comprend pas sa tristesse, ne pénètre pas dans « le magnifique inconnu ».
Sigurd a conquis Brynhild, la vierge indomptée, en traversant la flamme et en lui fendant sa cuirasse, et il a dormi avec elle trois nuits, mais ayant placé entre elle et lui son épée, « sans prendre entre ses bras la jeune fille florissante, sans lui donner un baiser », parce que, selon la foi jurée, il doit la remettre à son ami Gunnar. […] Chaque chef dans sa salle compte qu’il a des amis, non des mercenaires, dans les fidèles qui boivent sa bière, et qui ayant reçu de lui, en marque d’estime et de confiance, des bracelets, des épées et des armures, se jetteront entre lui et les blessures le jour du combat45. […] Ce sont de braves cœurs, simples46 et forts, « fidèles à leurs parents, à leur seigneur dans le jeu des épées, fermes et solides envers ennemis et amis », prodigues de courage et disposés au sacrifice. « Tout vieux que je suis, dit l’un d’eux, je ne bougerai pas d’ici. […] « Pour toi une maison fut bâtie — avant que tu fusses né. — Pour toi un moule fut façonné — avant que tu fusses sorti de ta mère ; — sa hauteur n’est point marquée, — ni sa profondeur mesurée ; — il ne sera point fermé, — si long que soit le temps, — jusqu’à ce que je t’amène — là où tu resteras, — jusqu’à ce que je mesure — toi et les mottes de la terre. — Ta maison n’est pas à haute charpente. — Elle n’est pas haute, elle est basse — quand tu es dedans. — L’entrée est basse. — Les côtés ne sont pas hauts. — Le toit est bâti — tout près de ta poitrine. — Ainsi tu habiteras — dans la terre froide, — obscure et noire, — qui pourrit tout. — Sans portes est cette maison, — et il fait sombre au dedans. — Là, tu es solidement retenu, — et la mort tient la clef. — Hideuse est cette maison de terre, — et il est horrible d’habiter dedans. — Là, tu habiteras, — et les vers avec toi. — Là, tu es déposé, — et tu quittes tes amis. — Tu n’as pas d’ami — qui veuille venir avec toi. — Qui jamais s’enquerra — si cette maison t’agrée ! […] — on peut choisir un parti ; — avec de tels combattants, — on peut saisir un poste. — Ils sont mes amis zélés, — fidèles dans l’effusion de leur cœur. — Je puis, comme leur chef, — gouverner dans ce royaume, — je n’ai pas besoin de flatter personne, — je ne resterai plus dorénavant — son sujet !
Bazin, puis Bazin tout court, puis l’ami Bazin. […] les amis de M. […] Je pense que vous exagérez, mon cher ami. […] On vous a trompé, cher ami. […] Mouchez-vous, mon ami, vous y verrez peut-être plus clair.
Dans cette attente universelle, il n’y avait plus d’amis ni d’ennemis, il n’y avait que des impatients. […] Ô les amis imprudents du poète qui le précipitent dans la décadence par des flatteries insensées ! […] Bérard, son ami et le mien, quelques-unes de nos chansons anarchiques, comme on disait alors. […] c’est alors, mon ami… Bref, voilà la maladie de ta femme ! […] Ce défaut était déjà fort sensible chez Georges, l’ami de la petite comtesse.
« Voilà un maître fol, dit Joyeuse, et qui n’a peur de rien ; mais il pourrait bien s’abuser avec son sorcier de maître. » Un gentilhomme présent, qui connaissait Rosny, répondit : « Monsieur, ce gentilhomme est brave et a un merveilleux esprit ; croyez que là où il sera, il vaudra toujours un homme. » Un autre jour, quatre ans après (1589), Rosny qui venait de ménager et de préparer la réconciliation de Henri III et du roi de Navarre, était salué, en revenant près de ce dernier à Châtellerault, par les acclamations de tous, et un gentilhomme plus enthousiaste que les autres s’écriait : « Voyez-vous, mon frère, mon ami, cet homme-là ? […] Le 13 au soir il reçut une lettre du roi tout allègre et engageante, et qui le pressait de venir, en ces termes : Mon ami, je ne pensai jamais mieux voir donner une bataille que ce jourd’hui. […] Adieu, mon ami. […] Partant, jugez si je mérite d’être ainsi traité, et si je dois plus longtemps souffrir que les financiers et trésoriers me fassent mourir de faim, et qu’eux tiennent des tables friandes et bien servies… Rosny introduit, après bien des retards, dans le Conseil des finances, y trouva une conjuration et complicité tacite des autres membres qui tendaient à le déjouer et à le faire tomber en faute : Or sus, mon ami, lui avait dit le roi au moment de l’y installer, c’est à ce coup que je me suis résolu de me servir de votre personne aux plus importants Conseils de mes affaires, et surtout en celui de mes finances.
À l’effet de subvenir aux dépenses extraordinaires de la guerre, on a créé des offices triennaux qui se vendent : Rosny, pour en tirer au profit du roi le plus d’argent comptant possible, s’astreint jusqu’à faire lui-même l’office de greffier du Conseil, et de trésorier, comme on disait, des parties casuelles (c’est-à-dire des droits perçus pour le roi), vendant lui-même les offices, donnant de sa main à l’acheteur un billet adressé au trésorier, afin que celui-ci reçoive l’argent et délivre la quittance, « tellement que nul du Conseil n’y puisse gratifier son parent ni son ami ». […] Voyant cependant une guerre prochaine très probable avec le duc de Savoie, Henri IV revient à Rosny, lui confie son embarras, lui explique qu’il ne peut ôter cette charge à M. d’Estrées, au grand-père de ses enfants, sans lui faire affront, et propose l’expédient de retirer la charge de lieutenant général de l’artillerie au vieil officier qui en est chargé, de rehausser cette lieutenance générale de plusieurs prérogatives singulières : Étant rendue ainsi honorable, ma résolution, lui dit Henri IV, serait de la bailler à un certain homme que je connais et vous aussi, qui a le courage bon, l’esprit vif, est actif, diligent, a toujours affectionné cette fonction et témoigné en plusieurs occasions qu’il n’en est pas ignorant… Or, devinez maintenant qui est cet homme-là, et m’aidez à le persuader, car il est fort de vos amis. […] Pour ces sièges « entrepris, comme on disait, à la racine des Alpes », il fait transporter, au temps voulu, pièces et munitions ; il étudie et saisit le côté faible des places, le point unique où le canon y peut mordre ; il pronostique le jour et l’heure de la prise ; il ne s’en fie qu’à ses yeux et se risque de sa personne, seul, dans des reconnaissances jusqu’au pied des bastions ennemis ; sur quoi il mérite que Henri IV lui écrive, à la fin de ce siège de Montmélian : Mon ami, autant que je loue votre zèle à mon service, autant je blâme votre inconsidération à vous jeter aux périls sans besoin. […] Adieu, mon ami que j’aime bien ; continuez à me bien servir, mais non pas à faire le fol et le simple soldat.
Ses amis, sa famille apposaient des objections ou des délais à l’entier accomplissement de son vœu, au moins en ce qui était de la dignité impériale. […] Ce qui est certain, c’est que les papiers de Van Male, de celui qui aurait servi de secrétaire à l’empereur pour ce genre de travail, furent saisis après la mort du maître pour être remis à Philippe II, lequel était peu ami de la publicité en telle matière, et qui, une fois qu’il la tenait, ne lâchait pas sa proie. […] L’inusité de semblables obsèques, une inexactitude de date qu’il suffit de corriger en avançant la scène d’un ou de deux jours pour rendre tout possible, le silence gardé par les secrétaires et les amis politiques de Charles-Quint, qui rougissaient peut-être en secret d’une semblable bizarrerie de leur maître, sont-ce des raisons suffisantes pour faire rejeter un récit qui est confirmé par celui de deux autres moines hiéronymites ? […] Il mourut occupé jusqu’à la fin et des intérêts de la monarchie et du soin de son propre salut, entouré de prélats et de religieux qui l’exhortaient, de moines qui priaient, d’amis qui pleuraient, mettant sa confiance dans le Crucifix, — ce même Crucifix que l’impératrice avait tenu en mourant, qu’il avait réservé à son tour pour l’heure suprême, et qu’il porta à sa bouche, puis serra deux fois sur sa poitrine (21 septembre 1558).
