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1858. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

L’étude à vif et si complète qu’il nous donne sur le nu assez honteux des révolutions n’est pas tout, quand même il y aurait à côté l’étude à vif sur le nu des pouvoirs que le royaliste n’a pas voulu faire, probablement par pudeur pour les gouvernements qu’il a servis. […] Barrot l’eût fait comme Pétion, puisqu’après avoir servi Louis XVIII comme volontaire-royal et Louis-Philippe comme conseiller, il accepta plus tard un portefeuille sous la République ; mais ce que Barrot n’aurait jamais fait comme Pétion, ni pour être maire ni pour être ministre, c’est de couvrir de sa complicité les massacres de Septembre. […] XVII Et jamais personne ne s’en servit mieux et plus longtemps. […] Si, comme je l’ai rappelé et comme on l’a répété longtemps, Granier de Cassagnac avait été l’immoral Bravo de tous les pouvoirs, pourquoi n’a-t-il servi jamais que des gouvernements restés monarchiques, à une époque qui a vu d’autres gouvernements ?

1859. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Croce) que D’Annunzio, artiste païen et purement sensitif ou sensuel, s’est cru qualifié pour servir d’intermédiaire entre le pessimisme de l’Occident et la pitié slave, ou pour enseigner une « justice simple et virile », ou encore pour prononcer la « parole de vie » si ardemment attendue. […] Le vague « appartement » ou vestibule, où les rois versaient leurs secrets dans le sein des confidents, a été remplacé par cinq décors suggestifs, bien documentés et appropriés aux cinq tranches de vie qu’on nous y sert successivement. […] Corneille et Racine employaient ces artifices pour concentrer l’action ; ils pensaient à leur œuvre, à l’art ; les ficelles d’aujourd’hui servent à manier les spectateurs ; elles ont pour but le succès. […] Tenons-nous en à ce simple fait, que la moindre nature morte suppose une convention ; devant ce bœuf à l’étal de Rembrandt ou devant ces pèches de Chardin, je sais que le peintre a voulu me donner, non de la viande, ni des fruits mûrs, mais quelque chose d’autre, par la forme et la couleur ; j’y consens ; tout est là. — Or, de tous les arts, c’est bien l’art dramatique qui implique le plus grand nombre de conventions, précisément parce qu’il se sert des moyens les plus matériels, les plus semblables à la nue réalité.

1860. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Rendant hommage aux poètes français du xvie  siècle, à ceux que Malherbe avait eu le tort de trop dépriser, et leur faisant jusqu’à un certain point réparation, Godeau, dans le discours qui servait de préface à la première édition de Malherbe, ajoutait pourtant : « La passion qu’ils avaient pour les anciens était cause qu’ils pillaient leurs pensées plutôt qu’ils ne les choisissaient. » Et il fait sentir que la méthode habile et combinée, cette méthode d’abeille par laquelle Horace imitait les Grecs, a succédé en France, grâce à Malherbe, à l’imitation confuse, à l’importation trop directe et trop entière des originaux grecs eux-mêmes. […]     Que t’a servi de fléchir les genoux Devant un Dieu fragile et fait d’un peu de boue, Qui souffre et qui vieillit pour mourir comme nous ?

1861. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Joinville perd la plupart de ses chevaliers ; il voit mourir le bon prêtre qui lui sert d’aumônier. […] On le voit, Joinville est peintre, au milieu de toutes ses inexpériences premières, il a un sentiment vif qui le sert souvent avec bonheur, et il montre, comme écrivain, de ravissants commencements de talent.

1862. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Les amis de son père n’eurent rien de plus pressé que de la servir ; elle vint habiter à Paris l’année qui suivit sa mort, et le docte Huet, sous-précepteur du Dauphin, lui donna une part et une tâche à remplir dans les éditions d’anciens auteurs qui se faisaient ad usum Delphini : Si je m’en souviens bien, dit Bayle, Mlle Le Fèvre surpassa tous les autres en diligence et gagna le pas à je ne sais combien d’hommes qui tendaient au même but. […] Sa lettre se terminait par une exhortation directe à rentrer dans la croyance catholique et par une insistance marquée sur cette corde de la religion : « À quoi peut servir toute votre science, si vous ignorez ce point si important ?

1863. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Cependant le prince Henri (car c’est à lui que nous nous attachons) sortit quelquefois de sa délicieuse retraite de Rheinsberg pour servir la politique et les desseins de son frère. […] Vous aurez le temps, en voyage, de recueillir un magasin de louanges dont vous pourrez vous servir dans l’occasion. » Six mois après (23 janvier 1774), il écrivait à son frère une lettre qui devait lui être rendue à son retour de Russie, à la frontière, et où il le félicite de s’être si bien tiré de sa mission, en des termes qui marquent de sa part de singulières méfiances.

1864. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

On m’a écrit que M. le régent a donné sa parole, et comme j’ai celle de la personne qui l’a obtenue du régent, je ne crains point qu’on se serve d’un autre canal que le mien ; je peux même vous assurer que, si je pensais qu’ils eussent dessein (les hommes d’argent) de s’adresser à d’autres, mon peu de crédit auprès de certaines personnes serait assez fort pour faire échouer leur entreprise. […] Chacun de ses rayons dans sa substance pure Porte en soi les couleurs dont se peint la nature ; Et, confondus ensemble, ils éclairent nos yeux, Ils animent le monde, ils emplissent les cieux… Ainsi cette excursion fort inutile de Voltaire dans les mathématiques, et qui allait devenir une fausse route, ne fut pas tout à fait perdue : elle lui servit du moins à composer cette belle épître2. — « Je suis bien malade, écrivait-il à Thieriot en août 1738, Newton et Mérope m’ont tué. » Ni l’un ni l’autre ne le tuèrent.

1865. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Malgré l’ignorance qui nous environne, nous étudions, nous disputons sans cesse, et cette soif de savoir n’est jamais assouvie ; il me semble, en lisant les philosophes et les théologiens, voir des aveugles qui errent dans l’obscurité, qui s’entre-heurtent, qui, en voulant s’éviter, se font choir, qui embrassent l’ombre pour le corps, et qui se servent quelquefois, pour s’assommer, du bâton qui leur a été donné pour se conduire, Un petit nombre, tel que vous, Euler et Clairaut, élevés dans une plus haute région, rient de leurs folies et de leurs méprises, Qu’est-ce qui produit tant de faux jugements ? […] Et encore dans une lettre du 15 septembre, en lui répétant de ne point s’affecter, et en lui représentant que, lui roi, il n’est pas plus épargné qu’un autre par Voltaire : C’est le sort des personnes publiques de servir de plastron à la calomnie ; c’est contre elles que la malignité des hommes exerce ses traits.

1866. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

J’en veux citer deux seulement, qui serviront d’échantillon. […] [NdA] Dans le Discours pour servir de préface sur les œuvres d’Ovide, etc., etc., in-4°, imprimé à la suite de la traduction des Tristes et des Politiques, 1678 (1679)

1867. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Et comme il savait que pour l’amuser il fallait des contes un peu bouffons ou des nouvelles littéraires, il ne manqua pas de l’entretenir de la petite assemblée ; il lui en donna si bonne idée que Richelieu conçut à l’instant le dessein de l’adopter, de la constituer en corps et de s’en servir pour la décoration littéraire du règne. […] Les lettres patentes de 1635, et le projet qui avait précédé, exprimaient en termes très nets le but des études et l’objet des travaux de l’Académie ; l’espoir « que notre langue, plus parfaite déjà que pas une des autres vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusques ici de l’élocution, qui n’était pas à la vérité toute l’éloquence, mais qui en faisait une fort bonne et fort considérable partie » ; que, pour cet effet, il fallait en établir des règles certaines ; premièrement établir un usage certain des mots, régler les termes et les phrases par un ample Dictionnaire et une Grammaire exacte qui lui donneraient une partie des ornements qui lui manquaient, et qu’ensuite elle pourrait acquérir le reste par une Rhétorique et une Poétique que l’on composerait pour servir de règle à ceux qui voudraient écrire en vers et en prose : que, de cette sorte, on rendrait le langage français non seulement élégant, mais capable de traiter tous les arts et toutes les sciences, à commencer par le plus noble des arts, qui est l’éloquence, etc., etc.

1868. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Nous l’avons vu dans les assemblées du Parlement être l’oracle des opinions ; s’est-il agi de rédiger les avis, prendre la plume et, au milieu de cent cinquante personnes, aussi recueilli que dans son cabinet, nous lire des résumés qui ont été adoptés unanimement : aussi est-il la passion du Parlement, et il les a bien servis, et peut-être trop bien, lorsqu’il les a fait revenir de leur exil (1754) sans aucunes conditions qui auraient peut-être été nécessaires pour le maintien de l’autorité royale. […] Mozart enfant est au clavecin ; Jélyotte chante en s’accompagnant de la guitare : ce concert n’interrompt en rien l’occupation ou l’amusement d’un chacun ; on lit, on cause, on sert le thé ; on se passe parfaitement de domestiques, et l’on se fait à soi-même les honneurs de la collation.

1869. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

« Mépriser le crédit, s’en servir noblement et mériter la considération. » Le caractère et l’âme de Mme de Boufflers se peignent dans ce tableau. […] Deux femmes de chambre qui la servaient depuis le temps de sa prospérité, et qu’elle n’avait plus le moyen d’entretenir, ne voulurent jamais la quitter et l’assistèrent jusqu’à la fin. — Elle avait un fils, le comte ou marquis de Boufflers, que tout Paris a connu fort bizarre dans sa vieillesse, trop peu digne de son nom, et qui est mort célibataire en avril 1858.

1870. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

La philosophie, qui m’a toujours servi dans toutes les occasions de ma vie, m’est inutile dans celle-ci. […] Mme d’Albany, à son arrivée, fut reçue par l’Empereur qui lui dit : « Je sais quelle est votre influence sur la société florentine, je sais aussi que vous vous en servez dans un sens opposé à ma politique ; vous êtes un obstacle à mes projets de fusion entre les Toscans et les Français.

1871. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Voilà à quoi sert un Mentor homme d’esprit qui parle à demi-mot à qui sait entendre. […] Les trois quarts du plaisir pour nous étaient dans le travestissement ; la comtesse de Provence avait des inventions uniques ; son mari, qui savait toujours ses rôles par cœur, savait aussi ceux des autres, et nous servait de souffleur quand nous bronchions.

1872. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Il ferma l’œil, puis les protégea et s’en servit. […] Parmi les modernes qui ont ouvert ou rouvert la carrière, l’un des premiers, le premier peut-être en date chez nous, est Feuquières, l’un des généraux qui, précisément, servirent sous Catinat.

1873. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Je lui en ai parlé la première, en débutant par un reproche obligeant sur ce qu’il se servait d’un tiers avec moi. […] Sa préoccupation s’étend à tout ce qui intéresse la réputation ou seulement le bon goût, le bon esprit de sa chère fille : elle ne peut croire, par exemple, à l’exagération des modes, à cette parure dite à la Marie-Antoinette, qui exhaussait tellement la tête et qui la chargeait d’un tel échafaudage de gazes, de fleurs et de plumes : « Je ne peux m’empêcher de vous toucher un point que bien des gazettes me répètent trop souvent : c’est la parure dont vous vous servez.

1874. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Son adversaire théorique direct était l’abbé Sieyés, qui voulait tout pour le tiers-état et par le tiers-état, et il faut convenir que, si la disposition enflammée des esprits servit puissamment le triomphe du grand métaphysicien révolutionnaire, la méthode expectante et hésitante du roi et de ses ministres y vint en aide à souhait. […] Malouet avait été si positif et si affirmatif dans son assertion que je pensai que la manière la pins polie de le contredire était de répondre que je n’en avais jamais oui parler ; mais cette réponse ne servit qu’à donner à ce galant homme l’occasion de montrer sa supériorité sur moi : il se pouvait, dit-il, que je n’en eusse point entendu parler, mais le fait n’en était pas moins hors de doute. » — Si un Malouet est ainsi que sera-ce donc d’un fat ?

1875. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Elle y fut amenée par Planche qui lui servait de cavalier, et qui était alors dans une de ses courtes et rares périodes d’élégance ; elle connaissait très-peu d’entre nous, trois ou quatre au plus ; elle fut l’objet d’une vive curiosité qu’elle soutint simplement et avec bon goût, observant, parlant peu ; elle se retira de bonne heure. […] Mais travaillez au vôtre afin qu’il serve de contre-poison… Et ne croyez pas trop à tous mes airs sataniques : je vous jure que c’est un genre que je me donne.

1876. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Rien de rembranesque comme l’aspect de ce lieu qui servait aussi de grange et de pressoir : des bœufs qui ruminaient leur pitance, des ânes qui secouaient l’oreille, des agneaux qui tétaient leur mère, des chèvres qui traînaient la mamelle, des pâtres qui retournaient la litière à la fourche ; et, quand un trait de lumière enfilait l’ombre des piliers et des voûtes, on apercevait confusément des fenils bourrés de fourrage, des chariots chargés de « gerbes, des cuves regorgeant de raisins, et une lanterne éteinte pendant à une corde. […] Ce morceau a été écrit pour servir d’introduction au volume de Bertrand, intitulé Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot, qui s’est publié par les soins de M. 

1877. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

L’épopée de son oncle, l’étrangeté merveilleuse de sa propre aventure, lui étaient une sorte d’opium, d’autant mieux qu’il avait été extraordinairement servi par les circonstances, qu’on avait beaucoup agi pour lui et qu’il avait passé d’une extrémité de fortune à l’autre sans être proprement un homme d’action. […] Il avait pour la France qu’il servit si bien le plus ardent amour, le plus religieux et le plus confiant.

1878. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Ceci définit un art très complexe, donc très difficile et spécial : Difficile — en dépit de l’insolent prolifisme des falsificateurs les plus mal fameux — difficile, car, devant, selon des rapports préétablis, séduire divers sens, l’œil, l’oreille, l’esprit, il réclame le concours de plusieurs métiers, et exige que l’inspiration soit servie par beaucoup d’ingéniosité, de délicatesse et de capitaux : pour des raisons analogues, on dirait la peinture plus difficile que le dessin, la statuaire polychrome que la statuaire monochrome ; un des moyens est-il en désaccord avec un autre, l’ensemble grimace : voir le musée Grévin, cette boulevardière adaptation des musées d’anatomie suburbains ; Spécial — car son extension est en raison inverse de sa compréhension. […] Lagneau, certains économistes conseillent d’insuffler quelques sangs étrangers dans nos veines appauvries, d’autres cosmopolites convaincus promettent, par la transfusion du théâtre exotique, la convalescence du nôtre : le malheur est qu’on ne veut pas comprendre les traductions, et que les adaptations ne servent à rien. — Notre esthétique est d’une triste exactitude, si la prévision négative suggérée par le séparatisme contemporain se réalise aussi juste.

1879. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Ceci définit un art très complexe, donc très difficile et spécial : Difficile — en dépit de l’insolent prolifisme des falsificateurs les plus mal fameux — difficile, car, devant, selon des rapports préétablis, séduire divers sens, l’œil, l’oreille et l’esprit, il réclame le concours de plusieurs métiers, et exige que l’inspiration soit servie par beaucoup d’ingéniosité, de délicatesse et de capitaux : pour des raisons analogues, on dirait la peinture plus difficile que le dessin, la statuaire polychrome que la statuaire monochrome ; un des moyens est-il en désaccord avec un autre, l’ensemble grimace : voir le musée Grévin, cette boulevardière adaptation des musées d’anatomie suburbains ; Spécial — car son extension est en raison inverse de sa compréhension. […] Lagneau, certains économistes conseillent d’insuffler quelques sangs étrangers dans nos veines appauvries, d’autres cosmopolites convaincus promettent, par la transfusion du théâtre exotique, la convalescence du nôtre : le malheur est qu’on ne veut pas comprendre les traductions, et que les adaptations ne servent à rien. — Notre esthétique est d’une triste exactitude, si la prévision négative suggérée par l’individualisme contemporain se réalise aussi juste.

1880. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il faut se demander quels individus ont servi d’agents de transmission entre deux peuples ; il faut rechercher quels Français ont résidé à l’étranger et quels étrangers en France ; quels ambassadeurs, commerçants, voyageurs, quels écrivains surtout ont pu importer ou exporter les denrées intellectuelles qui échappent aux douanes ; quels croisements ont été opérés par des mariages ; quels enfants ont été envoyés de part et d’autre faire ou parfaire leur éducation chez le voisin. […] Mais ces admirations rétrospectives, ces regains de sympathie pour un âge défunt ne servent pas seulement à trahir l’arrière-pensée de ceux qui les favorisent.

1881. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Là où la civilisation en est au début, il y a quelques grossiers chemins tracés par l’usage, semblables à ces lacunes qui, chez les animaux inférieurs, servent à la distribution des fluides nutritifs. […] Et chacune sert aux autres : l’observation d’une étoile suppose l’emploi d’instruments très perfectionnés, et l’aide de l’optique, de la thermologie, de l’hygrométrie, de la barologie, de l’électricité pour enregistrer certaines observations délicates, et même de la psychologie pour corriger « l’équation personnelle. » Telle est la complication de sciences que suppose une chose aussi simple que de déterminer la position d’une étoile.

1882. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Avec une ironie bien plus haute encore, Jéhovah aurait pu poser à ce Job de la nature les questions qu’il adresse à l’infirme de l’Idumée : — « Le buffle voudra-t-il te servir ? […] — S’engagera-t-il pour toujours à te servir ?

1883. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

N’ajoutez rien à mes injustices ; cherchez plutôt à l’en dédommager ; faites tomber sur moi tout son ressentiment, mais que vos bontés lui servent de dédommagement. […] Mlle Le Couvreur, touchée de l’arrestation d’un homme qui peut-être avait voulu la duper et s’insinuer près d’elle, mais qui peut-être aussi avait voulu sincèrement la servir, écrivit au lieutenant de police une lettre pleine de dignité et d’humanité : Je lui ai parlé et fait parler souvent et longtemps, disait-elle de ce jeune homme, et toujours il a répondu avec suite et ingénuité.

1884. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Barnave, de son côté, repassant dans sa prison les souvenirs de cette époque, a pu dire d’une conjoncture si touchante, « qu’en gravant dans son imagination ce mémorable exemple de l’infortune, elle lui avait servi sans doute à supporter facilement les siennes ». […] Le même procédé servait aux avis que Barnave voulait donner à la princesse ; même passage par ladite poche et même retour aux mains de Barnave.

1885. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

les beaux habits servent bien à la mine, On a beau s’agencer et faire les doux yeux, Quand on est bien parée, on en est toujours mieux. Mais, sans avoir du bien, que sert la renommée ?

1886. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Pour lui comme pour La Rochefoucauld, il serait vrai de dire que la politique servit surtout à faire de l’homme d’action incomplet un moraliste accompli. […] L’abbé de Guasco, espèce de complaisant de Montesquieu, est un personnage utile pour servir d’introducteur çà et là : Entre vous et moi, écrit Chesterfield, il a plus de savoir que de génie ; mais un habile homme sait tirer parti de tout, et tout homme est bon à quelque chose.

1887. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

L’auteur, en les terminant, a eu vraiment le droit d’en juger comme il l’a fait : « Je crois pouvoir dire qu’il n’y en a point eu jusqu’ici qui aient compris plus de différentes matières, plus approfondies, plus détaillées, ni qui forment un groupe plus instructif ni plus curieux. » Ces vastes mémoires, qui n’ont paru au complet qu’en 1829-1830, étaient dès longtemps connus et consultés par les curieux et les historiens ; Duclos et Marmontel s’en sont perpétuellement servis pour leurs histoires de la Régence. […] [NdA] J’ai fait, depuis, un portrait de Saint-Simon plus développé, mais dans les mêmes lignes, pour servir d’introduction à l’édition correcte des Mémoires, publiée par les soins de M. 

1888. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Le peu qu’on trouve à en dire ne sert que mieux à marquer la nature et l’originalité heureuse de son talent. […] Alice, la femme de chambre, résume tout d’un seul mot, en disant : « Voilà quatre ans que je sers Madame, je ne lui connaissais pas encore la petite voix qu’elle a ce matin. » La nature est si bien prise sur le fait dans ce petit chef-d’œuvre, qu’on a pu l’appeler une comédie physiologique, sans qu’elle cesse d’être une lecture de bonne compagnie.

1889. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Mme Lebrun, qui attendait ce soir-là de fort jolies femmes, imagina de costumer tout son monde à l’antique pour faire une surprise à M. de Vaudreuil : « Mon atelier, dit-elle, plein de tout ce qui me servait à draper mes modèles, devait me fournir assez de vêtements, et le comte de Parois, qui logeait dans ma maison rue de Cléry, avait une superbe collection de vases étrusques. » Chaque jolie femme qui entrait était à l’instant même déshabillée, drapée, coiffée en Aspasie ou en Hélène. […] Le comte de Parois avait justement un grand manteau pourpre, qui me servit à draper mon poète, dont je fis en un clin d’œil Pindare, Anacréon.

1890. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Montrant Mazarin, habile à tirer parti de l’excès même des accusations et des haines, à les neutraliser et à les tourner à son profit : Le cardinal Mazarin, dit-elle, avait fait des injures ce que Mithridate avait fait du poison, qui, au lieu de le tuer, vint enfin, par la coutume, à lui servir de nourriture. Le ministre, de même, semblait par son adresse faire un bon usage des malédictions publiques ; il s’en servait pour acquérir auprès de la reine le mérite de souffrir pour elle… On sent, dans ces passages et dans tout le courant du style de Mme de Motteville, une imagination naturelle et poétique, sans trop de saillie, et telle qu’il seyait à la nièce de l’aimable poète Bertaut.

1891. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

La Correspondance littéraire de Grimm est un des livres dont je me sers le plus pour celles de ces études rapides qui se rapportent au xviiie  siècle : plus j’en ai usé, et plus j’ai trouvé Grimm (littérairement, et non philosophiquement parlant) bon esprit, fin, ferme, non engoué, un excellent critique en un mot sur une foule de points, et venant le premier dans ses jugements ; n’oublions pas cette dernière condition. […] Il ne saurait être de mon dessein d’examiner ici ce procès : quand on lit les Mémoires de Mme d’Épinay d’une part, et Les Confessions de l’autre, il est clair que les lettres citées dans l’un et dans l’autre ouvrage, et qui peuvent servir à éclaircir la question, ne sont pas semblablement reproduites, qu’elles ont été altérées d’un des deux côtés, et que quelqu’un a menti.

1892. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker, de la manière la plus claire et la plus positive sur les avantages et les désavantages de mon caractère ; et, lors d’une conférence qui se tint dans le cabinet de Sa Majesté vers l’époque de la convocation des États généraux, et où les principaux ministres assistèrent, je me souviens d’avoir été conduit, par le mouvement de la discussion, à dire devant le roi qu’aussi longtemps qu’un esprit sage, un caractère honnête, une âme élevée pourraient influer sur l’opinion, je serais peut-être un ministre aussi propre à servir l’État que personne ; mais que, si jamais le cours des événements exigeait un Mazarin ou un Richelieu, ce furent mes propres expressions, dès ce moment-là je ne conviendrais plus aux affaires publiques. […] Il était fait, dans l’ordre habituel et régulier d’un régime représentatif, pour figurer avec honneur dans les discussions, et peut-être de temps en temps dans les ministères, pour faire surtout ce rôle d’honnête homme en titre et d’Ariste qu’il faut que quelqu’un remplisse dans cette grande distribution des emplois, pour intervenir dans les grands cas au nom de la morale et de la vertu solennelle, pour ignorer les intrigues de ses amis, pour les servir peut-être, et à son insu toujours.

1893. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Ou bien il faut reconnaître qu’il y a un genre de beautés dont l’ordre et la règle ne sont pas le principe, ou il faut condamner les Pensées de Pascal comme une œuvre déréglée où quelques beautés sublimes ne compensent pas le dangereux exemple d’une raison fière et solitaire, qui dans l’obéissance même a tous les caractères de la révolte, et, tout en se soumettant, ne veut se soumettre qu’à sa manière et ne servir que comme un roi vaincu. […] » Je m’explique : Bossuet savait l’histoire ancienne et l’histoire de l’Église ; mais ces deux histoires ne lui servent de rien pour comprendre les temps modernes.

1894. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Il s’est servi de la cravache d’un homme d’esprit, — et pas par le gros bout encore ! […] Lazzaroni de bibliothèques plus stupides que le bureau qui leur servait de borne pour y ronfler tout à leur aise !

1895. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Elle eut le triste honneur de frapper également la tête hébétée d’un gouvernement éperdu, qui demanda toujours à tout le monde un secours dont il ne sut jamais se servir, depuis Pezay jusqu’à Mirabeau ! […] Il émigra devant un gouvernement tombé bien plus bas qu’en quenouille… M. de Lescure, dans sa biographie, dit quelque part, pour grandir peut-être l’émigration de Rivarol, qu’il croyait mieux servir sa cause à l’étranger et qu’un moment il y noua des relations avec Pitt.

1896. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

C’est Bonald, le grand Bonald, à présent dédaigné, mais qui un jour reprendra d’autorité, si le monde n’est pas irrémédiablement assotti, le respect immense qu’on lui doit ; c’est Bonald qui définissait superbement l’homme : « Une intelligence servie par des organes. » Eh bien, Henri Heine a montré plus superbement encore que Bonald lui-même ne l’avait dit, que l’intelligence pouvait se passer même des organes ! […] La bile, dans ce réservoir de fiel toujours plein, qui servait de cœur à Voltaire, lui tombait dans le ventre et y versait ses âcretés brûlantes.

1897. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Par ce gage donné à la France, il ne doutait pas de servir la cause d’Israël.‌ […] J’aimerais avoir sur l’activité guerrière des israélites d’Algérie des précisions que je n’ai pu me procurer… ‌ Quelqu’un d’autorisé à parler en leurs noms m’écrit :‌ « Ils servent, pour la plupart, dans les zouaves et s’y trouvaient (jusqu’à ces derniers temps) dans la proportion d’un quart.

1898. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Pour couronner le tout, sa femme étant morte, il s’est fait prêtre ; il publie toutes sortes de traductions des Pères qu’il commande à des jeunes gens et auxquelles il met son nom ; le produit de cette espèce de librairie, servie par son journal, lui a été très-fructueux.

1899. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat. (suite et fin) »

Bossuet avait déjà traité ce sujet de saint Paul ailleurs et dans un tout autre ton, si l’on en juge par ce mot du texte qui est resté et qui avait servi à désigner ce premier panégyrique : Surrexit Saulus ou Paulus… On disait, en parlant de ce sermon, le Surrexit Paulus de l’abbé Bossuet.

1900. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Qu’elle les ait, en effet, parcourues sans entraves ; que de la majorité dans le sein de laquelle elle s’était formée, elle ait, en s’altérant, passé au service des diverses minorités factieuses qui l’interprétèrent à leur façon et la maintinrent dominante ; que ces minorités, sortant l’une de l’autre et s’épurant sans cesse, en soient venues à tyranniser horriblement l’immense majorité subjuguée : c’est ce qu’expliquent de reste les besoins militaires de plus en plus impérieux de ces dernières périodes, besoins de détresse qui s’accordaient merveilleusement avec les passions furieuses du pouvoir, qui les eussent sollicitées si elles n’avaient été déjà flagrantes, et qui les firent tolérer tant qu’elles les servirent.

1901. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre V »

« Croyez bien, dit encore Trousseau, que ces nomenclatures, dont le ridicule n’est pas le moindre défaut, ne valent guère la peine qu’on en salisse sa mémoire, et que jamais des médecins sérieux ne daigneront s’en servir, autant par respect pour la philologie que dans l’intérêt véritable du progrès de notre art. » 94 Flaubert a judicieusement évité ce défaut.

1902. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

L’éducation, sans doute, influe beaucoup sur l’esprit et le caractère, mais il est plus aisé d’inspirer à son élève ses opinions que ses volontés ; le moi de votre enfant se compose de vos leçons, des livres que vous lui avez donnés, des personnes dont vous l’avez entouré, mais quoique vous puissiez reconnaître partout vos traces, vos ordres n’ont plus le même empire ; vous avez formé un homme, mais ce qu’il a pris de vous est devenu lui, et sert autant que ses propres réflexions à composer son indépendance : enfin, les générations successives étant souvent appelées par la durée de la vie de l’homme à exister simultanément, les pères et les enfants, dans la réciprocité de sentiments qu’ils veulent les uns des autres, oublient presque toujours de quel différent point de vue ils considèrent le monde ; la glace, qui renverse les objets qu’elle présente, les dénature moins que l’âge qui les place dans l’avenir ou dans le passé.

1903. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre premier. Des signes en général et de la substitution » pp. 25-32

Quand nous buvons, ou que nous marchons, ou que nous nous servons pour quelque effet de quelqu’un de nos membres, nous prévoyons, d’après un fait perçu, un fait que nous ne percevons pas encore ; les animaux font de même : à la couleur et à l’odeur d’un objet, ils le mangent ou le laissent. — Dans tous ces cas, une expérience présente suggère l’idée d’une autre expérience possible ; nous faisons la première et nous imaginons la seconde ; l’aperception d’un événement, objet ou caractère éveille la conception d’un autre événement, objet ou caractère.

1904. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

« Mais parce que, selon le saige Salomon, la science n’entre point en âme malivole, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme, il te convient servir, aymer et craindre Dieu. » (Rabelais.)

1905. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VI. De l’emploi des figures et de la condition qui les rend légitimes : la nécessité »

Simplement parce que cela ne sert à rien, et qu’on ne décrit pas à ses gens les objets qu’on demande, dès qu’on en sait le nom.

1906. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Tout ce qui ne servait pas aux commodités de l’homme lui répugnait : il ne voyait que laideur où la nature s’étalait en sa primitive et sauvage simplicité.

1907. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

Et il ne sert de rien de dire que ce qui est doit être, qu’il n’y a rien à expliquer.

1908. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

Mais cette crainte même va me servir.

1909. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Lorsque tant de contemporains font de la peinture avec des mots, voici un poète qui s’en sert pour faire de la musique.

1910. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Quimper »

Ainsi, tout petits que nous sommes, nous avons notre place dans l’agitation générale, et nous y servons.

1911. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Quelques-uns le croient, parce qu’elle apprend aux vieillards qu’aucune ruse, aucun artifice, aucune contrainte ne servent à la vieillesse pour faire illusion sur les disproportions d’âge, même à la villageoise la plus simple.

1912. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 372-383

Le hasard n’est qu’un être fantastique, Qu’un mot qui sert l’ignorance publique ; Jamais ce mot, qui d’elle est émané, N’offre à l’esprit un sens déterminé.

1913. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Rayons et les Ombres » (1840) »

Il serait libre dans sa bienveillance pour ceux qui travaillent, dans son aversion pour ceux qui nuisent, dans son amour pour ceux qui servent, dans sa pitié pour ceux qui souffrent.

1914. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Il s’y sert des mots de verger, de jardin, de rosier & de rose, pour exprimer, en termes honnêtes, des choses qui ne le sont pas.

1915. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Les partisans de notre langue vouloient que, pour achever de la mettre en crédit, on ne se servît que d’elle pour les inscriptions de nos monumens.

1916. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

En un mot, ses exclamations & ses invectives ne furent pas moindres que celles dont Cicéron se servit à la vue d’une horrible conspiration contre l’état. » Ce discours parut en 1531 ; il fut bientôt suivi d’un autre dans le même goût.

1917. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Et ainsi, attentifs à ne rien mutiler de ce qui vit autour de nous et qui peut servir à notre vie propre, nous pourrons atteindre à une compréhension plus large et plus personnelle des choses, comme à un art plus plastique, plus directement modelé sur la nature vivante ; et après tant de courses vagabondes hors des frontières, tant d’excursions dans tous les domaines défendus, y compris ceux de la chimère et de la folie, nous pourrons enfin nous rasseoir chez nous et inaugurer un mouvement qui sera vraiment un retour à la tradition française comme à la réalité humaine. » C’est sur ces mots que nous voudrions finir.

1918. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 10, du temps où les hommes de génie parviennent au mérite dont ils sont capables » pp. 110-121

Un homme qui ne va jamais qu’une voiture ne le mene, est bien-tôt hors d’état de se servir de ses jambes, aussi-bien qu’un homme qui se tient dans l’habitude de marcher.

1919. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

Renonce-t-on à tirer profit d’une méthode, sous prétexte que d’autres sont incapables de s’en servir ?

1920. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

Dans une époque où le génie de la concession qui gouverne le monde va jusqu’à lâcher tout, un esprit de cet absolu et de cette rigueur a épouvanté ceux-là même qu’il aurait le mieux servis.

1921. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

Mais cette liberté d’esprit ne vaut que s’il s’en sert pour penser.

1922. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

« L’esprit de la plupart des femmes sert plus à fortifier leur folie que leur raison. » C’est encore l’auteur des Maximes qui dit cela, et Mme de Longueville, avec toutes ses métamorphoses, lui était certainement présente lorsqu’il l’a dit. Elle, la plus féminine des femmes, lui put servir du plus bel abrégé de toutes les autres. […] Elle les avoit encore, et les peines qu’elle avoit supportées depuis un an lui auront servi de pénitence… » Et dans une lettre du 22 avril 1679 : « Je n’aime pas les exagérations, mais il faut avouer de bonne foi qu’il y a eu des choses assez singulières dans la pénitence de Mme de Longueville, et pour le corps et pour l’esprit ; car il est certain que, dans les commencements de sa pénitence, il lui étoit fort ordinaire de coucher sur la dure, prendre la discipline, porter une ceinture de fer.

1923. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Il introduisit plus particulièrement la nature des tropiques, comme Jean-Jacques avait fait celle des Alpes ; et cette nouveauté brillante lui servit d’abord à gagner les regards. […] Elle les retire même avec violence, pour nous apprendre que c’est la violence qui l’a fait naître. » Et ailleurs : « L’univers est sur son lit de douleurs, et c’est à « nous, hommes, à le consoler. » Saint-Martin croyait que l’homme, s’il pouvait consoler l’univers, pouvait aussi l’affliger, l’aigrir, et, pour nous servir de sa belle locution, que la main de l’homme, s’il n’est pas infiniment prudent, gâte tout ce qu’il touche. […] On ne saurait croire combien il sert, jusque dans les créations les plus idéales, de se donner ainsi quelques instants d’appui sur des souvenirs aimés, sur des branches légères.

1924. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Ces formes diverses et successives de gouvernement ne sont ni absolument bonnes, ni absolument mauvaises en elles-mêmes : elles sont relativement bonnes ou mauvaises, selon qu’elles servent plus ou moins bien la souveraineté qu’elles sont chargées d’exprimer et de servir ; tout dépend de l’âge, du caractère, des mœurs, des habitudes, du nombre, du site, du climat, des limites, de la géographie même des peuples qui adoptent telle ou telle de ces formes de gouvernement. […] Le peuple aime ainsi à concentrer la fortune de la famille dans une seule branche, plus solide, plus durable, qui sert à relever celles qui fléchissent, à donner asile et secours aux autres enfants quand les vicissitudes de la vie viennent à les réduire à la misère et à la honte.

1925. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Il y en a qui servent la semaine, et d’autres qui ne sortent que le dimanche, en beau costume. […] Elle aura illuminé, ravagé ou charmé le monde, elle servira peut-être longtemps de guide, ou d’épouvantail, mais elle mourra en dehors de la voie qui mène à de meilleures destinées. […] La transformation, chez nous, de la famille et du mariage peut servir d’exemple pour vérifier ce qui précède.

1926. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Reprocher aux exposants du Palais de l’Industrie qu’ils ne peignent point des œuvres d’art, sous le prétexte de ce qu’ils emploient des procédés (dessins, couleurs) pouvant servir à des œuvres d’art, n’est-ce point être cruel sans justice, et inintelligent de la destination que doit avoir le Salon de Peinture ? […] Aujourd’hui ces couleurs et ces lignes, procédés de la peinture, peuvent servir à deux peintures très diverses, l’une sensationnelle et descriptive, recréant la vision exacte des objets ; l’autre émotionnelle et musicale, négligeant le soin des objets que ces couleurs et lignes représentent, les prenant, seulement, comme les signes d’émotions, les mariant de façon à produire en nous, par leur libre jeu, une impression totale comparable à celle d’une symphonie. […] Un cruel rédacteur en chef ne m’a donné que quelques jours pour écrire ce qui demandait plusieurs semaines, mes lecteurs me plaindront et me pardonneront ; et ils se souviendront encore que je me sers d’une langue étrangère et horriblement difficile !

1927. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Que les citations qu'on trouve sous les N°. 4, 5 & 6 du Libelle, ont été puisées dans des Notes que j'avois faites pour les Trois Siecles, & qui m'ont servi ou qui étoient destinées à composer les Articles des Auteurs qui en sont l'objet : 3°. que les Lettres (sans date, comme toutes les autres), dont on rapporte des morceaux, pag. 30, 31, 32, 37 & 45, & que je me rappelle très-bien avoir écrites, sont un monument manifeste de la mauvaise foi de l'audacieux Compilateur, puisqu'elles renferment précisément la réfutation de ce qu'il avance sans preuve ; réfutation qu'il s'est bien donné de garde d'exposer aux yeux de ses Lecteurs : 4°. enfin, qu'à l'exception de quelques Billets & de trois ou quatre Lettres que j'ai écrites en ma vie à l'Abbé Martin, tous les papiers de mon écriture qu'on cite ou dont on parle dans le Libelle, ne sont que des brouillons informes ou des matériaux d'Ouvrage, que je dois avoir laissé égarer ou qui m'ont été méchamment dérobés. […] Son nom l'auroit infailliblement suivi dans le tombeau, si mes Ennemis ne s'en étoient servis pour me persécuter. […] Je désire qu'elle serve de témoignage aux sentimens de considération & d'estime, avec lesquels j'ai l'honneur, &c. » Je ne me permettrai aucune réflexion sur cette Lettre, dont je n'ai cité que la fin : il n'est personne qui ne sente combien il est honorable d'avoir de pareils Personnages pour ennemis.

1928. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Ainsi servi, ainsi entouré, le Dieu promené, à grand bruit, son carnaval païen sur les sommets des montagnes. […] Fais attention au vent propice, et sers-toi de ta voile et de tous les agrès de la nef à la fois. […] Démosthènes, dans un de ses plus violents discours contre Eschine, ne trouve rien de pire à lui reprocher que d’avoir servi dans la sacristie des Mystères orphiques de Bacchus.

1929. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Obligé de souligner le mal, de le peindre, de s’en servir comme d’un élément, suivant son but quand même et conformant son œuvre au secret idéal qu’il porte en son imagination de poète, il a fait du grand art et, sans pose ni artifice, de l’art fier et réconfortant. […] Celui-ci pourrait bien figurer comme le principal aujourd’hui, et le plus remarquable d’entre les auteurs qui écrivent surtout pour le plaisir de conter, et pour lesquels les mœurs des temps abolis, — ou même celles de l’heure présente, — servent de canevas ingénieux à des aventures narrées avec saveur, dans une langue rehaussée d’archaïsmes et entremêlée de tournures un peu « rococo », très coquettement rajeunies. […] De rares et solides qualités littéraires ne servirent jamais qu’une inspiration constamment élevée, noble et bienfaisante.

1930. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Ce théâtre, si informe d’ailleurs, ne peut servir de règle. […] Mélanide peut servir de modèle. […] Son adversaire lui passe de n’avoir jamais eu que des vues aussi petites ; mais il ne veut pas qu’on juge également de tous les écrivains, dont plusieurs peuvent avoir un objet important comme celui d’éclairer les hommes & de les rendre meilleurs, de servir le prince & la patrie.

1931. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

— Espée bastarde, c’était celle qui pouvait servir à une main et à deux. […] — La bergeronnette ou hochequeue ; on s’en servait dans les enchantements dont le but était d’inspirer de l’amour. […] Pertinaces les sautillements de petite serve de qui tu ennoblis le regard.

1932. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Victor Hugo moula donc sa Lucrèce en pleine fange, — en pleine fange qu’il n’avait pas faite, en cela au-dessous du maçon qui fait le mortier dont il se sert. […] D’autres qui vinrent après eux se servirent du Diarium de Burchard et de celui d’Infessura, un anecdotier et un chroniqueur du même genre, et les altérèrent et les corrompirent… Ce fut encore l’anonyme de la Vie de Rodrigue Borgia, plus mauvais pour les choses scandaleuses que le Diarium de Burchard, et qu’un ami du protestant Gordon copia. […] Cette première partie de cette histoire, je l’ai dit, a été envoyée à Hugo pour qu’il pût s’en servir, s’il en fait une, dans sa préface future de Lucrèce Borgia.

1933. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Fournel pourrait servir de commentaire, d’éclaircissement et d’illustration à quelques-uns des chapitres où M.  […] Pour ce tu l’accoutumeras à te servir. […] Or, au théâtre d’Antoine, « le fauteuil même, aménagé spécialement, servira de vestiaire. […] à quoi, taillée en une telle étoffe, Peut-elle donc servir ? […] Le premier drame, direz-vous, n’est là que pour servir de cadre à l’autre.

1934. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Elles ont servi, en somme, la renommée de Théophile Gautier. […] Quelques plumitifs se servent d’elle pour répandre, à tort et à travers, des plaidoyers anarchistes, des protestations habiles, des effusions sans sincérité. […] Ce pauvre café a servi ses derniers biftecks à quelques fidèles, dont je suis. […] Elle grandit tout ce qui la sert. » En 1886, un décret signé Grévy et contresigné Boulanger raya le duc d’Aumale des cadres de l’état-major général de l’armée. […] Et le porte-voix dont il se sert pour commander la manœuvre fait songer, de loin, au cor d’ivoire dont sonnait, pour appeler sa dame, Lanval le gentil damoiseau.

