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2085. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

. — « Je rêvais — lui dit-elle — un homme assez supérieur pour ne me demander compte de rien, pour vouloir bien être l’amant de mes impressions… Tu ne l’as pas voulu ; ton cœur est un grand seigneur qui ne veut rien accepter… N’en parlons plus ! 

2086. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

L’homme, avec ses yeux lumineux, le poli de marbre de la chair de sa figure, sa bouche sarcastique, ressemble beaucoup à un prélat de race supérieure, à un prélat romain.

2087. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

L’Égypte, le sentant avec raison colosse et un peu égyptien, lui décerna le nom de Pimander, qui signifie Intelligence supérieure.

2088. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Thierry, du Moniteur), dans une appréciation supérieure : pour trouver quelque parenté à cette poésie implacable, à ce vers brutal, condensé et sonore, ce vers d’airain qui sue du sang, il faut remonter jusqu’au Dante, Magnus Parens !

2089. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Le problème général de l’éducation intellectuelle consiste à faire parvenir, en peu d’années, un seul entendement, le plus souvent médiocre, au même point de développement qui a été atteint, dans une longue suite de siècles par un grand nombre de génies supérieurs appliquant successivement, pendant leur vie entière, toutes leurs forces à l’étude d’un même sujet.

2090. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Ils le vantaient outrageusement, croyant par là se l’attacher, quoiqu’il ne ressemblât nullement aux gens de ce temps à compères, qui cultivent les journaux et composent leurs salles de spectacles avec un talent supérieur à leurs pièces… Toute leur vie, ils l’avaient regardé comme un gros canon de leur arsenal, un gros canon qui — politiquement — n’avait pas tiré encore, mais qui tirerait, à coup sûr.

2091. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

… Deux vertus, nous dit Vivès, sont particulièrement requises chez la femme mariée : « C’est honneste pudicité et amour grande et souveraine à son mary. » La femme « se segrège et sépare de ses progénitures, consanguins, prochains et amys, pour se exposer et suyvre du tout son mary, comme aussi faict le religieux qui mect sa volunté en la main du supérieur . » « Il ne suffit aymer son mary comme frère germain, parent ou aultre amy ; car, avec l’amour, crainte ou révérence, doit grande obéissance et service, selon les ordonnances des droictz de nature, qui commandent la femme estre subjecte à l’homme et lui obéyr. » Et encore : « Femme qui veult dominer son mary, c’est comme le chevalier qui veult commander à l’empereur, le paysan à son seigneur, la lune au soleil, et le bras à la teste. […] Bien qu’on soit deux moitiés de la société, Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité : L’une est moitié suprême et l’autre est subalterne ; L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne ; Et ce que le soldat dans son devoir instruit Montre d’obéissance au chef qui le conduit, Le valet à son maître, un enfant à son père, A son supérieur, le moindre petit frère, N’approche point encor de la docilité, Et de l’obéissance, et de l’humilité, Et du profond respect où la femme doit être Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître. […] L’âme d’un titi supérieur sonne dans son rire, dont il est impossible de ne pas aimer le joli timbre légèrement nasillard. […] Les parents et les camarades des lauréats, le petit monde du parterre et des galeries supérieures, applaudit ou proteste, et surtout fait du tapage pour faire du tapage.

2092. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Alexandre Dumas, a très bien dit : « Si l’art n’était que la reproduction exacte de la nature, il resterait toujours inférieur à elle, puisqu’il ne pourrait jamais prétendre ni à l’ampleur, ni à l’étendue, ni à la fécondité, ni à l’ensemble, ni à la variété du modèle ; et, constaté inférieur, il deviendrait inutile ; tandis que, s’il est toujours au-dessous de la nature prise dans sa totalité, il peut être son égal, il peut être supérieur à elle quand il fait son choix dans ses innombrables parties. […] Le troisième poète de ce groupe, Du Ryer, semble supérieur à Tristan et à Mairet : son vers est large et facile, d’une fluidité et d’une mollesse italiennes. […] Voltaire entend par ces mots « la soumission qui suit aveuglément les ordres d’un supérieur ». […] Les faiseurs d’objections sont des esprits stériles ; les génies, comme le nom l’exprime, sont des générateurs qui créent la vie : non pas la vie réelle et plate, mais la vie idéale, la vie supérieure, qui est la vraie, la seule réalité. […] Dans cet A qui lit il se défendait du titre d’auteur, comme peu noble, peu séant à un homme de qualité, se vantant d’être sorti d’« une maison où l’on n’avait jamais eu de plume qu’au chapeau », et ajoutait : « Je veux apprendre à écrire de la main gauche, afin d’employer la droite plus noblement. » C’est ainsi que le duc de Saint-Simon dira : « Je ne fus jamais un sujet académique. » Au milieu du dix-huitième siècle seulement, le titre d’homme de lettres deviendra un titre de noblesse, égal ou supérieur aux autres.

2093. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Ils versaient le sang au hasard, arrachaient le morceau de pain de la bouche des malheureux et prenaient tout l’argent, les biens, la terre97. » Par exemple, « tous les gens du pays bas avaient grand soin de paraître humbles devant Ives Taillebois, et de ne lui adresser la parole qu’un genou en terre ; mais quoiqu’ils s’empressassent de lui rendre tous les honneurs possibles et de payer tout ce qu’ils lui devaient et au-delà, en redevances et en services, il les vexait, les tourmentait, les torturait, les emprisonnait, lançait ses chiens à la poursuite du bétail…, cassait les jambes et l’échine des bêtes de somme…, et faisait assaillir leurs serviteurs sur les routes à coups de bâton ou d’épée. » Ce n’était pas à de pareils malheureux98 que les Normands pouvaient ou voulaient emprunter quelque idée ou quelque coutume ; ils les méprisaient comme « brutaux et stupides. » Ils étaient parmi eux, comme les Espagnols au seizième siècle parmi leurs sujets d’Amérique, supérieurs par la force, supérieurs par la culture, plus instruits dans les lettres, plus experts dans les arts de luxe.

