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885. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 451-455

Sans aucune apparence de prétention, le Poëte sait plaire, & ses leçons n’ont rien de cette philosophie fade & baroque qui ose se montrer dans les Opéra comiques, & finira par en dégoûter.

886. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 45-49

La Philosophie qu’il s’efforce d’accréditer, ne peut s’élever que sur des ruines, & s’alimenter que du meurtre des réputations les plus respectables.

887. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

C’était le moment où la vieille littérature naïve de la Germanie se greffait, sous l’influence du grand Frédéric, sur la philosophie et à la littérature de la France. Voltaire était le missionnaire de cette poésie et de cette philosophie chez les Allemands. […] C’est là qu’il partagea son temps, comme l’horloge partage les heures, entre des sociétés douces, des promenades philosophiques, des études variées et universelles, telles que la peinture, la chimie, la philosophie, la poésie, la prose. […] L’Olympio de Victor Hugo a les tristesses et les amertumes de ce désespéré du doute ; il n’a ni la bouffonnerie ni la grimace de ces jeunes saltimbanques de la philosophie et de la poésie ; ceux-là dansent sur une corde tendue du ciel à la terre comme les baladins sur leur ficelle tendue entre deux mâts vénitiens. […] philosophie, science, théologie ; ainsi j’ai tout sondé avec une infatigable obstination, dit-il avec amertume, et maintenant, pauvre insensé, me voilà aussi avancé qu’en commençant, et j’ai appris qu’il n’y a rien à savoir !

888. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Il me semble que littérature, arts, philosophie, histoire, etc., du xixe  siècle, sont les fruits parfois piqués mais savoureux de la méconnaissance ou du mépris de certaines lois sociales. […] Comte, Taine, Michelet, Renan, Claude-Bernard, Sainte-Beuve, Jules Lemaître, Guyau, Alfred Giard, Émile Boutroux, Henri Poincaré, Anatole France l’initient à l’histoire, à la philosophie, à la science, à la critique, à l’ironie. […] Et après chaque point d’interrogation on répondrait : cette opinion, ce tempérament, cette discipline, cette révolte, cette réaction…, qu’il s’agisse d’art, de littérature, de science, de philosophie, de politique… ont eu, dans notre xixe  siècle français, des représentants de choix, sinon de génie. […] Zola après Hugo, ce fut le naturalisme après le romantisme, mais c’était toujours le romantisme, la révolte contre les dogmes du passé, au nom d’une philosophie nouvelle. […] Mais on est un peu agacé par ceux qui les imaginent contenant toute la réalité du passé ou bien qui y cherchent une philosophie, une sociologie, une éthique et d’autres choses du même ordre.

889. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

La philosophie à notre manière suppose une longue culture et des habitudes d’esprit dont très peu sont capables. […] Mais on ne peut lui faire un crime de s’élever au-dessus de la dépression commune et de s’écrier avec saint Paul : « Cupio omnesfieri qualis et ego sum. » Ne dites donc plus : « L’infériorité de la philosophie est d’être accessible à un petit nombre », car c’est au contraire son titre de gloire. […] Aujourd’hui la science et la philosophie sont une profession. […] Imaginez donc un fort de la halle créant chez nous un ordre de spéculation analogue à la philosophie de Schelling ou de Hegel ! […] L’indifférence est en politique ce que le scepti-cisme est en philosophie, une halte entre deux dogmatismes, l’un mort, l’autre en germe.

890. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Et pour la plupart ils vivaient là dans de délicieux loisirs ; on passait la journée tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, et, soit groupé autour d’une bouteille de bon vin, soit étendu aux bords du lac, on discutait religion, philosophie, l’avenir de l’humanité, la science, l’art, les racines des mots… Il y avait Mommsen, le célèbre historien, professeur aujourd’hui à Berlin ; les physiologistes Ludwig et Koëchly ; le philosophe Moleschott, un chef reconnu des matérialistes scientifiques ; les poetes Herwegh et Keller ; l’architecte Semper ; le peintre Kietz ; le savant philologue Ettmüllerbb. […] Toujours est-il que nous n’avions besoin d’aucun système de philosophie. […] La science et la philosophie critique, en voulant conquérir le monde, sont arrivées surtout à préciser les proches limites qui leur sont infranchissables. […] Par elle tout ce qui respire et vit s’est senti décliner. » En un mot, Schopenhauer et Wagner voient dans le Christianisme, comme dans le Bouddhisme, des représentations de leur philosophie. […] En effet, à mesure que le sens des phrases diminue, ils prétendent y découvrir plus clairement ses théories ; et lorsque la phrase n’a plus aucune signification logique et qu’en outre nous n’en percevons que quelques mots épars, ils nous disent : « Eh bien, vous voyez ; ça, c’est la philosophie de Schopenhauer ! 

891. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

En d’autres termes, si la métaphysique n’est qu’une construction, il y a plusieurs métaphysiques également vraisemblables, qui se réfutent par conséquent les unes les autres, et le dernier mot restera à une philosophie critique, qui tient toute connaissance pour relative et le fond des choses pour inaccessible à l’esprit. […] Mais quelles raisons aurions-nous de douter d’une connaissance, l’idée même d’en douter nous viendrait-elle jamais, sans les difficultés et les contradictions que la réflexion signale, sans les problèmes que la philosophie pose ? […] L’analyse psychologique nous révélait déjà que cette discontinuité est relative à nos besoins : toute philosophie de la nature finit par la trouver incompatible avec les propriétés générales de la matière. […] Mais la philosophie doit se demander pourquoi ces symboles sont plus commodes que d’autres et permettent d’aller plus loin. […] Il y aurait dès lors place, entre le dogmatisme métaphysique d’un côté et la philosophie critique de l’autre, pour une doctrine qui verrait dans l’espace et le temps homogènes des principes de division et de solidification introduits dans le réel en vue de l’action, et non de la connaissance, qui attribuerait aux choses une durée réelle et une étendue réelle, et verrait enfin l’origine de toutes les difficultés non plus dans cette durée et cette étendue qui appartiennent effectivement aux choses et se manifestent immédiatement à notre esprit, mais dans l’espace et le temps homogènes que nous tendons au-dessous d’elles pour diviser le continu, fixer le devenir, et fournir à notre activité des points d’application.

892. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Deux siècles passés, ils ne compteront plus pour rien, je crois, dans l’histoire de la philosophie. […] C’est précisément cela qui forme une difficulté nouvelle dont la philosophie libre penseuse va s’emparer. […] Il appelle la science Philosophie expérimentale. […] rien de didactique dans un livre de philosophie sociale ! […] Ce n’est qu’un acte de haute philosophie pratique.

893. (1895) Hommes et livres

Après cela, libre à nous de reconnaître la grande philosophie religieuse de Bossuet dans certaines réflexions où Alberoni retombe toujours. […] Le tour de l’Angleterre va venir avec Voltaire, avec l’avènement de la philosophie et du drame. […] Sa philosophie, comme M.  […] Cette philosophie, que je n’ai pas à discuter ici, a dans la comédie l’avantage de ne pas mettre en jeu l’austérité de la loi morale. […] C’était en lui qu’était la philosophie.

894. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Ils seront admis dans les conseils de la Providence et comprendront toutes ses démarches « depuis le commencement jusqu’à la fin des temps. » De plus « il y a certainement dans les esprits une faculté par laquelle ils se perçoivent les uns les autres, comme nos sens font des objets matériels, et il n’est pas douteux que nos âmes, quand elles seront délivrées de leurs corps ou placées dans des corps glorieux, pourront par cette faculté, en quelque partie de l’espace qu’elles résident, apercevoir toujours la présence divine922. » Vous répugnez à cette philosophie si basse. Un mot d’Addison va la justifier et vous la faire entendre : « L’affaire du genre humain dans cette vie, dit-il, est bien plutôt d’agir que de savoir923. » Or, une pareille philosophie est aussi utile dans l’action que plate dans la science. […] « On rapporte de Socrate, dit-il, qu’il fit descendre la philosophie du ciel pour la loger parmi les hommes. Mon ambition sera qu’on dise de moi que j’ai fait sortir la philosophie des cabinets et des bibliothèques, des écoles et des colléges, pour l’installer dans les clubs et dans les assemblées, aux tables à thé et aux cafés. […] Ceux qui cherchent des idées feront bien de ne point lire son Essai sur l’imagination, si vanté, si bien écrit, mais d’une philosophie si écourtée, si ordinaire, toute rabaissée par l’intervention des causes finales.

895. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

C’est que ce livre est un des monuments écrits les plus vastes qui aient jamais été conçus et exécutés par une main d’homme ; c’est que ce livre est une histoire, c’est-à-dire une des œuvres de l’esprit dans laquelle l’ouvrier disparaît le plus dans l’œuvre devant l’immense action de l’humanité qu’il raconte ; c’est qu’un tel livre n’est plus l’auteur, mais le monde, pendant une de ses périodes d’activité de vingt-cinq ans ; c’est que ce livre est le récit de la vie d’un de ces grands acteurs armés du drame des siècles, acteurs nécessaires selon les uns, funestes selon les autres (et je suis au nombre des derniers), mais d’un de ces acteurs, dans tous les cas, qui n’a de parallèle dans l’univers qu’avec Alexandre ou César ; c’est que ce livre remue en passant toutes les questions vitales et morales, de religion, de philosophie, de superstition, de raison, de despotisme, de liberté, de monarchie, de république, de législation, de politique, de diplomatie, de guerre, de nationalité ou de conquête, qui agitent l’esprit du temps et qui agiteront l’esprit de l’avenir jusque dans les profondeurs de la conscience des peuples ; c’est que ce livre est écrit par une des intelligences non complètes (il n’y en a point de complète devant l’énigme divine posée par la Providence, qui a seule le mot des événements), mais par une de ces intelligences les plus lumineuses, les plus précises, les plus studieuses, les plus universelles, et, disons-nous le mot, en le prenant dans le sens honnête, les plus correspondantes à la moyenne des intelligences, dont un écrivain ait jamais été doué par la nature ; c’est que ce livre, enfin, est aussi remarquable par ce qu’il contient que par ce qui lui manque. […] Ce qu’il lui manque, nous le dirons avec la même franchise et du premier mot, c’est la philosophie, c’est la conscience, c’est la grande politique, c’est le génie de la morale publique dominant le génie de l’ambition, de la conquête et de la fortune. […] Elle ne faiblit que dans la main du philosophe ; partout ailleurs elle est tenue avec l’aptitude et la sûreté d’un écrivain qui a manié pendant une longue carrière politique toutes les questions de gouvernement, excepté la philosophie des gouvernements. […] La philosophie politique était la philosophie de la paix. […] Thiers, par ses instincts et par son goût pour les armes, est plus enclin à la philosophie de la guerre.

896. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

La philosophie chrétienne, le christianisme français, la mesure de perfection possible à l’homme, tout cela peut intéresser ceux même que ne touche point le dogme. […] Un prêtre, un archevêque est le véritable précurseur de la philosophie. […] Qu’est-ce enfin que le sens propre, l’expérience personnelle, dont Fénelon est l’organe, sinon l’esprit même de la philosophie ? […] Le Télémaque est comme une première déclaration des droits des peuples, et le grand caractère de ce livre, c’est que les doctrines en sont formées d’un doux mélange de la charité chrétienne et de la philosophie. […] Les dieux de Fénelon ressemblent à ces vaines figures de la Vierge auxquelles s’essayent les peintres, depuis que le protestantisme et la philosophie ont effacé de notre imagination cet idéal que Raphaël avait reçu de la foi du moyen âge.

897. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Pour l’ordinaire, la divinité des faits de sa vie intérieure n’était qu’une théorie née dialectiquement des principes de sa philosophie ; c’était une conclusion, ce n’était pas une évidence. […] Fouillée a supérieurement traité (Philosophie de Socrate, t.  […] Nous conservons provisoirement l’expression consacrée ; elle ne rend pas exactement […], littéralement le divin, seul terme employé (avec […], un dieu, comme synonyme) par Xénophon et Platon. […] ne se rencontre pas, dans les écrits sur ce sujet, avant Plutarque (Fouillée, La philosophie de Socrate, t.  […] La philosophie de Socrate, t.  […] Fouillée sont d’accord (sauf des nuances) pour considérer la morale de Socrate comme essentiellement eudémonique (voir La philosophie de Socrate, t. 

898. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé au nom de l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux funérailles de M. .Villemain »

Cette grande école chrétienne du IVe siècle, tout imprégnée encore d’hellénisme et de philosophie, M. 

899. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Le sociologue, lui, dans l’histoire bien faite d’une littérature trouvera des lois démontrées, qui, lorsqu’un travail analogue aura été opéré sur d’autres littératures nationales, lui seront des éléments précieux pour une philosophie de l’évolution littéraire et même, comme les diverses parties d’une civilisation sont solidaires, de toute l’évolution sociale.

900. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Fiers de la vaine parure d’une fausse Philosophie, nous regardons avec mépris ces siècles peu éclairés. […] Ils formoient entre eux une société de Savans, où régnoit le goût de la bonne Littérature & de la saine Philosophie. […] Nous nous flattons encore d’avoir étendu les progrès de la Philosophie. […] Etrange Philosophie ! […]   La stérilité que nous éprouvons dans presque tous les genres, peut bien autoriser nos plaintes ; mais elle démontre en même temps, que le siècle de la fausse Philosophie, ne peut être celui du génie.

901. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Toutes ses philosophies sont superficielles. […] — De votre philosophie. […] Or, il n’y a point d’éloquence sans religion… Votre talent n’est qu’à demi développé ; la philosophie l’étouffe. […] Imaginerait-on un livre sur Shakespeare où il n’y eût rien ni sur la psychologie ni sur la philosophie de Shakespeare ? […] Elle a son contrecoup même sur sa philosophie.

902. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Au fond, le drame, comme toute œuvre d’art, ne fait que rendre sensible une idée profonde de l’homme et de la vie ; il y a une philosophie cachée sous ses enroulements et sous ses violences, et le public doit être capable de la comprendre comme le poëte de la trouver. […] La vertu chez nos tragiques est fondée sur la raison, sur la religion, sur l’éducation, sur la philosophie. […] Supposez une sorte de verve et de folie romanesque, le style le plus osé, tout bizarre et poétique, des chansons, des peintures, des rêveries à haute voix, le franc dédain de toute vraisemblance, un mélange de tendresse, de philosophie et de moquerie, toutes les grâces fuyantes des sentiments nuancés, tous les caprices de la fantaisie bondissante : la vérité des événements ne vous importera guère. […] Les noms de whigs et de tories venaient de naître, et les plus hauts débats de philosophie politique s’agitaient, nourris par le sentiment d’intérêts présents et pratiques, aigris par la rancune de passions anciennes et blessées. […] Dryden n’a point de philosophie personnelle qu’il puisse développer ; il ne fait que versifier des thèmes qui lui sont donnés par autrui.

903. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Il n’y a rien là qui doive étonner celui qui s’est fait une idée juste de la philosophie de notre histoire. […] L’Université, déjà faible, peu éclairée, était systématiquement affaiblie ; les deux seuls bons enseignements qu’elle possédât, celui de l’histoire et celui de la philosophie, furent à peu près supprimés. […] notre philosophie politique concourait au même résultat. […] Les principes que je disais tout à l’heure sont bien des principes français, en ce sens qu’ils sortent logiquement de notre philosophie, de notre révolution, de notre caractère national avec ses qualités et ses défauts. […] Si les nations d’ancien régime ne faisaient, quand leur vieil édifice est renverse, que passer au système américain, la situation serait simple ; on pourrait alors se reposer en cette philosophie de l’histoire de l’école républicaine, selon laquelle le type social américain est celui de l’avenir, celui auquel tous les pays en viendront tôt ou tard.

904. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

C’est à la philosophie à éclairer l’espèce humaine et à bannir de dessus la terre les longues erreurs qui l’ont dominée. […] Ainsi vous préparerez le seul règne de la philosophie…. Vous couronnerez avec certitude la révolution commencée par la philosophie. » « Il faudrait avoir les yeux pochés pour ne pas voir ici un homme en colère, qui se console du décret dans la préface. […] D’autres sont venus qui ont défait tout cela, qui vous ont rejeté de leur philosophie, laquelle (je leur en demande bien pardon), pour être plus savante et moins maigre que la précédente, me semble bien artificielle aussi. […] Huet, dans une thèse ingénieuse (1838), s’est attaché à évincer tout à fait Bacon, comme autorité, du domaine de la philosophie intellectuelle ; il lui a refusé toute initiative essentielle en cette partie.

905. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Cette objection centrale, solaire, éblouissante, qui saute aux yeux, et que je n’avais pas pu ne pas prévoir, c’est toute la philosophie de son article. […] Le développement normal de la fleur au fruit ; de la philosophie de Descartes à quelque épopée restée inédite ? […] Dresser la carte de nos plaisirs, c’est l’affaire du critique ; la philosophie ne connaît pas de frontières. […] Mon incompétence, en matière de philosophie technique m’empêche d’ajouter ici le témoignage des vrais maîtres. […] Non pas à la Chenavard, cette grande victime du « sujet », du sujet externe ; sa philosophie, toute intérieure, n’est que l’âme de son art, elle fait corps avec lui.

906. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Admettons que l’idée de progrès, devenue fondamentale dans la philosophie et les sciences politiques, la régénère : de quelle utilité peut-elle être pour la peinture et la statuaire ? […] Grâce aux modernes éclectiques, nous n’avons point de philosophie. […] Si nous avions pourtant à rattacher cette manifestation de l’esprit littéraire et artistique au mouvement général des idées contemporaines, il nous serait aisé de signaler les points de concordance qui la relient à la philosophie positive. […] Le positivisme en philosophie est une des tendances d’une époque vouée à la science et à l’industrie. […] Il y a toujours eu, il y aura toujours en philosophie des matérialistes, des spiritualistes, des sceptiques et des mystiques.

907. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nodier, Charles (1780-1844) »

[Littérature et philosophie mitées (1834).]

908. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 424-428

Le premier Philosophe de l’Europe y paroît dans un raccourci qui étonne, & d’une sécheresse plus que géométrique, ce qui n’est pas propre à faire honneur à la Philosophie.

909. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

Ses Remarques Littéraires & Critiques sur les Bibliotheques de la Croix du Maine & du Verdier, ses Mémoires historiques sur la vie & les Ouvrages de la Monnoye, offrent des traits fréquens de zele & de réclamation contre les attentats de la Philosophie.

910. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre premier. Du Christianisme dans la manière d’écrire l’histoire. »

Si le christianisme a fait faire tant de progrès aux idées philosophiques, il doit être nécessairement favorable au génie de l’histoire, puisque celle-ci n’est qu’une branche de la philosophie morale et politique.

911. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — De l’état de savant. » pp. 519-520

Entre les sciences, les unes sont filles de la nécessité ou du besoin, telles sont la médecine, la jurisprudence, les premiers éléments de la physique et des mathématiques ; les autres naissent de Tàisance et peut-être de la paresse, telles sont la poésie, l’éloquence et toutes les branches de la philosophie spéculative.

912. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 38, que les remarques des critiques ne font point abandonner la lecture des poëmes, et qu’on ne la quitte que pour lire des poëmes meilleurs » pp. 554-557

Le monde n’a pas besoin d’être éclairé sur le mérite de deux poëmes, comme sur le mérite de deux systêmes de philosophie.

913. (1910) Rousseau contre Molière

Rousseau nous dit : « Ce Philinte-là, si un malheur lui arrivait, vous verriez où s’en irait toute sa belle philosophie !  […] Quelle est donc cette philosophie ? […] Il y a grand parti à tirer contre Molière de ce qu’il a habillé la sagesse, la saine philosophie et la sainte religion des habits d’un grotesque. […] Voilà toute la philosophie de Molière. […] Il est probable que Corneille a, lui aussi, dans ses plus grands ouvrages, subordonné les situations aux caractères, et l’on ne songe sans doute point à dire que sa philosophie soit naturaliste.

914. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Évolution des Êtres, Évolution de la Philosophie, Évolution de la Morale, Évolution de la Famille, Évolution du Mariage, que sais-je encore ? […]   Et vous voyez encore quelle erreur on commet lorsqu’on impute à Descartes et au caractère de sa philosophie le caractère « abstrait » ou « rationnel » de notre système dramatique. […] On lit encore un peu plus loin : J’ai essayé de rendre compte de la marche lente, mais continuelle de l’esprit humain dans la philosophie, et de ses succès rapides, mais interrompus dans les arts. […] Et qui donc, depuis plus de trente ans, a jeté dans la circulation plus d’idées générales que l’auteur de l’Histoire de la littérature anglaise, de la Philosophie de l’art, des Origines de la France contemporaine ? […] Ce que Cousin essayait de faire pour l’histoire de la philosophie, de la lier à toutes les autres parties de l’histoire, mais en ayant peut-être le tort de vouloir toutes les placer non seulement dans la dépendance, mais sous la subordination de la philosophie, Guizot, à côté de lui, dans le même temps et dans la même Sorbonne, le faisait pour l’histoire politique et sociale dans ses leçons sur l’Histoire de la civilisation en France.

915. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

La philosophie du courtisan, ainsi que la religion du prêtre ambitieux, est celle du maître. […] La philosophie se ressent plus ou moins des circonstances. […] Par quelle espèce de philosophie, suivant quelles maximes des sages, a-t-il amassé trois cents millions de sesterces en quatre ans ? […] Que Sénèque eût étayé sa faiblesse naturelle des principes de la philosophie la plus roide, je ne l’en estimerais que davantage. […] celles de la philosophie, qui déplaisait à Agrippine au point de dire à son fils que cette étude ne convenait point à un empereur.

916. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

. — Philosophie méthodique (1867). — L’Europe sauvée et la Fédération (1868). — L’Épopée humaine : La Mort des Dieux (1866) ; la Mêlée des races (1874) ; la Genèse universelle (1890) ; le Premier Pontife (1890) ; les Races (1890) ; Premier cycle des civilisations : Sardanapale (1891) ; Deuxième cycle de la civilisation : Jésus (1899). — Charlemagne (1893). — La Pallas des peuples (1893). — Abeylar (1894). — La Loi de l’histoire (1894). — Jeanne d’Arc (1895). — Borgia (1896). — Jésus et l’Ère de la science (1896). — Philippe le Bel (1896). — Don Juan (1897). — Pascal et Descartes (1897). — Rabelais (1897). — La Religion de la science et l’Esprit pur (1897). — Ultimum Organum (1897).

917. (1890) L’avenir de la science « A. M. Eugène Burnouf. Membre de l’Institut, professeur au Collège de France. »

En écoutant vos leçons sur la plus belle des langues et des littératures du monde primitif, j’ai rencontré la réalisation de ce qu’auparavant je n’avais fait que rêver : la science devenant la philosophie et les plus hauts résultats sortant de la plus scrupuleuse analyse des détails.

918. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

C’est pour nous avoir laissé des Lettres qui sont un chef-d’œuvre d’éloquence ; pour avoir enrichi l’esprit humain de pensées profondes, fortes & sublimes ; pour avoir lancé, dans cinq ou six traits de plume, plus de lumiere & de génie qu’on n’en trouve dans tout ce qui paroît accumulé avec tant d’effort dans des volumes de Mélanges de Littérature, d’Histoire, & de Philosophie.

919. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

La philosophie du dix-huitième siècle, éclairée ou intimidée par la Révolution, a dit M. de Rémusat, formait l’esprit de ce recueil. La Décade, qui allait tout à l’heure devenir impossible, représentait cette philosophie dans ce qui lui restait d’ardeur non découragée et de prosélytisme, dans son ensemble systématique et ses doctrines générales, et embrassait à la fois la politique, la religion, l’idéologie, la littérature. […] En ce point, notez-le, Mme Guizot est fermement du siècle, de la philosophie, de l’expérience, qui examine, va jusqu’au bout et ne se rend pas ; elle ne fait intervenir aucun élément mystérieux et irrationnel dans l’éducation. […] Jouffroy les doctrines du rationalisme spiritualiste aient inspirées à la philosophie de notre époque.

920. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

la philosophie et la théologie aboutissant à une religion civile et non divine ! […] X Et maintenant que ce déplorable livre a porté ses fruits de démence et de perdition dans une démocratie avortée, faute de véritable philosophie dans son faux prophète, essayons de remettre un peu de bon sens dans la philosophie politique du peuple, et de substituer en matière de gouvernement quelques vérités pratiques, et par cela même divines, à ce monceau de chimères devenu un monceau de ruines sous la main égarée des sectaires d’un aveugle, qui écrivit de génie et qui pensa de hasard. […] La propriété, et la propriété individuelle, est un des décrets du droit divin, sur lesquels la philosophie, si dérisoirement nommée socialiste, de J.

921. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

La pensée tend à s’affranchir de l’autorité de l’Église, elle s’éloigne de la tradition par diverses routes : aristotélisme alexandrin ou averroïste, panthéisme naturaliste, scepticisme et positivisme, philosophie scientifique. […] La logique de la doctrine séduisit l’esprit du savant : il se jeta dans le jansénisme avec tout l’emportement de sa fougueuse nature ; et pour première marque de son application à la théologie, il dénonça à l’archevêque de Rouen un certain frère Saint-Ange, dont la philosophie ne lui semblait pas orthodoxe. […] Pascal donne à Port-Royal un esprit tout laïque, formé aux méthodes et imbu des notions de la science et de la philosophie, assez ignorant de la théologie : de son Entretien avec M. de Saci, il résultera qu’au moment d’entreprendre ses rudes campagnes contre l’erreur et l’incrédulité, ce défenseur de la foi connaît à fond les philosophes, et n’a pas lu les Pères de l’Église : il n’en aura jamais qu’une connaissance superficielle. […] Il lui donnera ainsi la curiosité, s’il a tant, soit peu de raison, de connaître d’où vient cette étrange disproportion de sa nature ; et pour résoudre cette énigme, il l’adressera aux philosophies et aux religions, dont il montrera la vanité, la faiblesse et l’impuissance.

922. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

En elles-mêmes et d’après leur nature, la poésie et la science, de même que la philosophie, ne sauraient être séparées. […] Malgré tout, c’est là une sorte de gymnastique qui a pu n’être pas sans utilité pour assouplir le style de l’écrivain et le plier aux grands efforts. — Cet essai de traduction est précédé d’une préface étendue où le poète examine l’état et l’avenir de la philosophie. […] Sully-Prudhomme en pleine possession de toutes les ressources de son art et de taille à se mesurer avec les plus grands sujets de la science ou de la philosophie. […] Excellente méthode en philosophie, dangereuse en poésie.

923. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Il y a de l’anarchie de cabinet particulier, du réalisme d’hôtel meublé, de la philosophie de loge de comédienne. […] Il possède des dons très réels d’évocateur, mais il y a encore beaucoup de morale et de philosophie dans ses vers, avec une mélancolie incurable. […] Léon Vannoz : son vers est harmonieux, sa poésie assez peu impulsive, a souvent des allures didactiques ou d’un lyrisme conventionnel, mais sa langue est sûre, le rythme précis et il y a de la noblesse dans sa pensée et dans sa philosophie optimiste : Une vaste espérance oppresse la nature… La Psyché renaîtra sous une forme pure… M.  […] Son naturisme exalté, sa philosophie passionnée s’accommodaient de l’enseignement des mystiques.

924. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

L’abbé-médecin Bourdelot, revenu de Suède et qui est dans le train moderne, essaye de lui donner quelque idée de la philosophie nouvelle ; Gui Patin résiste et nous dit en se raillant de Bourdelot : Il est tout atrabilaire de corps et d’esprit, sec et fondu, qui dit que tout le monde est ignorant, qu’il n’y a jamais eu au monde de philosophe pareil à M.  […] Il est fier de son sexe et le fait sonner bien haut : « J’ai souvent loué Dieu, dit-il, de ne m’avoir fait ni femme, ni prêtre, ni Turc, ni Juif. » En présence de l’hôtel Rambouillet et de ce nouvel empire, il reste de l’avis de Scaliger qui raillait le cardinal Du Perron de ce que, pour paraître savant, il entretenait les dames du flux et reflux de la mer, de l’Être métaphysique et autres points de philosophie. […] Descartes et les chimistes ignorants tâchent de tout gâter, tant en philosophie qu’en bonne médecine.

925. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

L’une de celles qui me troublent le plus l’esprit vient du mélange d’histoire proprement dite avec la philosophie historique ; je n’aperçois pas encore comment mêler ces deux choses (et il faut pourtant qu’elles le soient, car on pourrait dire que la première est la toile, et la seconde la couleur, et qu’il est nécessaire d’avoir à la fois les deux pour faire le tableau) ; je crains que l’une ne nuise à l’autre, et que je ne manque de l’art infini qui serait nécessaire pour bien choisir les faits qui doivent, pour ainsi dire, soutenir les idées ; en raconter assez pour que le lecteur soit conduit naturellement d’une réflexion à une autre par l’intérêt du récit, et n’en pas trop dire, afin que le caractère de l’ouvrage demeure visible. […] Je voudrais bien que tu m’aidasses à y voir plus clair… » Les sceptiques pourraient bien avoir raison : cette philosophie des faits, tirée à distance, avec tant d’effort, et qui varie au gré de chaque cerveau, ne prouve guère, après tout, que la force de tête et la puissance de réflexion de celui qui la trouve. […] Si, par hasard, dirai-je en idée à M. de Tocqueville, la philosophie que vous avez puisée dès l’enfance auprès du bon abbé Lesueur n’était pas absolument la vraie ; si l’homme venait de moins haut ; s’il n’avait pas moins pour cela le besoin et l’aspiration de monter, il n’y aurait pas lieu à être tant humilié de se sentir quelquefois conduit, aidé dans le sens du bien, fût-ce même du bien-être.

926. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

— Soit qu’il nous peigne ce grand style de Pascal, si caractérisé entre tous par sa vérité, austère et nu pour l’ordinaire, paré de sa nudité même, et qu’il ajoute pour le fond : « Bien des paragraphes de Pascal sont des strophes d’un Byron chrétien ; » soit qu’il admire, avec les penseurs, dans La Rochefoucauld, ce talent de présenter chaque idée sous l’angle le plus ouvert, et cette force d’irradiation qui fait épanouir le point central en une vaste circonférence ; soit qu’il trouve chez La Bruyère, et à l’inverse de ce qui a lieu chez La Rochefoucauld, des lointains un peu illusoires créés par le pinceau, moins d’étendue réelle de pensée que l’expression n’en fait d’abord pressentir, et qu’il se montre aussi presque sévère pour un style si finement élaboré, dont il a souvent un peu lui-même les qualités et l’effort ; soit que, se souvenant sans doute d’une pensée de Mme Necker sur le style de Mme de Sévigné, il oppose d’un mot la forme de prose encore gracieusement flottante du xviie  siècle à cette élégance plus déterminée du suivant, qu’il appelle succincta vestis ; soit qu’en regard des lettres capricieuses et des mille dons de Mme de Sévigné, toute grâce, il dise des lettres de Mme de Maintenon en une phrase accomplie, assez pareille à la vie qu’elle exprime, et enveloppant tout ce qu’une critique infinie déduirait : « Le plus parfait naturel, une justesse admirable d’expression, une précision sévère, une grande connaissance du monde, donneront toujours beaucoup de valeur à cette correspondance, où l’on croit sentir la circonspection d’une position équivoque et la dignité d’une haute destinée ; » soit qu’il touche l’aimable figure de Vauvenargues d’un trait affectueux et reconnaissant, et qu’il dégage de sa philosophie généreuse et inconséquente les attraits qui le poussaient au christianisme ; soit qu’en style de Vauvenargues lui-même il recommande, dans les Éléments de Philosophie de d’Alembert, un style qui n’est orné que de sa clarté, mais d’une clarté si vive qu’elle est brillante ; — sur tous ces points et sur cent autres, je ne me lasse pas de repasser les jugements de l’auteur, qui sont comme autant de pierres précieuses, enchâssées, l’une après l’autre, dans la prise exacte de son ongle net et fin. […] Les articles sur M. de La Rochefoucauld, sur le Paradis perdu de M. de Chateaubriand, sur Arthur, etc., etc. ; les principaux ont été recueillis depuis sous le titre d’Essais de Philosophie morale (Paris, 1837, in-8°).

927. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

La philosophie de Descartes et celle de Gassendi étaient aux prises. Au lieu de s’enflammer, comme Mme de La Sablière, pour Descartes, elle pencha vers Gassendi : ce qui au fond n’était pas moins s’occuper De certaine philosophie Subtile, engageante et hardie. […] L’esprit persistait ; la philosophie revient toute voisine de cette pièce pénitente et de quelques paraphrases des Psaumes, dans des réflexions hautement stoïques ; on dirait qu’elle essaie la mort de tous les côtés : Misérable jouet de l’aveugle fortune, Victime des maux et des lois, Homme, toi qui, par mille endroits, Dois trouver la vie importune, D’où vient que de la mort tu crains tant le pouvoir ?

928. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Il est possible, à la rigueur, que la philosophie, alors commençante, l’ait séduit un moment dans l’intervalle de sa sortie de La Flèche à son entrée chez les bénédictins, et que le personnage de Cléveland représente quelques souvenirs personnels de cette époque. […] L’impuissance de la philosophie solitaire en face des maux réels y est vivement mise à nu, et la tentative de suicide par où finit Cléveland exprime pour nous et conclut visiblement cette moralité plus profonde, j’ose l’assurer, qu’elle n’a dû alors le sembler à son auteur. […] Antérieur par sa manière au règne de l’analyse et de la philosophie, il ne copie pourtant pas, en l’affaiblissant, quelque genre illustré par un formidable prédécesseur ; son genre est une invention aussi originale que naturelle, et dans cet entre-deux des groupes imposants de l’un et de l’autre siècle, la gloire qu’il se développe ne rappelle que lui.

929. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Encore une fois il relève du siècle dernier par son esprit, par son style, par ses goûts littéraires, même par sa philosophie, qui, autant que j’en puis juger, serait celle de Condillac ou de Cabanis et de Destutt de Tracy. […] Les mots importants, significatifs, doivent se détacher, être comme « lancés », non seulement par l’acteur, mais d’abord par l’écrivain, de façon à passer la rampe. « Il y a un style de théâtre comme il y a un style d’oraison funèbre, un style de traité de philosophie, un style de journal. » Souvent la situation initiale suppose des événements antérieurs qui ont quelque chose d’extraordinaire et d’invraisemblable. […] Plusieurs, même parmi ceux qui réussissent, sont des esprits médiocres, sans culture, sans finesse, sans philosophie, des manœuvres habiles dans un métier très spécial, aussi spécial que celui d’horloger ou d’ajusteur.

930. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Tout cela fait sept cordes (à la vérité, il serait difficile de les nommer avec précision ; il semble pourtant que les sept livres que nous venons de parcourir pourraient s’intituler : Humanité, Nature, Philosophie, Art, Foyer, Amour, Fantaisie). […] C’est une cloche retentissante dont les plus grandes, ou, pour mieux dire, les plus grosses idées de la première moitié de ce siècle sont venues tour à tour tirer la corde… Si donc on veut définir le génie de Hugo par ce qui lui est essentiel, je crois qu’il convient d’écarter ses idées et sa philosophie. […] Et ainsi c’est de la maladie de l’antithèse qu’est venu à Victor Hugo ce qu’il peut y avoir de philosophie dans son œuvre ; et si, d’aventure, il mérite çà et là ce nom de « penseur » auquel son ingénuité tenait tant, c’est à sa manie d’opposer entre eux les mots qu’il le doit.

931. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

2º Les journaux devraient tous avoir un courrier littéraire quotidien, ne contenant que des notes brèves, rédigées par plusieurs mais sous le contrôle d’un seul, et deux feuilletons critiques hebdomadaires, l’un réservé aux romans et aux livres de poèmes les plus remarquables, l’autre aux livres de critique littéraire, histoire, philosophie, sociologie, etc. […] Largement comprise, la critique en somme n’est que la philosophie, enlevée aux professionnels et mise à l’usage des gens qui ne se plaisent à lire que ce qui est lisible. […] Jacques Morland : « Mon journal, monsieur, est une affiche. » Jamais, dit encore Mlle Charasson, « un nouveau Sainte-Beuve ne trouverait maintenant à publier sa copie, à moins d’être propriétaire du journal où il voudrait la voir paraître. » Elle souhaiterait que les journaux eussent « un courrier littéraire quotidien, ne contenant que des notes brèves, rédigées par plusieurs mais sous le contrôle d’un seul, et deux feuilletons critiques hebdomadaires, l’un réservé aux romans et aux livres de poèmes les plus remarquables, l’autre aux livres de critique littéraire, histoire, philosophie, sociologie, etc. ».

932. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Il plut aux adeptes de la philosophie sensuelle que la cour de Catherine II avait introduite dans le grand monde. […] Eugène Onéguine est un joli garçon de Saint-Pétersbourg, atteint de tous les défauts de sa génération, mais ayant au fond du cœur quelque chose d’élevé et même une certaine dose de philosophie. […] La philosophie de Schopenhauer n’était pas encore inventée.

933. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

IV Si la théorie de la conscience et de la perception extérieure est la base de toute psychologie, la théorie de la cause est la clef de toute philosophie : elle nous ouvre même des régions où nous n’avons pas à pénétrer. […] Dans son Examen de la philosophie d’Hamilton 94, il a critiqué avec vivacité la théorie de ce philosophe sur la causalité. […] Dans le langage exact que doit parler la philosophie, la cause est donc « la somme des conditions positives et négatives prises ensemble, le total des contingences de toute nature que le conséquent suit invariablement, quand elles sont réalisées. » Cependant cette définition de la cause n’est encore que partielle.

934. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

La théorie de votre jugement sera celle de vos magistratures ; et la mesure de votre philosophie dans ce jugement sera aussi la mesure de votre liberté dans la Constitution. La philosophie politique de Saint-Just était déjà tout entière, en effet, dans ce premier discours. Cette même philosophie se retrouve dans le procès de la reine.

935. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Il sonne sur la lyre le nom du Christ ; et, aux accents de son luth à dix cordes, il fait lever de l’enfer les ressuscités. » Interprète passionné des autres chants de victoire ou de deuil semés dans les livres saints, pieusement charmé du Cantique des cantiques, où il ne voit que l’idéal d’un mystique amour, tout en le comparant pour les images et la poésie au brûlant épithalame de Théocrite sur les noces infidèles de Ménélas et d’Hélène, Bossuet semble plus épris encore de cette concise et poétique philosophie des Hébreux, de ces courts axiomes, de ces symboles parlants qui remplissent les livres de Salomon et ceux du fils de Sirach. […] » Ce qui pour lui cependant résolvait le problème, c’était un autre principe de philosophie, l’idée présente d’une Loi souveraine, d’un destin moral, pour ainsi dire, au lieu de cette fatalité aveugle qu’on reproche à l’antiquité, et dont elle ne peut guère se justifier que par exception. […] De là découle toute la philosophie religieuse et civile du poëte thébain.

936. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Pour un homme qui avait des parties si élevées de philosophie et des prétentions à tout fonder ou reconstruire, il se payait souvent de mots ; on n’a jamais tant usé et abusé des mots passé et avenir ; ils ont pour lui un sens absolu ; ce sont des êtres complets, déterminés, des abstractions distinctes, des idoles ; il maudit l’un et adore l’autre. […] Les Affaires de Rome renferment des descriptions charmantes et de piquants portraits ; la préface des troisièmes Mélanges est un modèle de lucide discussion ; l’Esquisse d’une philosophie contient sur l’art un chapitre d’une merveilleuse et mystique poésie.

937. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Il suit ses cours de philosophie à la maison de Navarre, que dirigeait alors Nicolas Cornet, maître ferme et prudent ; il y achève toutes ses études ecclésiastiques. […] Les thèses qu’il soutint à la fin de sa première année de philosophie et qu’il dédia à l’évêque de Lisieux, Cospéan, furent célèbres ; il était cité comme l’une des merveilles de l’Université, une des gloires de Navarre.

938. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

En général, le complexe et l’éclectique est plutôt le fait de la sagesse et de la philosophie que de la poésie. […] Ainsi nous avons ici affaire à un poëte de talent et de pensée, qui ne dit non ni à la science, ni à la philosophie, ni à l’industrie, ni à la passion, ni à la sensibilité, ni à la couleur, ni à la mélodie, ni à la liberté, ni à la civilisation moderne.

939. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Elizabeth de Bohême, Princesse Palatine refuse la main de Ladislas IV. roi de Pologne pour cultiver la Philosophie & les Mathématiques, & s’honnorer du nom de disciple & d’amie de Descartes. […] Je sçais que la Philosophie oblige les Rois de porter pendant toute leur vie le triste fardeau du Sceptre qu’un destin fatal leur a imposé ; je sçais qu’elle leur défend d’oser s’élever à un état plus heureux, mais elle est aussi trop severe.

940. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Il en est de l’art comme de la science et de la philosophie. […] Peu d’artistes partageraient aujourd’hui l’espoir un peu naïf de Mme de Staël qui croyait que la littérature pourrait trouver dans les nouvelles conditions sociales des causes de renouvellement, que le théâtre, la philosophie et l’éloquence seraient appelée à un éclat imprévu46.

941. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Cet individualisme est un impérialisme intégral, une philosophie de la vie intense et de la volonté de puissance triomphante, une philosophie du surhomme.

942. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Tout s’y fonde : philologie, mathématiques, astronomie, sciences physiques, philosophies. […] Il faut définitivement s’habituer à maintenir, au milieu de tous les bouleversements, le prix de la culture intellectuelle, de la science, de l’art, de la philosophie.

943. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Disons encore que parmi les objections dirigées contre la phrénologie, il en est quelques-unes qui ne nous paraissent pas suffisamment démonstratives, et que l’on pourrait écarter du débat : ce sont certaines objections à priori tirées de la philosophie, et qui n’ont pas suffisamment d’autorité dans un débat essentiellement physiologique et anatomique. La philosophie en effet ne peut pas avoir la prétention de savoir d’avance si le cerveau est un organe simple ou complexe.

944. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

C’est pour cela que la philosophie a employé tant d’art à purger l’une et l’autre (pour user du terme d’Aristote), à dessein de conserver ce qu’elles ont d’utile, en écartant ce qu’elles peuvent avoir de pernicieux. Mais il faut convenir qu’en ceci la poésie l’emporte infiniment sur la philosophie, dont les raisonnements trop crus sont un préservatif trop faible ou un remède peu sûr contre les mauvais effets de ces passions : au lieu que les images poétiques ont quelque chose de plus flatteur et de plus insinuant pour faire goûter la raison.

945. (1861) La Fontaine et ses fables « Conclusion »

Il a fallu la profondeur, la philosophie, la science, l’universalité, la critique, le panthéisme de l’Allemagne et du dix-neuvième siècle pour produire un Goethe.

946. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 521-526

Qui se seroit attendu que l’Auteur des Mélanges de Littérature, d’Histoire & de Philosophie, l’adversaire déclaré des graces de la Poésie, dût jamais être opposé comme un rival redoutable dans l’art des vers, à Lucrece, qui les faisoit si bien ?

947. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 220-226

DUPLEIX, [Scipion] Historiographe de France, né à Condon en 1569, mort dans la même ville en 1661 ; le premier Auteur qui ait publié en François un Ouvrage de Philosophie scholastique, & le premier Historien qui ait cité en marge les sources où il a puise les faits qu’il rapporte.

948. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

On ne doit pas négliger de parler de son Traité du choix & de la méthode des Etudes, où il décrit la marche convenable à chaque Science en particulier ; ni de son Livre des Devoirs des Maîtres & des Domestiques, où une philosophie chrétienne prescrit aux un des regles de conduite conformes à l’ordre & à l’humanité, & aux autres des leçons propres à régler leur dépendance & à rendre leur sort plus heureux.

949. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 453-457

L’esprit d’anarchie s’est répandu sur tous les genres : en matiere de goût, comme en matiere de raison, tout se réduit à l’arbitraire ; le plus grand nombre des Ouvrages d’agrément annoncent l’oubli des regles, l’amour des systêmes, le renversement des principes reçus ; les Ouvrages de morale ne sont le plus souvent que le fruit d’une imagination indépendante, qui assujettit à ses caprices les sentimens, les devoirs, les bienséances ; dans les Ouvrages de raisonnement, le sophisme triomphe, la Philosophie attaque les vérités les plus certaines, mine avec activité les fondemens de la Religion, des Mœurs, des Loix, rompt les nœuds de la Société, & obscurcit jusqu’aux notions les plus claires de la Nature.

950. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre III. Suite du précédent. — Seconde cause : les anciens ont épuisé tous les genres d’histoire, hors le genre chrétien. »

Comme poésie, l’origine des Cattes, des Tenctères, des Mattiaques, n’offrait rien de ce brillant Olympe, de ces villes bâties au son de la lyre, et de cette enfance enchantée des Hellènes et des Pélasges ; comme politiques, le régime féodal interdisait les grandes leçons ; comme éloquence, il n’y avait que celle de la chaire ; comme philosophie, les peuples n’étaient pas encore assez malheureux, ni assez corrompus, pour qu’elle eût commencé de paraître.

951. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Pierre Mancel de Bacilly »

L’auteur du Pouvoir et de la Liberté, qui appartient, par les tendances générales de sa philosophie autant que par ses convictions religieuses, à la grande école des de Maistre et des Bonald, ne croit pas à la souveraineté du peuple, et la plus grande partie de son livre est consacrée à la combattre ; mais l’originalité de son principe consiste précisément en ceci qu’il n’est faussé par l’application d’aucune théorie et qu’il embrasse et domine les plus opposées, aussi bien la théorie de la souveraineté du nombre que la théorie mystique du droit divin.

952. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre premier »

Nous avons vu entrer en campagne, au profit du salut public, toutes les forces morales, qu’elles prissent naissance ici ou là, dans une religion, dans une philosophie ou dans une éducation ; tout se révéla excellent pour nourrir les âmes, et cette armée remplie de nos contradictions furieuses s’est montrée, face aux Allemands, unie et tout éblouissante de beauté spirituelle.‌

953. (1902) Propos littéraires. Première série

On nous lit comme on lit un roman, un poème ou un livre de philosophie. […] Voilà la philosophie générale de M.  […] Il en pourrait bien être de même de certaines philosophies. […] Voilà quelques traits de la philosophie de M.  […] Sur cette philosophie s’établit toute une esthétique.

954. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Comme Épictète, il a pu réduire la philosophie à ces deux maximes : « souffrir et s’abstenir », ἀνέχου καί ἀπέχου. […] « Notre philosophie, dit l’auteur, est vaine dans ses pensées, superbe dans ses discours. […] Dire qu’on ne doit donner à l’enfance aucun principe religieux, c’est une des erreurs les plus funestes que jamais ait avancées la philosophie. […] de Luc, ou l’ouvrage cité par Rollin, dans le livre de ses Études, intitulé De la philosophie. Quelle philosophie, et combien peu elle ressemble à la nôtre !

955. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pailleron, Édouard (1834-1899) »

Pailleron, avec une source première de philosophie qui ne s’est point tarie, une faculté d’ironie, concentrée et pathétique, dont on ne retrouve guère la trace dans son théâtre.

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