Un groupe de jeunes écrivains catholiques distingués, de doctrinaires du parti, qui, à l’envi du Globe, s’étaient essayés dans le Correspondant sur la fin de la Restauration, se joignirent, sans s’y confondre, avec le groupe des amis de M. de Lamennais : à côté du vigoureux et sombre Breton, du doux, aimable et savant abbé Gerbet, du brillant et valeureux Lacordaire, du jeune comte leur ami91, alors dans toute la fraîcheur acérée de son talent, on eut Edmond de Cazalès, riche esprit, cœur plus riche encore ; Louis de Carné, esprit sage, écrivain consciencieux, s’instruisant toujours, désireux d’acquérir et de combiner tout ce qui est bien, se nuisant par là peut-être à la longue ; on eut un Franz de Champagny, jouteur sincère, peintre studieux, sévère pour les Césars comme un élève de Tacite qui eût été chrétien ; plusieurs Kergorlay, au nom jadis hostile, mais tous d’une autre génération plus adoucie, tous réconciliés entièrement ou en partie avec le siècle. […] C’est, redirai-je d’après lui à mon tour, c’est être ou avoir été amis, avoir eu, à une certaine heure de jeunesse, des sentiments vifs et purs en commun ; avoir eu volontiers mêmes vues à l’horizon, mêmes perspectives et mêmes vœux, par le seul fait de cohabitation morale dans un même navire ; ou, dans des navires différents, avoir fait route quelque temps de conserve sous les mêmes astres, avoir jeté l’ancre un moment côte à côte dans de belles eaux ; s’être connus et goûtés dans des saisons meilleures ; sentir, même en s’éloignant, qu’on est, malgré tout, de la même escadre, qu’on flotte ensemble, qu’on est à bord d’une même expédition, qui s’appelle pompeusement le siècle, qui comprend environ un quart, de siècle et qui, pour la plupart, n’ira guère au-delà. […] Cette partie des Mémoires d’un témoin fort peu considérable sans doute, mais dont les amis curent grande influence, n’est pas sans quelque intérêt pour l’histoire du temps. — En vérité, on rougit pour son pays de penser quelle a pu être à un moment, et à l’aide d’une active amie (Mme du Cayla), l’influence politique d’un sot panaché et d’un niais comme ce vicomte Sosthènes ; on hésiterait à, parler ainsi d’un galant homme, si lui-même il n’avait pris à tâche de se dresser son monument et comme sa pyramide ridiculement solennelle, dans ses futiles et interminables Mémoires.
Dans toute cette série, Horacé, encore une fois, touché du coude son ami et camarade Charlet ; c’est la même veine : Charlet la suivra uniquement et y marquera de plus en plus par une finesse de crayon et une philosophie de mots qui le mettront à un si haut rang posthume. […] Fallait-il peindre à perpétuité des Ajax, des Léonidas ou des Hector, des Ulysse, des fleuves Scamandre, comme le faisaient encore les peintres chers aux anciennes écoles et amis de l’ennuyeux ; ou bien aborder hardiment et coûte que conte des sujets nouveaux, vivants, — vivants ou dans l’imagination moderne ou dans la réalité, — comme le fit toute cette vaillante élite, les Delacroix, les Schnetz, les Scheffer, et Horace Vernet ? […] Horace est-il à la chasse, monte-t-il à cheval, se trouve-t-il dans son atelier avec des amis aussi gais et aussi vifs que lui, voit-il une revue, s’échauffe-t-il au récit de nos derniers exploits de Montmirail, va-t-il voyager sur les bords de la mer, entend-il répéter les charmantes plaisanteries de nos vieux soldats, assiste-t-il à quelque scène populaire, M. […] Il avait de grand matin, et avant l’invasion des visites, des heures à lui, de travail de secret, des heures non banales et, à leur manière, sacrées ; et ce n’est qu’ensuite qu’arrivaient les amis, les camarades, les brillants colonels ; il continuait avec sa merveilleuse facilité de main à exécuter ce qu’il avait posé auparavant.
Gavarni, en ses années de jeunesse, était comme le centre d’un tourbillon ; il vivait dans un monde d’artistes, de joyeux amis ; — joyeux, entendons-nous bien, et n’exagérons pas. […] Mais le soir on se reposait, on secouait sa fatigue, et la chambre de l’artiste se remplissait d’amis et de camarades qui se dédommageaient par une orgie de paroles d’avoir travaillé ou rêvé tout le jour : « Ces nuits, disait Gavarni en les dépeignant de sa plume la plus vive, ces nuits résument bien la journée elle-même. […] Nommerai-je quelques-uns des gais amis qui se réunissaient le plus habituellement autour de lui ? […] — C’était Anténor Joly, entrepreneur infatigable, qui avait la bosse de la direction théâtrale et aussi la rage du petit journal, et qui, pour enrôler notre ami dans je ne sais quelle feuille nouvelle, lui écrivait : « Je suis l’homme petit journal.
Nos amis de l’école de Versailles ont commencé : MM. […] Saint-Simon aurait bien eu besoin d’avoir parmi ses amis un bon général de cet esprit et de ce mérite, pour le renseigner ou le redresser sur les faits de guerre. […] Au sortir, les princes et princesses allèrent à une grande collation qui leur avait été préparée à l’Hôtel de ville ; elle fut suivie d’un grand bal et d’un beau feu d’artifice qui finit toute cette fête, qui n’aura, je crois, de longtemps sa pareille. » C’est au sortir de cette cérémonie qu’un des ancêtres de Mirabeau qui servait dans le régiment des gardes, passant sur le Pont-Neuf à la tête de ses hommes, fit arrêter devant la statue d’Henri IV et saluant le premier de la pique, il s’écria : « Mes amis, saluons celui-ci, il en vaut bien un autre ! […] Pour tout ami de la science morale et des études où se complaît la réflexion, j’appelle cela d’inappréciables bienfaits.
Le poëte commence par le pitoyable inventaire de la maison, et tout cela pour neuf personnes : « Je savais désormais, dit-il, que cette besace pendue en travers sur deux cordes, et où souvent je mettais la main pour un morceau de pain, était celle que mon grand-père promenait dans les métairies à la ronde, demandant de quoi vivre à ses anciens amis : Pauvre grand-père ! […] Nous sommes trop incompétent au sujet de cette langue, que nous n’avons saisie qu’à l’aide d’amis obligeants, pour avoir un avis sur ce que peut être le bon style en patois ; mais il paraît bien que Jasmin a ce bon style. […] ma sœur, ton ami Baptiste ! […] Jasmin est venu à Paris, mais il n’y est venu qu’en passant, comme un hôte et un ami ; il y a produit sa poésie en personne, avec esprit, avec gentillesse ; il l’a traduite, commentée, chantée de vive voix, et lui a conquis tous les suffrages.
Cette orthodoxie, il est vrai, pouvait bien sembler un peu étroite et se ressentir de ces excès de rigueur qui sont ordinaires aux grands convertis ; mais il y avait lieu aussi de penser qu’une fois hors du cercle des thèses universitaires et en possession des gloires du doctorat, rentré dès lors dans le champ libre de la littérature, l’auteur trouverait un juste tempérament, et que l’ami, et un peu le disciple de Stendhal, saurait échapper aux formules du dogme. […] Le fond du cœur commence à percer : ce n’est pas un ami, ce n’est pas même un indifférent qui écrit ici sur André Chénier. […] Si ce que nous allons transcrire était de Boileau, il y a longtemps peut-être que l’accusateur l’aurait admiré : Ami, Phœbus ainsi me verse ses largesses. […] C’est un présent que j’offre surtout à mes amis, mais tous les initiés ont part commune à cette gracieuse couronne des Muses. » Chénier avait lu d’abord cette pièce attrayante qui ouvre le recueil de Brunck, et qui est comme l’enseigne du jardin des Hespérides ; il semble s’être dit : Et moi aussi, pourquoi donc ne ressaisirais-je pas quelque chose de tout cela ?