2094. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

. —  En quoi Byron lui est supérieur. —  Conception du caractère et de l’action dans Byron. —  Caractère dramatique de son poëme. —  Opposition entre le poëte de l’univers et le poëte de la personne. […] Quoi d’étonnant si la vertu ou la raison humaine, comme la forme vivante ou comme la matière organique, parfois défaille ou se décompose, puisque comme elles, et comme tout être supérieur et complexe, elle a pour soutiens et pour maîtresses des forces inférieures et simples qui, suivant les circonstances, tantôt la maintiennent par leur harmonie, tantôt la défont par leur désaccord ?

2095. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Quoiqu’écrivain supérieur à Balzac dans la perfection des détails et dans le portrait des personnages, hommes ou femmes, il n’atteignit pas du premier coup la grandeur de son cadre, il ne sut pas ramener comme nos romanciers la diversité des caractères à l’unité dramatique. […] Celui de ses ouvrages publiés jusqu’ici où éclatent le plus ses qualités et ses défaillances, a paru tout récemment, sous le titre d’une Nichée de gentilshommes ; c’est évidemment une peinture des mœurs de la classe élégante supérieure à la bourgeoisie et au commun dans l’empire.

2096. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Il n’en use que pour entasser descriptions sur descriptions et pour se jeter presqu’à chaque page dans des digressions dignes d’une marchande de modes ou d’un tapissier ; le but du livre paraît être de rendre le plus exactement possible la coupe d’une robe, la forme d’un fauteuil, la tenture d’une chambre ; il semblerait que tous les êtres supérieurs rassemblés là ont réduit le bonheur à se connaître en étoffes. […] Janin est plus artiste que le grand nombre de ceux qui l’attaquent ; il a, dans un degré bien supérieur, la sensation du beau qui est tout autre chose que le jugement ; la nature l’a doué de sens exquis sous ce rapport : c’est un malheur qu’elle ait oublié aussi complètement de le pourvoir des facultés sérieuses de l’écrivain.

2097. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Quoi qu’il en soit, les mots les plus usés réveillent toujours à quelque degré le groupe d’images qui leur est habituellement associé ; l’avocat le plus diffus et le plus incolore, plaidant devant les juges les plus blasés, suscitera toujours quelque chose dans leurs esprits, jusqu’à l’instant où la monotonie du débit et la banalité des arguments auront amené dans l’état psychique de ses auditeurs une perturbation toute spéciale : quand les mots n’ont plus de sens ou qu’ils ont perdu leur signification traditionnelle, un état nouveau est apparu, l’état de sommeil290, état intermittent, qui disparaît sans laisser de traces et qui, bien qu’il occupe une part importante de notre vie, reste sans influence sur le fonctionnement normal de nos facultés291 ; au réveil, les mots reprennent les significations qu’ils avaient momentanément abandonnées, et, tant que dure l’état de veille, ils ont un sens, un sens déterminé ; l’intensité minimum des idées que provoque la parole, intérieure ou extérieure, est toujours positive, c’est-à-dire supérieure à zéro. […] Si la partie supérieure de cette figure se détache, nous avons 4°, c’est-à-dire un signe arbitraire, impartial, sans rapport d’analogie avec l’idée ; la disposition interne de l’idée est alors parfaite, c’est-à-dire conforme à la généralité que l’esprit attribue à son concept.

2098. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Lord Chesterfield écrivait, en janvier 1750, à son fils, qu’il voulait former au parfait bon ton, et dont l’étoffe était si rebelle : Lorsque vous voyez qu’un homme est universellement reconnu pour agréable, bien élevé, aimable, en un mot pour un parfait gentilhomme, tel, par exemple, que le duc de Nivernais, examinez-le, suivez-le avec soin, remarquez de quel air il s’adresse à ses supérieurs, sur quel ton il est avec ses égaux et comment il traite ses inférieurs.

2099. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

« Tant que les philosophes ne seront pas rois, ou que ceux qu’on appelle aujourd’hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes ; tant que la puissance politique et la philosophie ne se trouveront pas ensemble, et qu’une loi supérieure n’écartera pas la foule de ceux qui s’attachent exclusivement aujourd’hui à l’une ou à l’autre, il n’est point, ô mon cher Glaucon, de remède au maux qui désolent les États, ni même, selon moi, à ceux du genre humain, et jamais notre État ne pourra naître et voir la lumière du jour.

2100. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Ce livre, comme tous ces livres d’art supérieur, n’est évidemment pas son but à lui-même.

2101. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

C’était l’odeur de quelques maïs dorés qui formaient le plancher supérieur de la chambre et de quelques corbeilles de raisins aussi qui étaient sur la couverture des deux lits de la double alcôve.

2102. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

La musique a de plus, pour le musicien ou pour le chanteur, une autre séduction toute-puissante non-seulement sur les sens, mais sur l’âme même des femmes supérieures, c’est qu’elles attribuent naturellement à celui qu’elles écoutent les sentiments exprimés par la musique elle-même ; ces notes délicieuses, passionnées, héroïques de la voix ou de l’instrument leur paraissent contenir une âme ; à l’émission de ces sublimes ou touchants accords, elles ne peuvent séparer la musique du musicien, et la magie de l’air, de la voix ou de l’instrument se confond dans leur impression avec la magie de l’homme.