1935. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Spencer et Grant Allen ne sont-ils point trop exclusifs et peu conséquents avec leurs propres principes quand ils soutiennent qu’une sensation ne saurait être esthétique si elle sert directement à la vie ? […] La démocratie moderne a su elle-même se servir, après tout, des hommes qu’elle a rencontrés sur son chemin, des Washington, des Lincoln et des Thiers. […] Il y a, d’ailleurs, un mystère que la science ne peut détruire et qui servira toujours de thème à la poésie : c’est le mystère métaphysique. […] Il ne pourrait servir que là où le poète se donnerait à tâche de causer une sorte d’irritation, d’agacement du système nerveux. […] Tout le monde en trouvera des exemples dans sa mémoire, mais ce sont les qualités et non les faiblesses du grand poète qui doivent nous servir d’exemple.

1936. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Il y a diverses populaces intellectuelles que servent des feuilletonistes également méprisables. […] La sottise foncière des snobs qui se disent artistes ou lettrés est servie aussi par des feuilletonistes qui, à cette clientèle insuffisamment payante, ajoutent celle de quelques demi-mondaines. […] Pleurez et priez pour celui qui va mourir. » Et la femme — sotte comme on doit l’être au théâtre pour amener dans ce qui sert d’esprit aux spectateurs de frissonnantes indécisions — prend le change. […] Mais il est intolérable que ces invraisemblables procédés d’exposition servent à l’action, deviennent des moyens de nouer ou de dénouer l’intrigue. […] Les « énormités » qu’elle lance à la tête des gens sont peu nombreuses et chacune lui a servi une bonne dizaine de fois.

1937. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

C’était, disait-il, le coquet surplis avec lequel il servait la messe, l’élégante calotte qu’il avait sur ses cheveux bouclés, les compliments sur sa charmante petite personne, les louanges sur sa jolie voix de ténorino, qui lui donnaient l’air d’un enfant confit en dévotion. […] Ce soir, au Théâtre-Libre, le Canard sauvage d’Ibsen… Vraiment, les étrangers, la distance les sert trop… Ah ! […] Il aurait aussi l’ambition de faire cette petite pièce très nature, de montrer son monde au milieu d’anguilles d’argent frétillantes, et tout grelottant de fièvre, comme la famille qui lui sert de modèle dans son souvenir. […] Une tête, où court sur la tempe une mèche grise, semblable à une aile d’oiseau repliée, une conversation intelligente, substantielle, savante, aimant le mot abstrait, une conversation qu’on pourrait qualifier de mystico-philosophique, servie par une petite voix flûtée, qui a parfois les sons mystérieusement enroués d’une voix d’adolescent entrain de muer. […] Dubreuilh comptant les mille premiers mots de Manette Salomon, répartis en sept groupes : Êtres et Choses (substantifs et prénoms), Qualités (adjectifs qualificatifs), Déterminations, Actions, Modifications, Relations, Connexions, Interjections, et les rapprochant des premiers mille mots du Discours de la méthode, de Descartes, des premiers mille mots de l’Esprit des lois, de Montesquieu, des premiers mille mots de Télémaque, de Fénelon, etc., etc., me trouve beaucoup plus riche en Déterminations (adjectifs et articles) qu’en Connexions (les mots qui servent à lier les êtres et les choses) et déclarant que je suis l’écrivain qui s’éloigne le plus de Descartes, il me classe, en la haute et respectable compagnie de Bossuet et de Chateaubriand.

1938. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Le réel n’a de prix que s’il lui sert continuellement de tremplin pour bondir, à perte de vue, bien au-dessus, quitte à retomber, par une trajectoire harmonieuse, sur un autre petit lambeau de réel qui se trouve, ainsi, relié an premier, aussi mystérieusement mais aussi infailliblement qu’un astre à un astre. […] Que servirait de parler de genres, de classification ? […] Notes pour servir à l’étude de l’impressionnisme — Paul Colinbc (Crès). — Un compendium fort bien fait, bien pensé et très bien édité sur une forme d’art qui sera bientôt historique. […] Les évangéliaires établis par l’endurante application de plusieurs artisans circulaient de main en main et servaient à l’édification des ouailles assemblées autour du foyer. […] Apologie du Pèlerin passionné pour servir à l’étude des Stances », Vers et prose, tome III, septembre-octobre-novembre 1905, p. 141-153.

1939. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Autrement dit, si Mistral est un grand poète, ce dont Lasserre convient, c’est parce qu’il est un lyrique classique et son exemple peut servir à montrer l’utilité des règles et de la discipline. […] Il sert avec la même, perfection l’idée révolutionnaire. […] Il se sert de toutes les armes philosophiques contre les disciplines traditionnelles. […] Prétention mensongère d’après Hugo, et qui ne sert de masque qu’à l’impuissance et à l’envie. […] Il n’y a rien de politique ou d’historique dans les mobiles ni dans les conséquences du crime qui sert de point de départ à tout.

1940. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

C’est que l’homme, en vérité, n’est point né pour observer les hommes, mais, selon sa force ou sa faiblesse, pour s’en servir ou les servir, et que l’observation pour le plaisir d’observer, la seule qui soit soutenue, complète, la seule aussi qui puisse devenir artistique, est rare comme une anomalie. […] Julien Sorel a vu l’Empire, en ce sens qu’il a été élevé par un capitaine qui a servi sous Napoléon. […] Il est nommé par la majorité et lui sert d’instrument passif. […] Il n’a pas intérêt ou, du moins, il n’a pas un intérêt urgent, perpétuellement senti, à être servi par les meilleurs. […] Personne n’a plus travaillé que Sainte-Beuve sans y être excité par l’espoir que cela serve à quelque chose.

1941. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Sa « confession philosophique » sert de préface à l’étude que lui consacrent ses deux jeunes admirateurs. […] Les stratagèmes qu’avait préparés, pour emmener Celtil, Hédonia Tarquinia servent à Celtil pour s’échapper tout seul. […] Ce n’est pas le servir. […] C’est, ici, tout le contraire, si, comme j’essayais de l’établir, l’authentique réalité du roman sert de garantie à la preuve. […] L’Enfant prodigue avoue : « La liberté que je cherchais, je l’ai perdue ; captif, j’ai dû servir.

1942. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Par là, il fut d’accord avec les plus fermes esprits de notre siècle et mérita de servir d’exemple à une suite nombreuse de disciples1. […] ce brave homme, lorsqu’il découvrit dans les monastères du Népal les monuments primitifs du bouddhisme indien, servit plus la pensée humaine que n’aurait pu le faire une génération de métaphysiciens. […] La philologie technique, la critique des détails sont choses excellentes, à une condition, c’est qu’on les fasse servir à un but, qui est la connaissance de l’histoire et de l’esprit humain ». […] Elles auraient pu servir d’épigraphe aux Origines de la France contemporaine. […] Ses notes sur les diverses maîtrises du diocèse de Paris pourraient servir de contribution à un Baedeker grincheux.

1943. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

On se la donne et on s’en sert, comme on se sert de la vue pour embrasser l’horizon. […] Une fois en possession de la forme d’espace, il s’en sert comme d’un filet aux mailles faisables et défaisables à volonté, lequel, jeté sur la matière, la divise comme les besoins de notre action l’exigent. […] C’est pourquoi nous disons que la répétition qui sert de base à nos généralisations est essentielle dans l’ordre physique, accidentelle dans l’ordre vital. […] L’opération consiste à se servir de l’énergie solaire pour fixer le carbone de l’acide carbonique, et, par là, à emmagasiner cette énergie comme on emmagasinerait celle d’un porteur d’eau en l’employant à remplir un réservoir surélevé : l’eau une fois montée pourra mettre en mouvement, comme on voudra et quand on voudra, un moulin ou une turbine. […] Mais l’homme n’entretient pas seulement sa machine ; il arrive à s’en servir comme il lui plaît.

1944. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Si vous me daignez faire cette faveur, vous aiderez beaucoup à contenter la curiosité de l’esprit d’un jeune médecin de Paris, qui, en récompense, vous servira en toute occasion… Dans une autre lettre, ayant appris de M.  […] Voltaire, le prenant sur l’ensemble de ses lettres, l’a jugé sévèrement et sans véritable justice : Il sert à faire voir, dit-il, combien les auteurs contemporains, qui écrivent précipitamment les nouvelles du jour, sont des guides infidèles pour l’histoire.

1945. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Il peut servir à représenter à nos yeux toute une classe et une race de gens du monde, de gens d’esprit et d’administrateurs distingués, qui existaient tout formés à la fin de l’Ancien Régime, qui succombèrent avec l’ordre de choses, et qui ont péri dans l’intervalle, avant que la société reconstituée pût leur rendre une situation ou même leur donner un asile. […] [NdA] Si je n’ai pu retrouver le roman de L’Émigré de M. de Meilhan, j’ai à indiquer de lui un projet de publication dont je ne vois pas qu’il soit fait mention nulle part, c’est un Prospectus avec préface de Mémoires sur la vie du maréchal duc de Richelieu, pour servir à l’histoire du xviiie  siècle, par M. 

1946. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Toutes ces formes bizarres viennent de ce que ces pauvres arbres sont torturés dans leur jeunesse pour servir de clôture, et alors ils poussent comme ils peuvent et se tortillent dans tous les sens. […] Mais tous ces conseils naturels, et qui reviennent à dire qu’il faut avoir l’esprit de son âge, ne sont rien encore et ne servent tout au plus qu’à adoucir les regrets, si une pensée plus haute n’intervient et n’y préside, si la religion n’élève l’homme et ne lui enseigne l’art véritable d’espérer.

1947. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Aux tendres soins qu’il prodigua au malade pendant toute la crise, personne n’eut pu deviner la suite, et un témoin oculaire disait à l’ambassadeur de Florence, quelques jours après, que « voir le prince dans son lit, la pâleur de la mort sur le visage, avait été certes un sujet de grande compassion, mais que voir le roi servir incessamment son fils, les yeux remplis de larmes, avait été un spectacle à faire pleurer les pierres. » Chacun, au reste, rivalisa de soins et de zèle ; à cette époque, il est bien clair que ni son père ni personne dans l’État ne désespérait encore du moral du jeune prince âgé de dix-sept ans, et ce fut, par toute l’Espagne, à qui ferait des vœux et des dévotions extraordinaires pour obtenir du Ciel sa guérison et son salut. […] Sa jambe gauche est beaucoup plus longue que la droite, et il se sert moins facilement de tout le côté droit que du côté gauche.

1948. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Cependant Corneille, qui tenait à éluder sur ce point et à ne pas trop faire remarquer les déplacements, s’abstient, dans le dialogue, de ce qui obligerait trop directement à les apercevoir : ses personnages raisonnent, agissent, mais sans tirer parti de quantité de petites circonstances qui localisent, qui précisent, et sans que jamais le cadre des lieux leur donne plus de relief ou leur serve de point d’appui. […] Vieux et inutile, mais vengé désormais et content, il s’offre lui-même en victime pour apaiser le sang qui crie par la bouche de Chimène ; que son fils vive pour continuer l’honneur de sa race, pour servir son roi et son pays, il n’aura plus de regret.

1949. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Il rentra en France neuf encore, sous un régime déjà tranché, et il le servit loyalement, sans arrière-pensée, sans retour en arrière, et avec un dévouement sans réserve ; il mourut avant la chute de ce régime, en plein exercice de son activité, en pleine pratique de ses devoirs. […] Parler ensemble de la pairie, faire des vœux pour la prospérité de ses armes, se pénétrer réciproquement de l’honneur qu’il y a d’être martyr du zèle qu’on a mis à la servir, devancer par la pensée ses triomphes et sa gloire, telles étaient les idées que je me formais des moments que j’allais passer aux Sept-Tours jusqu’à l’époque de notre délivrance commune. » Il arrangeait sa persécution à souhait et se faisait en idée un martyre commode.

1950. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Tout ce que je sais d’un Virgile compréhensible pour moi, c’est que le nôtre ou celui de la Bretagne voyage dans le Midi, sous le nom de Brizeux, dont la santé et le silence commencent à m’inquiéter, à moins que tu n’en aies reçu quelque lettre. » Ce diminutif de Virgile, Brizeux, qui n’avait rencontré à temps ni Auguste ni Mécène, ni leur diminutif, ne touchait guère Paris qu’en passant ; il se sauvait bien vite, pendant des mois et des saisons, tantôt dans sa Bretagne, tantôt à Florence ; il craignait d’écrire et poussait l’horreur de la prose jusqu’à ne se servir le plus souvent que d’un crayon pour tracer des caractères aussi peu marqués que possible. […] que mes instincts sauvages m’ont toujours bien servie !

1951. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Quelle que fût l’inégalité des deux lumières, l’apparence en était si peu la même, que la plus forte n’a pas éteint l’autre, et n’a servi bien plutôt qu’à la faire ressortir. […] Lorsque la Savoie fut réunie à la France, le comte Xavier, qui servait en Piémont, crut devoir renoncer à sa patrie, dont une moitié, dit-il, l’avait elle-même abandonné.

1952. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Depuis ce moment, et durant les neuf dernières années de la Restauration, il se contenta de servir sa nuance d’opinion par ses discours et ses votes à la Chambre des pairs, en même temps qu’il honorait ses loisirs par la composition de sa grande histoire. […] L’ensemble d’une telle querelle, entièrement politique et même mercenaire, où les Confédérés servirent surtout l’ambition de Berne, ne saurait donc s’assimiler que par une confusion lointaine à ce premier âge d’or helvétique, à cette défense spartiate et pure des petits cantons pauvres et indépendants.

1953. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Allié ou parent éloigné de Mme de Maintenon, il était né protestant : on l’avait converti de bonne heure à la religion catholique : Fort jeune, il avait servi avec distinction dans la dernière guerre de Louis XIV, et il avait été honoré à Denain d’une magnifique apostrophe de Villars. […] A force de voir Mme de Pontivy, de s’intéresser à ce mari en fuite, de chercher du moins à maintenir les biens, à force de visiter les gens du roi convoqués à l’Arsenal, et de rapporter son peu de succès à la cliente qu’il voulait servir, il l’aima, et ne put plus en douter un soir que son cœur, comme de lui-même, se trahit.

1954. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Mais elle ne voulait pas y revenir comme une simple mortelle, et puisqu’elle avait été forcée de le quitter au moment d’obtenir son succès littéraire, elle voulait que le retard servît du moins à rendre le retour plus éclatant. […] C’est ce charlatanisme qui met en évidence et qui fait aussi qu’on peut servir ses amis.

1955. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Cela pouvait servir de base à un écrivain, mais nullement à un philosophe. […] Atala, inerte et la tête appuyée sur quelques fleurs, est portée dans la grotte qui va lui servir de tombeau.

1956. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Boileau ne répondit à aucune attaque367 : à quoi bon se justifier d’avoir fait servir sur une table parisienne des alouettes au mois de juin ? […] Il faut en le lisant bien définir les mots dont il se sert, et l’on verra, par exemple, quand il trouve du sublime dans une phrase assez vulgaire d’Hérodote, ou quand Ménage en trouve dans la satire des Embarras de Paris, on verra que pour Boileau et pour Ménage, pour les gens de ce temps-là, le sublime répond à peu près à ce que nous appelons l’intensité expressive du langage.

1957. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

En se faisant tout à tous, Voltaire n’oublie pas ses fins essentielles : il fait servir à la propagation de sa doctrine les relations qui flattent sa vanité. […] Il donne à la France le spectacle de la faveur dont il jouit à l’étranger : il a repris dès 1757 une correspondance amicale avec le roi de Prusse ; à partir de 1763, il échange des lettres avec Catherine II ; il n’importe que les deux souverains se servent un peu de lui en politiques, pour mettre par son moyen l’opinion de leur côté ; le public qui croit voir Voltaire traiter d’égal avec les deux grandes puissances du temps, juge la petitesse du ministère français, qui le tient en exil loin de Paris ; il en prend du mépris pour le gouvernement, et du respect pour la philosophie.

1958. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

On a souvent observé que si tous les corps de l’Univers venaient à se dilater simultanément et dans la même proportion, nous n’aurions aucun moyen de nous en apercevoir, puisque tous nos instruments de mesure grandiraient en même temps que les objets mêmes qu’ils servent à mesurer. […] C’est que les premiers peuvent servir à corriger un changement externe, et que les autres ne le peuvent pas ou du moins ne peuvent donner qu’une correction imparfaite.

1959. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Le roi, ayant marié le duc du Maine, fait d’abord à ce prince des représentations sur sa femme qui le ruine ; mais, « voyant enfin que ses représentations ne servent qu’à faire souffrir intérieurement un fils qu’il aime, il prend le parti du silence, et le laisse croupir dans son aveuglement et sa faiblesse ». […] Un abbé, homme savant et homme d’esprit, l’abbé Gédoyn, le même qui a traduit Quintilien, et qui l’a d’autant mieux traduit qu’il avait été bien avec Ninon (avoir été bien avec Ninon, cela sert toujours), l’abbé Gédoyn, disons-nous, a traité cette question de l’urbanité, et il a terminé son agréable et docte mémoire par y joindre un éloge de Mme de Caylus, en remarquant que, de toutes les personnes qu’il avait connues, il n’en était aucune qui rendît d’une manière si vive ce qu’il concevait par ce mot d’urbanité.

1960. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

On a vu mainte fois le travestissement être un moyen de licence et de désordre, et servir à faciliter des passions, des intrigues ; c’est le cas le plus ordinaire. […] J’ai une place d’écoutant dans toutes leurs assemblées, et je me sers souvent de votre méthode : une grande modestie, point de démangeaison de parler.

1961. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

On ne lit plus les livres de Mlle de Scudéry, mais on la cite encore ; elle sert à désigner un genre littéraire, une mode de bel esprit à une heure célèbre : c’est une médaille qui a fini presque par passer en circulation et par devenir une monnaie. […] Et puis, décrire de la sorte ses amis et connaissances tout au long, et leur maison de ville et leur maison de campagne, cela servait, tout en les flattant, à faire des pages et à grossir le volume.

1962. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Le roi de Sardaigne, dépossédé de ses États du continent, s’était réfugié dans son île sauvage ; M. de Maistre, après y avoir séjourné quelque temps et y avoir servi à la tête de la magistrature, avait été chargé en 1802, par ce roi à demi déchu et dépouillé, d’aller le représenter auprès de la cour de Russie à Saint-Pétersbourg. […] C’est un grand et terrible instrument entre les mains de la Providence, qui s’en sert pour renverser ceci ou cela.

1963. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Né à Paris le 30 janvier 1661, fils d’un maître coutelier, reçu maître lui-même dès son enfance, il allait quelquefois servir la messe aux Blancs-Manteaux, où un religieux le distingua, lui apprit le rudiment et lui obtint une bourse à l’un des collèges de l’Université. […] Pendant qu’il écrivait le premier tome de son Histoire ancienne, il était consulté par un grand seigneur belge, le duc d’Aremberg, sur le choix d’un précepteur : Jean-Baptiste Rousseau, alors établi à Bruxelles, servit d’intermédiaire dans cette négociation à laquelle Rollin apporta tout son zèle ; et cet excellent homme, poussant à bout son idée, écrivait à Rousseau : Il y a, dans le premier tome de mon Histoire, un endroit où j’ai été fort occupé de lui (le duc d’Aremberg) et de vous : c’est celui où je parle de Scipion Émilien, et je ne crois pas vous faire tort ni à l’un ni à l’autre en donnant à M. le duc le personnage et le caractère d’un aussi grand homme que Scipion, et à vous celui de Polybe qui ne contribua pas peu par ses conseils à inspirer à cet illustre Romain ces sentiments de générosité, etc.

1964. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

tandis que vous parlez tout à votre aise, moi, je vais vous servir d’une manière précise, et je me charge de faire brèche par la chronologie. » Aujourd’hui un christianisme éclairé et élevé, véritablement conciliateur, n’a pas craint d’ouvrir le champ de la discussion sur tous ces points qui sont livrés à la controverse humaine ; la chronologie est libre, comme la physique, dans ses explications et ses conjectures : la foi appuie sur des arches désormais plus larges son canal sacré, Volney, ne se trouvant plus en face d’un adversaire armé, ne saurait trop que faire de son aigreur, et il serait tout étonné de n’avoir plus à s’en prendre qu’à des dates dans son acharnement en chronologie. […] Elle n’ajoutera rien au courage de l’homme qui aime sa patrie et qui veut la servir ; mais elle fera rougir le perfide ou le lâche que le séjour de la Cour ou la pusillanimité auraient déjà pu corrompre.

1965. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

triste et sombre vue mécanique à laquelle il reviendra plus d’une fois, qui sera sa doctrine politique finale, et qui peut servir à nous faire mesurer le chemin qu’avait parcouru en deux années l’auteur des Ruines. […] À quelqu’un qui, vivant à la campagne, regrettait la ville, Volney racontait une anecdote de Diderot, qui avait au château de Meudon une jolie chambre où il n’allait jamais, et qui répondait un jour à Delille en refusant de la lui céder : « Mon cher abbé, écoutez-moi ; nous avons tous une chimère que nous plaçons loin de nous ; si nous y mettons la main, elle se loge ailleurs ; je ne vais point à Meudon, mais je me dis chaque jour : J’irai demain ; si je ne l’avais plus, je serais malheureux. » — Vous, Monsieur, qui vivez à la campagne, continue Volney, vous avez placé votre chimère à la ville ; mais que l’exemple de Diderot vous serve.

1966. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Ailleurs c’est dans une chambre d’auberge d’une petite ville perdue du Harz, le fantôme du docteur « Saul Ascher qui apparaît la nuit au poète avec ses jambes héronnières, son habit étriqué, d’un gris tout philosophique, avec son visage droit, froid et comme congelé, éminemment apte à servir de frontispice à un manuel de géométrie ». […] « Pour moi, écrit-il dans son livre contre Bœrne, en 1840, les mots juif et chrétien sont synonymes et me servent à désigner non des croyances, mais des humeurs semblables ; je les oppose au mot hellène, par lequel non plus je n’entends un peuple mais une tendance, une façon de penser, innée ou acquise.

1967. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

À quoi cette poésie peut-elle servir, sinon à égarer notre bon sens, à jeter le désordre dans nos pensées, à troubler notre cerveau, à pervertir nos instincts, à fêler nos imaginations, à corrompre notre goût, et à nous remplir la tête de vanité, de confusion, de tintamarre et de galimatias ?  […] L’anglais, langue peu faite, tantôt lui sert, tantôt lui nuit, mais partout la profonde âme perce et transparaît.

1968. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Est-ce que n’ayant plus la même nature sous les yeux, l’artiste n’a pu se servir de la nôtre pour suppléer les passages et les tons ? […] Je vous le répète, il ne faudrait qu’assujettir la peinture et la sculpture à notre costume pour perdre ces deux arts si agréables, si intéressans, si utiles même à plusieurs égards, surtout si on ne les emploie pas à tenir constamment sous les yeux des peuples ou des actions déshonnêtes ou des atrocités de fanatisme, qui ne peuvent servir qu’à corrompre les mœurs ou à embéguiner les hommes, à les empoisonner des plus dangereux préjugés.

1969. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

L’une des pièces de ce recueil surtout, me servit à préciser la singulière doctrine qui enseigne à l’individu la voie du bonheur par la destruction successive, patiente et méthodique des multiples liens qui l’unissent à ses semblables et au monde, au bénéfice d’une culture intensive et exclusive du « moi ». […] Nous ne nous en servirons pas, persuadé qu’un examen plus attentif lui ferait reconnaître le bien-fondé de notre observation.

1970. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Comment ceux dont la vie est un perpétuel viol des lois infrangibles de nature, pourraient-ils servir de guide aux normaux et aux sains ? […] » Nous pourrions encore mieux servir les intérêts du jeune homme promis à la prêtrise, en répétant ces paroles d’un noble esprit : « Il faut qu’il prenne conscience avec nous du seul dieu réel et méconnu qui a créé à sont image tous les dieux évanouis, du dieu futur, l’Homme.

1971. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Durantin a publié : Histoire d’Héloïse Paranquet et manuscrit primitif ayant servi à M.  […] L’homme d’action se sert de son intelligence pour agir, et l’homme intelligent qui est mêlé à l’action ne se sert guère de l’action que pour comprendre plus de choses. […] Geffroy à plaider une cause, il n’est détail qui ne serve à sa défense, et si jamais homme a fait parler un tableau, c’est certainement lui. […] Il pose six pence sur la tablette et se fait servir un verre de whisky. […] les bonnes et sages paroles ne servent de rien et il n’est pas, en matière de littérature, une seule opinion qu’on ne combatte aisément par l’opinion contraire.

1972. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

La presse française à grand tirage ne sert point à divulguer ; elle sert à cacher, à celer, à dissimuler, et aussi, aux heures critiques, à fourvoyer. […] Mais, alors que Gambetta se servait de sa langue pour duper et berner, Zola, lui, se servait de sa plume. […] Mieux préservé contre les erreurs du siècle, Lemaître a servi la Patrie. […] Admettre que celui-ci s’est moqué de lui, servi de lui, l’a berné, lui apparaît comme une diminution personnelle. […] Elles serviront de réponses aux objections éventuelles.

1973. (1924) Critiques et romanciers

» Prenez garde : les hommes d’esprit servaient à quelque chose. […] C’est à quoi leur servent les sciences, l’industrie et les arts. […] Il avait choisi le métier de servir la littérature, qu’il adorait : et il l’a servie de toutes manières, par ses poèmes, ses romans, et aussi en accomplissant toute la tâche d’un critique. […] Ne vous en servez qu’après les avoir pesés. » Cette défiance est l’article premier de fart auquel il consacrait un zèle délicat. […] La littérature alors veut servir.

1974. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Il avait recueilli une foule de matériaux inconnus des historiens, qui lui avaient servi pour écrire son livre.

1975. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

« Des ânes », dit il avec un tour particulier d’atticisme que nous ne pensions pas de mise dans l’illustre Édimbourg, « des ânes, seules bêtes de somme qu’on puisse se procurer facilement en Égypte, servaient de monture  aux savants attachés à l’expédition, et portaient leurs  instruments scientifiques.

1976. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

Un sentiment plus doux donne aux modernes le besoin du secours, de l’appui, de l’intérêt qu’ils peuvent inspirer ; ils ont fait une vertu de tout ce qui peut servir au bonheur mutuel, aux rapports consolateurs des individus entre eux.

1977. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

Ce jugement qu’on porte sur soi doit servir de règle et d’épreuve dans la recherche des idées et des expressions, mais sans étroitesse et sans minutie : il en est du style comme des mines et des gestes ; vouloir faire transparaître son Ame à tous moments est le comble de l’affectation et l’antipode du naturel.

1978. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Du son des mots, on n’a cure, et par conséquent on néglige la rime ; bonne ou mauvaise, elle indique suffisamment la fin du vers : et n’est-ce pas à cela qu’elle sert ?

1979. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

Il est assis auprès de Méniquette, qui lui sert un gros morceau de saucisse.

1980. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

« Parmi les soggetti, les sujets, sortis de mon débile cerveau, dit-il, c’est celui qui a été le plus généralement accepté par les comédiens, le plus applaudi du roi de France, des princes de Savoie et d’Italie et de tout le monde. » Elle continua à servir de canevas pour la comédie improvisée, ainsi qu’on peut s’en assurer, du reste, par une analyse de ce canevas, différent de la pièce en plus d’un point, que Cailhava a publiée25 et qu’il a donnée à tort pour l’analyse de l’œuvre même de Beltrame.

1981. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

C’est de la colère spirituelle et lumineuse qui se disperse ; et ce journal sera, certes, importun à la pesante masse tudesque victorieuse, s’il la rencontre sur son passage ; la légèreté de l’aile sert la furie de l’aiguillon.

1982. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

Mais il y a une chose sûre, c’est que, dans tous les états sociaux que vous pourrez traverser, il y aura du bien à faire, du vrai à chercher, une patrie à servir et à aimer.

1983. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre V : Rapports du physique et du moral. »

De cette causalité double ou conjointe, nous pouvons donner des preuves ; de la causalité simple, nous n’en avons aucune. » 3° On dit généralement que l’esprit se sert du corps comme d’un instrument.

1984. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Quant à l’observation que plusieurs amateurs d’oreille délicate lui ont soumise touchant la rudesse sauvage de ses noms norvégiens, il la trouve tout à fait fondée ; aussi se propose-t-il, dès qu’il sera nommé membre de la société royale de Stockholm ou de l’académie de Berghen, d’inviter messieurs les norvégiens à changer de langue, attendu que le vilain jargon dont ils ont la bizarrerie de se servir blesse le tympan de nos parisiennes, et que leurs noms biscornus, aussi raboteux que leurs rochers, produisent sur la langue sensible qui les prononce l’effet que ferait sans doute leur huile d’ours et leur pain d’écorce sur les houppes nerveuses et sensitives de notre palais.

1985. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Si le stile de Bayle est souvent libre, indécent ; si cet écrivain s’arréte à des contes, à des historiettes scandaleuses, c’est qu’il ignoroit l’usage du monde & l’emploi de bien des mots dont il se sert.

1986. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

À quoi donc ont servi toutes ces admirables proportions ?

1987. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

Discutons les raisons dont on peut se servir pour appuïer ce paradoxe, après avoir averti le lecteur de mettre une grande difference entre les faits que j’ai rapportez, et les explications de ces faits que je vais hazarder.

1988. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

., dit Puffendorff, en parlant des hollandois d’aujourd’hui, qui se servent de troupes étrangeres aussi volontiers que les bataves faisoient la guerre pour les étrangers.

1989. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 23, que la voïe de discussion n’est pas aussi bonne pour connoître le mérite des poëmes et des tableaux, que celle du sentiment » pp. 341-353

Suivant le sentiment du chancelier Bacon, elles n’en épousent aucun dans la crainte que l’envie de justifier ce systême ne fascinât les yeux des observateurs, et ne leur fit voir les expériences, non pas telles qu’elles sont, mais telles qu’il faudroit qu’elles fussent pour servir de preuves à une opinion qu’on auroit entrepris de faire passer pour la verité.

1990. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 1, idée generale de la musique des anciens et des arts musicaux subordonnez à cette science » pp. 6-19

Elle avoit chez les uns et chez les autres la même étendue et les mêmes principes, de maniere qu’on peut se servir également pour expliquer l’étendue et l’usage de la musique des anciens, soit des auteurs grecs, soit des auteurs latins.

1991. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 14, de la danse ou de la saltation théatrale. Comment l’acteur qui faisoit les gestes pouvoit s’accorder avec l’acteur qui récitoit, de la danse des choeurs » pp. 234-247

Comme les gens de théatre ne devoient gueres se servir des gestes d’institution, en un mot, comme leur saltation étoit d’une espece particuliere, il étoit naturel qu’ils eussent des écoles et des professeurs à part.

1992. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Cette science, il est vrai, n’est pas faite ; mais tout ce qu’il en faut conclure, c’est qu’il est urgent d’y travailler, non qu’il n’est pas de science qui puisse servir à éclairer la conduite de l’homme.

1993. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Premier tableau » pp. 180-195

Ma collection est épuisée ; il ne me reste plus que deux calembours qui ont déjà servi. — Donner des leçons d’argot, à quinze sous le cachet, aux vaudevillistes du Palais-Royal ?

1994. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

Balzac s’en est servi à propos de Stendhal.

1995. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Le procédé dont Rapetti s’est servi pour faire sa justice est d’une simplicité presque élémentaire.

1996. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Cette manière de voir et de reproduire (produire serait peut-être un mot plus vrai), il s’en est servi, il l’a appliquée, mais largement, en artiste vrai, qui ne se bute pas à un système, qui ne se cogne pas, comme un aveugle, à la borne d’un parti pris.

1997. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

servi la cause du président de la République, bien convaincu que je défendais la cause de la société et de la civilisation ?

1998. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

Ce n’est pas tranquillement se mettre entre les jambes, au coin du feu ou d’un pot de bière, l’honnête rotin de l’imitation laborieuse qui a servi à faire du chemin, comme un bon bâton qu’il est, mais à pied !

1999. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Je ne veux pas être une pensée mutilée, fragmentaire, dans l’universelle raison, un être isolé dans la communauté des hommes : j’entends servir la société et non point par goût des louanges, ni par désir d’être aimé, ni par sympathie pour mes contemporains, mais parce que le monde est un et que je veux me conformer à ses lois, qui sont d’ailleurs harmonieuses avec ma raison.‌

2000. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre premier. De la louange et de l’amour de la gloire. »

Dès que le mérite parut, l’envie naquit, et la persécution se montra ; mais au même instant la nature créa la gloire, et lui ordonna de servir de contrepoids au malheur.

2001. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

En premier lieu, je me sers moi tout seul, ce qui ne m’était jamais arrivé. […] dans toutes les vicissitudes de mon ouvrage, ces mêmes faits m’ont suffi à tout ; je n’ai eu qu’à m’en servir comme on se sert de soldats, en changeant de temps en temps l’ordre de bataille123. » Une circonstance caractéristique de cette première ébauche, c’est qu’elle ait été écrite au revers de cartes à jouer : fatal et bizarre présage !  […] Le cheval est bon au reste, et me servira beaucoup cet été. […] Ces dernières paroles pourraient servir d’épigraphe à Adolphe, qui est, en effet, un livre triste et fané, d’une teinte grise. […] disait-il en souriant et s’applaudissant, nous lui avions lâché là un fameux chat-en-jambes. » Les Sauvages aussi se servent sans scrupule de flèches empoisonnées.

2002. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

. —  Et ton nom prononcé fait d’une médisance une bénédiction197. » À quoi servent l’évidence, la volonté, la raison, l’honneur même, quand la passion est si absorbante ? […] Arrêtez votre main, monseigneur. —  J’ai commencé à vous servir quand j’étais encore enfant ; —  mais je ne vous aurai jamais rendu de plus grand service — que de vous dire d’arrêter. […] Sers Dieu. —  Hein ! […] César ou Alexandre sont tombés en pourriture et ont fait de la terre grasse ; les maîtres du monde ont servi à boucher la fente d’un vieux mur. « Va maintenant dans la chambre de madame, et dis-lui qu’elle a beau se farder haut d’un pouce, elle aura un jour ce gracieux aspect. […] Yet his leg excels all men’s ; and for a hand, and a foot, and a body, —  though they be not to be talked on, yet they are past compare : He is not the flower of courtesy, —  but, I’ll warrant him, as gentle as a lamb. —  Go thy ways, wench ; serve God : — What, have you dined at home ?

2003. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Albalat a raison puisque nous ne savons plus nous en servir. […] C’est ainsi que cette nature d’élection, se mettant en quelque sorte hors de la vie commune, rentre davantage dans la Beauté et peut servir de règle avec une sûreté plus grande. […] Mais Delatouche savait se servir de la parole, et jetait de la poudre aux yeux. […] On sert de la morue, de la seiche et du poulpe. […]   La beauté de l’olivier se sert à peine de notre vue pour ébranler notre âme.

2004. (1881) Le naturalisme au théatre

Plus tard, avec Corneille, Molière et Racine, chaque théâtre avait une place publique, un salon, une forêt, un temple ; même la forêt ne servait guère, je crois. […] On doit les condamner, dès qu’ils sortent de cette fonction scientifique, dès qu’ils ne servent plus à l’analyse des faits et des personnages. […] Autrefois, ç’a été la peinture qui m’a servi de champ de manœuvres. […] Il a imaginé une création énigmatique, Ruskoé, un bossu, un chétif, qui, ne pouvant servir, son pays par l’épée, le sert à sa manière en se faisant espion. […] Pas de vices, à peine un coquin en carton, qui est là pour servir de repoussoir.

2005. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Je le répète souvent, parce que pour moi, tel passage, attesté par le premier GESTE, m’a subtilement servi  comme à tous de cette époque, d’ailleurs. […] « Dominée par un merveilleux rêve scientifique, servie par toutes les formes de l’art, la poésie de M.  […] Nous savons que c’est un mot que le critique applique volontiers : il a déjà servi pour M.  […] Et ces mots ici écrits, tu peux t’en servir. […] Non, et son sourire s’amusait, il convient de nous servir des mots de tout le monde, dans le sens que tout le monde croit comprendre !

2006. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Cette famille, non déchue, mais appauvrie, servait maintenant dans les armées ou dans la magistrature de la république toscane. […] C’était alors, comme aujourd’hui, l’exhortation habituelle de tous les orateurs, hommes d’État, poètes, tels que Dante, Pétrarque, Machiavel, tant qu’ils étaient satisfaits des républiques, des papautés et des princes qu’ils servaient en Italie ; le lendemain du jour où ils étaient méconnus ou exilés par ces États ou par ces princes, ils invoquaient l’empereur d’Allemagne pour qu’il vînt remettre la selle et le mors à la cavale indomptée de l’Italie, selon le fameux tercet du Dante ; ou bien ils allaient, comme Pétrarque, jusqu’en Allemagne implorer le secours armé des barbares pour la cause de Naples, de Rome ou de Florence ; litanie de la servitude qui demande plutôt le changement de maître que la liberté. Quant à Machiavel, il ne fut point coupable de cette inconséquence de tant de grandes âmes italiennes ; il ne conseille ni ne conspire jamais l’asservissement de sa patrie à des maîtres étrangers ; en cela, seul entre tous, son patriotisme au moins lui servit de vertu.

2007. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Il est très réel que dans la poésie contemporaine, les mots abstraits sont devenus un des moyens les plus puissants de représentation des formes de la vie737 : on s’en est servi pour des effets larges, mais précis, d’une puissance singulière. […] Comme toutes ces formes narratives et dramatiques lui servaient à enfermer, à révéler son intime état de souffrance ou de volonté, ainsi ses poèmes, où il semblait devoir s’exprimer plus directement, ne sont lyriques aussi que par l’émotion subjective qui les a fait germer : ce sont des légendes mystiques, des contes épiques, des récits dramatiques. […] Ils servent à accuser plus vigoureusement la qualité de l’objet, l’accident sur lequel l’artiste veut fixer notre regard.

2008. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Taine, et nous avons montré qu’aucun d’eux ne permet d’établir une relation fixe et dont on puisse se servir, entre une œuvre d’art donnée et un groupe d’hommes autres que son auteur. […] Aucune de ces trois causes ne peut donc servir à remonter d’une œuvre ou d’un artiste à un groupe étendu d’hommes ; on peut en user avec une extrême réserve à déterminer l’origine des facultés de certains écrivains, dont quelques-uns dépendent visiblement de leur famille, de leur race, de leur temps, de leur demeure : mais s’il n’existe pas d’autres principes qui permettent d’établir une relation directe entre un auteur, une œuvre et un groupe d’hommes, il faut renoncer à entreprendre des travaux d’esthopsychologie sociologique. […] La loi devra donc être formulée comme suit : une œuvre n’aura d’effet esthétique que sur les personnes qui se trouvent posséder une organisation mentale analogue et inférieure à celle qui a servi à créer l’œuvre et qui peut en être déduite.

2009. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

À droite, il était bordé d’une petite muraille à hauteur d’appui en pierres sèches ; à gauche, par un mur à ciment très-élevé, qui servait d’enceinte à une maison bourgeoise de chétive apparence, et à un jardin suivi d’une vigne et d’un verger enclos de tous côtés comme un cimetière de hameau. […] Là, un matelas, recouvert de couvertures étendues irrégulièrement aussi sur une litière mal aplanie de volumes, servait de lit à M. de Valmont ; des livres amoncelés en forme de traversin lui servaient à relever sa tête comme un oreiller ; d’autres volumes marquaient la place des pieds par un bourrelet de livres qui encadraient cette couche.

2010. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Quelques-unes de ses Elégies peuvent servir de modèle. On y trouve des comparaisons heureuses qui ne servent qu’à irriter sa douleur, des images tristes, dont la recherche n’est que trop naturelle à une personne véritablement touchée. […] Il y en a de fort ingénieuses & quelques-unes très-bien faites ; mais les meilleures ne valent pas, à beaucoup près, le discours éloquent qui leur sert de préface.

2011. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Il lui servit à traduire les marches simultanées, dans l’âme, d’émotions diverses. […] Et toutes deux il les a servies ; et de là vient que nous l’avons aimé si profondément. […] Encore la critique va-t-elle être réduite, avant peu, à se servir elle-même : car le moment semble prochain où les bras vont manquer à la littérature. […] À quoi peut bien servir à Mme M…, (ou au reste du monde) que son second corps soit dans le comté de Surrey, tandis que le premier est à Londres ? […] Et il y a tant de vieux genres qui ne demandent qu’à servir encore, chers vieux genres commodes et sûrs, si injustement délaissés !

2012. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Presque chaque grosse ville en province a ainsi sa plus petite près d’elle, qu’elle taquine et qu’elle nargue, qui lui sert de plastron : Lille et Turcoing, Montpellier et Lunel, Marseille et les Martigues, etc. […] Tout cela est fait à la française ; mais aussi longtemps que nos auteurs dramatiques ne sauront pas peindre les mœurs des personnages qu’ils mettent sur la scène, ni l’esprit des peuples et des siècles dont ils empruntent leurs sujets, je regarderai leurs pièces comme des ouvrages faits pour amuser ou épouvanter des enfants ; mais jamais je ne les croirai dignes de servir d’instruction et de leçon aux souverains et aux nations ; c’est pourtant là le véritable but de la tragédie. » Il nous est impossible aujourd’hui, — à moi du moins, — de nous former une idée nette de ces pièces, surtout des tragédies d’alors, ni d’y saisir quelque différence à la lecture ; elles me semblent à peu près toutes pareillement insipides et d’un ennui uniforme. […] Une autre fois, du temps de leur meilleure liaison, pendant les répétitions de la Métromanie, comme Piron entrait au café Procope en habit magnifique, qu’il s’était fait faire exprès pour servir de modèle à M. de l’Empirée, Des Fontaines, en le voyant, s’écria : « Quel habit pour un tel homme !  […] monsieur le duc, un mot, je vous cherchais. » Tout cela dit l’un sur l’autre, et moi, resté planté là pour reverdir, si bien que ce matin, l’avant rencontré, je l’ai abordé en lui disant : « Fort bien, monsieur, et prêt à vous servir. » Il ne savait ce que je lui voulais dire, et je l’ai fait ressouvenir qu’il m’avait quitté la veille en me demandant comment je me portais, et que je n’avais pas pu lui répondre plus tôt. » Ce sont ces légers travers, ces enivrements du poëte qui se croit arrivé et qui nage en pleine gloire, ces airs de petit-maître enfin, qui choquaient Piron et lui faisaient porter un jugement trop définitif d’après ce qui n’était qu’une impression très-juste et prompte, mais d’un seul moment.

