Le sang de Louis XVI est plus rouge que le sang de ceux qui l’ont tué… L’héroïsme de la maison de Bourbon y roulait ses plus nobles, ses plus intrépides gouttes.
… « Semblables — dit-il — à ces anciens chevaliers raidement enjambés sur leurs palefrois, si pendant qu’ils chevauchaient quelque malin page tirait à l’ΑVΕΝTURE la crinière du noble animal, le voilà qui se cabrait et jetait à terre le magnifique seigneur (même vol.). » Comment de tirer de côté la crinière d’un cheval peut-il faire cabrer ce cheval quand un homme est dessus ?
Contrairement à ce que ses admirateurs pourraient en espérer ou en attendre, ce ne fut pas l’audacieux embarquement du Génie sous la pression de l’enthousiasme, de l’ardente vocation et de la fierté confiante en sa noble pensée.
On sent qu’il ne l’emploie que dans un noble but, cette plaisanterie qui, d’elle-même, tend en bas, et à laquelle il faut donner, comme il l’a fait, de plus hautes destinations.
…), tiendrait actuellement son noble esprit plus haut que ses passions d’homme de parti ?
les dieux le savent, mais aucun homme ne le sait. » Tel est ce premier discours de Platon, où il a développé l’âme de Socrate ; il y règne une éloquence douce et noble, le courage de la vertu, le respect pour la divinité et pour soi-même.
Il semble qu’un orgueil noble donne du ressort à la vanité, et lui communique un peu sa grandeur.
De cette idée dut naître le noble effort propre à la volonté de l’homme, de tenir en bride les mouvements imprimés à l’âme par le corps, de manière à les étouffer, comme il convient à l’homme sage, ou à les tourner à un meilleur usage, comme il convient à l’homme social, au membre de la société37.
S’agit-il du noble orgueil de l’esprit, dans sa croyance à l’immortalité, quel mécompte devaient lui donner ces vers d’Horace sur un sage illustre : « Ô toi qui mesurais la mer, et la terre, et le sable infini, Archytas, te voilà réduit à un peu de poussière, sur le rivage de Matine !
Il décida d’en faire un médecin : un bon et noble métier, bien considéré, qui n’était exercé que par des gens de familles riches et bien apparentées. […] Ils n’ont pas de prétentions nobiliaires ; pour le monde, et pour ne point payer la taille, ils se font reconnaître pour nobles ; du reste, ils ne recherchent guère leurs origines, et se font eux-mêmes tout ce qu’ils sont. […] Et ils sont tellement l’objet de cette passion, qu’il n’y a point d’homme si imparfait qu’on ne puisse avoir pour lui une amitié très parfaite lorsqu’on en est aimé et qu’on a l’âme véritablement noble et généreuse. […] Il représente là-bas « la vile bourgeoisie », les « commis », agents du despotisme royal et instruments de la déchéance des nobles. […] C’est une amorce tendue à la curiosité du public, qu’on prend par sa moins noble et plus grossière partie.
Ainsi, quand on dit que les figures embélissent le discours, on veut dire seulement, que dans les ocasions où les figures ne seroient point déplacées, le même fonds de pensée sera exprimé d’une maniére ou plus vive ou plus noble, ou plus agréable par le secours des figures, que si on l’exprimoit sans figure. […] Les tropes rendent le discours plus noble : les idées comunes ausquelles nous somes acoutumés, n’excitent point en nous ce sentiment d’admiration et de surprise, qui élève l’ame : en ces ocasions on a recours aux idées accessoires, qui prêtent, pour ainsi dire, des habits plus nobles à ces idées comunes : tous les homes meurent également ; voilà une pensée comune : … etc. […] Les rhéteurs ont ensuite remarqué que telle expression étoit plus noble, telle autre plus énergique, celle-là plus agréable, celle-ci moins dure ; en un mot, ils ont fait leurs observations sur le langage des homes. […] Je me contenterai d’observer ici qu’on ne doit se servir de périphrases que quand elles rendent le discours plus noble ou plus vif par le secours des images. […] C’est une inutilité desagréable qu’une périphrase à la suite d’une pensée vive, claire, solide et noble.
Félix Reyssié, avocat à Mâcon, nous a décrit, avec une pieuse exactitude, la maison et le pays natal de son illustre compatriote ; et son heureuse diligence a su rassembler, sur l’enfance et la jeunesse de l’auteur des Méditations, des documents d’une réelle saveur Le noble poète Charles de Pomairols, étudiant l’intelligence et l’art de Lamartine, a défini avec la plus affectueuse pénétration cette âme un peu cousine de la sienne Enfin, M. […] Seulement, une correspondance assez copieuse avec deux ou trois amis intimes, très abandonnée, très naïve, où il apparaît surtout qu’il a un fond d’âme très noble, qu’il souffre de ne rien faire, de n’être rien « à son âge », et qu’il est toujours en gésine de quelque chose, sans savoir au juste de quoi. […] J’aime ces petites besognes, à la fois nobles par leur objet et commodes à l’esprit par le peu d’effort qu’elles exigent. […] Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt et l’avantage que l’univers a sur lui. […] Noble instinct, conscience, ô vérité du cœur !
L’âme gauloise a été tirée toute vive hors d’elle-même pour être initiée à la civilisation, et, sa sensibilité naturelle venant en aide à la noble violence qu’elle subissait, la transformation a été aussi complète que rapide. […] C’est un de ces fous dont les folies sont si nobles qu’elles sont irrésistibles et qu’on n’a pour se défendre contre elles que la ressource d’un peu d’ironie, et un de ces sages dont le sérieux est si aimable qu’il amuse comme la folie. […] Voici les traits sous lesquels je vous ai montré cette âme humaine si noble et si basse, si démoniaque et si angélique. […] Combien ces dernières étaient plus nobles, plus morales et plus complètes ! […] Ce n’est pas là, on s’en doute bien, l’amour paternel des âmes nobles et fortes, ce n’est qu’un grand enfant qui en aime un autre plus petit ; mais pouvait-on demander davantage à ce cœur étourdi ?
On peut se proposer de dire quel fut cet homme, quelle espèce d’homme, triste ou gaie, basse ou noble, digne de haine ou d’admiration. […] Mais… il était noble, quoique depuis moins longtemps qu’il ne se plaisait à l’imaginer, et de moins haute origine. […] Nul poète n’a plus vécu de la vie de ses contemporains ; et nul aussi n’en a mieux traduit, avec plus de tristesse, mais avec plus de simplicité ou de sincérité, les plus nobles inquiétudes. […] Et ce fut enfin une âme haute et noble, une de ces âmes rares qui sont naturellement, ou nécessairement, pour beaucoup de raisons, plus rares en critique qu’ailleurs. Car, vous ne croyez pas sans doute, — je ne nomme ici que des morts, tout à fait morts, — vous ne croyez pas qu’ils eussent l’âme noble, les La Harpe ou les Fréron ?
À se ressaisir, la lutte est noble et pathétique. […] On ne sut pas et elle ne sut pas qui elle était, noble ou roturière, bâtarde ou légitime. […] Il continue les nobles Vigny, les nobles Baraudin. […] Plus tard, il écrira : « Le travail est beau et noble. […] Édouard Schuré l’a embellie des nobles idées qu’il incarne sous les symboles celtiques : nobles idées un peu étrangères à notre habitude mentale.
Il y omettait Benoît Malon et tous ceux qui, avec lui, font du socialisme, non seulement un effort pour améliorer les conditions économiques de l’humanité, mais une noble aspiration vers un idéal moral supérieur. […] Mais ses premières réformes mécontentent les nobles et les bourgeois ; une manifestation qu’il autorise dégénère en émeute. […] Vient ensuite un ménage de snobs, M. et madame de Floche, qui, étant presque nobles, ont une admiration béate pour tout ce qui a le prestige d’un nom authentique. […] Thiébault lui-même s’émerveille du courage d’une jeune fille noble qui se plonge tous les matins dans l’eau froide. […] Mais on a surpris le secret du maître et aussitôt c’est une noble émulation pour le servir.
Nous n’avons guère besoin de faire ressortir ce qu’il y a de noble et de généreux dans cette conception de l’amour, telle qu’elle se dégage des livres de M. […] » s’écrie-t-il, car lorsqu’il s’agit de converser avec soi-même à quoi bon recourir aux conventions du style noble ? […] Et il trouve d’admirables sophismes pour faire valoir aux yeux de Juliane tout ce que ce rôle a de noble, d’agréable et d’avantageux. […] Lavedan est fils de famille riche et souvent noble. […] Dans ses derniers livres : Tel qu’en songe, Contes à soi-même, Aréthuse, se précise son idéal personnel d’une mélancolie très noble.
Non, car dans Faust il y a encore des retours fugitifs, où des idées plus nobles tempèrent la brutalité de la passion. […] Un emploi assez noble manque à vos facultés ! […] Et qu’on n’aille point prétendre que les accidents monotones de la vie bourgeoise ne sauraient offrir à l’artiste une matière assez noble. […] Était-il plus noble de languir sans autre espoir dans la vie que le coup de poignard qui doit la terminer ? […] Il n’a que des goûts nobles, les chevaux, les armes, la chasse, la galanterie, la grande culture.
VIII J’étais né avec un grand attrait naturel pour les facultés supérieures de l’âme et de l’esprit, et par conséquent avec un grand goût littéraire, le plus noble exercice de ces facultés : dès le collège, il y avait de la littérature dans mes amitiés. […] Enfin, au soleil couchant, la porte de la maisonnette tourna lentement et sans bruit sur ses gonds, un petit homme en habit noir, à fortes épaules, à jambes grêles, à noble tête, sortit suivi d’un chat auquel il jetait des pelotes de pain pour le faire gambader sur l’herbe ; l’homme et le chat s’enfoncèrent bientôt dans l’ombre d’une allée. […] Je fus frappé et attiré par sa noble figure de gentilhomme de campagne qui me rappelait celle de mon père. […] Depuis ces heureuses années, la révolution dynastique de 1830, à laquelle je n’adhérai jamais, et des situations politiques différentes, me rendirent étranger à cette noble famille, mais jamais hostile.
Ce sont là de nobles paroles, dont la noblesse n’est égalée que par la sincérité de l’émotion qui les anime ; et certes, aucun rêve, — si les expressions du Saint-Père lui-même nous autorisent peut-être à nous servir de ce mot, — ou aucune espérance, ne saurait mieux convenir et aux aspirations de cette fin de siècle, et au caractère de l’illustre vieillard qui gouverne à peu près souverainement la croyance de 200 millions d’hommes. […] On en retrouve une autre, celle de la justice absolue, dans toutes les morales fondées, comme celle de Kant, sur « l’autonomie de la volonté. » Et s’il y a sans doute une morale positiviste, une morale issue de l’idée d’une participation de misères et d’une solidarité d’intérêts qui lierait les unes aux autres, dans l’infini de l’espace et du temps, les générations des hommes, une très belle morale, celle dont George Eliot a donné la plus noble expression : — « Puissé-je atteindre — Les cieux très purs ! […] Ou si l’on veut encore quelque comparaison plus noble à la fois et peut-être plus vraie, ce n’est ni le temps ni le lieu d’opposer le caprice de l’individu aux droits de la communauté, — quand on est sur le champ de bataille33 En l’honneur de la Science Trois mois après la publication de ces pages, quelques « savants » et surtout quelques « hommes politiques » ayant offert à M. […] Mais ce qu’il y a de plus admirable, c’est ici l’assurance avec laquelle notre docteur s’arroge, pour les siens et pour lui, le monopole de « la justice » et de « la liberté. » Si nous n’avons peut-être pas plus de peur qu’il n’en a de cette « science sociale qui se fait », et au contraire si nous ne concevons pas de plus noble occupation que de travailler à la dégager des origines obscures où elle semble être encore embarrassée, c’est le moindre de ses soucis ; et parce qu’il lui plaît de voir en nous les défenseurs de la « servitude du corps et de l’esprit », il le dit sans plus de « manières » et, naturellement il essaie de le faire croire à ses lecteurs : Tout leur fait, croyez-m’en, n’est rien qu’hypocrisie.
Lui, noble cœur, imagination fougueuse, esprit fumeux, de qui Fauriel disait : « Il est naturellement éloquent et ignorant » ; lui qui a précisément choisi Napoléon en 1836 pour le sujet d’une légende épique des plus extraordinaires sans doute, mais qui ne valait pas assurément les quelques chansons de Béranger, c’est lui aujourd’hui qui vient nous rapprendre l’histoire exacte et en remontrer à M.
La vanité, le caprice, les sens, le besoin de succès et de plaisir à tout prix, deviennent en ces sortes d’âmes des passions moins nobles, mais non moins acharnées, qui gravent aussi leurs rides au front et en arrachent les cheveux.
De quelque manière qu’on veuille interpréter ces symptômes évidents, qu’on y voie, comme les plus illuminés semblent le croire, l’annonce de je ne sais quelle femme miraculeuse destinée à tout pacifier ; qu’on y voie simplement, comme certains esprits plus positifs, la nécessité de réformer trois ou quatre articles du Code civil, nous pensons qu’il doit y avoir sous ce singulier phénomène littéraire une indication sociale assez grave ; nous aimons surtout à y voir un noble effort de la femme pour entrer en partage intellectuel plus égal avec l’homme, pour manier toutes sortes d’idées et s’exprimer au besoin en sérieux langage.
Ils environnaient la recherche de la vérité de tout ce qui pouvait frapper l’imagination ; ces promenades où de jeunes disciples se réunissaient autour de leur maître, pour écouter de nobles pensées en présence d’un beau ciel ; cette langue harmonieuse qui exaltait l’âme par les sens, avant même que les idées eussent agi sur elle ; le mystère qu’on apportait à Éleusis dans la découverte, dans la communication de certains principes de morale ; toutes ces choses ajoutaient à l’effet des leçons des philosophes.
Mais on peut toujours juger si les images de la nature, telles qu’elles sont représentées dans le Midi, excitent des émotions aussi nobles et aussi pures que celles du Nord ; si les images du Midi, plus brillantes à quelques égards, font naître autant de pensées, ont un rapport aussi immédiat avec les sentiments de l’âme ; les idées philosophiques s’unissent comme d’elles-mêmes aux images sombres.
Une série de tâtonnements, Christine, Caligula, Catilina, lui ont fait éliminer les éléments tragiques, qu’il s’efforçait d’abord de retenir par respect pour le genre noble (mais je ne verrais pas, comme M.
Toutes les qualités féminines légères, délicates, fragiles, souffrantes ; ce qu’on entendait par de l’aristocratie quand le mot avait un sens ; la gracilité de ces héritiers élégants et maladifs en qui s’éteignent les familles nobles ; charmant, touchant, oui, — grand, non.
Cet état d’enthousiasme où l’âme entend soudain le vivant tressaut d’elle-même est une des plus nobles attitudes de l’homme et tout être capable de comprendre la beauté a dû le connaître au moins une fois.
Et tu y as une part honorable comme citoyen, et je le prouverai que tu dois être content d’être étranglé par justice… » — « En effet le contentement du tout comprend et renferme le contentement des parties et puisque tu es une partie, infime à la vérité et misérable de la noble ville de Viterbe, ta condamnation qui contente la communauté doit te contenter toi-même… Et je le démontrerai encore que tu dois estimer ton arrêt de mort aimable et décent.
Je le regarde comme le principe de toute noble vie, comme la formule expressive, quoique dangereuse en sa brièveté, de la nature humaine, au point de vue de la moralité et du devoir.
Le philosophe était pour elle le sage, le chercheur, Jupiter sur le mont Ida, le spectateur dans le monde. « Parmi ceux qui accourent aux panégyres de la Grèce, les uns y sont attirés par le désir de combattre et de disputer la palme ; les autres y viennent pour leurs affaires commerciales ; quelques-uns enfin ne s’y rendent ni pour la gloire, ni pour le profit, mais POUR VOIR ; et ceux-là sont les plus nobles, car le spectacle est pour eux, et eux n’y sont pour personne.
On sait bientôt avec une précision mathématique combien, sur cent mots, il y en a de concrets ou d’abstraits, de nobles ou de familiers, de rares ou d’usage courant, etc.
Mais, ajoute Voltaire, les connaisseurs rendirent bientôt à Molière les suffrages de la ville, et un mot du roi lui donna ceux de la cour. » Le suffrage du roi, qui explique très bien celui de la cour, et celui des connaisseurs de la ville, s’explique très clairement lui-même par l’intérêt qu’avait le prince à diminuer la considération des sociétés graves, de mœurs honnêtes, d’occupations nobles, à rendre ridicules les censeurs de ses désordres ; et c’est ce que Molière entreprit dans sa comédie des Femmes savantes, où il représente tout savoir dans les femmes comme une méprisable pédanterie, et toute critique, ou toute censure exercée de fait sur les opinions et les mœurs de la cour, comme une insolence digne de châtiment.
Ils ont beau s’écrier d’un fausset philosophique, qu’il n’a fait que copier Horace & Juvenal, qu’il n’est tout au plus qu’un bon versificateur, qu’il ne connut jamais le sentiment, que ses idées sont froides & communes, qu’il n’est pas enluminé comme eux, qu’il n’a qu’un ton, qu’une maniere ; ils ont beau s’applaudir réciproquement de leurs prouesses littéraires, lever jusqu’aux nues l’entortillage & l’enflure de leurs pensées, ne trouver rien d’égal à la profondeur de leurs courtes vues, s’extasier sur le vernis de leurs mystérieuses expressions ; la voix noble & ferme de Stentor n’a qu’à se faire entendre, & aussitôt cette engeance mutine disparoîtra, avec son Général, pour se cacher sous ses humbles pavillons.
. — On sent que la royauté absolue a passé pendant de longues années sur ces nobles têtes, courbant l’une, brisant l’autre.
Pierre Abailard naquit en Bretagne, l’an 1079, d’une famille noble.
Il ne croit pas qu’il y ait rien de plus funeste à notre langue que le stile Marotique ; qu’un genre moitié sérieux, moitié bouffon ; que cette bigarrure de termes bas & nobles, surannés & modernes.
Mais la diverse nourriture… Ce mot se prenait alors, même dans le style noble, pour synonyme d’éducation.
L’auguste de ses fonctions lui inspire un tel orgueil, qu’ici le vicaire de Saint-Roch est plus grand à ses propres yeux que le souverain : celui-ci ne fait que des nobles, des ducs, des ministres, des généraux ; qu’est-ce que cela pour celui qui fait des dieux ?
Il ne suffit pas aux peintres de concevoir des idées nobles, d’imaginer les compositions les plus élegantes, et de trouver les expressions les plus pathétiques, il faut encore que leur main ait été renduë docile à se fléchir avec précision en cent manieres differentes, pour se trouver capable de tirer avec justesse la ligne que l’imagination lui demande.
et dites si aucune de vos nobles qualités, aucun de vos dons précieux vous a jamais rapporté autant que le moindre de vos ridicules !
Dans toute l’histoire, dit Robertson, Ximénès est le seul premier ministre que ses contemporains aient honoré comme un saint et à qui le peuple, placé sous son administration, ait attribué le don des miracles ; et Hefele a eu la noble jalousie de cette justice.
Esprit absolu, qui n’avait pas écrit pour rien sa grande Histoire des Jésuites, et qui devait appliquer à son parti le noble mot de Laurent Ricci : Sint ut sunt, aut non sint !
Risqué déjà à une autre époque, ce noble aveu — on se le rappelle — rapporta un orage de sifflets à l’une des tragédies du poète, mais maintenant que cet aveu est affermi et courageusement répété, tous ceux qui avaient drapé Silvio Pellico en martyr contre l’Autriche reprendront leur pitié… et leurs sifflets, et ce n’est plus une tragédie qu’ils siffleront.
L’une de ces lettres, très grave, très noble et très éloquente, est de la Reine Caroline, qui exhorte avec ferveur l’homme qu’elle admire à mourir en chrétien, et l’autre est la réponse du mourant, qui déclare que, malgré ses erreurs et ses péchés, il n’a pas cessé d’être chrétien et de demander à Dieu sa miséricorde.
Risqué déjà à une autre époque, ce noble aveu, — on se le rappelle, — rapporta un orage de sifflets à l’une des tragédies du poëte, mais aujourd’hui que cet aveu est affermi et courageusement répété, tous ceux qui avaient drapé Silvio Pellico, en martyr contre l’Autriche, reprendront leur pitié… et leurs sifflets, et ce n’est plus une tragédie qu’ils siffleront !
Mais un seul contrat d’atermoiement et le plus léger soupçon suffisaient pour le faire destituer ; car les habitants de Paris voulaient avoir à leur tête un homme qui résumât tous les nobles penchants de l’humanité. » Ce fut sous la minorité de saint Louis, de ce grand roi qui refit la morale publique de son temps, que la constitution des travailleurs fut fortement remaniée.
Si politiquement, socialement, on ne peut juger la Justice dans cette noble et respectueuse terre de France, il n’en est point ainsi en ce qui touche aux choses purement spéculatives de la pensée, et, sur ce terrain-là, on a le droit de juger les jugements entachés d’erreur ou de faiblesse.
Et n’a-t-il pas fallu, et seulement en ces derniers temps, un voyant historique comme Thomas Carlyle, pour nous prouver que ce grand homme, qui n’a qu’une tache sur toute une gloire immense, fut, comme Mahomet, un être de la plus noble et de la plus profonde sincérité ?
… Le malheureux poète, dont le matérialisme grandit chaque jour, a retenu des dons de sa jeunesse la sensualité trempée de larmes, cette mélancolie des organes lassés ou épuisés qui a la grâce de toute tristesse, car toute tristesse, fût-ce la moins noble, nous sied plus que la joie, tant nous sommes faits pour la douleur !
Un poète qui n’a pas abaissé sa poésie, — qui la tient haut et au niveau de ses croyances spirituelles et religieuses, c’est-à-dire de ce qu’il y a de plus grand dans sa vie, est, après tout, un noble spectable.
… peut-être de manière à désarmer et à faire accepter sans horreur l’idée d’une publication qui a blessé en madame Heine des susceptibilités très nobles, mais qu’il aurait été plus digne du génie de son mari de ne pas écouter.
Edmond Biré l’a relevé avec justesse, ce livre se tait sur les mouvements généreux, les nobles actions, les traits héroïques. […] Et si je puis dire ainsi, est-ce vraiment assez noble ? […] C’est très noble, cette loi de la beauté gouvernant la conduite, c’est très athénien surtout. […] On se plaît à la grâce fine, à l’aisance familière et noble de son style. […] Il aime citer cet adage : « Le Roi fait les nobles, Dieu fait les gentilshommes » ; et il défend que l’on confonde les uns avec les autres.
Non seulement le drame ne doit pas contenir d’éléments comiques, ni la comédie d’éléments tragiques, mais il y a des genres « nobles », qui sont les vrais, et des genres « vulgaires », qui ne sont pas de la littérature. […] Quand le genre est « noble », Voltaire plus tard sacrifie encore à ces exigences. […] Et il restait encore un assez grand nombre de grands propriétaires nobles, soit de l’ancienne noblesse, soit de celle qu’avait voulu créer Napoléon, qui siégeaient dans les deux Assemblées parlementaires. […] Nécessité pour Barrès de la renouveler perpétuellement dans de nouveaux paysages : Un amateur d’âmes ; Du sang, de la volupté, de la mort ; Le Jardin de Bérénice même : Le Voyage de Sparte ; Le Greco ; La Colline inspirée, noble ouvrage, un des plus nobles, mais qui n’est pas un roman. […] (Écoutez Mme Verdurin s’adressant à Charlus, si entiché de sa noblesse : « Vous n’auriez pas dans votre faubourg un vieux noble ruiné qui pourrait me servir de concierge ?
Paul Pas absolument, et il y a des vertus plus pures, mais l’exclusive donnée aux intérêts vulgaires, l’admiration du courage à braver le péril pour une cause réputée noble, ce ne sont pas là des sentiments entièrement fâcheux. […] Pierre Je respecte aussi ces éminents académiciens pour leurs nobles doctrines. […] Bourget donne le noble exemple d’une impartialité de plus en plus rare.
On a longtemps ignoré celui de sa famille, il est étonnant que Pétrarque ne l’ait jamais prononcé ; des recherches incessantes et récentes ont enfin restitué Laure à la noble maison de Noves, d’où elle était indubitablement issue. […] L’énergie des caractères et la puissance des intelligences qu’elle produit sont en perpétuel contraste avec la petitesse des États et avec la servitude des institutions pour lesquels ces natures romaines devaient vivre ; en sorte que cette noble et belle terre souffre doublement de rêver ce que fut l’Italie jadis, et de subir ce que l’Italie est aujourd’hui. […] Rienzi cita les nobles à son tribunal ; un jeune homme de la maison des Ursins, qui venait d’épouser quelques jours avant une fille des Alberteschi, fut arraché de son palais et pendu aux fenêtres du Capitole, sous les yeux de sa nouvelle épouse.
Sa taille est élevée ; sa stature est mince et souple ; ses membres, un peu longs comme dans toutes les natures nobles, sont rattachés au buste par des jointures presque sans saillie ; ses épaules, gracieusement abaissées, se confondent avec les bras et laissent s’élancer entre elles un cou svelte qui porte légèrement sa tête sans paraître en sentir le poids ; cette tête, veloutée de cheveux très fins, est d’un élégant ovale ; le front, siège de la pensée, la laisse transpercer à travers une peau féminine ; la voûte du front descend par une ligne presque perpendiculaire sur les yeux ; un léger sillon, signe de la puissance et de l’habitude de la réflexion, s’y creuse à peine entre les deux sourcils très relevés et très arqués, semblables à des sourcils de jeune fille grecque ; les yeux sont bleus, le regard doux, quoique un peu tendu par l’observation instinctive dans l’homme qui doit beaucoup peindre ; le nez droit, un peu renflé aux narines comme celui de l’Apollon antique : il jette une ombre sur la lèvre supérieure ; la bouche entière, parfaitement modelée, a l’expression d’un homme qui sourit intérieurement à des images toujours agréables ; le menton, cet organe de la force morale, a beaucoup de fermeté, sans roideur ; une fossette le divise en deux lobes pour en tempérer la sévérité. […] Il est bien beau et il doit être de noble race ; cela se lit sur son visage ; autrement il n’aurait pas été si familier. » (Elle sort de nouveau.) […] Et son air noble !
C’était une idée fausse, quoique paternelle ; heureusement la Providence la trompa : le jeune homme étudiait le grec, le latin, le grimoire de jurisprudence par obéissance ; mais la veste de velours du paysan provençal et ses guêtres de cuir tanné lui paraissaient aussi nobles que la toge râpée du trafiquant de paroles, et, de plus, le souvenir mordant de sa jeune mère, qui l’adorait et qui pleurait son absence, le rappelait sans cesse à ses oliviers de Maillane. […] Abandonné dans le désert des champs avec les étoiles pour compagnes, là le pauvre adolescent avait passé la nuit, et l’aube humide et claire, en frappant sur ses paupières, lui avait rouvert les yeux et ranimé la vie dans ses veines froides. » Ici le poète, pour peindre le déchirement de cœur de Mireille à l’aspect de son amoureux baigné de sang, invoque toute la pléiade fraternelle des Provençaux vivants, « Roumanille le premier, Aubanel, Anselme, et toi, Tavan, qui confonds ton humble chanson avec celle des grillons bruns qui examinent ton hoyau quand il fend la glèbe ; et toi aussi, Adolphe Dumas, qui trempes ta noble lyre dans l’écume de notre Durance débordée ! […] Irus, dans Homère, n’est pas un mendiant plus noble ni plus touchant qu’Ambroise.
Ses traits étaient sévères, nobles, purs, élégants, éclairés par l’intelligence intérieure qui les avait, pour ainsi dire, façonnés à son image ; le front, élevé, et poli comme une table de marbre destinée à recevoir et à effacer les mille impressions qui le traversaient ; le nez, aquilin, très resserré entre les yeux ; le regard, à la fois recueilli en lui-même, ferme et assuré sans provocation quand il s’ouvrait et se répandait sur la foule ; la bouche, fine, bien fendue des lèvres, sonore, passant aisément de la mélancolie des grandes préoccupations à la grâce détendue du sourire ; les joues, creuses, pâles, amaigries par les contentions de l’étude et par les fatigues de la tribune aux harangues. […] VII Ces aptitudes et ces goûts oratoires et littéraires de la famille de Cicéron, et la tendresse qui se change en ambition pour son fils dans le cœur d’une noble mère, firent élever dans les lettres grecques et romaines l’enfant, qui promettait de bonne heure tant de gloire à sa maison. […] Que n’en inspira-t-il un aussi noble et aussi honorable plus tard à Clodius, à Octave et à Antoine !
Je ne sais pourquoi la science contemporaine s’est plu souvent à répudier ces nobles exemples, et pourquoi elle s’est fait comme une gloire, et parfois même un jeu, d’exiler Dieu de ses recherches les plus hautes. […] C’est là qu’il puise ce sentiment étrange et noble qui se nomme le respect de soi, gage assuré du respect que lui devront et que lui donneront ses semblables et qu’il leur rendra. […] Je les ai demandés à l’observation directe de la conscience, mais je les ai reçus aussi de la tradition ; et en prenant la morale au point où je la trouve, dans notre siècle, au fond de tous les cœurs honnêtes, je sais bien que, eux non plus, ne l’ont pas faite à eux seuls, et qu’ils doivent beaucoup de ce noble héritage aux siècles qui nous l’ont transmis.
A la fin du siècle dernier, elle était abstraite et décolorée ; n’était-il pas recommandé de n’employer que les termes les plus nobles, c’est-à-dire les plus généraux et partant les plus ternes ? […] Mais ce que nous voyons, nous tesmoignons ; car l’orgueil estoit moult grand en France, et meismement es nobles et en aucuns autres, c’est a savoir en orgueil de seigneurie et en convoitise de richesses, et en deshonnestete de vesture et de divers habits, qui couroit communément par le royaume de France. […] Plus près de nous encore, la perruque, la poudre, l’habitude de se raser disparaissent avec le style noble et les œuvres littéraires presque exclusivement consacrées à la vie mondaine.
Enfin l’œuvre visible éclate à tous les yeux, dans sa noble ordonnance. […] Enfin, le noble horizon se déploie tout entier ; et, en face de ces grandes étendues géométriques et pompeuses, le premier sentiment est une sorte de stupeur admirative devant la majesté de l’espace. […] Une douceur, une mélancolie faite des plus nobles espoirs monte des lieux abandonnés.
Ainsi fermé à la tératologie, « ce roman retrouverait la beauté dans l’étude des choses saines et des sentiments nobles ». […] Mais elles sont de lui et à lui, ces nobles, ces douloureuses pensées : — « Chacun de nous se fait sa légende. […] Volontiers encore je me le figurerais comme un de ces sages d’autrefois, dissertant à loisir du noble amour, sous les platanes emplis du chant des cigales divines. […] « Ainsi l’art serait renouvelé à la fois par l’ardeur et par la lumière. » C’est le rêve d’un noble esprit ; j’ai peur que ce ne soit jamais qu’un rêve. […] cette mort, dont il inscrivait ainsi d’avance le nom sur son livre, elle est venue à vingt-six ans pour notre ami, pour la plus noble et la plus belle des intelligences de cette génération.
Les littérateurs et les versificateurs ont gâté les artistes et le métier des artistes, parleur persistance à soutenir le genre noble, à chanter le genre noble, et à s’écrier qu’il fallait poétiser, idéaliser, mots que les artistes ont traduit par : « donner de la tournure » ; c’est-à-dire ne jamais souffrir la nature, et ramener tout à un type archaïque, précieusement conservé dans les musées, et porté à sa perfection par Annibal Carrache. […] D’autres veulent synthétiser les aspirations des âmes vers l’amélioration, la liberté, l’émancipation, l’amour universel, en les faisant représenter par des personnages convenus comme les signes topographiques et embellis par un langage imagé, noble, tendant même au sublime, seul propre à élever l’esprit du lecteur. […] peut-être est-ce parce qu’un génie supérieur trouve en tout matière à faire une belle tentative rythmique, suivant l’expression d’un fervent croyant de mes amis et que dompter le mètre, même à propos de choses vulgaires, est le plus noble emploi de notre force de Centaure. […] Numéro 2, 15 décembre 1856 1856 Résumé du numéro précédent Comme certaines personnes qui ne comprennent jamais, n’ont pas compris ce qui a été écrit, il est bon de leur faire remarquer qu’il a été très nettement établi : Que le Réalisme proscrivait l’historique dans la peinture, dans le roman et dans le théâtre, afin qu’il ne s’y trouvât aucun mensonge, et que l’artiste ne pût pas emprunter son intelligence aux autres ; Que le Réalisme ne voulait, des artistes, que l’étude de leur époque ; Que dans cette étude de leur époque, il leur demandait de ne rien déformer, mais bien de conserver à chaque chose son exacte proportion ; Que la meilleure manière de ne pas errer dans cette étude, était de toujours songer à l’idée de représenter le côté social de l’homme, qui est le plus visible, me plus compréhensible et le plus varié, et de songer ainsi à l’idée de reproduire les choses qui touchent à la vie du plus grand nombre, qui se passent souvent, dans l’ordre des instincts, des désirs, des passions ; Que le Réalisme attribue par là à l’artiste un but philosophique pratique, utile, et non un but divertissant, et par conséquent le relève ; Que, demandant à l’artiste le vrai utile, il lui demande surtout le sentiment, l’observation intelligente qui voit un enseignement, une émotion dans un spectacle de quelque ordre qu’il soit, bas ou noble, selon la convention, et qui tire toujours cet enseignement, cette émotion, de ce spectacle en sachant le représenter complet et le rattacher à l’ensemble social, de sorte que par exemple les reproductions à la Henry Monnier, isolées, fragmentaires, doivent être rejetées de l’art et du réalisme bien qu’on ait voulu les y rattacher ; Que le public était juge définitif de la valeur des sentiments étudiés dans une œuvre, parce que la foule est tout aussi accessible à la pitié, au malheur, à la colère, etc., que l’écrivain qui s’adresse à elle ; — Que tout homme populaire pendant trente ans a une valeur réelle, tout homme populaire au-delà de cinquante ans est un grand artiste ; — Que toute célébrité établie par la tradition des érudits, des professeurs, des collèges est douteuse, et qu’une critique intelligente aurait à faire un triage sévère parmi celles-là. […] Courbet. — Ce qui me frappe le plus, c’est la défense du costume moderne contre les ridicules antipathies dont il est accueilli. — Les attaques contre le réalisme sont signalées comme prenant leur source dans le goût exclusif du noble, des nobles peintures et des nobles personnages, goût qui ne veut pas des paysans. — M.
Je crois bien que des traditions de famille l’avaient attaché d’abord aux nobles exercices en honneur dans l’Université. […] Bourget se fût réduit à la condition de romancier, se félicitaient de le voir revenir à de plus nobles labeurs. […] Bonald et Joseph de Maistre prenaient à peu près le même accent pour railler les pères nobles de 1789. […] C’en est un noble usage et par lequel s’ouvre dignement une carrière de romancier qui promet d’être féconde. […] On retient les portraits des avocats, celui surtout de l’illustre Torson du Foudray, grand cœur, grave talent, et qui perd toutes les « nobles causes », qu’il plaide, d’ailleurs éloquemment et d’une belle voix de basse, « pour l’honneur ».
L’insignifiance du sujet, l’absence de toute idée, de tout sentiment noble ne sont elles pas faites pour déprécier une œuvre ? […] Elle est faite pour tenter les plus nobles artistes. […] De nos jours il a parmi les plus nobles artistes des partisans fidèles et enthousiastes. […] N’est-elle pas bien belle, et faite pour tenter les plus nobles esprits ? […] Il faut songer enfin à leur trouver quelque noble stimulant.
La grande idée de justice plane sur toute cette noble harangue. […] Le cardinal eût préféré « barboter », comme plus juste et plus expressif : Colletet maintint « s’humecter », comme plus noble. […] … Et de là les fameuses Stances à Marquise, si peu « galantes » et si belles, d’une fierté si absurde et si noble, d’une brutalité si hautaine et d’un si grand tour… Je ne vous rappellerai que le premier quatrain, et 1 avant-dernier. […] Et c’est parce que Son Ombre plane de nouveau sur les planches où les colonels de Scribe exprimèrent tant de nobles sentiments qu’il faut aller voir l’Homme à l’oreille cassée. […] Surtout il y a un grand effort, très noble, très méritoire et, finalement, heureux, pour nous peindre un Tibère plausible, pour nous montrer que Tibère fut un homme, un très intelligent et très méchant et très triste vieil homme, mais non point un ogre, un monstre uniforme et sommaire.
Le noble front ! […] Ils sont plus nobles que bien des rois ! […] je ne me trouve ni trop riche, ni trop noble, ni trop beau pour vous, Gillette, et en preuve, je serai votre mari, si vous voulez ! […] C’est un homme de trente-huit ans déjà, mais du plus noble cœur. […] Étranger, qui demandez à voir le plus noble endroit de cette grande ville, laissez là même le Louvre, et laissez la Notre-Dame de Paris vermoulue et que M.
Le respect de soi, cette vertu si belle dans le premier âge et qui fait d’un adolescent pur et fier une très noble fleur humaine, apparaît à ces polissons comme une pose et comme une sottise. […] Je savais déjà, détail qui m’a été confirmé depuis par le duc d’Aumale, qu’il passait pour descendre, par sa mère, d’un sang autrement noble. […] Ce souci de l’approfondissement des sujets est la plus noble ambition de l’artiste littéraire. […] Elles isolent l’intelligence trop noble, et la livrent en proie aux petits esprits, qui la punissent, par des tracasseries odieuses, d’une supériorité vaguement reconnue. […] Tel le noble livre d’apprentissage de Gœthe : Poésie et Vérité.
Puis, selon l’inévitable loi, ce sang noble commença de se diluer peu à peu, par suite des croisements. […] Pour lui, les populations nobles de la Grèce, ce sont les Béotiens et les Macédoniens. […] Il sous-entend que ces jeux sont les plus nobles emplois de l’activité humaine. […] Fausta, c’est une princesse exilée, au cœur noble et fier, qui supporte courageusement l’adversité, mais que dévorent les fièvres romantiques. […] Triste fin d’une noble maison !
Ç’a été un délire : l’aliénation mentale maîtrisa ton noble cœur. […] Le geste est noble, mais d’un colosse. — Toute ma fortune, riposte le mari de Soledad. — Où est-elle ? […] Riche, noble et très chrétienne, il n’est point de rue sans boutique ouverte, point de maison sans un écusson, point de faubourg sans église. […] Edmond About sera donc dans la noble compagnie le représentant de l’esprit… et de la chance. […] L’hidalgo ne jure plus que par ce noble et respectable personnage.
Noble et raisonnable fierté ! […] Je ne comprends pas ces nobles indignations, renouvelées de Musset encore (Dors-tu content, Voltaire ? […] Ce noble émigré est marié à une princesse russe depuis seize ans. […] Ils ont commis des crimes, mais gardaient des aspirations nobles. […] Rien de plus salubre, de plus tonifiant, que de reprendre contact avec cette pensée si noble et cette haute conscience.
À la faveur de ces paralogismes, Bernhardi, l’apôtre des appétits allemands, peut sans nul embarras proclamer que la politique allemande se justifie « en se mettant au service des nobles fins de la civilisation ». […] « De nouveau le calme était dans son cœur… » Une scène si belle et pathétique par la noble ingénuité de la pensée est l’honneur d’un livre. […] Il revendique, pour le roman d’histoire, le noble rôle que voici : « mettre l’homme d’aujourd’hui face à face avec l’homme d’autrefois ». […] sera toujours la plus noble devise de l’historien. » Ressusciter nos pères et les arrière-grands-pères de nos grands-pères, c’est la tâche qu’il assume. […] Mais leur démence a, très loin, son origine dans la plus noble et haute pensée religieuse et leur démence garde on ne sait quoi de sublime dans la pire abjection mentale.
L’ignoble barbarisme, aujourd’hui fastueux, Est le trait de la force et le fruit de l’étude, Et sait donner au vers une noble attitude. […] » Ainsi au poète mélancolique, délicat, pur, élevé, noble, mais un peu désabusé, parlait l’ardent poète avec grandeur. […] Ce noble discours remplit-il toutes les intentions du Consul ? […] Cette noble harangue de bienvenue, qui ouvrait, pour ainsi dire, le siècle sous des auspices auxquels il allait sitôt mentir, ouvrait définitivement la seconde moitié de la carrière de M. de Fontanes. […] C’est une consolation pour ceux qui jugent les éloges de ses discours exagérés, de les retrouver dans ses poésies, où ils ont certes deux caractères parfaitement nobles, la conviction et le secret.
Que votre diction soit pure, et cherchez avec soin, par de très belles paroles, les pensées nobles, vives, solides et remplies d’un beau sens ! […] Il a brisé, sans que son esprit en fût troublé le moins du monde, cette grande prose du Don Juan, et de ces nobles parcelles il a fabriqué toutes sortes de rimes et d’hémistiches. […] Oui Don Juan change de nom, il s’appelle Tartuffe ; le peu de noble sang qui restait précieusement et audacieusement enfoui dans les veines de cet homme, est devenu un mélange bâtard d’encens frelaté et d’eau mal bénite. […] Parmi les danseuses du divertissement, les mêmes noms se retrouvent, mêlés aux noms des artistes suivant la cour ; ceux-là, danseurs et danseuses par métier, restaient chargés des grands rôles, des railleries, des bruits, des chansons et des belles danses en dehors de la danse noble. […] c’est là encore mentir à l’histoire et avilir à plaisir et sans aucune nécessité dramatique, le noble caractère de M. le marquis de Montespan.
Ce système d’indifférence qu’elle pratiquait désormais n’avait pourtant pas son principe dans l’égoïsme ; ce n’était en elle que le culte constant du passé ; et, comme le lui disait délicatement Sismondi : « Vous avez aimé ce qu’il y a eu de plus grand et de plus noble dans votre génération, et ce sentiment vous suffit encore. […] s’écria Napoléon, noble, sensible, généreuse, toujours prête aux grandes entreprises.