2103. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Voix vivante, animée, qui sait ce qu’elle dit et ce qu’elle chante, bien supérieure, à mon avis, à la voix stupide et sans conscience de la cloche de nos cathédrales.

2104. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Le fond de l’esprit mondain, c’est de se séparer, avec tout ce qui le touche ou lui sert, de ce qui n’est pas le monde ; c’est d’établir, par-dessus la vulgaire distinction du vrai et du faux, du bien et du mal, un nouveau principe de distinction à l’aide duquel tout se jugera et se classera : ce principe est l’idée des convenances, qui crée un genre nouveau de beauté, la distinction ; une chose, un acte qui présentent une sorte de perfection supérieure dans la conformité aux convenances, sont distingues.

2105. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Comptez dans combien d’œuvres (je ne dis pas toutes supérieures, hélas !)

2106. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

C’est pour des raisons d’un ordre supérieur que je m’abstiens, avec la conscience d’avoir agi exclusivement en artiste, et avec la certitude d’être approuvé par tous les honnêtes gens.

2107. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Il végète ainsi sous la plante, comme la statue dort dans le bloc, attendant le mot magique ; le ciseau plastique qui le déracinera de la glèbe pour l’appeler à une existence supérieure.

2108. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Adolphe Lacuzon déclarait (1902) dans la préface d’Éternité : « Le don du Poète est une condition psychique supérieure, comme l’héroïsme.

2109. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

L’artiste s’élève sur l’aile du génie jusqu’à la sphère supérieure où les objets réels apparaissent dans leurs types, plus complets et plus beaux.

2110. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Oui, Celle-là (serais-tu perdu en une salle, spectateur très étranger, Ami) pour peu que tu déposes avec soumission, à ses pieds d’inconsciente révélatrice, ainsi que les roses qu’enlève et jette en la visibilité de régions supérieures un jeu de ses chaussons de satin pâle et vertigineux, la Fleur de ion poétique instinct n’attendant de rien autre la mise en évidence et sous le vrai jour des mille imaginations latentes : alors, par un commerce dont son sourire paraît verser le secret, sans tarder elle te livre à travers le voile dernier qui toujours reste, la nudité de tes concepts et silencieusement écrira ta vision à la façon d’un Signe, qu’elle est.

2111. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Mais cela veut dire aussi, en prenant les choses d’une manière plus large, qu’Ulysse est un rôle faible relativement aux grandes idées et aux grandes choses qu’il représente, et que ces grandes idées et ces grandes choses ne pouvaient être exprimées et représentées avec une autorité supérieure et un caractère grand, terrible et supraterrestre que par Calchas lui-même. […] Il faut savoir qu’un récit écrit par Racine est supérieur à toutes les actions théâtrales. » Avec ses qualités et ses défauts, Iphigénie reste donc une pièce d’une très grande beauté, sans même qu’on entre dans la considération de la manière dont elle est écrite. […] Elle s’est déclarée artiste supérieure. Le comédien supérieur, c’est celui qui n’a pas d’emploi et qui joue tout ce qu’on lui propose, sûr d’être excellent dans les rôles qui sont conformes à sa nature et très intéressant dans ceux qui y sont les plus contraires. […] Il lui a été évidemment inspiré d’abord par la coupure assez impertinente que les comédiens français se permettent (depuis très longtemps) de faire dans le rôle de Trissotin ; ensuite par la façon dont le rôle est joué par M. de Féraudy, acteur, du reste, supérieur.

2112. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

On remarquera que ses sentiments étaient presque tous extrêmes, ce qui appartient, en général, au talent supérieur, mais ce qui est une source de fautes et de malheurs. […] Il faut l’avouer, tous ces sentiments délicats et tendres sont prodigieusement supérieurs aux jolies descriptions du sophiste grec. […] « J’ai apprécié moi-même, dit Chetle, ses manières, non moins civiles que son talent est supérieur ; et des personnes considérables m’ont parlé de la droiture de ses procédés, qui atteste son honnêteté, et de sa grâce facile, qui prouve son art. » Shakspeare, toutefois, en publiant, l’année suivante, un poème de Vénus et Adonis, appelle cet ouvrage le premier-né de son imagination, soit qu’il attachât peu de prix à sa part de travail dans des drames anonymes, soit plutôt qu’avant ce travail, et pour s’y préparer, il eut composé depuis quelques années le poème dont il offrait alors la dédicace à lord Southampton, l’un des plus aimables seigneurs de la cour galante d’Élisabeth. […] Whitelocke était un politique habile, un des premiers conseillers de Cromwell : il se croyait sans doute fort supérieur au vieux secrétaire aveugle qu’il désigne si légèrement ; et cependant Whitelocke, et tous les négociateurs, tous les conseillers d’État, tous les hommes importants de cette époque, ont laissé bien peu de souvenirs, tandis que la gloire de Milton remplit le monde ; mais parmi ses contemporains, haï des uns, dédaigné des autres, il portait doublement la peine des services où il avait abaissé son génie. […] Accablé d’infirmités et de vieillesse à l’âge de cinquante-six ans, Pope mourut le 2 mai 1744, pleuré de quelques amis, et surtout de Bolingbroke, dont l’esprit supérieur et l’âme ardente, mobile, capricieuse, paraissent avoir éprouvé pour Pope une affection à peu près invariable.