2013. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Il était addomestiqué au prince Grand-Prieur, et lui servait de secrétaire. […] C’est que je voudrais qu’à tous ses mérites intrinsèques reposés et refroidis, elle joignît celui de s’appliquer à une nation, à une société, de la saisir à l’instant, à l’endroit qui l’intéresse, de prendre et de mordre sur elle, d’avoir le tact délicat, le génie de l’occasion, et de s’en servir ; en un mot, je voudrais qu’elle se sentît vivre, ne fût-ce qu’en naissant. […] — « Monsieur, monsieur, repartit Malherbe, cela ne vous doit pas affliger : ne vous souciez que de bien servir, vous ne manquerez jamais de maître. » Les odes de Malherbe, qui sont inspirées de l’esprit de Henri IV et, en quelque sorte, marquées à son empreinte, à l’effigie de sa politique, sont les plus belles, les plus durables, en ce qu’elles ont été aussi les plus Françaises ; j’y comprends des odes même composées après la mort du grand roi. […] Il est vrai que le roi, lui commettant ses affaires, lui fit expédier un brevet de vingt mille écus de pension ; mais il est vrai aussi qu’il ne l’accepta qu’avec protestation de ne s’en servir jamais, et ne le garder que pour un témoignage d’avoir eu quelque part en la bienveillance de Sa Majesté. » Malherbe, pour preuve de la générosité du Cardinal, rappelle en passant qu’il a entrepris de faire rebâtir à ses frais la Sorbonne de fond en comble, dépense qui n’ira guère à moins de cent mille écus : « Mais ce que je vous vais dire est bien autre chose.

2014. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Il a simplement voulu dire que la connaissance des contraires est une, ou, pour employer les termes mêmes dont il se sert ailleurs et les comparaisons qui lui sont familières, qu’on ne peut connaître les choses opposées que l’une par l’autre, et qu’en conséquence, il est impossible d’approfondir la nature de la santé sans savoir ce que c’est que la maladie, du contentement sans savoir ce que c’est que la tristesse, du sérieux sans savoir ce que c’est que la gaieté ; de même il est impossible de pénétrer un peu profondément dans l’essence de la tragédie, sans découvrir du même coup l’idée de la comédie, qui est son contraire. […] La connaissance du pur idéal me servira sans doute à changer certaines hiérarchies que le public léger, que la critique ignorante et routinière ont consacrées parmi les poètes, et tantôt à élever ce qui est abaissé, tantôt à abaisser ce qui est élevé. […] Loin d’être une créatrice souveraine, c’est une sorte de démiurge qui sert une divinité plus puissante, et qui subit dans tous ses actes la tutelle et le contrôle de la raison. […] des demi-coquins, qui, sans immoralité scandaleuse, font servir leur intelligence à satisfaire l’instinct animal.

2015. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

C’est l’imagination visionnaire qui forge les fantômes du fou et qui crée les personnages de l’artiste, et les classifications qui servent à l’un peuvent servir à l’autre. […] Si dans Copperfield et dans le Grillon du Foyer vous montrez un mariage troublé et une femme soupçonnée, vous vous hâterez de rendre la paix au mariage et l’innocence à la femme, et vous ferez par sa bouche un éloge du mariage si magnifique, qu’il pourrait servir de modèle à M.  […] Il ne servira qu’à instruire et à amuser le public.

2016. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

La nature nous avait bien doués, les événements nous ont mal servis : tant pis pour eux. […] Avant qu’à ses regards la patrie immolée Dans la poussière tombe, elle l’a pour soutien : Par le glaive il la sert, quand sa lyre est voilée ;        Car le poète est citoyen. […] Mais la première pièce des Consolations qu’il avait lue un jour manuscrite chez Victor Hugo, sur la marge d’un vieux Ronsard in-folio qui nous servait d’album, l’avait tout à fait conquis. […] Quand vous vous servez du mot de Seigneur, vous me faites penser à ces cardinaux anciens qui remerciaient Jupiter et tous les dieux de l’Olympe de l’élection d’un nouveau pape.

2017. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

. — Ce seul trait excepté, l’aventure des deux derniers actes pourrait servir de suite à n’importe quel autre mariage aussi convenablement qu’à celui du jeune duc indépendant et de la sage institutrice. […] Barras dit à Paméla : « Je sais tout »… et lui donne un laissez-passer qui lui permettra de pénétrer au Temple après l’heure où l’on ferme habituellement les portes. « À une condition, ajoute-t-il : c’est que l’enfant me sera remis. » (Il compte s’en servir, le cas échéant, pour traiter avec le comte de Provence.) — Paméla rencontre alors le farouche patriote Bergerin, son amant, qui a des soupçons et à qui elle finit par tout avouer. […] Toutes les scènes de l’atelier de menuiserie, de la fête chez Barras et du souterrain pourraient servir, très peu modifiées, pour d’autres pièces. […] Je me suis laissé entraîner à la conter un peu longuement parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

2018. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Du moment que l’écrivain ou le poète, au lieu de s’isoler en eux-mêmes, se mêlaient au monde, et, pour lui plaire, commençaient par accepter la discipline que le monde leur imposait, Richelieu conçut la pensée de faire servir cette docilité nouvelle aux desseins de sa politique. […] IV, ch. 5], quelle qu’elle soit au premier degré et dans son premier chef et parent, devient antichrétienne, ou du moins hérétique, à la seconde génération ; c’est la loi, et il faut bien savoir cela. » Le doux, l’éloquent, et le candide Malebranche en peut servir d’un instructif exemple. […] Rœderer : Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie, Paris, 1835 ; — Walckenaer, Mémoires sur Mme de Sévigné, t.  […] Rœderer, Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie ; — Sainte-Beuve, dans son Port-Royal, appendice au tome II, sur Balzac le Grand Épistolier ; — F.  […] — et qu’il faut se souvenir que Bayle est un homme du xvie  siècle ; — et un érudit. — Du goût des érudits pour les obscénités. — Qu’en tout cas le moyen a servi comme d’un passeport aux idées les plus hardies de Bayle [Cf. 

2019. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Reprenant alors le texte même de l’arrêté du 12 octobre 1851, on n’a eu qu’à relire l’article 4, ainsi conçu : “Une prime de cinq mille francs pourra être accordée chaque année à l’auteur d’un ouvrage en cinq ou en quatre actes, en vers ou en prose, représenté avec succès à Paris, pendant le cours de l’année, sur tout autre théâtre que le Théâtre-Français…, et qui serait de nature à servir et à l’enseignement des classes laborieuses par la propagation d’idées saines et le spectacle de bons exemples.

2020. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Le public, il est vrai, s’y prête avec une curiosité digne d’être mieux servie.

2021. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Et puis, c’est rarement en son nom qu’il parle : c’est au nom des maîtres, de ces poëtes divins et délicats dont il est plein et dont il nous sert les exquises reliques.

2022. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Dès qu’il s’émeut tout coin lui sert, Salon doré, soyeuse loge, Ou la kibitka du désert !

2023. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

Il va servir à Malte, puis en Russie, d’où il passe en Pologne, manque d’aller en Sibérie, revient en France assiéger le ministère de sollicitations.

2024. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Il est temps de ne chercher les paroles que dans sa conscience… » La phrase que j’ai soulignée pourrait servir d’épigraphe à toutes les parties de son œuvre.

2025. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

Le voilà introduit dans le monde des cours, logé dans un palais blanc aux salons dorés, entouré de laquais chamarrés, servi magnifiquement à table ; mais, remarque-t-il, « ces dîners somptueux sont si fades à mon estomac qui a déjà broyé pas mal de vache enragée ! 

2026. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

L’esprit des Concini, leur dévergondage, leur insolence, leur politique servirent de prétexte aux princes de Condé, aux princes de Vendôme, aux ducs de Mayenne, de Longueville, de Guise, de Nevers et de Bouillon, pour se soulever.

2027. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Toutefois, ce serait être injuste et aussi frivole que ces écrivains, dont l’observation n’a pas été plus loin que le ridicule des précieuses, de ne pas remarquer qu’elles eurent leur côté estimable, et ne servirent pas médiocrement au progrès de la socialité.

2028. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

On a beau dire, pour l’excuser, qu’il falloit se prêter au goût de la Nation pour la galanterie ; l’Homme de génie ne reçoit des loix que du génie même, ou plutôt il se sert des ressources de son génie, pour tout rappeler aux vrais principes.

2029. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — V »

Le fait même qu’il n’y a point de vérité objective propre à servir de base à la vie implique la nécessité de la croyanceen une vérité objective pour constituer le réel.

2030. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Notules Quoiqu’on ait déjà dit beaucoup de l’assonance, j’ai cru peut-être utile de reproduire ici une courte étude naguères parue dans la Marche de France et qui servira de postface à une récente plaquette, Fleurs de Neige, et à ce présent livre.

2031. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Mais l’amour le servit mieux que Melpomène.

2032. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

La cruelle aventure de Bicêtre, où l’abbé Desfontaines fut mis en 1725, devint surtout la source de son extrême animosité contre M. de Voltaire, qui le servit bien alors, qui courut à Fontainebleau où la cour se trouvoit, qui employa tout le crédit qu’il avoit à celle de M. le duc, qui réussit enfin à procurer & son élargissement & la discontinuation d’un procès où il s’agissoit de la vie.

2033. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

La description de divers changemens que le temps amène dans la toilette de la veuve ; ce vers : Le deuil enfin sert de parure ; Et enfin le dernier trait : Où donc est le jeune mari ?

2034. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Nous nous servons de la traduction de Sacy, à cause des personnes qui y sont accoutumées ; cependant nous nous en éloignerons quelquefois, lorsque l’Hébreu, les Septante et la Vulgate nous donneront un sens plus fort et plus beau.

2035. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

Casanove est vraiment un peintre de batailles, mais, encore une fois, quelle est la description d’un tableau de bataille qui puisse servir à un autre que celui qui l’a fait ?

2036. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Or, ces tableaux qui nous sont toujours présens, et dont le rang est certain, dont le mérite est décidé, servent, s’il est permis de parler ainsi, de pieces de comparaison, qui donnent le moïen de juger sainement à quel point l’ouvrage nouveau qu’on expose sous nos yeux approche de la perfection où les autres peintres ont atteint, et dans quelle classe il est digne d’être placé.

2037. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Mais Homere, en qualité de citoïen et d’historien, en qualité de faiseur de cantiques, destinez principalement à servir d’annales aux grecs, a souvent été obligé de conformer ses récits à la notorieté publique.

2038. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

Mais pour me servir du même exemple, cette actrice joueroit également bien tout le rolle de Pauline, si ce rolle étoit composé et noté.

2039. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Mais l’horrible clarté dont il brille va nous servir au moins à quelque chose, en nous montrant ce que les femmes de l’ancienne société française sont en train de devenir dans la transformation actuelle de nos mœurs, et, ma parole d’honneur, c’est à faire trembler !

2040. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

elle en a peut-être d’autant plus qu’elle tranche davantage sur notre plaisanterie française, et qu’en France on aime l’accent, le ton, l’air étranger… Acéré d’ailleurs, et acéré avant tout, aiguisé sur les quatre côtés de sa lame, dès les premiers mots qu’écrivit le talent vibrant de Rochefort, quand il débuta dans la Chronique, on reconnut le petit sifflement de l’acier ou de la cravache dans la main qui les prend et qui sait s’en servir.

2041. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

Georges Dandin sterling qui, à force d’être dandinisé, à trois minutes d’Othello, tue sa femme, puis se constitue prisonnier, ni plus ni moins que tous les portiers et chapeliers du monde dans le même cas qui croient ainsi sauver leurs têtes, et, en attendant qu’on le juge, écrit son autobiographie pour servir de notes à son défenseur.

2042. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

Nous ne sommes pas Philippe, mais nous avons les deux yeux et nous allons nous en servir.

2043. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

Il nous montre ces figures autrefois menaçantes, dévorées par les flammes, et l’objet de l’effroi public changeant de forme, pour servir désormais à l’usage et aux plaisirs des citoyens28.

2044. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Voilà celui qu’on appelle empereur très sacré, à qui on parle de sa divinité, du culte qui lui est dû, du palais auguste et vénérable qui lui sert de temple.

2045. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Après cela, le panégyriste peint son héros qui vole sur les bords du Rhin pour combattre les Francs nos aïeux, et il le loue très sérieusement de ce que vainqueur, il a fait servir le carnage des vaincus aux amusements de Rome, de ce qu’il a embelli de leur sang la pompe des spectacles et donné le délicieux plaisir de voir dévorer par les bêtes une multitude innombrable de prisonniers ; de manière que ces malheureux en expirant, dit-il, souffraient encore plus des outrages de leurs vainqueurs, que des morsures des bêtes féroces et de la mort même. » Dans quels siècles de férocité et de bassesse de tels panégyriques ont-ils été écrits ?

2046. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

J’ai le bonheur de le pouvoir dire, c’est celui de nos plus vrais citoyens, de tous les hommes faits, par leurs lumières et leurs vertus, pour servir de guides à l’opinion. […] L’insolente et outrageuse bévue peut servir de leçon aux hommes dits pratiques et positifs, aux hommes du jour, pour ne point se hasarder sur le terrain des prédictions et des prévisions historiques. […] enfin quand on consacre son existence à servir les petites haines, les petites passions des cœurs, en foulant aux pieds les âmes d’une nature relevée ? […] Le hasard l’a mieux servi aujourd’hui. […] Camille Jordan, attaqué injustement, se sert lui-même d’une arme injuste.

2047. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

* * * — Le consommateur fait les gens qui le servent à son image. […] Au Palais-Royal, fréquenté par les riches provinciaux et les viveurs posés de l’orléanisme, le garçon a le service discret, respectueux, silencieux, des hommes qu’on prend pour servir dans les ministères. […] Sainte-Beuve, à demi-voix à son voisin. — Je vends tous les ans la propriété d’un petit volume… Ça me sert à donner quelques petites choses aux femmes… à l’époque des étrennes. […] Une petite bonne, une pauvre enfant trouvée de l’hospice de Châtellerault, servait les fillettes de Mme Marcille. […] « Il y a une chose qui m’a servi de leçon.

2048. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Le crime lui-même de Faust n’a servi qu’à l’arracher à son laboratoire suspect de vague sorcier, pour le lancer dans le domaine de la vraie science et de la vie active. […] (Quant à Mme de Stein, je ne sais pas à quoi elle a servi.) […] Rod qui se sert de ce terme, — il lâcha Mme de Stein. […] À ceux à qui l’humanité ne sert que de spectacle, elle ne sert pas de réconfort. […] Le public aime les ouvrages où un certain talent sert de passeport à la pornographie et excuse de la savourer.

2049. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Il avait une table ou un fauteuil tournant : on lui servait à dîner sans que souvent il lâchât le livre, puis, le dîner dépêché, il faisait demi-tour et continuait le travail à peine interrompu. […] … » Et ailleurs : « Aussi vile que féroce, jamais elle (la Révolution) ne sut ennoblir un crime ni se faire servir par un grand homme ; c’est dans les pourritures du patriciat, c’est surtout parmi les suppôts détestables ou les écoliers ridicules du philosophisme, c’est dans l’antre de la chicane et de l’agiotage qu’elle avait choisi ses adeptes et ses apôtres. » Ce style-là, loin d’être du bon de Maistre, n’est que du mauvais La Mennais. […] Heureux les hommes qui passent sur la terre dans un de ces moments de repos qui servent d’intervalle aux convulsions d’une nature condamnée et souffrante !   […] Cette parole doit nous servir de solution générale pour toutes les énigmes qui pourraient scandaliser notre ignorance. […] Son fils, qui servait alors dans les armées coalisées.

2050. (1842) Discours sur l’esprit positif

À peine y a-t-il trois siècles que, chez l’élite de l’Humanité, les espérances astrologiques et alchimiques, dernier vestige scientifique de cet esprit primordial, ont réellement cessé de servir à l’accumulation journalière des observations correspondantes, comme Kepler et Berthollet l’ont respectivement indiqué. […] Ses progrès continus, sous l’impulsion croissante de la raison vulgaire, ne pouvaient alors déterminer directement que le triomphe préalable de l’esprit métaphysique, destiné, par sa généralité spontanée, à lui servir d’organe philosophique, pendant les siècles écoulés entre la préparation mentale du monothéisme et sa pleine installation sociale, après laquelle le régime ontologique, ayant obtenu tout l’ascendant que comportait sa nature, est bientôt devenu oppressif pour l’essor scientifique, qu’il avait jusque-là secondé. […] Or, à cet égard, l’ensemble de la philosophie positive démontre pleinement, comme on peut le voir dans l’ouvrage indiqué au début de ce Discours, que ce perfectionnement consiste essentiellement, soit pour l’individu, soit pour l’espèce, à faire de plus en plus prévaloir les éminents attributs qui distinguent le plus notre humanité de la simple animalité, c’est-à-dire, d’une part l’intelligence, d’une autre part la sociabilité, facultés naturellement solidaires, qui se servent mutuellement de moyen et de but. […] Il existe d’ailleurs une intime solidarité entre la conception encyclopédique d’où il résulte et la loi fondamentale d’évolution qui sert de base à la nouvelle philosophie générale. […] C’est là que tous doivent d’abord puiser les vraies notions élémentaires de sa positivité générale, en acquérant les connaissances qui servent de base à toutes les autres spéculations réelles.

2051. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Une petite cour resserrée par un bûcher, aux bûches disparaissant sous les porte-bougies et les dais en feuilles de chêne artificielles, qui servent aux grandes cérémonies de l’église. […] Dans le parc, le reste de la paille jaune, qui a servi de litière aux chevaux, pourrit autour des grosses pierres, noircies par les feux de la cuisine en plein air des soldats. […] J’étudiais au passage Choiseul ce manège d’un assiégé devant un tout nouveau produit, dont l’usage connu, et peut-être des souvenirs personnels, l’arrêtaient dans son désir de le faire servir à sa cuisine. […] On me fait attendre dans une salle à manger, où sont les restes d’un déjeuner, servi dans un bric-à-brac de verreries et de porcelaines. […] Hugo venait y caresser de paroles Proudhon, mais au fond, Proudhon avait pour lui le mépris qu’il aurait eu pour un musicien. » « Ma chambre là, ça servait à tout.

2052. (1940) Quatre études pp. -154

Sans empiéter sur l’essentiel, elles servent seulement à l’apprentissage du savoir. […] On tend à les fréquenter, non pour enrichir sa personnalité, non pour s’exercer à penser droitement, non pour saisir les nuances délicates du beau, mais pour emmagasiner vite un minimum de connaissances utilitaires, et pour obtenir un parchemin qui serve. […] Il a pris de multiples initiatives pour lutter contre les faux dieux du jour ; et il a voulu, notamment, que Bryn Mawr College pût affirmer son caractère de haute culture, en ajoutant à ses cours un enseignement qui ne correspondît à aucun programme et qui ne servît à rien — à rien qu’à faire réfléchir, qu’à provoquer des curiosités intellectuelles, qu’à ouvrir des horizons nouveaux. […] ) Ces « aerial minds », pour me servir de l’expression de Keats, ces esprits aériens ne se trouvent tout à fait à leur aise qu’en compagnie des Grecs, qu’en compagnie de Platon, le constructeur d’idées. […] Gâté, c’est une façon de dire : on dirait aussi bien, en un certain sens, que cette préoccupation constante de servir l’a enrichi et ennobli.

2053. (1898) La cité antique

On devait surtout se garder de se servir d’un caillou et de le frapper avec le fer. […] C’est le vestige d’un temps où le dieu lui-même était la propriété de cette famille, ne protégeait qu’elle et ne voulait être servi que par elle. […] Le fondateur doit se servir d’un soc de cuivre ; sa charrue est traînée par un taureau blanc et une vache blanche. […] La nature des mets et l’espèce de vin qu’on devait servir étaient réglées par le rituel de chaque cité. […] Les dispositions les plus habiles, les circonstances les plus heureuses ne servent de rien, si les dieux ne permettent pas le combat.

2054. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Le poète sensibilise l’idée et, pour mieux nous la faire goûter dans sa réalité dynamique, il nous la sert avec ses multiples suggestions. […] Jamais de banalités, jamais de mots usés ou las d’avoir trop servi et vidés de leur sens jadis évocateur. […] Celui qui voudra l’étudier en toute indépendance y puisera les lois d’une esthétique admirable, capable de servir de canons à plusieurs générations. […] Il les vivifie en les chargeant d’états d’âmes, en les faisant servir à l’expression de ses propres sentiments. […] Cette expression « on est obligé de s’en servir puisqu’elle a passé dans l’usage, mais en sachant bien qu’elle est absurde, et d’autant plus qu’elle semble donner le droit d’être libre au hasard.

2055. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche, la Parthénéide de Baggesen, publiée en français vers ce même temps6, n’a d’autre sujet et d’autre action qu’un pèlerinage à la Iung Frau entrepris par un jeune Suisse Norfrank, et par trois jeunes filles à lui confiées, trois charmantes sœurs auxquelles il sert de guide et dont il aime la dernière. […] Ballanche, l’Essai, en même temps qu’il répondait aux difficultés politiques du moment, devait servir comme de prolégomènes au poëme d’Orphée déjà conçu en 1816. […] Heureux si, à défaut d’une exposition complète de système, cette étude de biographie psychologique a insinué à quelques-uns la connaissance, ou du moins l’avant-goût, d’un homme dont la noble ingénuité égale la profondeur, et si cette explication intérieure et continue que nous avons cherché à démêler en lui peut servir de prolégomènes en quelque sorte à ses prolégomènes !

2056. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Vingt autres redevances, jadis d’utilité publique, ne servent plus qu’à nourrir un particulier inutile  Le paysan, tel alors que nous le voyons aujourd’hui, âpre au gain, décidé et habitué à tout souffrir et tout faire pour épargner ou gagner un écu, finit par jeter en dessous des regards de colère sur la tourelle qui garde les archives, le terrier, les détestables parchemins, en vertu desquels un homme d’une autre espèce, avantagé au détriment de tous, créancier universel, et payé pour ne rien faire, tond sur toutes les terres et sur tous les produits. […] « Les biens de l’Église, dit un cahier, ne servent qu’à nourrir les passions des titulaires. » « Suivant les canons, dit un autre cahier, tout bénéficière doit donner le quart de son revenu aux pauvres ; cependant, dans notre paroisse, il y a pour plus de douze mille livres de revenu, et il n’en est rien donné aux pauvres, sinon quelque faible chose de la part du sieur curé. » — « L’abbé de Conches touche la moitié des dîmes et ne contribue en rien au soulagement de la paroisse. » Ailleurs, « le chapitre d’Ecouis, qui possède le bénéfice des dîmes, ne fait aucun bien aux pauvres et ne cherche qu’à augmenter son revenu ». […] Œuvres de Louis XIV ; ce sont là ses propres paroles. — Mme Vigée-Lebrun, Souvenirs, I, 71 : « J’ai vu la reine (Marie-Antoinette), faisant dîner Madame, alors âgée de six ans, avec une petite paysanne dont elle prenait soin, vouloir que cette petite fût servie la première, en disant à sa fille : " Vous devez lui faire les honneurs ”. » 76.

2057. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

« Espérant trouver à la fin, par la vertu de ces plantes secourables et par l’influence de ces beaux regards dont je fus consumé, quelque repos après les lassitudes de la vie, « J’ai servi un maître cruel et avare (l’amour), et j’ai brûlé tant que le foyer de mon cœur a été visible sous mes yeux ; et maintenant je vais pleurant sa cendre éparse au vent de la mort !  […] Je sais déjà qu’il a de l’esprit ; mais à quoi sert l’esprit sans le travail ? […] « J’envie à Arquà le bonheur dont il jouit de servir de dépôt à la dépouille d’un homme dont le cœur était le séjour des muses, le sanctuaire de la philosophie, de l’éloquence et de tous les beaux-arts.

2058. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Ce père du jeune Horace était un homme qui ne vivait que pour son fils ; il lui servait de mère par sa tendresse et par sa vigilance. […] L’amnistie générale proclamée par Octave et Antoine le couvrit contre la vengeance des triumvirs ; il ne voulut pas, par honneur, servir leur cause dans leurs camps ni dans leurs charges civiles ; il renonça aux armes et rentra dans la vie privée, dédaigneux de gloire, affamé de plaisir, d’amour et de poésie. […] « Avec toi l’on apprend à souffrir l’indigence, À jouir sagement d’une honnête opulence, À vivre avec soi-même, à servir ses amis, À se moquer un peu de ses sots ennemis, À sortir d’une vie, ou triste ou fortunée.

2059. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Mais madame Récamier rappelait ainsi à ses hôtes qu’elle avait été l’amie de madame de Staël, et qu’elle avait servi elle-même de modèle à la belle tête de Corinne dans ce tableau. […] Récamier était un esprit de cette race, habile à spéculer, prompt à servir, prodigue à dépenser. […] Après la coalition parlementaire qui était près de renverser le gouvernement orléaniste, le roi Louis-Philippe, que je ne voulais pas servir, mais que je ne voulais pas précipiter dans une anarchie par une intrigue, me fit exprimer sa reconnaissance par son ministre.

2060. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Les philosophes admirent la sobriété de sa vie, les femmes du monde sa sensibilité ; Diderot, son ami, soupçonne son éloquence et lui conseille quelque sophisme hardi, insolent, contre les idées qui servent de fondement au monde. […] Là une jeune fille, séduite et prêtée par son séducteur à ses convives, sert de victime à la lubricité de Grimm et de Rousseau ; scène odieuse dont la confession même aggrave l’immoralité. […] Voilà un soi-disant sage qui s’insinue en arrivant à Paris, comme Socrate chez Aspasie, parmi les femmes de cour, de légèreté et de licence, pour vivre de leurs vices, adulés, caressés et servis par lui !

2061. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

I Je ne viens pas présenter un résumé de la philosophie de Kant, tiré de ses différens ouvrages mis à contribution et comme recomposés pour servir à une exposition nouvelle ; je veux faire connaître cette philosophie plus sincèrement à la fois et plus profondément. […] Voici la première distinction qui, pour n’être jamais nettement dégagée et exprimée dans l’introduction, la domine et sert de fondement à la Critique de la Raison pure. […] Si l’on maintient au contraire que le principe d’identité n’est pas contingent, mais nécessaire, afin de pouvoir servir de fondement à la logique, le sensualisme est dans l’impuissance de concilier ce principe avec la psychologie, il ne peut tirer le nécessaire du contingent, il est forcé d’admettre dans ses développemens des élémens qu’il rejette à son point de départ.

2062. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Quelquefois, pendant qu’il vivait, il s’est servi de la peine de mort, cet homme clair, mais il a toujours dit, ce semble, assez distinctement pourquoi. […] Car, il faut bien le dire et très haut à ceux qui la vantent ou aux intéressés qui s’en servent, la Nouvelle histoire de la Révolution française, par M.  […] Enfant terrible de son parti, il dit tout ce qui peut lui nuire en croyant le servir et l’honorer.

2063. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

L’enseignement est tenu, bon gré mal gré, de s’y orienter derechef, de s’y raviser ; il a de quoi s’y renouveler aussi, de quoi y modifier sa manière de servir le goût et de défendre la tradition. […] L’artiste historien, une fois à l’œuvre, s’en est servi librement, en a pris ou rejeté ce qui convenait ou non à son dessein, et puis il les a détruits ou ne s’en est plus soucié.

2064. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Et cependant la vérité est qu’il valait infiniment mieux que plusieurs de ceux qui servent à remplir notre superbe liste… » On saisit bien, dans la Correspondance de Marais avec le président Bouhier, l’instant où sa fièvre lente eut un redoublement d’accès, et où il fut tenté de se mettre sur les rangs. […] Je me servis du droit que j’avais comme son plus ancien ami pour lui faire sentir le ridicule d’une conduite qui blessait les bienséances et dont le monde se moquait : comme je ne pus la raviser, je pris mon parti.

2065. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

C’est pour cela que j’ai toujours considéré la métaphysique et toutes les sciences purement théoriques, qui ne servent de rien dans la réalité de la vie, comme un tourment volontaire que l’homme consentait à s’infliger… » Ainsi il n’a point échappé à la crise inévitable des nobles esprits, an doute ; mais il s’en est tiré en l’éludant, en composant : il a mis quelques vérités à part, il ne dit pas lesquelles, mais on les devine aisément (Dieu, spiritualité, immortalité de l’âme, une portion de christianisme…). […] Réjouir n’est pas le mot, puisque votre résolution diminue les occasions que j’avais de vous voir : le mot dont il faudrait se servir est celui qui peindrait cette sorte de satisfaction grave qui accompagne un acte pénible, mais utile et honorable.

2066. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Dans une lettre à Mme Pauline Duchambge, datée de Milan, 20 septembre (1838), à la veille du retour, je lis ces mots : « Mars (Mlle Mars) te porte une feuille du platane qui me servait de rideau… » Mlle Mars, en effet, était allée à Milan donner quelques représentations à l’occasion de cette même solennité, et ce fut une rencontre heureuse pour ses imprudents compatriotes, que la faillite de l’impresario laissait à la lettre sur le pavé : elle joua à leur bénéfice pour les aider à se rapatrier. […] Le frère, auquel elle écrivait régulièrement, était un ancien soldat qui avait servi sous l’Empire dans la guerre d’Espagne, qui n’avait pas dépassé le grade de sergent, et qui avait été ensuite prisonnier des Anglais sur les pontons d’Écosse.

2067. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Ce sont des matériaux scrupuleux dont il fait choix, et qui serviront plus tard à en contrôler d’autres, aux mains de l’historien définitif. […] à quoi sert donc ton eau bénite ? 

2068. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Un homme de vif esprit qui l’a beaucoup connu et qui lui a servi quelquefois de conseil, M. de Latouche, pourrait seul, s’il le voulait sans trop d’ironie, raconter en détail et éclairer ces origines contemporaines qui déjà se dérobent ; il pourrait animer d’anecdotes caractéristiques toute l’arrière-scène obscure de l’atelier littéraire de ce temps-là. […] Nous citerons le début : « Le Ciel m’ayant permis de réussir à faire la pierre philosophale, après avoir passé trente-sept ans à sa recherche, veillé au moins quinze cents nuits, éprouvé des malheurs sans nombre et des pertes irréparables, j’ai cru devoir offrir à la jeunesse, l’espérance de son pays, le tableau déchirant de ma vie, afin de lui servir de leçon, et en même temps de la détourner d’un art, etc. » En effet, l’honnête alchimiste, bien qu’il ait trouvé le secret de la transmutation, conserve jusque dans son triomphe un sentiment si profond de son infortune passée, qu’il voudrait détourner les jeunes gens des périls de cette science hermétique, au moment même où il la leur dévoile obscurément.

2069. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Vue hors de France, et pourtant en pays français encore de langue et de littérature, cette littérature française est comme un ensemble de montagnes et de vallées, observées d’un dernier monticule isolé, circonscrit, lequel, en apparence coupé de la chaîne, y appartient toujours, et sert de parfait balcon pour la considérer avec nouveauté. […] La propriété parfaite et si précieuse des termes, où il se complaît, accuse quelquefois trop la vigilance à chaque mot, une véracité de détail qui ne se contente pas toujours d’être claire et distincte, mais qui veut être authentique, pour me servir d’une expression qu’il aime.

2070. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Mais est-ce une raison de méconnaître ses qualités et sa grandeur, un sens naturel et droit, un haut sentiment d’honneur et de majesté souveraine, l’ordonnance de son règne si bien comprise, le discernement des hommes, de ceux qui ornent et de ceux qui servent, la part faite à chacun des principaux et assez librement laissée, l’art du maître, le caractère royal enfin, indélébile chez lui, et l’immuabilité dans l’infortune60 ? […] La comédienne Toinon et son sigisbée Taboureau, jetés à travers l’action, servent à la renouer, et reposent d’ailleurs en faisant sourire.

2071. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

La feuille de papier du portrait avait été collée sur l’intérieur de la couverture d’un gros livre, d’un Corpus juris dont Domat se servait habituellement ; de sorte que, chaque fois qu’il feuilletait le livre, l’image de son ami lui repassait sous les yeux. […] Je me sers de la traduction qu’a donnée de cette scène M e Schlegel, dans sa brochure sur les deux Phèdres.

2072. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Enfin je fus bien aise de cette rencontre, qui servit du moins à me délivrer de quelque commencement d’inquiétude ; car je m’étudie maintenant à vivre un peu plus raisonnablement, et à ne me pas laisser emporter à toutes sortes d’objets. […] Je compte les miennes pour rien ; mais votre mère et vos petites sœurs prioient tous les jours Dieu qu’il vous préservât de tout accident, et on faisoit la même chose à Port-Royal. » Et plus bas : « M. de Torcy m’a appris que vous étiez dans la Gazette de Hollande : si je l’avois su, je l’aurois fait acheter pour la lire à vos petites sœurs, qui vous croiroient devenu un homme de conséquence. » On voit que madame Racine songeait toujours à son fils absent, et que, chaque fois qu’on servait quelque chose d’un peu bon sur la table, elle ne pouvait s’empêcher de dire : « Racine en auroit volontiers mangé. » Un ami qui revenait de Hollande, M. de Bonnac, apporta à la famille des nouvelles du fils chéri ; on l’accabla de questions, et ses réponses furent toutes satisfaisantes : « Mais je n’ai osé, écrit l’excellent père, lui demander si vous pensiez un peu au bon Dieu, et j’ai eu peur que la réponse ne fût pas telle que je l’aurois souhaitée. » L’événement domestique le plus important des dernières années de Racine est la profession que fit à Melun sa fille cadette, âgée de dix-huit ans ; il parle à son fils de la cérémonie, et en raconte les détails à sa vieille tante, qui vivait toujours à Port-Royal dont elle était abbesse25 ; il n’avait cessé de sangloter pendant tout l’office : ainsi, de ce cœur brisé, des trésors d’amour, des effusions inexprimables s’échappaient par ces sanglots ; c’était comme l’huile versée du vase de Marie.

2073. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Les estampes431 représentent dans une chaumière délabrée deux enfants, l’un de cinq ans, l’autre de trois, auprès de leur grand’mère infirme, l’un lui soulevant la tête, l’autre lui donnant à boire ; le père et la mère qui rentrent voient ce spectacle touchant, et « ces bonnes gens se trouvent alors si heureux d’avoir de tels enfants qu’ils oublient qu’ils sont pauvres »  « Ô mon père432, s’écrie un jeune pâtre des Pyrénées, recevez ce chien fidèle qui m’obéit depuis sept ans ; qu’à l’avenir il vous suive et vous défende ; il ne m’aura jamais plus utilement servi. » — Il serait trop long de suivre dans la littérature de la fin du siècle, depuis Marmontel jusqu’à Bernardin de Saint-Pierre, depuis Florian jusqu’à Berquin et Bitaubé, la répétition interminable de ces douceurs et de ces fadeurs  L’illusion gagne jusqu’aux hommes d’État. « Sire, dit Turgot en présentant au roi un plan d’éducation politique433, j’ose vous répondre que dans dix ans votre nation ne sera plus reconnaissable, et que, par les lumières, les bonnes mœurs, par le zèle éclairé pour votre service et pour celui de la patrie, elle sera au-dessus des autres peuples. […] Notre État n’est point une simple machine utilitaire, un outil commode à la main, dont l’ouvrier se sert sans renoncer à l’emploi indépendant de sa main ou à l’emploi simultané d’autres outils.

2074. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Il flotte dans une anxiété tragique entre la nécessité de servir les prêtres qui l’ont fait roi et la crainte de perdre sa couronne avec la victoire. […] Tantôt vainqueur, tantôt vaincu, il erre dans les forêts des bords du Jourdain qui servent de limites au désert.

2075. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

C’était une illusion, si vous voulez, mais de temps en temps l’humanité est saisie d’une de ces manies générales qui deviennent la passion du moment ; la plus populaire est celle qui la sert le mieux. […] XVIII La nature aussi les servit bien : leurs premiers ancêtres furent des hommes spéciaux et obscurs, qui s’élevèrent à la grande richesse par le commerce, qui n’offense personne et qui égalise tout le monde.

2076. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Précieux et galants, emphatiques et bouffons, il n’en était pas un qui se servit de ses yeux pour voir, et de sa bouche pour traduire la sensation de ses yeux : c’était trop vulgaire, et ce n’était pas la peine d’avoir de l’esprit — ou de s’en croire — pour faire un si plat métier. […] Le fond de la poésie lyrique, étant ainsi ce qu’il y a de plus universel dans les idées de l’humanité, la vibration personnelle du poète qui contemple ces hautes vérités ne sert qu’à leur donner une plus grande force de pénétration pour aller au fond des cœurs.

2077. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Hugo nous servira de guide, Vigny et Dumas794 nous aidant à dégager chez lui ce qui est la pensée commune de l’école. […] Il a le génie des préparations, si l’on entend par là, non les préparations morales qui font apparaître la vérité des effets dramatiques, mais les indications de faits qui doivent servir à faire basculer soudainement l’intrigue.

2078. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Il y a donc aujourd’hui d’excellents critiques ; ne nous manquerait-il que la manière de nous en servir ? […] L’enquête des Marges aura servi du moins à le poser.

2079. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Outre les amis que celui-ci avait dans le peuple, il était entouré d’émigrés de toutes les nations, qui lui servaient de garde particulière. […] Les plus jeunes lui servaient de sténographes, corrigeaient les épreuves de ses nombreux écrits, lui apprenaient les bruits de la cité, les propos des libertins, tous les mouvements de l’opinion.

2080. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Pour reconnaître si B occupe à l’instant β, le point occupé par A à l’instant α, je puis me servir d’une foule de critères différents ; dans l’un intervient mon œil, dans l’autre mon premier doigt, dans l’autre mon second doigt, etc. […] § 6. — L’esprit et l’espace L’expérience n’a donc joué qu’un seul rôle, elle a servi d’occasion.

2081. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Mais peut-il le servir plus sincèrement qu’en se vouant à ce qu’il croit la vérité ? […] Nous ne nous abordâmes point de front ; nous ne fîmes qu’exposer, moi, la nature de mes doutes lui, le jugement qu’il devait en porter comme orthodoxe. fut extrêmement sévère et me déclara nettement 1ºqu’il n’était nullement question de tentations contre la foi, terme dont je m’étais servi dans ma lettre, par l’habitude que j’avais contractée de me conformer à la terminologie sulpicienne pour me faire entendre, mais bien d’une perte totale de la foi ; 2º que j’étais hors de l’Église ; 3º qu’en conséquence je ne pouvais approcher d’aucun sacrement, et qu’il ne m’engageait pas à pratiquer l’extérieur de la religion ; 4º que je ne pouvais sans mensonge continuer un jour de plus à paraître ecclésiastique, etc.

2082. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Il ne me semble pas beaucoup plus nécessaire de prouver que la littérature réagit à son tour sur les mœurs : on sait assez que les personnages créés par les poètes ou les romanciers servent fréquemment de modèles aux jeunes gens ; que les sentiments ou les idées exprimés dans des ouvrages qui réussissent peuvent devenir ainsi des motifs d’action. […] Les registres des loueurs de livres, des éditeurs, des théâtres fournissent aussi des renseignements sur ce qui plaisait le plus au grand nombre et servent de guides dans la recherche des points sur lesquels la vie a pu imiter la représentation de la vie.

2083. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Lucas-Montigny, et aujourd’hui c’est grâce à lui-même et à ses obligeantes communications que nous venons nous servir de quelques pièces dont il n’avait fait dans le temps qu’un usage plus restreint. Ces pièces, bien entendu, sont de celles qui n’ajoutent rien au scandale d’autrefois, qui peuvent se présenter à tous, et qui prêtent à des considérations littéraires ou morales ; c’est pour cela que l’honorable possesseur nous les a confiées et que nous nous en servons.

2084. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Dans un rapport fait à la Convention, le 16 octobre 1793 (le jour même où l’on exécutait Marie-Antoinette), à propos de la prohibition des marchandises étrangères, prohibition qu’il était d’avis d’appliquer aux seules marchandises anglaises, il ajoutait : Votre Comité a pensé que la meilleure représaille envers l’Autriche était de mettre l’échafaud et l’infamie dans sa famille, et d’inviter les soldats de la République à se servir de leurs baïonnettes dans la charge. […] [NdA] Un témoin dont on ne saurait récuser le patriotisme et l’impartialité, Gouvion Saint-Cyr, qui servait alors dans l’armée du Rhin (1793), n’a pu s’empêcher de parler incidemment de la mission de Saint-Just et de Lebas auprès de cette armée, et il le fait en ces termes (Mémoires sur les campagnes des armées du Rhin, t. 

2085. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Il y a une autre liberté, liée à la précédente, et qui sert également de frein à l’omnipotence démocratique : c’est la liberté religieuse. […] Il lui semblait que plus l’homme s’accorde de liberté sur la terre, plus il doit s’enchaîner du côté du ciel, qu’il est incapable de supporter à la fois une complète indépendance religieuse et une entière liberté politique, enfin « que, s’il n’a pas de foi, il faut qu’il serve, et, s’il est libre, qu’il croie. » Quelque pénétré qu’il fût de la nécessité de cette alliance entre la liberté et la religion, il ne se faisait aucune illusion sur les difficultés qu’elle rencontrait de notre temps.

2086. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Aussi peu vous dirai-je, Acanthe, écoutez bien, Que par vos qualités vous ne méritez rien ; Je les sais, je les vois, j’y trouve de quoi plaire : Que sert-il d’affecter le titre de sévère ? […] — Non, reprit-il ; plût au Ciel vous avoir Servi mon cœur, et qu’il eût pris la place De ce faucon !