XVI Notre contrat social, à nous, le contrat social spiritualiste, au contraire, celui qui cherche son titre en Dieu, qui s’incline devant la souveraineté de la nature, celui qui ne se reconnaît d’autre droit que dans ce titre magnifique, et plus noble que toutes les noblesses, de fils de Dieu, égal par sa filiation et par son héritage à tous ses frères de la création, celui qui ne croit pas que tout son héritage soit sur ce petit globe de boue, celui qui ne pense pas que l’empire de quelques millions d’insectes sur leur fourmilière, renversant ou bâtissant d’autres fourmilières, soit le but d’une âme plus vaste que l’espace, et que Dieu seul peut contenir ou rassasier ; celui qui croit, au contraire, à l’efficacité de la moindre vertu exercée envers la moindre des créatures en vue de plaire à son Créateur, celui qui place tous les droits de l’homme en société dans ses devoirs accomplis envers ses frères ; celui qui sait que la société humaine, civile et politique, ne peut vivre, durer, se perfectionner en justice, en égalité, en durée, que par le dévouement volontaire de chacun à tous, dévouement du père au fils, de la femme à l’époux, du fils au père, des enfants à la famille, de la famille à l’État, du sujet au prince, du citoyen à la république, du magistrat à la patrie, du riche au pauvre, du pauvre au riche, du soldat au pays, de tout ce qui obéit à tout ce qui commande, de tout ce qui commande à tout ce qui obéit, et, plus haut encore que cet ordre visible, celui qui conforme, autant qu’il le doit et qu’il le peut, sa volonté religieuse à cet ordre invisible, à ce principe surhumain que la Divinité (quel que soit son nom dans la langue humaine) a gravé dans le code, dans la conscience, table de la loi suprême ; celui qui sait que, sous cette législation des devoirs volontaires qu’on nomme avec raison force ou vertu, il n’y a ni Platon, ni J. […] Car il croit que Dieu n’a pas borné à ces phénomènes d’agglomération, de révolution, de progrès matériel, de décadence, de dissolution et de disparition, les destinées de cette noble catégorie d’êtres appelés hommes ; que ces êtres ne sont pas bornés dans tous leurs développements par la tombe ; mais que le vrai contrat social, celui dont l’âme de l’humanité est l’élément, celui dont la vertu est le mobile, celui dont le devoir est la législation, celui dont Dieu lui-même est le souverain, le spectateur et la récompense, que ce contrat social, interrompu ici à chaque génération par la mort, ne se résilie pas dans la poussière de ce globe.
Son entrevue avec le roi, la reine, sa sœur, au Palais-Royal, eut pour objet, de sa part, de faire reconnaître Henri V et la régence, et, de la part de la maison d’Orléans, de le séduire et de le rendre complice de leur usurpation du trône ; son honneur s’indigna, il les quitta pour jamais, et s’enferma dans sa retraite ; mais il honora toutefois cette retraite par un acte mémorable et réfléchi, un noble adieu au monde, où il plaida la cause perdue des rois fugitifs. […] XIII M. de Marcellus raconte les entretiens confidentiels qu’il eut avec la duchesse d’Angoulême. — Elle ne se fiait pas plus que nous, la noble femme, aux ordonnances, coup d’État désarmé.
Nobles poëtes, pourquoi tous deux n’avez-vous pas justifié jusqu’au bout votre emblème, sans jamais ternir votre blancheur ? […] Ses bassesses, ses œuvres, ses vulgarités, ses colères, ses férocités, ses supplices même, dont il avait été témoin et victime par sa famille, et par son père, et par sa mère, morte innocente en prison, en punition d’être née noble, lui avaient donné un dégoût haineux contre les mœurs de cette race, qui ne sentait alors sa grandeur qu’en faisant sentir sa terreur.
Il acheva sa vie dans une noble attitude, en grand homme désabusé : la fière douceur d’un universel renoncement consolait un peu son lourd ennui ; il lui restait une réelle amie, Mme Récamier, qui réunissait autour de lui, pour lui, dans son appartement de l’Abbaye au Bois, les gens les plus distingués ; il recevait de ce monde choisi par les soins d’une adroite femme le culte discret, lointain, fervent, qui convient aux grandeurs désolées. […] Son dessein était de « prouver que, de toutes les religions qui ont jamais existé, la religion chrétienne est la plus poétique, la plus humaine, la plus favorable à la liberté, aux arts et aux lettres ; que le monde moderne lui doit tout ; … qu’il n’y a rien de plus divin que sa morale, rien de plus aimable, de plus pompeux que ses dogmes, sa doctrine et son culte ; … qu’elle favorise le génie, épure le goût, développe les passions vertueuses, donne de la vigueur à la pensée, offre des formes nobles à l’écrivain, et des moules parfaits à l’artiste649…. » Ce vaste dessein d’apologie se développait à travers quatre parties : Dogmes et doctrines, Poétique, Beaux-Arts et Littérature, Culte.
Oui, ils sont les dignes fils de ce grand et noble poète tant bafoué et calomnié de son vivant, et si mal connu encore à cette heure ; de ce pur artiste qui écrivait : « … La poésie, pour peu qu’on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d’enthousiasme, n’a pas d’autre but qu’elle-même ; elle ne peut pas en avoir d’autre et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème. » Et, en remontant jusqu’aux premières années du siècle, on trouverait un autre ancêtre, Alfred de Vigny, l’auteur de Moïse, de La Colère de Samson, de La Maison du berger et de ce délicieux mystère où … les rêves pieux et les saintes louanges, Et tous les anges purs et tous les grands archanges… chantent sur leurs harpes d’or la naissance d’Éloa, cette ange charmante née d’une larme de Jésus.
Les joies de l’art sont rares et austères ; ce n’est que le plus noble de tous les travaux imposés à la race d’Adam. […] On aurait d’ailleurs mauvaise grâce, à chicaner les étrangers sur la manière dont ils entendent les nobles jouissances de l’esprit.
Il la gardait pour son noble frère en fait de mépris des choses fortuites, Michel Montaigne. […] Une des qualités de cette langue, parmi tant d’autres qui méritent d’être étudiées61, c’est cette souplesse dont il donnait le premier exemple, et qui consiste à passer du noble au familier, sans gêne et sans disparate.
Ces vers si nobles et si impérieux sentent tout à la fois le poëte théoricien qui commande au nom des lois éternelles de l’art rétablies et remises en vigueur par lui, et l’homme de grand sens qui ne se fait illusion sur rien, pas même sur ce qui lui attiré l’admiration des autres hommes. […] Qu’à l’un de ces moments-là Malherbe nous tombe sous la main, d’où vient que nous sommes si surpris de cette vivacité, de cette verdeur d’un sexagénaire, de ce grand sens de ces vérités qui ont reçu leur forme dernière, de ce style si précis, si noble, si frappant ?
L’idée que le noble est celui qui ne gagne pas d’argent, et que toute exploitation commerciale ou industrielle, quelque honnête qu’elle soit ravale celui qui l’exerce et l’empêche d’être du premier cercle humain, cette idée s’en va de jour en jour. […] La seule mort acceptable est la mort noble, qui est non un accident pathologique, mais une fin voulue et précieuse devant l’Éternel.
2 août Par la littérature qui court, c’est vraiment un noble type littéraire que ce Saint-Victor, cet écrivain dont la pensée vit toujours dans le chatouillement de l’art ou dans l’aire des grandes idées et des grands problèmes, couvant de ses amours et de ses ambitions voyageuses la Grèce d’abord, puis l’Inde qu’il vous peint sans l’avoir vue, comme au retour d’un rêve haschisché, et poussant sa parole, ardente et emportée et profonde et peinte, autour de l’origine des religions, parmi tous les grandioses et primitifs rébus de l’humanité : curieux des berceaux du monde, de la constitution des sociétés, pieux, respectueux, son chapeau à la main devant les Antonins, qu’il appelle le sommet moral de l’humanité, et faisant son évangile de la morale de Marc-Aurèle, ce sage et ce si raisonnable maître du monde. […] Le monde de l’art, au contraire, contient les nobles âmes, les âmes mélancoliques, les âmes désespérées, les âmes fières et gouailleuses, comme Watteau qui échappe aux amitiés des grands, et parle de l’hôpital ainsi que d’un refuge ; comme Lemoyne qui se suicide, comme Gabriel de Saint-Aubin qui boude l’officiel, les académies, et suit son génie dans la rue, comme Le Bas qui met son honneur d’artiste sous la garde de la blague moderne.
Les Romains, qui savaient merveilleusement désigner les diverses œuvres de l’esprit, et ce fut un grand avantage de leur critique sur la nôtre, avaient des noms pour distinguer entre elles, les diverses comédies représentées sur leurs théâtres : satyres, drames, comédies — præxtextæ, togatæ, palliafæ ; comédies vêtues à la grecque, à la façon des nobles ; vêtues à la romaine, à la façon du peuple. […] Certes, voilà ce qui ne vous serait pas arrivé il y a dix ans, quand vous étiez quelque peu un poète, quand votre âme honnête et jeune s’ouvrait facilement aux nobles impressions du beau et du bon.
De ce point de vue, on aperçoit l’une des puissances révolutionnaires du progrès de la richesse ; le luxe est un des instruments qu’elle emploie pour briser les cadres sociaux : en permettant aux roturiers de « vivre noblement » elle diminue la distance qui les sépare des nobles. […] V. ce que dit Taine (Les Origines de la France contemporaine), du rapprochement du bourgeois et du noble : « Aux approches de 1789, on aurait peine à les distinguer dans la rue. » 99.
J’aime à croire cependant qu’elle le fit non par mobilité et ingratitude, mais par un sentiment de délicatesse pour les émigrés français, nobles ou prêtres, qui étaient ses hôtes.
Il y avait au xviiie siècle un officier irlandais au service de France, noble et pauvre comme tous les Irlandais.
Sans projets, sans envie, Ne cherchons désormais que l’oubli de la vie : Que chaque objet qui passe, ou noble ou gracieux, Nous attire, et sur lui laissons aller nos yeux ; Vivons hors de nous-même ; il est dans la nature, Dans tout ce qui se meut, et respire, et murmure, Dans les riches trésors de la création, Il est des baumes sûrs à toute affliction : C’est de s’abandonner à ces beautés naives, D’en observer les lois douces, inoffensives, L’arbre qui pousse et meurt où nos mains l’ont planté, Et l’oiseau qu’on écoute après qu’il a chanté.
Ballanche, le jeune homme, qui, plein de nobles et de sincères affections, repousse d’abord le temps présent, comme incomplet et aride, qui résiste aux destinées sociales encore incertaines, et se réfugie de désespoir dans un passé chimérique ; ce jeune homme, type fidèle de bien des âmes tendres de notre âge, finit par se réconcilier avec cette société nouvelle mieux comprise, et par reconnaître, à la voix du vieillard initiateur, c’est-à-dire à la voix de la philosophie et de l’expérience, que nous sommes dans une ère de crise et de renouvellement, que ce présent qui le choque, c’est une démolition qui s’achève, une ruine qui devient plus ruine encore ; que le passé finit de mourir, et que cette harmonie qu’il regrette dans les idées et dans les choses ne peut se retrouver qu’en avançant.
c’est que, bien que je ne sois pas encore de la société des Bonnes lettres, je suis un ignorant, et de plus j’ai entrepris de parler sans avoir une idée ; j’espère que cette noble audace me fera recevoir aux Bonnes lettres.
Comme il traversait ainsi la forêt, un homme de mauvaise mine, sans autre vêtement qu’une méchante cotte blanche, se jette tout à coup à la bride du cheval du roi, criant d’une voix terrible : « Arrête, noble roi, ne passe pas outre, tu es trahi !
Les nobles essaient de ressaisir le pouvoir, d’envelopper la royauté, et de la séparer, non seulement du peuple, ce qui est fait de longue date, mais de la bourgeoisie.
L’école d’Alexandrie fut une noble école, et cependant elle se livra aux pratiques d’une théurgie extravagante.
Bien des hommes avant Jésus, ou de son temps, tels que Jésus, fils de Sirach, l’un des vrais ancêtres de Jésus de Nazareth, Gamaliel, Antigone de Soco, le doux et noble Hillel surtout, avaient enseigné des doctrines religieuses beaucoup plus élevées et déjà presque évangéliques.
Je n’insisterai pas sur ce rapprochement qui restera toujours affligeant pour les nobles admirateurs du grand poète, si de nouvelles lumières ne viennent en détruire l’effet.
Une autre fois il fit enterrer vifs douze jeunes nobles, la tête en dehors du sol, sans prétexte aucun, sans colère, parce que telle était sa fantaisie du moment. — Un jour, il ordonne de faire mourir Crésus qui, depuis la conquête de son royaume par Cyrus, vieillissait honorablement à la cour de Perse.
Il pouvait le louer d’avoir banni ces fous de cour si multipliés en Europe, d’avoir substitué à cet amusement misérable, les plaisirs nobles de l’esprit et de la société.
Bréal approuve seulement Mme Dacier de « voir partout dans l’Iliade des nobles et des princes », au lieu des « types grossiers et barbares » qu’on affecte d’y voir aujourd’hui.
Mais je vois, et il deviendra bientôt évident pour tous, que la poésie cherche un asile dans la prose ; et plus la langue écrite prendra de l’ascendant, plus la poésie cherchera les moyens de s’acclimater dans la prose ; car enfin il faut que cette noble exilée rentre un jour dans son héritage.
« Le 24 janvier au soir (écrit-elle), l’horrible éventualité de la capitulation se présenta à notre esprit. » Mais plus tard, ni l’accablante capitulation, ni les derniers écrasements de nos pauvres armées ne l’empêchent, à la page 359, d’écrire cette froide réclame d’une plume sensée, qui sait que le fin et le contre-fin de tout est la réclame dans ce noble temps : « Lacroix vient d’emporter les manifestes d’Edgar Quinet pendant le bombardement.
Son amitié très noble et son admiration très profonde pour Mme Swetchine l’ont entraîné, et on le conçoit.
L’impartialité dans l’enthousiasme, qui correspond pour l’esprit à ce qu’est la justice dans l’amour pour le caractère, tel est le trait saillant, particulier, impossible à oublier, de cette belle physionomie intellectuelle, — son fer à cheval de Redgauntlet, à ce noble front !
Et vraiment, si l’imagination humaine est ainsi faite que, dans les poèmes de lord Byron, par exemple, elle pardonne même au crime en faveur d’un noble sentiment que l’âme a gardé dans sa pureté première, si la fidélité de Conrad le Corsaire est plus belle enchâssée dans cette vie de bandit, comme un diamant qui rayonnerait mieux dans une monture noire, cette fidélité dans l‘amour qu’il avait, lui aussi, profitera au pauvre Villon.
Jules Girard, qui finit par se dépraver dans ces accointances grecques, conclut au nom de cette raison, dont l’art, pour lui, relève, que l’émotion, la plus noble émotion de l’homme, n’est rien dans la recherche du vrai et dans l’histoire de l’humanité !
À plus d’une place de son récit, et quand il rapporte les excès que personne, du reste, ne cherche à justifier, et qui accompagnèrent l’exécution de la mesure prise contre les protestants, l’historien des Réfugiés innocente entièrement le roi et affirme que ces excès auraient été réprimés s’il avait pu en être instruit, et cette noble justice venant d’un protestant de nom et d’un philosophe de fait honore infiniment l’écrivain.
Il n’y avait là, si on veut, qu’une poignée de jeunes filles, pauvres et nobles, à qui le roi payait le sang des pères morts pour lui, mais ces jeunes filles élevées par le roi, dirigées par madame de Maintenon, surveillées par Bossuet et par Fénelon, ces jeunes filles qui, dans leurs divertissements littéraires, avaient Racine pour répétiteur, devenaient un jour des mères par la chair ou l’esprit, — car celles qui ne se mariaient pas étaient dames de Saint-Cyr à leur tour : des mères spirituelles, — et, toutes, elles faisaient descendre dans la société, dans le sang social, par leurs enfants ou par leurs élèves, ce qu’elles avaient puisé au sein d’une éducation sensée et religieuse, où le grandiose touchait à la simplicité.
Il y avait enfin à donner cette noble leçon à l’Angleterre, de l’impartialité de la France dans le jugement des grands hommes anglais, et à payer la basse Histoire de Bonaparte, par Walter Scott, avec une histoire magnanime de Nelson !
Il y avait, enfin, à donner cette noble leçon à l’Angleterre de l’impartialité de la France dans le jugement des grands hommes anglais, et à payer la basse Histoire de Bonaparte, par Walter Scott, avec une histoire magnanime de Nelson !
Le plus grand mérite de La Gervaisais, en fin de compte, fut d’être aimé de Mademoiselle de Condé et de lui obéir quand elle lui demanda, avec de si nobles larmes, de ne pas la revoir ; mais, franchement, je ne puis me faire à l’idée que l’homme à qui une telle femme avait pu donner le bonheur d’un pareil amour se soit prosaïquement marié et ne soit pas resté, comme le chevalier de Malte, d’une fidélité immortelle, avec sa croix, non pas sur le cœur, mais dedans !
La Critique n’est la fille de personne que de la Vérité, et le plus noble langage d’un fils — fût-ce le Cid !
Mgr Salvado aurait pu ajouter aux paroles si sensées et si courageuses du docteur, ce passage des Monthly Records, plus courageux et plus explicite encore : « S’il est un fait incontestable, — disent les Monthly Records, — qui nous humilie et qui nous afflige, c’est que là où nous, anglicans, nous agissons timidement, dans nos possessions australiennes, l’Église de Rome est activement à l’œuvre avec un zèle et une sagesse que nous ferions bien d’imiter… Ses évêques sont partout où il y a des âmes à conquérir et à changer… Une maîtresse pensée (master mind) anime et dirige leurs travaux… Quand un seul membre de notre clergé poursuit solitairement une tâche accablante, sans être assisté des conseils de ses supérieurs, l’Église de Rome ne cesse d’apparaître avec tous ses moyens d’action au grand complet… » Certainement, jamais le sentiment de ce qui manque à sa patrie n’a inspiré à un anglais plus de noble jalousie et de justice, et il n’y aurait qu’à admirer, si, en sa qualité d’anglican, l’écrivain auquel on applaudit ne provoquait pas le sourire en nous parlant des moyens d’action au grand complet de cette Église romaine dont il faut bien compliquer le génie pour en comprendre la puissance, quand on ne croit plus à sa divine autorité !
III Ainsi, de l’histoire, non pour le noble plaisir désintéressé d’écrire de l’histoire et d’en faire briller les leçons, mais de l’histoire dans un but de comparaison malhonnête pour notre pays, voilà le sens de ce livre intitulé l’Angleterre au xviiie siècle !
Il y a celui qui fait rire et celui-là qui ne fait que sourire, et c’est celui qui ne fait que sourire qui est le comique supérieur, aussi humain, aussi réel que l’autre, mais idéalisé et donnant un plaisir plus noble et plus profond que le comique qui fait rire.
Seulement, ici, ce fond est si franchement et si juvénilement littéraire, que la Critique lui doit encouragement et sympathie, surtout dans un temps où la littérature, pour des intérêts moins nobles et moins purs, est lamentablement trahie… Eh bien, parmi le groupe de jeunes gens qui desservent la Revue française, voici Henri Cantel, un poète qui réunit en volume les poésies jusque-là dispersées dans le recueil que nous venons de signaler.
Partout là l’auteur de Laboureurs et Soldats est traité d’écrivain viril, la plus noble qualification, selon nous, qu’on puisse donner à un homme de lettres dans ce temps, si tristement émasculé.
Eh bien, — on en dira ce qu’on voudra, — c’est là un très noble spectacle, et le livre de M. de Guerle, qui nous le donne, nous l’a ravivé !
Étonnés et touchés de l’épouvantable et idéal dénûment de cet hôte mélancolique et digne qui leur fait un si bon visage du fond de sa détresse, ils l’engagent à se joindre à eux, qui tirent vers Paris, où il trouvera peut-être fortune, et le jeune noble y consent d’autant plus vite, qu’il se sent invinciblement attiré par une jeune comédienne de la troupe.
On verra plus nettement la cause de la ruine sur cette noble chose démolie.
Quoiqu’alors la Grèce fût esclave des Romains, on se souvenait encore des sentiments que l’ancienne liberté inspirait ; et quand l’éloquence trouvait une âme noble, cette éloquence faisait revivre les idées des Miltiade et des Périclès ; c’est ainsi que dans la populace de Rome moderne, il y a eu des temps où l’on entrevoyait les descendants des Scipions.
Ils avouent que l’abaissement des grands était nécessaire ; mais ceux qui ont réfléchi sur l’économie politique des États, demandent si appeler tous les grands propriétaires à la cour, ce n’était pas, en se rendant très utile pour le moment, nuire par la suite à la nation et aux vrais intérêts du prince ; si ce n’était pas préparer de loin le relâchement des mœurs, les besoins du luxe, la détérioration des terres, la diminution des richesses du sol, le mépris des provinces, l’accroissement des capitales ; si ce n’était pas forcer la noblesse à dépendre de la faveur, au lieu de dépendre du devoir ; s’il n’y aurait pas eu plus de grandeur comme de vraie politique à laisser les nobles dans leurs terres, et à les contenir, à déployer sur eux une autorité qui les accoutumât à être sujets, sans les forcer à être courtisans.
Bossuet a créé une langue ; Fléchier a embelli celle qu’on parlait avant lui ; La Rue, dans son style négligé, tantôt familier et tantôt noble, sera plutôt cité comme orateur que comme grand écrivain.
« Vertu139, laborieuse épreuve de la race humaine, toi, la plus noble poursuite de la vie !
Il nous a enterrés si souvent de son geste noble de jeune croque-mort, qu’il devrait nous laisser à la paix du tombeau. […] Il a célébré les marchés, les chaumières, les meules, jusqu’aux dépotoirs, et je le félicite bien sincèrement de ses nobles intentions. […] C’est un art, enfin, qui trouve dans la réalité et dans la vie mille fois plus de beauté que dans la fiction, et dans le rêve, mille fois plus d’éclat, de variété, d’unité d’harmonie, de grandeur, de méthode, de fantaisie, de noblesse, et pour lequel il n’y a pas de sujets nobles ou ignobles, dignes ou indignes, mais seulement des artistes dignes ou indignes de les créer. » Et aux Watts, aux Burne Jones, aux Tadema, à tous ces artistes pâles et dépérissants, il oppose les Monet, les Cézanne, l’Allemand Böckline, le Norvégienf Thaulow, le Hollandais Van Gogh, ces peintres d’inspiration panthéistes qui ont fait chanter avec de nouvelles notes les riches poudroiements de la matière en fête. […] Je crois qu’il serait plus noble d’imiter l’attitude de celui à qui vous refusez le titre de poète ; sans chercher à discuter la valeur de son œuvre, on peut admirer en lui l’homme de lettres affable et intègre, planant au-dessus des rivalités mesquines, et, devant le cercueil de cet homme de bien doublé d’un fervent artiste, il eût été peut-être de meilleur goût de s’incliner en silence, sans souci des querelles d’école et des esthétiques divergentes. […] Pour lui, la poésie reste le langage divin, traditionnel, auguste, où les sentiments les plus nobles, les aspirations les plus hautes d’une race s’énoncent et s’interprètent.
Je sais de tristes eaux en qui meurent les soirs ; Des fleurs que nul n’y cueille y tombent une aune… Encore très différent en cela de Verhaeren, il est maître absolu de sa langue ; que ses poèmes soient le résultat d’un long ou d’un bref travail, ils ne portent nulle marque d’effort, et ce n’est pas sans étonnement, ni même sans admiration, que l’on suit la noble et droite chevauchée de ces belles strophes, haquenées blanches harnachées d’or qui s’enfoncent dans la gloire des soirs. […] Comme il sait toutes les théogonies et toutes les littératures, J’ai connu tous les dieux du ciel et de la terre, comme il a bu à toutes les sources, il connaît plus d’une manière de s’enivrer : dilettante d’espèce supérieure, quand il aura épuisé la joie des navigations, quand il aura choisi sa demeure (sans doute près d’une vieille fontaine sacrée), ayant beaucoup cueilli, ayant beaucoup semé de nobles graines, il se verra le maître d’un jardin royal et d’un peuple odorant de fleurs, Fleurs éternelles, fleurs égales aux dieux ! […] Après les horreurs de la débauche satanique, avant la punition terrestre, il a, comme le noble peuple en larmes qu’il évoque, pardonné même au plus effrayant des massacreurs d’enfants, au sadique le plus turpide, à l’orgueilleux le plus monstrueusement fou qui fut jamais. […] Attendez donc encore, je vous prie, et donnez-moi jusqu’à mon prochain livre… » ; — mais il était de ceux qui s’attendent toujours eux-mêmes au prochain livre, des nobles insatisfaits qui ont trop à dire pour jamais croire qu’ils ont dit autre chose que des prolégomènes et des préfaces. […] Là tu vas composant ces beaux livres, honneur Du langage français et de la noble Athènes.
Mais son régiment n’existait plus, la littérature traversait de mauvais jours, et sa famille, noble et réactionnaire, était inquiétée. […] Il avait le cœur noble, généreux et léger. […] Le Pèlerinage d’HaroId lui fut un second acheminement à cette noble forme de poésie. […] Vivent les nobles fils… J’aime autant ne pas citer cette strophe-là, quoiqu’elle soit très belle. […] Chateaubriand a renouvelé l’imagination française Lamartine a retrouvé les sources de la poésie tendre, noble, pure et élevée.
qu’un duc de Ferrare ou qu’un prince de Condé, moins nobles aussi, sans compter moins généreux. […] Mais n’est-ce pas dans le chimérique et dans l’impossible que réside toute la réalité noble de notre humanité ? […] Ce sont de nobles penseurs, de vrais savants. […] C’est la seconde et la plus noble des deux causes que j’annonçais, personnelles, de la tristesse de Sénancour. […] Léon Dierx est très noble et très pure.
Son style est noble & conforme à ses sujets. […] Cet Ecrivain a l’imagination belle, l’expression noble, une éloquence admirable. […] Cette simplicité noble qui est le véritable ornement de l’histoire, n’est point le caractère de ces deux ouvrages. […] Fréderic, aujourd’hui regnant, l’Achille & l’Homére de ses Etats, l’a traitée dans ses Mémoires pour servir à l’histoire de la maison de Brandebourg, dont le style est également noble, simple & précis.
Le problème historique se complique, ici plus qu’ailleurs, de questions esthétiques ; voici, sous une forme concise, les faits que je soumets à la réflexion : 1º la tragédie (en sa formule classique : vers, cinq actes, unités, sujet et personnages nobles, etc.) est une « forme » spéciale du drame, forme naturelle et rationnelle dans l’antiquité13, étroite et vieillie pour l’esprit moderne, mais imposée par la tradition académique, et viable d’ailleurs pour le génie d’un Racine ; de fait, plus d’une « règle » de la tragédie s’explique par les exigences de l’intensité dramatique ; Brunetière l’a fortement démontré en théorie, et, avant lui, Dumas fils en pratique ; de nos jours, Ibsen. […] De cette forme trop étroite pour lui, son obstination a fait un corset d’acier, dans lequel il a sanglé les énergies de son époque, les nobles ambitions de son génie, si bien qu’aujourd’hui encore le héros cornélien, dans sa raideur héroïque, personnifie la Volonté du bien. […] Puis la farce tend à s’introduire dans la comédie, comme le roman dans la tragédie ; on donne souvent l’appellation plus noble de « comédie » à ce qui n’est qu’une farce, une sotie, à ce que nous appellerions une revue, une pochade, un simple tableau de mœurs. […] Depuis plus de cent ans, de Pestalozzi à Tolstoï, les âmes les plus nobles se sont embrasées à sa flamme.
Ceux qui ont lu Une nichée de gentilshommes, de Tourguéneff, se rappellent la fin de cette noble œuvre. […] Or, cette belle et noble avidité de savoir est devenue à la fois la force et la faiblesse des Anglais. […] Il avait seulement dit que la défectuosité de la forme peut être rachetée par la force et le noble sentiment de l’artiste. […] Les motifs du fanatisme égalitaire des Français ne sont pas particulièrement nobles. […] Elle a même bon air, car elle laisse supposer la soif de la vérité et la noble préoccupation des grandes questions.
Il veut peut-être concilier et assembler trop de choses, tenir trop d’éléments en présence et en équilibre, religion et philosophie, régularité et liberté, impartialité et émotion, stabilité et progrès, culte du passé et aspiration vers l’avenir… C’est après tout une noble ambition, l’ambition des esprits jeunes, même quand ils sont le plus modérés.
Quand la belle et brillante Delphine, Mme Émile de Girardin, fut enlevée avant l’heure, Mme Desbordes-Valmore, qui l’avait vue commencer et qui s’attendait si peu à la voir finir, eut un hymne de deuil digne de son noble objet, et dans lequel cependant elle prête un peu, je le crois, de sa mélancolie à l’éblouissante muse disparue ; mais le mouvement est heureux, le ton général est juste et d’une belle largeur : La mort vient de frapper les plus beaux yeux du monde : Nous ne les verrons plus qu’en saluant les cieux.
L’art qui médite, qui édifie, qui vit en lui-même et dans son œuvre, l’art peut se représenter aux yeux par quelque château antique et vénérable que baigne un fleuve, par un monastère sur la rive, par un rocher immobile et majestueux ; mais, de chacun de ces rochers ou de ces châteaux, la vue, bien qu’immense, ne va pas à tous les autres points, et beaucoup de ces nobles monuments, de ces merveilleux paysages, s’ignorent en quelque sorte les uns les autres ; or la critique, dont la loi est la mobilité et la succession, circule comme le fleuve à leur base, les entoure, les baigne, les réfléchit dans ses eaux, et transporte avec facilité, de l’un à l’autre, le voyageur qui les veut connaître.
Jean Richepin a vécu son œuvre et, en maints endroits, elle vous prend assez aux entrailles pour qu’on ne puisse mettre en doute le noble sentiment artistique qui l’a inspirée.
C’est Voltaire qui, lisant Athalie, s’exclamait : « On a honte de faire des vers quand on en lit de pareils. » Pareillement, et malgré l’autorité de notre aimable Marcel Prévost, qui, tout en continuant avec un dévouement dont on lui sait gré ce qu’il appelle la tradition des gentils conteurs, adresse à sa clientèle spéciale des consultations pour les maladies morales secrètes, et enseigne aux nobles lectrices du Temps, pour moitié protestantes et pour moitié israélites, les principes de la galanterie nationale et honnête, en un style troublant qui fleure le pot-au-feu au patchouli, malgré l’exemple du jeune et courageux écrivain, n’osons-nous plus tenter ces petits divertissements psychologiques pour peu que nous venions de relire ou Stendhal ou Balzac ou Tolstoï.
Nous avons été habitués à un système plus protecteur, à compter davantage sur le gouvernement pour patronner ce qui est noble et bon.
Repose maintenant dans ta gloire, noble initiateur.
L’entrée à l’hôtel Rambouillet de cette femme charmante, dont l’esprit et la grâce n’ont pas vieilli depuis deux siècles, dont la vertu a été aussi souvent citée que sa grâce et son esprit, n’est pas moins un hommage à la pureté de principes et de goût de la marquise de Rambouillet, que ne l’ont été la noble sagesse et l’austère vérité de Montausier, quand il s’y est établi.
Il se peut encore qu’on aperçoive ici, rarement, parmi tant de basses attitudes, l’allure noble et simple d’un homme.
Auquel cas, il recommande qu’on substitue des allusions plus ingénieuses & plus sensibles, qu’on remplace même quelquefois les idées outrées, les détails trop étendus, les comparaisons forcées par des choses plus justes & plus nobles, en avertissant toutefois le public de ces changemens.
Ce morceau serait le supplice de celui qui aurait bien présent à l’imagination le style noble et grand des Raphaëls, des Poussins, des Carraches, et d’autres.
On continuë à loüer leur noble simplicité, même quand on n’est plus capable de l’imiter ; car c’est souvent par impuissance de faire aussi-bien qu’eux qu’on entreprend de faire mieux.
C’est là le grand mérite de Racine, la cause du charme qu’on éprouve en le lisant ; il a fort enrichi la langue, non par des expressions nouvelles, qu’il faut toujours hasarder très sobrement, mais par l’art heureux avec lequel il sait réunir ensemble des expressions connues, pour donner à son vers ou plus de force ou plus de grâce ; par la finesse avec laquelle il sait relever une expression commune, en y joignant une expression noble ; enfin par la simplicité unie partout à la noblesse, à la facilité et à l’harmonie.
Comme il sait que c’est la première loi du style, d’être à l’unisson du sujet, rien ne lui inspire plus de dégoût que des idées communes exprimées avec recherche, et parées du vain coloris de la versification : une prose médiocre et naturelle lui paraît préférable à la poésie qui au mérite de l’harmonie ne joint point celui des choses : c’est parce qu’il est sensible aux beautés d’image, qu’il n’en veut que de neuves et de frappantes ; encore leur préfère-t-il les beautés de sentiment, et surtout celles qui ont l’avantage d’exprimer d’une manière noble et touchante des vérités utiles aux hommes.
Assurément on donnerait volontiers la main à ce charmant et noble jeune homme sur tous ces sujets de discussion contemporaine qu’il traite avec l’air de les cravacher ; et même parfois on la lui serrerait avec une cordialité ardente, mais ce n’est plus comme en chiffons, cet art de la femme.
Aujourd’hui, par une très noble initiative, Amédée Renée fait date dans la littérature française.
Ce n’est pas uniquement parce qu’il aime et respecte l’Église qu’il la range toujours du côté des petits, mais c’est aussi, et peut-être bien plus, parce qu’il n’aime pas ces féodaux et ces nobles, envers lesquels pourtant la démocratie qui s’est élevée jusqu’à l’honneur d’écrire est tenue d’être juste aujourd’hui.
Lui qui ne devrait avoir de palpitations pour personne, et qui aime tant à écouter un peu enfantinement dans sa poitrine toutes celles que lui cause Mirabeau, en a une très noble pour Bouillé et presque une pour Marie-Antoinette.
Ainsi encore, après Théroigne de Méricourt, une figure moins terrible, une sainte plus douce, mademoiselle Kéralio, madame Robert, une fille noble, mal mariée, devenue ambitieuse, et tombée, à force d’abjection et de folie, dans le mépris de madame Roland, et si bas que Michelet, ému jusqu’aux entrailles dans la personne de cette petite madame Robert, se risque à protester contre le portrait déshonorant qu’en fait madame Roland dans ses Mémoires : « Ce qui prouve — ajoute-t-il mélancoliquement — que les plus grands caractères ont leurs misères et leurs faiblesses !
Au lieu de choisir, acceptant tous les sujets, et préférant même les plus bas aux plus nobles : « J’ai pensé — a dit l’un d’eux — que les larmes avaient assez coulé en haut, et qu’il fallait les faire couler en bas. » De ce jour-là, le réalisme était né, et ils le lançaient dans le monde.
Bonne lorgnette, du reste, pour bien les voir, que cette lunette sanglante de la guillotine par laquelle passa la plus noble des têtes que la Révolution ait coupées !
Qui se donne exclusivement au journalisme y perd son talent, s’il en a, et mange en herbe le blé de sa gloire, s’il était vraiment fait pour recueillir cette noble moisson.
Ce Gaulois et ce Rabelaisien, qui a écrit les Contes drolatiques avec la gaieté de Rabelais, le Titan-Satyre, et qui y a mêlé les choses les plus inconnues à Rabelais, — l’attendrissement et la mélancolie, — était romanesque pour son propre compte, dans la plus noble acception de ce mot charmant : romanesque !
Nous n’avons pas ici que l’éloquence en flammes de l’amour, nous en avons l’analyse ensanglantée, faite par ce noble imbécile d’amoureux avec le perçant du génie, qui n’est pas, lui, aveuglé par tout ce sang et qui se discerne souffrir… Peu d’hommes maîtrisés par l’amour ont parlé avec une pureté plus ardente d’un sentiment qui entraîne dans toutes les sensations que ce Benjamin Constant, auquel il suffisait de la peau du bras de Madame Récamier quand elle ôtait son gant pour rouler dans tous les égarements et dans tous les délires !
Les deux femmes qui créent, par l’antagonisme de leurs sentiments, le drame de son livre, il en a monté les qualités et les défauts jusqu’à cette note suraiguë qu’il appelle l’outrance, cette outrance que vous retrouvez jusque dans le dénoûment si peu attendu d’un pareil livre, où un colosse de l’énergie et de l’orgueil de Guy Livingstone finit par se transformer jusqu’à subir patiemment et sublimement le plus cruel outrage, sous l’empire des sentiments les plus nobles et les plus doux de la nature humaine : le respect de la parole donnée, le repentir et la fidélité dans l’amour.
C’est une intelligence très noble et très savante, que celle de M.
Je l’ai dit déjà : excepté l’idée du quadrille historique, qui est une idée de maître à danser, il n’y a rien dans le livre de Guizot qui soit vraiment de Guizot, qui ait coûté une noble peine, un vigoureux effort à Guizot !
On m’a dit — et si ce n’est pas son histoire il faut le regretter — que, descendant de Montesquieu, lequel faisait des vers aussi, mais qui, après L’Esprit des lois et La Décadence des Romains, avait le droit de n’en pas faire de si bons que Gères, il avait été obligé, ce noble homme, qui l’est deux fois, par le talent et par la naissance, d’entrer, par suite des ignobles fortunes que les révolutions nous ont faites, dans une étude de notaire dont il aurait été le modeste clerc pendant quelque temps.
Je sais bien que José-Maria de Heredia a composé beaucoup de vers que je pourrais citer et dans lesquels il a su mêler au marbre impassible de Gautier une veine de sentiment superbe que Gautier ne connut jamais, — la veine rouge de la fierté humaine, — mais il n’en est pas moins certain que l’ensemble des poésies de ce poète, qui a cette noble veine, porte la trace ou le souvenir d’une admiration que je ne voudrais pas voir dans ses œuvres pour le grand pétrificateur de la poésie passionnée.
Le poète qui a métamorphosé ses nobles Cariatides en clowns femelles dansant le cancan sur la corde lâche ou roide ou le fil d’archal de son vers, doit, il est vrai, avoir une redoutable force de versifaiseur pour lancer ses strophes à la hauteur où elles bondissent, mais préférer ces pirouettes de mots et de Rythme et ces enlèvements de ballon au vol cadencé et plein d’une Poésie qui doit toujours emporter du sentiment ou de la pensée sur ses ailes, c’est tuer en soi le poète par le jongleur.
quand elle n’est plus, cette noble Raison, dans sa vérité incommutable, qu’une victime égorgée et souillée par les passions et par les sophismes, c’est un bonheur pour elle que la Poésie s’accroche à ce qui en reste et la pare de ce qu’elle a, elle !
II Du reste, si nous n’avons pas de notice à la tête de ces dernières poésies d’Alfred de Vigny, nous avons un portrait qui vaut mieux qu’une notice, et qui dit sans phrase, à ceux qui ne l’ont pas connu, ce que fut Alfred de Vigny de sa noble personne.
Les deux femmes qui créent, par l’antagonisme de leurs sentiments, le drame de son livre, il en a monté les qualités et les défauts jusqu’à cette note suraiguë qu’il appelle l’outrance, cette outrance que TOUS retrouvez jusque dans le dénoûment si peu attendu d’un pareil livre, où un colosse de l’énergie et de l’orgueil de Guy Livingstone finit par se transformer jusqu’à subir patiemment et sublimement le plus cruel outrage sous l’empire des sentiments les plus nobles et les plus doux de la nature humaine : le respect de la parole donnée, le repentir et la fidélité dans l’amour.
Babut est ce pasteur qui, au début de la guerre, écrivit la lettre la plus noble, d’une honnêteté poussée jusqu’à la candeur, au pasteur Dryander, et qui reçut de cet Allemand, prédicateur attitré de Guillaume, une réponse hideuse de pharisaïsme.
Le pouvoir des nobles, qui pendant plusieurs siècles combattit le pouvoir des rois, ne donnait point aux âmes l’élévation et le genre d’activité dont elles ont besoin pour les lettres.
Les faiseurs de Revues de fin d’année consacrent toujours quelques couplets à l’expression de nobles idées. […] Ces nobles personnages ont les occupations qui conviennent aux personnages titrés, et dont la première et la plus habituelle consiste à ne rien faire. […] C’est que le cheval est un animal noble. […] I Les descendants de Huot de Goncourt, avocat, membre de la Constituante, étaient nobles ; — nobles rien qu’un peu, et si peu que rien, mais nobles tout de même ; — et c’est un trait qu’il ne faut pas omettre. […] Ses nobles, ses aventurières de haute marque, ses mondains, ses hommes politiques, ne sont pas même faux : ils ne sont pas.
Des esprits nobles et libres s’y éveillèrent. […] De son côté, Heredia considérait le duc de Broglie comme un historien distingué, expert à faire revivre les vieux documents dans le plus noble des styles. […] Rien de plus tragique que le spectacle de ce noble poète, esclave volontaire de la vie de bohème. […] Mais y a-t-il eu beaucoup d’œuvres de littérature noble ? […] Elles s’est vengée du néant eh prenant au sérieux ce que la vie peut offrir de noble et de bon, et elle a renoncé à tout pour mieux se donner à tous.
Washington est de grande taille, « d’un air calme et froid plutôt que noble ». […] Puis, en poursuivant d’une haine pareille les nobles et les prêtres, la Révolution avait créé entre eux une solidarité que les plus corrompus même de l’ancien régime acceptaient par point d’honneur. […] La résistance des Espagnols à Bonaparte… excitait alors l’enthousiasme de tous les cœurs susceptibles d’être touchés par les grands dévouements et les nobles sacrifices. […] Car il avait l’âme noble. […] Assurément, ce noble esprit, si supérieur à l’intelligence des Hugo, des Michelet et des autres romantiques, ne se figurait pas le nouveau régime sans quelque horreur.
Les hommes sont continuellement en lutte les uns contre les autres ; mais les mobiles qui les agitent ont, les uns, une origine malsaine, l’envie ; les autres, une noble source, l’émulation. […] » Serait-ce par hasard ce texte musulman qui aurait inspiré à Dante l’ingrate idée de marquer d’une peine infamante et immortelle l’homme dont il reconnaît en même temps qu’il lui a dû de beaux et nobles conseils ? […] La veille de leur départ Shelley reçut la visite d’une femme mariée, noble et riche, qui lui avoua que depuis sa lecture de la Reine Mab, elle était éperdument amoureuse de lui et prête à le suivre au bout du monde. […] Quand on croit au progrès, il est à la fois injuste et ridicule de maudire le passé, puisque ce passé, si triste, si méchant qu’il nous paraisse, portait en lui un plus noble avenir. […] Hugo proteste de son dévouement filial « pour cette noble et sainte patrie de tous les penseurs ».
l’âge mûr a, peut avoir ses revanches et l’art aussi, sur les enfantillages de la jeunesse, ses nobles revanches, traiter des objets plus et mieux en rapport, religion, patrie, et la science, et soi-même bien considéré sous toutes formes, ce que j’appellerai de l’élégie sérieuse, en haine de ce mot, psychologie. […] « un certain nombre de jeunes poètes, las de lire toujours les même horreurs, appartenant d’ailleurs à une génération plus désabusée que toutes les précédentes, d’autant plus avide d’une littérature expressive de ses aspirations vers un idéal dès lors profondément sérieux, fait de souffrance très noble et très hautes ambitions ») Ces citations, dont mille excuses ! […] Leconte de Lisle, historien et philosophe, un hommage affectueux, cordial et sincère à ce Théodore de Banville qui compte pourtant dans le rhythme de la vie absolue des fiers et désintéressés livrer de vers de cette époque décisive, après Coppée, exquis, et Sully-Prudhomme, noble témoin, salués, Jules Tellier aborde enfin les Modernes. […] Jamais, pour ne rester que dans un seul ordre d’idées, Saint-Vallier, Ruy Gomez, le vieux Job, ni tel père noble d’avant les Châtiments n’eussent oublié leur dignité, la dignité qu’il faut garder jalousement, après tout, dans la langue des dieux et des lettrés, jusqu’à proférer ces geintes mises de façon si malencontreuse dans la bouche de fer, dans ce que Flaubert eût appelé « le gueuloir » d’un chevalier, d’un prince du xiiie siècle : « M’avoir assassiné ce petit être là ! […] Il appert que l’auteur, épris surtout de la personnalité, de la délicatesse et de la naïveté, mère et nourrice de toutes les perfections grandes et petites, s’est sustenté des mêmes sucs, a assumé la même vie que le sensitif raffiné, mais amoureux de simplicité noble et charmante qu’il est de nature.
