S’il craint de paroître devant moi, qu’il dépose ses Pieces entre les mains, non d’un Officier public, mais d’une personne dont les lumieres & la probité reconnues rendent le témoignage valable ; & si je n’en démontre l’abus & la fausseté, je consens à être traité moi-même de Calomniateur public. […] De produire aucun papier signé ou seulement écrit de ma main, qui contredise ce que je viens de dire au sujet de mes Lettres. 3°. De me présenter un seul témoin, digne de foi, qui ait vu, avant la publication des Trois Siecles, un seul Article, une seule phrase de cet Ouvrage, écrite de la main de cet Abbé, ou qui m'ait vu écrire sous sa dictée, ou qui ait entendu cet Abbé dire, en ma présence, qu'il ait eu d'autre part à mon travail que de m'avoir aidé de ses conseils & quelquefois de ses critiques, pour les Articles concernant les Prédicateurs & les Ecrivains ascétiques. 4°. De prouver qu'aucune des Lettres, dont on cite des morceaux, pag. 17, 18, 19 & suiv. ait été écrite audit Abbé, comme l'assure le Libelliste : je dis plus, de me montrer dans toutes ces Lettres une seule expression, un seul mot écrit de ma main, qui dénote que ce soit à un Abbé, ou à un Ami, ou même à un François qu'elles ont été adressées. […] Si l'unité d’esprit, de systêmes, & de style, force les moins habiles à n’y reconnoître qu’une seule main, on se retourne d’un autre côté ; on attribue l’Ouvrage à un Habitué de Paroisse, qui, malheureusement pour ceux qui veulent lui faire honneur de mon travail, est mort il y a près de trois ans ; car pour rendre la chose vraisemblable, on n’auroit pas manqué de lui attribuer, aussi les augmentations faites depuis, & qui n’annoncent pas une plume différente.
Elle tend la main droite à Corinne et la gauche à Dorine.
C'est dommage que ces Discours ne soient pas tous égaux ; il y a une si grande différence entre eux, qu'on auroit peine à croire qu'ils soient de la même main, si la touche de l'Auteur ne s'y faisoit sentir par intervalles.
Je vous demande seulement un peu d’indulgence pour ses cheveux gris et sa main tremblante….
Puisse-t-il sous cette forme nouvelle leur être encore utile, servir aussi à leurs camarades de France et d’ailleurs, et, manié, perfectionné par leurs mains juvéniles, les aider tous à dégager de la gaine de pierre où elle est ci demi emprisonnée les lignes pures et harmonieuses de la Vérité !
L’un de nous deux un jour au frais, Assis près de cette fontaine, Le cœur percé de mille traits, D’une main qu’il portoit à peine, Grava ces vers sur un cyprès : « Hélas !
Les Loix civiles, qu’il connoissoit si bien, n’ont point, à la vérité, statué de peine contre l’orgueil ; mais celles de la Société le proscrivent comme le poison du mérite, & refusent l’estime à quiconque se couronne de ses propres mains.
Mais comme il a de la peine à atteindre de la main la branche où la courroie est nouée, cette contrainte détermine son attitude.
Une invisible main nous retient et nous empêche de nous mêler au chœur universel. […] D’où vient que de temps à autre, nous apercevions ce sage marchant la main dans la main avec les neveux de ces fous ? […] J’ai eu longtemps entre les mains le livre de M. […] Dans ma main, il franchit le seuil des églises et jusqu’à la porte des cloîtres. […] Que reste-t-il d’un homme tombé vivant dans leurs mains ?
J’ai eu entre les mains un document bien curieux : les épreuves des Blasphèmes, en regard de celles de La Mer. […] Il permet d’appliquer plus complètement au livre de La Mer ce mot de La Bruyère : « Il est fait de main d’ouvrier ». […] Les paysages sont rendus de main de maître. […] Au moment d’atteindre de la main le bonheur qu’il avait rêvé, Verlaine eut-il l’intuition d’un avenir plein de ténèbres ? […] », les douloureuses litanies où passe un souvenir des prières de l’Extrême-Onction : « Voici mon sang… Voici mon front… Voici mes mains », deux ou trois autres pièces encore.
Quand l’auteur reparaîtra dans un an ou dix-huit mois avec un nouveau drame en main, il sortira comme Épiménide de son antre, on lui demandera peut-être qui il est, ce qu’il veut : il aura tout à refaire, — surtout la curiosité si vive, si mobile, si passagère et inconstante, qui se porte toujours ailleurs, et, à tous ces titres, plus française de nos jours qu’elle ne fut jamais.
. — La Main aux dames, contes (1885)
Je vois ce livret aux mains nerveuses de quelque prince Narcisse, celui dont M.
Cet Auteur ne mériteroit pas cette remarque, s’il n’eût fait un Ouvrage mal digéré, à la vérité, mais qui, entre les mains d’un homme habile, eût pu être d’une grande utilité.
Toujours la même critique, toujours le même bon sens : des prédictions accomplies, des songes vérifiés, des miracles arrivés, comme des pluies de sang, des fleuves qui suspendent leurs cours, des mains invisibles qui écrivent sur les murailles ; tels sont les traits dominans de ce merveilleux Ouvrage.