Lacordaire une notice exacte et très bien faite, écrite par un de ses amis d’enfance, M. […] C’est alors, vers 1824, qu’une grande et brusque révolution se fit en lui ; ses amis, sa famille apprirent tout à coup qu’il renonçait au barreau, et qu’il était entré à Saint-Sulpice. […] Je pourrais citer de lui là-dessus des pages charmantes, poétiques, écrites pour un ami et placées dans un livre où l’on ne s’aviserait guère de les démêler. […] L’abbé Lacordaire réussissait depuis deux années à Notre-Dame, lorsqu’il prit un parti qui dut sembler singulier et extrême à ses amis, même les plus religieux : il quitta brusquement cette position toute faite et s’en alla à Rome pour y étudier, disait-on, mais en réalité pour s’y préparer à prendre l’habit de dominicain, et nous revenir de là avec la robe blanche du frère prêcheur.
Je voyageais en Russie avec quelques amis. […] L’Europe tout entière lui était comme un parc où il n’avait qu’à se promener pour y rencontrer des amis, des admirateurs, des hospitalités empressées et somptueuses. […] Tous les artistes du temps furent ses amis, et il les a presque tous magnifiquement placés dans ses œuvres. […] La critique la plus cordiale, celle d’un ami, d’un camarade, comme il l’était de Louis Lambert, aurait-elle jamais pu lui faire accepter quelques idées de sobriété relative, et les lui introduire dans le torrent de son talent, pour qu’il le contînt et le réglât un peu ?
Il y a joint à son tour un travail biographique, littéraire et même grammatical, très soigné, qui permet de classer désormais le savant ami de Montaigne au nombre des auteurs que tout le monde peut aborder directement et suivre avec intelligence. […] Jusqu’à l’année 1564, où Pasquier, âgé de trente-cinq ans, se trouva soudainement porté au pinacle de sa profession comme avocat, par le choix que fit de lui l’Université dans son grand procès contre les Jésuites ; jusqu’à cette époque pour lui décisive, il vivait dans le travail et dans le monde, dans celui de l’Université et du Palais, ayant beaucoup d’amis et les cultivant, plaidant honorablement et avec un succès d’estime, marié depuis 1557 à une cliente reconnaissante à qui il avait fait gagner son procès. […] S’agit-il de juger ses compagnons et ses amis les poètes, Ronsard et les autres ? […] Et comme correctif à ce que je viens de dire sur les quelques défauts de l’estimable prosateur, quelle plus jolie lettre, quelle plus vive et plus légère d’allégresse, que celle que Pasquier adresse à l’un de ses amis, lors de la naissance de son fils !
Chamfort, alors son ami, lui en adressa des condoléances, auxquelles Rulhière répondit par une épître en vers un peu longue, mais dans laquelle il développe avec facilité ses principes de philosophie et de sagesse, qui ne sont autres que ceux d’Horace : L’astre inconstant sous lequel je suis né, Des biens aux maux m’a souvent promené ; Mais aux événements payant mon caractère, En jouissant de tout, rien ne m’est nécessaire. […] — De notre ami commun, de Jean-Jacques. — Bon ! […] … Et il raconte à Dusaulx l’histoire des moineaux que Rousseau nourrissait chaque matin, auxquels il donnait du pain sur sa fenêtre, et qu’il se flattait d’avoir apprivoisés : J’avais bien le droit, ce me semble, dit Rousseau parlant par la bouche de Rulhière, de croire que nous fussions les meilleurs amis du monde ; point du tout, ils ne valaient pas mieux que les hommes. […] Dans une autre lettre, écrite au moment où Bernardin partait pour l’île de France, Rulhière, pour lui relever le courage, lui dit : Si vous ne faites pas, mon cher ami, la fortune que j’attends de vos talents et de votre âme, au moins ferez-vous un bon Journal (un journal de voyage), et c’est quelque chose.
Devenue veuve une seconde fois, et sans enfants, il ne semblait pas que ses qualités bien appréciées de ses amis dussent s’exercer sur un plus vaste théâtre que celui d’une brillante société, lorsqu’une nécessité imprévue vint la produire. […] Elle ne parle jamais du roi que comme de l’« homme du monde le plus aimable », du « meilleur ami », et du « plus honnête homme du monde » : Si j’avais de plus, madame, comme vous me dites (écrit-elle à Mme de Maintenon), le bonheur qu’il se fût fort accoutumé à moi, je vous confesserais ingénument qu’il ne tenait qu’à Sa Majesté de s’apercevoir que je la trouvais de très bonne compagnie 67. […] Je voudrais, madame, que vous en pussiez faire autant, et que votre tempérament fût votre meilleur ami, comme le mien est celui sur lequel je dois le plus compter ; car je crois, à vous parler franchement, que je lui ai plus d’obligation qu’à la raison, et que je n’ai pas un grand mérite à avoir cette tranquillité, dont vous voulez, par une bonté extrême, m’en faire un qui m’attire vos louanges. […] Mais il est encore bien d’autres traits à relever dans sa nature, et qui la mettent en parfait contraste avec son amie Mme de Maintenon.
Il reprend la loi de Malherbe et la remet en vigueur ; il l’étend et l’approprie à son siècle ; il l’apprend à son jeune ami Racine, qui s’en passerait quelquefois sans cela ; il la rappelle et l’inculque à La Fontaine déjà mûr63 ; il obtient même que Molière, en ses plus accomplis ouvrages en vers, y pense désormais à deux fois. Boileau comprit et fit comprendre à ses amis que « des vers admirables n’autorisaient point à négliger ceux qui les devaient environner ». […] « On devrait, disait Boileau, ordonner le vin de Champagne à ceux qui n’ont pas d’esprit, comme on ordonne le lait d’ânesse à ceux qui n’ont point de santé : le premier de ces remèdes serait plus sûr que l’autre. » Boileau dans son bon temps ne haïssait pas lui-même le vin de Champagne, la bonne chère, le train du monde ; il se ménageait moins à cet égard que son ami Racine, qui soignait sa santé à l’excès et craignait toujours de tomber malade. […] L’homme qui a le mieux senti et commenté Boileau poète, au xviiie siècle, est encore Le Brun, l’ami d’André Chénier, et si attisé de trop d’audace par les rimeurs prosaïques.
Causant avec un des officiers de son hôtel, qu’il savait l’ami intime du saint, il le prit un jour à partie et, le serrant de près, lui demanda : « Lequel aimez-vous davantage, ou lui ou moi ? […] Le livre de saint François de Sales, en paraissant, fit une révolution heureuse : il réconcilia la dévotion avec le monde, la piété avec la politesse et avec une certaine humanité ; il remplit, assure-t-on, un vœu de Henri IV lui-même, lequel, causant avec Deshayes, cet ami intime du saint évêque, avait exprimé le désir que l’on composât un tel ouvrage qui remit à la Cour la religion en honneur et ne la présentât aux laïques ni comme vaine, ni comme farouche. […] Il était plus dans son élément le jour où il eut à répondre à un abbé de ses amis qui lui avait adressé cette question : « Votre cœur n’aimera-t-il pas le mien toujours et en toutes saisons ? […] L’objet principal de son livre, qu’il adresse à Philothée, c’est-à-dire à une âme amie de Dieu, est de faire voir en exemple encore plus qu’en préceptes comment la piété peut se mêler aux nombreuses occupations de la société, et doit être différemment exercée selon les conditions diverses, par le gentilhomme, par l’artisan, par le valet, par la femme mariée, par la veuve, et toujours d’après le même esprit qui répand la vie et la joie au-dedans.
Mon ami est sorti, effrayé du radotage sénile et prudhommesque de notre grand homme d’État. […] Arrive Bocher, un ami de la maison, arrive Meurice, aux pas qui ne font pas de bruit. […] Lundi 3 novembre Dans les lettres on a un certain nombre d’amis, qui cessent tout à coup d’être de vos connaissances, dès qu’ils ne vous croient plus susceptibles de faire du bruit. […] On dit bonsoir aux projets de la soirée, et l’on s’isole paresseusement dans un tête-à-tête vague avec soi-même, dans un néant trouble, dont le coup de sonnette de votre meilleur ami, vous sortirait le plus désagréablement du monde.