Aussi, bien que la comédie soit le contraire de la tragédie, il n’est pas possible que le Divin, dont l’éclatante victoire couronne le drame tragique, soit vaincu sur la scène comique au dénouement205 ; il n’est pas possible , que les idées vraies et les bons sentiments de l’homme subissent finalement une défaite, et que la Société, la Famille, l’État, le véritable amour, le véritable honneur, l’ambition dans ce qu’elle a de légitime et de noble, voient sur ce nouveau théâtre se consommer au dernier acte la destruction réelle de leurs droits. […] Dans les autres théâtres, que sont les personnages les plus nobles, les rois, les princesses, les chefs d’armée ? […] La collision réside dans le caractère personnel d’Hamlet, dont la noble âme n’est pas organisée pour me action énergique et qui, plein de dégoût pour le monde et la vie, chancelant dans ses résolutions et ses préparatifs d’exécution, périt par ses propres lenteurs et par la complication extérieure des circonstances.
Un sot prodigue, Asotus, veut devenir homme de cour et de belles manières ; il prend pour maître Amorphus, voyageur pédant, expert en galanterie, qui, à l’en croire lui-même, « est d’une essence sublime et raffinée par les voyages, qui le premier a enrichi son pays des véritables lois du duel, dont les nerfs optiques ont bu la quintessence de la beauté dans quelque cent soixante-dix-huit cours souveraines, et ont été gratifiés par l’amour de trois cent quarante-cinq dames, toutes de naissance noble, sinon royale ; si heureux en toute chose que l’admiration semble attacher ses baisers sur lui166. » Asotus apprend à cette bonne école la langue de la cour, se munit comme les autres de calembours, de jurons savants et de métaphores ; il lâche coup sur coup des tirades alambiquées, et imite convenablement les grimaces et le style tourmenté de ses maîtres. […] Elles défilent gravement devant les spectateurs, en habits splendides, et les nobles vers qu’échangent la déesse et ses compagnes, élèvent l’esprit jusqu’aux hautes régions de morale sereine, où le poëte le veut porter. « La chasseresse, la déesse pudique et belle a déposé son arc de perles et son brillant carquois de cristal ; assise sur son trône d’argent, elle préside à la fête168 », et contemple avec une majesté tranquille les danses qui s’enroulent et se développent devant ses pieds. […] Honour’d and noble !
Nous avons dit aussi plus haut que tous les citoyens ont raison de se croire des droits, mais que tous ont tort de se croire des droits absolus : les riches, parce qu’ils possèdent une plus large part du territoire commun de la cité et qu’ils ont ordinairement plus de crédit dans les transactions commerciales ; les nobles et les hommes libres, classes fort voisines l’une de l’autre, parce que la noblesse est plus réellement citoyenne que la roture, et que la noblesse est estimée chez tous les peuples ; et de plus, parce que des descendants vertueux doivent, selon toute apparence, avoir de vertueux ancêtres ; car la noblesse n’est qu’un mérite de race. […] « Supposons donc la réunion, dans un seul État, d’individus distingués, nobles, riches, d’une part ; et, de l’autre, d’une multitude à qui l’on peut accorder des droits politiques : pourra-t-on dire sans hésitation à qui doit appartenir la souveraineté ? […] En adoptant le principe qu’ils allèguent pour eux-mêmes, la prétendue souveraineté devrait évidemment passer à l’individu qui serait à lui seul plus riche que tous les autres ensemble ; et, de même, le plus noble par sa naissance l’emporterait sur tous ceux qui ne font valoir que leur liberté.
Ce qui ne doit pas nous surprendre ; car on sait que nos auteurs de noble étage aiment assez à pratiquer pour leur propre satisfaction les élégances d’un luxe dont ils ont si souvent l’occasion de dépeindre l’en-dehors. […] Mais si le peuple s’en contente, je ne crois aucunement qu’il y tienne et qu’il soit incapable de trouver plaisir à des œuvres plus nobles et plus littéraires. […] Ouvrir un concours, obtenir des contes, des nouvelles, des œuvres de longue haleine, qui, en restant simples d’expression, en gardant à l’aventure aimée de la foule une place prédominante, seront moins indignes de nos lettres françaises, me paraît donc chose utile, chose noble, chose moralisatrice.
Aussitôt le bruit des services, les conversations, les rires se taisaient ; sa physionomie noble, gracieuse et grave, même dans le sourire, apaisait tout ce bruit du jour comme l’huile répandue apaise le léger tumulte des petits flots bouillonnants dans la vasque d’une fontaine. […] Ainsi donc, dès demain matin, engagez votre noble père à faire préparer les mules et le char pour transporter vos ceintures, vos voiles, vos superbes mantes. […] « En parlant ainsi, le pasteur au cœur noble conduit Ulysse dans la bergerie, et, l’y ayant introduit, il répand sur le sol des branchages épais ; il étend sur les feuilles la peau velue d’un chèvre sauvage, et prépare une couche large et molle.
L’auteur dit sur elle quelques mots fort nobles ; mais on en désirerait davantage. […] L’historien des Classes nobles eut ses jours de thèse et de systèmes, et ces jours-là furent brillants ; mais, quels qu’eussent été le mouvement et la fécondité d’un esprit qu’il voulait, comme de très grandes intelligences l’ont voulu, trouver les moules de ses idées dans l’histoire, ce n’est pas cependant par cette manière de la comprendre et de l’écrire qu’il fût arrivé à l’emploi juste et vrai de ses facultés. […] Elle savait que, préfet, il avait livré l’archevêché, et que, ministre, il livrerait le trône… « Il y a au Palais-Bourbon, dans la salle qui précède la Chambre des députés, une belle et noble statue de Bailly, l’œil calme, le front résigné mais serein, le cou nu, les mains liées.
je me contenterais du souci de ce service rendu à la langue et à la littérature françaises ; car l’un des plus purs et des plus nobles, c’est d’emménager une magnifique et difficile œuvre étrangère dans la langue et la littérature d’un pays. […] Ces erreurs d’un très noble esprit pourtant, François Hugo, qui ne les partage pas expressément, me les a rappelées par la préface de son tome VIII, et j’ai cru devoir les signaler. […] Son bâtard Edmond, qui a tous les dons de la nature, qui a même l’amour de son père et de son frère le légitime ; Edmond, qui est beau, spirituel, vaillant, aimé au premier regard de ces deux tigresses, Goneril et Régane ; Edmond, qui a toutes les fortunes, qui commande l’armée, donne des batailles et les gagne, est un Iago bien plus diabolique que le Iago de Venise, le petit enseigne qui se mord d’envie le poing dans un coin… Il n’a qu’un défaut : la bâtardise, mais cela suffit pour lui fausser l’âme, et c’est à la lueur sinistre de l’âme de ce bâtard auquel son père, aveuglé comme Lear, a sacrifié son fils légitime, pur et noble comme sa naissance, que nous voyons se dérouler cette tragédie aveuglée de la Paternité, plus effroyable que celle d’Œdipe, le grand aveugle grec, et où le Roi Lear a pour pendant dans le malheur mérité de sa vie, et pour vis-à-vis, Glocester !
A l’égard des nobles et des hommes illustres de la Réforme on employait l’intrigue. […] Quoique gentilhomme catholique, Saint-Simon fut assez large d’esprit et de cœur pour ne pas dissimuler la sympathie profonde que lui inspirèrent ces victimes de la théocratie : « La révocation de l’édit de Nantes, écrit-il, sans le moindre prétexte et sans aucun besoin, et les diverses proscriptions plutôt que déclarations qui la suivirent, furent les fruits de ce complot affreux qui dépeupla un quart du royaume, qui ruina son commerce, qui l’affaiblit dans toutes ses parties, qui le mit si longtemps au pillage public et avoué des dragons, qui autorisa les tourments et les supplices dans lesquels ils firent réellement mourir tant d’innocents de tout sexe par milliers, qui ruina un peuple si nombreux, qui déchira un monde de familles, qui arma les parents contre les parents pour avoir leur bien et les laisser mourir de faim ; qui fit passer nos manufactures aux étrangers, fit fleurir et regorger leurs États aux dépens du nôtre et leur fit bâtir de nouvelles villes, qui leur donna le spectacle d’un si prodigieux peuple proscrit, nu, fugitif, errant sans crime, cherchant asile loin de sa patrie ; qui mit nobles, riches, vieillards, gens souvent très estimés pour leur piété, leur savoir, leur vertu, des gens aisés, faibles, délicats, à la rame, et sous le nerf très effectif du Comité, pour cause unique de religion ; enfin qui, pour comble de toutes horreurs, remplit toutes les provinces du royaume de parjures et de sacrilèges, où tout retentissoit de hurlements de ces infortunées victimes de l’erreur, pendant que tant d’autres sacrifioient leur conscience à leurs biens et à leur repos, et achetoient l’un et l’autre par des abjurations simulées d’où sans intervalle on les traînoit à adorer ce qu’ils ne croyoient point, et à recevoir réellement le divin corps du Saint des saints, tandis qu’ils demeuroient persuadés qu’ils ne mangeaient que du pain, qu’ils devoient encore abhorrer. […] L’Église de France, en trahissant la cause nationale, se déshonore une fois de plus, et c’est en elle qu’il faut reconnaître l’origine des désastres postérieurs de la France, qu’elle amputa de ses plus nobles individus.
En se sentant valeureux soldats auxiliaires dans les armées de la France, ils se sont sentis dignes patriotes, nobles citoyens, capables d’indépendance et de toutes les libertés qui constituent l’homme moderne sur leur propre terre ; la France leur a inoculé la gloire ; la France a conçu tout à coup la noble idée de ressusciter l’Italie, l’Italie a conçu la juste volonté de revivre.
quelle douleur de voir s’égarer de si belles intelligences, de si nobles créatures, des êtres formés avec tant de faveur, où Dieu semble avoir mis toutes ses complaisances comme en des fils bien-aimés, les mieux faits à son image ! […] Nulle part, pas même dans Chateaubriand, ce prophète du passé, la noblesse indigente de ces manoirs nobles n’est si clairement décrite.
L’indépendance de Werther, et son besoin d’égalité, qui lui fait fouler aux pieds les vaines distinctions de rang et de naissance, n’en est pas moins un noble sentiment. […] Avec les Titans de Goethe ou de Byron faites des hommes, mais ne leur enlevez pas pour cela leur noble caractère.
Et encore aujourd’hui nous n’avons guère de façons de parler nobles et magnifiques qu’il ne nous ait laissées ; et quoique nous ayons retranché la moitié de ses mots et de ses phrases, nous ne laissons pas de trouver dans l’autre moitié presque toutes les richesses dont nous nous vantons132. » Le choix qu’Amyot fit de Plutarque est de ces convenances que j’ai déjà signalées dans le cours de cet écrit entre les besoins du temps et le génie de l’écrivain appelé à y pourvoir. […] Celle-ci même n’essaya pas de le soutenir, et elle fut amenée par le génie et l’exemple de Calvin à prendre les formes sévères, nobles et soutenues des écrivains de Rome, plus goûtés par Calvin, comme on sait, que les écrivains grecs.
C’est par eux qu’il peut agir d’une façon efficace et noble. […] Il n’y a rien que de noble dans son œuvre, je dirais même, si le mot ne lui avait pas toujours été si antipathique, qu’il y a en lui un sauvage héroïsme.
Ces deux artistes admirables, et maints autres, le mièvre Dussek et le noble Emmanuel Bach, et le souriant professeur Clementi, ces poètes maniérés et sincères, dont les œuvres aujourd’hui nous reposent de nos démocratiques bruyances, ils disent les émotions de leur âge, dans la langue que leur avaient faite les temps. […] Je remercie mes amis, chanteurs et musiciens, qui du nord et du sud, de l’est et de l’ouest, de Berlin jusqu’à Vienne, de l’est jusqu’à Mannheim, ont répondu à mon invitation pour cette noble solennité artistique.
Remarquons surtout la poétique apparition de ce motif d’Harold à la fois noble, sombre et tendre, dans la marche des pèlerins (dans un rhythme allongé cette fois), la sérénade (de même, pendant qu’en même temps le cor anglais chante la mélodie de la sérénade) et l’orgie des brigands. […] Son noble front, considérablement agrandi, à cet effet, par nos photographes, était bien digne de ces lauriers.
Andvari (entrant alors dans la pierre) « Maintenant cet or causera la mort de deux frères, et aussi une haine mortelle entre huit nobles guerriers. […] A propos des Anregungen fur Kunst, Leben und Wissenschaft de Richard Pohl, il s’écrie : « En exaltant les dernières œuvres de Beethoven, aberrations d’un génie qui s’éteint et les monstrueuses combinaisons de Tannhaeuser et de Lohengrin, monuments d’impuissance à » créer dans le domaine de la noble et belle musique, les rédacteurs des Anregungen ont contribué à faire naître le doute et l’anarchie actuelle d’opinions, qui font descendre aujourd’hui » la nation allemande de la position élevée où l’avaient placée les Bach, Haendel, Gluck, Haydn, le divin Mozart et Beethoven dans sa belle époque. » Cet exemple édifiant suffit à faire apprécier le caractère spécial d’un genre de critique dont notre pays n’était pas seul, d’ailleurs, à montrer les effets.
Il ne faut pas d’ailleurs mépriser absolument l’argot ; la vie argotique d’un mot n’est souvent qu’un stage à la porte de la langue littéraire ; quelques-uns des mots les plus « nobles » du vocabulaire français n’ont pas d’autre origine ; en trente ans une partie notable du dictionnaire de Lorédan Larchey a passé dans les dictionnaires classiques. […] On a voulu réserver écaille pour les poissons et écale pour les végétaux ; c’est d’après le même principe de répartition enfantine et hiérarchique qu’un grammairien avait décidé jadis de n’accorder au bouillon que des œils : yeux lui semblait trop noble pour une constatation aussi vulgaire.
Je voulais que la France créât le budget des lettres ; je voulais que l’écrivain, le savant, l’artiste de tous les genres de culture d’esprit, après avoir consacré onéreusement sa vie à l’utilité ou à la gloire, cette utilité suprême de son pays, ne reçût pas pour tout salaire de cette noble abnégation de vie, un misérable subside de douze cents francs, inférieur aux gages d’un mercenaire, et distribué parcimonieusement à quarante privilégiés de la détresse à la porte d’une académie ouverte de temps en temps par la mort. […] XVI Quoi qu’il en soit, cette révolution, pour laquelle la France depuis deux siècles semblait avoir façonné sa langue claire, forte, polémique, oratoire, se concentra tout à coup avec toutes ses idées et ses nobles passions intellectuelles dans l’Assemblée Constituante, assemblée la plus littéraire qui ait jamais existé, véritable concile œcuménique de la raison humaine en ce moment.
le charcutier, qui transporte l’art, des sphères élevées et nobles où il devrait rester, dans les charcuteries, et qui pose l’axiome insolent, barbare et crapuleux, « que c’est là qu’il faut chercher le Beau et sa loi désormais ! […] C’est le naturalisme de la bête, mis, sans honte et sans vergogne, au-dessus du noble spiritualisme chrétien !
Le premier genre de vers dut être approprié à la langue, à l’âge des héros : tel fut le vers héroïque, le plus noble de tous. […] Tite-Live n’a pas compris que dans un sénat héroïque, c’est-à-dire, aristocratique, un roi n’avait d’autre puissance que celle de créer des duumvirs ou commissaires pour juger les accusés ; le peuple des cités héroïques ne se composait que de nobles auxquels l’accusé déjà condamné pouvait toujours en appeler.
tel qu’il est, le monde l’aime encore… Dans le drame intitulé La Coupe et les lèvres, Alfred de Musset exprimait admirablement, sous la figure de Frank et de Belcolore, la lutte entre un cœur noble, fier, orgueilleux, et le génie des sens auquel il a une fois donné accès.
Et voici que la réserve de grosse cavalerie de la garde, entraînée elle-même par le mouvement de Kellermann, saisie à son tour de je ne sais quel élan vertigineux (ô noble malheur d’une armée trop électrisée ce jour-là !)
M. de Lamartine a publié, il y a deux ans à peu près, une brochure sur la Politique rationnelle, dans laquelle des perspectives approchantes sont assignées à l’âge futur de l’humanité, et, bien qu’il semble y apporter, pour le détail, une moins impatiente ardeur, ce n’est que dans le plus ou moins de hâte, et non dans le but, que ce noble esprit diffère d’avec M. de La Mennais.
L’amour d’Éthel et d’Ordener, l’invincible union du noble couple, le dévouement fabuleux du héros, composent le fond essentiel, l’âme de l’action : le chapitre xxiie, qui est le point central et culminant du livre, ne nous montre pas autre chose ; on y trouve le canevas exactement tracé, le motif d’un des plus touchants souvenirs d’amour des Feuilles d’Automne ; mais la crudité du dessin, l’impitoyable précision que l’auteur a mise à décrire les portions hideuses, cruelles, et à faire saillir le nain, le bourreau, le mauvais conseiller Musmédon, a donné le change aux autres sur son intention, et par moments l’en a dérouté lui-même.
Plusieurs apprécieront le fonds vaste et sérieux de cette nature, et les efforts pourtant ingrats qu’il a dû y consumer ; on le plaindra, on l’estimera à l’égal des plus nobles blessés ; il ne sera pas méconnu.
D’Alembert, parlant de ces vers de Fléchier, par lesquels l’orateur avait préludé à ses succès de chaire, a dit ingénieusement : « Rien n’est plus utile à un orateur pour se former l’oreille que de faire des vers, bons ou mauvais, comme il est utile aux jeunes gens de prendre quelques leçons de danse pour acquérir une démarche noble et distinguée. » (Éloge de Fléchier.) — Se rappeler aussi ce que dit Pline le Jeune en ses Lettres (liv.
Là il rencontre, comme Dante au vestibule de son Enfer, les cinq ou six poëtes souverains dont il est épris ; il les interroge, il les entend ; il convoque leur noble et incorruptible école (la bella scuola), dont toutes les réponses le raffermissent contre les disputes ambiguës des écoles éphémères ; il éclaircit, à leur flamme céleste, son observation des hommes et des choses ; il y épure la réalité sentie dans laquelle il puise, la séparant avec soin de sa portion pesante, inégale et grossière ; et, à force de s’envelopper de leurs saintes reliques, suivant l’expression de Chénier, à force d’être attentif et fidèle à la propre voix de son cœur, il arrive à créer comme eux selon sa mesure, et à mériter peut-être que d’autres conversent avec lui un jour.
Cousin, faire valoir, comme elle le mérite, cette révision patiente et vive qui témoigne d’un grand respect pour le public et d’un noble souci de l’avenir.
Toute âme, toute vie a son rôle en ce monde ; à l’une est le sillon, à l’autre sont les mers ; à toi, noble insensée et la plus vagabonde, De semer en volant le bon grain dans les airs !
Ces vers, justement appliqués aux exploits militaires dont nous sommes les glorieux contemporains, ces vers seront vrais aussi pour les progrès de la raison ; et malheur à qui n’en aurait pas dans son cœur le noble pressentiment !
La religion, purifiée et pompeuse, offre le spectacle le plus correct et le plus noble.
La littérature est, dans le plus noble sens du mot, une vulgarisation de la philosophie : c’est par elle que passent à travers nos sociétés tous les grands courants philosophiques, qui déterminent les progrès ou du moins les changements sociaux ; c’est elle qui entretient dans les âmes, autrement déprimées par la nécessité de vivre et submergées par les préoccupations matérielles, l’inquiétude des hautes questions qui dominent la vie et lui donnent sens ou fin.
La mélancolie des Nuits d’Young, les effrénées et vagues effusions de YOssian de Macpherson donnent à la loi une satisfaction et un stimulant aux besoins intimes qui portent les cœurs vers les nobles rêveries et les ardents enthousiasmes.
Lorsque je pus lire ses Erreurs amoureuses, ma déception fut grande : pourtant je continuai d’aimer Ponthus pour le noble esprit qui paraît çà et là dans ses méchants vers et surtout pour la sonorité de son nom.
J’obéis à un sentiment de religieux amour pour la très belle, très claire et très noble langue de mon pays.
Il n’est même pas de plaisir noble qui ne puisse être ramené à la prostitution.
Métius, qui représente l’aristocratie, tout en reconnaissant l’intelligence et la vertu d’Antistius, le blâme par esprit de conservation et par patriotisme, un noble étant intéressé plus qu’un autre au maintien des coutumes et au salut de la cité.
Il soutient que la comédie est un noble divertissement et que la signora Vittoria est une dame honorable.
Surtout, si de telles discussions s’orientent vers des applications prochaines et se concluent par ce sursum corda qui donne aux poêles la bonne frénésie de la création, elles me semblent assez nobles et vraiment poignantes.
Ce passage du premier moment au second est l’histoire de presque tous les hommes qui ont apporté au monde des désirs généreux, de nobles desseins et de vastes espoirs.
Peu de privilégiés sont appelés à la goûter pleinement, cela est vrai, mais n’est-ce pas ce qui arrive pour les arts les plus nobles ?
Il y eut, certes, à la Plume, une noble émulation d’écoles, mais jamais jalousie, rivalités mesquines de petites influences, intrigues malpropres autour d’un nom ou d’une chose.
Les plus nobles pays, l’Angleterre, la France, l’Italie, sont ceux où le sang est le plus mêlé.
L’événement capital de l’histoire du monde est la révolution par laquelle les plus nobles portions de l’humanité ont passé des anciennes religions, comprises sous le nom vague de paganisme, à une religion fondée sur l’unité divine, la trinité, l’incarnation du Fils de Dieu.
Beaucoup de vague restait sans doute dans sa pensée, et un noble sentiment, bien plus qu’un dessein arrêté, le poussait à l’œuvre sublime qui s’est réalisée par lui, bien que d’une manière fort différente de celle qu’il imaginait.
Les causes déterminantes, comme nous le verrons dans les événements de cette année, 1680 et des précédentes, qui été l’inconstance du roi, la lassitude des continuelles avanies qu’elle lui attirait, et surtout la douceur, la raison pleine de charmes, le vif intérêt qu’il trouvait dans la conversation de madame de Maintenon, son inclination pour elle, le désir de se fixer à la possession du noble cœur qu’il lui avait reconnu.
Seuls, ils s’affranchirent de la technique étroite : l’un pour dire en une musique plus libre, chanteuse, séduisante et navrante comme Ophélie, son âme musicale et folle ; l’autre pour essayer d’enfermer son noble et rigoureux esprit en je ne sais quelle forme informe, détruite par un trop grand effort d’absolu.
C’était une bête généreuse, noble, vénérable, une bête de cœur et de race.
Rester fidèle à toutes les lois de l’art en les combinant avec la loi du progrès, tel est le problème, victorieusement résolu par tant de nobles et fiers esprits.
Jamais, non, jamais, vous ne l’avez vue, vous qui l’avez bien vue, plus correcte, plus ingénieuse et plus franchement aimable ; ainsi, toute seule, elle se défend à outrance ; elle comprend qu’elle va succomber, mais elle succombera, comme le gladiateur, dans toute l’énergie de la victoire ; seulement, en tombant dans cette noble arène, illustrée par elle, elle pourra dire, elle aussi, son : — Reminiscitur Argos !
Il est le modèle des gens de lettres qui vivent dans le monde par son caractère de droiture & de franchise, par sa noble liberté avec les Grands, par sa douce familiarité avec les petits, par sa sensibilité pour ses amis, & par toutes les qualités du galant homme, de l’honnête homme.
Franz, de déshonorer un homme, on le déshonore bravement, — à ses risques et périls, — en le nommant et en signant le déshonneur qu’on lui inflige… Certainement, dans nos idées, à nous, qui ne sommes pas Cosaque, cela ne serait ni très noble, ni très fier, ni, dans le cas présent, très pudique ; mais cela serait effréné, sauvage, téméraire, à fond de train dans la vengeance, cosaque enfin !
Que Tocqueville voie le caractère essentiel de la Révolution française dans le changement administratif, qu’il phrase tant qu’il pourra sur la taille, la corvée, l’exemption d’impôts pour les nobles et la liberté politique, si chère à son cœur, il ne nous donne que les anciennes vues de détail de l’école philosophique et physiocratique dont il est le disciple attardé, et il répond à la question par la question même.
Né, lui, Shakespeare, le plus idéal des hommes par la beauté du génie et la délicatesse aristocratique de la sensation, dans une condition assez basse, fils de boucher, ayant peut-être tué lui-même et mis le sang des bêtes sur ces nobles mains qui devaient écrire Juliette, Desdémone, Cordélia ; — puis braconnier comme un libre fils de Robin-Hood, un chasseur trop ardent, un vrai Saxon du temps de Guillaume le Roux ; — puis, hélas !
Elle saisit alors ces vieux chrétiens du Moyen Âge, élevés dans la forte discipline d’un esprit doublement romain, comme une passion juvénile et contre-nature qui saisirait un vieillard austère et dégraderait sa noble vieillesse.
À notre sens, il n’est pas jugé, et il aurait été noble et fier à un protestant de lui restituer ce qui doit lui revenir, après tout, dans l’admiration ou l’estime des hommes.
Pourquoi y a-t-il des nations, très méritantes du reste, des races nobles et fortes, qui doivent rester obscures, comme parfois des hommes de génie ?
Ce n’est point ce qu’on peut appeler un grand homme, mais c’est une belle et noble figure féodale, à laquelle Lecoy de la Marche a essayé de restituer des traits légèrement et cruellement méconnus.
Pour eux, on peut dire justement que l’Histoire est un art… Mais l’Histoire, comprise par les Modernes, dont les besoins de vérité et de moralité sont bien supérieurs à ceux des Anciens, l’Histoire a la noble ambition d’être une science indépendante de l’historien, et d’arriver à l’objet de toute Science, qui est la Certitude, quel que soit le talent ou l’art de celui qui s’est donné fonction de l’écrire.
Nous pouvons nous sentir une noble jalousie pour cette gloire de la Grèce moderne qui doit exciter entre peuples une émulation généreuse, dans l’intérêt de la multiplication des chefs-d’œuvre !
Les deux minutes sublimes de Marie-Thérèse, présentant son fils, dans ses bras, aux nobles enthousiasmés de son État, Blanche de Castille en fit des années !
le talent qui, en définitive, n’est quelque chose que par les nobles objets auxquels on l’applique et les bons emplois qu’on en fait !
Il trousse son petit volume, — le petit volume cher à l’éditeur parce qu’il se vend bien et s’enlève, considération puissante sur le noble éditeur !
Le jet de jeunesse et l’autocratique fantaisie de Catherine II pour Stanislas-Auguste avaient été pour lui un sentiment dont il porta sur son beau et noble front, jusqu’au tombeau, la mélancolie !
Littré, que les lois qui régissent l’humanité seront changées et qu’elle se déshabituera d’aller choquer sa noble tête contre les problèmes de sa destinée, insolubles dans ce monde-ci du moins, mais que son éternel honneur est d’incessamment agiter !
C’est un noble esprit, — on le sent bien quand on le lit, — un de ces esprits « qui ne veulent pas être les créateurs, mais les créatures de la Vérité », et c’est pourquoi nous avons dit avec franchise ce que son livre nous a inspiré en le lisant.
Anselme vivait dans un temps où le catholicisme n’était plus seulement un ensemble de nobles et pieuses aspirations vers le bien et vers le ciel.
et qui va nous montrer, dans la Sainte Térèse entrevue, une autre Sainte Térèse inconnue : c’est le livre des Fondations… Sainte Térèse est toujours pour l’imagination ou l’ignorance française le fameux portrait de Gérard ; la belle Sainte à genoux, avec sa blancheur de rose macérée, son œil espagnol qui garde, sous la neige du calme bandeau, un peu trop de cette mélancolie, qui ne vient pas de Dieu, car il n’en vient nulle mélancolie, et ces mains de fille noble qui, jointes très correctement sur le sein, disent aussi un peu trop à la bure sur laquelle elles tranchent, qu’elles étaient faites pour la pourpre.
Quand elle arrivera au rien, — et elle est en marche vers ce noble but, — elle se donnera des airs d’être tout.
Gabriel de Chénier signe son nom, qui a l’honneur d’être noble, comme on le signe dans sa famille et comme il était écrit autrefois dans le Nobiliaire de France.
L’athéisme, cette teigne du temps, aurait-il desséché sa noble tête de poète et condamné son génie à la stérilité des terres maudites ?
Depuis longtemps la librairie méconnaît les plus nobles conditions de son existence.
Le Sage a déshonoré la noble Espagne, sous prétexte de peindre la vile nature humaine.
Je ne le mentionne que parce que ma jeunesse a été fatiguée de l’entendre louer comme le type du caricaturiste noble.
Les hommes célèbres et les ambitieux de célébrité ont naturellement un souverain mépris pour ceux que la noble ardeur de survivre, c’est-à-dire de vivre vraiment, ne touche point. […] Quand donc, par désir d’être du grand monde littéraire, on ouvre les ouvrages de cette époque de noble simplicité, sitôt qu’on éprouve une sorte d’ennui doux y on se croit déjà dans les belles régions de la noble simplicité, et l’on croit bien faire de parler avec une grande vivacité d’admiration de ce qu’on a lu tout au plus avec tiédeur53. […] Diderot s’écrie, avec une noble colère : « Homère, comme Achille, a son talon vulnérable ; c’est toujours un lâche qui le trouve ! […] Tous les critiques contemporains ont senti et ont regretté ce qu’un souci excessif des vérités de la philosophie ôte à la poésie du noble penseur Sully-Prudhomme de couleur brillante et de grâce légère. […] Telle fut la chance du noble et sympathique Estienne de la Boétie.
Les nobles ni ne gouvernent plus ni ne conspirent plus. […] Oui, ridiculiser « le Bourgeois gentilhomme » c’est bien ridiculiser un préjugé, le préjugé de la gentilhommerie, le préjugé qui consiste à croire qu’à être noble on est quelque chose de plus que si on ne l’était pas. […] Il s’ensuit que les idées moyennes de tous les temps conduisent à une morale qui n’est point absolument méprisable, rosis qui n’a rien d’héroïque, ni de noble, ni d’élevé, ni même de véritablement respectable. […] Oui, cette passion, de toutes la plus belle, Traîne dans un esprit cent vertus après elle ; Aux nobles actions elle pousse les cœurs, Et tous les grands héros ont senti ses ardeurs. […] Monsieur Jourdain, fils de gros marchand de draps, homme riche et presque noble homme, ne sait pas la différence de la prose d’avec les vers et même ne sait pas ce que veut dire le mot prose ; Arnolphe a de la littérature, mais il en est encore aux quatrains de Pibrac et du conseiller Mathieu ; Chrysale n’a qu’un livre, le Plutarque d’Amyot, qu’il n’a jamais lu et qui ne lui a jamais servi qu’à mettre ses rabats.
L’horreur du commun, — qui est assurément en soi une noble chose, — a bien mal servi et conseillé MM. de Goncourt. […] Pour clore sa brochure, c’est à ses confrères qu’il distribue des coups de boutoir ; et la littérature actuelle, prise en masse, ressent les derniers effets de cette éducation — ébauchée au contact des moins nobles échantillons du règne animal. […] Laurent-Pichat — un noble esprit qui écrit sous la dictée d’un grand cœur — a donné du talent de M. […] Manquant peut-être un peu d’haleine, le talent de Mme Armand est un aimable mélange de laisser-aller familier et de distinction aristocratique. — Une honnête bourgeoise habitant la Chaussée-d’Antin, qui aurait accès dans les salons du noble faubourg. […] Planche abdique donc en faveur du noble planteur de choux !
le voici : la reprise du Pré-aux-Clercs, à l’Opéra-Comique… Le Pré-aux-Clercs est un chef-d’œuvre… et depuis tantôt vingt années que l’œuvre est vivante et que l’artiste est mort, la musique Française n’a rien créé qui se puisse comparer à ce chef-d’œuvre… Le premier jour, elles n’étaient pas plus fraîches et plus nouvelles qu’elles ne le sont aujourd’hui, ces grâces de l’œuvre d’Hérold : Ce soir j’arrive en cette ville immense… et le duo les rendez-vous de noble compagnie… ô jour d’innocence ! […] « On souhaiterait d’être peintre pour fixer sur la toile ces traits si nobles, ces gestes si vrais, si touchants, ces attitudes si fières, si dramatiques et si naturelles… » « … Il est un point que personne n’ose plus révoquer en doute, pas même ceux qui en crèvent de dépit sans pouvoir le cacher (baissez la tête c’est une pierre jetée dans le jardin de l’Alboni), c’est que la Frezzolini est, en droit comme en fait, la véritable prima donna du théâtre Italien. » P. […] Je ne veux pas humilier mon pays ; il a l’instinct de ce qui est noble, grand et élevé ; — mais son organisation sociale l’amoindrit ! […] Non, non ne prêtons pas au noble cœur des artistes les petites rancunes de notre monde bourgeois Si madame Lauters a involontairement blessé le critique, croyez bien que le critique lui a pardonné avec cette grandeur d’âme de madame Stoltz, heureuse d’oublier la coalition de 1847, et de chanter, à la dernière audition de l’Enfance du Christ, la Captive d’Hector Berlioz. […] Le traître n’avait plus de profil et les longues souffrances faisaient tomber en écailles les couleurs flamandes de la noble duchesse de Brabant.
Il veut une peinture noble et républicaine. […] Voici leurs plus nobles désirs qui s’étirent vers le ciel, et sans Greco, sans cette peinture hallucinée, nul de ces cœurs n’eût été préservé de la mort. […] Bourget, sauf lorsqu’il élève le noble, mais étriqué et gauche Sully Prudhomme au rang de premier poète français de la seconde moitié du dix-neuvième siècle. […] Les nobles colères et les généreux mépris conviennent à la jeunesse. […] Il argumente avec une vigueur, une ardeur, une violence même, qui l’emportent peut-être à quelques excès, mais qui enchanteront tout lecteur épris du noble jeu des idées.
On découvre que l’enfant infirme est le fils naturel de noble et puissante demoiselle Isabelle de Saint-Audéol, petite-fille ou petite-nièce des bons vieux. […] Triste fin d’une noble maison ! […] D’authentiques sacripants, menant une vie scandaleuse, ont été de grands amateurs d’art ou même de grands artistes, mais il est vrai qu’ils n’ont pu être si sensibles à la beauté que grâce à ce qui subsistait en eux de bon et de noble malgré leurs écarts. […] Il aurait même un tour assez noble, presque héroïque, s’il visait quelque grand objet spirituel.
Si cependant j’ay suivi quelquefois leur éxemple, c’est par pure déférence au goût établi qui fait regarder ces saillies puériles comme un entousiasme sublime, et comme une noble confiance inséparable du genie. […] Mr De La M a un art admirable pour rendre froids et plats les discours les plus forts et les plus nobles. […] Mes amis par un motif plus noble m’honorent de cette liberté, ils ne me ménagent point les expressions ; et presque tout le monde, ou par amitié, ou sous prétexte d’amitié, est en possession de me dire les choses les plus dures pour l’amour propre. […] Cela seroit bon pour exciter un lâche ; mais une ame héroïque est entraînée par des motifs plus nobles. […] Enfin je crois avoir fini ce morceau d’une maniere plus noble qu’Homere.
pour un peu de jouissance il faudrait se priver des plus nobles angoisses qui aient jamais palpité dans la poitrine de l’homme ! […] L’impérieux besoin d’impersonnalité qui le dominait — cet éternel tourment des nobles âmes — eût trouvé dans le Dieu de Jésus-Christ un objet véritable et permanent. […] Et, dût-on n’arriver à rien, encore parlerait-on, car il faut parler. » On ne saurait exprimer plus noblement de plus nobles intentions. […] Des sentiments plus nobles, des principes généreux se mêlèrent, pour l’exalter, à la valeur physique, et la guerre universelle développa l’héroïsme chevaleresque. […] Un noble et pressant besoin d’unité synthétique le travailla sans relâche.
Il lui prête tous les défauts de bon ton, tous ceux qu’on serait bien fâché de ne pas avoir, les défauts charmants, comme l’impertinence ; quand il place le bourgeois et le noble en face l’un de l’autre, le bourgeois est toujours accablé ! […] Le bourgeois de Molière n’accepte pas qu’on doive défendre son honneur domestique ; un personnage de Molière dit quelque part qu’il n’y a que les nobles à qui il appartienne de venger de tels affronts. […] C’est encore Armande qui lui inspire dans le rôle d’Alceste cette peinture de l’amour noble, élevé, et, quant à son objet, fourvoyé, qui ne peut éviter par moments une teinte de ridicule, qui est comme l’empreinte de l’indigne objet auquel il s’attache. […] Sa sœur est très malheureuse, son désespoir s’exprime dans la pièce de la façon la plus touchante et la plus noble ; elle se retire dans un couvent pour y mourir ; elle est blessée jusqu’au fond du cœur de l’affront que lui a fait Dom Juan. […] La morgue des pairs accablait le simple duc ; les gentilshommes de province déclamaient contre les courtisans, et, tandis que la noblesse de robe enrageait de n’être point d’épée, les financiers et les bourgeois se demandaient ce qu’il y avait de noble dans un « robin » dont ils avaient connu l’aïeul Mascarille ou Gros-Jean.
Et je persiste à croire que cette mission, divine comme tout ce qui nous élève au-dessus de la vie animale, est aussi noble que celle des législateurs et des conducteurs de peuples. […] Ces nobles pensées raccompagnent dans toute son œuvre, même quand son dilettantisme et son foncier scepticisme l’en écartent le plus : dans ses Essais, où il avoue des admirations corrosivos et remue tant d’idées littéraires, il fait cependant encore une large part aux questions de morale, de même que c’est autour de problèmes moraux que roulent la plupart de ses nouvelles et de ses romans. […] Mais ceux qui ont le plus noble souci des choses de l’âme, en dépit de tout, ne condamneront pas ses romans, et, pour ceux-là, ses livres resteront de bons livres. […] Cette paresse n’est peut-être ni très courageuse ni très noble. […] Comme nous sommes des êtres essentiellement curieux, qui nous intéressons davantage à l’avenir qu’au présent, et comme une telle curiosité est légitime et noble, puisqu’elle fait passer le souci de la race avant celui des individus, on peut dire que cette question est une question vitale, digne de fixer nos pensées et de guider nos réflexions.
Au sujet de la mort d’Agamemnon, dans le récit que fait l’Ombre de ce grand roi à Ulysse qui l’interroge dans les Enfers, il est dit : « Noble fils de Laërte, ingénieux Ulysse, ce n’est ni Neptune qui m’a dompté sur mes vaisseaux en déchaînant le vaste souffle des vents funestes, ni quelque peuplade ennemie qui m’a détruit sur terre ; mais Ægisthe, tramant contre moi la mort et le mauvais destin, m’a tué d’accord avec ma perverse épouse, après m’avoir invité dans son palais ; pendant le festin même, il m’a tué, comme on tue un bœuf sur la crèche. […] C’était bien là, en effet, le souci principal de Scaliger ; il met au-dessus de tout ce qu’il appelle virgilianam diligentiam, et, après avoir soupçonné les nombreux larcins lyriques d’Horace, il conclut en disant : « Puto tamen eum fuisse Græcis omnibus cultiorem. » — Comparant, ainsi que nous l’avons fait (Voir l’article précédent, page 382), la description de la nuit dans Apollonius à celle de Virgile, lequel en a omis pourtant certains traits énergiques, il juge le ton d’Apollonius vulgaire et presque bas (vulgaria, inquam, hæc, et plebeia oratione), tandis que Virgile en cet endroit lui paraît plutôt héroïque ; déjà le noble avant tout.
« Longtemps la gloire fugitive Semble tromper leur noble orgueil ; La gloire enfin pour eux arrive, Et toujours sa palme tardive Croît plus belle au pied d’un cercueil. […] Qui ne se trouve quelquefois accablé du fardeau de sa propre corruption, et incapable de rien faire de grand, de noble, de juste ?
Joignez un goût d’artiste, et de Français du pays de Loire (vera et mera Gallia), et peut-être d’historien pour les vieilles choses jolies et fanées — croyances et meubles, mœurs et bibelots, pensées et fanfreluches — de cet ancien régime où nos origines plongent, qui est à nous tous et par où nous sommes tous « nobles » (Sire). […] Je reviens à son âme, qui était gracieuse et noble, et qui alla toujours s’embellissant. — Il faut se souvenir ici que les pages les plus douloureuses peut-être et les plus imprégnées de l’amour de la terre natale qui aient été écrites sur l’« année terrible » sont d’Alphonse Daudet. — Il ne faut pas oublier non plus que cet homme dont la sensibilité et l’imagination furent si vives et l’observation si hardie, n’a pas laissé une seule page impure ; qu’en ce temps de littérature luxurieuse, et même lorsqu’il traitait les sujets les plus scabreux, une fière délicatesse retint sa plume, et que l’auteur de Sapho est peut-être le plus chaste de nos grands romanciers.
2º La passion du théâtre est certainement moins noble que l’amour de la lecture. […] J’inclinerais à penser que le théâtre — très noble forme d’art, en soi — est entré et devait entrer en décadence à partir du moment où se perfectionnèrent la mise en scène et la machinerie.
La tragédie après Corneille et Racine ne fut d’abord qu’une imitation ; et comme on n’imite pas la vérité des caractères et des passions, ni les beautés d’une langue de génie, on imita tantôt l’abus des raisonnements et de l’intrigue de Corneille, tantôt la galanterie noble de Racine. […] Cependant la tristesse de Mérope, à la fois noble et tendre, son indifférence pour la possession d’une couronne qui ne doit pas passer sur la tête de son fils, l’ennui qu’on lui cause en lui parlant des intrigues de Polyphonte au milieu de ses angoisses sur le sort d’Égisthe, ce vide du pouvoir suprême pour une mère qui craint de n’avoir plus de fils, voilà des traits de nature ; et si la Mérope de Voltaire n’est pas une de ces vigoureuses créations auxquelles le génie du poète donne une existence historique, c’est du moins une admirable esquisse.
Il faut tout dire : le grand-père de La Fontaine s’était intitulé « noble homme », ce qui n’avait pas une signification très nette à cette époque. […] Le Louvre vous inspirera de plus belles choses, de plus nobles et de plus grandes idées que ne l’aurait jamais fait le Parnasse.
Il n’a rien de la générosité et de la majesté de cette noble bête. […] Bouvard et Pécuchet, dont Gustave Flaubert a fait deux imbéciles de base et de sommet, ont le désir, du fond de leur imbécillité, de devenir des êtres intelligents et savants sans instruction obligatoire, et si on eût pressé le bouton à Flaubert là-dessus quand il vivait, il aurait dit certainement, il n’aurait pas pu ne pas dire, que c’était là un noble mouvement, une inspiration honorable.
