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1126. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

La sève en ce pays est toujours plus forte que chez nous ; leurs sensations sont plus profondes, comme leurs pensées plus originales.

1127. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Mais bien qu’elle rappelle par son concept les allégoriques entités du Moyen-âge, elle apporte en sus un piment moderne, insinue un courant intellectuel de raffinement dans cette masse de sauvages voluptés qui coulent ; elle ajoute, en quelque sorte, des sensations exaspérées au naïf canevas des anciens âges, assure plus certainement enfin, par cette exaltation d’une acuité nerveuse, la défaite du héros, subitement initié aux lascives complications de cervelle du temps épuisé où nous sommes.

1128. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Quelle Poésie que celle du quatriéme Livre sur les simulacres & les images émanées des corps, dont il forme nos sensations ?

1129. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Seulement, autour d’une sensation forte mais pauvre, prise comme note fondamentale, l’humanité a fait surgir un nombre sans cesse croissant d’harmoniques ; elle en a tiré une si riche variété de timbres que n’importe quel objet, frappé par quelque côté, donne maintenant le son devenu obsession.

1130. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Mais dans le reste de l’Europe le grand ouvrage de Vico ne produisit aucune sensation.

1131. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

C’est qu’ils éprouvent avec elle l’orgueil de « faire grâce », ou simplement ils adorent et ménagent en elle un instrument mystérieux de sensation. […] Et, cependant, j’éprouve un bien-être inconnu, une sensation de calme et de confiance comme le petit oiseau qui s’endort sous la plume de sa mère. […] Car il a toujours sa passion, aussi inguérissable et inexpiable que celle de la comtesse ; et cette passion, c’est sans doute la Parisienne dont il garde l’amour dans ses moelles ; mais c’est aussi Paris, la vie de Paris, la douceur de Paris et la combinaison particulière de sensations voluptueuses qui ne se rencontre que là.

1132. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Dans mon cas, sensation et émotion furent si fortes qu’il ne put tenir que peu de pensée, et nulle réflexion, nulle volition, dans le peu de temps qu’occupa le phénomène. […] Mais lorsque, le 4 août 1914, dépliant un numéro du Matin, je lus en gros caractères « L’Allemagne déclare la guerre à la France », j’eus la sensation soudaine d’une invisible présence que tout le passé aurait préparée et annoncée, à la manière d’une ombre précédant le corps qui la projette.

1133. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Il donne cette sensation, que je ne sais combien de siècles « vibrent » par sa bouche. […] Quand donc Elvire, voilée de noir, vient, avant de s’ensevelir au couvent, le supplier de changer de vie, il lui semble que cette femme en deuil, amoureuse encore dans sa pénitence, a un charme qu’il ne connaissait point et que peut-être elle lui pourra donner quelque sensation nouvelle. […] Au lieu des lauriers et des chênes verts découpant nettement sur le ciel bleu leur feuillage luisant et sombre, voici les grands arbres ondoyants et frissonnants, les hautes colonnades de la futaie plongeant leurs pieds dans le flot léger des fougères, des rayons de lune glissant par les sous-bois, et des frôlements, des frémissements, des souffles, des fuites d’êtres invisibles, la sensation d’une vie secrète et fourmillante.

1134. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Brunetière, lui, n’a que des idées générales ; d’impressions, presque pas ; de sensations, jamais. […] Un bel enchaînement d’idées lui fait le même plaisir que fait à d’autres une sensation finement notée. […] L’auteur a trois ou quatre préoccupations : maintenir chez les personnages, l’indétermination des traits ; exprimer avant toutes choses la fatalité qui les mène ; annoncer et figurer, à mesure, les événements du drame par des symboles précurseurs, par des images concrètes qui, perçues par les personnages, les emplissent d’une terreur indéfinie ; bref, nous donner autant que possible l’impression du mystère, c’est-à-dire du caractère irresponsable et inconscient des actes humains, la sensation que nous sommes immergés dans un océan de forces fatales, que nous sommes de petites vagues surgissant une minute à la surface de cet océan, et, en même temps, qu’il y a, dans ce chaos, de continuelles et secrètes correspondances entre les phénomènes de l’âme et ceux du monde physique. […] Dans ce poème de songe, — à travers les symboles trop monotones et, à mon sens, de peu d’invention, à travers aussi les sautes de sensations et de paroles, les choses écrites exprès « on ne sait pas pourquoi », — trois ou quatre scènes se détachent, d’une étrange poésie, et même d’une beauté proprement dramatique.