* * * — Avez-vous remarqué, me disait une amie, comme les femmes bêtes ont quelquefois de l’esprit, du véritable esprit, quand elles disent du mal de leurs maris ? […] Puis au milieu de la conversation brisée, et sans suite, elle nous a raconté une visite, qu’elle avait faite dernièrement, pour forcer Flaubert à marcher, une visite à une amie, demeurant de l’autre côté de la Seine, et qui avait, ce jour-là, son dernier-né, posé sur la table du salon, dans une charmante bercelonnette rose : visite qui faisait répéter à Flaubert, tout le long du retour : « Un petit être comme celui-ci dans une maison, il n’y a que cela au monde ! […] Il se plaint des amateurs qui travaillent à devenir les amis des peintres, pour payer moins cher, et à ce propos, il me cite la phrase de Diaz : « Oui, ils veulent connaître intimement la p…, dans l’espérance de devenir ses maquereaux ». […] Un joli détail de coquetterie, confié par une femme du premier Empire à une de mes vieilles amies.
La question, entre les amis et les ennemis de l’autobiographie, peut se réduire à ceci : les uns veulent que le musicien qui nous enivre de ses mélodies joue derrière un paravent de carton ; il doit rester invisible, sous peine de n’être plus qu’un histrion. […] L’autobiographie est haïssable quand elle est un prétexte : Pour la vanité — à faire la roue en public ; Pour le cynisme — à se poser devant la foule, avec le cortège crotté de ses turpitudes ; Pour la malveillance. — à affubler d’anciens amis de rôles odieux ou ridicules. […] » Lousteau voit tout le monde — et tous les mondes ; d’Arthez ne se réunit qu’à quelques amis triés, mais ces réunions sont un cénacle. […] Puis, cette insouciance innée de l’argent a son bon côté : ils ne comptent pas avec eux-mêmes, ce m’est un garant qu’ils ne compteront pas avec leurs amis.
L’auteur se pose tout d’abord ces questions dans la préface de son Histoire : Ce qui est étrange, dit-il, c’est que ce langage (le langage de ceux qui répondent à ces questions-là dans un sens défavorable à la Restauration) est tenu également par ses amis les plus ardents et par ses plus violents adversaires. […] Si, dans les actes publics, le roi semble accepter franchement quelques-unes des conditions de la société nouvelle, Monsieur s’empresse de rassurer ses amis plus impatients et qui réclament l’Ancien Régime tout pur : « Jouissons du présent, Messieurs, leur dit-il, je vous réponds de l’avenir. » Chaque ministre fonctionne à part sans s’inquiéter de ses collègues, sans se concerter avec eux. […] Decazes, qui était alors, je crois, ou à Ville-d’Avray ou à Madrid, le conseil se tint chez lui, et pendant la durée de ce conseil qui ne fut guère que de deux heures, il arriva jusqu’à trois ou quatre messages empressés de Louis XVIII, exprimant pour le cher ami ses attentions, son inquiétude, avec le tutoiement de l’extrême familiarité ; et le ministre favori ne put s’empêcher de laisser voir négligemment à ses collègues ces petits billets qui se succédaient de si près et si caressants.
Aujourd’hui, je ne succombe pas, mais je chancelle sous le poids de beaucoup de choses plus lourdes que les années : je suis pauvre des besoins d’autrui ; sous ma fausse apparence de bien-être je ne suis pas heureux ; je n’éblouis personne de tous mes prestiges éteints ou éclipsés ; je dispute des proches, des amis, des clients, un berceau, un sépulcre, à l’encan des revendeurs de tombes ; je suis désarmé, je veux l’être ; il n’y a ni mérite, ni force, ni gloire à m’outrager ; il y en aurait à m’aider dans mon travail si l’on avait un autre cœur ! […] Quand pourrai-je, à ce monde ayant payé rançon, Suspendre comme toi ma veste à ton buisson, Et, déchaussant mes pieds saignants de dards sans nombre, Te dire, en t’embrassant : « Ami, vite un peu d’ombre ! […] S’il est près de ta mer une telle colline, Ami !
Cinthio, entrant dans les vues de son ami, parla du capitaine à sa sœur qui montra des sentiments favorables. […] Mais, satisfait de la fidélité de Flaminio à sa parole, il renonce à la jeune fille et la cède à son ami. […] Après un certain laps de temps, il revient avec le capitan, son ami, dont il se fait passer pour le valet.
J’écrivais à un ami : « Je vous en supplie, lisez les Barbares. » Deux jours après, il me répondait : « C’est le plus cher de mes livres. » Oui, l’audace intelligente et neuve de ces courts traités nous transportait d’aise, formulant les dédains et les réserves de nos vingt ans, et nos ardeurs. […] Un mien ami était allé en Bavière, chargé d’écrire une étude sur les châteaux de Louis II. […] Une voix amie lui dit : Renonce au peuple, Karl, tu veux sauver les papillons du feu, tu les retiens de force, il n’y a que leur expérience qui sera capable de les instruire.
Son ami Sedaine vient d’avoir un succès au théâtre : Diderot court chez lui, l’embrasse, veut le féliciter ; mais la voix lui manque et les larmes lui ruissellent le long des joues. […] Mlle de Scudéry est si noire de peau que, selon Mme Cornuel, une de ses bonnes amies, la nature semble lui avoir fait suer toute l’encre qu’elle devait employer ; elle a pourtant des attraits aux yeux de Pellisson, ce qui fait répéter aux plaisants le dicton connu : « Qui se ressemble s’assemble ». […] Saint-Pavin, l’esprit fort, le poète, l’ami de Ninon, trace de lui-même ce portrait peu flatté 49 : Mon teint est jaune et safrané, De la couleur d’un vieux damné, Pour le moins qui le doit bien estre Ou je ne sçay pas m’y connoistre.
Est-ce que vous n’avez pas autour de vous une femme, un enfant, un ami qui puisse vous dire, ne peignez plus ? […] Mon ami, c’est du Parocel, c’est du Brenet, c’est pis encore, si vous voulez. […] Remarquez d’abord, mon ami, qu’il y a quelques savans, quelques érudits, et même quelques poëtes dans nos provinces : aucun peintre, aucun sculpteur.
si ces chasseurs de renommée avaient eu la prudence de mon ami Bianchon, le chasseur de perdreaux… * * * Bianchon, jeune homme de mœurs irréprochables du reste, a été piqué, comme un chacun, par sa tarentule : lui qui, de sa vie, n’a pu abattre une pièce de gibier, il tient à passer pour un héros du Journal des Chasseurs. […] * * * Les impuissants littéraires n’ont pas, malheureusement pour eux, l’imaginative de l’ami Bianchon. […] Et les rédacteurs de journaux, les éditeurs de livres, les directeurs de théâtres, se voient forcés de répondre à leurs avances : « Pas moyen, cher ami.
Traduit devant un conseil de guerre, il ne chargea point ses compagnons, mais fut accusé et chargé par eux pour sauver leur vie, — plus tué par cela que par les balles, trahi par des amis, chose plus cruelle que d’être fusillé ! […] Mais cela est surtout vrai des hommes d’action, qui crient sur le cœur d’un ami, dans leurs lettres, quand l’action impossible ou empêchée ne les révèle plus. […] Fortune, amis, jeunesse, amours, feuille qui vole Et que le temps emporte et qu’il ne rend jamais, Bientôt tu perdras tout !
J’ai regretté l’autre jour, je l’avoue, de ne pas être un peu de l’opposition, afin d’être plus en droit de dire ce que je pensais après avoir lu l’excellent et spirituel discours que M. le comte de Persigny a prononcé à Montbrison ; mais enfin de ce qu’on a l’honneur d’être, par goût et par choix, le serviteur et l’ami des gens, ce n’est pas une raison pour éviter de dire d’eux le bien que l’on pense. […] Il faut rendre à M. de Persigny cette justice qu’il a dans le cœur ce je ne sais quoi d’élevé qui répond bien à un tel sentiment, qui y sollicite et peut y rallier même des adversaires, qui va chercher en chacun ce qui est vibrant, et que le sentiment napoléonien historique et dynastique tel qu’il le conçoit dans son esprit et dans son culte, tel qu’on l’a entendu maintes fois l’exprimer avec une originalité saisissante (toute part faite à un auguste initiateur), est à la fois ami de la démocratie, sauveur et rajeunisseur des hautes classes, animateur de la classe moyenne industrielle en qui il tend à infuser une chaleur de foi politique inaccoutumée.
Plus tard cette facilité s’accompagne volontiers du goût pour les puérilités et les niaiseries, et l’on remplit les pages qu’on envoie à ses amis de riens insipides, de menus faits et de plates réflexions où le cœur ni l’esprit n’ont aucune part. […] Il ne faut pas croire qu’on lui ressemble, parce qu’on déchire ses amis et connaissances ; sentez comme elle Molière et La Fontaine : on vous donnera ensuite le droit de relever les ridicules.