2087. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

A la vie éternelle sans doute, mais plus immédiatement à la vie terrestre… Quand je reviendrai, il faudra que je sois changé ; je n’aurai plus le droit d’être ce que j’étais ayant, sinon à quoi m’aurait servi cette guerre ? […] Joseph Cloupeau, mort au Champ d’honneur à dix-neuf ans, disait : « C’est si bon de servir à quelque chose même si l’on en meurt », et découvrant de cette aube la beauté d’une vie harmonieuse, il pouvait affirmer : « Je ne suis pas deux, un chrétien et un soldat ; je suis un soldat chrétien » (Lettres publiées par Dom Hébrard sans adresse d’éditeur). — Le jeune Alfred Eschiman (qui va mourir pour la France), sur le point de quitter le dépôt d’Aubagne se promène un dimanche de février 1915 dans les bois de pin et les champs d’olivier sous le soleil, et murmure : « C’est si dur de se résigner à la mort à vingt ans !

2088. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Car si l’on ne commençait pas par admettre une simultanéité de ce genre, absolue, et qui n’a rien à voir avec des réglages d’horloges, les horloges ne serviraient à rien. […] Si tous les mouvements de l’univers s’accéléraient tout à coup dans la même proportion, y compris celui qui sert de mesure au temps, il y aurait quelque chose de changé pour une conscience qui ne serait pas solidaire des mouvements moléculaires intra-cérébraux ; entre le lever et le coucher du soleil elle ne recevrait pas le même enrichissement ; elle constaterait donc un changement ; même, l’hypothèse d’une accélération simultanée de tous les mouvements de l’univers n’a de sens que si l’on se figure une conscience spectatrice dont la durée toute qualitative comporte le plus ou le moins sans être pour cela accessible à la mesure 22.

2089. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Étudiez le mécanisme de votre pensée, discutez votre connaissance et critiquez votre critique : quand vous serez assurés de la valeur de l’instrument, vous verrez à vous en servir. » Hélas ! […] Mais à quoi sert ce pont, et qu’est-ce que la conscience est appelée à faire ?

2090. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

M. de Carné, en certains endroits, qualifiant l’Opposition non parlementaire et non légale sous la Restauration, se sert des locutions esprit révolutionnaire et jacobinisme (voir t. 

2091. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

Ce que j’ai lu de plus favorable à Louis XV est dans un petit écrit intitulé : Portraits historiques de Louis XV et de Mme de Pompadour, faisant partie des Œuvres posthumes de Charles-Georges Leroy, pour servir à l’histoire du siècle de Louis XV ; Paris, chez Valade, imprimeur, rue Coquillière, au X (1802).

2092. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

« Elle n’est pas venue, dit-il : elle viendra. » Espérons-le avec lui : il est de ceux qui ont le plus droit de la promettre ; car il la sert, il en hâte le triomphe ; et certes, lorsqu’à la lecture de son livre nous voyons ce que nos pères ont souffert pour elle, et que nous sentons en nos cœurs ce que nous serions prêts à souffrir nous-mêmes, quand il nous semble qu’à travers les larmes, le sang et d’innombrables douleurs, tout a été préparé par une providence attentive pour son mystérieux enfantement, nous ne pouvons imaginer que tant de mal ait été dépensé en pure perte, que tant de souffrances aient été vainement offertes en sacrifice ; et dût-il nous en rester encore quelque part à subir, nous croyons plus fermement que jamais au salut de la France.

2093. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

Sainte-Beuve a dit en note (page 515) : « Ce que j’ai lu de plus favorable à Louis XV est dans un petit écrit intitulé : Portraits historiques de Louis XV et de madame de Pompadour faisant partie des œuvres posthumes de Charles Georges Leroy, pour servir à l’histoire du siècle de Louis XV (Paris, 1802).

2094. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

Lerminier ait traité si durement ce qu’il appelle l’ éclat futile de la gloriole des lettres  ; pour nous, qui croyons, en le lisant, que l’éclat des lettres sert de beaucoup à propager et à illustrer les vérités, nous le trouvons ingrat en ceci, comme Malebranche dans sa colère contre l’imagination.

2095. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

C’est une récréante et instructive lecture, que de relire ainsi l’histoire d’une année précédente dans un journal rédigé par un étranger ami, spirituel, acéré, attentif à mille détails qui nous auront échappé, et qui, exagérés ou non, nous servent à préciser notre jugement.

2096. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

« J’aimerais autant qu’on me dît que je me suis servi de mots anciens ; et comme si les mêmes pensées ne formaient pas un autre corps de discours par une disposition différente, aussi bien que les mêmes mots forment d’autres pensées par leur différente disposition. » Ainsi pensait Pascal, et tout son siècle avec lui.

2097. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Mais le duc d’Orléans l’aimait et l’estimait : Saint-Simon fut appelé au conseil de Régence ; son rôle n’y fut important que dans les circonstances où ses rancunes servaient les idées ou les intérêts du gouvernement, dans la substitution des conseils aux ministres, dans la déchéance des princes légitimés.

2098. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Mémoires et correspondance pour servir à l’histoire de la Révolution française, publ. p.

2099. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Tantôt un solide lieu commun d’observation morale sert de thème et de conclusion à la pièce, comme dans le Voyage de M. 

2100. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Puisque la faute en est à la vie, non aux hommes, à quoi serviraient des gesticulations indiscrètes ?

2101. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Je laisse de côté, à dessein, les poètes nouveaux qui se servent de la technique parnassienne, tels que Quillard, Louÿs, Samain, Tailhade, Gregh, Raynaud, Rivoire, Guérin, S.

2102. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

On sait que le calcul qui sert de base à l’ère vulgaire a été fait au vie  siècle par Denys le Petit.

2103. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Je n’ai pas à énumérer ici les divers procédés qui servent en ce domaine à la recherche des causes ; on les-trouvera indiqués dans les traités de logique ; il me suffit de montrer qu’ils peuvent conduire à des résultats précis.

2104. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Il y en a deux autres, dans le cours de cet Apologue, que j’ai vu citer et appliquer à un très-méchant homme, qui était destiné à avoir de grands moyens de servir et de nuire, et qui avait au moins le mérite d’être attaché à ses amis.

2105. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

J’arrivai au milieu de cette scène ; elle embrassa mes genoux, me conjurant, au nom de Gellert, de Gessner, de Clopstock et de tous mes confrères en Apollon tudesques, de la servir.

2106. (1912) L’art de lire « Chapitre VI. Les écrivains obscurs »

] de ses paroles, à qui on ne fasse dire tout ce que l’on voudra comme aux Sibylles ; il y a tant de moyens d’interprétation qu’il est malaisé que, de biais ou de droit fil, un esprit ingénieux ne rencontre en tout sujet quelque avis qui lui serve à son point [à son point de vue].

2107. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

« Nous ne faisons pas — dit-il — plus de cas qu’Auger (voilà à quoi sert l’autorité de ce qu’on appelle un homme de goût !)

2108. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

» Si ce tueur d’hirondelles s’était servi des facultés militaires qui étaient en lui, puisque tout chasseur, physiologiquement, enveloppe un soldat, la monarchie capétienne, dont il fut le dernier représentant, peut-être n’en aurait pas moins péri, mais, du moins, il aurait été Roi, — et il ne le fut jamais.

2109. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Ainsi, il mania presque exclusivement l’ironie ; il s’en servit dans des proportions et avec une pertinacité prodigieuses et que tout à l’heure nous allons mesurer.

2110. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

. — Mais ce que nous en avons déjà pourra servir à nous en faire avoir encore ; et c’est là le but grandiose auquel le devoir ou l’honneur du dix-neuvième siècle est de pousser de toutes ses forces réunies.

2111. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Puisqu’il apporte ici une parole dont il ne se servait plus depuis longtemps, nous lui demanderons où se tient cette Église dont il parle comme d’une force organisée et agissante ?

2112. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Doit-on s’étonner qu’à défaut d’un visage expressif qu’on n’a pas, on se pétrisse, d’une main plus ou moins habile, un masque qui serve à cacher le néant ou la vulgarité de la physionomie qu’on a ?

2113. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

La manière dont il se sert de la langue poétique nous montre aussi qu’il a lutté avec elle et qu’un début devant le public n’est pas un début dans l’emploi de ses facultés.

2114. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

Par exemple, au milieu de son discours, il fait un long commentaire sur la lettre que Gratien lui a écrite, sur chaque mot dont il s’est servi, sur la robe qu’il lui a envoyée, enfin sur ce qu’en le nommant consul, il l’a nommé le premier et non pas le second.

2115. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

il ne te sert de rien d’avoir abordé les régions de l’éther, et promené dans le cercle des cieux ton esprit qui devait mourir ! 

2116. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

« Quand je suis lassé, au gros de la chaleur, je m’assieds sous un arbre qui me sert de parasol. […] Voici plusieurs jours que je me sens malade : peut-être me servira-t-il bientôt ? […] Et, comme la camaraderie abuse trop souvent des mots, je cite le poète avant de faire son éloge ; l’or de ses rimes servira ainsi de passeport à ma prose de plomb. […] Catulle Mendès affirme que s’est servi Richard Wagner dans l’Anneau du Niebelungen. […] — À Malandran, je ne veux, je ne puis le dire. — Quand j’en aurais le courage, à quoi cela servirait-il ?

2117. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Et il suit une ligne de peupliers : un arbre après l’autre lui servira d’abri ; et il se glissera d’un arbre à l’autre. […] En ne cherchant pas trop à servir, elle risque moins d’être périlleuse. […] Ces archéologues ont estimé que rien n’était trop beau, précieux et auguste pour servir à l’exhibition de leur hypothèse. […] Pour « opérer de grandes choses », le Roi s’est servi en 1733 du roi de Sardaigne et en 1741 du roi de Prusse, comme jadis le cardinal de Richelieu s’était servi de la couronne de Suède et de plusieurs princes de l’Empire. […] bien, ils ont vu ses fidèles prompts à servir et hardiment résolus.

2118. (1929) Amiel ou la part du rêve

Car Amiel a bien emporté des lettres de recommandation, mais il n’ose pas s’en servir. […] Il fréquenta peu les étudiants allemands, les cours ne lui servirent guère qu’à apprendre la langue. […] Il ne croyait pas avoir réalisé cet équilibre du sens configurateur et du génie intérieur, de l’esprit français et de l’esprit allemand, qui sert volontiers d’idéal à un Suisse de grande culture. […] Quand un asthmatique noterait tous ses accès de toux de l’année, à qui et à quoi cette puérilité servirait-elle ? […] Ou, si l’on impute ces lignes à Valéry, je ne voudrais pas les faire servir à l’éloge d’Amiel comme il les emploie à l’apologie de Teste.

2119. (1888) Poètes et romanciers

Est-il possible, à moins de s’exposer aux plus graves critiques, de ramener ainsi chaque période de la civilisai ion du monde à un seul art qui lui sert de type unique et d’expression souveraine, les civilisations primitives à la poésie, la période orientale à l’architecture, la période hellénique à la statuaire, les siècles chrétiens à la peinture, le dix-neuvième siècle à la musique ? […] Son talent semble l’abandonner dans une grande partie de sa dernière œuvre, et la puissance même de son imagination n’a servi qu’à projeter plus loin sa fantaisie stérile hors du bon sens et de la raison. […] Non, Béranger n’a pas servi la France sur les champs de bataille de l’Europe ; mais il l’a glorifiée dans ses victoires et consolée dans ses revers. […] Le pouvoir est un instrument difficile à manier, dont il faut longtemps apprendre à se servir avant d’en user bien. […] ………………………………… De l’Institut les souverains Disent : Sachez, petite fille, Que nous ne servons de parrains Qu’aux enfants de notre famille.

2120. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Bien entendu, Richard Varney sert son maître beaucoup plus qu’il ne faut. […] Il m’a trop bien servi. […] — Parce que je me sers d’un mot impropre. […] Du reste il ne servira à rien du tout dans la pièce. […] On lui a servi cela dans une réunion publique ; on lui a dit : « … Ah !

2121. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Pélagie rougit à la dérobée de me servir, et n’a pu s’empêcher toutefois de me dire aujourd’hui : « Vraiment, tout le monde à Auteuil trouve votre pièce pas une chose propre !  […] Ce dîner est le prétexte à l’ouverture, chez le restaurateur, d’une salle recouverte d’une tenture, comme enduite d’un strass aveuglant, et aux sculptures moyenageuses, dans le genre du moyen âge, que les Fragonard fils, sous la Restauration, mettaient à l’illustration des Clotilde de Surville : une terrible décoration qui aurait coûté cent mille francs, et qui, toute la soirée, sert de thème aux horripilations artistiques de Huysmans. […] Il raconte encore qu’un homme de lettres, blessé par un mot écrit par Maupassant, et devant dîner avec lui, avait, pendant les jours précédant ce dîner, mis le nez dans de forts bouquins de médecine, et au dîner lui avait servi tous les cas de mort amenés par les maladies des yeux : ce qui avait fait tomber littéralement le nez de Maupassant dans son assiette. […] À propos de la tournure conventuelle de la vieille bonne qui nous sert, il est question des domestiques, et de la servitude de nous tous, à leur égard. […] Le hasard nous a servis au mieux, le petit mur d’un champ auquel nous nous sommes adossés pour déjeuner, est occupé par une compagnie de lignards qui se mettent à faire feu, agenouillés derrière le mur, et nous nous trouvons, pour ainsi dire, dans les rangs de la troupe, et bientôt dans un nuage de poudre… Ah !

2122. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Pourquoi les faire servir au dénouement ? […] » Voici le même lapin servi par M.  […] Et tant pis pour les convives qui désireraient qu’on leur servît un cantalou dans son entier ! […] Il a la clef dans les mains et ne veut pas s’en servir, voilà tout. […] Le vin qu’il sert, même celui des plus petits crus, est toujours pétillant et mousseux.

2123. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Un jour qu’Athelstan visitait avec les nobles sa parente Ethelflède, la provision d’hydromel fut épuisée du premier coup par la grandeur des rasades ; mais saint Dunstan, ayant deviné, l’immensité de l’estomac royal, avait muni la maison, en sorte « que les échansons, selon la coutume des fêtes royales, purent toute la journée servir à boire dans des cornes et autres vaisseaux. » Quand les convives étaient rassasiés, la harpe passait de mains en mains, et la rude harmonie de ces voix profondes montait haut sous les voûtes. […] Harold servait à boire au roi Édouard le Confesseur. […] Ils roulèrent ainsi jusqu’à ce que Beowulf aperçut près de lui, parmi les armes, une lame fortunée dans la victoire,  — une vieille épée gigantesque,  — fidèle de tranchant,  — bonne et prête à servir,  — ouvrage des géants. —  Il la saisit par la poignée,  — le guerrier des Scyldings ; — violent et terrible, tournoyait le glaive. —  Désespérant de sa vie,  — il frappa furieusement ; — il l’atteignit rudement — à l’endroit du col ; — il brisa les anneaux de l’échine,  — la lame pénétra à travers toute la chair maudite. —  Elle s’affaissa sur le sol,  — l’épée était sanglante. —  L’homme se réjouit dans son œuvre. —  La lumière entra. —  Il y avait une clarté dans la salle, comme lorsque du ciel,  — luit doucement — la lampe du firmament. » Alors il vit Grendel mort dans un coin de la salle, et quatre de ses compagnons, ayant soulevé avec peine la tête monstrueuse, la portèrent par les cheveux jusqu’à la maison du roi.C’est là sa première œuvre, et le reste de sa vie est pareil : lorsqu’il eut régné cinquante ans dans sa terre, un dragon dont on avait dérobé le trésor sortit de la colline et vint brûler les hommes et les maisons de l’île « avec des vagues de feu. » Alors le refuge des comtes — commanda qu’on lui fît — « un bouclier bigarré — tout de fer », sachant bien qu’un bouclier en bois de tilleul ne suffirait pas contre la flamme. « Le prince des anneaux — était trop fier — pour chercher la grande bête volante — avec une troupe,  — avec beaucoup d’hommes. —  Il ne craignait pas pour lui-même cette bataille. —  Il ne faisait point cas — de l’inimitié du ver,  — de son labeur, ni de sa valeur. » Et cependant il était triste et allait contre sa volonté, car « sa destinée était proche. » Il vit une caverne, « un enfoncement sous la terre — près de la vague de l’Océan,  — près du clapotement de l’eau,  — qui au dedans était pleine — d’ornements en relief et de bracelets. —  Il s’assit sur le promontoire,  — le roi rude à la guerre,  — et dit adieu — aux compagnons de son foyer  » ; car, quoique vieux, il voulait s’exposer pour eux, « être le gardien de son peuple. » Il cria, et le dragon vint jetant du feu ; la lame ne mordit point sur son corps, et le roi fut enveloppé dans la flamme. […] Il n’y avait pas un roi — de tous mes voisins — qui osât me rencontrer — avec des hommes de guerre,  — m’attaquer avec la peur. —  J’ai bien tenu ma terre. —  Je n’ai point cherché des embûches de traître ; — je n’ai point juré — injustement beaucoup de serments. —  À cause de tout cela, je puis,  — quoique malade de mortelles blessures,  — avoir de la joie… —  Maintenant, va tout de suite — voir le trésor — sous la pierre grise, cher Wiglaf… Ce monceau de trésors,  — je l’ai acheté,  — vieux que je suis, par ma mort. —  Il pourra servir — dans les besoins de mon peuple… —  Je me réjouis d’avoir pu,  — avant de mourir, acquérir un tel trésor — pour mon peuple… —  À présent, je n’ai plus besoin de demeurer ici plus longtemps. » C’est ici la générosité entière et véritable, non pas exagérée et factice, comme elle le sera plus tard, dans l’imagination romanesque des clercs bavards, arrangeurs d’aventures.

2124. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Les uns se servent de préférence de telle sorte d’images, les autres d’images différentes : en pensant, les uns entendent, les autres voient, les autres prononcent des mots. […] Pour un individu dont tous les souvenirs sont « cristallisés » autour des images motrices, la perte des images visuelles n’a pas grande importance ; elle supprimera, au contraire, toute mémoire et toute parole chez un autre sujet qui se sert de ces images visuelles. […] Pierre Janet suppose qu’elle est due à une « modification périodique (spontanée ou provoquée) dans l’état de la sensibilité et, par conséquent, dans la nature des images qui servent à former les phénomènes psychologiques complexes, en particulier le langage ». Une femme passe, par exemple, du « type visuel » au « type moteur » et réciproquement ; dès lors, la personne qui pensait tout au moyen des signes fournis par la vue semble disparaître pour faire place à celle qui se sert des signes moteurs.

2125. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

C’est un dessin dédié à Eugène Sue, et qui porte au revers la note suivante : Portrait de Mlle *** qui a servi pour la création de la Mayeux, dans les Mystères de Paris . […] Le vieil Hertfort, le prisonnier de l’Empire, lit, sous Louis-Philippe, La Fille aux yeux d’or, croit reconnaître, dans le type qui a servi à Balzac, une fille qui avait passé dans ses orgies, en un des endroits, où il avait été interné, et demande à Jules Lacroix de le faire dîner avec l’auteur, à la Maison d’Or, où il l’invite. […] c’est possible, vous savez qu’il y a dans le clergé, des inintelligents… Puis, il y a des prêtres qui ont l’horreur de la femme, et de tout ce qui en fait, comme ils disent, un être de concupiscence… Vous avez connu cet abbé, qui se vantait de n’avoir jamais parlé à la femme, qui le servait… C’était comme ce vieux prêtre de campagne, qu’ont connu mes parents, qui ne rencontrait jamais une femme, sans dire presque tout haut : « Passe, peste !  […] Un autre jour, toujours au dire de ce Russe, Tolstoï, après une longue anathémisation de l’eau-de-vie, ayant retenu à déjeuner le monsieur avec lequel il causait, il lui faisait servir de l’eau-de-vie.

2126. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

C’est dire que le système nerveux n’a rien d’un appareil qui servirait à fabriquer ou même à préparer des représentations. […] C’est ainsi que, dans les espèces inférieures, le toucher est passif et actif tout à la fois ; il sert à reconnaître une proie et à la saisir, à sentir le danger et à faire effort pour l’éviter. […] Que la matière puisse être perçue sans le concours d’un système nerveux, sans organes des sens, cela n’est pas théoriquement inconcevable ; mais c’est pratiquement impossible, parce qu’une perception de ce genre ne servirait à rien. […] Car d’où sortent, comment naissent, et à quoi doivent servir ces sensations élémentaires, inextensives, qui vont se développer dans l’espace ?

2127. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Le critique s’est livré à toute son antipathie ; il avait besoin d’un monstre, d’un grotesque dans un coin de son tableau comme le Véronèse avait besoin d’un nègre dans ses Noces, et Swift lui en a servi.

2128. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

Dans ce dernier cas, des esprits aussi distingués serviraient beaucoup mieux la société en se dévouant à répandre la solution nouvelle, au lieu de se consumer vainement en essais, en fragments, en traductions ; et disons-le en passant, rien n’atteste mieux l’impuissance de l’éclectisme que les travaux qu’il a produits.

2129. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

Au reste, un seul ouvrage où un sentiment vrai, une situation touchante, une idée digne d’être méditée, apparaîtraient sous des formes qui auraient attrait et fraîcheur, servirait plus la cause du goût et de la morale délicate que toutes ces discussions et récriminations stériles que, pour cette raison, nous nous hâtons de clore.

2130. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

D’abord le portrait physique détermine une image qui sert comme de point d’appui à la conception de la nature morale.

2131. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

J’ai donc beau faire, je ne puis deviner à quoi sert, à quoi tend votre tableau synoptique des contradictions de la critique à votre endroit.

2132. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

Dumas est un remarquable conteur ; il sait intéresser le lecteur par les qualités d’une imagination brillante qui, au don heureux de l’invention dramatique, joint la verve, l’action, la rapidité du récit, l’agilité d’un style qui court à son but et s’arrête peu pour décrire, encore moins pour prouver, car l’auteur n’a pas de systèmes ; mais cependant avec tous ces avantages, ses succès n’auraient pas été aussi grands s’il ne s’était pas servi de ces trois mobiles : la glorification de la personnalité humaine, les peintures hardies qui troublent les sens, les lieux communs du scepticisme voltairien.

2133. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre X. L’antinomie juridique » pp. 209-222

Le mot célèbre de Goethe pourrait servir d’épigraphe à tout libellé de jugement : « J’aime mieux commettre une injustice que supporter un désordre. » Le juge voulût-il donner satisfaction au sentiment de justice des individus, cette tâche dépasserait ses forces.

2134. (1890) L’avenir de la science « I »

Tous les génies sont universels quant à l’objet de leurs travaux, et, autant les petits esprits sont insoutenables quand ils veulent établir la prééminence exclusive de leur art, autant les grands hommes ont raison quand ils soutiennent que leur art est le tout de l’homme, puisqu’il leur sert en effet à exprimer la chose indivise par excellence, l’âme, Dieu.

2135. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Et d’abord, pour donner quelque dignité à cette discussion impartiale, dans laquelle il cherche la lumière bien plus qu’il ne l’apporte, il répudie tous ces termes de convention que les partis se rejettent réciproquement comme des ballons vides, signes sans signification, expressions sans expression, mots vagues que chacun définit au besoin de ses haines ou de ses préjugés, et qui ne servent de raisons qu’à ceux qui n’en ont pas.

2136. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Sa négligence ne servit qu’à faire accroître le nombre des hostilités.

2137. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Son exercice de la Comédie ne l’empêchait pas de servir le Roi dans sa Charge de Valet de Chambre où il se rendait très assidu.

2138. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Mais que lui servait-il ?

2139. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Le Marquis de Vauvenargues a beaucoup servi à étendre la morale dans son Introduction à la connoissance de l’esprit humain.

2140. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Comme des matelots qui viennent de mettre pied à terre, après avoir vû, pour me servir de l’expression d’un ancien, la mort dans chaque flot qui s’approchoit d’eux, sont dégoûtez pour un temps de s’exposer aux perils de la mer, de même un bon poëte qui sçait combien il lui en a coûté pour terminer sa tragédie, n’entreprend pas si volontiers d’en faire une autre.

2141. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Mais, quoi qu’il en soit, j’ai besoin de le redire, et je voudrais faire passer dans mes lecteurs la conviction intime où je suis que Dieu ayant fait l’homme pour vivre en société, la providence de Dieu ne cessera point de veiller sur les sociétés humaines ; quoi qu’il en soit, répéterons-nous, s’il est vrai que jusqu’à présent Dieu se soit servi de la parole pour diriger les destinées du genre humain, si la parole enfin a été jusqu’à présent une révélation toujours subsistante au sein de la société, et que ce moyen ait cessé de lui paraître utile ou nécessaire, il saura bien en faire sortir un autre de la force même des choses, en supposant que celui-là manquât d’une manière absolue, ce que je suis loin d’admettre, ainsi qu’on a pu le voir, ou en supposant qu’il soit devenu insuffisant, ce qu’on sera beaucoup plus porté à croire.

2142. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

» Et ce n’est pas là une de ces idées générales qui servent comme une transition entre deux chapitres.

2143. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Seulement, il n’aurait traduit Hérodote qu’à la condition de mettre à ses pieds la langue de son temps et de se servir de cette langue du seizième siècle, qu’il savait parler de par la force de l’esprit gaulois qui était en lui, tandis qu’au seizième siècle, sans exception, tous pouvaient, sans être des La Fontaine, traduire avec succès l’historien grec, comme Pa fait Amyot en divers passages et Pierre Saliat intégralement.

2144. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Or, voilà tout ce que nous savons à peine de Laïs ; voilà l’énorme découverte dont, avec l’ombre de son manuscrit grec, l’ingénieux Debay se sert pour nous ouvrir cette vie, jusque-là fermée et impénétrable, pour nous éclairer cette domination d’une femme sans mœurs qui a régné sur son époque, et qui n’a pas dit son secret !

2145. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Cette partie de sa vie qui a l’intérêt des romans où l’on a le mieux peint la lutte de l’homme contre les choses, le danger, l’obstacle, l’ennemi, fait regretter amèrement qu’aux jours difficiles où les gouvernements qu’il servit curent besoin de fortes épaules, sur lesquelles ils pussent s’appuyer, on n’eut pas pensé à la sienne.

2146. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Après la décapitation de d’Egmont, ce Ney de l’histoire hispano-flamande, — car Graveline et Saint-Quentin valent bien la Moscowa, — et pour qui, comme pour Ney, il y eut autant de raisons de pardonner que de condamner, Prescott rapporte toute entière cette lettre du duc d’Albe à Philippe II, que tant d’autres historiens auraient oubliée : « Votre Majesté comprendra le regret que j’ai eu de voir finir ainsi ce pauvre seigneur et de lui faire subir ce sort ; mais je n’ai pas reculé devant le devoir de servir mon souverain… Le sort de la comtesse m’inspire aussi une très grande compassion quand je la vois chargée de onze enfants dont aucun n’est assez âgé pour se suffire, et quand on pense à son rang élevé de sœur de comte palatin et à sa vie si vertueuse et si exemplaire, je ne puis que la recommander aux bonnes grâces de Votre Majesté. » Les bonnes grâces de Philippe II furent chiches.

2147. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

Oui, on égorge, ou du moins on essaie d’égorger le christianisme, selon cette grande loi de précaution que le plus sûr est toujours d’égorger celui que l’on pille, et la doctrine assassine se revêt de la morale de la doctrine assassinée, et nous soutient que c’est à elle, cette morale volée, dont elle ne peut pas même se servir !

2148. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Martin emprunte la traduction, se servait du bâton avec avantage, car un jour, trouvant son meilleur ami d’enfance, vieux et assis à l’orientale, sur ses talons, au bord d’un chemin : « Qui, vieux, ne sait pas mourir, ne vaut rien », dit l’aimable sage, et il frappa en perfection le trop vivant bonhomme, tant la Chine, jusque par la main de ses sages, a l’habitude de badiner avec le bambou !

2149. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Le charbon d’Isaïe s’allume sur ses lèvres, mais il n’en a pas moins le repli de la réflexion et les facultés qui servent à creuser un sujet.

2150. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

À quoi servent-elles qu’à se déshonorer, les transactions ?

2151. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Quand à cette époque le grand mouvement romantique se produisit, M. de Vigny fut au premier rang du bataillon sacré, mais il ressembla à ces généraux de l’ancien régime qui servaient comme simples soldats dans l’armée de Condé avec leurs épaulettes de généraux.

2152. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Et celui que servent les anges, Qui tient le monde sur son doigt, Était là, tout transi de froid, Comme un pauvre enfant dans ses langes.

2153. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Depuis les petits poèmes de l’Intermezzo — qui, justement, font l’effet de sorbets exquis servis dans le dé de cristal des fées, et qui ont tous cette goutte d’ironie qui relève toutes les saveurs, hélas !

2154. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

Jules Levallois, qui aurait dû, pour rester dans la mesure, appeler son ouvrage : Corneille méconnu, a tiré de l’oubli les tragédies qui y sont trop tombées : Attila, Théodore, Médée, Œdipe et tant d’autres, et il a prouvé, par le raisonnement et par les plus intéressantes citations, que l’auteur du Cid, de Polyeucte et des Horaces, n’avait pas versé tout son génie dans ces chefs-d’œuvre, dont on s’est servi pour borner et étouffer sa gloire, tout en la proclamant.

2155. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Dans cette dédicace qui sert de préface à son livre, Feuillet nous a fait l’histoire de ces récits qu’il reprend en sous-œuvre aujourd’hui.

2156. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

Rolin-Jaequemyns réunit des partisans et leur communiqua, en 1873, son projet de fonder un « Institut, indépendant de tout lien officiel, qui servirait d’organe à l’opinion juridique du monde civilisé en matière de droit international.

2157. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Il fut président et trésorier de France à Poitiers, et de plus orateur, poète, jurisconsulte, historien, servit sous quatre rois, fut sur le point d’être secrétaire d’État sous Henri III, mérita l’estime et l’amitié de Henri IV, se distingua aux États de Blois par son courage, à l’assemblée des notables de Rouen par ses lumières, dans une place d’intendant des finances par son intégrité ; et mêla toute sa vie l’activité courageuse des affaires, à ce goût des lettres que l’ignorance et quelquefois la prévention calomnient, que les vrais hommes d’état estiment, et qui donne encore plus de ressort et d’intrépidité aux âmes nobles.

2158. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

De quelle traduction vous servez-vous ? […] Partout dans la Comédie, les guelfes, qui servaient les intérêts temporels de l’Église, sont appelés loups et louveteaux, lupi, lupicini. […] Dante a dit de Caton dans le Convito que jamais créature terrestre n’avait été plus digne de servir le vrai Dieu. […] Hélas serve Italie, asile de douleur, Nef sans nocher dans la grande tempête. […] Que tout cela est animé, attrayant, et comme l’artiste a vaincu les terreurs de la mort en la forçant à servir aux démonstrations de la vie !

2159. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Devenu lieutenant en juillet 1822, il passa l’année suivante (mars 1823) au 55me de ligne avec le grade de capitaine ; il espérait servir dans l’expédition d’Espagne. […] Son Chatterton, une fois mis sur le théâtre et admirablement servi par l’actrice qui faisait Kitty Bell, alla aux nues ; il méritait les applaudissements et une larme par des scènes touchantes, dramatiques même vers la fin. […] 2° Il était le poète monarchique né à la vie sociale avec 1814 et rien qu’avec 1814 ; il avait servi, chanté même la légitimité ; il aurait aimé par les dehors du moins, par la noblesse de ses goûts, à rester fidèle à l’antique tradition, à toutes les vieilles religions de race et d’honneur : et il en était venu, par l’expérience et en respirant l’air du siècle, à ne croire que bien peu aux dynasties et aux chefs d’État, et à concevoir même un sentiment de répugnance ou d’hostilité secrète contre tout ce qui est proprement politique, contre ce qui n’est pas de l’ordre pur de l’esprit.

2160. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Si je voulais donner idée de l’impression que j’en reçois, je n’aurais qu’à rappeler ce vers de Virgile : Pascitur in magnâ silvâ formosa juvenca ; et cet autre vers de Lucrèce : Per loca pastorum deserta atque otia dia La première partie de cette idylle est donc toute calme et riante : pour mieux décider Thyrsis à chanter les couplets qu’il lui demande, le chevrier lui offre une coupe dont il lui fait une ravissante description, et il y complète par les paroles l’intention des ciselures ; puis il finit par cette réflexion mélancolique, qui sert comme de transition au chant funèbre de la seconde partie : « Allons, chante, ô mon bon ! […] Ici le poëte fait allusion, comme on voit, aux fromages et à la substance aigrelette qui sert à cailler le lait : il en reste aisément une odeur au vêtement rustique où l’on s’essuie. […] Son maître, dont ce n’était pas le compte, l’enferma vivant dans un coffre pour l’y faire mourir : « Nous allons « voir pour le coup, disait-il, à quoi te serviront tes « Muses maintenant. » Mais quand il rouvrit le coffre, au bout d’une année, il le trouva tout rempli de rayons de miel ; c’était l’œuvre des abeilles, messagères des Muses, qui étaient venues de leur part nourrir le prisonnier.

2161. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Alors, par une application nouvelle du principe de contradiction, les choses que nous nous représentons avec netteté nous servent à reconstruire a priori quelques-unes de celles dont l’image est devenue confuse. […] Si la connaissance vaste et la science profonde du théâtre comique nous suggère une idée telle du comique parfait, qu’elle puisse nous servir de criterium unique et absolu pour juger et pour classer toutes les œuvres, cette idée, quelles que soient les conditions empiriques de sa formation, renferme une part d’a priori, j’entends le principe même de nos jugements et de notre classification. […] Au banquet offert à tous par les grands poètes, les philosophes pour qui la critique est une science apportaient jadis Aristote, et regardaient dans la Poétique si ce qu’on leur servait était bon.

2162. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Maury22, mes yeux avaient été frappés par un plat de cerises les plus vermeilles et qui étaient servies sur ma table. […] « On sait que les personnes qui se servent habituellement du microscope voient quelquefois reparaître spontanément, plusieurs heures après qu’elles ont quitté leur travail, un objet qu’elles ont examiné très longtemps. » M.  […] Il vous disait par exemple qu’il avait été aux Indes avec Tavernier, aux îles Sandwich avec Cook, et que de là il était revenu à Philadelphie, où il avait servi sous Lafayette.

2163. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Au commencement, Goethe avait respiré, comme toute l’Allemagne, avec quelque ivresse les idées démocratiques de la France ; il se flattait que la raison, triomphant du même coup de la monarchie absolue, de l’Église dominante et de la féodalité arriérée, allait créer un exemplaire d’institutions et de gouvernement qui servirait de modèle au monde moderne. […] Son père servait dans l’armée du duc de Wurtemberg en qualité de chirurgien subalterne, barbier du régiment. […] Si c’est dans l’ordre philosophique et littéraire, comme Goethe ils conservent leur indépendance de pensée et leur originalité de conception à travers toutes les vagues passagères de la médiocrité subalterne et toutes les aberrations du mauvais goût ; si c’est dans l’ordre politique, comme le prince Talleyrand ils conservent et grandissent leur haute influence à travers tous les événements secondaires et tous les écroulements du siècle ; ils se servent des vagues pour exhausser, pour gouverner leur navire au lieu de s’y noyer avec l’équipage.

2164. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

A tous deux la voix humaine sert d’instrument  ; à tous deux les mouvements de l’âme sont une matière inépuisable. […] Dans la chanson, la musique paraît avoir servi plus que gêné la littérature. […] Si leurrer quelqu’un signifie le tromper par l’appât d’une fausse espérance, c’est que le leurre était primitivement un morceau de cuir rouge, en forme d’oiseau, qui servait à rappeler le faucon, quand il ne revenait pas droit sur le poing de son maître.

2165. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

En parlant, elle s’adresse de l’œil à la domestique qui sert. […] 13 octobre C’est maintenant la manie de Gavarni de visiter de grandes propriétés, qu’il rêve d’acheter avec la vente de son terrain d’Auteuil ; oui, des châteaux avec des communs, des écuries, des grands salons, des petits salons, enfin des habitations avec plus de fenêtres à la façade, que n’en pourraient ouvrir et fermer les deux vieilles femmes qui le servent. […] On se demande pourquoi on continue à être et à quoi sert le lendemain.

2166. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Vous ne pouvez pas seulement vous servir dans vos besoins… Mais quelles ambitions pouvez-vous donc avoir encore ? […] 12 janvier La folie de l’artiste, de l’écrivain, — voyez Meryon, Baudelaire, — les surfait, une fois morts ; elle fait monter leurs œuvres, ainsi que la guillotine fait monter l’écriture des guillotinés, dans les catalogues d’autographes… Mercredi 13 janvier La princesse après dîner a encore sur Sainte-Beuve un jaillissement : « J’étouffais, je suis sortie de chez lui, de peur de pleurer… Mais savez-vous ce qu’il m’a dit : que rien ne le forçait de donner sa démission au Sénat, et du reste que ça lui était bien égal… et que d’ailleurs son intention était bien de ne jamais servir le prince Impérial. » Puis tout à coup elle jette cette phrase : « Voyez-vous entre une femme comme moi, et un homme incomplet comme lui, il ne peut jamais exister de véritable amitié. » Mot profond qui peint l’incompatibilité des deux natures de la princesse et de l’écrivain. […] À la représentation du couteau de cuisine qui a servi à tuer la femme, une expression indéfinissable d’un œil qui se voile sous des cils d’albinos : expression sournoise d’un regard clignotant qui regarde, sans vouloir voir.

2167. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Pendant le débat des ces questions scientifiques dans le Grenier, Bonnetain et un ami d’Hermant, l’auteur du Cavalier Miserey, rédigent dans mon cabinet un procès-verbal, à l’effet de mettre fin aux duels du jeune romancier avec les officiers du régiment, où il a servi. […] Déjeuner servi par une bonne, qui n’a pas l’air timide, fichtre ! […] Oui, c’est très bien ici, comme croquis de styliste, mais si j’avais à me servir de ces portraits pour un roman, j’y mettrais des phrases moins travaillées, plus bonnement nature.

2168. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Dieu n’a pas fait ce merveilleux alambic de l’idée, le cerveau de l’homme, pour ne point s’en servir. […] Cet itinéraire aurait servi plus tard de patron aux voyages des apôtres. […] Il affronta l’idole vivante Cobaris, roi, dieu et homme, à jamais immobile sur son bloc percé de jade néphrite, qui lui sert de trône et de latrine.

2169. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Ils laissent s’égayer ceux qui vivent un temps ; Mais les festins humains qu’ils servent à leurs fêtes Ressemblent la plupart à ceux des pélicans. […] nous a-t-il servi ? et à quoi a-t-il servi à nos frères ?

2170. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Ma famille m’interdisait de le servir ; mes traditions paternelles m’auraient porté à la carrière des armes ; il n’y fallait plus penser. […] La petite ville de Saint-Rambert, noire comme une usine, est bâtie si à l’étroit sur ses deux bords que, dans certains endroits, l’Albarine, traversée et retraversée par de petits ponts de bois, lui sert de rue. […] Ces objets étaient répétés dans l’eau d’un étang avec l’ombrage d’un noyer qui servait de fond à la scène, et derrière lequel on voyait se lever l’aurore.

2171. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Lorsqu’il reconnut sa méprise, il n’eut pas un moment de gêne ni d’hésitation, et dit simplement : — Dans nos dîners de chasse, à Valognes, c’est ainsi que nous avons coutume de nous servir ! […] Enfin, notre prétendue frivolité peut ici merveilleusement servir nos intérêts. […] On voit ensuite les instruments mystérieux dont se servent les officiers du génie, et les plans en relief des villes fortes de France, et toutes les manières de bâtir les ponts ; bref, de très jolis joujoux militaires. […] Les vers que je me récite, il me semble qu’ils sont chantés dans l’ombre par une mystérieuse voix d’harmonica… J’en cherche, par amusement, qui puissent, comme ceux d’Écouchard Lebrun, servir « d’attrape ». […] Je voudrais que cette histoire du vaudevilliste chassé de chez lui par ses meubles servît de leçon à ceux de mes contemporains qui ont la rage des mobiliers artistiques… Je suis sévère ; mais c’est qu’aussi il y a des choses par trop pénibles !

2172. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Harry Alis, intitulé : les Pas-de-Chance ; c’est, du reste, le titre d’une des nouvelles qui a servi à baptiser le volume. […] J’ai écarté le cornet qui pouvait lui servir à appeler… — Il ne voyait pas ? […] Vous êtes sûr que votre mère sait que le déjeuner est servi ? […] Mon attention, quand je suis avec quelqu’un, est de deviner ses idées et, par excès de différence, de les lui servir anticipées. […] Pour revenir à John Bull, son livre est plein de fines remarques sans prétention, et servira à donner une idée assez juste de ce peuple qui persiste à ne pas vouloir de tunnel avec la France et à nous maintenir à la distance d’un mal de cœur.

2173. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Car, je vous le demande, à quoi servirait-il d’être maître ? […] D’après les idées de Montesquieu, il me semble qu’on aurait séparé l’Église de l’État et fait de l’Église un de ces corps intermédiaires autonomes destinés à servir de barrières à la souveraineté du gouvernement central. […] Il voulait, comme Louis XIV, comme Frédéric II et comme Voltaire, que le chef de la nation fût le chef de l’Église dans son pays et qu’il s’en servît comme d’une armée à ses ordres. […] Ceux qui la firent pouvaient dire aux républicains : « Nous vous combattons, certainement ; mais nous vous servons selon vos principes, selon les principes que vous invoquez toujours quand vous êtes les plus faibles, et que vous oubliez toujours, comme il est naturel, quand vous êtes les plus forts. […] De quelque façon qu’on la mette en pratique, elle servira, au moins un peu, les intérêts aristocratiques.

2174. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

De même que nous passons par l’immobile pour aller au mouvant, ainsi nous nous servons du vide pour penser le plein. […] Ou bien encore, si quelque chose a toujours existé, il faut que le néant lui ait toujours servi de substrat ou de réceptacle, et lui soit, par conséquent, éternellement antérieur. […] Essentiellement pratique, peut-il servir, tel quel, à la spéculation ? […] Telle fut donc bien l’idée directrice de la réforme par laquelle se renouvelèrent et la science de la nature et la mathématique qui lui servait d’instrument. […] Mais le principe auquel on est conduit par la considération du mécanisme universel, et qui doit lui servir de substrat, ne condense plus en lui des concepts ou des choses, mais des lois ou relations.