Le distingué qui est dans l’auteur du Jack au même degré que le sensible, l’artiste fait pour nous donner les plus nobles spectacles, les choses les plus aristocratiques et les plus idéales, s’est détourné de toute cette poésie pour nous peindre les réalités les plus basses. […] Christian II, le « roi dans l’exil » du livre de Daudet, qui tombe avec joie du trône au bal Mabille, est un Louis XV lâché et débarrassé de ces nobles chaînes de roi qui liaient encore Louis XV, et ce n’est plus, lui, qu’un Louis XV du xixe siècle… Vous imaginez-vous ce que c’est ?
Trop délicat, trop fin, trop profond, sous sa légèreté apparente, pour le public des journaux qui lit toujours d’un œil distrait ou préoccupé, l’ouvrage en question, fait pour être apprécié dans la plus lente et la plus voluptueuse dégustation de l’intelligence, eut le sort de tant de choses charmantes que Dieu envoie aux hommes et dont ils ne jouissent pas, et il eût péri, sans nul doute, si la plus noble piété envers la mémoire de l’auteur ne l’avait sauvé de l’oubli en le publiant pour la première fois en volume4. […] Le sentiment chrétien pénètre cette généreuse nature, apte à recevoir dans son giron tout ce qui est noble, chaste et grand, ce bon génie aussi chaud et aussi délicat qu’un bon cœur !
Les réminiscences, les sensations, les nobles désirs, les aspirations généreuses, y débordent ; le jeune auteur voudrait tout unir, tout embrasser.
À quelques lignes plus bas, on voit les nobles et pudiques élégies de Pétrarque opposées aux bruits du monde et aux sombres orgies, comme si, dans des vers sur Pétrarque, le mot d’orgie pouvait trouver place.
Les lettres à la duchesse de Guise sont toutes d’édification, nobles, assez développées, sobres pourtant.
L’auteur, dans ses nobles efforts, ne la souvent qu’approximative et suffisante.
Lorsque, après la révolution de 1830, que j’avais vue avec douleur, je voulus entrer dans les assemblées publiques pour y défendre à la tribune, selon mes forces, non cette révolution, mais la liberté, un poète fameux alors, tombé depuis, relevé aujourd’hui par sa noble résipiscence, écrivit contre moi une satire sous le titre de Némésis.
Avec du cœur on fait de nobles imprudences ; avec des mots on soulève des peuples, c’est vrai ; mais avec des mots on ne refait pas des frontières !
Vers quinze ans, il quitte le triste château où son noble père vit avec ses sept enfants d’un revenu de 800 à 1 000 livres.
En tête du volume, il y a une lettre de Francesco Andreini, comico Geloso detto il capitano Spavento, dans laquelle il fait l’éloge de son compagnon, « qui ne dérogea pas à la noblesse de sa naissance en s’adonnant au noble exercice de la comédie » ; il rappelle le succès que ces pièces ont eu pendant de longues années, et promet une seconde série non inférieure à la première ; mais il ne paraît pas que celle-ci ait jamais vu le jour.
« Les grèves, dit-il, ont engendré dans le prolétariat les sentiments les plus nobles, les plus profonds, et les plus moteurs qu’il possède. » Les vertus chevaleresques du prolétariat sont sans doute fort exagérées par M.
Ils sont d’un autre monde, ils ne méritent pas le nom d’hommes, puisqu’ils n’ont pas la faculté qui fait la noble prérogative de l’humanité.
Certains déchiffreurs de paperasses ont fini par croire ou faire croire que le but principal de l’histoire est d’exhumer et d’étaler au grand soleil ces débris émiettés du passé ; ils ont oublié que sa tâche, plus noble et plus difficile, consiste surtout à interpréter et à résumer cette masse de documents humains.
L’idée étoit noble, & demandoit un grand courage dans son exécution.
Et, par exemple, il passera en un clin d’œil de l’Œdipe ou du Roi Lear à une scène du Père Goriot, ou encore d’un père noble de Térence à une parabole de l’Évangile.
Royer-Collard, cet ami original et ironique de la routine, était, à tout prendre, un sagace et noble esprit.
Au contraire, en déclarant la poésie infiniment perfectible et création perpétuelle, elle appelle tous les élans de l’individualisme noble.
« Ulysse, prenant dans sa forte main un pan de son superbe manteau de pourpre, le tirait sur sa tête pour cacher son noble visage, et pour dérober aux Phéaciens les pleurs qui lui tombaient des yeux.
Cet homme n’a vu ni le massacre des innocents par Le Brun, ni le même massacre par Rubens, ni la descente de croix d’Annibal Carrache, ni st Paul prêchant à Athènes par Le Sueur, ni je ne sais quel apôtre ou disciple se déchirant les vêtements sur la poitrine à l’aspect d’un sacrifice païen, ni la Magdeleine essuyant les pieds du sauveur de ses beaux cheveux ; ni la même sainte si voluptueusement étendue à terre dans sa caverne, par Le Corrège, ni une foule de saintes familles plus touchantes, plus belles, plus simples, plus nobles, plus intéressantes les unes que les autres, ni ma vierge du Barroche, tenant sur ses genoux l’enfant Jésus debout et tout nu.
Les chevaux de Saint Dominique et des Antilles sont petits, malfaits, et ils n’ont que le courage des nobles animaux dont ils descendent, s’il est permis de s’expliquer ainsi.
Ce qui suit n’est qu’une phrase nombreuse ; du reste, elle l’est à souhait, et sans affectation ni raffinement, par où elle est un vrai modèle : « Vous verrez dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines, | la félicité sans bornes aussi bien que les misères, | une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’Univers, | tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulée sur une seule tête, | qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune ; | la bonne cause d’abord suivie de bon succès | et, depuis, des retours soudains, des changements inouïs, | la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse, | nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus, | l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté, | une reine fugitive qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes | et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil, | neuf voyages sur mer entrepris par une princesse malgré les tempêtes, | l’océan étonné de se voir traversé tant de fois en des appareils si divers et pour des causes si différentes, | un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli. » Cette période est composée de membres de phrase d’une longueur inégale, mais non pas très inégale, de membres de phrase qui vont d’une longueur de vingt syllabes environ à une longueur de trente syllabes environ et c’est-à-dire qui sont réglées par le rythme de l’haleine sans s’astreindre à en remplir toujours toute la tenue, et qui ainsi se soutiennent bien les uns les autres et satisfont le besoin qu’a l’oreille de continuité à la fois et de variété, de rythme et de rythme qui ne soit pas monotone.
Je ne parle pas ici de ceux qui, vivant de la critique, y trouvent une incontestable utilité : Je sais qu’un noble esprit peut, sans honte et sans crime, Tirer de son travail un profit légitime ; mais je voudrais savoir si elle rend quelque service au public, si elle l’élève vers l’art, comme elle le prétend.
Cette économie des desseins de la Providence, dévoilée avec la prévision d’un prophète ; cette pensée divine gouvernant les hommes depuis le commencement jusqu’à la fin ; toutes les annales des peuples, renfermées dans le cadre magnifique d’une imposante unité ; ces royaumes de la terre, qui relèvent de Dieu ; ces trônes des rois, qui ne sont que de la poussière ; et ensuite ces grandes vicissitudes dans les rangs les plus élevés de la société ; ces leçons terribles données aux nations, et aux chefs des nations ; ces royales douleurs ; ces gémissements dans les palais des maîtres du monde ; ces derniers soupirs de héros, plus grands sur le lit de mort du chrétien, qu’au milieu des triomphes du champ de bataille ; enfin l’illustre orateur, interprète de tant d’éclatantes misères, osant parler de ses propres amertumes, osant montrer ses cheveux blancs, signe vénérable d’une longue carrière honorée par de si nobles travaux, et laissant tomber du haut de la chaire de vérité des larmes plus éloquentes encore que ses discours : tel est le Bossuet de nos habitudes classiques, de notre admiration traditionnelle.
On devine maintenant ce que doit être le ton d’un livre écrit sous l’influence de ces deux nobles simplicités !
Comme Iffland, le célèbre acteur allemand, qui, dans le Comte d’Essex, plumait son panache, l’ex-capitaine d’Arpentigny devenu un philosophe a beau plumer le sien, il repousse, et le voilà, ce chapeau rond de la démocratie pacifique, qui se retrouve chevaleresque comme au temps où la noble aigrette l’ombrageait !
— le Génie poétique, lequel dominait tellement dans sa noble nature qu’il absorbait toutes ses autres facultés ou en troublait ou en empêchait le jeu.
Sainte Térèse est toujours pour l’imagination ou l’ignorance françaises le fameux portrait de Gérard : la belle Sainte à genoux, avec sa blancheur de rose macérée, son œil espagnol qui garde, sous la neige du calme bandeau, un peu trop de cette mélancolie qui ne vient pas de Dieu, car il n’en vient nulle mélancolie, et ces mains de fille noble qui, jointes très correctement sur le sein, disent aussi un peu trop à la bure sur laquelle elles tranchent qu’elles étaient faites pour la pourpre.
Une femme jeune, noble et belle, se dévoua à sa destinée et l’épousa, quoiqu’il fût étranger et pauvre et qu’il eût sur le front des cheveux blancs.
Le comte de Gasparin avait l’honneur d’être le mari de la noble femme qui a écrit Les Horizons prochains et Les Horizons célestes, deux chefs-d’œuvre de la plus adorable spontanéité.
Elles ont appris au monde, qui ne s’en doutait pas, que l’amour de Goethe pour Charlotte Buff, cet amour, maintenant historique, fut le plus noble, le plus admirable des sentiments, couronné par un sacrifice bien plus héroïque et bien plus cruellement volontaire que le coup de pistolet de Werther !
En les lisant, on est surtout frappé de cette idée que le dix-huitième siècle, dans sa haine contre le catholicisme, n’a pas seulement trouvé, pour la servir, des raisonneurs et des impies, comme l’affreuse société qui soupait contre Dieu chez d’Holbach, mais aussi des âmes d’élite, des cœurs tendres, aux intentions pures, de nobles esprits qui croyaient au ciel.
., etc, et, avec plus d’éloges encore, la pièce appelée Désespérance, où l’assonance la plus inattendue a presque sur l’esprit puissance de pensée, et dissout les nerfs dans la plus noble des mélancolies : Tombez dans mon cœur, souvenirs confus, Du haut des branches touffues !
Cependant ils ne rompirent pas ; mais elle, la noble femme, dut sentir qu’il se rompait quelque chose dans son âme… Ce ne fut plus entre eux l’amour, ses enchantements et ses miracles.
Cette belle place littéraire à prendre aurait pu le tenter cependant, car Gobineau est un esprit sérieux, de philosophie stoïque, et le stoïcisme est pour lui — il le dit en termes formels dans une thèse qui a de la fierté — un des plus nobles buts de la vie.
Dans la suite une institution si noble dégénéra ; les familles, qui ont leur orgueil comme les hommes, pour illustrer les vivants, briguèrent à l’envi des éloges pour les morts.
Lorsqu’au théâtre de Toulouse, où demeuraient ses parents, il entrait dans la loge de sa mère, une beauté célèbre, les spectateurs souvent se retournaient pour admirer l’arrivée de ce jeune homme, dont les cheveux blonds cendrés encadraient langoureusement la noble et sensuelle figure judéo-hellénique. […] Des soldats sans moyens d’existence avouables, puisque la grande guerre de Cent ans allait finir ; des nobles, des fermiers, des ouvriers ruinés par la misère effroyable qui avait sévi ; des jeunes gens qui avaient commis un crime dans un moment de folie, des ecclésiastiques en rupture de froc et des étudiants en rupture d’école. […] Vous n’ignorez pas qu’un des mots les plus nobles de notre langue, « la tête », est sorti de la rue. […] Prenons la chevalerie, par exemple : née de la simple nécessité de défendre le sol contre les invasions hostiles, elle se développe en système d’obligations morales pour devenir dans sa métamorphose suprême le résumé de tout ce qui dans la nature humaine paraît noble et l’est. […] vous ne l’avez point connu…, vous ne pouvez savoir quel noble représentant de l’humanité la société a perdu en lui.
Ce qui nous frappe le plus aujourd’hui, c’est ce « quelque chose de noble et d’héroïque » qu’il y a dans sa « sincérité ». […] Que de beaux vers, simples, harmonieux et doux, qui traduisent, sous la forme la plus limpide et la plus noble, les sentiments les plus tendres, les plus fiers, les plus douloureux ! […] De bons compagnons, le tisserand Bottom, le chaudronnier Groin, le menuisier l’Étriqué et d’autres préparent une représentation dramatique pour célébrer le mariage du noble duc. […] Elle est noble, elle a des ancêtres qui étaient à Fontenoy, elle est belle, elle est fière, désintéressée, parfaitement vertueuse et parfaitement intelligente. […] Poète et législateur, Orphée passait, en outre, pour le fondateur de la religion la plus pure, la plus noble, la plus « intérieure » et la plus sanctifiante que l’antiquité ait connue.
Et je songe à la beauté accomplie des poèmes qui, deux mille ans auparavant, jaillissaient comme des fleurs du génie de la Grèce adolescente, et je me dis, avec un peu de chagrin et presque avec un sentiment d’humiliation, que, si elle n’avait enfin connu un jour la noble antiquité païenne, la pauvre race dont je suis n’aurait peut-être jamais réalisé la beauté. […] Il lui en veut aussi de faire courir la foule à ses farces, de lui désapprendre le chemin des pièces du genre noble, d’abaisser enfin le goût du public. […] Avec une noble candeur, M. […] J’ignore d’ailleurs où il est, mais c’est un détail. » Francaleu promet la lettre de cachet, mais il exige, en retour, que Baliveau fasse un rôle de père noble dans la comédie qu’on doit jouer au château. […] Il a dans son état-major, parmi d’autres nobles dames, lady Dora qui a voulu suivre son vieux mari et pour qui cette guerre est un amusement de haut goût.
Mais telle est bien la pensée de la bonne Mme Durieu, de Robert de Charzay, de M. de Roncourt et de la très noble et touchante Élisa. […] le droit des êtres nobles et fiers contre les basses et serviles collectivités ! […] Mais enfin, cette noble angoisse, si passagère qu’elle ait été, c’est l’honneur de M. […] Mais cela ne les empêche point d’être des braves, et d’exprimer les plus nobles sentiments, et de répéter avec assurance : « Nous le repincerons ! […] Au quatrième acte, l’auteur éprouve le besoin de « délivrer son âme » en tirant, avec une noble sévérité, la morale de cette histoire.
Prospère, belle et noble ville qui m’as reçu si admirablement ( ?) […] Et que ce Joad, « beau, noble et terrible » sans doute, pourrait être « plus terrible encore et inexorable ». […] Bornons-nous à dire, comme tout le monde, que Racine est le prince de l’école qui a cherché à être naturelle tout en restant noble, élégante et harmonieuse. […] L’autre ne veut et n’admet, même en peignant ses monstres, que les plus nobles formes, les plus belles expressions des passions humaines. » Voilà. […] L’inspiration en est très noble et très généreuse, mais l’invention des détails et des incidents, l’exécution, en un mot, est toute pleine d’assez fortes erreurs.
Il est vrai qu’ils y échouèrent en partie et qu’aux odes de Ronsard les sonnets sont préférables ; mais leur ambition était noble : en outre, elle n’a pas été vaine, si le seul fait de l’avoir eue les a haussés assurément. […] Il se défie des formes consacrées et du langage noble et il ne s’applique, au contraire, qu’à être simple et naturel. […] Moréas, plein d’ardeur dans ses convictions et enflammé d’un noble souci d’art, désavoue les œuvres qui ne s’accordent plus avec son esthétique. […] Certes, il se réclame aussi d’Athènes, la « noble Athènes qui l’a nourri », mais il ne voit l’antiquité qu’à travers la Renaissance. […] Elle est digne encore d’admiration pour le noble souci d’art qu’elle révèle.
les flatteurs sont là pour faire la contrepartie des détracteurs, bien que pour les nobles cœurs les inanités de la flatterie ne contrebalancent pas les amertumes de la calomnie ; mais, après la mort, la justice au moins, la justice sans adulation ni dénigrement, la justice, sinon pour celui qui l’attendit sans l’obtenir, au moins pour ses enfants ! […] Thiers pour tout ce qui porte le nom, le cœur, le drapeau français, contribuera sans doute à la vogue militaire de son livre dans son temps et dans son pays ; mais cette noble faiblesse ne contribuera pas, dans l’avenir, à l’universalité d’estime que ce livre mérite et qu’il obtiendra sous d’autres rapports. […] Sa grande taille, sa noble figure où respirait toute la fierté de son âme, sa bravoure à la fois audacieuse et calme, son intelligence prompte et sûre, en faisaient sur les champs de bataille le plus imposant des capitaines.
A propos de ce second exemple, Spencer est plus heureux : il remarque que le mot grande, placé au début, éveille les associations d’idées vagues et émouvantes attachées à tout ce qui est grand et majestueux : « L’imagination est donc préparée à revêtir d’attributs nobles ce qui suivra. » A la bonne heure ; mais ce qu’il en faut conclure, c’est que la place du mot dépend de l’effet qu’on veut produire et de l’idée sur laquelle on veut insister. […] C’est ainsi que Lamartine, pour se moquer des volumes de sonnets, où chaque pièce, selon l’usage, vient se condenser dans le vers final, disait qu’il était plus court de ne lire que le dernier vers de chacune : Noble et pur, un grand lys se meurt dans une coupe276. […] Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien.
C’est là qu’il trouve Virgile tour à tour trop vulgaire et trop noble. […] Ainsi, que ce jeune homme n’imite ni l’ingénieux, ni le fin, ni le noble d’aucun auteur ancien ou moderne, parce que ou ses organes s’assujettissent à une autre sorte de fin, d’ingénieux et de noble, ou qu’enfin cet ingénieux et ce fin qu’il voudrait imiter, ne l’est dans ces auteurs qu’en supposant le caractère des mœurs qu’ils ont peintes. […] Continuons : « Tout le monde, noble, bourgeois, artisan, laboureur, y devient soldat, et cet État a de grands avantages sur les autres, qui n’ont guère que des citoyens. […] Il y a beaucoup à parier que c’est une noble erreur. […] L’idée de grandeur est surtout inspirée par la noble empreinte de l’intelligence, et ce que Montesquieu a été, c’est surtout un homme souverainement intelligent.
La chute d’une nature originairement pure et libre peut seule donner la clé de ce mélange de nobles aspirations et d’instincts bas, de besoins intellectuels et d’appétits sensuels, de ce combat que tous les moralistes, tous les psychologues, tous les artistes se sont plu à surprendre, à analyser et à peindre. […] Tout en se montrant toujours valeureux et noble, grand, courtois et chrétien, de même que le solitaire de la Roche-Pauvre, le Cid est en outre un être de chair et d’os ; il manifeste des affections, des passions et même des petitesses humaines ni plus ni moins que Don Quichotte. […] René n’est pas inférieur à Werther de Gœthe, comme analyse d’une noble maladie, la souffrance vague et sans borne des âmes de notre siècle. […] Cependant, en artiste consommé, il a évité la caricature et a dessiné le noble et auguste profil de la reine d’Illyrie. […] Si le noble front de Georges Eliot, si la gracieuse physionomie de Ouida se dressent au-dessus de cet océan de têtes vulgaires, il est incontestable que l’immense majorité des romanciers anglais s’est essayée à remplir trois bols avec une tasse de chocolat.
Cet homme qui s’est donné l’air d’un méphistophélès américain eut le courage de compromettre sa vie pour la réalisation de plans qu’il jugeait peut-être insensés, mais nobles et justes : une telle page dans la vie d’un écrivain rayonne plus haut et plus loin que de rutilantes écritures. […] Révérencieux par l’héritage d’un enseignement héroïque, nous voulons que les masques un instant posés sur nos yeux aient abrité, ruches privilégiées, un grand mouvement de pensées, une noble rumeur d’abeilles ; mais nous oublions que ni les idées des hommes, ni leurs actes ne sont écrits dans leur apparence charnelle, et que d’ailleurs, vue et reproduite par un artiste, cette apparence contient désormais le génie de l’artiste et non le génie du personnage. […] Les accidents les plus vulgaires de la vie animale se haussent à des significations nobles ; l’on voit les mourants d’un champ de bataille « bourbiller comme des crevettes ». […] Et en regardant autour de nous, avec quelle précaution majestueuse ne voyons-nous pas Léon Dierx espacer le long de sa vie de nobles et mélancoliques floraisons. […] Tel est le poème, Les nobles vaisseaux bercés le long de leurs amarres… composition excellente et savante qui a toute la beauté et toute la froideur d’un jardin romain.
Elle souffrait de cette injustice et voulait, la noble enfant, se venger en redoublant d’efforts. […] On a mis aussi à prix les têtes des nobles, 50 roubles la pièce. […] ce n’est pas en leur ôtant le moyen de satisfaire une noble passion qu’on leur donnera l’envie de filer de la laine. […] C’est bien stupide, je le sais, surtout parce qu’elles disaient de moi ce qu’elles disaient des artistes dont les souliers sont trop nobles pour être cirés par elles. […] Devant les doux accents d’un noble repentir, Me faut-il donc, seigneur, cesser de vous haïr ?
Dès 1897, il groupait, dans un livre intitulé Vers la Pensée et vers l’Action, quelques chants inédits, au milieu desquels s’élève ce noble cri de tendresse et d’admiration : Aux Femmes d’Alsace. […] Et n’y a-t-il pas dans l’histoire de certains hommes comme dans celle de certains peuples, un moment unique, un moment qu’on ne se lasse pas de contempler, c’est celui où l’âpre et saine rusticité va s’adoucir, où l’énergie exubérante et invincible va trouver son plus noble emploi, en se vouant, pour la première fois et pour jamais, au sentiment du beau qui vient d’éclore ? […] Sa timidité est celle des orgueilleux qui n’ont pas toujours le courage de leur orgueil… Sa passion pour sa terre et pour ses traditions est très noble. […] Et il nous a cité la page la plus exquise qu’ait fait naître un roman royal, la lettre étrangement surannée et tendre que Charles XII écrivait à cette « noble demoiselle et chère parente de son cœur » qu’il appelait « ma bien-aimée ». […] Ses amis des jeunes ans le jugeaient capable d’aboutir à ce noble ouvrage.
. — Des groupes dignes de Virgile peignant son Andromaque dans l’exil d’Épire ; des fonds clairs comme ceux de Raphaël dans ses horizons d’Idumée ; la réminiscence classique, en ce qu’elle a d’immortel, mariée adorablement à la plus vierge nature ; dès le début un entrelacement de conditions nobles et roturières, sans affectation aucune, et faisant berceau au seuil du tableau ; dans le style, bien des noms nouveaux, étranges même, devenus jumeaux des anciens, et, comme il est dit, mille appellations charmantes ; sur chaque point une mesure, une discrétion, une distribution accomplie, conciliant toutes les touches convenantes et tous les accords ! […] Le premier président de Lamoignon ne faisait sans doute que rire, quand, à force d’être pompéien, il applaudissait, dans son beau jardin de Bâville, Guy Patin s’écriant : « Si j’eusse été au sénat quand on y tua Jules César, je lui aurais donné le vingt-quatrième coup de poignard. » Mais M. de Malesherbes (ce qui était plus sérieux) disait à propos de ses anciennes liaisons rompues avec les philosophes : « Si je tenais en mon pouvoir M. de Condorcet, je ne me ferais aucun scrupule de l’assassiner. » Mauvaises manières de dire en ces nobles bouches, qui prouvent la part de l’infirmité humaine et du vieux levain toujours aisé à soulever ; pas autre chose.
Alors la scène change, le lacis des Filles-Fleurs, leur chorétique si voluptueuse se dissipe et, autour de Kundry apparue, les fleurs végétales reprennent leur noble cadence et leur balancement assoupi. […] Le Journal de Bruxelles : Quel spectacle, depuis que le monde existe, a jamais été offert à l’imagination et à l’âme, qui donne d’aussi fortes et d’aussi nobles émotions que les opéras de Wagner ?
Perreau, l’Amfortas du Petit-Bayreuth et l’un des pèlerins de Parsifal, engagé volontaire en cette noble bataille de Lohengrin, qui, sans cesse animant ses compagnons du geste et de la voix, n’a pas peu contribué au succès du deuxième acte. […] Mais ce qui soulève le cœur de dégoût, ce qui met aux yeux des larmes de colère, c’est le blasphème prononcé, le drapeau souillé par des mains indignes, toutes les choses nobles et grandes profanées par une poignée d’agitateurs.
Il domine les choses vulgaires et populaires (souvent les mêmes choses) par un très noble mépris, et la forme qu’il donne à son mépris y ajoute encore. […] Forneron, influencé peut-être par le noble exemple de M.
Mais comme la Pensée, la sérieuse et noble Pensée, se détourne tranquillement de tout cela ! […] Proudhon a vu dans le Bas-Bleu — la femme du xixe siècle — l’écroulement de la femme chrétienne, de la noble femme chrétienne !
Les domestiques viendront répéter dans un autre ton, transposée en style moins noble, une scène déjà jouée par les maîtres. […] C’est ainsi qu’on fera répéter par les valets, en langage moins noble, une scène déjà jouée par les maîtres.
Aussi, lorsqu’après la victoire de Fontaine-Française (juin 1595), passant en Bourgogne, il vit le président et que celui-ci parut s’étonner de l’accueil qu’un vieux ligueur comme lui recevait du roi : « Monsieur le président, lui dit Henri IV, j’ai toujours couru après les honnêtes gens, et je m’en suis bien trouvé. » C’est ainsi que ce noble roi entendait et appliquait l’espèce de menace qu’il avait faite au siège de Laon.
Tous les lieux communs de Cicéron sont si beaux, si spécieux, si honorables pour la société civile et pour la nature humaine, si accompagnés d’un noble pli et d’un large mouvement de la toge, que l’on conçoit vraiment combien ils doivent être chers à tous ceux qui sont encore moins des observateurs politiques inexorables et des scrutateurs du fonds naturel humain que d’éloquents avocats d’une cause.
Né en 1658 au château de Saint-Pierre en Basse-Normandie, cadet d’une noble maison, Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre (Irénée, c’est-à-dire pacifique, il y a de ces heureux hasards de noms) ne dut faire ses premières études dites classiques, ses humanités, que faiblement et sans zèle ; pas la plus petite fleur, pas le plus léger parfum de l’Antiquité ne passa en lui.
Sa tendre sœur, dans cette crise pénible, vint à son aide et lui épargna les soucis de la vie matérielle : il put être tout entier du moins à ses idées et aux nobles soins de progrès et d’avancement intérieur auxquels il s’était voué.
On accordait, dans l’héroïsme antique, une grande estime à la force du corps ; la valeur se composait beaucoup moins de vertu morale que de puissance physique ; la délicatesse du point d’honneur, le respect pour la faiblesse, sont les idées plus nobles des siècles suivants.
La gloire d’un grand homme jette au loin un noble éclat sur ceux qui lui appartiennent ; mais les places, les honneurs dont disposait l’ambitieux atteignent à tous les intérêts de tous les instants.
Je connais que pauvres et riches, Sages et fols, prêtres et lais (laïques), Noble et villain, larges et chiches, Petits et grands, et beaux et laids, Dames à rebrassés (hauts et plissés) collets, De quelconque condition, Portant atours et bourrelets, Mort saisit sans exception.
Le noble Brutus vous a dit que César était ambitieux : si cela était, c’était un tort grave, et César l’a gravement expié.
Il y a une vérité accessible dans l’étude littéraire ; et c’est ce qui la fait noble et saine.
C’est une chose unique et précieuse, dans sa monotonie et quelquefois dans sa puérilité dévote, que ce Journal d’Eugénie de Guérin, ces impressions innocentes d’une jeune fille pauvre et noble, pieuse, résignée, vivant presque d’une vie de paysanne dans un hameau perdu.
que rien n’est plus beau, plus noble ni plus agréable que d’être imprimé et lu tous les jours.
Flaminio Scala avait alors dans sa troupe quatre rôles de vieillards ou de pères nobles, comme nous dirions aujourd’hui : le Pantalon ou le Magnifico, tenu par un acteur nommé Giulio Pasquati ; Cassandro da Siena, joué on ne sait par qui ; Zanobio, le vieux bourgeois de Piombino, représenté par Girolamo Salembeni de Florence ; enfin le docteur, il dottore Gratiano Forbisone, dont Lodovico de Bologne portait la robe.
Une des plus nobles morts qui se puissent imaginer est celle du curieux, indifférent à sa fin pour n’être attentif qu’à la levée de rideau qui va se faire et aux grands problèmes qui vont se dénouer pour lui.
Parfois, il laissait percer contre ses ennemis un ressentiment sombre ; il racontait la parabole d’un homme noble, qui partit pour recueillir un royaume dans des pays éloignés ; mais à peine est-il parti que ses concitoyens ne veulent plus de lui.
Une métaphore relative à la vertu ayant produit cette question, on aurait pu tout aussi bien se demander si la volonté est riche ou pauvre, noble ou ignoble, souveraine ou sujette, vu que tout cela s’est dit de la vertu !
Réfugiée à Genève, elle put séduire un moment, par sa grâce et son hypocrisie charmante, nobles, bourgeois et syndics, les plus graves calvinistes eux-mêmes.
Peut-être serait-il beau, loyal et noble de résister à un despotisme si asiatique.
Il y a toute la pompe de l’un & toute l’élégance de l’autre, les agrémens de la sable & la force de la vérité, des descriptions nobles & sublimes, & des peintures riantes & naturelles.
S’il y a dans le cerveau des parties nobles et des parties inférieures, comment ces différences se traduiraient-elles dans un total brut, qui enveloppe tout sans rien démêler ?
Dans la société chaque individu de citoyens a son caractère et son expression : l’artisan, le noble, le roturier, l’homme de lettres, l’ecclésiastique, le magistrat, le militaire.
— Le faux noble, le bourgeois enrichi (Jourdain), le manant ambitieux (Georges Dandin), le hobereau de province qui ne va point à Versailles (Pourceaugnac, la marquise d’Escarbagnas).
En effet, ce n’est presque jamais la vérité du fait ou du jugement politique, — l’Hôpital excepté, — qui manque à cette très noble histoire, c’est la vérité dans la conception de la nature humaine que l’auteur ne saisit pas telle qu’elle est.
C’est la femme comme il faut, ce n’est pas la femelle moderne et ornementée de littérature orgueilleuse qui a pu écrire cette noble phrase, qui est un aperçu : « Quand, par la mort ou un changement dans les rôles qui échoient à chacun ici-bas, la femme devient chef de famille, elle perd de ses qualités sans acquérir celles qui lui seraient indispensables.
Par cette loi, les nobles perdirent leurs droits sur la personne des Plébéiens dont ils étaient créanciers.
« Ce fut la terre94 qui d’abord produisit l’homme, portant ainsi sa plus noble parure et voulant être la mère d’une race paisible et amie des dieux.
Convenons qu’au fond la coutume, la tradition, quelque altérées que l’erreur les ait faites, ont pris naissance dans une vérité importante et noble. […] Plus tard, quand il fut nommé ambassadeur auprès du concile de Trente, quelles ne durent pas être les impressions de cette noble et forte nature en présence de ce qui s’y passa ! […] Il est toujours de sang-froid ; mais son ton a la gravité simple, la candeur, la noble franchise. […] « Un noble, s’il vit chez lui dans sa province, il vit libre, mais sans appui ; s’il vit à la cour, il est protégé, mais il est esclave ; cela se compense. […] Il est moins guidé par une pensée dominante qu’inspiré par un ensemble de sentiments nobles, humains et en général chrétiens.
C’est la faute d’Eloa, noble faute, sans doute, mais à jamais inexpiable. […] Elle en fut justement punie : elle aima, n’étant plus libre, et elle ne sut pas se défendre contre cet amour, et ainsi une noble faute la conduisit à une fauté avilissante. […] Son âme se montra à découvert, soutenue par les souvenirs de la vie la plus noble et la plus pure. […] C’est une rue mal pavée, étroite et tortueuse, mais noble et pleine de gloire. […] C’est dans l’intimité de ce charmant et noble esprit que M.
Un caractère noble, une compréhension profonde du réel, voilà les réceptacles de la muse. […] Au reste, le caractère noble et fier du poète devait confirmer sa philosophie. […] C’est enfin le geste noble et inspiré d’un Paul Fort. […] Les deux autres livres chantent les plus nobles modalités de la vie : la Beauté et le Bonheur. […] Il y a dans cette méthode honnête et brave, je ne sais quoi de noble et de grand dont on nous a déshabitués en France depuis la mort de Brunetière.
Il ne lui restait pour dernier bijou qu’une petite bague ; elle l’ôta de son doigt pour la mettre à celui de Thérèse, qui la remit à l’instant au sien en baisant cette noble main qu’elle arrosa de larmes. […] Le plus noble orgueil y germa sur les débris de la vanité déracinée. […] Et voilà le roman, — tant refait depuis, — du maître d’étude et de la jeune noble. […] Voilà donc terminée la première période des amours du maître d’étude et de la jeune fille noble. […] Rousseau, avec le coup d’œil du génie ; prévoyant toute la Révolution française, a voulu élever Émile, jeune noble, de façon qu’il pût se tirer d’affaire, quels que fussent les événements.
On connaît Chênedollé par sa poésie élevée et noble. […] Sans doute, il a encore de nobles aspirations, mais il manque de la force nécessaire pour les réaliser. […] Redevenu riche, il forme un établissement agricole qui fournit un noble aliment et à son activité et à sa bienfaisance. […] De ces deux illusions, la seconde était la plus noble puisqu’elle soutenait son courage et secondait son énergie. […] Intelligences d’élite, nobles cœurs, ils n’ont goûté dans leur plénitude aucune jouissance.
Ajoutez enfin, dans cette âme noble et orgueilleuse qui concevra le Misanthrope, la conscience de son état de servitude, et aussi des désordres de sa pauvre vie, qui n’est point belle, avec sa promiscuité de roulotte (même si l’on écarte certaines historiettes de la Fameuse Comédienne). […] Racine l’aime, ce jeune roi (Racine est déjà reçu à la cour), et ce jeune roi goûte Racine, à qui il trouve une figure noble et beaucoup d’esprit. […] À ce compte, oui, Bérénice est assurément une tragédie ; mais on l’appellerait presque aussi bien une haute et noble comédie ou, comme on dit assez mal aujourd’hui, une « comédie dramatique », tant le ton en est souvent approché de la conversation des honnêtes gens. […] Et moi j’ai résolu, de partir tout à l’heure, Et je pars. — Demeurez… C’est parfaitement le ton de la comédie en vers de Molière dans ses plus nobles parties. […] Racine, en faisant parler ou de légendaires héros d’il y a trois mille ans, ou, comme dans Mithridate, des rois à demi barbares d’il y a deux mille ans, leur a prêté quelque chose du langage, des sentiments et des manières qui passaient pour les plus nobles en son temps.
Il n’y a donc qu’une âme grande et noble qui en soit susceptible. […] Il fait Alceste vertueux par vertu et noble et courageux. […] Or est-il vrai que les aigris que nous rencontrons, de noble et haut caractère du reste, le sont toujours, partie par horreur des injustices générales des hommes, partie par colère contre celles dont ils sont victimes ? […] Il est donc à la fois très noble et très vrai. Mais il n’est noble que dans la mesure où il reste vrai.
Voilà de belles et nobles ambitions, mieux encore, des convictions qui décèlent une âme d’artiste. […] C’est qu’ils sont tellement imbus de dénouements de feuilletons, enflés de devoirs mélodramatiques ; ils se croient dans ces circonstances un tel rôle tragique imposé, une gesticulation si noble ! […] Si noble que fût son gendre, un bien médiocre lui eût paru fâcheux. […] Il n’avait qu’à regarder la noble figure de son père pour se rappeler la France envahie, le moulin de Valmy, la plaine de Jemmapes, l’ennemi arrêté. […] On y sentira, croyons-nous, le souffle d’une noble ambition, d’un ardent amour de la grandeur de la France, et tous ceux qui liront les adieux du duc d’Orléans à sa division (Alger, 1839) comprendront qu’il fût justement fier de commander à de tels hommes, de servir une pareille patrie.
Legouvé exprime de nobles sentiments dans une poésie élégante ». […] Ne possédant plus rien, elle fut réduite, pour ne pas « traîner aux portes » son nom féodal, à épouser maître Le Hardouey, un paysan parvenu, un acheteur de biens nationaux : double mésalliance qui mettait parfois en colère le noble sang dont elle venait. […] Et, sans doute, cette quinzaine de gens de lettres parisiens, dont les plus nobles sont toujours vaudevillistes par quelque endroit, et qui, poursuivis par l’idée fixe du ridicule, se moquent vite de tout de peur qu’on ne se moque d’eux, sans doute, Lousteau, Blondet et leurs amis durent bien rire ! […] Le paysan et l’ouvrier nous paraissent des motifs aussi nobles que François Ier ou Napoléon. […] Or, il saute aux yeux que la sculpture, art noble naturellement et forcé de choisir, art restreint, n’y peut suffire, et que la peinture dispose de ressources autrement nombreuses.
Les Gesta sanctorum doivent au contraire être recueillis parmi les productions les plus nobles de l’humanité. […] L’idée que le travail (le travail forcé) est noble est une idée récente. […] C’est là l’origine de beaucoup de nobles qualifications. […] Le travail forcé, douleur perpétuelle, est donc devenu noble, en même temps que la douleur elle-même. […] Il le prend par la peau du cou, comme un chat méchant, et le jette par la fenêtre. « La perfection racinienne et noble, dit Stendhal, m’est antipathique. » M.
G…, que les malheurs de la révolution avait contrainte à cette condition, à la fois humble et noble, de former des enfants à la science et à la vertu. […] Amant de la gloire de loin, comme des choses qui brûlent en éblouissant, sa figure portait le témoignage de son caractère ; il était grand, fort, élancé ; ses traits, pris séparément, n’étaient pas délicatement irréprochables, mais vus de distance ils étaient imposants, doux et fiers ; ses membres souples, sa démarche libre et noble. […] Croyez-vous que cette même puissance, qui avait revêtu cette âme si noble d’une forme si belle, où vous sentiez un art divin, n’aurait pu la tirer des flots ?
C’est d’abord celle des origines, le lent, l’interminable, le millénaire travail de la nature pour concevoir des créatures plus pures, essayant de s’exprimer dans de terribles balbutiements, réalisant des ébauches d’êtres, façonnant sans cesse des organes plus nobles et plus harmonieux. […] voilà une race que vous avez murée pendant des siècles dans les ghettos immondes, à laquelle vous avez interdit toute jouissance un peu noble, que vous avez obligée à vivre les yeux perpétuellement fixés sur des tas d’or et l’esprit sur la vengeance à tirer de vos orgueils… voilà des gens que vous ne faisiez sortir de leurs ruelles infâmes où ils croupissaient, les uns dans l’or, les autres dans l’ordure, que pour les conduire au bûcher au nom de votre dieu d’amour, et vous vous étonnez que ces gens-là n’aient pas une âme héroïque et claire de chevaliers ! Est-ce à vous, d’ailleurs, descendants ou coreligionnaires de leurs anciens bourreaux, qu’il convient de leur faire mauvais visage, à vous, nobles paladins ou austères bourgeois, qui recherchez leurs filles en mariage pour vos fils et qui ne dédaignez pas toujours de les avoir eux-mêmes comme amants de vos femmes, à vous, chers cléricaux de mon cœur, dont l’antisémitisme, si bouillant à la Cour d’Assises, se refroidit, si vite et si singulièrement, dans les salons de la Finance !
Il se passera en effet encore bien du temps avant que le mot vrai ne tue le canaille du mot noble. […] 17 avril On a beaucoup parlé de la domesticité, de la platitude basse des nobles. […] Et cependant nous ne sommes pas riches du tout, et si peu nobles.
Là, sur son nom plébéien, il avait été reçu à coups de pied et de poing, par ses nobles condisciples : ce qui lui avait donné le toupet de déclarer, que ce n’était pas son vrai nom, qu’il était le comte de Boulainvilliers. […] Là-dessus Montesquiou me présente aux belles dames du noble faubourg et d’ailleurs, qu’il traîne à sa suite, à la duchesse de Rohan, à la comtesse Potocka. […] Ce détail vous dit, que c’était un noble représentant de la propriété d’autrefois, un représentant aux larges aumônes, à la bienfaisance active.
« Le rôle de l’Art est de faire reconnaître à l’instinct social sa noble signification, de lui montrer sa vraie direction. […] Le noble écrivain, bien certainement, n’a pas lu un seul des ouvrages théoriques de Wagner ; il en parle avec la désinvolture d’un amateur sûr de lui en raison de son inconscience même. […] C’est dans l’état de rêve que se présentaient à l’artiste grec les nobles formes des dieux : en rêve le sculpteur voyait se dresser devant lui la séduisante harmonie des corps divins ; en rêve le poète voyait se dégager les nombreux mondes possibles que le monde réel enferme en lui-même. […] Le héros de notre rêve est même généralement plus noble et plus beau que la réalisation offerte à nos yeux en la personne de l’acteur affublé de brillants oripeaux. […] Toute cette musique du romantisme n’était d’ailleurs pas assez noble, pas assez de la musique pour garder encore raison ailleurs qu’au théâtre et devant la foule ; elle était du premier abord de la musique de second ordre qui, parmi les musiciens véritables, entrait très peu ex ligne de compte.
Écrire est une noble ambition, mais pour écrire il faut avoir du talent. […] On a le plus grand tort de considérer comme des données invraisemblables les sentiments nobles et supérieurs qui sont l’honneur de la nature humaine. […] Se consoler d’être inconnu pendant sa vie, en se disant qu’on sera célèbre après sa mort, c’est un noble idéal, à condition de ne pas se tromper sur la valeur de son propre talent. […] Le plan avait été pourtant minutieusement fixé et scrupuleusement suivi par le noble quatuor. […] Il s’en excuse, mais il l’emploie. « L’éloquence, dit l’abbé Maury, partage avec la poésie le privilège de revêtir d’expressions nobles des objets et des images qui, sans cet artifice, ne sauraient appartenir au genre oratoire.
D’autant plus faut-il admirer la noble et courageuse conduite de M. […] La voici : tout le mal qui arrive en France est causé par les Juifs. — Les nobles se rallient à la république pour piocher dans l’assiette au beurre — c’est la faute des Juifs. […] Nous réveillerons son énergie, nous exalterons en elle l’enthousiasme pour des causes nobles et sacrées, nous la sortirons du doute et de l’inquiétude ; par nos œuvres, nous lui créerons une âme. » M. […] Les juifs, les chrétiens, les bourgeois, les nobles, tous ont raison de s’entendre pour constituer la nouvelle aristocratie. […] L’égalité, c’est admettre qu’un travailleur en vaut un autre ; que tout effort est noble qui contribue au bien-être commun ; que ni majorité, ni minorité n’ont le droit d’imposer à tous un mode d’existence.
que ces vers, disons-nous, ou du moins ces mots sans reines, arrachèrent une larme à la noble Marie-Antoinette, jusque-là si peu éprouvée : ce fut toute la punition du poëte. […] » Le Parny de ces jolies pièces qu’on se plaît à citer était bien celui qu’on retrouvait avec agrément dans la société et dans l’intimité, aux années du Consulat et de l’Empire, celui qui, n’ayant plus rien d’érotique au premier aspect, rachetait ces pertes de l’âge par quelque chose de fin, de discret, de noble, que tous ceux qui l’ont approché lui ont reconnu.