Fut-il l’amant, ou seulement l’amoureux de la femme de son ami ? […] et s’il fut plus coupable que nous ne souhaiterions, dans quelle mesure fut-il excusé par l’agacement si naturel que donne un homme de génie à un homme extrêmement intelligent, et par l’impossibilité où étaient les deux amis de se comprendre et de se pénétrer, impossibilité que leur intimité même devait rendre plus irritante ?
. — Les Farces de mon ami Jacques (1882). — Mémoires d’un galopin (1882). — Le Péché d’Ève (1882). — Pour faire rire (1882). — Le Filleul du Docteur Frousse-Cadet (1882) […] Jules Lemaître Les lecteurs du Gil Blas, qui se délectent deux ou trois fois par semaine aux amours de l’ami Jacques et aux aventures du commandant Laripète, ont-ils lu les Renaissances, les Paysages métaphysiques et les Ailes d’or, et soupçonnent-ils que M.
Sully Prudhomme, son ami : « Vous avez mérité la sympathie et la reconnaissance de tous ceux qui lurent vos vers dans leur jeunesse : vous les avez aidés à aimer. » M. […] On chercherait en vain un confident plus noble et plus doux des fautes du cœur et de l’esprit, un consolateur plus austère et plus tendre, un meilleur ami.
Le roi était tout-puissant sur la nation par sa gloire, par le noble usage qu’il faisait de sa gloire même : Molière était tout-puissant près du roi par le plaisir qu’il donnait à la cour, par la louange, par le concert de louanges que Racine et Boileau, ses jeunes amis, guidés par ses conseils et son exemple, prodiguaient à l’envi au monarque. […] Mais il était ami plus fidèle que courtisan habile, quand il écrivait son élégie Aux Nymphes de Vaux, en faveur de Fouquet, il implorait pour lui la clémence de Louis XIV, sachant très bien, et son élégie même en contient la preuve, qu’il avait à défendre, non, comme le croyait le public, le ministre prévaricateur, mais le galant magnifique et téméraire, qui avait osé prétendre au cœur de la maîtresse du monarque et essayé de la séduire.
Qu’importe cependant qu’il soit mauvais père, mauvais époux, ami suspect, dangereux ennemi, méchant homme ? […] Agir devant ses enfants, et agir noblement, sans se proposer pour modèle ; les apercevoir sans cesse, sans les regarder ; parler bien, et rarement interroger ; penser juste et penser tout haut ; s’affliger des fautes graves, moyen sûr de corriger un enfant sensible : les ridicules ne valent que les petits frais de la plaisanterie, n’en pas faire d’autres ; prendre ces marmousets-là pour des personnages, puisqu’ils en ont la manie ; être leur ami, et par conséquent obtenir leur confiance sans l’exiger ; s’ils déraisonnent, comme il est de leur âge, les mener imperceptiblement jusqu’à quelque conséquence bien absurde, et leur demander en riant : Est-ce là ce que vous vouliez dire ?
Adieu ma très chère amie ! […] Êtes-vous sur le point de rejoindre votre ami Platon ou pensez-vous que ce soit moi qui le doive faire bientôt ? […] La femme d’un ami, un jour aussi viendra qu’elle sera laidebp. […] Songeant à Claude Lothaire, je voyais se dessiner une de ces courbes chères à notre ami Thibaudet. […] Stephen Hudson — qui fut l’ami de Proust — sont inclus trois précieux fragments de lettres.
Toutes les fois qu’on nomme une de ses amies, pan ! […] Et songez donc, ami, songez s’il me la devait ! […] Un de mes amis me dit : « Je m’en console facilement. […] Je ne veux écouter en tout ceci que la raison, la saine raison. — Oui, mon ami. […] Non, c’est Jacquemin, l’ami de Pierre et son compagnon de flibuste.
Autant nous étions amis de l’éclat, autant il cherchait les teintes adoucies du demi-jour. […] Par excès de zèle, et pour ramener plus d’amis au ciel, l’ange trichait. […] Nous donnons ce renseignement et ce signalement à notre cher ami et confrère Ch. […] Gérard de Nerval fut suivi des affections les plus constantes, les plus dévouées, les plus fidèles ; nul ne lui a manqué, ni les amis de trente ans, ni les amis d’hier, qui se retrouveront tous autour de son cercueil. […] Nous ne l’avons pas vu dans cette dernière période, car il fuyait, ou du moins ne cherchait pas ses anciens amis.
Est-ce donc moi qui ai manqué de cœur lorsque je vous ai rappelé que vous négligiez votre travail, que vous négligiez vos amis, que vous abandonniez voire mère ? […] « Mon ami, vous devriez vous soigner. » Et ce mari qui ne rentre pas chez lui afin de donner à sa femme le temps de trépasser, et qui répond par d’hypocrites larmes aux consolations hypocrites d’amis sournois. […] — Oui, oui, mon ami, et d’abord je regarde le suicide comme une lâcheté. — Dites comme un crime ! […] Il n’a pas assassiné son ami, il l’a laissé périr ; sentez-vous la nuance, enfants du xixe siècle ? […] La passion coupable est représentée par Clotilde du Val Chesnay, une amie d’enfance de Sibylle.
L’une d’elles, en manquant de respect, tout bas, très fort à sa mère, qui veut l’empêcher de boire du champagne, me conte sa première passion de couvent, son premier amour pour un lézard qui la regardait avec son œil doux et ami de l’homme, un lézard qui était toujours en elle et sur elle, et qui passait, à tout moment, la tête par l’ouverture de son corsage pour la regarder et disparaître. […] … » Le jeune Anglais ajoutait placidement et posément : « Moi j’ai les goûts cruels, mais je m’arrête aux hommes et aux animaux… Dans le temps, j’ai loué, avec un ami, une fenêtre, pour une grosse somme, afin de voir une assassine qui devait être pendue, et nous avions avec nous des femmes pour leur faire des choses — il a l’expression toujours extrêmement décente — au moment où elle serait pendue. […] ces fers… non, d’abord il ne voulait pas les exécuter, le relieur… Alors je lui ai prêté de mes livres… Maintenant il rend sa femme très malheureuse… il court les petites filles… mais j’ai eu mes fers. » Et nous montrant un livre tout préparé pour la reliure : « Oui, pour ce volume j’attends une peau, une peau de jeune fille… qu’un de mes amis m’a eue… On la tanne… c’est six mois pour la tanner… Si vous voulez la voir, ma peau ?… Mais c’est sans intérêt… il aurait fallu qu’elle fût enlevée sur une jeune fille vivante… Heureusement, j’ai mon ami le docteur Bartsh… vous savez, celui qui voyage dans l’intérieur de l’Afrique… eh bien, dans les massacres… il m’a promis de me faire prendre une peau comme ça… sur une négresse vivante. […] Et là, dans l’arrière-boutique, en collaboration de son ami, il se livre longuement et compendieusement à la composition d’un de ces lavements, dont la recette est perdue depuis Molière, et rapporte le liniment, où il a mis sa science et son cœur, à la belle au théâtre.
Pas de chance, Daudet, l’ami qui m’apportait, tous les deux ou trois jours, tantôt sur le bras d’Ebner, tantôt sur le bras d’Hennique, un peu de vie intellectuelle, est souffrant, et ne peut sortir de sa chambre. […] L’attention de ces deux cœurs amis m’a touché. […] Mercredi 28 juillet Ce pauvre Jean Lorrain doit être opéré, vendredi, d’une tumeur dans les intestins, et tous ces jours-ci, pour que sa pensée aille le moins possible à vendredi, il déjeune ou dîne chez des amis, et donne à déjeuner ou à dîner à des amis, chez lui. […] On vint à parler d’une de ses amies, toujours en traitement, sans être malade. […] Paul Alexis a lu son testament, daté, de trois semaines avant sa mort, où il institue comme héritière sa nièce Simone, réserve le quart de sa fortune à ses ascendants, et fait quelques legs à des amis.