2175. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elle exerçait sur eux sa puissance sympathique et son don de consolation, servi par une voix qui devenait maternelle pour les humbles, fraternelle pour les autres malheureux. […] « Mon cher enfant, Que je voudrais que ta raison fût assez mûre pour peser à leur juste valeur les horribles événements dont nous venons d’être témoins et te servir de règle pour l’avenir !

2176. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Qu’il fût admirablement organisé pour la géométrie et les arts, je ne le nie pas ; mais certes, les choses étant ce qu’elles étaient alors, une grande révolution, comme il l’a lui-même remarqué89, s’accomplissant dans les sciences, qui descendaient de la haute géométrie et de la contemplation métaphysique pour s’étendre à la morale ; aux belles-lettres, à l’histoire de la nature, à la physique expérimentale et à l’industrie ; de plus, les arts au xviiie  siècle étant faussement détournés de leur but supérieur et rabaissés à servir de porte-voix philosophique ou d’arme pour le combat ; au milieu de telles conditions générales, il était difficile à Diderot de faire un plus utile, un plus digne et mémorable emploi de sa faculté puissante qu’en la vouant à l’Encyclopédie. Il servit et précipita, par cette œuvre civilisatrice, la révolution qu’il avait signalée dans les sciences.

2177. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Necker : « On n’a su ni donner ni retenir. » Le fait est que, sans accuser personne, et à n’en juger que par les apparences et les résultats, jamais une pensée généreuse et spontanée, émanée du souverain, n’a paru servie plus à contre-cœur, — et chacun n’y allant qu’à son corps défendant ; — jamais liberté proclamée proprio motu n’a paru ensuite plus contrôlée, chicanée, retardée, ballottée à n’en plus finir. […] L’éloquence de M. le ministre d’État, en triomphant, avait servi une bonne cause.

2178. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

II Pour nous en convaincre, considérons des exemples ; ceux qui nous ont servi pour comprendre l’apparence nous serviront pour comprendre la rectification. — Soit une comédienne excellente qui simule très bien la douleur ; devant elle, nous arrivons presque à l’illusion ; un spectateur novice ou passionné y arrive tout à fait ; témoin ce soldat de garde qui, sur un théâtre d’Amérique, voyant jouer Othello, cria tout d’un coup : « Il ne sera pas dit que devant moi un méchant nègre ait tué une femme blanche » ; sur quoi il ajusta l’acteur et d’un coup de fusil lui cassa le bras. — Nous n’allons pas si loin ; mais quand la pièce est très bonne et imite de très près la vie contemporaine, aujourd’hui encore, dans une première représentation, les exclamations supprimées, les rires involontaires, cent vivacités montrent l’émotion du public.

2179. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

À votre place, j’adorerais le hasard : il vous sert bien ! […] On mettait le bois et le vin dans une espèce de renfoncement demi-souterrain tapissé de rocailles qui avoisinait la porte de la rue de Babylone et qui autrefois avait servi de grotte à M. le président ; car, au temps des Folies et des Petites-Maisons, il n’y avait pas d’amour sans grotte.

2180. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Mais pour se servir de ce vers compliqué et savant, il fallait du génie et une oreille musicale, tandis qu’avec les règles fixes, les écrivains les plus médiocres peuvent, en leur obéissant fidèlement, faire, hélas ! […] Cet ingénieux paradoxe, je l’accepte, car il me sert ; il pourrait prouver une fois encore quelle vertigineuse décadence suivit notre langue depuis le quinzième siècle.

2181. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

., item les bons vins53. » C’est aussi le Dieu de Platon, « le grand plasmateur54  » ; c’est enfin le Dieu de l’Évangile, « qu’il convient servir, aimer et craindre, et dont la parole demeure éternellement55. » Pourquoi ne serait-ce pas surtout ce dernier ? […] Ainsi Rabelais fut loin de méconnaître le caractère primitif de la Réforme, et je ne sais si quelqu’un s’était servi avant lui de cette belle expression, les sainctes lettres.

2182. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

La lumière, la chaleur, le son, sont des formes de la sensibilité qui nous servent à revêtir la chose en soi (Ding an sich) tout comme le temps et l’espace qu’il donne seuls. […] c’est la substance inconnue qui sert de support aux qualités.

2183. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

C’était une souffrance de voir un si fin esprit si mal servi par son talent, et il était le premier à en souffrir. […] je ne vois rien de mieux (littérairement parlant), si le talent, encore une fois, se met hautement de la partie et vous sert.

2184. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Qu’y a-t-il en effet de continu au sein de nous-même qui puisse servir de fondement à la conscience et, par cela même, à la mémoire ? […] — Mais, répondrons-nous, puisque la sélection naturelle élimine le facteur de la conscience là où il est inutile, c’est donc qu’il sert parfois à quelque chose, c’est qu’il a ses moments d’utilité, d’activité, d’efficacité, c’est qu’il fait partie des forces qui concourent à produire le développement de la vie.

2185. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

L’idée, sous cette forme humanitaire, est réellement pour le peuple anglais une attitude d’utilité, parce qu’il a conservé le pouvoir de la déformer, de la concevoir autre qu’elle n’est, dès qu’elle cesse de le servir. […] Il me semble parfois que ce sont eux qui causent tous les malheurs du monde. » Ainsi en réglant avec rigueur sa conduite et sa moralité sur celle de l’ancêtre, l’homme du temps présent s’identifierait à tort avec un être différent de lui-même, il se concevrait autre qu’il n’est et cette fausse conception serait pour lui une cause de souffrance, d’affaiblissement et de trouble : car il userait toute sa force à accomplir des gestes auxquels son anatomie ne serait plus adaptée, ou qui ne seraient plus propres à le servir dans un milieu modifié.

2186. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

* * * — On peut se servir de coquins, a dit La Bruyère, mais l’usage en doit être discret. […] » Vraiment, le hasard ne l’a pas trop mal servi, parlant à un homme de lettres déjà poursuivi et qui se sent poursuivable toute sa vie… Mais dans la bouche du devin, la phrase n’avait-elle pas un autre sens ?

2187. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

S’il donne quelque tour à ses pensées, c’est moins par une vanité d’auteur que pour mettre une vérité qu’il a trouvée dans tout le jour nécessaire pour faire l’impression qui doit servir à son dessein. […] Pour quitter La Critique de l’École des femmes, et pour revenir à cette comédie heureuse, L’Impromptu de Versailles qui lui sert de pendant, nous ferons une observation qui ajouterait certainement un assez grand intérêt à cette dernière comédie ; c’est qu’avec un peu d’attention vous y retrouverez, en germe, un chef-d’œuvre de Molière, et son chef-d’œuvre, peut-être, Le Misanthrope. — Molière, qui déjà rêvait à sa comédie, avait essayé ses trois comédiennes dans les petits rôles de L’Impromptu.

2188. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Renan, le beau pied, les enfile toutes, ces pantoufles éculées qu’il écule un peu davantage, et qui pourraient encore servir à quelque chose si on donnait avec elles la savate à la philosophie ; car c’est avec les livres vains de ses philosophes que cette grande vaniteuse de Philosophie est encore le mieux souffletée ! […] — est, à certaines heures, de donner raison à Épicure, d’être pris de dégoût tout en travaillant avec ardeur, et, après avoir réussi, de douter si la cause qu’ils ont servie valait tant de sacrifices… » — « Il n’y a guères — ajoute-t-il plus bas — de prêtre, de religieuse, qui à cinquante ans ne pleure son vœu. — (Qu’en sait-il ?) 

2189. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Du moins les différences ethnographiques ont-elles servi à justifier les inégalités sociales. […] L’assimilation des groupements sociaux aux espèces ethniques a pu servir certains intérêts ou certaines passions politiques, mais la science proprement dite paraît y renoncer décidément126.

2190. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Conclusions L’évolution de la littérature française m’a servi de démonstration positive ; la littérature italienne a été une contre-épreuve. […] D’autres littératures pourraient encore servir de démonstration ou de contre-épreuve ; si la loi que j’ai formulée répond à une réalité sociale et psychologique, à une nécessité logique, elle doit se retrouver partout, mais souvent contrariée par d’autres forces.

2191. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Oui, l’esprit charmant, l’esprit aidé et servi du cœur.

2192. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Des chroniques romanesques, sermons ou autres écrits en prose latine ne sont pas du tout étrangers à l’histoire de notre littérature française, et peuvent servir à l’éclaircissement de questions intéressantes relatives au fond ou à la forme de certaines compositions, à la langue dans laquelle elles parurent d’abord, etc.

2193. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

Ce qui réussit aux unes perd les autres ; les qualités leur nuisent quelquefois, quelquefois les défauts leur servent ; tantôt elles sont tout, tantôt elles ne sont rien.

2194. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

L’auteur nous fait accompagner des marins bretons dans leurs lointaines expéditions : l’un pêche la morue en Islande, l’autre sert l’État en Indochine, tandis que les mères et les fiancées comptent tristement les jours, travaillant et écoutant les bruits de la mer.

2195. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Sous la discipline des Jésuites qui sont les grands éducateurs, l’étude des anciens est un instrument de culture élégante, qui sert à décorer la surface et comme à façonner les manières des esprits.

2196. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

La vie de société ne laisse pas aux émotions profondes de l’individu le droit de s’exprimer, et élimine de plus en plus rigoureusement par la tyrannie des formes les réalités de sentiment et d’action qui pourraient servir de modèle à la tragédie.

2197. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Ils peuvent servir, pour se remémorer la peinture d’une année, aux historiens de l’art dont le travail, pour être chanceux, est moins vain que celui du chroniqueur immédiat.

2198. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Jésus, qui était exempt de presque tous les défauts de sa race, et dont la qualité dominante était justement une délicatesse infinie, fut amené malgré lui à se servir dans la polémique du style de tous 916.

2199. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

A la distance où nous sommes, et en présence d’un seul texte, offrant des traces évidentes d’artifices de composition, il est impossible de décider si, dans le cas présent, tout est fiction ou si un fait réel arrivé à Béthanie servit de base aux bruits répandus.

2200. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

La volonté du grand Alcandre servit de loi à madame de La Vallière.

2201. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Atossa, la femme de Darius, avait un désir fantasque et obsédant comme un rêve, celui d’être servie par des jeunes filles athéniennes.

2202. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Pater et Vernon Lee, les romanciers archéologues tels que Flaubert, se sont servis pour décrire les milieux humains passés et disparus, sera ici mis à profit avec de plus importants résultats, puisque cette enquête par le dehors, par le visible, par ce dont l’histoire rend témoignage, aura été précédée et affirmée par des données probables ou sûres sur l’intérieur, sur le gros mécanisme mental de ces gens que l’on va dresser en pied dans leur chair et leur costume.

2203. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

L’influence d’Homère est, d’ailleurs, si visible, si importante, que Sainte-Beuve déclare qu’elle peut servir à classer les auteurs français.

2204. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Les partis extrêmes n’appartiennent pas au premier sermonnaire politique venu comme Thureau-Dangin, et ce n’est pas l’expérience du passé, qui, du reste, ne sert jamais à rien, qui les empêchera d’être ce qu’ils sont ou ce qu’ils ont toujours été, imbécilles ou sublimes, mais obtus !

2205. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Mazarin disait cyniquement qu’il voulait, pour s’en servir, qu’un homme fût heureux.

2206. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

Ce qu’il dit de tous ces pays pourra servir — sauf contrôle, cependant ! 

2207. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

II Et ceci dépasse de beaucoup la personnalité du comte de Fersen, si touchante qu’elle soit, et il en est peu d’aussi touchantes… Venu de Suède en France et grand seigneur dans son pays, ami de Gustave III, de ce seul Roi de battement de cœur royal qu’il y eût alors en Europe, le comte Jean-Axel de Fersen, officier supérieur en Suède, le devint en France, croyant servir la Suède encore en servant la France, tant la France et la Suède, de temps immémorial, étaient unies.

2208. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

puis à de Champagny, dans ses Douze Césars, lorsque, pour être juste, il fallait peut-être remonter au prince de Ligne, qui, dans son adorable dictionnaire de ses grands hommes, se servit des formes de la langue moderne pour exprimer des choses antiques, avec le laisser-aller, le caprice et les familiarités d’un prince.

2209. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Mais Leopardi, ce glaçon de vanité souffrante que le soleil de l’Italie ne put jamais fondre, ses blasphèmes et ses vers sont froids comme la lime qui a servi à les limer.

2210. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Il devait être, et je me servirai de ce mot mondain pour être mieux compris des gens du monde : il devait être le Lépreux de la cité d’Aoste de la pauvreté.

2211. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

Cette idée, qui revient du fond de l’être comme le souffle qui sert à respirer, fouette éternellement le négateur, comme un vent de tempête.

2212. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

L’abbé Brispot accompagne le texte concordé des Évangiles de commentaires, explications et notes, tirés des écrivains les plus illustres de l’Église dans l’ordre de la sainteté ou de la science, et c’est dans le choix de ces annotations, qui viennent ajouter leur lumière à celle du texte souvent d’une trop divine pureté pour tomber dans des yeux charnels sans les offenser, que l’abbé Brispot a montré les richesses d’une forte érudition religieuse et le tact supérieur qui sait s’en servir.

2213. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Toutes ces illustrations, qui serviraient à la renommée de Gustave Doré si cette renommée n’était déjà faite, nous continuent le Doré que nous connaissons, mais ne nous le changent pas, ne nous le transfigurent point, et, puisque nous parlons de la Bible, qu’on nous permette cette image biblique : c’était ici une transfiguration qu’il fallait.

2214. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

— Gœthe, qui s’était jeté là dedans comme Sapho avec sa lyre, comme le pêcheur de sa ballade dans les bras de cette sirène qui ne le rendit point ; Gœthe enfin, tout entier, avec sa résolution d’un homme de génie qui se suicide dans un système, et qui ne chicane point, avec une puérilité lâche, l’arme qui lui sert à se tuer !

2215. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Auguste Vacquerie 41 I Je tiens à le dire, et d’autant plus que l’auteur, en baisse depuis Les Contemplations et ses dernières œuvres poétiques, se relève ici et semble faire un de ces progrès qu’à son âge on ne fait guères plus… Je tiens encore à le dire pour l’honneur de ma sagacité, parce que les trop rares critiques qui en ont déjà parlé ont été absolument dupes du pseudonyme dont Victor Hugo s’est servi pour cacher son aveuglante personnalité.

2216. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

Ce qui empêchera le désastre de ce poison, servi dans cette coupe, c’est sa force !

2217. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Publié en Belgique, chez les éditeurs Lacroix et Verboeckhoven, les fonctionnaires publics du gouvernement Victor Hugo, descendu de la même planche qui, sans se rompre, a porté les Misérables, et bien autrement fort de café, disait-on, contre le sacerdoce et l’Église, que tout ce qu’on nous avait servi jusque-là, ce livre, intitulé sinistrement : le Maudit, était l’œuvre d’un prêtre, non d’un prêtre ébauché et d’un fuyard de séminaire comme Ernest Renan, mais d’un vrai prêtre, complet et héroïque, qui n’avait pas mis son nom à son ouvrage, parbleu !

2218. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Ils s’en sont servis partout comme d’une méthode, Hegel pour saisir la formule de toute chose, Gœthe pour se donner la vision de toute chose ; ils s’en sont imbus si profondément, qu’ils en ont tiré leurs sentiments intérieurs et habituels, leur morale et leur conduite. […] Aujourd’hui les coulées inertes jonchent la terre ; leur poids rebute les mains qui les touchent ; si on veut les ployer à quelque usage, elles résistent ou cassent : telles que les voilà, elles ne peuvent servir ; et cependant telles que les voilà, elles sont la matière de tout outil et l’instrument de toute œuvre ; c’est à nous de les refondre. […] Car chaque âge a son théorème ou représentation spirituelle de l’univers. » Ses grandes œuvres poétiques ou pratiques ne font que publier ou appliquer cette idée maîtresse ; l’historien se sert d’elle pour retrouver le sentiment primitif qui les engendre et pour former la conception d’ensemble qui les unit. […] Ils ont eu comme eux un héroïsme, mais sympathique, sociable, prompt à la propagande, et qui a réformé l’Europe pendant que le vôtre ne servait qu’à vous. […] À cet égard, Carlyle lui-même peut servir de preuve.

2219. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

que ce que nous connaissons serve à nous conduire, et que de la peinture de ce qui se fait il sorte toujours quelque enseignement sur ce qui doit se faire. […] On oublie que le même homme, invitant ailleurs le poète à s’accoutumer aux difficultés de la rime, dit que, par l’habitude de la bien chercher, Au joug de la raison sans peine elle fléchit, Et, loin de la gêner, la sert et l’enrichit124 . […] Toute la querelle de Boileau avec les poètes contemporains porte sur la rime qui ne sert pas au sens. […] Il donnait ainsi des règles qui nous ont servi à connaître ses fautes ; car si la satire des femmes l’a tué par la multitude des transitions, c’est peut-être parce que cette satire pouvait être mieux conçue, et qu’elle sort par moments de la raison et du vrai. […] Mais, dans ses chefs-d’œuvre, il est grand écrivain en vers, parce qu’il s’est servi des vers pour exprimer ce que concevait de meilleur un esprit excellent, conduit par un cœur droit176.

2220. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Souvent le public y gagne et rarement il y perd ; tel article de journal, dans son cadre resserré et sous sa forme légère, a cent fois plus de portée que le gros livre dont le titre lui sert de prétexte. […] En lisant leurs rapports, vous reconnaîtrez, j’en suis sûr, qu’ils ont dignement répondu à votre appel et noblement servi cette cause des lettres, dont vous avez voulu qu’ils fussent les représentants et les organes dans cette occasion solennelle. […] Il faut qu’une pièce de vers exprime d’abord l’idée qu’on lui confie, et l’auteur ne lui permet guère de courir en chemin après les fleurs et les papillons, à moins que cela ne rentre dans son plan et ne serve comme contraste ou comme dissonance. […] Milianah et la Vie rurale, qui servent de complément à Soldats et laboureurs, montrent chez le poëte la persistance de l’idée émise en son premier volume. […] Ils servent moins une action proprement dite qu’un rôle principal dans une situation largement exposée et dont ils sont chargés de renouveler les aspects.

2221. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

ce plan d’avenir, qui me semblait une toquade de folle et de paresseuse, était inspiré à la pauvre enfant par cette anémie, qui a tout à coup éclaté, par le sentiment de sa faiblesse, qui lui faisait craindre, qu’après ma mort, elle ne puisse plus servir dans une autre maison. […] Son père, un légitimiste forcené, se refuse à ce qu’il serve Louis-Philippe. […] Dimanche 23 août J’ai déjà indiqué à quel point, les Japonais, dans le dessin des plantes, se servent, s’aident de l’ombre portée de ces plantes. […] Là dedans, entre un lit, une chaise et une table, trois uniques objets : 1º une malle, où sont collectionnés tous les articles, où on le traite de drôle, et qu’il relit pour s’exalter ; — 2º une forme pour ses souliers que déforment ses monstrueux oignons, et qu’un cordonnier charitable lui a donnée ; — 3º une petite boîte en fer-blanc, dans laquelle il va chercher son manger chez un rôtisseur du quartier, selon le jour — et il possède parfaitement cette notion — selon le jour, où le rôtisseur d’à côté sert une plus grosse portion, que le rôtisseur de la rue voisine.

2222. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

……………………………………………………………………………………………… Oui, Corot ne se servait jamais de vert, il obtenait ses verts au moyen du mélange des jaunes avec du bleu de Prusse, du bleu minéral… et je vais vous en donner une preuve irrécusable. […] Il me montre ensuite un certain nombre de petits albums explicatifs de son talent, où, en deux ou trois coups de mine de plomb, qu’on pourrait appeler des instantanés du crayon, il surprend une attitude, un mouvement, un geste, — et rien que cela de l’homme ou de la femme, qui lui sert de modèle. […] » De Couture, il saute à un amphitryon belge, à un célèbre gourmand de Bruxelles, qui a inventé dans sa salle à manger, un courant d’air, faisant uniquement le service d’enlever l’odeur des mets, et qui veut des conversations à l’instar du plat qu’on sert, du plat qu’il baptise de plat grivois ou de plat philosophique. […] » Vendredi 14 octobre Tout ce temps, dans le retravail et la réécriture de nos notes sur l’Italie 1855-1856 : notes qui devaient servir à faire une préface, et qui feront un volume.

2223. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Il y a des âmes qui apportent dans la vie comme un besoin de souffrances et une faculté singulière de sentir la peine : elles sont d’ordinaire servies à souhait.

2224. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il fit donc cette admirable pièce qui commence avec grandeur, et où il montre le vaisseau de haut bord qui, dans l’orgueil du départ, se rit des flots et se joue même de la tempête ; puis, en regard, la pauvre barque comme il en avait tant vu dans le golfe de Naples, une barque de pêcheur dans laquelle habite toute une famille, et qui, jour et nuit, lui sert d’unique asile et de foyer : le père et le fils à la manœuvre, la mère et les filles aux plus humbles soins.

2225. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Les premiers cris de vengeance qui s’élevèrent furent poussés contre Fouquier-Tinville et Lebon, et il faut avouer que, si dans les révolutions les victimes expiatoires servaient à apaiser les hommes ou les dieux, le choix ne pouvait tomber sur des têtes plus maudites.

2226. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

L’idée forte qu’Homère avait donnée de ses héros, a beaucoup servi les auteurs tragiques.

2227. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Dans un festin donné par un prince du sang789, la table de cent couverts, dressée sous une tente immense, était servie par les grenadiers, et l’odeur qu’ils répandaient offusqua la délicatesse du prince. « Ces braves gens, dit-il un peu trop haut, sentent diablement le chausson. » Un grenadier répondit brusquement : « C’est parce que nous n’en avons pas », et « un profond silence suivit cette réponse »

2228. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Ce donc que j’entends par l’heureux choix de ses sujets n’est pas le bonheur des anecdotes, dont les Charivaris et les Tam-Tam de 1860 ou les Fliegende Blätter d’aujourd’hui servent aux confrères pauvres de mine inépuisable ; non, c’est l’ingénieuse façon de voir, sa compréhension personnelle de tout fait-divers.

2229. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Demain j’y retournerai. » La phrase a trop servi, et maintenant la jeune femme répond à son seigneur inquiet de ses yeux fatigués : « Je n’ai pas cessé de courir de Faguet à la Sorbonne, à du Bled chez la duchesse, et à Vanor chez Bodinier, sans trouver la nuance d’âme que je cherchais ; je recommencerai demain. » Je remercie les auditrices, loyales celles-là ou momentanément inoccupées, qui aujourd’hui sont venues en personne entendre moquer leur prétendu passe-temps favori.

2230. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

On peut affirmer avec plus de certitude que les fidèles amies de Galilée, qui avaient suivi Jésus à Jérusalem, et continuaient à le servir, ne l’abandonnèrent pas.

2231. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

C’était un homme de cour ambitieux de grandes places et de grandes occasions de paraître ou de servir ; au reste, fort dépensier, et propre à faire un magnifique seigneur ; aussi opposé par son brillant et par sa jeunesse, à la préciosité, que le duc de Montausier, par la rigidité de son esprit et de son caractère.

2232. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Toutes les différentes circonstances où il se trouve, ne servent qu’à mieux développer son caractere, sans jamais le démentir, l’affoiblir ou l’excéder.

2233. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Par cela seul que je reste attaché à cette forme religieuse, c’est que j’y trouve quelque chose que je ne trouverais ni dans une autre religion ni dans une école de philosophie, par exemple un type vivant de piété, de pureté, de charité, qui me sert de modèle pour me conduire ici-bas et d’intermédiaire pour m’élever jusqu’à Dieu.

2234. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

H. ne m’eût pas blâmé, je pense, de définir plus exactement la critique scientifique : un système de recherches, pour servir à la psychologie descriptive des individus et des groupes sociaux.

2235. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

Mais jamais cette gaieté, qui n’a point servi dans les hussards, comme celle de Boufflers et du prince de Ligne, ne se lance par-dessus cette barrière invisible et dont on sent l’obstacle, — le ton qu’une femme doit avoir et qu’elle doit garder !

2236. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

De ces bâtards, de ces fils charmants de l’amour, comme disent les romanciers, Chamfort eut toutes les fortunes qui ne servent à rien, et la destinée, hélas !

2237. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

le La Grange qui a fait le Mât de cocagne, et qui n’est pas du tout ce marquis de la Grange chez lequel servait Mascarille, D’un autre côté, Cousin, en voulant nous faire admirer les Cathos princesses, nous a autorisés, nous autres démocrates, à admirer toutes les espèces de Cathos.

2238. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Comme l’histoire ne s’improvise pas et qu’elle appartient à tout le monde, autant que l’eau et la lumière, l’honneur de l’historien est de puiser à des sources pures, et son mérite, de se servir, avec intelligence, de tout ce qu’il y a puisé.

2239. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

Et non seulement ces Lavatériens de l’Histoire s’étaient servis des portraits d’une époque pour en connaître mieux les hommes, mais ils s’étaient emparés de tous les produits d’art laissés par les sociétés derrière elles pour expliquer l’état moral de ces sociétés.

2240. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Au lieu d’écrire Faust, ce travail de Pénélope de toute sa vie, il aurait ciré des bottes, que l’opinion charmée aurait proclamé qu’il les cirait avec génie et se serait même mirée avec amour dans son cirage… Tout lui servit, les circonstances aussi bien que l’opinion.

2241. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

Seulement, ce qui manque à tout cela, c’est l’unité limitée et saillante des points de vue, c’est la tenue d’opinion, c’est, enfin, la domination de ce sujet d’histoire dans lequel il faut, comme les pionniers de l’Amérique dans les broussailles monstres de leurs forêts, se servir vaillamment de la hache pour faire place nette autour de soi !

2242. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Triste gloire, du reste, que de pocher une biographie avec la vie la plus digne, la plus fière et la plus translucide de pureté, pour la servir à un public républicain et libre-penseur !

2243. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Nous sommes en pleine réalité historique et littéraire, et cette réalité est telle qu’on s’en servira désormais pour confondre le mauvais plaisant de faussaire, en opposant le nu du spirituel, sérieux et ferme visage, maintenant découvert, au masque animé qui traita la Critique, pendant tant d’années, comme Mercure traite Sosie dans l’imbroglio d’Amphitryon.

2244. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

L’homme résista, mais la force qui sert à aimer avec cette exclusion sublime, la force du cœur, en lui, n’existait plus… VI Ces cent soixante et une lettres, qui ne sont pas un livre, — qui ne sont pas de la littérature, — intéresseront au plus haut degré tous ceux qui, par compassion ou par mépris, prennent quelque souci de l’âme humaine… il y a là deux choses qui vont souffleter bien des esprits.

2245. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

L’Alcibiade de la physiologie se devait de couper la queue de son chien, et il l’a coupée en homme qui sait se servir du scalpel et de l’esprit français.

2246. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Le dénouement de cette sacrilège passion de l’idolâtre, qui meurt étranglé par un chien (le chien qu’il veut vendre pour quelques sous de plus), en criant, sous les morsures de la gueule implacable, ce nom de Dieu qu’il avait oublié, dont les quatre lettres servaient à ouvrir le mécanisme de son coffre-fort, et qu’il se rappelle tout à coup, en mourant au pied de ce coffre-fort, qui ne s’ouvrira plus, est une invention digne de la tête à combinaison d’Edgar Poe.

2247. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Et cependant, moi qui connais le langage poétique que Guérin a laissé derrière lui, j’aurais voulu qu’on eût ajouté aux quelques pièces éditées plusieurs autres, inférieures aussi d’art, de rhythme, et même de rime, mais qui n’en serviraient pas moins à caractériser le génie personnel d’un poète qui n’a cherché à imiter personne !

2248. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Lui, il a besoin des mots… Mais il s’en sert bien.

2249. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Elles y allaient, en allègres compagnies, faire collation sur l’herbe de confitures et de pâtisseries que l’on servait dans ces belles terres émaillées de Valence, de Triana et de Malaga où la lumière fait chatoyer des reflets de saphir, de cuivre rouge ou d’or pâle, dans la concavité éblouissante, sur l’ombilic armorié des plats.

2250. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Joséphin Soulary a peut-être l’esprit plus grand que ses Sonnets, et son humour, à ce bizarre, ce vin noir comme le sang d’un cœur triste, finira peut-être par devenir fougueuse à force d’être comprimée, et passera par-dessus le bord, rose et or, du verre de Bohême aux pans régulièrement taillés, dans lequel il la sert avarement aux lèvres qui l’aiment et qui en voudraient beaucoup plus !

2251. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

André Chénier semblait avoir balbutié pour lui… André Chénier s’était le premier servi de l’iambe, mais l’iambe de Chénier était dépassé de la longueur de dix javelots.

2252. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

C’est la moralité d’un sceptique bien élevé, qui prend les idées reçues et les sentiments naturels, et qui s’en sert dans l’intérêt de ses petites combinaisons romanesques.

2253. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

Mais il n’aurait pas non plus ce fondu de nuances, qui se sert de l’expression abstraite pour peindre mieux.

2254. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Elle est passée… passée comme les rubans hortensia qui servaient de serre-têtes à nos grands-pères !

2255. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

L’italien ne fut formé que dans le treizième et le quatorzième siècles, par le Dante et Pétrarque ; l’anglais, du temps d’Elisabeth, par Spenser et Shakespeare ; l’allemand demeura longtemps une espèce de jargon tudesque, dont les nationaux mêmes, en écrivant, dédaignaient de se servir.

2256. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Ne pouvant encore s’autoriser contre l’usage, il fit connaître à ses amis qu’il allait à l’armée faire sa cour qu’il lui coûtait moins d’exposer sa vie que de dissimuler ses sentiments, et qu’il n’achèterait jamais ni de faveurs, ni de fortune aux dépens de sa probité. » Je pourrais encore citer d’autres endroits qui ont une beauté réelle ; mais le discours en général est au-dessous de son sujet ; on y trouve plus d’esprit que de force et de mouvement ; on s’attendait du moins à trouver quelques idées vraiment éloquentes sur l’éducation d’un dauphin, sur la nécessité de former une âme d’où peut naître un jour le bonheur et la gloire d’une nation ; sur l’art d’y faire germer les passions utiles, d’y étouffer les passions dangereuses, de lui inspirer de la sensibilité sans faiblesse, de la justice sans dureté, de l’élévation sans orgueil, de tirer parti de l’orgueil même quand il est né, et d’en faire un instrument de grandeur ; sur l’art de créer une morale à un jeune prince et de lui apprendre à rougir ; sur l’art de graver dans son cœur ces trois mots, Dieu, l’univers et la postérité, pour que ces mots lui servent de frein quand il aura le malheur de pouvoir tout ; sur l’art de faire disparaître l’intervalle qui est entre les hommes ; de lui montrer à côté de l’inégalité de pouvoir, l’humiliante égalité d’imperfection et de faiblesse ; de l’instruire par ses erreurs, par ses besoins, par ses douleurs même ; de lui faire sentir la main de la nature qui le rabaisse et le tire vers les autres hommes, tandis que l’orgueil fait effort pour le relever et l’agrandir ; sur l’art de le rendre compatissant au milieu de tout ce qui étouffe la pitié, de transporter dans son âme des maux que ses sens n’éprouveront point, de suppléer au malheur qu’il aura de ne jamais sentir l’infortune ; de l’accoutumer à lier toujours ensemble l’idée du faste qui se montre, avec l’idée de la misère et de la honte qui sont au-delà et qui se cachent ; enfin, sur l’art plus difficile encore de fortifier toutes ces leçons contre le spectacle habituel de la grandeur, contre les hommages et des serviteurs et des courtisans, c’est-à-dire contre la bassesse muette et la bassesse plus dangereuse encore qui flatte.

2257. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

L’orateur peint cette multitude féroce dont on se sert pour changer la destinée des empires ; il fait voir le soldat arraché de ses campagnes, les quittant par un esprit de débauche et de rapine, changeant de maîtres, s’exposant à un supplice infâme pour un léger intérêt, combattant quelquefois contre sa patrie, répandant sans remords le sang de ses concitoyens, et sur le champ de carnage attendant avec avidité le moment où il pourra de ses mains sanglantes arracher aux mourants quelques malheureuses dépouilles qui lui sont bientôt enlevées par d’autres mains.

2258. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

Ainsi la paix apparente et servi le de l’ancienne cité romaine couvrait de son immobilité et de ses ombres le travail le plus actif d’une cité nouvelle.

2259. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Les journaux eux-mêmes se sont multipliés ; ils ont agrandi leur format ; ils servent à leur clientèle de prétendus suppléments littéraires. […] Du moment que les classes inférieures demandaient à lire, il était naturel qu’on leur servit une littérature à leur portée, amoureuse et dramatique facile à épeler, qui pût s’oublier vite et recommencer de même. […] L’analyse raffinée ne sert qu’à étouffer le talent. […] L’étude des perceptions brutales ou des nuances maladives n’augmentera ni leur valeur ni leur durée, parce que les procédés dont ils se sont servis étaient connus avant eux. […] L’auteur de Smilis a clairement expliqué ses principes dramatiques dans une préface, à laquelle son excellente introduction d’Othello peut servir de complément.

2260. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Il est vrai que la comparaison ne servirait plus à grand’chose, car un être vivant est un être observable, tandis que le tout de l’univers est construit ou reconstruit par la pensée. […] Et toute fabrication, si rudimentaire soit-elle, vit sur des similitudes et des répétitions, comme la géométrie naturelle qui lui sert de point d’appui. […] Ils oublient que ce noyau s’est formé aux dépens du reste par voie de condensation, et qu’il faudrait se servir de tout, du fluide autant et plus que du condensé, pour ressaisir le mouvement intérieur de la vie. […] C’est le second qui sert véritablement à la pratique courante de la science, mais c’est le premier qui lui fournit le plus souvent sa philosophie. […] Soit ; mais si la variation insensible ne gêne pas le fonctionnement de l’œil, elle ne le sert pas davantage, tant que les variations complémentaires ne se sont pas produites : dès lors, comment se conserverait-elle par l’effet de la sélection ?

2261. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Après la défaite de Ramilies, on a voulu donner du lest à cette chanson, et c’est devenu : Villeroy, Villeroy a fort bien servi le roi Guillaume, Guillaume … comme effrayée de cette épaisseur de sens, la poésie s’est envolée. […] Aussi me bornerai-je à lui emprunter quelques-uns des passages dont il s’est lui-même servi avec la plus heureuse finesse, et je commencerai par celui-ci qui est capital : le mot aux contours bien arrêtés, le mot brutal, qui emmagasine ce qu’il y a de stable, de commun et par conséquent d’impersonnel dans les impressions de l’humanité, écrase ou tout au moins recouvre les impressions délicates et fugitives de notre conscience individuelle. « (essai sur les données immédiates de la conscience, p. 99.) » M.  […] " et Tagore, dans son gitanjali (numéro 75) : les mots dont se sert le poète, ils ont plus d’un sens pour les hommes, et chacun fait son choix… comment d’ailleurs entend-il ce sens pour lui-même, le poète hindou ? […] Car il faut distinguer entre le sujet plastique, déterminé par un choix des formes-dans ce choix le rôle de la raison est important, et le sujet proprement cérébral fourni par une anecdote qui peut être indifféremment artistique ou littéraire, poétique ou prosaïque, avec laquelle la raison prend une initiative abstraite, séparée, fort dangereuse pour l’art qu’elle prétend servir. […] Je finirai seulement sur quelques lignes qui nous serviront comme de passage du profane au sacré.

2262. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Ainsi ils rendirent le dernier soupir, et leurs cadavres, abandonnés à découvert sur cette horrible mer de neige, furent déchirés des bêtes féroces ; et le nom des braves et des meilleurs restera à jamais l’égal de celui des lâches et des méprisables. » Mais le sentiment qui sera bientôt la clef du cœur même de Leopardi et que nous surprenons déjà, ce sentiment stoïque du calme fondé sur l’excès même du désespoir, lui inspire cette sublime consolation : « Ames chéries, bien que votre calamité soit infinie, apaisez-vous, et que cela vous serve de réconfort, que vous n’en aurez aucun ni dans cet âge ni dans les suivants. […] Tout le contraste de la nature fut rompu par toi, et une terre inconnue, immense, servit de trophée de gloire à ton voyage et aux périls de ton retour. […] Car, vous le savez, je n’ai pu lire moi-même ces pages que je vous offre, et il m’a fallu, pour les corriger, me servir des yeux et de la main d’autrui.

2263. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Son portrait par Donat, qui a servi de point de départ à celui qu’on vient de lire par M. de Chateaubriand, peut se traduire plus légèrement peut-être, et s’expliquer comme il suit, en évitant tout ce qui pourrait charger : Virgile était grand de corps, de stature (je me le figure cependant un peu mince, un peu frêle, à cause de son estomac et de sa poitrine, quoiqu’on ne le dise pas) ; il avait gardé de sa première vie et de sa longue habitude aux champs le teint brun, hâlé, un certain air de village, un premier air de gaucherie ; enfin, il y avait dans sa personne quelque chose qui rappelait l’homme qui avait été élevé à la campagne. […] Il pria Horace, ami de Virgile et de Mécène, de consentir à lui servir de secrétaire. […] Nous l’avons aidé, nous l’avons servi, nous l’avons contenu, nous l’avons combattu, nous l’avons vaincu ; il nous a laissés sur son rivage quand il a jugé qu’il pouvait se passer de nous, et qu’il a été demander son salut ou sa perte à d’autres institutions et à d’autres hommes !

2264. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Sa doctrine, c’est le renoncement complet à tout sentiment naturel, même à ceux qui passent pour nobles et généreux, aux affections terrestres, à la science, aux ambitions intellectuelles, bref, à tout ce qui ne sert pas au « salut ». […] Sa philosophie, — sentiment profond de la suprématie de l’esprit, amertume tempérée par le plaisir de voir clair et d’être supérieure ce qui nous offense  est une sorte de néo-stoïcisme, qui peut servir encore. […] Il se demande à quoi aura servi d’emprunter à l’ennemi son système de recrutement si l’on n’a pas su lui emprunter du même coup son âme patiente, endurante, disciplinée, encline au respect… Si l’on s’était trompé, pourtant ?

2265. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Je laisse les détails de l’organisation pécuniaire aux amis qui veulent bien se donner cette peine, et avec reconnaissance je salue leur empressement comme la preuve, et d’un zèle actif à servir l’art allemand, et d’une confiance générale en moi. […] Wagner dit, en parlant de la Missa Solemnis de Beethoven : « Ici, le texte ne doit pas être saisi selon sa signification abstraite, mais ne doit servir qu’à réveiller en nous les impressions que produisent des formules religieuses bien connues ». […] Les légendes et les mythes peuvent reparaître, dans un art pías parfait mais elles n’y sont plus que des symboles, et servent à recréer — faute d’un moyen plus direct— tels modes très-subtils de la vie.

2266. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Un de ses anciens collaborateurs diplomatiques et qui avait servi sous lui, un Allemand de plus de mérite que de montre, Reinhard, vint à mourir. […] Le succès dépendra aussi du jugement et de l’opinion qui prévaudra alors sur le maître tout-puissant qu’il a servi et abandonné.

2267. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Lorsque Ulysse déguisé en mendiant arrive chez le fidèle Eumée, celui-ci traite son hôte avec honneur ; il lui sert le dos tout entier d’un porc succulent, lui présente la coupe toute pleine, et Ulysse, moitié ruse, moitié gaieté, et comme animé d’une pointe de vin, se met à raconter avec verve certaine aventure à demi mensongère où figure Ulysse lui-même : « Écoute maintenant, Eumée, s’écrie-t-il, écoutez vous tous, compagnons, je vais parler en me vantant, car le vin me le commande, le vin qui égare, qui ordonne même au plus sage de chanter, qui excite au rire délicieux et à la danse, et qui jette en avant des paroles qu’il serait mieux de retenir… » Et cela dit, le malin conteur pousse sa pointe et, comme entre deux vins, il risque son histoire, qui a bien son grain d’humour et dans laquelle il joue avec son propre secret. […] Béranger a de la sensibilité, de la malice, de l’élévation, je ne veux certes pas prétendre qu’il n’ait pas aussi de la gaieté ; mais cette gaieté, il songe vite à s’en servir, à s’en couvrir, à s’en faire un cadre, un véhicule et un auxiliaire pour aller à mieux et viser plus haut, tandis qu’elle était à la fois la forme et le fond, la source et le fleuve même chez Désaugiers.

2268. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

I Toutes ces alliances de partis antipathiques, toutes ces audaces de défection dans les favoris de la couronne, toutes ces pressions déloyales sur la royauté que chacun voulait dominer sous prétexte de la servir, toutes ces trahisons après la victoire, toutes ces faiblesses du parlement devant les passions des hommes qui l’ameutaient pour le compromettre dans leurs brigues, toutes ces simonies de l’intérêt public devant les cupidités individuelles du pouvoir, toutes ces agitations sans but, qui faisaient bouillonner sans cesse la France et qui la remplissaient de haines, de factions, de passions, au lieu de la calmer et de l’occuper de ses intérêts urgents et permanents, me dégoûtaient prodigieusement, je l’avoue, de ce qu’on appelle le régime parlementaire. […] Cette royauté des expiations étant impossible à rétablir, la royauté des conspirations étant impossible pour moi à aimer et à servir, cette coalition immorale et déloyale dans le parlement étant impossible à honorer, incapable de fonder, capable seulement de détruire, je n’avais plus de devoir et de lien qu’avec la politique abstraite, idéale, personnelle qui pouvait seule à un jour donné recruter, au profit des principes sainement et honnêtement progressifs, les opinions d’un peuple prêt à retomber dans l’anarchie.