1135. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Cette nouveauté étonna beaucoup, mais ne produisit pas d’autre sensation. […] Gracié par Louis XIII, protégé par le maréchal d’Humières, nommé gentilhomme de Gaston d’Orléans, Tristan, qui partageait ses loisirs entre le jeu, les femmes et la poésie, fit d’abord paraître en 1626 une tragédie de Marianne qui produisit à cette époque une véritable sensation.

1136. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

. — Les Anciens en sont pleins, de ces vers pittoresques de son ou de lumière ; les langues alors étaient plus jeunes et voisines des sensations.

1137. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

« Ces hommes, dit-il, méconnaissant le mouvement général des esprits et le besoin du temps, faisaient peu de sensation.

1138. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

L’esprit débute par la sensation, mais on ne reconnaît pas aux sens la faculté de juger.

1139. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Les particularités de cette scène pleine d’observations et de couleurs locales ne peuvent être appréciées qu’entre les buttes de Montmartre et les hauteurs de Montrouge, dans cette illustre vallée de plâtras incessamment près de tomber, et de ruisseaux noirs de boue ; vallée remplie de souffrances réelles, de joies souvent fausses, et si terriblement agitée, qu’il faut je ne sais quoi d’exorbitant pour y produire une sensation de quelque durée.

1140. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

S’il est vrai que le lecteur cultivé et mûr ne peut s’en dissimuler les parties défectueuses, combien plus souvent n’est-il pas charmé par tant de rapidité dans le récit, de variété dans les aventures, de grâce et de fraîcheur dans les descriptions, par la profondeur sans affectation, par cette facilité qui nous donne la sensation d’une source jaillissante et intarissable !

1141. (1879) À propos de « l’Assommoir »

En somme, il n’y a que des intentions de style ; le style manque, la façon personnelle de sentir, et le mot juste qui rend la sensation.

1142. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Cette espèce de travail incessant, qu’on fait sur soi, sur ses sensations, sur les mouvements de son cœur, cette autopsie perpétuelle et journalière de son être, arrive à découvrir les fibres les plus délicates, à les faire jouer de la façon la plus tressaillante.

1143. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

ces heures, je veux écrire quelque chose sur ces heures… simplement, afin de m’en redonner la sensation.

1144. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Plus tard vint un ensemble d’exercices destinés à suspendre la sensation, à ralentir l’activité mentale, enfin à induire des états comparables à celui d’hypnose ; ils se systématisèrent dans le « yoga ».

1145. (1927) Des romantiques à nous

Il a voulu se réduire à sa sensation crue et nue et, sur ce modèle intérieur farouchement défendu contre tout modelage préalable, façonner exclusivement son dire musical. […] Ces génies sont ceux dont l’inspiration tient avant tout à la fraîcheur de la sensation, à la fleur première de la sensualité.

1146. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Presque petite, mais de proportions harmonieuses, le visage rond et d’un modelé exquis, les cheveux blond-paille avec de sombres yeux comme brûlés de pensée, des yeux dévorés du désir de voir et de connaître, la bouche ferme, bonne et rêveuse, les narines vibrantes d’un cheval sauvage de l’Ukraine, Mlle Marie Bashkirtseff donnait, au premier coup d’œil, cette sensation si rare : la volonté dans la douceur, l’énergie dans la grâce. […] Puis regardez Saint-Marceaux, retournez de nouveau aux autres, et vous éprouverez une sensation de vide, de mollesse, de…, comme lorsqu’on regarde un panneau décoratif après un beau tableau.

1147. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Je crois cependant que son Zaïre, vous pleurez , n’a pas produit dans la nouveauté une sensation si vive. […] semblables à ces actrices que la perspective du théâtre fait paraître belles de loin, mais qui, lorsqu’on s’en approche, font éprouver la même sensation que la Champmêlé, dont madame de Sévigné disait : Elle est laide de près. […] Qui ne croirait qu’en 1691, dans le siècle du goût, dans une capitale depuis longtemps nourrie de chefs-d’œuvre en tout genre, le chef-d’œuvre d’un poète aussi justement illustre que Racine, paraissant imprimé, et tous les lecteurs étant à portée de se pénétrer de la beauté du style, l’ouvrage ait produit la plus vive sensation, et pour ainsi dire épuisé l’admiration publique ?

1148. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Le style de découverte donne la sensation que l’auteur aperçoit, comprend ce qu’il dit au fur et à mesure qu’il l’écrit, transporte dans l’écriture le graphique même d’une invention actuelle qui s’enregistre en même temps qu’elle se déroule : tel le style de Montaigne et celui de Sainte-Beuve ; c’est a priori le type du style que devrait écrire un bergsonien, si d’une part un vrai bergsonien ne savait combien l’a priori est trompeur, et si d’autre part M.  […] Estaunié, donne d’ailleurs la sensation même de ces galeries obscures, de ce lacis souterrain qui semble écrire les caractères du hasard, et qui écrit ceux de la destinée.