Le grand ministre en sentit lui-même les effets tout le premier, alors qu’ayant changé quelques phrases dans la lettre que lui avait adressée, sur son invitation, la société Conrart, il lui fut dit que si ces changements étaient un ordre, la compagnie y déférerait ; mais que les phrases, dans leur première rédaction, avaient paru à tous les membres assez nobles et assez françaises. […] Quand on changera quelque chose de l’usage que j’ai remarqué, ce sera encore selon les mêmes remarques que l’on écrira autrement… Il sera toujours vrai aussi que les règles que je donne pour la netteté du langage ou du style subsisteront sans jamais recevoir de changements61. » Il n’y a rien d’outrecuidant dans ce noble témoignage que se rend Vaugelas, sous l’autorité du sentiment général qu’il avait cherché toute sa vie.
La vraie noblesse n’est pas d’avoir un nom à soi, un génie à soi, c’est de participer à la race noble des fils de Dieu, c’est d’être soldat perdu dans l’année immense qui s’avance à la conquête du parfait. […] Pourquoi consacrer la plus noble intelligence à traduire le Bhâgavata Purana, à commenter le Yaçna ?
L’orchestre entame ex abrupto l’Ouverture par un motif de marche solennelle, franc, noble, incisif, au contour tout classique, auquel vient s’enlacer ensuite un chant plus libre et plus intime. […] On a dit aussi, — non sans justesse, — que Walter, trait d’union de la poésie noble et de l’invention populaire, offre un parfait symbole de l’idéal wagnérien.
Quant à Parsifal, la conception d’une nature parfaitement simple et pure, s’élevant par le sentiment de la compassion aux plus hautes vérités religieuses, n’a rien que de noble et beau. […] Un homme au caractère vraiment noble, quand même les avantages intellectuels et l’éducation lui feraient absolument défaut, se dresse devant nous comme un homme auquel rien ne manque ; tandis que la plus grande intelligence, si elle est accompagnée de graves défauts moraux, est blâmable… L’intelligence la plus bornée, de même que la plus grotesque laideur, aussitôt qu’elles sont accompagnées d’une rare bonté du cœur, se trouvent transfigurées, entourées d’une auréole de beauté supérieure, et de leur bouche sort une Sagesse, devant laquelle toute autre doit se taire.
XV La figure de M. de Vaudran portait l’empreinte de sa vie ; elle était noble, fine, un peu tendue. […] Il avait les goûts élégants et nobles dans une misérable fortune ; il adorait mon père comme un modèle du gentilhomme loyal et cultivé, qui l’entretenait de cour, de guerre et de chasse ; il aimait M. de Vaudran, qui lui avait ouvert sa bibliothèque ; il commençait à m’aimer, tout enfant que j’étais moi-même, de cette amitié qui devint mutuelle quand les années finirent par niveler les âges alors si divers ; amitié restée après sa perte au fond de mon cœur comme une lie de regrets qu’on ne remue jamais en vain.
Vertueuse Sacountala, noble enfant, prince magnanime, ou plutôt la fidélité même, la fortune, la puissance réunies : voilà le trio enchanteur sur lequel se promènent avec avidité mes regards satisfaits. […] Kalidasa, se rapprochant de la noble et douce pureté de Sophocle, n’a rien de cette dégénérescence, de cette vulgarité d’intrigues qu’Euripide semble emprunter d’avance au roman moderne plutôt qu’à l’antique épopée.
Un tableau grossier provoquera, en effet, chez les spectateurs, plus de sensations malsaines et de dégradation qu’une œuvre noble et hardie le fera de générosité. […] Mais, jusqu’ici, vous avez au moins reçu, en échange, ou de nobles exhortations au patriotisme et au travail, ou de beaux aperçus de philosophie et d’histoire, dans les formes les plus élevées de l’éloquence.
A-t-il à parler (13 août 1779) d’un médecin et chirurgien irlandais, David Macbride, il insistera particulièrement sur les qualités que doit réunir un médecin des femmes et particulièrement un accoucheur : Nées, dit-il, pour la peine autant que pour le plaisir, dévouées en quelque sorte à l’éducation et au bonheur des hommes, destinées à leur fournir le premier aliment et à leur prodiguer les premiers soins, exposées à un grand nombre d’infirmités et de maladies dont cette noble fonction est la source, les femmes ont toujours eu l’intérêt le plus vif à s’occuper de leur santé et à choisir un médecin habile.
Plein de passion et d’ardeur, dévoué, dans une existence partagée, au noble culte de l’art, il saura se donner cette plus large carrière ; il la médite et l’embrasse déjà.
Mais en un sens, et si l’on ne cherche que ce qui le distingue des autres, il est mort à temps, au moment où ce simulacre de république dont il était l’une des plus nobles colonnes, allait s’écrouler sous un choc puissant ; il est mort jeune avec ce qui devait mourir alors pour n’avoir pas à se démentir ou à se transformer.
Il aspira, vers le milieu de sa carrière, à être le secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences pour la partie physique et mathématique ; il s’y acheminait dès longtemps auparavant, il s’y préparait, et c’est probablement même dans le dessein de montrer son aptitude à ce noble emploi, qu’on le vit, de 1809 à 1812, se livrer à des productions littéraires assez diverses dont on s’expliquerait peu, sans cela, l’opportunité et la convenance dans une vie de savant si occupé.
Comme il convient de se bien définir à soi-même les termes, même les plus courants et les plus connus, on appelait proprement dragonnades l’opération, en apparence très-simple, qui consistait à faire arriver dans un pays des dragons ou tout autre corps de cavalerie, à les loger chez des bourgeois, métayers ou fermiers protestants, ou même des nobles, et à les ruiner par ces logements prolongés qui, dans l’état encore très-neuf de la discipline militaire d’alors, et surtout quand on voulait bien y donner les mains et fermer les yeux, étaient accompagnés de quantités d’exactions, vexations, coups, viols, sévices et parfois meurtres ; on exemptait qui l’on voulait de ces logements, et on écrasait les autres.
L’opinion prit alors ce caractère énergique qui la rend maîtresse des événements ; et c’est ainsi que le grand mouvement qui a abattu la puissance gigantesque créée par la Révolution, loin de démentir l’esprit primitif de celle-ci et le génie du siècle, n’a fait que déployer le principe fondamental de l’une et de l’autre, sous de plus nobles auspices et dans une direction plus heureuse. » Quand il écrivait ainsi, M. de Senfft était encore libéral, et il avait foi encore en l’avenir des peuples. — Mêlant des idées mystiques et des pensées de l’ordre providentiel à ses observations d’homme politique, il voyait, l’année suivante (1812) et lors de la gigantesque expédition entreprise pour refouler la Russie, il voyait, disait-il, dans « cette réunion monstrueuse » de toutes les puissances de l’Europe entraînées malgré elles dans une sphère d’attraction irrésistible et marchant en contradiction avec leurs propres intérêts à une guerre où elles n’avaient rien tant à redouter que le triomphe, « un caractère d’immoralité et de superbe, qui semblait appeler cette puissance vengeresse nommée par les Grecs du nom de Némésis » et dont le spectre apparaît, par intervalles, dans l’histoire comme le ministre des « jugements divins. » Il lisait après l’événement, dans l’excès même des instruments et des forces déployées, une cause finale providentielle en vue d’un résultat désiré et prévu : car telle grandeur d’élévation, telle profondeur de ruine.
Cela n’aura peut-être point paru assez noble.
tout est muet : ce silence nous oppresse ; les nobles désirs et les grandes pensées nous semblent inutiles ; on ne voit que doute et impuissance, et on sent déjà qu’on va s’éteindre dans les ténèbres où ce qui est reste inexplicable, et ce qui doit être, inaccessible.
Quel moment en effet dans une société que celui où des sentiments si nobles, si délicats, disons même si subtils, et qui courraient presque risque de nous échapper aujourd’hui, étaient saisis unanimement par un cercle avide qu’ils occupaient aussitôt et passionnaient !
vous vous exposez, avec des cœurs sans défense, à ces combats où les hommes se présentent entourés d’un triple airain ; restez dans la carrière de la vertu, restez sous sa noble garde ; là il est des lois pour vous, là votre destinée a des appuis indestructibles ; mais si vous vous abandonnez au besoin d’être aimée, les hommes sont maîtres de l’opinion ; les hommes ont de l’empire sur eux-mêmes ; les hommes renverseront votre existence pour quelques instants de la leur.
Les géomètres rappellent à eux la certitude par des moyens assurés ; mais dans cette sphère d’idées où les sensations, les réflexions, les paroles mêmes, s’aident mutuellement à former le corps des vraisemblances, quand les mots les plus nobles ont été déshonorés, les raisonnements les plus justes faussement enchaînés, les sentiments les plus vrais opposés les uns aux autres, on se croit dans ce chaos que Milton aurait rendu mille fois plus horrible, s’il l’avait pu représenter, dans le monde intellectuel, confondant aux yeux de l’homme le juste et l’injuste, le crime et la vertu.
Arlequin fait des lazzi très peu nobles ; on l’interroge, il nie tout.
Issu d’une vieille famille noble, d’origine germanique, introduite en Italie à la suite de Charlemagne et devenue française à l’époque du premier empire, il portait en lui une longue hérédité d’agitations, de fièvres, de rêves éthérés et de sang lourd.
Et, quand la Bretagne ne sera plus, la France sera ; et, quand la France ne sera plus, l’humanité sera encore, et éternellement l’on dira : « Autrefois, il y eut un noble pays, sympathique à toutes les belles choses, dont la destinée fut de souffrir pour l’humanité et de combattre pour elle. » Ce jour-là, le plus humble paysan, qui n’a eu que deux pas à faire de sa cabane au tombeau, vivra comme nous dans ce grand nom immortel 111 ; il aura fourni sa petite part à cette grande résultante.
En son nom, durant des siècles, on infligera des tortures et la mort à des penseurs aussi nobles que lui.
Baudelaire, en composant ses Fleurs du mal, a rempli son livre de parfums étranges, artificiels, raffinés, capiteux ; et les réalistes de tous les temps, attirés vers ce qu’il y a de plus grossier et de plus animal dans l’homme, par conséquent vers les sensations réputées les moins nobles, parce qu’elles intéressent moins l’intelligence, ont été particulièrement préoccupés des saveurs et des odeurs.
Imposer la succession régulière des quatre drames de la Tétralogie est une noble pensée digne de l’esprit de Wagner ; est-il possible cependant de s’y tenir longtemps ?
Les choses ne devaient pas tourner comme l’évêque de Condom, madame de Maintenon, madame de Sévigné, et leurs nobles amies l’avaient entendu.
Une riche nature sans doute les sert mieux et les enchante ; la grande nature admirée ensemble est le plus bel accompagnement d’un noble amour.
C’est là un côté sérieux que sa charité finale n’a pas été tout à fait sans comprendre ; c’est une leçon que la gravité suprême qui s’attache à sa noble mémoire n’interdit pas de rappeler.
Mais, dans ces compositions de suprême et un peu froide beauté, le poète n’a pas la passion en lui ; il attend le mouvement du dehors, il reçoit successivement ses impressions de la nature ; il se contente d’y porter une disposition grave, noble, sensible, mais calme, comme un miroir légèrement ému.
À la noble clarté de la lune sereine Nous chanterons ensemble assis sous le jasmin Jusqu’à l’heure où la lune en glissant vers Misène, Se perd en pâlissant dans les feux du matin.
Après avoir traité les differens genres d’affliction des autres personnages du tableau comme des passions qui pouvoient s’exprimer, il place à côté du lit de Germanicus une femme noble par sa taille et par ses vêtemens, qui se cache le visage avec les mains, et dont l’attitude entiere marque encore la douleur la plus profonde.
Stapfer, sans diminuer le côté frivole ou passionné d’un homme emporté par l’imagination qui « gouvernait sa plume » et sa vie, a vengé Sterne des incroyables attaques de Lord Byron, qui lui ressemblait tant, sinon par le génie, au moins par le plus noble des sentiments de son cœur.
Entretenez en vous le noble sentiment du respect ; sachez admirer : ayez le culte des grands hommes et des grandes choses.
Nous en avons surtout pour témoin un amateur passionné de ces vieux poëtes, Cicéron, qui leur devait bien quelque chose, si nous l’en croyons lui-même, et pour quelques-uns des plus flatteurs souvenirs de sa noble vie.
J’en dirai autant, mais avec plus de confusion encore et de gratitude, des lettres si pleines pour la plupart, si nobles, si cordiales qu’il ne m’a pas été possible de verser au dossier des éclaircissements et que, bien à contre-cœur, j’ai dû laisser également sans réponse. […] Robert de Souza, avec cela, le goût le plus sûr, la pensée la plus pénétrante et la plus noble. […] Sa tyrannie a beau leur avoir joué les plus méchants tours, ils acceptent qu’elle rentre par la fenêtre, après que, poétiquement, ils l’ont mise, non pas à la porte, mais à son rang, dehors, de gardienne, pour employer le terme noble. […] La pensée est une chose sotte et triste (non : abstraite)…le rythme est une chose noble et grande et participe à la dignité des forces naturelles, dans lesquelles il est répandu…. etc : quelque chose de divin, non pas seulement chez certains, mais chez tous les poètes, quand ils parlent en poètes. même chez ceux-et c’est le grand nombre — dans les paroles desquels nous pensons reconnaître « le jeu des ressorts ordinaires du cerveau », en d’autres termes, même chez ceux dont on peut mettre les œuvres en « tableaux synoptiques ».
Toutes les locutions et toutes les métaphores tirées du jeu ont été nobles au siècle de Louis XIV, comme celles qui venaient de la chasse, de la guerre et de l’écurie. […] Non, il ne vous est pas permis d’être noble et digne aux premiers actes, d’être pathétique au dernier. […] Elle a repoussé les vœux de ses prétendants et les a renvoyés à ses sœurs avec une compassion si noble qu’on sentait bien que ce n’était point une naïve et innocente Agnès, qui parlait ainsi par ignorance et sans trop savoir ce qu’elle disait. […] il pourra se faire qu’un jour il se rencontre à la Comédie-Française un financier que la nature ait doué plus spécialement d’un visage empreint de bonté noble ; d’une voix qui ait des accents de tendresse pénétrante ; que son goût le porte à répandre sur les rôles qu’il joue ce caractère de bonté qui lui est personnel. […] Le port noble et divin ?
— a voulu rattacher l’histoire de ses personnages… Le commerce et l’industrie sont de belles et grandes choses assurément ; mais donneront-ils jamais aux parties vraiment nobles et souveraines de l’intelligence la satisfaction qu’ils promettent à nos appétits de bien-être ? […] Zola dans une préface récente, coucher l’humanité sur une page blanche, toutes les choses, tous les êtres, une œuvre qui serait l’arche immense. » Noble et vaste ambition sans doute, mais l’humanité n’est-elle donc composée que de coquins, de fous et de grotesques ? […] N’ayons pas peur des mots : il y a des actes qui sont nobles, comme de se dévouer ou de se sacrifier ; il y en a qui sont indifférents, comme de boire ou de manger ; et il y en a qui sont ignobles, si l’on veut bien passer à La Bruyère la liberté de l’expression, comme d’aller à la garde-robe. […] Zola se moque lorsqu’il prétend qu’on lui demanderait « de sortir de l’observation et de l’expérience pour baser ses œuvres sur l’irrationnel et le surnaturel », ou « de s’enfermer dans l’inconnu sous le prétexte stupéfiant que l’inconnu est plus noble et plus beau que le connu ». […] Cet idéal, assurément, n’est ni très noble ni très élevé.
Il n’y a pas de but plus noble, plus haut, plus grand. […] Je ne sais pas, je le répète, de travail plus noble ni d’une application plus large. […] Il y a là un noble rôle, et les écrivains ont encore le devoir de le remplir aujourd’hui. […] L’exemple n’est-il pas frappant dans les faits, de la démence et de l’ordure dans les mots, de la passion noble, de la vertu fière, de l’honnêteté supérieure. […] C’est là une noble fièvre dont brûlent tous les écrivains de talent, qu’ils écrivent en vers ou en prose.
Sur Mallarmé : — C’est un noble poète. […] je crois tout de même que si la critique était aux mains d’hommes aussi clairvoyants, aussi francs, d’écrivains aussi passionnés, d’aussi noble caractère que M. […] Les plus nobles floraisons ne sourdent-elles pas des trappes de la décomposition ? […] C’est pourtant d’après eux que la critique nous dénigre, nous affirme dépourvus d’idées, inaptes à la psychologie, désintéressés des hauts problèmes, insoucieux des nobles ambitions. […] J’avoue cependant que leur attitude — mis à part Mallarmé, de Régnier et Charles Morice, — m’a semblé peu noble.
Ignorant ou incertain qu’il était du vrai goût du public, uniquement soucieux de réussir, Hardy essaya donc alternativement de la pastorale, de la tragédie, de la tragi-comédie, sans autre ni plus haute ou plus noble ambition, que d’attirer les spectateurs à l’hôtel de Bourgogne. […] Sous les embellissements qu’y ajoutait le désir de plaire à une noble clientèle, il fallait bien que l’on retrouvât, dans le portrait de la princesse Clarinte, quelque chose au moins de la vraie marquise de Sévigné. […] L’auteur de Rinconete y Cortadillo n’est-il pas aussi le noble auteur de Don Quichotte ? […] Iceux, quand par vile subjection et contrainte sont déprimés et asservis, détournent la noble affection, par laquelle à vertu franchement tendaient, à déposer et enfreindre ce joug de servitude : car nous entreprenons toujours choses défendues et convoitons ce que nous est dénié. » […] Molière est « honnête homme », aussi lui ; beaucoup plus « honnête homme » que son ami La Fontaine ; et, s’il n’a jamais rien enseigné de très haut ni de très noble — ce qui n’est pas, après tout, l’affaire de la comédie, — du moins n’a-t-il rien enseigné qui ne soit, en apparence, sage et raisonnable.
Grâce à ce mélange de modestie et de noble confiance, qui forme comme le tempérament des intelligences à la fois supérieures et droites, M. […] Les mêmes passions subsistent à toutes les époques, mais, tantôt amoindries, tantôt exaltées ; leur costume au moins change, et c’est beaucoup qu’un costume plus décent et plus noble, quand c’est la bienséance générale qui l’impose, et non l’hypocrisie. […] Mais notez-le bien : son mérite personnel jouit de cent mille livres de revenu, et il exerce la noble profession d’ingénieur. […] Il remporte ce triomphe de décrire les symptômes et les effets de la maladie en termes nobles et généreux. […] Mais que les simples nobles s’avisent d’élever contre les ducs et pairs quelques réclamations un peu vives, il ne se contentera pas de réfuter leurs raisons par des raisons, il versera sur eux des flots d’injures.
Être nous montre l’arrivée de l’écrivain à la conscience exacte d’une littérature soucieuse avant tout du phénomène passionnel ambiant étudié à la clarté d’une conscience, d’un écrivain aussi suffisamment muni pour suivre les oscillations du phénomène et les résumer en de nobles lignes. […] Quels que soient les défauts et les qualités d’Hugo, quelque prédominance qu’on veuille ajouter à ses qualités sur ses infériorités, Hugo est de la première de ces races d’hommes, la plus puissante en contemporanéité, mais la moins haute, la moins métaphysique, la moins noble. […] Les vers de M. de Villiers de l’Isle-Adam sont très nobles, ceux que cite Verlaine sont nobles, il y a peut-être plus de musique dans un autre poème connu, où « la lourde clef du rêve, etc… » dans un Parnasse, mais M. de Villiers, malgré cela et la strophe solitaire de l’Ève future, est un poète en prose ; ce n’est pas le seul poète qui se trouve en ce cas ; quant à la proposition que fait Verlaine, d’attribuer le fauteuil du poète, celui actuellement de M. […] Il n’aura point perdu une vie trop courte toute dédiée à l’art le plus noble, le plus généreusement desservi, et il fut, pour citer un de ses poèmes et non des moindres, le beau page qui servit la Reine Poésie, n’ayant d’yeux que pour elle et ne vivant que pour elle. […] Ils vont tous deux, avec des allures et succès différents, mais d’une même noble allure, vers les revendications populaires, vers la liberté.
L’éloge de ces nobles femmes n’est plus à faire. […] Il a vu d’une part que le xviie siècle, en France, avait fait le plus noble et le plus glorieux effort que l’on eut tenté pour concilier la religion des anciens âges avec les exigences de la raison philosophique, l’immutabilité de la tradition avec les besoins de la vie moderne de l’esprit. […] S’il y a des exordes plus impétueux, ou, comme on dit, plus abrupts, en connaissez-vous beaucoup qui soient d’une séduction plus sûre, en même temps que d’une gravité plus noble ? […] Évidemment, c’est que crime, étant plus tragique, a je ne sais quoi de plus noble que faute. […] vous qui avez quelque part si durement parlé de ce grand et noble Spinoza101, que ne le lisiez-vous, « ce monstre », comme vous l’appelez, et que ne méditiez-vous, comme vous les nommez, ses « ouvrages de confusion et de ténèbres » !
Le désir d’éclairer et d’adoucir ce noble esprit fut sans doute un appât de raison et de bienfaisance pour elle aux abords de la liaison étroite. […] Il est touchant de penser dans quelle situation particulière naquirent ces êtres si charmants, si purs, ces personnages nobles et sans tache, ces sentiments si frais, si accomplis, si tendres ; comme Mme de La Fayette mit là tout ce que son âme aimante et poétique tenait en réserve de premiers rêves toujours chéris, et comme M. de La Rochefoucauld se plut sans doute à retrouver dans M. de Nemours cette fleur brillante de chevalerie dont il avait trop mésusé, et, en quelque sorte, un miroir embelli où recommençait sa jeunesse117.
« Louise-Éléonore de Warens était une demoiselle de la Tour de Pil, noble et ancienne famille de Vevay, ville du pays de Vaud. […] Il se détache bientôt de sa protectrice, voyage à ses frais dans le midi de la France, s’y guérit d’une maladie imaginaire, entre comme précepteur dans une maison noble de Lyon, s’y fait mépriser par quelques larcins de gourmandise, quitte de lui-même ce métier, accourt de nouveau aux Charmettes, espérant y retrouver son asile dans le cœur de madame de Warens ; il ne retrouve plus en elle qu’une mère attachée à un autre aventurier, ruinée par les dissipations de ce parasite et par des entreprises d’industrie chimériques ; il pleure sur son idée évanouie, quitte pour jamais sa malheureuse amie, et accourt à Paris chargé de rêves et d’un système pour écrire la musique en chiffres, et le manuscrit d’une comédie plus que médiocre.
Chacun sait comment le pauvre Gargantua commença par être mis aux mains d’un « sophiste ès lettres latines », lequel lui faisait apprendre par cœur, puis redire à l’envers une grammaire et une logique, si bien que le jour où on voulut l’examiner, « il se print à plorer comme une vache, et se cachoit le visage de son bonnet, et ne fut possible de tirer de lui une parole. » Son père, Grandgousier, qui voit alerte, dispos, maître de sa langue et de ses idées, un garçonnet de douze ans élevé de façon moins surannée, entre dans une colère terrible contre les pédants dont « le sçavoir n’est que besterie abastardissant les bons et nobles esprits. » On décide alors de refaire l’éducation du géant, fils de prince, et son nouveau précepteur lui apprend tant et de si belles choses que l’élève devient habile, non seulement à sauter, lutter, nager, botteler du foin, mais encore à sculpter, peindre, jouer du luth, faire des vers, et qu’il peut deviser avec les docteurs comme avec les artisans. […] Elles entretiennent le cœur dans une noble haine de la tyrannie. « Et ce n’est pas assez que les jeunes gens apprennent à vivre avec le vieux Caton, à mourir avec Socrate ou Léonidas.
Sa musique était à exprimer, pleinement, une action entière, pénétrée de noble émotion et de hautes douleurs. […] Waddel : Prière d’Elisabeth de Tannhaeuser (Mlle Noble).
Mais échauffé des plus nobles chimères, il a rêvé un art complexe de toutes les puissances de l’art ; j’ai dit que c’était l’époque de l’Œuvre d’art de l’avenir, de Drame et Opéra ; le jeune artiste, avant de comprendre que l’œuvre de Beethoven réside majeurement en ses quatuors de cordes, a vu dans le hasard d’un chœur concluant la neuvième symphonie le commencement d’un art nouveau ; il a calculé, le jeune artiste, que l’émotion de ses musiques se doublerait de l’émotion de ses poèmes et se triplerait de l’émotion de ses spectacles ; et — ne serait-ce pas le profond de la vérité ? […] Remémorons les premiers actes ; le premier acte en majeure partie musical (l’éclosion d’une adolescence, les rappels d’anciennes émotions), avec les addendas de faits positifs et de secrets de forge dévoilés ; le second acte très incertain, incessamment et au cours de chaque scène oscillant entre la symphonie et le spectacle, des efforts à tout rendre à l’orchestre et des chutes soudaines (par exemple, lorsque c’est par des mots qu’est dénouée une scène musicale), enfin la très noble magnificence de cette mort d’âme exprimée dans la mort du bon Fafner, une des stupéfiantes pages de l’œuvre de Wagner ; depuis longtemps je désirais interpréter cette scène ; qu’on me le permette.
Dans les formes conventionnelles qu’ils empruntent à ces premiers maîtres, et dont ils subissent docilement les exigences, quand encore ils ne les modifient pas pour en rendre la contrainte plus étroite et plus monotone, nos trouvères, — un Quesne de Béthune, le sire de Couci, Thibaut de Champagne, Huon d’Oisi, Charles d’Anjou, — tous de race noble, essaient de faire entrer l’expression de leurs sentiments personnels. […] L’explication s’en trouve : en partie, dans la persistance et la continuité de la tradition latine ; en partie dans l’effort de nos légistes pour faire triompher sur l’esprit germanique ou féodal l’esprit du droit romain ; et enfin dans l’encouragement que nos rois donnent à un effort qui fait les affaires de leur plus noble ambition, puisque aussi bien il fait celles de l’unification des volontés et de la formation de la patrie française.
" … mon cher Apé, tout ce que tu dis là est fort beau, mais crois que tu vas parce que tu ne peux pas rester, tu surabondes en énergie, et tu décores cette force secrète qui te meut, tandis que tes camarades dorment, du nom le plus noble que tu peux imaginer. […] Quatre lignes perpendiculaires, et voilà quatre belles colonnes, et de la plus magnifique proportion ; un triangle joignant le sommet de ces colonnes, et voilà un beau fronton, et le tout est un morceau d’architecture élégant et noble ; les vraies proportions sont données, l’imagination fait le reste.
On verra plus nettement la cause de la ruine sur cette noble chose démolie. […] Quoique d’une race noble et ancienne, mais déchue, Poe était sorti d’un père comédien et d’une mère comédienne, morts tous deux de phtisie et de faim.
Les Mayens, on appelle ainsi sur la montagne les lieux où vont dès le mois de mai les nobles Valaisans, les patriciens du pays, aujourd’hui dépossédés de leur influence.
S’adressant au prince Maurice, au comte Guillaume son cousin et aux divers membres de cette maison, qui sont tout-puissants en Zélande, il les adjure de ne pas s’opposer, mais d’aider à la réunion de tous, et il rappelle au prince Maurice en particulier le noble exemple de Phocion, grand et sage capitaine, lequel, à l’occasion d’un conseil qu’il avait dissuadé et qui réussit pourtant à l’exécution, disait « qu’il ne se repentait pas d’avoir rejeté un conseil qu’il avait jugé en sa conscience devoir être dommageable, mais qu’il était très aise que le succès en eût été meilleur et plus heureux qu’il n’avait pensé ».
Son œil était spirituel, son regard noble, sa parole douce ; il avait le maintien réservé, l’abord honnête et quelquefois un peu froid.
Il faudra plus de vingt ans encore pour que le Werther de la France, celui qui s’approprie si bien à elle par sa beauté mélancolique, sa sobriété, même en rêvant, et son noble éclair au front, pour que René en un mot puisse naître ; il faudra plus de temps encore pour que l’élégie vraiment moderne, inaugurée par Lamartine, puisse fleurir et se propager.
Il a très bien montré que c’était une grande nouveauté alors en France de lire Homère en grec, que dans l’Université même, et parmi ceux qui passaient pour doctes, on ne s’en avisait que depuis peu, et il en a fait un mérite à notre poète, qui, non content de l’étudier sans cesse, voulait encore l’imiter, le reproduire, et doter son siècle et son pays d’un poème épique : vain effort, mais noble pensée !
À ce déjeuner de Golgao commence à figurer et à se distinguer déjà par l’émotion de la parole un noble et enthousiaste militaire, qui revenait en toute hâte de Paris où il avait causé avec Napoléon, « le général Foy, si célèbre depuis comme orateur, joignant à beaucoup de bravoure, à beaucoup d’esprit, une imagination vive, souvent mal réglée, mais brillante, et qui éclatait en traits de feu sur un visage ouvert, attrayant, fortement caractérisé ».
Le défi avait eu lieu la veille ; la joute se fit dans la plus noble lice, en vue des deux armées et même des dames de Paris.
Il a fait des nobles, il a fait des princes, il a fait des rois, tout cela subsiste.
Ceux qui louent recevront à leur tour la louange qu’ils ont donnée à d’autres, et ces hommes habiles et placés comme à la tête de la nation française l’entretiendront sans doute dans l’habitude qu’elle s’est faite de louer et de faire consister dans la louange l’action la plus noble de l’esprit humain.
. — « Cette bonne tête, ou plutôt cette bonne caboche , » disait de lui un de ses anciens ministres qui se reprenait, comme si le premier mot était un peu trop noble pour le sujet.
Molé un portrait des plus délicats, où les qualités du noble personnage sont reconnues et où ses faibles ne sont pas oubliés : une qualité toutefois n’y est pas suffisamment marquée, c’est que M.
Que d’autres plus longtemps fassent mieux s’il leur plaît, D’autres n’auront point fait un plus noble service ; Tout petit, mon Fernand la nommait sa nourrice ; Et maintes fois, vraiment, la Blanche mérita Ce titre qui la fit chérir et lui resta.
S’il était vrai, la Révolution française, qui a cependant inauguré les plus généreux principes, n’aurait fait de nous tous, nobles, bourgeois, peuple, qu’une troupe de misérables.
Viollet-Le-Duc comme un adversaire et un ennemi, ont eu un art à part et, selon lui, incomparable, un talent unique, délié, fin, composé d’instinct et de réflexion, qui les a conduits dans tout ce qu’ils ont fait à choisir, à corriger, à rectifier, à épurer ; à s’approprier les emprunts mêmes, à les convertir, à les transformer ; à trouver l’expression la plus noble, la plus élégante ; à deviner, par la perfection des sens, des combinaisons de lignes que l’expérience a converties plus tard en lois de stabilité.
Quand on a lu le Lutrin ou Athalie, l’esprit s’est récréé ou s’est élevé, on a goûté un noble ou un fin plaisir ; mais tout est dit, c’est parfait, c’est fini, c’est définitif ; et après… Il n’y a pas là de canevas ; cela paraît bien court.
Il avait montré comment une bonne armée se crée et s’organise, il nous montre aujourd’hui comment elle se fond et se défait ; on sait mieux, après l’avoir lu, ce qu’il faut entendre par ces mots de corruption et de décadence ; on s’en fait une trop juste idée, en même temps qu’on sait aussi faire la part des exceptions, de la valeur, du désintéressement et de l’intégrité, qui se personnifient en quelques nobles figures, même aux plus tristes moments de cette monarchique histoire.
Cousin, dans un de ces éloquents discours funéraires, tels qu’il les savait prononcer, a très-bien défini Charles Loyson en ce peu de mots : noble esprit, âme tendre, jeune sage, et le pied sur cette tombe entrouverte, le bras solennellement étendu, il s’écriait en finissant : « Encore un mot, mon cher Loyson.
La race d’élite et privilégiée entre toutes qui, dès l’origine de son installation dans la péninsule hellénique, se personnifie dans Hercule, dompteur des monstres, dans Apollon, vainqueur de Python, et qui sut de bonne heure réaliser l’idée de royauté et de justice, puis l’idée de cité et de liberté, est celle qui imprima à la guerre sa plus noble forme, la plus héroïque, la plus généreuse, depuis Achille, — ou, pour partir de l’histoire, depuis Miltiade et Léonidas jusqu’à Philopœmen.
Quand on a lu la Bible, quand on a comparé au texte des prophètes les paraphrases de Jean-Baptiste, on s’étonne peu qu’en taillant dans ce sublime éternel, il en ait quelquefois détaché en lambeaux du grave et du noble ; et l’on admire bien plutôt qu’il ait si souvent affaibli, méconnu, remplacé les beautés suprêmes qu’il avait sous la main.
En 1855, date où Wagner terminait la Walkyrie, le baron du Potet dogmatisait avec une noble suffisance.
La reine ne pouvait se passer d’un nécessaire de voyage, et il a fallu en fabriquer un énorme qui contient tous les meubles imaginables, depuis une bassinoire jusqu’à une écuelle d’argent ; outre cela, d’autres caisses et, comme s’il n’y avait pas de chemises à Bruxelles, un trousseau complet pour elle et ses enfants320 La dévotion étroite, l’humanité quand même, la frivolité du petit esprit littéraire, l’urbanité gracieuse, l’ignorance foncière321, la nullité ou la rigidité de l’intelligence et de la volonté sont encore plus grandes chez les princes que chez les nobles Contre l’émeute sauvage et grondante, tous sont impuissants.
Les contours du visage sont élégants, mais fermes ; on voit que l’homme serait bien mort pour une noble cause.
Puis elle s’est aperçue que sa philosophie était insuffisante : que l’art d’ennoblir la vie par des passions nobles n’était pas une règle suffisante de vie, que le plaisir, même le plaisir de la pitié, n’était pas la vertu ni un fondement solide de vertu ; et Kant lui a offert son postulat du devoir.
Weiss frémir devant « la noble tête de vieillard » On se souvient qu’il y a quelques années, quand la Comédie-Française donna Œdipe, tout le monde fit cette réflexion que c’était un excellent mélodrame.
Une noble bête !
Les repas s’y prolongeaient, mélangés de nobles discussions.
Françoise d’Issembourg d’Happoncourt (c’était son très noble nom) était de Nancy, née le 13 février 1695, fille d’un des officiers du duc de Lorraine, et petite-nièce, par sa mère, du fameux Callot.
Ce fut, à vrai dire, ce seul honneur auquel je fus le plus sensible. » Il était dans ces termes d’amitié et de correspondance étroite avec la noble princesse ; il venait de recevoir d’elle toutes sortes de nouveaux témoignages d’intérêt et d’affection sur sa fâcheuse mésaventure de Paris, au commencement de 1670.
À voir l’ardeur que mit Franklin à cette question qu’il considérait comme nationale, on comprend que quinze ans plus tard, lorsque la rupture éclata entre les colonies et la mère patrie, il ait eu un moment de vive douleur, et que, sans en être ébranlé dans sa détermination, il ait du moins versé quelques larmes ; car il avait, en son âge le plus viril, contribué lui-même à consolider cette grandeur ; et il put dire dans une dernière lettre à lord Howe (juillet 1776) : Longtemps je me suis efforcé, avec un zèle sincère et infatigable, de préserver de tout accident d’éclat ce beau et noble vase de porcelaine, l’empire britannique ; car je savais qu’une fois brisé, les morceaux n’en pourraient garder même la part de force et la valeur qu’ils avaient quand ils ne formaient qu’un seul tout, et qu’une réunion parfaite en serait à peine à espérer désormais.
Le pessimisme et la misanthropie romantiques, si nobles chez la plupart des grands hommes de 1830, sont devenus chez lui une passion chagrine de dénigrement systématique, une passion d’horreur à l’endroit de l’humanité, qui a quelque chose de haineux, d’entêté, d’étroit, de sombre et de triste comme une manie, et qui en vérité chez Zola n’est qu’une manie d’aveugle ou de myope.
De là le raffinement, la recherche, la trouvaille, l’amour des belles choses inédites, de tout ce qui, dans le domaine artistique plus ouvert à la perfection que la nature parce que plus inutile se rapproche clandestinement de la supériorité absolue, satisfait certains goûts très nobles de la nature humaine, lui procure les plus complexes c’est-à-dire les plus belles émotions esthétiques.
Un honnête spectacle est la plus belle éducation qu’on puisse donner à la jeunesse, le plus noble délassement du travail, la meilleure instruction pour tous les ordres de citoyens ; c’est presque la seule manière d’assembler les hommes sociables.
L’Angleterre avait accueilli avec respect nos nobles exilés : elle croyait, en cela, n’avoir fait qu’accomplir les saints devoirs de l’hospitalité à l’égard du malheur.
Pour avoir cette ambition noble et pour la croire possible, il suffit de se rappeler que, au-delà du début de la vie, il y a une égalité au moins parmi les hommes : qu’ils ont tous souffert, qu’ils ont tous crié, et que, si variées que soient les peines et les plaintes, tout se résume dans le même besoin d’une infinie justice.
Le 23 juillet 1898, étant assez malade et fort souffrant, j’ai prononcé, aux obsèques de mon noble ami, le recteur Auguste Couat, un discours où j’ai dit de quelles douleurs ce juste était mort : d’une terrible épreuve domestique, et de la patriotique tristesse que lui causait, dans le drame où l’on a vu et où l’on voit encore tout le parti de la nuit et du crime se liguer contre la réparation d’une erreur judiciaire, le spectacle « des maux et des hontes de son pays. » C’est presque inconsciemment que je parlais ; en toute franchise, je ne croyais rien faire ni rien dire d’extraordinaire ; je suivais une irrésistible et toute puissante impulsion intérieure de passion et de conviction ; simplement, je disais la vérité. […] Le romancier trop naturaliste, le « pornographe », comme l’appellent ses ennemis, s’est montré tout à coup un homme de grand cœur qu’on peut nommer maintenant avec un sympathique enthousiasme dans les meilleures compagnies, et dont la mémoire purifiée gardera dans l’avenir son plus noble rayon de l’acte audacieux qui subitement le révéla vrai patriote et bon citoyen. […] — pour que le noble métal entre un peu largement dans la circulation. » La réclame parcourt, dans ses inventions, une vraie gamme d’immoralité qui s’étend depuis la simple exploitation, plus ou moins licite, de la badauderie humaine, jusqu’au charlatanisme le plus éhonté et jusqu’à toutes sortes de mensonges et de fraudes. […] L’amour de la gloire, dans ce qu’il a de supérieur et de vraiment noble, se confond absolument avec l’horreur de la mort et du néant. […] Car on sait bien qu’en général la poursuite d’une fin personnelle est le signe de toutes les âmes médiocres, et qu’il n’y a de vraiment noble que l’activité, désintéressée ayant pour but quelque grand résultat humain.
Il n’en est pas ainsi lorsqu’une action est belle, noble, grande. […] Homme nouveau, tu brilles entre les nobles, parmi les citoyens décorés d’une longue illustration ! […] Ce qu’on interdit au philosophe, le noble le fera sans s’avilir ! […] Bayle appelle la secte des stoïciens, la secte la plus noble et la plus auguste qui ait été parmi les Grecs. […] Ce passage, auquel nous renvoyons le lecteur, arrêtera tout homme de goût et toute âme noble et généreuse.
Il a dissimulé son génie, avec tant de soin que, parmi ses contemporains, aucun n’a découvert la noble fraude. […] Ou bien il faut admettre que « Shakespeare » était, pour le noble comte, un « pseudonyme », — ainsi que M. […] Sa mère est une dame noble. […] Nous nous sommes demandé s’il y avait encore, pour l’écrivain et pour le lecteur, en ces années d’égalité où nous sommes, des classes indignes, des malheurs trop bas, des drames trop mal embouchés, des catastrophes d’une terreur trop peu noble. […] Il ne les montre pas comme des révoltés qui défendent une noble cause ; il ne leur prête aucune philosophie, même anarchiste.
Sans doute, en contemplant dans la glace ses nobles traits, dont il est si fier, il fut médiocrement satisfait de les voir déformés par les bandelettes et fâcheusement grêlés. […] Et quand, par miracle, ils réussissaient à sauver leurs drapeaux des griffes prussiennes, je suppose qu’ils ne pensaient pas avoir démérité de la France, et que leur cœur palpitait d’un noble orgueil, et qu’ils se disaient au fond d’eux-mêmes : « Ah ! […] Il eût, en des vers très nobles, évoqué la mémoire de Lesurques, versé des pleurs sur son malheur immérité, réconforté ses petits-enfants, flétri l’aveuglement des juges et la cupidité du gouvernement. […] Fille d’un honnête armateur du Havre, ruinée et orpheline à la fleur de l’âge, recueillie par son oncle l’abbé Ginoux, un bon curé de campagne, elle a fait la conquête d’un jeune homme de bonne famille — un noble, s’il vous plaît ! […] Au lieu de l’humble huissier qui pouvait lui donner son nom, elle n’a devant elle qu’un noble sire qui l’a séduite… Blessée dans sa plus intime délicatesse, et quoiqu’aimant éperdument son vil suborneur (comment peut-elle adorer cet homme brutal ?
Seulement, elle était noble… La marquise d’Escarbès ! […] Une colère plus logique et plus noble fut celle de Victor Hugo, qui, dès le début, lança le plus éloquent de ses anathèmes à Napoléon le Petit. […] Un « noble » du village a infligé au pauvre docteur qui ne voulait pas le saluer le premier, un châtiment singulier. […] Le médecin jure de se venger ; une arête qui s’est piquée dans la gorge du « noble » fournit au médecin le moyen de lui appliquer la peine du talion. […] Ces belles pages, inspirées d’un souffle si noble, si patriotique, Dumas seul pouvait les écrire.