2269. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Ses fils travaillaient dans mon cabinet, aux Affaires étrangères ; j’étais fier du nom, et, en lisant dans les journaux ce programme de la république de propriété, d’ordre et de vraie liberté signé Hugo, je me félicitais qu’un si puissant esprit s’engageât dans l’armée où je servais moi-même la cause des améliorations populaires possibles, contre les démagogues de la rue, ces rêveurs de sang et de guerre, et contre les utopistes, ces démagogues de l’idée. […] Les mêmes étudiants, ivrognes précoces ou libertins blasés, devenus émeutiers par désœuvrement, puis républicains par fantaisie, volent la vie et le sang de leurs concitoyens dans une barricade servie par des gamins de Paris et par des filles des rues, et se font tuer eux-mêmes avec autant d’héroïsme que d’indifférence.

2270. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

C’était un homme d’un esprit très expert et d’un caractère très agréable, mais d’autant plus hostile à la France que, étant lui-même Français d’origine, il avait plus à cœur de paraître servir son souverain allemand par une opposition innée à tout ce qui pouvait rappeler la constitution semi-révolutionnaire dans le gouvernement de Louis XVIII. […] Des paysages de Léopold Robert, des moissonneurs, des vendangeurs, des bœufs accouplés ruminant à l’ombre, pendant que les enfants chassaient les mouches de leurs flancs avec des rameaux de myrte ; des muletiers ramenant aux villages lointains leurs femmes qui allaitaient leurs enfants, assises dans un des paniers ; de jeunes filles dignes de servir de type à Raphaël, s’il eût voulu diviniser la vie et l’amour, au lieu de diviniser le mystère et la virginité ; des fiancés, précédés des pifferari (joueurs de cornemuse), allant à l’église pour faire bénir leur félicité ; des moines, le rosaire à la main, bourdonnant leurs psaumes comme l’abeille bourdonne en rentrant à la ruche avec son butin ; des frères quêteurs, le visage coloré de soleil et de santé, le dos plié sous le fardeau de pain, de fruits, d’œufs, de fiasques d’huile et de vin, qu’ils rapportaient au couvent ; des ermites assis sur leurs nattes au seuil de leur ermitage ou de leur grotte de rocher au soleil, et souriant aux jeunes femmes et aux enfants qui leur demandaient de les bénir, voilà les spectacles de cette nature ; il n’y avait là rien pour la tristesse et la mort.

2271. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Dans les romans de sa vieillesse, les dénouements, et toutes les pièces de sentiment ou d’intrigue qui servent à les faire sortir, portent la marque de l’optimiste illusion de l’auteur : mais les données, et leur développement, jusqu’à ce tournant qui va les rabattre vers la fin souhaitée, sont souvent d’une fine exactitude. […] Nos esprits supérieurs crèvent de faim : il faut suivre la filière, restreindre son appétit, s’user dans de petits emplois pour de maigres résultats, s’aplatir, servir, pour arracher peut-être bien péniblement après vingt ans d’un travail de forçat, ou pour manquer finalement, malgré tout le talent et toutes les bassesses, ce que l’on s’estimait légitimement dû.

2272. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Il y a une route, sans doute, et nous la trouverons ; mais qui oserait dire que le courage et la force de celui qui a pu s’élever si haut pour la chercher ne sera pas cause de notre courage pour la chercher à notre tour, nous qui sommes restés dans la plaine, et ne nous servira pas ainsi prodigieusement à la découvrir ! […] Les dates de ces lettres peuvent leur servir de clef.

2273. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Le débit oral, ou l’élocution, est sans doute indépendant de la pantomime, et la pantomime peut également, sans l’aide du langage, servir d’interprète à la pensée ; mais ils se prêtent un mutuel secours, et l’âme ne recevrait qu’une sensation incomplète, si les sens de l’ouïe et de la vue n’étaient affectés qu’isolément. […] Que sera-ce donc, si au lieu d’avoir à lire nos propres sentiments, nous servons d’interprètes aux pensées des autres !

2274. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Ce que le poète, dans ces prouesses d’art pur, laisse échapper de sentiments délicats et d’aperçus fins sur la vie morale, fait regretter qu’il n’ait pas eu plus souvent besoin de tourner du dehors au dedans un œil qui voit si bien, et qu’il ait semblé parfois se servir de l’art, comme les Orientaux de l’opium, pour se dérober aux souffrances de la pensée. […] Peut-être eût-on désiré pour une si belle plume une fortune plus haute que l’histoire ou la critique des systèmes ; peut-être un nouvel effort supérieur d’invention et de démonstration, pour nous faire monter quelques échelons de plus vers l’inaccessible, eût-il plus servi la philosophie que les modestes affirmations de l’éclectisme.

2275. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

— Le malheur est que la première scène de la Walküre, presque nulle psychologiquement, ne sert qu’à amener la seconde, et que le contraste de cette même scène ajoute beaucoup aux lumières et aux ors de la dernière. […] Dans une époque où chaque parole demeure incomprise parcs qu’elle ne résulte plus de la conscience d’une unité entre les peuples, mais sert seulement à constater leur différence, dans ce temps la musique seule pouvait parler à l’humanité des choses communes à tous ces hommes, et, par ce langage, ranimer le sang Aryen et le Christianisme.

2276. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

L’orgue, à gauche, servait dans la Tétralogie pour suppléer, dans le grave, la contre-basse-tuba ; il donne le contre mi bémol et le contre ré. […] Mais c’est surtout dans son Faust que Franz Liszt s’est servi d’une façon vraiment géniale du retour de thèmes antérieurs, et de leurs transformations multiples.

2277. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

De ces poèmes, c’est la Vaelsunga-Saga qui lui a sans doute le plus servi pour le gros œuvre dramatique, du moins lorsqu’il lui a fallu passer des dieux aux héros, de Wotan à Siegfried. […] Voici enfin le troisième élément dont Wagner s’est servi, et celui qu’il a transformé le plus heureusement.

2278. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Il sert son génie au lieu d’abaisser son esprit à servir ses besoins matériels et les fantaisies de sa sensibilité ou de sa vanité.

2279. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Gebhart est un automate qui tire au mur et, s’il rit, c’est qu’on a fait rire quelqu’un dans le phonographe qui lui sert de cerveau. […] Seulement il ne savait pas dire non et il servait de second à quiconque le lui demandait.

2280. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Cependant, sur les instances de René, la comtesse vient de renvoyer le Scapin d’ancien répertoire qui lui servait d’intendant, et de prendre à sa place M. de Roncourt, un vieux gentilhomme ruiné par l’héritage de son frère, — cent mille écus de dettes qu’il a héroïquement endossés. […] Sur quoi, M. de Cayolle lui réplique que l’argent ne sert pas seulement à tirer Jean Giraud et compagnie du néant, mais encore à créer et à susciter les grands hommes.

2281. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

Enfin l’hérédité et les variations heureuses des germes ou embryons ont donné lieu aux instincts proprement dits, qui sont de véritables idées-forces innées, servies par un mécanisme de réflexes héréditaires. […] Il ne sert à rien de répondre que ce n’est pas notre idée comme telle ni notre désir comme tel qui déterminent l’objet, mais bien le mouvement cérébral corrélatif de l’idée et du désir.

2282. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

La mienne, j’en conviens, mal servie par les trompettes de la renommée, s’est toujours bornée à suivre dans la carrière ces hommes de génie que nos pères avaient la faiblesse d’appeler grands. […] Et d’ailleurs, comme aujourd’hui le moi se montre hardiment partout, comme on le rencontre à la fois à la tribune, dans les journaux et même dans tous vos écrits, je ne craindrai pas de m’en servir.

2283. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Beautés simples et divines, Vous contentiez nos aïeux Avant qu’on tirât des mines Ce qui nous frappe les yeux De quoi sert tant de dépense ? […] Je lui trouvai la mine d’un matois ; Aussi l’était ce prince, dont la vie Doit rarement servir d’exemple aux rois, Et pourrait être en quelques points suivie.

2284. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Nous devions nous en servir pour donner un corps aux abstractions de la théorie de la Relativité et aussi pour dégager les postulats qu’elle implique. […] Lors donc que, dans ce qui va suivre, nous nous servirons de notre Espace à trois dimensions, réellement perçu, pour donner un corps aux représentations d’un mathématicien assujetti à un univers plat, — représentations pour lui concevables mais non pas imaginables, — cela ne voudra pas dire qu’il existe ou puisse exister un Espace à quatre dimensions capable à son tour de réaliser en forme concrète nos propres conceptions mathématiques quand elles transcendent notre monde à trois dimensions.

2285. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Et puis Lorenzo, à force de simuler le vice et d’endosser le mal comme un habit d’emprunt et qui sert à une expérience, se l’est incorporé ; le masque qu’il a pris s’est collé à lui et lui restera par plaques au visage.

2286. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

« Remercions aussi l’artiste distingué dont le ciseau a si bien servi cette pensée d’amitié et de justice, et a su figurer à nos yeux l’image et l’esprit de notre ami dans une composition heureuse.

2287. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

L’été vient tarir la rigole Qui sert de limite à deux rois.

2288. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

« Et les hommes se regarderont à cette lumière, et ils diront : « Nous ne connaissions ni nous ni les autres, nous ne savions pas ce que c’est que l’homme : à présent nous le savons. » « Et chacun s’aimera dans son frère, et se tiendra heureux de le servir ; et il n’y aura ni petits ni grands, à cause de l’amour qui égale tout, et toutes les familles ne seront qu’une famille, et toutes les nations qu’une nation. 

2289. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Cette étude, qui nous a servi d’ailleurs à vérifier nos précédentes vues sur le roman, est inappréciable pour faire suivre à la trace et mettre à nu le travail intérieur qui s’est opéré dans l’esprit du poëte.

2290. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Si ce volume, qui ne doit pas contenir moins de six mille vers, tombait aux mains de lecteurs qui aiment peu les vers, et ceux d’amour en particulier ; si, d’après la façon austère et assez farouche qui essaye de s’introduire, on se mettait aussitôt à morigéner l’auteur sur cet emploi de sa vie et de ses heures, à lui demander compte, au nom de l’humanité entière, des huit ou dix ans de passion et de souffrance personnelle que résument ces poëmes, et à lui reprocher tout ce qu’il n’a pas fait, durant ce temps, en philosophie sociale, en polémique quotidienne, en projets de révolution ou de révélation future, l’auteur aurait à répondre d’un mot : qu’attaché sincèrement à la cause nationale, à celle des peuples immolés, il l’a servie sans doute bien moins qu’il ne l’aurait voulu ; que des études diverses, des passions impérieuses, l’ont jeté et tenu en dehors de ce grand travail où la majorité des esprits actifs se pousse aujourd’hui ; qu’il s’est borné d’abord à des chants pour l’Italie, pour la Grèce ; mais qu’enfin, grâce à ces passions mêmes qu’on accuse d’égoïsme, et puisant de la force dans ses douleurs, en un moment où tant de voix parlaient et pleuraient pour la Pologne, lui, il y est allé ; qu’il s’y est battu et fait distinguer par son courage ; que, s’il n’y a pas trouvé la mort, la faute n’en est pas à lui ; qu’ainsi donc il a payé une portion de sa dette à la cause de tous, assez du moins pour ne pas être chicané sur l’utilité ou l’inutilité sociale de ses vers.

2291. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Lycée, Jeux Floraux, Académie, il brillait partout ; il cumulait, comme cet héroïque lutteur, le laurier de Delphes, le chêne de Pergame et le pin de Corinthe ; il aurait volontiers laissé écrire au-dessous de sa statue : « Ceci est la belle image du beau Milon, qui sept fois vainquit à Pise, sans avoir, une seule fois, touché la terre du genou. » Or, le jour où son genou fléchit en effet, le jour où la palme (style du genre) lui échappa et où il fut évincé par un plus heureux, il ne sut plus se consoler, il resta dépaysé longtemps, l’esprit tendu, avec tout un attirail oratoire qui ne sert que dans ces sortes de joûtes, et qui, en se prolongeant, doit nuire au libre développement des forces naturelles.

2292. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Il est fort facile et fort vrai de dire que La Fontaine se pénétra du style de Marot, de Rabelais, et le reproduisit avec originalité ; mais de Marot et de Rabelais à La Fontaine il n’y a pas moins de cent ans d’intervalle ; et, quelque vive sympathie de talent et de goût qu’on suppose entre eux et lui, une si parfaite et si naturelle analogie de manière, à cette longue distance, a besoin d’explication, bien loin d’en pouvoir servir.

2293. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Ce genre-là, tel que je me le définis, c’est une espèce de vignette continue qui règne au bas du texte, et qui sert à illustrer véritablement le récit.

2294. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Cependant si, au lieu de faire abstraction de mes sens extérieurs, pour ne me servir que de mes sens intérieurs ; si, ouvrant les yeux et remuant la main, je me vois et je me touche dans toutes les régions de mon corps, depuis les cheveux de ma tête jusqu’aux ongles de mon pied, je sens très bien alors que partout sous mon doigt qui se promène, le moi s’éveille et répond ; et si je pouvais atteindre au-delà de la surface cutanée aux organes eux-mêmes, le moi s’y ferait également sentir par une sensation distincte, comme il arrive d’ailleurs en mainte circonstance, lorsque la digestion s’exécute péniblement, lorsqu’un calcul se forme dans le rein, lorsqu’un tubercule se développe dans le poumon.

2295. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

Ç’aurait été un beau raisonnement à faire à François Ier à Marignan, que de lui dire : Gardez-vous de vous servir de votre artillerie, César n’avait pas de canons ; est-ce que vous vous croiriez plus habile que César ?

2296. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Quand on compare sa fable avec celle de Pilpay ou d’Esope qui lui sert de matière, on s’aperçoit qu’il ne fait pas un seul changement sans une raison, que cette raison et les autres se tiennent entre elles, et qu’elles dépendent d’un principe, sinon exprimé, du moins senti.

2297. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

La classe bourgeoise, en l’adoptant, la fit servir à des usages pour ainsi dire domestiques et lui procura ainsi, notamment dans les villes du Nord, une plus robuste vitalité.

2298. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Le devoir de servir ma famille et mes amis contrarie mon devoir d’être juste envers tous.

2299. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Jeanne, femme de Khouza, l’un des intendants d’Antipas, Susanne et d’autres restées inconnues le suivaient sans cesse et le servaient 430.

2300. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Je me partage entre eux et je les sers comme une femme de chambre, parce que toutes les leurs sont sur les dents. » Madame Scarron, en possession de 200 000 fr., au lieu de 100 000, dirigea les recherches de ses agents vers une terre plus considérable que celle qu’elle avait en Mie dans le voisinage de Paris.

2301. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Le beau vers qui sert de titre au présent chapitre — je l’affirme hautement — m’appartient en toute propriété et on ne réussira pas à le trouver dans les œuvres complètes de M. 

2302. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Monsieur Alphonse Bonaparte épousa, pour obtenir un commandement, la maîtresse de Barras : Monsieur Alphonse d’Annunzio fit la conquête de l’actrice qui pouvait servir sa gloire en jouant ses drames avec amour et rêva de la cantatrice dont la voix donnerait à ses vers une beauté nouvelle.

2303. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Pour nous servir d’une expression trivialement expressive, il y avait à boire et à manger dans son culte, et ses fêtes, qui gorgeaient les sens, offraient en même temps à l’esprit des philtres divins.

2304. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

C’est du moins un rêve qui sert de délassement à mes travaux, de charme à ma solitude.

2305. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

* * * — Nous soupons beaucoup cette année : des soupers imbéciles où l’on sert des pêches à la Condé, des pêches-primeurs à 8 francs pièce, dont le plat coûte quatre louis et où l’on boit du vin chaud fabriqué avec du Léoville de 1836 ; des soupers en compagnie de gaupes ramassées à Mabille, de gueuses d’occasion qui mordent à ces repas d’opéra, avec un morceau de cervelas de leur dîner, resté entre les dents, et dont l’une s’écriait naïvement : « Tiens, quatre heures… maman est en train d’éplucher ses carottes ! 

2306. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Moi qui fais de belles harangues, Moi qui traduis en toutes langues, A quoi sert mon vaste sçavoir, Puisque partout on me diffame Pour n’avoir pas eu le pouvoir De traduire une fille en femme !

2307. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Nisard, on peut se servir du premier pour démêler ce qu’il y a d’excessif et d’insuffisant dans le second.

2308. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Les uns ont approuvé avec enthousiasme cet acte de réaction extravagant ; les autres l’ont désavoué en l’expliquant, et se sont habilement servis de leur science théologique pour embrouiller la matière.

2309. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Alceste dédaigne l’esprit et l’ironie, et c’est bien malgré lui si parfois il s’en sert.

2310. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Molière même, pour ne pas se brouiller avec un corps si dangereux, appela précieuses ridicules celles qu’il mit sur la scène ; depuis ce temps le mot précieuse se prit en mauvaise part, et c’est en ce sens que La Fontaine s’en sert dans cette petite historiette, qu’il lui plaît d’appeler une fable.

2311. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

À un kilomètre environ de la ville s’élève (s’élève est une expression bien ambitieuse) une de ces cabanes moitié terre et moitié chaume, qui servent aux paysans de vestiaire pour leurs outils de labour.

2312. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Comment se fait-il alors qu’ils se servent de ces deux lettres toujours à contresens, toujours ?

2313. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

La révolution que leurs vœux avaient devancée, les trouva tous les deux prêts à la servir.

2314. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

La société doit être mise de nouveau sous la protection des sentiments religieux, qui heureusement ont survécu, et qui doivent servir à rallier tous les sentiments sociaux.

2315. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

On s’attendait à une audace, à quelque paradoxe hardi sous ce pavillon de Vertu, si fastueusement étalé et qui ne dit rien, s’il ne dit beaucoup ; car, excepté dans les romans, marqués à la sale patte du Réalisme contemporain, où l’on abolit la loi d’art des contrastes et où l’on vous sert du vice tout pur, sans aucun mélange ; excepté dans ces monstrueuses compositions qui sont la fin de toute littérature, il y a toujours dans les livres vrais comme dans les plus faux, une prétention à la vertu quelconque, depuis l’admirable Clarisse de Richardson qui pourrait aussi s’appeler Vertu, jusqu’à l’impossible Jacques de Mme Sand, qui a de la vertu, selon elle, puisqu’il se sacrifie héroïquement à l’amant de sa femme et se tue pour, lui donner son lit.

2316. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Mme André Léo nous donne même le programme de leurs institutions et le voici pour qu’il vous serve : Minéralogie et physique, zoologie et agriculture, philosophie et pas d’histoire…, vous savez pourquoi ?

2317. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Ce serait là un ferme livre d’histoire à dresser contre les histoires flottantes de Mlle Clarisse Bader, qui n’a pas plus d’initiative dans la pensée que tout son sexe, et dont tous les livres servent à le prouver.

2318. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Dans l’Esprit des Lois, en effet, l’éclectique Montesquieu acceptait aussi, sans le vanner, tout le pêle-mêle de l’histoire, mais c’était à la condition téméraire de donner la raison des choses et la loi des contradictions, tandis que son pâle imitateur, son faible descendant par les femmes, n’avait pas, lui, le mouvement d’idées, fussent-elles fausses, qui servaient à Montesquieu pour tout justifier.

2319. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

précisément en raison de l’importance sacrée de l’argent dans nos mœurs actuelles, avides et dépensières, les législateurs, qui sentent le bonheur d’en avoir et qui ont si peur des peines sévères, oseraient-ils jamais se servir de la seule peine laissée maintenant au législateur pour réprimer et pour punir ?

2320. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Mais, en fin de compte, tout livre, quel qu’il soit, donne après tout l’esprit d’un homme dans le plus pur de sa substance, à quelque chose qu’il l’ait appliqué, et c’est par l’esprit et la forme qu’il imprime toujours et forcément à la pensée que ce livre appartient à la critique générale telle qu’on s’efforce d’en faire ici… En critique, il ne s’agit jamais que de prendre la mesure d’un homme, et les livres ne servent guères qu’à cela.

2321. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Du moins, l’Horace de Passy, dont la gloire est déjà baissée, sentait la patrie et pleura Sainte-Hélène… Et quant à l’autre Horace français dont Louis XIV fut l’Auguste, ce Boileau qui n’admettait pas Dieu pour être tranquille, cette âme droite, sérieuse, austère, qui tira toute sa poésie de la raison, cette maîtresse faculté de l’homme, l’Horace latin ne sert qu’à montrer combien il est grand, malgré l’imagination qui lui manque.

2322. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

Son esprit n’a point d’ailes, ou, s’il en a, elles sont fort courtes et ne lui servent qu’à marcher plus vite et mieux.

2323. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Victor Hugo pourra nous sonner un grand air de trompe en l’honneur de Shakespeare et même se servir pour cela du cor de Roland, mais, certes, il ne nous donnera pas davantage.

2324. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Grand sujet qu’il n’a pas traité, et qui lui aurait servi à dégager les premiers rudiments de cette centralisation du pouvoir dont l’origine est romaine, et qui, depuis l’Empire jusqu’à nos jours, n’a pas cessé de se préciser parmi les modernes, à travers tous les retards et tous les obstacles !

2325. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Dans tous les temps, les hommes qui l’ont le mieux servie sont les chroniqueurs, les hommes voués au fait, à la recherche laborieuse, tous ceux qui, comme Pierre Clément, plongent dans une époque et ne rapportent dans leurs mains sincères rien de plus ni rien de moins que ce qu’au fond ils ont trouvé.

2326. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

René d’Anjou fut autre chose aussi, mais cela ne lui a servi à rien.

2327. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

La maladresse du sculpteur qui manque sa statue n’empêche pas le marbre ou le bronze dont il s’est servi d’être du marbre et du bronze, deux choses en soi, deux éléments, deux réalités !

2328. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Il n’y a là partout que la légende seule, la légende, absurde et abjecte, mise à confire, pour la servir aux friands, dans d’exquises malpropretés de détails, par ce pudibond et roséabond Rhoïdis, dont la vertu fait des gorges si chaudes des vices de l’Église romaine et nous en fait aussi de telles peintures… par pudeur !

2329. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Il n’a pas un mouvement d’oubli avec ce pauvre diable d’Eckermann, que comme homme il peut mépriser, mais dont il se sert comme de la boîte aux lettres de la postérité et dans les oreilles idolâtres duquel il jette ses pensées, laborieusement rédigées, pour qu’elle les entende.

2330. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Martin tout entier et tout aussi acharné qu’au Moyen Âge, mais plus désarmé, car il n’ose pas se servir de sa catapulte du druidisme.

2331. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

« Ce qui était vrai, dit-il, c’est que, sans se séparer de l’Église orthodoxe à laquelle il restait soumis, Carranza s’était rapproché de la doctrine des novateurs et s’était servi de leurprocédé de démonstration en introduisant dans ses ouvrages le principe de la justification par la foi dans le sauveur Jésus-Christ et en recourant à l’autorité incontestable des livres saints, au lieu d’employer uniquement l’autorité traditionnelle de l’Église. » Si Charles-Quint entra plus tard en défiance contre Carranza et voulut sévir contre les doctrines nouvelles, ce fut à l’instigation du grand inquisiteur Valdez.

2332. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Ce qui distingue particulièrement son auteur, c’est l’encyclopédisme de ses connaissances et la force élastique de l’esprit qui s’en sert.

2333. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Lui, ne fut qu’un grenadier engagé à cinquante-sept ans, après avoir déjà, comme officier, servi la France ; un simple grenadier, qui, sans Carnot, — lequel eut, ce jour-là, une lueur de génie, et qui le nomma officiellement : « le premier grenadier de France », — fût resté irrécompensable ; car il faut bien créer un mot pour exprimer une chose avant lui inconnue.

2334. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

Il avait les qualités qui servent au combat, mais il n’avait pas celles qui subsisteraient sans la guerre, et qui éterniseraient la gloire de ceux qui les ont en dehors de la bataille.

2335. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Mais je crois — ajoute-t-il, page 126 de la Correspondance, — que je m’exprime toujours de telle sorte que ce ne puisse embarrasser ceux qui en savent moins. » Ainsi, utilité dans tous les genres, et quoiqu’on ne puisse, dit-on, servir deux maîtres, ce livre est écrit pour ceux qui savent et pour ceux qui ne savent pas ou qui savent peu.

2336. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

… M. de Baillon n’a voulu nous servir que du Walpole par petites tranches.

2337. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Elle est passée… passée comme les rubans hortensias qui servaient de serre-tête à nos grands-pères !

2338. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Or, de toutes les facultés de l’homme, la plus gauchie, la plus radicalement altérée, c’est précisément celle-là que la philosophie croit avoir le plus développée ; c’est la faculté qui sert à concevoir le vrai, la Raison !

2339. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Mais je crois, — ajoute-t-il page 126 de la Correspondance, — que je m’exprime toujours de telle sorte que ce ne puisse embarrasser ceux qui en savent moins. » Ainsi utilité dans tous les genres, et quoiqu’on ne puisse, dit-on, servir deux maîtres, ce livre est écrit pour ceux qui savent et pour ceux qui ne savent pas ou qui savent peu.

2340. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Elle pourra lui servir, à lui, car l’esprit gagne toujours à se mettre bien en face de sa pensée, en l’exprimant.

2341. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Elles ne lui ont pas servi à grand’chose.

2342. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Elle a résolu le problème de la quadrature du cercle sur elle-même, et si j’avais à la caractériser avec une formule, je me servirais de celle-ci : elle est, cette amie de Proudhon, elle est à la Poésie ce que Proudhon est à la Philosophie.

2343. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Critique fin comme un lynx, — trop fin peut-être, — ayant ce ton détaché qui est à cent lieues en l’air du pédantisme et que Beyle aurait aimé plus que personne, spirituel, incisif, pénétrant, mais pénétrant comme une pointe, ayant sous chaque mot dont il se sert une aiguille d’or qu’il enfonce délicatement dans la tête des sots, Paulin Limayrac devait comprendre ce mélange de dandy, d’officier, d’artiste, d’homme du monde, de penseur original, d’humoriste, de touriste, d’excentrique et d’ironique que fut cette Chimère fabuleuse qui répondait au nom de Beyle… ou plutôt qui n’y répondait pas.

2344. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Balzac, ce colossal, a été obligé de se courber sous cette fourche caudine, et le feuilleton a quelquefois eu l’insolence de ne pas trouver amusants (c’est le mot dont on se sert) les chefs-d’œuvre que Balzac, l’Antonio de ce nouveau Shylock, donnait à couper dans la chair vive de son génie.

2345. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

S’il y avait touché, il n’eût pas compromis ceux qu’il aurait servis, et l’on aurait eu la décence du coup que l’on voulait porter.

2346. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Certes, je ne comparerai pas Beaumarchais-Figaro, ce bâtard de Rabelais, avec papa Le Sage, car du moins Beaumarchais avait dans le bec et dans l’esprit une vibrante paire de castagnettes, plus mordante que celles de toutes les mauricaudes de l’Espagne, et dont il se servit pour faire danser son dernier pas à toute une société, dans cette danse macabre, drôle et terrible, qui précéda la Révolution française.

2347. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Lui, l’auteur du Marquis des Saffras, — mot patois qui dit, même avant que le livre soit ouvert, quelle est la variété de paysan à laquelle il a consacré ses facultés d’observation et de peinture, — lui donc, l’auteur du Marquis des Saffras, sait parfaitement qu’il n’y a pas plus de paysans en général que d’hommes en général, et que, quand on se sert de ce mot-là, fût-on Balzac lui-même, il faut ajouter une épithète au substantif et particulariser comme la nature.

2348. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Le contraste des livres qu’il publia avec les romans et les contes qu’il avait publiés, servit énormément à ses premières publications, et en augmenta rétrospectivement la valeur.

2349. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

En vain l’a-t-il fait aussi, comme Christian, victime de l’absence d’éducation morale, cette plaie du siècle, et le ramène-t-il à l’ordre et à la vraie destinée par le sentiment paternel, comme il y a ramené Christian par l’amour ; en vain la scène du verre de champagne accepté, qui l’introduit dans le roman, est-elle charmante et attendrie, ce personnage de Chambornay nuit plus qu’il ne sert au développement du livre, et, avec le talent mâle, sobre et qui se ménage si peu de l’auteur, avec ce talent qui sait revenir si courageusement sur lui-même pour s’opérer de ses propres mains, on est étonné qu’il n’ait pas sacrifié et remplacé cette figure selon nous malvenue à travers toutes les autres qui le sontsi bien.

2350. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Le pédantisme italien (je me sers de ce terme à défaut d’un terme absent) a trouvé son expression dans les caricatures de Léonard de Vinci et dans les scènes de mœurs de Pinelli.

2351. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Avec la différence des temps, la modération de désir recommandée par le fougueux satirique de Paros sert d’exemple à celle d’Horace49 : « Je ne me soucie nullement, avait dit Archiloque, des trésors de l’opulent Gygès ; jamais je ne fus pris du sentiment de l’envie ; je n’ambitionne pas les grandeurs des Dieux, ni je n’aspire aux pompes de la tyrannie ; je la laisse bien loin en arrière de mes regards. » À cette modération se joint l’abandon au destin, ou à la Providence.

2352. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Souvent il traîne, souvent il s’appesantit sur le détail et sur un détail qui, vraiment, importe peu à l’ensemble et ne lui sert de rien ou du moins ne lui sert pas d’un grand ornement. […] Mais encore, au point de vue pratique, est-ce bien servir les intérêts de Shakespeare ? […] Il a été servi par les circonstances. […] La petite nièce pourra entrer dans ce plan, y prendre sa place, servir à quelque chose. […] Dans une « notule » qui sert comme de préface ou postface à son Démosthénès, M. 

2353. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

C’est le moment où Chateaubriand accepte de servir le premier Consul, et où Joubert parlant du héros de Marengo s’écrie : « Je l’aime ! […] Ozanam, dans une lettre du 15 mars 1832, il confessait que les besoins intellectuels sont immenses, que la science loin de les combler ne sert qu’à en faire voir toute l’étendue et conduit l’homme au désespoir, en lui montrant l’impossibilité d’arriver à la perfection. […] Je dirai seulement que dans tous les sujets choisis par Mme de Duras il est facile de découvrir une pensée unique qui sert de lien entre ses différents écrits, et cette pensée c’est l’impossibilité d’être heureux. […] Mais quelle que soit sa nuance, le romantisme atteint alors sa plus large extension, et il nous faut demander encore à cette phase de son histoire les nouveaux documents qui doivent servir à celle de la maladie du siècle. […] vers le même temps, mieux servis dans leur désespoir.

2354. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Me voici entre les mains d’un homme sans scrupules… Si tu mourais, comme tu dis, à quoi cela me servirait-il ? […] Mme Linde . — Non, cela ne servirait à rien. […] Il est à remarquer que les êtres les meilleurs, ceux qui sont le plus capables d’aimer d’une manière effective et de servir l’humanité tout entière, sont presque incapables de violentes passions amoureuses. […] Elle remplit auprès de sa bienfaitrice les fonctions d’une sorte de demoiselle de compagnie ; mais, enfin, elle n’est toujours qu’une serve. […] Un abîme sépare la serve de son jeune seigneur, et elle ne l’ignore point.

2355. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Sans s’inquiéter, autant que d’ingénieux publicistes, de l’endroit précis où se trouve le ressort actif du mouvement, la majorité de la société actuelle, de cette classe ou riche, ou moyenne et industrielle, sur laquelle on s’est principalement fondé, profite du mouvement lui-même : sans faire de si soudaines différences entre ce qui s’est succédé au pouvoir depuis quelques années, elle semble trouver qu’en général le principe est le même et qu’on la sert à peu près à souhait. […] Beaucoup d’hommes ont concouru à ma délivrance : le Directoire qui ordonna de nous réclamer ; les Directeurs et les ministres qui recommandèrent cet ordre ; le collègue plénipotentiaire qui s’en occupa ; certes, autant que lui, tant d’autres qui nous servirent de leur autorité, de leur talent, de leur dévouement ; il n’en est point à qui j’aie témoigné avec autant d’éclat et d’abandon une reconnaissance sans bornes, sans autres bornes du moins que mes devoirs envers la liberté et la patrie. […] Avec sa méthode et son caractère, La Fayette ne l’eût jamais été ; il s’usait honorablement à maintenir l’ordre ou à modérer le désordre, à servir la cour malgré elle, à, retenir Louis XVI dans la lettre de la Constitution ; il s’est toujours livré, nous dit-il lui-même (et, à dater de cette époque, je crois le mot exact), aux moindres espérances d’obtenir, dans la recherche et la pratique de la liberté, le concours paisible des autorités existantes. […] Il en résulte qu’à moins d’une très-grande occasion de servir à ma manière la liberté et mon pays, ma vie politique est finie.

2356. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

L’objet de l’astronomie n’est pas de fournir matière à d’immenses calculs et à des cosmogonies poétiques, mais de servir à la géographie, et de guider la navigation. […] Le crime succéda au crime, la honte à la honte, jusqu’à ce que la race maudite de Dieu et des hommes fût une seconde fois chassée pour errer sur la face de la terre, pour servir de proverbe aux peuples et pour être montrée au doigt par les nations1368. […] S’il introduit un homme d’État, il l’annonce toujours par quelque grand mot : c’était « le plus insinuant », ou bien « le plus équitable », ou bien « le plus instruit », ou bien « le plus acharné et le plus débauché » de tous les politiques d’alors. —  Mais ses grandes qualités le servent aussi bien là-dessus que ces machines littéraires un peu trop visibles, un peu trop nombreuses, un peu trop grossières. […] Et pourtant l’historien reste orateur ; car il a choisi tous ces faits pour mettre en lumière la perfidie des assassins et l’horreur du massacre, et il s’en servira plus tard pour demander, avec toute la puissance de la passion et de la logique, la punition des criminels.

2357. (1893) Alfred de Musset

Il a retrouvé un petit peigne cassé qui avait servi à George Sand, et il va partout avec ce débris dans sa poche. […] Les efforts de la Muse pour apaiser son enfant ne servent qu’à faire éclater la foudre : LE POÈTE. […] La ville tout entière, pour qui sait comprendre ce que racontent les pierres, servait d’illustration et de commentaire aux vieilles chroniques florentines. […] Le chaste amour d’une jeune fille pure a servi de bouclier au mauvais sujet, qu’il préserve du châtiment. […] Il est servi par un art compliqué et savant, au prix duquel celui du Cénacle n’était que jeu d’enfant, et qui semble un peu byzantin, comparé au libre et puissant développement de la phrase romantique.

2358. (1887) George Sand

Bénédict, dans Valentine, ne s’imagine pas non plus que son intelligence ou ses bras puissent servir à autre chose. […] Elle déclare elle-même, avec un éclectisme très dégagé et une spirituelle tolérance, que toute manière est bonne et tout sujet fécond pour qui sait s’en servir. […] Quand elle ne servirait qu’à nous consoler, par quelques-unes de ses œuvres, de l’excès et du débordement du naturalisme contemporain, elle aurait eu raison d’écrire, même pour nous, même pour ce qui s’appelle la postérité. […] Ce que j’en pense n’a pas grand intérêt à rapporter ; mais le phénomène que j’y cherchais et que j’y ai trouvé est assez curieux et peut vous servir. » Elle était, à ce moment, tombée dans un de ces états de stérilité passagère que connaissent tous les écrivains. […] Enfin, il faut savoir l’escrime à fond avant de se servir de l’épée.

2359. (1925) Comment on devient écrivain

Il avait aisément consenti à servir Madame Bovary par tranches, dans une feuille périodique, et c’est une voie de publicité autrement rapide et large que le livre ».‌ […] Ce n’est pas notre faute, si on ne sait pas se servir d’un bon instrument. […] Gibbon s’est beaucoup servi de Tillemont pour son grand ouvrage sur la décadence de l’empire romain. […] Le cliché, c’est l’expression qui a servi, mais pompeuse et prétentieuse, et qu’on emploie au lieu du mot propre83. […] « Il s’appuie sur la doctrine des Pères, dit Gandar ; il se sert même de leurs expressions ; il les imite, il les traduit ou les paraphrase.

2360. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Or ces analogies heureuses n’avaient guère servi de rien à notre langue en poésie, jusqu’à ce qu’André Chénier fût venu montrer qu’il n’était pas impossible d’y revenir. […] Dans sa flamme amoureuse croissante, il s’écrie : « Ni la boucle de cheveux de Timo, ni la sandale d’Héliodora, ni le vestibule de la petite Démo, toujours arrosé de parfums, ni le tendre sourire d’Anticlée aux grands yeux, ni les couronnes fraîchement écloses de Dorothée, non, non, ton carquois, Amour, ne cache plus rien de ce qui te servait hier encore de flèches ailées ; car en moi sont tous les traits127. » Il diversifie cette pensée, et, y entremêlant d’autres noms, il se plaît à la redire, non point en pure fantaisie, mais d’un accent pénétré : « J’en jure par la frisure de Timo aux belles boucles amoureuses, par le corps odorant de Démo, dont le parfum enchante les songes, j’en jure encore par les jeux aimables d’Ilias, j’en jure par cette lampe vigilante qui s’enivre, chaque nuit, de mes chansons, je n’ai plus sur les lèvres qu’un tout petit souffle que tu m’as laissé, Amour ; mais si tu le veux, dis, et ce reste encore, je l’exhalerai. » C’est là sa plainte constante, c’est son vœu, même lorsqu’il a l’air de crier merci : « Le son de l’amour plonge sans cesse en mes oreilles, mon œil offre en silence sa douce larme aux désirs ; ni la nuit ni le jour n’ont endormi le mal, mais l’empreinte des filtres est déjà reconnaissable à plus d’un endroit dans mon cœur.

2361. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Cette idée seule d’une tendresse enfantine (dont tu ris maintenant avec raison, et qui cependant pourrait servir de matière à de jolis vers) est gracieuse et vraie. […] Auguste Bernard et l’autorité qu’il s’est acquise sur le sujet me serviront d’excuse, si je me prends directement à son opinion, qui rallierait au besoin plus d’un partisan.

2362. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

. —  Pareillement, quand nous lisons une tragédie grecque, notre premier soin doit être de nous figurer des Grecs, c’est-à-dire des hommes qui vivent à demi nus, dans des gymnases ou sur des places publiques, sous un ciel éclatant, en face des plus fins et des plus nobles paysages, occupés à se faire un corps agile et fort, à converser, à discuter, à voter, à exécuter des pirateries patriotiques, du reste oisifs et sobres, ayant pour ameublement trois cruches dans leur maison, et pour provisions deux anchois dans une jarre d’huile, servis par des esclaves qui leur laissent le loisir de cultiver leur esprit et d’exercer leurs membres, sans autre souci que le désir d’avoir la plus belle ville, les plus belles processions, les plus belles idées et les plus beaux hommes. […] Cette divination précise et prouvée des sentiments évanouis a, de nos jours, renouvelé l’histoire ; on l’ignorait presque entièrement au siècle dernier ; on se représentait les hommes de toute race et de tout siècle comme à peu près semblables, le Grec, le barbare, l’Indou, l’homme de la Renaissance et l’homme du dix-huitième siècle comme coulés dans le même moule, et cela d’après une certaine conception abstraite, qui servait pour tout le genre humain.

2363. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

« Tu me fais chef des peuples ; « Les fils de l’étranger me servent et m’exaltent. […] Je les retrouve dans mes notes écrites sur la selle de mon chameau qui me servait d’oreiller et de table.

2364. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Elle ferma les yeux, baissa le front, se recueillit sous la main invisible qui la bénissait, et, ne pouvant pas se servir de ses mains liées, elle fit le signe de la croix sur sa poitrine par trois mouvements de sa tête. […] — Non, répliqua le duc d’Orléans, je te remercie ; mais je ne veux d’autre œil que le mien dans ma conscience, et je n’ai besoin que de moi seul pour mourir en bon citoyen. » Il se fit servir à déjeuner, mangea et but avec appétit, mais non jusqu’à l’ivresse.

2365. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

L’homme sert beaucoup à expliquer le livre. II Il y avait, vers la fin du dix-septième siècle, dans les environs de Stettin, en Poméranie, une famille d’antique origine de ce nom qui servait l’électeur de Brandebourg, plus tard roi de Prusse, dans les armes et dans la diplomatie.

2366. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

La Chanson de Roland exalte les deux plus purs sentiments qui fussent dans les cœurs en leur proposant les plus hauts objets où ils pouvaient s’adresser : Charlemagne à servir, l’infidèle à combattre. […] À peine vainqueur, il songera à aller servir « au Temple » à Saint-Jean d’Acre ; et le médiocre continuateur du vieux poème a bien dégagé l’idée-mère du sujet, quand il montre Bernier usant sa vie sur les chemins, en pèlerinages lointains, pour expier, jusqu’au jour où le roux Ceri, oncle de Raoul, lui casse la tête d’un coup de son lourd étrier sur le lieu même où jadis il a tué son seigneur.

2367. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Ce sont ces ténèbres de la mort et de l’inconnu qui servent de toile de fond, dans ses romans, aux drames fourmillants de la vie, et qui se glissent dans les interstices de ces tableaux mêmes. […] En attendant, dépêchez-vous d’aimer ces écrivains des neiges et du brouillard ; aimez-les pendant qu’on les aime, et qu’on y croit, et qu’ils peuvent encore agir sur vous  comme il faut se servir des remèdes à la mode pendant qu’ils guérissent.

2368. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Il faut seulement que cette protection ne soit point oppressive de la liberté individuelle, et serve même à la développer. […] Alphonse Daudet Ce que l’on va rendre à la terre cet après-midi, c’est l’enveloppe mortelle d’une âme charmante, servie par les sens les plus fins et qui sut exprimer par des mots les frissons qu’elle recevait des hommes et des choses ; âme infiniment impressionnable, tendre, frémissante, aimante.

2369. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Voilà vingt ans que l’on sert la même pièce aux fanatiques de spectacle ; ils ne s’en aperçoivent pas. […] celui-là est au-dessus de tout ; car c’est la seule forme littéraire qui réunisse les Beaux-Arts aux Belles-Lettres, et où la beauté plastique et la beauté vocale servent incomparablement la beauté verbale.