On dirait qu’il passe la plume à une main moins mâle. […] La sensitive s’est refermée peu à peu au contact des mains d’argile. […] Il se fait la main. […] Il n’était orateur que la plume à la main. […] Napoléon dit, en s’en lavant les mains : « Il n’osera pas » ou : « Osera-t-il ?
. — Vos mains, dit celle-ci, ne sont point criminelles. — Marie : Ah ! […] La fable qu’ils imitent devient plus vraie entre leurs mains, l’action plus forte, les ressorts se multiplient ou acquièrent plus de puissance. […] Schiller lui-même paraît l’avoir pensé, puisque, chez lui, Fiesque est précipité dans la mer par des mains républicaines, et ne se noie pas fortuitement comme dans les annales de Gênes. […] Si dans la solitude et les ténèbres, l’assassin reconnaît, entend celui que sa main a frappé, partagerai-je son illusion, moi qui ne suis que le témoin et non le complice de son forfait ?
Et enfin il y a si longtemps que les genres servent dans notre littérature vieillie, nous en avons tant vu les lois et les règles tourner, aux mains des faiseurs, en procédés qui dispensent de regarder la nature, nous avons tant vu de pièces bien faites, où il n’y avait pas un mot de senti et de vécu, que nous en sommes venus à prendre volontiers l’inexpérience technique pour une marque de sincérité : il nous semble que l’artiste qui bouscule les genres et leurs lois doive nous étaler la nature toute pure et toute nue. […] On voit hors des deux bouts de ses deux courtes manches Sortir à découvert deux mains longues et blanches, Dont les doigts inégaux, mais tout ronds et menus, Imitent l’embonpoint des bras ronds et charnus. Cette petite main de femme n’a-t-elle pas l’air d’avoir été barbouillée par un peintre d’enseignes ? […] Vast-Ricouard même n’a pu faire mieux que Chapelain : « Les bras glissant avec grâce, le long du buste, étaient terminés par des mains dont les doigts potelés, et pourtant effilés, avaient à leurs extrémités de minuscules ongles roses, arrondis à fleur de peau. » Ces réalistes, qui n’ont pas un grain de sentiment artistique, ne se doutent pas qu’il ne suffit pas de savoir le dictionnaire et de faire le tour d’un objet, et d’en coucher par écrit, sous leur nom propre, toutes les particularités visibles.
Ainsi donc, nous nous appuyons sur la physiologie, nous prenons l’homme isolé des mains du physiologiste, pour continuer la solution du problème et résoudre scientifiquement la question de savoir comment se comportent les hommes, dès qu’ils sont en société… En somme, tout se résume dans ce grand fait : la méthode expérimentale, aussi bien dans les lettres que dans les sciences, est en train de déterminer les phénomènes naturels, individuels et sociaux, dont la métaphysique n’avait donné jusqu’ici que des explications irrationnelles et surnaturelles8. » En résumé, de même que, suivant Claude Bernard, la « méthode appliquée dans l’étude des corps bruts, dans la chimie et dans la physique, doit l’être également dans l’étude des corps vivants, en physiologie et en médecine », de même, suivant Zola, la méthode expérimentale qui conduit à la connaissance de la vie physique, « doit conduire aussi à la connaissance de la vie passionnelle et intellectuelle. » « Ce n’est qu’une question de degrés dans la même voie, ajoute le romancier, de la chimie à la physiologie, puis de la physiologie à l’anthropologie et à la sociologie. […] L’homme, sanctifié par le spiritualisme, tendait la main à ses frères les anges, se croyant si près d’eux que le monde animal, le monde végétal n’étaient plus rien dans son esprit qu’un décor gracieux planté par le divin régisseur des forces cosmiques. […] Certaines de ses créations, même parmi les plus robustes d’aspect, donnent l’impression d’un « plaqué » sur la vie, sortant assurément de la main d’un puissant ouvrier, plutôt que l’impression de la vie elle-même, dans la richesse de ses couleurs et l’infinie variété de ses formes L’intime vérité de la nature nous donne une autre sensation, à la fois plus simple et plus variée. […] Meunier, le fabricant de chocolat, et imagina en lui-même la luxueuse installation de l’intérieur, découvrant plusieurs années après, que sa description était peu éloignée de la réalité ; avant d’écrire Nana, il obtint une introduction auprès d’une demi-mondaine, avec laquelle il eut le privilège de déjeuner ; sa laborieuse préparation au prodigieux récit de la guerre de 1870, dans La Débâcle, se compose purement de livres, de documents et d’expériences de seconde main ; quand il voulut décrire le travail, il alla dans les mines et dans les champs, mais il ne semble pas qu’il ait jamais fait un travail manuel d’un seul jour.