1149. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Or, cet Eilert, ce pilier de taverne et de mauvais lieu, elle le retrouve corrigé, rangé, auteur d’un livre de philosophie sociale qui a fait sensation, aimé d’une autre femme, la blonde et douce Théa Elvsted, et paraissant l’aimer lui-même. […] métier maudit… où aucune sensation ne nous appartient, où nous ne sommes maîtres ni de notre joie, ni de notre douleur… où, le cœur brisé, il faut jouer Falstaff ; où, le cœur joyeux, il faut jouer Hamlet ! […] ) — en dehors aussi du mariage, où l’amour n’est plus purement l’amour, où il devient un acte social et se modifie et se purifie par la paternité, soit effective, soit désirée, — l’amour, même quand il est ardent, même quand il est brillant, et même sous les espèces de l’adultère le plus tendre, le plus généreux et le plus passionné, quelques nobles apparences qu’il revête ou de quelques illusions, même sincères, qu’il se nourrisse, n’est rien que la recherche et la curiosité de la sensation égoïste, et que cela devient évident un jour ou l’autre, et qu’enfin l’amour c’est le péché. […] L’élément que la femme apporte se compose d’un idéal renversé, d’une dignité faible, d’une morale élastique, d’une imagination troublée par les mauvaises conversations, les mauvaises lectures et les mauvais exemples, de la curiosité de la sensation, déguisée sous le nom de sentiment, de la soif du danger, du plaisir de la ruse, du besoin de la chute, du vertige d’en bas et de toutes les duplicités que nécessitent les circonstances.

1150. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Quelle que soit l’impatience des jeunes poètes, pour donner des sensations nouvelles à l’homme, il leur faut attendre que l’homme ait acquis des sens nouveaux. […] Elle interdit de représenter des idées, comme on faisait autrefois ; elle ordonne d’éveiller des sensations. […] Voici un sonnet sur Edgar Poë : Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change Le poète suscite avec un glaive nu Son siècle épouvanté de n’avoir pas connu Que la mort triomphait dans cette voix étrange Eux comme un vil sursaut d’hydre oyant jadis l’ange Donner un sens plus pur aux mots de la tribu Proclamèrent très haut le sortilège bu Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange Du sol et de la nue hostiles ô grief Si notre idée avec ne sculpte un bas relief Dont la tombe de Poe éblouissante s’orne Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur Que ce granit du moins montre à jamais sa borne Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur Il y a, dans ces quatorze vers non ponctués du maître de l’école une source abondante de sensations ; ce sonnet est suggestif au premier chef ; il affecte délicieusement les sujets sensibles. […] Elle est au goût du jour et ne manquera pas de faire, après son mariage, « sensation » dans le monde.

1151. (1876) Romanciers contemporains

Gustave Flaubert Placer uniquement dans le monde physique le cercle des observations ; rejeter l’âme comme manquant d’actualité et étant dépourvue de relief ; voir dans toutes les créatures indistinctement, surtout chez celles où abondent les infirmités, des sujets d’étude ; rechercher avec soin les exceptions et les peindre avec amour ; substituer aux sentiments et aux passions du cœur les sensations et les instincts de la bête et aux mouvements idéals de la pensée élevée les combinaisons plastiques de la vie vulgaire ; décrire tout, ce qui est insignifiant, comme ce qui est essentiel, et décrire, non comme les anciens, en faisant sentir la vie d’un objet, mais en représentant son aspect matériel, non pour faire rêver l’âme, mais pour déployer des panoramas, non pour rendre les choses avec leurs formes adoucies, fondues, mais pour multiplier les couleurs, grossir les angles, faire saillir les aspérités ; s’abstenir de tout ce qui s’adresse au cœur pour présenter aux yeux des tableaux vivement coloriés et enluminés avec éclat ; voir dans l’exécution le moyen, la fin, le but, tout en un mot : telle est la doctrine des réalistes, et nul ne s’étonnera que nous l’ayons résumée ici, au moment de parler de leur illustre chef. […] Sans doute, après le cours d’un fleuve tour à tour terrible dans sa colère et majestueux dans sa tranquillité, le lecteur se complaît à ces ruisseaux gracieux qui lui procurent une délicieuse sensation de limpidité et de fraîcheur. […] Eugène Sue produisait une véritable sensation par son premier feuilleton des Mystères de Paris, où une scène de pugilat dans un bouge de la cité se terminait par ces paroles mystérieuses dites à un des lutteurs : « Prenez garde, Monseigneur ! 