L’autre ami de loin répète ; Ou plutôt, fée au léger Voltiger, Habile, agile courrière Qui mènes le char des vers Dans les airs, Par deux sillons de lumière ! […] La strophe, empruntée à Ronsard et à sa pléiade, fait succéder à un vers plus long un vers plus court, qui en est comme l’écho, et ce rythme ne contribue pas peu au charmant effet d’harmonie : Dernier adieu d’un ami Qu’à demi L’autre ami de loin répète. […] Sainte-Beuve a raison de dire qu’elle est une réponse, comme celle d’un ami à un ami, et on y peut même voir l’emblème de la sympathie entre les cœurs. […] La vie nous manquera, comme un faux ami au milieu de nos entreprises. […] Qu’il s’agisse d’une chose, d’un être ou d’une simple idée, nous éprouvons une joie infinie à retrouver, à revenir vers ce qui est déjà connu, déjà ami par conséquent.
Ballon, ancien oratorien et ancien professeur de Fontanes ; de M. de Beausset, ancien évoque d’Alais ; de Joubert, l’ami de Fontanes et de Chateaubriand. […] Ces deux événements n’obtiennent de sa plume, dans ses lettres à son ami Vignet des Étoiles, que deux courtes mentions, qui constatent en passant son naufrage particulier, perdu à ses yeux dans le naufrage gêneral. […] On remarque déjà parmi les gardes du corps du roi, un jeune homme au front élevé, à la parole harmonieuse, dont quelques amis ont seuls entendu les premiers essais, qui s’éloignent, disent-ils, des routes frayées. […] L’itinéraire de lord Byron était largement conçu ; il voulait, avec son ami sir John Cam Hobhouse, visiter, outre une partie de notre continent, la Grèce, la Turquie, et même pénétrer dans l’Inde. […] La publicité l’effrayait, les soins à prendre pour la publication d’un ouvrage l’inquiétaient ; on lui promit de l’affranchir de tout soin, et l’ami officieux emporta le manuscrit avec l’autorisation de le faire paraître, mais sans nom d’auteur.
Il est très-triste pour l’honneur des lettres que Molière et Racine aient été brouillés depuis ; de si grands génies, dont l’un avait été le bienfaiteur de l’autre, devaient être toujours amis. […] Molière, heureux par ses succès et par ses protecteurs, par ses amis et par sa fortune, ne le fut pas dans sa maison. […] Non seulement j’ai omis dans cette vie de Molière les contes populaires touchant Chapelle et ses amis ; mais je suis obligé de dire, que ces contes adoptés par Grimarest, sont très faux. […] Celui qui écrit ceci, a vu la scène écrite de la main de Molière, entre les mains du fils de Pierre Marcassus, ami de l’auteur. […] Molière ayant opposé la protection et le zèle de ses amis aux cabales naissantes de ses ennemis, obtint du roi une permission verbale de jouer Le Tartuffe.
Ses anciens amis du Cénacle se divertirent à ses dépens. […] Il s’occupe de ses amis, un peu, on le sent, dans la mesure où ils sont les amis de sa gloire. […] Hugo sent son ami se détacher sourdement de lui. […] Trelawnay ramena le corps de son amie jusqu’à l’île Bourbon. […] C’est De Ruyter, l’ami de Trelawnay.
L’ami, l’amoureux et le fils se liguent en lui contre l’honnête homme. […] Le royaume de Hilda ce sera le génie de son ami. […] J’entrai dans le vestibule du Paradis ; j’y rencontrai mes bons amis d’autrefois. […] presque un ami… Mais, bah ! […] Il crie aux prétoriens qui le gardent ; « Vous avez été mes amis.
Ton ami, ALEX. […] Il est plus facile de donner son cœur à un ami que de lui donner sa main. […] La fille aînée, trente ans, célibataire, journaliste, habite un appartement de garçon où elle reçoit, sans faste et avec cordialité, ses amies et ses amis. […] Me promenant, un jour, dans un beau parc du Hamptonshire avec mon vieil ami M. […] « Je ne lis jamais le Times, me dit mon vieil ami.
D’Olivet, qui est malheureusement trop bref sur le célèbre auteur, mais dont la parole a de l’autorité, nous dit en des termes excellents : « On me l’a dépeint comme un philosophe, qui ne songeoit qu’à vivre tranquille avec des amis et des livres, faisant un bon choix des uns et des autres ; ne cherchant ni ne fuyant le plaisir ; toujours disposé à une joie modeste, et ingénieux à la faire naître ; poli dans ses « manières et sage dans ses discours ; craignant toute sorte d’ambition, même celle de montrer de l’esprit138. » Le témoignage de l’académicien se trouve confirmé d’une manière frappante par celui de Saint-Simon, qui insiste, avec l’autorité d’un témoin non suspect d’indulgence, précisément sur ces mêmes qualités de bon goût et de sagesse : « Le public, dit-il, perdit bientôt après (1696) un homme illustre par son esprit, par son style et par la connoissance des hommes ; mes ; je veux dire La Bruyère, qui mourut d’apoplexie à Versailles, après avoir surpassé Théophraste en travaillant d’après lui et avoir peint les hommes de notre temps dans ses nouveaux Caractères d’une manière inimitable. […] C’étoit une meule toujours en l’air, qui faisoit fuir devant elle, et dont ses amis n’étoient jamais en sûreté, tantôt par des insultes extrêmes, tantôt par des plaisanteries cruelles en face, etc. » A l’année 1697, il raconte comment, tenant les États de Bourgogne à Dijon à la place de M. le Prince son père, M. le Duc y donna un grand exemple de l’amitié des princes et une bonne leçon à ceux qui la recherchent. […] On lit dans la note manuscrite de la bibliothèque de l’Oratoire, citée par Adry, « que madame la marquise de Belleforière, de qui il était « fort l’ami, pourroit donner quelques mémoires sur sa vie « et son caractère. » Cette madame de Belleforière n’a rien dit et n’a probablement pas été interrogée. […] En parlant une fois de madame Guizot, nous avons indiqué de combien de pensées mémorables elle avait parsemé ses nombreux et obscurs articles, d’où il avait fallu qu’une main pieuse, un œil ami, les allât discerner et détacher. […] Je ne sais si vous y trouverez votre compte ; mais, en cas de succès, le produit sera pour ma petite amie. » Le libraire, plus incertain de la réussite que l’auteur, entreprit l’édition ; mais à peine l’eut-il exposée en vente qu’elle fut enlevée, et qu’il fut obligé de réimprimer plusieurs fois ce livre, qui lui valut deux ou trois cent mille francs.
Et merci, puisque tu m’as mis Parmi ceux, qui, de tes amis, N’auront pas reçu d’un commis Aux noires manches de lustrine Le volume à couleur citrine Qui fut l’honneur de sa vitrine. […] Rachilde Gog : Enamourés tous les deux des choses du divin, ces deux esprits si opposés, Villiers et Catulle Mendès, en même temps amis intimes et adversaires l’un à l’autre également redoutables, liés normalement par la parité de leur merveilleuse puissance de travail, et non moins normalement séparés par leur différente compréhension du mystère, ces deux hommes terribles pouvaient seuls, au monde des lettres, concevoir la terrible idée d’une substitution de Dieu. […] … C’est sous ces apparences dénuées de complications que je me représentais l’être exquis, de douceur et de simplicité, qui devait devenir non seulement le plus fidèle de mes amis, mais encore le plus délicieux et le plus jeune de mes camarades. […] L’article fit un beau tapage, tombé dans la mare aux grenouilles de la critique contemporaine, où quatre crétins, onze ratés, deux prophètes, huit philosophes, revenus des erreurs de ce monde, et soixante-quatorze bons garçons équitablement partagés entre la crainte de peiner un ami et le désir bien légitime de ne pas compromettre leurs titres à la réception d’un lever de rideau, disputaient à notre Bon Oncle l’honneur de rectifier le tir. […] Ainsi tient dans le creux de la main l’historique de cet Art au théâtre dont notre ami Eugène Fasquelle lance aujourd’hui la première édition, qui sera suivie de tant d’autres : livre extraordinairement nouveau, tout à fait beau, je le répète, débordant de bonne foi, ce qui est bien, et de foi, ce qui est encore mieux, et où alternent avec un égal bonheur les envolées et les culbutes, les coups d’aile et les coups de bâton.