Le dehors, comme il vit et qu’il figure encore, on sait comme il est fait pour le corps : des pieds, des mains, une corpulence de paysan et la pesanteur de sa marche, promettaient la taille où il est parvenu. […] Vêtu d’une légère armure, damasquinée par un subtil ouvrier, il a les mains nues, des mains pâles et sensitives, mais avec je ne sais quoi de tyrannique et d’homicide dans la netteté de leur dessin : la gauche appuyée sur la gorge de la garde, la droite contre l’arête d’une table couverte d’un velours sombre dont on aperçoit le bord. […] » Rappelez-vous comme il pèse et comme il est précieux à soutenir, dans quelle attitude exténuée il glisse le long du suaire, avec quelle affectueuse angoisse il est reçu par des bras tendus et des mains de femme… Un de ses pieds, un pied bleuâtre et stigmatisé, rencontre au bas de la croix l’épaule nue de Madeleine.
J’en ai lu dernièrement quelques-unes, datées de la maison où il avait été enfermé et où sa raison s’est éteinte, première mort, qui devait de peu précéder la dernière, et je trouve regrettable qu’une main amie n’ait pas pris soin de réunir un jour ses œuvres éparses : lettres, nouvelles et poésies.
Au troisième livre de l’Iliade, la querelle des Grecs et des Troyens est remise aux mains de Paris et de Ménélas. […] Quand le ciel par nos mains à le punir s’apprête, Un lâche repentir garantira sa tête ! […] Cette clémence fut son salut et sa sûreté ; elle le rendit agréable, et lui procura la faveur publique, quoique Rome, encore indomptée, n’eût courbé la tête qu’en frémissant sous la main d’un maître. […] Lorsque Homère recommande aux peuples l’honorer leurs chefs, il a toujours soin de les avertir que c’est le fils de Saturne, le grand Jupiter, qui a mis dans la main des rois le sceptre et la puissance. […] Une jeune princesse timide, innocente et vertueuse, telle que Rodogune, mettre sa main au prix d’un parricide !
Mais, de là au don créateur et magique des Le Sage, des Fielding, des Prévost, des Walter Scott, il y a évidemment une distance infinie : d’un côté, le fait réel, le cas particulier, l’historien encore rempli de lui-même, qui intéresse par une reproduction animée et fidèle ; de l’autre la diversité des combinaisons, la fécondité des sentiments, tout un monde de créatures pour les revêtir et les exprimer ; la réalité à la fois transformée et partout reconnaissable ; l’univers, en un mot, et l’homme, aux mains de l’art et du génie. […] Le père Lhéry en bas blancs, en culotte rayée, en gilet à fleurs, avec ses cheveux noués en queue, attend béatement l’heure, les mains sur les genoux, et se chauffe par habitude.
Marie, la gentille brune aux dents blanches, aux yeux bleus et clairs, l’habitante du Moustoir, qui tous les dimanches arrivait à l’église du bourg, qui passait des jours entiers au pont Kerlo, avec son amoureux de douze ans, à regarder l’eau qui coule, et les poissons variés, et dans l’air ces nombreuses phalènes dont Nodier sait les mystères ; Marie, qui sauvait la vie à l’alerte demoiselle abattue sur sa main ; qui l’hiver suivant avait les fièvres et grandissait si fort, et mûrissait si vite, qu’après ces six longs mois elle avait oublié les jeux d’enfant et les alertes demoiselles, et les poissons du pont Kerlo, et les distractions à l’office pour son amoureux de douze ans, et qu’elle se mariait avec quelque honnête métayer de l’endroit : cette Marie que le sensible poëte n’a jamais oubliée depuis ; qu’il a revue deux ou trois fois au plus peut-être ; à qui, en dernier lieu, il a acheté à la foire du bourg une bague de cuivre qu’elle porte sans mystère aux yeux de l’époux sans soupçons ; dont l’image, comme une bénédiction secrète, l’a suivi au sein de Paris et du monde ; dont le souvenir et la célébration silencieuse l’ont rafraîchi dans l’amertume ; dont il demandait naguère au conscrit Daniel, dans une élégie qui fait pleurer, une parole, un reflet, un débris, quelque chose qu’elle eût dit ou qu’elle eût touché, une feuille de sa porte, fût-elle sèche déjà : cette Marie belle encore, l’honneur modeste de la vallée inconnue qu’arrosent l’Été et le Laita, ne lira jamais ce livre qu’elle a dicté, et ne saura même jamais qu’il existe, car elle ne connaît que la langue du pays, et d’ailleurs elle ne le croirait pas. […] Sans projets, sans envie, Ne cherchons désormais que l’oubli de la vie : Que chaque objet qui passe, ou noble ou gracieux, Nous attire, et sur lui laissons aller nos yeux ; Vivons hors de nous-même ; il est dans la nature, Dans tout ce qui se meut, et respire, et murmure, Dans les riches trésors de la création, Il est des baumes sûrs à toute affliction : C’est de s’abandonner à ces beautés naives, D’en observer les lois douces, inoffensives, L’arbre qui pousse et meurt où nos mains l’ont planté, Et l’oiseau qu’on écoute après qu’il a chanté.
« Si j’avais la main pleine de vérités, je me garderais bien de l’ouvrir. » Ce n’était pas timidité intellectuelle, ou prudence personnelle : c’était délicatesse : il haïssait le tapage, le scandale, les luttes brutales ; tout cela était de mauvais ton ; il était trop bien élevé pour faire l’apôtre ou le tribun. Il était trop aristocrate aussi pour semer la vérité à pleines mains, en plein champ.