2370. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Les domestiques tristes, ennuyés, compassés, apportent dans leur service un certain dédain des gens qu’ils servent : dédain qui me fait plaisir, comme une manifestation réactionnaire. […] Sauf deux ou trois bâtonnets de couleur de son pays, entre autres une espèce de jaune, couleur de gomme gutte, et du bleu verdâtre, l’artiste se servait de couleurs au miel, de couleurs européennes.

2371. (1772) Éloge de Racine pp. -

Quand cette même Athènes voulait témoigner sa reconnaissance à l’orateur qui avait servi l’état et charmé ses concitoyens, elle décernait à Démosthène une couronne d’or ; et, si quelque rival ou quelque ennemi, usant du privilége de la liberté, réclamait contre cet honneur, les nations accouraient de toutes les contrées de la Grèce pour assister à ce combat des talens contre l’envie, et proclamer la victoire d’un grand homme. […] Qu’on y reconnaît le vieux guerrier, qui voudrait, s’il était possible, n’employer que les armes pour la révolution qu’il médite, mais qui, réduit à descendre jusqu’à l’intrigue, se sert habilement des passions mêmes qu’il méprise !

2372. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Et, d’ailleurs, n’importe où, ni dans leurs romans, ni dans leurs poèmes (Moore a fait un poème fashionable), ni dans Don Juan, la plus belle œuvre que le dandysme, servi par une tête de génie, ait créée jamais, la pensée anglaise n’a exprimé sur cette haute question d’art humain et d’esthétique sociale — l’élégance dans la vie !  […] Mais il y a mieux que la renommée : c’est le talent qui sert à la conquérir.

2373. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Après les générations de l’Empire qui avaient servi, administré, combattu, il en vint d’autres qui étudièrent, qui discutèrent, qui rêvèrent.

2374. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Elle lui répond donc dans ce sens de sévérité : Mon très cher neveu, ce sera la dernière fois que je me servirai de ce titre ; autant que vous m’avez été cher, vous me serez indifférent, n’y ayant plus de reprise en vous pour y fonder une amitié qui soit singulière.

2375. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Il le cite souvent, le réfute, s’en moque, s’en sert, lui arrange son Credo, le lui aiguise, le lui émoustille, et glisse ses propres pensées sous son nom.

2376. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

. — Sur la même place est un grand bâtiment dit Muséum qui est le casino des professeurs et des étudiants, des bourgeois et des étrangers, immense collection de journaux où règne le silence dans les salons de lecture, et qui contient une bibliothèque libéralement servie, des salles de conversation paisible, un vaste salon de concerts, institution des plus honorables (j’omets la fameuse bibliothèque de Heidelberg qui est à la disposition du public). — Enfin je me trouve ici sollicité par une prodigieuse envie de tout lire, de tout entendre, de tout voir et de tout dire, — de m’emparer de la langue la plus familière, de tous les cours, de tous les professeurs, de tous les journaux, de tous les livres, de tous les paysages et de toutes les montagnes.

2377. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Mme Pierson, durant toute cette première situation attachante, est une personne à part, à la fois campagnarde et dame, qui a été rosière et qui sait le piano, un peu sœur de charité et dévote, un peu sensible et tendre autant que Mlle de Liron ou que Caliste : « Elle était allée l’hiver à Paris ; de temps en temps elle effleurait le monde ; ce qu’elle en voyait servait de thème, et le reste était deviné. » Ou encore : « Je ne sais quoi vous disait que la douce sérénité de son front n’était pas venue de ce monde, mais qu’elle l’avait reçue de Dieu et qu’elle la lui rapporterait fidèlement, malgré les hommes, sans en rien perdre ; et il y avait des moments où l’on se rappelait la ménagère qui, lorsque le vent souffle, met la main devant son flambeau76. » Pour bien apprécier et connaître cette charmante Mme Pierson, il faudrait, après avoir lu la veille les deux premières parties de la Confession, s’arrêter là exactement, et le lendemain matin, au réveil, commencer à la troisième partie, et s’y arrêter juste sans entamer la quatrième : on aurait ainsi une image bien nuancée et distincte dans sa fraîche légèreté.

2378. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Quelle plus haute pensée, par exemple, que celle-ci, qui pourrait servir comme d’épigraphe et de devise à la vie du grand réformateur : « Il faut faire de ces œuvres et de ces actions qui subsistent indépendamment des passions différentes des hommes ! 

2379. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Vers ce même temps, Casanova fut présenté chez une courtisane et actrice à la mode, J…, qu’il trouva singulière, et aux impertinences de laquelle il résista : « Chaque fois qu’elle me regardait, elle se servait d’un lorgnon, ou bien elle rétrécissait ses paupières comme si elle eût voulu me priver de l’honneur de voir entièrement ses yeux, dont la beauté était incontestable : ils étaient bleus, merveilleusement bien fendus, à fleur de tête et enluminés d’un iris inconcevable que la nature ne donne quelquefois qu’à la jeunesse, et qui disparaît d’ordinaire vers les quarante ans, après avoir fait des miracles.

2380. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

On n’entre jamais ici dans un atelier sans inquiétude ; fussiez-vous prince et bordé d’or, ces gamins en manches sales vous auront pesé en une minute, tout gros monsieur que vous êtes, et il est presque sûr que vous leur servirez de marionnette à la sortie du soir.

2381. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Il reconnaît que Jupiter à « mis deux tables au monde ; que l’adroit, le fort, le vigilant sont assis à la première, et que les petits mangent leurs restes à la seconde. » Bien pis, le plus souvent les petits servent de festin aux autres.

2382. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Elle ne sert qu’à l’analyse : ses qualités les plus exquises la rendent impuissante aux synthèses.

2383. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il servit de trait d’union entre l’Académie des Inscriptions et celle de Peinture et Sculpture.

2384. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

De plus, sa thèse si copieuse m’indiqua tout ce qu’on ne m’avait pas appris, les instruments de travail, les sources d’information qui doivent servir à l’étude du théâtre du XVIIIe siècle : c’est sur ses pas que je montai les cinq ou six étages au sommet desquels M. 

2385. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

C’est à cette heure l’écrivain dont je me suis aperçu que je me servais le plus comme pierre de touche du goût d’un interlocuteur nouveau « Qu’est-ce que vous pensez d’Adam ? 

2386. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Il ne servirait de rien, pour essayer de dissimuler cette antinomie, de nier du point de vue biologique et psychologique, la réalité du moi individuel38.

2387. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Pour un observateur, entraîné lui-même dans une translation dont il ne se doute pas, aucune vitesse apparente ne pourrait non plus dépasser celle de la lumière ; et ce serait là une contradiction, si l’on ne se rappelait que cet observateur ne se servirait pas des mêmes horloges qu’un observateur fixe, mais bien d’horloges marquant le « temps local ».

2388. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

  Ainsi, le logis de Verlaine, pour si dénué qu’il fût d’agréments, servait de cadre à de délicats entretiens, mais la mort de sa mère, au bout de quelques mois, vint en bouleverser le cours.

2389. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Les cours et les portiques environnants servaient journellement de rendez-vous à une foule considérable, si bien que ce grand espace était à la fois le temple, le forum, le tribunal, l’université.

2390. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

III Après avoir déterminé l’objet et la méthode de la psychologie, il nous reste à chercher s’il n’y a pas un art auquel cette science puisse servir de base ; s’il n’y a pas quelque science dérivée, applicable à la vie pratique, qui suppose, comme science première, la connaissance générale des phénomènes de l’esprit.

2391. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

C’est ainsi que, prenant un à un les différents sentiments, les différentes passions qui peuvent servir de ressorts au drame, il nous en fait l’histoire chez les Grecs, chez les Latins, chez les modernes, avant et après le christianisme : « Chaque sentiment, dit-il, a son histoire, et cette histoire est curieuse, parce qu’elle est, pour ainsi dire, un abrégé de l’histoire de l’humanité. » M. de Chateaubriand avait, le premier chez nous, donné l’exemple de cette forme de critique ; dans son Génie du Christianisme, qui est si loin d’être un bon ouvrage, mais qui a ouvert tant de vues, il choisit les sentiments principaux du cœur humain, les caractères de père, de mère, d’époux et d’épouse, et il en suit l’expression chez les anciens et chez les modernes, en s’attachant à démontrer la qualité morale supérieure que le christianisme y a introduite, et qui doit profiter, selon lui, à la poésie.

2392. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

nous n’avions eu jusqu’ici qu’une vieille potence en bois, aujourd’hui le siècle marche, et nous voilà avec un bon gibet de pierre qui pourra servir à nos enfants et à nos petits-enfants !

2393. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Lorsque, il y a quelque temps déjà, nous écrivions ceci : « Dans l’œuvre du poète, le rythme est le geste de l’âme », l’image dont nous nous servions indiquait à elle seule que nous étions loin de conserver au mot rythme le sens étroit qu’il possède couramment.

2394. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Ces deux scènes ne se nuisent point, et servent très-naturellement, à la manière du Poussin, à donner à toute la composition une profondeur où par ce moyen, l’on distingue trois grands plans, celui des disputants rivaux et des juges, celui des curieux que la dispute appelle, et celui de la forêt ou du paysage.

2395. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Ces charitables académies de province ont été créées et mises au monde pour corriger les injustices, — pour laver les iniquités de la Ninive (Babylone a tant servi !)

2396. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée Qu’il me soit permis de réclamer ici un peu plus d’attention ; je me propose de pénétrer, pour me servir d’une expression énergique de Bacon, dans l’intimité même des choses.

2397. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Doux comme son nom, il ne se vengea pas plus fort que cela de l’ingratitude des rois qu’il avait tant servis !

2398. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Theiner s’est servi quand il a cherché à repousser les assertions de Crétineau-Joly.

2399. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Quant à des mortifications plus hautes, de celles qui allaient plus loin que la chair et ses frissons, elle dit, à l’heure de sa mort, qu’on remportât le crucifix qui avait servi à son père pour mourir.

2400. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Il la trouve même utile et il s’en sert contre l’homme… Justicier inférieur, ne comprenant la justice que comme un talion, il oppose la femme à l’amant, l’entretenue à l’entreteneur.

2401. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

ayant assurément plus de talent de plume, si elle voulait s’en servir, que les faiseuses de livres qui mettent bas pour l’heure tant de volumes, mais se contentant d’écrire des lettres où elle a versé toute son âme, — et c’est ainsi qu’elle a prouvé une fois de plus que le génie de la femme n’est que là où elle a mis le sien.

2402. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

A quoi sert qu’ils soient assis ?

2403. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Le prince est, pour ainsi dire, forcé par son siècle ; la voix publique lui sert de loi ; d’ailleurs il s’honore lui-même, et alors il n’y a presque que de l’orgueil à être juste.

2404. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Ils s’en servaient pour tracer des cercles astronomiques, comme depuis les magiciens dans leurs enchantemens.

2405. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

L’âme méditative de Saint-Cyr de Rayssac était servie par des sens exquis. […] Ainsi sa vie servait de témoignage à sa doctrine du renoncement et de l’indifférence. […] Il me sert aussi beaucoup pour l’intelligence de Corneille et de Molière, car personne ne le surpasse en culture classique. […] Je crois bien qu’en effet il use la langue, puisqu’il s’en sert. […] Il aime à changer de maître, mais il sert toujours.

2406. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

.” — Je les verrai… » On a beaucoup médit de M. de Humboldt depuis sa mort ; on lui a rendu la monnaie des épigrammes dont il ne se faisait pas faute envers ses contemporains ; mais, des esprits supérieurs, il convient surtout de ne pas perdre de vue le grand côté, et le côté élevé d’Alexandre de Humboldt, son honneur durable devant la postérité, c’est son amour pour la science, pour l’avancement des connaissances humaines et, par suite, pour la docte et laborieuse jeunesse qu’il estimait capable de les servir ; cet amour et cette flamme, il les conserva dans toute leur vivacité jusqu’à sa dernière heure, et sa conversation avec Gandar nous en est un nouvel et intéressant témoignage. […] Ce n’est pas un héros, non : ce n’est qu’un homme, mais qui unit à la beauté du visage la bonté du cœur, à la santé du corps la vigueur de l’esprit, la prudence d’un sage au génie d’un poète. » Gandar en chaire ne s’aventurait d’abord qu’avec précaution, bride en main, parcourant de l’œil des notes qui lui servaient de point d’appui : ce ne fut qu’à la troisième année qu’il fit le grand pas, laissa de côté tous les papiers et se lança en pleine mer sur la foi de sa seule parole. […] On a trouvé dans les papiers de Colbert la note suivante, qu’un correspondant bien informé adressait au ministre, au sujet de l’abbé Bossuet, alors âgé de trente-cinq ans (1662) : « Attaché aux jésuites et à ceux qui peuvent faire sa fortune plutôt par intérêt que par inclination, car naturellement il est assez libre, fin, railleur et se mettant fort au-dessus de beaucoup de choses. — Ainsi, lorsqu’il verra un parti qui conduit à la fortune, il y donnera, quel qu’il soit, et il pourra servir utilement170. » Quel qu’il soit n’est pas juste, et rien dans la vie de Bossuet n’autoriserait cette idée d’une ambition à tout prix ; c’est un mot mis à la légère.

2407. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Zola la convention que la liquidation de la maison Lacroix avait annulée : mais il est trop intelligent pour en demander l’exécution fidèle, Il laisse à l’artiste le temps de mûrir ses œuvres, et au lieu de la modique pension qu’il était engagé à lui servir, il lui accorde sa part de bénéfices. […] Si les notes étaient admises dans le roman, monsieur Zola indiquerait certainement les ouvrages qu’il a consultés, les passages dont il s’est plus ; spécialement servi. […] Puis quand il lui est bien prouvé que le public est plus avancé qu’elle et qu’il ne sert plus à rien de regretter les « maîtres du temps passé », les « romanciers comme ceux dont nos romanciers sont les fils abâtardis, le grand art qui marche vers la ruine complète », etc.  

2408. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

De même, les paysages intéressent davantage quand ils ne font que servir de cadre à l’action, qu’ils l’appuient ou lui font repoussoir, qu’ils ne se trouvent pas mis là en dehors et comme à côté de l’intérêt dramatique. […] Le romancier a figuré grossièrement ce suicide moral en faisant remettre par Charlotte elle-même le pistolet dont Werther se servira pour se tuer. […] Cette œuvre, qui dans ses petites dimensions est assurément un chef-d’œuvre, a eu l’avantage de servir de transition entre Stendhal et Flaubert ; nous voulons parler de la Carmen de Mérimée56.

2409. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Fouillée, les passages de Platon qui semblent contredire le texte formel de l’Apologie ; dans Platon, le signe divin s’oppose toujours et n’incite jamais, ou bien il défend et permet successivement, dans une même question, selon les cas qui se présentent ; il est clair qu’alors il permet implicitement parce qu’il s’abstient de défendre ; selon Xénophon, il aurait donné aussi des conseils positifs ; mais les textes de Platon sont si précis qu’il faut en conclure ou que Xénophon avait mal observé les habitudes de son maître, ou qu’en écrivant les Mémorables il fut mal servi par ses souvenirs sur ce point particulier210. […] Nous ne tenons pas pour authentique le Théagès, dont l’auteur s’est emparé de ce mot […], et en a abusé pour donner à son récit plus de couleur et un caractère plus merveilleux ; mais le texte de l’Apologie l’autorisait du moins à s’en servir. […] Mais c’est qu’alors la passion s’en mêle à quelque degré, et, si la volonté intervient, elle ne fait que servir d’appoint à la passion.

2410. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

C’est ainsi qu’en juxtaposant certaines lettres d’un alphabet commun à bien des langues on imitera tant bien que mal tel son caractéristique, propre à une langue déterminée ; mais aucune de ces lettres n’avait servi à composer le son lui-même. […] Or, s’il opte pour OX, la ligne OY n’en subsistera pas moins ; s’il se décide pour OY, le chemin OX demeurera ouvert, attendant, au besoin, que le moi revienne sur ses pas pour s’en servir. […] Même si ce sentiment s’est traduit finalement par quelque démarches de nature déterminée, comparable à la position d’une planète dans l’espace, la connaissance de cet acte ne me servira guère à apprécier l’influence du sentiment sur l’ensemble d’une histoire, et c’est cette influence qu’il s’agit de connaître.

2411. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

. —  En quoi ce goût l’a servi. —  Childe Harold. […] La tempête de ses colères et de ses efforts n’a servi qu’à le leur jeter en pâture, et il n’arrive sous leurs becs ou sous leurs mâchoires qu’avec le sentiment de ses espérances frustrées et de ses désirs inassouvis. […] S’il s’est enfoncé dans les arts magiques, ce n’est point par curiosité d’alchimiste, c’est par audace de révolté. « Dès ma jeunesse, mon âme n’a point marché avec les âmes des hommes, —  et n’a point regardé la terre avec des yeux d’homme. —  La soif de leur ambition n’était point la mienne. —  Le but de leur vie n’était pas le mien. —  Mes joies, mes peines, mes passions, mes facultés — me faisaient étranger dans leur bande ; je portais leur forme, —  mais je n’avais point de sympathie avec la chair vivante… —  Je ne pouvais point dompter et plier ma nature, car celui-là — doit servir qui veut commander ; il doit caresser, supplier, —  épier tous les moments, s’insinuer dans toutes les places, —  être un mensonge vivant, s’il veut devenir — une créature puissante parmi les viles, —  et telle est la foule ; je dédaignais de me mêler dans un troupeau, —  troupeau de loups, même pour les conduire1290… —  Ma joie était dans la solitude, pour respirer — l’air difficile de la cime glacée des montagnes, —  où les oiseaux n’osent point bâtir, où l’aile des insectes — ne vient point effleurer le granit sans herbe, pour me plonger — dans le torrent et m’y rouler — dans le rapide tourbillon des vagues entre-choquées, —  pour suivre à travers la nuit la lune mouvante, —  les étoiles et leur marche, pour saisir — les éclairs éblouissants jusqu’à ce que mes yeux devinssent troubles, —  ou pour regarder, l’oreille attentive, les feuilles dispersées, —  lorsque les vents d’automne chantaient leur chanson du soir. —  C’étaient là mes passe-temps, et surtout d’être seul ; —  car si les créatures de l’espèce dont j’étais, —  avec dégoût d’en être, me croisaient dans mon sentier, —  je me sentais dégradé et retombé jusqu’à elles, et je n’étais plus qu’argile1291. » Il vit seul, et il ne peut pas vivre seul. […] From my youth upwards My spirit walk’d not with the souls of men, Nor look’d upon the earth with human eyes ; The thirst of their ambition was not mine ; The aim of their existence was not mine ; My joys, my griefs, my passions, and my powers, Made me a stranger ; though I wore the form, I had not sympathy with breathing flesh… …………… I could not tame my nature down ; for he Must serve who fain would sway — and soothe — and sue — And watch all time — and pry into all place — And be a living lie — who would become A mighty thing upon the mean, and such The mass are ; I disdain’d to mingle with A herd, though to be leader — and of wolves… 1291.

2412. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Elle est devenue un fait collectif, un fait social, car le groupement pressé de celles qui tiennent une plume, et qui s’en servent, suffirait à retenir l’attention de quiconque s’intéresse aux modifications de la Société, considérée comme un vivant organisme. […] » Boutade expressive d’un philosophe parvenu au soir de la vie, et qui trop souvent à son aurore oublia, parmi les longues tresses dénouées, combien courtes pouvaient être les idées de celles à qui leur beauté servait alors de suffisante excuse ! […] De quoi lui serviront d’ailleurs et le dévouement, et la sincérité de cet amour ? […] Pour eux désormais, il n’y aura plus que tortures, douleur d’aimer succédant aux premières délices, et si jamais œuvre d’art pouvait servir à l’édification morale de qui la voit ou l’entend, on ne saurait imaginer tableau plus propre à détourner du mal sacré deux êtres qu’un invincible attrait rapprocha pour les mieux tenailler par la suite. […] Cette pièce intitulée Atthis, qui célèbre la mélancolie d’un amour, pourrait servir d’épigraphe à l’œuvre de notre jeune poétesse, car elle traduit l’irréparable tristesse d’appétitions vers un passé que le rêve seul est habile à revivre.

2413. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

L’empereur, nous le savons par les lettres de Fabre, reçut la comtesse avec courtoisie, mais avec une courtoisie un peu ironique dans la forme, et au fond singulièrement impérieuse : « Je sais », lui dit-il, « quelle est votre influence sur la société florentine ; je sais aussi que vous vous en servez dans un sens opposé à ma politique ; vous êtes un obstacle à mes projets de fusion entre les Toscans et les Français. […] Le cardinal d’York et les prêtres de sa cour sont humblement servis et adulés par lui.

2414. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Parmi les raisons dont se sert Chimène pour se convaincre de son devoir, combien, pour quelques-unes très solides, n’en donne-t-elle pas qui sont seulement ingénieuses ! […] Non qu’il ne sentît cette servitude de la mode : « J’ai cru jusqu’ici, écrit-il à Saint-Evremond, que la passion de l’amour est trop chargée de faiblesse pour être la dominante d’une pièce héroïque ; j’aime qu’elle y serve d’ornement et non de corps. » Mais cette mesure n’est-elle pas chimérique ?

2415. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Mais les financiers n’ont pas été seulement les patrons des écrivains : souvent aussi, ils leur ont servi de plastrons ; ils ont été pour eux des modèles qu’ils ont transportés tout vivants sur la scène ou dans le roman. […] Les idées, auxquelles les œuvres littéraires servent de véhicule, sont formées en partie par l’état du monde environnant.

2416. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Cet état transitif d’opposition de forces devient un moyen de dissociation et d’association tout ensemble entre les états opposés : il les réunit en les divisant et sert de pont entre les deux. […] Une vague et passive modification, qui serait tout le contenu de ma conscience, ne me servirait à rien, n’aurait aucune fonction et aucune relation, n’aboutirait à aucun mouvement déterminé et de large conséquence.

2417. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Le prologue marque le lien qui existe dans la pensée du poète entre Les Destins et La Justice ; il reprend l’idée qui a servi de conclusion à son dernier livre : Une œuvre s’accomplit, obscure et formidable Nul ne discerne, avant d’en connaître la fin, Le véritable mal et le bien véritable ; L’accuser est stérile, et la défendre vain. […] C’est le devoir de la critique de faire l’examen de conscience du public, le nôtre et celui du poète, et de chercher les raisons de cette hésitation ou de cette froideur qui semblent injustes. — Il ne servirait de rien d’accuser le public, son incompétence, sa frivolité, son peu de goût pour les matières abstraites, son visible ennui « dès que le sujet traité cesse d’être aisément accessible aux esprits de moyenne culture ».

2418. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Et à juste titre il s’est peu servi de la rime, qui depuis les excès des Parnassiens, est devenue à nos oreilles tellement insupportable, qu’une rime riche maintenant nous paraît plutôt une faute de goût et un manque de beauté qu’une preuve d’art ou de sentiment. » Son âme, qui s’apparente parfois à celle des poétesses ultra-romantiques, se complaît dans des décors de nature idéalisée suivant le cœur de Mme de Staël. […] Elles sont enguirlandées de mélisse et de réglisse, de cityses et de citrons, de résine et de menthe dont elle excelle à pénétrer, à saturer ses poèmes, comme des sachets avec un sens de l’olfactif qui aromatise le terme et donne à l’expression quelque chose d’odorant qui ne se rencontre avec cette intensité que dans le style de d’Annunzio. » Servie par une culture très classique et un sensualisme très païen, elle sait le prix de l’heure qui s’enfuit.

2419. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Mais je m’étonne que l’immoralité patente : salacité, mensonge, cruauté, qui sert de four à Gothon Connixloobc ne lui soit apparue. […] L’obtention de ce prix a provoqué une polémique dont témoigne Fernand Vandérem, qui conteste l’exigence faite au roman primé de servir les bonnes mœurs.

2420. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Le livre est plein : The table is full , comme dans Macbeth, et Proudhon sert à tous et répand sur tous son brouet de familiarités grossières. […] fait, par l’âme et la vie, avec Rousseau, le plus magnifique des contrastes, et si on avait besoin d’un argument contre Proudhon lui-même, le grand égalitaire, pour lui prouver qu’un homme n’est jamais l’égal d’un autre homme, on pourrait se servir victorieusement de celui-là.

2421. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

sont des vers avortés d’expression autant que d’idée, et ces vers manqués ne sont qu’un accident de la pensée, de peu d’importance en comparaison de la pauvreté et du dérangement intellectuels de cette tête à métaphores qui nous sert l’azur pour l’église, Dieu pour le prêtre, la lune pour l’hostie et l’élévation. […] Ajoutons à ces torrents d’éloges deux ou trois égratignures, de parti pris aussi, faites en tremblant sur le marbre qu’elles ont cru rayer, mais, en réalité, rien d’appuyé, d’allant droit au cœur de l’œuvre, tout en respectant le poète et la langue dont on se sert pour lui parler ; rien que de la critique de bout d’ongles et d’ongles taillés trop fin pour ne pas casser.

2422. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Ce que l’entomologiste fait, quand il darde adroitement son épingle entre les segments articulés d’un insecte qu’il pique et fixe pour l’observer, MM. de Goncourt l’ont fait pour le catholicisme, qu’ils voulaient aussi observer et surtout faire observer aux autres, et ils lui ont très bien enfoncé, entre les deux épaules, un tranquille couteau que je reconnais parfaitement pour être de la fabrique du xixe  siècle, et de ceux-là dont on se sert au Restaurant Magny, dans ces fameux dîners qu’on y fait, tous les quinze jours, contre Dieu. […] D’aucuns prétendaient que les premiers naturalistes, qui parurent comme des météores, impatients de leur ignorance, payaient généreusement pour se documenter ; et pour savoir, par exemple, comment on servait sur table dans les bonnes maisons et comme on lavait les voitures, ils versaient de nombreux bocks et quantité de petits verres aux domestiques et aux cochers, et c’est ainsi qu’on s’instruisait… Mais le moyen de se faire renseigner sûrement sur les premiers troubles des toutes petites filles, sur les premières rougeurs de ces aurores ?

2423. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Et elle est en tout cas incorrigible, de sorte qu’il ne sert à rien d’en rire. […] Il n’est pas rare qu’on se serve de ce moyen pour réfuter une idée en termes plus ou moins plaisants.

2424. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Après trois ou quatre ans donnés à la physique, à laquelle il eût été propre peut-être plus qu’à aucun autre objet, désirant surtout faire servir ses progrès personnels au bonheur des hommes, il suivit l’exemple de Pascal et de Socrate, il passa à l’étude de la morale ; et comme celle-ci ne trouve guère son application en grand et son développement qu’à l’aide des lois et des institutions civiles, il fut conduit nécessairement à s’occuper de politique : car nul esprit n’était plus docile que le sien à mettre en pratique et à suivre jusqu’au bout la série de conséquences qui s’offraient comme justes.

2425. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Telle fut l’origine de l’un de ses Mémoires, qui a servi de fond à l’Histoire générale des Langues sémitiques, et qui obtint le prix Volney (1847).

2426. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Profitant de sa situation excentrique en dehors de la capitale, il s’était fait un mode d’expression libre, franc, pittoresque, une langue moins encore genevoise de dialecte que véritablement composite  ; comme l’auteur des Essais, il s’était dit : « C’est aux paroles à servir et à suivre, et que le gascon y arrive, si le françois n’y peut aller. » Cette veine lui est heureuse en mainte page de ses écrits, de ses voyages ; il renouvelle ou crée de bien jolis mots.

2427. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

. — Cependant, dans ses églises et dans ses couvents, il conservait les anciennes acquisitions du genre humain, la langue latine, la littérature et la théologie chrétiennes, une portion de la littérature et des sciences païennes, l’architecture, la sculpture, la peinture, les arts et les industries qui servent au culte, les industries plus précieuses qui donnent à l’homme le pain, le vêtement et l’habitation, surtout la meilleure de toutes les acquisitions humaines et la plus contraire à l’humeur vagabonde du barbare pillard et paresseux, je veux dire l’habitude et le goût du travail.

2428. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

A quoi servent les radoteurs, sinon à faire rire les jeunes filles ? 

2429. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Les impuissances de l’auteur servent au développement du critique : il essaie le roman et la poésie, de façon à connaître le métier.

2430. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Pour parler dignement de l’outil qui sert si bien cette passion du Beau, je veux dire de son style, il ne faudrait jouir de ressources pareilles, de cette connaissance de la langue qui n’est jamais en défaut, de ce magnifique dictionnaire dont les feuillets, remués par un souffle divin, s’ouvrent toujours juste pour laisser jaillir le mot propre, le mot unique, enfin de ce sentiment de l’ordre qui met chaque trait et chaque touche à sa place naturelle et n’omet aucune nuance.

2431. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Que ces têtes étroites, ces ames mal nées indifférentes sur l’intérêt général, concentrées dans leurs petits intérêts ne voyent que ce qui les blesse, vous hommes de Lettres & dignes de ce nom, vous ne profanerez point une plume qui ne doit être consacrée qu’au bien public, en la faisant servir à l’orgueil d’immoler un rival ; c’est à vous de donner l’exemple de ce généreux désintéressement, de cette impartialité qu’on est en droit d’attendre de vous, & que vous exigeriez pour vous même..

2432. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Je me rappelle aussi une phrase très belle de Sainte-Beuve, qu’il est toujours flatteur de s’appliquer : « Il y a la race des hommes qui, lorsqu’ils découvrent autour d’eux un vice, une sottise ou littéraire ou morale, gardent le secret et ne songent qu’à s’en servir et à en profiter doucement dans la vie par des flatteries ou des alliances ; c’est le grand nombre, — et pourtant il y a la race de ceux qui, voyant ce faux et ce convenu hypocrite, n’ont pas de cesse que, sous une forme ou sous une autre, la vérité, comme ils la sentent, ne soit sortie et proférée : qu’il s’agisse de rimes ou même de choses un peu plus sérieuses, soyons de ceux-là. » 1.

2433. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Jésus lui-même, dans beaucoup de cas, se sert de manières de parler qui ne rentrent pas du tout dans la théorie apocalyptique.

2434. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

« Une murène, une vipère, qui empoisonnait tout ce qu’elle touchait. » Et ce voile dont elle s’est servi ?

2435. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

En descendant, il s’est remis à sa place : il pique les assiettes qu’il était fait pour servir.

2436. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Mais le plus grand charme de ma voix est dans sa douceur et la tendresse qu’elle inspire ; et j’ai enfin des armes de toute espèce pour plaire, et jusques ici je ne m’en suis jamais servie sans succès.

2437. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Son visage était des plus mignons ; mais c’était toujours le même visage : on eût dit qu’elle le tirait le matin d’un étui pour l’y remettre en se couchant, sans s’en être servie durant la journée.

2438. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Nous prenons les choses comme elles sont, nous sommes de bonne composition avec ce qui est excellent, tendre ou magnifique, nous consentons aux chefs-d’œuvre, nous ne nous servons pas de celui-ci pour chercher noise à celui-là ; nous n’exigeons pas que Phidias sculpte les cathédrales, ni que Pinaigrier vitre les temples ; le temple est l’harmonie, la cathédrale est le mystère ; ce sont deux modes différents du sublime ; nous ne souhaitons pas au Munster la perfection du Parthénon, ni au Parthénon la grandeur du Munster.

2439. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Ils ont bien servi leur patrie.

2440. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Aujourd’hui une jeunesse passionnée et ardente croit trouver la liberté par la voie du matérialisme, comme si l’essence même du despotisme n’était pas de se servir de la matière pour opprimer l’esprit !

2441. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Pour le positivisme, toute croyance religieuse et toute doctrine spiritualiste sont mises à l’écart comme hypothèses arbitraires et transitoires, qui ont pu servir au développement de l’humanité, mais que la raison humaine doit maintenant rejeter, comme on repousse du pied l’échelle à l’aide de laquelle on a atteint le sommet.

2442. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

J’ai souvent dit : un critique est un homme qui sert à vous faire lire un auteur à un certain point de vue et dans certaines dispositions d’esprit qu’il vous donne.

2443. (1761) Apologie de l’étude

Sans des lumières supérieures à la raison, qui ont servi plus d’une fois à consoler mon ignorance, aucun livre n’aurait pu m’apprendre ce que je suis, d’où je viens et où je dois aller ; et je dirais de moi-même, jeté comme au hasard dans cet univers, ce que le doge de Gênes disait de Versailles ; ce qui m’étonne le plus ici, c’est de m’y voir.

2444. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Visitant le Louvre plusieurs années après, il disait à Perrault, en apercevant un marteau : “Voici une arme dont M. de Mazarin se sert fort bien !”

2445. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Madame Récamier aimantait aussi de la sienne celle de ses soldats, — de ces cœurs qui servaient sous elle !

2446. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Mais ce que nous ne pouvons admettre au même titre, c’est le voyage servi à l’état de livre facile dans sa négligence déshabillée ou prétentieuse, ses indiscrétions d’album ou son intimité de correspondance.

2447. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Viélé-Griffin, Sapho et Bellérophon, et vous verrez combien la forme théâtrale l’a mieux servi que l’autre.

2448. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Ce fut lui qui servit de modèle à Julien.

2449. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

. — Les Grecs ne se servirent point d’hiéroglyphes comme les Égyptiens, mais d’une écriture alphabétique, encore ne l’employèrent-ils que bien des siècles après. — Homère confia ses poèmes à la mémoire des Rapsodes, parce que de son temps les lettres alphabétiques n’étaient point trouvées, ainsi que le soutient Josèphe contre le sentiment d’Appion. — Si Cadmus eût porté les lettres phéniciennes en Grèce, la Béotie qui les eût reçues la première n’eût-elle pas dû se distinguer par sa civilisation entre toutes les parties de la Grèce ?

2450. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Selon diverses notions de sa vie, moins connue que ses vers, il visita l’Égypte, et partagea la fortune d’un frère aventureux comme lui, qui servait dans les armées du roi d’Assyrie.

2451. (1927) Approximations. Deuxième série

Parce qu’il ne se sert jamais d’une unité inférieure au bataillon, son esprit garde toujours une densité merveilleuse ; le saut d’une idée à une autre est motivé par de si riches accumulations intérieures. […] Mais le bon sens, le tact, l’esprit et l’imagination ne servent de rien, si l’on n’a pas surtout et avant tout beaucoup de cœur. […] … Mais leur âme ne sait pas exactement se servir de cette nature qui est si près d’elle et qu’elle pénètre. […] Jamais ici de ces pauses qui nous servent d’appuis, de ces mesures pour rien où nous laissons souffler nos forces, — et que nous sommes habiles (pour donner le change sur leur caractère) à charger d’une couleur méditante : hélas ! […] Dans le poème en prose — poursuite par excellence des analogies — l’arbitraire même sert l’écrivain : il suffit alors que dans ce jeu de balles un tact naturel règle la succession bigarrée des images : tour à tour surgissent les damiers d’un fantastique manteau d’arlequin.

2452. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Et, ainsi, non seulement le roi de Comagène sert à reculer le choc décisif entre les deux amants, à accroître, par là, le tragique de ce heurt inévitable, si longtemps souhaité et redouté des spectateurs ; non seulement il sert à nous faire connaître Bérénice et Titus en recevant tour à tour leurs confidences ; mais, comme ces confidences le crucifient, il nous émeut aussi par lui-même ; que dis-je ! […] Je me suis servi abondamment, je l’avoue, des pages nombreuses que j’ai eu l’occasion d’écrire, depuis huit ans, sur le dieu Racine. […] Puis, dans Solness, on ne voit vraiment pas assez à quoi sert le symbole, et l’on voit trop par où il est gênant. […] » dit-il délicatement à Valentine, tant il est pénétré du répertoire… Cette historiette, au surplus, ne sert absolument à rien dans l’action, pas même à nous attendrir. […] Enfin, il cède par générosité, par sentiment du devoir, pour servir le peuple ; il se promet bien de « n’être pas comme les autres » ; il dit naïvement : « … Le sang me bout, en voyant comment on perd son temps à la Chambre, comment on vote, … en voyant la sottise et le cynisme de ces cinq cents inutiles !

2453. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

À cet instant, on servit le thé, et quelques-uns en profitèrent pour se retirer. […] On essaye d’exprimer ses idées à force de symboles, qui rendent peut-être un certain état moral momentané, mais qui ne peuvent servir à exprimer une conception nette de la vie. […] Je me souviens d’un mot prononcé par un des coryphées de l’école symboliste, et qui pourrait servir de devise à l’histoire d’un parti. […] Servez-vous donc. » Léon Cahun. […] La langue nouvelle est encore à naître et aujourd’hui il y a partout de la confusion parce qu’on se sert de langues différentes.

2454. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Si vous ne sacrifiez plus à quelques idoles ornées de préférence dans vos commencements, vous n’en servez qu’avec plus de feu l’Art qui, lui aussi, est un Dieu jaloux et ne veut pas de ces petits autels à côté du sien ! […] Ils servent à l’auteur d’intermédiaire, d’excuse auprès du public de son temps. […] On y voyait encore deux chaises grossières, un escabeau à trois pieds et un lit propre, mais dur, déployé à bas sur l’aire, — et c’était tout… Le vieux pilote lui avait arrangé des rideaux avec d’anciennes voiles de vaisseau qui ne servaient plus. » Que fait à Vellini cette vie indigente ? […] Tous ces personnages du monde normal, détaillés avec beaucoup de finesse et de netteté, servent à faire ressortir, par le contraste, cette extraordinaire figure de Vellini, qui apparaît comme la passion vengeresse, tout enveloppée d’une grandeur sibylline, et que le génie sauvage et violent de M. d’Aurevilly a rendue avec une telle énergie de couleurs ! […] Féval : Théophile Gautier, Édouard Thierry. — Question mémorable des châtelains de Compiègne. — À quoi servent les critiques officiels.

2455. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Ceux-ci ne cessent jamais d’être des hommes, et ce sont tous, pour me servir d’une expression qui revient souvent sous la plume du Maître, ce sont tous, du plus grand jusqu’au plus petit, « de bons bougres », si semblables au fond, malgré leur différenciation apparente, charriés en foule par des forces inconnues, dans l’immense remous social, vers ces fins mystérieuses encore qui sont celles de l’espèce humaine ! […] Thévenet, Trarieux, Guyot, Reinach, Georges Clemenceauc, tout ce triste gibier de Parlement et de Cour d’Assises, ces chevaleresques Fils Aymon épris de victoires idéales, ces Cincinnatus qui, la France le sait et Cornélius Herz aussi, ont servi gratuitement la République. […] Car l’œuvre naît d’abord, puis la formule qui sert à esthétiser, à dialoguer, à interpréter1.

2456. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

De la gloire et du temps voilà l’image sombre ; Éloigne-toi d’un siècle, et tout rentre dans l’ombre ; Laisse pour fuir l’oubli tant d’insensés courir ; Que sert un jour de plus à ce qui doit mourir ? […] Figure rêveuse, physionomie plus que belle, car elle était ineffaçable ; âme molle comme l’attitude ; caractère qui se pliait à tous ceux de ses amis comme une étoffe moelleuse à laquelle l’artiste n’a point donné de forme, mais dont on se drape au gré de la saison ; voix musicale qui résonnait jusqu’au fond de l’âme ; imagination poétique que la langueur des sensations empêchait de produire, mais toujours prête à rêver mieux que vous vos propres rêves et à ruminer mieux que vous vos propres vers ; un homme-écho enfin, si l’on peut se servir de cette expression, mais un écho sensible, intelligent, qui ne restait muet que par paresse, et inerte que par amour du sommeil. […] Il écrit dans le National et tu sers la cause des Bourbons, mais nous ne prendrons pas une nappe pour un drapeau, et nous laisserons la politique sous la table.

2457. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Comme il vous servirait aujourd’hui, si toutefois il ne vous piquait pas vous-même ! […] Il faut donc démolir, nous nous servons de votre expression favorite, il faut donc démolir l’ouvrage que nous n’avons aucun intérêt à louer. […] Buloz, l’auteur de Saül, de Clytemnestre, de Jeanne d’Arc, de Norma, de la Fête de Néron, du Gladiateur, de la Divine Épopée, le poète qui partage le trône de la poésie avec Hugo et Lamartine ; l’homme dont la vie entière a été un dévouement à l’art dramatique, a été chassé par vous, c’est le terme dont Soumet s’est servi ce matin même, a été chassé par vous du Théâtre-Français.

2458. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

On m’avait expliqué à quoi servait l’argent et que l’on était malheureux quand on en avait trop peu. […] En bois noir verni, avec un double rang de perles en cuivre, et sous le verre, autour du cadran, une guirlande ciselée, elle servait de socle à un petit buste de mon père, en plâtre stéariné. […] Je fus sensible au compliment et il me donna une certaine confiance en moi-même, qui me servit, dans une autre circonstance. […] Seules dans la salle à manger et servies comme des grandes personnes. […] Ma voisine m’expliqua que c’était des bons points, et qu’il fallait les garder précieusement, parce qu’ils servaient à racheter les punitions.

2459. (1932) Les idées politiques de la France

Dans cette école, ce n’est pas la déviation des enfants par rapport aux pères, c’est la tradition des pères aux enfants qui représente le bien, et qui sert de gage de durée. […] Passons donc à ces deux systèmes d’idées, qui, aux idées périmées de droite, ont servi plus ou moins de produits de remplacement. […] Elle ne tient plus à perdre d’autres parties, et a dû reconnaître qu’elle perdait toutes les fois que ses couleurs servaient d’atout dans le jeu de la réaction. […] Dans un article récent, Boris Souvarine faisait remarquer que le socialisme n’a pas toujours été une doctrine pacifiste, qu’il y a eu un socialisme belliciste, que pour Marx, la guerre est bonne si elle sert les intérêts du prolétariat, et qu’il a particulièrement regardé comme souhaitable une guerre contre la Russie. […] Pour reprendre une image dont nous venons de nous servir, l’industrialisme, (ou si l’on veut le système d’affaires), ne vaut, ne porte fruit d’idées que s’il est greffé.