Tandis que Balzac et Voiture se disputaient laborieusement à qui écrirait le mieux une lettre sans objet, un médecin philosophe, esprit piquant, satirique, peu ami des puissances, sauf le roi, penseur plus que libre, qui ne voyait dans les réjouissances du jubilé que « force crottes et catarrhes, et de la pratique pour les médecins176 » ; un type de l’esprit d’opposition dans notre pays qui sait beaucoup mieux ce qu’il ne veut pas que ce qu’il veut, Guy Patin donnait, sans s‘en douter, le premier modèle de lettres simples, naturelles, écrites, non plus à des indifférents pour leur faire les honneurs de son esprit, mais à des amis pour le plaisir de s’épancher, par un auteur qui n’a souci ni du style ni des ornements, et qui ne met dans ses lettres comme il le dit lui-même, « ni Phébus ni Balzac177. » Dans le même temps que La Rochefoucauld se plaçait par trop de soins donnés à ses Mémoires, Mme de Motteville écrivait, d’une plume facile, élégante et ferme en plus d’un endroit, la chronique de la cour d’Anne d’Autriche. […] Mme de Sévigné donne des nouvelles de la cour, quelquefois de l’armée, quand elle y a son fils ou ses amis. […] Personne de cour à moitié, moins par elle-même que par les amis ou les relations qu’elle y a, n’en étant pas curieuse jusqu’à s’inquiéter de n’en pas tout savoir, ne s’y introduisant point par des efforts de pénétration, elle s’en occupe parce que tout le monde s’en occupait. […] Tout ce mouvement autour du mourant, d’abord de respect et d’intérêt pour une vie de si grande importance, puis, à mesure que les chances de guérison diminuent, d’ambition et de précautions avec le règne futur ; ces appartements du duc d’Orléans encombrés, « à n’y pas mettre une épingle », quand le roi est désespéré, vides et déserts sur le bruit qu’il est mieux ; ces valets qui pleurent, les seuls vrais amis du monarque ; la froide et triste octogénaire qui assiste l’œil sec à sa longue agonie, profitant des courts répits du mal pour faire ajouter à la part des bâtards, et quand le roi n’est plus qu’un moribond qui ne peut plus ni ôter ni donner, n’attendant pas la fin et se sauvant à Saint-Cyr ; ces grandes et touchantes paroles du roi ; cette attente de la mort dans la majesté qu’il mettait à toutes ses actions, sans défaillances, sauf celles de la nature quand le combat va finir ; cette inquiétude du chrétien, qui craint que ses souffrances ne soient une trop faible expiation de ses fautes ; tout cela raconté au jour le jour, dans l’ordre où chaque chose arrive, parmi des détails sur le service intérieur, l’étiquette, les allées et les venues des courtisans et des gens de service, les messes entendues dans le lit et les derniers repas du mourant ; tout cela, dans son abandon, égale l’art le plus consommé.
Il était l’objet des railleries de ses meilleurs amis. » Ceci est bien dur, nous suffoque un peu, mais il y a là certainement une âme de vérité, comme dit Spencer, car vous voyez que c’est de son père et de ses sœurs surtout que Louis Racine tient ses renseignements. […] Un ami s’étant épanché un jour auprès de moi, je résumai ses confidences, en le reconduisant, de la façon suivante : « Vous vous aimez, votre femme et vous, dans les enfants que vous auriez voulu avoir. » Il me dit : « C’est cela même. » Cet homme-là n’avait pas seulement l’amour conjugal, il avait l’amour domestique. […] Par des transports n’espérant pas vous plaire, Je me suis dit seulement votre ami, De ceux qui sont amants plus qu’à demi. […] Je ne vous citerai pas, puisque l’heure avance et puisque vous la connaissez tous, la fameuse fable sur les Amis. Je vous rappellerai seulement ces quelques vers : Qu’un ami véritable est une douce chose !
Un peuple en révolution n’a plus d’alliés et d’amis. […] Mais comment y parviendra-t-il sans l’intervention des intelligences célestes et amies de la nature humaine ? […] Inachus était un roi bienfaisant, ami de son peuple dont il était aimé. […] de quelle catastrophe n’étiez-vous point témoin, vous qui auprès du bourreau vous couvriez du sang des misérables, et qui étiez leur dernier ami ! […] Il fut le compagnon de sa jeunesse et son ami.
Elle annonça cette triste nouvelle à ses amis, d’une voix calme et résignée, sans emphase et sans éclat, tout simplement, si bien qu’il était facile de comprendre que sa volonté était irrévocable. […] C’est une grande perte, et bien cruelle, et qui doit affliger tous les sincères amis de ce grand art de la comédie, qui a été si longtemps en si grand honneur parmi nous. […] vingt-sept ans, répondent ses bonnes amies ; et trois mois après, au premier bal où elle va réussir, ces bonnes amies diront aux jeunes gens : — Vous voyez bien, là-bas, cette belle dame qui porte des roses blanches sur la tête et qu’on entoure, c’est une femme de quarante ans, qui le dirait ? […] Afin que ses adieux suprêmes fussent dignes d’elle, mademoiselle Mars avait appelé à son aide Molière et Marivaux, ses deux amis fidèles, fidèles jusqu’à la fin ; celui-ci austère, sérieux, solennel, même dans sa vie ; celui-là bienveillant, aimable, charmant, plein de grâce, d’élégance et d’abandon […] Il est midi… La ferme a l’air d’être endormie ; Le hangar aux bouviers prête son ombre amie.
Ses stances sur La Retraite sont les plus célèbres ; il les adresse à un ami qui est engagé comme lui dans le monde, et qu’il convie ainsi que lui-même à s’en retirer : Tircis, il faut penser à faire la retraite ; La course de nos jours est plus qu’à demi faite ; L’âge insensiblement nous conduit à la mort ; Nous avons assez vu, sur la mer de ce monde, Errer au gré des flots notre nef vagabonde ; Il est temps de jouir des délices du port. […] Chapelain, sans le vouloir, lui perçait le cœur lorsqu’il lui écrivait dans le premier âge d’or de l’institution (août 1634) : Quand il n’y aurait autre avantage qu’une fois la semaine on se voie avec ses amis en un réduit plein d’honneur, je ne croirais pas que ce fût une chose de petite consolation et d’utilité médiocre. […] La pièce vraiment belle de Maynard, celle qui mérite de conserver son nom, est une autre ode de lui : « Alcippe, reviens dans nos bois… » Le thème y est à peu près le même que celui de Racan ; il s’agit d’arracher à la Cour un ami que la fortune y abandonne et qui s’acharne à une ingrate poursuite. […] Mais le lieu commun est grandement traité ; il y est même rehaussé vers la fin ; et, allant au-delà d’Horace, Maynard, pour détacher son ami des ambitions périssables, montre que ce ne sont pas seulement les hommes, ni les cités, ni les empires qui doivent finir ; ce ne sont là que de petits débris : ce ciel physique lui-même, ce théâtre de tant de splendeurs, dit-il, finira, et il aura son jour de ruine : Le grand astre qui l’embellit Fera sa tombe de son lit.
Huet, son compatriote de Caen et son ami, eût bien voulu le ramener dans le giron de l’Église ; il se flattait d’y parvenir, et espérait par là s’ouvrir un champ plus commode pour lui rendre service en cour et pour utiliser ses talents. […] Les amis de son père n’eurent rien de plus pressé que de la servir ; elle vint habiter à Paris l’année qui suivit sa mort, et le docte Huet, sous-précepteur du Dauphin, lui donna une part et une tâche à remplir dans les éditions d’anciens auteurs qui se faisaient ad usum Delphini : Si je m’en souviens bien, dit Bayle, Mlle Le Fèvre surpassa tous les autres en diligence et gagna le pas à je ne sais combien d’hommes qui tendaient au même but. […] Elle en écrivait son impression à une amie de son âge en des termes qui valent mieux qu’un jugement, et qui représentent le profit qu’en ont tiré des générations entières : J’ai promis, ma bonne Henriette, de le communiquer mon opinion sur l’Odyssée : je vais répondre à ton désir. […] J’ai perdu une amie et une compagne fidèle ; nous n’avions jamais été séparées un seul moment depuis son enfance.