Il apprit à lire et à écrire 121, sans doute selon la méthode de l’Orient, consistant à mettre entre les mains de l’enfant un livre qu’il répète en cadence avec ses petits camarades, jusqu’à ce qu’il le sache par cœur 122. […] Le lien de l’idée est le seul que ces sortes de natures reconnaissent : « Voilà ma mère et mes frères, disait-il en étendant la main vers ses disciples ; celui qui fait la volonté de mon Père, voilà mon frère et ma sœur. » Les simples gens ne l’entendaient pas ainsi, et un jour une femme, passant près de lui, s’écria, dit-on : « Heureux le ventre qui t’a porté et les seins que tu as sucés !
Ce caractère rend inviolable à des ennemis irrités, lie les mains à des traîtres. C’est ce caractère qui crie : Qui es-tu, malheureux, qui oses mettre la main sur Caïus Marins ?
Dès qu’elle apparaît, spectre vague, dans son clair obscur ensanglanté, l’Imagination, effarée et rêveuse, s’assied, pour mieux la contempler, la tête dans sa main et l’œil fixe, comme la hagarde Mélancolie que nous a peinte Albert Durer. […] Avec cette invasion d’activité des grandes passions qui voudraient l’ubiquité de Dieu pour tout faire dans l’accomplissement d’un crime de cœur, elle dénonça l’amour de Kœnigsmark au duc régnant, extorqua l’ordre de le tuer, si on le trouvait chez la duchesse, écrivit de sa main faussaire un rendez-vous auquel ce malheureux se prit.
Il a eu l’idée d’une telle histoire et il l’a dégrossie, mais il ne l’a pas chassée, toute vibrante, du bloc de travaux où elle sommeillait renfermée, et d’où une main plus violente, sinon plus vigoureuse que la sienne, ne la tirera qu’à force d’obstination et d’effort hardi. […] Je doute seulement qu’elle convienne à un chercheur comme lui, qui n’a mission que de prendre à larges et pleines mains tout ce qu’il rencontre, dans un but de renseignement et de connaissances, et non pas mission de choisir et de rejeter, au nom d’un goût qui n’a que faire ici.
Il ne le voit pas, lui, et il nous le tend de sa main d’aveugle, mais nous, nous le voyons, et nous nous servirons tout à l’heure de sa lumière. […] Si le mot superbe de Napoléon est profondément vrai : « La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit », cela n’est-il pas bien plus vrai encore de la tête qui juge ?
Janin avait eu l’heureuse idée d’une édition des Œuvres de Fréron, mais cela parut bientôt trop lourd à ses mains potelées. […] Il a cité le portrait anonyme dont tout le monde, dans le temps, reconnut le modèle ; ce portrait d’une touche si ferme, si sobre et si majestueusement sévère… Il a cité l’ironique compte rendu de la première représentation de L’Écossaise, dans lequel Fréron prit dans sa main, juste comme une balance, la fange qu’on lui jetait à la figure, et pesa ce paquet de fange qui pesait trop peu pour le blesser !
Professeur dans la maison même dont il nous fait l’histoire, il a eu sous la main toutes les sources, même les plus cachées jusqu’ici, de la tradition à laquelle sa fonction semble le mêler. […] Réellement, de la plupart des femmes qui ont touché de leurs mains frêles le terrible affiquet du Pouvoir, elle est la plus voilée et la plus inexplicable.
Et on l’a rendue alléchante par l’inattendu très combiné des titres de chapitres qui sont pour les lecteurs que le grand Nelson n’attirerait pas, avec ses miracles de guerre et de marine, de la confiture sur le pain et tout cela a été préparé, travaillé, charpenté de main de libraire encore plus que de main d’auteur !
Il n’a vu et n’a ramassé que les dernières gouttes de la coupe débordée, sans dire quelles mains imprudentes ou coupables l’avaient remplie. […] Il n’a pas dû se fatiguer beaucoup pour aller à toutes ces fontaines, qui nous coulent trop dans les jambes pour que, si on se baisse un peu, elles ne soient à portée de toute main.
Et tout cela a été préparé, travaillé, charpenté de main de libraire encore plus que de main d’auteur, et tout cela se vendra, car c’est une historiette, mais la vraie Histoire de Nelson, nous l’attendons toujours !
Et encore, le talent, il en fait très bien la réduction, de cette main dextre qu’on n’entortille pas. […] Collé, qui n’est pas seulement un moraliste de chanson épicurienne, parle de la flatterie en homme qui sait quel levier c’est, même dans des mains maladroites et imbéciles.
Mais elles doivent l’être comme l’expression d’un homme qui a une âme charmante, capable de faire oublier, en lisant ses lettres, les erreurs et les débilités de son esprit, — et c’est ici que la Critique va prendre son cœur à deux mains pour dire toute la vérité sur un livre qui lui a donné tant de plaisir… Doudan est, en effet, sur bien des points, un débile et un erroné. […] Il a vécu, de 1820 à 1873, dans la plénitude de ses facultés, la plume à la main et l’œil aux livres.