Nous remontions cette longue côte, cette longue route de Jouy, si merveilleusement, si harmonieusement roulante et déroulée, enroulée, déroulée, qui du bas de Jouy et des canaux et du moulin de la Bièvre monte insensiblement et sensiblement, également, sinueusement, comme un large ruban bien posé à plat sur un sol montant, longeant, bordant l’immense propriété des Mallet, cette large, cette noble route bien faite en serpent qui conduit graduellement jusque sur la plaine où l’on entre comme pour ainsi dire sans s’en apercevoir par l’aménagement, par le ménagement d’un admirable raccord. […] Quoi que vous en ayez, quoi que vous fassiez, quoi que vous y mettiez et dans le vêtement et dans tout l’habitus, et dans la barbe et dans le ton, et dans l’esprit et dans le cœur, quoi que vous vous en défendiez, vous appartenez, et ici je vous préviens que je ne vous offense pas, vous êtes, vous appartenez à une des plus hautes, des plus anciennes, des plus vieilles, des plus grandes, et puisqu’aussi bien nous nous expliquons, puisqu’il est entendu que nous ne nous flattons plus, une des plus nobles familles de la vieille tradition bourgeoise libérale républicaine orléaniste. […] Ce fin du fin, ce fin profil, ce regard noble, assuré, nullement voyou, ce langage fleuri, ces lèvres amènes, ce veston démocratique mais fin, démocratique mais sobre, démocratique mais sévère, cette barbe bouclée, ardente blonde, flavescente ardescente, flavescente ardente rouge, bien taillée quadrangulaire descendante, diminuée descendante, secrètement rutilante, cette moustache non pas précisément, non pas vulgairement, non pas grossièrement conquérante, mais triomphante royale, presque de même couleur, ce long pantalon sociologue, ces manchettes républicaines, ce fin pli vertical du pantalon„ si également, si équitablement rémunérateur, ce fin parler haut allemand, ce teint de lys et de roses, il y faut renoncer. […] régnons. » Les nobles cœurs ! […] Ça sonne plus noble.
Il y a quelques nobles qui ont ainsi déserté leur cause et se sont bien scandaleusement conduits, témoin M. de Mirabeau, en politique. […] C’est que toute cette poésie ment, c’est qu’à la place du cœur le poète spiritualiste met l’imagination et que le cœur, si matérialiste qu’il soit, est seul capable d’élans vraiment nobles ; car c’est là la véritable distinction entre ces deux écoles : l’une écoute la voix de l’esprit qui vit en dehors du monde, croit voir des espaces nouveaux et les conquérir en les abaissant jusqu’à lui ; l’autre se borne à accepter sa place, à suivre les battements de son cœur et à épancher sur les créatures de Dieu l’amour que le spiritualiste réserve pour celles de son cerveau. […] Il a appelé à son aide toutes les ressources du style noble. […] Le premier est, à la vérité, plus noble, mais bien moins parfait ; le second paraît, il est vrai, moins noble, mais il est d’autant plus parfait, car le noble gît déjà dans la preuve d’une grande richesse, tandis que la perfection gît dans la durée du Tout et dans le fait réel. […] Le vrai réalisme est bienfaisant dans ses effets, et seulement moins noble dans sa source ; le faux est méprisable dans sa source, et dans ses effets seulement un peu moins funeste.
À quelques pas, deux nobles romains, de ceux dont le nom, porté par un pontife de génie, reste associé aux plus illustres épisodes dans l’histoire de l’Église, poursuivaient une martingale désespérée. […] Ils ne trouvent donc pas que votre langue, si belle, si noble et si pure, soit suffisante ? […] Le mot d’aristocrates, nous l’avons dit, avait alors le même sens effroyablement général qu’a le mot bourgeois aujourd’hui, et la vérité est qu’on a tué beaucoup plus d’hommes du peuple et d’artisans que de nobles. […] Le parasitisme me paraît la plus noble situation d’un homme libre. […] Le livre de Frédéric Febvre nous raconte non seulement la vie de l’acteur, les étapes de cette carrière faite d’amour ardent du théâtre, de noble ambition artistique, mais aussi il nous montre bien des physionomies disparues, nous rappelle bien des faits prêts à s’échapper de nos mémoires.
Au fond, Hanshiti est d’origine noble, mais descendu à l’état de rônin en sa détresse ; seulement, s’il retrouve un sabre dont il était le détenteur, il redeviendra noble, et la seconde partie du roman se passe à la recherche de ce sabre, au milieu de toutes sortes d’aventures dans le genre de celle-ci : dans une attaque de malfaiteurs, la jeune fille a perdu une de ses chaussures en bois, un malfaiteur la lui rapporte et, enflammé par sa beauté, veut la violenter : — elle le tue. […] Ces préparatifs occupaient toute la matinée où, dès les premières lueurs du jour, se pressaient dans la cour du temple, pour voir exécuter le dessin, une foule de nobles, de manants, de femmes de toutes sortes, de vieillards, d’enfants. […] Cette « Maison Verte » et ce bain sont publiés, en même temps que deux suites sur les rônins, une petite série à l’imitation des sourimonos, et une grande série datée de 1806 ; puis une belle suite de paysages, donnant dans une planche, pour ainsi dire, la gaîté d’une habitation de femme noble, en ces légères constructions à jour toutes remplies de branches de cerisier en fleurs dans de grandes potiches, et avec ces galeries courant sur un petit lac. Vers 1810, c’est dans un grand format, les six impressions des six poètes qui sont : Onono Komati (une femme de la cour) ; Ariwara-no Narihira (un seigneur) ; Sôjô Hénjô (un grand prêtre) ; Kisén Hosshi (un prêtre) ; Ohtomo-no Kouronoushi (un lettré noble) ; Boun-ya-no Yasouhidé (un poète de la bourgeoisie). […] Noble visitant le temple d’Ogouroyama, célèbre pour ses momiji.
Mais il y a des actes nobles, comme de se dévouer, ou, sans aller jusque-là, comme tous les actes qui sont une victoire de l’esprit sur la chair, de la volonté sur l’instinct, de la civilisation sur la nature ; et de ces actes la noblesse s’en communique aux mots et pour ainsi parler jusqu’aux syllabes qui les expriment. […] Qu’est-ce qui est noble ? […] Et — c’est une justice à lui rendre — il a tenu parole, il a prêché autrement, mais moins bien ; et de cette rage de nouveauté, dont il est un éloquent exemple, la suite est aussitôt ce qu’on pouvait prévoir : la décadence ou l’abaissement de tous les genres nobles ou élevés. […] Il en arrive, et il le faut dire, que si l’on a jadis écrit ou parlé un français plus noble, plus grave, plus sérieux, on n’en a jamais parlé de plus « joli » qu’entre 1685 et 1715 ou à peu près, ni de plus transparent, qui fût un calque plus fidèle de l’idée, ni qui fût aussi plus concret. […] Mais, en même temps que forte et hardie, il avait aussi l’imagination noble et haute ; — c’est-à-dire que, dans l’extraordinaire et dans le romanesque, il préfère ce qui est noble à ce qui est bas ; — ce qui exalte l’âme à ce qui la déprime ; — et généralement les héros aux monstres. — Qu’il n’est pas vrai cependant que, comme on l’a dit [Cf.
Elle en veut aux jeunes nobles de son temps de n’être pas des gentilshommes du temps de Henri III. […] Quand cette notion s’empare de l’entendement, il n’y a qu’à se prosterner… » Il avait soin d’ajouter que l’humanité ne se montre nulle part plus noble que dans cette méditation de l’infini, inspiratrice de tout ce qui se fait de grand dans le monde. […] Les ignorants et les humbles comme nous, verront en lui l’un des plus nobles types d’humanité à qui puisse aller leur admiration. […] C’est une duperie de vouloir les imposer pareillement à notre admiration, comme si nous devions juger de la même manière ce qu’il y a en nous de plus noble et ce qu’il y a de plus bas. […] Impressions, émotions, sensations sont-elles nobles ou honteuses ?
Celui-ci devait être trop vite rassuré, et de la façon la plus douloureuse pour son noble cœur. […] Il eut, suivant la mode d’alors, des gouverneurs français et allemands, de pauvres hères recrutés au hasard, qui enseignaient ce qu’ils ne savaient pas, et qu’on gardait dans les familles nobles comme une domesticité d’apparat. […] Cet homme qui fut un naïf, au plus noble sens du mot, pour tant de choses inférieures, a bien pu l’être en politique. […] Entre cette peinture et le noble vieillard qu’elle consolait, il y avait comme un lien fraternel, un entretien résigné sur les arrêts communs de la nature. […] Disons-le bien en quittant cet homme, — parce que, en dépit des doctrines contraires, cela seul importe, cela seul est l’honneur de quiconque tient une plume, — dans presque tous ses livres, un noble souffle passe, élève et réchauffe le cœur.
Ainsi masquant de grâces fantastiques Le noble auteur des douces Géorgiques, Par trop d’esprit il n’eut qu’un faux succès… Oh ! […] C’est chose convenue d’en faire une seconde Thérèse Le Vasseur… Je l’ai bien connue, et jusqu’à sa mort, moi qui vous parle ici, monsieur, et dans ma vie entière déjà longue, je n’ai jamais rencontré son égale, cœur et âme ; ses dernières années se sont éteintes dans les plus amères épreuves, sans qu’un seul jour elle ait démenti le noble nom confié à son honneur ; mais, je l’avoue, elle avait les inconvénients de ses qualités, une franchise indomptable surtout, qui lui a valu la plupart de ses ennemis : l’ingratitude a fait les autres. — Je n’ai nul intérêt, monsieur, dans cette protestation posthume ; mais vous me paraissez digne de la vérité, et je viens de la dire. — Au reste, si vous teniez aux détails réels de la vie intime de Delille, je vous offre le manuscrit laissé par sa veuve… » Ce manuscrit nous a été communiqué, en effet, par la confiance de la personne qui l’a entre les mains, et nous en avons tenu compte dans cette réimpression.
Ménalcas, qui n’est ni si libre ni si noble que son ami, répond qu’il ne déposera pas un agneau, parce qu’il a un père et une mère difficiles qui comptent tout le troupeau chaque soir. […] Aussi bien je ne voudrais pas te donner dans des maisons chétives et oisives, toi qui es issue de noble terre et qui as pour patrie cette cité qu’Archias de Corinthe fonda jadis, qui est comme la mœlle de la Sicile et la nourrice d’hommes excellents.
Un homme d’un esprit étendu et d’une noble ambition intellectuelle, Gustave Fallot, le premier chez nous, entreprit de donner à des études jusqu’alors partielles, éparses, fragmentaires, un ensemble, une constitution scientifique, et de les mettre en rapport par l’esprit et la méthode avec les travaux des illustres linguistes d’outre-Rhin. […] L’article manque en latin, et c’est certainement une imperfection réelle ; mais il existe dans les langues romanes, chez qui c’est certainement aussi un perfectionnement. » Vous savez, messieurs, qu’à l’époque la plus brillante et la plus pure de la langue latine, Auguste était tellement préoccupé de la clarté et de la précision qu’il sentait bien que cette noble langue n’avait pas au même degré que la dignité ou la grâce, qu’il n’hésitait pas à ajouter des prépositions aux verbes, à répéter les conjonctions : « Præcipuamque curam duxit, sensum animi quam apertissime exprimere : quod quo facilius efficeret, aut necubi lectorem vel auditorem obturbaret ac moraretur, neque proepositiones verbis addere, neque conjunctioncs sœpius iterare dubitavit, quoe detractae afferunt aliquid obscuritatis, etsi gratiam augent34. » Les langues romanes, le vieux français en particulier, tout en défigurant à tant d’égards et en étant si prodigieusement loin de valoir la langue d’Auguste, s’acheminaient du moins à répondre, en fait de clarté et de précision, à la grande préoccupation d’Auguste.
Les personnages de la tragédie sont nobles ; ils nous montrent le principe moral vainqueur du principe animal : donc les personnages de la comédie doivent nous montrer le principe animal victorieux du principe moral ; ils doivent êtres ivres, poltrons, vains, débauchés, paresseux, gourmands ou égoïstes. […] Uranie ne tardera pas à reconnaître, pour la justification du genre humain, qu’un souffle de moralité inspire ce poème qui ruine la morale, et que cet athée faisant honneur aux plus nobles sentiments de la nature humaine, atteste sa divine origine.
Sa famille était noble ; son père servait le duc Hercule d’Este dans l’administration et dans la magistrature ; ses fonctions l’appelèrent à Ferrare, où il finit ses jours dans la faveur du prince. […] Ce n’était pas un homme de l’espèce de votre curé de Meudon : c’était un homme de bonne compagnie, d’une éducation achevée, d’une figure aussi belle et aussi noble que son génie ; vivant le matin dans sa bibliothèque, rêvant le jour dans les bois et dans les jardins des environs de Ferrare, récitant le soir aux dames et aux courtisans d’une cour oisive et élégante les charmantes badineries de sa plume, et nourrissant comme une foi terrestre, dans son cœur, un amour délicat et respectueux pour sa charmante veuve de Florence ; culte intime qui l’aurait empêché jamais de profaner dans la femme l’idole féminine dont il était l’adorateur. — Et pourquoi ne l’épousa-t-il pas ?
Elle les trouve chez eux : l’une est assise auprès du foyer avec les femmes qui la servent, filant sur sa quenouille une laine teinte de la pourpre des mers ; elle rencontre l’autre comme il sortait pour se rendre avec ses chefs illustres au conseil où les nobles Phéaciens l’appelaient ; elle s’arrête tout près de son père bien-aimé, et lui dit : « “Père chéri, n’allez-vous pas me préparer un char élevé, aux fortes roues, afin que je porte vers le fleuve, pour les laver, les précieux vêtements que j’ai là tout malpropres ? […] Manos, et de le ramener bien vite à Homère, dont une noble et sévère comparaison va relever le récit.
Dans cette région de la vieille France située entre le midi et l’ouest, derrière le Périgord, près de la Charente, non loin de l’Océan, s’étend un pays d’habitudes, de traditions, de pauvres cultures, de familles incrustées comme le grès dans la terre, nobles par consentement commun, parce que le château n’est que la première masure du village, et que tout le monde y vient, comme chez soi, chercher ce qui lui manque : bonne amitié, vieilles idées, semailles, aliments, soins, outils, conseils, médicaments. […] Il fut obligé, pour vivre, de donner des leçons vulgaires à des enfants plus jeunes que lui ; puis, les élèves manquant, il fut contraint de briguer un emploi de répétiteur mal rétribué dans un collège, et il y végéta ainsi quelques années, lui, l’idole de son père, et le favori adoré de sa sœur, dans un château de gentilhomme, apparenté avec tout ce que sa province comptait de familles nobles ou distinguées !
En cinq ou six ans l’hôtelier Georges fit fortune : il eut des prés, des vergers, des maisons et des écus en abondance, car tous ces gens arrivant d’Allemagne, de Suisse, de Russie, de Pologne ou d’ailleurs ne regardaient pas à quelques poignées d’or répandues sur les grands chemins ; c’étaient tous des nobles, qui se faisaient gloire en quelque sorte de ne rien ménager. […] Goulden, qui n’était pas trop content de voir revenir les anciens rois et les anciens nobles, pensait pourtant que ces gens avaient assez souffert dans les pays étrangers, pour comprendre qu’ils n’étaient pas seuls au monde et respecter nos droits ; il pensait aussi que l’empereur Napoléon aurait le bon sens de se tenir tranquille… mais il se trompait : — les Bourbons étaient revenus avec leurs vieilles idées, et l’empereur n’attendait que le moment de prendre sa revanche.
Qu’avec cette abondance sans superflu, cet éclat sans faux brillants, tant de traits hardis, de figures vives et naturelles, tant d’art pour attirer l’imagination aux subtilités de la théologie ; qu’avec d’éminentes qualités extérieures, une physionomie noble, un regard doux et perçant, un accent passionné, un geste imposant, Bossuet, à l’apparition de Bourdaloue, ait cessé de passer pour le premier prédicateur, comment l’expliquer, sinon parce que le génie de Bourdaloue le tenait plus près de l’auditoire et que Bossuet lui parlait de trop haut ? […] La vertu n’est qu’une convenance de sa noble nature ; ce n’est pas une loi pour tous et dans les forces de tous.
C’est la conception même de ses mélodies, laquelle dans son ampleur, sa passion, sa dévorante sensualité est essentiellement italienne ; italienne, j’entends, dans le sens élevé et noble du mot. […] J’ai préféré leur ménager des gradations de honte ; et surtout, je voulais en faire un plus noble usage92. « Rien que de la musique !
Ils n’ignorent pas que la perfectionne saurait être matériellement obtenue ; ils aideront de leur mieux aux réalisations essayées de leur noble rêve, mais ils savent ces réalisations incomplètes, forcément, à Bayreuth comme à Paris. […] Se sentir si entièrement compris de si nobles âmes, n’est-ce point le rêve idéal, pour un artiste ?
Ce captif dans ce trou, ce grand méconnu, parfois se console, en racontant que les derniers Clermont-Tonnerre, réfugiés dans un petit bois qui leur reste près de Saint-Mihiel, ont là, dépouillé le noble, presque l’homme, et que ces Clermont-Tonnerre, dont un aïeul, au dire de Mme de Sévigné, vendait cinq millions une terre de vingt-deux villages, aujourd’hui vêtus de peaux de bêtes, vivent dans ce bois, peuplent avec des bûcheronnes, — en train de revenir une race sauvage au xixe siècle, et parlant déjà une langue à eux, une langue qui recule au patois, au bégayement des peuples. […] 23 août Murger nous dit l’oraison funèbre de Planche par Buloz : « J’aimerais autant avoir perdu 20 000 francs. » La vérité est que le vieux Buloz versa de vraies larmes sur son ami, qui a pu avoir l’horreur de l’eau, mais qui a été un caractère noble et désintéressé.
Il se risqua à tendre une hostie plébéienne, l’hostie de tous à la noble bouche dévote, s’excusant avec ce mot admirable : « À la fortune du pot, monsieur le comte. » 6 mai Au Jardin des Plantes. […] Elle ne périra pas par les grandes et nobles attaques de la pensée, mais tout bonnement par le bas poison, le sublimé corrosif de l’esprit français : la blague.
C’était un jeune gentilhomme de la noble maison de Landolfo d’Aquino. […] Élevé dans la familiarité de la noble famille des Portinari, amie de la sienne, il couva, dès l’âge de onze ans, une sorte de pressentiment amoureux pour une jeune fille de cette maison, nommée Béatrice.
Hirsch satisfait d’avoir des paysages à décrire et une peuplade nègre à imaginer, s’est laissé aller à écrire un délicieux roman d’aventures, avec de l’énergie de-ci de-là, et une idée directrice, noble et généreuse. […] Et je m’étonne même que celui qui écrivit les nobles vers de Hippolyte couronné et tant de belles proses, ne lui ait pas réservé une place d’honneur.
Que le plus habile artiste, s’arrêtant strictement à l’image du poëte, nous montre cette tête si belle, si noble, si sublime dans l’ énéide, et vous verrez son effet sur la toile. […] La Grenée me dit, donnez-moi un sujet pour la paix, et je lui répons : montrez-moi Mars couvert de sa cuirasse, les reins ceints de son épée, sa tête belle, noble, fière, échevelée.
Elle était blanche et blonde ; elle avait les cheveux blonds et d’or fin, relevés en masse ou mi-crêpés par les bords, le front beau, l’entrœil (comme on disait alors) large et noble, le nez droit et régulier, la bouche petite, souriante et pourprine, la physionomie engageante et tendre, un charme répandu sur les contours.
La duchesse d’Orléans, mère du Régent, écrivait en juillet 1699 : Rien n’est plus rare en France (il fallait dire : à la Cour) que la foi chrétienne ; il n’y a plus de vice ici dont on eût honte ; et, si le roi voulait punir tous ceux qui se rendent coupables des plus grands vices, il ne verrait plus autour de lui ni nobles, ni princes, ni serviteurs ; il n’y aurait même aucune maison de France qui ne fût en deuil.
Ces travaux redoublés, ces nobles ardeurs et ces chagrins des dernières années la consumèrent ; elle mourut d’apoplexie le 17 août 1720, au Louvre, où son mari avait la charge de garde des livres du Cabinet : par une exception glorieuse et qui n’avait point encore eu d’exemple, la survivance lui en avait été accordée à elle-même.
Il ne rencontra rien de cela dans Marie de Médicis ; il croyait l’avoir trouvé ou à peu près dans Gabrielle, qui n’était digne d’un tel choix et d’une telle idée qu’à demi ; il l’aurait moins bien trouvé chez la noble Corisandre, dont la beauté un peu fière se fanait déjà, et dont l’esprit tournait à l’aigre et au bizarre.
Il nous est donc permis de nous flatter que notre ouvrage explique les termes, développe les beautés, découvre les délicatesses que vous doit une langue qui se perfectionne autant de fois que vous la parlez ou qu’elle parle de vous. » Louis XIV méritait en partie ce compliment, en tant que parlant avec justesse et propriété la plus parfaite des langues ; on dit qu’il contait à ravir ; mais cette noble et régulière politesse manquait de saillie, de relief, d’images, d’imprévu, de ce qui fait la grâce et la popularité de la langue de Henri IV.
Masséna, dans son héroïque défense d’Essling, obéissait moins au désir d’être prince qu’au noble orgueil de rester lui-même, l’homme de Gênes, l’opiniâtre et l’invincible, celui qui était fait pour justifier et surpasser encore la confiance que son empereur mettait en lui.
Au reste, sans être Santeul, on comprend la joie, l’enivrement presque légitime qui devait inonder son cœur lorsque lui, fragile, mais croyant et fidèle, perdu dans la foule, il entendait le chœur entier des lévites et de l’assistance entonner quelqu’une de ces hymnes aux nobles accents, dont l’une au moins, le Stupete gentes, a été comme touchée du souffle sacré et mérite, ce me semble, de vivre. — Dans ce vent soudain sorti du sanctuaire, et qui tend aujourd’hui à tout balayer de Santeul et à n’y rien laisser de sa mémoire, s’il était permis de faire entendre un humble vœu littéraire, je demanderais grâce pour une seule hymne de lui, et pour celle-là.
D’ailleurs Voiture n’avait d’Horace ni la justesse morale, ni l’élévation, ni le noble souci de l’immortalité et ce qui fait qu’on a droit à chanter son Exegi monumentum, rien de solide, ni même cette libéralité d’âme qui achève le goût, et qui fait qu’Horace, par exemple, en toute occasion, a parlé si honorablement de son père : Voiture, on le sait, était embarrassé du sien30.
Le ton des premiers vers est assez noble et élevé : Apollon fut soumis, même avant qu’être né, À l’injuste rigueur d’un astre infortuné.
Il servait en cette qualité en 1610, et il était l’un des principaux dans l’armée où l’on attendait Henri IV pour sa grande et mystérieuse entreprise dont, selon toute apparence, le siège de Juliers ne devait être que le signal : la plus brillante et la plus noble carrière s’ouvrait devant lui ; il avait trente et un ans, lorsque le coup de couteau de Ravaillac, en ôtant à la France un grand roi, enleva à tous les généreux courages leur vrai guide.
Pendant que je la lisais, je me rappelais bien souvent cette autre correspondance récemment publiée, si étonnante, si curieuse, si pleine de lumière historique et de vérité, entre deux autres frères, couronnés tous deux, le roi Joseph et l’empereur Napoléon ; et, sans prétendre instituer de comparaison entre des situations et des caractères trop dissemblables, je me bornais à constater et à ressentir les différences : — différence jusque dans la précision et la netteté même, poussées ici, dans la correspondance impériale, jusqu’à la ligne la plus brève et la plus parfaite simplicité ; différence de ton, de sonoréité et d’éclat, comme si les choses se passaient dans un air plus sec et plus limpide ; un théâtre plus large, une sphère plus ample, des horizons mieux éclairés ; une politique plus à fond, plus à nu, plus austère, et sans le moindre mélange de passe-temps et de digression philosophique ; l’art de combattre, l’art de gouverner, se montrant tout en action et dans le mécanisme de leurs ressorts ; l’irréfragable leçon, la leçon de maître donnée là même où l’on échoue ; une nature humaine aussi, percée à jour de plus haut, plus profondément sondée et secouée ; les plaintes de celui qui se croit injustement accusé et sacrifié, pénétrantes d’accent, et d’une expression noble et persuasive ; les vues du génie, promptes, rapides, coupantes comme l’acier, ailées comme la foudre, et laissant après elles un sillon inextinguible54.
Ainsi pour Charles Bovary vers la fin : le sculpteur n’avait qu’à vouloir, il suffisait d’un léger coup de pouce à la pâte qu’il pétrissait pour faire aussitôt d’une tête vulgaire une noble et attendrissante figure.
Parmi ces nobles mêmes, voués à servir une royauté devenue byzantine, et qui en faisaient partie, il y en eut qui, les premiers, sentirent le dégoût de ce qu’ils avaient sous les yeux et de leurs propres fonctions si enviées ; les La Rochefoucauld-Liancourt et d’autres opposants de cette volée, précurseurs et complices du tiers état, ne sortaient-ils pas de la garde-robe royale et des petits appartements ?
Jouvin au Figaro dansdes articles de véritable critique, reprirent et poussèrent l’attaque : George Sand, dans le Siècle, sans répondre à personne en particulier, évoqua un Béranger noble, élevé, sérieux, fier, idéalisé et encore ressemblant, plusgrand que nature, une figure d’au-delà, telle qu’elle sort de la tombe à l’heure du réveil, en dépouillant toutes les petitesses humaines et les chétives misères.
Soyez un homme pur, moral, régulier, adonné dès vos jeunes ans à tous les justes devoirs, à toutes les bonnes et louables habitudes, à tous les nobles exercices qui entretiennent et qui préservent la santé de l’esprit, et vous êtes frappé dans la force de la jeunesse ; vous l’êtes comme ne l’est pas toujours celui qui s’est livré à tous les excès, qui a usé et abusé de tout !
Jusqu’à ce moment le roi crut y aller, pendant que tout Madrid savait dix jours auparavant qu’il n’irait point, et que les ministres l’avaient dit à leurs amis. » Voilà où ce noble pays était tombé ; et cette dissolution graduelle du gouvernement et de la société ne dura pas moins de vingt ans encore, autant que la vie de ce morne et languissant monarque, jusqu’à ce qu’un sang dynastique nouveau vînt y apporter quelque remède et quelque rajeunissement.
Dieu et la liberté, c’est grand, c’est le plus noble vœu, et qui rappelle le mot de Voltaire au petit-fils de Franklin ; mais mon père, mis là entre Dieu et la liberté, fait une sorte d’énigme ou du moins une singularité, et demande explication.
Ces deux formes si inégales ont éprouvé chez nous des destinées bien différentes : la dernière, une des plus nobles formes de l’art, une des créations choisies de l’esprit humain, a fourni d’immortels chefs-d’œuvre et a mis pour jamais en lumière les noms les plus glorieux de notre littérature et de notre poésie ; l’autre forme, au contraire, n’a promu à la célébrité (au moins chez nous) aucun nom d’auteur et de poëte, et n’a laissé, quoi qu’on s’efforce de faire aujourd’hui pour être juste, que des œuvres sans élévation, sans action durable et féconde.
Il a fait mille raisonnements, mille remarques, bien des critiques, et quelques-unes sans doute à tort et à travers ; mais, tantôt approuvant, tantôt critiquant, il ne s’est en rien scandalisé, il n’a pas lancé l’anathème, cette arme n’étant plus dans nos mœurs ni à notre usage ; il a reconnu un esprit supérieur qui venait à lui et qui lui parlait (sauf à quelques rares endroits) un langage à sa portée, un langage toujours noble d’ailleurs, éloquent, élégant même : il n’a pensé qu’à s’informer auprès de lui et à s’instruire.
L’expression, on le voit, y est naturelle, noble, élégante, poétique même, pas assez créée toutefois, pas assez vivement pittoresque, mais puisée dans l’impression et vraie.
Ses belles fleurs jaillissaient avec toute l’ardeur du désir vers la pure lumière du ciel ; ses nobles feuilles, taillées tout exprès par la nature pour couronner la gloire, lavées par la bruine des jets d’eau, étincelaient comme des émeraudes au soleil.
Noble cité qui n’a gardé de l’Allemagne que la science et la bonté, et devenue toute guerrière et toute française par le cœur !
Non, il ne doit pas trop en vouloir au général Cavaignac de lui avoir procuré ces heures de noble intimité, de bonne et « attachante compagnie » ; c’est ainsi que lui-même il les nomme.
De cent lieues en cent lieues le terrain change : ici, des montagnes brisées et toute la poésie de la nature sauvage ; plus loin, de longues colonnades d’arbres puissants qui enfoncent leur pied dans l’eau violente ; là-bas, de grandes plaines régulières et de nobles horizons disposés comme pour le plaisir des yeux ; ici la fourmilière bruyante des villes pressées, avec la beauté du travail fructueux et des arts utiles.
La plupart des officiers, ou nobles ou partisans de l’aristocratie, avaient émigré ou quitté le service ; plusieurs de ceux qui restaient étaient suspects.
Zeller en résume ainsi les préceptes, qui tiennent à la fois de la culture ou de l’hygiène locale et de la morale universelle : « Entretenir avec un soin religieux le feu, chose sacrée, dans le temple et au foyer domestique ; respecter l’eau qui coule et qu’on ne doit jamais souiller par un contact impur, surtout celui d’un cadavre ; couvrir, purifier, embellir la terre en multipliant, par le travail et les arrosages, la moisson jaunissante, la forêt qui tamise les rayons du soleil, et les arbres qui portent les doux fruits ; élever, nourrir les animaux nobles et faire une guerre sans relâche aux impurs, voilà comme le sectateur de Zoroastre combat le mal physique dans la nature.
. — Sont venus ensuite les Girondins, et j’appelle ainsi tous les hommes du second moment, ceux d’après la fuite de Varennes, la plupart provinciaux, s’échauffant et s’enflammant à mEsure que les premiers se refroidissaient, et qui sont entrés dans l’arène politique avec des pensées républicaines honnêtes, avec la conviction arrêtée de l’incompatibilité de Louis xvi et de la Révolution, apportant d’ailleurs dans la discussion et la conduite des affaires plus d’ardeur et de générosité ou d’utopie que de réflexion et de prudence, depuis Brissot, Roland et sa noble femme, jusqu’à Condorcet. — Puis les Montagnards : ceux-ci violents, exaspérés, partant d’un principe extrême, s’inspirant d’une passion outrée, mais bon nombre également sincères, patriotes, d’une intégrité exemplaire, ne songeant dans l’établissement de leur terrible dictature temporaire qu’à la défense du territoire et au salut de la Révolution : Carnot, Cambon, Robert Lindet, Jean-Bon Saint-André, d’autres moins en vue comme Levasseur, Baudot… Pour les juger avec équité, il faut faire la part du feu, la part de la fièvre, et sacrifier sans doute beaucoup des idées applicables aux temps ordinaires ; mais, historiquement, à leur égard, ce n’est que justice. — Puis, la Terreur passée, il y a eu les hommes fermes, modérés, honorables, qui ont essayé de fonder l’ordre et le régime républicain en dépit des réactions, les hommes de l’an iii, Thibaudeau, Daunou, La Revellière-Lépeaux… — Je compterai ensuite une autre génération d’hommes politiques, ceux de 1797, de la veille de Fructidor, très honnêtes gens d’intention, un peu prématurés d’action et d’initiative, qui voulaient bien peut-être du régime légalement institué, mais qui le voulaient avec une justice de plus en plus étendue et sans les lois d’exception : les Barbé-Marbois, les Portalis, les Camille Jordan. — Enfin il y eut, à la dernière heure du Directoire, les hommes qui en étaient las avec toute la France, qui avaient soif d’en sortir et qui entrèrent avec patriotisme dans la pensée et l’accomplissement du 18 brumaire : Rœderer, Volney, Cabanis… Je crois que je n’ai rien omis, que tous les moments essentiels de la Révolution sont représentés, et que chacun de ces principaux courants d’opinion vient, en effet, livrer à son tour au jugement de l’histoire des chefs de file en renom, des hommes sui generis qui ont le droit d’être jugés selon leurs convictions, selon leur formule, et eu égard aux graves et périlleuses circonstances où ils intervinrent.
Il n’avait point la haute et noble ambition de ces âmes immodérées à la Richelieu, comme les appelait Saint-Evremond.
C’est de ce sentiment d’aristocratie chez les nobles, de supériorité exclusive chez les habitants de la cité, que dérive l’éminent caractère des écrits des Romains, de leur langue, de leurs mœurs, de leurs habitudes, la dignité.
Les idées religieuses qui plaisent tant aux âmes pures, animent et consacrent cette élévation spontanée, la plus noble et la plus sûre garantie de la morale.
Elle se manifeste sur les lèvres par les mots d’épanouissement, de bonheur, de volupté noble ; en même temps, la vue intérieure a saisi quelque image correspondante, une fleur qui s’ouvre, un visage qui sourit, un corps penché qui s’abandonne, un accord riche et plein d’instruments doux, une caresse d’air parfumé dans une campagne ; voilà des comparaisons et métaphores expressives, c’est-à-dire des représentations sensibles, des souvenirs particuliers, des résurrections de sensations, toutes analogues à celles que je viens d’éprouver, du même ton et du même tour.
Partout où Boileau paraissait encourager la littérature mondaine, ingénieuse, artificielle et noble, partout où il avait l’air d’avoir peur ou mépris de la nature, et d’encourager l’esprit à la farder, en un mot, dans ses erreurs, ses timidités et ses incorrections, on le suivit, et l’on érigea sa théorie mutilée en loi souveraine de la poésie.
Le xviie siècle avait eu des romans nobles et héroïques, des récits burlesques et satiriques : entre les deux se trouvait le roman vrai.
La jolie Rosine triomphe sur Bartholo, mais elle triomphe aussi sur Lindor, le très noble comte Almaviva, qui va se tenir heureux d’épouser cette petite bourgeoise : Beaumarchais a suivi le conseil de Diderot, il a enveloppé les caractères dans les conditions, et il y a trouve le moyen de caresser les goûts philosophiques du public.
Il noue des amitiés étroites avec des êtres primitifs et beaux, Samuel, Achmet, Yves, créatures plus nobles et plus élégantes que les civilisés médiocres, et avec qui son esprit n’a point à s’efforcer ni à se contraindre et goûte d’ailleurs le plaisir de la domination absolue.
Et j’aime encore ce je ne sais quoi qui les rend beaux, nobles, cet instinct de bête sauvage qui les jette dans l’aventure, mauvaise ou sinistre, soit !
Tant de choses écartent du mariage : le goût du plaisir, le souci des affaires, la peur des responsabilités et même de nobles scrupules.
Mais tout est noble en vue de la grande science définitive, où la poésie, la religion, la science, la morale retrouveront leur harmonie dans la réflexion complète.
Voilà pourquoi la noble femme se désespère et s’indigne.
Ainsi, dans les luttes sanglantes des Deux-Roses, les malheurs de la guerre frappaient sur les nobles bien plus que sur le peuple et les gens des communes.
Buffon, à l’égard de Pline, apporte ce je ne sais quoi de libéralité et de largesse qu’il est séant toujours aux nobles esprits de s’accorder entre eux à travers les âges.
s’il y a, dans ce regret de quitter de si belles choses et de si beaux tableaux, un semblant de la passion de l’Italien et du noble amateur, il y a un autre sentiment encore : si le premier mot semble d’un artiste, le second est d’un avare.
Servir le public est, après tout, pour eux, le parti le plus sûr, et, en définitive, c’est le plus noble aussi.
Le courage de se rompre ainsi, m’a toujours paru un des plus nobles efforts dont un homme de sens pût se glorifier à ses yeux. » Un fait singulier et des plus minces fut l’ouverture qu’il saisit pour rentrer dans ses avantages et reconquérir, à force d’adresse et de talent, tout ce qu’il avait perdu.
C’est là que, dans les loisirs d’une vie toute pieuse, toute studieuse, et où les plus nobles amitiés avaient leur part, il composa les deux premiers volumes de l’ouvrage intitulé Esquisse de Rome chrétienne, destiné à faire comprendre à toutes les âmes élevées le sens et l’idée de la Ville éternelle : « La pensée fondamentale de ce livre, dit-il, est de recueillir dans les réalités visibles de Rome chrétienne l’empreinte et, pour ainsi dire, le portrait de son essence spirituelle. » Interprète excellent dans cette voie qu’il s’est choisie, il se met à considérer les monuments, non avec la science sèche de l’antiquaire moderne, non avec l’enthousiasme naïf d’un fidèle du Moyen Âge, mais avec une admiration réfléchie, qui unit la philosophie et la piété : L’étude de Rome dans Rome, dit-il encore, fait pénétrer jusqu’aux sources vives du christianisme.
Et il ne s’y éteindra pas, parce qu’il n’est pas une chose de société, mais de nature humaine… Quand la démocratie aura coupé la dernière tête de noble et de poète, il y aura encore de l’aristocratie dans le monde, et, malgré toutes les égalités proclamées, elle repoussera, — déplacée, oui !
Il ne suffit pas d’exprimer en style correct des idées nobles et profondes pour faire œuvre d’art ; l’art n’est le plus souvent que secondaire pour les moralistes ; il est pour eux un moyen et non un but ; c’est une différence essentielle, qui devrait assigner aux moralistes une place particulière dans l’architecture d’une histoire littéraire.
Cela fait, il se livre à sa sensation ; il exprime comme s’il était seul ; il en jouit ; sa pensée atteint d’elle même au style le plus noble ; et, pour en peindre l’élan, l’ampleur et la magnificence, il faudrait la comparer à quelque eau impétueuse qui tout à la fois monte, bouillonne et resplendit.
Le Chant du Départ, de Marie-Joseph Chénier, pas trop indigne de la noble musique de Méhul, est le plus beau de ces hymnes révolutionnaires. […] Il y fallait un noble, entretenu dans le culte d’une valeur héréditaire, d’un bien mûri par une durée. […] En 1816 Molé, essayant, de proposer une liste commune libérale, en Seine-et-Oise, aux gros cultivateurs qui ont acheté des biens nationaux et qui sont électeurs, en reçoit cette réponse obstinée : « Vous êtes noble, et nous ne le sommes pas. […] — Ensuite le Courier de la Restauration, le propriétaire jaloux de son droit, en embuscade contre le noble et le curé, le maître des redoutables brûlots, que la cour d’assises n’éteignait pas, au contraire. […] Propriétaire moyen, il se retourne dans son lit pour haïr sur l’un de ses flancs le grand propriétaire noble, sur l’autre flanc le braconnier.
Excusez-le d’avoir des muscles, des nerfs, des sens, et ce bouillonnement de colère ou d’ardeur qui précipite en avant les animaux de noble race. […] Ce n’est point l’orgueil ni la haine concentrée qui le roidissent. « Je n’ai point de ressentiment à présent, dit-il ; quoiqu’il m’ait pris ce que je tenais plus cher que toutes les richesses, quoiqu’il ait déchiré mon cœur (car je suis malade, très-malade, presque jusqu’à défaillir), pourtant cela ne m’inspirera jamais un désir de vengeance… Si ma soumission peut lui faire plaisir, qu’il sache que, si je lui ai fait quelque injure, j’en suis fâché… Comme il a été autrefois mon paroissien, j’espère un jour pouvoir présenter son âme purifiée au tribunal éternel1091. » Rien ne sert ; le misérable repousse hautainement cette prière si noble, par surcroît fait enlever la seconde fille et jeter le fils en prison sous une fausse accusation de meurtre. […] La noble chose que la peinture !
Malgré ses phrases sur la modération et sur la vertu, Diderot, aussi faux que Sénèque, dont il a écrit la vie, — car l’eau va toujours à la rivière et les menteurs vont aux menteurs, — Diderot, l’auteur des Bijoux indiscrets, cette saloperie, était, de nature, un cynique, qui cachait parfois son cynisme sous un grand geste de père noble ou sous une ronde bonhomie. […] En supposant que Diderot fût de bonne foi en écrivant ces incroyables sottises, ce dont je doute, connaissez-vous rien de plus abjectement imbécile que cette religion de saltimbanques qu’il voulait établir à la place des plus nobles institutions qui aient existé chez tous les peuples ? […] Il y eut peut-être des jours où cette canaille ressembla à un peuple qui poussait quelques nobles cris ; mais ces jours-là même, ce peuple était plus fort que lui, le dominait et l’entraînait.
Et Corneille écrit : « La dignité de la tragédie demande quelque grand intérêt d’État, ou quelque passion plus noble et plus mâle que l’amour, telles que sont l’ambition ou la vengeance… Il faut que l’amour se contente du second rang dans le poème et leur laisse le premier. » Je vous ai déjà cité cette opinion singulière du vieux Corneille. […] L’acceptation d’Anna prouve simplement que cette aimable enfant, affolée par une passion de petite bête têtue, ambitieuse et sensuelle, n’a même pas l’âme assez noble pour concevoir et sentir la merveilleuse beauté de l’action d’Osip. […] Ce qu’il regrette, ce digne comte, ce n’est pas précisément la « fête » qu’il faisait à Paris, c’est le lieu, le décor, l’atmosphère ; c’est Paris lui-même, et, comme Paris c’est nous, la plainte du noble étranger nous touche et nous flatte. […] Car une âme noble et rêveuse et je ne sais quoi qui, n’étant plus guère d’aujourd’hui, pourrait être de demain, respire dans ces drames. […] C’est Danielo, qui ne sait point qu’elle est la reine, et pour qui elle n’est qu’une noble dame du nom d’Héléna.
Mes liaisons avec M. de Santa-Rosa2, le noble chef de la révolution piémontaise de 1821, m’avaient rendu suspect à la triste police de M. […] Il n’est pas aisé, dans nos jours d’abaissement et d’affaissement intellectuel, de se faire une idée de la noble ardeur qui enflammait alors le génie français dans les lettres et dans les arts aussi bien qu’en politique. […] Nourris dans le sein du christianisme, préparés par ses nobles enseignements, en arrivant au faîte de vos études, vous trouverez dans la vraie philosophie, avec l’intelligence et l’explication de toutes choses, une paix suprême et inaltérable. […] Jeunes gens, passionnés pour la littérature, et qui prenez une si vive part aux nobles luttes qu’elle vous offre en ce moment93, permettez-moi une comparaison. […] D’une autre part, l’école écossaise, cette noble protestation du sens commun contre les extravagances du sensualisme, vient de perdre son dernier interprète célèbre dans M.
Voilà les deux sentiments entre lesquels est partagé ce « noble jeune homme », comme disait Ballanche, ou ce venerandus puer , comme disait Virgile. […] Elle retrouve sa noblesse de cœur pour accabler Trissotin avec la même hauteur dont elle écrasait son mari, et pour reconnaître et louer le noble procédé de Clitandre ; mais son orgueil se maintient. […] Jourdain, bon homme, honnête, généreux : « Vous êtes vaniteux, défiez-vous des chevaliers d’industrie » ; — à Philaminte, âme noble : « Vous êtes entêtée de hautes spéculations et de beau style. […] Xipharès est le « jeune premier » ordinaire, noble, gracieux, généreux et chevaleresque, sans rien qui le distingue et lui fasse une personnalité ; Pharnace est le « traître » connu, lâche, violent, méchant, allié de l’ennemi, et dénonciateur. […] Il ne faut pas se lasser de dire que « le noble » Racine n’est constamment noble que dans son style, et encore avec discernement ; qu’il a très bien su peindre de très vils coquins, depuis Narcisse et Aman jusqu’à Mathan, sans compter Néron.