2113. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Et cependant c’est grâce à cette langue qu’elle atteint les idées supérieures. […] Alors paraît la maladie du siècle, l’inquiétude de Werther et de Faust, toute semblable à celle qui, dans un moment semblable, agita les hommes il y a dix-huit siècles : je veux dire le mécontentement du présent, le vague désir d’une beauté supérieure et d’un bonheur idéal, la douloureuse aspiration vers l’infini.

2114. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Heureusement, Jacquemont, qui est un grand savant, est aussi un homme supérieur dans l’aventure. […] Cette communication inattendue avait réveillé son zèle scientifique ; c’était comme un noble défi d’ajouter par ses observations personnelles aux expériences déjà si décisives de ces deux savants célèbres ; il espérait découvrir au pied des Ghates, et sur leurs croupes, des couches tertiaires et alluviales, et trouver, dans les accidents de leur stratification sur ces montagnes, des éléments supérieurs à toutes les conjectures précédentes pour la solution du problème important de leur âge géologique.

2115. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

« Viens là… » fit la mère à sa fille d’un geste tendre… Plus près, encore plus… Elle n’oserait jamais, tout haut… Et même, si rapprochées, cœur contre cœur, elle hésitait encore : « Écoute, c’est lui qui le veut… Il veut que je te dise que ta destinée est celle de toutes les femmes, et que ta mère n’y a pas échappé. » Rosalie s’épouvantait de cette confidence qu’elle devinait aux premiers mots, tandis qu’une chère vieille voix brisée de larmes articulait à peine une triste, bien triste histoire de tous points semblable à la sienne, l’adultère du mari dès les premiers temps du ménage, comme si la devise de ces pauvres êtres accouplés étant « trompe-moi ou je le trompe » l’homme s’empressait de commencer pour garder son rang supérieur. […] En haut, une galerie supérieure, disposée en tribune, dominait la salle. […] Il était aimé parce qu’il n’y avait chez nous que de l’amour ; mais il était le moins aimé, à cause de sa piété supérieure et de sa modestie trop haute. […] Il est nombre d’œuvres distinguées qui n’ont pas eu de succès par la faute des interprètes chargés de les représenter ; il est nombre d’œuvres médiocres qui ont dû à des interprètes supérieurs une vogue retentissante, mais éphémère, qu’elles n’ont plus retrouvée quand on a voulu les reprendre plus tard avec des interprètes nouveaux et moyens.

2116. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

On se tenait pour content des poètes que l’on avait, et — si j’en crois du moins le vieil Étienne Pasquier, dans un curieux chapitre de ses Recherches de la France — Ronsard n’était pas le seul dont on trouvât les imitations égales ou supérieures même à leurs originaux. […] Rien n’a paru plus insupportable à l’arrogance des libertins, que de se voir continuellement observés par cet œil toujours veillant de la Providence ; il leur a paru, à ces libertins, que c’était une contrainte importune de reconnaître qu’il y eût au ciel une force supérieure qui gouvernât tous nos mouvements et châtiât nos actions déréglées avec une autorité souveraine. […] Prouvons, par le désordre même, qu’il y a un ordre supérieur qui rapporte tout à soi par une loi immuable, et bâtissons les forteresses de Juda des débris et des ruines de celle de Samarie. » Ai-je besoin de faire observer qu’en prêchant ici le dogme, Bossuet ne le détachera pas de l’usage ou de l’application que son auditeur en doit faire ? […] Une traduction du grec — exquise d’ailleurs en son vieux style, supérieure même à son original — a fondé, comme on sait, l’immortalité d’Amyot, et Montaigne, avec sa manie de citer, ne sera-t-il pas toujours un peu suspect de n’avoir connu l’homme qu’à travers Plutarque ou Sénèque ?

2117. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Vous allez vous précipiter datas un chaos d’affaires d’où ni votre zèle, ni vos talents supérieurs ne vous tireront pas. […] « Avec votre égal la vengeance est douteuse ; avec votre supérieur, c’est une folie ; avec votre inférieur, c’est une lâcheté. » Le chapitre XXX est très-beau. […] Pourquoi ce ton soumis avec vos supérieurs ? […] Polybe était trop habile courtisan pour solliciter le rappel d’un homme qui lui était aussi supérieur que Sénèque. […] Le plus beau de la nation, le plus digne du culte des mortels ; un génie plein de vigueur, un génie supérieur à tous les obstacles.

2118. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Chez elle : Liberté, Égalité, Fraternité, ne veulent dire qu’asservissement ou mort des classes supérieures. […] Pas un officier supérieur donnant des ordres. […] Jeudi 27 juillet La supérieure de l’hôpital disait à ma cousine, que les officiers prussiens avaient pour leurs soldats malades, pour leurs soldats blessés, des soins de femme, des soins de mère.

2119. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

En lisant ces vers, nous sentons s’éveiller et murmurer au dedans de nous cet écho du Vallon : J’ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie… On peut dire qu’en général l’élégie de Lamartine commence là où celle de Parny se termine, à la douleur, à la séparation, au désespoir ; mais le poëte moderne a su rajeunir, revivifier tout cela par les espérances d’immortalité et par l’essor aux sphères supérieures : ainsi les plus beaux sonnets de Pétrarque sont ceux qui naissent après la mort de Laure.

2120. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

« Les bas-reliefs assyriens sont supérieurs, au point de vue de la plastique, aux bas-reliefs égyptiens, dans lesquels il ne faut voir, avec O. 