Je n’y trouve plus qu’une vieille mendiante, sans poésie et sans pittoresque, tendant la main à tout le monde ; affligée d’un squirre qui la punit par où elle a péché ; cynique quand elle parle de ses infirmités physiques, — de l’ébrèchement de son Cuvier ; concubine sentimentale après avoir été une concubine débauchée ; mettant le sentiment qu’affectait aussi son corrompu de siècle par-dessus sa corruption. […] Ils vivaient la tête, le cœur et la main, dans ce siècle… Ils soupaient tous les soirs avec les Revenants de ce siècle qu’ils faisaient revivre sous leur plume, Cagliostros plus magiciens que Cagliostro !
Il serait difficile pour ne pas dire impossible, à l’analyse de prendre pour vous la montrer, dans le fond de sa main, toute cette poussière de textes broyés par l’auteur de la Défense de l’Église sur toutes les questions les plus variées et les moins liées les unes aux autres, sur les saints, saint Pierre, saint Irénée, Saint-Vincent de Lérins, saint Boniface, sur la bibliothèque d’Alexandrie, sur la croyance religieuse des seigneurs gallo-romains aux quatrième et cinquième siècles, sur l’Église celtique, sur la hiérarchie ecclésiastique, sur les rapports de la Papauté avec les églises particulières, italienne septentrionale, espagnole, gallicane, etc., etc. […] L’idée que M. l’abbé Gorini était si apte à établir dans la majorité des têtes par un livre autrement tricoté que le sien, l’idée que l’Histoire a été faussée tant de fois et sur tant de questions, par les mains révérées de ceux qui l’ont maniée avec le plus de puissance, parerait au mal actuel de son enseignement… Et je dis actuel, car plus tard, il n’y a point à en douter, la critique de M. l’abbé Gorini portera ses fruits contre ceux qui l’ont suscitée.
L’Esprit philosophique a mis partout sa main insolente ; il faut partout la lui couper. […] Il ganta sa main et masqua son visage, et l’on vit jusqu’à ce lion de Broussais dont Pariset disait : Quærens quem devoret , devenu tout à coup d’une prudence antipathique à son génie, mettre une sourdine à sa voix rugissante et inventer, pour mieux cacher le secret de la comédie, ce mot d’ontologie qui signifiait toutes les chimères et toutes les sottises de la religion, de la métaphysique et de la spiritualité !
C’est très bien, très convenable, mais cela ne respire ni l’amour sacrilège, ni les affreux regrets des passions coupables, ni la rapide corruption du péché, ni la nature humaine outragée, rien enfin de ce que Shakespeare, par exemple, y aurait mis, si ce sujet d’Héloïse et d’Abélard était tombé dans ses terribles mains… Je te plains de tomber dans ses mains effroyables, Ma fille !
L’Histoire, cette grande chose, existe par elle-même d’une vie si profonde qu’elle existe encore sous la main de ceux qui la gâtent, et qu’elle ne dépend ni du talent qui peut l’orner, ni de l’opinion qui l’interprète, ni de la passion qui s’en sert. […] Alors il crut que l’Histoire, aux âpres enseignements, lui donnerait, de vigueur et de mordant, ce qu’il n’avait pas, et tonifierait du même coup et sa pensée et son langage ; et il choisit, de toutes les histoires, l’histoire d’Angleterre, ce carquois où des mains ennemies viennent prendre les traits qu’elles décochent au gouvernement de la patrie.
Sa Muse est allée les chercher dans son propre cœur entr’ouvert, et elle les a tirés à la lumière d’une main aussi impitoyablement acharnée que celle du Romain qui tirait hors de lui ses entrailles. […] Baudelaire qui les a cueillies et recueillies, n’a pas dit que ces Fleurs du mal étaient belles, qu’elles sentaient bon, qu’il fallait en orner son front, en emplir ses mains et que c’était là la sagesse.
on en voudrait ici retrouver les premières gouttes, mais c’est vainement qu’on les cherche dans la coupe étroite de ce petit livre, — grand comme le creux de la main… Elles n’y sont pas. […] mais il avait, avec la flûte de Virgile, la lyre du lyrique, que Virgile n’avait pas, et qui est le plus magnifique instrument que Dieu ait mis aux mains des poètes.
Il mit de sa propre main des Pélion et des Ossa de toutes sortes sur son vrai génie ; il les y entassa ; il les y accumula. Mais le Titan poétique était si fort en lui, qu’au moment même où l’on pouvait le plus le croire écrasé, il se leva tout droit et tout grand en rejetant ces affreuses montagnes qu’il avait empilées sur sa tête, et il apparut à l’Angleterre la fleur magnifiquement épanouie du Paradis perdu à la main !