1152. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Ce n’est que parmi eux qu’on trouve les régalades, « les frairies », comme dit La Fontaine, « la chérelie, la liesse, la bombance. » « Ils noient leurs soucis dans les pots. » Les citadins sobres et oisifs s’étonnent de cette ivrognerie ; c’est qu’ils n’ont point sué une après-midi d’été à scier des gerbes, dans la poussière âcre, avec la morne sensation de découragement que la fatigue enfonce dans tous les nerfs.

1153. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

L’amour ne peut rien refuser à l’amour186. » Cette recherche de la sensation excessive avait abouti aux extases et aux transports de Guido Cavalcanti et de Dante, et l’on avait vu s’établir en Languedoc une compagnie d’enthousiastes, les pénitents de l’amour, qui, pour prouver la violence de leur passion, s’habillaient l’été de fourrures et de lourdes étoffes, l’hiver de gaze légère, et se promenaient ainsi dans la campagne, tellement que plusieurs d’entre eux en devinrent malades et moururent.

1154. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Le pauvre cher grand ami dont je vais dire quelques mots partageait cette sensation, et je me souviens que par un jour torride, précocement, comme ceux que nous venons de traverser, il me disait à mon entier assentiment : Ce Soulary qui a écrit : Sans soleil, c’est vrai qu’on est triste ! […] José-Maria de Heredia, met bien au courant le lecteur de l’intention de l’auteur qui est d’aborder la reproduction par les mots, de quelques-unes de ses sensations en présence de telle ou telle scène exotique de la nature ou de la vie, au gré de son caprice ou de son émotion ; tour à tour Caliban ou Ariel avec Puck, « lutin, de Robin-bon-diable », pour arbitre des deux inséparables individualités qu’est l’homme, l’un railleur, l’autre gobeur, le troisième l’un et l’autre non sans de la vraie raison pour sublimifier son gros bon sens.

1155. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Il parvient, dit-il, et ceci est une expression caractéristique de son génie, à « transformer en notions utiles ses sensations désagréables. » ÉLIE. […] Alors, comme son héros, Gœthe va se jeter au tumulte des sensations ; il va boire à la coupe du plaisir l’ivresse de la vie. […] Ce qui me frappe dans le portrait que tracent du jeune Gœthe ses contemporains, c’est la sensation de lumière qui domine tout. « Mon âme est pleine de lui comme la rosée des rayons du soleil levant », écrit Wieland.

1156. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

La sensation de la soif, qui est sous la dépendance de ce système, se fait sentir toutes les fois que la proportion de liquide diminue dans le corps à la suite de quelque condition telle que l’hémorrhagie, la sudation abondante ; l’animal se trouve ainsi poussé à réparer par l’ingestion de boissons les pertes qu’il a faites.

1157. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Si vous raillez devant eux, songez que vous parlez à des hommes attentifs, concentrés, capables de sensations durables et profondes, incapables d’émotions changeantes et soudaines.

1158. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

La langue est nécessairement pauvre chez un peuple sauvage, dont les idées ne sont, pour ainsi dire, que des sensations, & dont les réflexions & les connoissances ne s’étendent pas au-delà de ce qui le touche ou l’environne.

1159. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Déjà à propos d’une note dans : Idées et sensations, d’une note prise l’hiver, d’après nature, dans le parc du comte d’Osmoy, où nous parlions de la lisière de ce parc, « toute gazouillante et rossignolante du sautillant bonsoir des oiseaux au soleil » il nous accusait d’avoir peuplé les bois de France de rossignols, au mois de janvier.

1160. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Ainsi aujourd’hui, ayant sous les yeux une image de Toyokouni, représentant le bureau d’une Maison Verte, d’une maison de prostitution, et me faisant donner une explication japonaise de tous les objets, grands ou petits, garnissant ce bureau, j’avais la conviction que j’apporterais au lecteur, avec ma description, une sensation du rendu de l’endroit, tout aussi photographique, que la donnerait une description d’après nature de Loti.

1161. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Il y a ici des tableaux tout faits, des tableaux vrais et complets, composés avec des sensations de peintre, avec un choix de couleurs et de lignes : les yeux ont du plaisir. […] Enfin les poëtes et les artistes paraissent et avec eux le sentiment du beau, c’est-à-dire la sensation de l’ensemble.