La critique est un vilain métier qui paralyse les plus nobles facultés de l’homme, qui les éteint et les annihile : aussi la critique n’a-t-elle une réelle importance que dans les mains d’illustres créateurs : Diderot, Goethec, vous, madame, Balzac et d’autres, qui préfèrent baigner tous les matins leurs fibres enthousiastes plutôt que d’arroser des chardons que chaque critique tient renfermés sur sa fenêtre dans un vilain vase. […] Si l’art pouvait exister sans le concours de l’idéal, ce ne serait jamais qu’à condition de nous montrer la nature sous ses formes les plus nobles et les plus belles. […] « La critique est un vilain métier, qui paralyse les plus nobles facultés de l’homme, qui les éteint et les annihile : aussi la critique n’a-t-elle une réelle importance que dans les mains d’illustres créateurs ; Diderot, Goethe, vous, madame, Balzac et d’autres, qui préfèrent baigner tous les matins leurs fibres enthousiastes, plutôt que d’arroser des chardons que chaque critique tient enfermés sur sa fenêtre dans un vilain vase. » Je n’ai pas l’honneur de connaître assez madame Sand pour savoir si effectivement elle préfère baigner tous les matins ses fibres enthousiastes (style de réaliste), plutôt que d’arroser des chardons dans un vilain vase. […] Janus a double visage, il a une face pour recevoir les soufflets de la main des honnêtes gens et une autre pour jouir en paix du fruit de ses injures et de ses calomnies, — Qu’un peintre, peu soucieux des nobles destinées de l’art, renonce de plein gré à toutes les conquêtes de ses aïeux dans le champ de l’idéal et de la poésie, pour se lancer à corps perdu dans un matérialisme grossier et avilissant, cet homme trouvera, lui aussi, certains lauriers à recueillir.
Le temps peut venir où les crédulités basses ¡auront assez disparu pour que ces raisons de résister aux très nobles excursions de l’âme humaine dans l’infini disparaissent aussi, ou s’atténuent. […] Il n’était pas prince, il n’était pas noble, il n’était pas évêque, il n’était pas Bernois ; et tout cela était excellent ; mais il n’était pas Génevois. […] L’ambition, et j’ai montré quelle noble ambition, l’emporta. […] Elle ajoute à cette liste des genres nobles le sonnet, par déférence pour les italiens. […] La classification de Malherbe, le départ qu’il a fait entre les mots nobles et les mots vulgaires, n’est pas autre chose que le développement de la doctrine de la Pléiade sur ce point, et à travers toute la période classique, depuis le « style noble » de Boileau jusqu’au « familier noble » de Marmontel et aux « choses nommées par les termes les plus généraux » de Buffon, cette théorie sera le fond même de l’art d’écrire pour les Français.
Il y a encore quelque chose de plus ; c’est que l’héritier d’un métier soit fier d’exercer ce métier, même si ce métier est parmi les moins nobles. […] Cette contrée est la plus riche qui nourrit le plus grand nombre d’êtres humains, nobles et heureux. » Il est difficile de dire si Ruskin comprit bien toute la portée philosophique et sociale d’une telle déclaration. […] Le résultat était une sorte de perfection plastique, et l’on demeure surpris que ce grand barbare, vulgaire et entêté, ait produit une œuvre si calme, si noble et si belle. […] Mais on ne voit pas non plus en quoi on devient plus beau, meilleur, plus noble, pour avoir perdu un être cher, pour avoir été trompé par sa femme, trahi par son ami. […] Sans cesse, il revient sur la volupté, dont les images le poursuivent : « Qui prend tous les plaisirs en prend encore bien peu. » L’amour est pour lui la passion la plus noble parce qu’elle est la passion féconde, la mère de la vie.
Noble façon, et humaine, de porter la victoire. […] Toutefois, il l’accomplira, cet inutile dessein, parce qu’il n’a plus aucune autre raison d’agir ni de ’ vivre, parce qu’il faut, pour son « honneur », que sa longue flétrissure aboutisse du moins à un geste noble et remarquable ; et surtout parce qu’il hait Alexandre, non plus comme le tyran de sa patrie, mais comme la cause de ses souillures, de ses hontes et de la mort de son âme. […] Il dit que le dénouement de cette tragédie laisse au cœur « une tristesse profonde et délicieuse. » Il s’est aperçu avant nous des audaces et des violences de Racine, — et même de sa « couleur locale. » — « Tous les héros de Corneille sont des Français sous le rapport de la galanterie… Quant à ses héroïnes, il serait difficile de décider quel est leur pays : la plupart ne sont pas même des femmes… On remarque dans Racine un plus grand nombre de ces caractères francs, conformes à toutes les notions historiques : Néron est frappant de ressemblance ; Acomat est un vrai Turc… Nous voyons dans Monime une véritable Grecque, dans Roxane une femme du sérail… Dans ces rôles admirables rien n’est donné au théâtre, à la mode, aux préjugés nationaux ; tout est sacrifié à la vérité. » — Et, par-dessus le marché, ce n’est pas Nisard, c’est Geoffroy qui s’est avisé, à tort ou à raison, de la « coquetterie décente et noble d’Andromaque », qu’il appelle la « coquetterie de la vertu. » Et quelle est, sur Molière, notre plus récente pensée, celle qui a été exprimée, ces années-ci, avec le plus de force et d’éclat par un des maîtres de la critique ? […] Il a glissé de bonne heure à la littérature lucrative, ce qui n’est pas du tout un crime, mais ce qui a presque tué en lui le noble artiste qu’il était.
Je reçois ici l’ordre de remettre le noble duc de Clarence entre vos mains. […] Si l’ambition s’accroît alors des forces que ne prodigue plus l’amour, l’ambition peut avoir un noble objet. […] Heureux les nobles cœurs et les rares esprits qui gagnent la maturité sans perdre le désintéressement ! […] Le Titien, dans le repas des Pèlerins d’Emmaüs, met sous la table un chien en querelle avec un chat : détail réaliste, qui distrait l’esprit du sens de cette noble scène. — Rembrandt, plus sérieux et plus profond, a si grand’peur de le distraire, que dans le même sujet, sur la table bénie, si splendide par la lumière, il ne met rien. […] Caractère très noble, mais un peu ombrageux, par sa délicatesse même.
Elle a l’âme noble et surtout elle affecte la mâle constance du Portique : Ah ! […] Philaminte, comme vous le faites observer, a l’âme noble et surtout elle affecte la mâle constance du Portique. […] Clitandre lui paraît beau, d’abord parce qu’il l’est ; ensuite parce que sa noble attitude est de tout point conforme à la philosophie sublime qu’elle professe. […] Mais il aime l’image trop noble qu’il s’est faite de celle-ci et de ceux-là. […] Nous oublions le vaillant vaincu qui vient de soutenir la plus noble des causes, parce qu’il ne s’enferme pas dans le silence grave et douloureux convenant à la défaite inique.
cette noble idée s’était de nouveau altérée et pervertie au temps de la Ligue.
Un des gentilshommes les plus instruits et des plus beaux esprits de ce temps-là, M. de Tréville, issu d’une noble famille du Languedoc, élevé avec Louis XIV, cornette de la première compagnie des mousquetaires, était de la société intime de Madame Henriette ; il fut si frappé de sa mort soudaine qu’il quitta le monde le lendemain et prit le parti de la dévotion.
Fabrice, d’après ses débuts et son éclair d’enthousiasme en 1815, pouvait devenir un de ces Italiens distingués, de ces libéraux aristocrates, nobles amis d’une régénération peut-être impossible, mais tenant par leurs vœux, par leurs études et par la générosité de leurs désirs, à ce qui nous élève en idée et à ce que nous comprenons (Santa-Rosa, Cesare Balbo, Capponi).
Ce noble et bon vieillard a écrit dans ses dernières années d’admirables lettres où respire la poésie de la solitude, de la campagne, de la famille regrettée et perdue, de l’amitié toujours accueillie, et de la patrie céleste de plus en plus prochaine et souhaitée ; mais le même homme, qui a sous sa plume en prose des paroles douces et fortes comme le miel des déserts, ne trouve plus dans ses vers de la même date que des couleurs mêlées, inégales, et où le talent se relâche trop dans la bonhomie : ici, c’est l’art et l’originalité de forme qui a manqué.
Newton une escapade et une fuite de son lièvre favori qui, un soir, pendant le souper, rompt son treillage, prend sa course à travers la ville, et qu’on ne parvient à rattraper qu’après toute une odyssée aventureuse, on lira une lettre très grave, très élevée, à une de ses nobles cousines qu’il n’avait pas vue depuis des années, qui avait été très belle, et à qui les hautes et sérieuses pensées étaient devenues familières.
Voltaire, reconnaissant de son procédé et de tout ce qu’elle eut avec lui de gracieux pour lui faire oublier l’accident de Francfort, lui a rendu ce témoignage : « Jamais une si belle âme ne sut mieux faire les choses décentes et nobles, et réparer les désagréables63. » L’aventure de Voltaire rendit Frédéric plus circonspect.
Quoi qu’il en soit de ces légères erreurs et de ces séductions dont les plus méfiants ne savent pas toujours se garantir, quiconque a la noble ambition de se distinguer et de percer à son tour trouve là, durant ces années recluses, tout le loisir de méditer sa propre force, ses éléments d’invention ou d’arrangement, ses formes de jugement et de compréhension, de combiner fortement son entrée en campagne et sa conquête.
Mais je pense à vous, à votre position, mon noble apôtre, et je crois qu’après avoir écouté votre amitié pour moi, il faut, dans l’intérêt de la cause où vous avez pris un rôle si élevé, que vous fassiez la restriction que je vous demande… » Il est piquant que ce soit le chansonnier qui se mette à la place du sublime inconséquent pour l’avertir : il adu tact pour deux. — C’est bien le même, au reste, qui répondit une fois à l’archevêque M.
Parmi ces lettres attribuées après coup à de grands hommes, et qui ne sont pas indignes d’eux par le talent et l’art, je n’ose compter les lettres fort nobles de Brutus à Cicéron ; elles méritent trop d’être vraies, et s’il y a moyen de continuer à les croire telles, tenons-nous-y.
Le premier moment, celui qui date de la renaissance de la société française avec le Consulat, ne mérite qu’éloge, et si on se reporte aux espérances du point de départ, la comparaison avec certains des résultats obtenus est bien faite pour donner aux esprits sérieux et animés de nobles pensées sociales d’éternels regrets.
Après Barbier, prenez d’Argenson, une autre manière de bourgeois sous son nom plus noble.
Quelle différence de cette châtelaine de Valleyres riche, heureuse, glorieuse épouse, avec l’autre châtelaine du Cayla, noble, fière, pauvre, qui fait ses bas, qui vaque aux plus humbles soins du ménage, et qui est si imposante et si aisée dans sa modeste dignité !
Quand, du haut de sa studieuse pauvreté, il parle si fièrement des gens qui n’ont pas le moyen d’être nobles ; quand, drapé dans son indépendance roturière, il s’amuse avec une si fière ironie des Geoffroy de La Bruyère que tout autre que lui tâcherait de se donner pour ancêtres, ne trouve-t-on pas sous ce qu’il dit quelque chose de cette démocratie ligueuse, qui éclatait si effrontément bruyante dans les sermons des curés Lincestre et Boucher ?
Si Jasmin avait vécu au temps des troubadours, s’il avait écrit en cette littérature perfectionnée dont il vient, après Goudouli, Dastros et Daubace, et, à ce qu’il paraît, plus qu’aucun d’eux, embellir encore aujourd’hui les débris, il aurait cultivé la romance sans doute, et quelques heureux essais de lui en font foi ; mais il aurait, j’imagine, préféré le sirvente, et, en présence des tendres chevaliers, des nobles dames, des Raymond de Toulouse et des comtesses de Die, il aurait introduit quelque récit railleur d’un genre plus particulier aux trouvères du Nord, quelque novelle peu mystique et assez contraire au vieux poëme de la vie de sainte Fides d’Agen.
Gautier de le relire, tant il le trouve coriace (c’est, je crois, son mot) ; mais il suffirait qu’il eût entendu chanter, l’hiver dernier, ces nobles stances mises en musique par Reber : N’espérons plus, mon Ame, aux promesses du monde, etc.
La noble société de nos jours, qui a conservé le plus de ces habitudes oisives des deux derniers siècles, semble ne l’avoir pu qu’à la condition de rester étrangère aux mœurs et aux idées d’à présent6.
Le romantisme, en brisant la hiérarchie des mots qui faisait les uns éternellement nobles et les autres à tout jamais bas, a mis fin à ces périphrases ingénieuses et froides, qui faisaient dévier la poésie de sa véritable voie et l’amusaient à des jeux d’enfants : Je nommai le cochon par son nom : pourquoi pas ?
Lorsqu’il reviendra de là au xvie siècle, Michelet se posera devant les rois, les prêtres et les nobles comme un justicier : qu’avez-vous fait du peuple ?
Victor Hugo, fils du général Hugo, né à Besançon en 1802, suivit son père en Italie, en Espagne, fut quelque temps élevé au séminaire des nobles à Madrid ; à Paris, il vécut avec sa mère dans cette maison des Feuillantines qu’il a chantée.
je ne sais ; mais, tandis que retentissaient les nobles phrases du prédicateur, un sonnet de Sully Prudhomme murmurait tout bas dans ma mémoire, exprimant un sentiment presque pareil : Un de mes grands péchés me suivait pas à pas, Se plaignant de vieillir dans un lâche mystère ; Sous la dent du remords il ne pouvait se taire Et parlait haut tout seul, quand je n’y veillais pas.
Octave Feuillet de nous avertir que les jeunes filles du plus noble des faubourgs tiennent entre elles des propos « à faire rougir des singes ».
étudier l’homme tel qu’il est, non plus leur pantin métaphysique, mais l’homme physiologique, déterminé par le milieu, agissant sous le jeu de tous ses organes… N’est-ce pas une farce que cette étude continue et exclusive de la fonction du cerveau, sous prétexte que le cerveau est l’organe noble ?
* * * L’homme doit tendre à de nobles buts ou se proposer de grands modèles, autrement il perdra sa vertu ; de même que l’aiguille aimantée, longtemps détournée des pôles du monde.
Les groupes, comme les individus, ont une tendance à s’illusionner sur leur propre compte ; à se concevoir autres qu’ils ne sont, plus forts, plus grands, plus nobles, plus influents qu’ils ne sont (peuples qui s’attribuent une origine divine, qui attendent un messie, etc. ; bureaucratie qui surfait de bonne foi son importance et ses mérites).
Joubert un singulier élève, un élève épuré, finalement platonicien et chrétien, épris du beau idéal et du saint, étudiant et adorant la piété, la chasteté, la pudeur, ne trouvant, pour s’exprimer sur ces nobles sujets, aucune forme assez éthérée, aucune expression assez lumineuse.
C’est la noble science de Machiavel et de Montesquieu, quand ils ont traité, tous les deux, des Romains.
Né en Périgord, sorti d’une famille noble, après d’excellentes études à Sainte-Barbe, où il enseigna même, pendant quelques années, la philosophie et la théologie, il avait traversé la Révolution avec dignité, avec constance, subissant toutes les persécutions qui honoraient les victimes.
Née d’une famille noble de Bourgogne, Mlle de Chamrond avait reçu une éducation très irrégulière, très incomplète, et ce fut son esprit seul qui en fit tous les frais.
La vérité est que je trouve deux hommes en vous ; vous êtes double comme Sosie, sans aucune duplicité pour la finesse ; d’un côté, vous êtes mauvais pour vous-même ; de l’autre, vous êtes vrai, droit, noble, tout à vos amis.
Mais, au milieu de cette œuvre immense de l’aimable enchanteur, n’avait-il donc pas reconnu, selon l’heureuse expression de M. de Lamartine, Les nobles sentiments s’élevant de ces pages, Comme autant de parfums des odorantes plages ?
Saint-Simon, qui nous l’a peinte à ravir dans sa première forme, nous la montre encore dans le plein de sa beauté et dans la grandeur de sa représentation, qu’elle sut soutenir à travers toutes les fortunes : C’était une femme plutôt grande que petite, brune avec des yeux bleus qui disaient sans cesse tout ce qui lui plaisait, avec une taille parfaite, une belle gorge, et un visage qui, sans beauté, était charmant ; l’air extrêmement noble, quelque chose de majestueux en tout son maintien, et des grâces si naturelles et si continuelles en tout, jusque dans les choses les plus petites et les plus indifférentes, que je n’ai jamais vu personne en approcher, soit dans le corps, soit dans l’esprit, dont elle avait infiniment et de toutes les sortes ; flatteuse, caressante, insinuante, mesurée, voulant plaire pour plaire, et avec des charmes dont il n’était pas possible de se défendre quand elle voulait gagner et séduire ; avec cela un air qui, avec de la grandeur, attirait au lieu d’effaroucher ; une conversation délicieuse, intarissable, et d’ailleurs fort amusante par tout ce qu’elle avait vu et connu de pays et de personnes ; une voix et un parler extrêmement agréables, avec un air de douceur ; elle avait aussi beaucoup lu, et elle était personne à beaucoup de réflexion.
Elle s’attache de bonne heure à Villars et semble deviner que ce général qu’on appelle fou sera en définitive le sauveur : « Car il y a trop de sages, dit-elle, ou au moins trop de gens qui croient l’être quand ils ne hasardent rien ; et je suis persuadée qu’il faut quelquefois laisser les choses au hasard, pourvu qu’on ne les pousse pas jusqu’à une témérité qui n’appartient qu’aux héros de romans. » Ce dernier défaut, elle le sent bien, serait volontiers celui de Villars ; elle le lui pardonne pourtant au milieu de l’abaissement trop universel : « Ce maréchal de Villars parle et agit, dit-elle, comme ces héros de romans qui croient porter la victoire partout où ils vont : j’aime assez ces airs-là présentement, si opposés à ceux qui nous ont jetés si près du précipice. » L’héroïque défense du maréchal de Boufflers dans Lille la transporte et tire d’elle de nobles accents : L’exemple que ce maréchal a donné en défendant Lille comme il l’a fait devrait bien causer de l’émulation et de la honte en même temps, si l’on compte encore pour quelque chose l’honneur.
Après 1815, on eut le Paul-Louis Courier soi-disant vigneron, ancien canonnier à cheval, ayant son rôle, sa blouse, son fusil de paysan et, peu s’en faut, de braconnier, tirant au noble et au capucin, guerroyant à tout bout de champ derrière la haie ou le buisson, ami du peuple, et le louant, le flattant fort, se vantant d’en être, enfin le Paul-Louis que vous savez.
Cet aimable saint, né le 21 août 1567, au château de Sales, à quatre lieues d’Annecy, d’une noble famille, et l’aîné de tous ses frères et sœurs, fut voué par sa pieuse mère à Dieu, et destiné par son père à la carrière sénatoriale.
Elle continua d’acquérir tant qu’elle vécut ; elle protégea de tout son cœur et de tout son crédit les savants et les hommes de lettres de tout ordre et de tout genre, profitant d’eux et de leur commerce pour son propre usage, femme à tenir tête à Marot dans le jeu des vers comme à répondre à Érasme sur les plus nobles études.
Dans cette disette réelle, ayant essayé vainement d’amener d’Alembert, il y eut un seul homme qui lui fut d’une cordiale ressource pendant de longues années encore, et qui continua de lui procurer le sentiment et l’exercice de cette amitié à laquelle il était destiné par la nature : je veux parler de Milord Maréchal, le noble Écossais, le frère du brave maréchal Keith, tué au service du roi, et le protecteur de Jean-Jacques dans la principauté de Neuchâtel.
Elle a pourtant le mérite d’avoir présidé à de belles œuvres serrées, à de nobles tragédies ; elle suggère, par son existence, l’idée d’une étude de crise morale, sans péripéties, à beaux plis simples, brève, serrée comme la nature ; elle peut fournir au théâtre aussi bien que l’esthétique diverse et variée du drame.
Ce sont les foules que nous voulons élever aux conceptions artistiques les plus nobles ; car, pour nous il n’y a pas d’hommes supérieurs : il n’y a que des hommes inférieurs.
La dévote franchement abordée, la dévote, que les romanciers n’ont jamais montrée que de coin, de trois quarts, de profil, mais jamais de face, jamais en pleine poitrine, eût été la suprême et la plus puissante expression de ces diableries célestes, plus fortes que les infernales, dont Aubryet a voulu, en écrivant son livre des Patriciennes de l’Amour, donner la tentation aux âmes encore nobles et aux esprits qui ne sont pas tout à fait corrompus.
Mais s’il ne l’est pas, et s’il vante Napoléon III de ne pas l’être, que signifie l’épithète de « sainte » qu’il donne à l’Impératrice quand l’Empire s’écroule « et qu’elle reste si noble et si Française sur ses débris ?
Eh bien, malgré tous ces travaux, malgré tous les titres à l’éclat et à la célébrité, Blanc Saint-Bonnet a si peu la place à laquelle il a vraiment droit dans la préoccupation de son temps, qu’un critique catholique très renseigné, très consciencieux, et animé toujours des sentiments les plus nobles, appela un jour l’Affaiblissement de la Raison, cette brochure sur l’enseignement de la plus magnifique portée, et que Saint-Bonnet écrivit en se jouant dans l’entre-deux de ses autres ouvrages : « un livre tulipe », pour en exprimer la rareté, sans doute, — le croyant rare, ce livre, parce qu’il ne le connaissait pas !
Et que ne pourrais-je pas dire de la note purement humaine, si pathétique et si tendre, que mêle, en quelque sorte, à ce duo de martyrs, l’aimable, l’élégante, la noble galanterie de Sévère ? […] Mettons, Messieurs, que sa passion soit noble, qu’elle passe l’ordinaire de l’humaine nature, qu’il faille même des Polyeucte pour nous élever au-dessus du culte des intérêts matériels, pour nous faire sentir combien il y a de choses qui valent mieux que la vie. […] Quand pourrai-je, au travers d’une noble poussière, Suivre de l’œil un char fuyant dans la carrière ! […] Je ne crois pas que la psychologie de Racine ait jamais pénétré plus avant que dans Phèdre, ni jamais éclairé de lueurs plus sombres, mais aussi plus fulgurantes, la pathologie de l’amour dans une âme un peu noble ; et il faut que je vous en mette un exemple au moins sous les yeux. […] Mais, romantique ou bourgeois, ni même naturaliste, ce que le drame ne nous rendra jamais, ce sont les joies nobles, les joies pures, les joies claires et sereines, si je puis ainsi dire, que nous devons à la tragédie.
N’est-ce pas ainsi que les romantiques ont conçu le noble et bel amour ? […] Abel Hermant n’a nullement altéré ni forcé les traits de cette noble figure. […] Une grande idée et de nobles intentions ne rachètent pas une exécution défectueuse. […] Il était noble et généreux, mais emporté et sujet à des accès d’humeur. […] Mais il y a un orgueil noble, auquel ce grand poète avait bien droit.
Le voici (portrait de Rigaud) avec sa jolie figure déjà noble, ses traits réguliers et fins, ses yeux brillants et doux, son geste aisé, gracieux et aristocratique. […] Ils ont le plus souvent un caractère local, et très particulièrement les nobles de Bretagne, le clergé de Bretagne, voire les chanoines de Tours qui y sont attaqués. […] C’est de voir qu’au xviiie siècle, les gens de votre robe sont aussi ennemis de la lumière au physique qu’au moral. » Oyez encore ceci dans le genre noble. […] Il est donc, malheureusement, trop possible à un gouvernement, à un pouvoir, d’être égoïste et de ne pas représenter les croyances d’un peuple, c’est-à-dire ce qu’il a, tout compte fait, de plus généreux et de plus noble. […] Il était beau, très aimable, très séduisant, beau parleur et même éloquent, très expert en attitudes nobles et théâtrales et d’une prompte intelligence superficielle.
Il est de même très antique, et très moderne à la fois, dans ses comparaisons, où il se montre entièrement dégagé du souci du mot noble, qui préoccupait tant les poètes du xviiie siècle. […] Chaque fois qu’une âme noble, pure de vulgarité et de bassesse, est tombée dans cette erreur, elle est arrivée à une incurable mélancolie, si ce n’est à une désespérance complète. […] La noble cité avait encore la farouche ceinture de murailles crénelées dont l’avait entourée au xive siècle le gouvernement républicain, et qu’on a démolie de nos jours pour élargir la capitale éphémère du jeune royaume italien. […] C’est pour compléter la ressemblance entre ses deux héros et ses deux moi, que Musset a condamné le débauché des Caprices de Marianne à être le bourreau involontaire du personnage noble. […] Leurs ombres charmantes attesteront que son imagination ne s’était pas dépeuplée de figures virginales, et que jamais l’ulcère du mépris ne rongea secrètement son âme en face de jeunes filles, qu’elles fussent paysannes ou nobles demoiselles.
Les légistes régnaient, ils règnent ; les nobles étaient des courtisans, ils le sont ; les prêtres étaient des officiers de morale sans autorité réelle sur les âmes, surtout sans pouvoir de direction sur l’ensemble de la société, ils le sont encore. […] « Les bourgeois sont des nobles au petit pied. » Une nation de travailleurs gouvernée par l’oisiveté, voilà ce qui est, et ne doit pas être. […] D’abord le noble caractère de l’Église est dégradé. […] Âme de tous les peuples, ils la retrouvent dans leurs besoins pour les soutenir, les animer, les contenir aussi, les diriger en un mot dans leur lutte légitime contre leurs souverains d’un jour, et donner à cette lutte à la fois son centre, et son aliment spirituel, et son caractère noble, et généreux et élevé. […] Le jour où la religion disparaîtrait de la terre, l’homme aurait supprimé la forme élevée et noble de son inquiétude éternelle, et il ne lui resterait que l’inquiétude vulgaire et misérable, et comme une impatience maladive et ridicule de changer de place.
Sous la tyrannie, c’est, à Paris, le monde de l’opposition républicaine sous l’Empire ; c’est le mélange des nobles rêveries et des hâbleries les plus démoralisantes. […] Il y a beaucoup de ces brutes, dans l’œuvre de Mirbeau : les paysans, et aussi les bourgeois, et les nobles évidemment : n’oublions pas, certes, le clergé ! […] Voilà les nobles ; et, pareils à eux, leurs fils ! […] Ce roman, d’une inspiration si pure et noble et qui contient — en résumé, mais en un résumé peut-être un peu succinct, — toute la pensée qu’avait amassée précédemment M. […] Un homme de science et de doctrine, la plus noble pensée : il aidera Cécile à connaître la littérature, l’art et la philosophie.
Les cris des fugitifs qui la traversaient en courant, le bruit de la cavalerie de Murat qui en parcourait les rues au galop, sabrant sans pitié tout ce qui n’était pas assez prompt à jeter ses armes, avaient rempli d’effroi cette charmante cité, noble asile des lettres, et théâtre paisible du plus beau commerce d’esprit qui fût alors au monde ! […] À cette nouvelle, une noble fureur s’empare de l’état-major prussien.
Tranquillisez-vous, et livrez-vous à vos travaux littéraires ; jouissez d’être auprès du marquis d’Este, qui est un si noble et si vertueux protecteur ; en outre, comme il faut enfin laisser sur les chemins cette humeur maladive qui vous travaille, et que cela ne peut avoir lieu sans quelques remèdes de médecins, résignez-vous à vous laisser gouverner pour votre santé par les médecins et à obéir aux conseils de vos protecteurs et de vos amis, au nombre desquels sachez bien que je suis et que je serai toujours celui qui vous chérira et qui vous soignera avec le plus de tendresse ! […] Et si les paroles manquent à mon angoisse, les larmes abondent à défaut des vers ; je pleure malheureux et je repleure les lyres, les trompettes, les couronnes de laurier, les études, les plaisirs, les affaires, les banquets, les loges, les palais où je fus avec vous, tantôt noble serviteur, tantôt compagnon familier de vos fêtes !
C’est en vain que la guerre de Trente-Ans accomplira son œuvre de destruction, détruisant la nation elle-même ; c’est en vain que l’élément étranger le plus frivole, s’insinuera dans les cours des princes, allant jusqu’à trouver des complices dans de nobles et vastes génies comme Haydn et Mozart : l’esprit national subsistera ; il fera surgir l’immortel Beethoven, le pauvre et grand solitaire, le légitime et glorieux héritier de Sébastien Bach ! […] Seguin se révèle en même temps chanteur de tempérament noble et puissant.
Il nous est arrivé de voir de nobles étrangers, venus de loin mais vêtus comme nous, parlant français comme nous, se promener, affables et aimables, au milieu de nous. […] C’est ainsi que des nobles collaborèrent à la révolution de 1789, qui abolit le privilège de la naissance.
Le spectacle, que nous ne laisserons qu’entrevoir d’après lui sans l’étaler tout entier, est affligeant ; mais il renferme quelques leçons sévères que l’histoire a déjà tirées ; il fait pénétrer dans les causes profondes de ruine de l’ancienne monarchie ; il fait sentir à quel point les plus nobles nations, et la nôtre en particulier, dépendent, dans l’esprit qui les anime et jusque dans leur ressort intérieur, des gouvernements qui les régissent et des hommes qui sont à leur tête.
De secrets rapports font les nobles attachements d’estime et de respect ; et les grandes âmes, quoique les traits de leur grandeur soient différents, se sentent et se ressemblent.
Dans ses brochures, il combat les deux unités de lieu et de temps, qui étaient encore rigoureusement recommandées ; il s’attache à montrer que pour des spectateurs qui viennent après la Révolution, après les guerres de l’Empire ; qui n’ont pas lu Quintilien, et qui ont fait la campagne de Moscou, il faut des cadres différents, et plus larges que ceux qui convenaient à la noble société de 1670.
Il se redit ce mot d’un de ses maîtres : « Les beautés nobles et mâles datent de loin. » Il traduit, même après l’abbé Colin, l’Orateur de Cicéron ; même après l’abbé Le Monnier, il traduit Térence ; il est près d’aborder Plaute ; il songe à donner un Théâtre latin complet, avec des observations, et qui eût fait pendant à ce que le père Brumoy avait exécuté pour le théâtre grec.
Sa mère Anne Donne, de noble naissance, mourut jeune en 1737, laissant deux fils ; William n’avait alors que six ans, mais il garda des premiers temps de son enfance et des tendresses de sa mère un souvenir vif et profond, gravé plus avant en son cœur par le régime tout différent auquel il fut soumis le lendemain de cette mort ; il a consacré ce souvenir, à plus de cinquante ans de distance, dans des vers composés par lui en recevant d’une cousine le portrait de sa mère (1790).
[NdA] En lisant ces vers À Marie, qui tournent sensiblement à la litanie pieuse, on ne peut s’empêcher de penser à cette autre Marie par excellence, la Vierge, celle dont il est dit dans la Divine Cornédie de Dante, par la bouche de Béatrix : « Il est au ciel une noble dame qui se plaint si fort de ces obstacles contre lesquels je t’envoie, qu’elle fléchit là-haut le jugement rigoureux. » C’est la confiance en cette Marie toute clémente et si puissante auprès de son fils qui a manqué à Cowper.
Au contraire, il est très complaisant lui-même, et de la manière la plus simple, et l’on peut dire la plus noble ; les actes de cette vertu ont l’air de ne lui rien coûter.
Vous le permettre et vous l’ordonner serait la même chose, et je ne veux pas que l’on puisse penser ni l’un ni l’autre. » Ce n’est pas Louis XIV qui manquera jamais à une noble et délicate convenance.
Mais ces subtilités sont celles d’une nature élevée, délicate ; ces tourments sont d’une noble espèce, et l’humanité a de tout temps estimé ceux qui y furent sujets et qui se sont montrés capables de ces belles croix.
Les lettres patentes de 1635, et le projet qui avait précédé, exprimaient en termes très nets le but des études et l’objet des travaux de l’Académie ; l’espoir « que notre langue, plus parfaite déjà que pas une des autres vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusques ici de l’élocution, qui n’était pas à la vérité toute l’éloquence, mais qui en faisait une fort bonne et fort considérable partie » ; que, pour cet effet, il fallait en établir des règles certaines ; premièrement établir un usage certain des mots, régler les termes et les phrases par un ample Dictionnaire et une Grammaire exacte qui lui donneraient une partie des ornements qui lui manquaient, et qu’ensuite elle pourrait acquérir le reste par une Rhétorique et une Poétique que l’on composerait pour servir de règle à ceux qui voudraient écrire en vers et en prose : que, de cette sorte, on rendrait le langage français non seulement élégant, mais capable de traiter tous les arts et toutes les sciences, à commencer par le plus noble des arts, qui est l’éloquence, etc., etc.
Rathery le Journal de d’Argenson, je sortais de la lecture de Pellisson, de ses éloquents plaidoyers pour Fouquet, des nobles conversations qu’il rapporte de Louis XIV ; quelle chute !
Il a le cœur droit, l’âme noble et désintéressée.
Cependant, ci-devant nobles et émigrées rentrées comme elles étaient, ces dames ne peuvent éviter l’arrestation : elle a lieu par ordre du Comité de sûreté générale, le 22 janvier 1794, après examen et saisie de leurs papiers.
N’ayant été nourri dans aucune religion monarchique, n’ayant pas, il est vrai, de religion politique contraire, je me borne à considérer la vie et le caractère de cette noble victime avec une attention respectueuse.
On aime à croire que lorsque Catinat, sur la fin de sa vie, se promenait à Saint-Gratien en philosophe et sans épée, il se disait qu’il avait parfois employé cette noble épée à une œuvre plus qu’équivoque, et qu’il en avait un léger remords comme sage ou même comme chrétien.
Quand il fonda le journal le Monde avec ce même Charles Didier, George Sand et Liszt, on eut un curieux spectacle : c’étaient assurément tous nobles esprits ou talents, pris chacun en soi et individuellement ; mais l’alliance, il faut en convenir, était étrange.
Son talent, son âme, toute son organisation, ne sont qu’un dans les grands moments ; elle est femme et très-femme, mais elle n’a rien des petitesses du sexe, ni des ruses ni des arrière-pensées ; elle aime les horizons larges et vastes, et c’est là qu’elle va d’abord ; elle s’inquiète du bien de tous, de l’amélioration du monde, ce qui est au moins le plus noble mal des âmes et la plus généreuse manie.
Il lui portait un intérêt tout paternel, et, touché de sa noble physionomie tout empreinte de mélancolie, il l’appelait un petit roi détrôné.
Mais ceci n’est qu’un aspect immédiat, et il suffirait de deux ou trois de ces nobles esprits qui sont toujours une exception, et qui peuvent toujours sortir de la grande loterie providentielle, pour donner à la conjecture d’heureux démentis.
Lors de la renaissance des lettres, ce culte pour les prédécesseurs s’est renouvelé sous plus d’une forme, parfois singulière, et il suffit de rappeler ce noble vénitien Naugerius qui, dans son adoration pour Catulle, brûlait chaque année quelques exemplaires de Martial en son honneur.
Si nos jeunes nobles allaient à Londres, dans les rues sans trottoir, du même train que leurs frères de Paris, ils se verraient bientôt et justement rossés de la bonne manière et traînés dans le ruisseau. » — Mercier s’inquiète en face de ce populaire immense. « Il y a peut-être à Paris deux cent mille individus qui n’ont pas en propriété absolue la valeur intrinsèque de cinquante écus ; et la cité subsiste !
Mais le pusillanime empereur romain qui se cachait dans les latrines de son palais au moment de sa mort avait toujours été le même, et le Breton Caractacus fut aussi noble dans la capitale du monde que dans ses forêts.
Fénelon Fénelon naquit d’une famille noble et militaire du Périgord vivant tantôt dans les camps, tantôt dans le fond de cette province.
Plus encore que Bertaut, Régnier a laissé le style artificiel de son idole Ronsard : il n’est plus question de composés, ni de provignement, ni de toutes les méthodes prescrites aux poètes qui veulent se faire une noble et riche langue.
Ce qui rend une femme de cet ordre parfaitement inintelligible à un libertin, c’est qu’il s’est habitué, lui, à séparer les choses du plaisir des choses du cœur et à goûter le plaisir dans des conditions avilissantes ; au lieu que la femme romanesque, et qui aime, n’ayant connu le plaisir qu’associé à la plus noble exaltation, reporte sur ses jouissances le culte qu’elle a pour ses émotions morales.
La sélection des nobles âmes se fait sans acception de croyances.
Dans l’évolution sociale, nous voyons une première différenciation d’espèce analogue : celle des gouvernants et des gouvernés, des maîtres et des esclaves, des nobles et des serfs.
. — La noble Grèce fait naître l’homme dans un atelier de sculpteur.
Pour que tu aies cette audace, certes il faut que ton esprit soit troublé. » — Durant toute l’entrevue, Pélasgos garde ce ton de l’homme de race noble parlant à un être de souche inférieure, d’un aristocrate de naissance remettant à sa place un sujet servile.
M. de Chateaubriand, après Atala et René, a eu ses admiratrices passionnées, nobles, tendres, délicates, dévouées jusqu’à en mourir : on eût vu marcher en tête la pâle et touchante Mme de Beaumont.
J’ai l’air jeune, sans fraîcheur, noble, doux, vif, spirituel et intéressant.
Flourens a présenté en toute lucidité ce second et dernier Fontenelle ; il l’a dépouillé non pas de ses particularités, mais de ses petitesses, et nous l’a fait voir au seuil du sanctuaire, investi de la dignité des sciences, leur juste interprète aux yeux de tous, sans solennité aucune, et ne les rabaissant pourtant jamais que moyennant une familiarité noble et décente.
J’ai sous les yeux une lettre de remerciement et d’action de grâces qui lui fut adressée à la date du 28 mars, le lendemain de l’article, par une noble dame d’alors, Mme la duchesse d’Es… On y lit42 : Je désire qu’on sente ici, mon prince, l’importance du service que vous rendez.
De tels exemples, où tant de sentiments délicats et généreux se confondent des deux parts dans un sentiment religieux supérieur, semblent ramener la poésie à ses plus nobles origines et ne se peuvent raconter sans émotion.
., dont on l’a taxé, et que Méziriac disait avoir remarquées jusqu’en « plus de deux mille passages » ; et cependant son mérite d’écrivain n’en est nullement atteint ; car ce mérite est d’un tout autre ordre, et il n’en est pas moins vrai, comme l’a dit Vaugelas, que personne n’a mieux su que lui le génie et le caractère de notre langue, n’a usé de mots et de phrases si naturellement françaises, sans aucun mélange des façons de parler des provinces : Tous les magasins et tous les trésors du vrai langage français, continue Vaugelas avec son enthousiasme du bien parler et du bien dire, sont dans les ouvrages de ce grand homme, et encore aujourd’hui nous n’avons guère de façons de parler nobles et magnifiques qu’il ne nous ait laissées ; et, bien que nous ayons retranché la moitié de ses phrases et de ses mots, nous ne laissons pas de trouver dans l’autre moitié presque toutes les richesses dont nous nous vantons et dont nous faisons parade.
Il me semble ici que le rôle des deux côtés est beau : de la part du prince, on aime à voir une dernière fois ce regard étincelant dont l’air de colère n’est ici qu’une preuve suprême d’affection, et on aime aussi cette noble marque du désintéressement de Gourville, qui se montre digne de l’amitié d’un grand homme.
Il écrivit dans La Quotidienne du 19 janvier quelques lignes nobles et senties, bien d’accord avec son rôle de fidélité gémissante.
Il appliquera à l’examen de la chevalerie une méthode d’arithmétique morale qu’il aime à employer, et partant de ce principe « qu’un fils n’appartient qu’à moitié à la famille de son père, l’autre moitié appartenant à la famille de sa mère », il prouvera par chiffres qu’en neuf générations, à supposer une pureté de généalogie intacte, il ne reste dans la personne qui hérite du titre de chevalier que la cinq cent douzième partie du noble ou chevalier primitif.
Pendant qu’il goûtait la douceur de ce travail, ses maladies et la faiblesse de sa complexion encore plus que les affaires l’avaient forcé de s’interrompre, et il y avait suppléé alors par la Succincte narration qui forme le premier chapitre ou plutôt l’introduction du Testament politique ; cette narration est un tableau raccourci, comme il l’appelle, un beau et noble discours abrégé, dans lequel il raconte au roi toutes les grandes actions de ce même roi depuis sa seconde entrée au ministère en 1624 jusqu’en 1641.
En même temps, dans les rares rencontres glorieuses, il est sensible aux belles et nobles actions de nos soldats.
On peut ne pas aimer Balzac, mais de ceux qui l’ont lu, aucun ne dira qu’il ressent un sentiment de grâce ou de langueur ni que cela vient du style noble et fleuri de ce romancier.
Génération des talents nouveaux, noble groupe d’écrivains et de poètes, légion des jeunes, ô avenir vivant de mon pays !
Ils dévorèrent tout, mais les manuscrits leur échappèrent… Ils avaient été légués parle noble duc à son cousin, l’évêque de Metz, Saint-Simon comme lui, quand un ordre du Roi Louis XV et contresigné Choiseul confisqua ces manuscrits, comme Papiers d’État, au nom de cette raison d’État qui a le droit de rester mystérieuse et dont elle a souvent abusé.
Pindare dut y joindre encore une noble émulation excitée par l’exemple de Corinne, qui, seule dans Tanagre, nous dit Pausanias, avait fait des hymnes.
Amateurs éclairés, journalistes, sportsmen, riches nobles, riches bourgeois, sont absolument fantastiques, n’ont pas l’ombre même de réalité, sont sortis tout entiers, de l’imagination ou pessimiste, ou fantaisiste, ou humoristique, ou un peu sadique, de M. […] Un officier d’artillerie, riche et noble et encore s’il est riche et noble, il ne devrait pas être dans l’artillerie), a quelques traits du snobisme particulier à sa profession et à sa classe assez bien observés. […] Que le guerrier d’Afrique soit trompé ou non par la noble Vénitienne, il a une autre vie. […] Il a plus de métaphores que d’idées, à tout prendre ; mais ses images sont très originales et souvent très belles : « Tout homme a de nobles pensées qui passent comme de grands oiseaux blancs sur son cœur. » Il a des phrases comme celles-là assez souvent. […] Si l’on y regarde de près, on s’aperçoit qu’elles viennent d’une noble tendance à généraliser le bien au lieu de généraliser le mal.