Nous, de notre côté, en regardant dans quelles mains sont tombées les guides qui menaient naguères, comme un quadrige, trois ou quatre feuilletons à la fois, nous avons eu la preuve de cette vérité qu’il importe de répéter aux hommes d’une époque, dupe des choses physiques : c’est qu’il est plus aisé de produire beaucoup de volumes que d’en écrire un seul avec éclat, délicatesse et profondeur. […] Quand il eut mangé son dernier écu, il se passa la main sur le front et se demanda ce qu’il ferait désormais pour battre monnaie, et il s’arrangea pour écrire.
Il ne traduisit pas seulement, il ne condensa pas seulement l’œuvre de génie sur laquelle il porta cette main coupable, à laquelle les femmes pardonnent tout, quand elle est coupable par trop d’amour… Il fit bien plus. […] Janin, et ce monde qui fut la plus puissante des monarchies, craque, éclate et croule de toutes parts, en des épisodes comme l’histoire superbe des trois filles du marquis de Nesle, et cet homme qui meurt avec ce monde c’est le Neveu de Rameau, souffleté d’abord et tué ensuite de la main de son fils, dont lui-même a fait un parricide !
Nous nous disions qu’ils étaient sortis du dix-huitième siècle par cette grande porte sanglante et qu’ils n’y rentreraient pas par la porte basse de quelque petite maison pour chercher le mouchoir oublié de quelque comédienne du temps, avec ces mains qui s’étaient purifiées en touchant pieusement les reliques de la reine de France. […] A force de vouloir lui faire faire ce à quoi répugne son génie vigoureux, net, leste et d’une sobriété si fière, la langue française un jour n’y tiendra plus, et il ne leur en restera que le panache et les caparaçons dans la main.
La Grèce, qui dans ce siècle produisit une foule de grands hommes, n’en a point eu qui ait été plus souvent, ni mieux loué que Socrate ; il est même à remarquer qu’un simple citoyen d’Athènes est devenu plus célèbre que beaucoup de princes qui, les armes à la main, ont changé une partie du monde. […] L’officier lui apprend que Démosthène, pour ne pas tomber entre ses mains, s’est empoisonné dans un temple ; alors Antipater, quoique ennemi de ce grand homme, ne peut s’empêcher de le louer.
Ce même duc, en 1630, gagne une bataille en Italie, et, en 1632, perd la tête sur un échafaud, pour s’être ligué avec le frère du roi contre le ministre : il est vrai qu’il avait été pris les armes à la main. […] Sous lui, les provinces furent toujours très foulées : d’une main il abattait les têtes des grands, et de l’autre il écrasait les peuples.
Vainement me suis-je efforcé d’avoir la main légère ; est-ce que la main de l’opérateur l’est jamais assez au gré des patients ? […] Que devient entre les mains du critique cette vérité banale ? […] Rien d’étonnant qu’il soit aussi orateur, même la plume à la main. […] Mais que cette habileté de main lui paraît peu de chose, si elle est réduite à elle-même ! […] Chacun sait de quel œil pénétrant et de quelle main légère il a fouillé ce sujet délicat et cher aux femmes.
Chaque enfant devrait apprendre à se servir de ses mains, à faire œuvre d’ouvrier. […] Tous les édifices consacrés au culte, avec leurs annexes, passeraient entre les mains de l’Etat ou de la commune. […] La rude et froide main du politique et du fonctionnaire ne devrait pas se sentir. […] Considérons celui tout récent des colonies espagnoles passées aux mains nord-américaines. […] D’autres mains sauront faire l’œuvre qu’elle néglige et tirer parti des magnifiques avantages dont la nature la combla.
Il ne se donne plus la peine de faire des pieds et des mains.
Au sortir des mains de Pierre, il tomba dans celles de Bachelier, qui l’a livré cette année à Parocel, à Brenet, à Lépicié, à Monnet qui le tient à présent.
Vers 1663, il entra dans la politique de Louis XIV de secourir le Portugal contre l’Espagne, mais de le secourir indirectement ; on fournit sous main des subsides, on favorisa des levées, une foule de volontaires y coururent. […] Rions avait la haute main au Luxembourg ; il introduisit son jeune cousin, dont la bonne mine réussit d’emblée assez bien pour attirer un caprice passager de cette princesse, qui ne se les refusait guère. […] La main souveraine du temps apaise ceux même qu’elle ne parvient point à glacer. […] Bien que remplacé par le comte Desalleurs, qui prend en main les affaires de l’ambassade le 2 novembre 1710, M. de Ferriol n’en continue pas moins de correspondre avec la Cour sur les affaires, se plaint vivement de M. […] Parlant du relâchement et de l’anarchie croissante au sein du pouvoir, elle prédit la ruine aussi nettement qu’Aïssé l’a fait tout à l’heure : « À moins que Dieu n’y mette visiblement la main, il est physiquement impossible que l’État ne culbute. » (Lettre de Mme de Tencin au duc de Richelieu, du 18 novembre 1743.)