1162. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Le livre à sensation étant à l’ordre du jour, il faut placer au premier rang la Faustin, le nouveau roman que M.  […] Mais quelle étrange sensation devaient éprouver les illustres, les Cousin, les Guizot, les Tocqueville, les Vitet, les Villemain, quand M. de Mars, si excellent homme, d’ailleurs, et si respectable, leur disait gravement : « Il est possible que ce mot soit dans le dictionnaire de l’Académie ; mais il n’est pas accepté par M.  […] À chaque instant, on se heurtait à une dissonance ; on éprouvait ce genre de sensation que cause à un mélomane une fausse note.

1163. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

La sensation du poète ne vibre pas dans son vers, et il ne semble pas qu’il ait essayé de la fixer toute vive.

1164. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

La cause du peuple ne m’est pas moins sacrée ; je donnerais mon sang goutte à goutte pour elle ; je me reprocherais chaque instant de ma vie qui ne serait pas uniquement dévoué à cette cause ; mais le charme est détruit… » Et plus loin il parle encore de l’injustice du peuple, qui, sans diminuer son dévouement à cette cause, a détruit pour lui cette délicieuse sensation du sourire de la multitude.

1165. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Voyant cela, Épistémon fit cette proposition : Mes chers amis, que ceux qui aiment le jambon en mangent sans nous faire part des sensations qu’ils éprouvent, et que ceux qui ne l’aiment pas voient les autres en manger sans colère.

1166. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Selon lui comme selon eux, le commencement de toute idée est une sensation.

1167. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Les mots disent les sensations, mais n’exagèrent point ; la nature n’a pas besoin de rhétorique.

1168. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Dans la familiarité et l’intimité de la vie, elles ne vous apportent pas d’autres sensations que celles que vous donne le commerce de la femme de maison.

1169. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Ses caractères différents portent les ressemblances du caractère même des peuples : la danse est grave ou sautillante chez les nations du nord, dont les pensées sont morales et les sensations faiblement excitées : elle est passionnée, voluptueuse et hardie jusqu’à la licence, chez les habitants du midi, qui ne respirent que l’ardeur de leurs climats, le plaisir et la fougueuse ivresse des sens. […] Le dessin et le coloris, la mélodie et l’harmonie des sons, les prestiges de la pantomime, c’est-à-dire le langage d’action, peuvent-ils imiter autre chose que nos formes, nos sensations, et parfois nos sentiments ? […] Les peuplades, en leur simplicité native, avaient plus de sensations et de sentiments que de pensées : l’amour, le vin, et les plaisirs, ont dû leur inspirer d’abord les chansons érotiques, qui furent sans doute leurs premières poésies. […] Les vérités sur les sensations, sur les passions et sur la morale humaine, ont des principes invariables : l’art de les bien exprimer a aussi d’invariables règles, règles aussi fondées que les axiomes des sciences sur les principes des choses.

1170. (1925) Proses datées

C’est un recueil d’impressions, de notes, débris de chroniques inutilisées, fragments de lettres utilisées, un recueil composite, mais qui dégage cette sensibilité toujours vibrante, cette acuité de sensation dont était fait le talent de ce bel écrivain dont la renommée traverse cette période de silence et d’éclipse que je signalais tout à l’heure, mais qui reprendra un jour, je n’en doute pas, la place qu’il mérite. […] C’est un état de mélancolie et désir qui est une des sensations spéciales au voyage et dont je goûtais, ce matin-là, la délicate saveur, à la fois ardente et triste.

1171. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Il ne passait pas, je sanglotais sans relâche, et j’ai encore l’horrible sensation de cet étranglement, de cette suffocation ; de la brûlure sur mes joues et ma bouche, des larmes que je n’essuyais pas. […] Le résultat fut très rapide : j’eus une inflammation violente de la bouche et de la gorge, une brûlure si douloureuse, que je n’ai jamais pu revoir cette perfide goutte de lait, sans retrouver cette affreuse sensation.

1172. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Rentrée plus tôt, comme les émigrés l’espéraient en 1792, l’émigration n’aurait pas eu le temps de s’imprégner de l’étranger, de constituer sa table de comparaisons, d’assouplir, d’élargir et d’enrichir son capital d’idées et de sensations. […] Le plus pénétrant des analystes, un homme du xviiie  siècle rencontrant, dix-huit ans après le Génie, les idées obscures, les verra liées avec nécessité à toute la vie religieuse et poétique de l’homme : « Si l’on m’accusait ici, écrira vers 1820 Benjamin Constant, de ne pas définir d’une manière assez précise le sentiment religieux, je demanderai comment on définit avec précision cette partie vague et profonde de nos sensations morales, qui par sa nature même défie tous les efforts du langage. […] Ce nocturne de Lamartine a la mollesse de l’écharpe lactée sur la terre et les eaux, il est une vision déroulée dans une moiteur élyséenne et tendre, la sensation de la poussière cosmique où nous flottons, de l’espace vivant où vogue la planète.