2121. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Laissez faire cela à des plumes qui vous sont mille fois inférieures en scènes de champ de bataille et de palais, mais supérieures en scènes de cabaret et de barrière !

2122. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Tout ce qui est souffre ; tout ce qui est supérieur souffre supérieurement.

2123. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Lorsque Romaine, amenée à l’hôpital, reconnaît dans Barnier son ancien amant, est opérée par lui d’un cancer au sein et meurt désespérée et blasphémante, ce qui se passe chez la sœur Philomène, ce qui s’éveille et se glisse d’inconsciente jalousie de femme sous ses scrupules et ses effrois de sainte, tout cela est profondément observé et nuancé à ravir  Anatole (dans Manette Salomon) n’est pas seulement supérieur aux bohèmes de Mürger par la variété et la vérité souvent douloureuse de ses aventures : la nature complexe de cet étourdissant et très sympathique raté est merveilleusement démêlée.

2124. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Tant de grandeur le frappe d’admiration, et il proclame l’homme supérieur à l’univers ; mais bientôt tant de misères le confondent, et il met l’homme au-dessous du néant.

2125. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Chez les animaux supérieurs, la division et la spécialité croissantes des fonctions vitales, sous la croissante suprématie du cerveau, donnent aux réflexes de la moelle et des centres inférieurs l’apparence superficielle de mouvements tout mécaniques.

2126. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Non, je ne crains pas d’affirmer, après les avoir étudiées dans tous les états et dans tous les pays, que la vie ne vaut pas le prix de travail, de misère, de peines, de supplices par lequel on achète la vie, et que, si on mettait, au dernier jour, dans les deux bassins d’une balance, d’un côté la vie physique, et de l’autre ce que coûte le pain qui a alimenté la vie physique, le prix que l’existence physique coûte ne parût supérieur à ce qu’elle vaut, et qu’à fin de compte ce ne fût la peine qui fût redevable à la vie !

2127. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Mais à cela près, Tourgueneff est très supérieur à de Maistre, l’auteur du Lépreux. […] Ce Klimof se considérait comme un être supérieur, outragé par la fortune, indigne de vivre obscurément dans un des quartiers reculés de Moscou, et déclarant, en se frappant la poitrine, que, lorsqu’il buvait, c’était pour noyer son chagrin.

2128. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

) Impetratum est à consuetudine ut peccare suavitatis causâ liceret : c’est à l’usage qu’il attribue les fautes dont il parle, impetratum est à consuetudine ; & conséquemment il reconnoît une regle independante de l’usage & supérieure à l’usage ; c’est la nature même, dont les décisions relatives à l’art de la parole forment le corps de la science grammaticale. […] Si les parties mobiles de l’organe restoient dans l’état où ce mouvement les met d’abord, ou l’on n’entendroit rien, ou l’on n’entendroit qu’un sifflement causé par l’échappement contraint de l’air hors de la bouche : pour s’en assûrer, on n’a qu’à réunir les levres comme pour articuler un p, ou approcher la levre inférieure des dents supérieures, comme pour prononcer un v, & tâcher de produire le son a, sans changer cette position. […] Je crois, par exemple, que lege exprime une simple exhortation, un conseil, un avertissement, une priere même, ou tout au plus un consentement, une simple permission ; & que legito marque un commandement exprès & absolu, ou du-moins une exhortation si pressante, qu’elle semble exiger l’exécution aussi impérieusement que l’autorité même : dans le premier cas, celui qui parle est ou un subalterne qui prie, ou un égal qui donne son avis ; s’il est supérieur, c’est un supérieur plein de bonté, qui consent à ce que l’on desire, & qui par ménagement, déguise les droits de son autorité sous le ton d’un égal qui conseille ou qui avertit : dans le second cas, celui qui parle est un maître qui veut absolument être obéi, ou un égal qui veut rendre bien sensible le desir qu’il a de l’exécution, en imitant le ton impérieux qui ne souffre point de délai.

2129. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Nous sont-ils supérieurs, égaux, inférieurs ? […] Est-il la beauté supérieure à la beauté vraie… « pulchritudinem quæ est supra veram… » une seconde nature glorifiée ? […] Sans copier jamais, il a fait vrai, de cette Vérité personnelle et supérieure qui tend à se revêtir de Beauté. […] On peut supposer qu’un amour trop soigneux des détails, pourtant tous graves et desquels chacun reflète l’ensemble, efface en lui ce besoin supérieur de coaliser pour un seul but tous les efforts de la pensée. […] N’ayant point de foi, le dilettante est infécond et le sourire supérieur de cet homme dont le regard, le geste, la parole révèlent l’intelligence extraordinaire, intimide chez les autres la création.

2130. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Fénelon, Pascal, Racine, sainte Thérèse, Job et Virgile s’entremêlent sans cesse ; il est vrai que tout à côté l’auteur compare avec délectation Delille et Saint-Lambert, qu’il groupe ensemble Léonard, Florian et Berquin, comme ne formant à eux trois qu’un seul génie ; Goethe, par son Werther, lui paraît pourtant supérieur.

2131. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Il fut le premier et longtemps l’unique maître de ce fils adoré (fils naturel, je le crois), dont l’éducation ainsi resta presque entièrement privée et qui ne parut au collège que dans les classes supérieures.

2132. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Il est clair qu’avec de tels revenus et les droits féodaux de police, de justice, d’administration qui les accompagnent, un grand seigneur ecclésiastique ou laïque est, de fait, une sorte de prince dans son district, qu’il ressemble trop à l’ancien souverain pour avoir le droit de vivre en particulier ordinaire, que ses avantages privés lui imposent un caractère public, que son titre supérieur et ses profits énormes l’obligent à des services proportionnés, et que, même sous la domination de l’intendant, il doit à ses vassaux, à ses tenanciers, à ses censitaires, le secours de son intervention, de son patronage et de ses bienfaits.