« Il n’était, dit-elle, ni gras ni maigre ; il avait la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle ; il marchait gravement, avait l’air très sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvements qu’il leur donnait, lui rendaient la physionomie extrêmement mobile. » Tout cela pouvait faire de Molière un acteur aussi cher à Melpomène qu’à Thalie, mais un hoquet ou tic de gorge, qu’il avait contracté en voulant corriger la volubilité de sa langue, le rendit toujours insupportable dans le genre sérieux : il sauvait ce désagrément dans la comédie, par la vérité avec laquelle il exprimait un sentiment, et par l’art qu’il mettait jusque dans les moindres détails de son jeu. […] Je l’écoute avec les égards que mérite sa noble audace ; hélas ! […] Molière voulut en vain l’apaiser : par égard pour son maître, il joua un rôle de six cent vers dont il était chargé dans une pièce nouvelle ; mais il eut ensuite la noble hardiesse de demander sa retraite au roi, et se réfugia auprès de sa première directrice, laissant Molière avec Thalie pour unique consolation ; tâchons de surprendre quelques-uns de leurs secrets. […] Nous ne détaillerons pas les beautés du poème ; elles ne sont pas du ressort de Thalie : je dirai seulement que le génie serait en droit de réclamer plusieurs morceaux ; les neuf Muses doivent surtout applaudir à la noble fierté de celui-ci : Les grands hommes, Colbert, sont mauvais courtisans, Peu faits à s’acquitter de devoirs complaisants, À leurs réflexions tout entiers ils se donnent ; Et ce n’est que par là qu’ils se perfectionnent : L’étude et la visite ont leur talent à part, Qui se donne à la cour, se dérobe à son art ; Un esprit partagé, rarement s’y consomme, Et les emplois de feu demandent tout un homme. […] Les deux vieillards de cette pièce sont tantôt des pères Cassandre, tantôt des pères Grime : les Cassandre, bêtes par excellence, appartiennent exclusivement à la parade ; les Grime, faibles, crédules, impatients, colères, se rapprochent de la bonne comédie, et servent à contraster avec les Pères nobles.
L’Amour entre dans les compositions les plus nobles, antiques et modernes : il n’eût point été déplacé sur le tombeau d’Hercule ; cet Hercule fut sa plus grande victime. […] Vous avez ici une cour et vos courtisans, et ces courtisans ont des âmes nobles, hautes, honnêtes, généreuses, et leur caractère principal est de ne l’être que des héros et de vous. […] « Qu’elle est grande, s’écrient-ils, qu’elle est noble, cette souveraine ! […] Un noble enthousiasme me gagne ; mes doigts se portent d’eux-mêmes sur une vieille lyre dont la philosophie avait coupé les cordes. […] Poussé par un sentiment infiniment plus noble, vous rentrez dans le vôtre en pacificateur, et comme récompense de tout ce que vous avez souffert pour sa cause, vous ne demandez cependant qu’à être encore tout à son service.
Son père, un brave yeoman, avait une ferme de quatre livres par an, où il employait une demi-douzaine d’hommes, avec trente vaches que trayait sa femme, lui-même bon soldat du roi, s’entretenant d’une armure pour lui et son cheval afin de paraître à l’armée selon les occurrences, enseignant à son fils à tirer de l’arc, lui donnant à boucler sa cuirasse, et trouvant au fond de sa bourse quelques vieux nobles pour l’envoyer à l’école et de là à l’Université. […] Plusieurs poëtes, Drayton, Davies, Cowley, Giles Fletcher, Quarles, Crashaw, écrivent des récits sacrés, des vers pieux ou moraux, de nobles stances sur la mort et l’immortalité de l’âme, sur la fragilité des choses humaines et sur la suprême providence en qui seule l’homme trouve le soutien de sa faiblesse et la consolation de ses maux. […] Elle ne les choque point par un rigorisme étroit ; elle n’entrave point l’essor de leur esprit ; elle n’essaye point d’éteindre la flamme voltigeante de leur fantaisie ; elle ne proscrit pas le beau ; elle conserve plus qu’aucune église réformée les nobles pompes de l’ancien culte, et fait rouler sous les voûtes de ses cathédrales les riches modulations, les majestueuses harmonies d’un chant grave que l’orgue soutient. […] Au contraire, chez les nobles d’Élisabeth et de Jacques Ier, comme chez les cavaliers de Charles Ier, elle tolère les goûts de l’artiste, les curiosités du philosophe, les façons mondaines et le sentiment du beau.
Il est sot, paresseux et lâche, — inoffensif d’ailleurs, — avec des attitudes très nobles, et des phrases dont il est la première dupe. […] Un étudiant en droit, noble et pauvre, Eugène de Rastignac, récemment arrivé par le coche, vient y prendre pension. […] Kean, je n’ai pas besoin de vous le dire, a la plus noble attitude. […] … Ni moi non plus… c’est de la politique… et je ne suis pas sargé… mais paraîtrait, enfin, que l’on voudrait, à Paris, que les nobles, ils deviendraient les vilains… et les vilains, ils deviendraient les nobles… Voilà. […] Mais, par une sorte de partialité impitoyable et courageuse, par une très noble haine des vices spéciaux dont tout écrivain sent du moins grouiller en lui les germes, il n’a voulu nous montrer que la plus détestable variété de l’homme de lettres.
Je sais bien que cette consolation, ce réconfort, ce plaisir ne peuvent être savourés que par une âme très raffinée et très tendre ; mais c’est l’honneur de La Rochefoucauld de faire toujours appel à nos sentiments les plus nobles. […] Cela est faux ; mais quel motif relativement noble La Rochefoucauld va chercher là et inventer, et, de sa grâce, prêter à son hypocrite ! […] Il n’y a rien de plus noble que cet idéalisme du savant désintéressé. […] Cela tranchait la question et permettait de se reposer, dans une formule, du reste, qui avait belle mine et tour noble. […] La mère de Sarcey était une Serbonne, fille du marquis et de la marquise de Serbonne, de maison très noble et beaucoup plus noble que les Sarcey de Suttières, qui n’étaient, à ce que croyait Francisque Sarcey, que d’une famille bourgeoise ayant ajouté à son nom un nom de terre, selon l’usage très répandu à la fin du xviiie siècle.
CXLVI Mérimée me dit une chose fort juste et fort délicate : « Dans le peu que je fais, je rougirais de ne pas m’adresser à ceux qui valent mieux que moi, de ne pas chercher à les satisfaire. » Là en effet est le cachet de tout noble et sincère artiste. […] Tout d’un coup, Talma, se levant et sortant sans dire adieu, se retourna au seuil de la porte et lança de son verbe le plus tragique ces admirables vers du rôle d’Auguste qu’il étudiait pour le moment et qu’il s’apprêtait à représenter : il y donna l’accent le plus actuel, le plus pénétré, s’inspirant du sentiment de la situation même et faisant de cette noble emphase cornélienne la plus saisissante des réalités : Mais quoi ! […] Je suis tout fier aujourd’hui en relisant cet article : dans un détroit difficile et toujours assez périlleux à franchir, je faisais comme le pilote côtier qui donne son coup de main, et qui aide le noble vaisseau à doubler l’écueil ou à trouver la passe.
Vers ce temps, le seigneur et les nobles du pays, pour récompenser les services de Patin le père d’une manière qui ne leur coûtât rien, lui voulurent donner un bénéfice pour son fils ; mais le jeune homme refusa tout plat, déclarant qu’il ne serait jamais prêtre.
Ces deux sociétés, selon lui, n’avaient cessé de coexister durant tout le xvie siècle : c’était une émulation de mérite et de vertu de la part des nobles héritières, trop éclipsées, d’Anne de Bretagne, c’était une émulation et une enchère de galanterie de la part des folles élèves de l’école de François Ier.
Sous Henri IV, l’élément prédominant ou qui tendait à le devenir était le gentilhomme de campagne, bon économe bon ménager de son bien ; Henri IV l’aimait et le favorisait de cette sorte, se piquant de n’être lui-même que le premier gentilhomme de son royaume ; bien différent en cela de Louis XIV, qui attirait tout à sa Cour et n’aimait les grands et les nobles qu’à l’état de courtisans.
Mais, homme de devoir, il contracte vite la religion de son noble métier.
La Boétie, dans sa première et sa plus verte jeunesse, tout échauffé d’une belle et noble ardeur, et voulant avertir celui qui le lira qu’il n’emprunte à personne, ni à Pétrarque, ni à Properce ni à d’autres, l’expression de ses soupirs, s’écriait de la sorte, avec plus de vigueur et d’âme que d’harmonie : Toi qui oys mes soupirs, ne me sois rigoureux Si mes larmes à part toutes miennes je verse, Si mon amour ne suit en sa douleur diverse Du Florentin transi les regrets langoureux, Ni de Catulle aussi, le folâtre amoureux, Qui le cœur de sa dame en chatouillant lui perce, Ni le savant amour du migrégeois64 Properce : Ils n’aiment pas pour moi, je n’aime pas pour eux.
… » « D’El-Arich à Gaza, le pays change de figure ; le sable se couvre de petits buissons, puis on commence à rencontrer des pierres, puis des troupeaux ; enfin on entend un peu de bruit ; le silence est encore une chose qui fait une véritable impression ; on cherche pendant longtemps ce qui manque à la vie, et tout à coup… » Horace Vernet a, depuis, imprimé quelques-uns de ces passages dans une brochure sur les Costumes de l’Orient, il a ôté les familiarités et n’a laissé que le noble et le grave, ce qui allait à son but.
Une jeune fille noble, de vingt ans environ, d’un esprit hardi, d’un caractère entreprenant, poussée aussi par le vague instinct d’une nature moins uniquement féminine chez elle qu’elle ne l’est d’ordinaire chez ses semblables, s’est souvent dit que les jeunes filles, les femmes du monde ne connaissaient pas les hommes et ne les voyaient qu’à l’état d’acteurs et de comédiens ; elle a désiré savoir ce qu’ils se disent quand ils sont entre eux et qu’ils ont jeté le masque.
Tous mes compagnons étaient plus mal montés encore : des chevaux accoutumés à porter le bât, de mauvaises bardes recouvertes de tapis qui tombaient en lambeaux, des licols dont la corde était passée dans la bouche de l’animal pour tenir lieu de bride, tel était le noble appareil avec lequel la Sublime-Porte me faisait voyager.
Il profita de ce moment (remarque bien ceci, mon cher Saint-Joseph) pour rassembler le peu de forces qui lui restaient encore, et, s’étant mis sur son séant, il nous reprocha pour ainsi dire notre faiblesse ; il était, en effet, plus calme que nous tous, son visage était serein, et, quoique les ombres de la mort s’y fissent déjà apercevoir, il avait quelque chose de noble, d’imposant, d’auguste : « Qu’est-ce donc que mourir, mes amis ?
La vertu même et le noble caractère de Madame Elisabeth ne la défendaient pas de cet aveuglement.
Quoique l’expiration du règne de Louis XIV et de la dévotion régnante fût pour lui un énorme poids de moins, quoiqu’il se sentît avec joie délivré de cette condition de faveur à laquelle il aurait pu difficilement se soustraire, et dont l’idée le blessait par une honte secrète (lui converti, enfant, par astuce et intérêt), pourtant il ne voyait dans la Régence qu’un débordement déplorable et la ruine de toutes les nobles mœurs.
» Noble soupir de délivrance qui s’exhale d’une poitrine généreuse longtemps oppressée !
Ce fut à coup sûr une noble action que de se refuser à quelques instances plus pressantes ; le libraire-éditeur ne lui demandait qu’un quatrième volume qu’il aurait intitulé Empire.
C’était dans les premiers temps un parti pris chez elle d’aimer, d’admirer son mari : « On ne sait d’abord, écrivait-elle, ce qu’on aime le plus en lui, ou de sa figure noble et élevée, ou de son esprit qui est toujours agréable et qui s’aide encore d’une imagination vaste et d’une extrême culture ; mais, en le connaissant davantage, on n’hésite pas : c’est ce qu’il tire de son cœur qu’on préfère ; c’est quand il s’abandonne et se livre entièrement qu’on le trouve si supérieur.
Geoffroy de Villehardouin61, Champenois, dont le nom se rencontre dans deux chartes de la comtesse Marie, la fine et noble dame qui inspirait Lancelot, nous met sous les yeux, en sa personne et par son récit, le monde réel en face du fantastique idéal que décrivait son compatriote Chrétien de Troyes.
Mais cet amour même exige qu’elle ne fasse rien pour le satisfaire : subtilité curieuse et noble.
De cette conception du but de l’art, résultent certaines particularités du langage de Boileau ; au vrai, au simple, au naturel, qu’il réclame, s’ajoutent des expressions faites d’abord pour inquiéter : le pompeux, le noble, le fin, l’agrément, l’ornement.
Telle qu’elle est, c’est un des exemplaires, je ne dis pas les plus nobles, mais les plus complets et les plus curieux des qualités et des défauts de la race française, de ces Welhies dont il a dit tant de mal, et qui se sont aimés en lui.
Mais il ne s’ensuit pas que le noble historien se soit trouvé lui-même dans les meilleures conditions pour nous faire une peinture absolument fidèle du grand Condé Je ne nomme que celui-là, car c’est lui qui remplit la moitié du troisième volume et tout le quatrième.
Il faudrait, néanmoins, pour le pleinement apprécier, remonter jusqu’au principe de ce noble et patient effort vers une maturité morale rationnelle, dont la substance promet d’être bien différente de l’épicurisme de parade où le pessimisme un peu figuratif de M.
Le problème se varie, s’élargit à l’infini, suivant les horizons de chaque âge ; mais toujours il se pose ; toujours, en face de l’inconnu, l’homme ressent un double sentiment : respect pour le mystère, noble témérité qui le porte à déchirer le voile pour connaître ce qui est au-delà.
Plus de cent vieillards attendent leur tour d’admission dans l’asile ; vos deux mille francs vont faire des heureux et prouver à M. l’abbé Carton l’intérêt que vous prenez à ses nobles efforts.
Affaire de mode, je le veux bien ; opinion de salon ou de sacristie qu’il fut de bon ton d’afficher ; mais aussi revirement qui est imputable à des raisons plus sérieuses et plus nobles.
En ce temps-là, les dieux jeunes et beaux, éloquents et nobles qui peuplent les poèmes et les sculptures helléniques, n’existaient encore qu’à l’état brut.
Dans celui qu’il fit de cette noble dame, je lis, au milieu de toutes sortes de choses galantes qu’il lui adresse, cette phrase qui semblerait bien étrange aujourd’hui : « N’ayant jamais vu votre gorge, je n’en puis parler ; mais, si votre sévérité et votre modestie me voulaient permettre de dire le jugement que j’en fais sur les apparences, je jurerais qu’il n’y a rien de plus accompli. » Notez que l’honnête et pieuse abbesse à laquelle ce jeune homme parlait en ces termes était jeune elle-même et seulement d’un an plus âgée que lui.
Enfin, on sort de cette noble et troublante lecture plus orgueilleux qu’auparavant et plus désolé.
» Par une contradiction qui n’est pas rare, cet épicurien, qui ne veut d’aucun des ressorts généreux en eux-mêmes et qui les décompose, a pour son propre compte l’âme noble, élevée, et toute la fierté de l’honnête homme.
André Chénier avait publié, en août 1790, un Avis aux Français sur leurs véritables ennemis, dans lequel il essayait, avec la modération et la fermeté qui distinguent sa noble plume, de tracer la ligne de séparation entre le vrai patriotisme et la fausse exaltation qui poussait aux abîmes.
Elle dit au maréchal de L’Hôpital, qui résistait le plus qu’il pouvait, ces nobles paroles : Songez, monsieur, que, pendant que l’on s’amuse à disputer sur des choses inutiles, M. le Prince est en péril, dans vos faubourgs.
Après avoir tâché de faire vibrer chez son père la fibre noble et fière, il arrive au pathétique, et il trouve de beaux accents.
Hégésippe Moreau a eu ce bonheur au milieu de toutes ses infortunes, et aujourd’hui, si l’on interroge sur le compte du poète celle qu’il appelait alors sa sœur, elle répond en nous montrant au fond de son souvenir ce Moreau de seize ans, « de l’âme la plus délicate et la plus noble, d’une sensibilité exquise, ayant des larmes pour toutes les émotions pieuses et pures ».
Albert Blanc, docteur en droit de l’université de Turin, a donné, depuis lors, la Correspondance diplomatique de M. de Maistre (1858), et a tiré le plus qu’il a pu le noble écrivain du côté de la cause nationale du Piémont, en le montrant tout à fait opposé et antipathique à l’Autriche.
« Il ne nous reste plus qu’à nous jeter entre vos bras », disait le marquis de Gouy d’Arsy à quelques nobles, en présence de l’abbé Maury
Le prince de Conti qui, dans ses versatilités, avait du moins en lui de plus nobles étincelles et comme des parcelles mobiles d’une grande âme, achève de ruiner sa vie en ce moment ; il ne sort de Montpellier qu’en emportant une maladie honteuse qu’il y a contractée sans le savoir, et qui va bientôt infecter en secret sa future épouse, la seule vertueuse nièce de Mazarin, et toute sa race.
Une lettre qu’il écrivit dans ce train d’idées au président, lui valut une réponse qui restera mémorable dans l’histoire de sa vie, et qu’il faut mettre à côté de la noble lettre que le grand Haller lui adressa un jour pour faire cesser les manèges et les intrigues où il essayait de l’immiscer : Souvenez-vous, monsieur, lui disait de Brosses, des avis prudents que je vous ai ci-devant donnés en conversation, lorsqu’en me racontât les traverses de votre vie, vous ajoutâtes que vous étiez d’un caractère naturellement insolent.
Il est dans un ancien une grande et magnifique image qui montre à notre conscience de plus hautes espérances, et doit la convier à de plus nobles devoirs.
Ceux-ci distingueront entre les ouvrages qui tendent à suggérer des sentiments qui doivent décroître, s’il faut que la race ou l’Etat vive, et ceux qui contribuent au contraire à rendre l’homme plus sain, plus joyeux, plus moral, plus noble.
Que l’on ajoute à cette beauté des poèmes les nobles mélodies dont les ont ornés Schumann et d’autres, ces récitatifs lyriques qui font retentir et vivre les mots, les accentuent et les cadencent sur des lèvres humaines, et l’on pourra sentir par quel charme la chanson allemande demeure un genre populaire et exquis, comment elle est la poésie lyrique la plus vivace de toutes les littératures, la seule qui ait renoué avec la musique son ancienne alliance naturelle et profitable.
Ernest-Charles y apporte les méthodes de la polémique politique par où il débuta, mais il est de bonne foi et son ambition est courageuse et noble.
“Le mot de vis-à-vis (dit M. de Voltaire dans une Lettre à M. l’Abbé d’Olivet) qui est très-rarement juste & jamais noble, inonde aujourdhui nos livres, & la Cour & le Barreau & la société ; car dès qu’une expression vicieuse s’introduit, la foule s’en empare.
Cette tête est ferme, tranquille, simple, noble, douce, d’un caractère un peu rustique et vraiement apostolique.
La profondeur de sa toile est occupée par un paysage noble, majestueux, immense ; il n’y a que des roches et des arbres, mais ils sont imposans.
Ici, le cocher seul distingue le noble du roturier.
Dans la plaine proche se dresse, qui console de tout, un mont noble aux lignes grecques, une sorte d’Acropole.
Noble douleur, anglaise et chrétienne, dont il a fini par mourir (Voir dans les Recollections la lettre à sa sœur que la mort a interrompue, comme les stances d’André Chénier).
Il y a ici, ce n’est pas contestable, une primogéniture dans le talent, un droit d’aînesse de toute évidence dont le très noble cœur de M.
… Et savez-vous aussi, vous, brillante de charmes, Que ce jeune homme, objet de vos tardifs aveux, N’était pas un amant aux longs et noirs cheveux, Au noble front rêveur, à la marche assurée ?
Il n’y a de beau, de bon, de noble, d’aimable, de spirituel, que le soldat.
La cohabitation des bourgeois et des nobles dans les villes d’Italie devait, observe Burckhardt, y favoriser les progrès de l’individualisme86.
Il devrait être défendu à tout romancier entré dans la période de production, de lire les œuvres des autres romanciers sous prétexte de savoir ce qui s’écrit ; « ce qui s’écrit » est toujours à éviter, et sa connaissance ne sert généralement qu’à troubler ceux que persécute le noble désir de mieux faire. […] Paul Bourget ou à M. d’Annunzio ; sa thèse est hardie, car il essaye de mettre aux prises une âme noble avec un sacrifice trop beau, trop haut pour durer ; il s’agit d’un mari à qui sa femme avoue un adultère consommé ; le mari pardonne et se heurte ensuite à tout l’impossible d’une situation fausse ; de là des scènes d’où le talent de l’auteur a su faire jaillir l’angoisse et la pitié ; les pages où se trouvent les aveux de la femme, celles où le mari use de clémence forment la partie capitale du livre. […] — Mon fils, répondit doucement mon bon maître, si M. de Séez se montre austère dans ses mandements, magnifique et galant dans sa vié, s’il est enfin le parangon des prélats et s’il a prononcé ce panégyrique de saint Maclou, dont l’exorde, relatif à la guérison des écrouelles par le roi de France, a paru noble, vouliez-vous que la Compagnie l’écartât pour cette seule raison qu’il a un neveu aussi puissant qu’aimable ? […] Les Trophées suffisent pour prouver que nous avons en M. de Heredia un poète vraiment français, et puis, comme dit La Bruyère : « Quand une lecture vous élève l’esprit, vous inspire des sentiments nobles, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l’ouvrage : il est bon et fait de main d’ouvrier. » V. […] Parlant de l’émigration, il dit à propos des nobles : « Leur poste d’honneur n’était ni dans les clubs ni à la Convention ; il était à Coblentz. » Il a l’horreur des Jacobins et dit à ceux qui l’entourent : « Dans un moment de crise, vous ne seriez pas assez forts pour les contenir ; si je viens à mourir, gardez-moi huit jours dans mon lit, en faisant croire que je respire encore, et profitez de ce moment pour les mettre hors d’état d’agir. » Chaptal lui trouve généralement « le ton d’un jeune lieutenant mal élevé » ; il chantonne, il siffle en sortant de son cabinet, sans s’interrompre devant les femmes qu’il accoste, demandant, par exemple, à une jeune fille si elle a des enfants, et bien d’autres traits.
Un Nisard rédigea une histoire de la littérature française où il n’est à peu près question que de morale ; on trouva une telle préoccupation noble, mais trop exclusive. […] Les livres n’ont qu’un temps ; arbres, arbustes ou pauvres herbes, ils meurent ayant parfois semé leurs pareils, et la vraie gloire ce serait de provoquer une œuvre sous l’ombre de laquelle on serait étouffé ; ce serait la vraie gloire parce que cela rentrerait dans les plus nobles conditions de la vie. […] L’Aphrodite qui nous entraînait à son culte ne nous trouble plus ; la femme s’est évanouie, il reste de nobles formes, des lignes agréables, mais un cheval aussi est beau, et un lion et un bœuf. […] « Etonné d’un tel discours… » C’est Pascal qui reprend, mais c’est nous qui sommes étonnés, car la sentence du Jésuite est des plus nobles et des plus humaines. […] » Il n’eut, en toute sa vie, qu’un mot d’une noble humilité, répliquant à un sot qui l’appelait saint : « Moi, je ne suis qu’une charogne. » C’était la curiosité locale, la richesse et la fierté du pays : on le vénérait à l’égal d’une source guérisseuse, car il faisait des miracles, épargnait aux gens des frais de médecin.
Bourget va aborder les problèmes de l’âme dont il a l’inquiétude et le noble tourment. […] D’autre part, il n’est amour si noble et si désintéressé qu’il n’enferme le désir, habile à se dissimuler sous les formes les plus différentes de soi. […] Voilà où en était descendu son noble amour, son culte pour celle qu’il avait d’abord appelée sa madone. » Toute poésie a disparu, toute émotion d’ordre intellectuel et sentimental. […] Il n’est pas jusqu’à la pieuse et l’idéale Mme de Tillières qui ne fasse payer cher au noble comte de Poyanne d’être trop exclusivement un intellectuel4 — Par là, elles sont de la famille d’Emma Bovary. […] Devenu roi, il l’exécute en dépit de son Parlement, au péril de sa couronne et de sa vie… Et voici Frédéric III, le prince philosophe instruit dans Kant et dans Schleiermacher, simple, modeste, épris de tranquillité domestique, bon père de famille, époux modèle, vivant avec sa femme dans une harmonie de pensées très nobles et de sentiments très élevés, rêvant ce rêve impossible d’une Allemagne pacifique, témoignant en toutes les occasions de son amour pour la tolérance et la liberté, célébrant la douceur de la paix, de la paix chérie, de la paix d’or, rappelant avec un esprit évangélique les droits de l’idéal et de l’humanité… M.
Il est grand temps que les immortels qui siègent sous la noble coupole aient fini leur dictionnaire pour en recommencer bien vite un autre. […] Mais ce désir timide avait pour arrière-fonds chez tous les deux une enivrante certitude, perspicace chez Thérèse, obscure encore chez Hubert, et c’était dans un vaste et noble paysage qu’ils promenaient ces sensations rares. […] Il avait des yeux clairs, très limpides, une barbe blonde, une allure de puissante jeunesse ; son visage respirait la force et la bonté, avec je ne sais quoi de noble, d’audacieux et de triste qui me frappa. […] Et y prenant celle que le commissionnaire avait entamée : — Voici un fruit rare, précieux et digne des plus nobles lèvres. […] Et ce ne sont assurément ni les plus mauvais, ni les plus lâches, ni les plus sots, ni les moins nobles qui s’en iront volontairement de ce monde ; ce seront les irréconciliables de la vie, telle qu’on l’aura faite, et où ils ne trouveront plus leur place.
C’est un homme qui fait partie d’une classe mal déterminée, mais illustre ; et cette classe, ceci encore est à noter, contient de petits bourgeois, de grands bourgeois, des hommes nobles, des femmes nobles, des grands seigneurs et des princes de l’Église. […] Très longtemps, pendant trois quarts de siècle, elle a excité, soulevé et lancé le peuple contre l’aristocratie, contre « les nobles ». L’aristocratie n’existait plus ; les nobles existaient, mais n’avaient absolument aucun privilège et ne constituaient aucun danger. […] Cependant l’aristocratie et les nobles et les ci-devant, cela a fini par s’user. […] Comme pour l’aristocratie et la noblesse : lorsqu’il n’y aura plus d’Église et plus de catholiques, comme il n’y a plus maintenant, bien visiblement, à n’en pas douter, d’aristocratie ni de nobles.
La suite de cette scène entre l’oncle et le neven poète, et quand celui-ci fait entendre sa noble profession de foi, est de tous les temps ; elle est encore du nôtre, car les familles n’ont pas changé, et le duel à mort entre la bourgeoisie et la poésie recommence à chaque génération. […] Je veux m’instruire et vous aimer ; je veux que vous soyez newtonien, et que vous entendiez cette philosophie comme vous savez aimer. » Cette noble ambition d’une intelligence élevée et toujours en progrès, ce beau feu d’une curiosité allègre et légère qu’il a exprimée d’un mot : Tous les goûts à la fois sont entrés dans mon âme ; Ce zèle à propager ce qu’on croit vrai, ce que l’on sent aimable, et à y faire participer, à y convertir ses amis et l’univers, étaient lettre close pour Piron.
Ce noble projet, comme tant d’ébauches et tant de germes dignes de vie, est resté dans le royaume des limbes. […] Il a laissé un vif et poignant souvenir de son enseignement au cœur de ceux qui l’ont entendu : « On regrettera longtemps encore, me dit l’un des plus fidèles, le charme communicatif de cette parole sérieuse, animée et prudente, qui s’élevait parfois et qui, ressentant l’écho des nobles émotions qu’elle éveillait dans l’âme de ses auditeurs, touchait à la véritable éloquence… Pourquoi faut-il que tous ces trésors d’érudition, de conscience, d’élévation morale, le meilleur de lui-même, soient perdus pour le public ?
Les Mysiens, satisfaits, allaient se retirer ; mais Atys, qui avait entendu leur demande, apprenant que son père s’y était refusé, entra et parla en ces termes : « Ô mon père, c’était autrefois mon plus beau droit et mon plus noble privilége d’aller chercher la gloire à la guerre ou dans les chasses périlleuses. […] Dans ce nombre, les Pasargades sont les plus nobles, et c’est parmi eux que se trouve la famille des Achéménides, dont les rois perses sont sortis.
Le décor et les costumes de Paméla sont moins nobles et moins magnifiques ; et peut-être aussi que le Directoire est une période trop hybride et dont la description morale, même superficielle, comporte trop d’ironie pour que la foule y prenne un plaisir simple et sans mélange. […] Le noble dessein d’affranchir et d’élever le peuple, d’établir le règne de la justice, de fonder la cité idéale, et de tuer la bourgeoisie, est presque toujours né dans des cervelles de bourgeois.
Je crois voir encore son grand œil noir me regarder fixement ; puis il devint trouble et se ferma. » Carmen morte, sa vie est finie, il n’a plus qu’à galoper jusqu’à Cordoue pour se livrer, et attendre le garrot, privilège des nobles, qui ne sont pas pendus comme les vilains. […] Certaines personnes, n’ayant point de vraie distinction dans la tête ou dans le cœur, la cherchent dans leur mobilier, dans leurs habits, dans la noble tenue de leurs laquais ; les romanciers ne doivent point se laisser prendre à cette comédie ni croire qu’ils ont peint un monde distingué parce qu’ils ont peint un monde où chacun voudrait l’être et croit l’être, — y compris les concierges.
L’Allemagne du temps de Goetz de Berlichingen est si confuse, la guerre des Paysans est si peu montrée dans le drame de Gœthe et sous un angle si aigu (or c’était la grande chose à peindre, dans son épouvantable horreur, si Gœthe avait eu vraiment le génie tragique), les rapports des nobles de l’Empire et de l’Empereur sont si mal déterminés, qu’un talent d’une force moyenne — et il n’y a pas à accorder davantage si on n’est pas emporté dans la valse allemande qu’on danse en ce moment en l’honneur de Gœthe — se trouvera moins à l’aise là-dedans et moins lucide que dans Egmont. […] Le comique, en effet, a besoin d’être chaud, et noble à sa manière.
Ce n’est pas la fraternité que les philosophes ont recommandée au nom de la raison, en arguant de ce que tous les hommes participent originellement d’une même essence raisonnable : devant un idéal aussi noble on s’inclinera avec respect ; on s’efforcera de le réaliser s’il n’est pas trop gênant pour l’individu et pour la communauté ; on ne s’y attachera pas avec passion. […] Il y a une vulgarisation noble, qui respecte les contours de la vérité scientifique, et qui permet à des esprits simplement cultivés de se la représenter en gros jusqu’au jour où un effort supérieur leur en découvrira le détail et surtout leur en fera pénétrer profondément la signification.
Après avoir poliment éconduit, couronnées de roses, les Elvires et les Charlottes, pour n’enregistrer, parmi les convulsions de leurs âmes viriles, que les plus représentatives de la génération actuelle, pour mieux chanter l’infini des souffrances terrestres que chacun porte en soi45, — ils se sont efforcés de nous donner une poésie pleine, une poésie pure, une poésie complète sur le modèle de Pindare et des tragiques grecs46, une poésie noble, « haute comme un ciboire47 », une poésie d’idées où s’atteste le souci contemporain d’approfondir jusqu’à la passion les rapports de l’homme avec la nature et de l’homme avec l’homme. […] Le symboliste a conservé la force de s’indigner en face des lieux communs bourgeois, de pourfendre les images banales, de pulvériser le plâtre des métaphores creuses, et sa poésie se dresse devant nous comme le plus noble effort tenté depuis le romantisme pour rajeunir le verbe, calquer le mot sur l’état d’âme correspondant, serrer jusqu’au contact la sensation.
Mais il est très vrai que la pratique des auteurs anciens, ces lectures à la plume, l’habitude de s’arrêter au détail, tous ces exercices où le maître s’instruisait pour enseigner, ont donné au génie de Bossuet je ne sais quoi de plus modéré, et tout à la fois de plus aisé et de plus noble, En même temps, la liberté de la morale antique, cette sagesse aimable et riante, ces fortes et naïves peintures de l’homme actif, du citoyen, du guerrier, adoucissaient son austérité, et le préservaient de ces scrupules impérieux dont l’excès poussait un saint Grégoire à brûler les livres des anciens comme infidèles. […] Ne croyons pas qu’ils nous jugent par une mauvaise volonté ; et après tout, comme dit saint Augustin, cessons de nous étonner qu’ils imputent à des hommes des défauts humains148. » Aveu d’autant plus noble que Bossuet semble reconnaître comme possible, sinon confesser comme délibéré et volontaire, tout ce qui lui échappa au-delà des droits de la polémique. […] Il apercevait le calcul jusque dans la soumission ; et ce noble mandement par lequel Fénelon faisait connaître à ses diocésains la condamnation dont l’avait frappé le saint-siège, Leibniz y voyait l’acte d’un habile homme.
Plus d’une au cœur hautain, vaine de sa beauté et de son rang, a subi le dur servage de l’Amour : les plus nobles esprits En sont plus fort et plus soudain espris. […] À la fin, quand elle vit que j’avais brisé mes rênes, et que je courais à l’abîme, elle aima mieux m’abandonner que me suivre… … Cette Laure fut-elle réellement la fille d’Audibert de Noves, noble et riche chevalier, et l’épouse de l’acariâtre Hugues de Sade, patricien d’Avignon ? […] Alors la noble et docte Marguerite de France, sœur de Henri II, arracha soudain le livre des mains de Saint-Gelais, et récita le même passage, avec tant de feu et un si bel emportement, que le roi, qui avait le goût éclairé, ne tarda point échanger son indifférence en admiration. […] Il y a d’autres peintures, et vives et mignardes, dans l’ouvrage de Belleau, et, avec un peu d’exagération, ses amis de la Pléiade auraient pu dire : « Muses bucoliques, naguère dispersées, maintenant réunies, vous voilà de la même bergerie et dans un seul troupeau. » C’est ainsi qu’Artémidore parle de la réunion des poésies de Théocrite, habitant de la grande Syracuse, fils de Praxagoras et de la noble Philinna. […] On lui reprochait d’avoir quitté, après cette tragédie, le noble et sévère langage traditionnel, pour se faire des habitudes de style singulières.
De nos jours les coups de canne et les coups de poing n’ont pas tout à fait cessé de servir d’arguments ; mais les coups d’épée et de pistolet, considérés comme plus nobles, sont plus souvent de la partie. […] En ce temps-là, de même que la société était séparée en castes, les genres littéraires se divisaient en nobles et en roturiers ; l’épopée et la tragédie marchaient en tête comme des princes du sang ; l’oraison funèbre avait rang de cardinal ; l’ode et l’élégie suivaient fières et parées comme des ducs et pairs ; le sonnet était bon gentilhomme ; la comédie, quoique bourgeoise, avait par faveur ses entrées à la cour. […] Il place encore très haut la méditation religieuse (façon Lamartine), qui lui semble même trop noble et trop élevée pour des Français. […] Zola, chacun d’eux me semble prêcher pour une petite chapelle ; l’un nie le talent de ceux qui ont vu l’homme et la société par leurs beaux côtés ; l’autre refuse estime et sympathie aux romantiques, sous prétexte qu’ils ont manqué de bon sens ; aux réalistes, parce qu’ils ont manqué de noblesse ; il lui faut des caractères à la fois nobles et moyens, selon la formule d’Aristote et de Boileau. […] Anatole France se représente les nobles choses qu’emporterait avec lui, s’il disparaissait jamais de la terre, cet hôte incommode, mais heureusement immortel.
C’était une noble dame espagnole, la marquise de Guadalcazar, et je sus plus tard que la sombre religieuse, confusément aperçue, était la fille de cette somptueuse personne. […] — Surtout aux nobles et aux prêtres, ajouta tante Lili. — Sans compter les rois et les reines… enfin tu sauras cela plus tard… ton grand-père qui était ami des nobles et noble lui-même, fut arrêté pour cela, et enfermé, avec beaucoup d’autres, dans une prison d’Avignon, où ils attendaient tous qu’on vienne les chercher pour leur couper le cou. […] D’un pinceau, qui semblait trempé dans du miel, elle léchait, en effet, de petites toiles, qui le plus souvent la représentaient elle-même, bien enlaidie… À cause de ses beaux yeux andalous et de sa passion sincère pour la peinture, mon père recommanda, le mieux qu’il put, la jeune artiste, et, très reconnaissante, la vieille Maugrabine, apporta un jour, dans un petit panier, un angora blanc, tout bébé, qui lui était né d’une noble chatte… On baptisa le nouveau venu : Don Pierrot de Navarre, et ce fut un chat très aimé.
Je termine en recommandant la lecture de cette œuvre écrite avec sincérité et conviction, un peu dogmatique parfois, mais ouverte aux idées les plus nobles, les plus généreuses. […] Jobards, les nobles, les bourgeois, les gens du peuple, les vieillards, les femmes, les enfants guillotinés par les Camille Desmoulins, Robespierre, Danton et le reste qui, devenus jobards à leur tour s’entre-guillotinèrent ; jobards, Desaix et tous les soldats tombés sur les champs de bataille ; jobards, les savants qui sont tués dans leurs laboratoires, les médecins qui meurent d’une piqûre anatomique ; jobards, les missionnaires qu’on scie entre deux planches. […] Je ne vous demande pas pardon, mon cher ami, de vous donner tous ces détails ; ils sont ma pensée habituelle ; il faut que je me taise ou que je parle d’elle, et je suis sûr que vous prendrez plaisir aussi à suivre, jusque dans les dernières traces de son passage ici-bas, cette créature si noble et si tendre, une des plus nobles, comme me l’écrit Royer, qui aient jamais honoré la vie humaine. […] Saint-Saëns sur la révélation de l’âme, qui pour lui n’est qu’un moyen d’expliquer la production de la Pensée ; mais on devra reconnaître la bonne foi, l’impérieux besoin de la vérité qui se révèlent dans ce petit livre qui trahit de hautes et nobles inquiétudes. […] Le premier était celui d’une ardente sympathie pour nos soldats engagés dans la lutte, pour ces pauvres soldats, la vraie France, le vrai peuple, obéissant aux plus nobles mobiles, l’honneur, le devoir, en opposition à la populace, dont l’envie et les mauvais instincts étaient déchaînés par une poignée d’ambitieux.
» ou en style moderne, de rois, de grands, de nobles, de roturiers, de paysans ? […] Il dénombre, Lettre XLVII, la multitude des esclaves. « C’est un consulaire subjugué par sa vieille femme ; un riche, par sa servante ; un jeune noble, par des filles de théâtre : cette dernière servitude, la plus volontaire de toutes, est la plus honteuse. » « Tu te crois libre, et tu baises furtivement la main d’une jeune esclave ! […] Ce traité est adressé à Néron, au commencement de la seconde année de son règne ; aussi le ton en est-il noble et élevé, le style souvent ingénieux, mais plus simple, moins haché, et, s’il m’est permis d’emprunter une expression, de la peinture, plus large. […] Mais je pense que, même en supposant que Sénèque l’eût écrite, s’il avait pesé les circonstances, s’il s’était placé dans l’île de Corse, s’il eût moins considéré ce que l’on exige du philosophe, que ce que la nature de l’homme comporte, peut-être aurait-il été moins sévère ; et j’aurais désiré qu’avant de s’abandonner à sa noble indignation, il eût examiné si la supposition était vraie.
Toutes les strophes de cette pièce sont animées d’un noble orgueil. […] Pardonne, ô père, aux molles intelligences, si leur oreille paresseuse n’a pas encore entendu ton noble rugissement, si la fraude dépouille l’autruche, et si l’orgueil couvre de ses plumes les ailes de l’aigle céleste ! […] L’égoïsme de Lumley Ferrers est fertile en lieux communs ; Lumley ne se contente pas de rapporter tout à lui-même et de concentrer, dans son seul bien-être, toutes les, forces de sa pensée ; il aime à professer la sécheresse du cœur, à railler toutes les croyances, à tourner en ridicule les plus généreux, les plus nobles dévouements. […] C’est une noble faculté sans doute que l’impartialité ; mais il ne faut pourtant pas qu’elle réduise en cendres toute sympathie. […] Il y a sans doute dans cette scène des vers très bien faits, de nobles sentiments traduits dans un langage élevé ; mais j’ai peine à concevoir que Mucarade charge sa maîtresse, dont il connaît les antécédents, de persuader à Célie qu’elle ne mérite pas son mépris.
Ce grand magistrat n’avait guère alors plus de quarante ans ; il avait l’âme libérale et généreuse, et portée vers toutes les nobles idées de son siècle, en même temps qu’il tenait de la force du précédent.
Napoléon, bon juge et peu prodigue d’éloges, l’a mieux défini quand il a dit dans le récit du 18 Brumaire et en parlant des jours qui avaient précédé : Il (le général Bonaparte) n’admettait dans sa maison que les savants, les généraux de sa suite, et quelques amis : Regnault de Saint-Jean-d’Angély, qu’il avait employé en Italie en 1797, et que depuis il avait placé à Malte ; Volney, auteur d’un très bon Voyage en Égypte ; Roederer, dont il estimait les nobles sentiments et la probité… C’est dans le mois de ventôse an VI (vers mars 1798), deux mois avant le départ pour l’Égypte, que Roederer vit pour la première fois le général Bonaparte, auquel il devra bientôt d’acquérir tout son relief et toute sa valeur : J’ai dîné avec lui, dit-il, chez Talleyrand-Périgord.
Parmi les dames russes qui, chaque été, passent à Genève allant en Italie, il avait beaucoup rencontré dans le monde et vu dans l’intimité une jeune personne d’un mérite solide sous le brillant de la jeunesse, d’une intelligence généreuse, sympathique, ouverte à tout ce qui est noble et beau ; il s’était lié avec elle, avec Mlle de Klustine.
Boissonade né en 1774, fils d’un militaire gentilhomme qui mourut gouverneur de Castel-Jaloux, se nommait Boissonade de Fontarabie et était de souche noble et ancienne.
Nous sommes ici à l’époque chevaleresque, tout à la fin du xiie siècle ou au début du xiie ; un siècle entier s’est écoulé depuis la mort du Cid ; un idéal s’est créé à son sujet : il est devenu une figure noble et pure, et même douce autant que fière, un modèle de chevalerie en cette civilisation féodale.
Noble historien de la Grande Armée, témoin véridique de nos grandeurs et de nos héroïques désastres, vous avez mérité aussi que l’on dise de vous que vous êtes le juge d’instruction modèle dans cet ordre pacifique des vertus.
Lorsque M. de Montmorency fut nommé membre de l’Académie française (1825), il eut la noble idée de céder son traitement à un homme de lettres dans le besoin, ce qu’avait fait précédemment Lucien Bonaparte, qui, l’on s’en souvient, avait cédé sa pension de l’Institut à Béranger commençant.
Chez les plus nobles, c’est encore l’amour de leur renommée qui domine, et on les voit en cheveux gris s’acharner juqu’au bout à cette guirlande puérile.
Il a fallu que j’arrivasse à trente ans, que mes observations se soient mûries et condensées, qu’un jet de lumière les ait même encore éclairées, pour que je pusse comprendre toute la portée des phénomènes dont j’ai été le témoin ignorant. » Il fallut peut-être à M. de Balzac, pour éveiller et ressusciter cet ancien Lambert enseveli en lui, qu’un éclair lui vînt, tombé du front d’Hébal, ce noble frère de la même famille.
Il le presse de questions sur les nobles de sa province, sur les tenants et aboutissants de chaque famille : « Je sais bien que la généalogie ne fait pas votre étude, comme elle aurait été ma marotte si j’eusse été d’une fortune à étudier selon ma fantaisie. » Il complimente son frère et se réjouit de le voir touché de la même passion que lui, de connoître jusqu’aux moindres particularités des grands hommes.
. ; elle est d’un caractère un peu plus noble, au moins plus hardi.