Je remarque en passant la manière dont Fénelon, dans cette lettre, parle de son ami le duc de Beauvilliers, « dont la faiblesse, dit-il, et la timidité déshonorent le roi. » C’est ainsi qu’il se servait de ses amitiés pour sa puissance, et peut-être de ses vertus pour sa faveur ; et quand l’esprit de domination, qui lui fit désirer jusqu’au dernier jour d’entrer dans le conseil, commandait d’écrire des duretés contre un ami, dût cet ami être le duc de Beauvilliers, l’âme de son âme, dit Saint-Simon, sa main n’hésitait pas. […] Les principes n’y sont qu’indiqués, mais d’une main si légère et si sûre, qu’ils flattent l’esprit en même temps qu’ils le règlent. […] Il n’est pas jusqu’aux effets de ses grands soins sur le naturel du duc de Bourgogne que Fénelon n’ait représentés dans les changements de Télémaque sous l’habile main de Mentor. J’en vois une vive image dans la comparaison du fils d’Ulysse à un coursier fougueux « qui ne connaît que la voix et la main d’un seul homme capable de le dompter. » On en disait autant de l’influence extraordinaire de Fénelon sur son élève. […] C’est ce même ciel dont tout le Télémaque est éclairé, c’est cette présence du génie grec à toutes les pages, ce sont toutes ces images agréables ou sérieuses par lesquelles l’antiquité nous a initiés à la connaissance de la vie, qui donnent un mérite d’éternelle nouveauté à ce livre charmant, espèce de vase antique où la main de Fénelon semble avoir composé un bouquet des plus belles fleurs de la Grèce.
Ceux par lesquels il commence sa Didon, ne sont pas irréprochables ; mais on en a fait de nos jours de plus mauvais : Grands Dieux, qui disposez de l’Empire du Monde ; Toi, qui portes en main le tonnerre qui gronde, Jupiter, ennemi du Peuple Phrygien, Qui fait que notre Troie à present n’est plus rien, &c.
Là on aurait vu des hommes de tout âge, de tout sexe, de tout état, toutes les espèces de douleurs, et de passions, une infinité d’actions diverses, des âmes emportées, d’autres qui [seraient] retombées ; celles-ci se seraient élancées ; celles-là auraient tendu les mains et les bras.
Car voici, suivi de sa femme, M. d’Orcieu, qui vient lui demander la main d’Isabelle pour son fils. […] Le banal, entre les mains d’un poète, grandit et devient l’« universel » ; et M. […] Rostand comparait la Grèce à une main écarquillée, et il disait que cette main avait « pour bague d’or Athènes, et Sparte pour bague de fer », — ce qui était charmant, — et qu’elle reposait « sur le coussin bleu de la mer », — ce qui gâtait tout.) […] Votre main, cher ami. — Comment donc ! […] Et je crois bien qu’il échappe aussi à M. de Curel et lui glisse des mains.
Le vieux prince prépara de longue main la chute de son favori. […] Son testament, écrit deux ans avant sa mort, se trouva en double copie, l’une de sa main, et l’autre de celle d’un affranchi. […] Ce roman d’Héliodore, surpris dans les mains du jeune Racine, devait être un grand scandale. […] On y trouve même quelques souillures de mœurs grecques, qui déparent indignement un tableau tracé quelquefois par la main d’Albane. […] quelle main me rejette en bas ?
…………………………………………………………………………… Allez, dites-lui que demain J’attends, avec la paix, son cœur, de votre main. […] Dans Absalon, Tharès, femme de ce prince, à qui son époux vient de faire part de ses projets contre David son père, accusée par la reine d’exciter Absalon à la révolte, se livre elle-même entre les mains de David, pour lui tenir lieu d’otage. […] Elle fait plus : quand la reine ose l’accuser d’avoir armé Absalon contre son père, elle ne lui répond qu’en remettant au roi une lettre par laquelle il apprend ce qu’on trame contre lui et ce qu’on tente pour la tirer elle-même de ses mains. […] si votre haine Persévère à vouloir l’arracher de mes mains, Que peuvent devant vous tous les faibles humains ? […] Telle est Armide, embellie des mains de la muse héroïque.
Voilà comme cette longue main féminine et languissante sait frapper les vers. […] instinct d’une autre vérité, Qui guide par sa force et non par sa clarté, Comme on guide l’aveugle en sa sombre carrière Par la voix, par la main, et non par la lumière. […] Deschanel, c’est l’argument suprême auquel le vieux martyr a recours. « Il n’a, disent-ils, nul besoin, pour mourir absous, d’être confessé par Jocelyn et de recevoir de ses mains la communion, ni, par conséquent, de contraindre au sacerdoce le clerc récalcitrant. […] Il me dit d’arracher, d’une main surhumaine, Un de ses fils au piège où le monde l’entraîne. […] N’ayant même pas le Ramayana sous la main, tout ce que je puis faire, c’est de rapprocher pour vous un trop court morceau (cité par Jean Lahor) du Mahabharata et une page de Jocelyn.
Crépin valétudinaire entre les mains des médecins. […] Avançons, le gâteau de miel en main, celui du nouvel « esprit de Genève », entre ces chiens de faïence, qui sont aussi chiens de garde. […] Cette main indicatrice, à vrai dire, il la discerne mal. […] C’est avec moins d’atouts en main que le Félibrige, vers la même époque, engage sa belle partie. […] Le recueil d’Amiel, Jour à Jour, lui était venu dans les mains.