2133. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Car, comme de nous-mêmes nous ne sommes capables que de mal faire, sans leur secours nous ne saurions faire du bien. » (L’idée est vraie, le barbare commence bien, il n’y a qu’un moyen de parler d’un ton supérieur à un plus puissant que soi, c’est de prendre son appui sur un plus puissant que lui.

2134. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Ce fut l’origine de sa colère contre les rangs supérieurs de l’ordre social, tant cultivés par lui jusque-là ; il a la franchise un peu basse de l’avouer : « La justice et l’inutilité de mes plaintes, dit-il, me laissèrent dans l’âme un germe d’indignation contre nos sottes institutions civiles, où le bien public et la véritable justice sont toujours sacrifiés à je ne sais quel ordre apparent, destructif en effet de tout ordre.

2135. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Or, du moment où les papes ont un gouvernement, ils ont des ministres ; et si au nombre de ces ministres ils ont le bonheur de trouver un homme supérieur, modéré, dévoué jusqu’à l’exil et jusqu’à la mort, comme Sully était censé l’être à Henri IV ; si ce rare phénix, né dans la prospérité, éprouvé par les vicissitudes du pouvoir et du temps, continue pendant vingt-cinq ans, au milieu des fortunes les plus diverses, en butte aux persécutions les plus acerbes et les plus odieuses, à partager dans le ministre, sans cause, les adversités de son maître ; si le souverain sensible et reconnaissant a payé de son amitié constante l’affection, sublime de son ministre, et si ce gouvernement de l’amitié a donné au monde le touchant exemple du sentiment dans les affaires, et montré aux peuples que la vertu privée complète la vertu publique dans le maître comme dans le serviteur ; pourquoi des écrivains honnêtes ne rendraient-ils pas justice et hommage à ce phénomène si rare dans l’histoire des gouvernements, et ne proclameraient-ils pas dans Pie VII et dans Consalvi le gouvernement de l’amitié ?

2136. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Deux peintures sont ; l’une, immédiate, la peinture dite réaliste, donnant l’image exacte des choses, vues par la vision spéciale du peintre ; l’autre, médiate, comme une Poésie de la peinture, insoucieuse des formes réelles, combinant les contours et les nuances en pure fantaisie, produisant aux âmes, non la vision directe des choses, mais — conséquence de séculaires associations entre les images et les sentiments, — un monde d’émotion vivante et bienheureuse : deux peintures sont, toutes deux également légitimes et sacrées, formes diverses d’un Réalisme supérieur, et que le Wagnériste trouve, toutes deux, sur la voie tracée à l’Art par le Maître vénéré.

2137. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

À quelques jours de là, Hetzel lui faisait dire de passer chez lui, et dans une entrevue féroce, lui déclarait qu’il n’avait aucun talent, n’en aurait jamais, que c’était écrit d’une manière exécrable, qu’il recommençait la Commune de Paris dans la langue française, qu’il était un détraqué de croire, qu’un mot valait plus qu’un autre, de croire qu’il y avait des épithètes supérieures… Et Huysmans me peignait l’anxiété que cette scène avait mise dans le cœur de sa mère, pleine de confiance dans le jugement de l’éditeur, en même temps, que la douloureuse méfiance qui lui était venue à lui, de son talent.

2138. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Mais comme les autres passions divines y parlent une langue supérieure aux langueurs de la passion des sens !

2139. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

À cela je réponds qu’on peut exercer et étendre la mémoire des enfants aussi facilement et plus utilement avec d’autres connaissances que des mots grecs et latins ; qu’il faut autant de mémoire pour apprendre exactement la chronologie, la géographie et l’histoire, que le dictionnaire et la syntaxe ; que les exemples d’hommes qui n’ont jamais su ni grec ni latin, et dont la mémoire n’en est ni moins fidèle, ni moins étendue, ne sont pas rares ; qu’il est faux qu’on ne puisse tirer parti que de la mémoire des enfants ; qu’ils ont plus de raison que n’en exigent des éléments d’arithmétique, de géométrie et d’histoire ; qu’il est d’expérience qu’ils retiennent tout indistinctement ; que quand ils n’auraient pas cette dose de raison qui convient aux sciences que je viens de nommer, ce n’est point à l’étude des langues qu’il faudrait accorder la préférence, à moins qu’on ne se proposât de les enseigner comme on apprend la langue maternelle, par usage, par un exercice journalier, méthode très avantageuse sans cloute, mais impraticable dans un enseignement public, dans une école mêlée de commensaux et d’externes ; que l’enseignement des langues se fait par des rudiments et d’autres livres ; c’est-à-dire qu’elle y est montrée par principes raisonnes, et que je ne connais pas de science plus épineuse ; que c’est l’application continuelle d’une logique très-fine, d’une métaphysique subtile, que je ne crois pas seulement supérieure à la capacité de l’enfance, mais encore à l’intelligence de la généralité des hommes faits, et la preuve en est consignée dans l’Encyclopédie, à l’article CONSTRUCTION, du célèbre Dumarsais, et à tous les articles de grammaire ; que si les langues sont des connaissances instrumentales, ce n’est pas pour les élèves, mais pour les maîtres ; que c’est mettre à la main d’un apprenti forgeron un marteau dont il ne peut ni empoigner le manche, ni vaincre le poids ; que si ce sont des clefs, ces clefs sont trèsdifficiles à saisir, très-dures à tourner ; qu’elles ne sont à l’usage que d’un très-petit nombre de conditions ; qu’à consulter l’expérience et à interroger les meilleurs étudiants de nos classes, on trouvera que l’étude s’en fait mal dans la jeunesse ; qu’elle excède de fatigue et d’ennui ; qu’elle occupe cinq ou six années, au bout desquelles on n’en entend pas seulement les mots techniques ; que les définitions rigoureuses des termes génitif, ablatif, verbes personnels, impersonnels sont peut-être encore à faire ; que la théorie précise des temps des verbes ne le cède guère en difficulté aux propositions de la philosophie de Newton, et je demande qu’on en fasse l’essai dans l’Encyclopédie, où ce sujet est supérieurement traité à l’article TEMPS ; que les jeunes étudiants ne savent ni le grec ni le latin qu’on leur a si longtemps enseigné, ni les sciences auxquelles on les aurait initiés ; que les plus habiles sont forcés à les réétudier au sortir de l’école, sous peine de les ignorer toute leur vie, et que la peine qu’ils ont endurée en expliquant Virgile, les pleurs dont ils ont trempé les satires plaisantes d’Horace, les ont à tel point dégoûtés de ces auteurs qu’ils ne les regardent plus qu’en frémissant : d’où je puis conclure, ce me semble, que ces langues savantes propres à si peu, si difficiles pour tous, doivent être renvoyées à un temps où l’esprit soit mûr, et placées dans un ordre d’enseignement postérieur à celui d’un grand nombre de connaissances plus généralement utiles et plus aisées, et avec d’autant plus de raison qu’à dix-huit ans on y fait des progrès plus sûrs et plus rapides, et qu’on en sait plus et mieux dans un an et demi, qu’un enfant n’en peut apprendre en six ou sept ans.