1173. (1929) La société des grands esprits

Pour entendre la musique d’un poète et pénétrer les beautés de son style, il est indispensable d’avoir la sensation de l’original. […] Il est même certain que nos sensations déforment la réalité et n’ont qu’une valeur subjective : la raison le démontre ; et peut-être n’est-elle pas moins partielle ou déformante dans son domaine ; mais nous n’avons pas d’autre lumière pour en décider.

1174. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Il y a quelque chose de pire que de mettre brutalement sous les yeux l’objet et l’appareil des sensations damnables : c’est de suggérer ces sensations.

1175. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Celui-ci éprouve quelques sensations de plaisir ou de déplaisir avec tant d’intensité que l’intellect devra se taire ou se mettre au service de ces sensations ; alors son cœur lui monte au cerveau et l’on parlera dorénavant de sa « passion »… ; c’est la déraison de la passion que le vulgaire méprise chez l’homme noble ». […] C’est ainsi qu’il produit chez le lecteur véritable une sensation d’incertitude ; on ne sait plus si l’on marche, si l’on est debout ou couché ; cela se traduit par l’impression vague de planer [applicable à Renan et aussi à Nietzsche].

1176. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Ils goûtent les émotions agréables, ils ne sont pas propres aux sensations violentes.

1177. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Qu’un janséniste du dix-septième siècle contraigne, au dix-neuvième et au vingtième, des rationalistes déterminés à le considérer, non pas comme un représentant significatif du passé, mais comme ils feraient un contemporain, avec la sensation que l’éloquence de cet adepte de Port-Royal est aussi actuelle que s’il allait et venait parmi nous, c’est un phénomène à peu près unique. […] En revanche quand, passés au crible d’un sévère contrôle, ces documents se sont trouvés exempts des défauts que je viens de signaler, ils ont ce mérite de nous donner une sensation directe de l’homme, et c’est l’explication du prestige qu’ils exercent sur tant d’esprits, prestige maintes fois injustifié, mais précisément ce caractère de rareté donne plus de valeur encore aux mémoires, comme ceux que Gœthe a intitulés : « Poésie et Vérité », aux confidences, comme le journal intime d’Amiel, où il n’y a, pour employer une formule chère à Stendhal, « rien à rabattre à la réflexion ».

1178. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Car si ces accessoires ne sont pas la vie même, ils y contribuent ; ils en forment l’accompagnement nécessaire ; ils nous en rendent la sensation présente. […] Mais enfin, on veut dire que les mots ici n’évoquent pas seulement des idées ou des sentiments, mais des sensations, des images ; qu’ils suscitent des formes, des couleurs, des paysages, un monde entier — dans Bajazet, celui du sérail ; toute la mythologie dans Phèdre ; et tout Israël enfin dans Athalie 73. […] Au théâtre ou dans le roman, nous appelons psychologie l’anatomie du cœur, la science de ses mouvements, la connaissance des sentiments ou des sensations élémentaires, primitives, inconscientes en partie, dont nos actions ne sont que le total extérieur.

1179. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Adam fait, dans le chant qui suit, le narré de sa naissance, de son transport dans Éden, de la formation de sa compagne et de leurs sensations diverses à l’aspect de la nature.

1180. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Si j’ai bien compris ce qu’il m’a répété souvent, — car nos divergences intellectuelles n’interrompirent jamais notre parfaite intimité, — il s’agissait pour lui, et tout en admettant, si diverse, la littérature environnante, de faire penser, non pas par le sens même du vers, mais par ce que le rythme, sans signification verbale, peut éveiller d’idée ; d’exprimer par l’emploi imprévu, anormal même du mot, tout ce que le mot, par son apparition à tel ou tel point de la phrase et en raison de la couleur spéciale de sa sonorité, en vertu même de sa propre inexpression momentanée, peut évoquer ou prédire de sensations immémoriales ou de sentiments futurs. […] Eh bien, je ne verrais à ce système aucun inconvénient ; je trouverais même admirable, — jusqu’à un certain point, — que les mots, ne signifiant plus ce qu’ils signifient, ou ne le signifiant qu’à peine, éveillassent non par le sens, mais par le son des syllabes, ou par la couleur des lettres, — il y a là-dessus, vous le savez, un sonnet d’Arthur Rimbaud, — et aussi par leur fonction rythmique dans le vers, des sentiments, des sensations, des idées tellement délicates et exquises ou suprahumaines, que la directe et brutale netteté du verbe ne saurait être suffisante à les produire.