Les nombreux amis auxquels il lut, cahier par cahier, ces mémoires dont il était si fier, eurent raison d’en féliciter l’auteur, de lui donner des encouragements et des conseils ; de lui recommander « de les continuer dans le plus grand détail qu’il pourrait », de ne rien retrancher « de ce qui peint l’homme dans les moindres circonstances de sa vie », de ne pas trop céder sur ces points au goût simple et un peu nu du trop classique abbé Fleury, lequel en fut d’ailleurs très satisfait. […] Il était positivement désigné pour cette tâche par quelques-uns des amis de Bossuet, l’abbé Fleury, le docteur Pirot. […] Le Dieu s’arrange, en attendant, pour profiter de l’hospitalité, des dîners et régals de la famille Bossuet, qui l’accueille chaque fois en ami ; il affecte, sur les papiers et projets d’écrits du grand évêque, de paraître en savoir plus qu’il n’en dit, d’avoir des manuscrits ou du moins des copies à lui, et meilleures que celles qu’on a. […] On lava les mains sans façon et comme entre amis : le prélat bénit la table et prit la première place, comme de raison ; M. l’abbé de Chanterac était assis à sa gauche : chacun se plaça sans distinction à mesure qu’il avait lavé.
Rien n’est cependant plus du sien, et Sa Majesté est persuadée qu’il convient tout à fait à son service, de faire entrer son armée en Piémont la campagne prochaine… Vous devez avoir reçu une lettre de Sa Majesté par laquelle elle vous marque que, voulant absolument que son armée entre en Piémont la campagne prochaine, elle ne vous rendra en aucune façon responsable des événements de la campagne, et c’est ce qu’elle m’a encore ordonné de vous confirmer… Comme je crois que vous voulez bien me compter au nombre de vos amis, j’ai cru ne pouvoir vous donner une plus grande marque que j’en suis que de vous avertir pour vous seul, s’il vous plaît, que Sa Majesté est persuadée que, si votre goût n’était point aheurté à une guerre défensive, il ne se trouverait peut-être pas tant de difficultés à en faire une offensive cette année : ainsi, quoique je ne sois pas capable de vous donner des conseils, cependant je crois devoir vous donner celui de renouveler de soins et d’attentions pour essayer de rendre facile, par l’avancement de la voiture (du voiturage) des farines, une chose que le roi désire aussi ardemment. » Catinat répondait en remerciant Barbezieux de cet avis amical, et il protestait que la défensive n’était point chez lui un parti pris et que son goût n’était point aheurté à ce genre de guerre ; qu’elle lui tenait, au contraire, l’esprit dans une continuelle inquiétude dont il aimerait mieux se décharger en agissant ; il ajoutait : « Le roi me demande des mémoires sur les dispositions de l’offensive : je ne puis que me donner l’honneur de les lui envoyer aussi détaillés qu’il m’est possible avec les difficultés qui se rencontrent dans leur exécution, afin qu’il lui plaise de donner ses ordres pour les surmonter. » Louis XIV se rendait en dernier ressort aux raisons et démonstrations de Catinat ; mais il se formait de lui peu à peu une idée qui n’était plus aussi avantageuse qu’auparavant, ni aussi brillante. […] Cependant à la première nouvelle de l’événement, ses amis de Paris s’agitaient, s’émouvaient avec plus de délicatesse et de susceptibilité qu’il n’en avait lui-même ; ils conféraient entre eux sur la conduite la plus convenable qu’il aurait à tenir et lui dépêchaient courrier sur courrier pour lui faire part de leurs avis et du résultat de leurs délibérations. […] Mon cœur et mon imagination ne sont point blessés en aucune manière de la gloire que le maréchal de Villeroy pourra y acquérir, tant parce que je le crois un honnête homme et de mes amis, que parce qu’elle est inséparable du bien et de l’utilité du service. […] Compris en 1705 dans la nomination qui, de tous les maréchaux de France, faisait des chevaliers de l’Ordre, il remercia humblement le roi dans un entretien particulier, et s’excusa sur ce qu’il n’aurait pu, sans supercherie, faire ses preuves de noblesse ; ce refus d’un homme revenu de tout, et d’un ami de la vérité, fut plus applaudi au dehors qu’il n’aurait voulu.
« J’ai fait une lieue ce matin, écrit-il à l’un de ses amis, dans les plaines de bruyères, et quelquefois entre des buissons qui sont couverts de fleurs et qui chantent. » Rien de tout cela chez Boileau. […] Il y soigne sa santé, il y traite ses amis Rapin, Bourdaloue, Bouhonrs ; il y joue aux quilles ; il y cause, après boire, nouvelles de cour, Académie, abbé Cotin, Charpentier ou Perrault, comme Nicole causait théologie sous les admirables ombrages de Port-Royal ; il écrit à Racine de vouloir bien le rappeler au souvenir du roi et de madame de Maintenon ; il lui annonce qu’il compose une ode, qu’il y hasarde des choses fort neuves, jusqu’à parler de la plume blanche que le roi a sur son chapeau ; les jours de verve, il rêve et récite aux échos de ses bois cette terrible Ode sur la prise de Namùr. […] Cependant Boileau vieillit, ses infirmités augmentent, ses amis meurent : La Fontaine et Racine lui sont enlevés. […] le loisir que je me suis trouvé aujourd’hui à Auteuil m’a comme transporté à Reims, où je me suis imaginé que je vous entretenois dans votre jardin, et que je vous revoyois encore comme autrefois, avec tous ces chers amis que nous avons perdus, et qui ont disparu velut somnium surgentis. » Aux infirmités de l’âge se joignirent encore un procès désagréable à soutenir, et le sentiment des malheurs publics.
Tout cela fait à ses livres une figure à part, ce qui est l’essentiel et ce qui suffirait à me les faire goûter, quand même cet homme de loi lettré et ami des champs ne serait point, par-dessus le marché, un poète bien authentique. […] un brave homme de ses amis. […] Mais, au reste, tout ce que mon dessein m’oblige à signaler ici, c’est un je ne sais quoi dans le ton, une nuance, un rien, ce qui fait que c’est bien une « magistrature » que d’Artannes exerce sur sa jeune amie, et que la gravité du charmant directeur sent quelquefois la barrette du juge. […] Il tourne des chansons ; il soigne sa correspondance, et ses amis disent : « Le président un tel, ah !
Lemaître, un ami de Sarcey pourtant, est, après trois ou quatre ans de feuilleton, fatigué sinon dégoûté « des vaudevilles et des mélodrames », comme il appert de sa bienveillance nonchalante ou ironique. […] L’un d’eux me déclarait naguère qu’il ne va jamais plus au théâtre ; j’insinuai alors que l’ahurissante stupidité des fabricants du jour était sans doute la cause de son indifférence : « Non, mon ami, me répondit-il ; n’accusez point l’impuissance de ces dégénérés ; s’ils savaient porter à la scène une intrigue adroite ou des caractères ingénieux, ils ne me feraient pas davantage sourire : par quelle nouveauté pourrait bien encore m’amuser une intrigue, « depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes, et qui pensent » à bâtir des scénarios ? […] vous voyez de l’art au théâtre, mon ami ? […] C’est dommage : je sens que je regretterai le théâtre. » Tant mieux, au contraire, mon doux maître, car dans trente ans c’est un théâtre défunt qu’il vous faudrait regretter : tandis que, vos amis peuvent l’espérer, cela durera bien toujours autant que vous, heureusement !
Il a un ami qui n’a point d’autre fonction sur la terre que de le promettre longtemps à un certain monde, et de le présenter enfin dans les maisons comme homme rare et d’une exquise conversation : et là, ainsi que le musicien chante et que le joueur de luth touche son luth devant les personnes à qui il a été promis, Cydias, après avoir toussé, relevé sa manchette, étendu la main et ouvert les doigts, débite gravement ses pensées quintessenciées et ses raisonnements sophistiqués. […] On reconnaît à quel point le Fontenelle de quatre-vingt-dix ans, et le Fontenelle de La Bruyère qui en avait trente, l’un peint par un ennemi, et l’autre par une amie, sont bien pourtant le même. […] Il convient que son héros n’a guère aimé qu’une seule fois avec une sorte de tendresse : c’est dans l’affection qu’il eut pour son ami et camarade d’enfance, M. […] Totalement dénué de la forme poétique idéale supérieure et de cette richesse des sens qui en est d’ordinaire l’accompagnement et l’organe, il parle de la poésie en toute occasion comme ferait son ami La Motte, c’est-à-dire comme un aveugle des couleurs.