Quand il mourut, en 1865, ce fils, devenu fameux, l’évoquait « dépouillant des grammaires, la plume à la main, les commentant ». […] Le livre rare exige que les mains le touchent délicatement. […] Henry Bordeaux a fait de main d’ouvrier, outre les Roquevillard, plus d’un ouvrage qui mérite cet éloge. […] Je m’apprendrai à sauter dans ce cerceau… », et il frappait la table de la canne-cravache que serrait sa belle main toujours gantée. […] Mais c’est comme saint Bonaventure, avec des mains de cardinal. » Il sentait trop bien qu’il était né pour un autre sort.
Paul Maritain La sève qui fécondait sa belle intelligence ne s’est pas ralentie un instant ; et dans les pages suprêmes qu’il traçait de sa main défaillante, lorsque les ombres sinistres du trépas commençaient à pâlir son front, on retrouve la pureté harmonieuse, la fraîcheur de sentiments et d’images, la noblesse et l’élévation de pensées qui resteront comme les traits caractéristiques de son génie.
Imagination très étendue et très sensible, qui a sous ses mains un clavier énorme et qui monte et descend en un clin d’œil la gamme de tous les sentiments. — D’aucuns vous diront qu’il est éclectique en poésie, mais ne les croyez pas !
Mathieu est aussi l’Auteur d’une Tragédie intitulée la Ligue, Tragédie mauvaise, comme on peut le croire, où l’on trouve ces Vers que Racine semble avoir imités : Je redoute mon Dieu, c’est lui seul que je crains… On n’est point délaissé, quand on a Dieu pour pere ; Il ouvre à tous la main, il nourrit les corbeaux, Il donne la pâture aux jeunes passereaux, Aux bêtes des forêts, des prés & des montagnes, Tout vit de sa bonté, &c…… L’Auteur d’Athalie dit : Je crains Dieu, cher Abner, & n’ai point d’autre crainte…..
On voit des pasteurs, le dictionnaire à la main, qui cherchent l’article Tonnerre, pour entendre ce qu’ils disent eux-mêmes d’une tempête… Vous y avez trouvé huit vers à votre usage ; en voici un qui m’a frappé, moi : Fatigué de sentir, il paraît insensible. […] La femme, ce don qu’il accorda à la terre quand il voulut créer un paradis ici-bas, le bien terrestre le plus riche qui soit sorti de ses mains, la femme mérite d’être aimée, non adorée. […] [NdA] Saint-Lambert, à la fin de sa vie, affaibli de tête, avait la manie, en prenant les mains de M. d’Houdetot, de lui dire à tout instant : « Mon ami, j’ai eu bien des torts envers vous… » On était obligé de couper court aux confidences.
Ne voulant point faire de mal à son pays, il s’abstint d’user du crédit de M. de Choiseul qu’il avait en main, et ne songea à faire intervenir aucune autorité étrangère. […] J’aurais dû gémir de voir le souverain pouvoir entre les mains de M. de Maurepas, et la France livrée à un tel homme ; mais la chose me parut si ridicule, que je ne pus m’empêcher de rire aussi. […] Son nom pourtant restera toujours attaché au souvenir de la Révolution française, moins encore pour avoir été son adversaire à main armée et impuissant le jour de son début, que pour nous avoir raconté et dévoilé avec son insouciance trop nue et une trop insolente aisance la société gâtéeav, corrompue, railleuse et frivole qui, sous des dehors charmants, nourrissait tant de vices, et qui avait atteint et passé la mesure où les choses humaines veulent être renouvelées.
Mais venir soutenir qu’un morceau tout à fait inconnu jusqu’ici, — ou très peu connu, même en admettant qu’il ait couru et circulé en quelques mains vers 1649, — enlève à Pascal l’honneur d’avoir le premier dégagé la langue et va désormais s’introduire comme de droit, dans l’histoire de notre littérature, entre le Discours de la Méthode et les Provinciales, c’est vraiment imposer ses imaginations à un public trop docile ; c’est trop magnifiquement traiter La Rochefoucauld comme auteur, après l’avoir tant dénigré dans sa vie, au moral. […] On a besoin de se croire supérieur aux autres, de croire qu’on a raison sur eux, qu’on a dans sa main la clef des vérités ; on veut se donner les avantages publics du triomphe. […] Chacun, s’il n’y prend garde, s’aime et se préfère à tous les autres ; chacun se trouve si naturellement sous sa main comme type et premier modèle de l’espèce de talent et du genre de beauté qu’il accueillera et louera chez autrui, en repoussant plus ou moins tout ce qui en diffère !
Vous savez si je mérite d’avoir le poing coupé. « L’homme a deux mains », a dit Victor Hugo, et il entend que c’est pour faire le bien. Je me réjouis d’avoir deux mains en pensant au mal. […] Il faut au moins s’entrevoir… « Vous allez voyager, il est tout simple de vous dire que vous penserez quelquefois à moi ; pensez-y surtout quand le soir viendra et que la voiture montera lentement une côte ; imaginez que je suis auprès de vous et que nous ne sommes pas seuls, mais que j’ai pris votre main sous votre mantelet.