1181. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

La même petite fille à douze mois, dans sa voiture, renvoyée de sa tante à sa mère et vice versa et à chaque voyage ayant la sensation d’un heurt brusque, riait bruyamment. […] Prenez la meilleure phrase du meilleur auteur, un peu longue, et soulignez dix mots au hasard, comme on tire des billets dans un chapeau, vous donnerez au lecteur, pour un moment au moins, la sensation que la phrase est mal écrite. […] Pour retrouver cette sensation-là, qui est infiniment agréable, il faut descendre (je parle au point de vue du cours du temps) jusqu’à l’Ami Fritz, chef-d’œuvre peut-être de la comédie populaire et villageoise ; ou il faut remonter, et à mon avis ceci n’est pas aussi bon, à la Partie de chasse de Henri IV.

1182. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Et l’auteur, pour être moraliste, a négligé ces petites remarques, d’un pittoresque saisissant, qui nous amusent et nous émeuvent en nous donnant la sensation de l’authentique vérité : nous contemplons, en quelque sorte, une réalité neuve, qui nous étonne et que pourtant nous reconnaissons. […] Paris et la province sont encombrés de surhommes et de nietzschéennes qui n’ont pas la sensation d’avoir vécu leur vie sans deux ou trois scandales, quelques escroqueries et un certain nombre de violences. » M.  […] Alors, toutes choses étant bouleversées, la vision changée, les perspectives tout autres, les couleurs toutes neuves, les idées plus ardentes, les sensations décuplées, alors il se réjouissait de ses paradis artificiels.

1183. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Elles peuvent se contenter des sensations ternes, se passer d’excitations, supporter l’ennui, et, dans cette monotonie de la vie réglée, se replier sur elles-mêmes, obéir à une pure idée, employer toutes les forces de leur cœur au maintien de leur noblesse morale.

1184. (1933) De mon temps…

Au récit, il substitua la notation et il s’acharna à la rendre l’équivalent le plus exact possible de la sensation éprouvée.

1185. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Ce plaisir se prend à Rome plus qu’ailleurs, où le murmure de cent mille fontaines distribuées dans les différentes maisons, cause une sensation délicieuse. […] Nous levâmes le siege, & je me retirai chez moi charmé de me trouver seul ; c’est une jouissance pour l’ame qui nous paroîtroit bien plus présente, & dont nous sentirions beaucoup mieux les douceurs, si nous savions méditer, mais il nous semble que notre ame est moins à nous, qu’aux autres, par la maniere dont nous en usons, c’est-à-dire, pour me servir de l’expression de Leibnitz, que nous la mettons au pillage, de maniere qu’il ne nous reste que nos sensations & nos sens.

1186. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Pourtant, un jour que je me grisais d’un sermon de Bossuet, j’eus la sensation que Flaubert était quelque chose comme de l’eau stérilisée… Barrès n’escamote rien en écrivant ; il ne rompt point les jointures de la langue. […] Nous croisons Avignon, et j’ai la sensation du sublime… Marseille.

1187. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

La foi n’est point l’assentiment donné à une opinion, ni à un nombre quelconque d’opinions » ; c’est la sensation de la présence divine, c’est la communication de l’âme avec le monde invisible, c’est le renouvellement complet et imprévu du cœur

1188. (1923) Paul Valéry

Teste dit de la musique : « Elle me donne des sensations abstraites, des figures délicieuses de tout ce que j’aime, — du changement, du mouvement, du mélange, du flux, de la transformation. » Et la musique qui épouse si fluidement la métaphysique d’un Schopenhauer et d’un Bergson se trouve à sa place, comme atmosphère et comme symbole, autour du monde de Valéry, — synthèse mystérieuse de ces deux immatériels, le nombre et la poésie pure.