2140. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Michelet n’a pas de ces prudences supérieures, de ces machiavélismes de discrétion.

2141. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Grâce à cette traduction supérieure, qui a pénétré également la pensée de l’auteur et sa langue, nous avons pu aisément juger de l’effet produit par l’excentrique américain.

2142. (1739) Vie de Molière

Un homme supérieur, quand il badine, ne peut s’empêcher de badiner avec esprit.

2143. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Car Verhaeren, Maeterlinck, il n’y a pas à le nier, c’est autre chose que ce qu’il y a chez nous, et, à de certaines pages, c’est quelque chose de supérieur à nous. […] Balthazar commet une scandaleuse profanation en établissant un contact entre la demeure où, dans l’intérêt supérieur de la religion, il faut que les consciences étouffent, et le monde sans contrainte. […] Puisque la Fatalité tragique couve dans les régions les plus intimes, les plus inconscientes de notre âme, nous devons nous orienter, pour lui résister, vers la vie profonde et la beauté intérieure : Il faut que tout homme trouve pour lui-même une possibilité particulière de vie supérieure dans l’humble et inévitable réalité quotidienne.

2144. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

La bouche, entr’ouverte, creusée aux angles, animée par le clair-obscur que projette sur elle la lèvre supérieure, exhale le souffle ininterrompu des vies immortelles. […] Sa grande âme se sent digne de revivre dans la lumière d’une existence supérieure, mais elle replie tristement ses ailes qu’elle croit incapables de voler si haut. « Comment se fait-il que les Dieux qui ont ordonné si bien toutes choses, et avec tant de bonté pour les hommes, aient négligé un seul point : à savoir, que les gens de bien d’une vertu véritable, qui ont eu, pendant leur vie, une sorte de commerce avec la Divinité, qui se sont fait aimer d’elle par leur piété, ne revivent pas après leur mort et soient éteints pour jamais ?  […] Machiavel, ayant sous les yeux un homme supérieur à ces brigands subalternes, fait le Prince à son image, et d’après les adversaires contre lesquels il devra lutter. […] S’il est supérieur, il tient toujours par quelque côté à ces influences assidues ; s’il est médiocre, elles l’accaparent et le dominent tout entier : la politique devient alors une question de chambre à coucher.

2145. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

. — ni à Racine, ni à Molière, ni à Regnard, — je ne crois pas qu’il y ait au théâtre rien de supérieur à quelques narrations du Menteur. […] Enfin, si l’on voulait, — et bien qu’il semble que l’on en dût être saturé par la tragi-comédie, — si l’on voulait, jusque dans la comédie, du tendre et du langoureux, du galant et du précieux, des soupirs et des flammes, des madrigaux et des pointes, des amants transis, de belles inhumaines, dont le teint de « roses et de lys » Portât en même temps, avec trop de rigueur Des neiges à la vue, et des flammes au cœur, tout l’attirail enfin et tout le jargon du Grand Cyrus et de la Clélie, Quinault était là, Philippe Quinault, l’élève préféré de Corneille, Quinault, le futur inventeur de la « tragédie lyrique », que nous avons depuis lors appelée le livret d’opéra… Je lui dois d’ajouter que les siens sont très supérieurs, pour le style, à ceux d’Eugène Scribe ou de M. de Jouy.

