/ 1703
808. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Sainte devait Dieu, ce qui n’est pas douteux, si elle n’est pas absolument UNE Sainte devant les hommes, elle ne fut guère pourtant séparée de cette sainteté absolue que par l’épaisseur de sa douillette de femme du monde, et encore nous ne savons pas si, derrière la soie, il n’y avait pas le cilice.

809. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Tout manqué que son livre puisse être, malgré l’indigence absolue de conception supérieure et les vices d’un langage prétentieux et déplacé, le sujet qu’il traite n’en reste pas moins d’un intérêt prodigieux, qui prend l’esprit et le passionne.

810. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

L’esprit le plus absolu, mais aussi le plus élevé qu’ait produit l’ancien régime expirant, l’auteur illustre du Pape, des Soirées de Saint-Pétersbourg et du Bacon, ne pouvait être compté parmi ces jaloux contemporains de Napoléon qui ont parlé de lui avec la voix de femme de la jalousie : madame de Staël, Marmont, Chateaubriand !

811. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Il aurait pu sortir du relatif d’une question contemporaine pour entrer dans l’absolu d’une conclusion historique, qui pourrait bien être une loi de l’histoire.

812. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

Des idées générales, parfois primitives, — dans tous les cas toujours anciennes, — des jugements, des sentences, des vérités, soit absolues, soit relatives, rapidement poinçonnées, — le diable sait par qui ! 

813. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Jusqu’à l’Étude sur Stuart Mill, où il s’affirme davantage, l’auteur des Philosophes français, depuis qu’il avait renoncé au scepticisme et à la moquerie, n’avait guère, en philosophie absolue, montré nettement que des tendances.

814. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

c’est une grande erreur, ou plutôt c’est un manque de vue, puisqu’on prétend y avoir regardé, que de dater l’apparition de l’esprit révolutionnaire dans notre histoire de la fin du règne de Louis XIV, et de lui donner pour première origine et pour cause la réaction inévitablement nécessaire de la Régence contre l’accablant despotisme d’un Roi qui avait fatigué et dégoûté la France par soixante ans de pouvoir absolu.

815. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Je ne crois pas Grenier aussi tranché et absolu que moi dans ses opinions religieuses, mais je lui sais gré de cette phrase écrite par lui : « Le catholicisme est au-dessus de tout honneur. » Son livre me satisfait, mais peut-être aurais-je voulu un peu davantage.

816. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

L’âme ingénue de Mademoiselle de Condé, cette âme suave comme l’enfance, l’innocence et l’aurore, a dans l’expression de l’amour la transparence absolue.

817. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

— qui publie un livre médiocre de son père, ne peut lui faire illusion, à elle, sur la médiocrité absolue d’une œuvre dont rien, littérairement, ne justifie la trop filiale publication.

818. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

En termes absolus, ce n’est d’aucune manière une question que la question du divorce, et qui la pose n’est plus qu’un outlaw du catholicisme, de l’histoire et de la politique, et discuter avec les outlaws, c’est se mettre hors de la loi comme eux.

819. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

De cet illuminisme qui domine la tête de Soulouque, et de la vanité du nègre (la vanité du nègre est quelque chose de sans nom) blessée par les classes éclairées, qui se moquèrent de son fétichisme dès les premiers moments de son avènement, l’historien fait sortir le Soulouque méchant enté sur le bon nègre, l’espèce de Tibère cafre qui, tout omnipotent qu’il soit, et féroce, sacrifie au préjugé des procédés judiciaires, et, trait de caractère, se sert un jour, pour condamner à la mort qu’il a résolue, de commissions militaires qu’il pourrait ne pas invoquer dans l’état absolu de sa puissance, mais qu’il invoque, nous dit d’Alaux avec une profondeur spirituelle, « pour ne pas être volé d’une seule de ses prérogatives ».

820. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

… Il a été, je le reconnais, plus explicite sur la question des enterrements vivants, qu’il a exposée et qu’il a cherché à résoudre ; mais, franchement, était-ce un rapport, limpide comme l’eau, je le veux bien, mais froid comme elle, qui pouvait suffire pour traiter cette effrayante question qui convulse jusqu’à la pensée, et qu’à force de talent, d’émotion, d’éloquence, de griffe de feu dans l’éloquence, il faudrait, dans l’intérêt de sa solution absolue, attacher, comme une flamme, à nos esprits et à nos cœurs !!

821. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

Seulement, par une inconséquence qui nous touche et dont nous connaissons la cause, il se mêle à ces poésies, imparfaites par là au point de vue absolu de leur auteur, des cris d’âme chrétienne, malade d’infini, qui rompent l’unité de l’œuvre terrible, et que Caligula et Héliogabale n’auraient pas poussés.

822. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

Mais si ce n’est pas un chef-d’œuvre dans ce que ce mot a d’absolu, le livre de Ferdinand Fabre n’en est pas moins une œuvre rare.

823. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Catulle Mendès »

Ce sont des monstres aussi, je ne dis pas seulement que Han d’Islande et Bug-Jargal ; mais Claude Frollo, Quasimodo, la Sachette, Triboulet, s’ils ne sont pas des monstres absolus, sont du moins bien près de la monstruosité.

824. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Ainsi, comme je l’ai dit déjà, l’absence d’une originalité vivante et le manque absolu de forte invention, voilà les deux décourageantes sensations que vous donne, dès ses premières pages, ce roman du Capitaine Fracasse, et qu’il vous continue par la suite !

825. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

On sait qu’il était né dans cette ville où la plus étonnante des institutions avait créé une nature nouvelle ; où l’on était citoyen avant que d’être homme ; où le sexe le plus faible était grand ; où la loi n’avait laissé de besoins que ceux de la nature ; de passions que celle du bien public ; où les femmes n’étaient épouses et mères que pour l’État ; où il y avait des terres et point d’inégalité ; des monnaies et point de richesse ; où le peuple était souverain quoiqu’il y eût deux rois ; où les rois absolus dans les armées, étaient ailleurs soumis à une magistrature terrible ; où un sénat de vieillards servait de contrepoids au peuple et de conseil au prince ; où enfin tous les pouvoirs étaient balancés, et toutes vertus extrêmes.

826. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Il savait que sur le trône même on est dépendant de l’opinion, et que la renommée est plus absolue que les rois.

827. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Leur caractère absolu n’est qu’un caractère négatif, c’est-à-dire que l’on peut affirmer que toute liqueur qui ne produit pas avec eux les réactions indiquées ne contient aucun des sucres de la deuxième espèce. […] Mais nous avons dit que ces réactions n’entraînent pas avec elles une certitude aussi absolue que la fermentation alcoolique. […] La sécrétion du sucre par le foie persiste aussi comme les autres, mais elle va en diminuant, et finit par disparaître complètement trois à quatre jours environ avant la mort de l’animal soumis à une diète absolue. […] Mais les théories, qui se regardent comme l’expression absolue et définitive de la réalité, répugnent à voir les faits qui les contredisent et persistent dans leur aveuglement. […] Tout ce que nous venons de dire, relativement au passage des substances par telles ou telles sécrétions, ne peut pas être considéré comme une propriété absolue.

828. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Le critique, en présence des idées d’autrui, sera-t-il condamné à l’indifférence absolue, au scepticisme obligatoire et universel ? […] Lemaître est d’un scepticisme absolu et je dirais presque dogmatique. […] Anatole France voit-il avec un détachement presque absolu se dérouler les affaires publiques dans la région inférieure où elles sont confinées. […] « Il professe que les qualités des choses sont des apparences ; mais il ne doute pas que telle rime ne soit bonne d’une bonté absolue. » Devinez un peu qui a dit cela. […] Est-ce à dire qu’il ait découvert et réalisé l’art suprême, définitif, absolu ?

829. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Ainsi l’industrie qui nous donnerait un résultat identique à la nature serait l’art absolu. » Un Dieu vengeur a exaucé les vœux de cette multitude. […] Qu’une si stupide conspiration, dans laquelle on trouve, comme dans toutes les autres, les méchants et les dupes, puisse réussir d’une manière absolue, je ne le crois pas, ou du moins je ne veux pas le croire ; mais je suis convaincu que les progrès mal appliqués de la photographie ont beaucoup contribué, comme d’ailleurs tous les progrès purement matériels, à l’appauvrissement du génie artistique français, déjà si rare. […] Qu’elle enrichisse rapidement l’album du voyageur et rende à ses yeux la précision qui manquerait à sa mémoire, qu’elle orne la bibliothèque du naturaliste, exagère les animaux microscopiques, fortifie même de quelques renseignements les hypothèses de l’astronome ; qu’elle soit enfin le secrétaire et le garde-note de quiconque a besoin dans sa profession d’une absolue exactitude matérielle, jusque-là rien de mieux. […] C’est dans ce genre surtout qu’il faut choisir avec sévérité ; car la fantaisie est d’autant plus dangereuse qu’elle est plus facile et plus ouverte ; dangereuse comme la poésie en prose, comme le roman, elle ressemble à l’amour qu’inspire une prostituée et qui tombe bien vite dans la puérilité ou dans la bassesse ; dangereuse comme toute liberté absolue. […] Corot, qui est son antithèse absolue, n’a pas assez souvent le diable au corps.

830. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Dans un temps d’universelle désespérance, nul autre plus que cet écrivain n’a montré le vide de tout et donné la sensation de l’absolu néant. […] Tout jugement d’art, bien loin d’avoir une valeur absolue, ne signifie rien en dehors de nous. […] Ceux-ci n’accordent pas qu’en matière d’art les jugements aient une valeur absolue. […] Mais la clarté absolue et la propriété de l’expression. […] Une ignorance absolue des questions soulevées pendant ce siècle.

831. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

., ont sans doute quelque effet direct, et que certaines dissemblances qui nous semblent sans aucune importance peuvent au contraire être d’une nécessité vitale absolue sous un certain ensemble de conditions de vie. […] En fin de compte, on peut conclure que chez la plupart des êtres organisés la coopération de deux individus est d’une nécessité absolue pour chaque fécondation ; que chez beaucoup d’autres espèces elle n’est indispensable qu’à intervalles plus ou moins longs ; mais que chez aucune, du moins à ce que je crois, la fécondité ne peut se continuer à perpétuité, sans que, de temps à autre, intervienne quelque croisement entre des individus plus ou moins distincts. […] Si la réversibilité des caractères n’a pas empêché l’homme de créer d’innombrables races héréditaires dans le règne animal et dans le règne végétal, pourquoi mettrait-elle une entrave absolue aux procédés sélectifs de la nature ? […] Cette limite elle-même n’est pas absolue.

832. (1902) La poésie nouvelle

Principalement, à ces procédés insuffisants ils en ajoutaient d’autres ; ce qu’ils proscrivaient d’une manière absolue, c’était la régularité, leur principe étant celui de la liberté la plus complète.‌ […] Une allusion à son secret malaise, à ce qu’il y a d’essentiel et de plus absolu dans son intime souffrance, lassée d’effort, en quête du mieux. […] S’il est idéaliste, d’une certaine manière, ce n’est pas pour transformer l’esprit en un absolu. […] Sans revenir à l’ancienne manière qui habillait le passé à la mode du présent, Henri de Régnier n’établit pourtant pas une séparation absolue entre le « songe des vieux jours » et le songe d’aujourd’hui. […] Cette phrase est claire ; elle caractérise bien l’esprit de l’innovation qu’elle résume et elle en pose avec netteté le principe essentiel : l’individualisme absolu.

833. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Nisard croit non seulement avec Boileau, mais encore avec Goethe, qu’il n’existe qu’un idéal absolu de beauté, celui des classiques, il ne professe point pour cet idéal un culte si étroit qu’il ne sache y distinguer des formes variées. […] Barrière et Flaubert : ici, une impassibilité calculée lorsqu’il faudrait le plus s’émouvoir ; là, le manque absolu de délicatesse ; ailleurs, le sentiment de l’homme faussé ; partout, des tableaux ou des traits sans ménagement. […] Écrasée sous le poids de soixante années d’obéissance muette et absolue, exténuée, décimée, ruinée, la nation était disposée à accueillir avec une docilité reconnaissante toute mesure qui eût apporté à ses souffrances un soulagement, si faible qu’il fût. […] D’abord, il semble tout à leur disposition ; il leur abandonne sur les finances un pouvoir absolu ; il les veut périodiques, il les veut continus, et la violence de son amour va jusqu’à ne point souffrir de s’en séparer un instant. […] Il se propage et devient plus terrible, à mesure que l’éclat du règne pâlit au dehors, que la misère augmente au dedans, et que les maximes du despotisme religieux, par l’influence des confesseurs jésuites, viennent couronner celles de la monarchie absolue.

834. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Et qu’on ne dise pas que, si la critique avait un point de vue central, si elle jugeait en vertu d’un principe et d’une vérité absolus, elle s’épargnerait en grande partie la fatigue de ce mouvement, de ce déplacement forcé, et que, du haut de la colline où elle serait assise, pareille à un roi d’épopée ou au juge Minos, elle dénombrerait à l’aise et prononcerait avec une véritable unité ses oracles.

835. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Tant de gens, qui passent plutôt pour éclectiques que pour absolus, se font tous les jours si grosse, sous nos yeux, la part du lion, quia nominor leo, que c’est plaisir de trouver M. de Maistre à ce point libéral et modeste.

836. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Ce n’est que par la servitude et l’avilissement le plus absolu, qu’on peut les combattre avec succès.

837. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Ordinairement la vérité n’est pas si évidente ni si absolue, qu’elle ne puisse être contestée par des arguments sérieux et contredite par une opinion vraisemblable.

838. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Disons tout d’abord que la conclusion de l’œuvre est qu’il y a, dans chaque individu, des milliers de « moi » et qu’il est fou d’espérer pouvoir les réduire à un seul, absolu, unique ; il ne faut, par conséquent, pas chercher un paradis, mais des paradis sans nombre ; le poète nous les montre dans les Îles d’or, qui ne sont autre chose que les bonheurs épars qu’il est permis à chacun de conquérir ou de rêver… On retrouve, dans ce volume, écrit avec une prodigieuse facilité, toutes les brillantes qualités du grand producteur qu’est M. 

839. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Le plus mauvais état social, à ce point de vue, c’est l’étai théocratique, comme l’islamisme et l’ancien État pontifical, où le dogme règne directement d’une manière absolue.

840. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Si le spiritualisme, par exemple, consentait à sacrifier quelque chose de ses tendances anthropomorphiques, si le panthéisme consentait à introduire l’élément moral et spirituel dans le principe absolu de l’univers, peut-être y aurait-il lieu à un rapprochement entre des opinions qui se discréditent réciproquement par leurs polémiques perpétuelles ?

841. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Passe donc pour renverser, en certains cas, l’ordre de l’enquête ; mais je n’en voudrais pas faire une règle absolue, et je ne croirais pas pouvoir suppléer si facilement « les notions de l’hérédité et de l’influence des milieux », quoique les lois en soient encore « incertaines et présomptives ».

842. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

Certes, quelle que soit la valeur, absolue ou relative, de ses œuvres poétiques, quels qu’en soient le faire et l’exécution, cette étincelle, cette pointe du diamant divin, Mme de Girardin l’avait !

843. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

C’est un esprit qui a la prudence de sa timidité, une jeune chauve-souris d’entre-deux, qui n’est ni souris ni oiseau dans ses jugements littéraires, et qui n’a trouvé rien de mieux, pour éviter l’inconvénient des partis extrêmes et des points de vue absolus, que de se blottir dans la toile d’araignée de cette distinction : il y a précieuses et précieuses, comme il y a fagots et fagots !

844. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

Au point de vue absolu de l’histoire et de sa vérité morale, comme au point de vue de son autorité et de son influence sur les imaginations et sur les cœurs, un livre pareil, nous n’hésitons pas à dire le mot, est détestable.

845. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Ce n’est pas tout à fait l’amour de la force qui le fait révolutionnaire, c’est même un amour de la faiblesse, puisque c’est l’amour de l’égalité ; mais c’est l’amour de la force qui le range toujours, ce révolutionnaire absolu, mais non pas farouche, du côté où il y a une puissance bien démontrée telle, qu’on l’appelle Convention, Montagne, Commune, Proconsulat, Dictature, Empire !

846. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Il veut la supériorité absolue de la femme : — sa supériorité morale, entendons-nous !

847. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Jamais homme ne fut plus résigné à n’obtenir que des preuves d’un intérêt d’amitié en échange du dévouement le plus absolu.

848. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Taine, c’est le manque absolu de sérieux et le scepticisme de ton qui invalide la critique que l’on fait ; c’est surtout une perversité de doctrines pire que celle des philosophies dont il se moque en les exposant.

849. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

Pour nous il s’agira bien moins ici des œuvres de Pascal et de sa valeur comparative ou absolue que de son entité, — que de ce qui le fait Pascal, — ce prodige ou ce monstre, comme on voudra, — mais, quel que soit le mot qu’on choisisse, la créature d’exception, jusqu’à lui inconnue, qui s’appelle Pascal, et même Blaise Pascal !

850. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Ils manquent de variété, parce que ces moines, qui furent des Saints, se ressemblent de la ressemblance absolue de leur perfection.

851. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Soury ne voit, lui, qu’un fou parfaitement caractérisé, délirant pendant tout le temps de sa mission sur la terre, et qui serait mort dans l’idiotisme absolu et la vie végétative, « si les juifs, MAL INSPIRÉS, avaient préféré voir mettre Barrabas en croix ».

852. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

En dehors des questions religieuses, il savait aussi ce qu’il y avait de prudence, même à sa manière, à lui, Richelieu, dans cet esprit éclairé d’en haut, dans ce bon sens net, absolu, perçant, qui méprisait les disputes et allait à l’action par la voie la plus courte, parce qu’elle était la plus droite.

853. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Mais, dans son épouvante de l’absolu en toutes choses, il adressé, au bout et en face, saint Louis et saint Vincent de Paul, additionnant, pour faire quatre grands hommes chrétiens, natifs de France, saint Louis et saint Vincent de Paul, qui sont plus que de grands chrétiens, puisqu’ils sont des saints, et Calvin et Duplessis-Mornay, qui ne furent jamais des grands hommes.

854. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

L’humanité finit par craquer dans l’avare de Hello, et elle y disparaît dans la monstruosité absolue.

855. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Le reste, et le reste est le tout, n’est que prose : lettres écrites à des amis, mais dans les premiers moments de la vie ; Memoranda, vues sur soi-même ; paysages bretons : admirable rendu de la nature par qui l’adore ; et, pour couronner cet ensemble, Le Centaure, qui n’est pas un fragment, mais un chef-d’œuvre complet et absolu, où pour la première et seule fois Guérin saisit son idéal et n’insulta pas sa pensée.

856. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

Quel que soit, en effet, son talent, que nous mesurerons tout à l’heure, on est fondé à établir la supériorité absolue sur toutes les espèces de poésies, de celle-là dans laquelle l’âme tient tant de place qu’elle semble déborder les mots !

857. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Faire grand dans la pensée et faire grand dans l’espace du même coup — car la langue, c’est l’espace, — voilà la condition absolue du génie.

858. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Amédée Pommier eut les vertus chrétiennes, s’il n’eût pas la foi absolue du chrétien.

859. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Le violent, l’absolu Richepin, s’est laissé tranquillement châtrer ; mais c’est ici un trait caractéristique de l’espèce d’homme qu’il est que je ne veux pas oublier.

860. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

Rosette, la concubine d’Antoine Quérard, reste donc sa concubine, mais, comme elle aime Paul et qu’elle le lui a dit, elle se dégrade de plus en plus, et, dès cette heure, elle passe à l’état de bovarisme absolu.

861. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Il gouverna sans bruit, ne remua rien ; et content d’être absolu, ne chercha ni le faste du pouvoir, ni le faste des éloges : tout fut calme comme lui.

862. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

À part les révolutions de palais qui interrompaient le cours régulier de cet ordre de choses et en changeaient les principaux personnages, en dehors de ces accidents naturels et de ces sinistres compensations du pouvoir absolu, il y avait, durant toute cette époque dont votre théorie préconise la salutaire immobilité, il y avait alors sans cesse la plus active rébellion du sentiment moral, le plus ardent foyer pour les intelligences et les cœurs.

863. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

3º Mais, surtout depuis Rousseau, les Confessions et les Rêveries, on en imagine volontiers un troisième : ce minimum absolu de public qu’est l’auteur lui-même, écrivant pour lui. […] L’ennui congénital est une diathèse, un don fatal, un commencement absolu dans la nature d’un être. […] Elle tient Voltaire et Rousseau pour de grands génies ; mais plus ou moins moyens et communs, hors desquels et contre lesquels il faut chercher, raffiner, saisir quelque chose de pur, de nu, d’absolu. […] Le mal n’est pas un froid absolu, c’est un climat. […] Vocation d’autant plus singulière qu’il possède tous les dons qui le conduiraient à ce dialogue, si un mouvement irrésistible et absolu comme celui de la mer ne les déversait incessamment du côté du monologue.

864. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Formé par huit siècles de pouvoir absolu, c’est d’après les principes du droit divin qu’il foudroyait les ennemis de la liberté. […] Mais l’autorité absolue du chef de famille était un dogme dans la vieille Provence patriarcale. […] Il a promulgué des absolus successifs et contradictoires. […] Adoration à l’absolu Néant ! […] Romain Rolland tire de son idée-fixe un absolu mépris de l’élément intellectuel.

865. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

L’ordre s’établit ; le roi devient maître, et dans cette monarchie absolue, les grands n’ont plus de place qu’à la cour. […] Ils fabriquaient des Salente et autres bonnes petites monarchies bien absolues, ayant pour frein l’honnêteté du roi et l’enfer au bout. […] Troplong célébrait l’avènement d’un gouvernement absolu, protecteur de la multitude ; M. de Montalembert attaque la multitude et le gouvernement absolu. […] De ce que le gouvernement absolu était nécessaire et durable à Rome, il ne suit pas qu’il soit nécessaire et durable partout. […] Les Tudors semblèrent absolus ; leur despotisme eut des bornes.

866. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

La seconde vérité que l’expérience lui avait enseignée, c’est que les hommes hésitaient beaucoup à vendre leur âme en bloc et qu’ils reculaient devant les marchés trop absolus. […] Toutefois, en accordant nos éloges absolus à cette partie de l’œuvre, nous ne pouvons nous empêcher de faire une observation. […] » les encouragements de Wilhelm Meister sont sans efficacité contre le désespoir, sa sagesse est sans puissance contre l’incrédulité absolue. […] Est-ce que ce fait, petit en apparence, ne révèle pas le plus grand des faits, à savoir l’éternité de l’âme et son absolue domination sur le monde ? […] Comment exprimer ce bonheur de l’insensibilité absolue, cette plénitude du néant ?

867. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

… C’est un rien que ce petit coin de tableau, les couleurs y sont à peine indiquées, mais qui n’en reconnaîtrait l’absolue exactitude ? […] tous écrits d’après nature, dans l’intimité absolue de chacun et de chacune. […] Drumont sont profondes, parce que c’est avec une absolue conviction qu’il défend ses idées, et cela pour servir une religion qui, elle n’admet pourtant ni les rancunes, ni les haines, ni les vengeances. […] Dans cet intervalle M. le maréchal éprouvait une faiblesse de cinq ou six minutes avec perte absolue de connaissance. […] La vérité absolue !

868. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Mais non ; son accent est trop sincère, du moins presque toujours, quand il déclare « son indifférence à tout, sauf la religion », son sentiment du néant absolu de la vie, son mépris des hommes et son dégoût des choses. […] Son Journal est tout plein des cris d’une souffrance absolue, qui n’espère pas, qui n’espère pas même espérer. […] C’est là qu’il grandit dans une liberté d’esprit et de lectures absolue, sous les yeux d’une mère extrêmement indulgente et assez insoucieuse à l’endroit de l’éducation. […] C’est pour cela qu’elle assure à celui qui en est possédé un manque absolu de tact. […] absolu ; Je conviens qu’il est bon, je conviens qu’il est juste Que mon cœur ait saigné, puisque Dieu l’a voulu !

869. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Quelle que soit la valeur absolue de cette conception, elle avait pour elle de répondre au besoin d’ordre et de règle qui se faisait alors universellement sentir, et dont l’Astrée d’Honoré d’Urfé, par exemple, ou l’Introduction à la vie dévote de saint François de Sales, dans un autre ordre d’idées, sont d’instructifs témoignages. […] « Il n’y a plus rien d’absolu, si ce n’est cette maxime, qu’il n’y a rien d’absolu », si telle est bien la leçon qui se dégage des exemples et des leçons de Rousseau, il n’y a plus de modèle idéal ou de type des genres ; il n’y a donc plus de recettes ou de procédés pour le réaliser ; il n’y a plus de règles. […] Mais en même temps aussi, vous le voyez, et comme nous le disions, c’est la substitution du sens propre au sens commun en matière de jugement ; c’est donc l’individu érigé en mesure de toutes choses ; et c’est enfin, en tout, la notion de l’absolu remplacée par celle du relatif. […] La part de l’absolu diminue, celle du relatif augmente ; et, avec elle, conséquemment, la difficulté de formuler en critique. […] Ernest Renan, si vous vous en rapportiez à la façon dont on parle aujourd’hui de lui, vous croiriez qu’elle n’a consisté qu’à exagérer ce qu’il s’insinue toujours de nécessairement relatif dans nos opinions les plus décidées et dans nos jugements les plus absolus.

870. (1896) Études et portraits littéraires

Absolu, sans relâche ni degré, il exclut ou annihile tout autre sentiment, il emplit et durcit tout l’être moral. […] Entendons-la bien — comme lui-même — dans son absolue rigueur. […] Ils se gardent d’y voir une loi, le principe absolu d’un ordonnancement anatomique. […] Lui-même, racontant ses pèlerinages aux pagodes, parle avec envie, dirait-on, d’un au-delà qui est le « néant, … éternité sans souffrance ni bonheur… paix dans l’absolu rien ». […] Notons, du reste, que l’absolu de la géométrie est devenu problématique depuis les études fameuses connues sous le nom de Géométrie générale, — Voir le livre de M. 

871. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Ce n’est plus une relation, c’est de l’absolu. […] Mais, même ici, l’isolement n’est pas absolu. […]   Mais contre cette idée de l’originalité et de l’imprévisibilité absolues des formes toute notre intelligence s’insurge. […] Plutôt que d’en venir à cette extrémité, notre raison aime mieux annoncer une fois pour toutes, avec une orgueilleuse modestie, qu’elle ne connaîtra que du relatif et que l’absolu n’est pas de son ressort : cette déclaration préliminaire lui permet d’appliquer sans scrupule sa méthode habituelle de penser et, sous prétexte qu’elle ne touche pas à l’absolu, de trancher absolument sur toutes choses.

872. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Un coup de l’archet invisible effleure les hautes branches du cèdre ; puis tout rentre dans un silence plus absolu, comme les exécutants après un prélude. […] En conséquence de ce principe, qui a eu de si grands résultats, Pythagore a soumis au calcul les phénomènes des corps sonores et fixé la justesse absolue des intervalles qui sont contenus dans les limites de l’octave. Par une expérience ingénieuse et fort connue, Pythagore prouva qu’il avait le pressentiment de cette belle pensée de Leibniz : « La musique est un calcul secret que l’âme fait à son insu. » Définition admirable, qui semble dérobée à la langue de Platon, et qui concilie la liberté indéfinie du génie créateur de l’homme avec l’ordre absolu qui règne dans la nature.

873. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Cependant le respect pour les doctrines socratiques ou platoniques l’empêchait de les nier d’une manière absolue, et il s’efforçait de les concilier avec une espèce de matérialisme absurde, quoique logique, auquel la raison pût ramener la pensée. […] Mais c’est l’âme qui est la cause absolue de la nutrition. […] C’est donc à une condamnation presque absolue d’Aristote que nous sommes arrivés en le comparant à Platon.

874. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Il ne craint pas, dit-il, d’aller contre l’opinion commune, et dût-il être poursuivi par l’Attorney-général, il avouera que dans la situation extérieure et intérieure du pays, il ne voit aucune nécessité absolue d’extirper le christianisme en Angleterre. […] D’un autre côté, leurs clameurs contre nous peuvent se résumer dans ces trois mots redoutables : le papisme, le pouvoir absolu, le prétendant28. » Éternelle tactique des partis ; certes les Whigs avaient derrière eux les ennemis de l’église et de la monarchie ; certes aussi les Tories avaient derrière eux, et cette fois à leur tête, des amis du papisme, du pouvoir absolu et du prétendant.

875. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Et les théories philosophiques, précisément, dominent ; et domine, entre elles, le Pessimisme de la Volonté Absolue, invoqué toujours. […] Et les différences dans les doctrines, qui, tout à l’heure nous frappaient, s’évanouiront ; nous percevrons, sous la diversité des formes et des expressions, l’absolue identité des notions. […] D’abord, les allures théologiques chrétiennes de Tolstoï laisseront voir, s’écartant, une absolue indifférence de toute théologie comme de tout christianisme.

876. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Comment s’est-il évanoui, et dans quel nuage sanglant, ce type souriant du courtisan éternel, esclave à tout faire et cependant maître absolu de son front, de son regard, de son visage ; infatigable, impénétrable, habile ? Ils sont passés à l’état des fossiles, ces courtisans, la honte de l’espèce humaine. — Ils étaient cependant les maîtres absolus de ce monde en proie à leur caprices ; il en étaient les arbitres, les héros, les demi-dieux, les gardes-du-corps ; ils touchaient, de très près, les Princes Lorrains, les Rohan, les Foix, les Châtillon, les Montmorency — ces dieux ! […] Le marquis de Dangeau, ce favori sans mérite, pour quelques vers improvisés, obtient un logement à Versailles ; de nos jours, on a vu le maître absolu d’un journal, vendre son journal à un prix énorme, et planter là, au beau milieu de la rue, à la pluie et au vent de bise, ses collaborateurs, étonnés de tant de grandeur d’âme et d’un si complet désintéressement !

877. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Une grande timidité, beaucoup de réserve, une sorte de sauvagerie ; une douceur habituelle qu’interrompait parfois quelque chose de nerveux, de pétulant, de fugitif ; le commerce très-agréable et assez prompt, l’intimité très-difficile et jamais absolue ; une répugnance marquée à vous entretenir de lui-même, de sa propre vie, de ses propres sensations, à remonter en causant et à se complaire familièrement dans ses souvenirs, comme si, lui, il n’avait pas de souvenirs, comme s’il n’avait jamais été apprivoisé au sein de la famille, comme s’il n’y avait rien eu d’aimé et de choyé, de doré et de fleuri dans son enfance ; une ardeur inquiète, déjà fatiguée, se manifestant par du mouvement plutôt que par des rayons ; l’instinct voyageur à un haut degré ; l’humeur libre, franche, indépendante, élancée, un peu fauve, comme qui dirait d’un chamois ou d’un oiseau73 ; mais avec cela un cœur d’homme ouvert à l’attendrissement et capable au besoin de stoïcisme : un front pudique comme celui d’une jeune fille, et d’abord rougissant aisément ; l’adoration du beau, de l’honnête ; l’indignation généreuse contre le mal ; sa narine s’enflant alors et sa lèvre se relevant, pleine de dédain ; puis un coup d’œil rapide et sûr, une parole droite et concise, un nerf philosophique très-perfectionné : tel nous apparaît Farcy au sortir de l’École normale ; il avait donc, du sein de sa vie monotone, beaucoup senti déjà et beaucoup vu ; il s’était donné à lui-même, à côté de l’éducation classique qu’il avait reçue, une éducation morale plus intérieure et toute solitaire. […] » Cette longue traversée, le manque absolu de livres et de conversation, son ignorance de l’astronomie qui lui fermait l’étude du ciel, tout contribuait à développer démesurément chez lui son habitude de rêverie sans objet et sans résultat.

878. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Nous la donnons ici, cette raison, pour la première fois en explication du passé : elle est irréfutable pour ceux qui admettent les concordats ; elle est sans valeur pour ceux plus religieux qui n’admettent comme nous d’autres concordats entre les gouvernements et les pontifes que le respect mutuel et la liberté absolue des consciences. Cette liberté absolue des consciences est la dignité vraie de la religion ; elle est plus que la liberté humaine, car c’est Dieu qu’elle émancipe des lois de l’homme.

879. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

La poésie est absolue, et ne doit chanter que les choses absolues comme elle ; la politique est relative, passagère, locale, nationale, circonstancielle.

/ 1703