1189. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Et l’émulation de leur ressembler ne fait-elle pas que nous leur ressemblons en effet, au moins dans cette minute propice où, nous dégageant du torrent des sensations qui nous entraînent, nous nous élevons au-dessus de nous-mêmes, portés que nous sommes par ces grandes âmes, mais aussi par le ressort propre qui, au fond, se trouve en nous comme en elles ? […] Dans la pièce espagnole, après que Rodrigue a tué le comte, Don Diègue, voyant son ennemi étendu sans vie, trempe sa main dans le sang de la blessure, et avec ce sang lave, non pas métaphoriquement, mais réellement, la place du soufflet sur sa joue, puis revient sur la scène, la joue teinte de ce sang, — à peu près comme dans le théâtre grec, beaucoup plus romantique qu’on ne croit, Oedipe, après s’être crevé les yeux, arrivait sur la scène avec ses prunelles saignant sur ses joues. — Le goût français du xviie  siècle ne s’accommodait pas d’exhibitions aussi violentes, et préférait, en toutes choses, aux sensations matérielles les émotions morales.

1190. (1903) Propos de théâtre. Première série

Jusserand a assez pratiqué le théâtre pour avoir constaté que l’attitude et les sensations du public moyen sont très différentes selon qu’on lui donne des tragédies classiques françaises ou des tragédies de Shakspeare, et que dans un cas il y a pénétration profonde et dans l’autre cas admiration un peu froide et approbation plutôt qu’enthousiasme. […] Autrement dit, il écrit une histoire orientale, curieuse, subtile et troublante, avec ce goût des choses d’amour et de guerre en pays lointains et confus, qui est goût de poète, goût de chercheur de sensations inconnues et rares. […] J’ai dit que l’idée initiale en est analogue à celle de Nicomède ; mais il faut ajouter que cette histoire, relativement mal liée, de guerre et d’amour, donne souvent la sensation de demi chef-d’œuvre que laisse Sertorius.

1191. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

En un mot, l’homme peut rapporter tous ses raisonnements à deux critériums, l’un intérieur et conscient, qui est certain et absolu ; l’autre extérieur et inconscient, qui est expérimental et relatif Quand nous raisonnons sur les objets extérieurs, mais en les considérant par rapport à nous suivant l’agrément ou le désagrément qu’ils nous causent, suivant leur utilité ou leurs inconvénients, nous possédons encore dans nos sensations un critérium intérieur. […] Le point d’appui du corps, c’est le sol dont le pied a la sensation ; le point d’appui de l’esprit, c’est le connu, c’est-à-dire une vérité ou un principe dont l’esprit a conscience. […] Ainsi, au point de vue physiologique, l’étude expérimentale des organes des sens et des fonctions cérébrales doit être faite sur l’homme, parce que, d’une part, l’homme est au-dessus des animaux pour des facultés dont les animaux sont dépourvus, et que, d’autre part, les animaux ne peuvent pas nous rendre compte directement des sensations qu’ils éprouvent.

1192. (1894) Critique de combat

En quelle mesure intéressent-elles la sensation, le sentiment, la pensée ? […] exprime une sensation de chaud si on la prononce rapidement, et de froid si on la prononce lentement (à moins, cependant, que ce ne soit le contraire !).

1193. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Ces sensations on les ressent impérieusement dès qu’on a lu seulement une page du livre de M.  […] Paul Margueritte, écrivant, comme sous une dictée de sa mémoire, jusqu’à des nuances d’impressions, de sensations venues inconsciemment pour le plus souvent.

1194. (1774) Correspondance générale

Il est certain, je crois, que toutes les fois que le plaisir réfléchi se joindra au plaisir de la sensation, je dois être plus vivement affecté que si je n’éprouvais que l’un ou l’autre. […] Il y aurait dans ce sacrifice moins à perdre qu’à gagner ; car cet ouvrage passera sans faire la moindre sensation, malgré le nom et la célébrité de l’auteur, à qui il n’en restera qu’un petit vernis d’homme noir.

1195. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Tel qu’il est, ce recueil m’a charmé, et j’en recommande de nouveau la lecture à tous ceux qui, après les fatigues d’un hiver laborieux ou mondain, ont besoin d’un air plus frais, d’horizons plus purs, de sensations plus douces. […] Destutt de Tracy, qui, renchérissant encore sur Condillac comme Condillac avait renchéri sur Locke, réduisit tout aux sensations, transporta dans le domaine philosophique l’analyse des chimistes et les déductions des mathématiciens, dépouilla l’homme de tout principe actif, de l’active intelligence et de la libre volonté, et « ne désirant connaître que ce qu’il pouvait pleinement savoir, aima mieux demeurer dans l’indifférence lorsqu’il était réduit aux hypothèses » ?

1196. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Il est vrai, depuis les croisades, aucun fait n’avait produit sensation pareille, aucun fait n’avait si profondément remué les masses. […] La sensation produite fut grande, mais très diverse. […] Il se voua à la carrière du barreau, et bientôt ses talents firent sensation, même à la cour.

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