2460. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

« Des études ethnographiques positives, soutenues par une connaissance approfondie de l’histoire, nous apprennent qu’il faut apporter de grandes précautions dans cette comparaison des peuples et des langues dont ils se sont servis à une époque déterminée. […] Des lois connues partiellement nous ont servi à classer tous ces phénomènes ; d’autres lois, d’une nature plus mystérieuse, exercent leur empire dans les régions les plus élevées du monde organique, dans la sphère de l’espèce humaine avec ses conformations diverses, avec l’énergie créatrice de l’esprit dont elle est douée, avec les langues variées qui en sont le produit.

2461. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Les subtiles analyses, les « anatomies » du cœur humain, qui ne servent que d’amusement intellectuel, ne sont pas son fait ; il se contente d’en dire assez pour que chacun se reconnaisse, rentre en soi-même, et tâche de s’améliorer. […] Les panégyriques et les oraisons funèbres de Bossuet ne sont en réalité que des sermons, où la vie d’un homme sert à illustrer l’instruction.

2462. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Le blanc d’argent et le bitume dont il se servait étaient le blanc d’argent et le bitume d’un noble cœur. […] Stylistes, ils ne le sont point du tout à la façon des autres ; ils dédaignent dans le style tout ce qui ne sert pas à faire voir ou à faire sentir  Mais, quand on parle de leur style, il faut distinguer entre leurs livres.

2463. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Charles Bell a expliqué les mouvements expressifs et leur interprétation en montrant que les parties qui servent à l’expression servent d’abord à des fonctions et à la satisfaction des appétits par les mouvements nécessaires : l’expression est donc un commencement d’exécution.

2464. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Ce soir, Charles Robin disait à dîner, que rien n’était plus absurde, que de servir le poisson après la soupe, parce que le poisson faisait poche dans l’estomac et le fermait, qu’il valait bien mieux le manger, ainsi qu’on le faisait en province, après les viandes. […] Ils étaient servis par une très jolie bonne.

2465. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Il suffirait seul à servir d’épitaphe à l’humanité morte et à immortaliser à jamais le génie humain devant sa postérité inconnue. […] … Que les yeux tombent de leurs orbites ; ils ne servent plus à rien !

2466. (1914) Boulevard et coulisses

L’heure où nous vivons deviendra rapidement le passé et servira alors aux esprits chagrins pour dénigrer les temps futurs. […] Mais elles ont besoin tout de même, de gagner leur vie et le théâtre leur apparaît naturellement comme le seul lieu où leur jeunesse, leur beauté, leur instruction, puissent leur servir à quelque chose.

2467. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

D’après le principe de continuelle divergence des caractères, dont cette figure a servi à démontrer les conséquences, plus une forme est récente, plus elle doit généralement différer de son ancien progéniteur. […] Mais il serait plus probable encore que deux ou trois espèces, de deux ou trois seulement des anciens genres, eussent servi de souche aux six genres nouveaux ; et que les autres espèces ou genres entiers eussent été complétement exterminés.

2468. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

L’identité du plan de construction de l’aile et de la jambe de la Chauve-Souris qui servent cependant à de si différents usages, des mâchoires et des pattes d’un Crabe, des pétales, des étamines et du pistil d’une fleur, est pareillement intelligible au point de vue de la modification graduelle d’organes qui ont autrefois été semblables chez les ancêtres primitifs de Chaque classe. […] Comme les espèces se forment et s’éteignent par des causes toujours actuelles, mais lentement agissantes, et non par des actes miraculeux de création et par des catastrophes ; que les relations d’organisme à organisme, les plus importantes de toutes les causes de changement pour les êtres vivants, sont presque indépendantes de l’altération, même soudaine, des conditions physiques, le progrès d’un seul être décidant du progrès ou de la destruction des autres ; il s’ensuit que la somme des changements organiques dans les fossiles de formations consécutives peut probablement servir de juste mesure du laps de temps écoulé entre elles.

2469. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Nous reconnaissons d’ailleurs que, même sous cette forme, l’idée est encore trop générale pour servir au détail des explications psychologiques. […] Revenons à celui dont nous nous étions servi d’abord.

2470. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

« J’ai absous la victoire, a dit Victor Cousin, comme nécessaire et utile ; j’entreprends maintenant de l’absoudre comme juste dans le sens le plus étroit du mot ; j’entreprends de démontrer la moralité du succès… Il faut prouver que le vainqueur non-seulement sert la civilisation, mais qu’il est meilleur, plus moral, et que c’est pour cela qu’il est vainqueur. » Hegel avait poussé l’impartialité philosophique de son système jusqu’à expliquer, devant les compatriotes de Fichte et de Blücher, comment les victoires de Napoléon avaient servi la cause de la civilisation moderne en propageant à la suite de ses armées les idées de la révolution française.

2471. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Comme Duclos, après avoir donné ses Considérations sur les mœurs où il avait oublié de parler des femmes et où il avait à peine prononcé leur nom62, voulut réparer cette omission singulière en publiant l’année suivante (1751), sous le titre de Mémoires pour servir à l’histoire des mœurs du xviiie  siècle, une espèce de répétition de ses Confessions du comte de…, Voltaire qui trouvait ce genre de romans détestable, et qui voyait dans ceux de Duclos une preuve de plus de la décadence du goût, écrivait : « Ils sont d’un homme qui est en place (dans la place d’historiographe), et qui par là est supérieur à sa matière.

2472. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Je n’ai à suivre ce récit qu’autant qu’il sert à peindre l’historien lui-même.

2473. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Je ne vous dis pas à quel point j’aurais été flatté d’être compté parmi ceux qui serviront la province dans ces circonstances ; je crois que vous ne doutez pas de mes sentiments.

2474. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

À quoi servent les souvenirs, si ce n’est pour perpétuer ce qui est beau et bon ?

2475. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Thiers appelle un grand acte militaire, un vrai phénomène de guerre, montre tout ce qu’on peut et jusqu’où l’on peut, et sert à couvrir une retraite devenue nécessaire devant des forces si démesurées ; elle nous laissait dans un immense péril.

2476. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Partout chez lui domine la préoccupation d’une fausse noblesse de l’homme, qui le stérilise, le mutile, le met à la diète, au sein de l’immensité des choses, et l’empêche de se servir de toutes les forces généreuses qu’il possède véritablement. — Mais c’est qu’il est pour l’idéal, M. de Laprade !

2477. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Des dieux que nous servons connais la différence !

2478. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Il réussit mieux à servir la cause des Modernes, en montrant, par ses Contes naïfs, qu’eux aussi ils possèdent un merveilleux qui n’a rien à envier à celui des Anciens.

2479. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Il n’avait guère de patience dans ses prompts désirs de lecture, et aurait voulu être servi aussitôt.

2480. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Rien ne sert mieux à marquer les limites d’un talent, à circonscrire sa sphère et son domaine, que de savoir les points justes où la révolte contre lui commence.

2481. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Elle veut un amant, il lui en sert, et il se réserve de faire avorter la crise, de sorte qu’après lui elle est préservée et ne cherchera plus : le bouton est sorti.

2482. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Il se sert, avec une indécence naïve, de la correspondance politique de M. 

2483. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Qu’il plaise à Gott ou qu’il ne lui plaise pas, nous ferons toujours de bonne besogne avec vous, et je vous promets de m’y mettre jusqu’au cou et de vous y servir en ami : je m’en vante et du grand vent.

2484. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Rochambeau, qui servait sous lui, a rapporté fort exactement ce premier exploit avec tous ses risques, et il a cité un propos chevaleresque du maréchal : « Il n’y a personne dans l’armée qui ne pense comme moi qu’il vaut mieux se faire moine au haut du Monte del Toro que de rentrer en France sans avoir pris Mahon. » Le succès répondit à l’audace.

2485. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Et en même temps il tournait nonchalamment entre ses doigts un petit pistolet qu’il avait tiré de sa poche comme par mégarde, et dont il promettait bien de se servir.

2486. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Voltaire écrivant à l’abbé d’Olivet disait :« Je vous demande en grâce, à vous et aux vôtres, de ne vous jamais servir de cette phrase :nul style, nul goût dans la plupart, sans y daigner mettre un verbe.

2487. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

   Dans cette triste inquiétude On passe ainsi la vie à chercher le bonheur : A quoi sert de changer de lieux et d’habitude,    Quand on ne peut changer son cœur ?

2488. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

L’œil extérieur n’atteint pas les mouvements moléculaires qui s’exécutent dans les fibres et les cellules de l’encéphale ; seul l’œil intérieur peut servir de guide ; il faut avoir recours à la psychologie pour démêler les sensations et les images dont ces mouvements sont l’aspect physique.

2489. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Or je n’entre point ici dans la vie privée du joyeux pamphlétaire, et je ne me sers que de ce qui traîne dans tous les journaux : mais tout le monde sait que ce Parisien accompli est grand parieur aux courses, grand collectionneur de tableaux, et qu’il mène enfin la vie que nous voudrions tous mener.

2490. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Le cardinal de Retz, par exemple, s’en sert constamment dans ses Mémoires pour railler les personnages ou faire ressortir le comique des situations.

2491. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Qu’est-ce qui va servir alors d’indice révélateur  ?

2492. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Cela est difficile à accommoder, et je passe ma vie dans des horribles qui m’ôtent tous les plaisirs du monde et la paix qu’il faudrait pour servir Dieu.

2493. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Le goût de M. de Musset est arrivé à la maturité, et il serait beau à son talent de servir désormais son goût et de ne plus se permettre de faiblesses.

2494. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Non, c’est pour vous éloigner de croire. » Il dira des miracles : « Les miracles ne servent pas à convertir, mais, à condamner. » Comme un guide trop intrépide dans une course de montagnes, il côtoie exprès les escarpements et les précipices ; on croirait qu’il veut braver le vertige.

2495. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

On était dans la Semaine sainte de l’année 1109 ; un de ceux qui le servaient lui ayant parlé de sa mort comme prochaine et comme du départ d’un convié que rappelait à lui le Seigneur vers ce temps de la fête de Pâques, il répondit : « Si telle est sa volonté, j’obéirai de bon cœur, mais s’il aimait mieux me laisser encore parmi vous un tant soit peu de temps, assez du moins jusqu’à ce que j’aie résolu une question qui m’occupe sur l’origine de l’âme, j’en serais reconnaissant, d’autant plus que je ne sais si, moi mort, un autre pourra la résoudre. » Touchante faiblesse d’un saint qui avait un coin de philosophe !

2496. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

L’idée-force du moi sert donc à rendre possibles des désirs éloignés en les rendant immédiats.

2497. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Ils se sont servis des avantages qu’ils tenoient de la nature & des leçons des grands maîtres de l’art.

2498. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Corneille se sert du même mot dans ce sens ; mais ni Boileau, ni Racine ne se le sont permis.

2499. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Lorsque les célèbres romans de Grandisson pénétrèrent en France, grâce à l’adaptation de Prévost (Mémoires pour servir à l’histoire de la vertu, extrait du journal d’une jeune dame, traduit de l’anglais), ils obtinrent en très peu de temps auprès du public français un succès étourdissant.

2500. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Quoiqu’il soit en effet trop tard pour tirer de telles recherches le fruit que nous eussions pu en tirer à une autre époque, néanmoins elles ne seront pas bornées au seul mérite de remplir une lacune importante dans l’histoire littéraire du moyen âge ; elles serviront encore à lier les unes aux autres les traditions des langues.

2501. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Celle-là lui servira dans ses plaidoiries ; elle lui fournira la théorie du juste et de l’injuste ; elle élèvera son accent, elle ajoutera de l’autorité à sa parole, elle soutiendra son éloquence, elle lui conciliera son auditoire, elle le munira de phrases sublimes.

2502. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Mais tu ne croiras pas, avant d’avoir inondé ces plaines de ton sang, et jusqu’à ce que ce fleuve apporte des milliers de tes morts dans la vaste mer, à l’extrémité de la terre fertile, et que ta chair serve de pâture aux poissons, aux oiseaux, et aux bêtes féroces qui habitent ces terres. » Puis, de cette réminiscence homérique appliquée si tragiquement aux blessures récentes de Rome, la même prédiction, le même texte mystérieux, passait à d’autres révélations plus consolantes : « Romains, disait-il, si vous voulez chasser l’ennemi et ce chancre dévorant qui vous est venu de loin, il faut, c’est mon avis, consacrer des jeux qui, chaque année, se renouvellent pieusement pour Apollon, le peuple en acquittant une partie et les citoyens le reste, chacun pour soi.

2503. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Il vit dans Auguste le maître habile et modéré d’un peuple trop corrompu pour être libre ; et il servit de ses louanges ce maître, dont il recevait les bienfaits.

2504. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Il est comme lui chef d’une bande de voleurs, il a comme lui un registre pour inscrire les vols, il reçoit comme lui de l’argent des deux mains, il fait comme lui prendre et pendre ses amis quand ses amis lui sont à charge, il se sert comme lui du langage parlementaire et des comparaisons classiques, il a comme lui de la gravité, de la tenue, et s’indigne éloquemment quand on soupçonne son honneur. […] —  « Premièrement, j’examinerai la nature de ce vice et ce en quoi il consiste ; secondement, je considérerai jusqu’où s’étend la défense qui nous est faite de nous y livrer ; troisièmement, je montrerai le mal de cette habitude tant dans ses causes que dans ses effets ; quatrièmement, j’ajouterai quelques considérations supplémentaires pour en détourner les hommes ; cinquièmement, je donnerai quelques règles et directions qui serviront à l’éviter et à le guérir827. » Quel style ! […] … Vous avez beau enfler toute dépense et tout effort, accumuler et empiler tous les secours que vous pourrez acheter ou emprunter, trafiquer ou brocanter avec chaque petit misérable prince allemand qui vend et expédie ses sujets aux boucheries des princes étrangers : vos efforts sont pour toujours vains et impuissants, doublement impuissants par l’aide mercenaire qui vous sert d’appui, car elle irrite jusqu’à un ressentiment incurable l’âme de vos ennemis. […] La fine déduction grecque ou française n’a jamais trouvé place chez les nations germaniques ; tout y est gros ou mal dégrossi ; il ne sert de rien à celui-ci d’étudier Cicéron et d’emprisonner son élan dans les digues régulières de la rhétorique latine.

2505. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Qui jamais a mieux combatu le vice, et mieux servi la vertu ? […] Ils pensent qu’elles n’éclaircissent jamais rien, parce qu’elles sont toujours très-imparfaites, et qu’il vaudroit bien mieux s’attacher à bien peindre l’objet dont on parle, que d’avoir recours à des similitudes tronquées, qui ne servent qu’à confondre les choses. […] Ce principe peut servir à me disculper en d’autres endroits, où l’on seroit tenté de me faire une pareille objection. […] La raison de cela, est que l’expression n’est presque jamais indifférente ; si elle ne sert à la pensée, elle lui nuit, et par conséquent, si elle ne plaît, elle choque ou du moins elle ennuye.

2506. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Puisque la Renaissance ne s’en prenait qu’à notre instinct de chant et de récit, elle ne présentait aucun obstacle à notre tragédie ni à notre comédie ; au contraire, elle les servait, en leur offrant des modèles, en leur marquant des cadres, dont elles n’auraient pu trouver l’équivalent dans le passé de notre propre race. […] Pour ce qui est des moindres poètes, dénués d’infini, dénués à jamais de tout espoir de réciprocité quant à l’adoration, ils doivent du moins se mêler aux rites du culte ; et, vieux sous-diacre résigné, c’est mon orgueil, dans les cérémonies de la gloire, de servir la messe, humblement. […] Plus d’une fois, quand nous parlions de notre ami, Villiers de l’Isle-Adam avoua quelque remords de son ricanement enthousiaste… Mais non, tout n’aurait servi de rien. […] Si nous nous aimions tant, c’était de tant aimer l’art sacré auquel se vouait notre vie, et nous nous servions l’un de l’autre, ardemment, parce que chacun de nous était convaincu qu’en agissant de la sorte il concourait au triomphe de la poésie rénovée. […] Si elle n’était pas transmissible, même à des esprits délicats et impressionnables, à quoi servirait qu’elle se fût produite en des âmes qui nous demeureraient éternellement inconnues ?

2507. (1911) Études pp. 9-261

Il est l’homme qui a découvert les secrets naturels et, parce qu’il sait s’en servir, voici dans ses traits l’intelligence comme un sourire. […] Et c’est pourquoi une fin lui fut en effet donnée et la mort de ce corps qui lui servait à l’atteindre127 ». […] Il ne s’est pas douté qu’on pût jouer avec la matière sonore, il a eu le respect de son utilité, il ne l’a employée que pour la faire servir à quelque dessein. […] C’est qu’il appelle en lui son étymologie, il s’en inspire légèrement, il s’en sert pour animer, comme d’un air subtil, sa fragile enveloppe. […] Quel lien entre les chapitres de l’Immoraliste, sinon qu’ils servent tous à manifester la terrible résurrection de Michel ?

2508. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Je m’imagine encore qu’Euler, Lagrange, avaient cette expression prompte, nette, élégante, cette économie continue du développement, qui s’alliait à leur fécondité intérieure et la servait à merveille. […] Chevreul dans le Dictionnaire des Sciences naturelles, et elle a servi de base à celle qu’a adoptée M. 

2509. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

votre éclatante valeur, dites-moi, à quoi vous sert-elle ?  […] Je partis en pleine nuit, une nuit d’été en Italie, accompagné par un vieux paysan de la ferme ; il portait ma valise et il devait me servir de guide jusqu’à la mer, pour aller m’embarquer sur une felouque d’Ancône qui faisait le cabotage sur le littoral des États romains.

2510. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Il s’y trouve un faisan aquarellé, grandeur nature, qui est une pure merveille, et où de vraies plumes sont collées tout autour du faisan, pour servir de point de comparaison, avec les tons de l’aquarelle. […] En effet, la phrase arabe dont elle se sert pour désigner la femme qui jouit : « Elle a un ver dans le derrière ! 

2511. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Pour toi qui fais servir chaque être à tous les autres, Rien n’est bon, ni mauvais, tout est rationnel… Ne mesurant jamais sur ma fortune infime Ni le bien, ni le mal, dans mon étroit sentier J’irai calme, et je voue, atome dans l’abîme, Mon humble part de force à ton chef-d’œuvre entier. […] Certes, l’invocation qui termine le Système de la nature a vieilli et nous fait sourire, mais elle est en somme moins fausse philosophiquement que tous ces blasphèmes qui vieilliront plus vite encore et feront bientôt hausser les épaules à nos descendants. « Vertu, raison, vérité, disait d’Holbach, soyez à jamais nos seules divinités… Ecartez pour toujours et ces fantômes hideux et ces chimères séduisantes qui ne servent qu’à nous égarer.

2512. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

de même il y a dans la famille humaine des hommes printaniers, si l’on peut se servir de cette expression, âmes à doubles fleurs et sans fruits, qui accomplissent toute leur destinée en fleurissant, en coloriant, en embaumant leur vie et celle de leurs contemporains, mais dont on fixe cependant l’éclat et le parfum dans la mémoire en volumes de vers ou de prose immortels, œuvres qu’on ne compulse pas, mais qu’on respire, qui ne nourrissent pas, mais qui enivrent ! […] Le premier mai de cette année il s’alita comme pour une indisposition légère ; rien de funeste en apparence n’alarmait sa mère, son frère, ses amis, la gouvernante dévouée qui le servait depuis vingt ans avec une affection maternelle.

2513. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Des changements de cette nature, c’est-à-dire lents et insensibles, ne sauraient être constatés, à moins que des mesures exactes ou des dessins très corrects des races modifiées, pris longtemps auparavant, ne puissent servir de point de comparaison. […] En France, le nom de Biset sert à désigner non seulement l’espèce sauvage du C. livia, mais encore la variété domestique commune ou Pigeon de colombier (Dove-cot des Anglais).

2514. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

On ne peut ainsi les transposer, car en elles rien n’est corps : elles sont un idéal qui sort de l’aine et parle aux âmes ; elles ne sauraient servir à exprimer un autre enthousiasme que celui qui les a fait naître. […] Si en effet ce rhythme pompeux, que l’ancienne poésie grecque a rarement fait servir à l’inspiration lyrique, est loin de pouvoir, aussi bien que l’impétueuse diversité du dithyrambe, suivre tous les mouvements de la muse hébraïque et s’élancer ou se briser comme elle, il nous semble cependant que cette paraphrase est encore toute frémissante d’une poésie qui doit tenir beaucoup du texte hébreu.

2515. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Cousin lui disait devant témoins, du ton d’un chef satisfait : « Damiron, tu fais des progrès. » — Ce n’est certes pas ainsi qu’on est philosophe dans le goût de Montaigne, de La Rochefoucauld ou de Saint-Évremond ; mais ces allures servent beaucoup quand on prétend faire une école de philosophie et qu’on en met l’enseigne : dès qu’on veut accaparer les hommes, un peu de charlatanisme ne nuit pas.

2516. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Töpffer était né peintre, paysagiste, et son père l’était ; mais, forcé par les circonstances, et surtout par le mauvais état de sa vue, de se détourner de l’expression directe que réclamait son talent et où le conviait l’exemple paternel, il n’y revint que moyennant détour, à travers la littérature et plume en main : cette plume lui servit à deux fins, à écrire des pages vives et à tracer, dans les intervalles, des dessins pleins d’expression et de physionomie.

2517. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Je ne saurais mieux comparer l’effet continu de ces lettres ainsi réduites qu’à un festin dans lequel, sous prétexte de retrancher des aliments et des mets toute portion inutile ou grossière, on n’aurait servi que des gelées, des consommés, des sirops et des élixirs : on en est tout aussitôt rassasié.

2518. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Quand un plan judicieux, éclairé, approprié à nos mœurs, sera substitué aux formes actuelles, les sciences seules pourront servir d’aliment à l’esprit ; mais l’inertie générale ne permettra pas une grande application.

2519. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Ensuite, quand il est question de faire une grande composition, pensez-vous que le premier modèle que je trouve soit convenable pour servir à rendre une figure, un sujet que je veux faire ?

2520. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Le poète lyrique du xvie  siècle chercha aussi, comme l’ancien Thébain, à enchaîner ses rythmes à la musique, et à leur donner ces ailes qui font courir une parole chantante sur les lèvres des hommes : mais il eut beau s’efforcer, sa tentative interrompue, son échafaudage ne sert qu’à marquer sa ruine et à mieux faire mesurer l’infinie distance qu’il y a entre cette ode publique chantée et presque jouée de Pindare, et cette emphase moderne toute métaphorique, plus apparente ici dans une langue roide, neuve, et tout exprès fabriquée.

2521. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Toutefois il a entrevu quelque chose, il a eu un éclair de nouveauté et de libre peinture ; sa chaleur de jeunesse l’a bien servi, et dans cette pièce, de même que dans la suivante, intitulée Le Contemplateur et adressée à l’évêque de Nantes Cospeau, il a eu en présence de la nature l’aperçu de certains genres de poésie descriptive ou méditative qui ont sommeillé durant près de deux siècles encore, pour n’éclore et ne se développer dans leur vraie et pleine saison que de nos jours.

2522. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Guillaume Favre ne paraît pas s’être posé ces questions, ni s’être jamais pris à partie lui-même sur son mode de développement toujours servi par les circonstances ; il apportait dans les lettres un esprit et une méthode d’observation positive ; il ne songeait qu’à la vérité du fait qu’il poursuivait et à sa propre satisfaction individuelle.

2523. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Il y a quelques années qu’ayant appris que l’on ne devait pas se servir à la collation de riz, épinards, soupes, etc., il prit une résolution qu’il a toujours gardée depuis, de ne prendre le soir que des fruits cuits ou crus, et les jours qu’on lui faisait manger de la viande en carême, il n’usait que des viandes les plus communes, ainsi qu’il me l’a témoigné lui-même. » Oh !

2524. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Ensuite je rendis au comte Gyllenbourg son écrit, comme il m’en avait priée, et j’avoue qu’il a beaucoup servi à former et à fortifier la trempe de mon esprit et de mon âme. » Si nous suivons le parallèle des deux intelligences et des deux caractères si mal appareillés par le sort, quel contraste !

2525. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Ce sont des camarades de guerre qui servent dans des armes différentes et plus légères ; de ce qu’on fait chacun de son côté ce que l’autre ne ferait pas, est-ce une raison pour se détester ?

2526. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

L’idée de Spendius est de se servir de Mâtho, plus fort et plus hardi que lui, pour enlever du temple de la déesse le voile sacré qui est comme le palladium de Carthage : il a de la peine, toutefois, à le décider, car Mâtho craint les dieux, et il est sérieusement persuadé de la vertu divine de l’objet ; il a peur de commettre un sacrilège.

2527. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

cette belle et florissante personne, si faite pour les jouissances de la vie, si amie du positif et des réalités, qui servait à Sibylle de repoussoir, la voilà qui se trouve, elle aussi, atteinte et infectée du même vice que Sibylle, de vouloir à toute force quelque chose de transcendant et de surnaturel !

2528. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Ce qu’il faut dire à son éternel honneur, c’est qu’il partit prévoyant sa fin, ne se faisant pas plus illusion alors que le premier jour sur le caractère et les défauts de ceux qu’il allait servir, s’étant tout dit sur les lenteurs et les misères de tout genre inhérentes à une telle entreprise : « Je n’ai pas de bourdonnement poétique aux oreilles, je suis trop vieux pour cela ; des idées de ce genre ne sont bonnes que pour rimer. » — « Je ne m’aveugle pas sur les difficultés, les dissensions, les défauts des Grecs eux-mêmes ; mais il y a des excuses pour eux dans l’âme de tout homme sensé.

2529. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Pour aider la mémoire dans un résumé universel, il faut avoir des temps marqués, des époques ou moments d’arrêt, des stations élevées qui servent de point de repère.

2530. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Brossez et faites retoucher un peu ses toiles, et il vous restera d’agréables cadres d’antichambre dont il ne faut pas trop faire fi. » Un morceau sur Chateaubriand, une Étude qui avait eu l’honneur de servir d’introduction aux Mémoires d’outre-tombe, lorsqu’ils parurent dans la Presse, et qui a gardé de sa destination un certain air officiel, coudoie dans le volume un article sur Paul de Kock, — que dis-je, une Visite à Paul de Kock, une folie, une vérité, une perle de la vie de Bohême15.

2531. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Un jour que Cousin et Patin en course dans Paris avaient pris pour abréger à travers les Halles, une poissarde les montrant du doigt à l’une de ses commères dit ce mot qui pourrait servir de légende ironique par opposition aux Horace Vernet et aux Charlet : « Et qu’on disait qui n’y avait pus d’hommes dans Paris !

2532. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

» L’intelligence sert à tout, surtout à mettre en œuvre la bonté ; les sots veulent être bons, mais ne savent pas.

2533. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Je suis bien forcé de recourir à la vieille formule, à celle dont se sert Retz essayant de définir La Rochefoucauld : il y a du je ne sais quoi dans J.

2534. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

C’est lui qui se met à imaginer des causeries, la nuit, entre les deux petits lits — presque deux berceaux — de Mamette et de son homme ; c’est lui qui trouve, en regardant bien, que les deux vieillards se ressemblent, et qui entrevoit dans leurs sourires fanés l’image lointaine et voilée de Maurice ; c’est lui enfin qui écrit étourdiment : « A peine le temps de casser trois assiettes, le déjeuner se trouve servi. » Comment !

2535. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Il est encore plus éloigné d’employer, pour la flatter et la séduire, le jargon de la dévotion ; ce n’est point par habitude qu’il le parle, mais avec dessein, et selon qu’il lui est utile, et jamais quand il ne servirait qu’à le rendre très ridicule.

2536. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Et puis, sur les quatre ou cinq heures après minuit, les femmes se viennent coucher dans un appartement séparé de celui du mari, en telle sorte qu’un pauvre diable d’homme est quelquefois six semaines sans rencontrer sa femme dans sa maison ; et vous le voyez courir les rues à pied, pendant que madame se sert du carrosse pour ses plaisirs.

2537. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

À table, Mme de Graffigny nous le fait voir charmant, attentif, servi d’ailleurs en prince, avec ses laquais et son valet de chambre derrière son fauteuil : Son valet de chambre ne quitte point sa chaise à table, et ses laquais lui remettent (au valet de chambre) ce qui lui est nécessaire, comme les pages aux gentilshommes du roi ; mais tout cela est fait sans aucun air de faste, tant il est vrai que les bons esprits savent en toute occasion conserver la dignité qui leur convient, sans avoir le ridicule d’y mettre jamais de l’affectation.

2538. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Après cette petite leçon en plein air, viennent les leçons du dedans, trois bonnes heures de lecture ; puis les jeux, la balle, la paume, tout ce qui peut servir « à galamment exercer les corps, comme ils avoient auparavant exercé les âmes ».

2539. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Cette page est vraiment juste, elle est simple et belle, et, puisque je suis en train de découpures, je la donnerai : Malheureux prince (est censé lui dire Henri IV), le plus semblable à moi des petits-fils de ma race, tu avais en toi-même tout ce qui fait les grands hommes, et tu t’en es servi pour accomplir les plus grands vices.

2540. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Ces éloges, même en ce qu’ils ont d’un peu exagéré, servent d’indication de loin et s’enregistrent dans l’histoire.

2541. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Et à quoi sert donc que tu broies tes couleurs, que tu prennes ton pinceau, que tu épuises toutes les ressources de ton art, si tu m’affectes moins qu’une gazette ?

2542. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

On les donne aux élèves, les professeurs s’en servent : personne n’en parle.

2543. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Ouvrez les Lettres à Marcie, qui ne sont pas longues, et voyez si vous ne vous ferez pas, en entrant là-dedans, l’effet d’être dans le vestiaire d’une rhétorique tombée en loques, à force d’avoir servi à tout le monde, — le pire des maîtres !

2544. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Maurice Rollinat était trop du pays bleu des poètes pour ne pas s’enivrer de son bonheur et ne pas se fier aux sympathies de gens qui ne voulaient se servir de lui que comme d’un plumet pour leurs journaux· Ils lui avaient, pour leur compte, préparé et arrangé des exhibitions qu’il croyait nécessaires, puisqu’il était musicien et qu’il faut bien prendre les oreilles dont on a besoin où elles sont… À présent, il en a fini de ces exhibitions dont il a senti le dégoût.

2545. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Précisément parce que les conséquences où elle conduit et les postulats qu’elle recèle couvrent, pour ainsi dire, tout le domaine de la philosophie, il nous a paru que cet examen critique s’imposait, et qu’il pouvait servir de point de départ à une théorie de l’esprit, considéré dans ses rapports avec le déterminisme de la nature.

2546. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Cette angélique figure resta gravée dans sa mémoire, dans son cœur peut-être, et le souvenir de la charmante et touchante princesse, épuré par la vue de sa piété parfaite et de sa pénitence héroïque, lui servit plus tard, lorsque du haut de la chaire il peignait la beauté et la pureté des anges, et emportait avec lui ses auditeurs attendris dans le ciel.

2547. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il nous faut renoncer dès lors à toutes les anecdotes postérieures qui ont couru et qui font légende à son sujet ; aux services qu’il aurait rendus à la Grèce pendant la peste d’Athènes, et dont Thucydide ne dit mot ; à ces grands bûchers qu’il aurait fait allumer pour purifier l’air et qui chassèrent le fléau ; à son refus d’aller servir le roi de Perse, et à son mépris des présents d’Artaxerce : inventions agréables, ingénieuses, mais inventions de rhéteurs, nées d’écrits apocryphes que la critique n’admet pas et qu’elle met à néant. […] Ce fait essentiel, bien compris et bien appliqué, devient une clef pour l’étymologie et sert de fil conducteur ou de sauvetage dans le naufrage des mots de l’ancien latin, au moment où ils passèrent au roman ou vieux français.

2548. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

. — Nous avons ce moyen, et nous nous en servons. […] Il s’en sert incessamment ; devenu adulte, il en cherche le sens et les accouple.

2549. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Le propre du poëte, c’est d’être toujours jeune et éternellement vierge : Pour nous autres, gens du commun, les choses sont usées ; soixante siècles de civilisation ont terni leur fraîcheur originelle ; elles sont devenues vulgaires ; nous ne les apercevons plus qu’à travers un voile de phrases toutes faites ; nous nous servons d’elles, nous ne les comprenons plus ; nous ne voyons plus en elles des fleurs splendides, mais de bons légumes ; la riche forêt primitive n’est plus pour nous qu’un potager bien aligné et trop connu. […] Arthur, « le roi irréprochable », a assemblé « cette glorieuse compagnie, la fleur des hommes, pour servir de modèle au vaste monde, et pour être le beau commencement d’un âge.

2550. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Nous avons vu les mêmes fureurs des ministres congédiés ou déçus par leur roi, les mêmes séditions de plume ou de paroles, les mêmes coalitions personnelles, et non patriotiques, entre des adversaires ambitieux désunis pour servir, réunis pour nuire, les mêmes chutes dans la rue, et les mêmes récriminations après la chute. […] Cette dame, me disait-il, est un des ressorts dont je me sers pour faire jouer mes personnages à Paris ; et, tandis que cette femme vertueuse l’attendait dans sa cellule de l’Abbaye-aux-Bois, il ramenait de Londres à Paris une autre négociatrice, et il voulait même la conduire au congrès de Vérone.

2551. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

À peine était-il sur la route, qu’il réfléchit à l’indigence à laquelle il allait être exposé avec sa famille et ses amis pendant son exil, et fit arrêter sa litière (fort brancard fermé par des rideaux et porté par des esclaves, qui servait de voiture aux riches Romains), et il fit approcher celle de son frère Quintus, qui marchait derrière lui. […] Les vents étésiens, qui soufflent du nord pendant la canicule, en rafraîchissant la température ; des jardins en terrasses descendaient d’étages en étages de la maison aérée à la plage humide ; des cavernes naturelles, achevées par l’art, pavées de mosaïques, entrecoupées de bassins où l’eau de la mer, en pénétrant par des canaux invisibles, renouvelait la fraîcheur, y servaient de bains.

2552. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Elle les trouve chez eux : l’une est assise auprès du foyer avec les femmes qui la servent, filant sur sa quenouille une laine teinte de la pourpre des mers ; elle rencontre l’autre comme il sortait pour se rendre avec ses chefs illustres au conseil où les nobles Phéaciens l’appelaient ; elle s’arrête tout près de son père bien-aimé, et lui dit : « “Père chéri, n’allez-vous pas me préparer un char élevé, aux fortes roues, afin que je porte vers le fleuve, pour les laver, les précieux vêtements que j’ai là tout malpropres ? […] Voyez mes bras nerveux, ils me servent de jambes, et s’appuyant en effet tout tremblant et tout chancelant sur le bois de son lit, de son lit sur le dossier d’un lourd fauteuil, du dossier du vieux meuble sur le marbre de la cheminée, et de la cheminée sur sa table, il arriva tout essoufflé sur un autre fauteuil, et s’attabla.

2553. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Le Pape avait annoncé sa résolution : après avoir rendu grâces au Saint-Père ainsi qu’au sacré collège de la confiance qu’ils me témoignaient, — confiance que je savais ne point mériter, — je dis avec franchise et candeur que j’avais en ce moment un besoin extraordinaire de me souvenir de mes promesses et de mes serments d’obéissance aux volontés du Pape, promesses et serments articulés quand il me plaça le chapeau de cardinal sur la tête ; que cette foi soutenait mon courage et m’aidait à servir le pontife suprême et le Saint-Siège ; que mon désir de le faire était ardent, mais que ce secours m’était indispensable au moment d’accepter une mission si difficile et sa périlleuse, que j’avais tant et de si fortes raisons pour décliner. » II Le cardinal Doria fut choisi par le Pape et par Consalvi pour remplacer le cardinal-ministre en son absence. […] « Je ne balançai point un instant quand le cardinal Fesch me fit lire cette dépêche, et je lui permis de répondre de ma part “que je ne ferais jamais la première des deux choses, et que j’étais tout prêt à exécuter la seconde dès que le Pape m’y autoriserait, afin de ne pas servir de prétexte ou de motif aux malheurs de mon pays”.

2554. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

« Un grand écrivain, observe à ce propos Eckermann, peut nous servir de deux manières : en nous révélant les mystères de nos propres âmes, ou en nous rendant sensibles les merveilles du monde extérieur. […] Tout sera au mieux pour vous, car tout ce qui peut vous servir dépend de moi.

2555. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Étrange manière de juger la littérature en songeant uniquement à servir les besoins d’une cause ou d’un parti, et la passion politique peut-elle aveugler à ce point ? […] Nous n’acceptons que ce qui peut servir nos convictions et n’aimons que par parti, sinon par parti-pris.

2556. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Au lieu de rester, comme l’inventeur, sur les limites du gros rire et des grosses larmes, il se servit du burlesque pour égayer son spectateur et du tragique pour l’attendrir. […] Acheminer le vieux célibataire au mariage sans l’y pousser ; écarter, par de prudentes calomnies, un neveu et sa jeune femme de la maison d’un oncle incapable de haine et très capable de retour ; ménager un intendant complice de ses petits profits, qui veut sa main parce qu’il la sait bien pleine ; poursuivre le maître en paraissant l’attendre, et tenir l’intendant tout à la fois en échec et en espérance : voilà les fins auxquelles la rusée fait servir les qualités comme les vices de sa nature.

2557. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Un évolutionniste répondra que les dents avaient une grande importance pour nos ancêtres anthropoïdes ; ils ne s’en servaient pas seulement pour la mastication, mais pour une foule d’usages. […] C’est seulement à l’origine de l’évolution chez les êtres vivants que le malaise, la douleur, la faim est le principal aiguillon dont se sert la nature.

2558. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

L’idée de servir sa patrie, & ses contemporains le flatta. […] Son ouvrage sur leur origine fit beaucoup de bruit, & servit encore à les décréditer.

2559. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Audin, — lequel a servi l’Église sans appartenir à l’Église, — autrement que par le baptême et par la ferveur de la foi. […] Moyen comme un autre de développer l’abnégation dans les âmes chrétiennes ; mauvais moyen de servir une cause que nos ennemis s’entendent mieux à ruiner que nous à défendre !

2560. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Nulle princesse n’avait, plus qu’elle, égard à ceux qui l’entouraient et la servaient ; « elle aimait mieux quelquefois se passer des assiduités nécessaires que d’en exiger qui eussent été trop incommodes aux autres ».

2561. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Il voudrait le voir s’émanciper enfin, ne plus être soumis toujours ni docile à l’excès et subordonné ; il l’excite à prendre sur lui et à user de toute l’étendue des pouvoirs qu’il a en main, pour le bien du service : « Un prince sérieux, accoutumé à l’application, qui s’est donné à la vertu depuis longtemps, et qui achève sa troisième campagne à l’âge de vingt-sept ans commencés, ne peut être regardé comme étant trop jeune pour décider. » Le duc de Bourgogne lui répond avec calme, avec douceur, peut-être même avec raison sur certains détails, mais sans entrer dans l’esprit du conseil qui lui est donné ; et, quand il a tout expliqué et froidement, un scrupule d’un autre genre le prend, et il dit à Fénelon dans une espèce de post-scriptum : « Je me sers de cette occasion pour vous demander si vous ne croyez pas qu’il soit absolument mal de loger dans une abbaye de filles : c’est le cas où je me trouve.

2562. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Jamais on n’a plus abusé du parti à tirer des papiers d’État que de les faire servir à une telle conclusion.

2563. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

. — Le roi veut que dans tout son royaume on fasse fondre et porter à la Monnaie toute l’argenterie qui servait dans les chambres, comme miroirs, chenets, girandoles, et toutes sortes de vases ; et pour en donner l’exemple, il fait fondre toute sa belle argenterie, malgré la richesse du travail, fait fondre même les filigranes ; les toilettes de toutes les dames seront fondues aussi, sans en excepter celle de Mme la Dauphine.

2564. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Dans la seconde moitié du xviie  siècle on se croyait dans un grand siècle, et on avait raison ; on se croyait dans un siècle régulateur et digne de servir à jamais de modèle aux autres époques, et en cela on s’attribuait un peu plus qu’on ne devait.

2565. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

., etc. » (et autres passage en l’honneur de la Compagnie)… Enfin il fallait l’écouter bon gré, mal gré ; et fut-ce le frère cuisinier des jésuites, rien ne lui servait de n’entendre pas le latin : de sorte que le chemin n’était pas libre dans Paris à tout homme qui portait l’habit de jésuite.

2566. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

On avait des plaisanteries qui duraient des années, on en avait qui ne servaient qu’un jour.

2567. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Théophraste lui servit heureusement de passeport et comme de paravent.

2568. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il houspillait son monde et le servait.

2569. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

 » Et, jusqu’à l’article de la mort, presque à l’agonie, conservant ces formes de rédaction ingénieuse, elle disait : « La résignation est encore distincte de la volonté de Dieu ; c’est la différence de l’union à l’unité ; dans l’union, on est encore deux, dans l’unité seule on n’est plus qu’un… » J’avoue que quand je vois un instrument si subtil et dont on se sert si bien, j’ai toujours peur que l’on ne me crée des distinctions qui ne soient que dans l’instrurment même, c’est-à-dire dans le tissu du langage, et qui s’évanouissent dès qu’avec un esprit exact on en vient à serrer de près les choses.

2570. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

C’est l’expression dont on s’est servi dans le Moniteur es parlant de lui le lendemain de sa mort mais aussi les plus dénués de la faculté du style qui fût jamais.

2571. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Les Mémoires d’Outre-tombe de Chateaubriand, tant de pages même si justement critiquées, mais marquées encore de la griffe du lion, n’ont fait que confirmer l’idée de son talent et de sa force dans l’esprit des jeunes groupes, toujours prêts à se révolter, et ses défauts même, qui sont les leurs, l’ont servi.

2572. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Inutiles tous deux en ce monde, qui ne comprend que ce qui le dompte ou le sert, fuyons ensemble vers l’Éden splendide des joies de l’âme, celui-là même que nos saints virent dans leurs songes.

2573. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux ; tous les défauts peuvent servir le talent, hormis la faiblesse.

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