2146. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

— Chacune de ses tragédies est un être à part soi ; et l’ensemble de l’œuvre n’est point un être d’ensemble, un être supérieur. […] En vingt ans une domination temporelle en matière intellectuelle si solidement établie, (temporellement, en puissance temporelle), que nulle chaire d’enseignement supérieur n’y échappe. […] Vous savez, Halévy, qu’ils tiennent tout, toutes les chaires, tout le pouvoir temporel ; et qu’un homme qui défend le français, le latin, ou le grec, ou simplement l’intelligence, est un homme perdu ; qu’il ne se fait pas actuellement une seule nomination dans l’enseignement supérieur sans que le candidat ait fait sa soumission, à ces messieurs, sans qu’il ait donné des gages, signé le revers, signé la capitulation et de la pensée, et de la liberté de la pensée.

2147. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

« J’éprouve un grand charme à voir votre âme, si forte et si profonde dans vos ouvrages, devenir si douce et si intime dans vos lettres. » Pareille chose pourrait lui être dite, et on pourrait lui répéter ce qu’il écrit : « Un homme supérieur aime avec son génie, comme il écrit avec son âme. » Tout ce qui touche aux premières années de son mariage, de sa paternité, est marqué d’une rare délicatesse de cœur. […] » Mais je n’ai jamais pu me résigner à ce qui me révolte : Un jour la Sœur, à l’issue de cette prétendue leçon, où j’enseignais surtout à ma jeune élève l’art de se dispenser de travailler, me pria de vouloir bien faire savoir de la part de la Supérieure du couvent à “madame la comtesse” que mademoiselle sa fille ayant, pendant la semaine, manqué à tous ses devoirs — elle aurait pu ajouter à ses devoirs de latin — madame la comtesse serait bien bonne de remettre à une époque indéterminée sa visite hebdomadaire au couvent, ce qui impliquait pour la pensionnaire la privation de sa “semaine”, c’est-à-dire de tout argent de poche. […] Épris de l’immensité, avide d’en connaître les mystère^ le voilà étudiant les espaces, entassant calculs sur calculs, cherchant les nébuleuses, traversant des profondeurs de sept milliards de lieues avec son intelligence, écrivant et nous laissant ce livre qui suffit et au-delà pour donner idée d’un esprit supérieur et qui s’appelle l’Éternité par les astres. […] Le Blanqui promenant ses regards, ses suppositions, à travers les espaces infinis, me paraît bien supérieur à celui qui usait sa vie dans de sombres conspirations ; une seule chose m’étonne, c’est qu’après qu’il eut si longtemps regardé en haut quand il était prisonnier, il ait consenti, libre, à rentrer dans les bas-fonds où s’agitent les sociétés secrètes et les intrigues de la politique.

2148. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Cette illustration, supérieure à l’illustration des autres romans publiés cette année, pourrait faire supposer que les dessins d’Hokousaï, qui ont été gravés en 1807, sont, quelques-uns, de plusieurs années antérieurs à cette année et que ces dessins attendaient un éditeur. […] Réapparition de nombreux sourimonos dont la production était devenue assez rare dans les années précédentes, et sourimonos où, chose curieuse, apparaît l’influence de Gakoutei et de Hokkei, les deux élèves supérieurs de Hokousaï. […] XLII En 1834 paraît le premier livre des Cent vues du Fouzi-Yama, Fougakou Hiakkei, un premier livre suivi d’un second, d’un troisième volume et où Hokousaï a apporté dans ses dessins une science, un art, une observation humoristique tout à fait supérieure, et dont les gravures, exécutées par Yégawa, le graveur préféré par Hokousaï, sont de petits chefs-d’œuvre.

2149. (1802) Études sur Molière pp. -355

. — Déjà bien supérieur à celui de L’Étourdi, mais dans les scènes seulement où l’auteur, se trouvant à son aise, n’a pas à lutter contre l’invraisemblance. […] Ce petit nombre de remarques nous dispense de nous étendre sur le mérite de la pièce et de ses différentes parties ; il est d’ailleurs bien embarrassant de juger un auteur sur des ouvrages plus commandés par les événements ou des ordres supérieurs que par son génie. […] La scène du quiproquo entre Valère et Harpagon se trouve aussi tout entière dans Plaute ; mais la française est bien supérieure, en ce qu’elle est préparée par maître Jacques, et qu’Harpagon est déjà prévenu contre son intendant. […] Molière est encore supérieur à Plaute, par la manière dont il a renforcé son caractère principal et les situations qu’il amène.

2150. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

. — Par degrés, elles s’opposent aux sensations passagères et dépendantes, et semblent des données d’une espèce distincte et d’une importance supérieure. — Développement de cette théorie par Stuart Mill.

2151. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

« De pensée en pensée, de colline en colline, l’amour me conduit loin de tous les sentiers frayés sans que je puisse y trouver la paix de l’âme, etc. » Aussi revint-il encore sur ses pas, cette fois comme rappelé par un attrait supérieur à sa volonté.

2152. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

En France on ne se met à genoux que devant Dieu et l’image des saints ; on ne leur offre que de l’encens ; ici l’on se met à genoux pour honorer certains vivants, quand ils sont d’un ordre supérieur ; on leur offre des mets et l’on fait brûler des parfums devant eux.

2153. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Mais y en a-t-il qui, avec tout leur art, quoique techniquement très supérieurs à Léopold Robert, fassent penser et parler la toile, la langue, l’âme, en termes aussi expressifs et aussi pathétiques que l’écrivain des Moissonneurs et des Pêcheurs ?

2154. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Son père, comme tous les riches cultivateurs de campagne qui rêvent follement pour leur fils une condition supérieure, selon leur vanité, à la vie rurale, fit étudier son fils à Aix et à Avignon pour en faire un avocat de village.

2155. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

» XV Que tout cela est supérieur aux phrases apprêtées des Mémoires d’outre-tombe, et comme le cœur parle mieux que la vanité !

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